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 Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]

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MessageSujet: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMar 11 Fév 2020 - 12:43
Bourg-Levant ! Un endroit de la ville agréable, s'il en était.
Clervie parcourait avec une certaine joie les échoppes formant de jolies carrés dans le labyrinthe des avenues. Certes, l'ambiance n'y était plus aussi détendue depuis les évènements du printemps dernier, mais les pavés demeuraient plutôt propres et entretenus, comparés à ceux des bas-quartiers et l'on pouvait encore entendre des marchands clamer la fraîcheur de leurs produits ou la rareté de leurs parfums.

- Parfum de myrthe pour faire perdre la tête à votre fiançé, approchez Mesdames, seulement un pistole le flacon !
- Mes belles étoffes ! Rabais sur la soie poupre, profitez-en, couturiers, tailleurs de renom !

Une odeur de pain chaud vint lui chatouiller les narines quand elle passa près d'une boulangerie et plus loin encore, un poissonnier commença à vanter la fraîcheur de ses prises.

- Palourdes ! Toutes fraîches pour la soupe ! Seulement trois sous la poignée !

Mais Clervie ne s'approcha ni des boutiques de vêtements, ni des magasins de bouche. Son objectif était tout autre. Plus loin, on pouvait entendre des claquements métaliques, des bruits de scies. Le coin des artisans.
Elle s'approcha de l'endroit d'où provenait les sons de métaux, et se laissa envahir par la brume chaude provenant des forges. Elle pouvait à présent entendre des flammes crépiter. Son coeur rata un battement lorsqu'elle aperçut sur l'un des étalages une lame finement ouvragée avec un pommeau d'argent. Incontestablement, celui qui avait réalisé un tel travail y avait mis toute son âme. Cela forçait l'admiration.
Elle ne tarda pas à s'approcher de l'entrée de la forge du créateur. Celui-ci tenait son marteau à la main, frappant un morceau de métal sur l'enclume. Le son était assez perçant et elle douta qu'il pût l'entendre si elle se contentait de dire poliement bonjour. Ne sachant quel parti prendre, elle se contenta d'attendre qu'il levât les yeux vers elle, ce qui ne tarda pas alors qu'il se redressait pour plonger la lame dans l'eau froide. Une fumée s'éleva du seau, il se tourna de nouveau vers elle, ses yeux sombres et perçants la contemplant d'un air qui pouvait être ou interrogateur ou peut-être un rien furibond qu'elle l'eût dérangé dans son travail. Pas commode, le bougre. Mais cela pouvait simplement être dû à la balafre qui lui courait sur la figure. Après tout, Clervie était bien placée pour savoir que "tirer la gueule" ne signifiait pas forcément que l'on désirait flanquer une râclée à toute personne nous adressant la parole.

- Bien le bonjour, Monsieur. On dit que la milice est dure avec les femmes ? Les rumeurs sont encore loin de la vérité. A vrai dire, je soupçonne presque mes camarades de planifier mon meurtre. (Elle esquissa un sourire à sa propre plaisanterie). Si j'en juge par leur générosité lors de la distribution des nouveaux équipements. (Elle dégaina l'arme du fourreau). Voyez plutôt ! Ceci ne couperait même pas du fromage !

La rapière était fortement endommagée, alors que Clervie s'en était à peine servie une ou deux fois depuis qu'elle l'avait reçue. Elle avait eu la chance de ne pas avoir encore croisé de fangeux depuis l'invasion de Mai. Quand aux bandits, ses camarades les avaient à chaque fois suffisament effrayés pour que tout combat soit inutile. Ce n'était guère étonnant, elle avait dû servir à un soldat mort peu de temps avant son arrivée. Elle passa son pouce sur le tranchant pour achever la démonstration. Bien évidemment, la peau ne s'entailla même pas. Elle la tendit au forgeron pour le laisser l'examiner.

- Combien cela m'en coûterait-il pour que vous régliez ce petit problème ?


Elle secoua légèrement une petite bourse de cuir contenant ce qui restait de son salaire du mois dernier, histoire qu'il comprenne bien qu'elle ne comptait pas payer en "nature". Il ne semblait pas ce genre d'homme, mais on ne savait jamais, avec eux. Clervie avait appris à ne jamais baisser sa garde.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyDim 16 Fév 2020 - 15:35
1er Novembre 1166

Mon métier me passionnait. J'étais toujours heureux de pouvoir laisser mon instinct s'exprimer et je raffolais des commandes spéciales.
Cependant, comme tous les forgerons en ces temps troublés, la majorité de mes commandes provenaient de la milice. Réparations et entretiens étaient légions de même qu'il n'était pas rare de voir passer la même lame plusieurs fois, malheureusement portée par des personnes différentes. Pas besoin de longues explications pour comprendre la raison de ces changements de propriétaires.

Je martelais une barre de métal pour l'étirer en vue d'en faire une épée à deux mains, une commande basique pour la milice et, ce n'est qu'en plongeant la lame dans le bac d'eau que j'aperçue la jeune-femme. Evidemment, la cliente débarquait alors que j'étais occupé. Comme toujours. Après, elle reste une cliente, donc on va éviter de grogner.
Je replaçais la barre de fer dans les braises et m'essuyais le front, posant mon marteau sur l'établit. Je m'approchais de ma visiteuse, la peau de mes épaules couverte d'une fine couche de sueur sous mon tablier.

Je souris à ces remarques avant de jeter de loin un oeil à sa rapière.

Bonjour Madame, en effet, la milice n'à pas la réputation de fournir des armes neuves aux femmes qui la rejoigne. Voyons cela.

Je m'approche de la jeune-femme et me saisie de l'arme. Elle m'a démontré qu'il n'y avait plus aucun mordant de la lame même si cela se voyait à vu d'oeil. Je l'observais en détails tandis qu'elle me demandait le coût en agitant une bourse, faisant tinter les pièces. Me prouvait-elle qu'elle avait les moyens? Ou bien y avait-il un message subliminal à comprendre?

J'approchais un peu le regard de la lame rouillée et fronçais es sourcils.

Hum! Par contre, cela risque de demander plus qu'un simple nettoyage et affûtage. Je vois de fines fissures, la lame pourrait vous casser dans les mains en cas d'un choc trop important.

Je relevais les yeux vers elle avant de poursuivre.

Pour moi, il faudrait complètement nettoyer la rapière, la poncer pour retirer la rouille, chauffer la lame et la marteler pour réparer les fissures et enfin, reprendre la garde en bois qui est devenue lâche. Il faudrait compter deux jours je pense, soit quinze sous de main d'oeuvre et cinq à dix sous de matériaux. On est là sur le maximum et il y a toujours moyen de s'arranger.


Dernière édition par Erwan Dacier le Ven 17 Avr 2020 - 16:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyLun 17 Fév 2020 - 11:51
« Hum! Par contre, cela risque de demander plus qu'un simple nettoyage et affûtage. Je vois de fines fissures, la lame pourrait vous casser dans les mains en cas d'un choc trop important. »

A la manière dont il prononça cette phrase et la façon dont il la regarda, Clervie comprit que le forgeron se demandait presque comment elle avait pu tenir jusqu'ici avec une telle arme. C'était exactement ce à quoi elle s'attendait, et elle n'eut nulle surprise lorsqu'il poursuivit.

