L'alcool et l'absence ne font jamais bon ménage [PV Ilhanne] [Terminé]

C'est vrai qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de se le dire, mais Finn comptait bien remédier à ça à présent que Ilhanne allait vivre dans la cité et y travailler comme Milicienne. Pour lui, ça n'était pas plus dangereux que Chasseuse, ça avait même bien plus d'avantages que jusqu'à présent. Elle profita qu'il était un peu songeur et dans l'attente de sa réponse pour lui tirer trois poils de son bouc, lui arrachant un rire amusé alors qu'il reculait un peu la tête pour éviter qu'elle ne continue, puis il entendit sa réponse... et son cœur bondit dans sa poitrine, l'adrénaline affluant dans ses veines dans la même seconde. N'eut été le front contre le sien et la main sur sa nuque, il aurait probablement hurlé de joie, mais le contact était si tendre, si agréable, qu'à la place il soupira, fermant les yeux quelques secondes en savourant ce bonheur qui lui était offert. Et puis parce qu'on ne pouvait jamais chasser le naturel sans qu'il ne revienne au galop, le Mercenaire l'attrapa soudain par la taille et bondit sur ses jambes en la soulevant dans ses bras, la faisant tourner sur place avec lui en la serrant fortement contre lui en laissant exploser son trop-plein d'émotions positives.

- WOUHOUUUUUU !

Il aurait pu jouer à la toupie pendant un bon moment comme ça, mais il ne voulait pas prendre le risque que la rousse ait la tête qui tourne, aussi après quelques secondes il s'arrêta, la laissant toucher de nouveau terre avec ses pieds, pour mieux revenir à la charge en l'embrassant comme un fou sur le front, le nez, les joues, le cou, les lèvres, riant et l'étreignant de nouveau dans ses bras comme un sale gamin qu'on ne pourrait plus contrôler. Il était heureux le Finn, si heureux qu'il avait l'impression de flotter et il finit par se calmer pourtant, inspirant un grand coup avant d'afficher un large sourire imbécile.

- Il n'y aura jamais eu plus belle femme Gallagher j'en suis sûr !

A part sa mère bien sûr, mais c'était toujours comme ça pour les mamans, comme disait le dicton. Cependant à cet instant l'on pouvait être persuadé que le Mercenaire, qui jusqu'à présent n'avait plus regardé la moindre autre femme depuis sa rencontre avec Ilhanne, ne verrait assurément plus jamais qu'elle, n'en déplaise aux éventuelles intéressées qui auraient pu se présenter à l'avenir.

« Finn doucement ! »

Sa joie et sa bonne humeur étaient tellement communicatives qu’il j’avais pas pu m’empêcher de rire à moitié en parlant. Harcelée d’amour et de bisou était une très bonne façon d’être harcelée, chatouille par ses lèvres, je me sentais comme si avait mis un bandage sur toutes mes blessures, qu’on avait mises du baume sur tous mes doutes. D’autant plus en étant contre lui, sentir le rythme de son cœur de sa respiration, de son soupire heureux.
Plus belle bien sûr … plus bardée de cicatrice surtout. J’en avais déjà quelqu'un d’avant, mais depuis la fange s'était devenu une sale habitude.

« Tu dis n’importe quoi … »

Tapant doucement sur son torse, seulement pour le geste de protestation sûrement pas pour lui faire mal, je m’étais doucement dégagée. Laissant une main glisser le long de son bras je j’avais serré sa main. L’entraînant avec moi alors que je m’étais effondré sur le lit. La journée avait été longue et c’était certainement pas tout ce qui venait de se passer qui avait fait passer les contrecoups. Je sentais encore les résidus de la tension couleur dans mes veines.

« Finie la vie de célibataire. Je suis sûre qu’elles vont être nombreuses à l'déplorer. »

Évidemment que je me moquais, un peu … un peu plus d’un peu… Mon sourire me trahissait suffisamment.

Même si je me demandais ce si vraiment il n’y en aurait pas une dont il ne m’avait pas parlé.
La petite voix se rappela à moi, toujours médisante. Toujours à vouloir se faire entendre. Mes doutes étaient plus profonds que j’aurais pensés, j’aurais aimé. Hésitant un instant, j’avais dû paraître plus sombre.
Le dire ? Risquer de gâcher son bonheur.
Ne pas le dire ? Et replonger dans mes sales travers.

Le choix était plus évident à faire qu’à appliquer.

« J’pas l’intention de rester à la maison à t’attendre après … Tu peux faire tellement de choses de moi, mais pas ça. »

J’avais presque l’impression de lui demander de pas le faire, de pas m’obliger à le faire. Triturant nerveusement mes doigts j’avais eu un peu de mal à le regarder en parlant, pourtant je m’étais forcée.
Pour lui, pour nous.

Il avait rit quand elle avait frappé faussement sur son torse, puis l'avait suivit lorsqu'elle s'était laissé tomber sur le lit, la rejoignant à ses côtés pour mieux l'enlacer et la garder contre lui. Est-ce qu'ils n'étaient pas bien là, allongés l'un contre l'autre, à guetter la respiration et les battements de cœur encore un peu affolés ? Oh que si et Finn n'aurait échangé cet instant pour rien au monde, reprenant progressivement un souffle qui s'apaisa au fil des secondes tandis qu'il fixait Ilhanne avec un léger sourire persistant au coin des lèvres. Elle était et serait toujours la plus belle à ses yeux, mais visiblement cela ne l'empêchait pas de douter à sa façon. Qu'à cela ne tienne, il la rassurerait autant de fois qu'il le faudrait.

