Sujet: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mar 3 Nov 2020 - 14:13
Usson, 31 octobre 1166 Deux heures après le lever du soleil
La grande foule s'était massée dans le Temple d'Usson et au-delà et les Labretiens observent les événements avec fierté. Cela faisait longtemps que le Labret n'avait plus été le centre mondain du monde. Et si les projecteurs sont braqués sur Usson, les Labretiens le doivent à un homme têtu qui a tenu à ce que le mariage se fasse ici, dans le Labret. Et c'était tout sauf évident, quand on sait que depuis la reprise du Labret, il n'existe aucune salle des fêtes. Evidemment, il y avait d'autres priorités, mais à dater d'aujourd'hui, il n'est pas impossible que cette situation change
De l'aveu de tous les témoins, c'était une magnifique cérémonie de mariage. C'est que, de mémoire de Labretienn, cela faisait longtemps qu'on n'avait plus vu autant de beau monde à Usson, en tout cas pas depuis l'apparition de la Fange. Le Temple s'est paré de ses plus beaux atours et le prêtre qui a officié à ce mariage a été à la hauteur de l'événement. Il faut dire aussi que les mariés sortaient de l'ordinaire.
Le marié est le Comte Aymeric de Beauharnais et le noble est surtout connu pour deux raisons. La première raison est qu'à peine un mois après l'acquisition de son titre, le Comte a quitté la sécurité des enceintes de l'Esplanade à Marbrume pour venir s'installer dans le Labret, au domaine de Pessan dont il est devenu l'intendant, avec sa fille, la jeune Vicomtesse Alix de Beauharnais, âgée d'à peine 9 ans. Le fait qu'un noble quitte l'Esplanade pour s'installer au Labret a été porteur d'espoir pour plusieurs personnes parmi lesquelles Mathilde Dumas, fermière de son état. La reprise de la forge d'Usson par le Comte a aidé également à ce que ce dernier bénéficie d'un apriori positif des labretiens.
Le second élément remarquable concernant le Comte est son statut de héros du Chaudron. Convoqué pour participer au tournoi organisé pour le couronnement royal, Aymeric, comme d'autres, s'est distingué par ses faits d'armes lorsque le Chaudron a été envahi par la Fange. Des rumeurs prétendent que ses talents d'archer et sa capacité de mener ses hommes auraient sauvé de nombreuses vies. Mais jamais le Comte ne confirmera ou n'infirmera ces rumeurs, restant d'une discrétion absolue sur les événements qui se sont passés dans le Chaudron.
Cependant, les regards des témoins et convives à ce mariage n'étaient pas tournés vers le Comte, mais vers sa future épouse, Idalie d'Auvray, qui depuis quelques minutes est la Comtesse Idalie de Beauharnais, car nombreux étaient ceux et celles qui au Labret se demandaient qui était cette femme qui avait su faire fondre le coeur du Comte. Oh, elle était loin d'être un mauvais parti. Soeur du Sergent Zephyr d'Auvray, ancien Banneret des Ventfroid qui s'était lui aussi distingué dans le Chaudron, Idalie est d'une réputation irréprochable. Erudite, chanteuse émérite et active dans plusieurs bonnes oeuvres, parmi lesquelles la créaton du Bonheur des Âmes en collaboration avec la Comtesse de Pessan qui peut soigner des indigents, Idalie n'avait pour entacher sa réputation qu'un seul argument aujourd'hui éteint, celui de ne pas être mariée.
Mais lorsqu'elle est apparue au bras de son frère pour se diriger vers l'autel, un murmure s'est fait entendre. Dans sa robe couleur sang et argent, la mariée était tout simplement étourdissante. Les regards que les mariés ont échangé ont convaincu les plus romantiques d'une chose : Il s'agissait là d'un mariage d'amour et non de convenance.
En quittant le Temple, mains nouées pour un ruban aux anciennes couleurs des d'Auvray, les mariés sont radieux. Aymeric sourit, ce qui reste rare et idalie semble rougir. Est-ce sa réserve naturelle qui s'exprime ou le mot que son époux lui a glissé à l'oreille qui ont provoqué cet état ? Elle seule le sait. Mais cela faisait longtemps qu'on n'avait plus vu si beau monde à Usson. Outre le tout frais couple comtal et la Vicomtesse de Beauharnais, on peut compter le Baillis qui honore le Labret de sa présence, deux Sergents et au moins trois Comtes ou Comtesses, Apolline de Pessan, Irène de Valls et Jacob de Rivefière. Un troisième héros du Chaudron fraîchement marié et installé au Labret, Merrick Lorren, coutilier de son état, est également signalé présent.
Cet apport mondain est une opportunité unique de se faire connaître pour de nombreux artisans du Labret et le côté publicitaire de l'événement ne leur a pas échappé. Aussi furent-ils nombreux à vouloir être associé aux festivités et il a fallu désigner des superviseurs. Mathilde Dumas est celle qui a été choisie pour gérer tout ce qui est nourriture, choisissant les meilleurs artisans et leur permettant, avec l'accord du Comte évidemment, de porter pour cette journée le titre de 'Fournisseur officiel du mariage". La jeune Vicomtesse Alix de Beauharnais s'est chargée des décorations et de la musique, obtenant l'aide et le concours d'artistes, couturières, teinturiers. Sa tenue, comme celle de son père a d'ailleurs été confectionnée ici, au Labret et plusieurs artisans locaux ont été sollicités pour apporter luminosité et couleurs au lieu de fête. La nouvelle Comtesse s'est chargée des places attribuées aux invités et le Comte a supervisé le tout, assurant aussi, avec l'aide de la Compagnie des Lames et en collaboration avec la Milice, la sécurité des lieux.
La plus grande difficulté logistique aura été de trouver un lieu pour accueillir tout ce monde et il est vite apparu que le meilleur lieu pour ce faire était... le bâtiment principal du domaine de Pessan lui-même.
Le rez-de-chaussée accueillera la fête et les Fournisseurs officiels du mariage ont été autorisés à installer tout ce qui est nécessaire, que ça soit la décoration ou les nourritures, sous la supervision de la préceptrice de la Vicomtesse Alix de Beauharnais, qui vit sur les lieux, pour tout ce qui est décoration et placement des convives, et de Mathilde Dumas, pour ce qui est culinaire.
Les invités, eux, furent convoyés d'Usson au Domaine, un trajet d'une demi-heure où les hauts rangs purent bénéficier d'un voyage en carriole ou comme nos mariés en chariot, et les autres firent le trajet à pied, sous la supervision de mercenaires à cheval ou à pied. Le même important convoyage est prévu pour ramener les invités à Usson, avant le coucher du soleil. En espérant que la météo reste clémente et que les Trois continuent de protéger ce mariage en tenant éloigné les bandits et la Fange.
Une fois dans l'enceinte du bâtiment, vous serez invités à rester à l'intérieur, pour d'évidentes raisons de sécurité, et de garder portes et fenêtres closes. Les blindages et la solidité des pierres offrent une garantie relative de sécurité qu'il convient de ne pas affaiblir. Un moment d'égarement pourrait entraîner un massacre et ici, au Labret, chacun en est pleinement conscient.
- Messire, Amis de la Noblesse, messieurs, mesdames, Labretiennes et Labretiens,
C'est un honneur pour mon épouse et moi-même de vous recevoir pour célébrer nos noces et la présence de chacun de vous est une joie pour ma fille et nous. Nous vous rappelons cependant que même en ce jour de fête, le couvre-feu reste d'application et qu'il conviendra d'avoir retrouvé vos pénates au plus tard une heure avant le coucher du soleil car un soleil déclinant incite la Fange à montrer le bout de son nez. Ceci n'est évidemment pas négociable, ni pour vous, ni pour nous.
Merci de ne pas quitter l'enceinte du bâtiment et de pas grimper aux étages, qui sont nos appartements privés et ceux de la Compagnie des Lames. Maintenant que ces règles sont rappelées, et parce que je sens d'ici l'agréable odeur de pain qui cuit, nous déclarons les festivités ouvertes !
Spoiler:
Tout personnage qui a une raison RP d'être au Labret à cette date est la bienvenue à ces noces. Trouver un motif à votre présence ne sera pas bien compliqué. Soit vous êtes noble, prêtre ou officier, soit vous faites partie des artisans "Fournisseurs officiels du mariage", soit du personnel (garde ou mercenaire, domestique, serveur), soit compagnon ou compagne d'un des précités, ou même brillant pique-assiette qui a su rejoindre la fête. La seule exception, pour motif RP, concerne les habitants de Sombrebois. Un article annexe sera posté pour toute question éventuelle. Nous vous invitons à rester actif sur ce RP et à le prioriser afin de ne pas laisser un éventuel partenaire en plan. Et surtout, amusez-vous ! La foire aux questions est ici !
Dernière édition par Aymeric de Beauharnais le Dim 7 Fév 2021 - 22:46, édité 4 fois
Aymeric de BeauharnaisComte
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mar 3 Nov 2020 - 14:16
Nous ne sommes que trois heures environ après le lever du soleil que déjà notre Comte ne cesse de songer : "Quelle journée...". Et il ne le dit pas avec un énorme enthousiasme. Il sent déjà que dans sa vie, ce jour sera le jour le plus long. Oh, il est ravi d'avoir épousé Idalie, que personne n'en doute. Mais là, il préférerait être seul avec elle, et pas que pour la bagatelle, bien que l'idée lui plaise et que l'attente jusqu'au moment où ils verront le loup rajoute à cette impression que ça sera un jour sans fin. Mais Aymeric est et reste ce qu'il est, un solitaire et un taiseux qui, quand il doit parler, parle trop. Là, il n'a qu'une seule envie, prendre son arc, ses flèches et fuir dans les Marais, lieu où il est à peu près certain de ne croiser personne. Personne d'humain à tout le moins.
Aller jusqu'au Temple d'Usson en petit comité ne lui a pas déplu. Sa fiancée, sa fille, son futur beau frère, sa propriétaire, son palefrenier, cela faisait déjà un poil trop de monde pour lui, mais il s'y attendait. Par contre, la foule... Il pensait avoir eu une idée brillante en organisant son mariage au Labret. Oh, pas pour le coup publicitaire que ça ferait au grenier de l'humanité, non, mais pour le fait que ça lui éviterait de croiser du beau monde. Venir au Labret est dangereux, et il était convaincu que les nobles se désisteraient poliment. Tu parles... L'idée a tellement plu que même le Bailli est venu. Avec la propriétaire du Domaine, qui n'y avait pas mis les pieds depuis la chute du Labret, Jacob de Rivefière, dont la présence est la moins surprenante, le gaillard étant comme lui un guerrier ou même Irène de Valls. Cette dernière n'était même pas là à son premier mariage. Enfin, il croit. Bon, ce mariage était moins mondain. Lui était totalement inconnu et sa fiancée avait une réputation sulfureuse. On ne la surnommait pas la "Veuve noire" pour rien. Il n'y a eu qu'un mariage plus choquant que celui-là depuis, celui d'Hector de Sombrebois avec la roturière Rosen machinchose.
Et à l'église, la population... Tout Usson est sorti pour voir les futurs mariés. Visiblement, son mariage à lui les remplissaient de joie, alors qu'il ne connait pas le dixième de ces gens et qu'il ne les a, pour la plupart, même jamais croisés. Mathilde et Alix avaient raison, son statut à lui leur permet à eux de rêver. Mais Aymeric n'arrive pas à l'intégrer, il ne s'est jamais senti "Comte". Idalie est beaucoup plus noble que lui. Et bon sang qu'elle est belle dans cette robe, tellement belle qu'il n'a même pas songé à la lui arracher et c'était bien la première fois. Tant mieux, quelque part, il a pu se concentrer sur le prêtre et il a su prononcer ses voeux. Il a simplement demandé aux Trois de l'aider à tout faire pour que son épouse soit heureuse ici, et avec lui. Sans user de grands mots, ça n'est pas son genre. Il est allé à l'essentiel.
Le retour a été une torture pour lui. Il a été convoyeur par le passé, il reste l'un des meilleurs archers et fait partie des rares qui peuvent sortir seuls avec une petite chance de revenir intact et là, main nouée à celle de son épouse, il n'aurait même pas pu prendre un arc pour les défendre et a dû faire confiance aux autres. C'est fort possible que pour la première fois depuis longtemps, depuis qu'il a appris à vivre avec la Fange, Aymeric ait eu peur pour lui et pour les siens. D'ordinaire, il n'a peur que pour les siens. Autant dire que l'arrivée à la "ferme", qui tient du manoir, soyons francs, il l'a vécue comme une délivrance.
