Discussion, apprentissage et décision [ PV Taïdor Fondocéan]

(suite du Rp une belle journée pour s'engager...)

La fin de journée avait fini par arriver. Les candidats rassemblés dans la cour attendaient fébriles et impatients, le verdict du coutilier. Lentement la liste de noms fut égrainée. Les appelés se congratulaient mutuellement, pendant que ceux qui avaient laisser passer leur chance faisaient grises mines. Barral quand à lui ne tenait debout que parce qu'il s'appuyait de tout son poids contre un des poteaux de bois qui soutenait un préau. Il n'était pas mécontent d'avoir trouver cette aide son corps ne lui réclamant que la douceur du lit qu'il s'était obligé à quitter. C'était inquiétant pour la suite de savoir qu'il était dans un état lamentable après seulement deux petits combats. Mais il était là pour apprendre et il avait la peau dure. Enfin Taidor prononça son nom et un petit sourire de satisfaction s'afficha un bref instant sur son visage.

Maintenant il était grand temps de tenir la parole donnée à l'infirmier en chef, tant pis pour le banquet, tant pis pour partager un moment en compagnie de ses nouveaux camarades de galère, il ne se préoccupait même du fait qu'il n'avait pas eu d'affectation précise dans la milice. Il était pris c'était tout ce qui importait à ses yeux. C'était à lui de montrer qu'il en valait la peine, il avait toutes les cartes en mains.

« Te voilà enfin ! Je vais t'examiner une dernière fois, après au lit et du repos. »

Barral se prêta à nouveau à l'examen, le visage fermé afin de dissimuler ce qu'il ressentait, douleur ou plaisir, qui cette fois était un peu plus minutieux puisque la tension était à peu près retombée dans la pièce.

« Et cette cicatrice là » fit-il en appuyant légèrement vers le bas des reins proche de sa colonne.

-Ah ! Celle-là, non, vraiment elle ne me fait plus souffrir depuis longtemps. C'est tout ?

Maitre Galadur hocha la tête lui indiquant le lit où il pourrait se reposer. C'était sans compter sur Angélo, le nez cassé, qui revenait à la charge encore furax d'avoir été malmené par de la bleusaille. Barral secoua la tête, il n'avait pas envie de se battre, ce coup-ci pourtant personne ne viendrait à son secours, très peu d'options s'offraient à lui. Acculé dans le fond de la pièce, il cherchait un endroit où se planquer pour être hors d'atteinte de la brute quand il aperçut en haut du mur une niche sous la fenetre. Il s'y hissa en serrant les dents et replia les jambes contre son torse pour se faire le plus petit possible. Jamais il n'avait grimpé aussi vite. L'autre ne pourrait en faire autant et puis passer Maitre Galadur il fallait le faire quand même, le bougre avait été dans le temps un milicien solide, qui avait simplement changé de voie.

« Ca suffit maintenant Angélo, laisse le petit se reposer, rentre toi ça dans ton crane : ce n'est pas parce que tu es ancien ici que tu es invincible. Entraine-toi encore pour ne pas que cela se reproduise. C'est ce que te dirait ton coutilier. Maintenant va profiter de la fête, ce n'est pas ton nez qui t'en empêche. »

Où était-il passé d'ailleurs celui-là ? Barral du haut de sa cachette n'avait pas perdu une miette de la conversation. Il regrettait de ne pas pouvoir aller manger car d'après les rumeurs la nourriture ici n'était pas fameuse les autres jours. Dormir le ventre plein l'aurait sans doute aider à passer une nuit plus sereine. Il posa la tête sur ses bras et la fatigue eut raison de sa veille. Il somnolait dans une position fort peu confortable...

Taïdor n'avait pas rejoint ses camarades qui étaient parti faire connaissance avec les nouveaux. Non, en tant que coutilier il s'était contenté de réaliser les derniers devoirs qui lui incombait: prendre des nouvelles des blessés du jour. Quand l'albinos arriva à l'infirmerie, il vit le soldat au nez casser sortir, apparemment furieux. Ce dernier l'arrêta d'ailleurs, l'interpellant violemment:

"Eyh! Coutilier, ou mostro dans ta langue, c'est ça?! La prochaine fois que tu ne me laisse pas finir ce genre de p'tit connard, je fais mon forcing au sergent pour qu'il te foute derrière les remparts!"

Taïdor s'arrêta, figé sous son capuchon noir, il fixa le dénommé Angélo de ses yeux rouge sang. Il s'approcha de ce dernier. Le soldat n'était pas très grand, mais était aussi large d'épaule que le coutilier albinos. L'ancien marin prit son temps pour retirer sa capuche, dévoilant ses cheveux qu'il n'avait pas coupé depuis longtemps. Il avait désormais l'habitude de les attacher en une petite queue de cheval. Sa barbe était également moins bien raser, ce qui le vieillissait et en même temps lui donnait un air plus mâture, plus virile. Tandis que le petit soldato en face de Taïdor avait la peau bien lisse, les cheveux noir bien court et luisant de sueur. Il n'avait pas de noeuds, ni de cicatrices, encore moins d'ecchymoses visible sur le visage - en dehors de son nez cassé recouvert par un baume.
Lorsque Taïdor eut fini de dévisager d'un air calme le soldat, il fit enfin preuve de fermeté avec ce gamin capricieux, énième fils d'un de ces maudits nobles ou miliciens bien haut placé. L'albinos sortit sa dague et poussa le jeunot derrière l'infirmerie, là où personne ne verrait. Il le souleva légèrement de terre, juste à sa hauteur, et posa la lame sur sa gorge.

"Tu va très vite comprendre, figlio di putana, qu'ici, ce n'est pas toi qui fait la loi! Tu es sous MES ordini. Ceci n'était qu'un entraînement! Le but n'était point de tuer ton avversario, mais de tester ses limitazioni!" gronda Taïdor, laissant aller son accent comme bon lui semblait maintenant, la journée ayant été assez fatiguante. "Et si je finis derrière le remparts... Soit sûr, que tu m'y rejoindre, grande merda! En tant qu'umano ou que mostro!"

L'ancien marin ne lâcha pas immédiatement le soldat. Il prit son temps pour bien le fusiller de son regard pourpre, et que sa lame lui fasse assez mal pour qu'il gémisse et hoche la tête, comme s'il avait compris... Taïdor savait que ce n'était pas le cas, il avait juste la trouille et voulait fuir. Quel couard! Après encore une ou deux minutes, le coutilier lâcha le sale gosse qui tomba dans la boue et partit en courant au quart de tour. Quand Taïdor sortit de leur petite cachette, il découvrit Maître Galadur à la porte de l'infirmerie.

"Il va vous attirer des problèmes, ce petit, lança le Maître guérisseur qui avait apparemment tout entendu de la scène.
- Bah! E stupido! Il est trop con! Et puis, je n'ai plus rien à perdre, Maestro. Comment va la recrue? répondit Taïdor, remettant son capuchon en regardant le jeune soldat courir jusqu'à la salle du banquet.
- Il dort. Si vous souhaitiez lui parler, il faudra attendre demain. Pour l'entraînement, il faudra attendre peut-être un ou deux jours avant de commencer. Vous ne l'avez pas assigné, pourquoi?"