« Pour moi, il faudrait complètement nettoyer la rapière, la poncer pour retirer la rouille, chauffer la lame et la marteler pour réparer les fissures et enfin, reprendre la garde en bois qui est devenue lâche. Il faudrait compter deux jours je pense, soit quinze sous de main d'oeuvre et cinq à dix sous de matériaux. On est là sur le maximum et il y a toujours moyen de s'arranger. »

Les quinze sous de main d'oeuvre, c'était ce qu'elle avait à peu près compté. Après, elle ne comprenait pas vraiment les fluctuations sur les prix des matériaux, mais elle se doutait que le minerai devenait dur à obtenir. Ces maudits fangeux intoxiquaient les routes commerciales. Quoiqu'il en fût, le prix était tout à fait correct. Ce qui la peinait, c'était qu'elle ne pourrait pas régler cette partie de la somme avant au moins une semaine. Les miliciens étaient payés au lance-pierre, souvent avec retard. Heureusement encore que la pitance, aussi infâme put-elle être parfois, était assurée.
Mais qu'entendait le forgeron par "Il y a toujours moyen de s'arranger ?" Venant d'un homme, elle lui faisait toujours peur, cette phrase. Cependant, il n'avait pas jeté sur elle un regard réellement concupiscent. Néanmoins, elle esquissa un petit pas en arrière, légèrement méfiante. S'était-elle trompée sur sa première impression d'avoir un honnête homme en face d'elle ? La balafre empêchait-elle l'artisan de trouver des femmes consentantes ? Personnellement, elle en doutait, cette cicatrice n'était pas si répugnante. Certains des gars de la milice en avaient des pires, et les sobriquets qui allaient avec. Elle décida de lui laisser le bénéfice du doute et se contenta de répondre, toujours sur le ton de l'humour :

« Qu'est-ce que je vous disais ? Ils veulent ma mort ! »

Puis reprit sur un ton plus sérieux :

« J'ai les quinze sous pour votre peine. Je peux vous les donner maintenant, pour commencer le travail. Après, pour le reste, je ne sais pas quand. Dans la huitaine prochaine, normalement. Ils ne nous paient pas toujours le jour dit, vous devez vous en douter. Qu'entendez-vous par un "arrangement" ? »

Sa voix trembla un peu et elle s'efforça de se maîtriser. Décidément, il lui suffisait d'un rien pour que le traumatisme de ce qui s'était passé dans la ruelle du Goulot où elle s'était retrouvée juste après l'exécution de sa famille s'éveille.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyLun 17 Fév 2020 - 14:35
La jeune-femme écoutait attentivement l’état des lieux que je faisais de son arme. Il ne semblait qu’à aucun moment elle tombe en désaccord et ne fut donc pas surprise du montant que j’estimais pour mes services. De mon côté, je prenais toujours une marge lorsque j’annonçais le coût des matériaux. Par les temps qui courent, on ne peut jamais être certain de toucher tel ou tel matière première à un prix donné. Les fluctuations sont permanentes et je m’oblige donc à annoncer systématiquement un tarif plus élevé au moment de la commande. Ainsi, à la livraison du travail, le client a souvent la bonne surprise de payer un peu moins que prévue.

Je ne compris pas trop ce qui la fit reculer mais ne pus retenir un sourire lorsqu’elle confirma le souhait de ses collègues de la voir trépasser. Je levais sur un regard amusé, un fin sourire aux lèvres.

Mon avis, ils ont plutôt attrapé la première arme qui leur venait sous la main. Voyant votre gabarit, ils ont choisi cette lame qui est légère et maniable.


Je l’écoutais m’annoncer que le tarif lui convenait mais qu’elle ne disposait pour l’heure que du montant de la main d’œuvre. Pour les matériaux, j’allais devoir être patient. J’avais cependant l’habitude, surtout venant de la milice. Même lorsqu’il s’agissait de commandes provenant de la hiérarchie, les paiements se faisaient attendre.
Je remarquais en revanche une certaine appréhension concernant ma proposition « d’arrangement ». Elle s’imaginait quoi ? Que j’allais proposer une…contre-partie ? Je levais un sourcil avant d’afficher un regard sérieux et grave.

Je n’ai pas pour habitude de demander à mes clientes de me payer de leur chaire, si c’est ce que vous craignez. Vous êtes charmante, ravissante, vous semblez de bonne conversation et un moment en votre compagnie ne doit pas être désagréable, mais je ne réclamerais jamais cela comme règlement. En règle générale, je demande le versement de la moitié avant travaux et l’autre à la livraison. Cela permet que tout le monde s’y retrouve.

Je posais la rapière sur le comptoir de ma boutique, lui tournant brièvement le dos. Comme à mon habitude, j’étais torse nu sous mon tablier afin de supporter la chaleur de l’atelier. Je contournais le comptoir jusqu’à un râtelier et soulevais deux ou trois armes avant de jeter mon dévolu sur un fauchon. Je reviens vers elle et lui fis face de nouveau.

Dans votre cas, afin de ne pas vider votre bourse, je prendrais dix sous pour commencer. Nous verrons pour le complément après. Si je ne peux même plus faire confiance à une milicienne, autant tout arrêter. Pour ce qui est de l’arrangement, je peux diminuer le coût des matériaux si vous disposez d’une pièce de métal que je peux utiliser en lieu et place de puiser dans mon stock.

Je lui tendis le fauchon après l’avoir passé dans un vieux fourreau de cuir usé mais terriblement solide.

Comme à chaque fois, en attendant que j’en ai terminé avec les réparations, je vous prête ce fauchon. C’est un service que j’inclus dans le prix, partant du principe que si vous êtes désarmée en service, vous mourrez et que donc vous ne me payerez pas. Je pense que celui-ci devrait vous aller, il est plus lourd que votre rapière mais également plus court, avec ça vous pourrez trancher ce que vous voulez et parer une lame sans risque de le voir se briser. Ne vous méprenez pas sur son aspect rustique et usé, tout comme le fourreau, ils ne vous lâcheront pas. En revanche prenez garde, cette lame est un rasoir, comme le sera votre rapière d’ici peu.


J’attendais qu’elle donne son accord, en profitant pour l’observer un peu plus. J’avais l’impression étrange qu’elle était du même âge que moi, bien qu’elle semblait donner plus. Évidemment, les circonstances actuelles avaient tendance à tous nous vieillir. Elle était visiblement de constitution plutôt robuste et haute pour une femme ce qui ne masquait cependant en rien l’élégance de sa situation. Un chignon tenait ses cheveux et elle revêtait les habits relativement propres de la milice. A côté d’elle, bien qu’étant plus grand et plus massif, nous n’étions pas de stature très différente. Nous aurions presque pu passer pour une sœur et son frère. Elle avait les cheveux plus sombres que les miens qui sont parsemés de mèches grisâtres, nos yeux avaient le même reflet ombragé et nous avions tous les deux la peau plus foncée. C’était assez déroutant, troublant même car on aurait pu croire que je me tenais face à feu ma grande sœur. Même si, je le répète, je demeure persuadé que nous avons plus ou moins le même âge.

Comme je l’avais déjà dit, elle est charmante, renvoyant une beauté farouche mêlée à une méfiance aiguë. A mon avis, c’est une jeune femme adorable mais il faut savoir l’aborder. Pour être honnête, partager un verre ne serait surement pas désagréable. J’étais parfaitement conscient des difficultés de paiement de la milice et le personnel se retrouvait parfois dans la panade en touchant leur solde en retard.
Je lui fis un sourire sincère.

