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 Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]

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Erwan DacierForgeron
Erwan Dacier



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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyMer 26 Fév 2020 - 14:46
Triste, c’est le terme qu’elle utilisa pour parler de mon histoire. Il est adéquat, quand bien même je l’aurais qualifié de « dramatique » il y a quelques années encore. Mais les temps changent. Aujourd’hui, la fange est dramatique, la famine et la maladie sont dramatiques. Vivre cloîtré dans la cité est dramatique. Maintenant, c’est le sort de l’humanité qui est dramatique. Mon passé lui, les Trois me gardent de toute offense, n’est que triste. Si dix ans après, je ressassais toujours ce passé comme étant un drame de ma vie, je n’aurais plus aujourd’hui ni le courage ni la force d’avancer.

Je lui souris sans la quitter des yeux lorsqu’elle m’expliqua que je n’avais pas à me soucier de l’opinion des autres du fait de mon statut social.

L’opinion qu’ont les autres de moi, c’est aujourd’hui ce qui me permet de manger. Personne ne va chez un artisan de mauvaise réputation. La population étant réduite et n’ayant presque plus de gens de passage, le besoin de ragots prend alors pour cible les personnes présentes.

J’appréciais les encouragements qu’elle prononça sur le fait que je trouverais bien quelqu'un un jour et que j’étais charmant, courtois. Je levais mon verre en un sourire.

Que les Trois t’entendent, à défaut d’une amante, m’ont-ils accordé une douce compagnie.

Elle complimenta ensuite ma voix avant de me raconter une histoire qu’elle avait vécue à la taverne. J’avais déjà eu vent quelques fois d’histoires similaires. Des miliciens de retour d’une patrouille à l’extérieur, revenant souvent choqués par ce qu’ils y avaient vu et qui venaient dépenser leur solde pour oublier. Certains se prenaient alors pour des bardes, des conteurs de talent, des troubadours de renom.
Je ne pus résister à l’envie de sourire et finis même par rire un peu de cette histoire, somme toute amusante. Il y en avait tellement où, ivres, les miliciens mettaient la pagaille, se battaient…Là, il avait juste chanté comme une marmite avant de s’écrouler sur sa paillasse. Rien de méchant à par son mal de tête le lendemain.
Je rigolais franchement lorsqu’elle évoqua une possible arme secrète.

Ce serait à essayer oui, réunir sur les remparts tous ceux qui chantent atrocement faux pour faire fuir la fange. Qui sait, cela leur vrillera peut-être tellement le crâne qu’ils préféreront se jeter dans le feu.
Quand a l’air que je chantais, ma fois, rien de particulier. C’est un rythme qui me vient seul en tête lorsque je me baigne et que je suis d’humeur plutôt joyeuse. Je ne crois pas l’avoir entendu ailleurs, mais sans doute est-ce un mélange de différents chants que j’ai pus entendre.

Je bus de nouveau une gorgée avant de porter mon regard sur son visage.

Tu as bien arrangée cette chemise en tous cas, elle est bien plus saillante que ta tunique, c’est toujours un peu large mais cela te va mieux. Quand à la coiffure, cela te féminise bien mieux ainsi, j’ai moins l’impression que tu vas m’arrêter au premier faux pas.

Je lui fis un sourire amusé. L’atmosphère entre-nous était agréable.
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Clervie de Sombrelune



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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyMer 26 Fév 2020 - 17:18
Clervie avait souri lorsque le forgeron avait qualifié sa compagnie de "douce compagnie" avant de lui relater son anecdote de taverne. Il avait ri un peu sur la fin de l'anecdote, mais éclata de rire pour de bond lorsqu'elle plaisanta sur le fait d'utiliser les pires chanteurs de la milice comme armes secrètes, en rajoutant même une couche.

« Ce serait à essayer oui, réunir sur les remparts tous ceux qui chantent atrocement faux pour faire fuir la fange. Qui sait, cela leur vrillera peut-être tellement le crâne qu’ils préféreront se jeter dans le feu. »

Clervie elle-même manqua presque de s'étrangler avec sa boisson, tant elle riait. Elle se sentait de plus en plus à l'aise et détendue avec le forgeron. Il était vraiment agréable et elle concevait effectivement mal qu'il fût resté célibataire aussi longtemps. Les femmes ne devaient pas être aveugles au point de ne pas le remarquer. Mais le souvenir d'un amour aussi brutalement arraché devait être dur à oublier. Qui pourrait lui en tenir rigueur ? Les gens avec leurs ragots devraient le laisser tranquille. Elle-même avait ressenti un vrai coup de poignard en apprenant le mariage de Gwendal, même en y étant préparée, et alors même qu'elle lui souhaitait tout le bonheur du monde avec une femme qui puisse lui apporter le bonheur qu'elle ne pouvait plus lui donner.

« Quand a l’air que je chantais, ma fois, rien de particulier. C’est un rythme qui me vient seul en tête lorsque je me baigne et que je suis d’humeur plutôt joyeuse. Je ne crois pas l’avoir entendu ailleurs, mais sans doute est-ce un mélange de différents chants que j’ai pus entendre. »

Clervie avait elle-même des mélodies qui lui résonnaient parfois dans la tête et cela était délassant. Elle regrettait elle-même de ne plus pouvoir jouer d'un instrument comme à l'époque où elle était noble. C'était là aussi un agréable passe-temps, bien qu'elle fût loin d'avoir un réel talent à exploiter là.