L'ancien marin regretta d'avoir perdu du temps à avoir remis à sa place le petit con de soldat. Mais bon, la recrue Barral devrait attendre. C'était de sa faute s'il était à l'infirmerie après tout, il lui en avait trop demandé. Taïdor s'en voulait malgré sa neutralité du moment et son énervement lors du combat. Oui, le recrutement servait à tester les limites des candidats... Mais il y avait toujours cette envie, ce désir sauvage de tuer... Et malgré que l'ancien marin y avait mieux résister que son adversaire Barral, il s'en voulait d'avoir fait preuve d'autant de violence envers le jeune garçon.

"Tant pis, je viendrait demain, Maestro." termina Taïdor, éludant la dernière question de l'infirmier.

La coutilier partit rapidement, cachant son visage sous sa capuche aux autres soldat. Le maître guérisseur le le retint pas. Après tout, ils avaient tous besoin de repos, cela avait été une dur journée.

*****

Dés l'aube, l'ancien marin se prépara. Sa nuit n'avait pas forcément était reposante, mais il s'en contenterait. Aujourd'hui commençait l'entraînement des nouveaux! Et il se devait d'être présent pour calmer les esprits lorsqu'ils s'échaufferaient. Et également surveiller les têtes brûlés qu'il avait déjà repéré ou qu'il connaissait déjà, comme Angélo... Mais surtout, il comptait enfin rendre visite au jeune protégé qui patientait toujours à l'infirmerie. Taïdor ne déjeuna pas avec ses camarades ce matin là, et préféra prendre son assiette et une autre en plus avec lui. Il se dirigea vers l'antre du maître guérisseur et entra sans vraiment toquer - surtout qu'il avait les mains pleines.
Maître Galadur lui ouvrit, apparemment le vieille homme s'était levé tôt également, il était déjà prêt, bien vêtit et en bonne forme apparemment.

"Entrez, coutilier. Le jeune garçon est réveillé." lança le guérisseur, jusqu'à ce qu'il voit les deux assiettes de lentilles. "Hum... Heureusement que la nourriture à l'infirmerie est quasiment la même qu'au réfectoire... Sinon je vous refuserais cette attention de votre part."

L'albinos sourit. il savait que le vieille homme mentait, il n'aurait jamais refusé, quel que soit la qualité des plats, car le Maître était bien trop gentil pour cela. Taïdor l'avait déjà fait, ayant déjà apporté quelques auge à ses amis blessés et Galadur n'avait rien trouvé à y redire.
L'ancien marin se dirigea vers le lit que le Maître lui indiqua et salua la jeune recrue d'un joyeux mais sérieux:

"Ciao pivello. Comment te sens-tu?"

L'albinos posa les deux assiettes en bois sur un petit meuble à côté de la couchette de fortune.

Barral fut réveillé par les derniers fêtards qui rentraient se coucher au dortoir ou dans leur chambre. Il attendit quelques instants que le calme revienne, le temps d'être certain qu'aucun ne viendrait à l'infirmerie, pour quitter son perchoir. S'endormir de la sorte lui avait engourdi les membres. Il gagna son lit à tâtons, le moelleux du matelas l'emporta bien vite sur le tissu un peu rêche du drap. Une nuit sans rêve, bien plus calme que les précédentes malgré tout, il n'avait pas eu besoin de dormir d'un œil prêt à s'enfuir si jamais quelqu'un venait.

L'aube arriva, avec elle, les souvenirs de la veille, et son ventre lui rappela bruyamment qu'il n'avait rien manger depuis le midi. Barral ouvrit l'oeil sans bouger, le temps de se rappeler où il se trouvait, et d'écouter les bruits autour de lui. Quelqu'un s'affairait à ranger des pots sur une étagère.

« Bonjour petit »

-Appelez-moi Barral s'il vous plait.

Pourquoi maître Galadur persistait-il à l'appeler ainsi ? Il trouvait ça gênant. Il n'était pas petit, loin de là. Peut-être était-ce une simple marque de bienveillance ou tout simplement parce qu'il était une des dernières recrues de la milice. Barral avait tellement peu l'habitude qu'on prenne soin de lui sans attendre quelque chose en retour qu'il se méfiait toujours.
Quelques minutes plus tard Taidor fit son entrée, échangea quelques mots avec le maître des lieux. A voir comme ils bougeaient leur tête Barral devina qu'il était le sujet de leur conversion. Avant de se diriger vers lui.

"Ciao pivello. Comment te sens-tu?"

-Bonjour.

Il hésitait quand à la façon de le nommer. Son regard était attiré par la gamelle de lentille. Il lorgnait dessus.

-Comme quelqu'un qui vient de passer sous les sabots d'un troupeau de chevaux. Mais je suis entier, ça finira par se guérir tout seul.

Un peu d'humour pour cacher la douleur. Son corps était couvert de bleus. Il avait mal, mais s'il n'y pensait pas trop, il arrivait à oublier son état. Par contre dès qu'il bougeait, il sentait ses muscles le tirailler de toute part. Solliciter par des mouvements qu'ils n'avaient pas l'habitude de faire ils protestaient à présent.

-Je peux ?

Sans attendre vraiment de réponse il se saisit de la cuillère de la main droite et commença à manger, tout affamer qu'il était. Avant de se rendre compte que ce n'était pas vraiment très poli de s'empiffrer de la sorte et il se força à un rythme plus lent entre chaque cuillerée. Taidor se souvenait sans doute que lors de leur combat il s'était servi de sa main gauche.

Il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps enfermé dans cette pièce, il lui fallait prendre l'air et faire quelque chose pour s'occuper. Il était là pour apprendre et ce n'est pas en restant ici qu'il le ferait. C'est le regard plein d'espoir qu'il posa sa question.

-Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

Taïdor fut un peu arrêté dans son élan lorsque le jeune homme lui sortit une phrase des plus étranges. Un troupeau de chevaux? Était-il donc sortit cette nuit pour aller se faire piétiner aux écuries? De quoi Barral parlait-il? L'ancien marin secoua la tête, c'était stupide comme expression! Les gens d'ici avaient vraiment une drôle de façon de s'exprimer. Quelle malédiction s'était donc abattu sur le pauvre albinos pour qu'il finisse coincé dans cette ville avec ces gens étranges et superstitieux. Le coutilier soupira, et laissa le jeune homme se saisir de l'auge pour qu'il mange, il avait l'air affamé, le pauvre. N'avait-il donc pas mangé au banquet, la veille?
C'est alors que Taidor remarqua qu'il ne se servait pas de la même main qu'hier pour se battre. L'albinos se demanda pourquoi. Le coutilier avait dû faire une drôle de tête, car Barral lui posa une question. Que feraient-ils aujourd'hui? Bonne question, Barral était censé rester alité. Et l'albinos savait Maître Galadur très stricte en ce qui concerné les soins et les guérisons.