Je sais que les temps sont durs, y compris dans vos rangs. Je peux vous proposer une alternative que je réserve en général aux gens de passage. Si vous préférez, vous pouvez aussi restez ici pendant deux jours et m’aider dans mes travaux. Ainsi, je m’occupe de votre rapière et prend un peu d’avance dans mes autres commandes. Vous serez logée et nourrie et vous vous en tirerez avec une rapière entièrement remise à neuf pour cinq sous tout compris. Si j’ai le temps, je ferais quelques retouches sur votre fourreau. C’est une sorte de forfait que je propose, cela permet aux personnes sans trop de moyen de faire les réparations tout en pouvant se loger sans finir dans la rue.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMer 19 Fév 2020 - 18:29
« Je n’ai pas pour habitude de demander à mes clientes de me payer de leur chaire, si c’est ce que vous craignez. Vous êtes charmante, ravissante, vous semblez de bonne conversation et un moment en votre compagnie ne doit pas être désagréable, mais je ne réclamerais jamais cela comme règlement. En règle générale, je demande le versement de la moitié avant travaux et l’autre à la livraison. Cela permet que tout le monde s’y retrouve. »

Les joues de Clervie rosirent légèrement en entendant les adjectifs "Chamante" et "ravissante" . En effet, vu la tenue dont elle était vêtue, elle ne s'y attendait pas. Le gilet de cuir la grossissait, ses cheveux étaient soigneusement attachés, et du coup, sur son visage, on pouvait discerner une ou deux légères balafres, fruits d'entraînement rude. La chemise qu'elle portait sous la protection de cuir découvrait légèrement ses épaules, car elle était trop large et Clervie la faisait rentrer dans son pantalon, qui était déjà mieux ajusté, une chance. Mais elle avait du mal à imaginer avoir une quelconque élégance dans cette tenue.

« Dans votre cas, afin de ne pas vider votre bourse, je prendrais dix sous pour commencer. Nous verrons pour le complément après. Si je ne peux même plus faire confiance à une milicienne, autant tout arrêter. Pour ce qui est de l’arrangement, je peux diminuer le coût des matériaux si vous disposez d’une pièce de métal que je peux utiliser en lieu et place de puiser dans mon stock. »

Son ton était assez ferme et elle se rendit compte qu'il avait été choqué par son accusation voilée. Non, elle ne s'était pas trompée, l'homme en face d'elle était un homme d'honneur, elle en aurait mis sa main à couper. Peut-être même avec plus d'honneur que certains nobles, qui prônaient la vertu à haute voix, et allaient s'amuser dans les bordels ou avec de jeunes servantes ne pouvant repousser leurs avances sans craindre de perdre leur place. Elle crut même discerner dans les yeux sombres qui la contemplaient une étrange... tristesse. Aussi jugea-t-elle qu'elle lui devait des excuses.

« Veuillez me pardonner. Je vois bien que je n'aurais pas dû dire ça. Vous n'avez rien à voir avec ces brutes. »

Il esquissa un petit sourire qui fit comprendre à Clervie qu'il lui avait déjà pardonné avant de poursuivre ses explications.

« Comme à chaque fois, en attendant que j’en ai terminé avec les réparations, je vous prête ce fauchon. C’est un service que j’inclus dans le prix, partant du principe que si vous êtes désarmée en service, vous mourrez et que donc vous ne me payerez pas. Je pense que celui-ci devrait vous aller, il est plus lourd que votre rapière mais également plus court, avec ça vous pourrez trancher ce que vous voulez et parer une lame sans risque de le voir se briser. Ne vous méprenez pas sur son aspect rustique et usé, tout comme le fourreau, ils ne vous lâcheront pas. En revanche prenez garde, cette lame est un rasoir, comme le sera votre rapière d’ici peu. »

Le ton avec lequel il avait prononcé la dernière phrase transpirait de fierté. Aucun doute, cet homme aimait plus que tout son métier et mettait tout son coeur à contribuer à la défense de Marbrume en fabriquant des armes de la meilleure qualité possible. Et elle avait apprécié la petite pointe d'humour sur l'impossibilité qu'avaient les morts de régler leurs ardoises. Elle testa la lame. Elle était en effet un peu plus lourde que la précédente mais Clervie ne douta pas qu'elle ferait l'affaire en cas de combat. Et puis, elle avait toujours sa petite chérie dans la chemise, ce que le forgeron ignorait.

Elle sentit qu'il l'observait davantage et se sentit rougir. Mais elle réalisa que le regard de l'homme n'était pas tout à fait concupiscent. C'était plutôt comme si elle lui rappelait quelqu'un. Mais qui ?

Aurait-il connu mon frère ? s'interrogea-t-elle soudain. Vu la qualité de son travail, peut-être a-t-il fourni des nobles... Non, ça ne correspondait pas à ça. Il aurait posé la question. Puis, elle se rendit soudain compte qu'il avait le teint assez bronzé et que ses cheveux étaient aussi noirs que les siens, à ci-près que quelques mèches argentées clairsemaient les siens. Comme si un reflet de lune s'y était accroché, songea-t-elle avec amusement. Mais cette ressemblance lui donnait un début d'explication. Elle devait lui rappeler un membre de sa famille disparu. Ou peut-être pensait-il qu'elle était une possible cousine. Le pauvre, il risquait d'être déçu. Clervie et sa famille étaient d'une couche sociale plus bien plus haute que la sienne et n'avaient vécu à Marbrume qu'une seule année.

Il lui sourit soudain et elle fut surprise de la chaleur que ce sourire dégageait. Il lui rappelait agréablement ceux que lui accordait de temps en temps Elisabeth. Un sourire amical. Cela faisait vraiment du bien après tout ce que ses camarades de la milice lui avaient fait vivre comme enfer. Elle avait besoin d'amis. Et peu importait leur classe sociale. Elle n'était plus une nobliaude qui rêvait aux plus hautes sphères de l'esplanade, elle était Claire, jeune milicienne sans famille. Aussi ressentit-elle une étonnante surprise à la proposition qu'il lui fit.


« Je sais que les temps sont durs, y compris dans vos rangs. Je peux vous proposer une alternative que je réserve en général aux gens de passage. Si vous préférez, vous pouvez aussi rester ici pendant deux jours et m’aider dans mes travaux. Ainsi, je m’occupe de votre rapière et prend un peu d’avance dans mes autres commandes. Vous serez logée et nourrie et vous vous en tirerez avec une rapière entièrement remise à neuf pour cinq sous tout compris. Si j’ai le temps, je ferais quelques retouches sur votre fourreau. C’est une sorte de forfait que je propose, cela permet aux personnes sans trop de moyen de faire les réparations tout en pouvant se loger sans finir dans la rue. »

L'offre était généreuse. Elle réalisa soudain que le forgeron était quelqu'un de seul et qu'il en souffrait. Malgré l'air revêche qu'il avait eu au départ, la tristesse dans ses yeux, la manière dont il s'était soudain ouvert en un instant lorsqu'elle avait commencé à plaisanter trahissaient le besoin d'une camaraderie, même pour seulement deux jours. Il ne cherchait pas uniquement un peu de main d'oeuvre non coûteuse, il cherchait un peu de présence.
Sa gorge s'assécha légèrement. Elle avait vraiment du mal à approcher les hommes depuis... Et pourtant, elle savait bien qu'ils n'étaient pas tous comme ça. Son frère Alaric n'avait jamais contraint ni servante, ni paysanne, ni quelque autre femme. Au contraire, il aurait été le premier à châtier le malotru à perpétrer un tel méfait en face de lui. Pareil pour son père. D'un autre côté, il était vrai qu'elle pouvait lui rendre quelques services utiles, qui le satisferaient.
Et en plus, passer une nuit hors de la caserne, hors des griffes des miliciens quand Elisabeth ne pouvait pas toujours être derrière elle... Cela ne se refusait pas. Au moins, elle n'aurait qu'un seul homme à qui rappeler les bonnes manières au lieu d'une troupe. Mais son interlocuteur l'avait déjà assuré qu'il n'était pas du genre à profiter des femmes, et bizarrement, elle le croyait.

