Dans la force de l'âge [Hector- Xandra]

Ce fut la lumière du jour filtrant à travers les volets de bois, qui tira Xandra de son sommeil. La rousse avait d’abord enfoui un peu plus son visage dans le creux de l’épaule dénudé du Capitaine cherchant vainement à échapper au réveil, avant de finalement se décider à lentement ouvrir les yeux. Depuis leur petite excursion dans les marais, il lui arrivait de plus en plus souvent de venir passer quelques heures à ses côtés.

En l'occurrence, si la jeune femme était ici à l’aube c’était parce qu’elle avait préféré que ce soit le mercenaire qui lui lise la missive du baron de Sombrebois, plutôt qu’un supérieur de la caserne. Cette dernière, arrivée quelques jours plus tôt, était brève, se contentant de rappeler à Xandra qu’elle était la bienvenue, qu’il se portait comme un charme et que son anniversaire arrivait à grand pas !

En s’arrachant doucement au contact de l’homme, non sans avoir déposé un baiser au creux de sa nuque, la rousse s’était levé aussi discrètement que possible pour s’habiller. Elle était bien décidé à arriver avant midi à Sombrebois, avec un présent, puisque c’était le grand jour. Xandra sursauta en entendant la voix rauque du Capitaine.

Je t’accompagne.

La rouquine s’était retourné vers lui, surprise et satisfaite, pour le voir s’extirper des draps à son tour. Xandra commençait à le connaitre et elle n’avait pas posé de questions, la réponse qui trottait dans sa tête alors qu’ils quittaient la cité à cheval n’avait pas tardé à arriver. Les deux hommes se connaissaient. Parfait, Xandra pourrait interroger le baron, un sujet de conversation intéressant et tout trouvé !

Heureusement pour elle, qui avait passé la moitié de sa solde dans l’achat du cadeau d’Hector, ce fut le Capitaine qui s’occupa de leurs fournir les deux bêtes, placides, qui achevaient de les conduire jusqu’au coeur des terres du noble. La forêt dense se clairsema de plus en plus, laissant apparaître le château de pierres grises des Sombrebois.

Les deux amants mirent bientôt pieds à terre devant les grandes portes. Presque aussitôt, à la surprise de la rousse, Hector en personne leur ouvrit les lourdes portes, les invitants à le rejoindre à l'intérieur. Le Capitaine salua poliment et après un dernier regard à Xandra, avait disparu avec leurs montures, jusqu'à l'écurie que lui avait indiqué Hector, la laissant seule, son cadeau dans les mains, entrer dans le cœur de la résidence avec le noble, qu’elle était heureuse de revoir. Elle espérait de tout cœur le faire sourire en ce jour particulier.

Hector avait écrit une lettre à Xandra pour lui demander quelques nouvelles et lui parler de choses et d'autres. Il lui avait raconté sa vie, ici, à Sombrebois et c'est vrai qu'il avait également mentionné son anniversaire à venir ; pour parler du temps qui passe, simplement. Il ne s'attendait pas le moins du monde à une visite ce jour là ! D'ailleurs, en se levant, il n'avait pas du tout en tête que c'était son anniversaire. Il avait petit-déjeuné et avait été à la chasse pendant que Lily s'occupait du potager. Une journée qui ressemblait à toutes les autres, en fait.

Il était rentré de la chasse avec un sanglier sur le dos de Gris-Poil. Il était content. Ce n'était pas une prise si facile et grâce à ça, ils auraient à manger pour quelques jours. Il pourrait même faire des saucissons, pâtés et autres charcuteries ! Il commençait à donner quelques directives à sa domestique quant à la préparation de la bête lorsqu'on frappa à la porte.

- Bons dieux d'bois, qu'est-ce que c'est ?! S'était-il exclamé.

Lily semblait apeurée. Hector se rendit dans le hall pour prendre sa hache et ouvrir le petit loquet qui permettait de voir à travers l'épaisse couche de bois et de fer dont était faite la porte de fort. Etait-ce des rôdeurs ? Des bannis ? Des fangeux ?

- Xandra !

Hector n'avait pu dissimuler sa joie en apercevant l'harmonieux et souriant visage de son amie milicienne devant le château. Avec empressement il défit le verrou et poussa la porte.

- Recule-toi Xandra !

La porte avait été monté "à l'envers" pour des raisons de sécurité : le fangeux étant relativement bêtes et surtout très agressifs, ils avaient tendance à essayer d'enfoncer les portes plutôt que les tirer. Et donc, avec une porte qu'il fallait tirer de l'extérieur, il y avait bien moins de chance que ces maudits revenants puissent pénétrer le fort.

A la surprise d'Hector, Xandra était accompagnée du Capitaine, une de ses vieilles connaissances ; pas un ami à proprement parler mais un homme en qui il avait confiance et avec qui il avait vécu quelques mémorables aventures. Hector lui offrit une belle accolade et appela sa domestique. Il la présenta aux deux marbrumeux et lui demanda de s'occuper de leur cheval avant de retourner préparer le sanglier. Étonnamment, Capitaine décida d'aider Lily pour ces tâches, laissant Xandra avec le propriétaire des lieux. Ce dernier laissa la porte ouverte pour profiter, dans le château, de la belle lumière du jour et pour permettre aux deux partants de pouvoir revenir quand bon leur semblerait.

- Ça alors quelle surprise, madame X ! Commença le baron en menant sa visiteuse dans le hall. Et avec le Capitaine, en plus !? Quel bon vent vous amène ? Vous vouliez enfin voir le beau pays de Sombrebois ?

Il ouvrit la porte de la cuisine et y prit une bouteille de vin rouge et quatre gobelets de bois.

- Vous avez fait bon voyage ? Un p'tit coup pour te remettre ?

Et il remplit les quatre godets avant d'en tendre un à sa chère amie et de prendre le sien. Il savait bien que Xandra aimait le vin rouge... et celui-ci était particulièrement bon ! Il laissa les deux autres gobelets sur la table, pensant que Lily et Capitaine ne tarderaient sans doute pas à venir s'occuper du sanglier dans la cuisine. Il affichait un large sourire et s'apprêtait à trinquer à ces belles retrouvailles mais la milicienne semblait vouloir dire quelque chose...

Xandra avait écouté les présentations assez passivement, passablement gênée par la situation à présent qu’elle réalisait qu’elle était venus ici, sans s’annoncer, avec un cadeau hors de prix et...Le Capitaine. Elle avait dévisagé Lily un long moment, sans animosité, avec cette simple curiosité, celle qui était commune entre les femmes, un vague sourire aux lèvres.

Puis, la voix d’Hector et son attitude joviale l’avait détourné de sa domestique et du mercenaire. Un franc sourire, cette fois, égaya son visage. Madame X ? Une manière plutôt habile de garder le vouvoiement et la distance de rigueur avec la familiarité qui s’était installée dans leur relation par l’emploi de la première lettre de son prénom. Malin le baron !

La rouquine lui emboîtait le pas, observant les lieux avec intérêt.

- Le Capitaine est là parce que…

Parce qu’il en a envie ? C’était une très bonne question. Elle aurait aimé avoir une réponse fiable.

- C’est à lui que j’ai demandé de lire votre missive.

C'est tellement logique Xandra... Change de sujet !