"Non lo so... Hum, je ne sais pas, pivello." dit-il en regardant l'assiette qui se vidait petit à petit. "Maestro Galadur n'aime point trop voir ses protégés se tuer à la tâche."

Taïdor regarda si le dit Maître n'était pas très loin. Il ne voulait pas se voir avoir quelques bleus supplémentaires sous prétexte que le maître guérisseur n'aimait pas qu'on dise du mal de lui dans son dos. C'était un vieille homme respectable et qui faisait bien son travail, tellement mieux que d'autres miliciens plus jeunes.
L'albinos se retourna vers le jeune homme qui était désormais sous sa protection, et constata qu'il s'était arrêté de mangé. Était-il déçu de ne rien pouvoir faire? Avait-il une question qui le taraudait? Taïdor préférait ne pas savoir, et dans l'espoir de taire les interrogations silencieuse de Barral, il continua.

"Tu es ambidestro, pivello? Enfin, je veux dire que tu sais utiliser tes deux mains pour... te battre?" essaya d'expliquer le coutilier en ayant beaucoup de mal à formuler sa phrase.

C'était fou comme les expressions de son pays natales avaient des connotations des plus perverses ici! Cela l'avait plusieurs fois induit en erreur, et cela lui avait attiré pas mal de regard noir aussi. Mais Taïdor commençait à s'y faire. Il y avait bien pire que des mots mal placés dans une conversation non?
Barral semblait toujours déçu de ne pouvoir sortir. Ou alors était-ce vraiment autre chose qui lui faisait du soucis. Taïdor n'espérait pas que ce soit le soldat à qui il avait brisé le nez hier... Parce que le coutilier ne souhaitait vraiment pas lui donner d'explications pour lui dire que ce fameux soldat ne lui attirerait plus d'ennuis... Tout du moins, l'albinos l'espérait. Une fois de plus, Taïdor regarda si Maître Galadur n'était pas dans les parages, car il venait d'avoir une idée. Il s'approcha de Barral et vint s'asseoir à côté de lui.

"Je ne peux te formazone, te former, ici. Le Maestro m'en voudrait. Alors je peux te proposer de t'entreno avec moi, mais in porto, au port. J'ai une pattuglia, une patrouille, à aller faire, je peux toujours t'emmener avec moi. Vi si addice? Cela de conviendrait, pivello?" finit par demander l'albinos tout en laissant le jeune homme finir sa gamelle.

Barral avait nettoyé la moindre miette de son assiette. Le ventre plein, il se sentait mieux à présent. Prêt à entendre la réponse du coutilier qui se faisait attendre. Evidemment qu'il serait déçu si l'albinos lui ordonnait de rester dans ce lit. Et il obéirait la mort dans l’âme.

« Hum, je ne sais pas, Maestro Galadur n'aime point trop voir ses protégés se tuer à la tâche. »

Cela s'annonçait mal. Taidor ne semblait pas du genre à passer outre les recommandations de Maitre Galadur. Et Barral se rappelait parfaitement des propos du responsable de l'infirmerie lors de son arrivée la veille dans un état lamentable après son double combat.

-Je comprends. Ce n'est pas grave...

Barral laissa échapper un soupire se voyant déjà passer une nouvelle journée enfermé entre les murs de l'infirmerie à ne rien faire. Il était parfaitement conscient que son corps avait besoin de récupérer mais il savait également que ce n'était pas en restant inactif qu'il comblerait ses nombreuses lacunes. L'oisiveté ne lui convenait pas. Il avait même tendance à devenir comme un de ces fauves qu'on maintenait en cage.

« Tu es ambidestro, pivello? Enfin, je veux dire que tu sais utiliser tes deux mains pour... te battre? »

Que voulait-il dire ? Le coutilier avait une bien drôle de façon de d'exprimer. Maintenant que les deux hommes étaient seuls, Barral percevait plus facilement ce petit accent chantant qui n'avait rien à voir avec celui d'un paysan, non c'était autre chose, bien différent, étranger même. Cela donnait un certain charme à ses paroles. Barral regarda ses mains avant de répondre. Son beau-père l'avait souvent réprimandé pour se servir de sa main gauche qu'il avait fini par s'obliger à utiliser la droite en sa présence.

-Euh...oui.

Ce fut une réponse à peine audible qu'il fit du bout des lèvres s'attendant à une nouvelle remontrance. Comme rien n'arriva, il ajouta timidement.

-Sur un bateau c'est plus pratique de savoir se servir de ses deux mains...mais me battre je n'en sais rien, je n'aime pas ça je crois, j'ai très souvent perdu.

Pour ne pas dire tout le temps. Après ça il se replongea dans l'examen minutieux de sa gamelle à la recherche d'une hypothétique miette évitant de croiser le regard du coutilier. Si hier Barral s'était forcé à rester sur le terrain, Taidor s'apercevrait bien vite que le combat n'était pas une passion pour sa recrue, - du moins pour le moment, aussi avant qu'il ne le découvre dans une situation dangereuse le borgne avait préféré être honnête avec son supérieur sur ce point.

Quand le coutilier vient s'assoir sur le bord du lit tout proche de lui, Barral se serra instinctivement de l'autre côté. C'était de cette façon que tout avait commencer la première fois. Etait-ce vraiment ce que voulait faire Taidor ? Ce qui expliquerait ses regards nombreux en direction de la porte pour s'assurer qu'ils soient bien seul. L'homme était bien bati en plus. Barral aurait bien du mal à ne pas céder à une quelconque avance, vu son état il ne résisterait pas longtemps à la tentation de se faire du bien...

« Je ne peux te formazone, te former, ici. Le Maestro m'en voudrait. »

Entendre ses mots le soulagea quelque peu et il se détendit, presque heureux de sa méprise, bien que le coutilier lui répétait à nouveau qu'il ne lui montrerait rien dans cette pièce.

« Je peux te proposer de t'entreno avec moi, au port. J'ai une patrouille, à aller faire, je peux toujours t'emmener avec moi. Cela de conviendrait, pivello? »

Là Barral réagit comme un gosse. Il bondit sur Taidor l'entourant de ses bras avant de se rendre compte que sa réaction était complètement démesurée face à la proposition. Mais il était tellement content qu'il n'avait pas vraiment su quoi faire d'autre. Enfin il avait là une possibilité de ne pas garder la chambre une journée supplémentaire. Bien entendu cet élan de joie se solda par la chute bruyante de la gamelle en fer sur le sol, ce qui ne manquerait pas à coup sur d'attirer le maître des lieux.

-Euh...Excusez-moi pour enfin...

Barral ne savait plus vraiment où se mettre. La proposition de Taidor l'enchantait d'autant plus que l'endroit de la patrouille était un de ses quartiers préféré. Revoir les bateaux lui redonnerait un peu de courage pour la suite de sa formation.