« Ma foi, je ne sais pas si je suis déjà assez forte pour soulever du fer, mais ça ne me fera pas de mal de m'entraîner un peu. Les gars me mettent des rossées à l'entraînement de groupe de la milice et ça commence à bien faire. Je ressemble à une pomme tombée d'un arbre là-dessous, tant je suis couverte de bleus. (Elle laissa échapper un petit rire). Et de plus, peut-être pourrai-je vous rendre un réel service. Mes parents étaient marchands, je peux peut-être vous aider à tenir boutique. Il faudra juste que vous m'expliquiez les fluctuations de prix de vos matériaux. »

Elle ajouta :

« Je patrouille demain, donc, je ne pourrai pas me mettre de suite à votre service, mais à partir d'après-demain, je n'ai rien de spécial à faire, sauf si des fangeux envahissent de nouveau la ville. Puisse les Trois nous épargner ! »
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMer 19 Fév 2020 - 20:36
Certes, lorsque j'avais parlé de la jeune-femme en terme de "charmante" et de "ravissante", je faisais essentiellement référence à son visage plus qu'au reste de son anatomie. De une, sa tenue n'était clairement pas à sa taille, de deux je n'étais pas du genre à m'attarder sur le physique des gens et de trois, je n'avais pas encore détaillé ma cliente à ce moment là.

Après, je dois bien avouer que j'étais un peu agacé qu'elle ai d'entrée de jeu mit le hola sur un comportement déplacé que je n'avais pas eu. Non mais, je ne suis pas comme cela moi! C'était typiquement le genre de mal-entendu qui me rendait triste, ce qui ne s'arrangeait pas vraiment avec la terrible ressemblance qu'elle avait avec feu ma soeur.
Elle se rendit visiblement compte de son erreur, de ce que l'on pourrait qualifier d'impolitesse, puisqu'elle présenta ses excuses rapidement.
En soit, même si c'était un peu blessant, je l'avais déjà pardonné. Je ne suis en effet pas quelqu'un de rancunier et je suis par ailleurs conscient que certains hommes sont loins d'être noble dans leur comportement envers la gente féminine.

Il n'y a pas de mal, tous les hommes ne sont pas des saints, je suis bien placé pour le savoir.

Je l'observais tester succinctement le fauchon que je lui prêtais et alors que je la détaillais, nos regards se croisèrent. Peut-être y aperçue t'elle l'ombre de mon passé, sans doute ma solitude lui sauta aux yeux, à coup sûr ma peine lui paraissait évidente. J'espérais cependant qu'elle pouvait également y voir, malgré tout, une volonté de partage. J'étais certes quelqu'un d'un peu bourru au premier abord, mais ce n'était que pour masquer ma profonde tristesse.
Sous couvert d'offrir un marché équitable aux personnes en ayant besoin, c'est aussi pour trouver un moment de partage. Même quelques jours, cela me réchauffe toujours le coeur.

Je ne pus retenir un sourire amicale et amusé lorsqu'elle estimait ne pas être forcement en mesure de porter du métal. Elle m'expliquait alors comment elle en bavait à la caserne où ses collègues masculins lui en faisait voir de toutes les couleurs. Elle avouait ressembler à une pomme, ce qui ne manquait pas de me faire hausser un sourcil tandis qu'elle en riait. J'avais déjà entendu dire que la vie était rude pour les nouvelles recrues, particulièrement pour les femmes, mais de là à ce qu'elle soit malmenée?
Mais le plus important dans tout cela, c'était qu'elle acceptait la marché. Elle n'était pas libre avant deux jours, mais cela ne changeait pas grand chose, elle acceptait.

Eh bien c'est d'accord, nous procéderons ainsi. Vous m'assisterez pendant quelques jours et je m'occuperais de votre rapière pour cinq sous. Quand à trimbaler du métal, vu la rareté du minerais, je n'en ai pas beaucoup. Ce sera essentiellement pour m'assister, veiller si des clients entrent. Donc en effet, si vous avez la fibre commerçante de part vos parents, nous pourrions à coup sûr nous entendre. Pas de problème pour que cela ne commence que dans deux jours.


J'affichais une mine un peu perplexe, n'arrivant pas à envisager qu'elle se fasse maltraiter dans sa chambrée, au sain même de sa caserne. La milice est là pour notre protection, non pour rouer de coups une jeune-femme qui à le courage de prendre les armes. Je levais les yeux vers les siens. Sans doute que de nouveau elle pouvait voir affleurer la dureté de mon expérience de vie.

J'ai une chambre pour vous à l'étage. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous y rester dès aujourd'hui. Elle ne sert pas et cela vous donnera un peu de répit par rapport à la caserne. Même si notre accord ne démarre qu'après-demain, je vous offre le gîte et le couvert pour ce soir...

Je lui lance un sourire.

Que vous puissiez raccrocher la pomme sereinement.
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Clervie de SombreluneMilicienne
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyVen 21 Fév 2020 - 19:01
« Eh bien c'est d'accord, nous procéderons ainsi. Vous m'assisterez pendant quelques jours et je m'occuperais de votre rapière pour cinq sous. Quand à trimbaler du métal, vu la rareté du minerais, je n'en ai pas beaucoup. Ce sera essentiellement pour m'assister, veiller si des clients entrent. Donc en effet, si vous avez la fibre commerçante de part vos parents, nous pourrions à coup sûr nous entendre. Pas de problème pour que cela ne commence que dans deux jours. »

