Marbrume


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 [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptySam 26 Juin 2021 - 10:09
Le Temple, le 23 Février 1167

Une longue journée de garde venait encore de se terminer. Elle avait commencé alors que le soleil n’avait pas encore pointé le bout de son nez, et ne s’était terminée que de longues heures plus tard. Théophile avait décidé de faire un crochet par le temple, comme tous les mardis, pour prier Alice et ses parents. Il s’était assuré en partant de la caserne, ce matin là, de glisser dans sa bourse les quelques pièces qu’il réservait pour l'offrande aux Dieux. Il en gardait également pour le Vendredi, son deuxième jour de visite hebdomadaire.

Il s’approchait des énormes portes en bois qui gardaient l’édifice, et qui étaient encore ouvertes en ce milieu d’après-midi, lorsqu’une voix sirupeuse s’adressa à lui.

« Dites-moi jeune homme, ce ruban...êtes-vous veuf ? »


Théophile se stoppa, regardant l’homme qui l’avait questionné. Sa dégaine indiquait qu’il était un prêtre, mais sa tête, enfin son expression ne lui donnait pas confiance. Ses yeux avaient une lueur que le borgne ne parvenait pas à déterminer, mais qui lui envoyait des frissons dans le dos.
Son instinct l’avertissait, et il avait tendance à lui faire confiance. Surtout qu’il était rare que quelqu’un comprenne que le ruban entourant la boucle de son plastron était celui de son mariage. Pour beaucoup ce n’était qu’un ornement comme un autre.
C’est donc avec prudence qu’il répondit à son vis-à-vis.

« Oui. Pourquoi cette question ? »

Le prêtre se frotta les mains en s’approchant du milicien. Sa voix se fit d’autant plus doucereuse. Ce qui eut le don de mettre Théo encore plus sur ses gardes..

« Et bien, que diriez-vous de faire une offrande d’importance ? Une visite auprès des filles d’Anür serait des plus bienvenues auprès de la Déesse. »

L’archer recula d’un pas sous l’effet de la surprise. Bien entendu, il avait entendu parler de la création de l’ordre. Sauf que l’idée même de s’adonner à ça, alors qu’il venait rendre visite à Alice le débectait. Avant de faire quoi que ce soit qu’il regretterait, Théo préféra confirmer avec le prêtre ce qu’il lui proposait. Après tout, il avait peut-être mal compris.

« Vous voulez que j’honore ma femme, en couchant ici-même, dans ce temple, avec des prostituées ? »

Le petit homme se rapprocha, croyant que la reformulation du milicien était une sorte d’autorisation. Il n’avait absolument pas perçu l’incrédulité du veuf.

« Je suis sûr qu’un vaillant homme comme vous a des besoins. Non seulement vous pourrez faire votre offrande aux Dieux mais vous pourrez aussi être comblé. Et si votre semance porte ses fruits, imaginez à quel points les dieux seraient ravis de ce cadeau que vous leur offririez. »

La posture de Théo se fit raide. Offrir des enfants au temple alors qu’il n’avait pas pu réaliser ce rêve pour Alice, pour ses parents ? Le milicien avait-il la tête d’un homme qui n’assumerait pas sa propre progéniture ? Par les Dieux, Alice et lui en avait eu envie plus que tout avant que le malheur ne s’abatte sur eux.
La pupille saine du borgne fixa le visage transpirant de l’homme de foi, en tous cas qui se présentait comme tel. Ses réflexes de tireurs étaient en train de refaire surface ici. Son iris se dilata légèrement, même si sa proie était proche, comme l’aurait fait celui d’un rapace. Etudier la cible pour en déterminer la faiblesse la plus facilement atteignable, puis verrouiller. Les muscles de son bras étaient en train de convulser doucement, dans l’attente de l’action.

« En plus vous voulez que je vous donne ma chair et mon sang ? Pour qui me prennez-vous ?! Je vous conseille de sortir de mon champ visuel au plus vite, prêtre.»

Glacial et tranchant, c’est ainsi qu’on pouvait décrire le dernier ordre du soldat. Cette fois-ci le prêtre eut l’air de comprendre, et ce fut lui qui se recula d’un pas. D’un coup, il était beaucoup moins sûr de ses chances d’amener ce veuf avec lui auprès des filles. Un petit rictus nerveux prit place sur sa mâchoire alors qu’il tenta de calmer le jeu.

« Allons, ne le prenez pas comme ça Monsieur le milicien. Je suis sûr qu’une fois entre de bonnes mains, vous n’y trouverez que des avantages. »

« Je n’ai jamais déshonoré ma femme de son vivant ! Ce n’est pas pour commencer à la souiller dans l’endroit où je viens prier pour son âme ! »


Le visage de Théo se fermait de plus en plus alors qu’il posa la main sur son arc, sans le dégainer pour l'instant, prêt à mettre à exécution la sentence qu’il s’apprêtait à donner. Il l’avait trouvé, la faille vers laquelle planter l’embout de sa flèche. Les mains potelées de sa cible s’étaient retranchées près de sa ceinture, il souhaitait certainement protéger ses parties. Dommage pour lui, elles étaient déjà dans la ligne de mire de l’archer.

« Dernier avertissement. Si je vous revois encore, que ce soit aujourd’hui ou un autre jour, je vous plante une flèche dans un endroit que vous n’êtes pas prêt d’oublier. »

La tonalité calme qui se fit entendre était celle de quelqu’un sûr de son coup. Le genre à vous filer encore plus de frissons qu’une colère franche et éclatante.

HRP:


Dernière édition par Théophile Castaing le Jeu 2 Sep 2021 - 22:39, édité 1 fois
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptySam 26 Juin 2021 - 23:15
Les épreuves des Dieux n'étaient que des occasions de montrer sa foi et ses qualités en tant qu'être humain. C'était ainsi que Gudrun voyait les choses. L'arrivée à Marbrume avait été la fin d'un voyage cauchemardesque, mais signait également le début de nouvelles épreuves. C'était pour le mieux, car comment pouvait-on prouver sa valeur si rien ne se mettait en travers de votre chemin ?

L'une de ces épreuves pour Gudrun était de vivre avec le handicap que représentait sa jambe droite. Certes, elle ne boitait pas lourdement, mais la violence du choc, les soins tardifs après le naufrage, et le manque d'exercice avaient laissé des traces. Il lui fallait sans cesse faire attention à sa démarche et la douleur, même légère, était toujours là, rappel constant de son histoire. Malgré cela, elle comptait bien ne pas finir comme ces vétérans de guerre, amputés pour une raison ou une autre, et qui se laissaient aller, finissant par engraisser comme les canards en hiver. Elle en avait trop vu dans son existence de guérisseuse.

C'était donc à la faveur d'un temps libre en début d'après-midi qu'elle était sortie du Temple pour prendre un peu d'exercice. Suivant les conseils de ses consoeurs et confrères, elle s'en tenait à des marches dans le quartier aisé voisin, appelé Bourg-Levant. Ces balades lui permettaient de s'imprégner de la culture locale et lui rappelaient parfois même sa vie d'avant, à Allange.

Le moment le plus difficile était au retour, lorsqu'il fallait gravir le grand escalier qui menait au Temple. Ce jour-là, comme à son habitude, Gudrun montait une à une les marches, lentement, posément. Elle eut ainsi tout le loisir d'entendre la fin de la conversation entre les deux hommes qui se trouvaient devant les portes du Temple.

Un petit prêtre rondouillet tentait de convaincre l'autre homme :

- Allons, ne le prenez pas comme ça Monsieur le milicien. Je suis sûr qu’une fois entre de bonnes mains, vous n’y trouverez que des avantages.

Gudrun l'avait déjà croisé au Temple, mais ils n'avaient échangé que quelques banalités à chaque fois. Il s'appelait Frère Thomas.

- Je n’ai jamais déshonoré ma femme de son vivant ! Ce n’est pas pour commencer à la souiller dans l’endroit où je viens prier pour son âme !

