Marbrume


Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Partagez

 

 Comme dans du coton [Julius - Astrid]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyMar 24 Oct 2017 - 21:01
Il y eut un bruit. Peut-être que s'il n'y avait eu que ça, Astrid n'aurait pas été réveillée. Mais en plus du bruit lourd, il y avait cette étrange sensation de froid qui vint envahir son sommeil. La présence de Julius agissait mieux qu'une cheminée pour la garantir du froid, il était toujours inexplicablement chaleureux contre elle et même sans la couverture elle aurait sans doute passé une nuit agréable.
Mais une fois accoutumée à cette douce présence, son absence se faisait cruellement sentir. Elle ouvrit lentement un œil et aperçut le soleil qui dardait déjà ses rayons dans la chambre.
Zut. Il était déjà bien plus tard que prévu, bien plus tard que ses réveils habituels, bien trop tard pour aller à sa tente et vendre ses prédictions. Le bruit devait déjà courir qu'elle n'était pas là aujourd'hui. Elle ouvrit le deuxième œil, revenant tranquillement à elle, reprenant ses esprits qui l'avaient quittée pour la nuit. Elle ne pouvait pas aller travailler de toute façon : il y avait Julius et elle n'allait tout de même pas le laisser tout... Julius ?
Astrid tourna la tête et ne le vit pas. Elle passa ses mains avec précipitation à l'endroit qu'il aurait dû occuper dans le lit, comme s'il était devenu transparent, mais évidemment elle ne sentit rien d'autre que les draps et la chaleur en péril qu'il avait laissée là. Elle se redressa jusqu'à s'asseoir dans le lit, regarda autour d'elle. Personne. De là où elle était, elle ne pouvait pas voir son armure qu'il avait laissée. Personne.
Son cœur se resserra brutalement dans sa poitrine. C'était si douloureux qu'elle l'aurait volontiers comparé à un coup de dague au même endroit. Personne. Julius était parti. Où ça ? Il avait dû partir purger, c'était son activité habituelle non ? Peut-être qu'il avait dû partir, parce qu'il avait vu le soleil et qu'il s'était aperçu lui aussi de son retard ? Non. Il ne lui avait pas dit « au revoir ». Il ne serait tout de même pas parti, sans prendre congé, sans lui dire quand elle pourrait le revoir... N'est-ce pas ? Le résultat était là. Il n'y avait personne. Il l'avait abandonnée.
Pouvait-elle vraiment être étonnée ? Si ses parents n'avaient pas jugé intéressant de s'occuper d'elle et de la garder auprès d'eux, pourquoi en serait-il différemment pour les autres ? Les larmes montèrent tout de suite à ses yeux et elle ne prit pas la peine de les refouler cette fois. Elle était seule de toute façon, et personne ne viendrait s'alarmer de pleurs de prostituée. Surtout quand on voyait ce qui était arrivé à Agathe.
Qu'avait-elle fait, pour que tout ceci arrive ? Elle n'en savait rien. Elle s'imaginait néanmoins que tout était de sa faute, comme toujours. En répondant qu'elle l'aimait aussi, il avait dû prendre peur. Il avait dû parler sans être sérieux, et en ne comprenant pas la subtilité elle l'avait effrayé. Quelque chose dans ce genre. Il avait dû se rendre compte qu'elle n'était qu'une prostituée parmi tant d'autre, il ne voulait peut-être pas poursuivre dans la voie inaugurée. Peut-être craignait-il de s'acoquiner plus longtemps avec elle. Même si elle ne voulait plus y penser, tout ne faisait que repasser sans cesse dans sa tête. La terrible absence, le douloureux départ, et la blessure toujours plus vive de l'abandon. Le couteau dans la plaie. Personne. Il n'y avait personne.
Les larmes ne suffirent plus à évacuer la souffrance. Astrid sentit sa gorge se resserrer. Sa respiration accéléra en conséquence, comme si l'air ne pourrait pas passer si elle s'y prenait plus lentement. Pleurer. Haleter. S'étouffer, presque. Et recommencer. Noyée sous les larmes, la respiration en peine, elle finit même par se tenir le cou comme s'il était réellement obstrué par quelque chose. Mais à part l'angoisse, la peur, la honte, la tristesse, il n'y avait rien. Qu'elle avait été bête de croire que quelqu'un s'intéresserait à elle ! Qu'elle avait été bête de croire qu'elle pouvait jeter les yeux sur quelqu'un sans en être repoussée ! Quelle idiote ! Elle se sentait presque mourir étouffée, et même si son corps semblait se battre pour éviter cette fin elle n'en ressentait plus l'envie. Elle ne sentait que le vide.
Le bruit de la porte ne la ramena pas à elle. Il n'y avait que ses pleurs, que sa gorge serrée, que ses respirations bruyantes, désordonnées, violentes presque. Sa vue s'était brouillée, ou peut-être justement était-ce à cause des larmes. Elle ne savait pas. Elle s'en moquait bien. Tout ce qui comptait c'était la douleur, les mêmes phrases insupportables qui revenaient sans cesse, qui la harcelaient, les injures qu'elle se lançait à elle-même. Impossible de penser à autre chose. Impossible de tourner la tête vers la porte.
Elle qui n'aurait pas manqué de saisir sa dague au moindre doute d'intrusion, le vide de l'absence surprise de Julius la bloqua tout à fait. Elle n'y pensa pas. Elle ne vit même pas que quelqu'un entrait. Était entré. Si elle s'était écoutée, elle aurait probablement conclu qu'elle était morte. Ou que ça n'allait pas tarder. La dernière fois que ce genre de crise de panique et d'angoisse s'était emparé d'elle, elle avait perdu connaissance.
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyJeu 26 Oct 2017 - 15:38
J'ouvre la porte.
Ma vue est libre. L'armoire se dresse devant moi. Ses portes ne ferment pas. Le bois est lourd, brun et émaillé. Je dois avancer? Je dois avancer. Le Maître va me venir en aide. Je récite une prière. Je baisse les yeux sur la coupe de fruits. L'argile frotte sur mes mains. Elle sont pleines de particules blanches et fines. Mes pieds s'agitent en fond. Je ne vois ni n'entend rien. J'ai peur.