Clervie hocha la tête. Maintenant qu'elle était définitivement débarrassée de ses appréhensions, elle était même plutôt enthousiaste. Le forgeron commençait à lui inspirer de la sympathie, voire même une sorte de tendresse instinctive. Lorsqu'elle avait accepté sa proposition, elle avait en effet décelé une lueur de joie dans son regard qui la conforta dans l'analyse qu'elle avait faite de la situation. Un peu à la manière d'un enfant à qui on offre un précieux cadeau. Il avait besoin de compagnie et de conversation de temps en temps, la solitude qu'il s'était vu imposer ne lui convenait guère. Et elle comprenait très bien son sentiment. Elle s'était sentie elle-même souvent très seule, à la caserne, ou même avant lors de son errance dans le Goulot. Tout le monde avait besoin d'amis. Même elle, malgré sa redoutable quête solitaire.
Certes, c'était terrible d'être tiraillée en permanence par la nécessité du secret absolu sur sa famille et l'envie de se lier à des gens lui montrant autant de bonté et de gentillesse que le faisaient ce forgeron ou sa chère Elisabeth. Certes, il y avait toujours cette question de ne pas mettre en danger ceux qui lui témoignaient de l'affection. Mais ni Elisabeth, ni le forgeron ne courraient de danger tant qu'ils ignoreraient sa véritable identité. Clervie de Sombrelune était morte, comme le reste de sa famille. Le forgeron ne connaîtrait que cette jeune milicienne du nom de Claire, une milicienne qui disparaîtrait sans doute un jour, mais dont peut-être, il se rappellerait en souriant.
Elle se demanda s'il avait été marié. S'il avait eu des enfants. Il était visible qu'il devait avoir au moins cinq ans de plus qu'elle. Mais une voix lui souffla de ne surtout pas lui poser cette question. Si ça se trouve, il l'a été et sa femme a été dévorée par les fangeux. Je ne vais pas l'obliger à me raconter ça. Claire avait croisé de nombreux veufs et gens qui avaient perdu leur famille, dans la milice. Les conscrits à vouloir se venger des infâmes créatures étaient nombreux. Le problème, c'est que bien entendu, cela les rendait imprudents et faisait d'eux les premiers à se faire dévorer. Elle remarqua qu'il la détaillait, un pli soucieux rida son front. Pour la première fois, il regardait son corps, comme s'il s'attendait à y voir apparaître des marques.

« J'ai une chambre pour vous à l'étage. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous y rester dès aujourd'hui. Elle ne sert pas et cela vous donnera un peu de répit par rapport à la caserne. Même si notre accord ne démarre qu'après-demain, je vous offre le gîte et le couvert pour ce soir... »

Clervie fut presque sur le point de refuser, rougissante et embarrassée par autant de générosité. Mais le forgeron ne lui laissa pas le temps de protester.

«...Que vous puissiez raccrocher la pomme sereinement. »

Personne ne pouvait refuser une invitation formulée avec autant de bonté. Pour la première fois depuis longtemps, Clervie se sentit étrangement en sécurité auprès d'un inconnu.

« Soit. Mais je vous préviens, je devrai me lever à l'aube. Il n'y a pas que les entraînements, il y a aussi les corvées. Et si je suis en retard, le Sergent me sucrera mon jour de repos et je risquerai de ne point pouvoir m'acquitter de mes devoirs envers vous. Ce que je regretterai. »

Elle lui sourit.

«Je m'appelle Claire, et vous ?»

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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyLun 24 Fév 2020 - 9:37
Je perçus sont regard interrogateur tandis que je la détaillais de pieds en cape. Je n’avais pas cherché à lorgner sur son corps, mais il est vrai que sa remarque avait déclenché un élan de curiosité. Que voulez-vous, c’est un réflexe. Dites à quelqu’un que vous avez une tâche de naissance sur le flanc droit, vous pouvez être certain que votre interlocuteur y jettera un œil, quand bien même vous arborez une épais manteau de fourrure.

Je ne m’attardais pas cependant au-delà de toute décence, remarquant son front froissé. Je relevais donc les yeux sur elle alors qu’elle me semblait sur le point de décliner mon offre pour la nuit.
Il est vrai que la solitude, si elle a du bon, devient à la longue pesante et frustrante à vivre. Une question me vient, que je garderais pour moi. Avait-elle de la famille ? Un époux ? Son entrée, récente à la vue de son équipement, dans la milice pouvait suggérer que si ce fut le cas, ça ne l’était plus. Je me gardais donc de l’interroger, elle pouvait être veuve, orpheline voir même être arrivée il y a peu avec les réfugiés, qui sait. Elle semblait sincère et de confiance, alors peut m’importe ses origines.

Je la gratifiais d’un sourire amusé lorsqu’elle accepta mon offre tout en précisant qu’elle partirait tôt. Elle avait des tâches à faire à la caserne et si elle ne s’en acquittait pas, ne pourrait venir chez moi par la suite. Ce qui serait en effet dommage.

Rassurez-vous, je suis toujours debout relativement tôt. Qui réveil le coq de Marbrume d’après-vous ?

Je rigolais à ma petite plaisanterie et lui tendis la mais après qu’elle se fut présentée.

Enchanté Claire, je suis Erwan. Peut-être pourrions-nous nous tutoyer ?

J’étais content qu’elle accepte de rester, j’étais content qu’elle ait accepté le marché d’entraide que j’avais proposé. J’étais content, tout simplement, et pour une fois, cela se voyait.

Je te fais visiter ?
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyLun 24 Fév 2020 - 11:42
« Rassurez-vous, je suis toujours debout relativement tôt. Qui réveil le coq de Marbrume d’après-vous ? »

Clervie éclata franchement de rire à cette plaisanterie. Par les trois, cela faisait un bon moment qu'elle n'avait pas ri ainsi, même si la compagnie d'Elisabeth l'égayait régulièrement. Il fallait dire que les deux femmes restaient retenues même entre elles, afin de ne pas attirer trop l'attention des mâles concupiscents de la caserne.

« Enchanté Claire, je suis Erwan. Peut-être pourrions-nous nous tutoyer ? »

« Bien entendu ! Après tout, nous allons partager un toit. Tu vas pouvoir me réapprendre ce que c'est que de converser avec des gens civilisés. C'est que le contact des soudards finira par me faire oublier les bonnes manières si je n'y prends pas garde. » Elle se remit à pouffer, le forgeron se joignant à elle.

« Je te fais visiter ? »

Elle acquiesca et s'approcha d'un peu plus près des petits désordres de l'établi. Elle s'émerveilla comme une enfant devant des petits débris de métal fondu, dont certains prenaient des formes amusantes, quand d'autres brillaient presque le même éclat que de l'argent. Sur l'étal, il y avait des lames, des fourreaux, et aussi, ce qui l'émerveilla davantage encore, des petites babioles en métal fin, destinées probablement à la fabrique de bijoux ou d'ornements pour les bourgeois, voire même pour les nobles. Ce qui fit jaillir une question qu'elle ne put retenir.

« Cette broche avec une feuille de vigne est finement ouvragée. Tu as dû y passer du temps. C'est un sang-bleu qui te l'a commandée, non ? »

Elle avait masqué la question derrière un sourire, comme s'il s'agissait d'un simple compliment sur son travail. Mais le naturel revient au galop, et Clervie avait besoin de savoir qui se fournissait potentiellement chez ce forgeron. Si elle voulait savoir quelle maudite intrigue de cour avait pu coûter la vie à sa famille, il fallait surprendre le moindre secret, le moindre potin. Il lui fallait absolument savoir qui entretenait une liaison amoureuse interdite ou qui avait obtenu un avancement dans sa position après le décès du Baron de Sombrelune. Et vu qu'elle n'était bien évidemment plus admise près de l'Esplanade, la seule solution était dans l'immédiat de suivre les domestiques et patrons dans les quartiers de Bourg-Levant. Le travail d'Erwan était de qualité. Et si elle en jugeait par son apparence, il ne souffrait pas de la faim et remplaçait ses vêtements une fois élimés. Son tablier était taché, mais non usé, son pantalon ne comportait nul accro.
Nul doute que sa clientèle devait comporter ce que l'on appelait "du beau monde".
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyLun 24 Fév 2020 - 16:08
Nous échangeâmes un rire à ma plaisanterie. Un rire sincère, réellement amusé, que l’on aurait presque pu croire complice. C’était bon de rire, surtout par les temps actuels. Aujourd’hui ou tout n’est que labeur, tristesse, peur, faim, survie et défis. Les rencontres, en plus d’apporter un peu de joie, nous permettent également de ne pas oublier ce qui nous différencie des fangeux. Notre humanité ne tient que parce que nous nous comportons humainement les uns envers les autres.