« Tu as bien arrangée cette chemise en tous cas, elle est bien plus saillante que ta tunique, c’est toujours un peu large mais cela te va mieux. Quand à la coiffure, cela te féminise bien mieux ainsi, j’ai moins l’impression que tu vas m’arrêter au premier faux pas. »

Clervie sentit ses joues rosir légèrement, mais elle fut contente que son hôte apprécia l'effort. Elle répondit :

« Je ne suis plus entrain de patrouiller dans les rues, je m'apprête à dîner en charmante compagnie. Il allait de soi de faire un petit effort de présentation. Je constate que tu as fait de même. »

Maintenant qu'elle laissait aller son regard sur le forgeron, elle remarquait ses biceps bien taillés par le dur travail de la forge. Force était de l'avouer, il était bel homme, en plus d'être sympathique. N'eût-ce été le problème de son passé impossible à révéler, le traumatisme de son viol, et le fait qu'une relation intime avec quelqu'un serait malheureusement teintée par le mensonge, peut-être aurait-elle été encline à approfondir leur relation, peut-être aurait-elle réellement songé à lui de manière romantique. Mais ce n'était pas le cas, et ne le serait probablement jamais. Aimer de nouveau un homme lui paraissait impossible après son aventure dans le goulot. Par contre, elle pouvait offrir à Erwan le réconfort d'une amie et ne voulait pas s'en priver. Cela serait sympathique de partager une bière avec lui de temps à autre après le service.
Elle se sentait vraiment à l'aise et c'était très agréable.

« Et que trouve-t-on de bon à manger chez les forgerons ? » demanda-t-elle sur un ton guilleret.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyMer 26 Fév 2020 - 18:44
Le moment était vraiment des plus agréable. Nous rions de bon cœur et Claire manqua de s’étouffer en explosant de rire. Elle n’avait plus rien à voir avec la milicienne farouche qui était entrée quelques temps auparavant. Elle était désormais une jeune femme hilare avec qui je partageais un verre en échangeant sur nos vies respectives.

A mon compliment sur sa mise, je la vis rougir légèrement, ce qui m’arracha un nouveau sourire taquin. Elle tenta de justifier sa tenue en arguant qu’elle dînait accompagnée et que j’étais moi-même charmant. J’avais, d’après elle, également fais des efforts.

Tu trouve que j’ai fais un effort vestimentaire toi ? Je suis presque moins habillé qu’avant, mon tablier me couvrait plus que ce gilet. Après, du moment que ma tenue te convient, je n’en demande pas moins.

Je trouvais Claire vraiment agréable et sympathique, maintenant qu’elle était moins sur la défensive, plus apaisée quand à mes manières aussi. Nous échangions naturellement, presque comme de vieux amis qui ne se sont pas vu depuis une longue période. Secrètement, je me pris à espérer que nous serions amenés à nous revoir de la sorte régulièrement, même en dehors de tout marché commercial. Ne sortant que très peu de mon atelier, j’ai au final peu d’amis.
Mon esprit pourrait même se mettre à divaguer, mais plus tard, j’avais pour le moment une question qui m’était posée et qui nécessitait réponse immédiate et précise.

Eh bien, j’avais prévus un mélange de lentilles, oignons et carottes, avec un peu de chance il me reste un peu de bœuf séché. Du pain, bien évidemment et un fond de potage à la coriandre.

Je me levais et ravivais le feu de l’âtre qui somnolait pendant la journée. Je plaçais deux grosses bûches dans le foyer et jouais de mes poumons pour réactiver les flammes, tournant alors le dos à mon invitée. Laisser un petit feu permanent permettait de chauffer la pièce, mais maintenant que nous y étions, de belles flammes donneraient un aspect plus festif.
Je me redressais et m’appuyais un instant au manteau de la cheminée, observant les flammes. Mon esprit s’envola un bref instant tandis que je suivais du regard une braise jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans le conduit.

Je me tournais vers Claire, le regard lumineux et le visage, de même que les épaules, un peu rougis par les flammes.

Les forgerons et les flammes, deux inséparables.

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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2020 - 13:26
« Tu trouve que j’ai fais un effort vestimentaire toi ? Je suis presque moins habillé qu’avant, mon tablier me couvrait plus que ce gilet. Après, du moment que ma tenue te convient, je n’en demande pas moins. »

Erwan faisait galanterie de façon maladroite, mais cela amusait beaucoup Clervie. Rien à voir avec les damoiseaux de l'esplanade, leurs courbettes et leurs simagrées. Ils avaient tous les mêmes mots à la bouche, les mêmes phrases d'approche maintes fois vues, maintes fois prononcées à toute dame susceptible de leur accorder faveur. Il fallait dire aussi qu'ils n'avaient pas tellement à se servir de leur imagination, vu que la moitié de leurs répliques sortaient tout droit des chansons et des Romans que l'on lisait à la cour. Gwendal lui-même, qui pourtant était sincère dans ses déclarations et n'avait guère besoin de beaucoup d'efforts pour gagner le coeur de Clervie, avait jugé bien à propos de chanter sérénade à sa fiancée, alors qu'elle ne lui en demandait pas tant. Depuis son séjour dans le goulot, et ses débuts dans la milice, elle constatait que les normes sociales imposaient décidément trop de limites. Plus que ce qu'elle n'avait jamais imaginé, en réalité.

« Eh bien, j’avais prévus un mélange de lentilles, oignons et carottes, avec un peu de chance il me reste un peu de bœuf séché. Du pain, bien évidemment et un fond de potage à la coriandre. »

Clervie le regarda avant de dire d'un ton faussement sérieux :

« Parce que tu mets des carottes et des oignons dans les lentilles, toi ? Et du boeuf séché ? En voilà une fantaisie ! Ainsi, il ne suffit donc pas de les faire bouillir dans une eau insipide jusqu'à les faire éclater pour les servir avec une minuscule tranche de ventrèche et une ou deux tubercules fibreuses ? »

Et une nouvelle plaisanterie sur la qualité de vie de la caserne. Des carottes ? Des oignons ? Elle ne se rappelait même plus de la dernière fois où ils en avaient servi. Du rutabaga, des panais, avec parfois une minable tranche de lard fine au point de fondre dans l'infâme mixture. Deux fois par semaine, ils se faisaient un point d'honneur de donner de la viande aux soldats afin qu'ils tiennent un peu sur leurs jambes lors des entraînements et des patrouilles. Mais évidemment, c'était du porc cuit des heures dans la flotte et dans la graisse, avec quelques épices pour éventuellement relever tout ça. Ca tenait au corps, mais la texture du gras qui se figeait dans le bol donnait à Clervie des hauts-le-coeur à chaque fois. Comme elle ne noyait pas encore ses traumatismes de mission dans l'alcool contrairement à ses comparses, il lui arrivait parfois de se consoler en allant discrètement dépenser sa solde dans une boulangerie pour se payer un friand au fromage ou à la viande, selon ce qui était proposé.
Autant dire que dans son humilité, Erwan offrait sans le savoir un vrai festin du point de vue de la jeune femme. Ses yeux s'illuminaient d'heureuse incrédulité à l'évocation d'un repas décent.
Déjà, Erwan ravivait un peu le feu pour cuire le repas. Scène qui la fit sourire pendant qu'il s'affairait. Quand il en eut terminé, il se tourna vers elle, ses yeux sombres brillant d'un air rêveur. En réalité, son regard était si intense qu'elle en sentit brusquement une décharge étrange dans son estomac.