L'homme en face de Frère Thomas était tout son contraire. Grand et sec, il était vêtu d'une armure de cuir, avec un arc dans le dos. Milicien ou mercenaire à n'en pas douter. Si Gudrun n'avait pas entendu la conversation, elle aurait juré que le soldat était d'un calme olympien. Mais d'ailleurs, qu'est ce que c'était que ces histoires ? Gudrun ne comprenait rien à cette conversation. Elle arrivait en haut de l'escalier et même si elle n'aimait pas se mêler des affaires des autres, il était évident que l'ambiance devenait... explosive.

- Dernier avertissement. Si je vous revois encore, que ce soit aujourd’hui ou un autre jour, je vous plante une flèche dans un endroit que vous n’êtes pas prêt d’oublier.

C'était un peu trop pour Gudrun, la scène aurait pu être coquace sur une scène de théâtre, certes, mais pas devant le Temple !

- Messieurs, rappelez-vous que nous sommes devant la maison des Dieux ! Que signifie tout ceci Frère Thomas ?

Le petit homme se racla nerveusement la gorge, tentant de regarder sa nouvelle interlocutrice tout en continuant à surveiller l'homme d'armes.

- Ah, Soeur Gudrun, eh bien, hum, voyez-vous, hum, ce jeune homme est célibataire et je lui ai aimablement proposé de... eh bien, de servir Anür en allant voir ses filles, hum, vous savez bien... La nouvelle aile dédiée aux filles d'Anür depuis quelque temps... Et ce jeune homme qui est célibataire et si plein de vie, n'a pas apprécié mon offre et me menace même ! Rendez-vous compte ! Devant la porte du Temple !

Elle avait effectivement entendu parler d'une nouvelle aile, mais, comme d'habitude, elle n'avait pas assez écouté les ragots pour savoir de quoi il s'agissait. Elle n'était pas bien sûre de comprendre qui étaient vraiment ces filles d'Anür. Ce n'étaient pas des prêtresses, mais des femmes qui acceptaient de porter des enfants pour la déesse. Dans le cas du grand gaillard en train de perdre son sang-froid, cela n'expliquait pas la conversation. Il avait perdu sa femme à qui il était fidèle, elle l'avait bien compris. Mais souiller une morte dans le Temple ? Que voulait-il dire ? Et pourquoi Frère Thomas semblait-il aussi nerveux ? Gudrun observa de nouveau les deux hommes. Dans tous les cas, laisser ces deux hommes ensemble ne pouvait mener à rien de bon.

- Frère Thomas, vous voyez bien que la conversation a mal commencé entre vous deux. Laissez-moi accompagner ce jeune homme et le convaincre, nous y serons tous gagnants.

Le prêtre s'indigna.

- Mais, Soeur Gudrun, vous n'y pensez pas ! Vous ? Accompagner un jeune homme chez les filles ? Je ne pense pas que ce soit très convenable !

- Frère Thomas, nous sommes tous égaux devant la déesse, et chacun d'entre nous doit faire sa part, je m'y soumets volontiers, d'autant plus que, sans vouloir vous vexer, ce jeune homme ne vous écoute déjà plus, et je crains pour votre... sécurité.

- Soeur Gudrun ! Je... Il s'arrêta un instant, soupira. Cela ne me plaît vraiment pas Soeur Gudrun. Mais je suppose que je n'ai pas le choix. J'ose espérer que vous pourrez lui expliquer en détail cette miraculeuse occasion qui s'offre à lui, n'est-ce pas ? Le fait que vous soyez vous même... une femme... non mariée... ne me plaît guère, non, vraiment pas, comment pourriez-vous comprendre... Peut-être que... je ne devrais pas... Il commençait à marmonner en regardant ses pieds.

Gudrun le coupa avant qu'il ne change d'avis.

- Allons-y jeune homme, nous discuterons en chemin, fit-elle d'un ton qui ne souffrait pas de refus, et s'engouffrant déjà dans le Temple.

Lancer de dés:

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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyDim 27 Juin 2021 - 11:03
Les deux hommes furent interrompus par une voix féminine, visiblement outrée par leur comportement. Le milicien tourna son œil valide vers elle et scruta cette nouvelle arrivante. Habillée simplement, la suite confirma à Théo la première impression qu’il en eut : c’était une prêtresse. Et elle avait raison, se battre ici pourrait valoir des problèmes au borgne. Sauf que le petit prêtre avait dépassé les bornes.

L’homme, aussi mesquin que Théophile l’avait pressenti, eut vite fait de retourner la situation en sa faveur, recevant une nouvelle œillade peu avenante de l’archer. Comment ce...charlatant, il n’y avait que peu d’autres mots pour le décrire, osait-il se dédouaner ainsi ?
Théo suivit l’échange silencieusement. Vu les pensées qui le traversaient au sujet du petit homme, mieux valait qu’il n’intervienne pas. Il était préférable que l’air sévère de la prêtresse soit dirigé vers frère Thomas plutôt que lui. Sa mère lui avait suffisamment montré cette tête-là pour lui faire passer l’envie qu’une autre prenne le relai.
Enfin, c’était son intention jusqu’à ce que le prêtre se mette à être désagréable avec sœur Gudrun, puisque c’était son nom. Ce type n’avait strictement rien comprit. Elle venait de sauver ses bijoux de famille et il l’insultait. Il était encore pire que ce dont il avait l’air.

La prêtresse l’avait déjà embarqué vers le temple sans lui laisser le loisir de répondre. Théo la suivi, bien conscient, lui, que c’était la meilleure solution. Leurs pas résonnèrent dans le grand hall, et ils se dirigeaient vers l’aile accessible au public.

« Soeur Gudrun, avant qu’on ne s’éloigne trop, vous n’avez qu’un mot à dire et je m’occupe de le rendre moins volubile. Ce goujat a besoin qu’on lui donne une bonne leçon. »

La proposition de Théo dénotait avec la tonalité amusée avec laquelle il l’avait exprimée. En s’éloignant des ondes malsaines de frère Thomas, et en ayant une charmante prêtresse qui l’accompagnait, son humeur s’était améliorée. Pas suffisamment cependant pour oublier ce qui l’avait mis dans cet état.

« Ecoutez ma sœur. Je vous suis reconnaissant de m’avoir sorti de ce mauvais pas. J’aurais détesté me faire interdire l’accès au temple pour avoir appris la politesse à ce...frère Thomas. Je ne sais pas où vous me conduisez mais sachez que je n’ai aucune intention d’aller voir les filles d’Anür. »

Le milicien soupira et essaya de défendre son point de vue, afin que la prêtresse le laisse s’échapper. Après tout, elle avait indiqué qu’elle prenait le relai pour l’amener voir « Les Filles » et pour le convaincre. Lui était bien déterminé à ne pas s’y rendre.
Alors, sans laisser la parole à sa guide, il remplit à lui seul leur espace sonore.

« Je vais être franc. Depuis le décès de ma femme, je suis loin d’être resté inactif, si vous voyez ce que je veux dire. »

Beaucoup d’hommes célibataires ne se seraient pas aventuré à plaisanter sur ce sujet avec des personnes du temple. Le léger rire qu’il laissa échapper prouvait qu’il n’avait absolument pas réfléchit aux mots qu’il venait de dire avant qu’ils franchissent ses lèvres.
Comprenant son erreur, il tenta de reprendre son sérieux.

« Mais ça non. Vous comprenez, je ne peux pas culbuter quelqu’un en disant que c’est pour le salut de l’âme de ma Douce. Quoi qu’on essaye de me faire gober. Quand on donne de l’argent à quelqu’un pour coucher avec, on appelle ça une prostituée. Certains ont beau les affubler de toute une sainteté, pour moi ça revient au même. Je ne ferais pas ça à mon épouse. »

Son ton était calme. Pour autant, ses mots avaient été déterminés. Son avis sur la question était bien tranché, frère Thomas avait mal choisit sa victime. Alors qu’il se rendit compte qu’ils allaient réellement vers la destination dont il ne voulait pas, Théo ralenti et arbora un léger sourire en direction de son guide, dont la jambe claudiquait légèrement plus depuis leur entrée dans le temple.