- A vrai dire, je ne suis pas ici pour Sombrebois, du moins ce n’est pas la raison première, mais je serais ravis que vous nous fassiez faire le tour du propriétaire. C’est plutôt, le côté particulier de ce jour qui m’a fait venir jusqu’à vous.

Xandra lui fit un clin d’oeil en le dépassant, sur son invitation, pour entrer dans la pièce. La jeune femme le regarda servir à boire pour quatre. Le voyage n’avait été ni long ni éprouvant mais la milicienne était contente d’avoir l’occasion de se désaltérer, sans avoir à le demander. Parce qu’il semblait ne pas y avoir de domestiques, n’y avoir pour ainsi dire personne à part la rouquine qui se trouvait en compagnie du mercenaire.

- Vous avez fait bon voyage ? Un p'tit coup pour te remettre ?

- Je n’aurais pas osé vous le demander, merci Hector. Oh oui, ça c’est très bien passé, pas de...mauvaises rencontres.

Qu’on le veuille ou non, on en revenait toujours à parler de “ça”. Xandra se disait qu’il était grand tant de lui faire connaître, officiellement, même s’il s’en doutait très certainement, la raison de sa venue et lui offrir son présent. Est-ce que c’était une erreur ? Est-ce que ça lui ferait plaisir ou au contraire, aurait-elle dû s’abstenir ? Le Baron sembla s'apercevoir qu’elle était en pleine réflexion puisqu’il cessa de parler et figea son geste.

- Hector, je vous souhaite un bon anniversaire, voilà, c’est..pour vous. Ce n’est pas grand chose mais j’espère que ça vous plaira.

Elle s’était creusé la tête pour trouver quelque chose dont il aurait l’utilité et qui ne soit pas trop ridicule, qui ne soit pas trop impersonnel ou l’inverse. Aussi, un coffret de calligraphie ouvragé avait fini par l’emporter. Un peu mal à l’aise, la jeune femme scrutait le visage du Baron, espérant y lire autre chose que de la gêne ou de la déception.

L'explication de Xandra quant à la présence du Capitaine à ses cotés était pour le moins confuse. La milicienne semblait même gênée d'en parler. Il y avait sans doute anguille sous roche entre ces deux membres de la milice et cela fit sourire Hector.

- Ne sois pas gênée... Le Capitaine est un homme bien. Je suis sûr qu'il s'occupera bien de toi... même si je sais que tu n'as pas vraiment besoin d'aide pour survivre en ce bas monde !

Mais lorsque son amie lui expliqua la raison de sa présence ici, là, le baron faillit défaillir !

- Mais c'est trop ! Il ne fallait pas... Mon anniversaire ! Ah ah ! J'avais totalement oublié que c'était aujourd'hui ! Merci beaucoup Xandra !

Il posa son godet, prit la boite de bois que lui tendait Xandra et l'ouvrit. Il s'agissait d'un coffret qui contenait tout un nécessaire de calligraphie ! Pour un homme comme Hector qui aimait écrire, c'était un cadeau formidable... Mais elle avait du payer ça une fortune par rapport à son maigre salaire. Le baron en était tout ému. Il avait peine à se garder de verser une petite larme. Il posa le coffret sur la table et sourit à sa chère amie.

- C'est une excellente idée, Xandra ! Cela me fait grand plaisir !

Enfin il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Le verre que tenait Xandra se renversa en partie sur les bottes du baron mais ce n'était guère important, Hector était heureux.

- Tu n'aurais pas du... Tu as du te ruiner ! Lui chuchota-t-il à l'oreille.

Mais une drôle de sensation changea en un clin d'oeil l'athmosphère amical de l'instant ; une sensation de froid, une sensation de danger : des pas à peine audibles derrière les deux amis et une lame fine et fraîche qui les séparait au niveau du gosier.

- Allez les amoureux, la fête est finie. On s'écarte et on reste calme.

Un homme, venu de l'ombre, masqué et habillé d'un pantalon de toile marron, de bottes légères et d'une chemise beige avait, d'un bras, pris Xandra par la taille tandis que son autre main tenait un long couteau contre le cou de la jolie rousse. Il la tira en arrière et Hector hésita une seconde à l'attaquer aussitôt. Seulement, le baron ne portait aucune arme et il n'était absolument pas prêt à cet assaut. Aussi laissa-t-il l'homme faire deux pas en arrière avec la milicienne sous son joug.

- Donnez-moi votre or et je vous rendrais la fille...|/b]

L'homme savait ce qu'il voulait et n'y allait pas par quatre chemins. C'était une qualité qu'Hector appréciait... en général. Mais là, chez un ennemi, alors que le salut de son camp pouvait passer par l'arrivée du Capitaine, ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle. Jouer la montre en espérant que le Capitaine surprenne à son tour le bandit semblait une bonne idée. Mais là, s'il devait aller chercher son trésor, il allait devoir descendre à la cave, là où jamais Lily n'aurait l'idée d'aller les chercher...

- Et bien, cher monsieur, je crois plutôt que nous devrions prendre le t...
[b]- Ta gueule ! Dépêche-toi ou je la saigne ! Cracha nerveusement l'homme masqué.

La lame trembla contre la peau de la milicienne et Hector leva une main en signe de compréhension.

- D'accord, d'accord, allons-y...

Il marcha, donc, ouvrant la route, vers la porte d'entrée du château (qu'il avait laissé ouvert pour Lily et Capitaine... mais qui avait finalement servi à ce rôdeur)...

- Où tu vas là ?!
- C'est... à la cave

...et prit le petit escalier de pierre qui descendait vers le sous-sol. L'homme lui commanda d'allumer un chandelier. Hector le fit et la grande cave voûtée en pierres rouges s'illumina. L'atmosphère chaleureuse et accueillante qui y régnait habituellement était absente. Les vivres, soigneusement alignés dans le première coin de la cave ne donnaient pas faim à Hector et, lorsqu'il passa devant ses bouteilles, il eut juste envie d'en écraser une sur la tête de l'intrus. Evidemment il ne le fit pas. Au contraire, il continua sagement jusqu'à la petite porte métallique tout au fond de la cave.

- C'est par ici... Fit le baron d'une voix dépitée.

- Ne sois pas gênée... Le Capitaine est un homme bien. Je suis sûr qu'il s'occupera bien de toi... même si je sais que tu n'as pas vraiment besoin d'aide pour survivre en ce bas monde !

- Ah non, non non non !

Un petit ricanement avait accompagné cette répartie absolument inimitable, un mélange de fausses idées et de regret peut être, d’envie. Beaucoup de choses dans si peu de chose. La rouquine avait fixé le baron avec un grand sérieux avant de finalement ajouter :

- Je continue à m’occuper de moi. Quant au fait que je n’ai pas besoin d’aide, je ne saurais plus l’affirmer avec certitude...

Son regard s’était tourné vers la porte par laquelle surement, le mercenaire entrerait sous peu avec Lily. Puis, comme si de rien n’était, Xandra avait donc offert son cadeau au baron, sa réaction l’avait à la fois rassurée et contentée.

- Au contraire ! C’est important, surtout...à présent que tout peut arriver.

