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 Comme dans du coton [Julius - Astrid]

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Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



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MessageSujet: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyDim 17 Sep 2017 - 19:09
La nuit avale mes pas, le vent avale les pans de ma cuirasse. J'ai les bras croisés et plaqués contre mon torse pour me protéger du froid. Je suis seul dans la rue, personne ne me bloque le vent qui vient s'abattre sur moi et s'engouffrer dans les fentes de mon heaume. Je ferme les yeux pour éviter qu'ils ne se dessèchent et me courbe en avant pour mieux faire face au souffle du Maître. Mes bottes heurtent le pavé à un rythme lent et régulier. Je manque très souvent de glisser avec l'eau qui ruissèle sur le mortier liant les cailloux sous mes pieds. Le paysage en serait presque fantastique, fantastique de la puissance du Maître. Pourquoi ne la déchaîne-t-elle pas sur les Hérétique afin de les Purger? Peut-être parce qu'il estime que ses plus fidèles et compétents serviteurs doivent lui prouver leur affection pour sa divine personne. Je pense pour cette option. Le Maître est bon, il veut nous récompenser et nous offrir le bonheur éternel. Mais il veut aussi nous donner le goût de l'effort afin de nous faire élever sur l'échelle de la force et du courage. C'est pour ça que je marche au milieu des bourrasques et des panneaux de bois claquant au vent sans me décourager. Ni même souffrir.

J'ai mal partout pourtant. La Purge à été bonne aujourd'hui, un groupe de Fangeux s'étaient égarés dans un creux du relief, alors j'ai Purgé ces mécréants. Je suis meurtri, mon armure en est rayés à plusieurs endroits. Elle resplendit toujours du lavage que la Dame Astrid m'a offert, et mes yeux baissés pour faire face au vent aperçoivent le blanc éclatant du tabard seulement tâché de quelques traces marrons de sang Hérétique. Mes armes claquent dans mon dos, elles me disent de me hâter. Alors je me hâte.

Je remonte les rues en direction de l'Esplanade, cherchant un endroit abrité des vents pour me reposer et attendre demain, le levé de l'œil du Maître pour accomplir ma mission divine.

Une porte s'ouvre devant moi et un homme gros et gras en sors la tête pour jauger le temps. Ses cheveux longs et gras se plaquent sur son visage bouffi et gras qui se plisse instinctivement avant qu'une main potelée et grasse ne vienne s'interposer entre le chaos et ses yeux vitreux pour lui permettre de se rendre compte qu'il faut qu'il rentre vite dans sa maison. La porte se ferme d'un seul coup dans un claquement claquant à contre vent, me privant ainsi du doux son d'une activité humaine qui aurait pu briser ma solitude mordante.

Je passe devant une porte, et ne m'en rend compte qu'une fois que la poignée m'a heurté dans la hanche. Je m'arrête alors et me remet droit de quelques centimètres seulement qui déjà me font sentir le vent tellement plus fort. Le vent m'attaquant de travers me fait reconsidérer mon geste et analyser la situation. La porte devant moi est grande. Totalement en bois, sans aucun perçage, et autour d'elle se dresse un mur inquiétant. Je crois que c'est une grange, je pourrais m'y abriter pour la nuit, loin de tout ce vent et cette absence de monde. Je tend alors une main bleue à l'intérieur du métal gris. Mes phalanges graissées se plaquent contre le bois émaillé et rugueux. Mes muscles se contractent comme dans un dernier effort avant l'affalement. Je sens mon bras s'effriter intérieurement comme une viande conservée dans la neige.

Une fois la porte ouverte, une lumière jaune et chaleureuse m'envahit et me réchauffe le visage, ou du moins ce qu'il en reste. Au fur et à mesure que la porte tourne sur ses gonds en un grincement que le vent ne suffit pas à porter loin de mes tympans des rires viennent à eux. Je remet mon bras croisé avec l'autre. Des gens sont assis à un comptoir ou sur des tables dont je semble déjà connaître la disposition. Ils jouent, mangent ou boivent. Je tourne la tête vers la rue et aperçois une légère tâche rouge au loin sur le pavé. Un tumulte d'informations arrivent à mon esprit inhibé par le froid et la marche solitaire.

"-LA PORTE PUTAIN, IL FAIT PAS ASSEZ FROID OU QUOI?"

Je me retourne vers la porte.

Je pose un pied engourdi devant l'autre en baissant bien la tête de facilement vingt centimètres pour éviter le cadre de porte. Je suis attiré par une silhouette endrapée d'un bleu familier au fond de la salle. Je referme la porte derrière moi.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyDim 17 Sep 2017 - 20:35
Astrid n'avait pas faim. Ça tombait bien, parce qu'elle n'avait rien à manger non plus. Puisqu'elle se trouvait dans une auberge, ce n'était pas la nourriture qui manquait non, mais plutôt les fonds pour se l'offrir. Bien décidée à changer d'activités, Astrid avait déjà réduit le nombre de « visites » nocturnes qu'elle acceptait, pour faire un essai. C'était peu concluant, elle n'avait presque plus assez de pièces pour se nourrir à présent et elle sentait bien qu'elle allait droit dans le mur. Il lui faudrait un autre métier pour remplacer au moins celui là. Mais les honnêtes gens n'aimaient pas embaucher des gens comme elle et elle désespérait de trouver un jour. En attendant elle s'occupait à s'ennuyer dans la grande salle, comme si les odeurs des plats des autres allaient finir par la rassasier.
Jetant de temps en temps quelques coups d'oeil un peu partout, elle ne savait pas si elle parviendrait à se faire violence pour tenter de « séduire » quelqu'un aujourd'hui. Ce n'était peut-être pas plus mal. Ça voulait peut-être dire que, contrairement à ce que certains pensaient d'elle à voix haute, elle n'était pas tout à fait pervertie. Peut-être que les dieux pourraient l'aider. Elle n'osa pas prier. Des gens bien plus vertueux et bien plus malheureux méritaient leur aide, mais pas elle.
Elle était au fond, bien installée à une table qui lui laissait une bonne vue sur l'ensemble de la pièce. Vieille habitude, meilleure stratégie pour repérer le genre de tout le monde et faire des pronostics sur de potentiels clients. Mais là elle regardait la table, le plafond, le mur, la pauvre serveuse qui slalomait entre les tables. Il y avait du monde, parce qu'il faisait horriblement froid dehors. Sans la chaleur humaine, il ferait probablement très froid dans la grande salle aussi. La chambre d'Astrid était une vraie glacière, c'était aussi pour ça qu'elle n'y était pas restée. L'idée de trouver quelqu'un rien que pour se tenir chaud lui avait traversé l'esprit mais elle l'avait repoussée instantanément. Elle ne s'abaisserait jamais aussi bas.

"-LA PORTE PUTAIN, IL FAIT PAS ASSEZ FROID OU QUOI?"

Astrid tourna doucement la tête vers la porte. Elle était au fond, elle ne sentait pas vraiment le froid de la porte ouverte. Pas encore. Mais quelqu'un qui commençait la soirée par laisser la porte ouverte risquait de s'attirer les foudres de nombre de clients, et Astrid préférait savoir tout de suite qui serait probablement le souffre-douleur de la salle une fois tout le monde aviné convenablement.
Elle ne s'attendait absolument pas à voir un homme en armure d'au moins deux mètres de haut rentrer tranquillement, comme si on ne lui avait rien dit. Elle écarquilla les yeux en croyant le reconnaître. Julius ?
Il était bien là. Il était revenu. Il venait lui donner des nouvelles ! La cartomancienne n'imagina pas un seul instant qu'il puisse être là par hasard. S'il était de retour, c'était forcément parce qu'il s'était souvenu qu'elle lui avait demandé de lui donner des nouvelles. C'était forcément parce qu'il ne l'avait pas oubliée ! Cette constatation lui faisait chaud au cœur, et elle ne perdit pas une minute, pas une seconde pour se dresser sur ses deux jambes et aller le rejoindre avec enthousiasme. Les yeux brillants, un énorme sourire sur le visage, elle aurait eu bien de la peine à contenir toute la joie qu'elle ressentait en se disant que Julius ne l'avait ni oubliée ni abandonnée. Il était bien le seul.

-Julius !
S'exclama-t-elle en franchissant les derniers mètres qui les séparaient. Arrivée en face de lui elle n'osa plus bouger et ne sut pas quoi dire, dans un premier temps. Se faisant violence, elle ouvrit la bouche. Je suis tellement contente de voir que vous êtes... Là ? Revenu ? Non. Ce serait bien trop simple. Et Astrid, à moitié timide et à moitié surprise, n'avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire. … Vivant.

C'était une phrase étrange. Mais elle était si heureuse de le revoir qu'il ne s'en formaliserait pas.... N'est-ce pas ? Se sentant idiote, elle rougit. Elle pensa à la prendre dans ses bras mais son armure avait l'air si froide qu'elle avait l'impression qu'elle pourrait mourir rien qu'en se collant contre lui. Il aurait pu être mort pour la Purge, mais au lieu de ça il était là. Ça suffisait à Astrid.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyDim 17 Sep 2017 - 22:25
J'avance dans la pièce, les yeux petits et recroquevillés dans mes orbites. Le froid m'a complètement mordu et atrophié, si bien que je me déplace lentement dans la salle. Les gens me regardent d'un air soit inquiet, soit noir. Je tremble toujours à l'intérieur de mon armure qui, rafraîchie par le blizzard, continue de me maintenir en état de congélation. J'avance à petit pas au fur et à mesure que des frissons m'envahissent. Je me réchauffe lentement, et je me sens faible maintenant à l'intérieur de moi. Je suis lessivé et mon corps réclame du repos. Le Maître à décidé de me faire atterrir dans une auberge, ainsi soit-il. Je slalome entre les chaises. Mes orteils butent contre les pieds de certaines, m'octroyant un regard vengeur de la part de leurs occupants. Mon coude manque plusieurs tête sur son passage.

Un pincement vient heurter mon cœur. Une aiguille de vingt centimètres vient se planter dans mon thorax et manque de me propulser en arrière tellement je ne sens que ça. Mon visage se pétrifie et mes yeux manquent de sortir de mon crâne, comme pour voire et mieux croire ce qu'il m'arrive. Ma faiblesse s'exacerbe dans mon corps au point de me galvaniser en un élan d'affliction qui me semble éternel. Je suis total, et totalement stimulé, surpris. Attendri quand je me rend compte de ce qu'il m'arrive.

-Julius !

Une élan d'émoi naît au fond de mon estomac, dans le creux et la chaleur que mon corps protégeait des éléments. Cette sensation de douceur, cette boule imposante de plénitude comment à couler à l'envers à travers ma personne et remonte progressivement par mon œsophage jusqu'à arriver dans ma bouche et à mon cerveau. Dès lors c'est l'apothéose, je vois d'un orange mielleux tout ce qui m'arrive. Un mouvement de glissade perpétuel envahit ma tête et me donne l'impression de flotter à cinq centimètres du sol. Je me sens complet.

J'espère que le Maître ne m'en voudra pas. Pourquoi m'en voudrait-il? Je n'ai rien fait de mal, c'est bien lui qui a fait apparaître Dame Astrid sur mon chemin. Et pour ceci, je le louerais toute ma vie.

La Dame s'élance de son pas gracieux vers moi. Elle vole elle aussi! Par dessus les tables, les chaises, les gens. Ses yeux sont comme des étoiles dans la nuit sombre, quasiment capables d'annihiler la Fange par le simple regard qu'elle me porte. Son sourire lui embellit le visage, et donne un aspect de rondeur et de douceur à sa peau qui me pince les entrailles rien qu'à le voir. J'ai envie de me jeter sur elle, de la prendre dans mes bras et de l'emmener voler par dessus les gens avec moi.

Mais je suis froid, j'ai froid. Je grelotte encore. De l'eau ruisselle de mes plaques d'acier et mon tabard pourrait servir à laver les bols des clients. Mes muscles malgré la chaleur et le sursaut qui les a animés il y a quelques secondes sont encore pétrifiés par les éléments déchaînés à l'extérieur. Je ne peux même plus bouger maintenant que je me suis arrêté de marcher. Mes paupières se ferment toutes seuls tandis que de l'eau coule le long de mes cils. J'ai les lèvres qui pèlent avec le froid. Je ne sens plus mes orteils. Ma chair de poule est intense de par la Dame et le vent. Quelle situation pour accueillir et me présenter à celle qui m'a sauvé la vie.