« Désolé ma sœur, j’espère que je n’ai pas choqué vos jolies oreilles et vos convictions. Vous n’avez qu’à me laisser ici, je retrouverais mon chemin jusqu’au grand hall. Ainsi vous n’aurez pas à forcer sur cette jambe qui à l’air de vous faire souffrir et moi je pourrais faire mes prières tranquillement. Qu’en dites vous ? »


C’était une manière relativement poli de prendre congé, restait à savoir si la prêtresse comprendrait ses arguments et le laisserait déguerpir sans histoires.

HRP:
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyDim 27 Juin 2021 - 23:24
Gudrun ressentit une pointe de soulagement quand elle entendit des pas derrière elle. Elle n'était pas peu fière de sa bonne action du jour, ayant désamorcé un conflit et sauvé son confrère d'une situation périlleuse. Néanmoins, les dernières paroles de celui-ci la laissaient... intriguée. La curiosité est un vilain défaut, mais cette fois-ci elle ne pourrait pas résister à l'envie d'en savoir un peu plus.

- Soeur Gudrun, avant qu’on ne s’éloigne trop, vous n’avez qu’un mot à dire et je m’occupe de le rendre moins volubile. Ce goujat a besoin qu’on lui donne une bonne leçon.

La grande brindille l'avait aisément rattrapée en quelques foulées, et Gudrun tourna la tête vers lui, prenant enfin le temps de le dévisager. Il était brun, encore assez jeune, plutôt beau si l'on ignorait son oeil borgne. Une tête facile à retenir.

- Milicien ? Mercenaire ? Peu importe après tout, mon mari est... était soldat, et ce genre de menace à la moindre contrariété, je les connais. Les roubignolles de Frère Thomas sont très bien comme elles sont, la violence n'est pas toujours nécessaire vous savez.

- Ecoutez ma sœur. Je vous suis reconnaissant de m’avoir sorti de ce mauvais pas. J’aurais détesté me faire interdire l’accès au temple pour avoir appris la politesse à ce...frère Thomas. Je ne sais pas où vous me conduisez mais sachez que je n’ai aucune intention d’aller voir les filles d’Anür.

Gudrun haussa un sourcil.

- Ah oui ? Le repentir est une bonne chose, mais Frère Thomas semblait croire que cette visite était pourtant bien nécessaire à votre foi.

- Je vais être franc. Depuis le décès de ma femme, je suis loin d’être resté inactif, si vous voyez ce que je veux dire.

Ce jeune homme ressentait-il vraiment le besoin d'étaler son intimité devant elle ? Elle commençait à comprendre pourquoi Frère Thomas avait perdu son sang-froid devant ce grand dadais. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer, Anür lui vienne en aide. Ce qu'elle entendit ensuite n'était pas mieux.

- Mais ça... je ne peux pas culbuter quelqu’un... coucher avec... une prostituée. ...ça revient au même... à mon épouse.

Il avait repris un air sérieux, semblant essayer de se justifier avec des histoires de prostituées. Gudrun n'écoutait plus qu'à moitié, essayant pour sa part de garder son calme, regardant droit devant elle.

- Désolé ma sœur, j’espère que je n’ai pas choqué vos jolies oreilles et vos convictions. Vous n’avez qu’à me laisser ici, je retrouverais mon chemin jusqu’au grand hall. Ainsi vous n’aurez pas à forcer sur cette jambe qui à l’air de vous faire souffrir et moi je pourrais faire mes prières tranquillement. Qu’en dites vous ?

Il lui parlait de sa jambe maintenant ! Il pouvait bien rigoler d'elle avec son oeil en moins ! Elle allongea ses pas, accélérant la cadence malgré la douleur. Elle le mènerait là où elle devait le mener, un point c'est tout. L'aile des filles n'était d'ailleurs plus très loin, juste au coin de ce couloir.

- Les excuses ne servent à rien sans un repentir sincère... Quel est votre nom d'ailleurs ? Et depuis quand êtes vous veuf ?

- La meilleure des façon pour plaire aux Dieux seraient de vous remarier au plus vite et de leur offrir de nouveaux enfants. Si les filles d'Anür vous permettent cela vous devriez en profiter...


Gudrun s'interrompit brusquement, réalisant que si les filles d'Anür offraient de nouveaux enfants à Marbrume, il fallait bien que leur ventre soit fécondé. Mais alors... Demandait-on à ce genre d'homme d'assurer le service ? N'était-ce pas contraire aux lois divines de procréer hors mariage ? Quelques pièces d'un puzzle semblaient s'être emboîtées dans sa tête, mais elle n'arrivait pas à envisager le tableau dans son entier. Le peu d'informations qu'elle avait, qu'elle comprenait était incompréhensible. Il 'était un peu tard pour se poser ce genre de questions, puisqu'ils étaient arrivés à destination.

- Théophile, n'espérez pas me convaincre d'abandonner aussi facilement ! Nous devons tous deux faire notre devoir vis-à-vis des Dieux, et si le vôtre est à accomplir ici, le mien est de vous encourager à le faire. Voyons si nous pouvons trouver un de mes confrères pour que je puisse vous laisser à sa garde.
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyLun 28 Juin 2021 - 22:17
La tactique du milicien n’avait absolument pas marché, elle avait même eu l’effet inverse. La contrariété, que la prêtresse s’efforçait de garder sous contrôle jusque là, se lisait désormais clairement.
L’archer avait une sacré propension à tomber sur des furies en ce moment. Oh, bien sûr cela ne le dérangeait pas outre mesure. Ce serait mentir. Il s’amusait bien trop à être à l’origine du désarrois de ces dames. Et il savait qu’il était d’autant plus délectable lorsqu’elles cédaient enfin à le laisser graviter autour d’elles. Certes c’était parfois par dépit, mais toute victoire est bonne à prendre dans une guerre.
Bref, pour le moment, il n’en était pas encore là avec sœur Gudrun. Surtout qu’il souhaitait surtout s’échapper. Au diable le repentir sincère, il avait une bourse relativement bien remplie pour ça. Avec des pièces la bourse bien entendu...pas celles que souhaitaient ces filles où on voulait à tout prix le trainer.
Le ton sévère que le femme employa pour l’interroger le fit cependant répondre sans fanfaronnade.

« Théophile Castaing Madame...Euh, ma Soeur ! Ca fait un an et demi que je suis seul. »

Il était trop difficile de dire autre chose quand il était au temple. Dehors, tout semblait plus facile. Il suffisait d’avancer minute après minute, et de voir venir les choses. Après tout, il avait toujours fait ça, et il était encore de ce monde.

- Théophile, n'espérez pas me convaincre d'abandonner aussi facilement ! Nous devons tous deux faire notre devoir vis-à-vis des Dieux, et si le vôtre est à accomplir ici, le mien est de vous encourager à le faire.


Soeur Gudrun était-elle vraiment sérieuse en parlant de devoir à accomplir ?! C’était pas à elle qu’on voulait extorquer l’utilisation du service trois pièces ! Bien qu’évidemment elle ne posait pas se genre d’instrument...Il n’en restait pas moins que c’était un peu gonflé de le sermonner en le lâchant dans la fosse aux serpents. Quoi que…

« M’encourager ? Et bien peut-être que ça pourrait... »


Alors qu’il était en train de finir sa proposition à sœur Gudrun de le rejoindre à faire son devoir avec les filles d’Anür, manœuvre visant à ce qu’elle s’enfuit en le laissant tranquille, le trublion fut interrompu.

« Ai-je bien entendu ? Théophile Castaing parmi nous »

Cette voix lui disait quelque chose. Et que sa propriétaire connaisse son nom indiquait qu’elle le connaissait pour sûr.
Le soldat sentit une main se poser délicatement dans son dos et remonter doucement. La dame lui murmura quelques mots d’une voix aguicheuse.

« Anür nous a envoyé un célibataire de premier choix. »


Ca y est, il savait qui elle était. Théo pouvait connaître à ce moment-là la vision qu’avait sœur Gudrun de leur visiteuse impromptue. Un peu plus petite que la prêtresse, leurs cheveux étaient d’une couleur assez semblable. Quoique ceux de la demoiselle étaient un peu plus clairs, et devaient certainement être coiffés dans un chignon lâche dont quelques mèches s’échappaient. Ses pupilles noisettes devaient pétiller de malice de voir un de ses clients préféré, ce qui était assez réciproque. Et il sentait, plus qu’il ne se remémoraient les généreuses courbes qu’elle avait appuyé contre son dos et son flanc droit.
La jeune femme savait d’instinct qu’il valait mieux se placer du côté où il n’avait pas de gêne pour qu’il la détaille. Bien qu’en ce moment même, Théo refusait obstinément de se tourner vers elle.

