Marbrume


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 [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyMer 14 Avr 2021 - 19:15



[Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? P57z
Les sabot frappaient le sol meuble d’une route de terre gorgée de pluie et trop peu entretenu par manque de moyen et d’hommes sans doute. Heureusement elle restait assez large et stable pour que la monture n’ait pas à ralentir l’allure, d’autant plus que son cavalier ne le laisser pas faire. La pluie battante écrasée sa cape sur ses frêles épaules malgré le vent brutal, et les gouttes brouillaient sa vue. A vrai dire, à l’exception de la fumée s’échappant des naseaux du coursier dans l’air froid, tout se résumé à un aplat verdâtre parsemé de point venant percuter son visage.

Pourtant ses jambes encourageaient l’animal à accélérer encore en frappant ses flancs. Pas par cruauté, pas par goût du risque, mais simplement par instinct de survie. Personne ne voulait se retrouver sur une route dans cette partie des marais à la nuit tombée, et encore moins en plein orage. Et de la journée il ne devait rester qu’une vague trace bleuâtre dans le ciel s’assombrissant. Mais on ne voyait plus le ciel.

Chaque bruit parvenant à ses oreilles, le vent hurlant, sa cape claquante, les râles de sa monture, tous se muaient dans son esprit en des grognements ou des hurlements de créature aux relents sanguinaire. Alors le cavalier faisait confiance à l’instinct de sa monture plus qu’à ses sens. Les mains tenaient les rennes uniquement pour ne pas chuter laisser l’animal suivre la route plate.
S’ils n’avaient que rarement, contrairement à l’humain, à subir l’attaque de fangeux, les animaux ne les appréciaient guère et se fier à leur volonté d’éviter une zone était un bon indicateur de danger.

Au moins fallait-il admettre que cette chevauchée devait sans aucun doute être en bonne place dans la liste des records de vitesse sur cette tranche. A peine deux jours pour venir de la cité à Sombrebois, en chevauchant de l’aube au coucher du soleil. Un peu trop au coucher cette fois. Mais entre Ménerbes et la place forte, il n’y avait que désolation… pour le moment.
Alors pour un cavalier seul et mal armé, hors de question de faire étape. Sa monture lui en voudrait quelques jours, mais mieux valait ça que de mourir. Et ce n’était pas sa première cavalcade effrénée.

Enfin, dans le brouillard verdâtre et pluvieux, une lueur apparut, floue d’abors, disparaissant et apparaissant au gré de ce qui devait être des arbres sans doute. Mais de plus en plus voyante et proche. Encore un long et grand virage, et celle-ci se retrouva droit devant eux, les guidant comme un phare dans la nuit. La lueur devint une torche, ou un feu surélevé. D’autres points se définirent plus petits et discrets.
Un éclair déchira le ciel et la forteresse apparut dans toute sa magnificence, ou du moins dans le souvenir de celle-ci. Le manque de ressources et le temps avaient fait leur œuvre et malgré la trace de travaux récents, le mur d’enceinte était loin de ressembler à ce qu’il aurait dû.
Sans même s’en rendre compte, le cavalier était déjà parvenu en plein centre du bourg qui s’étalait devant la muraille, heureusement l’heure plus que tardive évitaient presque toute chance de croiser ou percuter un passant.

Sentant le bout de l’épreuve proche, la monture accéléra encore et parcouru la dernière centaine de mètre comme si elle volait sur la route. Son cavalier du tirer de toute ses forces pour l’empêcher de percuter la grande porte de bois qui barrait l’entrée du fortin. Un petit homme à l’air fatigué et contrarié apparut par une petite trappe qui s’ouvrit dans le bois. Le cavalier extirpa avec sa main gantée une lettre délavée mais dont le sceau de cire de la baronnie était voyant.


- Du courrier pour Alaric, de la baronne dit la voix étouffée par le cache nez et le vent.

Un instant de silence, puis des mots derrière la porte qui finit par s’ouvrir tout de même pour laisser entrer le message. Celui-ci glissa pied à terre avec soulagement, et tira par la bride sa monture vers l’étable de la cour qu’on lui indiquait. Le palefrenier en prit la responsabilité et le petit garde guida le messager à travers une série de coursives et de couloirs s’enfonçant dans la forteresse jusqu’à déboucher dans un hall qui devait appartenir au château lui-même. Il était désert à cette heure déjà. La maitresse des lieux était absente, et de toute façon, il fallait l’admettre, Sombrebois dépérissait.

Pourtant, on avait pris la peine d’entretenir un feu correct dans la large cheminée qui servait à chauffer la pièce et surement celle attenante, pendant les réceptions, à l’époque où il y en avait. On indiqua au messager d’attendre, et celui-ci s’empressa de s’approcher des flammes et se frotter vigoureusement les côtes pour se réchauffer.

Il fallut quelques minutes pour qu’un nouveau bruit de pas résonne dans la grande pièce vide, de manière bien souple et assurée que le petit garde. Visiblement, le destinataire de la missive arrivait. Une petite porte grinça en s’ouvrant, puis en se refermant.
Alaric, si c’était bien lui, arriva alors que le messager retirer ses épais gants, révélant des mains étonnamment fines et délicates. Le cache nez humide pendait déjà sur le rebord de la cheminée et gouttait au sol.
Les doigts à la peau blanche et douce saisirent les pans de l’épaisse capuche et la rabattirent en arrière alors que la jeune femme se retourner vers le garde.
Malgré son air fatigué et ses cheveux détrempés, sa beauté était insolente, et le sourire joyeux et direct qu’elle afficha ne fit que la renforcer.

- Et bien dis donc, ça pleut des cordes par chez vous ! Alaric je suppose ? Je suis Eve. dit-elle d'une voix claire et agréable à présent qu'elle n'était plus filtrée par la tempête.


HRP:
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 15 Avr 2021 - 11:54
Alaric avait senti l’orage bien avant d’entendre le tonnerre rugir au loin. Le regard perdu vers l’horizon, il avait perçu un changement subtil dans le sens du vent qui fouettait désormais son visage. Appuyé contre les remparts, il se détourna à contre cœur des marais dont il ne devinait plus que les contours vaseux dans la pénombre grandissante. Soudain, un éclair zébra le ciel, illuminant quelques arbres squelettiques, figures inquiétantes dans la nuit. De rage, le soldat frappa la muraille de son poing et serra les dents. Étaient-ils là, dehors ? L’une par choix, l’autre par courage. Du moins, c’est ce qu’on lui avait dit. Seuls les Trois savaient. Les Trois… Lançant un dernier regard venimeux au ciel, il gagna l’intérieur du château au moment où les premières gouttes s’écrasaient sur le chemin de ronde.

Les pièces, immensément grandes et froides, dégageaient une aura plus austère que jamais. Entre ces murs, sans le rire d’Hector et les remarques de Rosen, il se sentait seul. Oh bien sûr, les petites mains de Sombrebois y vivaient toujours, même si l’entrain diminuait lui aussi. Pénélope essayait de faire bonne figure, mais Alaric lisait dans ses traits tirés l’inquiétude grandissante que ressentait la bonne femme. Il faut dire qu’il ne lui facilitait pas la tâche, il n’avait pas la tête à ça. Depuis qu’il était revenu, il avait passé des jours, parfois des nuits, à hurler le prénom du baron dans les marais, faisant fi des dangers.

- J’ai fait de la soupe, lui annonça-t-elle alors qu’il pénétrait dans les cuisines. Je n’ai plus de lard à mettre dedans, mais elle te réchauffera quand même.
- C’est gentil, mais je n’ai pas très faim, esquiva-t-il, alors qu’il se contentait d’attraper un quignon de pain pour le grignoter.
- Pas de ça, Alaric ! Tu maigris à vue d’œil.