- Je ne saurais le dire, mais en tout cas pour moi ça faisait longtemps qu'elle était finie.

Petit clin d’œil complice, sa main vint frotter doucement son bras en un geste à la fois apaisant et un peu possessif, comme si par ce biais il pouvait la conforter dans l'idée que tout allait bien.

« J’pas l’intention de rester à la maison à t’attendre après … Tu peux faire tellement de choses de moi, mais pas ça. »

- Je ne te le demande pas, en fait je te vois mal rester enfermée entre quatre murs sans une bonne raison, ou au moins meilleure que juste préparer le repas en attendant le retour de ton époux, qui soit-dit en passant cuisine probablement mieux que toi.

Il lui tira la langue, puis fit mine d'esquiver un coup qu'elle aurait voulu lui porter, éclatant de rire avec bonne humeur avant de revenir contre elle, soupirant de bien-être. Le lit était fait pour une personne, mais ils tenaient tout juste dedans et c'était déjà pas si mal, à défaut d'autre chose.

- J'ignore de quoi demain sera fait, mais je me doute qu'il faudra encore du temps avant qu'on puisse faire tout ce dont on a envie, surtout avec le devoir de Milicienne que tu devras honorer... mais je serais à tes côtés autant que possible et chaque fois que tu en auras besoin.

Il la scruta de ses yeux clairs, lui souriant avec un peu plus de gravité, mais également de tendresse, la couvant d'un regard qui, s'il était protecteur, n'avait rien de possessif. Finn était serein quant à leur avenir ensemble et malgré les ombres occultant l'avenir de l'Humanité, il ne doutait pas qu'ils parviendraient à construire quelque chose pour eux deux.

Mais … Mais j’étais outrée ! Faussement outrée, mais outrée quand même !

« Hey ! … je cuisine pas si mal … c’est … mangeable. »

Mangeable était l’adjectif qui allait le mieux à ce que je pouvais cuisiner. Pas que je savais pas, on m’avait appris comme à toute fille qu’on voulait voir se respecter. Toutefois ça m’avait jamais passionné, loin de là. Quand j’y mettais du mien ça pouvait être plus que mangeable.

Finn se fit plus sérieux, plus touchant. Aucune idée de comment il arrivait à mettre des mots sur ce qu’il voulait, ça me semblait pas impossible, mais compliqué. Je le sentais sincère, parce que j’en avais envie, parce que c’était lui.
L’écouter parler de mon devoir, je trouvais ça doucement ironique. C’était pas le fait que les mots sorte de sa bouche qui était ironique, juste cette notion de devoir alors que pour l’instant on en jugeait les femmes à peine digne et pour mon cas, même pas encore.

« Le devoir de milicienne … ça fait cérémonieux. Aujourd’hui l’était pas reluisant. Ramper dans une faille de mur boueuse parce que ça les fait marrer, c’est tellement essentiel. Heureusement que c’était pas un fangeux piéger comme craignait les voisins… seulement une bande de gamins. »

J’avais hâte que le Baltus se lasse du nouveau joujou que j’étais pour enfin pouvoir faire que ce que devais faire en paix. Du moins en paix, plus en paix que présentement au moins, ça changerait rien aux railleries et brimades… mais ça je m’y ferais. Ça m'ferais suer, mais je m’y ferais…

Blottie contre lui, serré à deux sur son lit, j’avais cette impression que même dehors tout allait bien que s’était par le bordel.
Une seule envie me traversait l’esprit.

« J'suis en permission demain. Je peux rester avec toi cette nuit ? »

Les yeux posaient sur lui avec un regard de chien battu et une risette un peu trop quémandeuse. S'il me disait non, j’aurais été assurément déçue. ‘Fin c’était notre vie.

« S’il te plaît … »

Ça valait rien d’essayer.

« Margaux s’ra pas jalouse, je te promets. »

Mon sourire se fit ouvertement plus moqueur.
Margaux, il faudrait que je lui dise un jour, que je lui parle de tout ça. Elle allait pas me croire et elle aurait raison, j’y croyais à peine, réalisant par vraiment ce qui venait de se passer concrètement, ce que ça impliquerait dans les semaines et les mois à venir.

Finn avait rit de plus belle quand Ilhanne avait affirmé que ce qu'elle cuisinait était "mangeable", s'amusant de cette complicité renforcée entre eux et de l'humour dont elle était capable, démontrant ainsi combien le dicton disant que les femmes n'en avait pas était complètement faux. Elle lui confia ce qu'elle pouvait voir du devoir de Milicienne à l'heure actuelle et il songea qu'il faudrait encore probablement des années, voir même des décennies, avant que l'on ne réalise à quel point le "sexe faible" ne l'était pas tant que ça. Après tout il ne connaissait aucun homme qui soit capable de rivaliser avec la rousse au tir à l'arc, peut-être même que c'était pour cela qu'elle avait droit aux brimades, au-delà du fait qu'elle n'était pas née avec quelque chose pendant entre ses jambes. Heureusement qu'il n'y avait pas eu de fangeux, sans quoi l'issue aurait pu être tragique et le Mercenaire songea, l'espace d'un instant, qu'il vaudrait mieux pour celui qui brimait sa belle de ne pas avoir sa vie entre les mains de l'ancien artisan. Chassant cette pensée pour mieux se concentrer sur l'instant présent, Finn cligna des paupières en entendant les derniers mots prononcés par Ilhanne, dardant sur elle un regard agréablement étonné. Pour une fois que ce n'était pas lui qui lui courrait après, voilà une chose qu'il fallait marquer d'une pierre blanche.

