La forge des idées libres ? [Cécilia Valclair]

Début décembre...Les feuilles sont tombées pour faire place au froid et à la dureté de notre époque...Je tournais toujours dans le secteur nord ouest de notre région...J'ai survécu à certaines choses, j'ai aidé du mieux que je pouvais...Mais face à l'hiver j'étais comme beaucoup d’entre nous faible et rationné. Le labret essayait de faire au mieux pour les siens et même Marbrume mais cela avait des limites. On entendait de nombreuses agressions...disparitions...A croire que la fange se donnait un malin plaisir à nous traquer dans les moments les plus difficiles pour nous...Avec quelque soupire et quelque grognement j'avais fait le choix de me poser à Usson. Pas parce que l'endroit me plait non mais parce que c'était une zone important des approvisionnement entre Marbrume et le plateau...

Je voulais réfléchir à ce que j'allais faire...Demander un peu de permission à Marbrume ? Cela faisait maintenant prés de trois longs mois que je n'avais pas remit les pieds là bas...Mais pour y faire quoi ? Plus je passais de temps dans cette région plus je remarquais que Marbrume ne me manquait pas forcément...J'aimais la sensation de vivre pour quelque chose de vraiment utile, loin des tours de gardes ou des escortes de religieux...En plus ici la souplesse était plus présente entre milicien...Comme si nous comprenions que notre travail était plus qu'un travail c'était notre moyen de survivre hors des murs...

Certes l'hiver montrait souvent le mauvais visage de certains des miens...Demande plus de vivre...Demande un lit chaud et une femme ou un homme dans son lit...Les villages manquaient réellement de dirigeants en capacité d'agir mais ceci n'était que mon humble point de vue...

Aujourd'hui j'ai fait le choix de parcourir le marché qui se dressait difficilement à Usson...On pouvait à peine voir quelques vivres sur les étables et même en ce qui concerne les outils ou bien armes...Si un jour la fange devenait intelligente il est clair que le plateau ne tiendra pas une journée...Surtout ne cette période...Durant mon passage à Usson je me promenais tête sous ma cape au chaud et essayait de voir comment les citoyens supportaient l'hiver...

La plupart me demandait si Marbrume était reconnaissant pour leurs efforts et sacrifices...Je leur tentais de leur dire que Marbrume ne les oubli pas...C'est du moins ce que j'espérais...Durant cette marche je sentais bien que la situation ici restait fragile...Que cette endroit de reconquête pouvait retomber de nouveau...Mais pas à cause des fangeux forcément...Les gens sont aussi une menace parfois...Lorsque vous sentez que vos vies sont en danger...Révolte...Cache de vivre pour les siens uniquement...Des gestes qui peuvent être vu comme de la trahison mais en même si humain...

Alors que je continuais ma marche je me rendais à la forge, j'avais besoin de savoir si ma dague allait pouvoir être réparée dans les temps car je comptais bien reprendre ma route pour le bien de Marbrume... Et puis la forge était un lieu où la chaleur ne manquait pas...En arrivant à l'extérieur de la forge je vis une femme plutôt bien armée. Une milicienne probablement ? Attendait elle le forgeron ? Cherchait elle juste un lieu chaud ou la forge dehors réchaufferai ses mains ? Ou une inspection de la forge ?

Je me pris l'initiative d'aller à sa rencontre

"On dirait que la forge attire bien du monde en cette matinée vivifiante. Vous êtes de la milice de Usson ? Un problème avec notre ami le forgeron ? "

Je m'autorisais à retirer ma capuche car la chaleur de la forge était la pour remplir son rôle auprès de ma mon visage. Je prenais de constater que le forgeron était occupé je lui faisais un signe de la tête pour le saluer et reportait mon regard vers la femme.

"Alors qu'est-ce qui aménage une femme aussi bien équipé à la forge ? De vous à moi je dois reconnaitre que la chaleur de celle-ci m'oblige à rester un peu de temps ici..."

Je ne savais pas quoi dire de plus, je savais juste que plus je passais du temps dehors plus j'avais du mal à parler avec les gens...milicien ou autre d'ailleurs.

Usson... Cela faisait bien longtemps que je n'avais mis les pieds la-bas. Tellement longtemps, trop longtemps. Est ce que les gens que j'avais cotoyé par le passé me reconnaîtraient ? Verraient-ils encore simplement la sauvage de la forêt comme a l'époque ? Quisait, je ne savais pas du tout ce que tout cela allait me réserver, même si du plus loin de mes souvenirs éparses, je n'avais jamais laissé une mauvaise impression. Serviable a qui paie bien, je n'avais jamais causé le moindre problème ici. Un soupir filtra entre mes lèvres alors que je détournais simplement mon regard porté vers le lointain pour ramener mon attention sur les quelques chariots, les chevaux et les autres miliciens. Malgré toute ma bonne volonté, je n'avais pas réussis a amener ce convoi vers la mort aux mains des abominations. Malchance ou bonne chance, ce trajet avait même été particulièrement tranquille et rapide... C'était bien étrange comme saison, un hiver qui me laissait de marbre. Pas de tempêtes, pas de fange. Une situation curieuse qui malgré tout m'allait très bien. Je n'avais pas réellement envie de mourir tout de suite, ma misérable existence était encore bien trop précieuse pour moi. Surtout que j'avais une promesse a tenir, une promesse que je m'étais faite. Une promesse plus importante que toutes les autres. Je voulais revoir au moins une fois la belle bannie avant de trépasser. Revoir son sourire, sa chevelure et son entrain. Je n'avais pas été chanceuse jusqu'a présent. Je l'avais peut-être trop bien formée... Telle une ombre, elle était insaisissable. Mais je ne perdais aucunement espoir. J'allais la retrouver un jour. Oui un jour.

Sur ces belles pensées, mon attention revint bien vite au moment présent alors que mes mains se posaient sur l'arbalète toute particulière que je transportais. J'avais eue le privilège d'essayer cette arme terrifiante... Le sigfroi. Une bien jolie invention au nom douteux et ennuyeux... Mais je n'étais pas la pour juger de son esthétisme mais plutôt de son fonctionnement en situation d'affrontement. J'avais toujours mon arc avec moi au cas ou que cette abomination ne soit aucunement fonctionnelle. Dans tous les cas, nous allions arrivés bientôt au village. J'avais bien hâte d'être enfin arrivé. J'étais fatiguée et un brin frigorifiée. Il faisait froid mine de rien, pas autant qu'avant de mon point de vue, mais quand même. J'avais bien mieux a faire que me plaindre. Oui, bien mieux a faire. Des voix s'élevèrent, donc une bien plus forte que les autres, le coutiller Colbert Legros venait d'annoncer que le trajet allait bientôt prendre fin pour une temps, comme ils arrivaient enfin au village. Coutilier depuis déja un bon moment, Colbert n'avait jamais chercher a monter plus haut, il s'en fichait bien en vrai. En général, il était un bon gars et un milicien juste et strict, même s'il était capable de pardonner.

Enfin arriver au village, le coutilier annonça qu'ils pouvaient prendre du repos pendant que tout se préparait. Avec la tempête qui semblait s'annoncer dans le lointain, il ne prévoyait pas repartir avant un moment. Sur cette annonce, je partie aussi en quête d'un brin de chaleur mais aussi d'une personne capable de vérifier l'état de mes armes et peut-être me procurer de nouvelles flèches. Me dirigeant simplement nonchalamment vers la forge dans le but ultime de me réchauffée, je fus surprise en entendant la voix d'un homme qui semblait me parler. Du moins, c'était peut-être une impression sur le coup. Qui voudrait me parler ! On veut jamais me parler de toute manière ! Ne lui répondant pas aussitôt, j'entrai a l'intérieur avant d'être suivis par l'homme qui me parla encore ! Finalement, j'étais donc la cible de ses attaques verbales ! Tirant un peu la capuche vers l'arrière tout en jetant un regard vers lui, je finis par secouer ma tête.

'' Ah non non, je ne suis pas d'ici. Je viens d'arriver avec ma coutellerie, avec le convoi. On arrive de Marbrume. Bien sur que non, aucun problème avec lui. C'est un de meilleurs forgerons du coin. '' Je médite un moment sa dernière question alors que je lève une main gantée pour replacer une mèche de cheveux blonds avant de tenter un sourire discret, tout en soulevant un peu l'arbalète. '' Disons que je viens pour faire vérifier cette arme. Je veux m'assurer que tout va bien. On ne connait pas bien son comportement surtout dans ces conditions. Et puis, je vais avoir besoin de pointes pour mes flèches.''

Réponse simple et adaptée ! Maintenant, je n'ai pu besoin de lui parler. Je peux me taire et me terrer dans mon mutisme séculaire et surtout salvateur. J'aime pas du tout parler moi, pas du tout. Même si je devrais lui demander la même question par courtoise ? Pas comme si je savais vraiment ce que c'était la courtoisie de toute manière. Soulevant mon sigfroi pour le poser sur le bord du comptoir, je portai mon regard vers le milicien.

'' Et toi ? Tu es du coin.. Eum.. Vous ? Tu veille sur Usson ou tu viens d'ailleurs ? Et puis, pourquoi venir a la forge ? ''

Du coin de l'oeil, j'avais vue le forgeron lever un brin la tête sur le coup alors qu'il semblait terminer de forger ce sur quoi il travaillait. Du coin de l'oeil, je croyais avoir vue un fer a cheval... Peut-être... Mon attention restant tout de même sur le milicien.