Le Maître a-t-il tenu à me soumettre à tout ça? Ne serait-ce pas une épreuve que de me faire souffrir sous les yeux de la Dame afin de me forcer à prouver ma foi, ma force et ce que mon amour pour lui me rend capable de faire? Je ne sais pas, je suis trop niais et béat pour trouver la réponse au fond de mon cœur.

Une fois devant moi, mon regard est attiré dans le regard de la Dame. Je ne contrôle plus rien et mes maigres fentes ne suffisent plus à m'empêcher de plonger dans l'océan azur. Mon corps disparaît alors, je n'existe plus. Je ne vis plus. Je suis dans les yeux de la Dame, ce puit sans fond d'émotion et de choses. Je suis plein, et satisfait, je ne veux plus bouger même si mon corps ne me le permet plus. Je vis dans les yeux d'Astrid maintenant.

Je suis tellement contente de voir que vous êtes... vivant.

Elle me parle, je n'entend pas ses paroles. Je comprend très bien pourtant, car je vis ce qu'elle veut me dire. Ses pensées ne sont plus sous forme de mots, mais directement des émotions dans ses yeux que je capte alors de manière intense. C'est mille fois plus sublime que parler comme ceci. Je ne peux rien faire, mais je ne veux rien faire. Ma vie est bien comme ça. Comme lorsque je Purge pour le Maître et que je reçois son amour.

J'ai envie qu'elle puisse aussi plonger dans mon regard, ce n'est pas possible avec le heaume. Je ne pense qu'à l'enlever. Je ne peux pas avec mes mains. Je pourrait bouger les bras, mais en aucun cas serrer les poing. Alors je prend les Douces mains d'Astrid dans mes miennes, et prend un instant pour les serrer légèrement. Je ne sens rien avec l'acier et la glace, mais il me suffit de savoir qu'elles sont là pour me sentir comme enveloppé de sa chaleur corporelle. Je plaque ses mains contre le Heaume froid et les guide pour ôter cette chape de fer de mon visage congelé, blanc et inanimé.

Avec elle, je redécouvre le monde. Mon champ de vision s'élargit, mon souffle se perd dans l'air de la pièce avec lequel il communique. Ma peau est exposée à la lumière des torches et bougies du salon qui illumine mon derme blanc et livide. Je suis vivant, je renaît. Alors mes yeux verts plongent dans les siens et un sourire en coin naît sur mes lèvres comme il peut.

Un long moment se passa ainsi, je ne sais pas si la Dame me parle ou ce qu'elle pense. Je suis dans elle, dans ses yeux, je vis ainsi. Mes mains sur les siennes, elles mêmes sur l'acier forgé par le Maître et béni de son existence. Je suis complet, le temps s'arrête.

Alors, je me baisse dangereusement, mettant en danger mon équilibre. Mes musclent crient, ils ont mal, mes articulations cèdent, je vais m'écrouler. Mais non, je garde contact dans les yeux d'Astrid, et je tiens bon. Une fois ma tête à sa hauteur, j'étend mon cou le plus loin possible vers la droite. Mes artères sont tendues et chaque battement de cœur met à l'épreuve leur construction tellement elles manquent de céder. Je suis au bout de ma course, ma colonne souffre à force de s'étendre et de se plier.

Alors lorsque j'ai adopté cette position courbé/tendu. Je prend la Dame dans mes bras et enfourne son visage chaud et délicat dans le creux de mon cou ainsi formé. Et je suis bien comme ça.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyDim 17 Sep 2017 - 23:09
Il la regardait. Astrid n'en était pas certaine parce qu'il était dur d'apercevoir ses yeux à travers les minuscules fentes de son heaume. Elle se souvenait de l'impression de prison et d'enfermement qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait essayé. Elle ne s'imaginait pas un instant survivre comme Julius, réduite à ne voir qu'une maigre partie du monde. Ce n'était pas toujours beau mais au moins c'était une vision complète de la réalité. Au lieu de ça, la cartomancienne se retrouvait à plisser un peu ses jolis yeux pour tenter d'apercevoir véritablement les yeux de Julius. Il lui avait manqué, et elle n'était pas vraiment satisfaite de ne pas pouvoir le regarder simplement dans les yeux. En plus, il ne lui dit pas un mot.
Etait-il content de la voir ? Il ne serait pas venu s'il n'en avait pas eu envie. Du moins, c'était ce à quoi Astrid se rattachait, en attendant qu'il lui dise quelque chose. Elle ne pouvait même pas voir son visage, pas deviner un sourire... C'était terriblement frustrant. Finalement, Julius saisit doucement les mains de la demoiselle. Ses gantelets étaient humides et glacés, changeant le visage radieux d'Astrid en visage surpris le temps qu'elle s'y habitue. C'était tellement froid que ça en devenait brûlant, elle espérait qu'il avait l'intention de les ôter et de ne pas lui tenir les mains trop longtemps. Ses phalanges allaient tomber s'il continuait ainsi. Il leva ses bras, plaça les mains de la prostituée contre son heaume tout aussi gelé. Elle comprit vite qu'il attendait qu'elle l'enlève ou au moins qu'elle l'aide et fit de son mieux, obligée de se hausser sur la pointe des pieds pour y parvenir tout à fait.
Astrid oublia tout à fait le froid mordant et brûlant du métal entre ses mains, et même le poids du heaume lorsqu'elle aperçut le visage du chevalier. Qu'il était pale ! S'il ne se tenait pas debout on aurait pu le croire mort. Le pauvre, combien de temps avait-il passé dehors ? Depuis combien de temps ne s'était-il pas mis au chaud ? Au fond, Astrid n'était pas si étonnée. Ça lui ressemblait bien, d'attendre le dernier moment pour s'occuper de lui. C'était à cause de cela qu'ils s'étaient rencontrés. Ou grâce à ça, question de point de vue. Et malgré tout ça, il avait un petit sourire en la regardant. Il réchauffait le cœur de la cartomancienne, à défaut de réchauffer ses doigts.

-Vous devez être glacé, vous avez bien fait de venir,
dit-elle doucement, mais il ne sembla pas l'écouter.

Ils se regardèrent dans les yeux un moment encore, puis le chevalier finit par se baisser, se pencher vers elle dangereusement. Avec le poids de l'armure, elle se demandait comment il faisait pour ne pas s'écrouler. Elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre que Julius la prenait déjà dans ses bras. En collant le visage d'Astrid dans son cou, il la serrait aussi contre son amure.
C'était tellement froid qu'elle crut que la mort la prenait dans ses bras. C'était humide aussi. C'était glacé. Astrid frissonna, se mit à grelotter, mais au bout de quelques secondes elle ne put plus supporter cette étreinte et repoussa Julius. D'abord doucement, mais le pauvre ne semblait pas sentir grand chose avec l'épaisse couche de métal qui les séparaient. Elle dut se montrer plus insistante. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas le tenir dans ses bras, au contraire elle en était ravie, mais il faudrait qu'il enlève son armure. De toute façon, rester enfermé dans sa boite de métal ne pouvait que le maintenir aussi froid qu'il était et ce n'était pas bon pour lui.

-Vous ne voulez pas enlever votre amure ? Il faut vous réchauffer ! Venez avec moi, j'ai des couvertures dans ma chambre, et vous pourrez vous mettre à l'aise ça vous fera du bien.


Hors de question de le laisser congeler au milieu de la grande salle. S'il voulait quelque chose à manger ou à boire il pourrait toujours redescendre. Saisissant à nouveau un gantelet de Julius, elle tira doucement pour essayer de le motiver à se mettre en marche, avec un joli sourire sur le visage. Sa robe était pleine des gouttes d'eau qui parsemaient l'armure, et il lui avait transmis la chair de poule. De toute façon il n'allait pas refuser de l'accompagner, si... ?
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyLun 18 Sep 2017 - 22:24
La Dame s'en va de mon cou, elle me repousse de mon étreinte. Je reste pétrifié alors que sa joue chaude et délicate quitte la mienne en un mouvement de recul pressenti. Mon étonnement se vide dans son regard bleu. Un flot de larme essaie de monter depuis mon nez jusqu'à mes yeux verts qui ne scintillent plus. J'ai envie de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi. Le Maître ne veut pas m'apporter la réponse, je suis perdu. Je me sens de plus en plus seul, au point d'être totalement déchiré lorsque ses bras quittent les miens. Mon cœur est vide. Mon torse aussi. Je suis totalement à la dérive. Je sens comme le Maître qui vide mon cerveau avec une cuillère en bois. Pour le remplir d'un froid grisonnant semblable à celui qui souffle dehors. La seule chose que je sais est que j'ai envie de pleurer, mais pas de douleur. J'ai envie de pleurer car quelque chose m'étrangle dans ma poitrine. Je retombe instantanément à terre, et mes jambes manquent de céder sous mon poids lourd de peine. Alors la Dame recule, ne me tenant que par le bout de mes doigts bleus et durs dans le creux de sa paume rose et suave. J'ai froid maintenant, je ruisselle d'eau et le regard des gens autour de nous me fait sentir un mur s'écrasant contre ma face.

-Vous ne voulez pas enlever votre amure ? Il faut vous réchauffer ! Venez avec moi, j'ai des couvertures dans ma chambre, et vous pourrez vous mettre à l'aise ça vous fera du bien.

Je sens la petite main toute forte serrer mon index et mon majeur avec fermeté. Puis ensuite je suis aspiré en avant. Je ne comprend pas ce qui se passe alors que mes yeux sont vides et absorbés par les cheveux ondulants s'envolant à chaque pas. Mes pieds suivent sans même ressentir un poids, voir même sans toucher le sol. Mon corps s'efface petit à petit. Il ne peut pas suivre le chemin des étoiles que je suis en train de parcourir. J'ai une pensée pour quand le Maître aspire mon âme pour essayer de la reprendre. Déjà la dernière fois c'était Astrid qui l'a ramené dans mon corps. Ma plaie pulse encore un peu, comme tout le reste de mon corps d'ailleurs. Je sens mon sang circuler dans mes veines à nouveau. Ma peau arbore maintenant un rouge alcoolique tout juste réchauffé. Je ne me rend même pas compte du trajet que je suis déjà dans la chambre d'Astrid. Là ou je me suis réveillé la dernière fois que j'étais mal en point. Là où j'ai ramené la Dame après ses déboires avec ses clients. Là où nous avons... dormi.

La Dame me tend une couverture épaisse et pliée en deux. Sa couleur violette allant avec une robe présente dans l'armoire témoigne du fait qu'elle doit appartenir à une tenue complète. Je ne sais pas comment réagir face à ce bout de tissu, un mélange de gêne et de grâce m'envahit. Je relève les yeux de ce drap que je tien tel un benêt auquel on aura donné une horloge pour fixer les prunelles d'Astrid. Le pétillement de ses yeux et les paroles qu'elle m'adresse avec un grand sourire m'incite à l'utiliser. Je pose le drap bien plié sur le lit et commence à défaire les lanières de cuir de mes protections.

Ma peau respire maintenant et gémit d'inconfort à l'exposition de la chaleur humaine. Cela se traduit par des tiraillements et une blancheur excessive. Les veines bleutées viennent mettre un peu de couleur au tableau presque morbide. Seule une tâche rouge sur mon cou vient déroger à l'ambiance générale de ma peau nue de mon torse. Le Maître a abattu sa main sur moi ce jour là pour me mettre à l'épreuve. À l'épreuve des hérétiques? Ou une mise en garde contre le contact avec Astrid totalement proscrit? Je suis triste quelque part, qu'il soit totalement interdit. Mais je repense au pourquoi du comment, et le simple fait de revivre dans ma tête mes parties de chasse à l'Hérétique me fait bouillonner de joie et esquisse un grand sourire sur mon visage niais et picotant de froid sur l'épiderme.

"-J'ai bien accompli mon travail, ma Dame, avant de revenir vous voir."

Le Maître est content et m'a peut être mis sur le chemin d'Astrid pour ceci... Sait-il que je suis heureux de la voir? Je pense. Maintenant que je suis torse nu et dévêtu de mon armure, je peux enfin faire craquer toutes mes vertèbres et mon dos musclé mais engourdi. Je me sens libre de mes mouvements tel un nouveau né tout juste sorti du ventre de sa mère. Je ne suis pas si triste que ça de quitter ces plaques d'acier. Je reprend la couverture et la cale sur mes épaules. On ne voit de moi que mon cou et ma tête, le reste de mon corps est totalement caché derrière ce drap violine du plus bel effet. Je me sens comme... beau, devant Astrid. Et un autre sourire niais prend place sur mes lèvres.

