Sujet: [Convocation]Forger une nouvelle lame Jeu 1 Juil 2021 - 16:26
20 Février 1167.
Le clerc trouva la mercenaire entrain de prendre soin de ses lames sur le parvis d’une auberge où elle avait passé la nuit précédente. Tout deux furent surement surpris de découvrir l’autre, mais le flegme naturel de la guerrière lui procura l’avantage de l’absence de réaction évidente. Tandis que le jeune homme, tout juste assez vieux pour ne plus être appelé gamin, resta de longue seconde bouche bée en observant la rousse qui passait, encore et encore la pierre à aiguiser sur ses lames en le fixant du coin de l’œil. Quand même lui se rendit compte que le silence perdurait depuis trop longtemps il toussota et s’empourpra avant d’enfin déclamer le message qu’on lui avait confié.
- Le Maître-Lame Dalindor, de la guilde des Lames du Morguestanc souhaiterait vous rencontrer à la date et l’heure de votre convenance, Sieur… DAME ! Monclar. bafouilla le jeune homme avant de lui tendre une petite plaque en métal gravée de deux lames entrecroisée. Il vous suffit de vous présenter au quartier général de la guilde muni de ceci pour qu’on arrange votre rencontre, si il vous sied. Conclut-il avant de s’incliner très bas, sans doute trop, puis de détaler comme un lapin vers une rue proche, laissant la mercenaire hébétée, sa plaque à la main.
…………………………………
Les lames avaient fait une affaire dans le quartier du Labourg en rachetant leur première auberge avant d’acquérir, pour la moitié de leur valeur d’avant la fange, la plupart des bâtiments attenant, qu’ils s’agissent de domicile, d’entrepôt, et même d’un ancien bordel. Pour autant, les deux maîtres de la guilde ne s’étaient pas montrés injuste avec leurs anciens propriétaires, loin s’en faut. Beaucoup de famille avait reçu des offres d’emplois ou de relogement, et même les catins participer à la vie des hommes, officiellement, aux cuisines et entretient, même si on disait que certaines ne se privé pas d’allié leur ancien travail au nouveau.
Toujours est-il qu’après trois mois de travaux intensif, l’étrange bâtiment prenait forme. Comme une petite forteresse en plein centre du quartier. Des coursives, des murs, des passerelles avaient été ajoutée, tandis que d’autres portes étaient doublement murées. Une rue donnant sur une place délabrée avait pris la forme d’une porte sur une cours intérieure aménagée en terrain d’entrainement, avec ses mannequins, et carré de terres battues. Aucune grille n’avait été aménagée pour en interdire l’entrée, afin de ne pas contrevenir à la loi interdisant des fortifications non militaires dans l’enceinte de la cité, règle dont de se passaient bien les nobles. Mais le lieu était si bien agencé qu’on ne pouvait ignorer sa structure militaire. Seuls les enfants des rues osaient encore se glisser à l’intérieur pour observer l’entraînement des hommes et femmes de la guilde dans les carrés.
Aeryn s’avança sous le portail, et bien évidemment on l’observa. Pas avec la surprise du clerc, mais avec l’œil aguerri du combattant vérifiant le danger en présence d’une autre. Quand il fut évident qu’elle ne cherchait pas querelle, tout le monde retourna à ses petites affaires, laissant la rousse s’enfoncer dans ce qui avait tout l’air d’être le bâtiment principal. Si l’activité dehors était calme et dédiée à l’entrainement, à l’intérieur, cela pouvait se résumer à un sacré bordel ! Hommes et femmes en armures, vieillards avec des seaux et des balais, cuisinière transportant de gigantesques marmites et toutes une variété de personne transportant des plaquettes de cire ou des rouleaux de papiers. Un page s’approcha rapidement d’Aeryn pour lui demander la raison de sa présence, et fit des yeux ronds quand elle tendit la petite plaque. En se donnant un air plus important qu’il ne devait l’être il lui demanda de patienter en s’avançant dans un couloir comme un coq se pavanant. Les minutes s’écoulèrent, si bien que la jeune femme put se demander si on ne l’avait pas oublié, ou pire, faîtes venir pour rien. Une blague de mauvais goût qui lui aurait échappé. Pourtant, une jeune fille émergea de la foule en activité et chercha des yeux avant de sourire jovialement quand ils se fixèrent sur la mercenaire. Elle s’approcha à grand pas, ses tresses tressautant autour d’elle.
- Aeryn Monclar ? Désolé de l’attente, c’est un peu la folie aujourd’hui. dit-elle en s’inclinant rapidement, un gros livre entre les bras. Je suis Gwendoline Dalindor. Si vous voulez bien me suivre, le Maître-Lame va vous recevoir, nous espérions votre visite. conclut la jeune femme en indiquant un escalier.
Si elle était maigrichonne et pas bien grande. Gwen avalait les distances avec une aisance remarquable qui rappela à la mercenaire les marches forcées le long des convois avec ses frères sous l’œil méticuleux et dur du paternel. Elles grimpèrent des marches, franchirent un couloir dont les pierres récentes détonaient avec celles des deux bâtiments qu’il reliait. Par deux fois la jeune femme s’arrêta pour ramasser des feuilles sur un bureau et le glisser dans son ouvrage. Ou pour donner une consigne orale à des petits groupes qui redoublèrent d’activités.
- Depuis que le Roi a rouvert les convois à la protections externe, on ne sait plus où donner de la tête. On dirait que quelque chose de gros se préparent et on doit éviter de rater le coche. lui expliqua-t-elle sans se soucier réellement que ça l’intéresse ou non, mais plutôt par habitude de devoir faire la conversation aux invités.
Elles finirent par remonter un couloir qui les isola du brouhaha ambiant, jusqu’à les mener à une porte de bois, petites mais d’une facture solide. A peine assez haute pour les deux femmes. Gwen frappa trois fois et ouvrit sans attendre. La petite pièce ressemblait à un grenier réaménagé, de grosses poutres inclinées comme pour soutenir un toit, une fenêtre ronde et haute sur le coté offrait une lumière satisfaisante tout en donnant une bonne vue sur la cour d’entrainement. Tout le fond était occupé par des étagères rempli de documents et d’étranges objets. Un bureau en bois massif trônait au centre de la pièce, pourtant l’homme assis derrière se tenait sur une simple et solide chaise là où on se serait attendu un découvrir un confortable fauteuil de cuir. Pas tout à fait de première jeunesse, mais encore bien de sa personne, les épaules larges et le regard vif, il parcourait un document sans relever les yeux vers les deux arrivantes. Gwendoline invita silencieusement la mercenaire à s’asseoir face à lui tandis qu’elle faisait le tour du bureau et déposait des feuilles supplémentaires sur celui-ci.
- Huit de plus aujourd’hui Faren ! dit-elle guillerette.
L’homme soupira en se frottant les yeux avant de se laisser aller contre le dossier de sa chaise.
- Merci, Gwen… dit-il en grattant sa barbe de quelques jours. Enfin il posa son regard sur la jeune femme. Je pensais vous recevoir dans de meilleures conditions, mais nous ferons avec je suppose… J’ai connu un Monclar autre fois. Lui et sa femme. Un couple charmant, même si le coté charmant venait surtout d’elle. ajouta-t-il sans que rien de scabreux ou de critique ne semble entacher son ton. Une simple évocation de vérité. Il chassa cette pensée de la main.
- On s’agrandit vite, et j’ai besoin de personne pour faire le travail correctement, et il se trouve que vous m’avez été recommandé par une connaissance commune. il s’interrompit et reprit presque aussi tôt. Une dame au regard triste et aux cheveux noir et blanc, ça vous parle ? Bref, elle pense que vous feriez une bonne lame, et je fais confiance à son avis, pour peu que la place vous intéresse.
Dernière édition par Dame Corbeau le Jeu 1 Juil 2021 - 18:04, édité 1 fois
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Jeu 1 Juil 2021 - 18:03
Il m'était bien difficile de comprendre ce qu'il s'était passé … Un homme étrange m'avait remis une mystérieuse plaque avant de disparaître subitement sans demander son reste. Les Lames de Morgestanc, ce nom ne m'était pas étranger, puisque j'avais entendu mes frères l'évoquer une fois où deux, mais je n'en savais guère plus. Pour autant, ma curiosité me poussa à me rendre sur place pour savoir de quoi il en retournait vraiment… Mais ce type bizarre et trop pressé ne m'avait donné aucune indication quant à la localisation de cette fameuse guilde. Il me fallut donc me renseigner çà et là puis me perdre deux ou trois fois avant de réussir à trouver la bâtisse.
Une fois sur place, il fut aisé de savoir que je me trouvais au bon endroit. Les lieux sentaient fort la poussière soulevée par l'effort et la sueur, de quoi éveiller les souvenirs. J'avais vu nombre de quartiers généraux durant mon existence, mais aucun d'eux ne m'avait paru aussi bien organisé. L'on se serait cru dans une ville miniature où chaque personne avait une place qui lui était propre, si bien que je me surpris moi-même à trouver également la mienne.