La rencontre avec cette femme était un peu amusante. Une milicienne de Marbrume qui venait via un convoi. Ma fois une chose assez banale quand on y pense. Elle présentait fièrement son arme à distance comme un animal qu'on doit dompter. Voilà une arme des plus étranges en soi. J'avais entendu des propos des miliciens du Labret sur une arme à distante qui évoluée à la pointe pour l'avenir du combat...

A l'entendre c'était plus une grosse arme massive et peu sur pour le moment surtout en hiver...à en voir l'armée il faut avec de la force dans les bras pour tenir correctement cette arme et ne pas avoir peur aussi je dirais...

En tout cas cette femme se présentait comme sûr d'elle, se préparait elle a un combat futur à Usson ? Le combat premier aujourd'hui pour moi était le froid. Et prendre un peu de temps pour parler un peu avec une consœur ne pouvait pas faire de mal. Ainsi face à sa réponse efficace et courte je repris après elle voyant le forgeron s'activer un peu plus. Probablement que deux miliciens dans sa forge pouvait l’inquiéter.

"Il est agréable de voir que Marbrume n’oublie pas le Labret durant cette difficile saison. En plus bien armé à ce que je vois. Vous êtes une adepte des armes à distance à vous entendre. J'admire les gens qui savent tirer surtout contre les fangeux il faut un certain sang froid..."

Je regardais quelques clients qui sortaient d'autres rejoignait la fil d'attente. Je laissais passer un humble fermier devant moi et par conséquent devant la milicienne

"Désolé mais je laisse passer je pense qu'il mérite plus que moi et puis j'ai le temps..."

Mon idée était aussi de profiter de la chaleur des lieux et pouvoir aussi montrer aux gens d'ici que nous les respectons pour ce qu'ils font ici.

"Et pour te répondre milicienne à la grosse arbalète je ne veille pas sur Usson en particulier j'explore la région depuis pas mal de mois à la recherche de matériels pour nos fermiers ou autres...Dans les ruines notamment plus à l'ouest. Rien de bien glorieux en soi pour Marbrume mais ici chaque outil de l'ancien monde est un trésor d'avenir et c'est aussi ma mission de milicien ici"

Voyant que la jeune femme avait aussi subit le froid environnant je regardais la clientèle de la forge qui était assez nombreuse...Allions nous attendre ici des heures...

"Écoutez...Notre ami commun et forgeron semble avoir du monde...Pour ma part ma demande n'est pas très longue...voulez vous qu'on repasse plus tard ? Je connais à Usson un auberge calme où on peut souffler un peu loin de la foule qui s’agglutine dans les auberges pour la chaleur. La bière est correct mais le barde peut être agacent. Je vous propose cette idée car ça fait un moment que je n'ai pas côtoyer quelqu'un de la cité."

Je regardais la milicienne et remettait ma capuche pour me préparer au froid. J'allais me rendre en direction de la porte lui proposant donc de marcher jusqu'à l'auberge en question.

"Je connais la route que vous avez fait et je pense qu'une auberge avec un bon feu et une pinte vous aidera à vous ressourcez.Votre énorme arbalète peut attendre Non ? "

Un vrai passe d'armes comme je pouvais les détester ! En plus, il m'avait répondu ! Il avait répondu a ma question. Ah oui, j'avais posé une question par courtoisie, même si je n'étais pas du tout courtoise. Le vouvoiement et moi, ce n'est pas toujours la grande amitié et ça se ressentait fortement quand je parlais. J'avais été un peu brusque, un brin sèche mais avec une tentative d'être sympathique. Je suis toujours mal a l'aise a discuter avec les gens. Je n'ai jamais aimé ça et je n'aimerais probablement jamais ça... Sauf Isaure. Oui, sauf elle. J'aimais bien parler avec elle, l'exception a la règle. Dans tous les cas, il semblerait qu'il soit bien content de notre arrivé a Usson, prenant même cela comme un signe de l'intérêt de Marbrume pour le Labret. Oui, c'était une bonne manière de voir les choses. Du moins, je pense, je présume, je crois ? Je ne sais pas, et je m'en fiche en vérité de toute manière. Moi, je ne fais que répondre coup pour coup a ses attaques !

Par contre, il a cette désinvolture envers la situation qui me fait un peu sourciller. De la méfiance ? Non pas vraiment, juste, je ne sais pas trop. Je suis un peu confuse ? Car je n'arrive vraiment pas a m'y faire a ma nouvelle situation de milicienne, même si cela fait déja plusieurs jours voir semaine, je ne m'y fais pas. Les gens ont soudainement beaucoup d'intérêt envers moi et ça m'énerve. Avant j'étais juste la chose bizarre que tout le monde regarde avec dédain et surprise se demandant qu'est ce que je faisais la. Triturant un brin mes gants en cuir, je penchai un instant la tête de coté en observant la petite populace qui s'invitait dans la forge. Il y avait bien des gens... Prévisible avec l'arrivée du convoi, je supposais ?

'' Oui... du sang-froid... J'ai beaucoup de sang-froid... '' Répondis-je simplement faire un petit sourire forcé avec un moue un brin dubitative. Puis remarquant son mouvement pour laisser passer certaines personnes, j'haussai un peu les épaules. '' J'ai peut-être pas tout le temps voulue, mais je sais attendre et puis, je pense que tout vas bien. ''

Et voila ! Encore ! Il m'attaque le vil ! Ah oui, il répond a ma question avec une franchise et un tact impeccable. Mon regard vint alors se poser sur lui alors que je plissais un peu mes paupières avant de soupirer un peu, portant mon regard vers le sieur forgeron qui avait tant a faire. Bon, la forge s'était pas pour moi pour le moment.

'' Eh bien, c'est un travail remarquable que tu fais la, milicien a la langue bien pendu ! Je faisais cela aussi souvent avant d'intégrer la milice. '' Je tente un sourire en coin, me décrispant légèrement alors que ma tête bouge lentement d'avant en arrière, récupérant mon arbalète. '' D'accord pour allez se reposer a l'auberge, ça fera du bien. Je peux attendre et revenir plus tard de toute manière. '' Sur cette belle parole, je ramenai ma capuche sur ma tête d'une main et je sortie aussitôt hors de la forge, jetant un regard vers le ciel en soufflant un peu. J'avais bien hâte de voir si j'allais avoir la chance de voir les étoiles ce soir. J'espérais franchement qu'elles soient belles et étincelantes.

Dans tous les cas, j'étais maintenant sortie dehors a attendre monsieur le milicien ! Cela faisait bien longtemps que j'étais venue a Usson et même si j'avais un doute sur l'endroit de l'auberge. Je lui laissais le bonheur de se croire indispensable !

'' Alors, je vous suis, Monsieur le milicien chasseur de relique ! ''

Les temps étaient difficiles j'essayais de m'habituer de nouveau aux gens de la région et elle me trouvait trop bavard à l'entendre sur sa remarque concernant ma langue...Et bien voilà une milicienne qui n'a pas froid aux yeux. Elle pourrait tomber sur un milicien irritable et énervant qui n'aime pas ce genre de remarque...Lorsque j'entendais sa réponse un léger sourire en coin de se dessinait sur mon visage...elle semblait vouloir montrer qu'elle était sur d'elle avec son engin...

Amusé par la situation j'étais surpris qu'elle accepte de venir à l'auberge. Elle qui semblait tant préoccupée par la capacité à son engin de fonctionner...Cette rencontre allait au moins divertir a journée qui pour le moment restait assez grise.

En sortant de la forge je sentais de nouveau la brise de l'hiver qui caressait mon visage. Je me passais rapidement la main sur le visage afin de m'habituer à l'air du dehors. On s'accoutume trop vite à la chaleur d'une forge accueillante et bienveillante. Quoiqu'il en soit je marchais avec la milicienne en direction de l'auberge. Elle ne posait pas de questions elle suivait...J'étais étonné de la voir si directive...Peut être que je venais lui faire perdre son temps mais elle ne refusait pas mon offre...

De nombreuses questions me venaient en tête en l'observant durant note marche. Elle disait qu'elle a déjà fait ce genre de mission avant d'être dans la milice ? Une ancienne bannie ? Impossible...Une paysanne du labret...trop à l'aise avec les armes à distance...Durant la marche nous croisions des villageois qui n'avaient qu'une envie trouver un coin chaud.

La fumé sortait de ma bouche quand je repris la parole sur le chemin de l'auberge.

"Ma langue n'est pas aussi bien pendue que vous le dites dame...Cela fait un moment que je ne croise plus grand monde ou bien échange un semblant de conversation comme nous le faisons. Les reliques comme vous le dites nécessite du temps et de la discrétion..."

A gauche, à droite, encore à gauche j'empruntais le chemin le plus rapide pour obtenir le foyer chaud de l'auberge, sur le chemin je croisais aussi le malheur qui s'abattait au labret. Le froid laissait certains sur le bord de la route...Les laissant mourir de froid pour les plus démunies. Le Roi certes se disait faire de son mieux mais il n'avait peut être plus conscience qu'il n'y avait pas que les fangeux comme menace...Je reportais mon regard sur la milicienne une fois que j'avais passer un sans abri sur une des routes que nous avons emprunté.