« Les forgerons et les flammes, deux inséparables », énonça-t-il.

« Poète, va ! » répondit-elle sur un ton amusée en s'efforçant de reprendre contenance.

A cet instant, le feu ronfla plus fort... et des flammes très hautes montèrent, entourant la silhouette d'Erwan d'une lumière orangé.

Et là, Clervie n'eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Elle avait parfois vu les coqs cuisiner dans la caserne sur de petits foyers, mais sans trop s'en approcher. Elle pouvait passer à côté des forges sans y prêter attention. Mais la situation était complètement différente.
La vision d'une silhouette près d'un grand feu, ainsi, réveilla brutalement un autre souvenir. Alaric, son frère entrain de hurler, les flammes rongeant son corps, devant une foule contemplant le spectacle.
Une brusque torsion violenta son estomac, heureusement qu'elle était assise, car elle vacilla sous le choc, alors que ses veines s'incendiait d'une peur terrible. Elle qui souriait quelques secondes auparavant, avait à présent les pupilles dilatées, ses mains tremblaient. L'angoisse lui serra violemment la gorge, elle devint incapable de parler, presque de respirer, des larmes roulèrent sur ses joues alors qu'elle chutait au sol en émettant des petits gémissements étouffés. Elle perçut vaguement Erwan se précipiter en deux bonds vers elle, très inquiet, mais elle n'était plus avec lui, elle était de nouveau là-bas, sur cette maudite place, devant le bûcher, tandis que les hurlements d'Alaric et de son père résonnaient dans son esprit. Elle émit un cri.

« Non... non... Alaric ! PAPA ! »
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2020 - 14:57
Il me fallut quelques secondes pour comprendre que son ton ironique avait pour but de dénigrer la nourriture de la caserne et non celle que je lui proposais. Dès lors, je ne pus retenir un petit rire amusé.

Je lui fis une petite courbette lorsqu’elle me dit « poète », souriante.
J’allais rétorquer, sentant les flammes me lécher le dos, lorsque tout partit de guingois.
Elle devient brusquement livide, plus pâle encore que la farine, oscillante sur le banc. Je fus surpris puis l’inquiétude monta.

Claire ? Est-ce que…

Je n’eu pas le temps de finir ma phrase que je voyais ses yeux s’ouvrirent en grand, ses pupilles renvoyant l’horreur, la terreur, inondant ses joues de larmes. J’eu à peine le temps de bondir vers elle pour lui éviter de s’écrouler au sol. Tout juste eus-je le temps de lui accompagner la tête pour limiter le choc. Ses gémissements me transpercèrent l’âme alors qu’elle tremblait comme si la température avait soudainement chuté. J’étais paniqué, ne sachant trop quoi faire. Je me contentais de lui prendre une main lorsqu’elle cria à plein poumon.

J’avais vécu la mort de mon père de visu et, le fait qu’elle appelle un certain Alaric ainsi que son père… Cela ressemblait fortement à un violent choc mental. Le décès de son père, peut-être prénommé Alaric, avait du être d’une inouïe violence pour la mettre dans un tel état, ci soudainement.
J’étais un peu désemparé, me contentant de lui serrer la main, attendant qu’elle ne se calme. Il me fallut un certain temps pour remarquer une chose.
Ses yeux…

Bon sang !!


Elle avait les yeux rivés sur les hautes flammes de la cheminée. La lueur de terreur absolue qui s’échappait de son regard semblait provenir du feu. Je la soulevais alors, passant un bras sous ses genoux, l’autre dans son dos et l’emmenais hors de la cuisine. La grange se trouvant juste à côté de la cuisine et le feu y étant tout petit, je l’y conduisis en la maintenant fort contre moi.
Arrivé dans la pièce, je la déposais contre la cuve d’eau et m’installais à ces côtés. Je l’enlaçais, posant sa tête sur mon épaule, tentant de l’apaiser, de la rassurer.

Du calme Claire, tu es en sécurité ici. Il n’y a que moi, Erwan, le forgeron. Chtttt !

J’étais un peu en panique, ne sachant trop quoi faire ni quoi dire. Je ne souhaitais pas non plus être plus proche d’elle que nécessaire. S’il y avait eu une autre femme sous mon toit, sans doute l’aurais-je laissé gérer la demoiselle. Elle avait suffisamment fait part de ses réticences face aux hommes. Je ne savais pas pourquoi, même si certains scénarios m’avaient frôlé l’esprit.

Tranquille ma belle, il ne peut rien t’arriver.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2020 - 15:59
Une tornade, une énorme secousse. Quelque chose qui la jetait dans un marasme de ténèbres, qui la faisait vibrer de douleur. L'hallucination s'estompa quand elle perçut, lointaine, la voix d'Erwan. Elle sentit une poigne forte qui prenait sa main, la serrait. L'hallucination commençait à s'estomper, mais les flammes dansaient toujours devant ses yeux, et elle émit un nouveau gémissement de terreur.
Puis elle sentit qu'il l'entraînait, elle ne savait pas exactement où, mais loin de son cauchemar. Il l'avait soulevé et l'emmenait très loin de là, elle l'espèrait. Elle était paralysée, incapable de réagir, de raisonner. Des spasmes secouaient son corps, sa gorge émettait des sanglots compulsifs. Le feu disparut de son champ de vision, remplacé par des taches rouges, informes.