« S’il te plaît … »

Mais... mais... ! Mais qu'est-ce que c'était que ce regard de chien battu qu'elle lui faisait ?! Et cette petite risette sur le côté, comme si elle était sur le point d'éclater de rire, alors qu'elle venait de toucher un point cruellement sensible chez l'homme d'arme : une telle expression sur son visage, impossible de lui résister, il craquait complètement et se sentait incapable de refuser.

« Margaux s’ra pas jalouse, je te promets. »

Cette fois il su qu'elle se moquait de lui, fut-ce gentiment, rien qu'à voir le sourire qu'elle afficha en même temps qu'il éclatait de rire, secouant la tête avant de la presser davantage contre lui. Elle était terrible, mais c'était aussi pour ça qu'il l'aimait autant.

- Ben voyons ! De toute façon jalouse ou pas, elle ne sera jamais plus qu'une amie, à la rigueur comme une sœur, mais rien de plus.

Pauvre Margaux qui avait pourtant tout pour plaire, mais qui devrait trouver son bonheur ailleurs, comme l'on pouvait s'en douter. Venant embrasser son archère adorée, le Mercenaire la fit rouler sur le côté avec lui, s'arrêtant au bord du lit pour la surplomber de moitié, un sourire vissé au coin des lèvres.

- Bien sûr que tu peux rester ici cette nuit, d'ailleurs tu le pourras chaque fois que tu le voudras.

Il savait que le Capitaine serait d'accord, c'était un homme rude, mais avec un cœur bien plus grand que ce que les apparences laissaient croire et Finn le voyait tel un père de substitution, grave et sage, mais également passionné et compréhensif, indulgent et tolérant sur bien des choses. Passant une main sur la joue de la jeune femme, l'ancien artisan se pencha pour l'embrasser de nouveau, avant de soupirer de contentement, se redressant au bord du lit dans un bond un peu vif, déjà sur ses pieds.

- Mais avant ça, on va aller manger un morceau. Je n'ai pas eu le temps de te le dire la dernière fois, mais j'ai participé aux festivités d'été avec Oriane, qui est de la Compagnie comme moi, c'est une bonne amie d'ailleurs qu'il faudra que je te présente. Il y avait aussi Séraphin, un Milicien avec qui tu t'entendrais bien je pense, je crois qu'il a eu un coup de cœur pour Oriane, tu aurais du les voir ! Et il y avait aussi un noble, le Baron de Sombrebois, fort sympathique je dois dire. on est arrivé que deuxième, mais comme les gagnants n'ont pas tous pris leur part, on a eu droit à du rab et... enfin on a de quoi manger pendant des mois et je voulais t'en donner ainsi qu'à ta sœur.

Il avait parlé d'une traite, le visage rayonnant et l'air plus qu'enjoué, à la limite du surexcité, tant il avait de choses à lui raconter. Bien sûr ils ne pourraient pas rattraper tout le temps perdu, mais rien que le fait de pouvoir discuter autour d'un bon repas, copieux à souhait, cela leur ferait le plus grand bien et annonçait de futurs échanges beaucoup plus simples, moins complexés.

Soulagée, conforté de ne pas m’être fait mettre à la porte, je m’étais laissé balloter avec un certain plaisir, même si une certaine tension reflexe s’était emparée de moi quand il nous avait fait rouler.

Se sentir juste bien, juste à cette place en voyant son sourire, en sentant ses lèvres, c’était pas si nouveau j’avais déjà eu cette impression fugace, mais cette fois s’était fort, tranquillisant.

J’avais pas pu me relever aussi vite que lui, si les fils dans mon dos avaient été retirés, que ça avait cicatrisé, à défaut d’avoir bien cicatrisé et ça tirait encore un peu.

« Parle moins vite … »

Que je m’étais un peu moqué, sourire toujours accroché.

C’était qu’il pouvait en aligner des mots à la minute. Ça me laissait perplexe, dans ce genre de cas je savais juste pas quoi dire et je disais rien, ou rien de construit comme tout à l’heure. Je devais être un peu stupide sur les bords parfois. Le nom de Séraphin m’avait l’air familier, amusant, j’en connaissais un aussi de Séraphin dans la milice et pour cause, il avait pété un bras à un des connards qui m’avaient foutu une mandale dont je me rappelais encore.
La coïncidence était amusante, peu de chances que ce soit le même, des Séraphins dans toute la milice devaient y en avoir plus qu’un.