Et si de nombreuses personnes ont profité de l'absence des mariés pour mettre en place le buffet et les décorations, c'est la première fois qu'Aymeric pouvait admirer le travail fini. Et pour la première fois depuis le début de la journée, il a fait fi de l'étiquette et des convenances pour rejoindre sa fille, la soutenir avec son bras valide sur lequelle elle s'est assise pour la porter jusqu'à son visage et l'embrasser tendrement sur la joue.
- Vicomtesse, vous avez passé des semaines pour préparer au mieux cette fête et je suis impressionné. C'est magnifique, en tout point. Et je doute qu'il y ait père plus fier que moi en cet instant. Tu me connais, ma seule pensée en voyant tout ce monde est de fuir chasser dans les Marais, mais pour toi je n'en ferai rien et j'essaierai de me montrer hôte aussi admirable qu'il convient de l'être, même s'il y a des chances que j'échoue. J'espère que mon mariage permettra de corriger quelques erreurs, comme l'absence d'une salle des fêtes, histoire que le prochain mariage auquel je participerai soit parfait. Et il a intérêt à l'être car ce sera le tien. Je prierai régulièrement les Trois pour que tu trouves ton Idalie à toi, un homme au coeur noble et qui sache te rendre heureuse. Et dans l'attente, j'espère que tu le seras avec moi, et avec elle. Et j'espère qu'elle saura t'apporter ce qu'un père ne peut offrir à sa fille. Je vous aime, Vicomtesse et en ce jour je le réalise plus que jamais !
Un sourire radieux et plus que sincère, suivi d'un soupir.
- Et maintenant, et j'espère que tu me pardonneras, il me va falloir appliquer toutes ces sornettes qu'on m'a apprises pour que les gens pensent que la maison de Beauharnais est une maison où on sait recevoir. Ce qui me réjouit, c'est que dès demain je pourrai vous confier cette mission à Idalie et à toi et surtout ne plus avoir à m'en charger !
Idalie de BeauharnaisComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mar 3 Nov 2020 - 15:41
Il faisait encore nuit noire lorsqu'Idalie fut tirée de son lit par Ilda, sa domestique. Elle bâilla et se redressa lentement, ayant l'impression de n'avoir dormi qu'une poignée de minutes. Elle n'avait pas échappé à la nervosité de la future mariée et aurait bien pris une ou deux heures de sommeil de plus, mais dans une ou deux heures, elle serait en route vers le temple afin d'y épouser son fiancé, le comte Aymeric de Beauharnais.
Alors que sa maîtresse sommeillait encore à moitié, Ilda, elle, était déjà bien réveillée. N'ayant pas une seconde à perdre, la servante incita Idalie à s'extirper des couvertures pour aller s'asseoir un peu plus loin, où tout le matériel pour la préparer en vue du grand jour avait été soigneusement disposé la veille. « Ilda, j'aimerais...
- Plus tard, avalez d'abord cela! »
Ilda enfourna un morceau de pain couvert de confiture dans la bouche d'Idalie, qui n'eut d'autre le choix que de le manger pendant que la servante s'affairait déjà à démêler sa chevelure. Le passage aux latrines devrait attendre, semblait-il...
***
Au bras de son frère, Idalie ne put s'empêcher de baisser brièvement les yeux avec pudeur lorsqu'elle sentit tous les regards des invités se poser sur elle. En présence de son aîné, sergent émérite de Marbrume, elle n'attirait généralement que peu l'attention. Cette fois, cependant, Zephyr d'Auvray était presque invisible, et les murmures qui s'élevaient parmi les observateurs ne le concernaient pas. La mariée était au cœur des échanges discrets des invités, qui complimentaient sa beauté ou s'émerveillaient devant sa robe et son voile aux couleurs de la maison Beauharnais, rouge sang et argent. Ceux qui la connaissaient s'étonnaient de la voir porter si bien de telles teintes, elle qui privilégiait normalement les tenues pâles, douces. Sous leurs regards se dévoilait une nouvelle femme. Idalie d'Auvray devenait Idalie de Beauharnais.
Avançant parmi les convives, Idalie rejoignit son futur époux, devant qui elle s'arrêta. Après avoir serré doucement la main de son frère dans la sienne, elle posa son regard dans celui d'Aymeric et sourit tendrement. Malgré son cœur qui se déchaînait dans sa poitrine, elle se sentait sereine.
La semaine passée au manoir, bien que très prenante, lui avait permis d'apaiser plusieurs de ses craintes. Elle avait reçu au domaine Pessan un accueil chaleureux et avait tranquillement, mais sûrement commencé à prendre ses marques dans la demeure et les alentours. Si la menace de la Fange planait davantage qu'à Marbrume et l'inquiétait toujours, elle avait été rassurée de voir que la sécurité était prise très au sérieux et que rien n'était laissé au hasard. Et surtout, elle avait pu passer davantage de temps avec Aymeric. En compagnie de son frère et de tous les autres invités la majorité du temps, mais aussi en tête à tête, lors d'une nuit où résister à l'appel de Serus avait été particulièrement difficile et lors de courts instants volés à l'abri des regards. Ces moments avaient suffi pour faire naître entre eux une affection toujours grandissante et l'espoir d'un mariage heureux.
La cérémonie débuta et se déroula dans une grande solennité. Idalie suivit chacune des étapes avec toute la ferveur que l'on attendait de la part d'une bonne croyante et d'une jeune femme souhaitant voir son mariage béni par Anür, Serus et Rikni. Elle connaissait toutes les prières et en murmurait chaque mot du bout des lèvres lorsqu'elle ne devait pas les répéter à voix haute. Au cours de la cérémonie, elle jeta de subtils coups d'œil dans l'assemblée pour chercher une dernière fois l'approbation de son frère qui, pour toute réponse, se contenta de lui sourire.
Les époux prononcèrent leurs serments devant les Trois, puis furent invités à échanger des vœux.
« Aymeric, commença-t-elle simplement. Devant tous ces témoins et, surtout, devant les Trois, je vous promets d'être celle sur qui vous pourrez toujours compter, durant les jours ensoleillés comme durant les tempêtes. Je vous promets de vous redonner le sourire si vous êtes triste, de vous soigner si vous êtes blessé, de vous aider à affronter toutes les épreuves que la vie mettra sur notre chemin. Je vous promets de vous respecter et d'honorer votre nom. Je vous promets de vous chérir, vous, mais aussi Alix, et de tout faire pour bâtir un foyer heureux pour notre famille. »
Idalie laissa un court silence s'installer, se contentant un instant de sourire à Aymeric, lui signifiant ainsi qu'elle aurait pu lui faire mille autres promesses toutes aussi sincères que celles qu'elle venait de lui exprimer. Elle choisit cependant de conclure avec une promesse qui englobait toutes les autres :
« Corps, âme et esprit, je suis aujourd'hui vôtre et le resterai pour l'éternité. »
Elle se tut, laissant Aymeric parler à son tour. Ses vœux furent succincts, mais Idalie ne s'en inquiéta nullement. Elle savait déjà qu'Aymeric se confiait davantage sur ses sentiments dans l'intimité et elle ne doutait pas avoir l'occasion de l'entendre murmurer des promesses à son oreille lorsqu'ils seraient seuls. Le temps n'était cependant pas encore venu et, déclarés mari et femme par le prêtre, Idalie et Aymeric traversèrent le temple pour rejoindre la carriole qui les ramènerait au domaine Pessan pour la fête.
Main nouée à celle de son mari, la nouvelle comtesse de Beauharnais se permit de soupirer de soulagement une fois la route amorcée. La cérémonie s'était déroulée à la perfection et elle en était infiniment reconnaissante aux Trois. Son mari semblait toutefois préoccupé désormais et, sans pourtant cesser de sourire, elle le questionna du regard. Au bout du compte, elle n'eut qu'à suivre le sien pour comprendre qu'il s'inquiétait pour la sécurité de leur convoi, et ce, malgré les mesures de sécurité mises en place. Sans rien dire, elle posa sa main libre contre la sienne, autant pour le rassurer que pour se rassurer elle-même. Tout irait bien. La Trinité veillait.
***
« Oh, c'est magnifique », souffla Idalie en voyant le décor enchanteur mis en place pour célébrer ses épousailles.
Elle regarda les alentours avec satisfaction et émerveillement, remerciant chaque personne qu'elle croisait pour ses efforts tandis qu'Aymeric l'entraînait pour rejoindre Alix. Elle sourit alors chaleureusement à l'enfant, tentant de suivre avec le plus de fluidité les mouvements d'Aymeric alors qu'il félicitait sa fille.
« Savoir recevoir, c'est également ne pas toujours laisser son mari se cacher dans son bureau ou partir à la chasse dès que quelqu'un met les pieds dans la maison », se moqua gentiment Idalie devant l'enthousiasme d'Aymeric, qui pensait être entièrement tiré d'affaire.
Elle rit, puis s'adressa ensuite à Alix :
« C'est splendide, Alix, je n'aurais pu faire mieux. Tout est absolument parfait. Tu as travaillé dur et, maintenant, je souhaite que tu profites de la fête. Une si jolie demoiselle dans une si jolie robe se doit de danser! »
Idalie sourit une nouvelle fois à Alix, puis balaya rapidement les alentours du regard, observant les domestiques, les fournisseurs ainsi que les invités qui pénétraient dans la demeure au compte-gouttes. Elle reposa ensuite son attention sur Aymeric et posa une main délicate et affectueuse contre sa joue.
« Accueillons nos invités, passons voir les artisans, puis mangeons et, surtout, dansons, offrit-elle, radieuse et espiègle. Tu es beau comme un prince et il me faut valider que tu as bien retenu l'ensemble de mes leçons. C'est pour la science. »
D'un léger mouvement de la tête, elle désigna ensuite leurs mains liées par le ruban :
« Préférerais-tu le nouer autour de mon poignet ou souhaites-tu garder nos mains ainsi entrelacées jusqu'à ce soir? »
Spoiler:
La robe (mais avec des motifs argent) :
Alix de BeauharnaisVicomtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 4 Nov 2020 - 10:05
Aujourd'hui était un jour heureux.
Réveillée très tôt par une immense excitation, elle s'était habillée seule de sa jolie robe de fête, rouge et argent, qu'elle réalisait depuis des semaines, en panne de velours, aidée par la servante.
Aujourd'hui était un jour heureux, plus que n'importe quel autre.
Aujourd'hui, son père se mariait. La petite Alix avait été rassurée par la douceur et la gentillesse de sa belle-mère, qui semblait contente - étonnamment - de sa présence ; et même si elle savait qu'elle devrait désormais partager son père, elle en était contente. Il était bon qu'un homme prenne épouse, et ait une progéniture légitime : c'était l'ordre des choses, et elle était prête à l'accepter.
Elle s'aventura dans la demeure encore endormie et sombre, savourant les derniers instants de paix de la journée, vérifiant consciencieusement les réserves, les gâteaux déjà cuisinés, et les décoration, à la seule lumière de sa petite bougie.
***
Installée au premier rang du Temple d'Anür, la jeune vicomtesse de Beauharnais sentait son coeur battre très fort. Elle n'avait jamais rêvé que sa mère vienne vivre avec elle - enfin, si, mais plus depuis quelques années - mais elle était à peu près sûre qu'Idalie serait une merveilleuse maman. Elle était si belle dans les couleurs des Beauharnais, elle semblait si riche, si policée et gracieuse...
Comme dans un rêve, l'enfant chanta les cantiques avec les invités, esquissa un sourire amusé et attendri en voyant les amoureux s'embrasser. Les gens honnêtes étaient si purs, de si meilleure compagnie que ceux qu'elle avait autrefois côtoyés. C'était véritablement un autre monde et grâce aux Trois, elle n'en sortirait plus jamais.
Comme tout le monde, elle lança quelques rubans sur les mariés, sur le chemin qui les menait à leur carriole pour repartir au domaine ; et ce fut le coeur léger qu'elle y monta à son tour, se plaçant en retrait, laissant les deux tourtereaux commencer paisiblement leur vie à deux.
***
Une musique joyeuse et enlevée, au-dedans comme au dehors.
De la nourriture fraiche et suffisante, des décorations qui paraient fièrement les murs et la place, des marchands devant leur étal : tout semblait enfin en place. Cette si longue et fastidieuse préparation donnait enfin ses fruits, et le sourire de chacun tournait un peu la tête à l'enfant. Ce mariage était un peu son oeuvre, et, malgré son envie de donnait de danser, Alix prenait son travail très au sérieux, et n'hésitait pas à aller de l'un à l'autre pour savoir si tout se passait bien.
Après tout, elle était la vicomtesse de Beauharnais, et son devoir de rendre son père heureux passait avant tout !