Est ce qu’elle arriverait à son âge, à celui du Capitaine ? Elle n’avait plus rien ajouté, se contentant de sourire à Hector. Il lui semblait sincère, elle avait vu juste et s’en félicitait. Il lui arrivait de penser à lui parfois, en toute amitié et Xandra se disait que ce serait à présent réciproque à chaque fois qu’il devrait coucher de l’encre sur un parchemin. C’est donc sans pudeur, sans réfléchir, loin des regards, loin des limites du sang que la rouquine avait répondu à son étreinte.

- Votre sourire le valait bien !

Ca, pour être tout à fait honnête avec elle même, la milicienne n’en était pas tout à fait sûre, mais ce n’était qu’une fois par….Xandra n’eut guère le temps de poursuivre sa réflexion toute simple, de penser aux jours difficiles à venir en attendant sa solde, car comme une mauvaise blague pour équilibrer les richesses, comme un petit rappel à l’ordre divin, un contact froid sur sa gorge qu’elle connaissait parfaitement avait coupé court à toute capacité de réflexion cohérente.

- Allez les amoureux, la fête est finie. On s'écarte et on reste calme.

Le contact de l’homme lui avait immédiatement fait penser à Angelo et un frisson lui parcouru l’échine. Comment avait-elle put se montrer aussi peu alerte ? Xandra s’insulta intérieurement, un moyen comme un autre d’oublier qu’un type pouvait lui trancher le larynx à tout instant. Autrefois et même si ce n’était pas très malin, elle aurait probablement tenté quelque chose, là, tout de suite, sans trop réfléchir. Le fait est qu’à présent, elle avait ce sentiment d’avoir des choses à perdre, peut être même d’être regretté si elle y passait. Alors, comme la baron gardait son calme, la rouquine s’efforça d’en faire de même. Mais l’idée que son agresseur n’était peut être pas seul et que Lily et le Capitaine pouvaient être dans de sales draps eux aussi ne l’aidait pas. Son regard pâle chercha celui baron.

- Ta gueule ! Dépêche-toi ou je la saigne !

Il n’avait pas vraiment envie de plaisanter. Xandra sentit une goutte de sang glisser le long de son cou et un vague gémissement de douleur se mêla à la voix menaçante et un peu étouffé par le tissus, qui couvrait le visage, de l’homme dans son dos. Ses pensées se battaient joyeusement dans son esprit. Elle venait de dépenser presque tout son argent pour lui et il tentait de négocier ? Ah moins que...Il comptait sur Le Capitaine, essayait de gagner du temps. Xandra aurait bien pris la peine de son vouloir d’avoir penser ce qu’elle avait pensé, mais était à présent trop occupé à espérer, elle aussi, un salut qui n’arriva pas. Ne faisait qu’augmenter ses craintes quant à leurs propre situation...

- D'accord, d'accord, allons-y...

Comme une poupée entre les mains d’un enfant exigeant, la rouquine se laissa mener durement jusqu’à la cave du Baron, ou se trouvait, vraisemblablement, s’il n’avait pas mentit pour gagner encore un peu plus de temps, tout son argent. Xandra avait beau tendre l’oreille elle n’entendit aucun bruit de pas, ne perçut aucun mouvement furtif derrière eux. Ils étaient seuls. Alors elle se mit à gamberger d’avantage, à toute allure, parce que si la baron avait mentit, la rouquine n’avait guère envie de finir saigné à la cave.

- C'est par ici..

C’est le moment que choisit la rousse pour lancer un regard entendu au baron et de lui désigner discrètement les dagues sagement rangées à sa ceinture avant de tapper du pied dans une bouteille. Profitant du bref instant de surprise, Xandra avait écrasé le pied du voleur de toute ses forces avec son talon, glissant sa main entre le couteau et sa gorge. La suite…
Restait à prier pour qu’il la lâche et qu’elle se défende seule, ou à défaut que le baron profite de la confusion pour se saisir de ses lames et équilibrer un peu les forces en présence.

La rousse voulait à tout prix avoir réponse à cette question qui la taraudait, est-ce qu’il était seul ? Elle-ce qu'il, bon est-ce qu'ils étaient en danger ? Elle espérait de tout cœur se tirer de ce mauvais pas, encore plus que les deux "cuisiniers" soient en sécurité...

Xandra était silencieuse et nerveuse. Et Hector comprenait cela : lui-même, qui n'avait pas encore perdu la moindre de goutte de sang, n'était pas au mieux. En sortant son gros trousseau de clefs de sa poche, il avisa sa jeune amie milicienne. Elle le regardait... et regardait les dagues à sa ceinture ! Elle voulait... elle voulait visiblement tenter quelque chose ! Hector aurait préféré donner son argent plutôt que de risquer la vie de son amie. En plus, il tenait dans sa main gauche le chandelier et dans la droite ses clefs ! Que pouvait-il bien faire ?! Il tenta bien, en fronçant les sourcils de lui dire "Non, ne fait pas ça !" mais cela semblait peine perdue. Il se tint donc prêt à aider l'inconsciente si elle se lançait dans une quelconque action offensive.

Et cette action ne tarda pas à arriver ! La jeune femme au charme automnal mit un coup de pied dans un château Duclos qui traînait par terre depuis qu'Hector l'avait sélectionné comme le vin à déguster pour la prochaine grande occasion - qui aurait pu être la visite de sa chère Xandra ! Malheureusement, le plaisir de cette dégustation revint aux tomettes de la cave du château. Reportant le versement d'une larme à plus tard, Hector laissa tomber son trousseau par terre et se jeta sur le couple qui lui faisait face. Xandra avait écrasé le pied de son adversaire avec son talon et l'homme avait, par un malheureux réflexe, lâché son couteau en réaction à la douleur qu'il avait instantanément ressenti. Son cri de douleur fut le signal. Le baron se précipita pour ramasser le couteau avec sa main droite tout en essayant de garder son chandelier dans sa main gauche... tandis que Xandra s'écartait du vilain.

- Argh !!! Fit l'homme, dépité en voyant avec quelle maestria le baron avait réussi à s'emparer de son arme en ne faisant tomber que 3 des 5 bougies du chandelier.

En un instant le rapport de force venait de s'inverser. Dans son élan, Hector avait même repoussé l'homme contre le rayonnage des grands crus qui chancela un instant dans un tintement de bouteilles des plus anxiogène pour leur propriétaire. L'homme masqué tomba sur les fesses. Hector pointa sa lame dans sa direction en attendant que Xandra se remette de ses émotions et s'arme à son tour.

- Bien joué Xandra ! Il se tourna vers l'homme à terre. Tout est fini maintenant. Tout est fini pour toi...

Mais le baron n'avait pas vraiment envie de tuer le cambrioleur. Pour autant, le laisser repartir comme ça ne lui semblait pas non plus être une solution satisfaisante. Alors que faire ? Hector regarda Xandra.

- Ça va ?

Une manière de gagner un peu de temps de réflexion... et peut-être que les beaux yeux de la rousse lui fourniraient quelque inspiration au sujet du sort à offrir à ce bougre de voleur masqué.

Masqué ?!

- Et enlève ton masque, voleur !

