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| Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] | |
| Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Sam 15 Juin 2019 - 22:53 | | | - Spoiler:
Encouragés par le duc lui-même, ainsi que toute la noblesse de Marbrume, l’annonce fit grand bruit. L’on murmurait déjà qu’Yseult de Traquemont, Alexandre de Terresang, Hugues de Noblecoeur, Hector de Sombrebois et Morion de Ventfroid participeraient eux-mêmes à l’opération. La présence de leurs gouverneurs au sein de la mission sembla gonfler d’espoir certaines personnes et convaincre quelques réticents. La cité de Marbrume obtiendrait-elle assez de volontaires ou la milice serait-elle contrainte de faire une rafle de grande envergure ?
De grands mouvements se mirent en place. Jour après jour, des volontaires se présentaient à la milice qui tenait les comptes. On leur donnait des instructions : emporter avec eux le minimum, quelque chose qui se porte et qui ne ralentisse pas la progression du voyage. Les premiers jours, l’on s’étonna d’un tel engouement. Las de mourir à petit feu, certains étaient visiblement prêts à accorder leur confiance en cette opération désespérée. Hélas, les chiffres attendus ne furent pas atteints. Après l’engouement primaire et les débats de comptoir, le reste de la population détournait les yeux dès qu’ils croisaient des détracteurs. Et, inévitablement, la milice de la cité termina par être officiellement affiliée à la charge de recruter le quota restant. De gré ou de force. Pendant les trois dernières semaines de février, des passages d’une violence et d’une tristesse inouïe parcoururent les ruelles de la cité. Familles déchirées, hommes forcés de se préparer au départ, mendiants à peine en état de marcher, le moindre pécore fut raflé. Cette rafle desservit beaucoup l’image de Sigfroi de Sylvrur et de la noblesse, ainsi que de leurs exécutants, la milice. Le peuple grondait et jetait des regards méprisants et apeurés envers les militaires, affolés qu’on puisse venir frapper à leur porte ou les recruter sur un simple échange de regard. Mais il en était toujours ainsi lorsqu’il fallait faire des avancées. Il y aurait toujours des râleurs. Et, malgré toute l’opposition que reçut cette opération, environ deux mille participants furent recrutés.
Le matin du 3 mars 1165, l’opération se lança.
Dès l’aube, ce double millier de pattes grouillantes, encadrée par quelques centaines de miliciens, et menée par le Capitaine de la milice externe ainsi qu’Yseult de Traquemont, la procession s’ébranla. Quittant la ville aux premières lueurs du jour, il faudrait atteindre le plateau du Labret, à douze lieues de là, avant le crépuscule, en faisant le moins de pertes possibles. Car bien qu’ils sortent de jour et que le temps était au beau fixe, le jour ayant été soigneusement choisi, les rayons solaires n’empêchaient jamais les fangeux de tuer.
Des pertes, il y en eut. Les premières heures et les premières lieues, cela sembla presque miraculeux. Les cors de guerre d’Hugues de Noblecoeur retentissaient au loin dans les marais, attirant à l’opposé de la procession les milliers de fangeux qui grouillaient dans les marécages. Hélas, cela ne dura qu’un temps. L’odeur, le bruit inévitable de milliers d’hommes qui lentement marchaient vers l’ouest, arrimés parfois de lourdes charrettes, attirèrent fatalement les bêtes, quand bien même ils avançaient le cœur lourd et stressé, aussi silencieux que terrorisés. Et, le soleil avait beau être haut dans le ciel, sans aucun nuage à l’horizon, les créatures, trop alléchées par ces moutons entassés, quittèrent l’obscurité des marais pour rejoindre la lande et s’attaquer au convoi. En fin d’après-midi, les premières attaques d’ampleur survinrent – jusqu’à présent seules des attaques isolées s’étaient fait connaître. Une centaine de fangeux, peut-être plus selon les témoins, investirent les rangs de réfugiés, tuant comme ils respiraient. Un mouvement de panique attrapa la fin de la procession, qui s’éparpilla contrairement aux ordres hurlés par les miliciens encadrants. Les nobles meneurs, sur leurs chevaux, tentèrent le maximum pour minimiser les pertes, mais ils terminèrent par se résigner. Laissant l’arrière de la procession à leur sort, sans arrêt ni demi-tour pour aller les supporter, le convoi continua avec un rythme accéléré, motivé par la peur qui attrapait les tripes. Yseult de Traquemont, épaulée de Morion de Ventfroid, Alexandre de Terresang, Hector de Sombrebois, et Hugues de Noblecoeur au loin avec ses cors, terminèrent par percer le Labret. Regagnant les terres et fermes fortifiées, les survivants partirent prestement se barricader dans toutes les habitations et les villages qu’ils trouvèrent, qu’elles soient abandonnées ou non.
Ils passèrent la nuit, pleurant leurs morts, mais avec un certain baume au cœur. Une main d’œuvre de plus d’un millier d’hommes avait atteint la zone cultivable, la zone bénite. Et dès le lendemain, l’on organisait déjà les semences et la solidification des lieux, tandis que les récoltes et les réserves de l’année passée présentes dans les fermes abandonnées pouvaient enfin regagner la ville.
Beaucoup de morts, beaucoup de désespoir. Marbrume pleurerait ses pertes, mais déjà, la figure éclairée et souriante des autorités à la réception des pigeons et des missives des nobles sur place sèment une effervescence particulière dans la cité. La populace a faim et attend le résultat de cette mission, bénissant avec une mauvaise foi évidente le courage des participants alors que, trois semaines plus tôt, elle crachait contre l’absurdité d’une telle entreprise et sa rafle. La noblesse et le duc gagnent, à cette occasion, pour avoir pensé cette mission, les faveurs du peuple. Ces dernières dureraient-elles ? Car, si désormais le Labret était investi, ce n’était pas dit que les convois arrivent à bon port. Seul l’avenir dirait si les paysans envoyés trépasseraient à petit feu, tués lentement mais sûrement chaque nuit, ou si le Labret deviendrait un réel salut pour l’humanité.
Le baron de Sombrebois avait arrêté de soutenir cette opération le jour où il apprit que des hommes seraient envoyés de force au Labret. Le duc montrait une fois encore à quel endroit il plaçait la valeur des vies humaines... Malgré cela, Hector avait donné sa parole qu'il accompagnerait le convoi et, maintenant plus que jamais, il convenait que sa hache était nécessaire pour aider la population, pour sauver un maximum de vies innocentes ; de vie dépossédées, même... 3 Mars 1165, crépuscule Hector, par miracle, avait eu la vie sauve et aucune blessure grave. Seules une ou deux cicatrices supplémentaires viendraient décorer sa peau déjà bien amochée de combattant insatiable. La dernière bataille l'avait éloigné des autres nobles et, à présent que le plateau était en vue, il marchait parmi les survivants apeurés, désœuvrés, paniqués, en larmes... Certains pleuraient les morts, certains pleuraient leurs morts, d'autres se lamentaient sur leur triste sort... Une petite blonde avec un bébé dans les bras, traînant ses guêtres dans la boue froide de la longue et dernière montée avant la (relative) sécurité, perça le cœur du baron. Comment ?!Était-ce possible ? Avait-elle perdu son mari en chemin ? Elle ne pouvait être une volontaire ?! Aurait-elle été menée de force jusque là ?!! C'était inconcevable ! Le baron s'approcha d'elle sur son beau cheval gris... dont il descendit rapidement - gêné de ce privilège - avant de s'adresser à la jeune femme. - Madame... je... voulez-vous monter sur mon cheval... vous devez-être épuisée...Une détresse profonde pouvait se lire dans sa voix. Les nuages sombres dans le ciel semblaient même avoir déteint sur sa peau. Son surcot vert oxyde de chrome était couvert de sang. Ce n'était qu'à l'impressionnante hache de guerre qui pendait à sa ceinture et, bien sûr, à son grand destrier, qu'on pouvait deviner que notre homme était noble. Sa stature habituellement fière et dominante avait, elle-même, perdu de sa superbe. Il semblait un peu moins grand, un peu moins fort, bien moins sûr de lui ; on n'eut pu le confondre avec un éleveur de chevaux, certes, mais il était bien loin d'avoir la splendeur qui était la sienne en temps normal. |
| | | Bérénice MonetPaysanne
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Dim 16 Juin 2019 - 14:02 | | | Son regard était abruti, par la marche pressée qui semblait ne plus en finir, par cette petite et pitoyable foule de réfugiés, rescapés qui se hâtaient malgré la fatigue. Ils suaient leur peur panique, depuis leurs larmes qui venaient embaumer leurs visages ou bien le ciel de cette accablante détresse.