D'ailleurs, son père et sa nouvelle s'approchèrent d'elle, alors qu'elle finissait de grignoter un petit bout de tresse à la confiture.
Ses joues rougirent. Puis son visage entier.
Les louanges de son père, sa gentillesse, sa générosité. Ses bras aimants et doux, le baiser qu'il lui appliqua sur la joue. Elle ferma les yeux, sentant les larmes rouler sur ses joues ; se serra contre cette silhouette robuste et rassurante, avec un enthousiasme confinant à la dévotion. Il était fier d'elle, il l'aimait è pour ces mots, Alix ferait à jamais n'importe quoi pour les mériter.
Jusqu'à la mort !
- "Je t'aime, papa. Je vous aime. Je.. je.. J'ai pas de mots pour vous dire... Que je suis heureuse pour vous... et que je veillerai pour toujours sur votre bonheur. Il n'y a personne que j'aime plus que vous deux. Papa... Maman."
Son cœur battait si fort, ses joues étaient si rouges. Ses larmes étaient si douces et si salées.
Elle se frotta les yeux vigoureusement lorsqu'il la reposa à terre. La petite fille se hâta d'embrasser le dos de la main d'Idalie, de leur offrir une jolie révérence... et d'aller danser, l'âme légère, laissant la fête se dérouler en présence de sa belle-famille.
Desmond de Rochemont
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 4 Nov 2020 - 23:22
Usson ? Au début j’ai cru à une mauvaise blague, pourquoi des nobles allaient se marier dans ce coin paumé, alors que l’Esplanade est bien plus sécurisée et agréable. Mais le comte Aymeric de Beauharnais a toujours été un original, car il avait émigré de lui-même pour ses terres loin de tout et c’est pourquoi le mariage se déroule là-bas.
J’ai décidé de m’y rendre car il y aura sans nul doute des femmes nobles célibataire et ce genre d’évènement est toujours bon pour les rapprochements, certaine peuvent même baisser leurs gardes et je compte bien en profiter. De plus, je connais l’heureuse élue, Idalie d’Auvray, et je suis sûr d’y être bien accueillis, en plus il ne va pas y avoir grand monde à part des bouseux et c’est toujours bien d’avoir des gens avec du prestige.
Je n’ai pas amené avec moi, mon nouveau suivant, Milas, car il est trop jeune pour un tel voyage et en plus je n’ai guère eu le temps de le former. Je suis donc seul, voyageant léger avec ma monture et un cheval de bat contenant mes affaires et le cadeau pour les mariés. J’arrive juste à temps pour la cérémonie et je rejoins le banc des nobles, à côté d’Apolline à qui je fais un bref signe de tête, notre dernier entretien c’est mal terminé. Je vois d’autre personnes mais je n’en reconnais aucune et j’assiste sans un bruit aux échanges de vœux, reconnaissant que je me suis trompé, il y a bien plus de monde que je l'aurais cru.
Je ne peux m’empêcher d’être un peu jaloux, car j’aimerais bien être à la place du maitre des lieux, mais je me détends en me persuadant que mon tour viendra. Tout se passe bien et quand nous sortons, je vois différents moyens de locomotion, mais je préfère prendre mon propre étalon, sécurisant ainsi davantage le convoi. Heureusement pour tout le monde, le trajet se passa sans encombre et nous arrivons ainsi devant une bâtisse fortifiée.
Je descends donc, laissant mes chevaux aux palefreniers et après m'être changé, ne gardant que mon épée à la ceinture, j’entre dans le bâtiment, qui est plutôt bien décoré, je dois même dire que je suis surpris par ce luxe que je pensais réserver à la capitale. C’est donc favorablement impressionné que je m’approche du couple et que je dis à l’homme, en m’inclinant :
Comte de Beauharnais, je n’ai pas encore eu le plaisir de vous être présenté, je suis le Chevalier Desmond de Rochemond.
Je me tourne ensuite vers sa femme et je lui dis en souriant, m’inclinant à nouveau :
Comtesse, je suis ravi de vous revoir, Milas vous envoie ses salutations.
Puis, m’adressant aux deux :
Je vous adresse toutes mes félicitations pour votre mariage, que le bonheur qui vous unit aujourd’hui dure toute la vie. Vous avez réussi à faire de cet endroit un endroit charmant et très agréable.
Je suis sincère dans mes compliments, ils forment vraiment un beau couple et leur bonheur illumine les lieux comme un phare. D’ailleurs je vois à un moment, un visage familier et je m’incline devant la petite vicomtesse pour lui dire :
Enchanté de vous revoir mademoiselle, vous êtes magnifique dans votre robe.
Aymeric de BeauharnaisComte
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Ven 6 Nov 2020 - 17:04
- C'est moi, l'homme de la maison !
Rappelle discrètement Aymeric à Idalie. C'est que bon, c'est encore lui qui décide... du moins en public. Évidemment que parfois il devra être là, mais c'est quand lui le décidera. Et bon, il a assez connu la vie de couple (cela reste relatif, quelques semaines) pour savoir que parfois, céder, c'est éviter des problèmes bien plus gros que d'avoir à supporter un invité. Une épouse qui te fait la gueule, ça aussi, ça peut taper sur le système. Et même s'il aime être dehors, y'a bien des moments où il faudra rentrer et si c'est pour affronter madame qui fait la tronche. Alors, qu'Idalie lui laisse ses espoirs, Aymeric est assez grand que pour savoir cerner la réalité. Mais comme il l'a dit avec le sourire, possible qu'Idalie comprenne qu'il aimerait juste, parfois, avoir l'impression de l'être. Son sourire, cependant, s'agrandit quand Idalie félicite Alix, parce qu'il sait que c'est sincère et il se doute que c'est important pour la petite.
- Si même Idalie apprécie la décoration, c'est qu'elle est vraiment parfaite. Je n'ai pas un goût sûr pour ces choses, mais elle, oui. Tout comme toi. Cela s'était senti au bal royal.
Elle l'envoie danser, à juste titre. Le beau sergent Zephyr n'est pas encore en main, puis il y a Pyo et Leanne, les deux enfants qu'Aymeric a placés au Labret après les avoir fait libérer de l'emprise de Rougelac. Idalie l'informe qu'elle veut manger puis danser et Aymeric acquiesce. Après tout, c'est ce qu'il convient de faire lors des noces. Et le discours d'Alix le touche profondément.
- Attention, Vicomtesse, ma réputation de noble guerrier risque d'être solidement entachée si vous continuez à m'émouvoir aux larmes. Ceci étant, mon bonheur ne peut être parfait si toi tu n'es pas heureuse.
Pour ce qui est du ruban, la réponse d'Aymeric est beaucoup moins enjouée
- Vu le plaisir pervers avec lequel ce prêtre a multiplié croisement et noeuds, je doute qu'on puisse récupérer ce ruban avant l'arrivée du printemps, à moins qu'on ne demande de l'aide à ceux qui disposent de doigts habiles et fins. Car il me déplairait de couper dans tes couleurs famili...
Mazette, le bestiau. Aymeric n'est pas impressionné, c'est que ce gabarit trop athlétique lui a rappelé feu son frère. Il ne le connait pas, car le bonhomme est reconnaissable et de loin. La différence ne dérange pas Aymeric, même si de prime abord l'autre le domine clairement. En étant trente centimètres plus petit et en pesan au moins cinquante kilos de moins, quand c'est en muscle, on pourrait penser que le rapport de force serait totalement en défaveur du Comte. Mais ça serait une erreur. Aymeric est un félin, très souple et très vif et s'il peut éviter de tomber entre les pattes de celui qui ressemble à un ours géant, le combat n'est pas perdu. Sans omettre que notre Comte est doué au combat à distance et qu'il en a déjà fait la preuve. Mais bon, avec une main liée à celle de son épouse, le combat tournera court. Par contre, il fouille dans sa mémoire pour se rappeler quels sont les "géants" qui font partie des combattants ou de la noblesse. Il y a bien ce milicien à Marbrume qui s'est occupé de son cheval, et fort bien, quand il enseignait les arts archers aux miliciens. Pour le reste, hormis le "garde du corps" de Rougelac dont il n'a qu'entendu parler et qui n'a aucune raison d'être présent ici, il ne voit pas. Quel était le nom de cette montagne de muscle ?
- De Rochemont ? L'ogre de Rougelac ?!
L'exclamation est venue trop fortement et trop spontanément pour ne pas avoir été entendue et le bruit de lames qu'on sort du fourreau a dû s'entendre aussi, a minima du chevalier Desmond de Rochemont. Mais de sa main libre, Aymeric fait signe à ses hommes de ranger leurs lames, encouragé en cela par la main d'Idalie qui s'est serrée sur la sienne pour l'enjoindre à rester calme.
- J'ose espérer que vous êtes venu sans votre seigneur et maître, chevalier. Dans le cas contraire, cela vaudrait déclaration de guerre. De toute évidence, votre patron ne vous fait pas suffisamment confiance pour vous tenir informé de l'état de ses relations. Lui et moi sommes ennemis et l'ensemble de sa fortune en compensation ne diminuerait pas d'une once la haine que j'éprouve à son égard. Alors, voir son larbin se présenter devant moi le jour de mes noces est une faute. Rougelac n'étant pas stupide, il ne viendrait pas me déclarer la guerre en présence du Baillis. C'est donc que vous n'étiez pas au courant... et que vous devrez lui rendre des comptes. Je vous avoue que l'idée m'amuse. Il craindra probablement une gifle de votre part s'il devait vous sermonner trop vertement. J'aimerais bien être une petite souris rien que pour voir ça.
Il a un rire, signe qu'il est détendu.
- Nous rentrons du Temple après avoir été bénis des Trois et il me déplairait fortement que le sang coule ou que les insultes fusent en ce jour. C'est pourquoi je décrète une trêve. Vous êtes donc le bienvenu chez moi, d'autant qu'apparemment vous vous êtes bien tenus en présence de celle qui est désormais mon épouse, ainsi qu'en présence de ma fille. C'est pourquoi je vous autorise à rester et à profiter des festivités au même titre que tous les autres. Vous aurez quitté le domaine avant la nuit tombée et dès cet instant, vous ne serez plus le bienvenu ici. Si vous souhaitez me rencontrer par la suite, il conviendra de m'en demander l'autorisation, par écrit. Ceci est vrai pour vous comme pour toute personne qui a prêté allégeance à Rougelac. Ce dernier sera abattu s'il se présente sur ces terres. Quant à vous, ne me donnez pas de raisons de regretter ma décision. D'avance, merci, Chevalier !
Il y a les convoyeurs, il y a les mercenaires de la Compagnie des Lames. A moins d'être suicidaire, Desmond ne tentera rien. Et si Rougelac avait pour projet de l'assassiner, il aurait envoyé un autre homme que son Ogre, trop aisément reconnaissable et qui par son "profil" lui offre une relative sécurité. C'est une mauvaise surprise qu'Aymeric veut oublier, aussi invite-t-il Idalie à le suivre.
- Voir ce que les artisans proposent m'intéresse au plus haut point. J'ai aussi envie de voir mon propre stand. Enfin, celui qui a les produits Beauharnais/Pessan. Même si tu y as, forcément, déjà goûté cette semaine, avoir le retour des autres invités ne sera pas pour me déplaire, tant pour les charcuteries que pour les fromages à pâte dure. Nous sommes à la fois mariés et fournisseurs officiels du mariage.
Il l'inclut, car ils sont mariés. Visiblement, il a rapidement pris le pli.
Apolline De PessanComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Dim 8 Nov 2020 - 13:55
La comtesse de Pessan n’avait eu aucunement envie d’être là, du moins, pas pour un mariage. L’ambiance, les regards, la cérémonie, cet ensemble lui rappelait bien des souvenirs qu’elle préférait largement voir occulter de sa mémoire. Pour beaucoup, mariage rimait avec amour et sentiment positif, pour elle, il s’associait plus désormais à tristesse, amertume et incompréhension. Pour autant et comme bien souvent, l’illusion de sa silhouette, de son visage étaient parfaits. Personne n’aurait pu prétendre ou laisser entendre qu’elle ne prenait pas plaisir à encourager et féliciter ceux qui avaient fait le choix de s’associer à sa maison. Les apparences étaient souvent trompeuses et s’il y aurait fallu un seul mot pour définir cette définition, il aurait pu largement porter son nom et prénom. Prenant sur elle durant l’ensemble de cérémonie, avisant, détaillant et ayant du mal encore à réaliser comment une femme comme Idalie avait pu réellement tomber sous le charme d’un homme comme Beauharnais… Les mystères des sentiments, sans aucun doute. À moins que les Trois s’amusent à s’offrir une distraction en venant lier de parfaits opposés. Là n’était de toute façon aucunement la question pour la noble dame qui se contentait de faire ce que ses liens d’arrangement l’obligeaient à faire. Cela n’en retirait pas le petit sourire furtif qui prenait naissance sur ses lèvres par moment, alors qu’elle était convaincue qu’Idalie éprouvait des sentiments sincères à l’égard du comte, qui en un sens, ne portait que ce titre, mais n’avait pas pour autant le comportement qui allait avec.