« Du calme Claire, tu es en sécurité ici. Il n’y a que moi, Erwan, le forgeron. Chtttt ! »

Clervie ne voyait toujours rien de distinct, les taches colorées se faisaient plus nettes. Par contre, ses spasmes se calmèrent alors qu'elle était enveloppée dans une étreinte chaude, rassurante. Elle sentit qu'on lui faisait enfouir son visage contre une épaule, comme le faisait son frère quand elle était petite. Un doux murmure retentit à son oreille.

« Tranquille ma belle, il ne peut rien t’arriver. »

La voix d'Erwan était terriblement douce. Elle éclata en sanglots. Elle était incapable de rationnaliser, de se rappeler qu'elle ne devait parler de son vécu à personne. Elle hoqueta, se mit à articuler des propos incohérents.

« Brûlé... Ils ont brûlé... Ma famille... rien pu faire... Partis pour toujours... »

La peur laissa place au chagrin si longtemps réprimé. Elle avait pleuré devant le bûcher, mais jamais plus après, la rage et la haine s'étant accumulée après son horrible aventure dans le goulot. Alaric ne reviendrait jamais, son père et sa mère non plus. Cela faisait tout juste un peu plus d'un an depuis cet effroyable évènement. Elle continua un long moment de pleurer, incapable de s'arrêter, la douleur affluant dans sa poitrine pour se répandre dans tout son corps. Les bras continuèrent de la serrer, elle entendit vaguement Erwan émettre de petits "chtt" tout bas.
Elle était faible, sans force. Elle ne chercha pas à se dégager des bras qui la tenait, au contraire, étrangement, elle ne les ressentait pas du tout comme une menace. Ils n'avaient pas la terrifiante poigne de ses violeurs. Au contraire, la chaleur de l'étreinte calmait ses spasmes, ses larmes séchèrent soudain, elle ferma les yeux, s'abandonna un instant.

Toutefois, ce n'était malheureusement pas son frère qui la tenait ainsi et elle ne connaissait Erwan que depuis un après-midi.

La raison revenait enfin. Elle ouvrit les yeux et aperçut par-dessus l'épaule d'Erwan le bac à eau. Elle réalisa alors pleinement ce qui venait d'arriver et s'administra une grande claque mentale. Bon sang ! Le feu, bien sûr ! Comment avait-elle pu ne pas y penser ? Des gens au sein de la caserne faisaient des crises de panique lorsqu'ils étaient exposés à une situation qui leur rappelait un événement du passé. Clervie avait déjà vu un milicien se mettre à beugler sans que l'on comprenne très bien pourquoi et un de ses camarades le souffleter pour le faire revenir à la raison. Mais il fallait dire que la jeune femme évitait instinctivement de s'approcher d'un feu depuis l'horrible exécution. Mais jusqu'à présent, à part une légère montée d'adrénaline, elle n'avait jamais ressenti une aussi grande terreur.
Elle se dégagea doucement des bras d'Erwan, prenant conscience de l'embarras de la situation. Il allait la croire folle. Par les Trois, elle n'en était pas loin, fallait-il avouer. Elle en était au point d'avoir peur des feux de cheminée. Une pensée la frappa.

Va falloir que je fasse attention quand on ira en mission avec Eli. Il faudra que je lui parle de cette peur des flammes, si je fais ça pendant un combat, ça peut coûter la vie à tout le monde.

Le regard du forgeron était d'ailleurs interrogateur et Clervie se demanda ce qu'elle avait pu dire dans son moment de démence. Avait-elle lâché explicitement que l'on avait brûlé sa famille sur un bûcher ? Si c'était le cas, quelle allait être la réaction d'Erwan ? Tout le monde savait que le bûcher était réservé aux traîtres et aux hérétiques. Et elle n'avait pas pu prouver l'innocence de sa famille, pas encore.
Garder son sang-froid. Elle avait dit à Elisabeth "un incendie". Elle ne savait pas encore ce qu'Erwan pouvait deviner avec ce qu'elle avait dit.
Le silence s'étira, inconfortable, avant qu'elle ne parvienne enfin à le briser.

« Excuse-moi pour... ça. Quand tu étais près de la cheminée, quand les flammes sont montées... Ca m'a rappelé... Mon père et mon frère. Ils sont morts brûlés vif. Je les ai vus et entendus hurler pendant un grand moment avant qu'Anür ne rappelle enfin leurs âmes... Je me suis revue là-bas, avec eux, je sais pas pourquoi... »

Elle ajouta :

« Ma mère ne l'a pas supportée et elle est morte, folle de chagrin. »

Elle se recroquevilla en position foeutale, n'osant pas regarder Erwan dans les yeux. Elle n'en dirait pas plus. Elle espéra qu'il allait penser à un incendie accidentel ou à la limite provoqué par des bandits, et non à une condamnation à mort. Pour peu qu'elle n'eût pas lâché la vérité dans son délire. Clervie était sûre que s'il la pensait hérétique, il la jetterait probablement dehors.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2020 - 17:15
Je la maintenais contre moi, assis sur la terre battue de la grange. J’essayais d’apporter suffisamment de ma présence pour être réconfortant, tout en tentant de doser pour ne pas paraître encombrant.

Je ne pouvais me fier qu’à mon instinct en confrontant ce qu’elle m’avait raconté à ce qu’il ce passait présentement. Je n’avais à ma disposition que de simples soupçons, mêlés à une ambiance générale sur la cité. Je ne peux pas compter sur Claire, elle n’est pas avec moi pour le moment, elle se trouve dans les nébuleuses de son passé.

Pourquoi me montrer légèrement distant ?
A cette question, je réponds par une autre : Quels événements traumatisant subissent bien souvent les femmes au point de craindre les hommes quel qu’ils soient ?
Je pense que tout dessin est inutile.
Je n’en ai certes aucune certitude, mais à défaut d’être né noble, je suis venu au monde avec une cervelle que je pense utiliser à peu près correctement.

En revanche, l’effroi qui s’est emparé d’elle à la vue des flammes et l’évocation de son père et d’un certain Alaric me laissèrent songeur. Je m’en doutais cependant, un lien unissait tous les éléments.

