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 [Évent] Tu me rends chèvre.

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Aliénor Montfort de BrieuComtesse
Aliénor Montfort de Brieu



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MessageSujet: Re: [Évent] Tu me rends chèvre.    [Évent] Tu me rends chèvre.  - Page 2 EmptyLun 19 Fév 2024 - 18:03
C’est qu’à y r’garder de plus près, elle était mignonne la petiote. Elle avait l’air souillon, comme la plupart des culs-terreux de ce maudit village, mais il fallait bien reconnaitre que son minois frais aurait pu faire tourner les têtes. Un bref coup d’œil à la main gauche, et la vieille tira une mine déçue. En voilà un beau gâchis ! Ah, si elle avait encore ses fils, elle n’aurait pas filé sans leur avoir parlé, pour sûr. La vieille se gratta une vieille croûte sur le crâne en maugréant silencieusement ; foutre-Sérus, à une autre époque, elle serait déjà en train de planifier les fiançailles ! Mais tout cela n’avait plus beaucoup d’importance maintenant, puis elle était vieille. Organiser un mariage n’était clairement plus de son âge, elle y aurait laissé sa vieille peau avant d’avoir vu briller la dot. La Margot, lâcha un long soupir ponctué d’une toux grasse, et cracha son molard à terre en haussant les épaules.

« — C’est l’genre à t’prendre de haut, alors que ça a encore du lait au coin d’la bouche ces gars-là. Tu peux m’croire ma p’tite, même à mon âge ‘sont capables de t’faire la l’çon. Vaut mieux pas trop t’ronger les sangs pour si peu.

Son regard s’adoucit alors qu’elle posait une patte sur les mains de la causette, un réelle lueur de sympathie dans le regard. Elle disait vrai la vieille : en presque soixante ans dans cette putain d’auberge, elle en avait vu des petits coqs dans leur genre. Souvent, ils v’naient de la ville, ou pas loin, et ils étaient tellement sûrs d’eux qu’c’était à se demander s’ils chiaient aussi comme nous autres. Et dans cette catégorie de péteux, il y avait bien sûr les nobles – mais elle les excusait presque, depuis leur tour c’était difficile de s’rendre bien compte -, les marchands, du plus petit au plus grand, et enfin la bleusaille. Le dernier groupe avait le défaut de l’âge et de l’égo, le tout si intimement intriqué qu’il était presque impossible de communiquer sans risquer la bagarre. Bien sûr, tous avaient leur lot d’histoire triste, de drame familial, d’amour éconduit et de caillou dans la botte. Mais ils avaient tellement de merdasse collée aux yeux qu’même l’oncle Yves, qui était aveugle, était plus clairvoyant. Ils avaient tout à la fois le monopole du savoir, de la souffrance, de l’honneur et du bon goût ; oubliant que pour la plus part, ils étaient nés dans la même boue qu’les paysans du coin. Mais là, elle gardait son fiel pour un autre jour, la bergère en avait déjà assez soupé pour la soirée.

Y’a quatre ans d’ça, jt’aurai dit qu’c’était pas des choses pour une jolie jeune fille comme toi. Puis on sait toutes dans quel sens se tient l’couteau, pas b’soin d’en savoir beaucoup plus. Enfin, moi, ça m’a jamais servi. Elle eut un petit rire de gorge, humide, mais franc. Mais aujourd’hui… Ouais, ma p’tite, aujourd’hui c’est différent.

Elle marqua une pause et tira de la petite étagère sous le comptoir une miche plus très fraiche, mais parfaite pour couper deux grosses tartines. Elle trancha donc deux bouts qu’elle agrémenta d’un morceau de fromage plus dur que la pierre. Il faudrait probablement le sucer un moment pour qu’il ramollisse, mais c’était pas vraiment l’heure de jouer la fine bouche. Déjà, ils avaient à manger quand d’autres crevaient encore la dalle à la capitale.