La cérémonie avait fini par se terminer, pour le soulagement de celle qui n’avait pas la sensation d’être là où elle devait être. L’endroit était gorgé de souvenir qu’elle était convaincue d’avoir oublié, pour autant, ne pouvait-elle que se forcer à laisser les balafres du passé, dans le passé. Se redressant, elle était retournée sur ses terres, dans son domaine géré par intendance par le comte de Beauharnais, l’homme c’était investi, avait amélioré des éléments qui ne passaient pas inaperçus dans le regard avisé de la propriétaire des lieux. L’ensemble des invités avaient fini par mettre un pied dans le lieu de vie, envahissant le domaine avec cette facilité qui tirait quelques soupirs à la brune. Les lèvres pincées, elle avait fini par s’octroyer un espace pour écrire, rédiger une lettre pour un homme que son intendant n’appréciait absolument pas. Un sourire sur les lèvres, elle ne put que trouver cet acte amusant. Terminant et confiant sa missive à qui de droit, elle avait fini par se relever, fallait-il bien aussi qu’elle souffle des félicitations aux heureux de la journée.
Relevant les yeux vers une silhouette familière, la dame offrit un sourire au prêtre qui lui avait fait l'honneur d'être son accompagnateur du jour, son partenaire, celui a qui elle avait confié dans le plus grand secret son désarroi d'assister ainsi ce type d'événement.
- « Mon père, je ne sais comment vous remercier de m'avoir ainsi accompagné, j'ose espérer que vous ne regrettez nullement votre choix, j'en serais fortement confuse » souffla-t-elle en se redressant avec lenteur pour venir déposer ses doigts sur avant bras et lui murmurer simplement « Profitez de cette soirée mon père, buvez, riez, festoyez, je promets de garder secret de vos agissements, nous avons tous besoin de nous évader parfois, n'est-ce pas ? » un simple sourire, alors qu'elle l'abandonnait pour le laisser pleinement profiter, aucun doute qu'elle aurait l'occasion de revenir vite vers lui au besoin.
Dévisageant une carrure, elle ne put que soupirer en constatant la présence d’un chevalier, qu’elle aurait préféré ne pas revoir, retrouver. S’approchant brièvement, non sans esquiver quelques interpellations, ses sourcils durent s’accentuer davantage dans la contrariété en captant les propos du comte. Extrémiste, comme à son habitude, Apolline ne put que toussoter pour acter sa présence offrant un large sourire à Idalie qui se voulait plus rassurant, que sévère :
- « Je venais vous formuler une nouvelle fois mes félicitations, suis-je ravie de voir les liens se faire dans ce domaine très cher à mon cœur » souffla-t-elle « Rassurez-vous donc nul sang ne coulera dans ce lieu, ni en ce jour, ni dans les jours à venir, nous n’avons tous qu’une guerre en tête, celle contre la fange, n’irions-nous nullement à l’encontre des choix du Roi dans son entente avec l’ensemble des titres de noblesse » son regard insista un temps vis-à-vis de Aymeric qui était comme bien souvent trop bavard et expansif à son goût vis-à-vis de ses pensées, fut-elle ravi que le bailli ne soit plus là pour le voir « N’allons pas vous priver de vos moments, n’est-ce pas chevalier ? » l’interrogea-t-elle « allons donc goûter et savourer les merveilles que le Labret peut offrir. »
Faisant quelques pas en la compagnie de l’homme d’armes, elle attendit d’être suffisamment éloignée pour oser faire entendre sa pensée sincère :
- « Vous êtes définitivement surprenant, ou stupide » avoua-t-elle « Suis-je certaine que vous n’envisagez nullement les conséquences de votre présence » l’interrogea-t-elle sans le faire réellement « Profitez donc de la soirée et des nombreuses personnes présentes, mais apprenez à rester donc à votre place, chevalier. Le voyage à dû être rude, si je puis me permettre l’auberge de la ville est fortement agréable. »
Une manière de lui dire de s’éclipser en douceur, inutile de provoquer un quelconque scandale. Son regard ne tarda cependant pas à s’accrocher sur la silhouette de celle qu’elle n’avait pas eu jusqu’alors que l’occasion de croiser. Irène de Valis. Ne pouvant, par respect du protocole abandonner Desmond, elle prit une inspiration.
- « Bien, si vous le souhaitez, ne puis-je que vous présenter la comtesse de Valis, je devais justement la rencontrer » elle coula un bref regard.
Rapidement, ses pas la menèrent jusqu’à la silhouette à la robe aussi sombre que les plumes d’un corbeau, la femme noble était agréable, jolie et surtout veuve. Peut-être que la dame de Pessan avait l’idée de se débarrasser du chevalier pour le laisser dans les filets de cette femme aussi redoutable que sa personne ? Ou bien peut-être avait-elle une tout autre idée derrière la tête, une idée… Beaucoup moins convenables.
- « Comtesse de Valis, on ne voit que vous dans votre tenue » formula Apolline en s’inclinant poliment « Je suis heureuse de faire enfin véritablement votre connaissance, j’en suis ravie » glissa-t-elle avant de se reprendre « Connaissez-vous sans le moindre doute le Chevalier ici présent ? » elle laissa Desmond se présenter « Monsieur est, semble-t-il, aventureux en ce jour » tenta-t-elle « Je ne vous dérange pas, comtesse ? » questionna-t-elle avec un éclair de malice « j’avais une proposition somme toute aventureuse à vous faire ? Je rêve de faire quelques pas de danse, mais danser avec un homme en mon état de veuve serait offrir la possibilité à bon nombre de rumeurs, oserais-je vous proposer de vous offrir quelques pas ? »
Un sourire, simplement, alors qu’elle laisse sans doute les personnes l’entourant converser, la proposition n’était pas définie dans le temps, cela pouvait être maintenant, comme bien plus tard, cela n’avait dans le fond, pas grande importance.
les actions:
- la tenue de la comtesse avec des gants. - Apolline écrit une lettre à victor de Rougelac avant de se soucier de la soirée. - Elle rejoint Aymeric/Idalie/Desmond (et Alix?), elle laisse l'échange se faire avant de corriger, chaque noble ayant prêté allégeance au Roi, tous sont officiellement en entente et en relation. Elle nuance donc ce côte très pratico pratique du "je viens je te tue, je le tue etc..." qui pourrait ternir l'image de sa propre maison. - Elle félicite le couple bien évidemment. - Elle éloigne Desmond (mais laisse tout échange complétement se faire avant ça si besoin) - Elle rejoint Irène, avec Desmond, laisse l'échange se faire et propose à Irène de danser.
Irène de ValisComtesse & Modératrice
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Dim 8 Nov 2020 - 19:24
Orgueil mal placé, ou pure inconscience. Son esprit balançait entre ces deux conclusions depuis une bonne heure déjà alors qu’elle agitait doucement le vin dans son verre d’un léger mouvement de poignet, son regard glissant sur la foule, les gardes, les dames, les seigneurs, le petit peuple qui avait reçu l’accueil des occupant en cette journée si particulière. Oh bien entendu, officiellement, l’exploit été digne de louange. Un mariage en compagnie de la noblesse, ici, au Labret. C’était audacieux, plein de promesse, plein d’opportunité. Mais aussi effroyablement stupide. Comme une biche allant étendre son cou devant la mâchoire d’un loup affamé, juste pour voir s’il va mordre.
A la décharge des jeunes mariés, elle n’avait pas été difficile à convaincre, au contraire. Peut-être était-ce dû à son besoin de changement, à sa propre audace nouvelle ? Ou simplement une certaine curiosité morbide de voir de ses propres yeux si le sang allait couler lors des premières noces nobles du Labret ? Une part d’elle espérait peut-être ressentir une bouffée d’affection ou de jalousie à la vue de l’amour partager par le couple. Car l’amour était là. Comme il aurait dû toujours être là. Mais rien de cela n’était arrivé. Elle n’avait ressenti ni compassion, ni joie, ni intérêt particulier. Tout juste avait-elle pu percevoir un frisson lui remonter l’échine et un désagréable gout métallique sur la langue en apercevant le ruban qui nouait les poignets de deux élus en sortant du temple.
Cela ne l’avait bien entendu pas empêché de se comporter envers ses hôtes comme la plus admiratives des invitées. Elle avait levé son verre à la fin du discours, applaudit pour leur bonheur, complimenté la sobriété élégante et le respect des traditions. Un discours amusant quand on tenait compte du fait que sa tenue, des plus voyantes, faisait un pied de nez à la plupart des traditions et de la bienséance. Oh, elle n’était pourtant pas la plus exubérante de sa garde-robe, loin s’en faut. Mais ici, dans ce petit coin reculé où tout le monde ou presque était vêtu de la plus sobre des façons, son buste en grande partie par l’échancrure avant de sa robe avait de quoi enflammé l’imagination des plus pieux d’entre eux. Et le pendentif d’argent tenant la pierre d’un bleu profond qui pendait distraitement sur sa peau laiteuse ne faisait qu’attirer plus encore le regard dans cette direction. Elle s’était beaucoup amusée de voir dames et sieurs, prêtres et marchands opinait à ses compliments sur la sobriété religieuse de la cérémonie alors qu’ils parvenaient difficilement à la regarder dans les yeux.
Elle ne s’était pas encore adressée directement aux jeunes mariés. Elle voulait avant cela essayait de parvenir à sa réponse. Orgueil ou inconscience ? Et selon la réponse, Aymeric et Idalie partageaient-ils ce même défaut ? Elle avait bien l’intention de rencontrer le banneret, à présent comtesse par mariage, afin de découvrir si elle était réellement l’ingénue au grand cœur que tout le monde lui attribuait. Ou si elle cachait simplement encore mieux que les autres sa nature profonde. Elle remua la tête en signe d’approbation à une quelconque remarque d’un marchand qui lui tenait compagnie avec insistance depuis plusieurs minutes déjà. Sans doute voyait-il en elle un moyen de changer la couleur de son sang afin de rejoindre les illustres de ce monde… s’il avait connu le prix à payer, peut-être aurait-il été moins pressé. A ce sujet elle avait déjà pu se faire un premier avis des plus intéressant sur le comte de Rivefière en partageant son voyage. Mais ils avaient convenu de se concentrer sur les festivités une fois arrivés. Il y avait beaucoup de convives, et rester ensemble n’aurait été qu’une erreur en faisant courir des rumeurs, pour le moment, infondées. Elle perçut du coin de l’œil un regard posé sur elle. Elle inclina son visage de côté, et se retrouva face à un regard bleu puissant, presque brutal. Il n’était pas de glace et aiguisé comme celui de son amie alcoolique. Mais plus profond et pensif, un peu à l’image de ce que l’on récent en tentant de scruter les abîmes marins. Elle sourit en se disant que les brunes aux yeux bleus devaient surement être son style vu comme elle avait tendance à trouver charmante celles qui possédaient ces deux attributs. Ce qui était certain, c’est qu’elle-même avait semble-t-il attisé d’une manière ou d’une autre la dame de Pessan. Apolline, si elle ne faisait pas erreur sur son prénom. Elle s’était croisée plus d’une fois dans sa jeunesse, mais n’avait jamais vraiment eu l’occasion de converser. Leur père, enfin, son époux et son père, n’avaient jamais été particulièrement amis ou ennemis. Leurs cercles d’influences n’avaient jamais fait plus que se frôler, et donc les femmes des familles n’avaient eu ni à s’apprécier, ni à se critiquer. Ce qui en soit rendait déjà ce regard intéressant. Aujourd’hui Apolline avait décidé de la voir. De la rencontrer même constatât avec surprise la comtesse de Valis alors que l’hôte de la fête se déplaçait dans sa direction accompagnée d’un colosse qui peinait à se noyer dans la foule. Il fallut plusieurs secondes pour identifier l’homme en question. Un chevalier, à la solde de Rougelac si elle ne faisait erreur.
