Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Jeu 12 Nov 2020 - 12:58
L'intervention d'Apolline avait tout pour courroucer Aymeric. Certes, elle est la propriétaire des lieux mais lui en est le gardien. C'est à lui qu'elle a confié la protection du lieu et si le sang doit couler, il coulera. Rares sont les femmes qui y entendent quelque chose en arts guerriers. Puis pourquoi intervenir alors qu'Aymeric a opté pour la trêve ? Prétendre que tous les nobles sont unis contre la Fange le fait sourire, comme si la Fange était un sujet d'inquiétude pour Rougelac. Rochemont lui précise qu'il est ami de Rougelac mais lié à la Milice, ce qui calme un peu les choses. Il n'en demeure pas moins non invité ici pour ce qui suivra les noces. Bon point pour Apolline, elle éloigne le chevalier, ce qui permet d'éviter de prolonger une situation tendue. Il est possible que la préceptrice de sa fille, ainsi qu'Idalie, aient apprécié qu'Aymeric ne réponde pas à Apolline et se contente de soutenir son regard, visage impassible.
Elle l'entraîne vers les stands, reprenant la proposition qu'il lui a faite peu avant. C'est aussi, pour notre marié, l'occasion de s'éloigner un peu de la foule, qui décidément le met mal à l'aise. La foule des nobles. Cela pourrait mieux se passer avec les artisans. Dans son esprit à lui, il est toujours chasseur. Il a vendu les produits de sa chasse, prélevé les peaux et a l'impression que c'est pour cela qu'il est reconnu ici des labretiens. C'est un peu plus son monde et un peu moins celui d'Idalie. Et s'il faut reconnaître une chose, c'est que Mathilde a fait du beau travail. Les stands sont prometteurs et il ne sera pas simple de faire des choix. Et rien qu'aux odeurs, cela ouvre l'appétit. Même si, sur ce plan, les Beauharnais ne sont pas à plaindre. Ils ont les cultures juste à côté, le lait de la chèvre et de la vache, puis si Aymeric n'a pas chassé, il y a la possibilité d'abattre un poulet ou un lapin, ce qui fait qu'ils mangent aisément un repas par jour et de la viande tous les deux jours. Mais alors qu'il allait discuter avec quelques artisans, Idalie le devance et Aymeric fait silence. Les gens constateront sans peine qu'elle est sociable et bienveillante et qu'elle ne force nullement sa nature. Et il lui faut reconnaître qu'elle pose des questions assez pertinentes. Le charme de son épouse devrait faire excellente impression, tout comme celui d'Alix lorsqu'ils se sont installés. Lui est perçu comme plus austère. Mais quand ils passent devant un stand, celui des apiculteurs, Aymeric prend la parole :
- Je me demandais si l'apiculture était pratiquée par ici et je suis ravi de découvrir que oui. Pardonnez mon ignorance mais si j'adore le miel, je l'évite souvent. Pour deux raisons. La première est que j'ai tendance à en mettre partout, même sur mes gibiers, et à en vouloir toujours plus, puis mes rares réserves sont englouties par ma fille et je ne peux objectivement lui en vouloir. Mais il s'avère que mon épouse aussi a la dent sucrée. Il faudra que je trouve un moyen pour préserver les réserves, mais vous risquez de me croiser souvent pour faire quelqu'achat chez vous. Je ne doute pas que parmi nos invités, nombreux seront ceux intéressés par vos produits. D'autant qu'il se conserve admirablement bien.
Si ce couple aime le gibier, il aura une monnaie d'échange. Les produits de la chasse conservent une certaine valeur, même ici. Pour le reste, il y a, et cela se voit ici, pas mal de bons artisans. Cela prouve aussi qu'il reste pas mal de choses qu'il ignore du Labret. Et quand Idalie lui demande de lui faire goûter ses produits préférés, il sourit :
- Comtesse, le fait que nous soyons mariés ne vous interdit pas de conserver vos propres goûts, et je vous avoue que je vais tout goûter, ce que je connais et ce que je connais moins, voire pas, pour une seule raison : Ici, on a sans doute les meilleurs produits du Labret. Mais j'ai surtout envie de goûter leur charcuterie, pour voir si la mienne est au niveau. Alors je te propose de commencer par ça.
Il allait pour couper deux tranches de saucisson fumé quand les liens se rappellent à lui. Aussi demande-t-il aimablement au charcutier de leur couper une tranche chacun, ainsi qu'un peu de jambon, puis il hausse les épaules et tente de défaire les noeuds, mais ces efforts n'ôtent que le premier et leur commande est prête. Il use de sa main libre pour goûter le saucisson, le déguste puis goûte au jambon. Il fait un sourire au charcutier puis jette un oeil à Idalie, qui déguste probablement aussi. Il hausse ensuite les épaules.
- C'est un pur délice. J'ai fait des recherches, pris des notes, respecté la recette au gramme près, construit le fumoir, pris les bons bois. J'étais très satisfait de mon premier essai, je le trouvais bon, avec juste des choses à améliorer. Mais quand on compare ce que j'ai fait avec une vraie production d'un vrai artisan, ma charcuterie est juste... potable. Moi qui espérais que mes productions seraient sur les meilleures tables, je prends une leçon de modestie...
Heureusement que le fromage est à la hauteur, mais ça n'est pas lui qui le fabrique. S'il veut la qualité qu'il exige, il devra trouver un artisan du niveau de celui-ci, et son petit doigt lui dit que ça ne court pas les rues. Et cela diminue encore un peu le profit qu'il comptait faire. Bref, il va se retrouver, au mieux, sans bénéfice ni perte, mais de peu. Il se tourne vers son épouse.
- En fait, j'imaginais que Mathilde me rendait un grand service en prospectant auprès des artisans pour choisir les meilleurs, mais c'est faux. Elle en a profité pour goûter des tas de mets à l'oeil. Ah, elle m'a bien eu, tiens !
Vu l'oeil qui pétille, Idalie se doute qu'il plaisante. Mais oui, cette partie du boulot devait être sympathique. Ceci étant, il y avait tout le reste, et ça a été une énorme organisation. Et il sait qu'ils ont bossé aussi de nuit pour certains, histoire que tout soit prêt pour le retour. Il espère quand même la croiser, ignorant que la masse de Desmond la cache à sa vue, pour l'heure.
Apolline De PessanComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Jeu 12 Nov 2020 - 20:09
Ce fut un bref mouvement de menton, rapide et efficace, signe qu’elle était en accord. Si ce n’était pas aujourd’hui, cela serait demain, ou dans les jours à venir, les mois peut-être, mais la ligne directrice devrait être définie, obligatoirement. Néanmoins, la comtesse préférait rester dans cet accord passif, remettant volontiers l’ensemble à plus tard. Après tout, un mariage n’était sans doute ni le lieu ni le moment adéquat pour ce type d’élément. Prenant une légère inspiration, elle semblait rester contrariée par le comportement de celui qui était l’intendant, le gestionnaire du lieu. Hurler ainsi, menacer à la guerre, au meurtre en public n’était pas une bonne chose, qui sait ce qui pourrait être colporté par la suite, qui sait ce qu’il se serait passé si le bailli avait été présent ? Heureusement que ce dernier était parti juste après la cérémonie. Balayant ses pensées de son esprit, elle se promit de recadrer l’ensemble par la suite, ce qui ne trainerait aucunement, aucun doute qu’elle demanderait à Angusel, son chevalier de garder le comte à l’œil. Le domaine n’avait pas été confié pour servir de territoire de guerre, ni même pour offrir une once de prétention ou d’influence à un homme qui ne le mérite pas nécessairement. Fixant un point imaginaire, la noble avait fini par se détacher définitivement de ce songe, se concentrant une nouvelle fois pleinement sur son interlocutrice.
Heureusement d’ailleurs, ses lèvres se pincèrent cette fois dans ce sourire mi-amusé, mi-déçu, elle aurait cru que cette femme était constituée à son image, ou dans son image, qu’elles étaient en mesure de se comprendre, mais ce changement d’avis lui offrit un amusement léger. Ainsi, la comtesse de Valis, celle qui tirait dans l’ombre des bâtiments bien des ficelles semblait aspirer à autre chose, entrevoir le mariage d’une autre façon, atténuer des propos qu’elle admettait pourtant avoir pensés un temps. Avalant une longue gorgée de vin, elle fit silence, se laissant approcher ou se faire approcher de la dame au sang bleu. Silencieuse, Apolline écoutait, attendant avec cette patience dont elle usait trop régulièrement dernièrement. Elle opinait, comme pour s’assurer que son interlocutrice avait son attention, son regard s’était sans doute durci un infime instant. Apolline ne partageait pas cet avis, ni complètement, ni même en partie. Si la veuve entendait et acceptait bien sûr l’évidence que tout n’était pas que négatif, elle restait très ancrée dans les croyances du passé. La Trinité était essentielle, la fidélité, le mariage, le respect… Cela ne l’empêchait aucunement de rêvasser, ou peut-être de s’abandonner parfois par véritablement besoin physique dans les draps de celui qui avait sur la consoler après la perte de son époux. Pour autant, elle était très respectueuse de ses dieux et retrouvait-elle ce partage au sein même des purificateurs, qui pour l’heure était globalement tous plus extrême que ses propres pensées.
La proximité ne fut réduite à aucun moment, ni améliorée, ni dégradée, la taille ressemblante des deux femmes avait quelque chose d’agréable, tout du moins pour Apolline qui glissa sur ses lèvres un sourire un brin malicieux. Un rire avait même fini par lui échapper alors que celle qu’elle n’imaginait aucunement parler ainsi s’abandonnait à quelques propos déplacés. Une main devant sa bouche, elle eut se léger mouvement d’épaule, comme pour notifier que cela lui était égal -en partie-, la dame de Pessan avait toujours apprécié les beaux mots, les belles phrases, elle n’en restait pas moins… tolérante, du moins en apparence vis-à-vis du reste.
- « Je ne vous imaginais nullement romantique » débuta la brune en reprenant sa position initiale, détaillant les mouvements des invités « Je ne sais pas encore si je vous pardonne votre langage osé » fit-elle les yeux brillants de cette taquinerie passagère « Je devrais pouvoir m’y essayer, après tout, la maîtresse des lieux ne doit-elle pas faire honneur à ses invités -qui ne sont pas à proprement parlé ses invités, sinon mes choix auraient sans doute été différents-» elle utilisa le silence qu’elle maîtrisait si bien, alors qu’elle entrechoquait son verre avec celui d’Irène « C’est amusant que vous me demandiez ça, j’ai fait la connaissance d’une femme qui veut croire que la déception ne doit pas éclipser toutes les multitudes de petites choses positives qu’une prise de risque peut entrainer, alors je suppose que si je devais l’écouter, je vous dirais volontiers de prendre un risque, non ?»
Une nouvelle fois, la dame usa d’un silence, c’était quelque chose qu’elle appréciait, autant dans son quotidien que dans des conversations. L’instant permettant à chacune de trouver le choix de ses mots, ou de patienter simplement. La musique se jouait encore et la comtesse ne put que cherchait du regard le centre d’intérêt de la soirée : le couple. Elle se promit de toucher un mot à Idalie qui avait désormais un rôle important à jouer ici, sans doute que la nouvelle comtesse ne s’en rendait pas encore pleinement compte.