« Te sens pas obliger à partager, tu sais on s’est toujours débrouillées. »

On se débrouillait avant, on se débrouillait maintenant et on se débrouillerait toujours, avec ou sans Finn on avait toujours trouvé un moyen de se remplir le ventre. C’était un peu notre réussite d’avoir toujours réussi à se nourrir sans finir à faire n’importe quoi pour n’importe qui a n’importe quel prix. Je voulais pas qu’il se sente obliger de quoi que ce soit, ni maintenant, ni jamais. Il l’avait gagné, du moins, en quelque sorte, c’était à lui, il avait le droit de vouloir garder. ‘Fin moi ça me semblait normal.

« Tu veux sortir ? … Ou t'pensais rester ici ? … Y'a l’air d’avoir du monde. »

Autrement dit, j’étais par certaine d’avoir très envie de voir tous les autres gens de la compagnie. Pas qu’ils avaient l’air méchants… possiblement un peu bizarres … En fait, j’en savais rien, j’en avais vu que deux, le vieux un peu étrange et la fille qui était trop jolie pour que ça m’inquiète pas un peu. Puis y'avais l’air d’avoir des gens à l’étage ils nous avaient sûrement entendu nous engueuler tout à l’heure, puis les exclamations de joie de Finn.

J’étais par certaine d’être en mesure d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit, même pas à Val si ça devait se faire là maintenant, tout de suite. Pourtant, je savais très bien que face à un truc comme ça, en présence de ma sœur, soit j’avais intérêt à passer à table, soit je devais courir très, très vite … Surtout pour la partie enrôlement dans la milice … quoi que…

Finn s'était laissé emporter, il devait bien le reconnaitre, mais il se sentait tellement bien à cet instant qu'il lui aurait été difficile de faire moins que parler à toute vitesse pour essayer de raconter à Ilhanne tout ce qui était arrivé ces dernières semaines. Elle le charria un peu, souriante et rayonnante, magnifique aux yeux du jeune homme qui s'apaisa presque immédiatement, hochant la tête avec un air un peu penaud. Sa personnalité avait toujours tendance à ressortir en sa présence, c'était inévitable et cela lui faisait le plus grand bien, l'air de rien on ne pouvait pas être un homme d'arme en permanence.

- Mais j'ai envie de partager ça avec vous, j'ai envie de vous faire plaisir autant que ça m'a fait plaisir de gagner tout ça.

Il avait prit ses mains dans les siennes et la regardait avec des yeux brillants, son sourire ne quittant plus ses lèvres à présent, ou pas bien longtemps, témoignant de la bonne humeur qui était la sienne. Ilhanne suggéra qu'ils aillent manger à l'extérieur, tout du moins fut-ce ainsi que le Mercenaire le compris en l'entendant dire qu'il y avait du monde. Est-ce qu'elle ne se sentait pas prête à faire face aux membres de la Compagnie des Lames ? Possible, mais en tout cas ce n'était pas lui qui allait l'obliger à leur parler si elle n'était pas certaine de le vouloir, aussi sourit-il en coin cette fois, compréhensif.

- On peut aller manger dehors oui, je connais une bonne petite auberge où ils font une nourriture convenable.

Il enfila d'abord ses bottes puis alla prendre son armure de cuir et entreprit de s'en équiper, les gestes sûrs à force de le faire quotidiennement. Les mois avaient passés et Finn était devenu un homme d'arme à part entière, l'artisan de bois qu'il avait été ne subsistait plus dans sa façon de procéder et il n'y avait guère que son tempérament hors du cadre du travail qui permettait de ne pas croire à une toute autre personne. Il avisa d'abord la claymore qui trônait près du lit dans son harnais, grande épée longue qu'il avait appris à manier ces derniers mois et avec laquelle il s'en sortait hautement bien, puis sembla finalement porter son choix sur l'épée courte plus classique qu'il attacha à son côté, adressant un sourire complice à la Milicienne. Il ne pouvait plus sortir sans arme désormais, sans quoi il avait l'impression d'être nu comme un vers, mais ce n'était pas le moment de lui confier cela.

- Je suis prêt, on y va ?

Il lui laissait le champ libre pour décider du moment opportun pour quitter la pièce, ignorant que derrière la porte étaient passés et repassés plusieurs de ses camarades qui avaient vérifiés que personne ne s'entretuait là-dedans et que les deux amoureux s'étaient bien réconciliés. Discrets cependant, les mots de Finn furent prononcés assez forts pour que les autres entendent et c'est ainsi que s'opéra une envolée de moineaux, à savoir des Mercenaires qui détalent dans le couloir d'un pas rapide, mais léger, s'en retournant à leurs chambres respectives pour laisser le passage libre avant que la porte de celle du cadet ne s'ouvre.

Il avait fallu réprimer un léger soupir de soulagement quand Finn avait accepté de sortir. Il était évident pour moi que c’était clairement pas le moment pour voir tous les autres membres de sa compagnie. Les deux que j’avais vus avaient déjà été assez perturbant chacun dans leur genre, mais pas un moins que l’autre, ça c’était certain. J’avais le sentiment d’avoir eu mon compte pour la journée.

Remettant ma chemise dans mon pantalon et ma veste, je le regardais s’arracher comme s'il allait sortir des remparts. Peut-être un peu excessif, mais largement compréhensible. La ville était tout sauf sûre. Vérifiant que j’avais bien ma dague à portée avant d’attacher mon carquois quelque chose ma titilla l’oreille.

« C’était quoi ce bruit ? »

Des pas ? C’était ténu léger ? Quelqu’un ou plusieurs ?