"Hmmm vous étiez quoi avant d'être milicienne ? Chasseuse ? Pour apportiez des sangliers pour la Roi avec une pomme dans la bouche ? La vie au labret ne vous convenait plus il a fallu vivre à Marbrume...Pour une archère les murs de la cité doivent d'être d'un ennuis..."

Un dernier carrefour, une route par là et ici. Enfin nous arrivions à l'entrée de l'auberge. Je pris l’initiative d'ouvrir la porte et de passer devant.

A l'intérieur les odeurs fusaient, je sentais une viande peut être grillée, des odeurs d'humains qui restent enfermés ici et aussi l'odeur de la pinte d'une qualité supportable.

Je saluais le gérant,

"Bonjour à toi Gregor deux pintes ! "
"Salut à toi milicien Babeurre je te sers ça héhé !"

Babeurre...ma bêtise à la capitale avait encore raison de moi...mes cheveux blanc me laissait la réputation du milicien babeurre pour les gens du coin mais d'un côté au moins je me faisais un nom en bien en plus garder cette couleur est selon moi un signe des divins je souriais intérieurement...Je soupirais légèrement à sa remarque et m'installait à une table poussant légèrement certains ivrognes...Je regardais la milicienne à l'entrée une fois que j'avais enlever ma capuche et poser ma lame à côté de moi.

"Bonjour à toi Gregor deux pintes ! "

"Et bien milicienne on a perdu l'habitude d'apprécier la chaleur d'une auberge du Labret ? Allez je vous offre la première pinte, mais y a intérêt que vous me parliez un peu plus de Marbrume j'ai besoin de savoir comment le peuple se porte en ce moment en plus je suis sur que vous avez des tas de questions sur la région, et autres histoires qu'on racontent en ce moment"

Je ne savais pas grand chose mais bon les rumeurs vont bon train en ce moment...

Malgré la froideur qui inondait l'endroit, je me sentais bien plus rassérénée. Je me sentais bien mieux avec le ciel comme plafond plutôt qu'un assortiment de planche de bois disparates. La nature était bien plus ma maison que n'importe quelle autre habitation. J'avais accepté l'invitation du sieur milicien chasseur de relique a la réplique amusante pour passer un peu le temps. Il semblait fort intrigant et amusant a sa manière et sa désinvolture face a mon tact froid et vif me faisait penser qu'il était peut-être finalement bien mieux a côtoyer que certains de ma coutellerie qui était beaucoup moins patient envers mes réflexions parfois acerbes et irritables sur bien des sujets. J'avais apprises a mes frais que ce cher Colbert avait beaucoup de patience, mais qu'elle n'était pas infini tout de même. Au moins, il avait été fort indulgent et instructif avec ma pauvre personne. Même si je n'avais pas retenue le tier de ce qu'il avait dis. La politesse et la courtoisie n'étaient vraiment pas ma tasse de thé ! Et puis, je m'en fichais !

Dans tous les cas, je soufflai légèrement formant un petit nuage de vapeur devant ma bouche alors que je marchais lentement pour suivre le milicien. Cela faisait bien longtemps que je n'étais venue ici. Voir trop longtemps même. C'était une petite ville qui avait bien évoluée depuis la dernière fois que j'étais venue. Elle avait bien grandit et la population semblait s'être grandement amplifier depuis le temps, c'était une bonne chose pour survivre a la fange et au climat du coin. Une bonne chose oui.

Méditant en silence sur la situation, je fus tirée de mes délires et réflexions par la voix de l'homme qui révélait que son travail demandait beaucoup de discrétion et de temps et qu'il était souvent seul. Une révélation qui fit naître un léger sourire sur mes lèvres alors que je penchais mon regard pour observer brièvement le sol. C'était bien de savoir cela, songeais-je durant une fraction de seconde. Nous avions finalement un petit point en commun. Levant mon regard après ces pensées vers lui, je ne répondis que d'un simple hochement de tête face aux suppositions de l'homme.

'' Chasseuse oui... Mais rien de tout le reste. C'est compliqué. Très compliqué. '' Murmurais-je faiblement alors que nous arrivions devant la porte de l'auberge.

Silencieuse, mes pas m'entrainèrent a l'intérieur du bâtiment alors que j'entendis le milicien prononcé le nom de l'aubergiste puis sa commande. Gregor, je n'avais point entendu ce nom depuis des lustres... Je n'avais rien fais pour lui nuire, mais ma réputation était probablement intact depuis le temps. A moins que mon aide a la défense de Marbrume l'est amélioré ? Ne prenant pas de risque, je tirai un peu plus ma capuche su ma tête pour couvrir mon visage. Je ne voulais surtout pas attirer les foudres des Trois sur moi ici. M'approchant de la table du milicien, je pris place face a lui tout en déposant mon arbalète et mon arc près de moi, avant de rabattre lentement ma capuche, surveillant du coin de l'oeil l'aubergiste... Un brin méfiante et sur mes gardes, écoutant les demandes de mon collègue, tentant un sourire.

'' Je peux bien tenter de t'offrir des rumeurs sur la situation. Même si depuis l'attaque de la fange a Marbrume lors du couronnement, je préfère rester hors de la ville le plus possible. '' Répondis-je simplement avant de poursuivre sur un ton léger et détaché. ''C'est vrai que ça faisait longtemps que je n'étais venue a Usson, c'est vrai. '' Retirant mes gants en cuir, je les posai sur la table a portée de main. '' Je suppose que je vais devoir t'appeler Milicien Babeurre maintenant ? Jolie prénom que voila. ''

Baissant légèrement la tête alors qu'on venait nous servir les deux pintes de bière, je pouvais facilement sentir le regard scrutateur de l'aubergiste. Je me sentais dévisagée et j'avais déja cette envie de partir loin et de fuir toute cette populace. Prenant sur moi, un soupir fusa d'entre mes lèvres alors qu'une main se levait pour replacer des cheveux tandis que je levais mon regard vers mon interlocuteur.

'' Pour répondre a tes interrogations de tout a l'heure, disons que j'étais une chasseuse avant... Je le suis toujours en vrai. J'étais principalement guide et pisteuse. Je connais pratiquement toutes les régions hors de Marbrume. '' Dis-je simplement alors que j'inclinais un peu ma tête de coté.

La milicienne finalement prenait le temps de se découvrir un peu sur sa vie bien qu'elle semblait se cacher du lieu que nous venions d'investir. Drôle de milicienne tout de même...elle m'expliquait en chemin qu'elle était bien chasseuse...voilà bien un changement de carrière radical en devenant une combattante pour le peuple...Elle semblait ne pas avoir reçu vraiment d'éducation militaire ni même avoir l'habitude de cotoyer des miliciens hors leur service...

Et puis qu'avait elle a cacher à Usson ? Franchement les gens ne se souviennent que trop peu des gens qui apportent du positif à leur vie...Le plus souvent ils retiennent les voleurs et les charlatans...Les pintes arrivèrent comme je le demandais. Un dosage subtile que Gregor réalisait avec soin surtout pour les miliciens il voulait les avoir dans son camps...Et oui Usson n'est pas à l'abri des querelles de voisinages ou autres bêtises qui me rappeler à quelle point nous étions sur la bonne voie pour espérer un avenir meilleur...Après tout quand les gens commencent à se quereller pour une histoire de musique trop forte ou bien de charrette qui dérange la chaussée nous reprenons notre humanité...Je grognais légèrement en regardant la jeune femme et lui glissait une réponse avec un regard amusé quand elle prononçait mon surnom.


"Disons que pour une milicienne aussi bien armée je vais me laisser appeler ainsi mais si cela t’intéresse mon nom est Vaelian"

Une fois ma réponse faite je prenais ma pinte en main dès qu'elle arrivait à notre table. La soif commençait à me prendre par la bouche. Entre le froid dehors et l'échange cordiale avec la milicienne à l'arc. Elle semblait de plus en plus méfiante, mon regard me trahis légèrement car je ne comprenais pas ce qu'elle évitait ici ? Je prenais un instant pour regarder autour de nous tout en écoutant sa réponse concernant son vécu hors Marbrume.

Ainsi elle était une guide et se dit connaitre l'ensemble de la région hors des murs. Je souriais à cette phrase, et même un petit rire se laissait venir à moi sur le moment.

"Tu te dis guide mais à en voir ta tête ici je me demande bien qui tu pouvais guider...Pardonne moi mais on dirait que tu n'aime pas les gens comme de la merde collé à tes bottes...Et tu dis connaitre les marais et les zones au loin...Personne ne connait la région par cœur...Surtout qu'on ne sait plus vraiment ce qu'il y a l'ouest après Estaing...N'es-tu pas un petit peu trop prétentieuse milicien à l'arbalète..?"

Je repris un visage assez neutre, pas de sourire juste un regard qui la fixait dans le sien. Qu'avait elle vécu pour se définir comme une championne des marais ? Il est clair que j'avais devant moi une femme au passé difficile ? Comme nous tous...Un passé hors du Labret...