- « Dites-moi, Irène, je peux vous nommer Irène ? Je suis curieuse moi aussi. » encore un silence furtif « Votre présence ici est le fruit de votre curiosité, ou vous pensiez venir visiter votre ancien garde ? » un sourire en coin, simplement « Dois-je cependant bien admettre que votre présence rend soudainement cet événement plus agréable et intéressant »
Irène de ValisComtesse & Modératrice
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Jeu 12 Nov 2020 - 22:49
Irène observait du coin de l’œil la raction d’Apolline, ou plus exactement son absence de réaction. Qui lui semblait toute aussi criante qu’une réponse en bonne et due forme. Elle se tenait là, droite, fière, et bien entendu silencieuse. Bien sûr, la comtesse de Valis n’aurait pu dire à ce silence si sa compagne était en opposition totale avec sa pensée, ou si elle avait ses propres doutes, ses avis mitigés. A vrai dire, elle n’en avait cure. Pas que l’opinion des autres la désintéresse, loin de là. Mais dans ses nouveaux schémas, elle avait l’impression qu’elle ne pouvait impacter la sienne de manière significative. Elle accordait moins d’importance à ce qu’on pensait d’elle. Preuve en été tant d’honnêteté avec une presque totale inconnue. Elle pouvait se montrer intrigante et redoutable quand elle en avait le désir. Mais à force de confronté ce monde avec celui que l’aidait à percevoir Sydonnie par leur étrange amitié, elle se rendait compte qu’il ne lui suffisait simplement plus. Être la meilleure, avoir les mots les plus acérés, dominer… c’était un jeu, rien de plus. Un jeu cruel et sans fin qui la mènerait surement à la tombe, que ce soit par une victoire ou une défaite. Mais ce n’était pas cela vivre. Plus selon son point de vue.
En regardant Apolline, elle avait l’impression de projeter son regard dans son propre passé, de se voir là, au milieu des convives, digne, fière, et terriblement seule. Un esprit unique au milieu d’une masse grouillante de faux semblant et de mensonge. C’était perturbant et intéressant. Avait-elle déjà perdu face à la comtesse de Pessan. Trop sûre d’elle avait-elle présenté son cou de femelle dominante à une louve plus vive et vorace ? Une chose en elle n’y croyait pas, sans pouvoir lui fournir le moindre argument dans ce sens. Une autre bien sûr lui hurler au danger. Mais la majeure partie de son être disait simplement “ Est-ce si important ? “
La bête en elle n’avait pas repris le contrôle depuis des semaines, ne la poussait pas à imaginer planter son poignard dans la nuque fine de cette brune au regard trop perçant pour protéger ses secrets. Ce monstre qui la sauvait et la dévorait tout à la fois restait parfaitement muet, et exposée comme elle était au danger sans sa protection malsaine, elle avait l’impression de respirer pour la première fois. Presque de vivre.
Elle repensa à Sydonnie et sa boutade sur la milice. Elle sourit et porta son gobelet à ses lèvres alors que sa compagne actuelle reprenait enfin la parole avec un peu moins de rigidité que son long silence, signifiant sans doute qu’elle appréciait un peu plus ses dernières paroles que les précédentes. Romantique ? Oui sans doute un peu, même si sa tirade s’appliquait plus généralement à tout ceux qui avaient décidé de se battre pour un peu de bonheur, pas uniquement les couples. C’était en tout cas amusant qu’on la qualifie ainsi. Elle prolongea sa gorgée assez longtemps pour permettre à Apolline d’aller au bout de son idée. Visiblement, madame de Pessan n’était pas de celles qui croient aux joies et aux petites victoires de la vie, mais cela, semble-t-il, ne l’empêchait aucune de se montrer sacrément curieuse quand on lui agitait un mystère sous le nez.
Cette attitude lui plut. Elles étaient peut-être bien différentes aujourd’hui de ce qu’elles avaient dû être semblable à l’époque, mais un esprit curieux était toujours une bonne chose. Restait à faire preuve d’assez d’audace. Le silence se réinstalla, décidément c’était une arme qu’Apolline appréciait, ou du moins maitrisé soigneusement. Un peu comme elle et ses verres de vins. Mais cette fois ci, elle ne le fit pas durer. Juste assez pour qu’Irène puisse réfléchir à son accord, et lui donner l’occasion de choisir ou non de poser sa question.
-« Décidément, vous êtes plus que bien informée à mon encontre, dois-je m’inquiéter ? » Demanda-t-elle de l’amusement dans le ton et le regard. « Irène serait parfait, j’entends trop mon titre dans des occasions comme celle-ci. »
Elle était surprise. Pas qu’une intrigante de son acabit découvre que son garde personnel l’avait délaissé pour se marier et vivre au Labret. C’était assez public et facile à dénicher pour qui veuille se laisser atteindre par de telles informations. Non, c’était plutôt de se rendre compte que pas un instant elle n’avait envisagé de rendre visite à Jehan et Flore. Alors d’entendre cette idée d’un autre esprit que le sien était déconcertant. Avait-elle définitivement écarté de sa vie l’herboriste et le capitaine ? C’était d’une certaine façon ce qu’elle s’était promis de faire, pour les protéger. Mais elle ne pensait pas qu’elle-même en accepterait si vite l’absence. Elle secoua délicatement la tête en signe de négation.
-« Je ne voudrais pas imposer ma présence à un brave homme qui a sans doute mieux à faire que de boulverser son quotidien pour m’accueillir. Et puis il veut dresser des chevaux, aucune chance que je trouve du vin de cette qualité dans son étable. » Elle fit une œillade taquine à la dame. « Ou si charmante compagnie. »
-« Non ce qui m’amène est bien plus simple. Les occasions. Celle de faire la route avec un comte à l’influence grandissante. Celle de saluer une banneret devenue comtesse. Elle est encore inexpérimentée, mais vous savez comme moi qu’une nouvelle pièce peut vite devenir centrale. Autant lui faire bonne impression. Tout comme aux habitant du Labret qui répandront bien vite les rumeurs des présences de cet événement. » Elle indiqua discrètement un homme replet avec un lourd tablier de cuir et un toque qui se frottait nerveusement les mains en regardant les tables. « Prenons pour exemple ce viticulteur devant qui je vais passer dans un moment en disant de manière parfaitement audible à la personne qui m’accompagnera que le vin est un vrai délice, et que je suis certaine que je trouverais à le vendre en ville. Si seulement j’avais le nom du fournisseur. »
Elle but une nouvelle gorgée de ce vin qui n’était de toute façon, vraiment pas désagréable.
-« Sans oublier celles imprévues, comme de constater que la véritable maîtresse des lieux n’apprécie guère l’homme de confiance d’un comte très influent bien qu’à la réputation mitigée. Et plus important encore, que cette même femme s’avère avoir l’esprit aussi délicieux que sa personne. Même si je crains fortement de me couper sur des pensées si acérées. »
Elle rit doucement, avec une touche d’ironie.
-« Comment une personne comme moi aurait pu ne pas venir ? C’est comme agité un pot de miel devant un ours. » Elle se redressa avec confiance, pivotant presque devant Apolline, sans pour autant lui bloquer la vue. Sa décision prise.
-« Et puisqu’elle m’y encourage, je vais lui poser la question qui me pique le bout des lèvres. Mais avant cela… » Elle déposa ses doigts sur la main d’Apolline, caressant ostensiblement sa peau dans un geste délicat pour saisir son verre dont elle la débarrassa, le glissant dans son dos avec un sourire taquin. « Si je devais l’offusquer, je préfère la gifle au verre de vin, le tissu ma robe en souffrirait. »
C’était complètement stupide, elle le savait. Elle avait lu des signes, mais c’était la première fois qu’elle choisissait des les interpréter et d’y réagir avec autant d’audace. Surtout avec une personne aussi dangereuse qu’Apolline. Mais quitte à participer à une partie dont elle apprécier de moins en moins le fonctionnement, pourquoi ne pas au moins essayer de rendre les lots intéressants. Et sans aucun doute une réponse positive serait la promesse d’une délicieuse victoire. Tandis que l’échec serait une expérience. Dans les deux cas, il s’agirait là d’une de ces nouveautés qu’elle appréciait tant. Qui lui faisait gouter la sensation de vie. Sa voix se fit plus suave, chaude, provocante.
-« Je crois savoir que la chambre que l’on m’a bien gentiment attribué pour mon séjour n’est qu’à un couloir de distance de la vôtre. Si je viens frapper à votre porte quand la nuit sera tombée depuis longtemps. M’ouvrirez-vous ? »
Apolline De PessanComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Sam 14 Nov 2020 - 13:32
- « Pas nécessairement pour l’instant » souffla la comtesse dans un brin de malice plus appuyé « Irène sera parfait alors, et beaucoup moins long à prononcer qu’un titre » s’amusa-t-elle un instant « Apolline sera tout aussi rapide, si jamais » conclut-elle presque naturellement.
La comtesse de Pessan, laissa un instant le doute s’installer dans son esprit, comme si une mise en garde silencieuse venait de se faire entendre en écho dans sa tête. La noble avait toujours fonctionné ainsi, pas réellement par instinct, plus par stratégie, elle tâchait de toujours envisager toutes les options possibles, négatives et positives avant de se lancer dans une conversation. Ainsi pouvait-elle habilement détourner, contourner le moindre chemin distordu des mots et des échanges pour arriver la plupart du temps exactement où elle souhaitait être. Ici, c’était différent, déjà parce que l’événement ne se prêtait nullement à ce type d’échange, qu’elle était là officiellement par intérêt, sous officiellement par obligation et qu’elle n’avait nullement envie de se trouver à cet instant à cet endroit. Par désintérêt -sans doute trop maladroit- elle ne s’était nullement intéressée aux invités et devait de ce fait, faire travailler sa mémoire pour retrouver les informations qu’elle possédait sur chacun -qui parfois datait d’un peu trop loin à son goût-. Irène de Valis faisait donc partie des intrigantes que la sang bleue gardait à l’œil, sans jamais véritablement identifier pourquoi, sa mémoire ne lui faisait rarement défaut et elle se souvenait des derniers murmures qu’elle avait pu recueillir la concernant : une artiste peintre, qui venait de perdre son garde de longue date, qui avait noué semble-t-il une amitié ou une fréquentation avec une sergente. Rien de plus, rien de moins, c’était sans doute cet élément précis, ce ‘rien de plus, rien de moins’ qui la faisait aujourd’hui venir secouer son verre et avaler une gorger en compagnie de cette femme.
Silencieuse, laissant volontiers la parole à celle qui offrait des indications intéressantes, elle ne put que s’appuyer davantage sur le rebord de la rambarde, laissant ses prunelles vagabonder sur la multitude d’invités. Ici se mélangeait noble et moins noble, paysans et gens d’influences, un pari plus que risqué qui ne plairait sans doute jamais entièrement à aucun camp. Si camp existait-il encore seulement. Opinant simplement à l’évocation des chevaux -la belle excuse-, puis offrant cette même œillade au compliment reçu. Apolline préféra se concentrer sur son verre, le liquide pourpre le remplissant encore de moitié et les propos soulignant l’évidence de l’instant d’Irène. Analyste, son interlocutrice l’était sans le moindre doute, manipulatrice, tout autant, bien que sans doute bien trop romancé dans ses argumentations. La dame ne put que retenir un léger rire, sincère, alors qu’elle secouait la tête.