J'y rencontrais quelques personnes. La première était un homme qui ne me fit pas grande impression. Je n'appreçiais ni son regard surpris, ni son attitude par la suite … Il me demanda de patienter seule dans un couloir durant un temps interminable avant qu'une petite tête blonde ne fasse son apparition. Elle parlait beaucoup, mais étrangement, je ne la trouvais pas agaçante. Au contraire, cette gamine éveilla ma curiosité. J'aurai voulu qu'elle m'en dise plus sur leurs activités présentes et futures mais je me contentais de l'écouter en portant quelques regards envieux autour de moi. Cet endroit m'attirait indéniablement…
Rapidement, nous nous retrouvâmes devant une porte… Et derrière elle, se trouvait un homme qui me semblait fort occupé. J'aurais pu me sentir honteuse de le déranger en pareil instant si je n'étais point aussi curieuse…
-Attendez… vous avez connu ma mère ? demandais-je quelque peu hébétée par la nouvelle avant de me reprendre.
Mon père était connu dans le monde du mercenariat, mais ma mère … En réalité, je connaissais bien trop peu de choses à son sujet pour affirmer quoi que ce soit. Personne ne parlait jamais d'elle… Mais si je pensais être au bout de mes surprises, je réalisais bien vite que je m'étais lourdement trompée… L'on m'avait recommandé et pas n'importe qui, cette femme étrange que j'avais laissé dans une maison abandonnée quelques semaines plus tôt… Comment s'appelait-elle déjà ? Niexy ? Naxu ? Nouxeu ? Mince… je n'étais pas fichu de me souvenir du nom qu'elle m'avait donné et même si je savais pertinemment que celui devait être faux, mon oubli n'en fut pas moins frustrant.
-La place m'intéresse, évidemment répondis-je avec un empressement qui m'étonna moi-même… D'autant plus que je ne savais rien de ce que représentait cette fameuse place. Pardonnez-moi, mais… Je me demande… Pourquoi ne pas avoir contacté mes frères? Vous devriez les connaître, ils ont une bonne réputation dans le milieu ...Et puis, euh … En quoi consiste le boulot exactement ? Vous ne ressemblez pas vraiment à une compagnie classique...
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Jeu 1 Juil 2021 - 18:46
20 Février 1167.
Faren se contenta d’hocher la tête pour confirmer qu’effectivement, il avait bien connu la femme qui l’avait mise au monde. Un honneur selon lui. Mais qui méritait de ne pas être abordé au milieu d’une offre d’emploi. Faren n’était déjà pas de ceux qui faisait des faveurs, et il ne souhaitait pas qu’un aspect personnel vienne s’ajouter inutilement à cet entretien déjà né d’une mission secrète. Heureusement, la jeune femme visiblement emballée répondait déjà à la suite. Evidemment, la question de ses frères fut abordée. Peut-être plus tôt qu’il ne l’aurait cru. Démontrant leur importance dans la vie de la mercenaire malgré leurs rapport compliqué.
- J’ai effectivement entendu parler de ta fratrie, même du milicien. Des gens capables, pour sûr. Je ne doute d’ailleurs pas de les compter un jour parmi mes bons éléments, s’ils s’en donnent la peine. Mais ils devront suivre le chemin depuis la base, mon offre d’aujourd’hui ne s’applique qu’à toi, car j’ai confiance en son jugement, et qu’elle aura encore besoin de mes services, et donc pourquoi pas, des tiens. Tu peux voir cela comme une faveur, mais sache que cela n’en est pas une, je t’en demanderais autant qu’aux autres, plus peut-être. Mais jamais injustement. Gwen, les tâches d’une lame ?
La jeune fille s’avança d’un pas et résuma de la voix assurée de celle qui connait par cœur sa tirade, mais sans l’absence de passion qui faisait cruellement défaut à la plupart des serments.
- Protéger les hommes et femmes qui en auront besoin, entre ou à l’extérieur des murs. Lever son épée pour pourfendre l’ennemi sous toutes ses formes, mais savoir la garder au fourreau quand c’est nécessaire. La lame est notre épée, mais la lame est aussi notre seul bouclier.
Faren sourit.
- ça ne manque pas d’une certaine allure je trouve ! plaisanta-t-il en échangeant un regard de connivence avec Gwen avant de reprendre d’un ton plus sérieux. La majeur partie de ton temps sera dédiée à faire le même travail que n’importe quel mercenaire, protéger des convois, des gens, des lieux. Aussi importants que mineurs, mais ne t’y trompe pas, ici, je forme et j’engage des soldats, peu importe leur sexe, des gens près à lutter pour une cause commune lorsqu’il le faut. Et qui mettront leur raison avant leur cupidité. Je ne te ferais pas prêter un serment abscond qui te demande de tout sacrifier au prestige ou à l’honneur, comme un chevalier. Uniquement de savoir tirer ta lame quand une cause le mérite. Même la tirer contre moi s’il le fallait.
Il posa ses deux coudes sur la table nouant ses doigts, ses yeux posés sur Ryn avec tranquillité et expérience.
- Si l’idée te convient, j’ai une tenue et un lieu où dormir pour toi. Tu es libre d’utiliser le second ou non, mais tu seras attendue à sept heures demain matin dans les carrés, que j’évalue tes capacités. Et que je sache à qu’équipe te lier. Il ne s’agit pas d’un examen, juste d’une façon de voir avec qui tes capacités seront le mieux utilisées. Les lames sont un groupe rigoureux, mais surtout hétéroclite, soit toi-même et on te trouvera une place qui te convient. Si tu as des questions, je t’écoute. Si tu n’es pas intéressée, la porte est derrière toi. Pour le reste, Gwen te montrera tes quartiers si tu le souhaites.
La jeune fille glissa un regard à Aeryn et sourit sans émettre de commentaires.
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Ven 2 Juil 2021 - 9:47
...mon offre d’aujourd’hui ne s’applique qu’à toi... Comme il m'était étrange d'entendre cela plus particulièrement venant de la bouche d'un inconnu qui semblait pourtant en savoir plus sur ma famille que moi-même. J'ai toujours été celle qui suit… Ou celle que l'on laisse derrière… Personne auparavant n'avait réellement montré d'intérêt à mes compétences puisque j'ai eu le malheur de naître femme. Je ne savais donc que ressentir face à cela… De la reconnaissance envers celle dont j'avais, hélas, oublié le nom ? De la fierté, peut-être ? Aucune idée… Je restais simplement là, devant cet homme qui semblait façonné par l'expérience, laissant probablement paraître le trouble qui m'étreignent en cet instant sans que je ne parvienne à identifier mes propres émotions.
L'homme demanda ensuite à la gamine de m'exposer les tâches d'une de leur lame. J'écoutais ce qui me semblait être une leçon apprise par cœur et récitée presque par instinct. Et merde… Ce qu'elle me décrivait ressemblait fort à ce que mon âme, mon esprit désirait secrètement depuis bien trop longtemps. J'étais touchée… Profondément, trop peut-être pour totalement contenir ces émotions trop longtemps contenues… Il était fort possible que le maitre-lame remarque donc quelques lueurs dans mon regard qui n'avait strictement rien de noir… Une lueur d'espoir, probablement…
Pourtant, ma conscience et surtout ma méfiance me suppliaient intérieurement de ne pas m'emballer trop vite. D'autres avant eux m'avaient fait le même genre de promesse avant de disparaître ou de simplement revenir dessus. Après tout, cela ne semblait-il pas trop beau pour être vrai ?
Mais bon sang… Qu'avais-je réellement à perdre à lui faire un tant soit peu confiance ? Une chambre dans une auberge ? Deux repas par jour et un boulot usant mais atrocement redondant ? Honnêtement, il aurait pu très bien me demander de prêter serment, je n'avais strictement rien contre le fait d'offrir ma vie pour une cause qui me semblait juste . Mais quand on n'a rien… On n'a rien à perdre et encore moins à sacrifier. Tout ce qui me restait dans ce monde, c'était mes frères et mon honneur. Le reste ne m'importait peu. Je ne me voyais pas devenir une épouse un jour et encore moins une mère… Cette seule pensée m'écoeurait profondément, si bien que je commençais à me sentir reconnaissante envers Finn pour avoir disparu et de m'avoir épargné pareille prison.
- Très bien, vous pouvez compter sur moi, répondis-je. J'y serai. Laissez-moi cette journée pour régler mes affaires. Je travaille actuellement dans une auberge et je ne veux pas poser de problème au propriétaire. Je veux bien visiter les lieux, je suis curieuse de voir tous vos aménagements.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Ven 2 Juil 2021 - 11:48
20 Février 1167.
Faren observa Aeryn de longue secondes, dans un silence complet. Puis un léger sourire se peignit sur ses lèvres et il hocha la tête avant de reprendre la lecture du document qu’il avait délaissé.