-Je veux vous accompagner Monsieur.

Il ignorait encore ce qu'on attendait réellement de lui.

Après que Taïdor ai demandé des explications sur son maniements des armes à deux mains, l'albinos remarqua un certain froid dans la conversation. Cela fut bien pire lorsqu'il s'approcha de la recrue Barral. Mais pour autant, le jeune homme ne se posa pas plus de questions que cela. Cela devait déranger Barral de cette proximité avec son supérieur, il devait peut-être être intimidé. Pour autant, Taïdor, nullement gêné par cette proximité, et ne se posant pas plus de question que cela, continua la conversation.Essayant d'alléger l'atmosphère, il posa une main sur l'épaule de la jeune recrue et lui proposa de le suivre pour la patrouille. Il ne s'attendait toutefois pas à cette réaction excessive. Tel un enfant à qui l'on propose un cadeau, ou un bonbon en récompense, Barral sauta au cou du coutilier. L'ancien marin, plus vraiment habitué au contact humain, se crispa avant de reprendre son sérieux lorsque le jeune homme en face de lui se reconcentra sur la conversation, et s'excusa.

- Il n'y a pas de mal, pivello. Hum… N'en dis rien au Maestro. Je viendrais te chercher à mezzogiorno, hum… midi, après que tu ais mangé.

L'albinos se releva du lit, tapotant l'épaule du jeune homme. Il ramassa la gamelle et la posa sur un meuble à côté, la laissant là pour plus tard. Le Maître Galadur la remplierait lorsque l'heure viendrait. Ce vieille homme prenait soin des autres mieux que n'importe qui. Que ce soit pour soigner les blessures extérieur, comme intérieur. Et ça, Taïdor le savait mieux que personne.
Il se dirigea vers la sortie, pensant avoir fini la conversation, et laissant le jeune Barral se réjouir de sa journée seul, et de se préparer doucement au début de son entraînement. Mais le coutilier s'arrêta devant la porte, et se retourna, dirigeant son regard rouge vers le borgne.

- Tu retiendras, pivello, que le maniement des deux mains, est important, sur mer comme sur terre, au combat comme dans les manœuvre. J'étais capitano… enfin… j'étais marinaio, comme ti, pivello. Et revoir la mer nous fera du bien, je pense. Rendez-vous à mezzogiorno alors !

Le coutilier sortit en saluant le borgne d'un signe de la main.
Il devait s'occuper de ses propres soldats, déjà pour les préparer à la patrouille, mais également pour les entraîner, et pour les préparer à entraîner les nouvelles recrues. La majeur partie de sa troupe, comme il aimait l’appeler, était levé, et s'entraînait déjà. Certains de ses camarades le saluèrent à sa sortie de l'infirmerie, d'autres non. Taïdor se saisit d'une épée d'entraînement et se joignit à eux. Il s'entraîna une bonne heure, attendant que les recrues et le reste de ses soldats soient debout, en forme et prêt pour une belle journée bien pourri au milieu de cette ville tout aussi pourri… Dans tous les sens du terme d'ailleurs.
Après cela, il donna ses directives. Cinq de ses soldats resteraient à la caserne pour entraîner les recrues. Quatre d'entre eux resteraient avec lui pour aller en patrouille. Le reste auraient leur journée de libre pour aller faire la tournée des bars ou des bordels, probablement. Taïdor s'en fichait, tant qu'aucun de ses soldats ne mourraient, c'était bien la seule chose lui important. Leur dépense et leur activités ne regardaient que ses soldats.
Les premiers entraînements des recrues furent supervisés par le coutilier. Taïdor se tournait vers l’infirmerie plusieurs fois, non seulement pour surveiller pour que le soldat qu'il avait tabassé la veille ne revienne pas à l'assaut pour régler ses problèmes avec Barral, mais aussi pour guetter tout signe de remontrance de la part du Maître Garadul… On ne savait jamais, cet homme était plein de ressources pour faire parler les jeunots.
Les entraînements passèrent très vite, plus rapidement que ce que le coutilier ne pensait. Très vite, il dû rejoindre ses camarades dans le grand hall pour aller se restaurer. Puis, après ce fabuleux bouillon de poix, ils se préparèrent à la patrouille. Quand Taïdor fut prêt, et sans attendre ses camarades, il retourna à l'infirmerie.

Vérifiant rapidement que Maître Garadul n'était pas dans les parages, il entra. Il se présenta avant d'entrer. Et il trouva Barral prêt, habillé, tenant debout à côté de son lit, sa gamelle était vide… Et Maître Garadul était apparemment absent.

- Quand tu veux, pivello.

« N'en dis rien au Maestro. Je viendrais te chercher à … midi. »

Comme s'il avait l'habitude de cafarder mais ça Taidor ne pouvait pas le savoir. Il était évident qu'il devait tenir sa langue pour ne pas éveiller les soupçons du responsable de l'infirmerie s'il voulait accompagner le coutilier dans sa patrouille au port.

- C'est d'accord, à tout à l'heure.

Barral le regarda quitter la pièce en se rallongeant dans son lit. Alors que l'albinos allait franchir la porte il se retourna et dit quelques mots qui lui redonnèrent un petit peu de courage. Apprendre que savoir se servir de ses deux mains indifféremment était un atout lui remonta un peu le moral. Il comprit que même s'il avait d'énormes lacunes il devait tirer profit de ses propres qualités. Il se prit à rêver à se battre avec deux épées, mais ce n'était qu'un rêve, et il avait encore beaucoup de chemin à faire avant de maîtriser correctement une seule lame...
Quelques secondes plus tard il se rendormait le ventre plein. Maitre Galadur le trouva ainsi lover sous les couvertures deux heures plus tard. Prenant une chaise il s'installa à ses côtés. Dormir pour laisser le temps au corps de se remettre s'était bien, mais il ne fallait pas que le "petit" n'y prenne trop gout. Généralement on ne bénéficiait que de peu d'heures de sommeil. Il lui tapota doucement l'épaule.

- Ne me faites pas de mal.
" Doucement petit, n'aie pas peur, ce n'est que moi. Il faudrait songer à te réveiller. Je sais bien que je t'ai recommander une journée de repos complète mais quand même ! "
- Je me sens mieux.
" J'espère bien ! Aller enlève-moi donc cette chemise que je t'examine à nouveau. J'ai apporté un baume de ma fabrication qui devrait t'aider à aller mieux. "

Un bref soupire s'échappa de ses lèvres. Avait-il le choix ? Non. C'était dans son intérêt de se remettre rapidement. Pour ne pas prendre plus de retard sur sa formation. Et puis pour être prêt afin d'accompagner Taidor dans sa patrouille. Au moins il aurait une aperçu de ce qui l'attendait à l'avenir. Barral se prêta donc à l'examen attentif du vieux milicien, sans trop montrer de réticence quand il sentit la main de l'homme appliquer la crème par endroit.