Il grommela quelques paroles inaudibles. Un bruit de porte mit fin à leur discussion. Alaric fronça les sourcils et interrogea Pénélope du regard. Elle avait également entendu des bruits de pas, provenant de la pièce principale. Depuis quand s’inquiétait-il que quelqu’un pénètre dans le château de Sombrebois ? Et tandis qu’il se disait qu’il était ridicule, il s’avançait, une main sur la dague accrochée à sa ceinture, avant de tomber nez à nez avec l’un des gardes de Victor, posté près de la porte du mur d’enceinte.

- Un messager, pour vous ! le prévint-il.

Il désigna le séjour du doigt.

- Pour moi ?

Le garde hocha vigoureusement la tête.

- De la part de la baronne.

Rosen !

Bousculant de l’épaule le soldat, Alaric quitta les cuisines en vitesse. Pour quelle raison la baronne le contactait-elle ? Il s’était forcément passé quelque chose. Encore. De grave, sinon, pourquoi aurait-il pris la peine de lui transmettre un message ? Plus il y pensait, plus les battements de son cœur s’affolaient.

Le jeune homme se stoppa net une fois arrivé à destination. Il ne savait pas à quoi il devait s’attendre, mais ce qui était sûr, c’était qu’il ne pensait pas tomber sur un messager aussi… délicat. Une jeune femme qui devait avoir son âge lui faisait face. Ses cheveux bruns, bien qu’entremêlés et trempés, semblaient soignés et surmontaient un visage en cœur, aux pommettes pleines, avec un joli petit nez arrondi. Ses yeux luisaient d’une intelligence certaine, rehaussés par le sourire ravageur plaqué sur ses lèvres pulpeuses.

Alaric sursauta en entendant son prénom et dévisagea l’inconnue, bras croisés sur son torse.

- C’est moi. Vous avez un message pour moi ?

Une partie de lui demeurait méfiante tandis que l’autre lui intimait de respecter les règles d’hospitalité. Il s’avança donc avant de lui demander :

- Vous venez de Marbrume, Eve ? Seule ? C’est dangereux, ajouta-t-il sur un ton moralisateur.

Il pouvait bien parler.

- Voulez-vous que l’on vous apporte un vêtement propre ? proposa-t-il.

La pélerine qu’Eve portait était gorgée d’eau, même proche du feu, la messagère aurait du mal à se réchauffer là-dedans. Alaric ne détachait pas ses yeux de la veste trempée. Elle était en piteux état, mais pourtant… Il lui semblait que l’étoffe était coûteuse, matelassée, de telle sorte qu’elle avait tenu le coup durant toute la traversée. Quel genre d’émissaire portait de telles soieries pour voyager ?
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 15 Avr 2021 - 13:50



[Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? P57z
certaines personnes expriment bien plus de choses par leur corps que par leurs paroles. Comme si, contrairement au commun des mortels, ils étaient nés avec une différence, une singularité, qui avait transformé leurs gestes et leurs attitudes en nouveau moyen de communiquer avec leur semblable.

Alors qu’elle détaillait sans se gêner le jeune Alaric, Eve de Clairmont le rangea sans aucune hésitation dans cette catégorie, sa voix était forte et maîtrisée, autoritaire même pour son jeune âge. Mais ses yeux… ses yeux plus encore que ses joues légèrement creuses et son teint gris de celui qui dort trop peu, eux criaient une peine si puissante qu’elle en était douloureuse à observer.

Elle ne détourna pas le regard pour autant, et ne lui offrit pas plus de compassion qu’elle ne le devait, il l’aurait surement rejeté de toute façon. La peine et la compassion s’entendaient rarement dans ce genre de situation, plus encore venant d’une mystérieuse inconnue trempée de pluie. Elle sauta sa première question un peu rude et bondit sur les suivantes avec un sourire.

- Y a-t-il une chose à faire, qui ne s’avère pas dangereuse de nos jours ? Et j’ai l’habitude d’être seule. elle pouffa, sans moquerie, ni réelle humour d’ailleurs, soulignant simplement l’ironie qu’était devenue leur vie. Je vous en serais gré en effet, si je pouvais au moins mettre ma pélerine à sécher, au moins je ne mourrais pas de froid. Oh et peut-être à boire ? Quelque chose de fort ? demanda-t-elle avec un regard où se mélanger une supplique amusée et une envie assumée. Elle se frottait vigoureusement les doigts et greloter légèrement, sans pourtant se plaindre outre mesure.

Elle fit claquer ses doigts.

- Ah oui, le message, j’ai en effet un message pour vous. Mais pas de la baronne, j’en ai bien peur. Je me suis permise de mentir quelque peu aux gardes à l’entrée. Ça aurait pris trop de temps de les convaincre de me laisser vous voir.

Elle dévoilait son jeu comme si de rien était, extirpant la lettre de sous sa cape, et en fit sauter le saut secret, dont de nombreux détails aurait sans doute indiquer la falsification si le petit garde à l’entrée avait vraiment pris la peine de le regarder. La page était entièrement blanche et elle la jeta au feu, produisant un crépitement quand l’eau imbibée dans le papier se mit à partir en vapeur. Elle se tourna vers Alaric, et haussa les épaules sous le tissu rendu lourd par l’eau comme si tout cela n’était finalement pas si grave

- Je pense que vous arriverez à gérer mon intrusion et la menace terrible que je représente non ? Je ne suis pas tout à fait en position de renverser le fort. Attention, j’ai tout de même un coutelas presque aiguisé ! dit-elle parfaitement consciente qu’en cas d’affrontement, elle pourrait surtout admirer la manière dont le jeune garde la jetterait du dessus des remparts plutôt que l’opposition qu’elle pourrait lui fournir. Elle ne semblait pourtant pas le moins du monde inquiète.

- Alors ? On discute ? Et si je finis au cachot, je peux avoir mon verre et de quoi être au sec quand même ? demanda-t-elle avec un espoir d’enfant pas sage qui espère tout de même avoir une friandise.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 15 Avr 2021 - 16:54
Eve avait raison : tout était dangereux ici-bas. Et eux, pauvres mortels qu’ils étaient, avaient la mauvaise manie de se montrer trop téméraires. Un pas en avant, deux pas en arrière. La messagère lui donnait l’impression qu’elle n’avait rien à perdre, comme si elle ne craignait rien. Malgré lui, c’était un sentiment qu’il ne pouvait que partager avec cette inconnue. Il se contenta donc de hocher simplement la tête, avant de porter son regard bleu sur les flammes qui dansaient dans l’âtre.

- Je n’ai pas plus grand-chose à vous proposer, répondit-il sans quitter la cheminée du regard. Une boisson chaude, ça vous irait ?

Rosen et Desmond, lors de leurs nuits mouvementées, ne s’étaient pas gênés pour vider les dernières gouttes d’alcool du domaine. Il devait bien rester ce semblant de bière dans le bourg, mais Alaric n’avait aucune envie de se rendre jusque-là.

Sans lui laisser le temps de répondre, il héla Pénélope. La bonne femme, qui n’avait pas quitté les cuisines, gagna le séjour rapidement, de son petit pas chaloupé. Surprise de découvrir une inconnue, elle salua cette dernière d’une rapide courbette.

- Je te présente Eve. Apporte-lui un bol de soupe et une couverture, s’il-te-plait.
- Bien sûr, tout de suite ! Vous devez mourir de froid ! dit-elle à la jeune femme, avant de rejoindre ses quartiers.

Quand il fut sûr que Pénélope ne pouvait plus les entendre, Alaric reporta son attention sur Eve. Ses doigts fins tremblaient dans ses manches humides, ses joues étaient rosies par le froid, et pourtant, elle ne se départissait pas de son sourire. Lui, par contre, n’était pas de cette humeur.

- Quoi ? fut tout ce qu’il fut capable de répondre, face au mensonge avoué.