- Alors prend le temps de régler tes affaires, et nous nous verrons demain. Gwen, si tu veux bien prendre un peu de temps pour montrer les lieux à notre nouvelle lame.
La jeune fille sembla ravie d’être mise à contribution et s’empressa de passer de l’autre coté du bureau pour inviter Aeryn à la suivre d’un geste souple de la main. Le Maître-Lame hocha la tête une nouvelle fois, sans doute pour leur dire aurevoir, mais déjà son esprit était reparti dans la paperasse. Les deux femmes quittèrent la pièce, et comme à l’allée, Gwen prit le rôle de guide.
- Ce bâtiment-ci sert aux archives et à l’administration. Bien qu’il ait un bureau plus confortable dans le bâtiment principal, le Maître-Lame Faren passe la plupart de son temps ici, il dit que le « bordel » administratif l’aide à réfléchir. Vous n’aurez pas à venir souvent, sauf pour votre solde, et ce sera au rez-de-chaussée. dit-elle
Elles reprirent la route mais elle ne la ramena pas à l’entrée. Elles s’enfoncèrent dans les méandres des bâtiments et la température monta rapidement. L’odeur du souffre et du métal emplit leurs narines avant même que les coups de marteaux ne résonnent à leurs oreilles. Une forge… ou plutôt des forges. Avec précision, plusieurs cheminée avait été bâtie en alternance dans ce qui avait dû être un ancien entrepôt à étage. Les briques s’enfonçaient dans le plafond. Devant chaque feu s’étendait un plan de travail, une enclume et une large bassine d’eau pour refroidir le métal rougeoyant.
- Nous n’avons que deux maîtres forgerons et leur apprenti pour le moment, mais nous négocions avec les Compagnons pour en trouver d’autres en échange de la formation de leurs jeunes. On devrait tourner à six équipes quand nous aurons atteint notre plein potentiel. Du moins c’est l’objectif. Aux étages on entrepose les armes et armures. Vous pourrez y aller quand vous serez confirmée.
Elle se tourna vers Ryn toute souriante, mais baissa les yeux et rougit en croisant le regard intense de la mercenaire.
- L’entretien de l’équipement réglementaire est à notre charge, mais si vous voulez passer une commande ou obtenir un réglage particulier, ce sera prélever sur votre solde. Soit en une fois, soit en plusieurs selon ce qui vous arrange. Mais les forgerons sont maître de leur emploi du temps, on ne peut pas les presser, les commandes de la guilde sont prioritaires sur celles privées.
Elle reprit la marche, se faufilant entre les étales encombrées d’outils et emprunta une porte à l’opposée, la rousse sur ses talons. Elles n’eurent à traverser que deux couloirs pour arriver dans ce qui semblait être la salle principale d’une taverne très active. De nombreuses tables rondes étaient disposées et occupées par des visages aussi variés que les arbres d’une forêt. Jeunes, Vieux, hommes, femmes, beaux, laids, joyeux, ou mornes. On discutait tantôt tranquillement, tantôt de manière bien plus énergique. De puissant rire venaient d’un coin de la pièce.
- C’est un peu chargé aujourd’hui car un convoi pour le labret a été annulé, mais en général à cette heure-ci c’est encore calme. expliqua-t-elle à sa compagne. Tout les gens concerné par la guilde peuvent venir ici se détendre, de la bleusaille juqu’aux Maître-Lames, même si vous y verrez rarement ces derniers, Faren boit peu et Judith… disons qu’elle a ses habitudes ailleurs. dit-elle avec un petit sourire.
Elle indiqua le tavernier et les jeunes femmes qui s’agitaient derrière le comptoir.
- C’est une famille de tavernier, de père en fils et mère en fille. Ils ne travaillent pas directement pour la guilde. Disons qu’on leur prête les locaux en échange d’une part des recettes, tout le monde y trouve son compte. Mais on paye ses consommations comme n’importe où ailleurs. Si vous voulez un repas un peu plus savoureux que celui des cuisines, c’est ici qu’il faudra venir le prendre.
- Hey c’est la frangine ! clama une voix, et une dizaine de chopes se levèrent pour la saluer, faisant grand bruit dans la salle.
La jeune fille s’empourpra jusqu’aux oreilles mais fit un signe au groupe qui se mit à rire, elle s’empressa d’emmener la mercenaire de l’autre coté de la salle pour s’enfoncer dans un couloir qui mena à une sorte de réfectoire, de longue table de bois garnit de banc en occupait la majeure partie. Le reste étant fait d’un comptoir large, sans doute où on distribuait les plats avant d’aller s’asseoir.
- Seul les membres de la guilde ont leur repas ici. Un seul service par jour pour le moment. Le prix est prélevé sur la paye. Si cela ne vous convient pas ou que vous avez une meilleure opportunité ailleurs, il faudra prévenir quelqu’un dans le bâtiment administratif pour qu’on ne vous prélève plus. Mais honnêtement, le prix est plus que compétitif, on ne veut pas que nos hommes meurent de faim en mission.
Elles gravirent enfin un escalier et s’arrêtèrent au deuxième étage, bien que celui-ci continua visiblement plus haut. Elles avancèrent dans un long couloir parsemé de porte donc chacune était gravée d’un signe. Un nombre sans doute.
- On vous a attribué la sept de cet étage, si vous avez du mal à retenir le symbole, on peut vous donner une plaque avec le même. Les portes ne se ferment que par loquet, et il y a une attache quand on est dedans. Mais chaque chambre de Lame a un coffre à serrure, pour vos effets personnels. Je vous apporterais la vôtre si vous décidez de rester ici, avec nous. dit-elle en s’arrêtant devant une porte qu’elle entrouvrit. Et voilà.
La pièce était petite, mais propre, presque douillette. Un vrai lit avec un matelas rembourré, une couverture et même un oreiller. Une table carrée munie de deux chaises contre le mur opposé, et au pieds du lit, le fameux coffre, assez large. Il y avait aussi une étagère, vide pour le moment, et une petite fenêtre carrée donnait une bonne lumière dans la pièce à cette heure-ci.
- Faren tient à la propreté des chambres, et celle-ci est à votre charge, si il ya dégradation ou négligence, le nettoyage sera payé sur vos deniers. Ça parait contraignant dit comme ça, mais on prend vite l’habitude. dit-elle sur le ton de l’expérience. Vous pouvez entrer si vous voulez. l’invita-t-elle joyeusement.
- Il y a encore d’autre lieux, notamment une salle d’entrainement intérieure pour les jours de pluies, mais vous allez passer beaucoup de temps ici, vous aurez l’occasion de tout voir. Et je ne suis jamais loin s’il y a des questions. Demoiselle Monclar. dit-elle en pressant son livre contre elle, le regard brillant.
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Sam 3 Juil 2021 - 9:03
L'entretien terminé, Aeryn salua le maître-lame avant de suivre la dénommée Gwen. Cet homme l'intriguait, notamment parce qu'il semblait savoir beaucoup de choses sur sa famille. Choses qui, il avait encore peu de temps, n'interessaient pas la jeune femme mais qui - maintenant qu'elle se trouvait en quête de son identité - éveillait grandement son intérêt. "Chaque chose en son temps," se dit-elle en prenant bien garde de ne pas perdre la jeune fille.
Elles quittèrent le bâtiment réservé à la paperasse pour entrer dans un autre d'où s'échappait une touffeur particulière. "Une forge… par les Trois, ils ont une forge!" songea la rouquine essayant tant bien que mal de masquer son étonnement et surtout son enthousiasme. Les traits de la mercenaire , si rudes d'habitudes, s'estompaient peu à peu à mesure où la gamine et elle avançaient. Une forge, une taverne animée… Décidément le quartier général des lames semblait lui réserver de nombreuses surprises.
Curieuse, la mercenaire observa les visages de chaque personne se trouvant dans cette grande pièce. Des hommes, femmes, des jeunes, des vieillards tous se mêlaient sans que cela ne semble poser de problème particulier. Au contraire même, ils semblaient soudés… À l'appel de la "frangine", Ryn releva les yeux mais en croisant le regard de l'homme qui venait de crier et en voyant le visage de la gamine, elle comprit que l'interpellation ne lui était pas destinée… Après tout, ici Aeryn Monclar n'était plus la sœur de Kaël et Ivaad, mais simplement une nouvelle recrue sans lien particulier. Si elle devrait se distinguer des autres, ce ne serait que par elle-même et pas seulement en laissant les autres la juger sur la réputation de ses aînés. Cette révélation l'enchanta tout bonnement. Elle qui cherchait à se découvrir, à trouver sa propre identité, sa propre place… Se trouvait-elle au bon endroit pour cela.
"Oui", se dit-elle en tournant les talons pour rejoindre Gwen.
