Chasse à l'homme [Bjorn / Alaric ]

Début de journée tout à fait classique à la caserne, Bjorn s'était levé aux aurores comme à son habitude prenant une rapide toilette dans le sceau d'eau qui servait à cet effet. Scarld lui tournait déjà en rond depuis quelques temps dans la petite maison du milicien. Ce dernier resta quelques instant à caresser le chien avec un sourire sincère, il n'y avait que dans ces moments qu'il souriait sincèrement, le reste du temps il laissait une mine fermée.

Il était parti pour la caserne, habillé de sa tenue de milicien, ses deux haches, un casse-croûte assez maigre pour lui et son Malinois. La route jusqu'à la caserne n'était pas longue et lorsqu'il y fut il passa le plus clair de son temps à astiquer les armes et entretenir les lieux, il préférait l'air des marécages, mais il devait bien participer aux tâches ménagères, l'intérêt général était plus important que ses petits souhaits égoïstes.

Mais vers quatorze heures alors qu'il était dans la salle principale, prenant son service de patrouille dans une heure, un homme arriva paniqué ouvrant la porte de la caserne le souffle court. Il avait la face livide d'un homme qui avait tout perdu. Bjorn ne s'était pas levé mais Scarld s'était redressé sur ses pattes la queue en l'air.

-Aidez moi ! Mon fils ! Je l'ai perdu, alors que je travail dans j'habite dans les faubourgs et travaille à la ville, ma femme malade garde les enfants, cependant mon fils de neuf ans à quitté la maison et on ne le retrouve plus depuis plusieurs heures ! Les gardes à l'entrée de la ville affirment n'avoir vu personne ! Aidez moi je vous en prie ! J'habite à une demie-lieu des remparts tout droit.

Bjorn juger son supérieur du regard, son œil vert brillait d'une envie presque sordide de sortir, non seulement pour aider, mais il pourrait explorer légitimement les zones marécageuses autour de la cité. Son supérieur donna un coup de menton et accompagna le geste de quelques paroles.

-Alaric, tu l'accompagnes, si vous n'avez rien trouvé avant le couché du soleil abandonnez l'enfant et rentrez, je ne peux risquer deux miliciens comme vous la nuit.

Le milicien s'était déjà dirigé vers la sortie et le chien encore plus vite, lorsque l'air libre caressa ses narines il eut un petit sourire et observa son collègue de travail, il était minuscule et maigrichon comparé à lui, il devait être du style passe-partout alors que lui était plutôt nettoie-tout, Scarld trouvait généralement ce dont ils avaient besoin ou ce dont la ville avait besoin. Ses pas silencieux les menèrent en dehors des murs sécurisés de la ville, il respira l'air humide du jour regarda son compagnon.

-Moi c'est Bjorn et lui c'est Scarld. Bon, le type nous indiqué où il habitait, autant se rendre chez lui et observer les traces qui partent de la maison. S'il n'est pas déjà mort sûrement était-il à quelques petits kilomètres ? Faisons ça bien, qu'on offre pas à ces saloperies un repas gratuit.

Il s'avançait dans les faubourgs serein une main sur le manche de sa hache, la seconde pendait et Scarld avançait lentement à la même hauteur que son maître très calme. Les deux mâles étaient couverts de cicatrices, mais cela ne semblait pas les déranger.

Et si on comptait? Je me trouve à la quatrième page du sixième chapitre du soixante-dix-septième livre, caché entre une truie et une éponge.

Alaric s’était levé aux aurores, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Après s’être débarbouillé, il avait déambulé dans les ruelles crasseuses de la ville sans réel but fixe. Les marchands installaient leurs échoppes tandis que d’autres criaient déjà afin d’attirer l’attention sur leurs produits. Finalement, alors que l’horizon se colorait de rayons orangés, le jeune milicien s’était aventuré au temple, et comme à son habitude, il pria Serus longuement. Debout, il avait les yeux baissés vers le sol, mais ne regardait pas. Il était ailleurs.

Lorsqu’Alaric sortit de sa rêverie, le jour était déjà bien avancé. Il décida de rejoindre la caserne afin de manger un morceau avant d’accepter une éventuelle mission. Si tel n’était pas le cas, des corvées moins excitantes l’attendraient de toute façon. Les miliciens ne pouvaient pas toujours se promener dehors, même s’il s’agissait du souhait le plus cher d’Alaric.