Je m'approche lentement d'Astrid avec des petits pas, mes orteils ne sont pas encore totalement souples. Je baisse progressivement la tête pour pouvoir continuer de la regarder dans ses yeux au fur et à mesure que je me dirige vers elle. Quand nous ne somme qu'à deux centimètres l'un de l'autre mon menton toucherait presque ma pomme d'Adam mal rasée.

Quelque chose me parle depuis entre mes pectoraux. Je perd le contrôle et des millions de couleurs passent dans mes yeux et dans ma tête. Le Maître essaierait-il de me faire retourner Purger? Veut-il me parler? Une bille de plomb roule très vite contre les parois de mon crâne et je manque de tomber de ma hauteur contre le sol. Tout se passe très vite dans un élan émotionnel inconcevable quant-on ne l'a jamais ressenti.

Tout s'arrête lorsque la Dame est emmitouflée dans la couverture avec moi. Je ne vois plus que ses cheveux et le bas de sa robe dépassant des deux pans de tissu que je plaque avec mes bras contre son dos. Sa peau veloutée contre la mienne rêche et rugueuse. Sa joue délicate et tendre contre mes muscles saillants et secs. Ses yeux clos contre mon torse vieilli et abîmé. Tout me motive à sortir d'instinct une dernière phrase.

"-Vous m'avez manqué, ma Dame."
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyLun 18 Sep 2017 - 23:43
Julius n'opposa pas de résistance alors qu'Astrid l'entraînait à sa suite. Elle était heureuse qu'il soit là. Heureuse qu'il soit revenu. Comme la dernière fois il lui tenait à cœur de s'occuper de lui. Ce qu'elle avait d'abord fait par simple altruisme et inquiétude, elle était prête à le reproduire par attachement pour lui à présent. Le simple fait qu'il se soit souvenu d'elle et qu'il soit venu la retrouver, même si elle se doutait bien que ce n'était que pour mieux repartir servir son Maître, lui réchauffait assez le cœur pour qu'elle veuille sincèrement et naturellement l'accueillir de son mieux.
Le chemin jusqu'à la chambre n'était pas long, pas plus que la dernière fois que le chevalier y était venu, mais les regard étranges que les gens lançaient dans leur direction semblaient distordre le temps et l'étirer. Ils n'avaient pas l'habitude de voir un homme armé et d'une telle carrure par ici, sans doute, et même si la cartomancienne se moquait bien de ce qu'ils pourraient en dire elle n'éprouvait aucun plaisir à attirer autant l'attention.
Elle n'abandonna son gantelet de fer qu'après avoir amené Julius à bon port, et uniquement pour accomplir la petite mission qu'elle s'était donnée : prendre soin de son invité. Se dirigeant rapidement vers son armoire, elle en tira une couverture violette. Comme elle était maniaque et organisée chaque chose se trouvait à sa juste place, et il ne lui fallait jamais longtemps pour récupérer un objet qu'elle savait posséder. Une fois l'étoffe entre ses doigts elle s'empressa de la présenter au chevalier. Il la saisit, mais il y eu un étrange moment durant lequel il la regarda comme s'il ne savait pas qu'en faire. Astrid souriait toujours. Le teint pale de Julius ne serait qu'un lointain souvenir, elle allait s'en assurer. Elle lui fit signe, d'un air engageant, d'utiliser ce qu'elle lui rapportait.

-Voilà pour vous, vous allez voir elle vous tiendra chaud, et si ce n'est pas le cas je vous en trouverai une autre.

Julius ne dit rien, tout d'abord, et posa la couverture sur le lit pour défaire plus tranquillement ses protections. Astrid ne prit pas la peine de détourner le regard. Elle comprenait le besoin de pudeur qu'on pouvait ressentir, mais il lui semblait avoir déjà vu le torse du chevalier et même qu'il était sorti sans haut la dernière fois. Il ne devait pas être particulièrement gêné qu'elle le voit ainsi. La prostituée remarqua surtout qu'il se débrouillait bien mieux pour l'enlever qu'elle. Elle se souvenait des difficultés qu'elle avait eu à détacher chaque petite lanière et à ôter chaque protection alors qu'elle n'en connaissait pas bien la forme et l'utilité. Généralement elle ouvrait des chemises, et c'était plus simple pour tout le monde.
Il avait la peau pale. Pale comme son visage quand Astrid avait soulevé son heaume, pale comme un cadavre. La cartomancienne n'avait qu'une seule envie : l'enrouler dans la couverture et lui frictionner le dos avec vigueur pour s'assurer qu'il se réchauffe. Néanmoins elle ne bougea pas vraiment, ses yeux étaient trop absorbés par la contemplation de la marque de Julius, seule partie rouge de son épiderme pour le moment. Avait-il mal parfois ? Le visage de la demoiselle prit un air inquiet qui, quoique discret, abîmait légèrement son sourire. Elle n'était pas très douée pour veiller sur les blessés : Viktor comme Julius n'avait pas voulu garder le lit aussi longtemps qu'il l'aurait dû. Elle espérait que cette fois, le chevalier n'aurait pas envie de partie avant d'être au moins réchauffé. Il avait les doigts presque bleus, et elle s'étonnait qu'il puisse encore s'en servir. Pourtant il ne semblait pas inquiet du tout, lui ! Il souriait d'un air béat. Et ce visage heureux contribuait à la joie de la demoiselle.

"-J'ai bien accompli mon travail, ma Dame, avant de revenir vous voir."

La bouche d'Astrid s'étira encore un peu plus pour former un sourire aussi radieux que celui qu'elle avait arboré en apercevant le chevalier rentrer dans l'auberge. Les yeux toujours aussi pétillants, elle était heureuse de retrouver la simplicité de Julius. Elle savait qu'il n'avait pas chômé : comment pourrait-il en être autrement ? Et pourtant il était là, en pleine forme quoique glacé, sans chercher d'excuse. Juste en précisant qu'il s'était bien conduit.

-Je n'en doute pas,
répondit-elle doucement sans le quitter des yeux. Que dire de plus ? Elle savait qu'il ne serait pas revenu s'il n'avait pas estimé avoir rempli suffisamment son devoir.
Elle le regarda mettre la couverture sur ses épaules. Si. Il y avait une chose qui le surprenait un peu. Julius avait tellement insisté la dernière fois pour retrouver son armure au plus vite qu'elle ne s'était pas attendue à ce qu'il s'en débarrasse sans résistance cette fois. Elle ne lui en fit pas la remarque.
Maintenant qu'il était tout habillé de violet, la cartomancienne se sentait encore un peu mieux. Elle avait le sentiment d'avoir bien fait les choses, et c'était comme s'il était déjà tout réchauffé. En plus, le sourire de Julius valait bien tous les étés du monde.
Le chevalier s'approcha. Pas très vite. Emmitouflé dans la couverture il avait presque un petit air fragile, malgré sa carrure si impressionnante et la force que lui connaissait la demoiselle. Heureuse de voir qu'il ne rechignait pas à sa compagnie, elle franchit elle aussi quelques pas qui les séparaient et lorsqu'elle en eut l'occasion elle n'hésita pas à se glisser contre lui, sous la couverture. Elle sentait ses mains fortes refermer le tissu dans son dos. Elle était presque soulagée de pouvoir le tenir contre elle en chair et en os, et de sentir contre elle un homme et non pas une armure. Rattrapant l'étreinte entamée mais écourtée en raison du froid et de l'humidité, la prostituée posa même sa joue contre le torse de Julius. Et elle ferma un peu les yeux, aussi. Qu'il était bon de le revoir. Qu'il était plaisant de savoir qu'il ne l'avait pas oubliée.

"-Vous m'avez manqué, ma Dame."

-Vous aussi.
Il n'y eut pas une seule seconde de silence entre la déclaration du chevalier et la réponse de la cartomancienne. J'ai beaucoup pensé à ce que vous m'avez dit avant de partir la dernière fois. Elle commença à bouger ses doigts contre le dos du chevalier pour le réchauffer convenablement, mais écarta son visage du torse musclé du géant. Vous m'avez donné beaucoup de courage, et je voulais vous remercier.

Mais soudainement, Astrid rougit. Elle se sentait bien ridicule ne pas avoir proposé à son invité de s'asseoir. Lui qui avait eu si froid, il devait être épuisé ! Et voilà qu'il se retrouvait debout au milieu de sa chambre, alors qu'il aurait pu jouir d'un fauteuil ou même du lit que la demoiselle lui laisserait de bon cœur. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas partager, mais le malaise de la dernière fois la dissuadait de le proposer à voix haute.

-Je manque à tous mes devoirs ! Je suis sûre que vous êtes épuisé ! Avez-vous faim ? Ou soif ? Voulez-vous vous asseoir, ou vous allonger peut-être ? Vous êtes mon invité, si je peux vous rendre service n'hésitez pas à me dire comment,
termina-t-elle en calmant finalement son débit de paroles. Elle avait sûrement parlé bien vite, comme si ça pouvait rattraper le prétendu retard de ses mots qui auraient du êtres prononcés plus tôt. Elle lui fit un clin d'oeil. C'est ma manière d'aider la Purge.

Astrid avait bien compris que Julius n'était pas du genre à réclamer, et elle espérait que formuler les choses ainsi l'aiderait à ne pas hésiter. S'il ne demandait rien, la prostituée ne pourrait pas l'aider et ne pourrait donc pas participer à sa mission qui semblait lui tenir tant à cœur.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyMar 19 Sep 2017 - 20:09
-Vous aussi. J'ai beaucoup pensé à ce que vous m'avez dit avant de partir la dernière fois. Vous m'avez donné beaucoup de courage, et je voulais vous remercier.

Mon regard perdu dans l'horizon ne traduit pas mon incompréhension. Je ne sais pas en quoi mes derniers mots auraient pu lui donner courage. Je me suis contenté de dire la vérité, aussi crue et simple soit-elle. Le Maître et la Purge sont un exemple parfait d'honnêteté, ils nous font comprendre que les fioriture destinées à conforter l'esprit sont inutiles et plongent l'âme dans l'oisiveté. Je ne succombe pas à l'oisiveté, j'accède à la Purge. J'embrasse la croisade. Je vénère le Maître. La pureté des propos est mienne. Alors par le Maître, pourquoi ces conséquences? S'est-t-elle accrochée à mes mots comme à une bourse pleine? Elle a du souffrir pour qu'une simple phrase puisse lui donner une impression salvatrice.

"-C'est fini, Ma Dame. Avec moi l'honnêteté prime toujours."

Je plonge mon regard dans le sien. Je crois que j'ai fait le bien la dernière fois. Je me sens tout bizarre encore une fois, je vibre en harmonie avec le pouls d'Astrid que je sens contre ma poitrine. Une esquisse de sourire s'installe sur les commissures de mes lèvres. Je ferme les yeux et déglutit. Une vague de... fierté m'emporte. Astrid est heureuse, et je me sens bien d'y avoir contribué. S'est-elle dit qu'elle n'était vraiment pas un objet de désir pour les hommes? Elle devrait. Ce n'est pas parce que les clients vont... s'amuser, je crois, qu'elle n'est faite que pour ça. Ça me semble évident. Je suis heureux qu'elle m'ai écouté et qu'elle y ai réfléchi. C'est simple et agréable.

-Je manque à tous mes devoirs ! Je suis sûre que vous êtes épuisé ! Avez-vous faim ? Ou soif ? Voulez-vous vous asseoir, ou vous allonger peut-être ? Vous êtes mon invité, si je peux vous rendre service n'hésitez pas à me dire comment. C'est ma manière d'aider la Purge.

La formulation me plaît, et je pense qu'au Maître aussi. Mais je sais bien qu'au fond c'est plus pour moi que la Purge qu'elle fait ça. Je l'aime bien, la Dame, elle fait attention à moi. Le Maître qui me regarde devrait me punir, mais la Dame fait attention à la Purge et la Croisade. Le Maître ne peut pas aller contre elle s'il est bon, et il l'est. De plus, c'est probablement lui qui l'a mis sur mon chemin. Le clin d'œil qu'elle m'adressa finit de fendre mes lèvres en deux dans un rictus discret, mais suffisant pour faire apparaître mes dents blanches. Je penche la tête et plonge ma tête dans les cheveux d'Astrid le temps de réfléchir. C'est compliqué de réfléchir, le parfum remplit mes narines et mon esprit. Ma tête est maintenant pleine de volutes bleues qui me font tourner moi même. Je m'envole. Il faut que je me ressaisisse, sinon je vais heurter le plafond et le Maître va venir me remettre sur terre en me faisant saigner.