-Gwen… Qui est Judith ? lui demanda la rouquine tandis qu'elles grimpaient les escaliers.
La demoiselle la guida jusqu'à un couloir aux murs bordés de portes sur lesquelles étaient affichés des numéros. Gwen s'arrêta devant la numéro sept et l'ouvrit. Ainsi, Aeryn découvrit une chambre sa chambre... Elle resta quelques secondes dans l'entrée sans oser pénétrer à l'intérieur jusqu'à ce que la gamine ne l'invite à le faire. La pièce n'était certes pas bien grande mais elle lui semblait gigantesque. Il n'y avait qu'un seul lit… le sien… Elle qui avait toujours partagé ses chambres avec ses frères ou les filles d'Hegbert ne réalisait pas le moins du monde que cette fois, Ryn serait seule. Ce serait son coin à elle, juste à elle. Tout cela lui semblait décidément trop beau pour être vrai.
Des questions ?
-Euh… Je ne sais pas trop, tout cela me surprend en réalité… Je n'ai même pas l'impression de mériter tout cela... pas après avoir "abandonné" la louve. Mais s'il te plaît, appelle-moi Aeryn ou Ryn, je ne suis pas une demoiselle et, j'aimerai ne pas être une Monclar cette fois.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Sam 3 Juil 2021 - 11:02
20 Février 1167.
La jeune fille, toujours son gros ouvrage dans les bras observa la mercenaire quelques secondes, intensément, comme si elle entendait des mots par-delà les mots. Des choses qu’auraient prononcé Ryn en esprit, mais qui ne transparaitrait qu’en filigrane dans sa voix. Puis son sourire, déjà franc, se fit sincèrement aimable, et elle hocha vigoureusement la tête.
- Aeryn alors, c’est un joli prénom. Ne t’en fait pas pour ce qui est de mériter ou non ta place. dit-elle, passant au tutoiement puisque l’autre l’y invitait plus ou moins volontairement. Une personne simple avec qui échanger tout aussi simplement. C’était agréable visiblement pour la jeune fille.
- Faren n’est pas de ceux qui rendent des services ou font des faveurs comme il t’a dit. Nix t’a proposé pour le poste, mais c’est toi qui l’as obtenu, le monde du mercenariat n’est pas si grand, et j’ai moi-même préparé ton dossier. On sait de quoi tu es capable, même si jusqu’à aujourd’hui ce n’était pas à une place qui y rendait honneur. dit-elle sur un ton bien plus adulte qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent, et qui, dans sa bouche, avait le ton de la vérité. Ce n’était peut-être que son avis, mais elle en semblait profondément convaincue.
- Désolé de ne pas t’avoir répondu tout à l’heure, mais plus on reste à la taverne, moins on a de chance d’en repartir. reprit-elle, bien plus légère. Judith est l’autre Maître-Lame de la guilde, elle et Faren dirigent de concert, même si tu te rendras bien vite compte qu’elle n’est pas vraiment… une femme de paperasse.
Bien que le message fût critique et dit sur un ton de dépit, une lueur d’affection brillait dans le regard de la jeune fille à l’évocation de la guerrière. Une fois de plus elle s’empourpra.
- C’est aussi ma grande sœur, c’est pour cela que tout le monde m’appelle « Frangine ». Mais j’imagine que je n’ai pas vraiment à t’expliquer le poids du nom familial. ponctua-t-elle en réaction de la dernière parole de la mercenaire. Tu as le droit de décorer ta chambre comme tu l’entends, tant que ce n’est rien d’irrémédiable. Si tu n’as pas d’idée, j’ai quelques aquarelles qui pourraient apporter un peu de couleur. Ou alors une tenture. Il y a un marchand de bougie qui travaille avec nous dans la rue d’à coté, si tu présentes ton écusson il te fera un prix. Il en parfume certaine avec de l’extrait de fleur. Tu savais que c’était possible ? ça embaume toute la pièce, c’est si agréable. Je t’en donnerais une si tu veux, ou on ira en acheter ensemble. Je ne sors pas souvent de la guilde. Enchaina la jeune fille en s’avançant vers la fenêtre pour observer la cour. Elle hoqueta et pivota vers la mercenaire avant de s’incliner précipitamment.
- Pardon Aeryn, quand je suis nerveuse je parle beaucoup, souvent pour ne pas dire grand-chose. s’excusa-t-elle. Tu as déjà beaucoup de chose à digérer et je suis là te noyer avec mes babillages.
Elle rougissait si souvent que ça devenait dur de l’imaginait autrement.
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Sam 3 Juil 2021 - 15:57
Trop curieuse d'en apprendre toujours plus sur cette guilde et ses dirigeants, la mercenaire laissa Gwen parler sans l'interrompre. Malgré son jeune âge et ses quelques mimiques enfantines, la gamine lui parut bien plus mature qu'elle ne le laissait croire. Celle-ci, d'ailleurs, ne tarda pas à rassurer la rouquine quant au mérite de sa place en ces lieux. Qu'avait bien pu dire cette Nixeu pour qu'Aeryn puisse paraître si légitime ? Qu'est-ce que le maître-lame savait sur elle ? Tant de questions venaient lui marteler le crâne… Des interrogations qui resteraient sans réponses encore un bon moment.
Le regard de la rouquine s'écarquilla brusquement lorsque Gwen lui parla de Judith. Par les Trois, la mercenaire n'en croyait pas ses oreilles, une femme dirigeait les lames. Certes, elle n'était pas seule à le faire mais cela voulait tout de même dire que celle-ci devait être respectée et surtout reconnue par l'ensemble de la guilde. Le monde changeait enfin et Aeryn se reprit de nouveau à rêver. Oh, elle ne nourrissait pas pareille ambition, elle n'était pas faite pour commander. Mais cela ne l'empêchait pas d'admirer celles pour qui c'était le cas. Une maître-lame donc, mais aussi la sœur de Gwen. Ce ne devait pas être facile pour la jeune fille d'avoir pareille célébrité dans sa famille. Aeryn connaissait bien le poids de ce genre de lien pouvait représenter.
-Je comprends oui, répondit la rouquine. Ça peut avoir du bon, parfois, certains seraient même tentés d'en profiter… Mais c'est bien aussi je pouvoir s'émanciper et de ne plus être "la fille de" ou "la sœur de".
Une fois n'étant pas coutume, Aeryn offrit un sourire amical et surtout sincère à la jeune fille. Elle avait un petit côté touchant voire attendrissant qui ne laissait pas la mercenaire insensible. Cette dernière ne put s'empêcher de rire en entendant la gamine parler de décoration avant de s'excuser de s'être montrée trop bavarde.
-Ne sois pas désolée. C'est vrai que je ne suis pas vraiment douée pour faire la conversation et, d'ordinaire, les gens bavards me tapent sur le système, mais bizarrement ça ne me dérange pas cette fois… Malgré tout, tu vois, je n'ai jamais eu de lieu à moi et je ne suis jamais restée assez longtemps au même endroit pour avoir l'idée de m'approprier les lieux… Je ne saurais donc que faire alors autant laisser ça comme ça… De toute façon, les mercenaires ne meurent jamais dans leur lit. Cette chambre sera peut-être bientôt libérée autant ne pas donner trop de travail au prochain locataire.
Malgré son sourire, la rouquine ne plaisantait pas pour autant. Elle ne se faisait pas d'illusion, plus particulièrement depuis qu'il fallait compter sur le fléau pour rendre leur travail plus dangereux encore. Néanmoins, la jeune Gwen semblait également chercher une raison de quitter cet endroit. Peut-être, qu'au fond, cette proposition n'en était pas vraiment une… Il pouvait aussi s'agir d'une excuse. À voir son regard se perdre quelques secondes dans le paysage extérieur, Aeryn en fut presque convaincue.
-Mais… Je n'ai rien contre une bougie parfumée… Si tu le souhaites et si tu as le temps, tu pourrais m'accompagner chez le marchand. Je ne saurais que choisir… Et puis j'en profiterai pour aller voir mon patron et récupérer mes affaires.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Sam 3 Juil 2021 - 17:04
20 Février 1167.
La jeune fille prit un air sérieux, soucieux même. Elle jeta son livre sur la petite table provoquant un « pouf » étouffé et s’approcha de la mercenaire avec un doigt menaçant qu’elle lui agita sous le nez. Sans doute cela aurait-il eu plus d’impact si elle n’avait pas été deux fois moins épaisses que la rouquine et que ses joues ne rosissaient pas ainsi, mais elle ne se démonta pas.
- Pas de ça ici Aeryn ! la gronda-t-elle. Peu importe de quoi est fait demain, même si tu meurs ce soir écrasé par une charrette. Tu es une Lame, et ceci est ta chambre ! Ce n’est pas un mot en l’air.
Elle prit ses mains entre les siennes. Ses doigts étaient fins, presque délicat, mais elle possédait une poigne surprenante vue sa carrure, même si à aucun moment la pression de ses doigts n’était vraiment désagréable contre les paumes caleuses de la mercenaire.