Bérénice fixait complètement hébétée la débandade.
Elle n’entendait même pas les légers braîllements d’Alfred, tant ils étaient un tout, noyés au milieu d’autres pleurs. C’était dire la brume qui devait décimer ses pensées, pour seulement ignorer le petit batard entre ses bras harassés. Elle le tenait fermement pourtant, emmailloté dans ce linge jauni qui lui recouvrait quasiment l’intégralité du visage. Il était un poids contre sa poitrine, mais elle le portait avec une force machinale qui la dépassait. Ses jambes surtout étaient douloureuses. Elles avançaient en bravant la côte, et à chaque pas, la brûlure sur ses mollets se faisait plus vive. Elle sentait la douleur, et c’était presque délicieux que de sentir quelque chose. Si l’existence était faîte de souffrance, alors c’était l’unique moyen de se sentir vivre. Ceux restés en arrière à la merci des fangeux ne devaient plus rien ressentir, et qu’auraient-ils pu connaître d’autre ? A présent qu’ils avaient goûté l’horreur grandiose de la vie se jetant dans l’extase de la mort.
La peur de Bérénice pourtant demeurait toute engorgée. Elle n’osait pas se retourner, non pas par peur de ce qu’elle pourrait trouver, de cette fange qui devait encore se repaître de son banquet bien au loin, mais bien des visages qui la précédaient. Comme autant de sacrifices laissés sur le chemin pour les monstres qui les talonneraient. Et pour cette raison seulement, que de croire qu’ils se feraient dévorés les premiers, elle redoublait d’effort pour ne pas se laisser rattraper.
Elle sursauta tout juste en découvrant le cavalier qui se tenait à présent à ses côtés. Pour autant elle ne ralentit pas son allure. Et comprenant que c’était bien à elle qu’on s’adressait, se contenta de froncer les sourcils. Bien sûr qu’elle était épuisée, mais depuis plusieurs mois, plusieurs années ; pour autant il n’était pas venu lui proposer son cheval plus tôt.
Enfin Bérénice était mauvaise, et terriblement injuste. Comme elle l’était toujours dès lors qu’un homme semblait s’approcher de trop près. Les choses étaient vilaines mais bien ainsi, une vieille rancune engendrait toujours une jeune guerre. Elle tourna la tête vers le cavalier et le détailla d’un coup d’œil furtif et pressé. Bérénice n’avait pas conscience de la vision qu’elle offrait, celle d’une pauvre fille esseulée, veuve, condamnée à élever seule un nourrisson qu’un coup de griffe acéré aurait pu balayer. Il ne surgissait que cet instinct méfiant, ce brusque sursaut paranoïaque qui la saisissait à la gorge. Elle le reconnut noble, de par cet aura qu’il dégageait, tout différent de ceux des gueux, de son arme et de son destrier qui l’accompagnaient. Et peut-être sa prestance était-elle amoindrie après une longue épreuve, l’odeur du sang cependant ne la trompait pas. Cela seulement aurait pu le rendre plus effrayant qu’il ne lui apparaissait déjà, pourtant la jeune femme ne dévia pas le regard. La vision de ce surcot suffisait à faire rejaillir ses obsessions enfouies.
Elle serra un peu plus l’infant contre son corps.
Elle avait rarement vu une aussi belle bête. Le destrier contrairement au cavalier n’avait point perdu de sa superbe. Une rougeur persistante vint teinter les joues de la demoiselle. C’était bien là une proposition alléchante, mais tout aussi grotesque : Bérénice ignorait comment grimper sur un cheval et il était en tout point de vue hors de question que cet homme la touche ne serait-ce que pour la hisser sur sa monture.
Les lèvres tremblantes, elle articula une courbette. « Z’êtes trop bon mon seigneur, mais si je m’y arrête mes jambes voudront plus repartir. Et j’en ai besoin. » C’était une époque bizarre. Cela aurait dû suffire à l’en tirer d’affaires, mais Bérénice parfois avait des inquiétudes plus vives que sa haine de l’homme. Elle fit un signe de tête pour désigner la hache de guerre. « Ca zigouille les fangeux ça ? » Une lueur éclaira un bref instant son regard, et elle hâta le pas de nouveau. « Pensez pas mon seigneur qu’elle serait plus efficace dans vot’ main qu’à vot ceinture ? » Ah ça, c'était une petite qui savait se montrer vive. S’il fallait trouver une utilité à un homme, c’en était peut-être la seule qui vaille le coup par ces temps-là. |
| | | Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Mar 18 Juin 2019 - 9:55 | | | La petite blonde refusa la proposition d'Hector arguant qu'elle ne pourrait repartir si elle s'arrêtait de marcher. Le baron en fut bien désolé mais ne tenta pas de lui faire changer d'avis. Si la raison qu'elle invoquait semblait assez peu plausible, il respectait le choix de la jeune femme. Lui-même ne remonta pas sur le dos de Gris-Poil. Il lui semblait inconcevable d'avoir le luxe de "se reposer" alors qu'une pauvre maman devait se traîner, pieds dans la boue, et enfant dans les bras, jusqu'au plateau. Ainsi, il marchait à côté d'elle, n'osant pour l'heure en demander plus sur le sujet qui l'avait poussé à mettre pied à terre. Ce fut elle qui relança la conversation :
- Ça zigouille les fangeux ça ?
Hector la regarda zieuter sa hache. Il était surpris qu'elle s'intéresse à ça. Elle continua.
- Pensez pas mon seigneur qu’elle serait plus efficace dans vot’ main qu’à vot' ceinture ?
Sa surprise laissa finalement place à un léger amusement. Elle ne devait pas avoir l'habitude de la fange - et c'était tant mieux - même si elle aurait tout le temps d'apprendre à connaître les monstres une fois installée...
- Cette arme pèse son poids... Mieux vaut ne la porter que lorsque c'est nécessaire. Et puis, vous avez vu - et entendu - les fangeux. La plupart du temps, ils préviennent de leur arrivée par leurs cris... On les entend arriver d'assez loin. Ça nous laisse le temps de sortir nos armes.
Une pierre sur le chemin menaçait la marche de la blonde.
- Attention à la pierre ! Je m'appelle Hector de Sombrebois, je suis venu ici pour participer à la protection de la population sur la route du Labret. Je suis navré pour les circonstances de ce déplacement. Je... ça malheureusement je n'ai rien pu faire pour l'éviter.
La jument à la robe grise hennit comme pour confirmer les dires de son maître. Autour, les gens semblaient indifférents à la discussion du baron et de la jeune mère. Seul un enfant d'environ huit ou neuf ans s'approcha du baron, quémandant un peu d'argent. Hector regarda autour de lui. Mieux valait ne pas trop attirer l'attention. Il glissa discrètement quelques pistoles dans la main du petit. "Retourne vite auprès de tes parents et ne dit rien."