Elle accepta le tutoiement, arguant que nous allions partager le même toit. Dans le même temps, sa réflexion sur les conversations civilisées alla dans le même sens que ma pensée précédente, ce que je ne manquais pas de faire observer, souriant à la fin de sa phrase.

C’est également mon avis. Se comporter humainement envers son prochain, c’est ce qui nous humanise. C’est pour cela qu’au-delà du fait d’être convaincu qu’il est de mon devoir d’aider ceux qui en ont besoin, c’est pour moi un devoir au même titre qu’un plaisir.

Je lui souriais.

La fange m’a, comme tout un chacun, apporté son lot de malheurs, mais je suis toujours là, toujours vivant et en bonne santé, avec un toit, un travail et des revenus, mêmes modestes. Je me dois de partager, c’est ce qui fait de moi un homme. Sans cela, je ne vaudrais pas mieux qu’un fangeux.

Je lui montrais alors rapidement le magasin, qu’elle avait déjà pu voir en entrant, avant de passer à l’atelier ou régnait une chaleur lourde et âcre. Le parfum boisé du feu mêlé à l’odeur de l’huile chaude rendait l’air épais mais je lui trouvais un apaisement tangible. L’endroit présentait un fouillis rationnel, comme une exposition de ce qui faisait mon métier. Au sol, un mélange de sciure et de limaille de fer se mélangeait à la terre battue et divers projets étaient étalés à différents endroits. Elle jeta alors son dévolu sur un médaillon argenté pour me questionner sur l’origine de la commande.
Je lui fis un sourire.

Malheureusement, il y a bien longtemps que je n’ai pas reçu commande pour ce genre d’articles. Ce médaillon sort tout droit de mon esprit, fait de petite chute d’acier de d’argent. Au-delà de mon métier de forgeron faisant des outils et des armes, je suis également joaillier et ferronnier. En somme, je travaille aussi bien le minerai grossier que la gravure fine des bijoux. C’est ce qui aujourd’hui me permet de faire tourner l’atelier. Les chutes que j’ai utilisé pour ce bijou étaient trop petites pour permettre de faire autre chose et il était hors de question de les jeter.

Je lui montrais ensuite la cuisine puis la grange et le fourneau, qui formait l’arrière de l’atelier. Je lui indiquais du doigt un grand bac en bois.

Ce bac sert de bain. Je l’ai placé ici car avec la chaleur du fourneau, l’eau y est agréablement douce, peu importe la saison.

Nous poursuivîmes à l’étage où je lui montrais la porte de ma chambre et où je lui fis découvrir celle qui serait sienne. Spacieuse, elle était meublée de deux lits, de deux armoires et deux bureaux, quelques petits coffres et des tapis qui isolaient du plancher.

Tu pourras choisir le lit que tu souhaites, cette chambre est inoccupée pour l’heure. Dans l’une des armoires, il y a des vêtements de forgerons. Ils seront sans doute un peu grands pour toi mais t’éviterons d’abimer ta tunique.

J’écartais les bras, un sourire aux lèvres.

Nous avons fait le tour, fait comme chez toi surtout. Je vais aller fermer le magasin et me laver un peu.


Je redescendis en la laissant dans sa chambre, allant verrouiller la porte du magasin. Je laissais la clé dessus, dès fois qu’elle veuille sortir.
Je me sentais poisseux et nul doute que je devais l’être très sérieusement. J’avais la peau grisâtre de poussière métallique et de fumée de bois. Aussi, je me dirigeais vers le fourneau. Je repoussais la porte, retirais mon tablier et mes habits avant de monter dans la cuve. L’eau était de bonne température puisque chauffée toute la journée par le puissant feu du fourneau.

(HRP : petit lien pour découvrir la forge Wink ICI Tu es donc entrée par le magasin :) )
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMar 25 Fév 2020 - 10:47
« C’est également mon avis. Se comporter humainement envers son prochain, c’est ce qui nous humanise. C’est pour cela qu’au-delà du fait d’être convaincu qu’il est de mon devoir d’aider ceux qui en ont besoin, c’est pour moi un devoir au même titre qu’un plaisir. »

Erwan était beau quand il souriait. Nul romantisme derrière cette phrase, Clervie avait trop souffert dans le goulot pour pouvoir encore éprouver ce genre d'émotions en face de quelqu'un. Mais le forgeron montrait peu à peu sa personnalité à la jeune femme et il était vraiment touchant. Les gens vrais, sans fausseté, ils étaient rares, l'expérience de Clervie au sein de la noblesse, puis de la milice, lui avait bien montré. Elle-même devait porter un masque. Elle n'était qu'un fantôme de la jeune fille heureuse et insouciante d'avant la mort de sa famille, et ses rires et sourires, s'ils étaient sincères sur le moment, ne réflétaient guère sa véritable âme. Une âme brisée, une âme damnée. Celle d'une meurtrière en puissance, prête à châtier tous les responsables de la mort de sa famille sans en manquer un seul. Malgré ce qu'il avait vécu, le coeur du forgeron gardait une certaine pureté que la jeune milicienne se promit de préserver. En fait, sa naïveté touchante et sa foi en l'humanité lui rappelaient un peu Alaric. Alaric croyait en la bonté des gens, même s'il avait appris à se méfier des dames de la cour, raison pour laquelle il préfèrait passer le temps avec ses chers animaux. Clervie n'avait jamais oublié comment son frère avait été persuadé qu'ils seraient vite reconnus innocents des accusations, que le duc les grâcierait forcément, que tout cela ne pouvait être qu'une regrettable erreur. Ils avaient piétiné son innocence, l'avaient gardé dans un cachot pourri pendant trois malheureux jours avant de le traîner sur la place publique. Clervie avait perdu le moindre gain d'innocence et de cette compassion "humaine" que vantait Erwan. Mon pauvre ! Es-tu seulement conscient que ce salopard que tu appelles ton roi en toute honnêté pourrait demain faire raser ta forge si quelqu'un s'amusait à dire du mal de toi ?

« La fange m’a, comme tout un chacun, apporté son lot de malheurs, mais je suis toujours là, toujours vivant et en bonne santé, avec un toit, un travail et des revenus, mêmes modestes. Je me dois de partager, c’est ce qui fait de moi un homme. Sans cela, je ne vaudrais pas mieux qu’un fangeux. »

Clervie jugea préférable de se taire. Le chemin qu'avait choisi Erwan, celui de l'amour et de la compassion, c'est celui que sa famille aurait voulu la voir choisir. Au lieu de cela, elle mentait, espionnait et traquait, impitoyablement, aussi assoiffée de sang que les fangeux. Allait-elle se changer en fangeux, le jour où elle trépasserait ? Peut-être bien, après tout, il ne manquerait plus que ça. Elle était déjà passée par tout ce qu'il y avait de pire. Et elle était encore là. Elle jugea préférable de se concentrer sur les jolis babioles que fabriquait le forgeron, regarda même certaines avec envie.