- « Vous êtes loin de l’image que vous dégagez » affirma-t-elle sans la moindre hésitation « Ou bien, en pleine évolution » souffla-t-elle comme dans sa propre réflexion « Je ne puis vous laisser entendre que je n’apprécie guère un homme de main, aussi chevalier soit-il… Il est, je crois tout aussi romantique que vous » poursuivit-elle en le désignant en levant son verre en sa direction « Il cherche épouse, voyez-vous, ce qui le rend particulièrement amusant » un fin sourire en coin était venu animer ses lèvres « Je ne m’attendais pas à le voir ici et mettre ainsi -une nouvelle fois-, en péril la réputation de celui à qui il s’est associé. Bien que le péril soit tout discutable, ce n’est pas lui qui m’a le plus surprise dans cette affaire .Ici, il me semble dans son environnement, autant que le comte nouvellement marié s’il ne décide pas, se prendre pour ce qu’il n’est pas et ne sera jamais : un homme influent. »
Sa langue avait dû claquer à la fin de sa phrase, signe qu’elle commençait à douter de la capacité du comte à conserver les pieds bien ancrés dans la boue qu’il semblait tant apprécier. Sa manière de s’adresser au chevalier le lui avait prouvé, sa manière de la regarder par la suite également. Oubliait-il sans le moindre doute qu’il suffisait à la comtesse de revenir sur ses engagements pour pouvoir lui retirer tout ce qu’elle lui avait offert et cela ne serait pas la modique somme d’argent promise en cas de cet événement qui lui permettrait de récupérer le tir de ce qu’il possédait actuellement. À cet instant précis, Apolline hésitait sincèrement à retenir sa mise sur la tête de ce noble et le doute semblait persister bien au-delà de la simple vexation ou du simple fait de voir la situation dégénérer si qui que ce soit venait à répéter les paroles prononcées par cet idiot de la campagne. Dans un autre sens, Aymeric et Desmond avaient bien des similitudes, même d’un point de vue simplement caractériel.
- « Vous feriez un heureux » reprit-elle finalement sans réagir à la suite des compliments « Si vous veniez à le complimenter au détour d’une conversation. Me semble-t-il que sa récolte n’était pas fameuse cette année, les attaques trop régulières ont finis par abimer son bien le plus précieux, ses vignes. »
De l’encouragement n’était jamais quelque chose d’inutile. Le labret était une pièce bien trop important du jeu du roi -et de la survie du plus grand nombre- pour ne pas être soutenue, encouragé ou défendu. Ce qui dans le fond était une très bonne chose, peu importe l’accord ou désaccord de qui que ce soit -hormis les bannis sans doute-, personne n’irait provoquer ou mettre en péril ce lieu, il obligeait une solidarité perpétuelle pour la survie, qu’elle soit égoïste ou de bien commun.
- « J’espère que le pot de miel est bon en ce cas » répondit-elle simplement, sans jamais rebondir sur le fait que cette femme fréquentait deux personnes d’une même famille dans un court laps, retenant néanmoins cette information pour plus tard.
Le changement de la conversation fit froncer imperceptiblement les sourcils de la noble dame, alors qu’on l’a débarrassé de son verre pour venir le déposer derrière elle et qu’Irène laissait entendre que sa question risquait de l’offusquer. Jamais Apolline ne lèverait la main sur une femme, d’autant plus dans un environnement rempli d’œil curieux qui pourrait envenimer une rumeur bien plus vite qu’il qu’une inspiration. Fallait-il cependant bien l’admettre, Irène emprunta un chemin que la comtesse n’avait absolument pas vue venir. Pourtant, maintenant que la proposition était formulée, un ensemble de signes vint frapper l’esprit d’Apolline, qui une fois n’est pas coutume usait de ce long silence de réflexion. La noble était très pieuse et cette information utilisable était connue de tous, de toutes, même le plus aveugle des petits gens devaient la connaître. Ainsi, elle ne put que se questionner sur ce que cette femme avait pu entrevoir pour concevoir, ne serait-ce qu’un instant, un infime instant que la finalité de la réponse serait positive.
Elle se mit à rire, secouant lentement la tête avant de pivoter pour récupérer son verre et en avaler une gorgée, bien trop longue pour être naturelle, ce qui devait trahir soit son hésitation, soit le fait d’être vexé ou offusqué, ou soit une réflexion.
- « Je m’en voudrais de réduire à néant le travail de l’artiste ayant confectionné votre robe » débuta-t-elle sans lancer un regard à son interlocutrice, avisant la foule, mais surtout, observant les personnes entourant le duo et la distance des plus proches « Vous êtes une femme surprenante, Irène. Je vous ignorai capable de vous brûler avec autant d’audace et de facilité » difficile de savoir si l’ensemble était une menace, une constatation, ou tout autre chose « Pourquoi attendre ? » souffla-t-elle finalement en pivotant un instant vers la comtesse, venant plonger ses lèvres dans le récipient afin d’en terminer son contenu. « Je ne voudrais guère vous priver des compliments de l’homme là-bas, ou des tentatives du chevalier de vous faire entendre raison sur l’avantage d’avoir un homme fort et idiot à vos côtés, ou même la joie de complimenter la charmante épouse du jour, d’une innocence aussi pure que la naïveté d’Anür elle-même.»
Déposant son verre sur le rebord, elle le poussa du bout des doigts jusqu’à la limite entre la chute et l’équilibre précaire. Elle s’approcha par la suite de la comtesse, laissant ses doigts venir s’enrouler autour de son avant-bras pour venir lui murmurer à l’oreille.
- « J’espère sincèrement, Irène, que le pot de miel est agréable… Un ours à toujours dû souvent se faire piquer de nombreuses fois avant de parvenir à le déguster, non ? »
Elle la relâcha, s’éloigna d’un pas en arrière avant de s’incliner poliment.
- « J’étais ravie de converser avec vous, madame de Valis, je trouve cependant que l’air est un peu étouffant ici, ainsi vais-je profiter de l’air extérieur, après tout l’ensemble des habitants ou presque ne sont-ils pas présents ici ? Profitez bien de votre journée, vous devriez, si je puis me permettre, vous octroyez l’envie de visiter le village. »
Un bref geste de la tête, un doigt qui vient délicatement pousser le verre qui va s’éclater en contre bas, alors qu’elle s’éloigne dans la foule afin de s’éclipser vers l’extérieur.
Irène de ValisComtesse & Modératrice
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Sam 14 Nov 2020 - 19:59
La comtesse pouffa, non pas avec la moindre moquerie dans la voix, mais bien au contraire pleine de soutien pour celle qui devait en lieu et place de celui à qui elle avait confié les rennes de son domaine, gérer la politique et les incartades qu’il provoquait, trop sur de son pouvoir et de sa virilité. C’était un des problèmes les plus récurrents dans leur “métier“, devoir travailler avec des hommes.
-« J’espère que mon romantisme ne se limite point à chercher une personne à qui pas le ruban. Je ne serais pas contre un peu de passion et de complicité pour commencer. » Elle but une gorgée de son verre. Avant de reprendre plus sarcastique. « Faire accepter à un homme, un noble qui plus est, quelque soit son envergure, qu’il n’est pas de première influence, ou que son avis n’est pas le plus pertinent. Voilà une tâche que je n’aimerais pas avoir à accomplir, je manque de quelques siècles pour y parvenir. »
Le claquement de langue d’Apolline, qu’elle attribuait pour sa part à une forme de jugement, lui indiquait que le vicomte était peut-être dans une position précaire dans le domaine qu’il occupait. D’habitude elle aurait sans doute inscrit cette possibilité dans un recoin de son esprit et chercher comment s’en servir le moment venu. Un moyen de faire basculer une alliance, et de récupérer les morceaux à son propre avantage. Mais elle n’en fit rien. Elle s’était montrée direct et trop franche jusqu’ici avec la comtesse. Elle considérait que de cette façon elle lui offrait à son tour une écoute sans faux-semblant, sans risque de voir ses confidences lui revenir plus tard dans un assaut. Bien sûr, rien ne lui indiquait que la dame de Pessan aurait le même sens de la retenue. Mais parfois, il fallait montrer l’exemple.
-« C’est malheureusement le sort de trop d’entre eux. Un combat déjà difficile mais qui ne fait que ronger petit à petit ceux qui le mène. Peut-être qu’un peu de soutien d’une tierce personne pourrait soulager cela. Espérons-le. »
Elle se contenta d’hausser les épaules, pas encore parfaitement certaine de sa réponse. C’était toujours délicat d’établir ce qui rendait le jeu d’influence rentable, ou au moins utile. Sa rencontre avec Jacob, comme sa présence ici, mettraient du temps à porter un quelconque fruit.
-« Le temps nous le dira. Mais rencontrer des nouvelles personnes lui donne déjà du gout. »
Les secondes s’écoulaient alors que la comtesse de Pessan, toujours silencieuse observait la foule par-delà son épaule à l’exception d’un long rire et d’une gorgée bien plus appuyée que les précédentes après avoir récupérer son verre, surtout face au manque d’expertise qu’elle lui avait dit avoir au sujet de cet alcool. Le cœur d’Irène battait dans ses tempes. Qu’attendait-elle comme réaction en réalité ? Elle avait révélé son attirance, sans être elle-même sûre de la manière de procéder, et de ce qu’elle espérait en retour. Combien de chance avait-elle qu’une telle approche apporte quoi que ce soit de positif ? Elle-même aurait probablement mal réagit. Ou du moins cloisonner sa réaction. Était-ce pour le défi ? Pour l’espoir ? Pour se prouver qu’elle avait le droit comme tout un chacun d’avoir des désirs et de les assumer ? Ou simplement pour provoquer cette femme qui lui rappelait la prison qu’avait été son corps durant des années. Probablement un mélange trop marqué de tout cela.
Comme chacune de ses paroles, sa réponse fut mesurée, tendancieuse, presque inquiétante tant elle lui offrait de multiple interprétation possible. Cette femme pourrait bien être sa perte si elle n’apprenait point à la décrypter plus efficacement. Mais cela faisait parti de son charme froid, elle vous laissez dans le doute tout à fait volontairement, et c’était un très bon moyen d’attiser la curiosité et l’envie de la comtesse de valis de la fréquenter plus avant, juste pour pouvoir observer un peu plus longtemps ses mystères. « Pourquoi attendre ?? ». Le souffle dans lequel elle prononça ces mots en la fixant de nouveau lui picota la peau d’une manière douloureusement agréable. Elle sourit, amusée d’être si sensible à sa manipulation pourtant évidente de ses sens.
Elle l’observa, l’écouta, suivit en détail le petit jeu d’équilibre qu’elle imposa au récipient. Elle savait qu’en effet elle devrait bien effectuer chacune des tâches qu’Apolline évoquait, mais à cet instant précis, elle s’amusait trop à la regarder poursuivre son cheminement de pensée en prenant bien garde de ne pas lui répondre ouvertement. Les doigts chaud de la jeune femme laissèrent longuement leur empreinte sur sa peau, même après qu’elle les eut ôté, provoquant un frisson d’amusement et de contrariété chez la dame aux cheveux d’argent.
-« Parfois le résultat peut valoir quelques piqures je le pense. » se contenta-t-elle de répondre et rendit son salut tout en élégance à sa compagne et adverse, bien décidée à ne laisser aucunement celle-ci conclure ainsi cette rencontre. « Le plaisir était des plus partagée Comtesse. »
Elle s’amusait trop. Trop dangereusement aussi sans doute. Sa conviction augmenta encore à la dernière prise de parole de celle qui s’éloignait déjà dans la foule. Elle observa sa silhouette qui se glissait avec aisance entre les attroupements, digne, fière, sure d’elle, et par la même très désirable. Il était plaisant de ne pas être celle qui contrôlait la situation. Ou plutôt d’être celle qui acceptait de fournir les armes pour plier. Elle n’avait pas à combattre pour dominer, uniquement à réagir. Elle posa son regard sur le gobelet au sol dont s’écouler les rares gouttes rougeâtres. Elle devait s’arrêter là, elle le savait. Elle s’était déjà montrée trop audacieuse, trop vulnérable. La suivre c’était continuait le jeu en pliant a des règles qu’elle n’avait pas établi elle-même. Et puis qui sait il y avait peut-être une bande de gros bras là dehors, au service de la maîtresse des lieux qui attendaient simplement que sa rivale sorte pour la faire disparaitre discrètement et ôter une future épine du pieds de celle qui réglait leurs soldes.