D’un coup j’avais plus très envie de savoir si c’était pour découvrir ce que je voulais pas découvrir, du moins, pas tout de suite.

« Finalement oublie… Bien sûre qu’on peut y aller.»

C’était mieux comme ça. J’étais même pas complètement sûre d’avoir bien entendu. Possible que ma vie dans les marais et la milice ça rende un peu parano à le longue.


Quelle heure il était ?
Tôt sûrement, mais pas trop tôt le soleil était déjà levé. J’entendais vaguement les bruits de la rue, mais ça s’était normal, ce qui l’était moins c’était ces bruits plus proches. Beaucoup de bruit plus proche. Ouvrant les yeux la lumière rendait tout flou et pas bien identifiable. Dans mon dos je sentais une présence, ça s’était habituel, à force de dormir avec Margaux, ce qui l’était moins c’était qu’elle était plus imposante que d’habitude.

Ou est-ce que j’étais ?

Heureusement j’étais encore trop dans les brumes pour paniquer … puis il y avait un je ne savais quoi de familier, de rassurant. Une odeur peut-être ? Ou cette sensation d’être bien d’être en sécurité ?

Me relavant pour m’asseoir, j’avais passé une main sur mon visage et dans mes cheveux, mes doigts bloquèrent quelques instants dans un nœud avant de finir leur course. Ça devenait plus clair aux alentours. La chambre était baignée de la lumière douce légèrement blanche du matin. J’étais formellement pas chez le vieux Charles, dans la chambre de Margaux, il manquait de vêtements par terre et de beuglements étouffés au travers de la porte pour ça. Tout contre moi, ça venait de bouger, s’agiter faiblement, c’était chaud. Intriguée je m’étais retourné, tant bien que mal en essayant de pas tomber de la paillasse et d’un coup tout était devenu limpide.

« Hey Monsieur Gallagher… »

Que j’avais chuchoté en me glissant sur lui, embrassant doucement sa joue, visiblement uniquement vêtue de ma chemise, ou de la sienne je savais pas trop. De toute façon les deux étaient trop grandes.

La soirée avait été bonne, entre un bon repas et beaucoup de rires et de complicité, la nuit qui avait suivit avait été presque féérique tant ils avaient savourés chaque instant, que ce soit dans les bras l'un de l'autre à discuter de tout un tas de sujet ou bien en s'enlaçant comme le ferait deux amants de toujours. Ils s'étaient endormis l'un contre l'autre et c'était à présent les tous premiers rayons de l'astre du jour qui venaient les cueillir dans cette chambre d'une auberge convenable où ils avaient choisit de passer la nuit. Ici personne ne débarquerait pour les déranger et ce fut la jeune femme qui la première se redressa dans le lit, provoquant une vague de fraicheur sur le flanc de l'homme étendu là qui gémit en sourdine et remua un peu, instinctivement en quête de cette présence qui s'était écartée. Une voix, douce et féminine, résonna à portée, l'appelant par son nom de famille avec une certaine complicité. Entrouvrant les yeux, l'intéressé eut un doux sourire encore à moitié endormi. Ah, est-ce qu'il était entré dans le domaine d'Anür pour avoir droit à une telle apparition ?

-Bonjour demoiselle Barrowner.

Répondit-il sur le même ton, souriant comme un chat venant de déguster un bol de crème, ses bras passant autour de la Milicienne pour la garder encore un peu contre lui, soupirant d'un bien-être tel qu'il n'en avait plus connu depuis leur première et unique nuit ensemble. Se réveiller aux côtés de Ilhanne était pour Finn la meilleure façon de quitter le sommeil. Elle portait encore sa chemise, il ne se souvenait plus exactement pourquoi il la lui avait donné, il lui semblait que c'était parce qu'ils avaient rit ensemble lorsqu'elle avait voulu voir le poids que faisait son armure de cuir et de métal. Sa tunique était plus adaptée, avait-il alors argumenté, se plaisant à la voir se dénuder pour enfiler le vêtement de lin. Trop grande, l'armure lui avait pourtant donné un air intéressant et il s'était alors fait la réflexion qu'il pourrait lui en faire confectionner une, avec son accord. Quelle femme il avait, à croire qu'elle ne cesserait jamais de le surprendre agréablement.

- Tu as bien dormi ?

Demanda le jeune homme en laissant de côté ces souvenirs qui remontaient déjà à la surface et le réveillaient un peu plus à chaque seconde, au même titre que son envie qui demeurait camouflée sous la couverture, le problème de chaque matin dirons-nous. Il préféra savourer son contact et passa une main sur la nuque de la Milicienne, respirant profondément leurs odeurs mêlés, tout en sentant poindre une faim toute ordinaire dans le creux de son estomac. Encore un peu de temps sous les draps ne leur ferait pas de mal, n'est-ce pas ?

Tout devenait plus clair, plus présent.
La chambre de l’auberge, ça m’était revenue. La demande, la soirée, cette impression d’avoir trouvé quelque chose, quelqu’un, une partie, un fragment d’un tour qui rendait le monde moins pourri.
Des souvenirs qui avaient un petit goût d’irréel, un peu comme les souvenirs d’un rêve.