- Alors?
" Ce n'est pas handicapant. Tu t'en tires plutot bien finalement. Ca restera un moment sensible et douloureux, mais rassure-toi tu ne vas pas en mourir. Je vois aussi que la nuit t'a été bénéfique. C'est bien que tu récupère assez vite. Tu t'apercevras bien vite que les missions sont plutot assez longue et pleine de rebondissement. Allez je t'autorise à prendre l'air dans la cour mais pas plus. Je te revois ce soir. Et demain matin je déciderais avec le coutilier si tu peux rejoindre l'entrainement. Ca te va? "
- Euh...oui...merci.

Barral ne le revit plus de la matinée jusqu'à ce qu'un peu avant midi il lui dépose sa ration avant de repartir vaquer à ses occupations. Le borgne se hâta d'avaler le contenu de sa gamelle sachant que Taidor viendrait le chercher dans peu de temps.

- Je suis prêt.

Fit-il tout sourire quand l'albinos entra à l'heure prévue dans l'infirmerie. Il avait enfilé son équipement de seconde main, glissé la main-gauche à sa ceinture ainsi que son couteau de marin. C'était vraiment la seule arme qu'il savait utilisé correctement pour l'instant. Les hommes de Taidor le fixèrent bizarrement. Leur regard allant de sa personne jusqu'au coutilier se demandant pourquoi ce bleu venait avec eux. A cet instant il aurait bien aimé passé inaperçu mais c'était déjà trop tard...Bien évidement il ressentait encore les courbatures de son combat de la veille mais il n'était pas là pour se plaindre, ni pour se faire traiter de geignard. Sagement il attendit que le coutilier fasse son brief, enfin il supposait qu'il devait y avoir une sorte d'explication de la mission avant de partir.

HRP:

Taïdor fut assez fier de voir la jeunot prêt à partir. L'albinos hocha simplement la tête avant de sortir, ne vérifiant pas vraiment si Barral le suivait. De plus, ils étaient assez pressé. Il ne fallait pas que Maître Galadur les surprennent, sinon Taïdor, comme son compagnon, allaient passé un sale quart d'heure dehors, devant l'infirmerie. Et ce n'était pas vraiment le moment que les hommes du coutilier voient leur officier autant dans l'embarras. Heureusement, le passage à l'infirmerie se passa sans encombre.
Les hommes qui participaient à la patrouille de l'après-midi étaient déjà présent, prêt, vêtu correctement pour la mission, l'arme à la ceinture, le regard froid. Aussi froid que possible et d'autant plus froid lorsqu'ils virent le jeunot accompagner leur coutilier, juste derrière. Taïdor ne se soucia même pas de ce qu'ils devaient penser. Et il ne se soucia pas non plus du comportement de Barral. Après tout, c'était à lui de trouver comment se faire entendre, comprendre, comment s'imposer. La milice était une meute où il y avait des Alpha, des forts, autant que des faibles. Et c'était au faibles de trouver comment devenir fort. Sinon, ils se faisaient très vite marcher dessus. L'albinos l'avait appris à ses dépend au près de ses supérieurs. C'est pour cela qu'il laissa ses hommes fusiller du regard Barral sans piper mot. L'ancien marin se contenta de se poser devant ses hommes, de les examiner tous un par un avant de passer au récapitulatif de la mission.

"Mission de patrouille à la Hanse et au Port. On va relever la patrouille actuel, signori. Pas de grabuge, on surveille juste. Mais si vous voyez un voleur ou un colporteur de cattive notizie, de mauvais augures, n'hésitez pas à le ramener à la caserne pour interrogatoire. Pas de violenza, sauf en dernier recours! Capire?!"

C'était bien le seul ordre qu'il essayait de faire en sorte de faire respecter. Pas de violence, sinon les prisonniers ne pouvaient, évidemment, plus parler. Certains de ses soldats ne lésinaient pas sur le passage à tabacs. Malheureusement, ils se vengeaient un peu trop, et un peu trop souvent, des injustice du monde sur de pauvre gens qui essayaient de gagner leur pitance, même si c'était au détriment de la loi. Mais la loi était également valable pour les soldats. L'albinos regarda légèrement Barral, essayant d'analyser sa réaction. Mais il n'eut pas vraiment le temps de comprendre l'expression du jeune homme, car Taïdor devait continuer.

"Soldato, nous nous rendons au port. Là-bas, nous nous séparerons. Quattro irons à la hanse. Les autres resteront avec moi au porto. Nous feront des rondes. Nous n'aurons la relève qu'au couché du soleil."

L'albinos attendit que chacun de ses hommes hochent la tête, comprenant qu'ils étaient prêt et qu'ils avaient bien reçu les instructions. Le coutilier passa alors devant ses hommes et donna l'ordre de partir. Une fois de plus, Taïdor ne se soucia pas de savoir si Barral suivait. Le jeunot devait se faire une place, mais seul. De plus, l'ancien marin savait très bien ce que cela faisait aux hommes de voir un bleu être soutenu par leur chef. Généralement, ils le prenaient très mal. Et le jeunot finissait par... avoir un baptême du feu définitif, ou très dur. Et Taïdor ne voulait pas de ce genre d'histoire dans son escouade. La jeunot allait avoir bien assez de travail avec ce que ce que l'ancien marin lui réservait. Autant le laisser se faire une place au sein de l'équipe tranquillement.
Les soldats marchaient tranquillement dans la rue principale menant au port. Les habitants les laissaient passer en les regardant, à moitié terrifié et respectueux, ou en baissant tout simplement les yeux. Peu de temps avant que le port ne soit en vue des soldats, Taïdor entendit l'un des plus anciens se mettre à bavarder avec le jeunot. Le coutilier ne sut si c'était le soldat qui se mit à bavarder avec Barral, ou si c'était ce dernier qui avait entamé la conversation. Le marin les laissa faire connaissance, un léger sourire aux lèvres. Finalement, l'albinos avait peut-être eut raison de laisser la jeune homme se débrouiller.

Puis, enfin, ils arrivèrent au port. la vue des mats et des voiles, le bruit des coques flottant sur l'eau turquoise, le grincement des pontons, évoqua des souvenirs douloureux à Taïdor. La mer l’appelait, mais il ne pouvait répondre à cet appel et cela l'attristait énormément. Le coutilier se retourna vers son équipe, fuyant la vue des quais, de l'eau et des bateaux. L'albinos lança un coup d'oeil à Barral, se demandant si lui aussi avait quelques hauts le cœur en voyant la mer. Taïdor savait que le jeunot avait passé quelques années sur des bateaux, mais il ne savait pas pour faire ou vivre quoi. Lui, avait été capitaine de son propre navire. Il devait être parmi les navires présent, d'ailleurs. Il avait voyagé à travers le monde, et ces voyages lui manquaient. Sa liberté lui manquait. Mais ça, personne ne pouvait le lire sur son visage.
Très vite, Taïdor ordonné à quatre de ses hommes, deux jeunes et deux vétérans, de se rendre à la Hanse pour y patrouiller. Les autres eurent pour ordre de faire des rondes sur le port et en particuliers près des tavernes. L'ancien marin savait d'expérience que des hommes pas très claire voire des homes totalement aviné, sortiraient de ces établissements. Et la milice avait également pour ordre de sermonner ce genre de personne... Qui passerait probablement une petite nuit au trou. Les hommes ne posèrent pas de question et partirent, laissant seul le jeunot avec l'albinos.