Son regard se posa un instant sur le visage de la jeune femme avant de s'élever en direction du plateau, destination finale du voyage. Les frêles constructions humaines, ces quelques tours de garde, qui hérissaient le plateau semblaient bien dérisoire face à l'immensité des marais en contrebas... Les pauvres habitants auraient bien du mal à survivre. La gorge du baron se serra tandis qu'il pensait au triste destin qui attendait là des milliers d'exilés.
- Allez courage, nous serons bientôt arrivés, fit Hector avec un optimisme qui sonnait bien faux. |
| | | Bérénice MonetPaysanne
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Mar 18 Juin 2019 - 14:37 | | | « Oui et aux peigne-culs de se faire avaler tout cru. » Ca lui avait échappé, ah très simplement comme ces réflexions que l’on tend à avoir parfois. Ces pensées sordides, teintées d’une ironie douteuse quoiqu’indescriptible. Ca ne l’enjaillait pas pour sûr, mais Bérénice n’allait certes pas cacher que sa survie et celle de son enfant passait avant le reste. L’époque était à l’égoïsme. La bonté et la compassion étaient un luxe qu’on ne pouvait s’offrir qu’en pensées. Le réel imposait une autre forme de cruauté. Le regard vide, Bérénice détailla à peine la pierre sur le chemin. Quelqu’un d’autre aurait pu penser à l’éloigner, ç’aurait été si simple après tout qu’un simple mouvement du pied, le bout de ses chausses pour éjecter le danger. C’était dans ces petites et insignifiantes choses que le caractère des gens ressortait parfois ; Bérénice enjamba prestement la roche sans plus qu’un vague intérêt, qu’une vague précaution et encore. Des pierres, il y en avait sur tout le chemin. Un obstacle de plus sur son quotidien, déconstruit, sans effort. Bérénice avançait avec une fluidité qui n’appelait pas de détours. Le chemin se traçait mystérieusement, une ligne droite qui s’étalait au-delà de ses petites enjambées. Elle savait ce qu’elle devait faire. Cela était inexplicable. Elle savait comme on sait ces évidences. Peut-être sa force lui venait-elle de son père ou de ses frères, peut-être était-ce la peur qui usait ses souliers, un moteur dans la vallée des morts. Ou peut-être était-ce l’innocente vie entre ses bras qui la portait plus que l’inverse. Peut-être était-ce simplement une chose étrange qu’elle portait en elle ; un goût de résignation. Le monde est en ruines et les fangeux sont là, bon et bien, vivons avec. La vie était faîte de malheurs, ceux qui chutaient encore contre l’angle de ses cheveux, contre la bordure de ses cils et qui déclenchaient des vagues de larmes de sel, que des prolongements du passé encore. On ne révolutionnait pas la mort. Il n’y avait que les moyens qui changeaient. Le reste demeurait.
La souffrance et la fatigue dans les yeux de Bérénice étaient installées. Elles usaient sa vision comme son âme esseulée, et nourrissaient ses pensées de noires couleurs.
« Messire de Sombrebois, les temps sont comme ça. On balaye le d’vant de la porte comme on peut. J’ai vu comme les gens y avaient peur quand on y est parti. Y voulaient pas et y sont morts. Et quoi ? La mort c’est la mort. Mieux vaut eux que vous ou moi, vrai ? »
Bérénice portait avec indolence ses raisonnements, avec une fâcheuse simplicité. Dans sa voix résonnait l’écho de ses mots rugueux, de ses mots endurcis, d’une vie bourrue aussi. Elle ne disait pas cela pour rassurer, car elle aurait été bien bête de penser à consoler un noble. Ah ça jamais. Elle avait assez donné. Mais malgré tout le rejet qu’elle pouvait éprouver à l’égard du personnage, ne fut-ce que de son sexe, elle n’avait pas encore la prétention pour dire que diriger devait être une chose facile. Les décisions ne sauraient être uniquement bonnes ou mauvaises. Elles sont et doivent être. Cela seulement était certain.
« Vous savez que c’est pas un gosse de riche ça. » Ajouta-t-elle après que le petit mendiant se soit éloigné avec son dû. Elle suivit un moment l’enfant du regard. L’acte de charité ne parut pas l’adoucir pour autant. Elle avait elle-même vécu de charité à Marbrume. Ca n’avait pas tout fait mais presque. Quelques pensées fugaces lui traversèrent l’esprit, pour celle qui avait été sa bienfaitrice. Mais encore une fois, Bérénice traçait le chemin, et les visages d’hier devenaient déjà flous.
Bérénice gardait des traits solides, et les détails qui ne lui échappaient pas tout à fait, s’ils avaient le mérite d’exister, ne parvenaient pas à désarmer sa rigidité. « Non parce que ça c’est un petit garnement, et ça, ça sait pas se taire. » Et en effet le petit, le visage salie, agitait sa main bien garnie sous les yeux de ses parents. Mais ils étaient trop apeurés ou trop soulagés d’être en vie pour seulement réagir. Pas encore du moins.
Elle fronça une nouvelle fois les sourcils, comme à chaque fois que des mots la faisaient tiquer, ou qu’une tension dans ses yeux venait s’installer. Le courage après tout, c’était bien tout ce qui restait. Et il leur en faudrait encore, pour l’après.
Elle écrasa une inquiétude, une hésitation, un sanglot dans la voix.
« Oui et on fera quoi ensuite ? La nuit va tomber. »
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| | | Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Mer 19 Juin 2019 - 12:38 | | | - Messire de Sombrebois, les temps sont comme ça. On balaye le d’vant de la porte comme on peut. J’ai vu comme les gens y avaient peur quand on y est parti. Y voulaient pas et y sont morts. Et quoi ? La mort c’est la mort. Mieux vaut eux que vous ou moi, vrai ? - Tout à fait vrai, madame, tout à fait... Fit Hector d'un air pensif.
C'était exactement ce que devait se dire le Duc... - Mais si l'on peut éviter des morts chez soi et chez les autres... autant le faire...
Hector avait bien sûr réfléchi au problème de l'approvisionnement en nourriture de Marbrume. Pourquoi ne pas construire plus de bateau de pêche ? Pourquoi ne pas avoir été consulté sur la façon d'augmenter les capacités agricoles de Sombrebois ? Pourquoi ne pas développer celle des faubourgs de Marbrume ? Pourquoi ne pas occuper l'espace disponible sur l'esplanade pour de nouvelles cultures ?
L'action du Duc donnait à Hector la mauvaise impression qu'il souhaitait plus de nourriture en en important plus... et en diminuant le nombre de bouches à nourrir ! Et résoudre le problème de l'insécurité en faisant disparaitre une partie de la misère de Marbrume semblait aussi un choix possible dans le cerveau du haut dirigeant...
Quant au petit miséreux qu'Hector venait d'aider, s'il fanfaronna un temps auprès de ses parents, ni eux, ni aucun autre marcheur ne vint quémander quoi que ce soit. Une chance... sans doute due au fait que c'était la fin du long périple et que la fatigue, les morts et la peur avaient tué, chez la majorité des gens, toute énergie. Ils marchaient comme un troupeau de bêtes, sans, semblait-il, réfléchir à ce qu'ils pouvaient faire maintenant et dans les heures à venir.
Seule la jeune femme, suite à la réflexion du baron, sembla s'inquiéter de l'après : - Oui et on fera quoi ensuite ? La nuit va tomber.
Hector entendit le sanglot dans la voix de la jeune femme. Qu'il était difficile de se montrer rassurant face à une telle situation ! Il ne croyait pas en la pérénité de la vie au Labret et ne savait pas ce qui avait été prévu (si quelque chose avait été prévu !) pour les nouveaux arrivants, en terme d'hébergement !