Comment était-ce déjà ? Damien ? Dominique ? Que Serus l’emporte, elle et sa mémoire devenue défaillante. Elle était déjà surprise de le voir ici. Il était de notoriété publique que Beauharnais et Rougelac n’étaient pas en bon termes, pour ne pas dire à couteaux tirés. Le colosse était-il une insulte déguisée ou se moquait-il du grand jeu ? Elle espéra que la belle hôtesse ne faisait pas l’erreur de se croire permise de lui proposer un parti pour une future union. Ce serait là une très mauvaise première approche. Elle les laissa s’approcher jusqu’à elle en se disant qu’au moins elle pourrait se débarrasser du marchand. Et jauger ces deux inconnus. La remarque sur sa tenue la fit sourire alors qu’elle s’inclinait devant eux. D’abord l’homme, puis elle, mais elle le fit plus bas que nécessaire marquant plus explicitement sa qualité d’hôte au-delà de noble. Elle était la première à lui faire la remarque, et d’une façon assez subtile pour la laisser choisir si cela était un compliment ou une insulte.
-« Le plaisir est partagé Comtesse de Pessan. Il y a trop longtemps que nous ne faisons que nous croiser. Vous êtes sublime. » Elle dût attendre que le chevalier se présente pour enfin se souvenir de son prénom. Desmond, pas si désagréable que cela à l’oreille. Elle se souvenait avoir vu passé le nom des Rochemont parmi les lettres destinées à son frère pour une possible union. Elle jeta un coup d’œil interrogateur à la dame et sa remarque d’aventure mais se contenta de poursuivre d’un ton aimable.
-« En effet chevalier, je ne m’attendais point à vous voir en ces lieux. Il est bon de voir que certaines inimitiés ne nuisent pas à de nouvelles rencontres. » dit-elle le plus innocemment du monde. A le voir comme ça, elle confirmait qu’il n’était le candidat idéal pour des fiançailles. Mais elle admettait en voyant son torse large et ses bras aussi épais que sa taille, qu’il pouvait avoir du bon à avoir pour compagnon un homme capable d’étrangler un bœuf. A condition de savoir guider une telle puissance brute. Elle aurait surement pris à son service le chevalier si Rougelac n’avait pas été son parrain. Elle secoua la tête en tournant ostensiblement le dos au marchand qui s’éloigna dépité mais conscient de ne pas être le bienvenue dans la conversation. « Pas le moins du monde ma dame. A vrai dire, je m’ennuyais notablement jusqu’à vous voir approcher. » Conclut-elle avec une honnêteté amusée, percevant la malice dans le ton de son interlocutrice.
Elle dût admettre que la proposition de la sang bleue la prit totalement au dépourvu. Ce qui, elle dut le reconnaître pour elle-même, lui plut beaucoup. C’était trop rare dans sa vie. Son sourire s’élargit encore, franchement divertie cette fois, et elle ne fit rien pour dissimuler son amusement. Il y avait mille et une opportunités pour son hôte de trouver un cavalier suffisamment distant de ses prétentions pour obtenir une danse sans choquer les plus pieux ou faire bavarder les langues les plus acérées. Et pourtant elle lui faisait une proposition à elle, frontalement et sans gêne pour les convenances qu’elle disait vouloir conserver. Comment ne pas mordre dans un appât si savamment présenter ? Elle s’inclina à nouveau.
-« Je ne puis que vous accordez votre requête Ma Dame. Vous êtes mon hôte et vous satisfaire serait un plaisir. » Dit-elle, son ton innocent marqué de nuance plus complexe qu’elle laissa bon soin à ses compagnons d’interpréter ou non. « J’adore danser ! » ajouta-t-elle comme si sa remarque ne devait rien concerner d’autre que cela.
Elle finit son verre d’une seule traite alors que l’une partition touchait à sa fin.
-« Vous nous excuserez Chevalier ? Maintenant que l’idée est lancée, je ne suis pas certaine de pouvoir attendre un autre morceau. Je suis certaine que nous pourrons deviser un peu plus tard, vous pourrez nous raconter quelques-uns de vos exploits. »
Elle s’inclina devant le colosse avec déférence déposa son verre sur un plateau qui passait non loin. L’instant d’après elle entrainait Apolline sur la piste en lui tenant la main, se faufilant entre les convives comme une enfant entrainant une complice hors du giron de ses parents trop sévère. Peut-être la dame de Pessan fut-elle surprise de son audace et de son enthousiasme. C’était une énergie nouvelle qui animait ses muscles depuis quelques temps.
Elles se retrouvèrent rapidement au centre de la piste. Moins visible de la masse, et plus portée par le son.
-« Vous invitez, vous guidez madame !» dit-elle avec malice en s’inclinant dans le premier pas d’une dance qui collerait sans aucun doute à l’envolée musicale. Et que visiblement son hôtesse connaissait aussi bien qu’elle puisqu’elle prit tout aussi vite position. Elle lui tendit ses douces mains et Irène s’en saisit délicatement. Leur premier pas glissèrent sur le sol, et elles se mirent à tourner au son des instruments.
HRP:
-Un petit aperçu de ce que porte Irène avec un jupon assorti évidemment. -N'hésitez pas à m'aborder -Malgré l'avis de mon personnage, je suis très contente de votre mariage \o -bon rp à tous
Mathilde VortigernFermière
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 9 Nov 2020 - 1:38
De la foule qui s'est massée au Temple d'Usson ou de l'arrivée en grandes pompes des mariés, Mathilde n'a rien vu... pour la bonne et simple raison que depuis la veille au soir, elle s'applique avec un remarquable acharnement à faire de ce mariage une réussite. Du moins pour ce qui concerne la nourriture...
Toute l'organisation était bien huilée. Les victuailles avaient été amassées dans les jours précédant la fête. Si les salaisons étaient estampillées au nom du duo Pessan-Beauharnais, on n'avait pourtant pas lésiné sur les spécialités locales dont le goût parfois prononcé heurterait certainement les palais les plus fins. Les fromages avaient suivi, puis les condiments secs, les légumes conservés et finalement les fruits et légumes d'automne. La dépense était considérable aux yeux de la fermière que l'on savait particulièrement économe, mais elle était restée relativement raisonnable grâce aux échanges de services et autres accords passés au nom du Comte et avec l'accord de celui-ci. En quelques semaines, Aymeric de Beauharnais était devenu l'homme le plus redevable du Labret, mais aussi celui avec le plus d'alliés qui, en ce dernier jour d'octobre, avaient bien volontiers pris le chemin du domaine pour y être vu et tenter d'ouvrir de nouveaux marchés avec les invités présents.
Si Aymeric était particulièrement redevable à un bon nombre de fermiers, apiculteurs, maraîchers, éleveurs, producteurs d'oeufs, vignerons, crémiers et pêcheurs, Mathilde, elle, avait vu sa liste de corvées s'allonger. Non pas qu'elle ait eu à s'engager pour obtenir de meilleurs prix auprès des producteurs, mais il y avait eu un inévitable couac qui avait mis en péril le mariage au grand complet. Une série d'accidents et de drames était venu réduire l'équipe de cuisiniers. Les ennuis avaient culminés deux jours avant la cérémonie, alors que le chef cuisinier, le grand responsable de l'harmonie dans les cuisines, reçoive une marmite d'eau bouillante dans le dos. Un stupide accident qui avait horrifié le personnel présent. Les plus superstitieux avaient crié au mauvais présage, les plus pragmatiques s'en étaient allés quérir les rabouteux, soigneurs et prêtres disponibles, et au milieu du chaos, Mathilde avait fait ce qu'elle faisait de mieux : enfourcher un cheval et partir réclamer de l'aide.
Le soir-même, une joyeuse troupe de paysannes prenait possession des cuisines et entamait une longue nuit de travail pour rattraper le temps perdu. La grande Jeanne, autrefois cuisinière dans une grande maison de Marbrume et reconvertie en paysanne depuis la reprise du Labret, avait pris la direction des opérations. Mathilde avait littéralement mis la main à la pâte, se joignant aux femmes pour préparer à leurs côtés ses meilleures recettes jusqu'au petit matin. Alors que le soleil se levait, les premiers mets froids étaient déposés sur les tables dont on terminait la décoration. Dans les cuisines, on chantonnait, on suait, on dansait de temps en temps pour éviter de s'endormir en coupant les pommes qui garniraient des tartes. Rien ne devait paraître, ni pour les fiancés qui devaient absolument tout ignorer des incidents, ni pour la jeune Alix déjà bien occupée par la réception qu'elle portait sur ses jeunes épaules. En fait, c'était pour elle que les femmes avaient fait le déplacement. Pour la "petite comtesse" que l'on disait si gentille, si bonne et si généreuse. Elle qui s'afférait aux préparatifs avec un incroyable sérieux et une bonne humeur qu'elle semait tout autour d'elle. Parler de la Vicomtesse suffisait à faire sourire les cuisinières improvisées, malgré la fatigue.
Au petit matin, la grande Jeanne avait appelé à un repos généralisé, et tout s'était aussitôt arrêté. Hommes et femmes s'étaient couchés sur le sol, s'étaient vautré sur les comptoirs, s'étaient adossés aux murs et aux armoires pour s'endormir une petite heure. Seul un garde était resté éveillé dans la cuisine tout à coup silencieuse afin de prévenir le personnel d'un danger éventuel. Puis, une partie de la maisonnée avait quitté le domaine pour se rendre au Temple d'Usson et la cuisine s'était éveillée pour reprendre ses activités. Les pâtés en croûte et le pain avaient rejoint le four, les marmites avaient repris leur place sur le feu, et les fourneaux s'étaient remis à chauffer pour lancer les dernières cuissons. A l'arrivée des convives, on achevait de garnir le buffet avec une première salve de mets, certains particulièrement raffinés et fins, d'autres plus rustiques. Pour les habitués, la différence entre les réalisations de l'équipe de cuisiniers de métier et celles des paysannes serait flagrante, mais on remarquerait surtout la générosité dans chaque plat. Finalement, et malgré bien des rebondissements, la réception du mariage répond aux attentes du Comte : le Labret, à sa manière, y participe. Le meilleur du savoir-faire des gens d'ici se retrouve à la table des mariés.
Comme les autres cuisiniers, Mathilde n'a pas pris le temps de se changer. Tout au plus s'est-elle recoiffée en s'éveillant après s'être rincer le visage. Son tablier, témoin du travail de ses comparses, est taché de gouttes de sauces diverses... et c'est tant mieux, car lorsqu'elle quitte, sans lui, les cuisines pour aller porter un dernier plat dans la salle de réception, sa robe est relativement épargnée et elle paraît presque présentable pour la fermière qu'elle est.
Mathilde sourit en entendant la voix d'Aymeric de Beauharnais souhaiter la bienvenue à ses visiteurs. Elle jette un oeil dans sa direction, mais s'arrête en découvrant la robe éblouissante de la mariée. Distraite, elle bouscule légèrement l'un des invités et s'arrête aussitôt, sauvant in extremis son pâté en croûte d'une chute certaine.
- Oh je suis vraiment navrée! Pardon! s'exclame-t-elle, les yeux maintenant rivés sur son plat pour s'assurer de son intégrité, avant de relever le regard sur la personne qu'elle vient de heurter.
Idalie de BeauharnaisComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 9 Nov 2020 - 4:08
Idalie se contenta d'une œillade amusée, mais bienveillante lorsqu'Aymeric lui rappela, non sans sourire, qu'il restait l'homme de la maison. Elle s'amusait à le taquiner, mais sans doute devaient-ils apprendre à se connaître davantage pour qu'il comprenne que ses espiègleries ne cachaient aucun désir d'outrepasser son autorité dans leur demeure. Sa blague était sans malice, aussi pressa-t-elle doucement sa main dans la sienne pour lui signaler qu'il n'avait pas à s'en faire, qu'elle n'avait que voulu lancer une gentille boutade à son époux parfois taciturne.
La nouvelle mariée reposa son attention sur la jeune Alix et fut touchée de la voir si émue. Elle sourit chaleureusement à l'enfant lorsque celle-ci se permit de l'appeler « Maman », attendrie, heureuse d'être ainsi accueillie dans le cœur de sa belle-fille. De sa main libre, elle saisit doucement celle d'Alix et la serra avec tendresse, la libérant ensuite pour laisser la petite aller s'amuser. Après avoir suivi Alix des yeux un court instant, elle revint à Aymeric et rit en l'entendant répondre à sa question à propos du ruban. Les nœuds étaient effectivement fort réussis et les défaire ne serait pas une mince tâche pour eux. Elle songea demander à Ilda de leur venir en aide, mais n'eut pas le temps de soumettre sa suggestion à Aymeric, car un homme dont la présence était inattendue se manifesta près d'eux : Desmond de Rochemont, chevalier affilié au comte de Rougelac.
Victor de Rougelac et ses proches n'étaient pas les bienvenus au mariage, Aymeric l'avait dit clairement. Face à l'exclamation de son époux, Idalie lui serra immédiatement la main pour l'enjoindre au calme. Hors de question que la fête tourne à la bagarre, d'autant plus que le chevalier de Rochemont ne semblait pas être venu chercher la guerre pour le compte de son seigneur.