Quelle était cette plaisanterie ? Un grondement s’échappa de ses lèvres, à la vue du parchemin, vide de mots et d’encre. Sans s’en formaliser, Eve la jeta dans les flammes qui la dévorèrent avec avidité. Déjà, il ne demeurait plus que des cendres sur les grosses buches de bois. Trop de questions se bousculaient dans la tête du soldat, et il était las, las de n’avoir jamais aucune des réponses souhaitées. Qui pouvait lui en vouloir ? À la réflexion, plusieurs noms pouvaient être mentionnés. Cette intruse avait-elle seulement un rapport avec Rosen ou avait-elle simplement utilisé la baronne pour l’approcher ? Une autre idée, plus folle que toutes les autres, frappa son esprit, mais il la balaya d’une pensée. Non, ce n’était pas elle qui l’avait envoyée.

Le ton employé par Eve suintait d’une ironie que même Alaric était capable de saisir. Une femme, de noble naissance au vu de sa toilette, se présentait seule dans la forteresse, avait traversé les marais sans craindre le danger et désormais, avouait sans peur qu’elle venait de lui mentir dans le seul but de l’approcher. Rêvait-il seulement ?

- Dans ce cas, siffla-t-il, si ce n’est pas la baronne qui vous envoie, comment connaissez-vous mon nom ?

Il s’était rapproché d’elle, seule les séparait sa dague acérée qu’il avait dégainée. Peut-être ne voulait-elle pas utilisé la sienne, mais lui n’était pas prêt à ranger son arme tant qu’il ne saurait pas, par les Trois, ce que cette femme faisait chez lui. Quiconque l’aurait trouvé menaçant, avec sa prise ferme sur le pommeau – les moulures de cette dernière s’incrustaient dans sa peau –, le rictus haineux qui déformait ses lèvres et ses yeux glacials pourtant, Eve ne sourcilla pas, rajoutant une couche sur le ton désinvolte qui ne l’avait pas quittée.

- Qui êtes-vous et qui vous envoie ? murmura-t-il, son souffle caressant le visage de la jeune femme.
- Et voilà, une soupe bien chaude et une pelisse bien épaisse ! s’exclama Pénélope, sans remarquer l’ambiance tendue qui régnait entre les deux jeunes gens. Allons, Alaric, ne laisse pas cette pauvre jeune femme debout. Venez ! Et donnez-moi donc cette pèlerine trempée !

Le soldat s’était empressé de cacher sa dague, dès que la cuisinière avait pénétré dans la pièce. En silence, il mena Eve vers la lourde table de chêne qui trônait au centre de la salle, puis il lui proposa une chaise. Devant, Pénélope déposa un bol de soupe fumante, puis entreprit d’échanger son manteau sec avec la veste lourde de la messagère.

- Merci Pénélope.

D’un regard éloquent, il l’enjoignit à quitter le séjour le plus rapidement possible. Pénélope voulut protester, mais elle se ravisa et, après avoir souhaité un bon appétit à Eve, les laissa tous les deux. Alaric soupira, contourna la jeune femme, attrapa une chaise et s’accouda sur son dossier.

- Alors ?
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 15 Avr 2021 - 19:48



[Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? P57z
La jeune noble, silencieuse, ne quittait pas le visage d’Alaric des yeux, si proche à présent. La menace était sincère, alimentait par une colère qui n’avait sans doute que peu avoir avec sa personne ou son mensonge. Mais quand on embêter un ours blessé, on devait accepter qu’il se montre peu amène à notre encontre.
Malgré tout, la femme ne craignait pas vraiment pour sa vie. Alaric de ce qu’elle en savait, n’était pas de ceux qui poignarde une femme devant une cheminée juste car ils sont contrarier. Sauf si… elle se trompait complétement sur le personnage…
Mais la réaction qu’eu le jeune homme au retour de la fameuse pénélope ne fit que confirmer ses suppositions. Cachant son arme, comme pris en faute. Il lui offrit même de s’asseoir devant la cuisinière.

- Merci infiniment ! Pénélope c’est ça ? Je suis votre obligée ! dit avec gratitude la petite brune sans rien dire de la menace qu’elle venait de subir de la part du garde, comme si ils n’avaient fait qu’échanger des politesses. Elle s’emmitoufla dans le manteau offert, heureuse de trouver une protection contre le froid qui ne soit pas complétement trempée. Elle glissa ses mains blanches au-dessus du bol, savourant la vapeur chaude qui en émanait. La bonne femme quitta la pièce, après un nouveau regard de reconnaissance de l’invitée, les laissant de nouveau seul.
Alaric semblait être revenu à de meilleurs sentiments, au moins le couteau n’était plus pointé vers elle. Il tenait à ses réponses tout de même.

- Alors ! répéta-t-elle sur un ton goguenard pour essayer de détendre son interlocuteur. Si Alaric y fut sensible, elle ne sut le dire. Elle poursuivit donc. Dans l’ordre… je connais votre nom, parce que je devais savoir à qui parler en arrivant, et quelle oreille pouvait s’avérer de confiance pour la baronne. Figurez-vous, que c’est toujours votre prénom qui ressort quand on le demande. Il faut admettre que les gardes de Victor on moins bonne réputation…

Elle but une cuillère de soupe, puis une autre. Visiblement, le fait qu’il n y’ait pas d’alcool à lui proposer ne semblait pas un problème si grave tant le liquide chaud et nourrissant lui redonna des couleurs.

- Ensuite, et j’en suis désolée, mais vous devrez vous contenter de mon prénom pour cette fois. Dire mon nom vous obligerait à prendre des dispositions pour m’accueillir, et il vaut mieux pour vous comme pour moi, que je ne sois pas présente ici ce soir. Donc Eve et seulement Eve, d’accord ? Et enfin, je suis là de mon propre gré, pas en mission pour une tierce personne.

Elle but une longue gorgée directement au bol et se lécha la lèvre supérieur pou effacer toute trace de soupe. Pour sûr, elle ne faisait qu’assez peu cas de ses standards de noblesse.

- Même si je ne suis pas envoyée par la baronne, sachez que c’est dans son intérêt que je suis présente, et le mieux c’est qu’il ne vous coutera rien de me croire à l’exception d’un peu de votre temps ce soir. Je crois que c’est un marché honnête…

Elle s’enfonça dans son fauteuil et poussa légèrement sur ses pieds pour s’orienter face à Alaric, elle ne poursuivit pas son explication. Son ton se fit plus déterminé, pas désagréable pour autant, mais moins conciliant qu’avant.

- Je suis venue ce soir pour aider. Vous avez le droit de ne pas me croire. Mais ce qui est certain c’est que je ne parlerais pas sous la contrainte d’une arme, ou par la menace. Alors je vous repose ma question, on discute Alaric ? Ce n’est pas si désagréable quand on est deux… Elle lui sourit à nouveau, calmement, attendant sa réponse.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptySam 17 Avr 2021 - 14:19
Alaric toisait la jeune femme déguster son bol de soupe, comme si toute tension s’était évanouie avec l’arrivée de Pénélope. Peut-être que la cuisinière, sans le savoir, avait débarqué au bon moment. Même s’il restait méfiant, il ne pouvait s’empêcher de noter qu’Eve était réellement affamée et que la chaleur du breuvage lui redonnait de jolies couleurs. Ses gestes étaient sincères. Ses paroles, en revanche… Son air narquois le dérangeait. Comment pouvait-il faire confiance à quelqu’un qui semblait tout prendre à la légère. Pour autant, le soldat n’avait qu’une hâte, écouter ce qu’elle avait à lui annoncer. Une fois ses explications données, il choisirait s’il pouvait la considérer comme une alliée ou non. Silencieux, ses mains serrées entre elles sur l’accoudoir de la chaise, il ne la quittait pas des yeux tandis qu’enfin, Eve répondait à ses nombreuses questions.