"-Je suis là."

Ma force ne va pas plus loin que ça. Ma bouche est molle. Je n'arrive pas à sortir mes mots. Une boule se noue dans ma gorge. Ma poitrine se contracte. Mes bras se font tout petits. La coupe pèse lourd. Je vais tomber. Il faut que je lève la tête.

La Dame est allongée là. En pleurs. Elle s'étouffe. Ne respire pas. Elle s'en va.

Mes yeux rentrent dans mes orbites. Mes dents me font mal. Je les serre fort. Ma jugulaire roule sous ma peau. Mes mains se serrent. Du raisin pressé colle et suinte le long de mes doigts. Ils sont durs. Je vois rouge. Ma tête se secoue. Tout s'accélère. Je palpite et mon cœur bat plus fort. Je lance la corbeille contre le mur du fond. Elle explose. Les fruits tombent par terre. Des débris viennent heurter ma cuisse.

La Dame a peur. Elle a mal. Elle s'étouffe. Je ne peux pas laisser faire ça. J'accélère. Le Maître me vient en aide. Il me pousse. Mes muscles ne deviennent qu'un énorme crampe. Je suis tapé et massacré de partout. Je tire où il ne faut pas. Que la douleur deviennent mon Maître à moi. Pas à Elle. Elle n'a pas le droit. Pas de mérite. Je pousse sur mon pied. Je retombe sur le matelas. Il grince. Il manque de se casser. Qu'il meure. Qu'il soit détruit. Que personne ne se dresse entre nous. PERSONNE. JE DIS PERSONNE. QUE LA MORT FRAPPE CEUX QUI NOUS FONT DU MAL. JE SOMME LA PURGE ET LA MORT DE QUICONQUE TOUCHERA À ELLE. JE PRÉDIS LA DESTRUCTION QUE QUOIQUE CE SOIT QUI POURRA LUI FAIRE DU MAL. QUE LA PURGE SANCTIONNE LE MAL-ÊTRE ET LE DÉSESPOIR QUI LA FRAPPERA. RIEN. PERSONNE. LA PURGE ENCORE ET ENCORE. GRAAAAAAAAAHHH.

Je prend la Dame dans mes bras. Son poids est absent. Elle disparaît dans mes bras, petite chose frêle. Je ne contrôle plus. Je ne vois plus rien qu'un voile ocre. Mon esprit ramollit. Mon corps devient flasque. Il tend. Il se tend. La puissance m'engourdit. Je pousse le sommier d'un coup de pied. Il racle le sol à travers la chambre. Le grincement du bois m'excite. Je vais taper. Le râle du meuble. Il me donne envie de taper encore plus fort. Je me retiens. Je serre les dents. Ça fait affreusement mal. J'ai mal. J'ai mal mais pas elle. Je dois avoir encore plus mal. Ma botte se remplit de liquide. Je sens de l'eau. En plus épais. Ça me donne envie de secouer le pied. L'envoyer contre ce meuble Hérétique. JE NE VEUX PLUS D'IMPURETÉ DANS CETTE PUTAIN DE PIÈCE!!!