Je lâche Astrid, c'est dur. Mon visage devient dur et froid au fur et à mesure que je recule de la Dame. Les pas en arrière manquant de se prendre dans la couverture me permettent de voir la Dame dans son ensemble et de la contempler. Mais pas de la toucher, quelle dilemme! Je me tourne alors vite vers mon armure, et accélère le pas pour ne pas perdre une seconde. Je serre très fort la couverture, comme une peluche d'enfant et mes armes lorsque je chasse l'Hérétique.

Je dégage d'entre les plaques d'acier encore humides, posées au pied du lit qui commence à faire voir une auréole aquatique, une petite bourse de cuir laminée et percée. J'aperçois que mon bras à repris des couleurs. Je retourne auprès de la Dame et commence à ouvrir la bourse comme j'ouvre des Hérétiques pour les vider avant de les brûler au nom de la croisade. Il y a 27 pièces d'or à l'intérieur.

"-Ma Dame, j'ai trouvé ceci sur un Hérétique... Je crois que je devrais vous le donner. Je n'ai pas très faim, notre dernier repas tout les deux m'a suffit."

Je tend la bourse en cuir à Astrid avec un sourire conciliant. Puisse le Maître me venir en aide dans ce moment d'embarras. Et faire que la réponse à venir soit tout aussi douce que la peau de la créature divine devant moi.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyMar 19 Sep 2017 - 21:28
Astrid attendait patiemment la réponse de Julius. C'était vrai qu'il lui avait donné du courage, elle avait beaucoup réfléchi à son avenir depuis cette discussion qu'ils avaient entretenue tous les deux, même si c'était surtout le mot de la fin qui lui avait fait forte impression. Elle ne doutait pas de la sincérité des propos du chevalier, et c'était ce qui leur donnait encore plus de prix. S'il disait avoir vu en elle autre chose qu'une prostituée alors il le pensait sans aucun doute. Et savoir que quelqu'un l'estimait assez pour le penser, et même pour le lui dire, était un sentiment rare et plaisant. Elle n'avait pas beaucoup d'amis et son travail, ses travaux, avaient souvent été un peu tabous. Pas pour Julius.
Le chevalier sourit, et elle aperçut ses dents. Elle aimait bien le voir sourire. Il y avait beaucoup de guerriers qui devenaient taciturnes, ou, choqués par ce qu'ils voyaient continuellement à force de se battre, qui ne souriaient plus jamais. Mais même s'il abattait les Fangeux, Julius ne semblait jamais douter une minute. Les choses étaient si simples pour lui qu'Astrid l'enviait un peu. Il faisait le bien, il luttait contre le mal, et ça semblait une évidence.
Julius pencha sa tête et son visage se retrouva dans les cheveux de la prostituée. La demoiselle le trouvait étrangement tactile. Ce n'était pas pour lui déplaire, Julius était charmant et elle savait qu'elle n'aurait jamais rien à craindre de lui, mais elle ne s'était pas attendue à le voir profiter d'une si longue étreinte. Elle avait cru comprendre que les préceptes du Maître ne voyaient pas le contact physique d'un très bon œil s'il ne consistait pas en « tuer les Hérétiques ». Elle ne tenait pas à le mettre en mauvaise posture, et se sentait presque un peu coupable d'apprécier autant de le serrer dans ses bras en sachant que le chevalier pourrait être amené à le regretter. Elle ne dit rien, et il finit par se détacher d'elle et reculer. Son sourire avait disparu au profit d'un air plus fermé, plus... Froid. Avait-elle fait quelque chose qui l'avait blessé ? Non, il le lui aurait dit. Mais peut-être s'était-il lui aussi rappelé de ce qu'il avait dit sur le Maître quand ils avaient dormi ensemble, et peut-être qu'il regrettait de s'être autant rapproché d'Astrid.
Il la regarda un peu, presque de haut en bas, et la cartomancienne ne sut pas qu'en penser. Dans le même temps, il serra visiblement avec force la couverture contre lui. Il devait avoir froid. Il faudrait sûrement qu'elle lui en propose une deuxième. Seulement il se rendait vers son armure et cette direction intrigua Astrid. Elle garda sa proposition de couverture en tête, mais préféra d'abord faire un ou deux pas vers le lit pour regarder ce que faisait Julius. Le temps qu'elle s'approche il avait déjà récupéré ce qui l'intéressait. Entre ses mains se trouvait une petite bourse qu'il n'hésita pas à ouvrir sans ménagement pour la présenter ensuite à Astrid. Elle voyait l'or briller à l'intérieur et ne put pas empêcher son visage d'afficher toute sa surprise.

"-Ma Dame, j'ai trouvé ceci sur un Hérétique... Je crois que je devrais vous le donner. Je n'ai pas très faim, notre dernier repas tout les deux m'a suffit."

-Mais c'est à vous Julius !
Répondit instinctivement Astrid.

Son cerveau lui disait bien de s'en saisir sans discuter. Elle ne pouvait pas s'empêcher de convertir ce qu'elle voyait en nuit d'auberges, en repas... Mais elle ne pouvait pas prendre cet argent. Parce que c'était celui du chevalier, et que même si c'était évident qu'il l'offrait de bon cœur Astrid aurait l'impression de lui jouer un mauvais tour, ou d'attirer sa pitié.

-Je crois que vous ne vous rendez pas compte de la somme que ça représente. Vous devriez garder cet argent. Vous pourriez mieux réparer votre armure, en changer une ou deux pièces peut-être même ! Vous risquez votre vie pour vaincre les Fangeux, il est normal que vous soyez récompensé de temps en temps.


Elle referma avec application les doigts de Julius sur la bourse qu'il tendait devant elle. Elle n'avait pas d'argent, elle allait avoir du mal à s'en sortir, c'était vrai et elle ne mentirait pas au chevalier sur ce point. Mais elle n'avait pas l'intention de le dépouiller. Ça ne l'étonnait pas vraiment qu'il ne s'inquiète pas trop de cette somme au fond, il était au dessus de tout ça. Mais quand même.

-Personne ne vous paie pour ce que vous faites. Moi, si. Je me débrouille, ne vous en faîtes pas,
dit-elle en souriant.

Une partie d'elle-même ne parvenait pas à croire qu'elle venait de faire une croix sur de l'or. Et une autre partie se félicitait de sa conduite. En tout cas, Astrid toute entière se demandait comment Julius allait accueillir sa réponse. Elle espérait qu'elle n'allait pas le froisser en refusant. Et elle espérait que ça n'avait pas été une tentative détournée de se payer ses faveurs. Déjà parce que cette idée lui venait un peu tard, mais surtout parce qu'elle serait très étrange venant de Julius. Elle balaya cette possibilité aussi vite qu'elle était venue. Ce devait être l'habitude des clients tordus qui ne disaient pas vraiment ce qu'ils voulaient qui lui faisait imaginer cette hypothèse. Et de toute façon, Astrid serait bien incapable de faire payer le chevalier pour quoi que ce soit. Elle faisait de son mieux pour lui parce qu'elle s'y sentait attachée, et pas pour en retirer un quelconque bénéfice.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyMer 20 Sep 2017 - 18:49
-Mais c'est à vous Julius !

Justement, cette bourse n'est pas à moi. La couverture me semble tout de suite plus lourde et mes genoux se plient un peu. Je ne vois pas pourquoi cette argent serait à moi, je l'ai trouvé sur un impur. Le Maître ne serait pas content de me voir vivre avec du matériel, qui de plus provient de la charpie d'un Impur. Ça serait s'éloigner de la Purge que de profiter de cette argent, et pour en faire quoi, de plus. Je n'ai rien à en faire, simplement rien. Je n'ai pas besoin d'armure, ni d'armes, je dors très bien dehors et je mange à ma faim. Non, le Maître et moi ne souhaitons pas nous éloigner de la Croisade divine pour du matériel inutile et exagéré. Ma main se crispe un peu sur la bourse et une couleur étrange passe dans le reflet de mes yeux. Je perd mon sourire, mais continue de fixer Astrid toujours radieuse.

-Je crois que vous ne vous rendez pas compte de la somme que ça représente. Vous devriez garder cet argent. Vous pourriez mieux réparer votre armure, en changer une ou deux pièces peut-être même ! Vous risquez votre vie pour vaincre les Fangeux, il est normal que vous soyez récompensé de temps en temps.

"-Je ne veux pas. C'est inutile."

J'expose ce que je pense à la Dame. Il ne m'a pas fallu trois secondes pour lui dire que je ne voulais pas de son argent. Elle pense que je le mérite plus qu'elle... Mais moi, je ne fais que Purger dans ma vie. Le Maître ne m'a donné que cette mission, le reste en est superflu. Je ne vis pas mal moi, je suis heureux et rempli de bonheur d'accomplir la mission du Maître, la Purge ne requiert pas d'argent! Astrid elle, vit comme elle peut, en faisant des activités qui la mènent à se faire haïr des petites gens. Certaines personnes sont trop bonnes pour leur entourage. Je souris en pensant à ça. J'aime bien la Dame. Je remercie le Maître de me l'avoir fait rencontrer. Je me rappelle qu'au même titre que l'argent, le matériel et les loisirs, les femmes sont la paresse et les plaisirs inutiles à l'accomplissement de la Purge. Je ne dois pas m'attarder ici avec la Dame, sauf si le Maître en est la cause. Comme c'est le cas ici. Je profite, je profite de ce qu'on m'apporte, car c'est le Maître qui me le donne. L'important est de ne pas aller le chercher soi-même.

-Personne ne vous paie pour ce que vous faites. Moi, si. Je me débrouille, ne vous en faîtes pas,

"-Vous avez raison"

Le Maître a toujours dit de payer pour ce qu'on nous offre. Pas de dette, juste de la charité récompensée. Il est l'heure pour moi de payer.

Je lâche la couverture un peu humide mais chauffée par nos deux corps respectifs. Je la plie bien en carré sur le lit bordé et propre. Une petite auréole d'eau s'y forme rapidement. Elle sèchera bien vite. Je me frotte les mains. Ma corne sèche et dure me donne l'impression de frotter du sable. Ma peau à repris sa couleur traditionnelle, c'est à dire un blanc livide mais relativement plein et laiteux, caractéristique d'une relative bonne santé. Je passe la main sur ma plaie, mon visage se crispe rapidement. Je n'aime pas la sensation d'inflammation qui y règne encore. Je déteste aussi le toucher des fil de soie qui y traînent toujours. Une fois ceci fait je me dirige vers la porte de sortie. Le travail m'appelle. Le Maître sera fier de moi.

Je descend les escaliers de manière droite et en faisant attention, mes bottes encore glissantes manquant de se faire la malle à chaque marche. Ma main attrape une écharde sur la rampe faite d'une poutre de bois carré et brute, sans verni. Je l'enlève avec le bout de mes doigts, m'arrêtant net dans les escaliers. Le temps de faire mon office, je remarque que la Dame attend sur la marche derrière moi. Des insultes fusent sur les marchent devant moi, où un homme chevelu attend en tapant du pied qu'on voit s'agiter sous ses frusques tâchées de soupe. Encore derrière attend l'homme gros et gras de tout à l'heure avec une femme occupant probablement le même emploi que la Dame au vues de sa tenue. Lorsque j'ai fini d'extraire le parasite de ma main, je l'envoie d'une pichenette sur le nez du clochard devant moi qui baisse les yeux et passe sous mon bras. Devant cette incompréhension totale qui sied mon visage, le gros me demande solennellement si je puis me décaler, ce que je fais instantanément. La femelle derrière lui, elle, me perturbe au plus haut point. Quand c'est son tour de passer, elle m'adresse un clin d'œil plein de pensées insondables au fond de l'iris. Son rictus achève de faire naître la gène au fond de moi déjà bien présente à cause de la main qu'elle passe sur mes pectoraux que j'ai oublié de couvrir. Pourquoi fait-elle ça? Je ne sens rien et ne pense rien quant-à elle, pourquoi cette attitude? Ma bourse est toujours à ma ceinture, il faut continuer.