Il se sentit idiot car jamais le mercenaire n’avait pensé être un sujet de discussion pour les nobles. Pourtant, Sombrebois, d’autant plus après le mariage d’Hector et Rosen, avait été l’objet de racontars et son nom, sans doute, avait-il été cité ici et là. Malgré lui, il appréciait l’idée d’être considéré comme une personne de confiance, au sujet de la baronne, mais restait prudent vis-à-vis de la messagère : elle pouvait tenter de flatter son égo pour s’assurer sa fidélité, non ? Et puis, désormais, elle ne s’en cachait plus : Eve n’osait pas dévoiler toutes ses cartes en taisant nom et origine.

Il la scruta de ses yeux bleus interrogateurs. Si vraiment cette inconnue était de la haute société, que faisait-elle ici ? Seule, sans gardes pour la protéger. Et en plus, de son propre chef. Quelle jeune femme agissait de la sorte ? Cela n’avait pas de sens. Cependant, même s’il demeurait réticent, il décida de l’écouter, vu le lien qu’elle disait avoir avec Rosen. Ainsi, elle n’avait peut-être pas complètement menti : pas de lettre, mais des nouvelles ? Ce n’était pas pour le rassurer.

- Très bien, discutons tous les deux…

En gage de bonne foi, Alaric détacha sa dague et la déposa sur la table, à son extrémité. Il était vrai que son air désinvolte de tout à l’heure l’avait agacé, mais il reconnaissait que la menacer avait été un peu… excessif. S’il avait une bonne réputation, il venait de l’entacher sévèrement. Non pas qu’il y accordât une grande importance, mais si cela pouvait lui faciliter la vie, autant ne pas s’en priver.

Le jeune homme retourna la chaise contre laquelle il s’était appuyé et s’y assit à l’envers, face à son interlocutrice. Bras tendu et paume ouverte dans la direction de la messagère, il l’invita à prendre la parole.

- Je vous écoute, Eve.

Elle disait aider, ça valait bien la peine de l’écouter. Ce ne serait pas la première fois qu’une femme, au milieu des marais, lui venait en aide, n’est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyDim 18 Avr 2021 - 0:03



[Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? P57z
Eve opina du chef, comme pour accepter des excuses d’Alaric, même s’il n’en avait point faîtes. Mais les dernières traces de tensions qui avaient pu rester suite à leur… mésentente ? Disparurent pour de bon du regard taquin de la noble aux drôles de mœurs. Elle se pencha en avant pour se rapprocher d’Alaric, et bien que toujours aimable, elle s’exprima avec plus de sérieux et de retenue afin de s’assure qu’eux seuls entendent ce qu’elle avait à dire au jeune garde au regard triste.

- A l’instant où je vous parle, Rosen est entrain de croiser la route de personnes qui peuvent changer le destin de votre bourg. Si malgré les défauts qu’elle semble avoir, elle tient un tant soit peu à cette forteresse et ceux qui se retrouvent sous sa protection, comme je le crois, elle acceptera certainement cette aide offerte. Même si cela lui en coute.

Elle frotta ses doigts les un contre les autres avec une douceur étrange. Pas comme si elle chassait le froid à présent, mais plus comme si elle retrouvait la sensation du toucher et trouvait cela très agréable. Mais son regard vif et clair ne quittait pas le visage d’Alaric.

- Tout semblera s’améliorer ici, vos gens auront l’aide tant attendue, de la protection. Ce mur ressemblera même à quelque chose dans quelques temps si cela ce trouve… dit-elle en indiquant vaguement la zone derrière eux où devait se trouver la majeure partie du mur d’enceinte. Elle déplia les doigts, tendit sa paume comme pour y recevoir un présent puis referma soudain la main en un poing serré.

- Mais ce n’est pas avec des alliés qu’elle revient Alaric. Tout au mieux avec des partenaire d’affaire. Mais dans laquelle elle serait endettée, et surtout, gênante pour certain.

Elle se pencha encore un peu plus, presque au bord de sa chaise.

- Vous devez le comprendre Alaric. Plusieurs parties se jouent en ce moment autour de Sombrebois, et dans la plupart d’entre elle, seul l’enfant que porte votre amie compte. Elle laissa le sens de ses mots s’imprégner dans l’espace entre eux, et faire le cheminement qu’elle s’apprêtait à expliquer, dans l’esprit de l’homme. Quand il sera né, certains se demanderont si cela vaut vraiment la peine de préserver la Baronne à son poste, quand un enfant est si simple à contrôler.

Elle posa un instant sa main sur l’avant-bras musclé appuyé sur le dossier de la chaise, comme pour tenter de partager sa conviction avec le garde de Sombrebois. Il était difficile d’influencer le destin quand le jeu que vous pratiquiez étaient régit par des règles précises, comme l’utilisation de certains mots. Elle ne pouvait simplement pas accuser directement, pas sans preuve solide, pas même ici loin de la cité, et devant quelqu’un qu’elle pensait capable de comprendre. C’était à la fois frustrant et salvateur selon les situations, car cette armure la protégeait aussi de ses puissants adversaires.

- Vous êtes loin de tout ici, loin des lois, loin de l’apparence, loin de la sécurité et de la bienséance. Peuvent arriver ici des choses qui seront amoindries, transformées, ignorées, une fois arrivées aux oreilles de la cité. Un drame peut vite devenir un incident tout juste notable. Me comprenez-vous Alaric ? demanda-t-elle simplement en ôtant sa main même si la chaleur d’un autre être vivant était agréable pour ses membres engourdis. Plus long, cela aurait sans doute paru inconvenant à son interlocuteur.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyDim 18 Avr 2021 - 17:38
Toute trace de désinvolture avait quitté le visage de la messagère, pour laisser place à une expression et un ton plus sérieux. D’instinct, lui aussi bascula légèrement vers l’avant, comme si ce qu’Eve était sur le point de lui révéler se devait de rester secret. Ce qui, en y réfléchissant, devait bel et bien être le cas.

Un frisson lui parcourut l’échine, tandis que la jeune femme entamait ses explications. La chair de poule s’était emparée de ses bras dès l’évocation de Rosen et de ce qu’elle endurait en ce moment-même dans la cité. Dire que la baronne s’était rendue à Marbrume pour profiter des bienfaits du temple, voilà qu’elle s’était encore fait embrigader dans une sombre affaire et, à écouter Eve, une affaire menée pas par n’importe qui… Qui, hormis la couronne, avait suffisamment de pouvoir pour aider Sombrebois ? Aucune autre famille ou institution ne sonnait juste aux oreilles d’Alaric pour répondre à cette question.

Le soldat ne la quittait pas des yeux, cherchant dans son regard des détails qu’elle ne pourrait dire à haute voix. Il y décela de macabres découvertes, ses mains se crispèrent sur le dossier de sa chaise. Il ne bougea pas lorsqu’elle posa une main sur son avant-bras ; malgré le peu d’intérêt et de connaissance qu’il avait des jeux politiques de la cour, il était suffisamment perspicace pour comprendre le grave sous-entendu murmuré par la messagère. Tant que Rosen serait enceinte, elle ne risquerait rien. Une fois l’accouchement effectué, cependant… Alaric était partagé : que le roi – si c’était bien lui – daigne enfin s’occuper du bourg était un réel soulagement pour les habitants. De la main d’œuvre et des ressources seraient enfin de nouveau acheminées vers la place-forte et la situation ne pourrait que s’améliorer. En revanche, la baronne était en mauvaise posture. Un drame peut vite survenir… Le jeune homme hocha la tête, les dents serrées. Il ne se rendit même pas compte qu’Eve avait retiré sa main et s’était renfoncée sur sa chaise. Il avait demandé des explications, il était servi !

- Je suppose que l’on va être surveillés de tous les côtés, murmura-t-il.