Ses bras autour de ma taille faisant plisser le tissu contre ma peau. Trop grande, trop souple, un peu usée, le col grand ouvert, les lacets défaits, elle tombait, je sentais l’air plus frais sur mon épaule. Son sourire avait quelque chose de doux, de rassurant, d’enivrant. Mes mains sur son torse, je sentais confusément toutes les petites aspérités, les petites cicatrices.

Dans la rue, ça s’agitait doucement, quelques voix portant plus que les autres, le bruit des passants qui piétinaient dans la poussière, sur les pavés. La vie s’éveillait dans la ville. Ça avait toujours été un moment que j’aimais dans la journée, une sorte de calme avant la tempête. Un calme encore plus profond ce matin.

« Une nuit comment ça, j’en veux bien tous les jours. »

Même si ça n’arriverait pas, des matins comme ça, il ne pouvait y en avoir qu’une petite poignée. Les autres seraient comme tous ceux qui avaient déjà existé. Les coups de coude dans la nuit, le drap qui disparaissait. L’urgence de se réveiller le matin, être à l’heure…

« Monsieur ne va pas être en retard ? »

Que je lui avais demandé, taquine, tandis que l'une de mes mains glissait doucement jusque dans son cou, dans ses cheveux. Son air de bonheur était communicatif.
Avec un sourire, je m’étais penché vers lui pour embrasser sa joue, puis plus bas, le coin de ses lèvres, puis ces dernières, doucement, du moins aussi doucement que je pusse.

J’avais aucune envie qu’il parte, aucune.
Mais je voulais pas qu’il ait des problèmes, encore moins à cause de moi. D’ailleurs, ça devait se sentir, mon autre main serrant doucement son épaule. Sa peau était chaude, avait quelque chose d’addictif. Il fallait vraiment que ce soit pour la bonne cause pour que je la laisse filer de mes doigts.

Elle était si belle, à peine réveillée, échevelée, sa tunique sur elle glissant le long d'une épaule, trop grande pour son corps qu'il avait épousé encore et encore toute une partie de la nuit. Elle avait ce léger sourire sur les lèvres qu'on les femmes heureuses et satisfaites, ajoutant ce petit air mystérieux dont elles seules avaient le secret et qui avait le don de faire chavirer les hommes comme lui. Ilhanne aurait pu faire de Finn ce qu'elle voulait à cet instant, car grande était son emprise sur le jeune homme qui la serrait contre lui en savourant encore un peu ce moment qu'ils partageaient à deux. A la question de savoir s'il ne risquait pas d'être en retard, il secoua légèrement la tête et sourit un peu plus, amusé et tranquille, confiant et serein.

- Je n'ai pas d'horaire pour rentrer, nous sommes assez libres de nos sorties lorsque nous n'avons pas de mission prévue.

Et il fallait croire qu'avec ce qui était arrivé au Labret durant l'été, l'on recrutait davantage des personnes lambda que des hommes d'armes, on formait de futurs miliciens chaque jour et l'on parlait de renforts envoyés aux champs et dans certains villages qui se repeuplaient, lentement mais sûrement. La rousse se pencha sur lui tandis qu'il songeait brièvement à tout cela, l'embrassant délicieusement en se raccrochant à lui, sa main fine sur son épaule, comme pour ne pas qu'il s'écarte. Il sourit et l'embrassa en retour, la faisant soudain rouler sur le dos pour mieux la surplomber, joueur, le regard pétillant d'une joie de vivre qui lui faisait un bien fou.

- Et toi, crois-tu qu'on te laissera tranquille si tu ne rentre pas séant ?

Il n'avait pas envie qu'ils se lèvent, qu'ils brisent ce moment suspendu dans le temps alors qu'au-dehors l'on s'agitait déjà, on s'activait et on préparait déjà le marché dont les crieurs résonneraient d'un instant à l'autre. Dans la salle du bas de l'auberge, des chaises étaient bougées et quelques pas commençaient à résonner dans le couloir de l'étage où ils se trouvaient, signe annonciateur de clients quittant leurs chambres pour aller prendre leur petit-déjeuner. Le Mercenaire aussi avait faim, mais son hésitation à profiter encore un peu le tenaillait et l'empêchait de prendre une décision. Ilhanne était si belle, il la scrutait à cet instant en tentant de graver son image en son esprit, afin d'en conserver à jamais un souvenir impérissable.

- J'aimerais que les Trois suspendent la course du soleil... souffla-t-il doucement en la contemplant avec un regard empli de tendresse. Qu'ils la suspende afin que nous restions ainsi tous les deux et que ce moment... soit éternel.

Un petit couinement m’avait échappé alors qu’il m’avait plaquée contre la paillasse. Raidie un instant par un malheureux reflexe. Ces dernières semaines j’avais souvent été mise au tapis, jamais a sur une paillasse, plus qu’heureusement, ça laissait des sales habitudes. Heureusement j’étais assez réveillée maintenant pour que Finn ai pas eu à en pâtir vraiment, parce que je coup de genou il serait parti tout seul.
Mais rien que le voir sourire ça avait fait couler pour la tension comme si elle n'avait jamais existé. J’avais un peu l’impression qu’il me rendait folle, qu’il allait chercher au fond tout ce qui sortait jamais, tout ce que je savais même pas existait.

Mais… s’était qu’il se moquait en plus !

« Je t’ai dit que j’étais en permission aujourd’hui. »

Que je lui avais répondu l’air faussement outrée avant d’en rajouter une couche, avec un air triste qui le tromperait même pas un instant.