« Gisèle ? Quelle...surprise ! Tu es venue prier ? »

Les doigts de Gisèle étaient remontées dans la nuque du jeune homme et appuyèrent doucement sur ses muscles noués. Evidemment, la prostituée connaissait ce point sensible chez lui. Ses trapèzes étaient sollicités bien plus que chez la plupart des hommes tandis qu’il compensait le manque de visibilité de sa pupille morte. Et il n’appréciait rien de tel qu’on lui dénoue cette endroit particulièrement tendu. Tout comme un autre qui ne tarderait pas a se manifester si il ne sortait pas des mains expertes de la jeune femme.

« Allons Théo, toi ici, ça ne peut dire qu’une chose. Et quelle chance, j’ai été recueillie ici en tant que fille d’Anür. »

Malheureusement, il n’était pas si facile de s’échapper lorsqu'un corps décidait de trahir son propriétaire. Alors que Gisèle s’adressa à la prêtresse avec un sourire avenant, l’homme devenait peu à peu une poupée de chiffon. La légère effluve de menthe que son nez captait lui embrouillait les sens. Pourquoi fallait-il qu’aujourd’hui en particulier elle possède sur elle cette odeur qu’il humait avec délice ? Sans conteste une de ses préférées...

«  Merci ma Soeur, je vais m’occuper de lui maintenant. Je suis sûre que ce grand bonhomme va bientôt nous offrir quelques enfants solides. »

La chair de poule recouvrait ses avant-bras. Bien sûr, son corps n’attendait qu’une chose. Se laisser traîner par sa douce amie. Il attendait même avec impatience de se délecter de sa chaleur, de toutes les attentions qu’il aurait pour elle et qu’elle aurait pour lui…
Alors que sa pomme d’Adam faisait difficilement glisser sa salive, l’image d’Alice s’imposa à lui et lui fit reprendre un peu contenance. Et au final, ce qui lui avait semblé une trop longue et insoutenable tentation, n’avait duré que quelques secondes.

« Gisèle...Je ne suis pas venu pour ça. »

La fille d’Anür s’esclaffa et le son fit écho dans le couloir les entourant. Il s’agissait d’un vrai fou rire, ses doigts avaient arrêté leur doux massage et s’accrochaient au cuir de la veste de Théo comme si elle allait tomber en ne le faisant pas. Qu’avait-il donc bien fait aux Dieux pour mériter ça ?

« Je ne...me rappelais….pas...de toi...si...prude... »


Gisèle avait du mal à parler, alors qu’elle tentait de reprendre son souffle. Mais le mot « prude » l’avait faite repartir de plus belle. Que faire pour qu’elle se calme ? Au moins lui était redescendu sur Terre.
Théo tenta un regard vers Soeur Gudrun. Elle l’avait déjà sorti d’un mauvais pas, elle devait bien avoir une solution pour ça aussi.

« Ma sœur, dites-lui. Dites-lui que je ne voulais pas venir. »

Grands Dieux, il ne fallait pas qu’Alice assiste à tout ça. Quoi que la connaissant, elle serait capable de s’amuser de la situation elle aussi, pouffant discrètement et attendant qu’il soit désespéré pour l’aider. Ce qu'il commençait à être, d'un point de vue tout à fait subjectif.

« S’il vous plaît ? »

Son regard avait un petit quelque chose de désespéré. Chose assez ironique quand on se rendait compte que c’était une douce femme qui déstabilisait ainsi un si grand dadais.

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Orian LarcherMilicien
Orian Larcher



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyVen 2 Juil 2021 - 16:54
Les filles d’Anür.

La plus grande bénédiction divine, ou peut-être tout simplement religieuse, qui ait été offerte aux hommes célibataires de peu de vertu de Marbrume. Que dire, sinon que l’idée, qu’elle ait eu pour origine une décision de la Trinité ou de quelques-uns de ses représentants les moins scrupuleux, fut la meilleure manière d’appréhender l’an 1167 ?

Je n’irais jusqu’à dire que j’étais un habitué des lieux, mais ne pouvais nier que j’aurais pu décrire de mémoire les couleurs et les formes qu’offrait cette aile du temple – et je ne parle à tout le moins que d’architecture. Il n’était ainsi pas impossible que, sur une chronicité variable, je me présente pour faire mon devoir de citoyen et laisser les professionnelles faire le leur, tout en faisant mon possible pour être un partenaire de travail agréable, sous tous les sens que suppose la métaphore.

En temps normal, j’aurais préféré naviguer les eaux tortueuses de la drague, les jeux de la tentation de femmes d’expérience au besoin de compagnie palpable, aux œuvres moyennant financement, mais lorsque la ligne ne ferre nul poisson depuis trop longtemps, il faut bien trouver de quoi chauffer sa couche, et la Trinité m’entende je préfère le faire au sein d’un temple avec une femme qui y trouve son confort et moi le mien, aussi étrange et embarrassant cela paraisse, qu’au fin fond d’une ruelle dans une posture tout aussi inconfortable qu’elle n’est peu sensuelle.

Ce jour était l’un de ces moments, et je n’avais eu à patienter bien longtemps pour me faire accoster dans l’enceinte du temple par un prêtre grassouillet aux airs et aux mots plus qu’amicaux. Ce n’était certainement pas la première fois que je le rencontrais, mais il était soit fin menteur, et feintait de ne s’en être rendu compte, soit il était légitimement aveugle. Dans les deux cas, la situation ne désavantageait ni l’un ni l’autre, puisque je venais à chaque fois les bourses pleines à l’arrivée et vides à la sortie – et non, je ne parlais pas d’autre chose que de pièces sonnantes. Enfin, je crois.

Premier don achevé, non financier cette fois, nous nous levions moi et ma compagne du jour de la couchette prévue à cet effet, cette dernière me souriant pour m’offrir l’impression d’être le sauveur de sa journée. Je ne pouvais que compatir en cet instant, en imaginant le reste des hommes qui passeraient avant que le soleil n’atteigne l’Ouest, à qui elle offrirait, je n’en doutais point, un sourire identique.

« Madame, sachez que j’ai passé un moment fort agréable », débutais-je en déposant un baiser sur le dos de sa main. « Je ne serais peut-être pas l’étoile de ce jour, mais sachez que vous avez été le mien. » Pour seule réponse, une paire de joues rouges, des yeux fuyants, et une porte qui se ferme lentement. Rejoignant un proche couloir, je m’étirais bruyamment, revigoré, le visage ne cachant nullement ma satisfaction.

Une fille de joie – enfin, une fille d’Anür – semblait se moquer amicalement d’un pauvre homme à l’air désespéré, et devant ce qui semblait être une prêtresse, de surcroît. Non, vraiment, il me fallait être la bouée de secours de cette âme perdue, et puisque messire ne semblait que peu apprécier l’attention qui lui était portée, il n’y avait sans doute qu’une seule méthode pour le sortir de ce mauvais pas : la renvoyer vers moi.

« Mesdames, monsieur, jamais faire son devoir n’aura été aussi bon », annonçais-je, volontairement gauche et choquant, un grand sourire accompagné d’un regard malicieux. S’il avait un minimum de finesse, peut-être mon compagnon d’infortune comprendrait-il sur le long terme mon stratagème. Sinon, s’il réagissait mal, eh bien … J’imagine qu’il ne serait que peu difficile de l’enliser davantage dans son bourbier et de m’échapper de la situation.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyVen 2 Juil 2021 - 20:07



23 Février 1167.
[Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  Hh8o
Le petit groupe avait fini par attirer l’attention, les attroupements étaient rare chez les filles, chacun préférant préserver une forme… d’intimité ? Comme si ne pas se regarder, s’ignorer promptement, suffisait à faire de nous un fantôme aux yeux des autres. Le dénommé Orian semblait vouloir transformer une situation délicate en moment de scandale, ou du moins en spectacle. Mais étonnamment, ce ne fut pas un prêtre ou une prêtresse en charge qui se permit d’intervenir, mais une autre fille.