Serait-il encore le chef de la garde de Sombrebois ? Rien n’était moins sûr. Oh, il aurait pu : Alaric avait toujours été fidèle au roi. Certes, il avait quitté la milice pour servir Hector, et, au fond, sans qu’il ne le sache, cette décision avait peut-être été lourde de conséquences. Il faudrait qu’il parle avec Rosen dès son retour…

- Merci d’avoir partagé ces informations avec moi, répondit-il alors, reprenant lui aussi ses distances. Quelque chose m’échappe encore, par contre…

Il la dévisagea, les bras croisés sur son torse. Vu les explications qu’elle lui avait fournies, Alaric ne pouvait que la croire : qui prendrait le risque de venir à Sombrebois pour déblatérer ce genre d’inepties ?

- Vous êtes venue seule ici, Eve. C’était un risque à prendre. Alors dites-moi, qu’est-ce que vous gagnez dans cette histoire ?

La jeune femme avait forcément un intérêt à le prévenir de la sorte, mais il ne pouvait saisir ses desseins. Il n’avait pas envie de faire partie d’un plan dont il ne connaissait rien. Les Trois s’en occupaient déjà.

- Êtes-vous une alliée ou… tout au plus, une partenaire d’affaire ? demanda-t-il en reprenant les mots employés par Eve un peu plus tôt.
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyLun 19 Avr 2021 - 13:07



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La noble observa Alaric tandis qu’il murmurait quelque chose pour lui-même. Elle était d’accord avec cette remarque, mais elle ne lui était pas destinée, et elle n’avait aucune raison d’opiner inutilement devant celle-ci.
Le garde avait, semble-t-il assez d’esprit pour ne pas le materner. Elle ne fit pas plus de remarque sur les remerciements qu’il lui confia. Pas parce qu’elle ne les appréciait pas, mais car elle semblait consciente qu’ils n’étaient que les prémices autre chose. D’ailleurs, cela ne tarda pas à survenir, et Eve attendit les questions qui s’en nul doute allez s’échapper des lèvres du soldat au regard empli de peine.

- Le risque était calculé… le tonnerre gronda dehors et se répercuta à travers les parois de pierre épaisses. Eve rit, consciente de l’imprudence complète de sa venue. Bon d’accord, plus ou moins calculé. Ce que je gagne, c’est contrarier les plans de ceux qui croient pouvoir briser et reconstruire à leur gré.

Elle n’agissait pas pour le bien ou par affection à la baronne, qu’elle n’avait même jamais croisé suite à la mise à l’écart de la famille d’Hector. Elle fut d’ailleurs parfaitement honnête à ce sujet en répondant à la suite.

- Je ne suis pas une alliée de la Baronne, Alaric. Mais j’aime à croire que je suis celle des survivants de notre espèce. Je ne suis pas une sainte, loin s’en faut. Cependant, un plan qui implique de sacrifier des vies inutilement et de causer plus d’instabilité que de paix est un mauvais plan. Et si je peux emmerder quelqu’un que je n’aime pas… disons que c’est une pierre deux coups.

Son franc parler, dans une bouche si délicate, et après une tirade plus formelle, rendait la chose encore plus inconvenante. Mais elle le faisait avec tellement de naturel qu’il était difficile de rester totalement choqué face à elle. Il fallait juste s’y habituer. Elle poursuivit.

- Il m’arrive bien souvent de faire des affaires Alaric, c’est le lot de tous malheureusement de nos jours, et je mentirais en disant que je n’y suis pas douée et à ma place. Il m’arrive même d’aimer cela. Mais ce soir je n’ai aucune autre ambition que de donner un coup de pouce au destin pour éviter le pire.
Quoi que j’admette que j’espère tout de même obtenir de vous une couche au sec pour la nuit, je me vois mal chercher une auberge dans le bourg.
Nouveau coup de tonnerre, nouveau sourire. Vraiment pas ! Une couverture devant la cheminée me conviendrait amplement. Et je peux payer pour la soupe…

Elle ne pensait pas vraiment l’homme être de ce genre, mais elle avait connu la faim aussi à de nombreuses occasions au début de tout cela, et même si elle avait bénéficier de sa position, elle ne voulait pas oublier que tout le monde n’avait pas le loisir d’offrir un repas à une inconnue. Sombrebois survivait à peine pour le moment, et une bouche de plus restait une bouche de plus, même si elle venait aider.
Elle reprit plus posément après quelques instants. Changeant littéralement de sujet, sans que cela semble la déranger outre mesure.

- Pourquoi vous, vous êtes là Alaric ? demanda-t-elle, un éclat de curiosité dans les yeux. Je veux dire, vous étiez de la milice, et vous avez suivi Hector. Je peux trouver mille raisons à cela. L’ambition, l’avarice, le courage, la stupidité, toute sorte de choses. Mais aujourd’hui, le fort et le bourg se meurent, à petit feu certes, mais ils se meurent, le baron que vous avez suivi n’est plus présent. Et pourtant vous êtes là. Vous auriez pu partir, retrouver la milice, ou au moins une zone plus sûre. Pourtant vous êtes là. Pourquoi ?

Telle était Eve, une femme étrange, pleine de contradiction, tantôt superficielle, tantôt passionnée, mais surtout curieuse de comprendre le monde qui l’entoure et les ficelles qui le font se mouvoir, depuis le plus petit individu, jusqu'à une cité entière. Sans doute que si elle se retrouvait face aux trois, son premier mot serait « Pourquoi ? ».

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Alaric



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyMer 21 Avr 2021 - 20:50
Alaric arqua un sourcil alors que l’orage grondait ; menaçant, il contredisait les dires de la jeune femme. Elle dût s’en rendre compte car elle rit, avant de reprendre ses explications. Le soldat aurait pu en rire, lui aussi, face à son visage juvénile et pourtant si fier, s’il n’avait pas été aussi peiné. Elle parlait avec sincérité, son ton franc pouvait en témoigner. De la bouche d’une personne aussi gracieuse – en apparence du moins – c’était presque choquant. Pourtant, Alaric ne s’en offusqua pas : il ne savait toujours pas qui il avait en face de lui et il la croyait sans problème lorsqu’elle affirmait qu’elle n’était pas une sainte. Pour lui, Eve était un mystère qu’il n’était pas certain de vouloir découvrir. Elle s’emblait se délecter de jeux qui le dépassaient, un passe-temps dans lequel elle excellait, alors que le soldat les fuyait. Cette fois, pourtant, il ne pourrait y couper : il avait été invité dans une partie qu’il ne pouvait refuser.

Pourquoi était-elle persuadée que l’intervention du roi ne serait pas bénéfique pour Sombrebois ? Certes, Rosen était sur la sellette, mais ses accusations sous-entendues n’avaient pas l’air de pointer uniquement la vie de la baronne. Cependant, il se doutait que la messagère ne lui en apprendrait guère plus : elle lui avait offert des indices, il ne lui restait plus qu’à les interpréter, à lire entre les lignes. La tâche s’avérait plus ardue que le décryptage de mots encrés sur du papier.

- Je ne comptais pas vous laisser repartir seule. De nuit, avec ce temps. C’est impensable.

Plus jamais il ne fléchirait sur ce point : hors de question que quelqu’un quitte une fois de plus ce domaine alors que Sombrebois avait assez de place pour héberger des visiteurs occasionnels. Il avait cru mourir d’inquiétude lorsque Sydonnie avait refuser son invitation et qu’elle avait repris sa route, lors de leur première rencontre. L’évocation de son nom, de ce souvenir qu’il chérissait plus que de raison, voila son regard d’une obscure tristesse, s’il pouvait avoir l’air plus mélancolique encore.

- Dites-vous que vous avez payé avec vos informations, renchérit-il d’une voix basse.