Xandra n’était pas certaine de comprendre ce que froncer les sourcils trois fois voulait dire. Ca n’avait vraiment aucune base commune avec les codes dont elle usait et abusait quand elle était encore voleuse. La rousse décida d’en conclure qu’il était d’accord. De toute façon elle n'avait pas l’intention de prendre le risque qu’il n’y ait rien derrière cette porte et de finir égorgé. Même si Le Capitaine arrivait maintenant pour la tirer d’affaire il ne serait jamais plus prompt que le type dans son dos à lui trancher la gorge.

Mieux qu’elle ne l'avait espéré, sa main portée à son cou n’avait servi qu’à essuyer, ou plutôt étaler un peu de sang parce que l’homme n’avait pas riposté. Surement surpris par l’action un peu suicidaire de la jeune femme, il en avait fait tomber son arme, arme à présent entre les mains de son ami. La rousse pour sa part avait dégainé avec promptitude et faisait face un peu crânement, à son adversaire désarmé. Après tout c’était un peu son moment de gloire.

Elle eut un petit sourire en voyant le baron repousser avec force le voleur, ce qui fit joyeusement tinter les bouteilles et qui surtout eut pour effet immédiat de clouer le sale type au sol ou il resta assis à les fixer d’un air mauvais.

- Ça va ?

- Oui, je vais bien, merci...Beau travail d’équipe !

C’était le moment de laisser la tension redescendre. Quoique, la blonde réalisa à nouveau que l’homme qui les avait prit par surprise avec une facilité déconcertante n’était peut être pas seul. Là où Hector se montrait presque doux, patient et même polit, Xandra elle, fonça sur le bandit pour lui coller sa dague sur la gorge.

- Chacun son tour hein ? T’as intérêt de faire ce qu’il tout ce qu'il te dit. T’es seul ou t’as emmené tes petits copains avec toi ? S’il est arrivé ou s’il arrive le moindre mal à l’homme qui se trouve là haut je te jure que tu ne sortiras pas d'ici en vie connard !

A l'intonation employée par la rouquine, il était clair qu’elle ne plaisantait pas. Bien malgré elle, l’ancienne voleuse lorgna la porte derrière laquelle se trouvait théoriquement la richesse du baron. Est ce que c’était vrai ?

Puis, reculant un peu, elle avait laissé au voleur l'opportunité de retirer son masque. Ce qu'il fit sans se faire prier. Xandra fronça les sourcils, cet homme lui disait vaguement quelque chose. La trentaine, des cheveux noir en bataille et des petits yeux fouines détestables.

- Je vous dirais tout, vous énervez pas, j'avais pas l'intention de blesser qui que ce soit d'accord ? Je suis venu seul. S'il vous plait, laissez moi filer !

Sa grande assurance s'était visiblement fait la malle et pour cause. Xandra se redressa soudain en le pointant du doigt, enfin de la dague.

- La fouine !

Le type fronça les sourcils avant d'ouvrir des yeux ronds. Depuis quand il s'attaquait à des aussi gros coups ?

- L'Ombre ? Je t'avais pas reconnu de dos.

- Depuis quand t'es aussi courageux ?

- Les mecs m'ont lancé un ultimatum, ils ont dit que je devenais pas utile et que si je prouvais pas ma valeur...

Il leva le pouce et imita une décapitation avec un petit bruit de bouche désagréable.

- On dirait bien que c'est raté, la Fouine.

Hors de question qu'il pille le baron et puis si ça se trouve il n'y avait pas une seule pièce là dedans. Xandra ne se sentait pas à l'aise d'avoir cette conversation de crapule devant lui qui prenait des allures de réunions d'ancien amis, ce qu'ils n'avaient jamais été.

- Je me souviens surtout d'une chose sur toi, t'es une saloperie de menteur. Si c'est le cas, tu vas le regretter...

Hector pouvait réfléchir, Xandra avait pris l'initiative de passer un savon à l'homme masqué. Il en profita même pour remettre d'aplomb le chandelier et les bougies qu'il avait fait tomber en se précipitant pour attraper le couteau du voleur.

- Chacun son tour hein ? T’as intérêt de faire ce qu’il tout ce qu'il te dit. T’es seul ou t’as emmené tes petits copains avec toi ? S’il est arrivé ou s’il arrive le moindre mal à l’homme qui se trouve là haut je te jure que tu ne sortiras pas d'ici en vie connard !

L'homme sembla réfléchir...

- Je vous dirais tout, vous énervez pas, j'avais pas l'intention de blesser qui que ce soit d'accord ? Je suis venu seul. S'il vous plait, laissez moi filer !

Difficile de dire s'il mentait ou non. Mais alors qu'Hector allait prendre la parole, Xandra reconnut celui qui semblait être un ancien camarade de... de mauvais coups. S'en suivit une conversation surréaliste dans la cave de Sombrebois... Hector ouvrit de grands yeux ronds. Si le gars mentait - ce qui ne semblait pas impossible d'après les mots de Xandra - mieux valait arrêter de perdre du temps en inutiles palabres... d'autant que le baron avait entière confiance en son amie.

- Xandra, occupe-toi de lui, garde le ici, je vais voir...

Et, sans attendre de réponse de sa part, il prit une bougie du chandelier et remonta, à pas de loup, vers le hall du château ; après tout Xandra était milicienne, elle avait des dagues bien tranchantes et l'homme était au sol, désarmé... Elle ne courait pas grand danger.

Hector arriva dans le hall. La porte, toujours ouverte, éclairait la grande pièce presque vide d'une lumière rassurante. Aucun bruit ne venaient aux oreilles du baron ; en tout cas aucun provenant de l'intérieur du château. De l'extérieur, par contre, parvenait l'écho des voix calmes du Capitaine et de Lily.

- Il n'a pas menti ! Pensa Hector en saisissant la hache qu'il avait laissé près de la porte.

Si l'homme n'était pas venu seul, ses complices auraient embarqué cette hache ; elle avait une grande valeur marchande. Pour Hector, elle avait surtout une grande valeur sentimentale. Il était content de la retrouver. Cette arme l'avait plus d'une fois sauvé et c'était aussi un souvenir de sa famille, de ses ancêtres...

Il hésita un instant. Fallait-il refermer la porte au cas où ? Fallait-il aller inspecter les étages quand même ?

Un bruit provenant de la cave le fit sursauter. Sans réfléchir, Hector poussa la lourde porte de château qui émit un affreux grincement... et les ténèbres se firent. A la hâte, il ferma à clé l'un des verrous et, hache et bougie à la main, il redescendit à la cave...

L’étrange conversation continuait à se dérouler dans la cave. Xandra avait gardé une de ses lames tirée, l’autre toujours à sa ceinture. Revoir la Fouine lui faisait un drôle d’effet. C’est qu’il en avait fait des sales coups, trahis du monde, elle s’attendait très franchement à ne plus jamais le croiser sur sa route, le fait est qu’il était toujours en vie. S’il était arrivé quelque chose à Hector ou au Capitaine autant dire que ce sale type de reverrait pas la lumière du jour.

Dans la demi pénombre de la cave, donc, se poursuivait un échange de...sales types. A grand renfort de “tu te souviens de la fois ou”, se finissant invariablement par “oui, tu m’as trahis et ensuite”. Les deux individus, à présent assis face à face se renvoyait dans la balle de leurs souvenirs. Jusqu’à ce que la Fouine se rende compte que la rouquine au tempérament changeant n’était plus aussi manipulable qu’autrefois. Du moins, pas ce soir. Elle semblait obnubilé par le type là haut qu’il avait prit grand soin d’éviter. C’est que son arme et son regard était à vous glacer le sang. Des gens qui se papouillaient par contre, c’était moins dangereux, non ?