Je serre les bras. Astrid est dedans. Je ne la sens pas. La colère fait disparaître ma peau. Je ne suis plus que boule ne nerf et de colère. Je dois taper encore. Mais non. Ça se calme. Je la tiens dans mes bras. Baisse la tête. Ferme des yeux. Un râle dans ma narine. Je saigne du nez. Je penche la tête en avant. Astrid est tâchée. Sa peau blanche se confond avec le voile. Devant mes yeux la folie me prend. Ma tête tourne. Le Maître me secoue la tête devant le parquet. Il va m'aspirer, me manger. Il va me rendre Impur.

Mes genoux heurtent le sol. J'ai envie de hurler. Je hurle. Mon orteil. Je souffre. Par le Maître j'ai mal. Je regarde le sommier au loin. Il s'agite lui aussi. Qu'il meure. Qu'il souffre! Je laisse tomber la Dame devant moi sur le sol. Je vais tomber. Je tend mes bras. Je glisse sur elle. Mon ventre est en contact avec le sien. Mes mains sont coupées par un bout de terre cuite tranchant. QU'ON LE PURGE LUI AUSSI. PREND ÇA ABOMINATION! POUUUUUR LE MMMMAAAAAÎÎÎÎÎTREEE.

Le bout d'argile heure le bois. Tout devient immobile. Tout s'arrête. Je suis las et vide. Je me laisse tomber sur Astrid. Je la prend dans mes bras. Tout va bien se passer.

"-Tout va bien se passer."

Je vois noir. Tout mon corps est ouvert est lanciné. Ma force se meurt au creux de mon moi. Mon nez a tâché la Dame de quelques filets rouge. Je dois avoir l'orteil cassé. Le raisin écrasé entre mes doigts glisse sur la plaie. Ça pique les paumes.

"-Astrid va bien... C'est le principal..."

Ma voix sort toute seule de ma bouche.

Je la prend et m'allonge par terre. Je la cale sur moi. Je ferme la porte avec le bout de mes doigts que je tend. Le coin me rentre dans le crâne. Je lève la tête et la fait claquer.

Je suis las.
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyJeu 26 Oct 2017 - 19:26
C'était difficile. Respirer, penser, survivre, garder la tête hors de l'eau et hors des larmes. C'était difficile. Ça lui semblait impossible. Ses mains étaient toujours serrées sur sa gorge elle se força à les descendre pour les serrer sur ses genoux à la place. A quoi bon ? A quoi bon faire cet effort quand se laisser sombrer serait plus simple ? Plus agréable ? Moins douloureux, en tout cas. Il y eut un bruit si fort qu'elle tourna la tête. Elle ne vit pas ce que c'était, mais elle vit bien quelqu'un. Vu la carrure, elle n'eut pas besoin de se forcer à réfléchir trop longtemps. Elle avait une idée. Elle n'avait pas de certitude.
S'il s'était contenté de la prendre dans ses en lui demandant ce qui se passait, elle aurait peut-être pu revenir un peu mieux à elle. Peut-être qu'avec son aide, s'il l'avait faite asseoir au lieu de se recroqueviller comme ça, s'il l'avait aidé à respirer doucement, elle aurait pu s'en remettre plus facilement. Ça ne se passa pas exactement comme ça.
Elle ne comprit pas trop, ça allait vite elle voyait mal. Elle n'était déjà plus tout à fait là. Mais maintenant Julius était tout près, elle crut qu'elle l'avait entendu crier. C'était étrange. C'était effrayant. Si respirer plus vite avait été possible elle l'aurait fait, sans doute. Sa panique ne fit que croître. Et dire qu'elle avait tant souhaité qu'il soit là ! Qu'il ne la laisse pas ! Mais bon. Elle n'était pas tout à fait consciente que c'était lui. Elle ne lui avait jamais demandé de bondir vers son lit en criant comme un fou, voilà le genre de choses dont elle se serait bien passé d'ailleurs.
Il la prit dans ses bras, elle se mit à tousser. Il la serra dans ses bras, elle crut presque qu'il voulait hâter sa mort. Très bien. Qu'il en soit ainsi. L'odeur du sang lui parvint. Ou peut-être qu'elle avait rêvé. Peut-être que c'était vraiment le début de la fin. Peut-être que cette fois elle s'endormirait sans se réveiller, contrairement aux autres fois. Astrid n'avait jamais eu sérieusement envie de mourir, elle craignait trop la mort pour ça. Mais ce genre de crises ne connaissaient ni logique ni cohérence, et elle appelait de ses vœux la fin parce que, plongée dans le désespoir, encombrée de pensées aussi violentes que lugubres, il ne lui semblait plus avoir quoi que ce soit à vivre d'autre. C'était trop tard. Même si c'était l'absence de Julius qui était à l'origine de tout ça, sa présence ne pouvait pas effacer les conséquences qui s'étaient mises en place. Pour ça aussi, c'était trop tard. Le guerrier semblait plus habitué au meurtre d'Hérétiques qu'aux crises d'angoisses.
Elle l'entendit hurler encore. Ses doigts se crispèrent sur le premier morceau de chaire qu'elle parvint à atteindre sans même plus savoir si c'était à elle ou à Julius. Elle se retrouva brusquement par terre sans comprendre. Sa respiration fit un bruit aussi fort que sifflant et étrange. Elle toussa encore à un rythme aussi rapide que ses inspirations précédentes. Sa gorge ne semblait pas laisser passer plus d'air. Ses yeux se fermèrent doucement. Vers la fin de l'agitation... Vers la fin de toute cette histoire... Il finit sur elle, il l'écrasa mieux. Elle cligna des yeux. C'était flou, c'était étrangement mouvant. Un bateau maltraité par la houle... Elle cligna encore des yeux.