Je traverse la salle qui s'est remplie depuis que je suis arrivé. On peut encore patauger dans les traces d'eau que j'ai laissé par terre en arrivant. La serveuse slalome toujours sur son chemin. Son visage rondouillet et plutôt amical s'est terni depuis la dernière fois, probablement à cause du travail en amont. Je n'en sais rien. Je continue tout droit vers le comptoir. J'y pose mes deux mains à plat sur le bois verni et tâché. Certains bouts de poulet braisé sur une face traînent à côté de nous, la trace de bouillon allant avec signifiant qu'ils sont tombés ou ont étés projetés. Une fois la serveuse de retour à sa place derrière le comptoir, je me fais aborder d'une voix essoufflée.

"-C'est pour quoi?"

"-Un repas complet et garni au possible.

Pour la Dame avec moi.

Et un bouillon pour moi.

S'il vous plaît."


"-Tenez."

Je pose délicatement la bourse sur le comptoir, du bout des doigts. Comme si cela pourrait encore plus satisfaire le Maître que de limiter au maximum le contact physique avec la perversion. Le visage de la serveuse s'illumine d'un halo d'incompréhension et de joie. Je plisse les yeux et met le bras devant mes yeux pour ne pas être ébloui.

"-Je met le surplus dans le paiement de votre chambre! J'arrive tout de suite, asseyez-vous."

"-Ce n'est pas la mienne."

Trop tard, la serveuse est partie, faisant voler ses frou-frous avec elle dans sa démarche guillerette. Que s'est-il passé? Je ne sais pas. Je ne veux juste pas qu'on pense que je suis domicilié ici. Cette maison est à Astrid, et seulement à elle. Je cligne des yeux fermement et essaie de réhabituer ma rétine à la lumière ambiante maintenant que la femme rondelette est partie. J'ai froid au torse, un peu.

Je pars m'asseoir sur ma chaise en bois. L'une sur laquelle j'ai buté en rentrant quelques temps plus tôt. Je pose les bras dans mes accoudoirs, ils dépassent du bois lisse. Je tapote sur le bord de la table, faisant naître une petite musique. J'attend maintenant. Je repense au Maître, j'espère qu'il est content de mes actes, j'ai remboursé ma dette. Et j'ai une pensée pour ma plaie.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyMer 20 Sep 2017 - 21:41
Si Julius ne voulait pas garder l'argent les voilà dans une impasse. Astrid n'allait pas subitement changer d'avis en apprenant qu'il trouvait inutile d'avoir des pièces d'or. Elle ne comprenait pas son point de vue mais elle ne se sentait pas l'envie de développer toutes les raisons qui la poussaient à trouver la monnaie utile. Julius allait sans doute insister pour qu'elle prenne son argent si elle montrait tout l'intérêt qu'elle y portait. Ce n'était pas de sa faute, elle n'était pas particulièrement vénale ni avare, mais les conditions présentes faisaient qu'elle n'avait pas vraiment d'autre choix que celui de s'intéresser aux finances.
Le chevalier avait aussi dit qu'elle avait raison, mais il n'ajouta pas un mot. La cartomancienne se demandait ce qu'il pensait de ce qu'elle avait dit de manière un peu plus précise mais elle ne voyait pas comment lui demander de compléter sa phrase. Astrid savait que s'il s'était arrêté là c'était que ça devait lui paraître suffisant et/ou évident, mais ce n'était pas son cas.
Elle poussa un soupir en suivant du regard les gestes du purgateur. Pourquoi enlever la couverture de ses épaules ? Il allait mourir de froid ! Pourtant, il la replia avec soin et la posa aux pieds du lit comme si c'était la chose la plus logique à faire. Et le sourire d'Astrid revint. Elle ne comprenait pas souvent où il voulait en venir, mais elle était intimement persuadée que c'était un homme bon et ça suffisait à rendre ses petites bizarreries attendrissantes. Elle vit bien son air crispé alors qu'il passait sa main dans son cou, mais alors qu'elle faisait quelques pas pour le rejoindre et essayer de jeter un coup d'oeil à son ancienne blessure il se trouvait déjà dans le couloir. Où allait-il ?

-Julius ?

Julius n'allait pas bien vite, elle aurait pu facilement l'interpeller pour lui demander avec plus d'insistance ce qu'il comptait faire mais elle n'en fit rien. Astrid se contenta de le suivre alors qu'il descendait les escaliers, en réfléchissant au fait qu'elle devrait peut-être lui rapporter la couverture. Elle n'avait malheureusement pas de vêtements qui pourraient convenir au guerrier, déjà parce qu'elle ne possédait pas de vêtements masculins mais surtout parce qu'il avait une carrure si impressionnante qu'elle doutait qu'il puisse se vêtir comme n'importe qui.
Il s'arrêta tout d'abord au beau milieu de l'escalier sans aucune raison apparente. La prostituée essaya bien de voir ce qui le gênait pour avancer mais elle ne retira aucune information utile de son observation et ne put qu'entendre des injures venant de personnes qui auraient aimé pouvoir passer à l'étage. Julius n'eut pas l'air d'en être dérangé mais dés qu'il laissa les autres clients passer, ce fut Astrid qui se répandit en excuses derrière lui autant que si ça avait été sa propre faute.Personne ne lui répondit vraiment. Ce qu'elle aperçut comme signe majeur de communication à son égard fut le regard que lui lança la demoiselle après avoir caressé du bout des doigts le torse de Julius. Évidemment Astrid et elle se connaissaient, et même si elles ne se détestaient pas il y avait entre elles deux une forme de rivalité évidente. Le problème ne venait pas de l'activité mais plutôt du terrain de chasse qu'elles se voyaient obligées de partager, seulement ni l'une ni l'autre ni pouvait quoi que ce soit.
Le chevalier ne lança même pas un regard pour suivre l'ascension de la deuxième prostituée malgré la petite caresse qui avait sans aucun doute poursuivi ce but. Sans trop savoir pourquoi, Astrid s'en réjouissait. Même si ça ne semblait pas être le genre de Julius, elle n'aurait de toute façon jamais trouvé le courage de le dissuader de passer une nuit dans les bras de ce genre de fille. Mais le guerrier avait toute son estime et une large part de son admiration, il méritait bien mieux qu'une de ces filles de bas-étages. Et il méritait par là mieux qu'elle-même probablement, peu importe tout le soin qu'elle voudrait lui apporter. Sur cette pensée presque maussade, Astrid se rendit compte qu'elle avait laissé Julius se remettre en route et qu'elle était restée comme une idiote sur le côté de l'escalier. Alors elle le rejoignit assez rapidement.
Il avait déjà atteint le comptoir et la prostituée n'eut aucun mal à se frayer un chemin jusque là en restant plus ou moins dans son sillage. Arrivant à droite de Julius, elle posa sa main gauche contre son dos juste une seconde pour lui indiquer sa présence qu'il ne sembla pas prendre en compte. Le chevalier posait alors sa bourse sur le comptoir. Sa bourse pleine. Astrid leva vers lui un regard tout à fait surpris, et ne remarqua même pas à quel point il parut faire le bonheur de la serveuse.

"-Je met le surplus dans le paiement de votre chambre! J'arrive tout de suite, asseyez-vous."

"-Ce n'est pas la mienne."

C'était terrible. Julius avait apparemment, plus ou moins volontairement, trouvé un moyen de se débarrasser de la bourse qui l'encombrait : il venait de payer en très grande partie la chambre d'Astrid. Avec ce qu'il venait de donner, il n'y avait pas à douter que la serveuse aurait mis la moitié des clients dehors s'il le lui avait demandé.
Comme s'il venait de faire l'acte le plus anodin du monde Julius partit simplement s'asseoir sur une chaise vide non loin de la porte, et Astrid se retrouva une nouvelle fois plantée là sans trop savoir que dire ou que faire. Secouant doucement la tête pour reprendre ses esprits, elle finit par le rejoindre et par s'asseoir timidement à ses côtés. Que dire ? Que faire ? Comment exprimer à la fois sa reconnaissance et son malaise à l'idée d'un si grand cadeau ?
Elle prit une grande inspiration. Puis une deuxième. Elle aurait aimé lui dire les choses aussi simplement qu'il le faisait lui, mais elle n'était pas aussi douée pour l'assurance et la concision. Et il fallait aussi avouer que les gens les regardaient beaucoup, cherchant sans doute à comprendre pourquoi une prostituée s'apprêtait à manger avec quelqu'un qui avait tout l'air d'être son client et d'être déjà à moitié nu. Tout était gênant.

-Julius...
Elle voulait attirer son attention mais d'un autre côté elle n'avait pas encore réfléchi à ce qui allait suivre. Il y eut un peu de silence. C'est vraiment... Ce que vous avez fait... C'est... Les larmes montèrent à ses yeux, ses eux devinrent brillants, mais elle fit mine de pas être gênée et voulut continuer à parler. Sa bouche s'ouvrit sans aucun problème, mais un petit son étouffé en sortit à peine et ensuite plus rien. Elle referma ses lèvres. Alors, quelques larmes coulèrent doucement, et elle ne put plus faire comme si de rien n'était. Honteuse, Astrid baissa les yeux vers la table. Je ne veux pas de votre pitié, je ne vous aide pas pour obtenir quelque chose... Je vous remercie mais... . Ses larmes, peu nombreuses, se tarirent assez vite tout de même. Elle les essuya d'un geste déterminé mais pas rageur. Mélange de soulagement en sachant qu'on ne la mettrait pas dehors de sitôt mais aussi d'humiliation à l'idée de ne pas s'être débrouillée toute seule comme on lui avait toujours demandé de le faire.

Elle redressa le visage pour adresser un sourire triste à Julius. Il devait comprendre non ? Astrid tenait au peu de fierté qui lui restait, elle n'avait pas envie de devoir quelque chose à quelqu'un et ce paiement surprise était une dette qu'elle n'avait aucun moyen de payer et qu'elle n'avait même pas voulu contracter.

Je n'ai rien pour vous remercier. Évidemment vous êtes le bienvenu et vous le serez toujours, mais ça n'a rien à voir avec l'argent... Dites moi. Vous ne voulez pas d'argent, j'ai compris. Alors quoi ? Comment vous remercier ?


Le rouge du cou de Julius lui sauta presque soudainement aux yeux alors qu'elle parlait ainsi. Astrid rapprocha son siège de celui du guerrier et glissa sans rien demander une main sur le haut de son épaule et une autre dans son cou pour mieux observer les résultats des soins de fortune qu'elle avait pu trouver pour lui. Peut-être pourrait-elle faire quelque chose pour lui à ce niveau là ?

- Ça vous fait mal ?
Demanda-t-elle doucement.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyMer 20 Sep 2017 - 22:43
Maintenant, je suis sur ma chaise. Mes doigts tapotent sur les accoudoirs et j'attend. Je réfléchis encore à ce que je viens de faire. Je ne sais sincèrement pas quoi en penser. Le Maître nous a dit de ne pas succomber au plaisirs putrides et inutiles qui ralentissent la Purge! Je n'ai fait que mon devoir! Simplement, je n'ai rien à me reprocher. Maintenant les gens bougent et tournent autour de nous. Nous, car la Dame est venue s'asseoir à côté de moi et attend son plat elle aussi.

J'aurais sûrement du lui demander ce qu'elle voulait. Quel benêt. Je prie le Maître pour qu'il fasse que les choses se passent bien. Tout au fond de moi une tornade commence à germer derrière mon plexus... Je crois que j'ai peur. Et si le plat ne plaisait pas à la Dame? Et si elle n'aimait pas? Si elle tombe sur l'aliment qu'elle exècre, je suis cuit! Je ne sais pas pourquoi tant de peur et de démesure dans ce brouhaha qui naît dans mon ventre. J'ai plus peur que devant des Hérétiques. Car là, la volonté du Maître n'est pas aussi présente. Je baisse les yeux et plaque une main sur mon ventre nu. J'ai froid. Je m'en veux d'avoir ouvert la porte.

Ce moment d'attente est long et exténuant. J'ai juste envie de sauter, de retourner les tables avec mes bras pour qu'on m'apporte de quoi satisfaire la Dame. Je n'ai pas envie de la voir grimacer par ce que j'ai fait! Surtout pas non non non! Je ne veux pas créer le mal-être! Mon seul but est de Purger les Hérétiques, laissez moi, insultez moi sur ce sujet là, mais pas la Dame! C'EST HORS DE QUESTION!