- Y a un truc que je comprend pas l’Ombre…

- Arrête de m’appeler comme ça, l’Ombre n’existe plus.

- Ah ouais ? C’est ce que t’penses ? J’dois t’appeler comment alors ?

- Ne m’appelle pas c’est tout.

- Tu fricotes avec le noble ? Tu sais ce qu’il y a alors dans cette pièce ?

La Fouine avait du mal à cacher son enthousiasme bien que la situation ne soit plus à son avantage. C'était une brave petite, trop peut être...

- Tu te trompes. Quant bien même je ne te dirais rien…

- Oses m'dire que t’as pas envie de savoir…

Indifférent à la lame qui brillait doucement à la lumière des bougies, l’homme s’était remis sur pieds, prenant la direction de la dite porte.

- Rassis-toi.

- Arrête, je te connais. Tu as...

- Tu me connaissais, à peine, nuance. Les années ont passés, La Fouine. Rassis-toi. Je ne le dirais pas une troisième. Même si je voulais, de toute façon je n’ai pas la clé.

Clairement, elle n’avait aucune envie de piller qui que ce soit. Même si…

- T’as les yeux rivés sur la serrure, t’peux l’ouvrir. Ecoute, j'te jure que cette fois j’ai pas mentis, je suis seul. Pas de sale coup, rien. Tu ouvres, on regarde, je pique trois fois rien. On pourrait dire que…

- C’est non. Tes mises en scène sont toujours tirés pas les cheveux en plus.

Intrigué par la serrure, la rousse s’était approché après un petit ricanement moqueur pour la regarder de plus prêt. Invitant de sa lame l'homme à rester à bonne distance, elle s’était agenouillée. Complexe mais rien d’insurmontable. Est-ce que le baron l’aurait laissé se faire tuer pour “ça” ? Surement, lui disait une partie de sa conscience, jamais répondait l’autre aussitôt. Elle releva le nez, sa décision de ne pas toucher à ça était prise depuis le tout début, mais le lui rappeler ne ferait pas de mal. Un violent coup de genoux, mal exécuté, un peu précipité, lui heurta le menton. Il visait le nez, probablement.

- Désolé l’Ombre, mais j’ai mon cul à sauver.

Il était bien incapable de crocheter ça seul et la connaissait, mieux qu’elle ne le pensait, cette fichue rouquine. Si elle avait dit non, c’était non. Ce qu’il ignorait c’était à quelle point elle était plus faible, comme sa détermination, ses convictions tanguaient tel un bateau dans la tourmente. Comme elle était plus forte aussi, plus déterminée, moins prudente. Son corps encore juvénile à l’époque ou ils s’étaient connus avait souffert, s’était musclé, endurci et dans un grognement la main de la rousse qui avait déjà repris ses esprits, se referma sur sa cheville. La Fouine s’écroula à son tour et le combat reprit, cette fois, pas d’entrave, pas d'arbitre, juste lui, elle et les bouteilles hors de prix qui se heurtait joyeusement.

C’était un règlement de compte, de la baston de sale gosse, de petit voleur de bas quartiers, l'entraînement en plus. Sa lame gisait au sol à présent et c’était aux poings et aux pieds qu’ils réglaient leurs comptent. Il essayait de fuir, elle de le garder là. Alors qu’il atteignait l’escalier à la faveur d’un coup dans l’oeil, la rouquine toujours dans son ombre, grimpaient les premières marches il...tomba nez à nez avec l’homme qu’il espérait tant dépouiller.

Un gémissement discret s'échappa de ses lèvres.

A peine Hector avait-il fait un pas dans le petit escalier de pierre qu'il sentit, dans l'air, une électricité inquiétante. Les bruits d'une bagarre, des coups étouffés, lui parvenaient aux oreilles. Sur ses gardes, il serra le manche de sa hache dans sa main droite. Une silhouette se dessina face à lui. Pas de cheveux roux. Le coup partit ; rapide, nerveux, impeccable. FFFSCHAK. Une gerbe de sang éclaboussa les pierres, l'exécuteur et l'ex-complice. CLAKCH. La tête tomba au sol... bientôt suivit par le corps du bandit, l'empêchant de rouler plus bas...

Hector avait froid ; malgré l'été, malgré l'effort. Il venait de donner la mort à quelqu'un qui ne le menaçait pas directement - il n'était pas armé - il avait eu peur de s'être trompé de cible... mais la silhouette aux cheveux cuivrés de Xandra apparut enfin derrière celle qui venait de choir.

- Xandra... tout... tout va bien (?)

Son ton était indéterminé. Posait-il la question ou bien rassurait-il son amie milicienne sur son propre état ? D'ailleurs il n'allait pas si bien que ça. Il était fébrile, tremblait un peu, lui qui pourtant avait mainte fois tué... Un rideau rouge obscurcit sa vision. Il essuya d'un revers de manche son visage couvert de sang.

- Aidez-moi, nous allons emmener le corps dehors... et le brûler...

C'était ainsi qu'on s'occupait des morts à Sombrebois. Dans ce moment où son esprit était brumeux et perdu, mieux valait se rattacher à ces rites séculaires, à ces actions immédiates et irréfléchies. Il devait faire quelque chose, il devait s'occuper. Il posa sa hache et sa bougie en haut des marches et, dans la quasi obscurité bienvenue, il prit la tête inanimée sous son bras et, après avoir posé les mains sur les poignets du cadavre, dit à Xandra :

- A trois... - il attendit qu'elle prenne les chevilles du mort - Un, deux, trois !

Ils soulevèrent le cambrioleur et l'emmenèrent jusque devant la lourde porte close. Hector rouvrit les verrous et ouvrit la porte. La lumière revint, dévoilant les traces rouges au sol, sur les murs et les deux vivants. Un vent chaud au goût de sang s’immisça dans le grand nez du baron... Il ne dit pas un mot, s'accroupissant de nouveau au dessus du corps sans tête, regardant son équipière d'un air fantomatique.

- Un, deux, trois...

Et comme il ne voulait pas affoler Lily, il dirigea l'étrange convoi derrière le château. Il jeta le corps sur la terre battue. Un nuage de poussière brunâtre se souleva. Il posa la tête qu'il tenait sous son bras à coté du ventre du mort. Les yeux inertes étaient pleins de haine, de colère et d'incompréhension. Ils semblaient demander "Pourquoi ?". Il fit basculer le visage contre le sol pour ne plus voir cet horrible regard.

- Bons Dieux d'bois... Soupira-t-il en posant ses mains sur ses hanches. Quelle merde !

Au gémissement de la Fouine avait répondu le langage froid du métal. Meurtrier, peu conciliant. Livide, la rousse fixait la tête tranchée de celui qui n’avait à présent plus de compte à régler, celui dont les actions avaient conduit bien d’autre à cette situation.

A la question presque rhétorique du baron ne répondit d’abord que le plic plic régulier que faisant le sang en chutant d’une marche à une autre, puis enfin se fut la voix un peu vacillante de Xandra qui résonna dans la cave.

- Oui.C’est...C’est terminé.