"-Tout va bien se passer."

Elle ne vit plus rien. Elle sentit encore un peu le sang. Elle entendit encore quelque chose.

"-Astrid va bien... C'est le principal..."

Astrid va bien... La phrase tourna un moment dans sa tête. Elle n'entendit plus rien sans se rendre compte si ça venait du silence ou... D'autre chose. Ses muscles se relâchèrent tout d'un coup et sa respiration perdit son caractère paniqué. Oui, on pouvait dire qu'elle allait bien. Elle se sentait bien. Elle ne sentait plus. Elle ne remarqua pas que Julius la prit contre lui finalement. Pour la première fois depuis longtemps on aurait pu dire que son esprit s'était mis en pause. Elle reviendrait sûrement à elle dans peu de temps. Après ce qu'elle considérait plus ou moins comme une petite sieste forcée. Peut-être qu'elle n'aurait pas à contempler la solitude de son existence au retour. Ce serait bien. Elle aimerait beaucoup.
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyVen 27 Oct 2017 - 12:03
Je m'assois.

Je souffle.

Je suis perdu.

La Dame est dans mes bras. Elle dort. Elle va mieux. Mais n'est plus là. Sa respiration pèse doucement sur mes avant bras. Ses yeux sont fermés. Sa beau blanche tâchée de rouge luit à la lumière du jour. Que faire? Je ne sais pas. Je prend le temps d'inspirer.

Pourquoi tant de haine? Envers un meuble? Pourquoi la Dame toujours? Est-ce là l'œuvre du Maître? Je sais qu'il veut que je le protège. Je le sais. Est-ce pour cela qu'un insuffle la colère en moi à chaque fois qu'elle va mal? Je le pense. J'ai trouvé une Dame en dehors des règles. Elle plaît au Maître. Je dois la garder. Je dois la protéger. Je dois l'empêcher d'aller mal. Rien ne lui fera plus de tort maintenant.

Pourquoi allait-elle mal? Je ne sais pas. Elle semblait s'étouffer. Je me souviens de ses mains sur son cou et ses larmes sans son. Sans son. Le pleurs silencieux. Les larmes de celui qui veut crier mais ne peux pas. J'ouvre sa bouche avec mes doigts. Ses lèvres roses s'écartent doucement. Ses dents sont plus dures à ouvrir elles. Je passe par le fond des molaires. Elles ne sont pas totalement jointes, je peux y glisser un doigt. J'ouvre sa mâchoire. Rien. Rien pourtant. Que s'est-il passé? Je ne sais pas. J'arrête de chercher.

Je commence à me balancer. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je me calme. Ou alors que je berce Astrid. J'aimerais bien la bercer. Elle est si douce et mignonne. Je n'ai pas envie qu'elle soit mal à l'aise dans mes bras. Je me balance alors. Ma colonne s'agite d'avant en arrière. Mes bras réduisent le mouvement. Mes épaules se désaxent un peu. Ce n'est pas totalement confortable. Mais j'aime la Dame. Je peux le faire pour elle. Je ferme les yeux.