- Ne fait pas comme si disparaître n’était rien d’accord ? Ta vie est importante. Pas parce que tu es l’une des nôtre, pas parce que tu es une Monclar, même pas parce que tu sais bien manier tes armes. Ta vie est importante parce que c’est la tienne Aeryn.
Le brasier dans ses yeux se calma, et elle dit plus calmement, presque sur le ton de la plaisanterie.
- Je vais déjà bien assez m’inquiéter pour toi pour ne pas avoir envie de t’entendre faire ce genre de discours. Et puis vu que je vais vouloir devenir ton amie, il ne faut pas me rendre triste pour rien. D’accord ?
Elle se rendit compte qu’elle tenait les mains de la jeune femme depuis de biens longues secondes, son visage penchait vers le sien et se redressa comme la corde d’un arc qui venait de décocher sa flèche. Elle noua ses mains dans son dos et se balança, craignant visiblement d’avoir abuser de ce contact.
- Pardon.
Son visage s’illumina de nouveau quand elle se rendit compte que la mercenaire lui proposait de l’accompagner séant à l’extérieur. Pas seulement pour un achat, mais pour lui tenir compagnie pendant qu’elle réglait ses affaires. Peut-être était-ce pour être polie, ou pour ne pas la vexer, ou parce qu’elle était la sœur de Judith. Mais Aeryn n’avait pas hésiter à lui dire que les bavards l’agaçaient en général, au risque de la blessée. Alors peut-être…
- Ne bouge pas, je vais chercher mon manteau ! Essaie le lit si tu veux ! Enfin… je reviens vite ! dit-elle en masquant un nouveau rosissement.
Elle s’empara prestement de son livre et partit dans le couloir. Elle ne courait pas tout à fait, mais son allure en était si proche que cela lui donnait un peu l’allure d’un petit lapin bondissant. Elle gravit les escaliers pour monter dans les étages supérieurs. Elle revint quelques minutes plus tard, nouant le dernier lacet d’une chose qui ressemblait plus à une cape courte munie d’une capuche qu’à un manteau. Elle manqua de percuter la mercenaire en entrant dans la chambre tant elle était concentrée sur le mouvement de ses doigts.
- OooooOh ! s’exclama-t-elle surprise de déjà se retrouver là visiblement. Désolé, les manches étaient humides, alors j’ai du trouver autre chose, et je me suis rendue compte que j’avais toujours le livre. Alors j’ai du trouver quelqu’un à qui le confier. C’est compliqué c’est nouveaux nœuds à boucles, même si c’est joli c’est vrai, mais bon si on doit passer cinq minutes à les attacher… ça va je ne le porte pas de travers ? J’aimerais bien m’acheter un miroir alors j’économise sur ma solde, mais ce n’est pas donné. Le matin je peux me voir dans ma fenêtre, mais à cette heure. Que penses-tu de la couleur ? ça me va ? Elle allait pour tourner sur elle-même pour montrer les détails à sa compagne avant de se rappeler que l’intérêt d’Aeryn pour la dernière mode vestimentaire devait être au mieux hypothétique, alors sur les épaules d’une autre…
Elle ramena prestement ses mains dans son dos et devint plus rouge qu’une tomate fraîche. Elle toussota pour essayer de se donner une contenance.
- Hm, je suis prête, on y va ?
HRP:
Je te laisse combler ses minutes d'absence si tu le veux !
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Dim 4 Juil 2021 - 9:45
De part son éducation, Aeryn avait appris à ne pas accorder grande importance à son existence qu'elle savait plus courte que la moyenne. Quand on mène une vie pareille, autant ne pas se bercer d'illusion, plus particulièrement lorsque les Dieux ont décidé de placer devant eux des ennemis quasi invulnérables. Si autrefois un mercenaire pouvait encore espérer vivre quelques décennies, peut-être même fonder une famille et mener une vie plus ou moins normale, ce n'était plus vraiment le cas aujourd'hui. La rouquine n'avait aucun problème avec cela. Vivre et mourir faisait simplement partie d'une suite logique, le tout était de le faire honorablement. Vivre dans le respect de ces valeurs, mourir au combat en protégeant les plus faibles… Les Monclar n'étaient certes pas chevaliers - du moins pour ce qu'elle en savait - mais ils vivaient pourtant comme eux. Si Rodrick s'était montré aussi dur avec ses enfants et plus particulièrement avec sa fille, ce n'était que pour mieux les préparer à affronter la dure réalité de ce monde, mais aussi à l'accepter.
De ce fait, la plupart des mercenaires - les soldats et non ces viles pillards que l'on nommait routiers - tenaient à peu près le même discours que notre rouquine. Aeryn, en disant cela, ne pensait pas à mal et n'imaginait pas provoquer pareille réaction chez la petite blonde qui se mit à la réprimander gentiment. Celle-ci la menaçait même du bout du doigt. Un geste que la mercenaire trouva aussi surprenant qu'hilarant. A l'entendre prononcer son petit discours, la rouquine n'eut aucun mal à comprendre que cette jeune fille n'avait pas bénéficié de la même éducation qu'elle. Sa sœur pouvait bien être une lame, cette dernière avait dû - probablement dans l'espoir de préserver son innocence et sa joie de vivre - lui épargner ce genre de discussion. Et il était vrai que cette gamine lui inspirait de la douceur. Elle voyait de la vie dans ses yeux, une vie pour laquelle l'on s'est battue dans l'espoir de la prolonger. Si Judith ou qui que ce soit d'autre avait veillé à nourrir pareille détermination chez elle, qui était-elle pour la contredire ? Aeryn ne se sentait nullement en droit de briser les espoirs de cette gamine et encore moins de ne serait-ce que ternir ses idéaux. Aussi, même si elle n'appréciait pas le moins du monde de subir de telles remontrances, aussi drôles et attendrissantes fussent-elles, la rouquine ne dit rien et se contenta de sourire. Et pour lui signifier sa compréhension tout en veillant à apaiser la gamine, la mercenaire se mit à imiter un milichien casse-pied de sa connaissance et releva ses deux mains en signe de reddition.
Néanmoins, prise dans son discours, la demoiselle ne lui laissa guère le temps de lui exposer ses paumes. Celle-ci se saisit même de ses mains, les enfermant dans les siennes en exerçant une pression douce. Gwen parla d'inquiétude, d'amitié et de tristesse… Des mots bien forts pour parler d'une personne que l'on vient de rencontrer et qui, d'ordinaire, n'inspirait point ce genre de chose. La seule personne à lui avoir parler ainsi, durant toute son existence, était Finn… Un autre mercenaire, le second de leur capitaine, qui autrefois l'avait profondément agacé avant de finalement réussir à l'amadouer… Pour mieux l'abandonner par la suite. Aeryn ne croyait pas à ces histoires d'amitié et encore moins d'amour. Ce genre de chose, la rouquine préférait les laisser aux autres, pas par fierté déplacée mais simplement pour ne plus souffrir de leur absence par la suite. Repousser les autres, les rebuter tout bonnement, restait aux yeux de la jeune femme, le meilleur moyen de se protéger.
Même si son sourire s'était effacé, si son regard s'était assombri, Aeryn ne dit pourtant rien. Elle appréciait le franc parlé de la gamine, cette vie qu'elle dégageait et qui semblait s'échapper d'elle par tous les petits pores de sa peau au point de dégouliner sur les autres pour mieux les contaminer par la suite. Touchante, elle l'était cette petite Gwen. Elle l'était indéniablement.
-Il faudrait t'endurcir, gamine, railla gentiment Aeryn tout en lui ébouriffant sa tignasse dorée. Quoique… Non, oublie ce que je viens de dire et ne change pas, tu es très bien comme ça.
Visiblement très emballée par la proposition de la mercenaire, la gamine ne se fit pas prier et la planta sur place pour aller chercher son manteau. Aeryn ne put s'empêcher de rire en la voyant détaler ainsi, cette gamine semblait montée sur ressort.
Une fois seule, la mercenaire visita cette fameuse chambre, posant ses doigts sur chacun des meubles comme pour en vérifier la tangibilité. Elle alla même se jeter sur le lit qui s'avéra être plus douillet et confortable que tous ceux que la rouquine avait connus jusque-là. Elle observa le plafond quelques secondes avant que ses oreilles ne soient attirées par un bruit provenant de l'extérieur. La jeune femme délaissa donc son matelas pour aller se placer à la fenêtre et observer les bretteurs qui s'entrainaient en contrebas. Impossible pour elle de ne pas se perdre dans la contemplation des mouvements de ces combattants. Le temps pouvait bien s'écouler à vive allure qu'elle ne s'en apercevait pas… Du moins jusqu'à ce qu'un nouveau bruit, provenant de couloirs cette fois-ci, ne l'interpelle. Curieuse de découvrir d'où pouvait venir ce vacarme ressemblant à des pas de canassons, la rouquine se dirigea vers la porte pour être violemment percutée par la petite blonde.