"As-tu déjà la moindre idée sur quoi on peut tomber hors le labret ? Oui les fangeux tu me diras mais c'est le fléau de notre temps ça...Mais il y a aussi des bannis...Pauvres âmes perdus à jamais dans les marais...Hmmm et puis si tu dis connaitre aussi bien les environs pourquoi s'engager à faire la milice à Marbrume...La vie ici est plus simple qu'en ville je trouve...Tu es du genre à te compliquer la vie ou bien ?"

Je continuais de boire ma pinte. Je regardais un instant sa tête enfoncé dans sa capuche à l'intérieur de l'auberge...J'ajoutais après ma gorgée.


"Tu devrais te détendre un peu, tu as l'air encore plus tendue que ton arbalète. Les citoyens ici n'aiment pas les gens méfiants ici surtout une milicienne... "

Finalement attablée face au sieur Babeurre, je n'avais plus vraiment le choix, je devais rester pour le moment et pas m'éclipser comme j'avais toujours fais par le passé a la moindre adversité. Je devais combattre mes vieilles habitudes un peu et m'améliorer pour mon bien. Une bien belle pensée qui était tout de même difficile a bien mettre en oeuvre malgré toute l'énergie que je déployais pour y arriver. Je devais me concentrée, me calmée, me détendre... Je devais juste tenter d'être normale en quelques sortes. Levant une main pour la glisser dans mes cheveux pour m'assurer qu'ils étaient bien en place, je fixai mon collègue avec une tentative de sourire léger et délicat. Je n'étais pas friande des sourires, mais je pouvais bien faire une effort. Il avait été assez sympathique pour venir discuter avec moi et du même ressort m'inviter a boire un coup. C'était bien une première ! Une première fois ou j'acceptais aussi simplement et facilement.

La tête un peu inclinée, mon regard voyageait sans cesse, fixant parfois l'aubergiste, des badauds avant de retourner vers le visage du milicien qui révéla finalement son nom. Vaelian ? Intéressant, peut-être qu'avec de la chance, je m'en souviendrai au prochain levée du soleil ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non ? Déja que j'allais boire de la bière. Ce n'était pas la première que cela m'arrivait... Peut-être bien la quatrième ou cinquième fois ? Quelque chose du genre. Quand on vit comme moi dans la forêt seule, on ne se permet aucune folie du genre. On s'occupe de se procurer l'essentiel pour survivre et voila tout et l'alcool n'aide pas a survivre, au mieux, c'est bon pour désinfecter les blessures a ce que j'avais entendu dire. Même si je n'avais jamais essayer. Prenant une première petite gorgée de bière pour l'imiter, je lui offris une courte réponse polie et légère.

'' Enchanté alors, Vaelian... Je me nomme Cécilia. ''

Simple réponse polie qui permettait d'être sur un pied d'égalité et ainsi de partir sur un semblant de base correcte. C'était un bon début pour discourir encore un moment ensemble. Silencieuse, je regardais simplement l'intérieur de ma pinte, faisant tourner doucement cette dernière pour créer un petit tourbillon a l'intérieur. Perdue dans la contemplation du mouvement du breuvage tournoyant, je fus surprise par le petit discours de Vaelian. Des réflexions qui eurent comme l'effet d'une flèche dans mon être. Me crispant aussitôt un peu en serrant plus fortement mes doigts autour de la pinte, je levai mon regard vers lui, le fixant en silence. Un regard mitigé, perdu entre la frustration, l'incompréhension et une pointe de colère. On remettait souvent en doute mes compétences, très souvent même. La majorité du temps, la raison était simplement que comme j'étais une femme... Eh bien, j'étais de base moins douée.

Une stupidité qui m'énervait toujours autant malgré les années. Une énormité qui me faisait hair les hommes intensément et j'avais bien l'impression que j'allais aussi détestée Vaelian maintenant. J'avais l'impression qu'il se jouait de moi. Stupide homme... Bon juste a mourir sous les coups de la fange. Grinçant des dents, je soulevai ma pinte pour prendre une gorgée de bière, gardant toujours mon regard sur lui avant de murmurer d'un voix sifflante et légère, voir menaçante.

'' Tout ça parce que je suis une femme. Comme toujours. '' Une réflexion faible, a peine audible alors que je faisais de mon mieux pour inspirer et expirer lentement pour tenter de me détendre avant de m'énerver vraiment, le fixant de mon regard brunâtre.

'' Je ne vis pas a Marbrume et je refuserai toujours de vivre a Marbrume. Je ne fais pas partie de la Milice de Marbrume, mais de la Milice externe. Avec ma coutellerie, nous protégeons les convois et explorons l'extérieur. Je ne suis pas a Marbrume.. Bien compris ? '' Ma réponse avait été beaucoup plus froide que je pensais. Acerbe, ma répartie avait été froide et sans délicatesse.

Un soupir s'échappa d'entre mes lèvres alors que je relâchais simplement ma pinte, posant mes coudes sur le bord de la table pour joindre mes deux mains ensemble, venant appuyer mon front contre mes poings. J'étais déja exaspérée par la situation, mais je faisais de mon mieux pour me détendre. Inspiration suivit d'expiration lente et calculée, je finis par abaisser mes poings pour appuyer simplement mon menton dessus.

'' Je peux être prétentieuse. Je m'en moque. On dit souvent que toutes les femmes le sont ? Je n'ai jamais vécue a Marbrume, ni même au Labret. J'ai vécue un peu partout dans les forêts et marécages. On m'a déja affublée de sobriquets et de rumeurs éparses. Même si cela doit s'être améliorés un peu depuis le temps après avoir aider a protéger Marbrume a l'époque. Que tu me crois ou pas. Ça te regarde. Ma vie n'a pas été facile, voir même qu'elle a été complexe. Mais je l'ai aimé. ''

Ma voix était neutre, un brin énervée, mais beaucoup calme et posée qu'avant. J'avais rentrée les griffes, me calmant un brin. Comme une chatte qui est acculée contre un mur j'avais sortie les griffes pour me défendre, maintenant que c'était fait, je pouvais les ranger. Probablement qu'il allait mal le prendre, c'était même fort probable. Secouant un peu ma tête, ma capuche tomba complètement sur mes épaules alors que je soulevais ma pinte pour boire un peu.

'' Usson a bien grandis depuis la dernière fois que j'étais venue. Elle semble même relativement prospère. ''

Et bien ma journée allait être peut être plus agitée que je ne le pensais. Lorsque j'entendais son prénom Cécilia j'imaginais la jeune femme vivant en campagne d’épanouissement dans ce monde. Mais rapidement le tableau se refroidit. Elle semblait ne pas avoir aimé ma remarque qui selon moi était pourtant vrai. Personne de vivant en ce monde connait les régions totalement hors Marbrume...

Lorsqu'elle justifiait ma réponse elle pensait que parce qu'elle était une femme ? Qu'est-ce que j'en avais à faire qu'elle soit une femme. Deux de nos divins sont des femmes et j'avais vécu une nuit des plus risquées avec une Sergente de la milice qui valait parfois le danger des missions en extérieur...Les femmes de notre monde ont tendances à vite croire que nous autres hommes sommes tous les mêmes des simples débiles qui penses avec nos parties intimes et que nous ne serions que les seuls représentants de la force dans ce monde...

Il est clair que Cécilia était pleine d'idées trop bien connues hélas par moi même et le reste de l'humanité.Les hommes ont tellement jouée aux enfants égoïstes en écrasant le potentiel des femmes de ce monde...L'union fait la force pas la division je me disais en l'écoutant...

Alors que je subissais ses attaques verbales froide et rugueuse. Je ne me débattais pas à me défendre en réponse directe. Elle avait besoin de sortir cela on dirait...Alors je la regardais ne lâchant pas son regard insistant et déterminé qui voulais bien me dire qu'elle avait vraiment vécu voir survécu hors Marbrume.

Une forme de fierté en ressortait dans sa bouche. Une femme comme ça avait largement sa place dans la milice je me disais. Une fois son flot de réponse épuisé qui se terminait doucement sur le vie à Usson. Je la regardais toujours, je buvais une gorgé de ma bière. Je me redressais le dos droit. Je tournais légèrement la tête vers les clients avec un sourire léger qui se dessinait sur mon visage. Je soupirais et répondait à Cécilia en regardant les gens dans un premier temps.

"Je me contre fiche que tu sois une femme Cécilia...J'ai connue des femmes bien plus couillus que beaucoup d'hommes dans ma vie de milicien. Accepte juste l'idée que tu es comme nous tous tu as tes limites. Personne de vivant en notre monde ne connait les limites de régions alentours...on ne sait même pas s'il y a peut être des villages ou château qui résistent. Je tuerai pour retrouver l'Ouest de ce monde..."

Je continuais de regarder les gens et retournais mon regard sur elle

"Regarde toi, tu es une femme déterminée, tu t'affirmes devant moi comme une milicienne de l'extérieur qui n'a pas peur...Tu me rappels une Sergente de la cité..."

Je reprenais un peu de bière en posant celle-ci sur la table je faisais signe à l'aubergiste que j'avais faim. Il avait l'habitude de savoir ce que je voulais en nourriture en fonction de ce qu'il avait. Il me faisait signe qu'il m'avait vu et reviendrai une fois ma commande prête.