Il se détourna de la jeune femme et fixa un point au loin, un paysage qu’il ne voyait pas. Sans le savoir, Eve enfonça un peu plus le couteau dans la plaie, alors qu’elle évoquait la disparition d’Hector. Non, pas la disparition, la perte. Comme si dans son esprit, son sort était déjà scellé – sans doute à juste titre – alors qu’Alaric ne pouvait s’y résoudre. Pourquoi était-il encore là ? La réponse franchit ses lèvres sans qu’il n’y réfléchisse :

- Parce que je n’ai plus rien.

Il s’entendit et pensa que ce n’était pas tout à fait juste et pourtant, c’était la première réponse qui lui était venue à l’esprit. Aussi, il se sentit obligé d’ajouter :

- Sombrebois est tout ce qu’il me reste. Même si Hector n’est plus là, c’est chez moi.

Il se retourna de nouveau vers Eve.

- Je ne peux pas abandonner Rosen, ni les autres habitants du château.

C’était étrange, comme il lui était plus simple de se confier à une parfaite inconnue, plutôt qu’à l’une de ses connaissances. Sans doute parce qu’il se moquait du jugement de la jeune femme, il était libre de dire ce qu’il désirait.

- J’ai suivi Hector pour m’éloigner de Marbrume. J’étouffais dans cette ville. Mais ça doit être moi. Car ici aussi, j’étouffe.

Il avait mis du temps à comprendre. Il y avait eu des moments où il avait pu respirer à plein poumons dans la vieille cité, malgré ses ruelles étroites et ses hauts remparts. La cité, le bourg, aucun de ces lieux n’avaient d’importance. Avec elle, il aurait pu vivre n’importe où. Désormais, l’air lui manquait à nouveau. Par les Trois, il n’avait aucune idée comment il pourrait reprendre son souffle.

- Je vais vous mener à une chambre du deuxième étage, souffla-t-il.


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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 22 Avr 2021 - 0:17



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Eve, se ferma légèrement, pas parce qu’elle avait honte ou n’avait plus envie de communiqué. Mais la peine qui s’approfondit dans les yeux du garde fut si brusque, qu’elle eu la sensation de devoir s’en protéger, ou encaisser l’inévitable refus. Pourtant le malheureux poursuivit. Et la curiosité maladive de la jeune femme en fut de nouveau attisé. L’affection de celui-ci pour le baron était-elle si grande ? Etait-ce de l’amour ? La bougrerie était bien plus répandue que ne le laissait croire le clergé, et Eve ne la condamnait pas. Elle avait juste de la peine à imaginer Hector de ce genre. Et même si elle connaissait à peine Alaric, quelque chose ne semblait pas sonné juste…

Mais alors quoi ? Ou qui ?
La noble sentie qu’elle n’aurait pas le droit à cette réponse, pas tout de suite. Il y avait juste trop de peine au-dessus de la vérité pour qu’une inconnue se permette de creuser. Mais discuter, pourquoi pas ?

- On cherche parfois tellement longtemps ce qui est sous nos yeux, qu’on en oublie qu’il faut peut-être juste regarder devant soi. dit-elle d’une voix où s’exprimer un mélange de sympathie et ses propres peines. Comme l’on disait, ce n’est pas parce que l’alcool est de meilleure qualité, que les nobles n’ont pas leur problème.
Elle aurait sans doute pu rire de cette pensée, mais l’atmosphère ne si prêtait pas. Elle préférait autant ironiser sur leur chance de mourir, plutôt que la difficulté à vivre qu’on éprouve quant on est au bord du vide. Elle se contenta d’hausser les épaules.

- Un jour, je vous poserais cette question Alaric. Et si les trois le veulent, il y aura assez d’alcool et de rire pour que vous répondiez. Elle lui reposa la main sur le bras et le serra amicalement avant de le lâcher, évitant une compassion mal vue, mais incapable de ne pas vouloir partager un peu d’humanité avec cet homme qui vivait une forme de deuil, quelque en soit la raison. Pour le moment, je suis contente que des hommes comme vous continue, malgré leur peine, à chercher à respirer. Et je suis certaine que beaucoup ici doivent en être soulagé.

Elle reprit sur un ton plus bas et moins intime, revenant à leur affaire. Même si elle se sentait plus d’humeur à discuter avec l’homme, plutôt qu’avec le soldat. Elle était venue pour l’aider, et elle se devait de lui confier tout ce qu’elle pouvait pour l’aider dans sa difficile tâche. Se doigts qui s’éloignaient de son bras saisirent sa main et la tournèrent, paume vers le haut.

- Malgré ses défauts, tout le monde ne veut pas nuire à la baronne, et si vous êtes attentif, alors peut-être aurez-vous l’occasion de trouver des alliés dans votre épreuve, ou au moins, des partenaires d’affaires. Elle lui lança un sourire mélancolique à cette remarque. Mais dessina néanmoins avec précision, usant du pouce de sa main libre, un V souligné d’une barre dans sa paume. Je ne sais qui ils sont, ni ce qu’ils voudront si vous leur demandez leur aide. Mais soyez attentif à cela, et peut-être qu’ils vous aideront à sortir de cette histoire.

Elle sembla des plus soulagé quand Alaric lui proposa une chambre. Elle s’était bien entendue préparer à la pire alternative, tout en espérant une simple offre. Comme tout messager, on aurait pu lui proposer une place près du feu, ou avec son cheval. Elle ne s’en serait pas plainte. Mais l’idée d’avoir une chambre pour se reposer fut presque aussi agréable que la soupe.

- A vous aussi, je suis votre obligée Alaric. Si vous venez en ville, je vous rendrais la pareille, et je vous montrerais un ou deux endroits où il fait bon d’essayer de respirer, même quand on échoue. lui dit-elle avec un clin d’œil complice pour dédramatiser quelque peu la lourdeur des propos du garde.



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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 22 Avr 2021 - 20:47
Regarder devant soi ? Pour y voir quoi ? Comme Eve l’avait fait remarquer quelques minutes plus tôt, le monde dans lequel ils vivaient était des plus dangereux. Il fallait prendre des risques en permanence et Alaric n’y avait jamais rechigné. Avec le recul, il s’était même rendu compte qu’il avait trop joué avec le feu, mettant parfois sa vie en jeu alors qu’il aurait pu l’éviter. Si tout pouvait s’arrêter à tout moment, à quoi bon regarder devant ? Se projeter, penser au futur… Alaric en était incapable. De toute façon, pour l’heure, il était bien trop accablé pour discerner quoi que ce soit.

Le soldat se retourna vers Eve, alors qu’elle déposait – une fois de plus – sa main sur son avant-bras. Malgré le jeu auquel elle se prêtait, il avait l’impression qu’elle était sincère en faisant preuve de compassion. C’était un réconfort bienvenu. Alaric n’avait pas réellement pu compter sur le soutien des autres habitants du château depuis son retour, affligés qu’ils étaient par la disparition d’Hector. Il avait certes discuté avec Rosen, tous les deux s’étaient confié leurs peines, mais avec cette inconnue, c’était différent. Il n’avait pas besoin de s’inquiéter de son état, ni de craindre ses réactions car il ne la connaissait pas.

- Vous prévoyez donc de me revoir ? demanda-t-il, alors qu’elle évoquait une éventuelle retrouvaille plus réjouissante.

Il ne broncha pas lorsqu’elle attrapa sa main entre ses doigts pâles, remarquant dans son attitude, et bientôt son ton, qu’elle revenait à leur discussion plus sérieuse. Eve avait l’art de passer du rôle d’une jeune femme séduisante à celui d’une messagère professionnelle.

Alaric ne la quittait pas des yeux derrière ses longues mèches noires et écoutait avec attention toutes les informations qu’elle lui confiait. Si le destin de la baronne, et plus généralement de Sombrebois se jouait maintenant – c’était l’impression qu’il avait – il ne pouvait se permettre de passer à côté d’un renseignement. Il frissonna au contact de son pouce contre sa paume ; un picotement agréable s’empara de sa main. D’instinct, il referma ses doigts, emprisonnant la main d’Eve dans la sienne, alors qu’elle terminait de graver une lettre invisible.