-Bon sang, Gwen, tu es une véritable tempête, déclara la rouquine avant de pouffer devant la gamine qui semblait soucieuse de savoir si sa tenue lui allait bien.
Toujours le sourire aux lèvres, la mercenaire secoua doucement la tête de droite à gauche, bien peu habituée à ce qu'on l'interroge sur un quelconque code vestimentaire. Elle n'y connaissait rien et ne s'y intéressait pas le moins du monde. Toutefois, Ryn ne pouvait s'empêcher de trouver l'attitude de Gwen des plus amusantes.
- Tu es très bien. Allez, montre moi cette boutique de bougies, lui lança-t-elle en ébouriffant de nouveau ses cheveux avant de sortir de la chambre.
HRP:
Je prendrai plus d'initiatives pour la suite, j'ai pas osé pour le coup.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Dim 4 Juil 2021 - 12:12
20 Février 1167.
La jeune fille se laissa ébouriffer et sourit même doucement comme un chat ronronnant sous la caresse. Elle emboita le pas à la mercenaire et marcha près d’elle dans le couloir, ajustant sa cape. Visiblement, elle avait délaissé son rôle de guide pour simplement être en sa compagnie. Elles retrouvèrent le plancher des vaches après avoir redescendu les escaliers et utilisèrent la sortie principale du réfectoire plutôt que les latérales pour se retrouver dans la cour. Deux duos se déplaçaient en cercle dans le carré le plus proche entouré de spectateur, des combattant pour la plupart. Trois hommes et une femme. Chaque combattant avait l’une des ses chevilles attachée à celle de son partenaire par une longueur de corde, et l’un portait un large bouclier, tandis que l’autre tenait une épée de bois.
- Tu connais cet exercice ? C’est l’épée et le bouclier. Faren dit qu’ils faisaient ça dans les armées de l’Est pour apprendre au soldat les batailles en rang et le travail d’équipe. Le rôle du bouclier est de protéger son épée, et uniquement cela. Chaque coup porté à l’épée vaut trois points, chaque coup paré par le bouclier en fait perdre un à l’équipe adverse, jusqu’à un résultat nul. On ne peut donc pas compter uniquement sur le défensif, mais si l’épée s’avance trop… dit-elle sans vraiment avoir besoin d’expliquer que se mettre en danger était un mauvais choix à une mercenaire d’expérience. Hm, lucile et stan vont gagner.
Sans doute les noms de l’équipe avec la fille. Si le dénommé Stan possédé une forte carrure et tenait le large bouclier d’un bras ferme, les pieds bien campé au sol. La petite, c’était la meilleure des définition, Lucile était si maigrichonne qu’on aurait pu l’imaginer soufflait par une petite bourrasque un jour de vent. Elle se tenait derrière son camarade, une main posée sur son épaule, l’autre tenant son épée un peu trop basse. L’équipe adverse, deux grands gaillards se pavanaient à la longueur de leur corde, le bouclier mettant la pression à ses adversaires, les empêchant de tourner efficacement dans l’espace alors que l’épée martelait régulièrement la défense de Stan pour le forcer à reculer. Ils finirent par les acculer dans un coin, leur coupant toute retraite. Les deux boucliers se percutèrent et restèrent en appui l’un sur l’autre. C’est ce moment que choisit le gaillard à l’épée pour en finir. Il bondit sur le coté pour dépasser le bouclier adverse et s’attaquer directement à Lucile. Et ainsi fonça-t-il vers la défaite.
Stan se contenta d’un large pas en avant, et déséquilibre l’homme au bouclier en face de lui. La corde à son pied se tendit, et tira violemment sur la cheville de son partenaire alors qu’il cherchait son équilibre après son saut de coté et bascula en avant. Lucile frappa pendant sa chute, heureusement du plat de la lame de bois, droit à la tempe de l’autre qui roula sur lui-même avant de s’écraser lourdement au sol, dont il ne se releva pas. Gwen pouffa.
- Bien sûr, on peut aussi gagner par forfait comme tu vois. La bleusaille commet souvent l’erreur de ne pas penser à la corde.
Elles quittèrent la cour alors que Stan et Lucile aidaient leurs adversaires à se relever sous les commentaires des spectateurs. Les rues s’étaient un peu remplies pendant que Aeryn visitait la guilde. Visiblement la présence du petit fort mercenaire provoqué une grosse activité dans les environs. Après tout, un tas d’homme et femme accumulant des deniers, il fallait bien leur offrir un moyen de s’en débarrasser. Presque toute les boutiques avaient rouvert, et de nombreux étales temporaires s’étaient installé de ci de là, donnant des apparences de marché à la zone. Heureusement pour elles, la petite rue où Gwen la guida était un peu épargnée par ce brouhaha. Une petite cloche sonna quand elle poussa une vieille porte de bois pour entrer dans la boutique. Un vielle homme avec d’énorme lunette se tourna derrière son comptoir pour les observer entrer. Les verres grossissaient tellement ses yeux que cela lui donnait un aspect difforme comique.
- Oh, bonjour petite fouine. dit-il d’une voix chevrotante.
- Bonjour maître cireux ! répondit joyeusement Gwen, arrachant une sorte de rire sec au propriétaire qui retourna à son ouvrage après avoir fait un signe de tête à l’inconnu qu’était Aeryn.
Sur les tables, les étagères, les meubles, des dizaines de bougies, de toute tailles et formes donnaient au lieu une sorte d’aura de temple antique. Sans parler des bacs où en étaient entreposé encore plus d’exemplaire. Gwen prit doucement la main de sa compagne et l’entraina sans la forcer vers un des angles de la pièce.
- Il y a des fleurs que tu aimes. Je prends de la lavande le plus souvent. Mais je pense que le jasmin te conviendrait mieux. dit-elle en saisissant une bougie légèrement jaunie qu’elle tendit avec délicatesse devant le visage de la rouquine pour lui permettre d’en sentir le parfum subtil.
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Lun 5 Juil 2021 - 9:00
-J'ai déjà vu ça quelque part, rétorqua la rouquine tout en croisant les bras.
Cette posture fermée se faisait le témoin de sa concentration. Elle était curieuse de découvrir l'issue du combat même si, tout comme la petite blonde, la mercenaire en avait déjà demandé la finalité qui lui parut bien évidente. Aeryn était tout de même assez bien placée pour savoir que la force ne faisait pas tout, plus particulièrement dans ce genre d'exercice où il fallait savoir s'oublier… Et surtout oublier sa fierté pour réussir à battre la seconde équipe. Pourtant, Rodrick, malgré sa remarquable expérience, n'avait pas jugé bon d'apprendre pareille technique en usant de ce genre de méthode pas assez réaliste en combat où chacun se devait de protéger ses propres miches. Néanmoins, elle se souvenait parfaitement des longues heures d'entraînement, sa cheville accrochée à celle de Loghart, leur dos collés pour apprendre à ne pas laisser d'ouverture à l'ennemi. Chacun d'eux était sa propre épée, son propre bouclier et en se protégeant eux même ils préservaient l'autre d'un coup bâtard porté sur l'arrière. La difficulté ici était de pouvoir se mouvoir tout en se basant sur les mouvements de l'autre… L'exercice avait beau être difficile, en bataille la technique était sacrément efficace.
L'équipe désignée gagna bien évidemment le combat… Enfin, si l'on pouvait vraiment qualifier ce bordel sans nom de "victoire"… Même si en combat réel la première cause de défaite venait également de l'erreur commise par l'un ou l'autre des guerriers. À savoir si l'adversaire était assez malin ou non pour en profiter.
-Pour renforcer les duos, mon père nous attachait à cette fichue corde pendant des jours, voire des semaines. À la fin, les deux bougent comme un seul homme comme si la corde n'avait jamais existé. Il faut savoir prendre l'exercice à la base, sinon ils n'apprendront rien, soupira la rouquine tout en secouant la tête en signe de désaccord tout en décroisant les bras.
Elle rencontra ainsi le regard de l'un des spectateurs qui se mit à l'observer de pied en cape. Pas de doute, il la jaugeait. Pour autant, la mercenaire n'avait ni l'envie , ni le temps de s'adonner à pareille bataille avec un inconnu. Ils auraient tout le loisir de se battre plus tard, pour l'heure, elle avait mieux à faire.
Aeryn suivit la gamine jusqu'à cette fameuse boutique de bougies. Le marchand salua Gwen en l'affublant d'un sobriquet fort peu plaisant mais qui arracha tout de même un sourire à la rouquine. Après tout, il lui allait bien ce surnom. La mercenaire salua l'homme à son tour, bien que de manière silencieuse avant de rejoindre la blondinette devant un étalage de bougies si parfumées qu'il était difficile de discerner tous les parfums ainsi mélangés. La mercenaire qui n'avait jamais su supporter les odeurs entêtantes commençait à regretter son choix… La gamine lui avait également parlé de tenture après tout et même si elle ne les aimait pas non plus, le tissu n'avait point de parfum aussi agressif, lui.