Elle remonta le couloir, faisant taire les murmures naissant par sa seule présence. Elle n’était pas grande, mais avait un port digne d’une femme de la noblesse. En bien moins vêtue. Si elle portait une longue jupe noire trainant derrière elle, et des manches toutes aussi longue, son ventre plat était nu, affiché même, et le minimum de tissu pour qu’on ne puisse l’accusée d’être nue couvrait sa poitrine. Des pierres et des bijoux ornaient sa longue chevelure tirant vers l’argent, mais semblaient presque terne en comparaison de l’éclat émeraude de ses yeux. Elle sourit en s’avançant vers le quatuor.

- Bien le bonjour ma sœur…, Messieurs… dit-elle d’une voix douce comme le miel. Elle tourna la tête vers la dénommée Gisèle, et lança Tu veux bien nous laisser ?

La demande était polie, amicale même, mais fut obéis comme l’ordre d’un général par son soldat. La jeune femme s’éloigna de Théophile comme si le contact l’avait soudain brûlé et fit une rapide révérence avant de s’éloigner pour rejoindre une des chambres. L’inconnue reporta son attention sur le trio.

-Je suis Abielle, fille d’Anür, et des trois en leur demeure. Vous me semblez tous bien chagrin, les couloirs ne sont pas un bon endroit pour discuter, les filles tiennent à leur intimité, et nous ne voudrions pas jeter l’opprobre sur le temple, n’est-ce pas ? Que diriez-vous d’une tasse de thé ? Vous pourrez me dire ce qui vous amène.

Elle sourit à l’homme qui les avait fait remarquer.

- Vous être le bienvenue sire Larcher, même si je ne doute pas que vous ayez trouvé ce pourquoi vous êtes venu… dit-elle amusée en se détournant, comme si connaître le nom du milicien était parfaitement normal.

Ses vêtements flottèrent dans la suite de son mouvement, et l’espace d’une seconde, elle ressembla à un papillon sur le point de déployer ses ailes. Et de nouveau le tissu glissa au sol, masquant ses pas, si bien qu’elle semblait flotter sur la pierre. Si on omettait un déhanché évident.
Elle guida le petit groupe plus loin dans l’aile des filles d’Anür, remontant une large passerelle de pierre entourée de deux longs bassins où deux temps à autres une, la toile de sa tunique collée à sa peau par l’humidité faisait signe aux hommes.

Abielle leur fit traverser un petit pont de pierre par-dessus un bassin. Et les guida vers une porte bouclant une immense alcôve. L’endroit dans lequel elle les fit entrer se révéla être une chambre. Une immense chambre… Un lit circulaire en occupait une bonne partie, mais même ainsi l’endroit restait spacieux. D’épais tapis, des armoire, une commode avec son propre miroir, et un autel dédié aux trois, devant lequel brûlé doucement un encens qui embaumait agréablement la pièce. Une large table avec des chaise matelassée trainée non loin de l’entrée, d’étranges cartes de jeu, représentant toute sorte de créature, étaient éparpillées devant l’une des chaises.

- Asseyez-vous donc… les invita leur hôte en allant déposer une théière sur un chauffe plat ou rougeoyait encore un lit de braise. Si nous commencions pas des présentations ? Qu’en dites-vous ?

HRP:


Dernière édition par Dame Corbeau le Ven 2 Juil 2021 - 22:33, édité 1 fois
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyVen 2 Juil 2021 - 22:19
M’encourager ? Et bien peut-être que ça pourrait...

Gudrun faillit s'étouffer d'indignation devant l'impertinence de ce jeune dévergondé. C'en était trop ! Elle se retourna vers lui, prête à lui rappeler tout ce qu'il devait aux Dieux mais aussi le respect qu'il devait à leurs serviteurs. C'est alors qu'arriva une jeune femme derrière le dépravé ... peu vêtue. Jolie, oui, mais peu vêtue. Jolie voix, jolis mots... Gestes très déplacés. Elle ressemblait plus à une fille de petite vertu qu'à une servante d'Anür. Même le nom d'Anür semblait obscène dans sa bouche, qui déroulait les phrases d'un ton languissant. La "servante" connaissait Théophile apparemment, mais où l'avait-il croisée s'il n'avait jamais mis les pieds ici ? Gudrun la vit déployer tous ses charmes pour entraîner le jeune homme avec elle, tentant même de la congédier elle ! Une prêtresse ! Mais que se passait-il donc ici ? Au sein même du temple !

Son regard revint se poser sur Théophile. Le pauvre garçon semblait pétrifié. Gudrun eut presque pitié du jeune homme. Il ne regardait pas Gisèle, il la regardait elle, Gudrun, et il lui demandait de l'aide. Quelle situation absurde ! Elle ne savait plus quoi faire.

C'est le moment que choisit un illustre inconnu pour lancer d'une voix forte :

Mesdames, Messieurs, jamais faire son devoir n'aura été aussi bon

La prêtresse se retourna pour apercevoir l'homme en question : celui-ci était brun, visage agréable, bien habillé, parlant clairement, le sourire aux lèvres. Il devait avoir le même âge que Théophile peu ou prou. Mais contrairement à lui, celui-ci semblait ravi d'avoir "fait son devoir". Gudrun fronça les sourcils de nouveau. Décidément, elle ne savait plus quoi en penser. Cette aile du temple ressemblait davantage à un bordel qu'à un lieu de prières, mais alors pourquoi prétendre qu'on y vénérait Anür ? Non pas qu'elle en voulait aux filles qui se trouvaient là, les bordels avaient bel et bien leur utilité... d'ailleurs son Einar y faisait souvent un tour avant leur mariage... une fois mariés, il avait arrêté bien sûr... enfin, c'est ce qu'il lui disait et elle lui faisait confiance... mais pas dans un Temple bon sang !

Gudrun en était là de ses pensées, de plus en plus perplexe, son regard allant de l'un à l'autre, ne sachant trop quoi dire. Elle commençait à se dire qu'amener Théophile ici n'était peut-être pas la meilleure des idées, même s'il semblait aimer ce genre de distractions.

- Demoiselle Gisèle, arrêtez d'aguicher ce pauvre garçon, je ne l'ai pas amené ici pour ça. Nous repartons.

Gisèle fit une moue dédaigneuse et ne bougea pas d'un pouce. Quelle petite...

Bien le bonjour ma sœur…, Messieurs…

Une douce voix interrompit ses pensées et fit se retourner Gudrun à nouveau. La femme était encore plus dévêtue que Gisèle ! Celle-ci dégageait une aura d'autorité et d'assurance. Complètement perdue cette fois, Gudrun se contenta d'écouter ce que la nouvelle venue avait à dire. La prêtresse ne pouvait qu'approuver la proposition de quitter ce couloir, la situation la rendant de plus en plus mal à l'aise. Cette sensation ne la quitta cependant pas tout le temps que dura leur marche. Elle ne devrait sûrement pas être là, mais s'en aller aussi brusquement serait peut-être mal vu par ses supérieurs ? Et pouvait-elle laisser Théophile seul ici ? Il avait beau être sacrément casse-pied, son âme pouvait encore être sauvée. Pour "sire Larcher" en revanche, la rédemption semblait bien loin...

Leur hôte les accueillait poliment. De plus en plus intriguée mais essayant de n'en rien laisser paraître, Gudrun s'assit à la table, la tête et le buste bien droit, les mains à plat sur les genoux. La pièce était bien trop luxueuse pour une simple fille de joie. Ou pour une prêtresse.

- Soeur Gudrun, se présenta-t-elle. Je loge ici, au Temple de Marbrume depuis cinq mois et je ne vous ai jamais croisée... Comment doit-on vous appeler au juste ? Demoiselle ? Soeur ?
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Théophile CastaingMilicien
Théophile Castaing



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptySam 3 Juil 2021 - 10:11
A priori, il n’avait pas l’air assez désespéré car, malgré l’air outragé de Soeur Gudrun, elle ne lui vint toujours pas en aide. C’est une autre intervention qui aida Gisèle à se calmer. Un homme qui lui, vu sa notable satisfaction, revenait de sa visite aux demoiselles des lieux. Théo reconnaissait cette expression, il arborait la même après avoir joyeusement batifolé.
La notion du devoir revint sur le tapis, amenant de la perplexité sur le visage de la prêtresse et une pointe d’envie chez le borgne. C’est sûr que dans un autre endroit, il aurait été plus que ravi de se laisser faire par Gisèle.