Je lui parlais d’une voix douce, sans bouger. Je ne faisais pas comme certains, à bercer une personne comme un enfant ayant chagrin. Cela peut sembler rassurant sur l’instant, mais terriblement gênant par la suite.

Des flammes, du feu, sa famille disparue à jamais… L’addition était maintenant simple, l’équation devenait facile. Dans le monde qui aujourd’hui était le notre, le malheur était quotidien, c’était notre lot à tous. Je l’avais dis plus tôt. Par les Trois, j’aurais tant apprécié me tromper.

Les sanglots se tarissent, les spasmes s’espacent puis se calment. Ses yeux rougis se levèrent vers moi tandis qu’elle se dégageait. Perturbée, craintive, effrayée, la jeune-femme laissait voir dans ses pupilles tout un échantillonnage de sentiments et de sensations. Que craignait-elle de moi ? Que craignait-elle d’elle-même ?

Je ne disais mot, la laissant à ses réflexions dans un désagréable moment de silence. Elle avait quitté mes bras mais demeurait contre moi, se renfermant sur elle-même. S'éloigner sans s'écarter pour autant, comme tiraillée entre l'envie de fuir et la crainte de partir.

Alors elle s’excusa de la situation.
Alors elle me raconta l’histoire des flammes engloutissant son père et son frère. La mort de son père et d’Alaric, son frère surement donc, dans des souffrances atroces. La disparition de sa mère, peu de temps par la suite. Cette dernière qui avait indirectement brûlée avec son époux et son fils. Il y avait bien quelque chose qui me surprenait dans son histoire cependant. Qui serait en position de « voir et d’entendre » ses proches parents brûler, sans même tenter quoi que ce soit ? Je mis cela sur le compte de la violence du moment qu’elle venait de passer.

Je posais doucement une main sur son épaule, lui saisi le menton de l’autre et lui tournais la tête vers moi. Je trouvais ses yeux chargés de tristesse, de peur et de colère.

Je ne suis pas homme à juger. Ce qui te tourmente t’est propre, personnel et je ne suis qu’un inconnu.

Je plongeais mon regard dans le sien, en douceur, sans agressivité aucune mais avec une réelle tendresse.

Ne te laisse pas aller aux ténèbres. Ne tolère pas la noirceur qui te grignote l’âme et te corrompt le cœur. Aujourd’hui et plus que jamais, quel que soit le sort, quelle que soit l’épreuve, le défit ou la tourmente, nous sommes les dernière lueurs de l’humanité.
Dans la noirceur des jours, tu es la lumière. Dans l’éclatante obscurité, nous sommes pareils aux rayons des lanternes dans la nuit.


Honnêtement, je ne serais même pas en mesure d'expliquer ce que j'ai réellement voulue dire. C'est presque comme si les Trois avaient guidés mes paroles pour venir apporter mon soutien à cette personne brisée.
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Clervie de SombreluneMilicienne
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2020 - 22:22
Alors qu'elle restait prostrée sur elle-même, Erwan lui attrapa doucement le menton pour qu'elle le regarde en face.

« Je ne suis pas homme à juger. Ce qui te tourmente t’est propre, personnel et je ne suis qu’un inconnu. »

La douceur et la tendresse du jeune homme étaient désarmantes. Le coeur de Clervie s'emballa légèrement. C'était tellement réconfortant, après toute l'horreur qui lui était arrivée. Elle avait le sentiment de se trouver face à quelqu'un qui pouvait la comprendre, quand bien même il était encore un inconnu, comme il disait.

« Ne te laisse pas aller aux ténèbres. Ne tolère pas la noirceur qui te grignote l’âme et te corrompt le cœur. Aujourd’hui et plus que jamais, quel que soit le sort, quelle que soit l’épreuve, le défit ou la tourmente, nous sommes les dernière lueurs de l’humanité.
Dans la noirceur des jours, tu es la lumière. Dans l’éclatante obscurité, nous sommes pareils aux rayons des lanternes dans la nuit. »


Décidément, il était capable de beaucoup de poésie. En plus d'être décidément doux et attentionné. Ses grands yeux sombres semblaient vouloir éteindre toute peur en son être... elle se noyait presque dans ce regard... Délicatement, elle caressa la main qui tenait encore son menton...
Puis elle se détourna. La situation devenait inconvenante. Non, c'était de la mauvaise foi de le dire de cette façon. Plus exactement, inconfortable. Comme pour bien se moquer d'elle, les Trois avaient provoqué cet incident. Un incident qui venait de lui dévoiler un grand pan, le plus important, de la personnalité du forgeron. Son humanité, sa sensibilité. Elle l'avait trouvé pas mal physiquement, même si elle ne s'était pas attardée sur ce point jusqu'ici ? Sa beauté intérieure, elle, venait de la frapper de plein fouet. Peu importait qu'il eût l'air grincheux la plupart du temps et une balafre bien disgrâcieuse sur la trogne. Peu importait ses mains calleuses et ses ongles la plupart du temps noircis par la suie. Non seulement elle avait confiance en lui, mais maintenant, elle ressentait même les prémices d'une attraction et elle dût de nouveau se gifler mentalement. Elle n'était plus une pucelle de seize ans qui se pâmait devant les damoiseaux, non mais !
Et encore moins devant un être qui n'était pas de sa classe sociale, qui avait au moins dix ans de plus qu'elle, et qui, surtout, était une bien meilleure personne qu'elle ne serait jamais.

Autant dire qu'elle n'était absolument pas faite pour lui. Erwan avait suffisament souffert, lui aussi, et méritait bien mieux.
Si elle ne se faisait pas épingler par des bandits ou déchiqueter par un fangeux, ça serait sûrement les chiens du Roi qui se chargeraient de son sort. En empruntant la voie de la vengeance, elle transgresserait paquet de lois et finirait sûrement elle aussi sur le bûcher ou décapitée. A moins qu'elle ne fût bannie.

« Ne te laisse pas aller aux ténèbres. Ne tolère pas la noirceur qui te grignote l’âme et te corrompt le cœur. » Quelles belles paroles. Elle savait qu'il pensait ce qu'il disait, elle l'avait déjà cerné.