Idalie retint un soupir de soulagement en voyant les lames être rangées promptement. Laissant Aymeric s'exprimer, elle sourit pour sa part aimablement à Desmond, qu'elle avait rencontré à peine quelques semaines plus tôt. Elle aurait aimé que son mari se contente de quelques politesses de base, mais ce dernier n'était pas le genre à garder ses pensées pour lui-même, quitte à envenimer une situation déjà houleuse. Les hommes...
Aymeric déclara une trêve et en énonça les conditions, permettant ainsi au chevalier de rester et de se joindre aux convives jusqu'au coucher du soleil. Histoire de ne pas laisser Desmond réagir trop promptement aux propos du comte, elle intervint immédiatement à la suite d'Aymeric :
« Nous vous remercions pour vos bons vœux, Chevalier. Je suis ravie d'apprendre que Milas est à vos côtés et qu'il songe encore à moi. Je suis certaine qu'il va rapidement de transformer en suivant digne de ce nom, si ce n'est déjà fait. Profitez bien des festivités. »
Aymeric l'invita alors à le suivre, ce qu'elle s'apprêtait à faire, lorsqu'elle vit Apolline. Elle sourit à la comtesse, qui ne manqua pas d'offrir ses félicitations au couple avant de rappeler à tous qu'une seule guerre comptait – celle qui opposait l'humanité à la Fange – et qu'il n'y avait pas lieu d'aller à l'encontre des désirs du roi.
« De sages paroles, répondit poliment Idalie, soucieuse de clore le chapitre et d'éviter que les esprits s'échauffent. Merci pour vos bons mots, Apolline. J'espère que la fête vous plaira. »
La comtesse s'éloigna, entraînant avec elle Desmond et laissant le couple seul. Idalie les suivit brièvement du regard, jusqu'à ce qu'ils rejoignent une autre femme qu'elle reconnut sans peine : la comtesse Irène de Valis. Lorsque l'occasion se présenterait, il leur faudrait saluer la noble en bonne et due forme, histoire de ne pas commettre un faux pas d'étiquette.
« Allons voir les petites merveilles des artisans du Labret », dit-elle en revenant à Aymeric et donnant finalement suite à la proposition faite avant que leur conversation soit interrompue.
Elle sourit à Aymeric, ne laissant nullement l'incident impliquant le chevalier faire ombrage aux festivités. Elle laissa ensuite son mari la guider, leur progression étant, en raison des nombreux invités les arrêtant pour les féliciter, lente, très lente. Par respect pour son époux, Idalie le laissa s'exprimer en premier, puis ajouta ses propres remerciements aux siens, les adaptant en fonction de son interlocuteur, mais se montrant aimable et chaleureuse avec chacun. Si elle ne s'éternisait pas, elle respectait les règles de la bienséance à la lettre afin de faire honneur au nom de Beauharnais auprès des notables.
« C'est fantastique, souffla-t-elle lorsqu'ils parvinrent finalement aux kiosques tenus par les artisans. Tout semble absolument délicieux! »
Idalie observa les produits avec un intérêt sincère, se permettant de poser quelques questions et d'échanger avec les artisans pour établir avec eux un premier contact en tant que comtesse.
« Tu me fais goûter quelques-uns de tes produits préférés? », réclama-t-elle en pivotant vers Aymeric, tout sourire.
Desmond de Rochemont
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 9 Nov 2020 - 20:46
Quelque chose ne dit que je ne suis pas le bienvenu ici, c'est comme une impression, est-ce que cela vient des gardes présents qui tirent leurs lames de leurs fourreaux ou encore l’exclamation du nouveau marié ? Je ne sais pas exactement, car j’étais plus intéressé par les différents buffets que les paroles d’Aymeric, mais je suis forcé de reporter mon attention vers ce grand gaillard car il m’apostrophe en des termes fort peu élégants.
Ce n’est pas très clair, mais j’arrive à comprendre que lui et Victor ne s’entendent pas, ce qui n’est pas vraiment une surprise, le comte a de nombreux ennemis, bien trop pour que je puisse me souvenir de tous. Avec le recul, il m’en a surement parlé à un moment ou un autre, il faudrait que je vérifie quand j’aurai un peu de temps dans mon carnet. Ensuite il parle de souris et d’autre chose, le principal c’est que je puisse rester jusqu’au soir, on verra près pour savoir où je peux passer la nuit. Mais chaque chose en son temps et chaque temps à sa chose et je lui réponds donc :
Ne vous inquiétez pas, je suis venu seul, mais je vous dois une petite précision, à la suite de la demande du Roi, j’ai juré allégeance à la Milice. Toutefois je suis toujours l’ami et l’allié de la maisonnée des Rougelac et je comprends votre décision, je serais donc partit avant que le soleil ne se couche.
À peine ai-je terminé qu’une femme que je connais fort bien se présente au roi et reine de cette journée les félicitant également avant de m’emporter un peu plus loin, me réprimant comme un enfant. Je lui réponds à voix basse :
Vous n’avez rien appris de notre précédente discussion ? Quand j’ai dit vouloir un allié, je parlais précisément de ce genre d’occasion, mais arrêtons là notre discussion, je n’ai vraiment pas envie de me disputer avec vous.
C’est vrai que je n’ai pas grand-chose à dire à une femme qui m’a insulté alors pour la première fois de ma vie, j’avais décidé d’être complètement honnête avec une personne. Pourtant lorsqu’elle m’indique qu’elle va me présenter la Comtesse de Valis, que je n’ai encore jamais fréquenter, je suis donc curieux et je me laisse ainsi entrainer.
Je me retrouve ainsi devant une toute jeune femme, très jolie et habillé de manière fort suggestive, ce qui me convient tout à fait. Je la salue fort courtoisement :
Chevalier Desmond de Rochemont.
Je n’ai pas vraiment le temps d’ajouter quelque chose, car les deux femmes s’entendant parfaitement bien, s’en vont danser, me laissant seul. Je suis un peu surpris par la rapidité des évènements mais j’en profite du coup pour vérifier deux choses dans mon petit carnet. Comme d’habitude j’ai du mal à lire, mais j’arrive à décrypter péniblement ma propre écriture et il est bien indiqué que les Beauharnais sont des ennemis à éviter à tout prix. Je lève les yeux d’agacement, il faudrait vraiment que je lise mes notes plus souvent, puis je regarde dans la liste des femmes à courtiser que m’ont préparé mes cousins et la belle Irène en fait bien partit, que voilà une bonne nouvelle !
À peine ai-je rangé mon petit cahier que je sens quelqu’un qui essaye de me faire tomber, est-ce un assassin envoyé par le Comte ? Je me tourne rapidement vers mon agresseur et je vois une servante habillée bizarrement en fermière qui tient de justesse un superbe pâté en croute. Je suis immédiatement intéressé et me penchant vers le plat, je lui indique :
Il sent vraiment bon ! C’est fait avec tes produits ? Je peux sentir la viande de sanglier d’ici, la muscade et de l’alcool, est-ce de l’armagnac ?
L’avantage de manger beaucoup c’est que l’on apprend vite à reconnaitre les plats, et même si je ne sais pas cuisiner et aucune envie d’apprendre, j’apprécie beaucoup de parler bouffe, même avec des grouillots.
Apolline De PessanComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 11 Nov 2020 - 0:08
- « Apprenez surtout à rester à votre place chevalier, je viens de vous sauver sans aucun doute la mise vis-à-vis du comte de Beauharnais, cessez donc d’aboyer et de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas. Chacun sa place, tachez de vous en souvenir. La prochaine fois qu’il vous vient à l’idée de parler ainsi à une comtesse, faites-moi confiance pour faire en sorte de vous donner le goût de ne plus jamais y revenir. »
La voix d’Apolline était restée douce, calme, posée, mais tout autant sévère et sans appel. Si elle était prête à faire des sacrifices pour les apparences, nuancer, atténuer les éléments et mettre de côté ses propres pensées, il était tout simplement hors de questions qu’elle ne laisse simplement l’idée que sous réserve qu’il était un homme il pouvait ainsi s’adresser à elle. Son titre était bien plus élevé que le sien, sa nativité et sa richesse faisait-elle un point central des négociations, lui agissait comme un enfant dénué de bon sens, rien qu’en se présentant ainsi, avait, semble-t-il encore en travers de la gorge les propos de la dame de Pessan vis-à-vis de son refus. Ne pouvait-il que s’en prendre à lui-même, avait-il fait le choix de renoncer. La comtesse n’avait que faire des inutiles et des parasites, elle aimait le pouvoir, les battants, les personnes ayant des inspirations et pas ceux qui se reposent uniquement sur un pion. Desmond pensait que sa force était en mesure de tout faire, fallait-il reconnaître que s’il avait la puissance physique, les Trois en personne avaient semble-t-il oublié de le doter du sens de la réflexion.
Pour autant, toujours sur cette base du maintien des apparences, du respect de l’étiquette, du protocole et en l’absence d’œil extérieur pour autoriser cette discussion à deux, elle ne put que l’accompagner jusqu’à celle qui était son objectif : Irène de Valis. Cette dernière était une source de curiosité pour la comtesse, qui ne la connaissait que de nom, de silhouette lointaine, de rumeurs et de murmures qui se répandaient ici et là. Amorçant un début de conversation, Apolline n’avait pu que laisser Desmond se présenter par lui-même, sans doute curieuse de ne guère le voir faire la conversation, s’essayer, fermant volontairement ou non une porte qui aurait pourtant pu être intéressante.
- « Suis-je ravie de vous tirer de votre ennui » fit-elle en suivant des yeux celui qui s’éloignait « pourrez-vous sans doute me tirer du mien » ajusta-t-elle sans en dire davantage, persuadée que le message serait aussi clair que l’eau de pluie.
La suite ne put que tirer un sourire à celle qui ne s’amusait plus depuis bien longtemps à ce type de jeu. L’amusement était venu prendre possession du fond de ses iris, alors qu’elle attendait sagement de voir où allaient mener les quelques graines qu’elle venait de semer. Contrairement au jardinage, l’ensemble sembla germer plus vite qu’elle n’aurait pu l’imaginer, alors qu’elle sentit son busque s’incliner en direction du chevalier afin de s’éclipser -pour son plus grand plaisir bien évidemment-. Un fin sourire avait continué d’étirer les lèvres de la dame de Pessan, qui loin des ruelles de la ville semblait s’autoriser quelques pas maladroits dans des cours qu’elle n’osait que rarement effleurer officiellement. Suivant celle qui venait de glisser sa main dans la sienne, l’entrainant dans une zone à la fois plus centrale, mais aussi plus discrète des regards curieux. Se plaçant dans la position adéquate, laissant courir ses doigts le long de la paume ouverte qui s’était tendue face à elle, la noble ne put relever sur le côté quelques jupons avant de se lancer.
- « Je ne sais faire que ça » souffla-t-elle les yeux brillants « Ne puis-je de ce fait que vous satisfaire ma dame » laissa-t-elle entendre « J’adore danser ! » corrigea-t-elle dans cet écho parfaitement volontairement.
Dans le fond, n’était-ce pas plus simple de guider, et d’aviser les volants de la tenue de celle qui ne ferait que répondre aux appels de ses gestes. Nul doute qu’Apolline avait toujours trouvé que durant certaines danses, le meneur était rudement avantagé. Elle ne put ainsi qu’encourager Irène à papillonner, avancer, reculer, tourner encore et encore dans un sourire qui lui convenait plus que de raison. Un instant, la comtesse crut qu’elle pouvait oublier, les regards, les murmures, les ont dits, l’étiquette, les règles de bonnes conduites. Un instant Apolline aurait voulu que la musique ne cesse pas, parce que tout semblait plus naturel, dans un échange qui n’avait rien pourtant de logique, elle menait, accompagnait sagement, laisser ses doigts effleurer les courbes, pivoter, tourner, offrir un rythme.
- « Dites-moi Irène, que fait-il que jusqu’ici, votre présence n’était qu’ombre ou silhouette passagère ? » l’interrogea-t-elle dans un instant de proximité fort courte, ou sa main était face à celle d’Irène et que les deux femmes tournaient l’une autour de l’autre, avant de changer de main pour pivoter dans le sens contraire « Dois-je murmurer des condoléances ou des félicitations ? » questionna-t-elle en laissant son regard glisser jusqu’au sien sans once de faux semblant « On murmure beaucoup à votre sujet » eut-elle le temps de souffler avant de s’éloigner
Face à la dame de l’ombre comme elle appréciait la nommer pour une raison obscure ses mains dans les siens, les bras tendus qui instauraient se rapprochement, puis cette distance, elle la fit tourner par trois reprises sur elle-même, brisant ainsi que le court de la conversation. Lâchant ses mains, levant un bras pour croiser les avant-bras en l’air et tourner légèrement, elle lui offrit un nouveau sourire plutôt rare.