« Tu m’écoutes déjà plus … »

Ça arriverait sûrement à un moment ou un autre, rien pouvait rester éternellement baigner dans la lumière du petit matin, comme si c’était tous neuf, sans défaut. Mais pour le moment c’était encore tout beau, tout doux, je voulais en profiter encore, encore un peu. Tout comme lui.

« Mais ils le f'ront jamais. »

J’étais même pas amer, ou désabuser comme l’étaient souvent les gens ces derniers temps. La Trinité les avaient déçu, pas protéger, on l’avait même soupçonné d’être derrière la fange. Ils savaient plus. Parfois j’avais l’impression d’avoir jamais vraiment su. Les Dieux faisaient jamais rien, jamais rien de visible, jamais rien d’évident, jamais rien qui pourrait nous faciliter la vie. Fallait respecter les Dieux, mais pas sûre qu’il faille vraiment en attendre quelque chose. On pouvait toujours prier, il valait mieux pas trop rêver.

« À défaut d’éternel on peut le rendre inoubliable. »

La plupart de ce qu’on avait, on le devrait qu’a nous-mêmes.
Mes mains étaient passées autour de son cou pour courir dans son dos servir d’appui à la fois pour me hisser vers lui et l’attirer vers moi.
L’embrasser doucement, tendrement, passionnément, éperdument.

Il avait oublié, après cette superbe nuit passée en compagnie de sa bien-aimée, qu'elle était en congé ce jour et que c'était d'ailleurs pour cela qu'ils avaient choisit de s'installer dans cette auberge pour la nuit. Faussement outrée, Ilhanne l'accusa de ne plus l'écouter et il y eut une seconde de flottement durant laquelle Finn hésita, la croyant sérieuse, tout du moins jusqu'à-ce qu'il ne remarque la fausseté de son air et ne vienne l'embrasser en guise de douces représailles. Bien sûr les Trois ne suspendront jamais la course du soleil, mais s'il était donné au Mercenaire d'en faire la demande, c'est ce qu'il requérait avec leur bonne volonté, ne serait-ce pour que tout un chacun puisse savourer un peu de quiétude. La rousse ne semblait guère pour autant triste ou désolée à l'idée que l'astre du jour ne continue sa route et, compensant la réalité de leur monde, elle lui souffla une idée qui n'était pas pour déplaire à l'ancien artisan qui sourit en coin, se penchant vers elle pour recueillir ses baisers avec la même ardeur qu'un assoiffé se penchant à la margelle d'un puits d'eau fraiche. Les mains de Finn vinrent se perdre sous la tunique de Ilhanne et ils s'abreuvèrent l'un de l'autre durant une nouvelle heure au moins, se perdant dans les affres du bonheur qui leur était ainsi accordé, seuls les quelques rares rayons du soleil parvenant à percer entre les volets clos étant témoins de leurs ébats enfiévrés. Après cela ils savourèrent de nouveau le calme et la quiétude de la chambre, autour de laquelle de nombreux bruits résonnaient de l'autre côté des cloisons de bois. Là un éclat de voix rauque d'un homme-ours réveillé trop tôt, là en bas il semblait entendre le son d'assiettes et de couverts qu'on remuait et qu'on utilisait, une odeur de nourriture flottant dans l'air jusqu'à eux et achevant de réveiller pour de bon l'estomac d'un Mercenaire qui se mit à grogner sans se priver, faisant rire de bon cœur son propriétaire.

- Je crois que cette fois je n'ai plus le choix, il va falloir que je me lève si je ne veux pas finir dévoré par mon propre ventre.

La plaisanterie lui arracha un large sourire imbécile, avant qu'il ne récupère un baiser sur les lèvres de la Milicienne et sa tunique qu'elle avait du ôter l'instant d'avant et qui reposait sur le côté du lit. Se levant à regret, le jeune homme entreprit de se rafraichir au petit baquet d'eau qui se trouvait dans la chambre, puis s'habilla avec la force de l'habitude, caressant du regard les courbes du corps de Ilhanne qu'il lui était donné d'admirer à son tour. Le regard brillant, il appréciait cette vision de toute beauté que même les cicatrices ne pouvaient diminuer, bien au contraire même cela ajoutait quelque chose de fragile et de superbe à cette femme pour qui son coeur battrait à jamais.

- Que veux-tu manger ce matin ? Et as-tu une envie particulière pour aujourd'hui ?

Peut-être avait-elle quelque projet ou bien alors le souhait de se rendre à un endroit ou à un autre. Cela lui rappelait d'ailleurs les thermes et le délicieux bain qu'ils avaient eut jadis. Il y avait longtemps qu'ils n'y étaient pas allés ensemble, des mois en vérité, voilà bien une chose qu'il lui faudra lui suggérer lorsque l'occasion se présentera.

Doux, fiévreux, enivrant, palpitant. À en faire perdre la tête surtout à en faire perdre la notion du temps. Au dernier baiser, apaisé, le bruit de la rue était plus omniprésent qu’avant. La vie de la ville s’éveillait plus, elle battait son plein dans l’agitation matinale.