- Vous serez... en sécurité, ne vous en faîtes pas. Je vais aller me renseigner... Fit-il sans aucune certitude. Le baron remonta sur Gris-Poil et remonta le peloton des migrants jusqu'à la dame de Traquemont et son Capitaine. Il apprit là ce qui avait été prévu pour la suite : les survivants seraient logés (sans règle) dans les ruines existantes... Et dire qu'ils étaient 2500 au départ... Ce cher duc avait dû compter sur la mort de pas mal de monde pour ne pas devoir entasser ces 2500 migrants dans des fermes plus ou moins délabrées. L'autre "cadeau" du duc était le fait que les futurs agriculteurs allaient devoir se muer en constructeurs, (hors de horaires de travaux aux champs, évidemment) afin de sécuriser le plus rapidement possible leur logement. Hector soupira et se donna la mission de trouver un logement en relativement bon état pour la jeune femme et son bébé.
Une dizaine de minutes plus tard, il la retrouva. Comme il la trouvait assez fière, il préféra ne pas se montrer trop aimable... Elle risquait, selon lui, de refuser son aide par souci d'équité ou juste par fierté !
- Les arrivants seront logés dans les fermes abandonnées du Labret... Voyez, vous dormirez entre quatre murs et sous un toit. Et puis, les miliciens seront là pour sécuriser les lieux le temps que les bâtiments soient consolidés, fit-il avec le peu d'espoir qu'il avait.
Puis il descendit de nouveau de cheval et reprit sa marche à côté de la jeune femme dont il ne connaissait toujours pas le nom. Par habitude, il ouvrit la bouche pour parler... mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Son esprit était affaibli, à la fois par la route, les combats, mais aussi par la peine qu'il ressentait à l'idée des difficultés auxquelles allaient devoir faire face les déportés... et en particulier cette jeune femme et son bébé. Aussi resta-t-il silencieux en marchant, absorbé par la question qui le taraudait : comment obtenir une place dans une ferme solide pour la jeune maman démunie ? |
| | | Bérénice MonetPaysanne
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Jeu 20 Juin 2019 - 18:58 | | | Elle observa la robe du cheval disparaître au loin pour rejoindre la tête de file, et demeura un instant songeuse. Une morne accalmie dénoua ses muscles, et elle sentit ses épaules s’affaisser enfin, comme la solitude revenait lentement autour d’elle. Enfin, une solitude auréolée de ces lamentations déversées sur des kilomètres à la ronde. Mais elle ne les écoutait plus ; une brise légère vint balayer l’effort qui colorait ses joues. Les yeux levés vers le ciel, la lumière faiblissait et laissait choir contre ses prunelles quelques reflets métallisés. Sous le crépuscule, le ciel semblait se déchirer.
Elle se sentit soudain très seule.
Ses bras remuèrent et elle éveilla tout à fait le nourrisson contre son sein, et se rassura de ces petits gémissements perdus, criards, qui sonnaient à ses oreilles comme une tendre berceuse. Car enfin, cette petite voix aigue quoique encore faible était une douce assurance. Ces pleurs étaient différents, car ils n’étaient point ceux du malheur et de la perte, sinon l’expression de la vie bête. Et ce peu de chose qui d’ordinaire suffisait à bercer l’angoisse de la solitude, lui pesait maintenant sur la poitrine.
Bérénice n’avait pas ce soulagement d’être en vie, ni ce plaisir fugace de se laisser-aller. Elle n’avait pas le temps de penser à ses propres pertes qu’elle devait obéir au poids de sa responsabilité ; ses bras pourtant demeuraient bien fatigués de ce fardeau. Et si la paroi de son abdomen ne se déformait plus sous la force des contractures, il lui arrivait de regretter que l’infant n’ait pas demeuré un peu plus longtemps à l’intérieur, là où la peau offre un silence naturel et une protection de chair. Son ventre demeurait alors tristement vide, quoique légèrement engraissé comme le deuil de l’état passé.
Elle n’attendait rien du seigneur, car de ces gens-là il n’y avait rien à attendre. Et à présent qu’il était parti, que l’absence de conversation lui sautait à la gorge, elle devinait qu’il était louche que cet homme s’arrête aussi abruptement à ses côtés. Car en effet, quelle raison pour qu’un homme aussi important daigne s’intéresser à une pauvresse. L’idée même de la compassion et de l’inquiétude ne lui traversa pas l’esprit. C’était là des qualités typiquement féminines, de celles que l’on peut avoir pour sa famille, pour ceux que l’on aime. Mais elle n’était rien. Rien qu’une de ces malheureuses avec une histoire certainement comparable à celle des autres bougres, rien qui ne mérite l’attention et l’empathie d’un seigneur. Et de toute façon l’empathie pour ces gens-là n’était qu’une raison pour faire acte de charité devant la sainte Trinité. Elle ne croyait pas aux mots, demeurait parfaitement hermétique à la rassurance, d’autant plus qu’il ne semblait pas lui-même l’être. Il lui vint à l’esprit que l’homme n’avait pas la moindre idée de ce qu’il racontait, et qu’il était tout aussi désemparé qu’elle pouvait l’être par la situation. Cela la mit lentement en colère ; elle n’avait nullement besoin de ces fausses promesses. La sécurité était un besoin, un luxe que le seigneur lui-même ne pouvait se permettre. Il n’en avait plus assez pour se permettre d'en offrir. En ce sens, il était dépossédé.
Ah ! Quelle pensée ! De l’amer gangrène.
Bérénice détestait la pitié.
Bérénice détestait être seulement tributaire des autres. De tous ces hommes qui même dans leur fond de gentillesse ne pensaient qu’à exercer leur domination, la toute dernière. Ils cherchaient à l’endetter. Elle le savait. D’une dette sociale qui l’enchaînerait à jamais à cette fausse reconnaissance dont ils se gorgeaient. Mais qu’ils s’en gavent, comme des oies, car de cela il n’en resterait qu’un délicieux foie gras.
Et rendue au nœud de ses pensées, un éclat mauvais avait quelque peu secoué son regard morne d’une jubilation éphémère.
Elle ne s’attendait pas à le revoir. En vérité, elle s’était vaguement imaginé qu’il resterait parmi les siens, parmi ceux de son rang, pour peu qu’en ces temps sanglants cela veuille encore dire quelque chose. Et lorsqu’elle vit la crinière du vaillant destrier, elle ne pensa pas qu’il s’y arrêterait une nouvelle fois. Le bon seigneur n’avait-il pas déjà vu tout ce qu’il y avait à voir ? Elle fut proprement étonnée d’être seulement reconnue, elle qui se fondait parmi la masse, elle dont les guenilles vaseuses cachaient tout le charme. Elle dont la sueur de la course ou de la marche endiablée jaillissait de ses lobes d’oreilles jusque sur sa nuque, jusqu’à habiter sa clavicule.
Le masque retomba alors lourdement sur sa figure. Et l’éclat dans ses yeux disparut dès lors que la masse corpulente sembla rejoindre la proximité de son corps. Elle trouva naturellement étrange cette insistance avec laquelle il s’évertuait à marcher à ses côtés. L’attitude qui lui paraissait somme toute saugrenue, elle qui n’avait point l’habitude qu’on recherche sa compagnie, la rendit à sa méfiance.
« Mon seigneur, devez’ avoir une vue bien laide du sol. On se fatigue vite à marcher comme un pauv’. » Et cela dit de sa petite voix qui ne laissait rien paraître, de ce petit jet d’œil en biais, très l’air de rien mais vif tout de même, on ne sut dire si Bérénice se gaussait, cherchait la taquinerie maligne. Enfin, était d’avis que les personnalités comme Bérénice possédaient ce léger mépris au coin des lèvres, mais un mépris curieux, habile, et toujours bien retenu de sorte que cela ne la rendait pas aussi vilaine ni aussi odieuse que ce qu’elle aurait laissé entendre.