C’était improbable, mais pas impossible. Et ce n’était là qu’un scénario parmi les milliers qui pourraient lui nuire si elle décidait de la suivre sans avoir d’autre intentions que la fréquenter plus longuement. Arriver à un combat sans arme était une erreur souvent fatale. Oui, c’était stupide, terriblement stupide, elle n’avait aucune raison d’y aller. La comtesse de Valis sourit, but d’une traite la fin de son verre et le posa elle aussi dans un équilibre précaire sur le muret. Elle ne s’attarda pas sur le destin de celui-ci, ses pas la menant déjà vers la sortie dans laquelle s’était engouffrée l’étrange femme.
Quelques instants plus tard, elle émergeait dans la lumière déclinante de l’extérieur, dépassant deux gardes au regard morne qui ne lui prêtèrent guerre d’attention. Surement que la nouveauté de voir passer tant de noble avait vite laissé place à une redondance fatiguée à mesure que les heures passaient. Elle perçu du coin de l’œil le rose de la robe d’Apolline disparaître derrière un mur sur sa gauche et laissa ses pas la guider à sa suite. Inquiète de ce qui l’attendait, et heureuse d’être inquiète. C’était une sensation si différente de son indifférence, pour les dangers, pour la vie, pour les plaisirs, pour les malheurs. Tellement différent, tellement plus vivant.
Elle la trouva plus loin, après un ou deux autres virages qui lui démontraient clairement que dame de Pessan maitrisait sans peine la disposition des lieux. Elle était là debout sur une sorte de crête qui donner une vision presque poétique sur le village en contrebas, les mains croisées devant elle, dans un de ses silences songeurs. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien penser, et ne pas pouvoir le deviner lui plut à nouveau. Pas de coupe-gorge à l’horizon. En réalité, ils n’y avaient rien autour d’elles, à l’exception d’une charrette pleine de foin frais et du mur dans leur dos dont seul le couloir qu’elles avaient franchi semblait permettre de pénétrer. Irène s’avança sur la petite crète à son tour, et constata qu’un chemin étroit descendait vers les premières maisons, pour peu qu’on s’y risque en robe. Elle se glissa à coté d’Apolline, et glissa naturellement sa main sur le bras plié de la magnifique brune, sans l’agripper toute fois. Provoquant simplement un contact qui lui plaisait à elle. Elle observa le décor en contrebas.
-« Me pardonnerez-vous de prendre encore un peu de votre temps ? J’avais moi aussi besoin d’air, le monde est parfois oppressant. » dit-elle sans souligner qu’elle était plus ou moins convaincue de répondre à une invitation aussi étrange que la sienne, bien que sans doute différente. Ainsi elle offrait à celle qui lui avait faite, l’occasion de revenir dessus. « J’ai conscience que nous devions craindre l’arrivée du ciel nocturne, mais je ne peux m’empêcher d’aimer cette lumière crépusculaire. Elle donne un autre contour au chose. » commenta-t-elle, son regard glissant sans hésitation des maisons en contre bas au profil délicat d’Apolline. C’était d’autant plus vrai sur elle.
-« J’espère que mon audace ne vous a point dérangé ? Je m’essaie à exprimer plus ouvertement mes espoirs et envies. Mais je ne souhaite point vous être désagréable. Je souhaitais que vous le sachiez. Ou peut-être seulement un peu ! » dit-elle malicieuse, son pouce caressant distraitement la peau nue de son bras. « Je crois que j’espérais aussi vous voir afficher quelques instants ce que vous dissimulez derrière votre parfaite maitrise. Mais je me suis juste fait prendre à mon propre piège puisque me voilà ici. Tout juste ai-je réussi à vous faire froncer les sourcils…»
Elle haussa les épaules, admettant sans peine son échec, même s’il était sans doute à relativiser face au pire scénario qui aurait pu se produire.
-« Si vous le permettez, je vais essayer une dernière chose avec de m’avouer vaincue… temporairement ! » dit-elle dans une détermination taquine.
Sa main quitta le bras de la comtesse de Pessan pour venir glisser dans son dos et la faire doucement pivoter vers elle. Elles étaient peu ou prou de la même taille, ce qui lui permit de garder sans effort ses yeux plongé dans les siens alors qu’elle la pressait sans force contre elle, lui laissant toute latitude d’échapper à son étreinte. Elle approcha son visage du sien. Effleura son nez retroussé de la pointe du sien dans une caresse délicate. Le baiser qui s’ensuivit fut délicat, presque vaporeux, elle ne ferma pas les yeux, observant Apolline, scrutant ses réactions, ses lèvres étaient chaudes, parfumées. Elle se retira avec la même délicatesse et ôta toute pression de sa main dans son dos sans pour autant la retirer.
-« Fut-ce désagréable ? Si vous deviez répondre sans penser aux conséquences, ou aux plans que vous devez suivre. Je ne dirais à personne que vous avez baissé votre garde, c’est promis. » dit-elle en lui souriant amicalement, comme si elle lui demandait son avis sur le vin qu’elles n’avaient plus. Elle n’était pas tout à fait certaine qu’Apolline veuille, ou soit capable de simplement baisser les armes, l’espace d’un instant. Elle-même en aurait été incapable il n’y pas si longtemps.
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Dim 15 Nov 2020 - 1:21
Suivant le mouvement de son mari, Idalie s'arrêta devant le kiosque d'apiculture. Elle salua son propriétaire et lui sourit aimablement avant d'observer attentivement les produits proposés. De temps à autre, elle leva un regard vers Aymeric, signalant ainsi qu'elle l'écoutait. Son regard se fit plus pétillant quand il mentionna au producteur qu'elle avait la dent sucrée, ravie qu'il se rappelle de son goût pour les friandises, touchée qu'il souhaite prendre la peine de passer plus souvent chez l'apiculteur dans le simple but de lui faire plaisir.
« Vos produits sont magnifiques, je serai heureuse d'en savoir plus sur les différentes étapes de fabrication si vous avez le temps de me recevoir, un jour », dit-elle gentiment avant de s'éloigner en compagnie d'Aymeric.
Idalie rit à la remarque de son époux, puis hocha la tête à sa proposition de commencer par les charcuteries.
« Excellente idée, acquiesça-t-elle. Et je sais que je peux conserver mes goûts, cher Comte. Cela ne m'empêchera cependant jamais de vouloir connaître les vôtres. »
Elle sourit, de belle humeur, puis accorda son attention au charcutier. Les liens semblant gêner Aymeric, celui-ci tenta de défaire les nœuds, ne parvenant qu'à en détacher un avant de devoir s'arrêter, les tranches de charcuterie étant prêtes à être consommées. Idalie laissa Aymeric commencer avant de se permettre de goûter à son tour. Tout en mangeant avec le raffinement que l'on attendait d'une noble, elle opina doucement du chef. C'était, effectivement, un pur délice, et elle ne pouvait que saluer le talent de l'artisan devant elle.
« Je n'ai aucun doute que tu te perfectionneras avec le temps, offrit-elle à Aymeric en guise d'encouragements. Je suis certaine que cet homme très talentueux a également dû peaufiner sa recette au fil des ans. Tout est, selon moi, une question de patience et de volonté. »
Idalie remercia poliment le charcutier, puis fit quelques pas avec Aymeric, pouffant quand il déclara que son amie fermière, Mathilde, l'avait bien eu en profitant de ses fonctions pour goûter à mille et un petits plats appétissants.
« Il faut bien joindre l'utile à l'agréable! », lança-t-elle, prenant la « défense » de cette femme qui n'avait pas encore croisé son chemin.
Idalie rit, puis goûta à quelques produits supplémentaires avec Aymeric. Après avoir louangé avec sincérité le travail de chacun, elle s'arrêta et regarda son mari avec un air faussement grave :
« Si j'avale un plat de plus, je n'aurai plus de place pour le dessert et il s'agirait là d'une véritable tragédie pour un jour aussi heureux... »
Elle le regarda, une lueur espiègle dans les yeux, puis pressa affectueusement leurs mains liées, finalement bien peu pressée de se défaire des nœuds malgré le côté peu pratique de la chose.
« Es-tu de ton côté assez repu pour faire danser ton épouse? », demanda-t-elle en penchant doucement la tête, non sans faire mine de l'entraîner vers les danseurs tout en lui offrant son plus beau sourire.
Aymeric de BeauharnaisComte
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Ven 20 Nov 2020 - 15:08
Ils ont un moment calme, le premier depuis un sacré moment. Alors, même si les marques d'affection en public ne sont pas forcément bien vues, ce sont leurs noces, puis les qu'en dira-t-on, il a passé l'âge. C'est un baiser qui accueille l'invitation d'Idalie à danser. Un baiser volé, sans prévenir.
- Je suis loin d'être repu et vous êtes le met qu'il me plaira le plus de déguster. Hélas pour nous, il nous faudra attendre que les invités soient chassés
Apolline n'en fait qu'à sa tête. Ils ont un lieu en pierre, sécurisé et elle sort, suivie par sa partenaire de danse. Aymeric considère cette attitude comme criminelle. Si encore elles avaient l'expérience de l'extérieur, mais non, faut croire que vivre à l'Esplanade fait oublier la réalité du danger fangeux. Mais elle reste la propriétaire des lieux. Reste à espérer que les gardes sauront les prémunir du danger et les faire rentrer en urgence dès que quelque chose de louche filtrerait à l'horizon. Il se demande juste à quoi servent les instructions et recommandations si la maîtresse de maison les trahit dans la foulée.
- Foi, Force et Honneur !
Les premiers mots qui lui viennent à l'esprit quand il l'entraîne dans une première danse. Pourquoi sa devise familiale et pourquoi l'avoir dite ainsi, à voix haute ? Parce qu'Idalie est désormais une "de Beauharnais", sans doute. Et parce que décidément tout est compliqué quand il y a beaucoup de monde. Et avoir hébergé des gens à son étage fait que c'est déjà beaucoup de monde pour lui, alors il suffit d'imaginer avec les invités en plus. Mais si sa motivation est là, plus loin, celle qui est sa chair et son sang, Alix, sa force, sa nouvelle force, tournoie avec lui avec des yeux qui pétillent.
- Cette devise familiale, je ne l'ai jamais reniée et elle a toujours guidé ma vie. C'est à la fois ma force et ma faiblesse. Et je présume celle qui a guidé et perdu mes parents. Oh, certainement pas ma mère. J'espère qu'en me regardant de là où elle est, elle se dit que son sacrifice en valait la peine, car elle a donné sa vie pour un homme bien. J'essaie de l'être. Vous avez la sagesse que je n'ai pas, ou pas assez, Comtesse. L'atteinte à l'honneur induite par la présence de l'Ogre de Rougelac aurait pu me mener à des extrémités, mais un simple et discret geste a su me ramener à de meilleurs sentiments. J'en aurai encore besoin, à n'en point douter.
Il aurait pu lui mentir, lui faire miroiter un rôle plus beau qu'il n'est, maintenant qu'ils sont mariés elle ne peut plus dire non. Mais il était visiblement sincère, il compte énormément sur elle. Mais il est conscient que c'est tout sauf simple, aussi pour elle.
- Malgré le désamour que nous nous portions, les préceptes exigent qu'il faut honorer son père et sa mère. Du moins c'est ainsi que je l'ai appris. Alors, la Foi, le premier point de la devise familiale, m'a obligé à dire que j'agissais au nom de mon père, même si dans les faits c'est moi qui payais, qui faisais les dons, qui surveillais ses deux commerces. je gérais ses gens, je gérais ses soins, j'agissais comme lui aurait agi s'il ne souffrait pas d'une maladie de l'âme. J'ai même vu des rebouteux pour le guérir quand la médecine traditionnelle a échoué. Je n'ai pas été parfait, je reste humain, mais j'ai toujours tenté d'agir dans le respect des Trois.