Effleurant de ses doigts sa joue douloureuse et gonflée, Xandra, un peu choqué et pourtant ce n’était pas la pire scène à laquelle elle avait eu l’occasion d’assister depuis la fange, répéta inutilement :

- Tout va bien.

Dans un état un peu second, sans regarder le baron dans les yeux, Xanda l’aida à remonter le corps. L’idée que la Fouine est mentit, qu’il sache pertinemment qui il avait tenue sous sa lame, pire, qu’il les aient suivit, elle et le Capitaine, que tout ça soit sa faute, l'angoissait un peu. Pourtant, une partie d’elle même lui répétait que le mercenaire ne ce serait jamais fait avoir de la sorte. Parfois les coïncidence les plus étonnantes n’étaient pourtant rien d’autres que ça.

- Je ne crois pas qu’on ait été suivis, Hector, c’est...Ce n’est pas ma faute.

C’était sortit tout seule, le regard de la jeune femme était rivé sur le corps de la Fouine, là, gisant sur un tas de terre. Le pire c’est qu’il n’avait eu que ce qu’il méritait et pourtant c’était…

- Bons Dieux d'bois...Quelle merde !

C’était le bon mot, quelle merde.

- Tu as fait ce qu’il fallait. Si tu l’avais laissé partir, il te l’aurait fait regretter, peut être pas ce soir, mais on ne se débarrasse pas de lui facilement. Du moins, on ne se débarrassait pas. On ne va pas le laisser là quand même ? Il faut faire disparaître le corps avant que Lily ne le voit, non ?

C'était plus qu'évident que le baron n'allait pas laisser les restes là mais la rousse avait besoin de l'entendre dire. D’ailleurs, parlant de Lily, c’était elle qui allait devoir nettoyer tout le sang dans la cave ? Après avoir jouer avec des viscères toute la soirée, la perspective ne risquait pas de l’enchanter. à moins que le mercenaire ne se soit chargé du sanglier ? Est ce qu’il savait faire ça ? Pourquoi pensait-elle à des détails aussi puéril maintenant ? Bref, le fait est que Xandra se disait que le mieux, ce serait que personne ne sache ce qui s’était passé.

- Votre domestique risque de prendre peur si elle apprend qu’un homme s’est introduit ici, non ? Je devrais aller nettoyer...les restes, non ?

Mais tu vas arrêter avec les “non ?” !

Xandra était nerveuse, planté là devant la Fouine, face au baron qui semblait lui aussi - qui pouvait l’en blâmer - un peu troublé.

- On devrait se hâter avant qu’elle ne vienne vous chercher pour le dîner.

Xandra ne paraissait pas non plus très à l'aise avec son ex-compagnon décapité... Elle aida Hector à transporter le corps jusqu'à extérieur, derrière le château, et dit :
- Je ne crois pas qu’on ait été suivis, Hector, c’est... Ce n’est pas ma faute.
[color=#336699]- Et quand bien même vous auriez été suivis... Je sais que c'aurait été involontairement. Ne t'en fais pas. Il est venu seul et...

Il hésita, mais il préféra expliquer :

- Avant même de redescendre vers la cave, je savais que j'allais devoir le tuer. Je ne peux me permettre de garder ici des prisonniers. Je dois décider entre tuer ou laisser partir ceux qui viennent à Sombrebois. Lui m'a donné assez de raisons pour... sa dernière tentative d'évasion m'a conforté dans mon choix...

Xandra lui donna également raison :
- [...] Si tu l’avais laissé partir, il te l’aurait fait regretter, peut être pas ce soir, mais on ne se débarrasse pas de lui facilement. Du moins, on ne se débarrassait pas. Elle marqua une pause. Hector était pensif. Xandra semblait l'être tout autant. On ne va pas le laisser là quand même ? Il faut faire disparaître le corps avant que Lily ne le voit, non ? Votre domestique risque de prendre peur si elle apprend qu’un homme s’est introduit ici, non ? Je devrais aller nettoyer...les restes, non ?

Hector allait un peu mieux à présent. L'air extérieur lui faisait du bien. Il était d'attaque à résoudre les derniers problèmes soulevés par Xandra.
- Tu as raison, je m'occupe du corps et tu t'occupes du sang. Viens...

Il laissa là le corps sans vie de La Fouine et emmena Xandra jusqu'à la maison. Là, il prit deux bougies du chandelier.
- Il y a de l'eau et des seaux dans la cuisine et la salle d'eau, je te laisse faire... je vais brûler le corps, ajouta-t-il en montrant les deux bougies.

Dehors, il tira un peu plus loin encore le corps du défunt pour que la fumée et l'odeur du corps brûlé n'éveille pas les soupçons de sa domestique et du Capitaine. Ensuite il mit quelques branches et brindilles autour du corps et approcha une des bougies du bûcher. Avec l'été, le corps n'eut pas de mal à brûler. Quinze minutes plus tard, Hector retourna au château.

Visiblement, Xandra finissait de nettoyer les pierres du hall d'entrée. Le contenu des seaux qu'elle avait utilisé était rouge... Hector en prit un dans chaque main et les porta jusqu'à la salle d'eau. Là, il versa leur contenu dans le puits. A son invitée surprise il déclara :
- Essayons d'oublier toute cette histoire.

C'est à ce moment là que la voix de Lily résonna dans le hall.
- Allons les rejoindre, fit Hector en posant une main amicale et rassurante sur l'épaule de Xandra.


Les quatre personnes enfin rassemblées, Hector sourit. Il aimait ces quatre bonnes âmes comme peu d'autres. C'était son anniversaire et c'était presque un miracle qu'il soit si bien entouré. Il invita tout le monde dans le grand salon du château. Il demanda à Lily de faire une belle table et partit à la cave chercher quelques bonnes bouteilles de vin et de la charcuterie. Lorsqu'il remonta, la table était mise avec la plus belle vaisselle de Sombrebois et un vase rempli de grandes fleurs trônait en son centre. Lily voulu partir en cuisine préparer le repas mais Hector lui demanda de rester un instant avec eux. Il servit du vin à chacun et l'on trinqua à ces retrouvailles, à cette belle journée, à l'espoir d'un avenir meilleur... et, évidemment, à la nouvelle année qu'entamait Hector. Ce dernier remercia ses invités pour leur présence et il commença à couper des tranches de saucisson pour chacun. Lily servit le reste des charcuteries aux deux voyageurs et l'apéritif dura ainsi un bon moment. Chacun semblait se détendre et même la jeune domestique perdit rapidement de sa gêne pour afficher un agréable sourire. Hector conta quelques anecdotes dont il avait le secret ; ses réflexes de beau-parleur revenaient facilement en présence de ces amis et de son bon vin. La domestique, ensuite, abandonna les trois autres pour préparer un bon repas - un civet de lapin et une purée de légumes. Hector lança ensuite la conversation sur sa première rencontre avec le Capitaine - était-ce vraiment la première ? - lors de cette drôle d'enquête qu'ils avaient mené pour découvrir l'instigateur de l'incendie qui avait coûté la vie à un noble de l'esplanade. Hector se souvenait qu'ils avaient cavalé à travers toute l'esplanade, avec Grim, Odomer et Gunof, qu'ils avaient interrogé bon nombre de pontes de la ville - et avec quelles méthodes ! - et que finalement, dans la maison du coupable, ils avaient fichu un sacré bazar pour trouver où l'homme se cachait !
Lily revint ensuite et participa à la dégustation du formidable repas qu'elle avait préparé. L'on continua à boire, à discuter et à rire longtemps après que les assiettes furent vidées. La soirée était douce et agréable. A la chaude lumière des chandeliers, les visages resplendissaient de gaieté et d'allégresse.
Lorsque le baron commença, malgré son état légèrement alcoolisé, à déceler des signes de fatigue chez ses invités, il demanda à Lily de débarrasser la table. Cette dernière s'exécuta, presque gênée de ne pas y avoir pensé elle-même. Après cela elle partit se coucher.
Hector et les autres, après un dernier verre d'eau-de-vie, ne tardèrent pas à suivre la même direction qu'elle, vers le premier étage, là où se situait les chambres principales du château.