"Tu es une femme de caractère et heureusement car dans la milice il y a beaucoup de péteux qui veulent juste une lame pour se croire soit supérieur ou pour se dire qu'ils sont armés au cas où...Une grande majorité d'hommes que tu sembles trop bien connaitre...Mais il n'y a pas que ce genre d'homme Cécilia, croit le où non je ne suis pas juste un homme avec des couilles et qui pense avec. Je suis avant tout un humain qui cherche juste un peu d'espoir hors des murs de la cité qui est fatiguée par l'usure du temps et de la crise..."

Je reprenais mon souffle à travers un peu de breuvage au passage et regardait l'équipement de la milicienne

"Tu as survécu en foret seule ? Où bien tu as croisé la route de certains qui n'ont plus leur place en Marbrume ? Je demande cela pas parce que tu es une femme avant que tu me ressortes tes griffes mais tout simplement parce qu'ils peuvent avoir tendance à aider les gens parfois même si on raconte des horreurs sur eux ils n'en restent pas moins des humains enfin certains...."

Je sentais bien que Cécilia avait un vécu difficile mais un peu comme nous tous...Mais il semble qu'il y avait autre chose chez elle. Une forme de tempête en elle qui ne s'arrêtait pas...Cela tournait dans sa tête on dirait. C'est ce que je ressentais suite à ses réponses.

"Tu parles de ta vie au passé toi ? A moins que cette bière soit plus forte que je ne le pensais il me semble parler à quelqu'un de bien vivant devant moi ? Te sentirais tu un morte depuis que tu as rejoins la milice ou bien rejoint de coutellerie ? Si tu aimais tant ta vie dehors pourquoi se forcé à rejoindre la milice ?"

Je voyais Gregor venir avec deux bols fumant. La période de l'année où nous étions ne laissait pas trop de place aux grands festins. Soupe de légumes avec un peu de pain en accompagnement voilà qui était un déjeuner des plus réconfortant.

"N'est pas peur de cette soupe elle ne va pas te rabaisser ou te dénigrer tu peux en profiter en paix. Et pour te répondre Usson restera Usson...prospère oui mais surtout un vrai bordel sans vrai chef...C'est selon moi d'ailleurs le gros problème du Labret mais passons...J'aimerai que tu m'en parles plus sur tes connaissances de l'extérieur enfin si tu te sens de me parler sans me jeter cette soupe à la figure ? "

Je la regardais avec un sourire amusé. Je ne voulais pas de mal à cette Cécilia juste des réponses concernant l'extérieur et pourquoi pas en apprendre plus sur elle. Qui sait j'avais peut être devant moi une guide voir même une sœur d'arme fiable ou pas ?

Cette histoire prenait une tournure de plus en plus surprenante. Une tournure que je n'aurais crue espérer ou songer. Je parlais et parlais encore et encore, jetant a sa figure un torrent de frustration qui me tourmentait sans cesse. Cela faisait du bien de parler autant sans barrière et sans gêne. Une drôle de libération pour moi qui n'aimait pas discuter avec qui que ce soit habituellement. Avais-je donc si besoin de cette petite libération depuis tout ce temps ? Probablement que oui. Surtout que cet homme semblait inflexible devant mon monologue. Silencieux et de marbre, il m'écoutait encore et encore sans émettre la moindre répartie ou réflexion pour me couper. Il m'écoutait simplement, ce qui était pour moi une grande surprise en soit. Habituellement, les hommes me coupaient chaque fois que je parlais ou encore ils s'énervaient pour rien sans raison apparente. Mais la, c'était si différent. Vaelian me regardait simplement, attendant sagement son tour pour parler. Il ne voulait pas couper mon élan et bien malgré moi, je trouvais cela presque touchant comme réaction de sa part, surtout que je n'étais pas du tout délicate avec lui.

Concluant mon discours par une parole a propos d'Usson, je me préparais mentalement du mieux que je pouvais a sa réplique. Allait-il finalement s'énerver contre moi ? Fort probablement que oui, il avait juste été poli pour me laisser une chance. Et maintenant, j'allais probablement prendre cher. La porte de l'auberge n'était pas très loin, avec quelques enjambées, j'allais probablement être capable de fuir loin d'ici et peut-être tenter de me faire oublier ? Oui voila... Il fallait que je prépare mon plan de fuite tout de suite avant qu'il ne débute. Un soupir filtra légèrement entre mes lèvres, alors que je ramenais lentement mes mains sur mes jambes, posant mes doigts sur mes cuises, serrant le cuir de mes pantalons, alors que mes paupières se fermaient a demi, le dos légèrement vouté. Calme, il fallait que je reste calme. Oui, être calme... Comment faisait-il lui pour être si inflexible ? Ça m'énervait tellement.

Puis il parla.

Il parla simplement sans haine, sans agressivité, sans frustration. Il répliquait simplement appelant presque au bon sens qui aurait du être la première des vérités du monde. Des paroles qui frémirent lentement dans mon esprit en perdition. Des paroles qui réveillait en moi quelque chose que je ne ressentais pas souvent. De l'espoir ? Oui peut-être quelques choses du genre. Gardant donc le silence a mon tour, j'écoutais ses paroles sans défaillir malgré que j'aurais facilement pu. Mes doigts bien agrippés sur le cuir de mes pantalons, mes paupières s'ouvrirent finalement a nouveau en grand pour contempler en silence le milicien qui venait tout juste de me comparer a une sergente qui était selon ses dires aussi fière et déterminée que moi ? Une comparaison qui fit naître un sourire amusé sur mon visage, l'éclairant un peu du même ressort alors que je me redressai lentement sur ma chaise pour avoir le dos bien droit. C'est vrai que j'étais déterminée et fière de tout ce que j'avais fais, malgré que je défaillais si facilement au moindre danger.

Tel une symphonie au violon concoctée par un maître, le discours de Vaelian était limpide et simple a mes oreilles. Il n'avait pas tord sur bien des points, même si je sentais qu'il était curieux de comprendre et d'apprendre un peu mon passé. Une situation curieuse qui me drapait d'un manteau de malaise. Parler de moi, voila bien une chose que je n'avais fais qu'une seule fois par le passé. Une seule et unique fois avec une bannie. Détournant mon regard un moment alors que j'écoutais toujours ses questions et réflexions, je relâchai mes pantalons pour ramener mes mains sur la table pour prendre ma pinte pour m'offrir une petite gorgée avant de voir Gregor amener des bols de soupe. Baissant un peu le regard, j'offris un merci a l'aubergiste, un petit merci juste assez sonore pour être entendu.

'' Je ne te le jetterai pas dessus. Je sais que trop bien que la nourriture est un don précieux surtout en hiver. Au pire, je te jetterai la bière a la figure, comme ça, pas de gaspillage de nourriture et puis, tu ne seras pas bruler ainsi. C'est un bon compromis, non ? '' Mon ton est léger voir amusé, alors qu'un sourire accompagnait mes paroles. '' Ne t'inquiète pas, je sais maintenant que tu es bien plus de... confiance que je pensais. Tu écoute et tu prends le temps de réfléchir avant de tempêter comme certain. Merci. ''

Mon regard s'abaissa un moment vers le bol fumant. Ramassant la cuillère d'une main, je lla fis tourner lentement dans la soupe avec une attention toute particulière.

'' Tant que tu m'offre un peu de ton passé, je n'ai rien contre parler un peu du mien. Même si le mien est tortueux. '' Petit silence alors que je réfléchis. '' Comme je disais, je connais bien les régions environnantes de Marbrume. De Tourbière jusqu'a Ventfroid, De Estaing jusqu'a Marbrume. J'ai tout arpenté au moins uns fois. J'ai explorer bien des recoins de ces lieux. Mais l'ouest, j'y ai songé et pensé longuement, j'ai regarder au loin... Mais j'ai oublié l'idée. J'ai entendue des histoires, des rumeurs farfelue, mais rien qui me semblait assez sensés pour y allez. Je crois que je m'étais mal exprimée tout a l'heure. Je ne suis pas bien habituée a l'alcool, je crois bien. '' Ajoutais-je simplement alors que je levais ma cuillère avec de la souper, soufflant doucement dessus avant de l'avaler.

'' Toujours aussi bonne que la dernière. '' Légèrement réflexion alors que je levais mon regard vers lui. '' J'ai toujours vécue dans les forêts, du plus loin que je me souvienne. J'ai tout appris d'un maître-forestier. Puis a sa mort, j'ai simplement vécue seule dans la forêt, me déplaçant sans cesse. Je passais la majorité du temps seule, mais il m'arrivait de venir au Labret pour m'approvisionner en vivres pour passer l'hiver surtout, parfois je faisais de petites travaux comme être guide ou encore aider a traquer une proie. J'ai apprise a survivre dans la nature comme a choisir les meilleurs endroits pour dormir en sécurité. ''

Lentement ma main souleva a nouveau la cuillère pour pouvoir reprendre une cuillérée de soupe avant de prendre une gorgée de bière, tout en jetant un regard vers les alentours.