"Bon... Maintenant, je vais m'occuper de toi, Pivello. As-tu une arme?" lança Taïdor sans même introduire leur entrainement.

Barral se fraya un chemin parmi les hommes du coutilier. On lui reprochait clairement d'être parmi eux. Personne ne le disait vraiment mais leur comportement était clair. Le bleu qu'il était devait se faire tout petit et ne pas les gêner dans leur routine. Il comprit aussi que Taidor ne ferait rien pour lui, qu'il n'interviendrait pas pour dire à ses hommes d'avoir de bonnes dispositions envers lui. Il devait faire sa place, leur prouver qu'il avait son utilité au sein du groupe, et par delà dans la milice. Heureusement ce n'était pas quelqu'un qui en venait aux mains facilement, et il encaissa les petits coups d'épaules destiner à le déstabiliser sans protester, mais il resta à la place qu'il s'était choisi dans le milieu du groupe, et non à celle que les autres voulaient qu'il prenne, pour écouter les instructions avant de quitter la caserne.

Sa tenue dépareillée le désignait comme nouveau venu dans la milice. Il ne se sentait d'ailleurs pas très à son aise saucissonné de la sorte. Et si son visage n'était pas scindé par son cache-œil, il aurait presque pu paraître joyeux de se trouver là. Contraste étrange avec les mines fermées de ses nouveaux collègues. La vérité était ailleurs. Bien sur qu'i était content d'avoir été retenu, mais il ne laissait jamais trop ses émotions se peindre sur sa figure. Son œil marron était vif et attentif.

Chemin faisant vers le port, il se sentait l’âme légère à l'idée de passer l'après-midi à arpenter les quais qu'il connaissait si bien. Etre à quelques mètres de la mer sans pouvoir la chevaucher allait être pour lui une sacrée épreuve. Ses muscles le faisaient souffrir d'être à nouveau sollicité. C'était pour l'instant sa seule préoccupation : arriver à suivre le groupe. Il ne se plaignit pas du rythme. Il n'était pas là pour faire le geignard auquel cas il aurait mieux fait de rester dans son lit. Un des hommes, un ancien à en jugé sa peau couturé de cicatrices, commença alors à lui parler.

- L'coutilier ne se trompe rarement lorsqu'il choisit les recrues. T'a p'tre pas l'air d'un costaud mais tu semble avoir déjà vécu pas mal de chose.
- J'voulais vraiment m'enrôler...je ne voulais pas abandonner.
- T'apprendras sur le tas p'tit, observe et met en pratique, sinon les bestioles te boufferont.
- Alors celle qui le fera ça sera son dernier repas.
- Ne les prends pas à la légère...
- Je sais de quoi elles sont capables.

Barral avait répondu un peu sèchement à son aîné mais les fangeux il les avait vu à l'oeuvre alors il savait à quoi s'en tenir avec eux. C'était même sa principale source de motivation. La raison de son engagement dans la milice. La conversation s'orienta alors autour du nez cassé. Et une tape amicale termina la conversation, le milicien expérimenté quittant le groupe pour rejoindre les hommes qui partaient pour la Hanse.

Les autres membres du groupe s'éloignèrent suivant les consignes du coutilier. Et Barral se retrouva seul avec l'albinos et la mer. Est-qu'il avait une arme ? Bien sur. Il serait bien idiot de partir en patrouille sans prendre la peine de glisser une épée courte à sa ceinture. Ce n'était pas écrit sur son front qu'il ne savait pas s'en servir.

-Celle qu'on m'a donné avant de quitter la caserne monsieur.

Barral jeta des petits coups d'oeil autour d'eux. Taidor ne comptait tout de même pas lui apprendre au beau milieu du port ? Il n'aimait pas l'idée de se faire tourner en ridicule devant les gens, dont certains étaient encore des connaissances. A sa ceinture pendait aussi la main-gauche récupéré sur un cadavre et glisser dans son étui son couteau de marin.

- Sinon j'ai ça.

Le couteau à éviscérer avait jailli de sa ceinture dans sa main en une fraction de seconde. Forcément après des années de pratique, cette lame lui était très familière. Par souci de ne pas attirer l'attention il baissa sa main armée.

M'sieur je connais un coin où on sera un peu tranquille, des pontons abandonnés.

"Tu t'entraîneras sur toute les armes, prends celle que tu souhaite, pivello. Et sono d'accordo, nous devrions aller nous battre ailleurs." finit par dire Taïdor, calmement.

Ce n'est pas que le coutilier n'aimait guère la population et les grandes assemblées, ni qu'il ne souhaitait pas dévoiler ses bottes secrètes à d'autres combattants potentiellement présents sur le port, mais surtout que la vue de l'eau, de la mer et de se tendre amante azur lui faisait mal. Existait-il un mal de terre pour les marins? Car cela aurait probablement la maladie dont le pauvre coutilier aurait été atteint. Une maladie incurable sans son beau bateau qu'il ne pouvait même pas apercevoir sur le port. Où était-il? En lieu sûr, espérait-il. Ou les autorités de Marbrume - dont il faisait désormais parti - avaient-elles vendu sont bien le plus précieux au plus offrant pour acheter des vivres ou des armes... Taïdor grogna, sentant la colère apparaître au coin de son esprit à cet idée. Evidemment que non ils n'avaient pas vendu son bateau, mais il devait être à sec, au chaud, en attendant une époque meilleure.

Essayant de se sortir ses sombres idées de la tête, l'ancien marin aux yeux rouge suivi le jeunot dont il s'était donné pour mission de l'aider. De lui tendre la main, geste anodin mais que peu de personne savait faire. Pourtant, étranger et étrange, Taïdor était capable de ce genre de comportement promu et conseillé par cette foutu religion abstraite et ridicule. Évitant toutefois de ruminer, sachant pertinemment que cela avait été une mauvaise idée de se rendre sur ce port, Taïdor se concentra sur ses premiers conseils qu'il prodiguait à Barral. Il travailla tout d'abord la posture de combat, qui était terriblement rudimentaire pour ce pauvre jeune homme. Il n'avait donc jamais appris les bases? Enfin, si, il avait peut-être appris les bases, mais personne n'avait daigné lui apporter les connaissances nécessaire pour survivre face à des bandits... Ou à des Fangeux désormais.

"Tiens toi droit, pivello. Tu es un soldato, pas un clown. Tu dois toujours être prêt à lotta, à combattre ton ennemi. Il faut le surprendre."