Soeur Gudrun ne savait en fait pas ce qui se passait ici et ce qu’on voulait leur soutirer, intéressant. Surtout pour lui car maintenant que les rouages se mettaient en route dans la jolie tête de la femme, elle consentait à vouloir le sortir de là.

Quelque chose changea subitement dans l’air.

Une arrivée impromptu avait coupé les remerciements de Théo envers la prêtresse. La tentation incarnée se tenait face à eux. Repensant à la phrase du troisième laron, il était complètement sûr que le moment devrait être plus qu’agréable avec la femme qui se tenait devant eux.

Théo leva les yeux aux ciel et pria silencieusement Alice de lui apporter un peu de sa légendaire patience. Fermant les paupières, il vit son épouse arborer un sourire serein, comme lorsqu’elle était en train de travailler. Ou lorsqu’elle lui caressait doucement les cheveux, alors qu’il avait sa tête posée sur ses jambes. Non, il ne pouvait pas se laisser aller ici. Il avait fait assez d’erreurs avec son épouse, il ne fallait pas qu’il souille les rares moments qu’il avait avec elle.

Rouvrant les yeux, ses résolutions furent durement mise à l’épreuve. Dame Papillon s’éloigna, le roulement de ses hanches accrochant le regard de Théo. Gisèle, c’était une chose. La créature qui venait de se présenter devant eux, c’était carrément...Une apparition divine. Peut-être Anür avait-elle un réel dessein ici ?

Le borgne ne tenait pas à ce qu’on lui interdise l’accès au Temple et suivit celle qui s’était présentée comme Abielle. Il s’arrêta un instant pour glisser quelques mots à l’oreille du deuxième homme, sire Larcher.

« L’ami, sortez moi de la et je vous paye une bonne bière et le repas qui va avec. »

Il n’attendit cependant pas sa réponse, les deux femmes avançant. Théophile n’avait jamais mis les pieds dans cette partie du temple, et les lieux étaient simplement magnifiques. Apaisants. Dame Papillon ne le laissa pas s'extasier plus longtemps et continuait jusqu’à ce qui devait être sa chambre.
La richesse qui y était affiché, comparé à ce qui se trouvait même chez de très bonnes prostituées, fit comprendre au milicien que cette dame là n’était pas n’importe qui.

Après que sœur Gudrun se soit présenté, Théo préféra rester debout derrière une des chaises et posa son regard sur le jeu de carte . Il était plus facile de se focaliser sur ces étrangetés que sur les yeux scrutateurs de leur hôtesse.

« Merci d’avoir éloigné Gisèle, Dame... »

Le milicien avait faillit la nommer avec le petit nom qui lui était venu à l’esprit, mauvaise habitude de sa part. Creusant sa cervelle, il put remercier sa bonne audition d’avoir capté le prénom de la créature en lieu et place de ses neurones.

« Dame Abielle. Je me nomme Théophile Castaing et j’aimerais que vous notiez bien mon nom pour qu’on ne me renvois pas ici. Pas que vous soyez désagréable à côtoyer, celui qui dirait ça serait un sacré menteur. C’est juste que...je ne compte pas faire de bébé divin. D’ailleurs vous devriez peut-être expliquer à sœur Gudrun ce qui sa passe ici. »

Parler de ce qu’on voulait d’eux lui permettait de ne pas parler de la principale raison de son refus. De plus en plus de personnes le pressaient de se remarier et lui ne comptait pas laisser tomber son épouse. Au moins en n’en parlant à personne, on le laissait relativement tranquille, il pouvait penser de tout son soûl à Alice quant il était en ces lieux divins.
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Orian LarcherMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyLun 5 Juil 2021 - 17:10
Qui sème le vent récolte la tempête, disait-on. Je ne ferais manifestement pas exception. Et bien évidemment, il fallait que je me fasse remarquer au moment même où une quatrième déesse faisait son entrée au panthéon, et nous invitait pour le thé pour l’occasion. Bravo Ori. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que l’ange du désir connaissait déjà mon nom ; ne sachant choisir entre flatterie et embarras, je décidais de vivre un peu des deux, les joues brièvement rosies mais l’air fier.

Prêt à suivre la dénommée Abielle, enivré tant par son charisme que par son absence de décence vestimentaire, j’écoutais avant les quelques mots glissés par mon compagnon d’infortune : la promesse d’un bon repas, et de quoi le rincer. Si je n’étais pas à un repas prêt, on ne se fait jamais assez d’amis à Marbrume : si j’en avais l’occasion, je le sortirais de ce mauvais pas. Déambulant dans les couloirs derrière une jupe trainante aussi longue qu’elle n’était aguichante, je me laissais guider jusqu’à … sa chambre.

Des hommes, une prêtresse et une prostituée boivent le thé dans la chambre de cette dernière. Comme le début d’une mauvaise blague, je rejoignais autour de la table le trio que seule une intervention divine aurait su rassembler. En bon gentleman, je laissais la sœur se présenter en première, laissant ensuite l’initiative au frustré Théophile. S’il se sentait embarrassé ici, sans doute devrait-il craindre de passer une soirée en ma compagnie – mes autres amies n’étaient que rarement plus habillées que dans les locaux actuels, si ce n’est moins. Cela dit, s’il connaissait le prénom d’une des filles de jo- d’Anür, peut-être n’était-il pas aussi étranger à la profession qu’il n’y paraissait.

« Orian Larcher, mesdames, mais vous pouvez m’appeler Ori », débutais-je quand vint mon tour de me présenter, un sourire serein au visage. « Si je ne suis pas étranger à ce que mon voisin nomme les bébés divins, j’ose espérer que mon manque de tact en plein couloirs n’aura offusqué quiconque. Et si tel était le cas, j’espère que vous me donnerez toutes deux l’occasion de m’en excuser. »
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Dame CorbeauMaître du jeu
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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyMar 6 Juil 2021 - 17:01



23 Février 1167.
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La dénommé Abielle apporta des tasses sur un magnifique plateau d’argent ouvragé en répondant à la prêtresse, d’une voix tranquille, comme si la curiosité presque incisive de la réfugiée ne faisait que glisser au travers de sa personne sans trouver prise, et que l’échange était des plus banal.

- La plupart d’entre nous ne sommes là que depuis deux mois tout au plus ma sœur, et le temple est immense, ce n’est pas si surprenant que nous ne nous soyons pas encore croisés. Surtout que seules les sœurs en chargent semblent vraiment prête à supporter notre compagnie… dit-elle tranquillement. Moi, je vous connais ma sœur, les réfugié d’Hendoire ayant rejoint le temple ont fait parler presque autant que nous. Je suis reconnaissante que les dieux vous aient soutenu durant cette difficile traversée. Tout est si… différent ici.

Elle avait parlé comme pour souligner un sujet précis, peut-être Gudrun y sentirait-elle l’écho de ses croyances tronquées pour correspondre à l’intransigeance du temple de Marbrume. Renforcé par le fait que la prostituée avait parlé « des dieux » et non pas « des trois ». Un hasard sans doute.

- Vous pouvez juste m’appeler Abielle, le tempe ne nous a pas donné d’appellation, et je ne suis pas des plus à cheval sur l’étiquette. Je suis comme n’importe laquelle de vos ouailles ma sœur. dit-elle en revenant avec son thé fumant.

Elle sourit à l’hésitation de Théophile alors qu’elle remplissait sa tasse, comme si elle avait entendu sa pensée malgré son silence. Et hocha la tête avant de servir les autres.

- Personne n’est forcé à venir Sire Castaing, je suis désolée si certaines sœurs, frère du temple ou une des filles vous en ont fait douter. Cette situation est nouvelle pour tous, et le zèle ne manque pas, que ce soit parmi les soutiens ou les détracteurs.