« Malheureusement, il y a bien longtemps que je n’ai pas reçu commande pour ce genre d’articles. Ce médaillon sort tout droit de mon esprit, fait de petite chute d’acier de d’argent. Au-delà de mon métier de forgeron faisant des outils et des armes, je suis également joaillier et ferronnier. En somme, je travaille aussi bien le minerai grossier que la gravure fine des bijoux. C’est ce qui aujourd’hui me permet de faire tourner l’atelier. Les chutes que j’ai utilisé pour ce bijou étaient trop petites pour permettre de faire autre chose et il était hors de question de les jeter. »

La jeune milicienne comprit bien que l'on ne gâchait pas le matériel et elle approuvait. Coup d'épée dans l'eau, niveau information, mais tant pis. Au moins, elle avait essayé. Elle se dit qu'un jour, elle lui commanderait peut-être une broche pour son manteau. Si je passe courtillière, j'aurai bien mérité une décoration, songea-t-elle avec humour.

Mais déjà, Erwan l'entraînait vers ses quartiers privés et elle voyait une fois de plus combien il était heureux de lui ouvrir l'entrée de sa demeure. Il lui montra où faire toilette.

« Ce bac sert de bain. Je l’ai placé ici car avec la chaleur du fourneau, l’eau y est agréablement douce, peu importe la saison. »

« Ingénieux, admit Clervie. Je t'envie d'avoir ton bain privé. Moi tu t'en doutes, je me rends aux thermes deux fois la semaine quand je peux, mais l'intimité n'y est pas toujours garantie. Sinon, à côté de la caserne, on a une fontaine et on reçoit tous un petit pain de savon quand on arrive, mais essaie même de te laver la figure quand tes camarades sont dans le coin et viennent te demander si tu ne veux pas ôter ta chemise... »

La chambre dont il lui avait parlée était plus spacieuse qu'elle ne l'imaginait et elle se réjouit de pouvoir dormir là, confortablement et à l'abri. Pour ce soir, pas de milicien pour l'ennuyer ! Elle allait récupérer convenablement. Elle ne put s'empêcher de jeter au forgeron un regard éperdu de reconnaissance.

« Tu pourras choisir le lit que tu souhaites, cette chambre est inoccupée pour l’heure. Dans l’une des armoires, il y a des vêtements de forgerons. Ils seront sans doute un peu grands pour toi mais t’éviterons d’abimer ta tunique. »

Il lui souriait toujours, alors qu'il lui annonça qu'il allait prendre congé quelques instants pour fermer le magasin et faire un brin de toilette. Quand il eut quitté la pièce, Clervie ressentit une légère pointe de frustration et se rendit compte qu'elle avait vraiment envie de prolonger la conversation. Elle ferma la porte, défit ceinturon et tunique, alla regarder dans ladite armoire. Bon, les pantalons, pas la peine, ils allaient tous lui tomber sur les genoux et elle ne pourrait pas marcher là-dedans. Par contre, les chemises, elle commençait à avoir l'habitude de devoir les rentrer d'une certaine façon dans les pantalons quand elles étaient trop larges.
Elle en choisit une. Et voilà, de nouveau, l'épaule dénudée à la manière d'une catin. Bon sang, toujours la même histoire. Pourquoi ils avaient toujours des trapèzes aussi larges, ces hommes ? Elle remarqua cependant que celle-ci pouvait se lacer légèrement et au bout de quelques minutes, parvint à faire en sorte que l'échancrure tombe décemment sur chaque côté. Elle montrait toujours un peu de buste, mais pas plus que les jeunes paysannes en corsage.
Elle détacha ses cheveux, trouvant le chignon un peu sévère tout de même pour dîner en une aussi charmante compagnie. Elle opta pour une tresse simple, mais élégante, laissant une ou deux mèches encadrer son visage. Elle espèra ainsi être un minimum présentable, même si bien sûr cela restait toujours difficile avec des vêtements pas toujours bien ajustés.
Elle redescendit dans la cuisine pour attendre son hôte, qui devait prendre son bain à l'arrière de l'atelier. Elle crut l'entendre chantonner. Décidément, l'idée de ne pas dîner seul ce soir le rendait vraiment de bonne humeur.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMar 25 Fév 2020 - 14:16
Je ne pus que sourire lorsqu’elle dit m’envier d’avoir ce bac pour ma toilette. Je ne pouvais qu’acquiescer, supposant en effet que l’intimité ne devait point être le fort de la milice. J’imaginais cependant que la milice mettait un peu plus d’infrastructures à disposition de ses troupes pour garantir leur hygiène. Après tout, la promiscuité de tout un tas de personnes, groupées les unes avec les autres, s’il n’y a pas un minimum de propreté, c’est la porte ouverte aux maladies. Par les temps qui courent, nous serions bien en peine si la milice se voyait terrassée par une épidémie.

Ici, personne ne te demandera de retirer ta chemise. Je peux concevoir en effet que ce soit fort peu agréable de devoir tout le temps devoir esquiver les hommes pour se laver correctement. En revanche, je pensais que pour éviter les pandémies, la milice était mieux équipée que cela pour l’hygiène.

Après l’avoir laissé dans sa chambre et avoir rejoint mon bain, je me dis que j’aurais peut-être du éviter de la planter là. Je n’avais pas trop réfléchis, mais avec le recul, j’avais un peu le sentiment que c’était ce que j’avais fait. J’espérais qu’elle ne le prendrait pas mal.
Rapidement cependant, je fus enveloppé des vapeurs du bain et me mis à chantonner. C’était une habitude que j’avais, mais plus encore quand j’avais du monde. Même si Claire pouvait m’entendre, ce dont je n’avais cure, n’ayant aucune honte à me montrer un peu content. Je n’allais pas l’inviter à rester pour tirer la tronche toute la soirée, cela n’aurait aucun sens. Je grognais brièvement en constatant que je n’avais plus de savon, notant pour plus tard d’en acheter.
Une fois propre, j’enfilais un pantalon propre et un gilet sans manches. J’accrochais le linge de bain à côté du fourneau pour qu’il sèche et passais dans la cuisine. La jeune-femme avait laissé la porte ouverte pour que je sache où elle se trouvait. Je sortis une cruche d’hypocras et remplis deux gobelets avant de lui en tendre un.

Alors, la chambre te convient-elle ?

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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMar 25 Fév 2020 - 17:13
La cuisine était vraiment spacieuse et la température de la demeure douce, exactement ce qu'il fallait pour se sentir réconfortée. On ne pouvait qu'être bien à cet endroit, et Erwan semblait vraiment de très bonne compagnie. Elle n'était vraiment pas du genre à faire confiance facilement, elle avait eu beaucoup de mauvaises expériences, mais quelque chose chez cet homme l'avait désarmée. Dans tous les sens du terme, en réalité. Elle n'avait pas gardé la petite dague qu'elle portait sur la poitrine sur elle quand elle s'était changée, l'enveloppant dans sa tunique. Elle voulait laisser une réelle chance à Erwan et ne pas lui parler comme à un de ces soudards qu'elle se tenait prête à occire au moindre faux-pas.

Erwan revint. Elle s'était assise à la table de la cuisine, l'attendant patiemment. Courtoisement, le jeune homme sortit une cruche d'hypocras et lui en versa un gobelet. Clervie sentit de nouveau son coeur bondir de joie. Depuis combien de temps n'en avait-elle pas bu ? C'était presque trop beau pour être vrai, après plus d'un an dans une totale misère.