Pourtant, lorsque Gwen porta l'une des bougies à son visage pour lui laisser la possibilité dudit parfum, Ryn ne le trouva pas si désagréable que cela. Un peu âcre tout de même.
-Hm… Non, je n'aime pas trop... lui répondit-elle avant de se saisir d'une autre bougie plus rosée…
Il était écrit pivoine sur l'étiquette bien qu'Aeryn fut bien incapable de le lire. Le parfum lui parut plus doux, plus discret aussi… Une senteur qui lui semblait familière sans qu'elle ne souvienne d'où lui venait cette impression. Elle imita donc la jeune fille un peu plus tôt et lui fit sentir le pain de cire.
-Je ne sais pas ce que c'est, mais j'aime bien. Je pense que je vais prendre celle-ci.
L'achat effectué, ce fut au tour d'Aeryn de servir de guide… ce qui ne s'avèra pas très glorieux tant son sens de l'orientation était déplorable.
-Je ne m'habituerai jamais à cette ville, déclara la rouquine après s'être trompée deux ou trois fois de chemin, pas plus.
L'auberge d'Hegbert était un bâtiment monté sur deux étages mais tout en longueur. La façade mêlant la pierre et le bois laissait penser à Aeryn que la bâtisse était aussi ancienne que la cité elle-même. La grande salle lui parut bien vide en comparaison de la taverne de la guilde, bien qu'à cette heure ci, cela ne fut en rien étonnant.
-Ryn! s'écria le tenancier en la voyant. Où étais-tu passé ? - Hegbert, je vous présente Gwen, elle travaille pour la guilde des Lames de Morgestanc et... -Et ils t'ont engagé, c'est ça? la coupa l'aubergiste en affichant un grand sourire. C'est une très bonne nouvelle pour toi, ça. Tu vas nous manquer, c'est sûr, mais c'pas un endroit pour toi ici. Allez, pour fêter ça, j'vous offre un verre d'hydromel à chacune. Il est jeune donc c'est pas ça qui va te faire tourner la tête. - C'est gentil mais ce ne sera pas... et il ne lui laissa pas terminer sa phrase, déjà les deux verres prenaient place sur le comptoir devant chacune des jeunes filles.
Gênée, mais tout de même reconnaissante, Aeryn le remercia d'un simple hochement de tête avant de vider le verre aussi rapidement que possible. Elle ne tenait pas à s'attarder plus que nécessaire. Pas par empressement mais plus parce que les adieux lui étaient intolérables. La rouquine devait sans doute sa santé mentale à cet homme qui l'avait engagé alors qu'elle se trouvait au fond du trou.
- Mais attends ! Il fallait trinquer, à ta nouvelle vie, voyons ! rouspéta gentiment Hegbert tout en se tournant vers Gwen. Cette fille là est toujours trop pressée…
Cette affirmation tenait plus de la boutade qu'autre chose. Aeryn en était bien consciente et c'était d'ailleurs pour cela qu'elle ne s'en offusqua pas.
-Est-ce que vous voulez que je vous trouve un remplaçant ? Je vous prends de cours donc ce serait la moindre des choses... - Ne t'en fais pas pour ça, je me débrouillerai. Tu nous as déjà bien aidé, Ryn. Il est grand temps de penser à toi… C'est plus à Antoine que tu vas manquer…
Antoine était le jeune fils de l'aubergiste. Il n'avait que dix ans et sa vie était déjà compliquée. Hegbert expliqua alors à Gwen qui était ce petit gars et lui parla même de son traumatisme survenu le jour du couronnement lorsqu'il fut témoin de la mort brutale de sa mère. Il ne parlait plus depuis et était devenu très craintif. C'était sans doute la posture de la mercenaire qu'il trouvait rassurante. Il ne la quittait quasiment plus depuis son arrivée dans l'auberge et il lui arrivait même de dormir à même le sol devant la porte de sa chambre.
-Je viendrai le voir aussi souvent que possible, rétorqua la rouquine avant de poser son verre. Il faut que j'aille récupérer mes affaires. - Bien sûr, fais comme chez toi, Ryn. Je vais aller parler à mon fils… Ne part pas sans lui dire au-revoir… -Je n'en avais pas l'intention… Tu viens ou tu préfères m'attendre ici, lança-t-elle à la gamine. Je n'ai pas grand-chose à transporter.
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Mar 6 Juil 2021 - 17:00
20 Février 1167.
La Porte-Plume suivit sa guide sans aucune plainte, un sourire détendu aux lèvres. Elle leur aurait surement fais gagner dix minutes de marches en prenant la tête, mais elle semblait apprécier la volonté d’Aeryn de prendre les choses en mains. Et d’une certaine manière de l’inviter dans son univers à elle. Elle repensa à son commentaire en observant l’entrainement un peu plus tôt. Elle n’avait pas émis de critique, car Faren lui avait dit que c’était à chacun des membres de la guilde d’en comprendre le but final. L’argument de la mercenaire et l’entrainement qu’elle avait suivi étaient parfaitement valide, et avaient parfaitement rempli l’objectif d’en faire des combattant indépendant parfaitement apte à se battre épaule contre épaule avec d’autres. Sans doute ce qu’il y avait de plus optimal dans le monde qu’était celui du mercenariat. Mais l’entrainement du carré n’avait pas ce but. Elle se demanda si une personne comme Aeryn, si durement rendue indépendante, serait sensible à ce concept avec le temps. Elle l’espéra.
Sans savoir en noter la raison, elle se sentait bien en sa compagnie, elle qui avait tant de mal à être à l’aise avec les humains et leurs codes. Bien sûr elle bafouillait, bien sûr elle était maladroite, mais au final elle n’avait pas d’effort à faire. C’était une sensation rare et précieuse. Elle se demanda si la mercenaire était plus comme elle, ou simplement trop brisée pour ressembler à ses semblables. Sa remarque la tira de ses pensées.
- Tant qu’on se trompe moins de cinq fois, tout va bien. dit-elle sa voix tout à fait sérieuse mais son regard amusé passant rapidement par ce lui de la rouquine avant de se concentrer sur le bâtiment.
Elle aurait pu retrouver son chemin en ville les yeux bandés. Elle avait d’ailleurs dû le faire. Elle blinda son esprit contre un souvenir qui s’agitait sous la surface de sa conscience et emboîta le pas de sa compagne. Elle observa l’échange en silence et nota les habitudes qu’avait prise le tavernier en coupant régulièrement la jeune femme dans sa phrase pour l’empêcher de se culpabiliser ou de devoir justifier des choses qu’il trouvait normale. Conscient du manque de facilité pour son occupante de communiquer, il lui simplifiait la tâche même si elle tentait de faire des efforts. Cela aurait surement semblé malpoli dans d’autres circonstance, mais ici c’était bienvenue. Hegbert s’adressa directement à elle et elle hocha la tête en écoutant ses explications. Et elle se dit dans un coin de sa pensée que l’enfant devait percevoir la même chose qu’elle-même dans la rouquine. Elle cligna des yeux en se rendant compte que Aeryn lui parlait. Elle avait entendu ses paroles, elle entendait toujours tout. Mais elle dut se les repasser avant de répondre.
- Je vais t’attendre ici, je n’ai pas fini mon verre, et je ne voudrais pas paraître trop curieuse en visitant l’intimité de ta chambre. dit-elle avec un petit sourire, mais sa voix légèrement absente.
Aeryn l’observa un instant, se posant peut-être des questions, mais se dirigea vers l’étage, la laissant seule au bar. Lorsqu’elle redescendit avec ses affaires, la mercenaire découvrit avec surprise Gwen, penchait à l’oreille d’Antoine à coté du comptoir, lui chuchotant visiblement à l’oreille, le garçon opinant du chef. Quand ils aperçurent la rouquine, la jeune fille se redressa et l’enfant couru vers elle pour s’arrêter à ses pieds, les yeux humides. La porte-plume arriva près d’eux une seconde plus tard, d’un pas plus mesuré.
- Laisse-moi t’aider. dit-elle à la rousse en la débarrassant d’une partie de son bien léger fardeau. Elle fit un demi-pas en arrière comme pour laisser de la place à la jeune femme et l’enfant.
Aeryn MonclarMercenaire
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Mer 7 Juil 2021 - 12:45
Le refus de la gamine fut accueilli par un bref signe de tête. L'instant d'après, la rouquine grimpait les escaliers pour se rendre dans la petite chambre qu'elle partageait avec les filles d'Hegbert. Celle-ci ne contenait que deux petits lits et une paillasse posée à même le sol, la couche de la mercenaire. Beaucoup se serait offusqué de se retrouver à dormir là, à même le sol, mais pas Aeryn. Pour elle, cette situation était forcément provisoire, comme toutes les autres avant celle-ci. Par conséquent, elle se voyait plus reconnaissante qu'autre chose. L'aubergiste lui avait offert un travail, le gîte et le couvert, que demander de plus ?