Après avoir servit tout le monde, elle s’assit avec eux et croisa les jambes, son pied nu se posant contre le mollet de Théophile, sans doute à cause de la promiscuité de la petite table, mais elle ne fit rien pour l’enlever. Elle se mit à ramasser les cartes devant elle.

- Ori… répéta-t-elle pour en goûter le son. Je ne suis vraiment pas certaine que le terme de bébé divin dont vous usez messieurs soit le plus approprié. Il n’est jamais bon de s’approprier le divin pour les mortels.

Elle battit les cartes machinalement, et avec une dextérité surprenante sans même avoir les yeux dessus.

- Vous n’avez pas à vous excuser Ori, nous voulons juste éviter que ces lieux deviennent ce que les critiques en disent. Et pour cela les scandales même mineur, ne sont pas dans notre intérêt. Surtout quand des filles comme Gisèle ont encore du mal à perdre certaines vilaines habitudes.

Elle saisit sa tasse et souffla doucement dessus avant d’en boire une gorgée, rependant un mélange de violette et de menthe sur ses papilles. De l’autre main, elle tira une carte et sourit.

- Nous avons donc le refus, le doute et l’acceptation assis à la même table. Une formule intéressante, même si je me questionne sur l’ordre qui en découle. Quels sont vos questions ma sœur ? Pourquoi vous y refuser Sire ? Et au contraire quelle motivation vous guide Ori a accepter si aisément notre condition ? J’aimerais comprendre ce qui motive chacun ici. En retour, je m’ouvrirais à vos demandes moi aussi.

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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyMar 6 Juil 2021 - 22:42
La demoiselle s'affairait élégamment dans sa pièce, avec des gestes fluides et précis. Déposant une tasse devant Gudrun, elle lui fit une réponse qui, bien que dite très calmement, d'une voix sirupeuse, lui fit froid dans le dos. Certes, les réfugiés avaient fait parler d'eux mais quelque chose dans ce qu'elle avait dit lui paraissait étrange. Difficile traversée, qu'en savait-elle au juste ? Les différences de Marbrume avec Allange ? Sous-entendait-elle qu'elle avait plus d'informations que le commun des badauds ? Elle n'était pourtant pas du Temple, n'avait aucune responsabilité...

Abielle esquiva la question de la prêtresse habilement, tout en lui servant le thé. Tout ce que Gudrun avait pu obtenir, c'était de savoir qu'Abielle se considérait comme faisant partie des filles d'Anür, au service du Temple.

Elle se sentait de trop dans cette luxueuse chambre, à boire le thé en compagnie d'une prostituée et de deux hommes dont les yeux semblaient avoir du mal à se détacher de la tenue de la demoiselle. Ou plutôt, de son absence de tenue.

Les paroles de Théophile et d'Orian ne firent que confirmer ce qui se voyait comme le nez au milieu de la figure. Ils eurent même le culot de parler de "bébés divins" ! Anür lui vienne en aide, pas un pour rattraper l'autre. Excepté peut-être Orian, qui présenta ses excuses de manière charmante. Quant à Abielle, elle avait tout d'une manipulatrice, et ça ne plaisait pas non plus à la prêtresse. Malgré tout ça, elle était coincée pour le moment, et puisqu'Abielle lui proposait si gentiment de répondre à ses questions elle n'allait pas s'en priver.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous Demoiselle. Les naissances sont par nature des bénédictions divines, vous ne pouvez pas séparer les hommes des Dieux.

C'est bien pour ça que je me demande quel est le lien entre cette... ce... les filles d'Anür et des naissances quelconques. Vous nous parlez d'anciennes prostituées dans le Temple même, la maison des Dieux ! Un enfant est le fruit d'un mariage, non de services douteux... Et après avoir vu de mes propres yeux les réactions de ces deux Messieurs, je m'interroge sur la façon dont vous rendez ce service à Anür.


Gudrun avait progressivement haussé le ton. Comment pouvait-on laisser faire ce genre d'activités, alors que les gens honnêtes et justes, comme elle, pouvaient ne pas avoir cette bénédiction ! Son indignation allait augmentant au fur et à mesure qu'elle s'exprimait. Arrivée au bout de sa tirade, consciente de s'être laissée emporter, elle conclut :

Bien évidemment, vous comprenez que du fait de mon statut de réfugiée j'ai encore du mal à me faire aux coutumes d'ici... Qui sont peut-être tout à fait normales pour vous.

Elle écouta les autres parler, fixant le filet de fumée qui s'élevait de sa tasse, encore bouillante de colère.
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Théophile CastaingMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyMar 20 Juil 2021 - 23:17
Même si Dame Papillon indiquait que les filles n’étaient présentes que depuis deux mois, il semblait au milicien que cela faisait plus longtemps. En même temps, pour un homme tel que lui, ou son comparse, l’information de l’arrivée de ces dames était très vite venue jusqu’à leurs oreilles. Les clients qui fréquentaient régulièrement les bordels étaient les premiers prospects pour ces futures mères porteuses. Certains avaient mordu à l’hameçon avec plaisir si l’on s’en référait à Orian.

Le titre que la créature divine lui donna le fit tiquer. Théo avait eu bien des noms au fil des ans, et aussi étrange que cela puisse paraître, il se sentait beaucoup plus à l’aise quand on le traitait de crétin plutôt qu’avec un banal« Sire », description qui ne lui correspondait pas. Aussi, il se permit de corriger. Bien entendu, si elle continuait à le nommer ainsi, il s’en accommoderait.

« Laissez tomber les Sire avec moi aussi, je ne suis qu’un simple soldat. »

Milicien était en fait son travail désormais. En son for intérieur, sa mission était toujours celle pour laquelle il s’était engagée à la suite de son père, c’est-à-dire protéger les citoyens. Qu’ils soient de son village natal ou à Marbrume, cela ne changeait pas son devoir. 

Le borgne finit par s’asseoir sur le siège qui lui était attribué. La barrière que lui offrait le dossier était au final aussi fine que ridicule. Plutôt que de sembler le seul idiot encore debout, Théophile imita ses deux compères d’infortune et posa son séant.
Il regretta presque aussitôt sa décision en sentant le pied de Dame Papillon contre son mollet. Son peton n’était qu’appuyé contre lui, et pourtant…La façon dont son petit orteil tressautait le long du muscle de l’homme à chaque parole de la belle ne semblait absolument pas innocente. Chaque caresse, pourtant infime, envoyait des frissons tout du long de sa jambe.

Encore une fois l’effluve de menthe vint s’insinuer délicatement sur ses récepteurs olfactifs, embrumant d’autant plus les sens. La plante était présente en grande quantité dans les sous-bois qu’il avait tant arpenté. Combien de fois en avait-il chiqué des feuilles au cours de ses pérégrinations...Dire que maintenant il fallait payer ce qu’il avait toujours eu à profusion autour de lui...

Ce rappel à l’injustice de leur situation actuelle, et sur ce qui était désormais perdu, lui permis de se recentrer sur leur discussion. Arborant un air un peu moins détaché qu’à son habitude, le milicien rebondit sur ce qu’avait souligné avec véhémence la prêtresse à ses côtés. Omettant bien entendu la part où elle parlait de sa réaction envers Gisèle et Dame Papillon.

« Comme l’a dit Soeur Gudrun, un enfant est le fruit d’un mariage. Il est l’héritage de tous ses aïeuls, un cadeau de Serus que nous nous devons d’aimer et éduquer. C’est ce qu’on nous rabâche sans cesse depuis des lustres. Comment est-ce qu’on justifie maintenant que des pro...des jeunes femmes acceptent hors mariage de porter des enfants et qu’ils ne soient pas éduqués par leurs deux parents ? »

Le regard perçant de Dame Papillon, et ses remarques pointues pour chacun d’entre eux avait eu raison de ses réticences quant à parler de son épouse. Son instinct lui criait qu’elle saurait si il omettait une partie de la vérité. Après tout, elle avait connaissance, faisant partager aux autres par la même occasion, du statut particulier de Soeur Gudrun…
Il est vrai que peu de réfugié d’Hendoire avaient trouvé refuge dans la ville. De là à connaître personnellement certains d’entre eux, c’était la preuve d’un réseau d’informations bien rodé.