Après un moment d'échauffement et de conseils pointilleux, Taïdor sortit son épée de son fourreau, et la tendit vers Barral pour le défier silencieusement. Le véritable entraînement venait de commencer. L'albinos ne comptait pas se faire plus gentil que la veille, ni plus doux, mais peut-être moins violent, moins sélectif. Le but de l'entraînement était d'apprendre, et non pas encore de tuer.

"Concentre toi, pivello, et ne quitte jamais ton adversaire des yeux. Pas comme hier! Souviens toi de tes errori, de tes fautes." termina d'expliquer le jeune coutilier.

Puis, silencieusement, l'albinos fit le tour de la recrus, tenant toujours son épée, attendant que le jeunot dégaine et soit prêt au combat. Cependant c'est au moment que choisit Barral pour se saisir de son arme que Taïdor lui fonça dessus et lui donna un coup d'épaule violent dans le but de lui couper la respiration et qu'il lâche son arme. Le combat venait de commencer.

HRP:

Barral avait conduit le coutilier dans un lieu qu'il savait désert. Du moins où ils ne seraient pas dérangés par la foule. L'endroit ne payait pas de mine, c'était de très vieux pontons aux planches à moitié rongées par le sel, il en manquait même quelques unes par endroit. Parfait pour se livrer à un petit entrainement discret et privé. Et ça le borgne en était bien conscient d'être un privilégié. Bien peu se serait soucié de lui apprendre de cette façon.

- Toutes ? Si j'arrive à me servir d'une épée sans embrocher mon voisin je serais déjà content.

Non pas qu'il ne désirait pas apprendre, loin de là, mais maîtriser parfaitement une arme serait déjà pour lui un véritable exploit. Il aurait tout le temps ensuite de parfaire le maniement d'autres armes.

Barral essayait de reproduire les poses de Taidor ou d'exécuter les positions qu'il lui demandait. Ce n'était clairement pas naturel pour lui. On aurait dit un patin désarticulé. Il gardait encore cette vieille habitude de jambes fléchis pour compenser les mouvements du bateau.

- J'essaie...c'est vraiment ce que j'essaie de faire...

Rouspéta-t-il alors qu'une fois de plus il tentait de singer l'albinos. Il ne comprenait pas l'utilité de se tenir bien droit. Pour l'instant sa taille était un handicap. Au bout de plusieurs minutes à s’exercer le borgne était en nage. Son rude combat de la veille se rappelait à lui. Cependant il n'était pas là pour se plaindre. Il avait bien conscience qu'il ne lui serait pas donné une nouvelle opportunité d'avoir un entrainement particulier ! Alors il s'efforçait de mettre en pratique les conseils et de bien les mémoriser.

La lame de Taidor se retrouva sous son nez le menaçant. Barral n'avait rien vu venir. Et la première réaction, instinctive, de son corps fut la panique. Fuir cette lame. Ce danger le plus rapidement possible.

"Concentre toi, pivello, et ne quitte jamais ton adversaire des yeux. Pas comme hier!"

La voix du coutilier lui rappela qu'il était là pour passer outre ses craintes. Il devait se faire violence pour ne pas prendre ses jambes à son cou et faire face à la menace de l'acier. Il pouvait le faire. Il devait le faire. Sans ça il ne serait jamais capable de tuer un Fangeux. Il inspira profondément et alors qu'il s'apprêtait à tirer à son tour sa courte épée il reçu un coup d'épaule qui le fit chanceler.

Le coup était d'une bassesse sans nom. Une tentative pour le déstabiliser et le mettre à nouveau dans une mauvais position. Il ne pouvait pas se laisser faire. Le regard plein de rage qu'il leva sur Taidor en disait long sur ses intentions. Ni il ne tomba ni il ne lâcha son arme. Sa main libre se posa cependant sur le ponton et dans le même mouvement il envoya sa jambe crocheter celle de son instructeur pour le faire tomber à l'eau. "Tu dois toujours être prêt à lotta, à combattre ton ennemi. Il faut le surprendre." Cette phrase n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd.

- Comme ça?

Taïdor faillit se faire avoir, n'ayant pas vue la colère et la rage du jeune homme surgir d'en bas. Il faillit trébucher et tomber à l'eau. Mais l'habitude des combats contre des bandits et des pirates se réveilla chez l'ancien marin, se redressant d'une pirouette gracile, peut-être trop souple pour son armure qui le gêna. Heureusement que les matelots ne portaient pas ce genre de choses en mer, sinon ils seraient mort bien trop vite et en trop grand nombre ! Mais face à des Fangeux, il était nécessaire de porter cette carcasse, ce poids, pour survivre aux griffes acérées de ces monstres.
L'albinos se redressa, faisant à nouveau face au jeunot qui semblait bien échauffé. Cet entraînement risquait de devenir plus intéressant que ce que le coutilier espérait.

"Bien joué, pivello. Tu as acquis la première lezione, leçon." félicita Taïdor avant de foncer de nouveau vers Barral.

Pour se venger, le coup du coutilier vint du dessous. Un coup rapide, puissant et qui aurait pu faire des dégâts s'il avait atteint sa cible. Mais le jeune Barral sembla avoir bien observé et anticiper les gestes de Taïdor. Le jeunot n'était pas démuni, il avait des bases, il avait des capacités. Mais il fallait qu'il apprenne à se servir de ses capacités comme des outils de travail et non comme des armes de guerre comme la veille... Sinon il se ferait très vite tué. Ce n'était pas uniquement un art aux yeux du coutilier, mais véritablement ce qui allait l'aider à survivre en ce monde de fou... Et en particuliers dans cette cité de tarés! Voilà pourquoi Taïdor prenait cet entraînement très au sérieux. Comme son père avant lui, il entraînait les bleus.
Avant que Barral puisse décocher une riposte, l'albinos le frappa au visage avec le poing serré et se hâta de frapper à nouveau avec un épée, visant cette fois les côtes.

"Le temps est un demone, si tu es trop lent, il te le fera payer cher." gronda Taïdor avant d’asséner son coup, s'attendant à frapper Barral de plein fouet du plat de son épée.

Oh, le bel homme avait bien conscience qu'il pouvait blesser, voire aggraver les ecchymoses de Barral, et que le Maître Guérisseur le lui ferait payé cher, très cher... Mais Taïdor avait également pleinement conscience du danger à l'extérieur des remparts, pour le peu de fois où il y était allé, et pour toutes les histoires dont lui faisait part ses camarades. Et puis, le bel albinos se sentait en partie responsable du jeunot, ayant plus ou moins convaincu ses supérieur de le prendre dans la milice... Mais à quoi pouvait bien servir un soldat non formé et qui crèverait comme une loque dés le premier combat? Pas à grand chose à vrai dire.