Il est aisé de suivre les préceptes religieux quand ils nous facilitent la vie, mais quand ils la compliquent, c'est moins évident. Pareil pour la Force.
- La Force, pour mon père, c'était les territoires et la réputation. Pour mon frère, qui a un peu le même profil que l'Ogre ici présent, c'était la force physique. Pour moi c'est différent. Ca n'est pas l'influence que l'on peut avoir, ni la puissance de notre armée ou celle de notre bras, la Force, c'est celle qui nous permet de marcher droit, d'être en accord avec ce qu'on est et nos convictions. Je suis un homme des forêts, les Trois m'ont créé ainsi. Etre fort, c'est renoncer à l'Esplanade pour retrouver la nature, même si elle est devenue atrocement hostile. La force, c'est accompagner ses hommes dans une mission dangereuse là où on pourrait moins s'exposer, et songer à tout faire pour les ramener entier. La seule chose dont je sois fier, c'est d'avoir ramené les hommes qui se sont retrouvés par la force des choses sous mon commandement dans le Chaudron. La Force, c'est pouvoir renoncer à ce que j'ai ici, ce toit, cette nourriture, s'il me faut agir contre mes convictions ou si le partenariat qui me lie à la Pessan ne me convient plus.
C'est aussi pour cela qu'il a quitté un emploi qui lui plaisait pour rejoindre son père alors qu'il ne voulait plus être noble. C'est la même force qui l'a conduit à quitter le cocon familial pour s'engager dans la milice ducale.
- L'honneur est une notion bien plus complexe car chacun y voir un peu ce qu'il veut. j'ai mon honneur de soldat qui m'oblige, sans que j'en souffre, à être présent et offrir mon bras à mon Roi si ce dernier le réclame. J'aurais pu ne pas rentrer dans le Chaudron et donner priorité à la protection de ma fille. J'y ai songé, plus d'une fois. Mais je l'avais préparée aussi à se défendre, à trouver les bons gestes. Il y a la part de chance, le plus brillant banni peut tomber sous les griffes d'un fangeux malgré son expérience et son talent, mais il reste mieux armé que moi, qui reste mieux armé que d'autres. Alix a reçu de nombreuses informations pour survivre à cette engeance et pourtant, mes pensées étaient pour elle. J'ai pourtant mené mes hommes, tu vois ? Car tel était mon honneur de soldat. Mon honneur de chasseur est de ne pas tuer une femelle gravide. Mon honneur d'époux est de te respecter, celui de père est de ne pas faire honte à ma fille. J'ignore où est l'honneur d'un Comte. Mais si je devais attenter à ton honneur, par volonté ou par accident, même si ton honneur d'épouse te l'interdit, préviens-moi, et préviens-moi clairement. Je ne doute pas que tu sauras le faire intelligemment.
La devise familiale est tout sauf simple, alors s'il peut l'aider... Alix vit avec, elle aussi, tout en conservant encore un peu cette innocence enfantine. Mais juste un peu, l'ancienne enfant des rues a trop vécu. Alors il l'occupe au mieux, lui fait faire un travail qu'une adulte aurait pu mal assumer. Et elle s'en est sortie. Et cette fête est beaucoup la sienne, c'est son cadeau pour son père et sa nouvelle mère. Et c'était important. Elle sera aussi un modèle pour leur enfant, si Serus bénit leur union. Et qu'elle le vive bien est son objectif à lui. Il ne l'a jamais considérée comme une bâtarde, mais il sait qu'elle pense toujours qu'elle l'est. Même là, alors qu'il danse avec son épouse, il songe à sa fille.
- Je pense qu'Alix t'aime déjà. Elle t'a choisie avec moi. Elle aurait fait l'effort pour son père si elle t'appréciait moins, mais là, je ne doute pas qu'elle t'aime. Ne triche pas avec elle. Sois sévère s'il faut l'être. Je crois qu'elle apprécie qu'on ne triche pas. Je l'aime, mais si j'ai besoin d'être seul et qu'elle enfreint la règle, elle l'entend. C'est aussi pour ça qu'elle m'aime, je crois. Et pour ça qu'elle t'aimera. Ah oui, elle ne joue pas à la grande, elle a grandi trop vite. Et c'est déroutant. Je pense que c'est ce qui me rend le plus triste la concernant. J'aurais aimé qu'elle reste une enfant.
Il interrompt la danse à la fin de la musique et s'attaque au noeud. Pour manger, c'est drôle, pour danser aussi. Mais au bout d'un moment, ça saoule. Et Aymeric perd patience. Il ne coupera pas dedans, par superstition, mais cette fois, il y songe, et sérieusement. Groumpf !
Idalie de BeauharnaisComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Dim 22 Nov 2020 - 18:41
Si le baiser d'Aymeric, par sa spontanéité, surprit Idalie, ses paroles, elles, la firent tout bonnement rougir, d'autant plus qu'elles ravivaient à son esprit les images d'un instant volé dans le secret de la nuit. Par pudeur, elle ne répondit rien, se contentant de sourire en regardant son époux. Les mots étaient inutiles, car chacun savait que l'autre attendait avec une certaine impatience la nuit de noces, ce moment où ils se découvraient véritablement pour la première fois et où, sous le regard bienveillant de Serus, ils s'appartiendraient totalement. Ce moment qui ne tarderait plus, mais qui n'était pas encore venu, la fête battant toujours son plein dans le manoir du domaine de Pessan.
Foi, force et honneur! Idalie sourit en se laissant entraîner par Aymeric. La devise des Beauharnais. Sa devise aussi, maintenant. C'était une drôle d'introduction pour une première danse, mais la nouvelle comtesse savait que son mari l'expliquerait. Elle n'était à ses côtés que depuis une petite semaine, mais elle avait déjà pu remarquer qu'il ne parlait jamais pour rien dire. Il était soit avare de mots, soit particulièrement bavard, comme pour ne rien laisser au hasard. Aussi l'écouta-t-elle attentivement en exécutant avec lui leurs pas de danse, non sans tâcher de donner une certaine fluidité à leurs mouvements afin que les invités ne rapportent pas à qui veut l'entendre que le couple Beauharnais danse maladroitement. Parce qu'Aymeric n'était pas un habitué, et parler autant en suivant la musique ne devait pas aller de soi pour lui.
Aymeric avait sa propre vision de la devise familiale des Beauharnais, différente de celle de son père ou encore de son frère. Songeuse, Idalie acquiesça à ses explications. Elle devait désormais vivre selon ces préceptes, les intégrer à son quotidien en fonction de la signification qu'ils avaient pour Aymeric, mais également y trouver un sens qui résonnait avec la personne qu'elle était. La foi, la force, l'honneur... Elle en avait aussi sa propre vision, celle d'une croyante, d'une femme, d'une épouse, d'une belle-mère, d'une future mère. En tant qu'époux, Aymeric et elle se compléteraient et respecteraient, chacun à leur façon, la devise des Beauharnais.
« Je le ferai, répondit doucement Idalie à Aymeric. Et j'espère que tu me préviendras également si, par maladresse, j'attente à ton honneur ou à celui de ton nom. Cette devise est désormais la mienne aussi et je tiens à la respecter comme si elle avait toujours guidé ma vie. »
Aymeric parla ensuite d'Alix et, brièvement, le regard d'Idalie vagabonda dans la pièce pour repérer la jeune fille. Après avoir aperçu l'enfant entre les danseurs, la comtesse revint à son époux, le cœur réchauffé par sa déclaration. Alix l'aimait; elle l'avait même appelée Maman avant de les laisser un peu plus tôt. La voix de la petite résonna dans l'esprit d'Idalie, qui comptait bien rendre cet amour au centuple.
« Oui, je comprends, dit la jeune femme lorsqu'Aymeric admit être triste qu'Alix ait grandi si rapidement. Malgré tout, elle a toujours son cœur d'enfant, Aymeric, et je ferai tout pour le préserver même si ses pensées sont souvent celles d'une adulte. Nous serons désormais deux pour l'aimer et la protéger. »
Aymeric tenta alors de défaire les nœuds qui liait leurs mains avec une impatience grandissante, ce qui ne manqua pas de tirer un rire à Idalie. Elle s'accommodait bien de cette situation, elle l'appréciait, même, mais celle-ci semblait déranger son guerrier de mari.
« Allons, allons, Monsieur de Beauharnais, ne vous attaquez pas à ces nœuds avec une telle impétuosité, ils pourraient bien se venger en se serrant davantage, lança-t-elle, rieuse. Tentons de travailler ensemble, plutôt. »
En désespoir de cause, ils pourraient toujours faire appel à Ilda, mais Idalie préférait essayer de se débrouiller sans sa domestique. Elle aimait l'idée que seuls le prêtre, Aymeric et elle aient touché ce ruban, la manifestation physique de leur union sacrée.
Avec tendresse, Idalie écarta la main d'Aymeric pour étudier les nœuds et voir par où commencer. Ses doigts étant plus fins que ceux de son mari, elle se proposa pour défaire les nœuds, demandant à Aymeric de l'aider à tirer sur les liens une fois une première ouverture réalisée. Après quelques minutes de travail et de patience, leurs mains furent libérées et Idalie tendit la main vers Aymeric afin qu'il noue le précieux ruban autour de son poignet, comme le voulait la tradition.
« Je savais que nous y arriverions! »
Idalie entrelaça son bras à celui d'Aymeric. Ils furent alors rejoints par Zephyr, qui discuta un instant avec eux avant de laisser sa place à quelques autres invités qui n'avaient pas encore eu l'occasion de féliciter les mariés. En quelques minutes, ils finirent cernés par un groupe qui discutait allègrement, une situation qui ne devait pas être au goût d'Aymeric et dont Idalie les dépêtra habilement en prétextant mourir de soif. Quittant aimablement les nobles, qui continuèrent à bavarder entre eux, elle entraîna Aymeric vers les places qui leur étaient assignées et s'assit après avoir demandé à boire à un domestique. Les coupes remplies de vin, elle se tourna ensuite vers Aymeric et prit sa main dans la sienne.
« Je sais que tu n'aimes pas les foules, surtout chez toi, mais ne trouves-tu pas beau de voir une telle vie en ces lieux? Il y a peu, un tel rassemblement ici aurait été tout simplement impensable, voire impossible. »
Mathilde VortigernFermière
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Dim 22 Nov 2020 - 19:47
Elle a beau être plutôt grande par rapport à la plupart des femmes, Mathilde reste un instant muette devant l'armoire à glace qui a croisé son chemin. Si elle songe parfois à ses épaules, un peu trop carrées, un peu trop hautes, un peu trop musclées par rapport aux belles qui fréquentent la couche de son époux lorsqu'il n'est pas à la maison, la fermière se sent tout à coup bien frêle face à la masse extraordinaire de muscles qui lui fait face.
Immédiatement, l'image d'un enfant beaucoup trop gâté par sa mère ou sa nourrice lui vient à l'esprit. Un petit garçon aux joues rondes, au cou dissimulé sous les bourrelets et à la bouche joyeusement décorée de purée de légumes, attrapant de ses petits doigts boudinés toute nourriture passant à sa portée. Voilà qui vient calmer le sentiment de panique -quel mauvais endroit pour faire une bourde- qui menaçait de s'emparer d'elle. L'homme se penche vers le pâté, qui heureusement n'a pas souffert de la petite et négligeable bousculade, et en hume le parfum avant de lui dresser la liste des ingrédients ayant servi à la composition de celui-ci. Mathilde hausse un sourcil, à la fois soulagée de ne pas se faire rabrouée par l'un de ces nobles dont l'éducation implique un mépris total envers les gens de son rang, et surprise de constater que parmi les odeurs de parfums et de nourriture, il réussisse à saisir l'exacte composition du plat.