L’ennui enfin reprit sa juste place.
« Seigneur, mon père m’a toujours appris à implorer la bénédiction de Serus avant la moisson. Mais z’êtes pas assez gros pour être un champ. J’vous dirai ben merci quand j’les verrai vos fameux murs et toit. »
Malgré la nature méfiante, et le peu de foi qu’elle semblait accorder à la relative sécurité qu’il lui offrait, l’idée même d’avoir un abri parut la détendre. Et comme ils achevaient doucement mais sûrement de grimper la côte, elle s’arrêta sans prévenir et releva le linge qui recouvrait le visage de son fils. Et ses bras animés par la délicieuse force de l’espoir se redressèrent un peu plus, pour entamer leur éternelle rengaine, un doux balancement, instinctif et maladroit, pour bercer les cris.
« Nous sommes des centaines. » Commença-t-elle très calmement. Et son visage si débordant de tendresse posé sur son enfant, une fois relevé vers le noble seigneur, se mua presque immédiatement en une face solide. Un air ténébreux malgré la chevelure d’or fixa l’homme, franchement, et chercha à transpercer quelques réponses.
« Pourquoi moi ? »
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| | | Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Ven 21 Juin 2019 - 16:40 | | | Le ciel s'assombrissait lentement tandis que les gens fournissaient leurs derniers efforts pour atteindre le sommet du plateau. Hector avait eu une idée. Il n'allait pas pouvoir rester longtemps avec la jeune femme. Pourtant les interrogations de cette dernière méritaient réflexion... et réponse.
- Je me sens mieux au sol... J'ai assez profiter de la selle pour aujourd'hui.
Il regarda un moment ses bottes qui, maintenant, se paraient de la couleur de la terre.
Pourquoi elle ?
Sans avoir vu l'ensemble des réfugiés, le baron en avait vu un bon paquet... Mais c'était elle. C'était elle qui l'avait ému plus que les autres, la première... sans doute par le fait qu'elle portait un bébé dans ses bras, qu'elle était aussi frêle qu'un roseau et que son visage avait, au moment où Hector l'avait vu, affiché une fragilité qui, mêlée à l'harmonie de ses traits, l'avait touché bien plus profondément qu'il ne pourrait le dire.
- Je suis tombé sur vous au moment où... où... je ne sais pas... où j'étais sensible à... votre situation. Sans doute la fatigue de cette fin de journée. Et affaibli, je peux faire des choses comme ça : filer une pièce, un coup de main...
Il souriait à la blonde. Son explication était pas mal. Peut-être suffirait-elle à adoucir le regard ténébreux de son interlocutrice.
- Comment s'appelle le p'tit ? Demanda le baron.
Lorsqu'elle lui eut répondu, le soleil se couchait presque à l'horizon et la tête du sombre cortège atteignait déjà les premières fermes (en ruine) éloignées de Genevray. Hector se dit qu'il était temps.
- Je vais remonter sur Gris-Poil et chercher votre habitation. Je serais posté devant. Rejoignez-moi dès que possible !
Il mit une petite tape sur les naseaux de sa jument qui hennit de mécontentement.
- C'est son cri à elle... J'espère que vous le reconnaitrez. Je lui ferai faire de temps en temps si je ne vous vois pas arriver. A tout à l'heure.
Il grimpa sur le dos de Gris-Poil et, à bon trot, se rendit sur le plateau... passant à côté de nombreux autres pauvres gens... mais, avec la vitesse et l'obscurité, leurs visages lui semblaient bien moins attendrissants que celui de la jeune femme au bébé. Il arriva rapidement aux portes de Genevrey, petit hameau composé d'une douzaine de fermes, peut-être un peu plus. La file des réfugiés attendait là que les nobles leur attribuent un logement. D'après ce qu'Hector comprit, c'était le premier arrivé, le premier servi. Les premières familles remplirent donc la première ferme - à ras bord - et l'on se dirigea vers la seconde. Le baron décida de se rendre, seul, vers l'ouest de hameau (à l'opposé de la direction prise par les nobles pour remplir les bâtiments). Il vit là une petite maison qui semblait en bien meilleur état que la plupart des autres. Cette maison était même fermée (alors que la plupart montraient des portes défoncées, gagnées par la mousse, ...). Ses murs étaient en pierre et les fenêtres étaient également fermées - et visiblement bien fermées.
Hector frappa à la porte sans descendre de cheval.
- Qui c'est ?!! Entendit-il quelques secondes après. C'était une voix masculine. - Hector de Sombrebois. Ouvrez s'il vous plait.
Pas de réponse audible mais des bruits de bois, de choses que l'on bouge, puis des cliquetis de serrures... et enfin, la porte qui s'ouvre avec un léger grincement. Et un homme aux sourcils froncés qui apparait derrière. - Que... qu'est-ce que... qu'est-ce que j'puis pour vous... mon seigneur ?
Hector sourit. Il était heureux pour deux raisons. La première était qu'il sentait bien que l'homme était impressionné par sa stature et la seconde était simplement qu'il voulait se montrer bienveillant, rassurant. Il ne voulait pas que la jeune femme soit mal accueillie parce qu'il se serait montré trop autoritaire.
- Des centaines de réfugiés arrivent pour investir les bâtiments de Genevrey... Vous avez le choix : soit vous prenez une gentille petite jeune femme et son bébé ; soit on remplit votre maison de personnes dont je ne peux vous dire ni le sexe, ni l'age... ni le nombre !
Présenté comme ça, l'homme ne put que choisir d'accueillir la jeune maman et son bébé. Hector le et lui demanda de fermer la porte. Ceci fait, toujours sur son fidèle destrier, il se tourna vers la colonne de réfugiés qui se dirigeait vers l'est du hameau. Là, il donna un petit coup (gentil) sur l'oreille de sa jument... qui hennit comme précédemment. La jeune femme... à quelque chose comme 80 ou 100 mètres de là devait entendre ce cri distinctif... mais par précaution, Hector, une dizaine de seconde plus tard répéta son geste pour un résultat plus... puissant ! La bête commençait à en avoir marre, clairement, et avait décidé de le faire savoir !
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| | | Bérénice MonetPaysanne
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Dim 30 Juin 2019 - 16:39 | | | Elle avait eu ce sourire bizarre, comme si elle redécouvrait le véritable sens donné à la charité. Elle essaya de lui trouver une justification autre, un je-ne-sais-quoi qui l’aurait rendu moins gentil et plus approprié à la vision qu’elle avait de l’homme, de la noble lignée en général. Cela ne lui vint pas. Messire de Sombrebois était pour un instant fugace parvenu à balayer la panoplie de ses préjugés, de sa mauvaise foi, de sa haine presque viscérale de l’homme. Et c’était peut-être cela que ce rictus étrange qui humidifiait ses lèvres d’émotions contraires, comme la découverte horrifiante que la réalité qui lui faisait face n’était point celle de ses pensées. Cela pourtant mettait à mal une fierté déplacée.
Elle détailla un moment le sourire de l’homme, tout orné par cette barbe qui habillait son visage. Finalement, elle articula sèchement : « Alfred. Il s’appelle Alfred. »
La suite se passa vite. Elle s’approcha de lui en même temps qu’il expliquait le déroulement. Vive, et comme devenue soudain pressée, par l’horizon tombant, ses yeux défilèrent de la bouche mouvante du cavalier, jusqu’à cette main descendue sur les naseaux de l’animal, elle se contenta de hocher la tête, sans toutefois réaliser la portée de cette résignation muette ; celle de rendre sa vie et celle de son enfant entre les mains étrangères de l’inconnu. Ce qui en vérité n’avait rien de rassurant.