Mange donc. T’es maigre comme un clou. C’pas avec c’que t’as sur les os qu’les fangeux vont vouloir t’bouloter. P’is entre nous, c’pas eux qui m’font l’plus peur. Elle se pencha un peu en avant, lui intimant de suivre son exemple et malgré le brouhaha ambiant, baissa le son de sa voix de sorte à s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne puisse entendre. Avant qu’on r’prenne le Labret, et ma maison, j’ai vu des choses pas jolies jolies s’tramer en ville. C’pour ça qu’j’ai pas imploré les Trois de rester derrière les murailles. Dès qu’j’ai pu, j’ai pris la poudre d’escampette. Tes loustiques là, ‘sont p’t’être pas méchants, mais à ta place j’me méfierai de tout c’qui a une arme et qu’est trop gentil. Ces trucs de pas tuer pour sauver tes miches, j’y crois pas une seule seconde. La rouquine elle a une tête d’chaton mal peigné, mais est-ce qu’elle s’rait aussi bravache sans ses deux gorilles franch’ment ? Non ma p’tite, c’est pas ça qui t’faut. ».

La vieille bique lui lança un regard plein de sous-entendus. Pour sûr que cette vipère adepte de commérage avait une solution pour la Bergère. Sinon à quoi bon la faire venir au comptoir ?! Fallait vraiment tout leur expliquer à ces jeunes…
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GuillemettePaysanne
Guillemette



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MessageSujet: Re: [Évent] Tu me rends chèvre.    [Évent] Tu me rends chèvre.  - Page 2 EmptyLun 19 Fév 2024 - 20:28
Y’a quatre ans d’ça, jt’aurai dit qu’c’était pas des choses pour une jolie jeune fille comme toi. Puis on sait toutes dans quel sens se tient l’couteau, pas b’soin d’en savoir beaucoup plus. Enfin, moi, ça m’a jamais servi.

A ça, je veux répondre, mais son sourire s'appuie sur le côté et elle termine :

Ouais, ma p’tite, aujourd’hui c’est différent.


Je chancelle légèrement, mais on est un peu extraites du brouhaha, de la fumée des marmites, du désordonné des couleurs. Mon ivresse légère me rend plus sensible au grisâtre de sa jupe, au posé de son cou sur ses clavicules, au frais de sa main de vieille, légère comme une dentelle de table. Je commence à la regarder de biais, l'œil un peu rond encore, mais moins hébété.

" ...La rouquine elle a une tête d’chaton mal peigné, mais est-ce qu’elle s’rait aussi bravache sans ses deux gorilles franch’ment ? Non ma p’tite, c’est pas ça qui t’faut. ".

Je m'anime. Ah ça ! Maint'nant qu'vous l'dites ! Mais j'pensais pas à mal ! Pour une fois alors !

Je me sens un peu bête, quand j'y repense. Quelle idiote ! Jeter ça comme ça ! Et la prudence ! Si c'est pas fangeux ni soldat, on baisse la garde ? Je me sens me tendre depuis les talons jusqu'au glacé du cœur. Et mon ventre se serre comme un poing. J'ai remonté toutes mes gardes, l'ivresse est descend d'un échelon, et mon dos tourné vers la salle s'arrondit. Alors, et maintenant ? Sortir, de nouveau. Par delà l'épaule de la vieille, mon regard passe très vite sur le rideau tiré qui cache l'arrière-boutique. Quand je reviens sur elle, elle me regarde un peu trop appuyé. J'ai toujours entre mes deux mains le pain et le fromage sec, le genre qui a tant jauni qu'il pue comme une gueule. Le genre que je peux garder dans mon coin de grange sur ma colline. Mais mon ventre s'est noué trop vite sur l'alcool et la soupe de tout à l'heure. Je serre un peu les dents. Remercier maintenant me semble indécent, et pourtant je voudrais bien filer. Puisque j'ai fait chou blanc, je voudrais retourner dans les plaines, chercher les bêtes, et songer à nouveau. J'ai honte de cette journée. Je voudrais m'en aller la digérer ailleurs. Remonter mes babines et m'aiguiser les crocs, depuis un taillis étroit. Et songer à nouveau... Mes yeux sont tombés sur mes pointes de pieds et le plancher grossier qui aplanit à peine la terre du dessous.
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