- Par les Trois, Messire, je ne savais pas que ma mère avait un jour transmis sa recette secrète à quelqu'un d'autre que moi! Mathilde aurait pu ajouter un Sommes-nous cousins?! aussi spontané qu'amusant, mais elle retient sa blague au dernier moment : elle n'a rien de noble, et insinuer un lien de parenté, même pour une boutade, reviendrait peut-être à sous-entendre que l'inconnu qui lui fait face est un bâtard. Mauvaise idée, très mauvaise idée. Malgré la fatigue, la fermière tient bon dans sa résolution de ne commettre aucune bévue protocolaire, même si elle a réellement un don pour cela.
- Les herbes et les légumes proviennent de mon jardin, oui. Les oeufs aussi. Le blé qui a permis de faire la farine et l'armagnac sont du voisinage, messire. C'est le savoir-faire des paysans d'Usson qui se conjugue à un très bon chasseur qu'est le Comte. J'espère que ça sera à la hauteur de vos attentes, messire...?
Messire qui? Elle ne l'a jamais vu, ce grand costaud, elle en est certaine. Pas qu'il soit à son goût, ni particulièrement terrifiant -quoiqu'il est évident qu'il ne faut pas chercher d'emmerdes avec ce genre de gars-, mais il a une carrure qu'on n'oublie pas. S'il la tutoie, c'est qu'il faut partie de la haute société et qu'il vaut mieux par conséquent qu'elle s'en tienne au "vous" habituel.
- Pardonnez-moi de ne pas vous reconnaître, j'ai l'impression que c'est la première fois que nous nous voyons au Labret. D'habitude, je peux me vanter de connaître à peu près tout le monde, mais il semble que toute la bonne société se soit donné le mot à Marbrume pour venir voir comment l'on vit à la campagne si bien que j'ai l'impression d'être en terrain inconnu! Mathilde n'en rougit pas. Après tout, même si elle est une petite célébrité au Labret depuis l'invasion de Marbrume, et malgré les rencontres auxquelles le Vicomte de Terresang l'a conviée pour prendre une part active dans l'organisation de l'Ordre, la fermière reste fidèle à ce qu'elle est : une paysanne élevée dans l'idée que la noblesse ne cherche qu'à tirer profit de sa chance, si possible en écrasant les petites gens qui, par conséquent, font preuve d'une sagesse infinie en se tenant loin de l'aristocratie. Évidemment, il y a toujours bien l'un ou l'autre énergumène prêt à sortir du lot, comme Aymeric ou Alexandre, et ce drôle de bonhomme un peu trop familier qu'est Sombrebois, mais elle n'est pas prête encore à admettre que tout comme parmi les paysans, il y a chez les nobles ceux qui ont un coeur, et ceux qui n'en ont jamais eu un.
- Dites, est-ce que ça serait très inconvenant de ma part de solliciter votre aide pour que ce pâté arrive à bon port? Je vous serais réellement reconnaissante si vous pouviez m'ouvrir un chemin parmi les danseurs! Je vous promets une magnifique part de ce pâté en échange.
Mathilde lui offre un petit sourire gêné. Un noble ne peut pas refuser de l'aide à une femme en détresse, même si la femme est une paysanne et que la quête prend la forme d'un pâté en croûte à sauver de la bousculade, si?
Spoiler:
Je suis làààà! De retour au clavier pour un rythme d'écriture plus régulier!
Desmond de Rochemont
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 23 Nov 2020 - 0:00
La jeune femme me répond par une boutade que je mets un peu de temps à comprendre ce dont elle parle, finalement je la trouve drôle cette femme du peuple qui ne semble pas être impressionné par ma personne, ce qui est assez rare. Elle enchaîne donc sur la liste des ingrédients, m’indiquant que j’avais vu juste, en tout cas cela à l’air fort bon et lorsque qu’elle me demande mon nom, je lui réponds fort aimablement, car parler nourriture m’ayant toujours détendu :
Je suis le chevalier Desmond de Rochemont.
Je vois du coin de l’œil qu’au mépris des convenances les deux femmes partent danser et se rapprochent un peu trop ce qui me fais froncer les sourcils, je pense que je vais devoir barrer le nom de la Comtesse de Valis de ma liste si cela continu. Mais la servante continue à me parler et je dois me concentrez pour pouvoir répondre à sa remarque sur le fait que je sois nouveau :
Tu as raison, je suis de Marbrume et je suis venu spécialement pour la mariée que je connaissais avant qu’elle vienne s’installer ici.
Je me demande d’ailleurs pourquoi elle a voulu s’enterrer dans ce trou perdu, mais lorsque je vois le couple goutant ensemble à tous les plats, je dois avouer qu’ils ont l’air sacrément amoureux. Je ne sais pas si mes parents ressemblaient à cela avant ma naissance mais j’ai plaisir à penser que oui, qu’au moins ma mère soit morte heureuse et non en me maudissant. Je suis tiré de mes sombres pensées par une demande fort téméraire de mon interlocutrice et je lui réponds en souriant :
J’aime bien les personnes courageuse et comme tu m’offres une récompense digne d’un roi, c’est avec plaisir que j’accepte cette requête.
Faisant mine pour la blague de tirer mon épée, je prends la tête de notre petit groupe constitué de deux personnes et fend la foule, essayant de ne pas bousculer les gens, préférant les écarter gentiment mais fermement du passage. Ma technique fonctionne car en moins de cinq minutes nous sommes arrivés à bon port et je peux donc m’adresser à celle que j’ai accompagné :
Et voilà, je t’ai protégé au péril de ma vie et de mon honneur.
Je souris en prononçant cette phrase, parfaitement à l’aise. J’attends donc sa réponse puis je sers deux verres d’alcool et j’en propose un à l’employé de maison lui disant :
Tu l’as bien mérité, ne t’inquiète pas pour ton employeur, tu lui diras que je t’ai forcé, il a déjà une mauvaise opinion de moi, alors autant que ce soit pour de bonne raison. D’ailleurs quel est ton nom ?
J’attends qu’elle me réponde avant de lui poser une nouvelle question :
Je dois partir avant la nuit tombée, ne voulant pas faire la route de nuit, pouvez-vous me dire à combien d’heure se trouve l’auberge la plus proche ?
Je dois en effet faire attention à l’heure, ce serait dommage de perdre la tête pour un pâté !
Mathilde VortigernFermière
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 23 Nov 2020 - 20:47
Je suis de Marbrume. Mathilde n'est pas surprise, et regrette qu'un pareil géant ait choisi de vivre derrière les hautes murailles de la ville plutôt que d'utiliser son imposante carrure à la défense des paysans qui se tuent littéralement à produire la nourriture des derniers êtres humains. Et puisqu'il est noble et basé à Marbrume, l'homme a la chance de connaître la Comtesse. Mathilde, elle, ne l'a même pas entrevue, trop occupée par les préparatifs et les corvées habituelles de la ferme et du voisinage.
Par chance, de Rochemont, chevalier de son état et dont le nom ne rappelle rien à Mathilde, pas la moindre anecdote croustillante entendue à l'auberge ni épopée formidable contée par un vagabond contre quelques piécettes, le chevalier donc accepte d'ouvrir un chemin à Mathilde qui tient avec toutes les précautions du monde ce pâté en croûte qui doit arriver à bon port, coûte que coûte. Faisant mine de sortir une épée de son fourreau, mais sans le faire réellement, Desmond se met en marche, d'un pas lent et assuré, écartant tranquillement les invités sans créer le moindre esclandre. Mathilde est sur ses talons, lançant de temps à autres un peu Pardon, suivi d'un Excusez-moi plus poli que les tonitruants Chaud devant! qu'elle réserve aux gars de la ferme. Quelques minutes suffisent à traverser la salle sans grand effort, et c'est avec moult précautions que la fermière dépose son précieux butin sur l'une des tables du buffet, non loin des mariés.
- Le banquet est sauvé! Messire de Rochemont, vous êtes un véritable homme d'honneur, je vous en remercie! Mathilde a le sourire franc typique des gens fatigués pour qui le moindre petit pépin prendrait des proportions énormes. Mais voilà que l'homme sert deux verres d'alcool et semble vouloir en partager un à la fermière qui hésite un instant avant de le prendre.
- Mathilde Vortigern, née Dumas. C'est très précisément ici qu'elle devrait se fendre d'une révérence, mais la fermière est bien loin d'exceller dans cet art et opte pour un simple mais respectueux hochement de tête qui aura le mérite de ne pas insulter l'homme qui lui fait face. Elle relève la tête en souriant, s'imaginant au service du Comte. Elle n'a rien d'une domestique. Les quelques unes qui travaillent ici lui paraissent mille fois plus gracieuses qu'elle, et sans doute bien plus docile que la fermière. Je ne travaille pas pour le Comte, du moins pas comme les gens de la maisonnée. Je cultive des légumes dans la ferme familiale à quelques lieues d'ici, et le Comte a cru bon de me demander d'utiliser mes connaissances et mes vieilles amitiés pour rassembler le meilleur de ce qui se fait au Labret afin de créer un banquet digne de ce nom. Et elle espère réellement que les invités apprécient les trésors de savoir-faire qui ont été rassemblés et cuisinés, parfois avec l'habileté des meilleurs chefs, parfois à la hâte compte tenu des petits imprévus de dernière minute. Peu à peu, le regard de Mathilde se pose sur les visages des personnes terminant de grignoter un petit quelque chose et s'attarde sur les expressions pour tenter de saisir les pensées qu'elles trahissent. Satisfaction? Dégoût? Surprise? Appétit? Mais la voix grave de son interlocuteur la ramène à des choses bien plus pragmatiques : un endroit où loger.
- Il y a une bonne auberge à Usson, mais j'ai bien peur que les invités y aient réservé tous les lits disponibles. Dans les faits, vous pourriez vous rendre à peu près dans n'importe quelle maison pour y demander un lit, nous avons l'habitude d'accueillir les nobles voyageurs et de leur offrir tout le confort que nous pouvons. Une prérogative pour tous les nobles, celle de pouvoir déloger les habitants d'une maison, prendre leurs lits, leur nourriture, et ne pas s'inquiéter de la qualité de la nuit de leurs hôtes probablement entassés sur une ou deux paillasses collées dans le grenier d'une grange. Naître noble est vraiment utile, parfois. Souvent. Même pour la Comtesse, dont l'accueil au Labret est bien meilleur que celui qui a été réservé aux personnes raflées à Marbrume lors de la reconquête du plateau.
- C'est un peu plus sauvage que la ville, je vous l'accorde, mais la Comtesse vivra bien au Labret. Les gens attendaient avec impatience son arrivée. En fait, il faut admettre que les gens attendaient aussi impatiemment de voir le beau monde de Marbrume ici à Usson! Je crois qu'ils ne seront pas déçus et.. Mathilde penche la tête sur le côté pour apercevoir la propriétaire de la somptueuse robe qui se tient à quelques mètres d'eux et qui quitte le buffet pour aller, au bras de son nouvel époux, s'installer aux places d'honneur. Alors la voici, la nouvelle Comtesse dont tout le monde vante la douceur et la beauté. Celle qui a ravi le coeur d'Aymeric de Beauharnais, et qui l'entraîne un peu plus loin.
- La mariée est magnifique et je crains que le Comte soit tellement subjugué qu'il veuille la garder juste pour lui. Oserais-je une fois encore demander votre aide, messire? Parce que j’aimerais beaucoup avoir la chance de la saluer avant la fin de la fête! Bien évidemment, qu'elle ose. Mathilde ne prend pas ses aises, mais le chevalier semble de bonne composition et étonnamment ouvert à la discussion avec une simple gueuse. Vous qui la connaissez, pensez-vous qu’une part de pâté servie soit un prétexte suffisant pour l’aborder?