- Je vais vous indiquer votre chambre... fit le baron à Xandra et au Capitaine.

Il lui semblait évident qu'ils dormiraient ensemble, dans la chambre des invités de marque, dans le grand lit douillet qu'elle contenait. Il en ouvrit la porte et tendit une chandelle au Capitaine. Il était encore temps pour lui et Xandra de lui dire - le cas échéant - s'ils souhaitaient dormir dans des chambres séparées... mais Hector était prêt à mettre sa main au feu qu'ils ne diraient rien !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le baron et la milicienne étaient expert dans l’art de faire proprement disparaître un corps et dans celui de nettoyer une scène de crime. Sa tâche ne l’avait guère enchanté mais il lui semblait évident que c’était à elle de s’occuper de l’aspect...ménager de la chose. Seul à la cave, elle avait longuement ressassé ce qui venait de se passer à l’instant, ce qui s’était passé à la scierie aussi. Elle avait changé, les choses avaient changés. Durant son opération nettoyage un bruit avait interrompu ses pensées, la faisant sursauter. La rousse avait volte face mais...rien de spécial dans son dos. Un rat, peut être, simplement une bouteille chahutée qui reprenait sa position d’origine sur une étagère. Les anciennes demeures, qui plus est en bois avaient leurs propres bruits, le bois était vivant, après tout.

Elle avait mit moins de temps qu’elle ne le pensait à faire disparaître le liquide chaud et poisseux de la cave et du hall. Xandra remercia d’un signe de tête son ami de porter les seaux à sa place, le suivant jusqu’à la salle d’eau ou elle avait rincé ses mains ensanglantées. Si Xandra avait eu un doute sur l’amitié qui la liait au baron, ce dernier avait été balayé.

- Essayons d'oublier toute cette histoire.

- Quelle histoire ?

Avec un clin d’oeil, la complice du baron acquiesça une fois encore et avec un discret sourire le précéda pour rejoindre la cuisine ou la table avait été joliment dressée par la jeune servante du baron. Xandra fut étonné mais agréablement surprise de constater qu’Hector la laissait manger avec eux et s’exprimer à table, comme tout le monde. Cet homme avait le mérite d’avoir remis en question sa vision de la noblesse, depuis ce fameux jour où ils avaient finis les fesses dans l’eau. Ce qui l’aida à vaincre le léger malaise qu’elle ressentait, là, à la table d’un baron. Une nappe, y a avait une nappe bon sang ! Ce qui avait surtout aidé la rouquine à se détendre, c’était la bonne humeur contagieuse d’Hector, la calme serein du Capitaine et le vin, beaucoup de vin.

La récit, peut être un peu enjolivé par le narrateur Hector, de la rencontre entre ce dernier et Le Capitaine, semblait et c'était le cas, captiver la rouquine que l’alcool avait rendu un peu plus joyeuse et bavarde qu’à l’accoutumé. Elle en avait oublié leurs déboires d’un peu plus tôt et la douleur discrète qui lui brûlait le cou.
Ce n’était pas convenable, surtout ici, peut être qu’il allait trouver ça ridicule ? Bref, elle avait longuement hésité, bien la moitié du repas, jetant des regards un peu inquiets au mercenaire, mais les occasions de le voir se faisaient rare, alors...Elle avait tenté le coup, ne sachant guère à quoi s’attendre de sa part. Sa jambe était venu caresser lentement la sienne sous la table. Il lui avait lancé un bref regard, qu’il l’avait coupé net dans son élan, lui faisant baisser les yeux d’un air penaud, avant de lui rendre la pareille.

Rassurée, la jeune femme n’en avait trouvé le moment que plus agréable encore. C’était suffisamment rare pour qu’elle y songe, Xandra n’avait pas envie d’être ailleurs que là ou elle se trouvait. La tête coupé de la Fouine gâchait un peu le tableau, mais c’était comme ça. La vie, du moins ce qu’il en restait, était sale. L’eau de vie avait achevé de le lui faire oublier, tout comme la fatigue qui commençait à se faire sentir et que le baron, en hôte de qualité, avait remarqué. La table débarrassée, ils ne tardèrent pas à rejoindre le premier étage.

- Je vais vous indiquer votre chambre...

VOTRE chambre ? Ça ne lui posait pas le moindre soucis, bien au contraire, mais ce n’était pas dit que l’idée et ce que ça sous entendait, convienne à l’homme qui marchait à côté d’elle. Il y eu un bref moment de flottement avant que le mercenaire ne se saisisse enfin de la chandelle que lui tendait le baron sous le regard inquiet et plein d’espoir de Xandra qui avait arrêté de respirer. La rousse se pencha pour serrer brièvement Hector dans ses bras, une étreinte qui sentait la reconnaissance à plein nez.

- Merci pour tout, j’espère que tu te souviendras, en bien, de ton anniversaire. Bonne nuit !

Ce qu’elle ignorait à cet instant, en entrant en trombe dans la chambre, c’est à quel point sa nuit et celle de son hôte allait être courte. Xandra aurait pu gagner quelques heures de sommeil mais à peine la porte fermée, ses mains s’étaient aventurées sous les vêtements du mercenaire avec envie et les choses avaient prit un tournant des plus agréables. Même si, pour eux, un lit et l’absence de danger immédiat compliquaient presque les choses. Malgré les difficultés et les efforts de discrétion dont ils avaient dû faire preuve, ils avaient finis par s’endormir -rassasié- comme tout le monde.

Xandra avait ronchonné en ouvrant un œil, à peine une demi heure après s’être endormi. Il lui semblait bien entendre quelque chose dans le couloir. Elle s’extirpa doucement des bras du Capitaine, attrapa l’une des couvertures pour cacher sa nudité et alla entrebâiller lentement la porte de la chambre qui grinça un peu. Rien. Elle s'apprêtait à la refermer et retourner se coucher mais le bruit se fit entendre à nouveau. Cette fois, la rouquine décida de s’habiller et d’aller voir de quoi il retournait, jetant un dernier regard tendre au mercenaire. Elle n’arrivait pas à reconnaître ce son qui rompait le calme de la maison et sa curiosité plus qu’une quelconque peur, la poussait à en savoir plus.

Une fois dehors, la chandelle à la main, elle se sermonna, pas fichu de reconnaître une fenêtre qui claque. Fenêtre qui se referma toute seule avant même qu’elle n’arrive à sa hauteur alors qu’il n’y avait pas le moindre soupçon de vent.