'' Tu vois... Vivre ainsi apporte tout de même son lot de rumeurs et de superstitions. J'en ai obtenue quelques unes qui doivent être disparues, je l'espère depuis le temps. '' Lâchant ma cuillère, je levai ma main pour replacer des cheveux derrière mon oreille. '' La milice.. c'est une bien longue histoire ça aussi. Je ne le regrette pas. Je suis encore bien mitigée même la. Je veux aider, mais en même temps.. Bref, c'est bien compliquer et c'est dur d'expliquer. '' Secouant légèrement ma tête de gauche a droite, je fixai Vaelian dans les yeux. '' Et toi ?, tu m'explique le Milicien Babeurre ? ''

La rencontre de ce jour allait donc me parler d'elle. Du moins ce qu'elle veut. C'était déjà un début, il est difficile aujourd'hui d'avoir du temps pour parler de soi à un autre. D'une part vous avez beaucoup de change de ne pas survivre suffisamment longtemps pour raconter votre vie et d'une autre les gens pensent énormément à leur nombril et parler d'eux est presque un défaut exploitable pour autrui...Par chance Cécilia n'était pas de ce genre de personne.

En me racontant son parcours pour survivre en notre doux monde je dégustais sereinement ma soupe. La chaleur de celle-ci apportait une forme de réconfort, de plus j'avais apprécié sa réponse drôle et détendu sur ce splendide plat que Gregor avait fait. La simplicité culinaire de cette auberge pouvait paraitre fade pour un fin gourmet de la noblesse mais pour un milicien comme moi qui mange parfois des racines c'était un vrai luxe.

Étonnamment l'ouest la questionnait elle aussi. Comme quoi je n'étais pas le seul à imaginer un espoir autre que Marbrume ? Quand elle parlait de ses connaissances sur la zone environnante je sentais presque une vrai passion chez elle. Comme une nostalgie qui parcourait ses lèvres. Je regardais son visage et ses cheveux me disant qu'elle avait la tête d'une femme qui en a trop vu comme beaucoup de milicien aujourd'hui...

Une fois que Cécilia avait terminé de se découvrir à minima je souriais à sa dernière phrase avec ce surnom que je trouvais peu charismatique mais amusant. Reprenant une gorgée de pinte je repris la parole

"Voilà donc une triste histoire que tu me racontes là, l'histoire d'une femme qui a du apprivoiser la foret et vivre dans un univers bien moche...Et malodorant bien que certains quartiers de Marbrume sont pires niveau parfum...J'espère que tu trouve une sorte d'équilibre dans la milice mais sache que celle-ci est là pour le peuple le vrai peuple selon c'est celui qui laboure ces champs et aussi le forgeron ou la boulangère en Marbrume qui nourrit noble et prête..."

Je regardais ma pinte voyant le fond je la terminais et reprenait

"Ma vie à moi est assez simple...avant tout ce bazar je vivais à l'Ouest. Comme tout le monde je pense j'ai perdu quasiment tout famille, amis...chat aussi...Ce monde m'a donné la change de rejoindre la milice...heureusement pour moi je sais manier une lame ce qui est un avantage précieux en ce monde...Puis j'ai servi en ville la grande cité...Mais j'ai vite compris que cela ne me convenais...j'étais quelqu'un d'autre..."

Je reprenais un peu de ma soupe en prenant le bol et non la cuillère pour boire.

"J'ai demandé une mutation en extérieur je sentais que cela me convenais plus. Une forme de liberté de l'esprit surtout...Marbrume a des murs solides pour protéger de ce qui peu y entrer mais on oubli qu'elle garde aussi tout ce qui déjà dedans y compris la bêtise humaine..."

En parlant de ces points là de moi je regardais autour de nous. Un bon feu, des gens jouant à des cartes faites maison...une vie simple une vie d'avant ?

"J'ai fait l'erreur avant de partir pour ma nouvelle affectation de faire un pari stupide...qui a mal tourné..."

A cet instant je montrais ma crinière blanche avec la cuillère en main puis je signifiais à Gregor que je voulais une autre pinte en retournant celle qui était vide.

"Depuis j'ai un surnom stupide mais au moins on ne m'oublie pas...bizarrement j'aime bien qu'on ne m’oublie pas...Et puis je pense entretenir ceci...je ne sais pas...parfois ça fait du bien d'exister pour les autres autrement qu'être un simple milicien. Et je suis d'accord avec toi Cécilia, la milice a du bon on se sent utile et important presque mais parfois on en oubli qu'on est les premiers à se faire tuer pour les autres...J'ai vu beaucoup trop de milicien oublier cela..."

Je grognais légèrement sur le moment en prononçant ces mots. Il était difficile pour moi d'admettre que ce monde ne nous laissait que peu d'alternative en tant que milicien...

"Mais tu sais il faut que tu continues à te battre pour ce que tu es toi au delà de la milicienne. C'est important je trouve enfin pour moi cela l'est. Nous avons tendance à nous dire que ce mon est ainsi...milicien, marchand, paysan, noble, prêtre...mais au fond nous sommes des vestiges d'un autre monde qu'on essai là haut de nous faire effacer petit à petit avec le temps...Pour moi explorer et défendre des routes nouvelles c'est un moyen de ne pas faire effacer notre monde...celui d'avant..."

Je regardais ma soupe qui se vidait rapidement. Je dois reconnaitre que j'aime parler et manger...

"Je suis bavard...Cécilia alors...penses-tu rester un petit temps dans le coin. J'aimerai t'entendre me parler de certaines zones en extérieurs cela pourrait augmenter mes chances de survie non ? En plus tu es agréable à regarder certes c'est un plus cela me change des autres miliciens d'ici mais surtout il est agréable de parler avec toi, j'aime bien ton naturel et puis une femme qui se balade avec un arme aussi grosse cela impose le respect"

Terminai-je avec un sourire en coin sur mon visage. Et je remerciais Gregor qui m’amenait une autre pinte.

Cette rencontre prenait une tournure de plus en plus surprenante et intéressante. Une rencontre que je n'avais aucunement prévue, songée et rêvée. Une rencontre qui m'avait un peu tordu le bras pour parler bien plus qu'a mon accoutumée. Et bizarrement, je devais admettre que j'avais comme une sensation de soulagement après avoir tant parlez. Cela avait fait bien plus de bien que je n'aurais crue ou espérée. Même si d'un point de vue extérieur, j'avais été très avare de commentaires sur ma vie et situation. J'avais a peine effleuré l'extrémité de toute ma vie, esquissant un contour qui était encore bien vide en son centre. Une situation qui ne sembla aucunement choquer le milicien qui avait simplement écouté et réfléchis. Il avait simplement étudié et évalué l'air de rien. Une situation qui me faisait toujours un brin sourire. Il avait cette tendance a user de tactiques, j'utilisais moi-même ! C'était bien amusant de rencontrer ce genre d'hommes, bien différent de la masse environnante... Oui, mes préjugés sont tenaces et virulents, et ils allaient être bien durs a faire disparaitre, mais il fallait me comprendre. Mon passé me poussait toujours a me méfier.

Dans l'immédiat, je lui offrais une parcelle de ma confiance,. ainsi que mon intérêt. Cette homme curieux s'intéressait a bien des choses qui me tenaient a coeur, ce qui rendait la discussion encore bien plus plaisante. Écoutant sans un mot sa répartie, je mangeais cuillérée après cuillérée de soupe a une cadence lente et régulière. Cette soupe était parfaite comme toujours, même si la dernière fois, elle avait été bien meilleure car j'avais amener de la viande en plus... C'était si lointain quand j'y pensais, tellement que cela me rendait songeuse et triste a y penser. Même si je n'avais aucunement le loisir de laisser mes pensées ainsi.

Levant lentement mon bol pour boire un peu de bouillon a même ce dernier, je laissais mes pensées vagabondées a l'écoute de la vie passé de Vaelian. Il avait eu une vie bien plus calme que la mienne, bien plus stable par moment. Une stabilité que j'aurais souhaité parfois, mais que je n'avais jamais eue. Et même maintenant, en temps que milicienne, je ne me voyais aucunement être plus stable, déposant lentement mon bol. Achevant la soupe, profitant encore un peu de sa chaleur réconfortante, je levai lentement mon regard vers la chevelure de Vaelian, la regardant avec attention. Puis d'un mouvement lent de la tête, je lui démontrai que j'avais bien compris l'histoire du Babeurre. Simple, mais plutôt efficace, toute aussi efficace qu'une réflexion que le milicien laissa entendre.

J'étais agréable a regarder ?

Cette phrase avait comme bloquer dans mes pensées, me faisant complètement oublier tout le reste. Je n'avais pas l'habitude de ce genre de compliments. On ne m'en disait que très rarement, voir jamais ! Ou peut-être n'avais-je jamais portée autant attention a ce genre de compliments a mon égard ? Il fallait dire que je ne pouvais pas passer par dessus aisément, l'homme était la face a moi, pas ailleurs.

Bredouillant quelques choses d'inintelligible, je sentais la gêne monter en moi, mes joues passant bien vite du rosée au rouge, colorant bien vite mon visage alors que je détournais mon regard un moment pour observer le plafond, puis le sol... Puis la table, Gregor qui amenait lentement la nouvelle pinte du milicien, puis ma propre pinte que je ramassai brusquement pour caler tout son contenu, soit pratiquement le trois-quart de la pinte, m'offrant du même coup, un petit mal de tête et tournis passager. La rougeur de mes joues ne voulant pas disparaitre, je devais quand même parler, dire quelques choses d'utile !