- « Une dame de la ville dans les champs, vous me rendez curieuse ma dame » changement de sens, changement de bras « Me permettrez-vous à tout hasard de définir les chuchotements fondés et infondés, ou risquerais-je de rencontrer le bec du corbeau… Je ne voudrais pas me brûler les ailes…»
Un éloignement bras tendu, un nouveau tournis uniquement pour la dame de Valis alors que la comtesse de Pessan reste bien ancrée dans le sol. La musique finie par se terre, les doigts relâchent sa prise avec lenteur, elle s’incline plus que de raison, laissant son regard couler autour d’elles un instant, consciente que cette conversation est restée sans le moindre doute privée.
- « Je n’oserais vous accaparer davantage, mais, parait-il qu’ici le vin est agréable et votre palais est fin connaisseur… À moins que mes informations soient fausses, ce qui, je l’admets, me contrarirait sans doute un peu… »
Un geste de la main, elle l’invite vers le buffet, tout du moins, vers celui qui semble avoir en sa possession verre et bouteille de vin, rien de plus, rien de moins. La veuve laisserait largement s’échapper la seconde si-là était sa volonté sans s’offusquer.
les actions:
- la tenue de la comtesse avec des gants. - Apolline recadre une dernière fois Desmond avant de rejoindre Irène en sa compagnie - Elle va danser avec Irène en menant donc. - Elle laisse des sous entendus glisser sans jamais se montrer hostile - Elle propose un verre de vin à Irène pour continuer la soirée
Irène de ValisComtesse & Modératrice
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 11 Nov 2020 - 8:09
Elle devait bien admettre ne pas savoir précisément à quoi la dame de Pessan et elle-même jouaient. Les règles étaient floues, les limites semblent-ils ignorées, sans qu’aucune d’elles deux ne se soient données la peine d’indiquer qu’une partie avait commencé. Peut-être était-ce dû à l’air de la campagne, ou à l’alcool plus distillé qu’en ville ? Non, cela aurait une excuse bien pâle et mensongère, elle appréciait simplement l’audace contrôlée de son égale. Elle venait la provoquer sur le terrain des mots sans aucune autre raison discernable que la simple curiosité. Irène essaya de se remémorer quelques affaires en souffrances qu’elle pourrait bien avoir avec la famille Pessan, mais ne put rien trouver qui nécessite une telle approche. Peut-être des choses qu’elle ignorait ? Voilà qui serait assez rare pour l’impressionner du-t-elle bien admettre, sa curiosité encore plus piquée par cette simple idée.
-« Voilà beaucoup d’assurance, peut-être suis-je très difficile à satisfaire ? » Dit-elle en réponse à l’écho sans aucun doute volontaire de sa cavalière alors qu’elle lui faisait faire un premier tour sur elle-même. « De celles qui veulent toujours une danse de plus, êtes-vous certaine d’être suffisamment passionnée ma dame ? »
Les mots échangés, toujours sous le couvert d’une simple conversation étaient sans aucun doute parmi les échanges les plus direct qu’elle ait pu exprimer sur de tels sujets. Peut-être bien qu’elles se trompassent, que chacune était en réalité entrain d’aiguillonner l’autre sur un sujet totalement différent de ce qu’elles escomptaient. Cela aurait été drôle, mais improbable. L’esprit de la belle aux cheveux d’obsidienne semblait trop affûté pour une telle méprise. Elle avait plus de risque de se blesser à son contact que de simplement se méprendre sur le sens qu’elle donnait à ses mots. Il suffisait pour cela de voir la manière dont elle avait agi avec l’immense chevalier. Elle pouvait dire toute l’animosité qu’elle ressentait pour le bras droit de Rougelac, un mélange de dégout et d’agacement. Pourtant elle était bien incapable d’en deviner le motif, et encore plus impuissante à en apporter la preuve d’après les paroles de sa compagne de danse.
Ses paroles suivantes se firent d’ailleurs encore plus acérées, venant directement trancher à travers les mailles de son quotidien pour venir chercher des réponses plus emprunte de vérité. Bien que sans aucun doute charmée par son étrange personnalité, la comtesse de Valis n’en fut pas moins précautionneuse dans le choix de sa réaction. Se livrer était toujours une chose dangereuse. Si Sydonnie avait gagné le droit à son honnêteté presque totale, c’est parce que la sergente, malgré ses nombreux défauts, encourageait à un partage sans frontière de ses ressentis. Donnant l’impression que de la vérité naissait la sécurité de leur relation. A son contraire, Apolline, était plus à l’image des sirènes de conte, sa voix envoutante glissant jusqu’à l’oreille des marins avec la beauté d’un coucher de soleil. Les attirants malgré eux vers une destination inconnue, et parfois aussi mortelle que de simples récifs. Irène décida d’écouter le chant quelques instants supplémentaire, mais de se tenir loin de la barre de son navire, juste histoire de voir ce que lui voulait la délicieuse créature.
-« Les condoléances sont certainement de mises, comme la coutume l’exige. Mais n’est-il pas tout aussi nécessaire de saluer le changement quand il s’avère de bon augure ? Si j’ai soudain pu vous apparaître en pleine lumière, alors sans doute doit-il y avoir du positif en chaque événement. » Répondit-elle entrecoupé par deux pas de danse avec assez de nuances pour laisser à Apolline l’occasion de tirer ses propres conclusion, et surtout, étudier les choix qu’elle en ferait et qui lui permettrait surement de mieux discerner les contours de sa personnalité. Elle sourit avec une certaine dérision en ajoutant une dernière réplique. « Tout autant qu’au votre Apolline, mais si les murmures avaient la force qu’on leur prête, nous pourrions bâtir deux autres cités comme Marbrume rien qu’en les prononçant. »
Pour certains, elle avait déjà tout une cour d’amant, pour d’autre elle s’apprêtait à entrer dans les ordres pour ne pas avoir à se remarier. D’autres effleurer plus ou moins certaine de ses réalités, comme le fait qu’elle avait accueillie une herboriste sous son toit assez longtemps pour tout savoir des poisons et autres mixtures. Ainsi était l’esplanade, ainsi était la noblesse. Elle ne cherchait même pas à y échapper. D’ailleurs elle en alimentait certaine plus que volontiers. Elle tourna et tourna encore se laissant guider par sa compagne tout en ajoutant ses propres nuances aux pas qu’elle lui demandait. Ainsi toujours se rapprochait-elle un peu plus que nécessaire, leurs hanches se frôlant lors des échanges, tout comme, contrairement à ce qu’il était de coutumes, ses doigts se refermaient sur ceux de sa cavalière assez souvent pour ne pas être la marque d’une quelconque méprise. Irène leva son bras et croisa le sien alors qu’elles se mettaient à tourner autour d’un axe invisible.
-« Je serais fort aise de vous voir tenter votre chance. Même si, comme vous le dite, démêler le faux du vrai n’est pas toujours sans danger. A trop s’approcher d’une flamme la brûlure peut sembler inévitable… »
Alors que les dernières notes s’annonçaient, Irène fit un pas en avant, réduisant la distance qui les séparait jusqu’à ce que leurs corps manquent de s’épouser, et elle chuchota à son oreille d’une voix qui ne laissait que très peu d’ambiguïté à ses paroles.
-« Mais toutes les brûlures sont-elles désagréable ? Je me le demande… » conclut-elle en caressant son oreille de son souffle avant de s’éloigner sur la dernière note, Apolline laissant s’échapper ses doigts avec assez de résistance pour que cela ne semble pas si empressé. Elles s’inclinèrent alors que de légers applaudissement saluaient les musiciens. Apolline était une cavalière digne d’éloge, mais ce n’était sans aucun doute pas sa capacité en la matière qui fouettait le sang de la comtesse de Valis. Elle se redressa et plongea une nouvelle fois son regard dans les abysses profond des pupilles de la dame de Pessan.
-« Voilà une première rumeur qui est fondée, j’aime en effet à croire que mon palais est assez délicat pour apprécier le bon vin. Point de contrariété à avoir. C’est sans doute moi qui le serais le plus si ma cavalière me délaissait dès la fin de la danse. » Fit-elle en simulant une moue à mi-chemin entre la peine et l’amusement. « Faîtes-moi donc découvrir les spécialités locales. Que je puisse dérober quelques minutes de plus de votre temps. »
Elles gagnèrent le buffet qu’avait indiqué sa compagne d’un pas assuré. Irène les servit toutes les deux, généreusement d’ailleurs. Pas forcément pour qu’elles s’enivrent, mais elle voulait pouvoir entrainer la comtesse loin des tables sans avoir à se resservir quelques instants plus tard. Juste histoire de s’accaparer celle-ci uniquement pour son plaisir encore quelques minutes, loin des flagorneurs. Elles firent quelques pas pour suivre le tracer de la piste de danse sans s‘y engouffrer, leurs échanges rendu plus intimes par la distance que prenaient les passant avec les danseurs pour éviter tout contact accidentel. Irène porta le verre à ses lèvres, et gouta le liquide rouge et sombre. Il était frais. Très fruité, peut-être un peu jeune, pas plus d’une saison, mais de bonne qualité. Surement un grand cru dans quelques années, s’il restait quelqu’un pour le boire.
-« C’est donc ainsi que l’on me perçoit ? Une dame de la ville ? je ne suis pas certaine que ce soit un compliment. » dit-elle, plus amusée qu’offusquée. Elle ne pouvait pas vraiment donner tort à cette définition. Malgré ses nombreuses activités qui prenait place hors des murs, elle-même ne les quittait que très rarement. En réalité c’était même la première fois qu’elle venait en personne au Labret depuis la reprise. Elles finirent par arriver le long du petit mur d’enceinte et Irène s’y appuya, son regard posé sur les danseurs sans pour autant qu’elle se cache de détailler sa compagne du coin de l’œil.
-« En vérité, je ne suis pas certaine d’être aujourd’hui moins une ombre qu’hier. J’aime à évoluer parmi mes pairs sans laisser une trace indélébile, comme entourée d’un voile, cela rend les choses plus amusantes. Ce qui m’intéresse bien plus, je dois l’admettre, c’est qu’aujourd’hui vous ayez décidé de passer au-delà de ce voile, et part la même occasion de m’avoir offert une occasion de franchir le vôtre. »
Elle tourna son visage vers elle et lui sourit avec chaleur et espièglerie.
-« Pas que je m’en plaigne, bien au contraire, vous êtes bien plus intéressante encore, une fois que vous avez pris la parole. Mais je me questionne… Pourquoi l’avoir prise aujourd’hui ? »
Résumé:
Irène et Apolline ont partagé une danse qui cache de nombreux sous-entendu, elle partage à présent un verre de vin alors que ma comtesse s'interroge sur les intentions de la sienne, avec assez d'honnêteté pour lui en faire part.
Apolline De PessanComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 11 Nov 2020 - 10:51
La danse était sur le point de prendre fin, avec lenteur, les dernières notes n’allaient plus tarder à se faire entendre, la conversation trouverait également un point final, du moins, le pensait-elle avant que la dame de Valis ne vienne se glisser à son oreille. Ce fut un sourire plus tranché, plus sincère qui vint prendre possession des lèvres de la noble dame. Aucun pincement de lèvres, aucune hésitation visible sur les traits de son visage ou même son regard, un simple hochement de tête, une manière d’opiner en silence avant de s’incliner poliment. Un étrange frisson était remonté le long du dos de la propriétaire des lieux. Les mains des deux danseuses avaient fini par se défaire dans une certaine lenteur non pressée, alors que les applaudissements ne tardaient pas à se faire entendre à destination des musiciens. Avant que les corps ne se détachent définitivement de cette proximité que les pas de danse avaient entrainée -dans cette exagération caractéristique de celles qui semblaient apprécier cette ligne imaginaire presque franchie-, la proposition fut lancée. Un verre ou deux, sous couvert d’une exploration d’une rumeur concernant celle qui était sans doute encore embaumée de curiosité. Rassemblant ses mains devant elle, laissant ses doigts se tapoter entre eux avec cette satisfaction presque enfantine, la dame ne put que laisser s’exprimer sa satisfaction.