« Et de toute façon, pour ma part, comme je l’ai dit à frère Thomas à l’entrée du temple, ici je viens pour être auprès de ma femme. C’est pas pour aller en voir une autre sous ses yeux. »


Si le soldat parlait d’Alice comme d’une personne encore vivante c’est qu’il le vivait ainsi. Dans ce lieu divin, il avait pour habitude de lui parler comme si elle se tenait tout près de lui. La sincérité de son ton ne laissait pas de doute quant à l’immense respect qu’il vouait à celle qui partageait sa vie depuis tant d’années.
La note de contrariété qu’il avait laissé échappé en mentionnant frère Thomas fut contre-balancée avec humour et un léger sourire, alors qu’il se redressa pour mettre ses jambes hors de portée de leur hôtesse.

« Je suis quand même curieux de savoir quelle est la réponse à la question. »

Après tout, quitte à être empêtré dans cette situation impossible, autant que cela serve à quelque chose. Histoire de ne surtout pas se faire reprendre au piège.
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Orian LarcherMilicien
Orian Larcher



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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyMar 20 Juil 2021 - 23:51
Sans oser dire mot, de peur de froisser quelqu’un quant à mes réelles intentions en ces lieux qui, toutes honnêtes soient-elles et peu importe qu’elles soient partagées par tous, n’auraient sans doute pas été du goût de mes trois autres voisins de table. Après tout, « se mouiller la nouille » sonnait bien moins héroïque que « faire son devoir civique de citoyen en aidant la cité à peupler la génération future ».

C’est ainsi que j’observais le bal de discussions sur l’éthique des pratiques des filles d’Anür prendre lieu autour de la table, n’osant ouvrir mon clapet, de peur de dévoiler tant ce que les dénommés Gudrun et Théophile redoutaient que ce que la sulfureuse Abielle tentait de cacher.

Cela parlait tantôt naissances et bénédictions, pour finir ensuite sur la nature du travail des toutes récentes occupantes des lieux, en passant par le mariage. Ainsi sirotais-je tranquillement mon thé dans le silence, m’étouffant brièvement avec à la mention du frère Thomas. S’il s’agissait bien de celui que je croyais, il y avait fort à douter qu’engager la conversation sur l’homme n’aiderait pas à faire avancer les aspects éthiques de ce débat. Me raclant la gorge, j’osais un bref et discret « Délicieux ce thé », comme pour tenter, sans doute sans succès, de justifier ma toux précédente.
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MessageSujet: Re: [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux    [Terminé] - La petite vertue au service des Dieux  EmptyDim 25 Juil 2021 - 19:21



23 Février 1167.
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Abielle ne parut pas s’offusquer du ton belliqueux de la prêtresse, peut-être son visage se para-t-il d’un voile de tristesse qui n’était pas là avant, mais fut-elle bien assez maîtresse d’elle-même pour ne pas interrompre la sœur du temple et se permit même un sourire et un regard pour Orian qui visiblement n’était pas aussi vindicatif que ses deux acolytes sur le sujet.

- Je vous remercie, je le fais pousser moi-même. Et si je dois abandonner les sires, vous aurez bien la gentillesse d’abandonner les dames, d’accord Théophile ? dit-elle d’une voix délicieuse et pourtant sans malice ou séduction, presque amicale. Son pied n’avait pas quitté sa jambe pour autant.
Elle reporta finalement son attention sur Gudrun.

- Je ne crois pas que la brebis doive se comparer au berger ma sœur, peu importe à quel point il offre son amour au troupeau. Mais il s’agit là d’une interprétation théologique toute personnelle, et je m’excuse si cela vous a froissé.

Elle haussa les épaules

- En effet je vous parle de brebis égarée, celles qu’on a vue et considérée le plus souvent comme la lie de notre société alors qu’elles en sont le produit. Celles qu’on balayait sous le tapis pour se déclarer civilisé, pur. Elles vivent maintenant pour certaines dans l’enceinte du temple, parce que certains ont choisi d’enfin regarder en bas et de voir les âmes à sauver plutôt qu’à condamner. Si les naissances sont bénédictions ma sœur, alors pourquoi devraient-elles être moins pure quand elles sont offertes au monde, même hors-mariage ?

Une gorgée de thé et elle reprit.

- Alors je vais répondre à la question de Théophile, et je l’espère cela éclaircira en partie vos propres questionnements ma sœur. dit-elle en plongeant son regard à l’éclat de pierre précieuse dans celui du milicien. Ce qui justifie un tel changement. C’est la mort. La mort de centaine de milliers d’hommes face à la fange. Et de la nécessité d’assurer l’avenir de notre espèce. annonça-t-elle simplement.

- J’aimerais vous dire qu’il n’y a que la bonté des trois qui ait à voir avec cette décision. Qu’il s’agit d’une prise de conscience collective. Mais les chiffres sont là. Deux tiers des réfugiés de la cité sont des femmes ou des enfants. Des mères, des filles, des veuves. Celles des soldats qui n’ont pas eu votre chance Théophile. Notre peuple se meurt, et il n’y a pas assez d’homme pour assurer notre pérennité, il n’y en a même pas assez pour en marier la plupart. Et parmi elles, nombreuses sont à ne pas avoir eu d’autres choix que la prostitution pour survivre. dit-elle sans hésiter sur le mot à employer contrairement à eux.


- Deux problèmes, une solution. A moins que vous proposiez de passer bûcher tout ceux et celles qui ont cédé à cette tentation, ce dont je doute, jamais ce sordide marché n’aurait de raison de prendre fin. Les hommes sont faibles à la chaire. dit-elle en souriant aux deux représentant du genre. Désolé, mais c’est une vérité. les taquina-t-elle sans méchanceté.

- Et les femmes dans le besoin trop nombreuses. Alors soit le temple continuait à fermer les yeux et à laisser notre société périclitée pour s’attacher à des traditions certes nobles mais devenues intenables. Soit il décidait tenter de sauver celles qui voulaient encore l’être et de répondre au besoin de notre peuple en assurant une nouvelle génération de fidèle qui aura grandi sous sa tutelle bienveillante plutôt que dans les quartiers mal famés de la cité, loin de l’amour des trois et de la loi du roi. dit-elle, convaincue.

Un « tchak » étrange se fit entendre de l’autre coté de la paroi. Puis un autre. Et un autre. Abielle sourit.

- Ne faîtes pas attention, ma sœur s’entraîne surement au lancer de couteau. dit-elle en laissant un regard dériver dans sa chambre. Comme vous vous en doutez, ni elle ni moi n’avons besoin des filles d’Anür pour nous en sortir. A vrai dire, nous vivions même mieux avant. Mais il fallait que certaines des plus aisées montre l’exemple et les bienfaits de cette solution pour attirer les autres. Les filles d’Anür ne sont peut-être pas la solution idéale, ni la plus moralement valorisante. Mais elle a le mérite d’exister, et de chercher à aider celles qui en ont besoin tout en améliorant l’avenir des enfants qu’elles auront. Vous pouvez vous joindre à leur détracteur, peut-être même parviendrez-vous à dissoudre notre ordre. Nos bases sont encore si fragiles, que je ne doute pas de la possibilité de votre réussite. Mais la seule victoire de ce camps sera d’être parvenue à rejeter celles qui ont voulu de son aide, et à faire grimper le nombre d’enfant illégitime dans les bas-quartiers. Au moins cela se passera-t-il hors de portée de vos yeux. Cela suffirait-il à votre satisfaction ma sœur ? Le temple serait-il plus noble, plus divin ainsi ?

Il n’y avait d’animosité ni dans sa voix, ni dans son regard lorsqu’elle observa Gudrun.

- Je préfère croire que le temple peut-être le parent manquant de tout enfant qui en aurait le besoin, et que l’amour d’Anür suffira à franchir le gouffre de l’illégitimité. J’espère que viendra le jour où nous seront acceptée ainsi, et je rêve de celui où nous ne serons plus nécessaires. En attendant je soutiendrais celles et ceux qui essaient de changer et de se racheter, malgré leurs imperfections.

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