L'état des lieux fut rapidement effectué. N'ayant que peu d'affaires à elle, ses effets personnels furent rapidement rassemblés dans un sac en toile de jute. Ceci fait, elle pu alors rejoindre Gwen dans la grande salle. La gamine semblait d'ailleurs occupée à échanger quelques messes basses avec Antoine… Même si le terme "échanger" ne correspond pas vraiment à la scène dont la rouquine fut témoin puisque le petit blond ne parlait plus. Qu'avait-elle bien pu lui dire pour que le blondinet accoure ainsi vers elle, les yeux larmoyants.
Aeryn ne put guère s'empêcher de lancer un regard interrogateur à la petite scribouillarde. Un regard qui n'en était pas moins empreint d'une petite teinte de colère simplement parce que la rouquine ne supportait pas de voir l'enfant pleurer. Elle s'accroupit donc face à lui en offrant son sourire le plus amical sans réellement savoir ce qui serait bon de lui dire… Alors, elle plaça une main douce sur le sommet de cette petite tête blonde avant de la caresser gentiment.
- Marbrume n'est pas une aussi grande ville que tu le penses, tu sais? lui demanda-t-elle avant de lui pincer doucement ses deux petites joues rosies. Je reviendrai te voir aussi souvent que possible… Ce n'est pas un adieu, Antoine, juste un aurevoir.
Malgré sa rudesse habituelle et son mépris pour la faiblesse, Aeryn pouvait aisément comprendre les larmes du garçonnet. A ses yeux, sa mère l'avait abandonnée en mourant ainsi. Ses sœurs et son père travaillaient beaucoup trop pour lui offrir l'attention dont il avait besoin. Ils étaient également tout aussi fragiles que pouvait l'être sa mère et il craignait donc de les perdre à tout moment. Bien-sûr, Ryn aurait très bien pu lui expliquer que ses lames ne la rendaient pas plus solide ou invulnérable que les membres de sa famille. Elle n'avait pas non plus été capable de protéger ses proches. Néanmoins, consciente que ce n'était point ce que le gamin avait envie d'entendre, la mercenaire garda tout cela pour elle.
-Ça va aller… Il va falloir que tu sois fort pour aider ta famille . Tu en es tout à fait capable, d'accord ?
Antoine hocha doucement la tête avant de se jeter dans les bras de la rouquine. Le petit élan qu'il prit eut pour effet de faire perdre l'équilibre à la jeune femme qui se retrouva assise par terre, le gamin aggripé à son cou. Ce genre de marque d'affection… Aeryn n'en avait point l'habitude. Néanmoins, cela avait beau la mettre profondément mal à l'aise, elle veilla pourtant à prendre sur elle pour ne pas repousser le garçonnet. Au contraire, elle referma ses propres bras autour de la taille du petit pour lui offrir l'étreinte qu'il lui réclamait…
Au bout de quelques secondes, la mercenaire se releva, flattant une nouvelle fois le crâne d'Antoine avant de ramasser le heaume qui venait de s'échapper du sac que tenait Gwen. Ce souvenir n'était en rien plaisant … Vestige d'un passé pas si lointain où Aeryn Monclar n'existait pas… Pas vraiment du moins. La mercenaire l'observa quelques secondes, retirant les grains de poussière sur son sommet avant de le tendre à Antoine.
-Tu veux bien garder ça pour moi ?
Le gamin s'empressa de se saisir du casque. Un bien bel ouvrage pour ce qui fut autrefois une sorte de prison pour la rouquine. Antoine semblait admiratif devant l'objet qu'il accueillit comme un trésor, pressant le heaume contre son petit torse.
Satisfaite, la rouquine récupéra son sac et salua une dernière fois la famille qui l'avait si gentiment accueillie. Puis, une fois dehors, elle s'empressa d'interroger Gwen.
-Qu'est-ce que tu lui as dis, au juste ?
Dame CorbeauMaître du jeu
Sujet: Re: [Convocation]Forger une nouvelle lame Mer 7 Juil 2021 - 16:17
20 Février 1167.
Sans trop savoir comment, Gwen sentit soudain une sorte de… colère chez la mercenaire, peut-être une animosité réelle, une onde presque brutale qu’elle eut l’impression de voir se tourner vers elle. Son regard la questionnait, la juger. La porte-plume se sentit soudain fragile et menacée, ici dans cet endroit inconnu, avec cette femme qui lui voulait du mal sans qu’elle ne sache pourquoi. En elle, elle ressentit des doigts crochu et noir se refermer lentement sur ses sentiments s’y agripper jusqu’à fusionner, s’étendre et former une sphère noire et opaque autour d’elle-même. Alors elle se sentit… mieux. Tout devint plus simple et clair alors que Aeryn reprenait le sac de ses bras après avoir fait visiblement ses adieux à l’enfant qui les fixa jusqu’à ce qu’elles aient quitté le bâtiment. La mercenaire l’interrogea immédiatement.
- Que s’il passait devant la guilde, il pourrait entrer te voir si tu étais d’accord. répondit-elle sans hésitation, avec tant de naturel qu’elle aurait pu se convaincre elle-même de ce mensonge si elle s’était écoutée. Désolé si j’ai mal fait… ajouta-t-elle en baissant les yeux vers ses mains nouées.
Des remords en juste dose, une volonté de bien faire pour guider l’idée, une réponse logique pour la rousse menaçante. C’était comme la composition dirigeait une marionnette dans un petit spectacle, ne jamais trop en faire, la subtilité du détail était à l’origine de l’impression de vie. Un être humain n’était pas si complexe à imiter, il fallait simplement apprendre son jeu. C’était un rôle comme un autre tant que l’artiste s’impliquait.
- Tu n’aimais pas vraiment ce casque je me trompe ? questionna-t-elle Aeryn d’une voix timide, composant logiquement avec les éléments qui lui était donnés. Il était logique d’aborder ce sujet vu la scène à laquelle elle avait assisté, et la mercenaire ne pourrait pas vraiment lui reprocher, peu importe sa réponse. Au pire la repousserait-elle, du moment qu’elle ne perpétuait pas ses menaces… C’était gentil de ta part de lui faire croire.
Doucement, elle reprit la route de la guilde, la rousse à ses côtés, mais cette fois elle optimisa leur trajet de retour, jusqu’à ce que le petit groupe de bâtiments ne reparaissent dans leur vision à toutes deux. Si l’activité dans la rue était encore vive, les carrés de combats avaient été quelque peu délaissés pour éviter la chaleur grandissante sans doute. La petite scribe se tourna vers la mercenaire et lui sourit avant de s’incliner doucement les mains jointes sur la petite sacoche où elle avait mis les deux petites bougies qu’elle avait acheté. Pourquoi déjà ?
- Merci beaucoup de m’avoir accompagné Aeryn, j’espère que la bougie te plaira. Je pense que tu pourras retrouver ta chambre d’ici. Je suis désolée, j’ai encore beaucoup de document à trier avant la fermeture que la zone administrative, et je ne veux pas que Faren ait à se plaindre de mon retard.
Elle s’inclina à nouveau.
- J’espère que ton test se passera bien demain. Fais de ton mieux d’accord ? Je te ferais amener ton contrat si je n’ai pas le temps de passer.
Elle s’éloigna en saluant la menace et s’enfonça dans le bâtiment administratif. Les heures suivantes passèrent dans un flou étrange, où elle tint parfaitement son rôle, donna des consignes, se plaignit, couru d’un bureau à l’autre sans que personne ne remarque sa présence plus de quelques instants. Elle se faufilait dans la trame de leurs vies, loin des risques, loin de la peur, loin du danger. Tout se passait si bien… Jusqu’à ce qu’elle percute une grande silhouette au détour d’un couloir.
- Oh, désolé ! dit-elle avec un sourire humble en tentant de contourner cette rencontre.
- Ne fais pas ça. dit la voix autoritaire de la grande femme blonde.
Celle-ci tendit la main vers elle et sans hésitation lui fit claquer une pichenette sur le front. La sphère noir éclata aussi simplement qu’une bulle de savon, et Gwen se retrouva les jambes flageolantes dans un couloir sombre. Elle observa sa sœur et ses yeux se remplirent de larmes. Elle se jeta dans ses bras. Ceux plus puissant de la grande blonde se refermèrent sur elle et elle lui caressa doucement les cheveux, la laissant se vider des ses craintes et de sa tristesse.
- Je suis désolée… murmura Gwen. Je n’ai pas fait exprès…
Dernière édition par Dame Corbeau le Mer 7 Juil 2021 - 18:03, édité 1 fois