- Désolé, s’excusa-t-il en la libérant. J’essaierai d’être attentif.

Il déposa son regard sur sa peau où il percevait toujours l’emplacement de la marque. Un « V » croyait-il, sans pour autant en être sûr. Il répéterait le symbole à Marie-Ange qui saurait le déchiffrer, s’il s’agissait bel et bien d’une lettre.

- Mais je ne suis pas doué pour les intrigues, je ne suis qu’un soldat.

Alaric n’avait aucune prétention. Il connaissait ses capacités et savait qu’il se démarquait à côté d’autres miliciens ou mercenaires. Grâce à son vécu, il avait des connaissances végétales non négligeables. Il était agile et habile, capable de se déplacer souplement et d’escalader des parois ; enfin, son adresse au tir n’était plus à démontrer. Cependant, aucune de ces qualités ne lui serait utile pour s’immiscer dans des intrigues de cour.

- Et à quelle adresse devrais-je me rendre ?

Il savait pertinemment que cette tentative grossière pour obtenir plus de détails sur son invitée était vouée à l’échec. Mais il pouvait toujours essayer, non ?

- Je crois que les endroits n’y changeront rien, conclut-il.

C’était elle qui lui avait donné le souffle dont il avait eu tant besoin. Maintenant qu’elle était partie, il manquait d’air à nouveau.

- Venez.

Alaric récupéra son arme, puis, en silence, mena Eve au second étage. Parce qu’il demeurait méfiant, il lui intima de passer devant lorsqu’ils furent dans les escaliers et la suivit de près. Une fois sur le palier, il ouvrit la première porte à gauche, et, d’un geste de la main, l’invita à entrer. À l’instar du reste du château, la pièce était austère. Le seul mobilier était un lit recouvert d’une épaisse couverture ainsi qu’une petite commode en bois.

- Avez-vous besoin de quelque chose ? Demain au lever du soleil, je vous enverrai quelqu’un.

C’était ce qu’il proposait, mais il avait l’intention de reprendre le tour de garde d’Hilde et de lui ordonner de faire quelques rondes dans le couloir. Même s’il avait envie de croire Eve, mieux valait être prudent.
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyJeu 22 Avr 2021 - 22:13



[Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? P57z
Elle répondit par un simple « Pourquoi pas ? » énigmatique à la première demande d’Alaric. Et la jeune femme au regard intense ne sursauta pas quand la main se referma autour de la sienne. Tout d’abord, parce qu’il n’y avait aucune violence dans le geste lui-même, et ensuite, parce que pour ses doigts encore froids, la sensation était tout à fait agréable. Elle laissa d’ailleurs sa main dans la sienne quelques courts instant de plus en secouant doucement la tête pour indiquer qu’il n’y avait point besoin d’excuse, profitant simplement de la peau chaude et rugueuse de la paume d’Alaric. Elle l’ôta finalement, le laissant observer la trace presque invisible

- Si nous avions plus de soldat et moins d’intriguant, notre survie nous semblerait surement plus plausible. ironisa-t-elle. Et je préfère autant savoir que la baronne a pour la protéger un homme qui manie plus la lame que les mots mensongers. Vous n’aurez pas à chercher bien loin je l’espère. Si une aide se propose à vous, elle le fera ici. Soyez simplement attentif au gens qui vont arriver dans le bourg, et plus encore à ceux qui pourraient traîner dans le fort.

Quand il lui intima de la suivre elle obéit sans protester, se levant pour trottiner derrière lui, non sans avoir récupérer ses gants et son cache-nez sur la cheminée. Ses pas étaient immenses pour la jeune femme, mais elle tint l’allure sans se plaindre.
Pas plus qu’elle n’objecta quand il la fit passer devant lui, surveillant ses gestes. Il était plus que dans son droit vu les raisons et la manière de sa visite. Et en réalité, ça c’était mieux passé qu’elle ne l’avait escompté. Elle avait connu le baron, et s’il était utile sur un champ de bataille, son impétuosité proche parfois de la bêtise le poussait trop souvent à choisir l’offensive sans autre forme de réflexion. Si c’était à lui qu’elle s’était confiée, il aurait sans doute pris sa hache et un cheval pour prendre d’assaut Marbrume et le château afin de croiser le fer avec un ennemi dont il ignorait tout.

Elle avait craint qu’il s’entoure du même genre de personnalité de butor. Mais Alaric, tout aussi mal à l’aise avec les jeux de la cour, l’avait agréablement surprise en prenant simplement le temps de réfléchir. Il ne la croyait pas sur parole, un signe d’intelligence. Mais il ne ferait pas non plus comme si elle n’avait rien dit. Il agirait, avec, elle l’espérait, assez de calme pour éviter un drame aussi bien politique et que personnel.
Et puis il lui plaisait, aussi bien physiquement que mentalement. Et après une journée entière à cheval et une pluie froide comme la mort, les bonnes surprises, qu’elles soient visuelles ou mentales, étaient très agréable.

Elle se glissa dans l’ouverture qu’il venait de lui faire, passant près de lui. La chambre avait tout juste assez de mobilier pour être définie comme telle. Mais par rapport à ce qu’elle avait pensé obtenir, ce n’était clairement pas si mal.
Elle posa ses mains sur ses hanches fines. Elle aurait bien demandé une chandelle, mais elle n’avait rien à lire, et gâcher les ressources de sombrebois juste pour avoir un point de lumière chaude lui semblait déraisonnable.
Preuve qu’elle savait être raisonnable… sur certains points. Elle regarda Alaric, et se souvint du contact chaud de sa main.

- De la compagnie, la nuit va être froide, et je n’ai pas envie d’être seule.

Elle observa la réaction d’Alaric d’un œil en enlevant son épais manteau pour se retrouver dans une tenue de chasse de qualité mais dont la chemise encore humide et l’aspect sale de l’ensemble, enlevait à la qualité visuelle. Sans pour autant vraiment nuire à sa beauté à elle. Etait-il choqué de ses avances soudaines ? Il pouvait l’être, peu était celle de son sexe à exprimer ce genre d’envie assumée, encore moins parmi les nobles.
Peut-être même la voyait-il désormais comme une catin ? C’était possible en effet, mais cela la fit sourire plutôt que regretter.

- Ou on peut discuter jusqu’à ce que je m’endorme ? proposa-t-elle plus poliment, sans se départir de son expression amusée.

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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyVen 23 Avr 2021 - 21:27
Quoiqu’Eve en dise, elle avait l’air sincèrement inquiète au sujet de la baronne de Sombrebois. Qu’elle se rassure : Alaric n’était pas prêt à abandonner la blonde. D’une certaine manière, elle était la plus proche amie qui lui restait, la femme du maître qu’il avait suivi loyalement. Il était décidé à la protéger, tout comme l’enfant qu’elle portait. Le soldat avait toujours été catégorique : il ne comprenait pas l’intérêt de faire des enfants dans un monde aussi cruel et abandonné. Ceux qu’il avait vus, dans les venelles de Marbrume, courir en hayons, prompts à voler un quignon de pain rassis, lui avaient fendu le cœur plus d’une fois. Néanmoins, il ferait tout pour éviter une telle vie au descendant d’Hector qui, selon les dires de la messagère, risquait surtout de subir d’atroces décisions politiques.

Il se tiendrait à l’affut du moindre allié qui viendrait à sa rencontre, scruterait chaque visage qui passerait les portes du bourg de Sombrebois. Surtout, il ne perdrait pas de vue le mystérieux symbole qu’elle avait agréablement tracé sur sa paume. Peut-être que Rosen lui en apprendrait un peu plus dès son retour ? Tous les deux allaient devoir discuter ; il avait hâte que la baronne regagne ses pénates.