- « Me voilà rassurée de me savoir encore efficace dans certaines enquêtes » souffla-t-elle en inclinant légèrement son visage « Votre cavalière n’aurait jamais l’audace de vous êtres déplaisants, rassurez-vous » ajouta-t-elle dans une conclusion visiblement amusée
Apolline n’était pas une fervente adepte de l’alcool en général, apprenait-elle à apprécier le vin dernièrement, juste pour avoir le plaisir de voir le liquide pourpre tourbillonner dans son verre et les aromes se dégager par le moindre de ses mouvements. Pour autant, malgré cette curiosité récente pour les effluves du vin, la dame de Pessan ne pouvait nullement s’affubler le titre de connaisseuse, ni des fabrications du coin, ni même de ceux plus proches de la grande ville survivante. Pour autant, elle n’en dit rien, persuadée que durant cet événement important aux yeux de son intendant tout ne pourrait être que parfait -bien que la visualisation de la perfection d’Aymeric était… bien différente de celle de la noble, fort heureusement y avait-il Idalie et Alix pour gérer cette affaire-. Entrainant donc celle à la tenue aux traits sombres jusqu’aux abords du buffet, elle laissa la main à Irène pour servir les verres -de cette manière suffisamment lourde pour que les prunelles bleutées de la comtesse s’attardent un instant sur les récipients-. Une fois son récipient entre les doigts, elle ne put que humer cette odeur si particulière qu’elle apprenait à découvrir. Ce fut ensuite la comtesse de Valis, qui indiqua la marche à suivre, Apolline l’avait suivi le long de la piste de danse avec cette légèreté propre à sa démarche et sa manière de se mouvoir, avant de s’immobiliser et de s’appuyer sur le petit « muret » offrant toute la visibilité possible sur l’ensemble des danseurs et personnes présentes. Glissant le verre à ses lèvres, avalant une longue gorgée, non pas sans avoir retrouvée le plaisir de sentir longuement le liquide.
- « Je crains être autant une dame de la ville que vous, désormais, pour les spécialités locales, faudra-t-il qu’on se trouve un connaisseur digne de ce nom » elle fit une légère pause « Je pense qu’il ne s’agit ni d’un compliment ni d’une quelconque forme de négativité » souffla-t-elle en levant très légèrement son verre dans un mouvement de poignet « Est-ce sans doute le nouveau des noms des survivants, qui peut se parer d’être une personne de la ville, induit obligatoirement une place derrière les murs survivants de la citée. Cette dernière n’étant jamais tombée, je suppose que c’est une place à obtenir obligatoirement pour espérer vivre encore quelques années. Finalement, en y réfléchissant, c’est sans doute un compliment. »
Un silence, furtif, alors que ses lèvres ne viennent pas plonger dans le récipient, ce dernier perdurant simplement à proximité de sa bouche. Apolline la détaille un long moment, cette femme qui vient vêtu entièrement de noir à un mariage, celle qui dans un sens affiche toujours un deuil, à la fois récent et si loin en même temps. Le temps semble s’écouler toujours plus vite, alors que désormais chaque jour peut-être le dernier, entrainant ce dynamisme étrange, cette pression perpétuelle à faire les choses vites. Un sourire plus franc était venu se déposer sur le visage de celle qui semblait tout aussi intriguée que pouvait l’être la dame de Valis, laissant finalement les doigts de sa main libre venir effleurer son menton, Apolline sembla prendre le temps de réfléchir à l’interrogation de la dame avec qui elle osait converser.
- « Pourquoi pas ? » fit-elle simplement dans un premier temps « Peut-être parce que nos toiles se croisent et se recroisent sans jamais s’impacter, mais que je suis convaincue que nos fils vont finir par s’entremêler et que je préfère aujourd’hui l’anticiper, n’est-ce pas là nos principales qualités, l’anticipation ? » ennemie, amie, alliée ou tolérance ce n’est pas en un dialogue qu’elle pourrait le définir, un lien pouvait basculer entièrement vis-à-vis d’un autre, sans crier gare « Vous me rendez peut-être curieuse, vous allez tel un papillon de nuit de bougie en bougie, de flamme en flamme, et bien que je crois volontiers que certaines brûlures sont bénéfiques… Je m’interroge sur cette capacité à être partout et nulle part à la fois »
Une gorgée, la première alors qu’elle s’appuie davantage contre le rebord, enroulant ses deux mains autour du verre, avisant le lointain et le mélange que les danses imposent. Les couples se font et se défont, les rencontres s’enlisent pour se terminer, les mariés dégustent ou échangent avec cette flamme aux fonds des yeux. Déteste-t-elle tout ça véritablement ? Sans doute un peu, tout en ayant cette nostalgie étrange au fond du ventre.
- « Toute la noblesse a toujours été régie par les mariages d’arrangement, j’ai toujours trouvé ça très amusant de parier sur le bon futur des heureux époux » ajouta-t-elle en fixant un instant les deux désormais mari et femme « Tout est toujours fait d’arrangement, l’amour n’avait rarement la place dans nos unions qui étaient le plus souvent là pour concrétiser des arrangements, des alliances, ou apaiser les conflits, pourtant. » il y eut ce silence « Désormais, on trouve des opposés qui s’attirent et qui semblent éprouver les premiers papillons qui deviendront sans doute frelon au fil du temps qui s’écoule… C’est drôle n’est-ce pas ? De voir que le changement attise le changement, mais qu’on revient souvent inévitablement à cette même finalité existentielle : la déception. »
Une nouvelle gorgée, qui permit de laisser en place ce silence de réflexion.
- « Avez-vous passé une bonne cérémonie, comtesse ? La journée vous plait-elle ? »
les actions:
- la tenue de la comtesse avec des gants. - Apolline est en compagnie d'Irène et échange tout en étant peu plus éloigné des danseurs
Irène de ValisComtesse & Modératrice
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mer 11 Nov 2020 - 13:21
Pourquoi pas ? En effet c’était une question tout aussi pertinente. Même si elle doutait qu’une femme comme Apolline se contente d’une telle chose. La spontanéité n’était pas l’arme favorite de la noblesse. D’ailleurs la comtesse lui donna raison quelques instant plus tard en comblant les lacunes de sa courte réponse. Mais n’aurait-ce pas était mieux de ce contenter de cela ? D’un “pourquoi pas“. Sans aucun but, sans aucune arrière-pensée, sans aucun plan global. Oui, peut-être bien que c’étaient les pourquoi pas qui manquaient le plus à cette humanité dont l’anticipation était, au dire de sa compagne de boisson, une de ses qualités. Elle trempa ses lèvres dans le raisin fermenté et savoura la chaleur qui se répandit dans son ventre avec douceur.
-« En êtes-vous bien certaine ? Notre anticipation n’est-elle pas à l’origine de nos maux autant que leur solution ? Parfois je me pose la question…» Elle haussa les épaules et sourit. « Mais je ne peux vous donner tort, un jour ou l’autre vous et moi devrons choisir entre confrontation ou union. C’est ainsi que les règles du jeu ont été établie, bien avant notre naissance. »
C’était sans doute trop direct, mais elle s’en fichait comme d’une guigne. Apolline n’avait pas vraiment besoin qu’elle prenne des gants, et elle n’avait pas souvent l’occasion de discuter du jeu et d’elle-même sans le filtre de la courtoisie et des faux semblant. Puisque la dame de Pessan semblait avoir franchi le pas de leur rencontre sans servir un but précis autre que de la découvrir et peut-être la jauger, elle estimait ne pas avoir simuler une quelconque naïveté, ni même une réelle passion pour leur art. Elle le pratiquait, le maitrisait, s’en servait pour survivre autant que pour manipuler, mais n’y prenait finalement que très peu de plaisir. Il n’y a pas si longtemps une personne extérieure au jeu le lui avait demandé. Elle se souvenait encore de sa voix, triste et distante, essayant de la comprendre. Est-ce que ça te plait ?. Non, ça ne lui plaisait pas beaucoup, de moins en moins sans doute. A mesure qu’elle s’émancipait des règles quelle avait toujours connue, elle avait comme l’impression de de percevoir, au-delà du pouvoir que cela lui offrait, toute la stupidité de ce jeu. Il était une part intrinsèque de ce qui n’allait pas dans l’humanité, et donc une part de ce qu’elle souhaitait détruire. Elle but une gorgée alors qu’Apolline reprenait la parole, visiblement au sujet des époux, et plus globalement de l’institution du mariage telle quelle était pour la noblesse. Sa propre expérience malsaine en la matière ne lui offrait pas vraiment de notes positives sur les épousailles. Mais plus globalement lui décrivait une chose d’une telle évidence qu’elle n’aurait normalement put qu’approuver. Elle ouvrit la bouche pour le faire, mais se retrouva muette et songeuse. Après une hésitation elle prit finalement la parole.
-« Ce qu’il y a de plus surprenant… c’est qu’il y a encore quelques mois, j’aurais été d’accord avec vous, sur chacun de vos mots. Vos paroles auraient sans aucun doute pu quitter mes lèvres avec la même assurance que la vôtre. »
Sans hésitation, elle saisit l’arrière de la robe d’Apolline et tira doucement pour la rapprocher près d’elle sans risquer de la faire basculer pour autant. Uniquement pour que sa voix ne lui soit confiée qu’à elle, et pour le plaisir de sentir le parfum de la belle sirène.
-« Mais récemment, que ce soit par des rencontres ou des choix, j’ai découvert bien malgré moi que cette déception n’était qu’un tout petit détail de ce que l’on pouvait trouver en laissant le changement s’attiser de lui-même. Il y a bien sur les peines et le désespoir. Mais aussi des choses comme les rêves, les idéaux, les liens. Des choses qui peuvent vous faire grandir autant que vous détruire. Alors est-ce que je crois à tout cela ? » demanda-t-elle pour elle-même en balayant l’assemblée d’un léger mouvement du bras. « Aucunement, il ne s’agit là que de vanités et apparence, le respect de croyance dépassées, obsolètes pour certaines. Je ne m’en amuse même plus réellement. Mais à présent, j’ai envie de croire que des opposés peuvent s’attirer, que des changements peuvent être accompli, et que ceux qui y participent en ressortent plus fort, et peut-être même plus heureux qu’avant. Si Idalie aime cet homme, et qu’il l’aime en retour, je leur souhaite tout le bonheur qu’ils pourront en tirer. Peu importe qu’un vieillard sénile ait noué un ruban à leurs poignets, ou que les alliances politique en pâtissent. Et que cette déception inévitable aille se faire foutre. »
A première vue, ce point de vue avait tout d’une vision très fleur bleue de la réalité des faits. Mais c’était mal connaître celle qui avait trompé, trahi et été trahie, sans oublier avoir tué pour en arriver à cette conclusion. Elle avait payé les prix nécessaires dès son plus jeune âge, et s’estimait aujourd’hui en droit de choisir ce qu’elle respecterait ou non des penchants humains. Elle choisirait qui aimer, qui haïr, qui sauver, qui détruire, qui juger, et par qui elle accepterait d’être jugée. Parfois elle se tromperait, parfois la prédiction d’Apolline s’avérerait juste, impitoyablement. Mais quelques fois, comme voyant Flore regarder Jehan, comme en regardant la lumière s’éteindre dans les yeux de son bourreau, comme écoutant Sydonnie s’amuser à la taquiner sur une question de protocole, comme en écoutant le souffle d’Ombeline dans le noir total de sa chambre. Oui pour des fois comme ça, qui n’avait fait d’elle que quelqu’un de plus fort, elle ne pourrait plus simplement croire à l’inévitable échec. Certaines choses méritaient tout simplement de prendre le risque. Elle rit et but une gorgée de son verre.
-« Voilà un langage des plus châtié dans ma propre bouche, j’espère ne pas vous avoir mis mal à l’aise comtesse. J’ai perdu quelque peu de mon civisme ces dernières semaines, surement de mauvaises fréquentations ! » dit-elle en devinant sans effort avec qui elle avait pris ce genre d’habitude. « La cérémonie était… solennelle. » choisit-elle en laissant au bon soin de sa compagne d’en traduire un quelconque sens.
-« La soirée s’annonçait quelque peu monotone, mais j’ai fait une rencontre intéressante. Une personne qui me ressemble tout en étant très différente. Je ne saurais vous dire encore si c’est une bonne chose ou non. Je peux uniquement vous dire que je trouve sa conversation stimulante. Oh et aussi qu’elle danse très bien. Maintenant je me demande si je devrais lui poser la question qui me taraude. Voyez-vous, elle a la fâcheuse tendance de croire qu’un changement risque de se conclure par une déception dans la plupart des cas. J’espère quelque peu lui prouver l’inverse en prenant un risque. Mais si elle s’offusque, alors je n’aurais fait que renforcer sa conviction, et j’aurais en plus perdu une bonne occasion de discuter avec une personne intéressante. »
Elle trinqua son verre contre celui de la jolie brune au regard abyssal avant d’en boire une longue gorgée.
-« Alors à votre avis, devrais-je prendre le risque de lui poser ma question ? »