'' Oui, eum.. merci ? Je crois... Je suppose ? '' Réfléchis, réfléchis Céci, dis quelques chose d'autre ! Pensais-je alors. '' Oh oui, comparez aux grands marécages de l'Oubliance a certaine période de l'année, Marbrume n'est pas si mal coté odeur. '' Clignant un peu des yeux, l'air un brin mélangée, mon cerveau analysa lentement ce que je venais de dire et aussitôt, ma main se leva pour venir se plaquer sur mon visage et mon front. Il fallait que je me calme avant de dire plus de stupidité et puis ce petit tournis était embêtant et puis, je me sentais plus légère.

'' Eh bien, je ne sais pas combien de temps je reste a Usson. Tout va dépendre de mon coutilier et du convoi, mais je ne pense pas que nous allons repartir aujourd'hui, surtout que selon, l'officier Legros, une tempête se prépare au loin, du moins, c'est ce qu'il pense en regardant le ciel au loin et ces très nombreux nuages. ''

Regardant en silence mon bol, puis ma pinte, je levai un regard vers Gregor en levant une main pour lui faire signe que je souhaitais une nouvelle pinte.

'' Je ne suis pas une grande bavarde, Vaelian. Mais je veux bien faire un effort comme c'est un sujet qui me plait beaucoup et comme tu semble plutôt motivé. Ça me fera plaisir de discuter de tout cela. Et puis si cela peut t'aider pour le futur, ça sera encore mieux. ''

Patiente, mes mains s'étaient jointes sur la table, mes doigts de la main droite s'insinuant entre ceux de la main gauche, comme du sable qui s'évertue a s'inviter dans la moindre interstice. La rougeur sur mes joues était toujours visible, mais plus faible, bien plus due a l'alcool qu'a la gêne maintenant.

'' Tu es quand même bien courageux d'avoir abandonné ta stabilité tranquille de Marbrume pour venir ici. Une stabilité que je ne réussirais probablement jamais a supporter. C'est ce qui me fait douter encore de mon choix. Vais-je trouver la milice trop stable ? Trop rigide ? Même si j'ai choisis l'extérieur. ''

Secouant un peu ma tête, alors que je voyais Gregor venir me porter ma nouvelle pinte. Je lui tendis la vide ainsi que le bol de soupe.

'' La soupe est comme dans mes souvenirs, Gregor. Excellente et parfaite. ''

Souriant simplement en hochant la tête, l'aubergiste sembla ravi du compliment que je lui avais offert avant de prendre ma nouvelle pinte pour prendre une gorgée plus modeste que la dernière que j'avais prise.

Voilà à présent que la jeune milicienne ne se sentait pas bien. Les mots semblaient se perdre dans sa bouche au point qu'elle se sentait...presque mal à l'aise. C'était bien la dernière chose que je voulais qui lui arrive à mes côtés. Je me demandais sur le moment ce qui se passait dans sa tête. Mes yeux s’écarquillent un peu plus en voyant ma collègue milicienne engloutir sa pinte. Elle qui disait qu'elle n'avait pas l'habitude de l'alcool.

Je devais avoir touché une corde sensible, pourtant nous ne parlions que des environs de sa vie à l'extérieur. Je comprenais un peu mieux pourquoi elle était assez réservée finalement...A en voir sa réaction elle n'avait pas l'habitude de passer du temps avec quelqu'un sans que ceci ne soit forcé...Je venais de découvrir une vérité qu'elle semble vivre depuis longtemps. Celle de la solitude qui s’ entrechoc avec la vie de groupe. Elle disait avoir vécu seule en forêt...loin de tout...Je la croyais au vu de ce qu'elle me disait mais sa réaction en disait long selon moi sur la difficulté qu'elle devait avoir à vivre dans notre monde.

Une fois cette phase d'instabilité je remarquais qu'elle tentait de reprendre les choses ne mains. Bien que l'alcool n'allait peut être pas l'aider au vu de sa maigre expérience avec ce dernier. Cherchant à lui prêter main forte dans son esprit je lui répondais concernant certains point en buvant ma pinte.

"Ma fois je te remercie Cécilia de pouvoir partager de ton savoir sur les environs, les gens d'ici se limitent beaucoup au labret et principalement aux terres cultivables ils s'enfouissent bien les ruines alentours...Sauf quand je reviens avec du matériel agricole ou des caisses de graines à semer en bonnes états étrangement...Tout ce que tu peux m'apprendre sera un atout de plus."

Puis je terminais ma soupe sereinement regardant ensuite la milicienne et reprit quand elle me parlait de mon courage d'abandonné la vie à Marbrume...Voilà bien un mot que je ne pensais pas entendre courage...Aujourd'hui on a tendance à oublier ça aussi que le courage est une ressource précieuse mais pour moi c'était surtout la volonté de vouloir vivre une vit qui me convienne dans ce tas de merde qu'était notre époque.

"La seule chose que je peux te dire au sujet de ma décision Cécilia, c'est que j'ai très vite compris que Marbrume est un parfois plus dangereux que l’extérieur...En restant en ville comme je te le disais on peut avoir tendance à oublier les menaces de l'extérieur même dans la milice...Et même pire on redécouvre la connerie humaine...C'est bien une chose que je vomis c'est ça...Moi même j'ai été stupide à plusieurs reprises en ville...Je ne te conseillerai pas de trouver de la stabilité de toute façon...Quand on voit notre monde la stabilité est presque une tombe qu'on creuse...Tant qu'on aura pas sécurité plus de terre on restera dans la merde...Et personnellement je n'ai pas comme envie de vivre dans la merde toute le long de ma vie."

Je reprenais de quoi m'hydrater le gosier avec une lampée de la pinte que j'avais. Celle-ci me donnais une sensation amer à chaque fois mais tellement agréable dans cette période hivernale. J'avais remercié Gregor pour nous avoir débarrassé des écuelles pour la soupe. Brave homme je me disais...Lui n'avait pas autant de choix de nous autres miliciens

"Ce que je peux te dire c'est qu'être milicien en extérieur offre plus de choix que l'intérieur. Nous pouvons escorter une caravane ou bien explorer...On peut prendre le temps d'une soupe et d'une pinte pour parler entre nous. De toi à moi la milice peut te convenir si tu fais comprendre à la milice que tu n'es pas qu'un pion qu'on bouge dans un marais ou une réception de noble...On est des soldats mais surtout des humains qui ont le devoir de raconter, enseigner aux paysans et autres civils ce que monde offre en bien et en mal."

Je regardais un instant Cécilia dans le yeux et sourit en coin

"Le problème que tu as c'est que les hommes ne te vois pas comme une femme qui peut leur apprendre des choses, ils te voient comme un garde mangé où fourrer leur saucisse le plus souvent. Sans vouloir t'offenser...Il faut du courage pour être une femme de la milice bien plus que quitter une stabilité de vie je pense...."

Je regardais à la fenêtre le soleil qui traversait les quelques fenêtres

"En ce qui concerne la tempête oui ce soir elle devrait se présenter à nous tu devrais te trouver une chambre pour prendre du repos dans la journée et prendre un bain peut être. Je sais qu'après une rude journée d'escorte un bain est excellent pour nos carcasses. Dit moi veux tu retourner à la forge une fois cette pinte terminée ? Je propose car moi ma dague est surement prêtre alors que toi ton gros engin à besoin d'être inspecté."

Je souriais à ma dernière phrase et buvait ma bière. Cécilia était une fille sympathique et humaine mais surtout qui voyait plus loin que son arme ou bien la récolte qui va être stocké pour l'hiver ou autre...

"Après moi je suis bien à table ici, on peut parler un plus de toi ou de moi ou de la région au choix milicienne."

"

Tout va bien, tout va bien. Une meilleure phrase qui défilait lentement et inlassablement dans mes pensées alors que je reprenais en main un peu plus ma situation. Alors que l'épisode du compliment s'éclipsait lentement au coeur des mes songes et que l'alcool balayait tranquillement ces dernières tel un torrent de pluie balayant les champs, mes joues restaient bien malgré moi teintées d'une jolie couleur rosée délicate qui offrait un peu de couleur sur mon visage plutôt fade et simplet. Ainsi donc, je parlais simplement sans détour, m'évertuant a répondre a ses paroles a la hauteur de ses espérances. L'alcool m'aidait bien a être bien plus a l'aise dans la situation ou je me trouvais. Même si mon regard restait la majorité du temps accroché sur le visage du milicien, il s'évertuait a observer parfois les alentours pour surveiller avec un brin de méfiance la populace dans l'auberge. Je n'y pouvais rien, je me méfier toujours de tous ceux qui m'entouraient et même si, j'avais un peu plus confiance en Vaelian, je ne pouvais en dire pareillement de tous ceux ici présent.

Inclinant lentement ma tête de coté laissant ma chevelure doré dégringolée sur mon épaule, je fus un brin surprise par la répartie du milicien qui semblait tant amère dans ses paroles envers Marbrume et la situation là-bas. Une répartie que je ne pouvais qu'acquiescer car moi-même, je pensais beaucoup de ce qu'il disait a ce sujet. Marbrume possédait bien quelques avantages certains, mais en même temps, il possédait bien plus de vices et de défauts qu'ils faillaient purger. C'était pour cela que la Fange existait, nettoyer la folie humaine et purifier l'humanité sous le regard des trois.