Toute cette histoire, bien que sombre et nébuleuse, avait le mérite d’accaparer ses pensées. Pour la première fois depuis près de deux mois, il ne pensait plus aux pertes successives qu’il venait de vivre. De subir. Le futur n’était pas plus réjouissant, mais il avait au moins un but auquel il pouvait se raccrocher. Une corde pour se tirer des méandres obscurs de ses pensées.

Suite à la proposition audacieuse de la jeune femme, Alaric la toisa. L’épaule droite appuyée contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur le torse, il ne la quittait pas des yeux. Elle, en revanche, avait enlevé le lourd manteau prêté par Pénélope, dévoilant sa tunique coûteuse, bien que sale. À croire qu’elle avait répété la scène plusieurs fois… Le soldat manqua de sourire. Peut-être Eve le remarqua-t-elle à ses lèvres fines légèrement relevées, à la furtive étincelle qui illumina ses yeux bleus.

Lentement, il se décolla de la porte et pénétra dans la chambre. Sans un mot, il s’avança vers Eve, son front touchant presque le sien. Il la sondait ; sans voir la femme attirante qui était à quelques centimètres de lui, il essayait de percevoir ce qu’elle mijotait, les raisons de son invitation, les choix qui s’offraient à elle. Sans doute recherchait-elle simplement une conquête de plus à ajouter à son palmarès. Alaric avait déjà joué à ce jeu-là, et il avait perdu.

- Vous avez une couverture pour affronter le froid et… Vu votre journée fatigante, je suis sûr que vous n’avez pas besoin de discuter… ou de quoi que ce soit d’autre pour vous endormir rapidement. Dormez bien, Eve, souffla-t-il.

Il lui tourna le dos et sortit de la pièce avant de refermer la porte derrière lui. Une fois seul dans le couloir, il inspira profondément. Il avait un problème avec les femmes qui surgissaient des marais. Grommelant des paroles incompréhensibles à l’encontre des Trois, il gagna le chemin de ronde sans desserrer les poings. Là, il croisa Hilde qui s’apprêtait à prendre son tour de garde. Même s’il était en permanence aux aguets, elle remarqua qu’Alaric était encore plus bouleversé qu’à l’accoutumée, par sa posture voûtée et sa démarche pressée.

- Hilde. On a une invitée qui loge au second étage.

La rousse opina. La cuisinière avait dû mettre la moitié du château au courant en moins de dix minutes.

- Une jolie femme, paraît-il, dit-elle pour essayer de détendre un peu l’atmosphère.

Il grogna quelque chose qu’elle ne saisit pas, avant d’ajouter :

- Je ne lui fais pas complètement confiance. Je vais reprendre ton tour de garde. Peux-tu surveiller le deuxième étage ?

La bucheronne n’allait certainement pas laisser passer une occasion de contrôler une inconnue qui séjournait au château. Surtout si elle la savait séduisante. Même si Alaric et Hilde avaient rompu, il savait, par ses regards, qu’elle avait toujours des sentiments pour lui. Il n’eut donc pas besoin d’insister pour qu’elle fasse demi-tour et gagne l’intérieur de la forteresse. Passant une main dans ses cheveux trop longs, le soldat sortit dans l’averse qui n’avait pas cessé. Il n’éclairait plus, mais au loin, l’orage grondait encore. La pluie ruisselait sur le visage d’Alaric levé vers le ciel. Il ferma les yeux et essaya de faire le vide. La pluie pouvait-elle rincer ses souvenirs, laver ses craintes et ses doutes ?
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MessageSujet: Re: [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ?   [Convocation]Un garde qui ne prend pas garde ? EmptyVen 23 Avr 2021 - 22:39



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Eve observa les yeux intenses et tout proche du jeune homme. Et su presque immédiatement qu’elle avait perdu cette partie-là. Oh, elle ne s’était pas vraiment attendue à une victoire. Elle savait qu’elle devait plaire au jeune homme, elle en était presque convaincue. Mais il y avait trop de peine dans ses yeux, et trop de méfiance dans son esprit, pour espérait le voir passer outre ses défenses et profiter d’une simple nuit dans les bras d’une inconnue.
Elle ne lui en tint pas rigueur, même si elle n’aurait pas dit non à sa jolie compagnie. Aussi se contenta-t-elle de lui sourire avec un amusement compréhensif, et lorsqu’il se retourna pour quitter la pièce, lui dit :

- Je vous souhaite une nuit paisible Alaric. Avec toute la sincérité dont elle était capable. Le bois se referma, laissant la jeune femme seule. Elle resta là quelques longues secondes à réfléchir au déroulement de son plan, et à la suite potentielle des événements. Il était agaçant de dépendre de la capacité des autres pour voir aboutir la réussite d’un projet. Mais avec le capitaine de la garde, elle avait l’impression d’avoir miser avec intelligence.

Elle ne lui avait pas menti. Ses intentions aujourd’hui n’étaient que de fournir à un groupe sans défenses, des armes pour une bataille dont ils ignoraient jusqu’à ce soir l’existence. Mais malgré tout cela, de cette partie qui ne la concernait que peu, d’autre dépendraient par la suite, bien plus importantes.

Elle défi lentement les lanières de son corsage de taille, se demandant comment se déroulait la rencontre de la baronne au Chat Dansant. Il était parfaitement possible qu’elle ai prit tous ces risques pour rien. Si Rosen se montrait moitié aussi butée que son seigneur, elle pourrait bien cracher sur cette offre, voir mordre la main tendue…

En ce dernier cas, Alaric risquait bien de recevoir une tête dans un sac plutôt que les bonnes nouvelles qu’elle avait évoquées. C’est pour cela surement qu’elle avait préférer ne pas s’impliquer plus avant dans cette histoire. Trop de forte tête de chaque coté pour être certaine des résultats potentiel.

Elle se débarrassa de ses bottes et de son pantalon, se retrouvant uniquement vêtue de la chemise, ses longues jambes fines piétinant le sol froid pour éviter que celui-ci ne se répandent dans ses pieds. Elle s’empressa de rejoindre le lit, simple mais terriblement confortable après sa longue chevauchée. Elle détacha ses cheveux et y passa les doigts pour les démêler, ou du moins essayer…
Quand elle eut fini, elle attrapa du bout du bras, sans redescendre de son perchoir, une de ses bottes, et en extirpa un tout petit couteau, qu’elle glissa sous son oreiller.

Elle n’était pas à l’aise avec les armes blanche, mais se déplacer sans rien aurait été tout aussi stupide. Elle avait bien eu envie d’emporter son arc, avec lequel elle excellait, au grand damne de sa mère, mais si elle était sortie ainsi équipée du château, on se serait posé plus de question sur ce qu’elle allait faire.
Il était tout sauf rare que la jeune comtesse de Clairmont disparaisse quelques jours, ça faisait même partie de sa réputation. Mais équipée pour se défendre, c’était plus notable. Fichtre qu’elle époque où une femme devait encore se justifier de vouloir se défendre alors que la mort elle-même marchait hors des murs.

Elle se blotti sous la couverture, ses yeux brillants observant le mur plongé dans le noir face à elle. Oui, Sombrebois était loin de ses priorités, mais comme le premier caillou qui chute à flanc de montagne, il pourrait bien s’agir du début d’une avalanche… Et comme elle se l’était promis il y a des années déjà, elle pousserait tous les cailloux qu’il faudrait, jusqu’à s’en écorcher les mains jusqu’à l’os, pour que cette avalanche arrive.

- Patience Yvy, patience. murmura-t-elle doucement avant que la chaleur revenant dans ses muscles et la fatigue du voyage ne terminent par avoir raison d’elle, et qu’elle s’endorme pour une nuit qu’elle espérait sans cauchemar.


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