Je me rend compte que j'ai tapé du poing sur la table. Mes veines sont gonflées et mes tendons grimacent, hurlent de douleur. Eux qui sont habituellement bleus et calmes rougeoient et me crient dessus pour que je me calme. Mon corps répond à mon emportement. L'adrénaline arrive en masse dans mon système corporel, mon estomac se verrouille et je commence à suer. Beaucoup. La sensation de chaud-froid est immédiate. J'ai la sensation d'être une cheminée et d'évacuer de la fumée, de la poussière, de rougeoyer de chaleur au milieu de toute la glace de la pièce. Pourquoi une si grande réaction?

C'est vrai ça, pourquoi?

Je me radosse sur ma chaise et porte ma main sous mon menton. Au fur et à mesure que mon regard vert se dirige vers le néant que seul le Maître connaît, mon cerveau s'allume. Est-ce parce que ça parle d'argent? Sûrement pas, je refuse tout contact avec l'argent. Je ne mérite pas l'oisiveté et le matérialisme, la Purge est ma seule raison de vivre, ma seule destinée. Aucune notion d'amassement monétaire ne doit y entrer. Je n'ai même pas considéré la perte de la bourse, car je n'ai même pas considéré sa possession. Je réfléchis encore plus, je m'aventure dans les fin fonds de ma tête.

Alors, je vois une petite bête. Quelque chose de tout petit, mais qui brille très fort. Les volutes de fumée dorées qui en émanent tournent lentement, avec une précision infime et infinie. Autour d'elle le noir essaie de la manger, mais non. Cette chose existe et le simple fait qu'elle soit est bien plus fort que tout. Je tourne autour, elle tourne avec moi. Je la regarde, elle m'éblouit. J'en détourne le regard, je me sens vide. Le noir autour m'avale si elle n'est pas là... J'ai mal, j'en souffre très fort. Je secoue la tête, et me redresse d'un coup sur ma chaise. Mains sur le bout des accoudoirs, et penché en avant. J'ai sursauté. Un cri meurt aussi tôt qu'il naquit dans ma bouche. J'ai des spasmes.

Je retourne la tête vers l'endroit où était la force il y a quelques millièmes de seconde. Là, deux grands yeux bleus bercés de larmes me regardent.

-Julius...

Je tourne la tête lentement, et croise une jambe sur l'autre. Mon dos glacé supporte mal ce mouvement, il gémit et me signale que je souffre. Mais j'écoute Astrid, je dois l'écouter. Comme le Maître me le dit.

C'est vraiment... Ce que vous avez fait... C'est...

"-Absolument rien"

Je ne comprend pas du tout sa réaction. Je suis... circonspect. Qu'ai-je fait de mal? Je sens des sanglots dans sa voix douce et basse. J'essaie de comprendre, je n'y arrive pas du tout. Je viens de payer sa chambre avec de l'argent que je n'avais pas. Où est le mal sincèrement? Le Maître doit-être fier de moi, c'est tout. Pourquoi pleure-t-elle alors? Mon front se remplit de vide, et une série d'électrochocs réveilles les points de mon corps créant une gêne. Je remue mon séant sur le plateau de la chaise et m'avance vers elle quand la Dame se remet à parler.

Elle ne parle pas, elle pleure.

Sa voix a du mal à s'extirper de sa gorge ondulante à chaque mot. J'avance mon visage plus près du sien. Ses yeux sont luisants, et le fait qu'elle les plonge dans les mien me crée une bille de plomb dans le ventre.

-Je ne veux pas de votre pitié, je ne vous aide pas pour obtenir quelque chose... Je vous remercie mais...

"-Pas de pitié, que ce soit pour les Hérétiques ou qui que ce soit."

La douleur chaude et brûlante dans ma gorge me signale que ce n'était peut-être pas la meilleure chose à dire pour réconforter Astrid. Mais elle me parle comme si j'étais son sauveur, son héros, alors que je n'ai sauvé que moi dans l'histoire! La seule personne que j'ai fait échapper à un vice ici c'est moi, je me suis écarté de l'impureté en me séparant de quelque chose d'insignifiant. Pourquoi de la pitié? Mon incompréhension est totale. Je me radosse sur mon siège, et me calle au fond du tissu rembourré de paille qui pique le dos par endroit. J'aurais du mettre un haut. Je n'ai absolument rien fait. La réaction de la Dame me paraît étrangement disproportionnée par rapport aux évènements qui arrivent. Elle devrait au mieux être indifférente, au pire heureuse! Je ne comprend pas. Je suis largué et je soupire de désolation quant-à ma condition.

Je suis déchiré, Astrid essuie ses larmes d'un geste rageur. Sa manche de robe est tâchée, et son visage griffé de rouge. Je ne peux réprimer un coup dans la poitrine qui me rend tout détraqué moi aussi. Alors je rapproche ma chaise jusqu'à ce que mon accoudoir soit collé au sien, et passe mon pouce sur sa joue. L'eau salée humidifie et ramollit la corne de mon pouce. Le contact de la peau délicate de la Dame me passe comme un tissu chaud sur le cœur. Je souris niaisement.

Le visage de la Dame se redresse lentement. Son regard triste et effacé ne dénature pas du tout aspect l'aspect de majesté qui se dégage de la couleur lagon de ses yeux. Un pincement me pique le cœur, je vois la fibre rouge s'étirer dans mon torse au fur et à mesure que mes pupilles plongent dans les siennes. Mon sang pulse plus vite, et d'un seul coup ma plaie recommence à me tirailler. Mais je m'en moque, je souris. Je suis bien.

-Je n'ai rien pour vous remercier. Évidemment vous êtes le bienvenu et vous le serez toujours, mais ça n'a rien à voir avec l'argent... Dites moi. Vous ne voulez pas d'argent, j'ai compris. Alors quoi ? Comment vous remercier ?

Mon regard s'efface d'un seul coup, et retourne au Maître dans le néant où il habite. Mon âme s'avale sur elle même et je ne suis bientôt plus qu'une carcasse vide. Pourquoi cette question?

Je n'ai pas de réponse. Du tout. Je suis vide.

Enfin, il y a quelque chose, cette spirale de chaleur, de bonheur. Ce pincement au cœur. C'est sûrement ça. Mais qu'est-ce? Oh Maître, donne moi la réponse à ma question. Tu as mis cette femme sur ma route! Pourquoi ne pas m'expliquer? Parle moi! Ne me laisse pas, par pitié. Ne me laisse pas perdu... Je ne trouve pas. La douleur me fait remonter. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Surtout que je m'acoquine avec une femme! C'était proscrit! Pourquoi, que suis-je entrain de faire? Pourquoi le fais-je? Qu'attends-je en retour? Aucune idée. Que des questions sans réponses! La Purge. Elle me manque. Pourquoi les choses ne peuvent pas être aussi simples que de prendre Étoile du Matin pour aller taper de l'Impur sale, affreux et abominable? Maître, je t'aime. J'espère que tu m'entends. Car sans toi je serais perdu dans toute cette mélasse de questions sans réponses.

Mon regard remonte dans mes yeux quand je suis parcouru d'un spasme. Je sursaute et regarde autour de moi. J'écarte un peu le torse pour voir qu'Astrid a ses mains posées sur mon cou pour regarder ma plaie.

- Ça vous fait mal ?

"-Pas du tout"

Je souris en coin et regarde la Dame. Elle est attentionnée, et j'en suis tout ronronnant, tout chaud. Je me sens enveloppé avec elle, comme protégé de tout. Je pourrais tuer tout les Hérétiques de Marbrume si je le voulais, tant qu'elle est avec moi! Je décroise les jambes... Pense au Maître. Je vais faire quelque chose de pas bien, mais c'est trop fort... J'espère qu'il me pardonnera. Par pitié, faite que mon choix soit conforme à sa volonté. Faites que le fait qu'il ai mis Astrid sur ma route soit un signe. Car sinon, son fidèle serviteur va chuter de haut.

Je plaque ma main sur celle d'Astrid. C'est chaud et doux, de sentir sa peau frêle sous la mienne.

"-J'ai fais ça car je n'avais aucune raison de ne pas le faire. C'est tout.

L'argent est inutile. L'argent mène au matérialisme, et le matérialisme ne mène pas à la Purge. J'ai satisfait le Maître en écoutant ses commandements. Je dois accéder au bonheur, rentrer à la maison. Pas amasser de l'argent".
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyJeu 21 Sep 2017 - 10:26

"-Pas du tout"

Il souriait et regardait Astrid. Visiblement il ne devait pas mentir, parce qu'il avait l'air heureux et parce qu'il ne mentait jamais. La demoiselle aussi lui fit un petit sourire, bien qu'elle ne se sente pas encore très bien. Julius n'avait rien répondu quand elle avait demandé ce qu'elle pouvait faire pour lui, et la perspective de devoir trouver toute seule ce qui lui ferait plaisir n'avait rien de rassurant. Les goûts du guerrier semblaient différents de ceux du commun des mortels, et il ne daignait pas les expliquer quand elle le lui demandait.
La cartomancienne ne cessa pas tout de suite son observation après avoir appris que ce n'était pas douloureux. Ses yeux détaillaient le travail réalisé. La couture était plus belle que celle qu'elle avait dû faire à Viktor à cause du couvre-feu qui les empêchait d'aller chercher un guérisseur. Il était probable que bientôt Julius ne ressente plus de gêne et qu'il en garde une jolie cicatrice. Il avait eu de la chance dans son malheur.
Le chevalier plaqua sa main sur celle d'Astrid alors qu'elle venait à peine de la reposer sur la table. Il avait la main chaude. La demoiselle agrandit son sourire en le regardant. Julius semblait un peu mal à l'aise sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi. Probablement le fait d'être torse nu dans une salle froide. La prostituée retira sa main, pas pour échapper au contact du guerrier mais plutôt pour la tenir également contre ses doigts. Elle lui prit donc la main de manière à pouvoir la serrer doucement, et à ce que Julius ne soit pas le seul à profiter de ce geste.
Elle était un peu surprise. Ce n'était qu'un geste anodin et sans grande importance mais il venait de Julius, et n'avait rien à voir avec une simple étreinte de retrouvailles. De plus, personne ne prenait jamais la main d'Astrid. C'était bien trop faible pour indiquer à une prostituée qu'on avait l'intention de s'offrir sa compagnie, en particulier sans aucun mot. Elle regardait le chevalier avec un sourire et de la curiosité.

- Oui ?

Il la regardait, il lui tenait la main... Et s'il avait un service à lui demander ? En tout cas, il devait bien avoir quelque chose à lui dire sans quoi Astrid ne comprenait pas grand chose à la situation. Mais elle aimait bien tenir la main de Julius. C'était bizarre de se dire qu'il s'en servait pour tuer les Hérétiques, parce que même s'il y avait de la corne et qu'elle n'était pas aussi douce que la sienne, il était difficile pour Astrid de l'imaginer violente.
Elle en serait peut-être venu à le prendre à nouveau dans ses bras, mais la serveuse arriva à ce moment là avec les assiettes que Julius avait demandées. Astrid, accablée de surprise, de retrouva avec une assiette si garnie qu'elle savait déjà qu'elle ne la finirait jamais. Ça sentait bon pourtant, et elle n'était pas bien difficile en terme de nourriture. Julius n'avait pas demandé la même chose pour lui, et il se retrouvait avec du bouillon sous le nez. C'était bizarre. Il avait besoin de manger beaucoup plus vu sa carrure et ses activités. La serveuse avait dû se tromper et inverser les assiettes.
]
- Je vous remercie,
dit-elle doucement. Offrir un repas était moins impressionnant que lui payer sa chambre, elle s'en sentait plus à l'aise et pouvait le remercier sincèrement sans avoir l'impression qu'il en faisait trop pour elle et donc sans se mettre à pleurer. Je crois que la serveuse a dû mélanger les plats, non ....? Osa-t-elle dire timidement. Elle n'était pas là quand Julius avait commandé, elle ne savait pas ce qu'il avait voulu ni ce qu'il avait choisi pour elle et elle ne voulait pas le blesser par inadvertance.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyJeu 21 Sep 2017 - 22:45
La Dame examine mon cou. Ses yeux bleus resplendissants balaient la plaie avec une minutie et une attention que je ne connais que dans la Purge. Ses cheveux virevoltent de temps en temps lorsque sa tête s'agite, et elle semble vraiment préoccupée. Que peut bien-t-elle penser de ceci? J'espère qu'elle ne regrette pas de m'avoir recousue. Maintenant que j'y pense, c'est quand même dommage que je me sois effondré et vidé de mon sang en pleine rue. La force du Maître n'était pas assez avec moi pour me prévenir des risques et des dangers. J'aurais pu mourir là, et c'aurait été un honneur que de donner ma vie pour la Purge et retourner à la maison. Mais non, le Maître m'a déposé dans le creux de la Dame, Astrid. Il l'a fait apparaître dans ma vie et dans mes yeux. J'espère qu'il ne m'en veut pas, qu'il ne regrette pas son geste. Ou pire, que je lui fasse regretter. C'est compliqué à savoir, Le Maître proscrit les femmes durant la Guerre Extérieure mais dépose un ange sur ma route vers la Purification...