Sans attendre la réponse, Mathilde dépose le verre dans lequel elle n’a pas pris la moindre gorgée et entreprend de découper une généreuse part de pâté, puis une deuxième, puis une troisième. Après tout, une fois entamé, les invités n’auront plus peur de s’y servir. Mathilde dispose avec précaution les tranches sur des assiettes dépareillées mais plutôt jolies et en tend une à de Rochemont.
- Puis-je demandé un avis éclairé au fin connaisseur que vous semblez être?
Desmond de Rochemont
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Lun 23 Nov 2020 - 21:57
Mathilde Vortigen, puisque c’est son nom, me détrompe en m’indiquant qu’elle n’est pas une servante mais une fermière, précision bien inutile, ne sachant pas vraiment faire la différence. La suite est plus intéressante car elle semble connaitre pas mal de gens qui font des bons produits. Je garde ça dans un coin de ma tête avant de l’entendre me parler de cette auberge à Usson, mais qui pourrait déjà être complètement réservé, ce qui ne m’arrange pas.
Lorsqu’elle aborde le côté dangereux de vivre ici, je souris devant son euphémisme, même si le terme sauvage est adapté, le préfixe de « peu » est de trop. Mais je n’ai pas le temps de parler orthographe avec mon interlocutrice qu’elle me demande ce qu’elle doit amener à Idalie pour avoir une occasion de lui parler, tout en me donnant une généreuse part de pâté. Ne voulant pas passer pour un rustre au milieu de tous ces nobles, je ne me jette pas sur la nourriture comme j’en ai l’habitude mais prend le temps de manger ma part, qui est vraiment excellente, j’en fais d’ailleurs compliment :
Il n’y a pas à dire, tu t’y connais en cuisine ! C’est un des meilleurs pâtés que j’ai mangés de ma vie.
Je n’exagère pas et pour preuve, je m’en sers immédiatement une autre part avant de répondre enfin à sa question :
J'ai déjà eu l’occasion de déjeuner avec la banneret, pardon, la comtesse et elle ne semble pas avoir beaucoup d’appétit. Pourtant je l’ai vu pas mal mangé aujourd'hui et la chose qui lui ferait plaisir, à mon avis c’est une infusion aux fruits avec si possible de la pomme qui aide à la digestion.
Je souris devant mon idée, puis, je lui indique d’un ton léger :
Je ne pense pas que je vous accompagnez sur ce coup, son mari est en conflit avec une personne très proche de moi et du coup je ne suis pas très bien vu. Je vais vous attendre ici, à manger tant que je peux, puis je partirai, je pense aller à cette fameuse auberge et s’il n’y a pas assez de chambre, je dormirai par terre, je commence à en avoir l’habitude.
Je fais allusion à mes nombreux déplacements à Sombrebois, avec tous ces villages abandonnés, il faut faire des haltes dans des maisons abandonné où le terme même de confort ne veut plus rien dire. Je continue ensuite :
Je vous aurai bien fait quelques commandes de pâtés pour le voyage du retour et pour emmener chez moi, mais j’ai peur que vous vous brouilliez avec le comte à cause de moi.
Il faudrait quand même que je prenne quelques spécialités locales, j’essaye de voir s’il y a un autre village sur la route, peut-être qu’à Sarrant je pourrais trouver ce que je cherche, un bon cuissot de biche serait parfait, ou du sanglier au miel ! L’important c’est que je ne revienne pas les mains vides, Victor va m’en vouloir si je reviens bredouille, ou brecouille comme on dit à Sombrebois.
Dernière édition par Desmond de Rochemont le Lun 25 Jan 2021 - 18:37, édité 1 fois
Mathilde VortigernFermière
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Mar 1 Déc 2020 - 16:02
C’est un des meilleurs pâtés que j’ai mangés de ma vie. Venant de quelqu'un de la ville, qui a probablement eu accès à de la cuisine raffinée durant toute sa vie, le compliment est énorme et Mathilde le reçoit avec joie, en témoigne le sourire qui vient illuminer son visage. Ne se contentant pas de complimenter la fermière, voilà le chevalier qui se sert une autre part, pour la plus grande joie de Mathilde. S’il est une chose qu’on lui a apprise, c’est que la meilleure façon de complimenter une cuisinière est de faire honneur à ses plats… ce que de Rochemont fait avec application.
Mathilde est passablement surprise lorsqu’il évoque une infusion pour favoriser la digestion de la comtesse. Un grand costaud comme lui, taillé pour la guerre, qui s’avance de façon inattendue sur une douceur afin d’éviter les maux de ventre, c’est étrange. Louche? Non. Seulement extrêmement prévenant de sa part. Aussi la fermière hoche-t-elle de la tête.
De Rochemont indique qu’il est mal vu, ici, et Mathilde ne peut s’empêcher de froncer les sourcils, un instant inquiète d’être vue en train de discuter avec l’ami d’un ennemi de son ami. Elle soupire légèrement en constatant à quel point il lui est pénible de devoir constamment surveiller ses propres faits et gestes et renonce, dans sa tête, à être la parfaite alliée dont le réseau de contacts ne s’articule qu’autour du bon vouloir d’une seule personne. De toute façon, conclut-elle alors que Desmond semble comprendre qu’il dormira par terre, Aymeric de Beauharnais ne lui tient pas rigueur de sa complicité avec Alexandre, alors pourquoi l’emmerderait-il avec le chevalier?
- Je ne suis pas noble messire, le Comte ne s’attend pas à ce que je rentre dans les jeux d’influence… du moins je l’espère, parce que je ferais une piètre joueuse. … ou une fantastique réconciliatrice, pour le bien du Labret. Rêve pas, Mathie, t’as d’autres chats à fouetter et tremper ton nez dans les affaires de sang bleu, c’est une perte de temps. Ceci étant dit, j’ai bien peur de ne pas avoir le temps et les ingrédients nécessaires pour préparer d’autres pâtés d’ici à votre départ. Nous entrons dans le temps du rationnement, ici, malgré ce que le banquet pourrait laisser croire. Les récoltes sont faites, les bêtes vont être abattues et d’ici peu le moindre aliment consommé le sera après mure réflexion. Un pâté comme celui-ci est désormais un luxe que même une fermière qui s’en sort plutôt bien ne peut se permettre… alors quelques-uns…
Mathilde hausse les épaules en signe d’impuissance. Avant la fange, elle aurait sans doute pu faire une petite corvée d’une journée pour préparer la pâte et le remplissage en grande quantité, et laisser cuire le tout dans le four commun pendant toute la soirée, pour finalement déposer le tout à l’auberge qu’il aurait quittée le lendemain avec ses précieux paquets. Mais le four est alimenté en bois, qui fait partie désormais de ces choses dangereuses à aller chercher, aussi chaque attisée est-elle mûrement réfléchie pour être rentabilisée autant que possible l’investissement. Les denrées sont moins abondantes. Les journées, plus courtes puisqu’il n’est plus question de travailler une fois que le soleil se couche, sont plus chargées. La Fange a réussi à transformer la réalisation d’un petit pâté réconfortant en une tâche quasi-impossible à improviser.
- Peut-être qu’en vous glissant dans les cuisines, vous pourrez récupérer quelques… restes… des restes pour un noble… Comme si un gars qui avait grandi avec une cuillère en argent dans la bouche allait se contenter de restes. S’il n’imagine pas le travail et les sacrifices qui se cachent derrière ce banquet, il ne peut pas non plus s’imaginer manger des restes. Mathilde hésite, et sent le rouge lui monter aux joues. … Quelques plats qui n’ont pas été servis? Suggestion peu habile, improbable, qu’elle ponctue d’un sourire un peu crispé.
- Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais j’ai une livraison à faire et une infusion à faire prépare! Si vous allez dans les cuisines, faites attention à la grande Jeanne, elle est un peu territoriale et serait bien capable de vous chasser à coups de cuillère en bois. Mathilde rit. C’est vrai qu’elle l’a vue faire avec un garde qui tentait d’approcher des potages et qui finalement a battu en retraite avant de se faire casser un doigt.
Mathilde hoche de la tête en guise de salut et prend la direction des jeunes mariés pour enfin découvrir le nouveau visage du Labret. Comment se fait-il qu’elle ne l’ait pas croisée plus tôt? La Comtesse s’est-elle terrée dans sa chambre pour éviter toute attaque, ou était-elle trop occupée à des choses… de noble? Peu importe, en quelques pas, ponctués par des Chaud devant! forts cavaliers, Mathilde se faufile jusqu’au couple pour déposer les tranches de pâtés devant eux.
- J’ai dû faire preuve d’ingéniosité pour réussir à vous saisir quelques instants tous les deux! De fermière, me voici maintenant domestique. Soyez la bienvenue au Labret, madame. Je suis ravie de rencontrer enfin la fameuse dame qui a ravi le cœur du Comte. Mathilde hoche de la tête. Là encore, éviter une révérence est gage de sagesse. On m’a suggéré de vous concocter une infusion qui aide à la digestion… Je peux aller vous chercher ça, si vous le souhaitez. La fermière salue finalement Aymeric de Beauharnais, jeune marié, avec un petit sourire amusé. Il n’est peut-être pas le plus heureux au milieu de tout ce monde. Elle le connait plutôt solitaire ou peu -mais bien- entouré, préférant la compagnie franche et honnête des petites gens. J’espère qu’il vous reste un peu de place pour cette petite chose. Votre chasse, vos œufs, le blé du voisin, mes légumes, les herbes d’un autre voisin, le lait d’Usson, la recette de maman… C’est une ode au Labret, et ça serait vraiment dommage que vous manquiez ça.
Mathilde recule finalement d’un pas et les regarde tous les deux, analysant du regard le joli couple qu’ils forment. Ils paraissent très différents l’un de l’autre, mais parfaitement complémentaires. Je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les deux. Enfin trois, j’oublie presque mademoiselle Alix. Toutes mes félicitations, vous formez déjà une belle famille et nous sommes bien chanceux de vous avoir ici, au Labret!
Aymeric de BeauharnaisComte
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Jeu 3 Déc 2020 - 8:54
- J'aime le gibier à plume, c'est ma petite folie à moi. Si j'ai une préférence pour le faisan, l'oie et le canard ont l'honneur de sublimer mes papilles. En général je suis attentif à ne jamais manger trop ou trop peu, mais j'avoue qu'avec ces viandes, j'ai du mal à ne pas me gaver et j'avoue aussi songer à en priver les autres pour tout garder pour moi. Je pensais que mon amour gustatif pour eux était lié à la difficulté de les capturer, mais non, ça ne joue même pas. Sinon, étrangement, un bon plat de légumes ou du poisson me conviennent. J'avoue ne pas être difficile sur la nourriture et ne l'avoir jamais été. Du temps de la Milice, c'est le fromage qui m'emplissait de joie quand j'étais en mission à l'extérieur. C'est pour ça que j'en produis.
Voir Idalie défaire les liens, un peu avec son aide, a une jolie symbolique, quelque part. Il est des domaines où elle sera plus efficace que lui. Mais il s'est senti obligé de parler et de répondre à une de ses questions précédentes, pour meubler et lui reparler un peu de lui. Qu'Aymeric ne soit pas un viandard alors qu'il est éleveur pourra surprendre. Il est heureux avec une poelée de légumes ou une tartine avec du fromage chaud. Et quand elle l'invite à nouer les rubans autour de son poignet, il la regarde comme s'il l'épousait à nouveau et se demande si elle l'aurait épousé s'il avait été sergent, comme la chose était prévue avant la mort de Gonzague, le jumeau et héritier du nom. Il se plait à penser que oui.