« Alors, la chambre te convient-elle ? »

« Tu plaisantes ! C'est bien plus spacieux que là où je dors actuellement, répondit Clervie avec reconnaissance. Tu sais recevoir. »

Elle ajouta :

« A la caserne, je dors à côté d'une amie, la plupart du temps et on surveille mutuellement nos angles, que les miliciens n'aient pas de mauvaises idées. J'étais à peine arrivée là-bas, il y a quelques mois, que ces abrutis m'ont surnommée Dame Corbac parce que j'avais les cheveux noirs et que je ne courbais pas la tête devant eux. A l'entraînement à l'épée, j'ai commencé à gagner un peu en niveau, mais les trois quarts du temps, je les ai passés à ramper dans la boue quand ils me jetaient par terre en frappant sur les jambes. L'entraîneur laissait faire, il disait que quand je saurais enfin fléchir les jambes correctement, cela ne m'arriverait plus. Mais d'ici deux mois, je te jure que c'est moi qui les jetterai dans la bourbe. Ce ne sont pas les bleus qui m'empêcheront de m'améliorer à l'escrime, c'est que j'ai fini par y prendre goût malgré tout. Et mon amie va m'apprendre à tirer à l'arc, aussi. »

Ils trinquèrent et elle but une gorgée du liquide couleur rubis et délicatement parfumé. La saveur de la cannelle était douce sur sa langue. Puis elle demanda avec malice :

« Et quelles aventures vit un forgeron quand il n'est pas à son atelier ? As-tu charmé le coeur d'une demoiselle ? T'es-tu fait jeter d'une taverne complètement soûl après avoir voulu prendre la place du barde au chant ? Raconte-moi donc ! »
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMar 25 Fév 2020 - 19:58
La chambre lui plaisait, j'en étais ravis. Elle se lançait alors dans un description sommaire de sa chambrée et de son quotidien. Je l'écoutais sagement, appréciant de partager, pour une fois, un moment d'échange. Nous avions trinqué et je buvais tranquillement mon breuvage en écoutant son histoire. Si je ne m'attendais pas à ce qu'elle me fasse sa biographie, j’appréciais malgré tout qu'elle me parle un peu d'elle.

L'étroitesse de son espace intime, la méfiance permanente quand aux possibles pulsions de ses collègues mâles, ses déboires aux entraînements. La vie est rude pour une jeune-femme lorsqu'elle intègre les rangs de la milice. Après-tout, ce milieu à toujours eu une dominance masculine, l'acceptation de la gente féminine n'est pas sans heurt.

Quelle histoire! Tu verras, tes camarades te regarderont déjà d'un autre oeil lorsque tu dégainera une rapière digne de ce nom.

Elle me lança alors un regard plein de curiosité et de malice, me demandant ce que moi j'avais bien pus vivre comme aventures. J'essayais de me restreindre à l'après fange, même si cela serait compliqué. Je lui souris.

Ma fois, rien d'aussi compliqué que toi. J'ai déjà été soul, mais je ne me suis jamais pris pour un chanteur ailleurs que dans mon bain. Il y a bien longtemps, bien avant la fange même, j'étais avec une jeune-femme formidable et nous avions prévus de nous marier. Son père, à qui l'idée déplu, emmena ma compagne loin d'ici. Leur départ leur à coûté la vie, ainsi qu'à ma fille à peine née. Depuis, j'ai bien eu quelques aventures, mais rien de similaire. A trente ans passé, je sais bien que c'est mal vu d'être célibataire.


Je me resservis en hypocras, affichant un air joyeux.

Mais rassure toi, je ne viendrais pas me glisser dans tes draps pendant la nuit. Même si tu es loin d'être repoussante, je ne suis pas comme cela.
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MessageSujet: Re: Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan]   Lame rouillée en toute amitié [PV Erwan] EmptyMer 26 Fév 2020 - 13:37

« Ma fois, rien d'aussi compliqué que toi. J'ai déjà été soul, mais je ne me suis jamais pris pour un chanteur ailleurs que dans mon bain. Il y a bien longtemps, bien avant la fange même, j'étais avec une jeune-femme formidable et nous avions prévus de nous marier. Son père, à qui l'idée déplu, emmena ma compagne loin d'ici. Leur départ leur à coûté la vie, ainsi qu'à ma fille à peine née. Depuis, j'ai bien eu quelques aventures, mais rien de similaire. A trente ans passé, je sais bien que c'est mal vu d'être célibataire. »

Il se resservit en hypocras, affichant un air joyeux.

« Mais rassure toi, je ne viendrais pas me glisser dans tes draps pendant la nuit. Même si tu es loin d'être repoussante, je ne suis pas comme cela. »


« C'est vraiment très triste, commenta Clervie alors qu'il parlait de sa fiancée et de sa petite fille à peine née et déjà morte. Elle s'était doutée que l'histoire du forgeron n'était pas joyeuse et il confirmait. Et concernant le célibat, ne te préoccupes pas trop du regard des autres. C'est bon pour les sangs-bleus, de faire attention à leur réputation. Tu es un homme du peuple, tu n'as pas besoin de te soucier de cela. Je suis sûre qu'un jour, tu rencontreras une femme qui te donnera le bonheur que tu mérites. Tu es de bonne compagnie et tout à fait charmant. »

Quand il l'assura de nouveau qu'il saurait se montrer respectueux vis-à-vis d'elle, elle lui sourit.

« Je l'ai bien compris maintenant, ne t'en fais pas. »

Néanmoins, de nouveau, elle se sentit flattée qu'il la trouve jolie. Un relent de son passé de Damoiselle, sûrement. Toute dame appréciait les compliments, et Erwan savait formuler les siens avec naturel. Pour le divertir, elle lança la discussion sur le chant.

« De ce que j'ai entendu, tu n'as pas la voix la pire. Si tu savais... »

Elle prit une gorgée d'hypocras, puis se lança dans l'anecdote.

« Il y a environ un mois de cela, nous étions allées prendre un verre après notre service avec ma camarade de dortoir. Il y a une petite taverne juste à côté de la caserne où la bière n'y est pas mauvaise. Les miliciens qui vont là-bas adorent jouer aux cartes et sont généralement absorbés par ce passe-temps au point de ne pas nous prêter attention. Sauf que ce soir-là, l'un d'eux, qui devait être plus beurré que les tartines de la Chope Sucrée, décida de se lancer dans une interprétation très personnelle de la Geste d'Artan des Sept Mers après avoir emprunté sa lyre au barde. Il était complètement soûl, il a failli chuter une ou deux fois pendant qu'il chantait, mais il continuait, sans se décourager ! Mais il chantait terriblement faux, au point que ç'en était à mourir de rire. (Clervie avait elle-même du mal à ne pas rire en racontant l'histoire). Pour finir, un peu plus tard, ses copains l'ont ramené à la caserne, il ne tenait absolument plus debout, mais... il était toujours entrain de chanter ! Je suis sûre qu'il pourrait faire fuir les fangeux s'il faisait devant eux, on a peut-être trouvé une arme secrète. »

Elle rit de nouveau.

«Quel était d'ailleurs cet air que tu chantais tout à l'heure ? Je ne crois pas le connaître. »
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