Trop tard, Erwan. Trop tard. Déjà, je t'ai menti sur mon identité, et tu m'as tout de même ouvert les portes de ta maison. Déjà, j'ai commencé à profiter de ma condition de milicienne pour fouiner partout et avoir des informations. Tu es un homme bon, tu connais la valeur du pardon et du partage. Tu dois encore prier les Trois régulièrement malgré tout ce que tu as perdu. Moi, ma famille a été accusée d'hérésie, et je suis bien près de devenir une hérétique, vu comment je me suis détournée d'eux ! Je ne rejoindrai jamais ces cinglés de purificateurs, mais il n'empêche que je crache sur les Commandements depuis des mois. Je ne pardonnerai jamais ce qui est arrivé à ma famille, encore moins après cette vision de cauchemar, que je me suis trimballée par le passé durant des mois dans mon sommeil, pour croire finalement en avoir triomphé. Les chiens qui ont participé, de près ou de loin, devront tous me payer leur dette et je les traquerai un à un. Tu n'es pas en pouvoir de m'en empêcher. Personne ne le pourra. Tu ne peux pas me sauver de moi-même.

Néanmoins, elle garda ces sombres pensées pour elle. Timidement, elle osa le regarder de nouveau, les joues toujours en feu, mais entièrement maîtresse d'elle-même et décidée à ne plus laisser place à aucune ambigüité.

« Je me sens mieux. Et si on allait les manger, ces lentilles ? »

C'était tellement trivial comme phrase, mais elle ne pouvait faire mieux. Elle espéra dissiper ainsi les dernières brumes de cet inconfortable moment de tension.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptySam 29 Fév 2020 - 15:22
La jeune-femme resta plongée dans mes yeux un certain temps avant de finalement rompre ce contact. Elle semblait reprendre des couleurs, ses joues devinrent légèrement rose, mais il fallut attendre encore un petit moment pour qu'elle parle, qu'elle exprime quelque chose.
Pour ma part, je me tais, la laissant revenir avec moi doucement, cherchant à ne pas la brusquer.

Elle finit par lever vers moi un regard hésitant alors que ses joues sont passées de roses à rouges. Je lui souris alors qu'elle me dit aller mieux, elle irait bien faire un sort à ces lentilles dont j'ai parlé. Je ne peux m'empêcher de rire doucement. Je vois bien qu'elle cherche à effacer ce qu'il vient de ce passer, à dissimuler sa gêne.

Si tu penses pouvoir affronter les flammes, allons-y.


Je me lève et lui tends une main pour l'aider à se relever. Un doux sourire aux lèvres.

Ne t'inquiète surtout pas pour ce qu'il vient de ce passer. Nous avons tous nos démons, nous avons tous nos terreurs qui nous suivent du passé. Que ce soit la fange ou parfois des humains, nous vivons des événements qui nous traumatisent, certains peuvent même nous pousser à douter des Trois, de leur existence, de leur pouvoir. Je crois en eux, aujourd'hui plus que jamais. Mon père doutait, de plus en plus, jusqu'à sa mort. Qu'à cela ne tienne, il était mon père, je l'aimais. Une des choses qu'il m'à appris, c'est bien la tolérance.

J'attendais qu'elle prenne ma main, espérant qu'elle allait vraiment pouvoir passer outre le feu. Je me notais également de ne pas me repositionner juste au devant des flammes. Inutile de risquer une nouvelle crise.

Je remarquais alors que je sentais toujours sur mon épaule le spectre de sa tête, que la présence de son corps se reflétait toujours dans mes bras et contre moi, comme si elle était demeurée contre moi. Étrange.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptySam 29 Fév 2020 - 22:36
Erwan rit doucement à sa phrase. Elle sentit qu'il était encore inquiet pour elle, mais il était visiblement prêt à l'aider à oublier. Il se releva et lui tendit galamment une main.

« Si tu penses pouvoir affronter les flammes, allons-y. »


« Ca... ira... Je devrais réussir à raisonner, surtout quand tu auras mis une marmite sur le foyer. Ce ne sera plus la même... vision. »

Il esquissa de nouveau son beau sourire alors qu'il lui tendait la main.

« Ne t'inquiète surtout pas pour ce qu'il vient de ce passer. Nous avons tous nos démons, nous avons tous nos terreurs qui nous suivent du passé. Que ce soit la fange ou parfois des humains, nous vivons des événements qui nous traumatisent, certains peuvent même nous pousser à douter des Trois, de leur existence, de leur pouvoir. Je crois en eux, aujourd'hui plus que jamais. Mon père doutait, de plus en plus, jusqu'à sa mort. Qu'à cela ne tienne, il était mon père, je l'aimais. Une des choses qu'il m'à appris, c'est bien la tolérance. »

Clervie sentit un certain baume envahir son coeur. Erwan travaillait avec le feu, mais celui de son coeur pouvait réchauffer ceux des malheureux. Alors que le sien s'était presque éteint. Elle pouvait encore s'attacher plus ou moins à des personnes, mais comment se débarrasser de la haine qui la rongeait comme un acide, sinon en la crachant sur les responsables ? Y'avait-il seulement encore la place pour la bonté et la compassion en son âme à elle ? Erwan semblait enclin à le croire.

« Je te remercie pour ces douces paroles, » murmura-t-elle.

Elle glissa doucement sa main dans celle du forgeron et se leva. Leurs mains restèrent un bref instant entrelacées avant de se desserrer. Quand ils se lâchèrent, Clervie sentit une douce brûlure sur sa paume.
Leurs yeux se croisèrent, Clervie garda le silence. Ils n'avaient pas vraiment besoin de mots pour se comprendre, ayant découvert chacun la blessure de l'autre. C'était pour sa part ce qu'elle pensait. Elle n'aurait su dire ce qu'il pensait à cet instant, mais il semblait redevenir songeur. Il fallait dire que ce qui venait de se passer avait abattu entre eux une barrière. Ils étaient toujours des étrangers l'un pour l'autre, mais en même temps, ils se reconnaissaient dans la douleur.
Ils se dirigèrent ensemble vers la cuisine. Clervie ressentait une certaine appréhension, elle n'aurait jamais prétendu le contraire. Mais elle n'était pas seule pour affronter cette phobie. Erwan était là et il veillait sur elle, elle le sentait.