Reste à savoir s'il accepte, s'il refuse, s'il tolère ma réaction quant-à la Dame. Le fait qu'elle soit arrivée... N'est pas utile à la Purge, en soi. Tout ce qu'elle fait naître en moi, ce qu'elle fait chavirer dans mon ventre, ce qu'elle me fait voir. Tout cela est-il vraiment voulu par le Maître? Je ne sais même pas ce que c'est, j'espère que j'ai raison dans mon ignorance... Je dois rester focalisé sur la Purge. La Purge et la Croisade. Le seul but ultime et vraiment digne pour l'humanité. Que tout le monde loue le Maître et sa pureté!

Je me cale dans le fond de mon siège, et adopte une posture qui décontracte mon dos. Il craque lentement, mêlant les sons qu'il émet avec la toile qui se froisse. Une bouffée d'air frais me prend dans les poumons alors que j'étend les bras, je me sens bien... Ma main est prise dans une étreinte? Quoi?

Je sursaute et écarquille les yeux de surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'Astrid prenne ma main dans la sienne. C'est chaud, c'est doux, j'ai l'impression d'avoir la main dans un gantelet de soie, et je sens de la chaleur vitale, de l'énergie bienveillante irradier de la main de la Dame. Ce bonheur émane, pénètre ma palme par tout les pores de la peau. Sitôt, je sens quelque chose tourner en moi, très vite. Mon cœur s'accélère et est piqué par quelque chose de prenant. Je relève les yeux pour les plonger dans ceux d'Astrid. Son sourire et ses prunelles, j'y cherche une réponse. Tout ce qui j'y trouve, c'est le moyen de rougir.

Par le Maître, qu'est-ce qui m'arrive? Je me sens tout coulant, tout doux et calme. Si ça continue comme ça, je ne vais pas avoir assez de force pour Purger! Que pense le Maître en ce moment-même? Je ne sais pas, je n'en sais rien! Ma bouche s'ouvre un peu de décontenance. Je suis perdu. je n'arrive pas à savoir si ce que je fais, si comment je me sens, est bien ou pas à ses yeux. Je me laisse fondre sur mon siège, emporter par des forces m'asservissant à même le poitrail. Et un dilemme trop grand pour mon esprit remplit par la Purge et la Dame.

Je ne sais pas comment je dois réagir à ces choses qui me font sentir bien. Mais je me sens bien. Aussi étrange et problématique que ça puisse être.

- Oui ?

"-Non... Rien... Je voulais juste..."

La confusion est trop grande. Je n'arrive à rien. Simplement à me perdre encore plus profond dans les méandres de mon esprit. Le temps passe, c'est long. Je savoure cet instant de contact chaud et réconfortant. Je savoure également le malaise qui s'installe dans ma tête. J'ai honte de moi, j'espère pour une fois que le Maître ne me regarde pas. Qu'ai-je pour ma défense? Le hasard? Ça n'existe pas, le hasard est le fruit de la volonté du Maître. Alors le fait que je sois heureux grâce au hasard revient à dire que le Maître me rend heureux? Heureux avec quelque chose qu'il me proscrit? C'est complètement insensé. Je suis stupide, très stupide.

"-Je crois que je suis stupide, j'espère que vous ne m'en voulez pas."

Au moins, le silence est crevé. Ma tête n'en comprend pas plus pour autant. Mais je marine maintenant avec la Dame à côté de moi. Que se serait-il passé si elle n'avait pas été là? Le Maître aurait-il continué de m'aimer? Il m'aurait repris la vie. C'est sûr. Je serais avec lui en ce moment même, toujours inchangé. Toujours aimé et digne de son affection. J'aurais réussi.

Mais là je suis à table avec la Dame. La Purge est ralentie car j'assouvis mes besoins physiologiques, alors que je pourrais être en train de Purger à l'heure qu'il est. Je pourrais être dans le froid, caché par le vent porteur de gouttelettes. Étoile du Matin dans la main, mon bouclier dans l'autre, à courir après une cible que je ne verrais que par deux étroites fentes... Je pourrais être heureux.

Mais je le suis déjà.

Je suis bien là où je suis aussi. Avec Astrid. Au chaud, sa main avec la mienne. J'en suis coupable, mais je suis heureux.

Les plats arrivent, la serveuse virevolte sur elle-même pour esquiver la table de devant. Les clients voisins prennent beaucoup de place, ils font une réunion à plusieurs. Les douze compères ont beaux être très hétérogènes dans leur manières de s'habiller ou de boire le vin, ils prennent beaucoup de place. Une fois le chemin dégagée, la femme un peu ronde nous dépose les assiettes, la Dame la remercie.

Mon bouillon est chaud, des volutes de vapeur s'en échappe. On peut voir une pellicule fine se déposer sur les bords du bol en bois. La cuillère est plutôt en bon état, relativement propre. Je pense qu'on a dû me donner des couverts convenables à cause de la bourse. C'est vraiment inutile, une cuillère reste une cuillère.

Astrid en revanche est gâtée par la cuisine. Ses couverts sont en argent vieilli et lavé à la dernière minute. On dirait un héritage familial d'un membre du personnel, comme l'attestent les armoiries limées par le lavage sur les manches. L'assiette est très grande, aux bords raffinés et ciselées avec soin. On peut encore voir des découpes de l'artisan. Le plat est presque neuf, et pas du tout gondolé. Dessus, sur un lit de salade se dresse un assortiment de tout ce que l'auberge peut préparer de plus fin et délicat. Viandes, légumes, fruits, féculents. Tout y est. De voir la Dame surprise me fait sourire en coin alors que j'attrape ma cuillère dans ma main gauche et que j'avance le coude droit sur la table pour me caler. Je baisse la tête et commence à manger, face contre le bois. Les volutes de fumée bercent mon visage et réchauffe mes yeux. Mon nez vire au rouge.

Je crois que la serveuse a dû mélanger les plats, non ....?

"-Pas du tout. Notre dernier repas tout les deux m'a suffit, je n'ai pas besoin de remanger plus.

Vous, vous avez du travailler dur, je n'ai rien d'autre à faire de mes possession que de vous offrir un moment d'excès et de repos, je vous souhaite d'en profiter au maximum."


La tête toujours baissée, j'omet de dire dans ma réponse qu'offrir des choses à Astrid. La voir sourire. Rire. Et me regarder dans les yeux. Cela me rend heureux.

Je me sens bien. Je souris face contre la table et continue de déguster mon bouillon au poulet.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyVen 22 Sep 2017 - 10:13

"-Pas du tout. Notre dernier repas tout les deux m'a suffit, je n'ai pas besoin de remanger plus.

Vous, vous avez du travailler dur, je n'ai rien d'autre à faire de mes possession que de vous offrir un moment d'excès et de repos, je vous souhaite d'en profiter au maximum."

Astrid ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Elle ne savait pas quoi dire pour remercier encore Juluis, et ses yeux brillaient sans doute d'assez de reconnaissance pour qu'il comprenne. La cartomancienne se demandait par quel prodige il était possible que le chevalier ait assez mangé depuis la dernière fois. En tout cas, "excès" semblait être le mot juste pour ce qu'il lui offrait. L'assiette était plus garnie que tout ce qu'Astrid avait déjà eu sous le nez, les couverts et le plat magnifiques: tout était si joli et si appétissant... La demoiselle tenait ses couverts entre ses doigts mais ne parvenait même pas à se décider. Que goûter, que manger en premier ? Tout avait l'air si bon !
Il y a peu elle n'avait pas faim. Elle s'était persuadée elle-même qu'elle n'avait pas faim parce que c'était plus facile à supporter que de se dire qu'elle avait faim mais rien pour pouvoir manger. Regarder le plat faisait renaître son appétit mais même en se rendant compte qu'elle était affamée elle restait persuadée qu'elle ne pourrait jamais tout manger.

- Merci Julius,
dit-elle doucement en le regardant.

Il buvait son bouillon avec application, penché sur son bol. Astrid repensa au moment où il avait sursauté parce qu'elle avait pris sa main dans la sienne, au moment où elle l'avait vu rougir, à la confusion lorsqu'il avait répondu dans un premier temps. Elle prit une bouchée de son plat au hasard, croqua dans un morceau de légumes fondant, et ne dit rien. Elle continuait à observer le chevalier en réfléchissant. Pourquoi prendre sa main, s'il était surpris qu'elle la tienne ensuite elle aussi ? Mais encore, ce n'était pas ce qui l'intriguait le plus. Il avait rougi. La prostituée n'avait pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit qui puisse le mettre mal à l'aise mais visiblement si, et elle cherchait encore ce que c'était. Elle se doutait qu'elle ne devait plus avoir tout à fait la même vision de certaines choses que les autres depuis qu'elle se prostituait régulièrement, mais elle n'avait fait que tenir la main du chevalier ! Était-ce trop ? Était-ce pour ça qu'il avait rougi ? Peut-être. Elle ne savait pas si elle devait lui poser la question pour savoir. Julius ne mentirait pas elle en était certaine, mais elle ne voulait pas le plonger dans la gêne encore une fois. Sans oublier que la réponse pouvait être particulièrement dérangeante pour elle aussi : et s'il avait été gêné parce qu'Astrid lui accordait peut-être un peu trop... D'attention? Elle l'appréciait beaucoup, elle ne se rendait pas compte, mais elle savait très bien qu'elle souffrirait de l'entendre dire qu'il était gêné parce que ce n'était pas réciproque, ou parce qu'elle avait trop mauvaise réputation et qu'elle attirerait en mal l'attention sur lui. Non, il lui avait déjà dit que ses métiers ne le dérangeaient pas et que ça ne faisait pas sa valeur. Elle sourit d'un air rêveur en continuant son repas, les yeux dans le vague.
Ils mangèrent un moment en silence, jusqu'à ce que la demoiselle se souvienne de ce que le guerrier avait dit un peu après. Il se trouvait stupide. Mais pourquoi donc ? Voilà un nouveau sujet de réflexion pour elle. Elle se plongea dans ses souvenirs de Julius mais il ne lui semblait pas l'avoir trouvé stupide une seule fois. Elle l'avait trouvé bizarre, un peu effrayant, gentil, courageux... Mignon, lorsqu'elle l'avait vu rougir, ou lorsqu'il l'avait prise dans ses bras chez le forgeron. Mais pas stupide. Regrettait-il de lui avoir pris la main ? Ce serait étrange, ça ne voulait pas dire grand chose et Astrid n'en avait pas été choquée le moins du monde. Regrettait-il d'avoir attiré son attention ?
Ça commençait à faire beaucoup de questions, et Astrid ne trouvait aucun autre sujet de discussion. Elle n'avait pas envie de parler d'Hérétiques, parce que Julius n'avait pas vraiment de filtre concernant la violence elle s'en souvenait, et entendre parler de colones vertébrales brisées ne lui disait trop rien. Elle avala une bouchée de viande particulièrement bien cuisinée, puis se racla la gorge. Elle rapprocha également sa chaise de la table pour être plus proche et pour que le guerrier l'entende plus facilement malgré le bruit de leurs voisins de table.

- Pourquoi vous trouvez-vous stupide ?
Demanda-t-elle avant de se rendre compte du manque singulier de diplomatie de sa question. Je vous le dis, je ne vous trouve pas du tout ainsi... Alors je ne peux pas vous en vouloir !

Après tout il avait bien dit qu'il espérait qu'elle lui pardonnerait, mais il n'y avait rien à pardonner. Enfin si, mais c'était plutôt elle qui semblait en faute. Devait-elle lui en parler ? Elle hésita un peu.