Serrer Finn encore un peu contre moi, sentir le rythme de sa respiration qui revenir à la normale, calme. Finalement c’était peut-être un peu cruel de ne même essayer de suspendre le temps un instant. Pourtant, entendre un des gars râlé à la simple idée de se lever au travers de la cloison m’avait arraché un rire. Ça avait quelque chose de familier là où tout ne l’était pas vraiment, pas encore. Alors qu’il s’était levé, j’étais resté un peu dans le lit à me tourner et me retourner dans les draps, chouinant aussi parce que j’avais aucune envie d’en sortir. Encore un peu, juste un peu. Surtout que de là tout j’étais j’avais une vue qui n’avait rien désagréable, au contraire. Sa présence avait quelque chose de rassurant. Finn était simplement tranquillisant avec son côté du brave type dévouer, c’était peut-être un peu ça que me touchait.

Mais il fallait bien que la nuit se termine.

« Je sais pas, quelque chose qui remplit le ventre. »

Peu importe ce que ça pouvait bien être. En ce moment tant que ça me rendait pas malade, tout m’allait, j’étais déjà pas mécontente de manger plus ou moins à ma faim, tout le monde pouvait pas se le permettre.

« A part mourir à cause des courbatures et des douleurs en tout genre ? »

Que ça avait été dur de se lever, s’étirer, sentir ses muscles faire de la résistance, sentir les cicatrices tirées, la fatigue accumulée, qui ne se rattrapait pas en une nuit, ankyloser. Faire un brin de toilette avant d’enfiler un pantalon renforcé et ma chemise. Il ferait trop chaud pour la veste aujourd’hui. Puis de toute façon, porter l’uniforme un jour de repos c’était pas une bonne idée.

Qu’est-ce que j’avais envie de faire dans la journée ? Où plutôt qu’est ce qu’il faudrait que je fasse ?

« Il faut qu’j’m’entraine. C’était pas pour me faire particulièrement plaisir. Mon nouvel arc est de bien meilleure facture que l’ancien, plus puissant. ‘Fin pour la même force dans mes bras la flèche est plus précise à longue distance. »

Aucune idée de s'il voyait de quoi je lui parlais. Je savais même pas s'il avait touché un jour un arc dans sa vie. En même temps c’était pas vraiment le genre de question qui arrivait dans une discussion de gens normaux. Si on était des gens normaux …

« Mais du coup à plus courte distance le tir est plus fort, plus brouillon. »

Ça allait pas exactement où je voulais que ça aille, et sur une cible fixe et large c’était pas bien gênant, mais sur une cible en mouvement qui voulait votre peau, c'était plus embêtant.

« Faut’ que j’apprenne à le compenser… au plus vite. »

Qu’il aient pas ça à me reprocher en plus de tout ce qu’ils pouvaient bien trouver.

M’approchant de la porte après avoir attrapé le reste de mes affaires je me retournais vers Finn avec une risette moqueuse.

« Tu traine pour quelqu’un qui à peur de se faire dévorer par son propre ventre. »

Tout comme lui, elle ne s'embarrassait pas avec des détails qui n'étaient guère primordiaux. Savoir ce qu'on allait manger exactement passait après le fait de manger tout court, qui était bien plus important. Du moment que c'était comestible, cela leur conviendrait et Finn eut un léger sourire à cette pensée, hochant la tête à la réponse de Ilhanne et achevant de se vêtir avec les dernières plaques de protection de son armure. Il la voyait peiner à s'extirper du lit et il ne la comprenait que trop bien, mais d'un autre côté ils auraient l'occasion de réitérer ce genre de moments, peut-être dans un autre endroit, un qui ne serait qu'à eux, qui sait. Réfléchissant rapidement tout en l'écoutant, le Mercenaire sourit en coin en voyant dans les dires de sa belle une occasion de s'entrainer et s'amuser tout à la fois.

- Je doute de manier l'arc aussi bien que toi, mais je connais un endroit où tu pourras t'exercer sans être importunée. J'en profiterait pour te montrer ma claymore.

Il avait bien sentit la légère tension qui avait accompagné les derniers mots de la rousse concernant l'urgence pour elle d'apprendre à compenser les caractéristiques de son nouveau matériel et il devinait qu'elle ne voulait pas être en reste, bien qu'il n'imagina pas que ce soit pour éviter de nombreuses critiques gratuites et faciles. Lorsqu'elle le provoqua, il rit de bon cœur et attrapa son épée, l'accrochant à son côté avant de hocher vivement la tête.

- Je suis paré, allons-y. Mon ventre n'a qu'à bien se tenir !

Un large sourire aux lèvres, il emboita le pas à la Milicienne dans le couloir et se dirigea avec elle jusqu'à l'escalier, saluant l'aubergiste déjà fort affairé derrière son comptoir avec une serveuse qui allait entre les tables, débarrassant et servant de-ci de-là selon les besoins. Une odeur de viande rôtie, de pommes de terre et de levure emplissait déjà l'air matinal, tandis qu'au-dehors perçait un magnifique soleil qui devait en aveugler plus d'un.

- Tu veux manger sur place ou dehors ?

L'on pouvait déjà entendre les préparatifs du marché à une rue à peine de là, de quoi s'assurer un plus large choix de mets variés et appétissants, mais d'un autre côté s'ils choisissaient de déjeuner sur place, ils pourraient plus rapidement se mettre au travail et s'entrainer, chacun à leur façon.