Il avait terminé de dîner depuis quelques minutes lorsque les portes de la caserne s’ouvrirent brusquement. Un homme désespéré annonçait la disparition de son fils. Ils vivaient dans les Faubourgs, la situation n’était déjà pas évidente pour eux. Si en plus les enfants venaient à disparaitre, cela ne présageait rien de bon. Cette histoire provoqua un pincement au cœur d’Alaric : peut-être ce bonhomme avait-il le même âge qu’Ellaine… Peut-être allait-il hurler de la même manière, lorsque les crocs de la créature trancheraient sa gorge pâle.

D’un coup d’œil, un de ses camarades miliciens se porta volontaire. Bjorn, c’était son petit nom. Un homme baraqué, balafré de partout et borgne, par-dessus le marché. Toujours accompagné de son fidèle molosse, qu’Alaric ne préférait approcher. Enfin, le duo était connu dans la caserne, mais Alaric ne le connaissait pas personnellement. Chose qui allait vite être réglée, puisque le jeune milicien fut désigné pour les accompagner. Tous deux – ou trois- avaient pour mission de chercher l’enfant et, dans tous les cas, de rentrer avant la tombée de la nuit.

Avant de passer les portes de la caserne, Alaric demanda brièvement une description de l’enfant, afin de rendre la situation plus facile, du moins, il l’espérait. Le père, bien que terriblement paniqué, lui annonça donc qu’il avait 8 ans, qu’il s’appelait Arthur et qu’il avait une tignasse brune. Alaric le remercia et posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule. Serus seul savait ce qui était arrivé au petit et Alaric espérait qu’il n’était pas trop tard.

Lorsque le jeune homme rejoignit son compagnon de chasse, il eut droit à une brève présentation de ce dernier. Bjorn tenait à en finir le plus vite possible avec cette histoire. Surtout, lui aussi espérait une issue favorable. Il lui proposa de se rendre tout d’abord à la maison et de suivre des éventuelles traces. Alaric hocha la tête, lui emboitant le pas.

- Je suppose que le chien pourrait nous être utile. Il pourrait renifler un objet appartenant au petit pour suivre la trace ?

En fait, Alaric n’était pas certain que ce système fonctionne vraiment, mais après tout, ça valait peut-être la peine d’essayer. En tout cas, commencer par la maison leur donnerait un point de départ. Normalement, un gosse de 8 ans ne devait pas aller bien loin, mais depuis quand avait-il disparu exactement ? Alaric serra les points et accéléra le pas.

- Allez, on s’dépêche. Hors de questions que ces sales bêtes tuent un enfant de plus.

Le molosse flaira une piste et les deux miliciens le suivirent, au pas de course. L’animal les mena à un endroit sombre des marais, là où de nombreux pins et autres arbres touffus ne permettaient pas aux rayons de soleil de passer. Scarld se mit à aboyer et Bjorn lui fit signe de se taire. Près de sa truffe, accroché à une branche basse, un bout de tissu bleuté pendait, se balançant au gré du vent. Alaric le ramassa et le retourna dans ses mains. Ce morceau provenait d’une tunique, mais impossible de dire à qui il appartenait. Quoi qu’il en soit, mieux valait continuer. Retrouver ce genre de débris dans les marais n’était jamais une très bonne nouvelle.

Pourtant, ils finirent par tomber sur le garçonnet. Arthur s’était perdu dans les marais, à la recherche d’une quelconque nourriture à ramener à la maison. Dans un panier qu’il serrait contre lui, diverses sortes de champignons reposaient, fraichement récoltés. Alaric le sermonna légèrement, afin qu’il se rende compte du danger et de la peur qu’il avait provoqué à ses parents. Versant quelques larmes, le gosse s’excusa. Le milicien sourit. Ce p’tit gars était sacrément courageux. Et sa récolte n’était pas mauvaise. Il ordonna ensuite de rentrer le plus vite possible, espérant à tout prix qu’aucun monstre ne leur saute à la gorge sur la route du retour.

Le trajet se fit sans encombre, mais les deux miliciens, ainsi que Scarld, restèrent sur leurs gardes tout au long de la traversée des marécages, entourant Arthur pour garantir sa sécurité. L’accueil à la maison fut grandiose. Père et mère vinrent embrasser leur fils et saluer les miliciens pour leur bravoure et le sauvetage de leur fils. C’est à ce moment-là qu’Alaric remarqua le trou dans le dos de la tunique d’Arthur. Le garçon avait dû l’accrocher pendant qu’il récoltait de quoi manger. Finalement, c’était bien Scarld qui les avait menés jusqu’au garçon. Un chien dans l’équipe, c’était pas une mauvaise idée. Il faudrait qu’il mentionne ce détail aux sergents, une fois de retour à la caserne.