- Je... Je suis désolée si je vous ai mis mal à l'aise tout à l'heure. Ce n'était pas mon intention. C'est bien mal vous remercier ! J'en suis confuse...


Elle baissa à nouveau les yeux sur son assiette. Par un procédé miraculeux elle semblait toujours aussi pleine alors qu'Astrid mangeait avec appétit, un peu comme une corne d'abondance. Elle se força à en manger une nouvelle bouchée mais elle se sentait tout à fait rassasiée, et elle releva le visage vers Julius. Pendant un moment, il devait sentir qu'elle avait autre chose à lui dire mais qu'ellene le ferait pas la bouche pleine.

- Si je fais quelque chose qui vous dérange, dites le moi, je ne me rends pas toujours compte. Je vous promets que je ne m'en vexerai pas. Mais comme ça, je ne vous gênerai plus.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] EmptyVen 22 Sep 2017 - 23:06
- Merci Julius

Je ne sais pas pourquoi elle me remercie. J'arrête de me poser la question et je mange. Le bouillon chaud me réchauffe et me permet de sentir à nouveau mon œsophage. Le peu de mon corps encore gelé finit de se remettre à température ambiante. Je sens maintenant le froid de la pièce éventée frôler ma peau cuivrée. J'ai la chair de poule. Mes poils se dressent et à leurs bases se forment des petites boules de peau. Je m'arrête de manger, ma cuillère reste en l'air, pleine de bouillon. Je fixe mon bras levé et y approche mes yeux. Je soulève un sourcil lorsque je remarque ce qui me frappe. Mes poils sont tous à la même longueur, alors que je ne les ai jamais coupés. Que ce passe-t-il? Pourquoi est-ce ainsi? Je n'en ai aucune idée, les poils n'ont pas de conscience propre, alors comment peuvent-ils savoir quand s'arrêter de pousser? Est-ce le Maître qui leur dit quand s'arrêter de grandir? C'est curieux. Ne pourrait-il pas alors dire à mes cheveux d'arrêter eux aussi? Cela me ferait gagner du temps précieux. Les moments passés à me tondre le crâne me servirait à Purger et Purifier ces terres malsaines des Hérétiques les habitant. Je secoue la tête de gauche à droite et recommence à manger. Encore une question sans réponse.

Je me sens vraiment stupide à penser ce genre de choses. J'espère qu'Astrid ne m'a pas remarqué. Même si c'est peu probable. Je regarde donc vraiment du bout de mon champ de vision celle qui me fait vibrer depuis quelques heures. Elle mange avec application, prend soin de savourer chaque bouchée. Elle semble surprise, agréablement. J'espère avoir réussi. Un sourire en coin apparaît sur ma bouche alors que mes tendons me signalent du bout de leurs doigts que mes yeux vont sortir de mes orbites si je continue de la fixer avec autant de décalage. Alors je me remet à manger, ou boire plutôt.

Pourquoi ne peut-elle pas s'offrir ce genre de plat tout les jours? Elle travaille beaucoup la Dame, des travaux pas faciles et longs. Elle mériterait de pouvoir se nourrir ainsi. Je pense qu'elle ne devrait pas craindre l'expulsion ou le famine. Elle est bien trop belle, importante, radieuse et gentille pour s'abaisser à ça. Mais pourtant la réalité la rattrape. Je ne sais également pas pourquoi elle ne peut pas se permettre de vivre comme le méritent les gens de la noblesse d'esprit comme elle. Ses métiers ne sont-ils pas assez rémunérateurs? Les carte, personne ne s'en occupe. Cela ne doit pas ramener beaucoup, je le conçois. Cela doit plus être une passion qu'un emploi à plein temps. Comme moi avec la Purge en fin de compte.

Pour moi le Maître ne me ramène rien de financier, et j'en suis très heureux. Ma vraie paie est le bonheur, l'apaisement et le fait de se savoir plus proche de la Pureté et de la Maison. Les paies en argent, en femmes ou en alcool corrompent. Elles rendent inutiles et oisif. À la toute fin, l'être ne peut que se satisfaire de ça. Il devient mécontent lorsqu'il ne peut plus dormir dans un lit blanc, manger dans des couverts en argent ou dormir avec des jolies Dames. Je ne veux pas devenir dépendant comme ceci. Je ne veux pas l'argent. Je veux être heureux avec le plus simple, je veux donc être heureux avec la Purge divine. L'amour du Maître me suffit amplement comme redevance. Le vrai bonheur est ici, il est dans la Croisade, la Purge et le Maître.

Pour en revenir à la Dame, je sais qu'elle manipule les cartes, mais je sais aussi qu'elle aime. Je ne sais pas vraiment en quoi consiste ce métier. Juste qu'il fait couler beaucoup d'encre sur les gens et les âmes, et qu'il s'agit de se mettre avec un homme pour gagner de l'argent. Le reste sur ce sujet n'est qu'une brume tenace et grisonnante dans mon esprit. Les rasades des bouillon ne savent pas non plus. Je relève un sourcil et émet un claquement de langue. Je suis frustré, ma gorge se serre et j'ai envie de mordre. Le bout de bois passe entre mes dents et je le mordille alors que je le cherche.

C'est bien payé comme métier, on m'a dit. Mais pourquoi? Je m'imagine une femme emmenant un homme dans un lieu de type chambre à coucher. Comme les gens que nous avons pu voir passer dans les escaliers. Mais que peut-il bien s'en suivre ensuite? Si on ne doit pas les déranger, et que c'est important, alors ça doit être quelque chose d'interdit probablement. Quelque chose d'interdit et dangereux dans une auberge... Manipuler une arme? Ce n'est pas très dangereux pour m'en servir tout les jours contre des Hérétiques, mais cela fait peur aux gens. Mais pourquoi un homme et une femme iraient s'isoler pour aller jouer avec des lames? Ce n'est pas très cohérent.

Une autre femme qui semble exercer cette fonction passe devant moi à ce moment même. Je me contente de la suivre du regard en mordillant ma cuillère en bois du bout des canines. Elle est en tenue richement brodée, avec beaucoup de trous bien pensés laissant voir la peau. Cette robe doit probablement être une marque de noblesse. Je tourne instantanément la tête vers la Dame et m'occupe de la balayer de haut en bas avec mon regard. J'analyse chaque centimètre de ma robe, toujours avec ma cuillère dans la bouche. Ses jambes, ses cuisses, sa poitrine, son ventre, ses bras et ses épaules. Tout semble fait pour être vu et observé. Je n'en n'ai aucune idée. Alors une fois remontée dans les yeux d'Astrid, une réaction me semble nécessaire.

Je tourne la tête vers la femme au métier étrange à l'autre bout de la salle, elle se baisse alors qu'un homme est en train de passer une main sur son corps. Je me retourne vers la Dame et hausse les épaules. Ma lèvre inférieure ressort alors que ma supérieure se rentre, et mes sourcils se lèvent.

Astrid irait donc chercher des hommes pour s'isoler et leur montrer une collection de robes en fine couture? C'est ce qui me semble le plus cohérent sur me moment.

- Pourquoi vous trouvez-vous stupide ? Je vous le dis, je ne vous trouve pas du tout ainsi... Alors je ne peux pas vous en vouloir !

Je souris avec un petit rictus morne, il y a tellement de raisons. Tout expliquées plus tôt dans ma tête. Seul le Maître sait tout, je serais donc forcément stupide à côté du seul homme digne d'en être un. Je replonge mes yeux dans mon bol. Ils sont luisant par la vapeur et la sensation étrange qui vient me compresser le cœur soudainement. Je secoue la tête vite fait de gauche à droite comme le font les vieux fermiers pour ne pas se perdre dans leurs pensées pendant qu'ils labourent à côté du sentier que j'emprunte pour aller Purger.

- Je... Je suis désolée si je vous ai mis mal à l'aise tout à l'heure. Ce n'était pas mon intention. C'est bien mal vous remercier ! J'en suis confuse...

"-Il n'y a aucun mal, je me sens bizarre. Mais ça va, ne vous en faites pas pour moi."

Entre le dilemme de mon comportement envers la Dame face au Maître et l'incompréhension du métier de... Dame qui aime. Les raisons de me sentir bizarre sont nombreuses... Je me perd dans mes pensées et mon âme est aspirée dans mon propre corps toujours parcouru de frissons. Je me repose, je me sens tranquille. Les problèmes restent à l'extérieur. Je m'isole dans mon corps. Me creuse une place entre mes os et mes muscles. Mes tendons s'écartent pour me laisser passer. Mon sang vient pulser autour de moi. Je suis bercé et au chaud. J'ai envie de m'endormir.

Un spasme me ramène à la réalité. J'ai été immobile en plein repas. Ma cuillère s'est renversée avec l'électrochoc qui m'a touché. J'attrape vite ma serviette pliée sur mes genoux pour essuyer les traces sur la table. Je fais ça méthodiquement, couche par couche. Des colonnes se dessinent sur les tâches, formant un quadrillage. Je passe case par case, colonne par colonne. Pour tout essuyer. Tout essuyer et que la table finisse propre. Qu'elle finisse Purgée et Pure. Que le Maître soit fier du propre que je fais. Je me lève, mes genoux engourdis sont encore à moitié pliés. Ils suffisent à m'avancer pour que je puisse tendre les bras. J'atteind et essuie les tâches les plus éloignées. Je me repose dans le fond de mon siège lorsque finit. Je replie ma serviette à l'envers. Le côté humide est à l'intérieur de la pliure. Le tissu en est encore chaud. Cela suffira, je la remet sur mes genoux.

- Si je fais quelque chose qui vous dérange, dites le moi, je ne me rends pas toujours compte. Je vous promets que je ne m'en vexerai pas. Mais comme ça, je ne vous gênerai plus.

Je souris en grand. J'aurais presque envie de rire fort. À gorge déployée. C'est moi qui fait des bêtises, qui manque de décevoir le Maître. Qui ne sait pas comment faire avec Astrid. Qui renverse ma cuillère. Qui ne connaît rien au travail d'aimer. Et c'est la Dame qui devrait faire quelque chose qui me dérange? Cela me fait rire? Je plaque la main devant ma bouche et ferme légèrement les yeux pour me retenir de rire. Rire est inutile pour la Purge. Je dois limiter. Même si des fois c'est très compliqué. J'ai bougé les jambes dans ma retenue. Mes frusques jaunes et sales en sont pliées au bout. Les plis ne sont pas réguliers et me gênent au toucher, alors je tend la main sous la table pour le remettre en place. Mon biceps frotte contre la table. J'ai des difficultés à le glisser par dessous le plateau, il émet un bruit sec et sourd au frottement. Une fois ceci fait je relève la main et analyse l'intérieur de mon bras. Il est rouge et palpite à cause de la chaleur. Qui elle même provient du frottement avec le bois. Je ne peux pas m'empêcher de comparer avec la Dame à côté de... QUOI?

PARDON?

Il y a une tâche sur sa robe, de bouillon.

Son épaule est plus sombre à un endroit qu'à un autre sur le nuancier de violet. C'est ma faute. Je me sens en danger. Vite! Vite! Je dois intervenir avant que cela ne la gêne. Ni une ni deux, je saute de ma chaise. Passe les pieds par dessus les obstacles en m'appuyant sur l'accoudoir. Je lance mes jambes et me sers de mon bras comme pivot pour me dégager de l'entre table-et-chaise. Dans l'élan de vitesse prit j'attrape ma serviette au passage. Je la propulse en l'air en pliant le genoux et l'agrippe avec ma main libre. Quarante centimètres plus loin, avec toute cette cabriole. Me voilà devant Astrid. À genoux par terre sur le sol dur et froid qui râpe les genoux. Une main lui agrippant doucement le poignet pour éviter de perdre l'équilibre et l'autre essuyant très lentement la tâche sur son épaule. Je m'y applique, et tire un bout de langue dans ma tâche. Je ne dois surtout pas la brusquer aucunement, donc y aller avec délicatesse. Mais aussi ne pas perdre trop de temps pour ne pas l'incommoder trop longtemps. Je dois doser ma force.

Une fois ceci fait. Je repose les mains sur mes genoux froid par contact avec la terre cuite du sol. J'éponge une goutte de sueur sur mon front. Vestige de l'inquiétude passée. Puis remonte mon regard vert dans le sien bleu.
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