Lorsqu'ils furent dans la pièce, Clervie fila vers la table et s'assit sur le bord du banc, de profil, afin de regarder partout, sauf vers la cheminée.

« Ca ira, » déclara-t-elle. « Maintenant... On pourrait essayer de passer une bonne soirée. Refaire de mauvaises blagues sur la tambouille et les gens qui chantent faux... Enfin, si je n'ai pas trop gâté l'ambiance... »

Elle eut un rire un peu nerveux.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2020 - 11:06
Elle affirma qu'elle serait en mesure d'affronter la vue des flammes, peut-être plus aisément si je plaçais une marmite dans l'âtre. Certes, je n'y avais pas pensé. Ainsi fait, les flammes se briseraient au cul du récipient, perdant de leur superbe.
Ses mots, me remerciant de mes paroles, passèrent en un murmure à mes oreilles tandis que sa main à la peau douce et tiède, se glissait dans la rugosité de la mienne. Je l'aidais à se relever et, ceci fait, nous restâmes un instant les mains jointent. Nos corps, fugacement ci proches, réveillèrent cette présence que j'avais sentis après m'être levé. Nos regards se perdirent un instant l'un dans l'autre, comme deux parfaits inconnus sachant tout sur le compte de l'autre.

Sans un mot de plus, après nous être lâché, nous allâmes à la cuisine où elle s'installa de sorte à ne pas voir le feu. J'accrochais la marmite de lentilles à la crémaillère et nous reversais de l'hypocras.
Je lui fis un grand sourire lorsqu'elle proposa de poursuivre sur une bonne soirée tout en reprenant nos précédentes discutions. Mauvaise cuisine ou chanteurs faussés? Nous pouvions certainement continuer ainsi des heures.

J'avais remarqué cependant, dans son regard, qu'une certaine froideur, une distance, c'était réinstallée là où nous avions réussi à nous rapprocher. La crise qu'elle venait d'avoir l'avait chamboulée, évidemment, mais il planait comme une nervosité. Comme-ci de fait, elle craignait de m'incommoder. Ou bien était-ce la peur que je ne découvre un secret enfouis qu'elle tenait plus que tout à conserver caché?

Je m'aperçu alors d'un petit détail qui fit revenir de la légèreté dans mes propos. Je lui souris franchement, chaleureusement.

Ma fois, je ne garantie pas être aussi bon cuisinier que forgeron, mais pour l'heure, personne n'est jamais mort.

Je m'approchais d'elle, un sourire terriblement taquin imprimé aux lèvres et me penchais à son oreille.

Après tout, sans doute pourrais-je également me moquer d'une jeune-femme dont l'épaule fuit la chemise au laçage défait.

J'éclatais de rire puis pris place sur le banc derrière elle. Je saisis les lacets en douceur entre mes doigts pour entamer de refaire un noeud.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2020 - 12:31
« Ma fois, je ne garantie pas être aussi bon cuisinier que forgeron, mais pour l'heure, personne n'est jamais mort. »

Clervie sentit toute tension se dissiper. Mais elle était loin d'être au bout de ses surprises. Avec un air soudain très taquin, le jeune homme s'approcha d'elle et lui murmura dans le creux de l'oreille :

« Après tout, sans doute pourrais-je également me moquer d'une jeune-femme dont l'épaule fuit la chemise au laçage défait. »

Son souffle chaud lui arracha un frisson inexplicable. Clervie piqua un fard et étouffa un léger rire, tandis qu'Erwan s'asseyait juste derrière elle. Elle réalisa alors ce qu'il avait l'intention de faire et se tendit légèrement. Mais elle n'esquissa nul geste pour le repousser.
Les camarades miliciens de Clervie auraient eu la mâchoire qui se décrochent s'ils avaient assisté à la scène. En effet, ils étaient tous payés pour le savoir. Tout autre homme qu'Erwan aurait pris au mieux une mandale, au pire, se serait retrouvé avec le fameux stylet sur la jugulaire s'il avait osé tenter ce genre de geste. Et aurait eu intérêt à s'excuser et à déguerpir fissa. La bouillante Dame Corbac n'était guère patiente, quand on commençait à montrer des intentions grivoises.
Cependant, Clervie savait qu'Erwan était vraiment digne de confiance, vu son attitude lors de sa crise de panique. Sa manière de se comporter n'avait rien à voir avec les graveleux et irrespectueux conscrits, ou pire, avec celle des infâmes bandits du goulot, dont elle espérait que les fangeux en avaient fait leur dîner lors de l'invasion. Le forgeron respectait les femmes comme des êtres humains avec un coeur et une sensibilité. Son audace la faisait plus rire qu'autre chose, même si elle resterait sur ses gardes et ne laisserait pas déraper la situation plus que cela. Habile, le forgeron refit ainsi le noeud, mais dans son ouvrage, l'un de ses doigts courut brièvement sur la nuque légèrement dénudée de la jeune femme. Cet attouchement, très bref, déclencha un bref chatouilli dans le creux de son ventre, dont elle n'était pas assez ignorante pour ne pas le décrypter. Gwendal lui provoquait cet effet, fut une époque. Sauf que cette fois, même pas question d'y donner suite.
Pas question. Et elle avait une montagne d'excellentes raisons pour cela.
Erwan avait également le souffle court, elle pouvait le sentir. Elle tourna la tête vers lui, leurs regards se rivèrent de nouveau l'un à l'autre. Durant un court instant, ils restèrent ainsi...
Puis elle s'écarta légèrement de lui, mais sans désir de l'offenser et lui donna une légère pichenette sur le nez en guise de réprésailles.