- Messire d'Auvray !
Le sourire qui accompagne le salut fait par Aymeric à son beau-frère est franc. Il l'apprécie, même si le frangin lui a vrillé l'esprit avec ses recommandations et questions quand Aymeric est venu lui demander la main de sa soeur, au point qu'il a lamentablement foiré sa demande en mariage qu'il préparait depuis des semaines. Mais l'important n'est pas là, l'important est aujourd'hui, avec Idalie qui est désormais son épouse. Ils évitent de parler stratégie, guerre, gestion des hommes et différences entre l'interne et l'externe, ce seront des sujets qu'ils aborderont aisément quand l'un rendra visite à l'autre. Ces discussions soldatesques lui manquent. Il a surtout vécu et causé préparatifs, mariages, décorations, élevage, taxes, frais fixes. Même pas de chasse, alors que le produit de ses chasses a aidé à financer la fête qui se déroule ici. Puis il dresse un constat, assez surpris et le partage avec son épouse.
- J'ai l'impression que les gens s'amusent !?
Il n'est pas connu pour être un gaillard festif. Il est plutôt celui qui s'éclipse. Et comment un non festif pourrait-il faire une fête sympa ? Apparemment, en confiant les préparatifs aux bonnes personnes et en se chargeant des aspects chiants. Et en validant les choix des autres, histoire de laisser croire que ce sont les siens. Il sourit à cette idée. Aux yeux de tous, il restera le grand organisateur, même s'il ne cessera de souligner l'importance du travail mené par Mathilde ou Alix et les petites mains qui les ont aidées. Mais il n'empêche, les fêtes avancent, cela danse, certains commencent à être émêchés mais ça sourit, ça rit, ça séduit même un peu -et comme l'a dit Alix, les bals, ça sert à ça- et du côté des commerçants, ils ont l'air content aussi. Et les gens qui viennent les féliciter semblent ravis de l'ambiance. C'est un joli mariage, il l'a entendu plus d'une fois. Mais bon, Aymeric a l'honnêteté de se dire que les formules de politesse impliquent rarement un "on mange bien mais on se fait chier" qui serait malpoli et qu'on garde ses impressions négatives pour les autres convives et non les mariés. Aymeric n'a pas l'impression de faire des erreurs d'étiquette en recevant les voeux, les félicitations et les cadeaux ni d'oublier de faire la promotion des artisans du Labret. Mais idalie a bien senti qu'il s'épuisait et l'a entraîné à l'écart avec cette habileté qui le fascinera encore longtemps.
- Merci..
Retrouver une table, un bon repas, limite une coupette de vin, même s'il ne compte pas s'enivrer, ça va lui faire du bien. Bon, il est à table avec son épouse, sa fille manque, qui doit être assise à ses côtés. Alors il la cherche du regard, mais quand il voit qu'elle s'amuse bien avec ses deux protégés, Pyo et Leanne, et que leurs parents respectifs approuvent leurs jeux, il fait le choix de la laisser tranquille. Qu'elle profite de la fête, il sait qu'elle les rejoindra plus tard.
- Il va vraiment falloir qu'on lui fasse vite un petit frère ou une petite sœur. Elle sera une nounou fantastique et c'est ce qui la rendra la plus heureuse je pense. Je sais qu'elle songe déjà beaucoup au mariage aussi, il faudra que nous soyons un bon exemple pour elle. Et si je puis me permettre, ma tendre épouse, vous avez raison, c'est beau de voir la vie. L'espace de quelques heures, les gens oublient la Fange et rien que pour cela, tout ceci en valait la peine et le prix.
Personne ne les regarde et il a bien envie de la dévorer. Un baiser peu chaste choquerait-il vraiment ? Allez, il se lance ? Et bim, une intruse... Mais il sourit car il la reconnaît rapidement.
- Vous, ma domestique ? Que les Trois m'en préservent, je n'ai point fauté suffisamment que pour subir pareille punition divine !
Enfin quelqu'un d'ici et qu'il aime bien. C'est qu'il ne connait pas tous les autres artisans, sinon la fromagère évidemment mais qui est incroyablement nerveuse. Aymeric imagine qu'elle craint de perdre le contrat qui la lie à Aymeric si elle fait un faux pas... ce qui généralement provoque toujours une catastrophe. Il a déjà tenté de la rassurer et il continue de penser que le fromage Beauharnais/Pessan est le meilleur. Le luxe, c'est par son fromage qu'il l'atteint, et ça le console bien.
- Comtesse, je vous présente celle qui avant vous était la plus jeune mariée du Labret, si mes informations sont bonnes, à savoir Mathilde Vortigern...
Il grimace, ayant un doute sur son nouveau nom
- ..., ou quelque chose du genre, fermière et épouse d'un marin. Mathilde, je vous présente ma jeune et tendre épouse, Idalie de Beauharnais, née d'Auvray et voleuse de coeur à ses heures perdues. Idalie, Mathilde est, sans le savoir, l'âme du Labret. Je pense que c'est Alexandre de Terresang qui lui a donné le surnom de "Dame du Labret" et c'est elle qui a choisi les meilleurs artisans du Labret, juste pour le plaisir de goûter tous leurs plats en feignant me rendre service.
Mathilde doit s'être habituée à l'humour pince-sans-rire du Comte, humour qu'il ne pratique en général qu'avec les gens avec qui il se sent bien. Idalie doit se souvenir qu'elle pourrait être la première cliente du projet "Enfant des rues", mais l'heure n'est pas à ce genre de discussion, ou à tout le moins estime-t-il qu'il ne lui appartient pas ou plus d'aborder le sujet.
- Mathilde, vous allez vous asseoir à ma table et partager un morceau de ce pâté ou un autre met avec nous. C'est un peu ma manière à moi de vous mettre à l'honneur, pour le travail effectué, et pour saluer l'ensemble du Labret, même si c'est de façon symbolique. Puis, promis, je vous rends votre liberté.
En espérant qu'Idalie ne le prenne pas mal, mais elle sait déjà qu'il considère Mathilde comme une amie et le travail abattu par la fermière prouve à suffisance qu'ils le sont. Et maintenant qu'elle est mariée et lui aussi, ils auront moins l'occasion de se voir, sans doute, même si les liens resteront, rien que via Marguerite, sa jument de trait qui paisse désormais chez lui, le temps pour elle de faire naître son premier poulain.
Idalie de BeauharnaisComtesse
Sujet: Re: [Terminé][Ouvert] La fête au Labret Sam 5 Déc 2020 - 17:50
La bonne entente semblait régner entre Zephyr et Aymeric, et rien n'aurait pu faire davantage le bonheur d'Idalie, qui se joignit volontiers à leur conversation. En plus de se respecter, les deux hommes paraissaient s'apprécier, annonçant ainsi d'agréables futures retrouvailles pour l'ensemble d'entre eux. Idalie espérait que Zephyr pourrait séjourner au manoir pendant quelques jours une fois l'hiver passé, histoire de l'inviter dans sa nouvelle vie et de lui montrer fièrement tout ce qu'elle aurait appris du Labret au cours des premiers mois de son mariage. Elle soumettrait l'idée à Aymeric en temps opportun. Elle avait énormément à découvrir sur son nouveau lieu de vie et le jour était à la fête. Une fête qui paraissait plaire à la plupart des convives, au grand étonnement d'Aymeric.
« Tes impressions rejoignent donc les miennes » répondit-elle.
Sachant que la succession d'interactions devait épuiser Aymeric, Idalie se retira élégamment en sa compagnie et demanda à boire. Lorsque son époux la remercia, elle lui sourit avec tendresse avant de suivre son regard, qui s'était posé sur Alix. La petite profitait d'un moment d'amusement et de repos bien mérité avec ses « enfants ». Idalie observa avec bienveillance sa nouvelle belle-fille, puis reposa son attention sur Aymeric.
« Je prierai assidûment Serus pour qu'il nous accorde à tous les trois ce bonheur rapidement », promit-elle à Aymeric lorsqu'il mentionna la joie qu'apporterait un frère ou une sœur à Alix.
Idalie sourit de façon rassurante, sachant que l'idée d'une grossesse effrayait légèrement Aymeric, qui craignait de la perdre ainsi. Pour sa part, elle faisait confiance aux Trois et s'en remettait à leur jugement – que pouvait-elle réellement faire d'autre? Seul Serus pouvait décider si elle méritait de devenir mère, seule Anür avait le pouvoir de la rappeler à elle, seule Rikni savait lui insuffler la force nécessaire pour traverser les épreuves.
La nouvelle mariée acquiesça aux propos d'Aymeric. Même si elle planait au-dessus d'eux en toutes circonstances, l'ombre de la Fange se faisait en ce jour discrète. Idalie sourit et rougit en voyant Aymeric se pencher vers elle, comme pour oser un chaste baiser tandis qu'ils avaient un moment de tranquillité... mais se retourna voyant une silhouette s'inviter auprès d'eux.
Après avoir déposé deux tranches de pâté devant les époux, la jeune femme souhaita la bienvenue à Idalie. La noble sourit, reconnaissant celle qu'elle avait vu s'activer de loin sans avoir l'occasion de lui parler, la fermière qui avait su s'attirer la confiance et l'amitié du comte.
« Tout le plaisir est pour moi », répondit-elle avant de la laisser continuer, refusant poliment l'infusion sans trop comprendre d'où venait cette histoire de problèmes de digestion.
Idalie huma le plat devant elle, cachant à peine qu'il n'y avait aucune chance que l'assiette quitte la table alors qu'elle était encore remplie. Le pâté dégageait un parfum tout à fait exquis. Cette Mathilde Vortigern semblait être une cuisinière exceptionnelle et ses talents devaient assurément faire le bonheur de son mari lorsqu'il rentrait de mer.
Idalie rit doucement à la présentation que fit Aymeric de son amie, supposément devenue altruiste au moment où elle avait appris qu'elle pourrait goûter tous les plats proposés pour le mariage.
« Oh oui, je vous en prie, Madame Vortigern, renchérit Idalie quand Aymeric invita la fermière à partager quelques bouchées à leur table. Aymeric m'a beaucoup parlé de vous et je serais heureuse de faire plus ample connaissance. De plus, vous méritez également un brin de repos. Je vous ai aperçue cette semaine sans avoir la possibilité de vous remercier pour tout le travail que vous avez abattu pour faire de ce mariage un succès. Vous filez d'une tâche à l'autre avec une rapidité impressionnante! »
Elle rit et, comme pour confirmer l'invitation, désigna d'un geste gracieux une place à Mathilde. Elle fit ensuite gentiment signe à un domestique et demanda à ce que l'on offre une coupe de vin et une part de pâté à la fermière.
« Aymeric et moi avons goûté aux confections des artisans un peu plus tôt, poursuivit-elle. Si je dois vanter leur talent, je dois également saluer votre bon goût. La sélection est extraordinaire. Plusieurs invités nous ont d'ailleurs mentionné que la nourriture était délicieuse. Je vous remercie donc mille fois d'avoir accepté de prendre en charge cette importante tâche. »
Lorsque la coupe et l'assiette de Mathilde furent arrivés, Idalie jeta un coup d'œil à Aymeric.
« Mon cher époux, je vous invite maintenant à goûter à ce pâté, car en humer le parfum sans le manger est une véritable torture! »
Elle sourit et se lança délicatement dès qu'Aymeric eut touché le plat. En mâchant, elle approuva de quelques hochements de tête, puis dit finalement :
« C'est succulent, Madame Vortigern. Est-ce un plat que vous cuisinez souvent? Ou peut-être en réalisez-vous d'intéressantes variantes selon l'occasion et la saison? »