Elle recula d’un ou deux pas lorsque le cavalier élança son cheval dans la foule. Alors seulement le vide lui revint, tout comme le nœud lové contre sa poitrine, comme l’angoisse du crépuscule levant.
L’animation tout autour se fit plus bruyante, et une sorte d’agitation affreuse souleva les suppliques aigus des réfugiés qui se pressaient dans l’enceinte du village. Et son visage se décomposa bientôt lorsqu’elle détailla les édifices lamentables qui devraient protéger leurs misérables vies cette nuit. Elle se fit bousculer par quelques rescapés usés et fous, fous de terreur à l’idée de ne pas réussir à pénétrer l’une de ces bicoques. Bérénice les vit avec effroi se rassembler dans les intérieurs, s’entassant comme des bestiaux, parqués comme des troupeaux en plein élevage intensif. Leurs yeux étaient écarquillés, rouges, les gueules crispées dévoilaient des mâchoires serrées et édentées. Ils gesticulaient comme des poulets. Voilà la terre promise qu’on leur offrait. Des murs crasseux et ébranlés, la chaleur de dizaines de corps pressés les uns contre les autres, mélange de sueur. Ils suintaient la peur par tous les pores de leur peau, ils avaient l’odeur si significative de l’instinct bestial de survie. Leurs nez remuaient comme les groins des cochons, la tête renversée, captant avec avidité le peu d’air frais qu’ils avaient. Un homme l’effleura à peine d’un coup d’épaule et elle s’effondra à terre, genoux dans une flaque de boue. Instinctivement, elle ferma les yeux et serra l’infant contre son sein. Ses lèvres chantèrent des murmures désespérés et elle supplia Serus de lui venir en aide, alors seulement elle pria avec cette frénésie qui n’appartenait qu’à elle, implorant que le Dieu qu’elle aimait plus que n’importe quel humain, plus que son propre fils peut-être, lui vienne en aide. Elle la fidèle, elle la pécheresse.
Le hennissement au loin la sortit de sa transe et l’enveloppa d’un délicieux sentiment. Elle se releva fébrile. Serus avait entendu ses prières. Le second hennissement lui indiqua le chemin à suivre et elle partit dans la direction opposée des autres réfugiés. Elle courut comme si un fangeux était à ses trousses, sans se retourner, craignant ce qu’elle aurait pu trouver au bord du chemin. Il n’y avait plus d’issue possible.
Elle arriva quasiment à bout de souffle, et manqua d’écraser son moindre poids contre la robe du destrier, Elle releva la tête vers le cavalier, complètement paniquée. Elle n’observa pas même la relative sécurité de la bâtisse qui se trouvait devant elle, car non, ses yeux n’étaient que le reflet d’un émoi brut, d’une épouvante. Délirante, elle agita une main dans la direction d’où elle venait, pointant sans savoir ce qu’elle visait une horde encore invisible.
« Y sont chiffonnés et on va tous mourir étouffés comme des bêtes y’a pas assez de place pour tout le monde mon seigneur mon seigneur j’veux pas mourir ici j’veux vire et j’veux pas qu’Alfred y meurt ni qu’y reste tout seul ce serait trop horrib’ j’veux pas rester ici les fangeux vont nous bouffer y vont nous dévorer z’imaginez mon pauvre alfred y restera rien plus rien l’est trop ptit et moi j’ai pu la force c’est affreux j’vais mourir ici loin de chez moi et tout’ seule avec mon bébé j’suis la plus horrib des mères j’suis un monstre comme un fangeux si mon père et mes frères étaient encore là y sauraient quoi faire mais eux aussi y sont morts alors moi j’vais mourir aussi ? Comme eux ? »
Ses mots étaient endiablés, et la voix dépassait ses pensées. Tout se bousculait, se renversait, le débit si rapide de son flot de paroles empêchait tout à fait de saisir tout ce qu’elle voulait dire. Déjà elle ne voyait plus très clair. Bérénice était possédée par le démon de la Terreur.
Elle posa une main inquiète sur la cuisse de l’homme, sans réellement se rendre compte de cette proximité à présent intrusive, agrippa le tissu entre ses phalanges crispées.
« Alfred va mourir ? Et moi aussi ? »
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| | | Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Lun 1 Juil 2019 - 17:36 | | | La frêle silhouette de la jeune femme, à peine alourdie par celle de son bébé, approchait au pas de course. Elle avait l'air paniquée. Ses cheveux défaits voletaient autour d'elle et sautaient aux rythmes de ses foulées précipitées. Elle percuta presque Moto qui hennit légèrement. Décidément, cette soirée n'était pas de tout repos pour la grande jument. Hector resta en selle. Il voulait imposer sa stature, non pas à Bérénice, mais aux autres réfugiés au cas où certains décidaient de suivre la petite blonde. Cela, d'ailleurs, ne manqua pas d'arriver ! Hector pu voir une colonne d'environ vingt à trente personnes qui se dirigeait vers lui !
Il écouta à peine le flot continu des paroles paniquées de la demoiselle, pensant déjà à son intervention auprès des autres pauvres gens.
- Ni vous ni votre petit, madame ; personne ne va mourir, ne vous en faîtes pas.
Sa voix avait un ton mixte : rassurant et autoritaire. Il était temps de rentrer dans la petite ferme. Il fit tourner son cheval d'un quart de tour pour frapper de nouveau à la porte solide.
- Dépêchez-vous, elle est arrivée.
La porte s'ouvrit et Hector eut un dernier mot pour la nouvelle venue :
- Entrez et mettez-vous à l'aise... Il continua à l'adresse du paysan, Fermez la porte et n'ouvrez qu'à moi !
Quelques instants plus tard, le groupe de réfugiés arrivaient, quémandant des places dans les fermes occidentales du village... et notamment dans la petite et visiblement solide ferme dont la porte venait de se refermer.
- C'est plein ici ! Suivez-moi, il y a d'autres fermes pour vous.
C'est ainsi que le baron eut la responsabilité - sans l'avoir voulu - d'installer quelques familles dans cette partie du village. Il fit ce qu'il put pour ne pas installer de familles dans les fermes les plus délabrées et expliqua à ceux qui n'avaient pas de place de retourner auprès des autres réfugiés, qu'il y avait d'autres villages un peu plus loin et qu'avec un dernier effort, ils seraient bientôt tous logés dans des habitations convenables. Son discours, sa voix et son autorité naturelle réussirent à rassurer les réfugiés. Satisfait d'avoir pu évité toute panique chez ces derniers, il les raccompagna vers le grand groupe. Au bout d'une bonne quarantaine de minutes, il put retourner à la petite ferme où il avait laissé la jeune femme au bébé et l’accommodant paysan.
Il fit le tour du bâtiment, appréciant le travail de consolidation qui y avait été fait, et trouva un poteau pour y attacher Moto. Il fit un nœud solide et alla frappa à la porte.
- C'est Hector de Sombrebois, ouvrez-moi.
Et l'homme, de nouveau, se présenta sur le seuil de sa maisonnée. Le baron, enfin, lui sourit.
- Merci pour votre aide, monsieur. Je ne vais pas vous importuner très longtemps. J'ai...
Que venait-il faire ici ? Il était difficile de l'exprimer étant donné qu'il ne le savait pas vraiment lui-même. Il voulait juste voir si les deux nouvelles âmes qu'il avait installé ici étaient apaisées et, alors, il repartirait.
- J'ai quelques mots à dire à... Il ne savait même pas son nom ! à Alfred et sa mère.