Jusqu'à l'ultime seconde où le coutilier fit une pirouette pour récupérer son équilibre et s'éviter un bain forcé, Barral crut qu'il allait réussir à déstabiliser son instructeur. Et s'il eut la satisfaction d'entendre l'albinos lui dire qu'il avait assimiler la première leçon, il n'en resta pas moins sur ses gardes se demandant ce que son supérieur avait prévu pour la suite. Pour le moment il se sentait bien, les douleurs de la veille ne semblaient être qu'un mauvais souvenir. Il était également trop tard pour revenir en arrière. A lui de prouver à Taïdor qu'il était capable d'apprendre et de retenir les techniques de bases du combat à l'épée. Sa survie en dépendait.

Barral avait bien fait de ne pas crier victoire trop tôt. Le coup du coutilier fendit l'air et ne toucha pas sa cible mais le borgne sentit le souffle l'effleurer. Par réflexe il avait bondit légèrement en retrait pour l'éviter mais ce ne fut pas suffisant. Il n'était pas encore assez rapide comme le lui fit remarquer Taidor. L’enchaînement de coup fit mouche à chaque fois et si il mit pas un genou à terre ce fut uniquement à cause de sa volonté parce qu'il ne voulait pas abandonner, même si la volée assénée réveilla ses meurtrissures de la veille.

"Le temps est un demone, si tu es trop lent, il te le fera payer cher."

C'était facile à dire ça ! Barral comprenait l’intérêt de se montrer rapide, c'était vital, mais il y avait encore trop de paramètre à prendre en compte. Bouger son arme correctement pour bien parer ou asséner un coup qui fasse mouche. Bouger ses jambes pour que son corps suive le mouvement initié. Tout cela était encore une mécanique assez complexe pour le novice qu'il était qui lui demandait un effort de réflexion intense. Et donc fatalement qui ralentissait la moindre de ses actions.

- Comment devenir plus rapide ?

Fit le borgne alors qu'il tentait lamentablement de parer le coup au ventre du coutilier sans vraiment savoir ce que l'homme ferait ensuite. Son esprit sentait le danger venir et il réagissait comme si sa vie en dépendait avec l'objectif simplement de rester en vie peu importe les conséquences oubliant qu'il se trouvait sur un ponton étroit et vieux. De fait il se trouvait très proche du bord. Il savait pourtant qu'il devait répliquer à cette attaque mais il ignorait encore quoi faire réellement pour mettre à nouveau en danger Taidor. Et surtout il devait se faire violence pour ne pas se contenter juste d'attendre que l'orage passe comme il le faisait habituellement.

HRP:

L'équilibre, la réflexion et la confiance en soi... lui chuchotait son père lorsqu'il lui apprenait, sur le pont de leur navire, à combattre les pirates. C'était les trois règles du combat en mer, et Taïdor les retenait, se les répétant en boucle lors des entraînements, lors des combats en pleine rue, et même lorsqu'il regardait simplement les navires flottant dans le port. C'était une sorte de mélodie qui tournait dans son esprit, cherchant à l'hypnotiser, et à l'emporter, loin. Et cela se réalisait uniquement lors de ses combats les plus intenses. Mais ici, il devait rester d'une clarté d'esprit absolue. Évitant de blesser le jeunot, tout d'abord, mais également pour lui transmettre ce que son défunt père avait eu tant de mal à lui donner.

"La rapidita, pivello? C'est ta force qui te la donne. Mais surtout..." Le coutilier vint tapoter du plat de son arme le front du jeune homme. "Surtout, c'est la testa qu'il faut utiliser pivello! Plus tu pensera vite à tes gestes, plus ton istinto, ton instinct, te guidera rapidement vers la mort de ton adversaire!"

Puis, tournoyant comme une danseuse, l'ancien marin fit volte-face et projeta le plat de son arme vers l'un des genoux de Barral. Le but n'était pas de le faire tomber, ni de le déséquilibrer. Mais uniquement de le blesser, de lui faire mal, pour qu'il se plie en deux et alors, Taïdor le ferait tomber sur le sol d'un coup sur les épaules ou dans le dos.
Toutefois, l'homme en arme prenait son temps pour frapper et n'était évidemment pas aussi rapide qu'à la sélection de la veille. Mais il restait assez agile pour surprendre le petit jeunot. Evidemment, le coutilier espérait que ce dernier réagirait à ses paroles et à ses gestes. Il voulait prouver à son sergent que ses choix étaient bons, qu'il avait eu raison d'engager Barral, et de forcer un peu la main à son supérieur. Alors Taïdor espérait alors que le coup aller frapper.

"Il faut toujours regarder autour de soi, pivello. L'observation est un strumento, un instrument, très important en combat!" rugit le combattant juste avant que l'épée n'aille frapper la recrue. "Il faut toujours regarder son adversaire dans les yeux... C'est eux qui t'indiqueront les intentions de ton nemico, de ton ennemi."

Barral écoutait l'albinos. Pour lui c'était du sorcier. Ce n'était pas vraiment très clair dans sa tête. Il avait déjà du mal à parer les coups du coutilier parce qu'il n'avait tout simplement pas l'habitude de tenir une épée en main. Et forcément ses mouvements, même s'il essayait de copier le peu qu'il avait vu, restaient assez brouillon et bien trop prévisible pour un homme d'expérience comme l'était Taïdor. Mais ne devrait-il pas au contraire essayer de trouver son propre style ? Pour l'heure il était encore bien trop novice en la matière il avait besoin d'apprendre.

- Mais je ne fais que ça, utiliser ma tête...grogna-t-il de dépit.

Et pour cause. Il utilisait certes sa tête, mais c'était pour se souvenir des mouvements et non pour prévoir une attaque en fonction des déplacements de Taïdor. Pour le moment il était aveugle. Incapable de prévoir la moindre contre-attaque pour tenter de le repousser. La douleur irradia le long de sa jambe lorsque la lame le toucha au genou. Le brun serra les dents. La fatigue due aux efforts consentis la veille commençait à se faire sentir. Mais il ne voulait pas abandonner une fois de plus. Il n'en était pas question. Ce n'était pas son genre. En pleine tempête il s'était toujours démené pour exécuter les ordres du capitaine. Il n'y avait pas de raison qu'il en soit autrement ici.

Seulement un autre facteur bien humain entrait en jeu : la peur. Et le borgne avait peur. Peur de mal faire. Peur de blesser son partenaire qui était son supérieur. S'il voulait pouvoir se battre contre la Fange il allait devoir passer outre sa peur. Se servir d'elle et non faire comme si elle n'existait pas. Son instructeur particulier lui donnait d'autres conseils. Regarder et observer son environnement. Ça ce n'était pas difficile. C'était même quelque chose qu'il faisait souvent en mer notamment. C'est ainsi qu'il vit fondre la lame de taidor vers lui prête à le frapper plus rudement encore.

- Vous ne me toucherez pas cette fois !

Triomphant il fit en bond en arrière pour éviter l'épée malgré sa douleur au genou. Le saut l'amenait hors de la largeur du quai. Cette fois il n'échapperait pas à la baignade. Mais le borgne l'avait fait en toute connaissance de cause. Et au dernier moment, tout en fixant Taîdor du regard, il agrippa de sa main libre le bras du coutilier.