C’est quoi ce bordel ?

La flamme s'éteignit subitement, la laissant dans le noir au milieu de ce couloir inconnu ou il se passait des choses qu’elle ne parvenait à s’expliquer. Se retournant vivement elle heurta quelque chose et poussa un cri de femelle effarouché, ça aussi, était suffisamment rare pour être souligné.

- Hector ?! Oh bon sang, tu m’as fait peur...Tu as entendu et vu la même chose que moi ? C’est toi qui ouvert la fenêtre ?

La rousse désigna la dites fenêtre du pouce sans se retourner. Quelques part au delà de l'escalier, résonna à nouveau l'étrange bruit qui l'avait tiré du sommeil. Dans un sens, la jeune femme était presque rassuré de ne pas s'être autant trompé.

Comme le baron l'avait imaginé, le Capitaine prit la chandelle ; comme il ne l'avait pas imaginé, Xandra lui offrit une douce accolade.

- Merci pour tout, j’espère que tu te souviendras, en bien, de ton anniversaire. Bonne nuit !
- Bien sûr Xandra, j'ai passé une excellente soirée... Cela faisait longtemps que Sombrebois n'avait pas raisonné des rires de mes amis. Et ton cadeau me permettra, en effet, de me souvenir de ce bon moment.

Hector tapota le dos de Xandra et la laissa rejoindre son amant - s'il avait été son fiancé, elle le lui aurait dit n'est-ce pas ? - dans la grande chambre dédiée aux invités de marque.

- Bonne nuit mes amis ! Conclut-il en prenant la direction de sa propre chambre.

Le baron, rassasié et légèrement ivre se déshabilla et se plongea dans ses draps propres. Là, il s'endormit instantanément...

... Malheureusement, il avait oublié d'aller aux latrines. Et l'envie d'aller se vider la vessie ne tarda pas à se faire sentir. Réveillé en plein rêve érotique, Hector sortit de son lit, alluma une bougie et descendit l'escalier jusque dans le hall. Là, il prit la porte de gauche et...

- Aaaaaah, ça fait du bien.

Plus léger, il remonta l'escalier, savourant par avance le retour dans son lit et la belle nuit tranquille qui l'attendait. Mais en haut de l'escalier un courant d'air se fit sentir et la flamme de sa bougie s'éteignit. Ce n'était pas bien grave, Hector connaissait par coeur le couloir. Il continua donc d'avancer et bim, rentra dans quelque chose de mou.
- Outch, fit le baron tandis que la chose molle répondait par un cri aiguë.
- Hector ?! Oh bon sang, tu m’as fait peur... Tu as entendu et vu la même chose que moi ?

Le baron n'eut pas de mal à reconnaître la voix de Xandra. Le fait que leurs bougies s'étaient éteinte n'était pas une mauvaise chose vu la nudité du baron. Par réflexe et parce que la petite fenêtre au bout du couloir apportait tout de même une once de lumière, il cacha son sexe avec sa main libre.

- Euh non, je n'ai rien vu... Qu'est-ce qu'il... Qu'est-ce que tu as vu ?

Qu'un courant d'air ait soufflé sa bougie ne l'inquiétait pas plus que ça : le vieux château n'était pas un modèle d'isolation, loin s'en faut. Des fenêtres, il n'y en avait presque pas. Il s'agissait plutôt de meurtrières. Et même certaines cloisons n'étaient faites que de planches de bois. Aussi, c'était un château où les courants d'air étaient nombreux et où les sifflements, les grincements et les bruits bizarres étaient monnaie courante !

- C’est toi qui ouvert la fenêtre ?

Hector vit la petite fenêtre au bout du couloir, fermée.

- Euh non, je ne l'ai pas fermée, pourquoi ?

L'amie du baron semblait, sinon effrayée, plutôt inquiète, alors il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme. A ce moment là, dans les ténèbres du fort de Sombrebois, la vision de la tête du brigand séparée de son corps apparut dans l'esprit du baron et sa main se crispa légèrement sur l'épaule de la milicienne.

- Argh... gémit-il malgré lui.

La nuit s'annonçait bien moins agréable que prévue...

Par réflexe plus que par volonté, les yeux de la jeune femme s’étaient posés sur l’intimité du baron que sa main cachait déjà. Le rouquine piqua un fard mais ce n’avait pas vraiment d’importance, parce que ce dernier ne le verrait pas dans la pénombre. Elle détourna pudiquement le regard pour le reporté sur les yeux de son ami.

- Euh non, je n'ai rien vu... Qu'est-ce qu'il... Qu'est-ce que tu as vu ?

- Eh bien…

Oui, et bien ? Elle se sentait soudain parfaitement ridicule.

La bougie...Il n’y a pas de courants d’air.

Comme pour appuyer ses dires, la jeune femme leva inutilement une main devant elle, guettant un contact froid. Peut être que la mort de la Fouine l'avait affecté, tout comme le vin, plus que de raison. Elle se faisait des idées, il ne se passait rien d’anormal, absolument rien.

Le baron put sentir l’épaule de la jeune femme se raidir sous sa main, non pas en réponse à sa propre crispation, non pas de dégoût, parce que son contact, s’il n’était pas devenu coutumier, ne lui posait à présent plus le moindre soucis, plus la moindre gène. Non, parce que ce bruit, elle en était certaine, lui était inconnu.

- Tu sais Hector, j’en ai cambriolé des demeures, pendant quelques belles années et je peux te JURER que je n’ai jamais entendu un tel bruit…

Si sa phrase avait été prononcé au départ d’une manière somme toute ordinaire, son assurance avait petit à petit dégringolé et sa voix n’était plus qu’un murmure lorsqu’elle eut terminé de parler.

- Viens, il faut qu’on descende immédiatement.

Se saisissant du bras du baron de Sombrebois, la jeune femme s’appuya contre le mur pour ne pas risquer de se rompre le coup bêtement en glissant dans l’escalier. Sur la pointe des pieds, Xandra, légère, faisait à peine grincer les marches. Le calme semblait être revenu, faisant à nouveau douter la jeune femme. Voilà qu’elle perdait la tête et qu’elle entraînait son hôte, nu, ce qu’elle avait oublié, dans ses élucubrations de folle…
La rousse penché en avant, plissa les yeux dans l’espoir de parvenir à remarquer quelque chose dans le hall, avant de tourner la tête vers la salle à manger. La porte restée ouverte ne lui fut pas d’un grand secours vu la pénombre qui noyait la pièce. Si elle voulait y voir quelque chose, elle devrait s’approcher ou à défaut rallumer dès maintenant une bougie.
Alors qu’elle se tournait vers le baron, la dites porte claqua brusquement et Xandra laissa à nouveau échapper un son, cette fois sous la forme d’un gémissement pathétique.

- Tu...Tu as bien rendu le corps de la Fouine inutilisable ? Rassure moi ?

Et s’il hantait Sombrebois, à présent ?

Xandra déglutit difficilement. Les fangeux c’était une chose, les bandits aussi, les hommes ivres, les différents familiaux, mais les fantômes, ça, c’en était une autre….

Tu as fais une prière pour son âme ?

Ils savaient tout deux que leurs foi laissait à désirer, mais là tout de suite, elle y songeait...