Hochant simplement ma tête d'avant vers l'arrière pour marquer le moment, il avait raison sur bien des points que cela soit la stabilité ou même le travail de la milice a l'extérieur. Il n'y avait pas a dire, j'étais bien contente de l'avoir rencontrée par pur hasard dans la forge. Même si je détestais discuter et parler, je trouvais quand même cela plus agréable que de devoir être avec les autres miliciens de ma coutillerie. Dans tous les cas, je soulevai ma pinte pour m'offrir une petite gorgée de bière, une gorgée qui manqua sortie l'instant suivant alors qu'il parlait d'un sujet bien sensible d'une manière si franche et crue. Clignant un moment des paupières en le fixant l'air un peu surprise et interloquée, je le fixai un instant, rétorquant d'une voix légère.

'' Tu sais que tu es un vrai poète dans l'âme sur ce sujet. '' J'avis tentée d'être un brin comique, mais je ne le quittais toujours pas du regard, soulevant ma pinte pour reprendre une gorgée. '' J'espère bien que tu ne me vois pas comme un garde-manger ? Je n'aimerais pas devoir raccourcir cette fameuse saucisse. '' Avertissement ou menace, dur de dire, même pour moi, car ma voix ne s'était pas élevée le moindrement. J'avais parlé doucement, laissant ma réflexion flotter un moment dans l'air avant de poser ma pinte, jetant un regard par une fenêtre.

'' Un bain chaud... Oui, ça serait une idée. Même si je peux m'en passer... Tout comme une chambre, je pourrai toujours me faire un petit abri dans la neige ou encore en haut d'un arbre. Je ne suis pas difficile. Oui bon, ce n'est pas toujours bien confortable, mais au moins c'est gratuit, même si un peu dangereux. Mais c'est bien aussi ainsi. '' Mes épaules se haussèrent légèrement l'air de rien alors que j'inclinais ma tête d'un coté, puis de l'autre avant de lever mon regard vers le plafond en soupirant un peu. '' Même si avec la tempête qui doit arrivée cette nuit, j'aurais besoin de bien plus qu'une simple branche pour être tranquille, triste réalité de l'hiver. L'été est bien plus simple et permissif. Dans le doute, je chercherai peut-être une chambre tout a l'heure. '' Je n'avais aucunement envie de le faire, mais avec la tempête et le fait que j'étais bien loin de cachettes potentielles a l'extérieure.

'' Hum, oui la forge. Je dois juste veiller sur cet engin un peu. '' Sur ces mots, je me penchai lentement de coté pour agripper le sigfroi pour le poser sur la table, avant de prendre une nouvelle gorgée de bière. '' Tu en avais entendu parler de cette nouvelle arme par ici ? Ça ne fait pas très longtemps qu'elle est née dans les armureries Marbrume. L'invention qui devrait théoriquement offrir un gros avantage contre la fange. Du moins, c'est ce qui est prévu. Pour l'heure, elle est encore en test. Déja que je ne connais pas grand chose aux arbalètes standards, je me suis retrouvée avec quand même, car je suis la plus douée a distance de ma coutillerie. '' Un petit rire mi-amer, mi-amusé filtra entre mes lèvres alors que je soulevais ma pinte pour prendre une plus longue gorgée pour clore la relation avec la bière avant de poser la pinte vide sur le coté.

'' En espérant que la forge soit moins occupée que tout a l'heure. Dans le pire des cas, nous pourrions marcher un peu a l'extérieur. Ou encore nous attendons plus comme tu disais. Je m'en moque un peu en vérité. A part me trouver un coin pour me reposer, je n'ai rien a faire pour le reste de la journée. Le coutillier Legros nous a donner congé pour le moment donc ça va. Et toi, tu as beaucoup d'autres occupations a t'occuper autre qu'allez a la forge ? ''

Les réponses de la milicienne étaient assez amusantes. On dirait que je venais presque de la choquer par rapport à la manière où je la définissais. Cécilia prenait le temps de répondre de manière plus calme et presque pas sur la défensive. Elle semblait enfin se détendre et s'habituer à avoir une conversation avec moi.

Certes je ne recherche pas forcément un échange extrêmement constructif mais surtout divertissant. Avec les mots je pouvais m'autoriser un peu à m'évader ou bien exprimer ce que je pouvais ressentir. Une chose bien difficile là encore en ce monde. Étant donnée que nous vivons dans une forme d'illusion de groupe chaque mot ou acte peuvent être vu comme un acte contre le peuple. Même si parfois on doit faire face au peuple lui même. Au delà de ces idées grises qui trainaient dans mon esprit durant les réponses de ma collègue.

En prenant le temps de l'écouter je remarquais que l'alcool devait avoir un rôle aussi dans sa détente dans les mots au moins. Elle me parlait de son arme à distance. Qui semble puissante de ce qu'elle me disait mais en soi je ne m'arrêtais pas forcément dessus...Les fangeux sont rapides et une arme pareille dans le cœur de l'action... Je souriais légèrement en l'écoutant aussi me parler d'un bain, une chambre etc...

Elle s'infligeait vraiment une gymnastique de pensée très stricte et pauvre surtout. Certes nous étions à l'extérieur de Marbrume mais nous devrions tout de même profiter du confort à notre disposition. Après tout quand cela est possible pourquoi sans privé si cela ne vient pas gêner autrui ?

Alors la suite de ses réponses qui finalement ne prenaient guère de position je la regardais toujours assis le dos droit pinte à la main.

"Ma fois Cécilia je ne vais pas te le cacher rester au chaud ici est un luxe qu'il va mettre difficile d'en sortir pour le moment. Après si je puis me permettre la forge ne va pas s'enfuir mais je peux comprendre ton besoin d'être sur que celle-ci ne manque de rien pour ton arme."

Je regardais ensuite cette arme si moderne

"En ce qui concerne cette chose, je ne sais pas si elle est vraiment un atout elle semble lourde, et lente à la visée. Je ne sais pas face à des fangeux si elle donne l'occasion de survivre plus longtemps. Peut être par surprise mais le plus souvent ce n'est pas notre cas..."

Je continuais de regarder l'arme puis la carrure de Cécilia

"Tu n'as pas peur de perdre une épaule avec la puissance de cette chose ? En plus il aurait peut pu faire l'effort de faire quelque chose de plus...élégant...Une arme c'est aussi un peu d'élégance qui se mêle à l'efficacité...Mais qui suis-je pour juger les stratèges et ingénieurs de Marbrume ? "

A ceci je buvais un peu de cette pinte dans laquelle je commençais à me lasser de son goût. Revenant dans ma tête aux propositions de Cécilia sur marcher ou la forge je reprenais avec une certaine décision déjà faite dans ma tête.

"Franchement je pense que je vais rester encore un peu ici comme je le disais le bon feu et les gens heureux est un tableau qui me réchauffe aussi bien les pieds que le cœur. Et pour ce qui te concerne Cécilia je pense qu'il te faut vraiment un bain...la route laisse des traces sur chacun de nous. Et puis tes os t'en remercierons aussi. Si besoin l'auberge ici peut te préparer ça ? Prépare toi en revanche à ne pas avoir d'arbre ou autre environnement t'agripper ou te cacher."

Je souriais de nouveau reprenant rapidement avant qu'elle réponde

"Je plaisante ne le prend pas mal mais tu restes une humaine et refuser un bain quand cela est possible est folie dans ce monde si austère si besoin je t'avances le bain et la chambre pour toi ce soir. Prend cela comme un remerciement de ne pas me raccourcir ma saucisse et surtout comme un geste de respect que j'ai envers toi tout simplement."

Ni plus, ni moins, j'ai trop connu par le passé des souffrances autres que les blessures physiques ou même verbales. Cécilia était une femme agréable certes mais qui avait un vécu assez riche dans le sens instable et en indécis. A des moments je voyais en elle la jeune femme presque sauvageonne survivaliste de ses débuts dans ce monde...Et à d'autres moment cette milicienne qui se cherche. Notre époque est un merdier dans lequel chacun cherche une route meilleur...Mais à quel prix au point de nous perdre soi même ?

"Tu sais je n'ai pas vraiment d'amis en soi...J'ai plus des souvenirs d'amis...Aujourd'hui je ne cherche pas à me faire des amis mais je dois te reconnaitre que cela à du bon de pouvoir parler avec une femme qui n'a pas de courbette verbale ou encore de crainte de dire ce qu'elle pense. Ca aussi c'est devenue une chose rare ici...De mon côté je dois aussi me méfier je me dis...Je ne sais pas vraiment grand chose de toi hormis les contours d'une histoire de vie..De toi à moi..."

Je marquais un silence

"Tu dis avoir vécu en forêt....As-tu déjà croisé des bannis ou des sectaires ? Voir même du croiser le fer avec eux ? Je te le demande car moi même je me dis que cela peut arriver un jour pour moi et j'ai bien peur que je ne laisserai pas les mots parler en premier...Hmmm je te parle de sa car on rencontre de drôle de gens dans les ruines ces derniers temps..."

Je regardais Gregor au loin qui semblait heureux et refixait ensuite Cécilia. La journée s'écoulait paisiblement mais Cécilia m'avait donné envie de plus comprendre sa relation avec les environs du Labret...Pourquoi es-tu aussi curieux je me disais...? Tout simplement parce que j'avais quelqu'un de différent peut être ?