L'homme lui fit signe d'entrer et le baron pénétra dans le petit logis faiblement éclairé. Il y faisait bon, malgré tout, et, si l'absence de décoration ou de tout objet superflu rendait la maison austère, Hector avait d'ores et déjà la conviction que sa "protégée" et son petit y seraient - sinon bien - au moins en sécurité. |
| | | Bérénice MonetPaysanne
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Mer 3 Juil 2019 - 18:42 | | | En voilà un qui semblait bien certain de l’issue de cette courte épopée. Et quoique l’autorité du cavalier parvint naturellement à la faire taire, l’inquiétude demeura. Il suffit d’un simple regard sur la foule qui remontait dans leur direction, pour convaincre tout à fait Bérénice d’obtempérer et de pénétrer à l’intérieur de la maisonnée. Elle s’engouffra sans un regard pour le fermier ou bien pour le noble qui allait devoir faire face aux réfugiés. Cela certes n’était plus son problème, quoique cela aurait dû l’être, car ne venait-il pas de lui sauver la vie ? Ce menu détail ne semblait pas cependant peser dans la balance.
Elle débarqua dans une petite maison au décor pauvre, quoiqu’entretenue, sans autres fioritures que le strict nécessaire. Mais c’était déjà plus que ce qu’elle avait connu ces derniers mois à Marbrume. Il ne lui vint pas à l’esprit qu’elle avait réussi ce pour quoi elle était partie. Le sentiment d’être encore en vie et bien à l’abri derrière des murs qui paraissaient tenir la route, était tout aussi pauvre que le mobilier en bois vieilli. Elle se retrouva bientôt à faire les cent pas d’un bout à l’autre de l’unique pièce qui composait l’endroit, sans trop savoir que faire de la boule qui nouait encore son estomac ; elle avait la nausée. Le paysan lui proposa une chaise qu’elle refusa, et le silence furtivement entrecoupé l’espace d’un instant, reprit sa juste place. Car enfin ils avaient tout et rien à se dire. L’homme était bourru et peu loquace, et bientôt il se contenta de prendre place à sa table, abandonnant l’idée de faire quelque peu connaissances ; Bérénice répondit à peine à ses questions. Et les regards méfiants qu’elle ne pouvait s’empêcher de jeter au fermier en disait suffisamment.
Bérénice était rendue à sa crainte, car à présent qu’elle était enfermée dans une pièce close, d’où la lumière filtrait à peine, jaillissait timidement depuis deux bougies déposées devant une antre de cheminée, elle se sentait acculée entre deux menaces vaguement définies. La fange ou bien cet étranger au teint rude, aux traits vieillis par les sacrifices imposés par l’époque troublée. Les cheveux et la barbe négligés, il restait solide. Un moment à se juger silencieusement, et l’homme se releva et fit un pas dans sa direction. Il n’avait eu que la prétention de lui offrir un peu d’eau, cela avait suffi pourtant à arracher une grimace à la jeune femme qui s’était alors réfugiée dans un angle de la pièce.
Là, elle s’était assise en tailleur, son bébé dans les bras, à même le sol comme un petit animal misérable et effrayé, une main possessive sur le crâne de sa progéniture.
Lorsque revint enfin le seigneur de Sombrebois, après un temps qui semblait absolument long, Bérénice n’avait point bougé. Le fermier accueillit simplement le baron, le gratifiant d’une messe-basse bien sentie, « dites, j’suis bien content de pas avoir toutes ces bouches chez moi, mais celle que vous venez de ramener, l’est bien bizarre. Parle pas beaucoup, remarquez que les femmes qui causent, elles apportent que des ennuis. » et puis il haussa les épaules, en lui pointant d’un signe du menton le corps abandonné dans un coin, poupée de chiffon.
Et c’était vrai qu’elle n’avait l’air de rien, Bérénice, ses genoux repliés laissaient entrapercevoir sous les jupons déteints les prémices de fines chevilles, qu’une longue course avait rougi, sur un point chaud et légèrement enflé. C’était à se demander alors comment ses pieds abîmés avaient pu la porter si longtemps. Les godilles traînaient non loin, et les pieds nus maintenant délivrés offraient un semblant de réconfort. Enfin la manche de sa robe tombait sur son avant-bras, et le lacet défait sur sa poitrine laissait pendre un sein rond qu’elle donnait à la bouche du nourrisson, dans une quasi indifférence. Les paupières enfin s’alourdissaient, et la fatigue cernait sa figure. Ses yeux fixes pourtant refusaient d’abandonner du regard les deux hommes, et Bérénice s’agrippait à ses soupçons jusqu’à toucher l’épuisement.
Alors elle semblait à la fois trop jeune pour être mère, et déjà comme une branche trop vieillie qu’une brisure aurait fait chuter de l’arbre.
Ayant cependant reconnu le son de sa voix à la porte, elle finit du bout des lèvres par lui avouer son nom. « Bérénice. »
Elle le détailla encore, mais le retrouver là ne lui provoqua rien. Et la crise faîte plus tôt à l’extérieur de la maisonnée s’était évanouie en ne laissant dans son sillage que des yeux enfoncés dans leur orbite. Elle demanda enfin : « Il n’y a pas de ferme pour les nobles ? » Un merci aurait écorché la gueule de l'ingrate.
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| | | Hector de SombreboisBaron
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Jeu 4 Juil 2019 - 15:17 | | | L'homme se montra réceptif au sourire du baron et d'assez bonne humeur, finalement. Avec la jeune femme au bébé, son quotidien serait sans doute moins perturbé que s'il avait eu une famille complète - voire deux - dans son logis.
- Dîtes, j’suis bien content de pas avoir toutes ces bouches chez moi, mais celle que vous venez de ramener, l’est bien bizarre. Parle pas beaucoup, remarquez que les femmes qui causent, elles apportent que des ennuis. - Laissez lui un peu de temps, le voyage a été long, et... il baissa la voix, sans doute que l'arrachement à sa ville d'origine n'a pas du être facile...
Il posa la main sur l'épaule du bon homme et hocha la tête avant de le laisser pour s'approcher de la mère, prostrée dans un petit coin sombre de la maisonnée. Elle avait un certain charme, là, affalée, pieds-nus, offrant le sein à son bébé, fatiguée, les yeux mi-clos. Hector sourit à cette scène qu'il trouva rassurante. Une mère qui nourrit son enfant. Tout allait rentrer dans l'ordre, il en était maintenant bien plus sûr que précédemment.
- Bérénice.
Elle finissait même par lui dire son prénom !
- Enchanté, Bérénice.
Il attendit un peu, n'osant dire quoi que ce soit qui eut pu perturber l'allaitement ; et en plus, il n'aurait su quoi dire.
- Il n’y a pas de ferme pour les nobles ?
Elle lui rappelait un peu l'herboriste, Flore, qui portait bien son nom et qui avait une aversion forte pour la noblesse... et qu'il avait finalement réussi à amadouer. Non pas que c'était son but, ni là, ni ici... mais il aimait entretenir de bonnes relations avec les gens. Simplement.
- A vrai dire je n'en sais rien.
Il ne savait même pas où il allait dormir ! Sans doute la nuit serait perturbée par la fange, d'ailleurs. Il avait encore assez d'énergie pour prêter main forte aux miliciens réquisitionnés pour sécuriser le convoi et le Labret. Alors il allait voir ; se rendre utile. D'autres maisons nécessitaient quelques rapides fortifications ; simplement barricader les portes pour la nuit. Demain il serait temps de réparer, consolider, planter des clous là où ce serait nécessaire, construire quelques pièges également.
Et si, honnêtement, il aurait aimé rester un peu, il ne savait vraiment pas quoi dire face à la détresse de la jeune femme. Il ne pouvait justifier le déracinement imposé par le duc, il ne pouvait garantir la sécurité des habitants du Labret sur ne serait-ce que du moyen terme.
- Un p'tit verre d'eau monseigneur ? Madame ?