« Les lentilles vont brûler si tu ne remues pas, » dit-elle avec un sourire malicieux. « Ne me fais pas regretter si vite la cuisine des conscrits... »
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2020 - 13:29
Je la sentis se raidir lorsque je m'installe dans son dos. Je n'avais aucune intention cachée dans ce geste, restant simplement naturel. Je me contentais de me saisir des lacets afin de refaire le noeud. Dans la manœuvre, mon petit doigt glissa contre la peau de sa nuque tandis que je serrais le noeud. Ce contact, bref, manquait de me faire frissonner. Je ne m'y attardais pas, ne souhaitant pas laisser le moindre doute s'installer. Mon souffle était un peu saccadé du fait de cette proximité.
Une fois l'attache remise en place, Claire tourna a tête et plongea son regard dans le miens. Nous nous observâmes quelques instants sans que je ne sache trop ce que ce regard voulait me dire. Avais-je malgré mes efforts, fait une bêtise? Avais-je été irrespectueux?

Je me pris une pichenette sur le bout du nez avant qu'elle ne m'enjoigne d'aller remuer les lentilles avant qu'elles n'accrochent. Je lâchais échapper un rire un peu sonore mais parfaitement amusé.

Je m'en voudrais si tu venais à t'étouffer avec des lentilles trop cuites.

Je me levais donc et, armé d'une grande cuillère en bois, allais touiller le repas. Ceci fait, je m'installe sur un tabouret face à mon invitée. Buvant une gorgée de vin épicé, je brandis ma cuillère telle une épée, faussement menaçant, un sourire blagueur au visage.

Je devrais peut-être mettre de côté des habits plus à la taille des femmes, cela éviterait peut-être que tu te dénude devant moi pour me distraire dans le but inavouable de me laisser faire brûler mon repas.

Je rigolais chaleureusement, espérant qu'elle comprenne bien que je plaisantais. Apercevoir la fine peau de son épaule en lieu et place du tissu bouffonnant de la chemise m'avait laisser un peu rêveur. Enfin, non, ce n'est pas le bon mot. Disons plutôt que cela titillait l'esprit d'un homme et que jusqu'à preuve du contraire, je restais un homme. Un homme qui sait cependant se tenir.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2020 - 14:34
Beau joueur, Erwan s'écarta avec un rire, et Clervie ressentit presque une sorte de déception de le voir battre en retraite aussi vite. Il émit une réflexion sur le fait qu'il ne voulait pas étouffer son invitée avec un repas trop cuit et attrapa une cuillère en bois. Il remua avec application le contenu de la marmite. Bientôt, une agréable odeur envahit la pièce. Le repas serait nettement meilleur que la cuisine des conscrits, aucun doute sur le sujet. Le forgeron mettait du coeur à cet ouvrage, tout comme il en mettait dans son travail. Clervie osa du coup lancer un nouveau regard vers le feu, nettement moins menaçant maintenant qu'il emplissait une fonction aussi banale que la cuisine. Une petite décharge d'adrénaline la secoua, mais rien de plus perturbateur que cela. Elle se jura d'apprendre à maîtriser cette peur. Peut-être qu'Erwan pourrait l'aider à s'en guérir ?
Quand il se fut acquitté de sa tache, le charmeur reprit son gobelet d'hypocras et émit une nouvelle remarque quelque peu grivoise, mais plaisante.

Je devrais peut-être mettre de côté des habits plus à la taille des femmes, cela éviterait peut-être que tu te dénude devant moi pour me distraire dans le but inavouable de me laisser faire brûler mon repas.

Il fallut une bonne dizaine de secondes à la jeune femme pour reprendre contenance face à cette réplique, bien qu'elle ne laissât rien paraître. Le doux effleurement d'Erwan sur sa nuque continuait en effet de titiller son esprit et ses joues manquèrent de se colorer de nouveau. Faisant appel à toute sa dignité d'ancienne dame de cour, elle parvint cependant à esquisser un sourire moqueur, du genre qu'elle employait en face des damoiseaux trop impertinents.

Est-il donc si aisé de te distraire ? répliqua finalement Clervie en se penchant légèrement en avant, le regard ouvertement malicieux.

Néanmoins, elle ne s'aperçut pas que ses grands yeux sombres émettaient une douce lueur de tendresse vers son interlocuteur.
La complicité s'instaurait, mais une légère tension demeurait dans la pièce. La caresse furtive et involontaire d'Erwan avait semé un petit grain d'électricité sur la peau de Clervie et elle comprit qu'une part d'elle-même s'en souviendrait encore un moment. Après tout, peut-être que contrairement à ce qu'elle croyait, elle n'avait pas été entièrement brisée par ces brutes dans le Goulot. Mais elle n'en était pas sûre.
Balayant cette pensée de sa tête, elle jugea bon de profiter de la belle ambiance qui s'était de nouveau établie. Elle ne savait où cela pouvait les mener, mais force était de constater qu'il avait eu une belle idée en lui proposant de rester ce soir. Ils étaient deux solitaires entrain de réapprendre à rire et à sourire. Et elle était très loin d'être lasse de leur petit jeu de taquineries.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2020 - 15:28
A ma plaisanterie légèrement provocante, Claire resta quelques instants silencieuse, un léger sourire aux lèvres. Je commençais à m'inquiéter, me demandant si je n'avais pas poussé un peu trop loin la plaisanterie. Fort heureusement, le sourire moqueur qu'elle afficha sur un air de grandeur me fit savoir qu'elle avait du répondant et que je n'avais pas franchis une ligne de conduite interdite.

Je me pris donc une réflexion en pleine figure alors qu'elle me demandait s'il n'était pas plus compliqué de me distraire. Penchée en avant, je fus ravis qu'elle porte une de mes chemises et non une tunique de femme. En effet, le décolleté était très faible, ce qui permettait à mes yeux de ne pas s'égarer.
Je laissais mon regard braqué sur le sien, appréciant la malice que j'y voyais mais également la tendresse qu'elle m'envoyait. Je déglutis, sentant mes joues virer au rose légèrement. Elle chercherait à faire travailler mon imagination qu'elle ne s'y prendrait pas mieux.
J'affichais à mon tour un soupçon de malice dans les yeux, un sourire taquin aux lèvres.

Je ne me serais pas montré distrait, tu te serais vexée!

Je bus une nouvelle gorgée avant de me montrer un peu plus taquin encore.

Je vais retourner remuer les lentilles, avant d'être accusé de voyeurisme.

Je fis un sourire puis me levais pour retourner à la marmite.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] - Page 2 Empty
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