L'homme venait de parler. Hector accepta sa proposition et ils échangèrent quelques mot. Le fermier lui indiqua son nom et lui proposa de prendre une chaise. Le baron s'assit à la petite table et se vit offrir ce fameux verre d'eau. Il en but la moitié, se détendant progressivement, parlant de la pluie et du beau temps avec son hôte avant d'ajouter :
- Merci pour votre hospitalité Monsieur. Bérénice, je vais vous laisser. Je vais me rendre auprès des autres gens pour voir si je puis être utile pour consolider quelques constructions. Après j'irais prendre part au roulement pour la surveillance du village.
Il se leva et posa une main sur l'épaule de la frêle maman.
- Je ne sais pas si nous aurons l'occasion de nous revoir... En tout cas, je suis heureux d'avoir fait votre connaissance. Je vous souhaite bon courage, bonne chance et une longue vie à Alfred et vous-même.
Il fit les quelques pas qui le séparaient de la porte et sortit. Il alla détacher sa jument et prit la direction du centre du village, là il fit son possible pour aider, conseiller, réparer tout ce qui pouvait l'être. Malheureusement, tous les bâtiments n'étaient pas en aussi bon état que la ferme où se trouvait Bérénice et la nuit tomba vite. Aussi le baron se sentit-il frustré de n'avoir pu aider toutes les familles qui en auraient eu besoin. Il se rendit ensuite auprès du coutillier qui avait en charge la protection de la partie occidentale du village. Il proposa son aide pour les tours de garde et cela fut accepté. On lui offrit même une place sous la grande tente des miliciens. Il y régnait une ambiance bien plus tranquille que dans les maisons des réfugiés : ces soldats allaient repartir le sur-lendemain et cela les mettaient en joie.
Durant la nuit, il n'y eut qu'une attaque de fangeux, pendant qu'Hector dormait. Il fut réveillé par les cris des monstres et, après avoir sauté de son lit de fortune pour s'emparer de sa hache ancestrale, il alla combattre les monstres avec les soldats. Il y avait une dizaine de fangeux et, honnêtement, ce fut un carnage. Face à la quarantaine de miliciens, les non-morts s'en donnèrent à cœur joie. Hector et la demi-douzaine de miliciens survivants durent s'employer à couper les têtes de leurs frères d'arme qui tombaient à leur côtés pour ne pas les voir se relever... Le combat fut difficile, que dis-je, très difficile, couvert de sang, blessé, puant la mort et complètement crevé il fut transporté sous la grande tente pour des soins de fortune. Sous un très beau soleil qu'il ne put guère voir, il passa la journée suivante alité à se faire recoudre et soigner.
Dernière édition par Hector de Sombrebois le Jeu 4 Juil 2019 - 21:41, édité 1 fois |
| | | CatatonieMaître du jeu
| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] Jeu 4 Juil 2019 - 20:25 | | |
Intervention Mj spontanée : Cette intervention fait suite aux nombreuses explications sur la fange à l'intéressé. Afin de réajuster et réinstaurer la dangerosité de celle-ci. Un passage mj spontané est très rare, il n'est là que pour corriger l'ensemble Mjitage : Miliciens : 50 D15 nombreux Fangeux : 5 Pour réussir l’attaque les fangeux doivent faire 14 et moins Pour échouer l’attaque les fangeux doivent faire 15 et plus Résultat : 1, réussite critiqueDéfense des miliciens : Pour réussir la défense, les miliciens doivent faire 14 et moins, Pour échouer la défense, les miliciens doivent faire 15 et plus, Résultat : 19, échec D50 : Nombre de milicien morts D50 résultat : 40 morts Miliciens restants : 50 – 40 = 10 survivants à l’attaque. Il y a des situations dramatiques, des situations qui dépassent le sens de la réalité, ou la peur n’est même plus suffisamment forte pour pouvoir exprimer l’horreur qui peut se jouer en pleine nuit, en pleine difficulté, en plein besoin d’espoir. Ce même espoir qui se volatilise, qui disparaît en un claquement de doigts, en un dernier râle d’agonie, comme un dernier souffle de vie qui s’échappe de bien trop nombreuses lèvres. La nuit est à peine tombée, l’obscurité vient de prendre possession du lieu, comme un ami réconfortant qui vient enlacer toutes les bâtisses, emportant l’ensemble des résidents dans leur sommeil. Un ami peut-être traître, surtout depuis que des créatures rodent à l’extérieur, surtout depuis que les dieux eux-mêmes semblent tourner le dos à l’ensemble des derniers survivants. Ce fut un premier cri, horrible strident, puis un hurlement humain et une cloche qui vient résonner, briser le silence protecteur d’un repos bien mérité. Ceux qui montaient la garder sont tombés, en une fraction de seconde, comme un rien et le dernier survivant dont le bras est resté accroché à la corde la cloche vient de se vider de ses derniers litres de sang. De sa vie, il ne reste plus grand-chose, hormis ce doigt qui frétille mécaniquement, hormis les convulsions d’un corps dont plus aucun souffle de vie ne traverse ses poumons.
Heureusement, la cloche se faisait encore entendre, une fois, deux fois, trois fois et les premiers secours avaient fini par sortir du bâtiment. Ce fut rapide, trop sans aucun doute, les grognements, les dents, les griffes contre les lames et les boucliers. Ce fut un véritable massacre, la petite poignée d’hommes d’armes ne semblait pas pouvoir résister contre les fangeux, malgré le petit nombre, malgré la stratégie. Tous succombaient les uns après les autres, engloutis par des créatures plus fortes, plus agiles, plus résistance. Le liquide pourpre s’écoulait dans les deux camps et pourtant, les Hommes étaient bien en difficulté, en grande difficulté. Peu à peu la résistance s’amenuisait pour un fangeux d’abattu s’était une quinzaine qui s’effondrait. Le noble, armé de sa hache ni faisait pas grand-chose et si dans un premier temps les miliciens s’appliquaient à le protéger, il fut rapidement seul face à deux fangeux. Il était condamné, sans aucun doute, sauf miracle. Ce fut d’ailleurs un miracle qui lui sauva la vie, alors qu’il se battait contre son assaillant définitivement plus humain qu’un deuxième venait de le faire chuter en s’attaquant directement à son dos, mâchoire accrochée à son derrière, une petite main du Duc était venue l’abattre, obligeant le monstre à relâcher sa prise. De son fessier, il ne restait plus grand-chose, hormis une flaque de sang et un manquement de chair à un endroit, aucun doute que jamais l’arrière-train de ce brave baron de Sombrebois n’oublierait cet événement. Aucun doute qu’il aurait du mal à marcher, à s’asseoir durant un long moment et qu’une cicatrice permanente ne disparaîtrait jamais, tout comme ce morceau de chair disparu jusqu’à la fin des temps.
Le baron avec l’aide des autres survivants avaient finis par parvenir à abattre le dernier danger, avant de constater avec amertume la perte douloureuse de bien trop de miliciens. Son visage, en plus de son noble fessier resterait marqué à tout jamais, puisqu'une cicatrice d'un coup de griffe bien placé lui avait octroyé une belle cicatrice sur sa joue. Lui-même devait récupérer, se faire soigner, monter à cheval ? Difficilement. La nuit s’annonçait longue et douloureuse, certainement pas reposante, au moins était-il vivant, n’était-ce pas le plus important ?
Mjitage : Note : Hector, tu as gagné une cicatrice sur une joue + une morsure au niveau de tes fesses, morsures qui entraîne une absence de chair à un endroit. Autant dire que tu vas avoir du mal à t’asseoir durant quelques temps. Les cicatrices sont définitives à toi d'éditer tes sujets se déroulant après celui-ci. Ce mjitage n'est évidemment ni négociable, ni modifiable, il prend effet immédiatement. Bon jeu et bonne continuité de RP
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| Sujet: Re: Le Labret délabre les bras et les braies [PV Bérénice & Hector] | | | |
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