Mon orteil me lancine. Je sens ma peau frottée de l'intérieur par un bout pointu. Comme un cailloux. C'est chaud au point de cuire ma chair. Je sens des palpitation. À chaque coup je sens un peu de liquide dans ma botte. C'est bizarre. La Dame appuie sur ma Jambe. Je sens des fourmis qui viennent. La douleur devient plus diffuse et abstraite. Plus omniprésente. Elle vient et arrive. Elle m'enveloppe. Et me fait vibrer. Elle distord l'air tel un nuage de feu. J'ai mal. J'enlève ma botte et appuie mon pied par dessus. Mon orteil est plié en arrière. L'articulation est ouverte à l'intérieur. Du sang coule. Ça chatouille la voute plantaire. Je met ma botte comme torchon dessous pour éviter de tâcher le parquet. Je ne veux pas avoir mal. Je ne veux pas voir ça.

Je met le visage dans le coup de la Dame. Elle m'aide Elle à tenir le coup. Comme le Maître. Je les aime fort. Tout les deux.

Je ferme les yeux. La peau de la Dame est douce et élastique. C'est confortable. J'ajuste mon coude pour ne pas qu'elle ait la tête en arrière. Mon nez frotte contre son cou délicat. Ma tempe sent son cœur battre. J'embrasse la peau blanche. Elle est bonne. Elle rebondit au contact. Je respire fort. Je la caresse du bout du nez. Je sens l'inspiration se couper un moment. Elle est encore vivante et sensible. Je souffle longtemps. La boule au creux de ma gorge se desserre un petit peu. Je suis plus sain. Plus sûr. Mais creux. Un vide se cache dans ma poitrine. Recouvert de grisaille et de cache misère. La douleur m'aide à ne pas me demander. Et après?

J'embrasse le cou de la Dame. En attendant. Je perd mon regard dans ses cheveux. Ses yeux sont fermés. C'est dommage. Ses yeux sont beaux. Je l'embrasse un peu plus dans le cou. Je veux qu'elle revienne. Les balancements se font un peu plus fort. Ma tête commence à tourner. La culpabilité arrive dans ma gorge. Le trouble dans ma tête me rend benêt et je vais tomber. La Dame est avec moi.

Je me recule. Je sens quelque chose s'agiter dans mes bras. Je ne sais pas ce que c'est. Je n'arrive pas à savoir. Je suis trop occupé à me balancer. Ma vue devient trouble. Je ferme les yeux. Ma tête remue maintenant dans le noir. J'ai envie de saigner. Je le fais déjà. Je crois que je tourne dans le vide. Ma tête est à l'envers peut-être? Je pense. C'est drôle de voler dans le vide. Je penche le cou. J'embrasse la Dame sur ses lèvres. Au moins la réalité pourrait être pire que ça. Elle aurait pu mourir. Elle n'est pas morte... Juste... presque morte. Ou pas là. C'est pareil. C'est de la faute de personne. C'est juste comme ça.

Hein, Maître? C'est toi qui me demande de la protéger. Je ne sais pas si c'est drôle. Moi "je t'aime fort tu sais? Tu sais qu'entre la Purge et la Croisade tu n'aurais pas pû faire plus noble comme but dans la vie d'un de tes soldats? J'aime bien, moi, faire ce que tu me demande. C'est pour ça que tu me demande de m'occuper d'Astrid? Tu... Tu penses qu'elle m'aime en retour?"

J'ai parlé à voix haute. Les ondes sonores se répercutent en face de moi. Elle revienne à mes oreilles. La pièce résonne du vide. Sauf devant moi. Il y a Astrid. Est-ce qu'elle m'aime? Je me pence et je l'embrasse. Je laisse mes lèvres posées sur les siennes. Je la ramène contre moi. J'arrête de me balancer. J'ai senti bouger. Folie. Sûrement. Mon front espère que non. On est plus à ça près, non?
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyVen 27 Oct 2017 - 16:39
Ça bougeait. Elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux, elle n'entendait rien, mais elle sentait que ça bougeait. Peut-être que tout était dans sa tête. Elle n'aurait pas su dire. Elle s'en moquait bien. Elle était loin et c'était... Doux. Il y avait aussi quelques... Chatouilles ? Dans son cou. C'était bizarre. C'était comme si son cou était la seule porte ouverte sur le monde. Il fallait que ça cesse.
Elle remua doucement, tout doucement ses doigts. C'était difficile. Mais ça ne faisait pas mal. C'était comme se réveiller d'un sommeil particulièrement profond, une forme d'hibernation sans doute. C'était comme si elle avait des fourmis, mais un peu différent. Elle n'aurait pas su dire pourquoi.
Des mots attirèrent son attention, finalement. Astrid ne comprit rien, elle ne fit qu'entendre que quelqu'un parlait. Elle aurait voulu appeler Johanne. Parce que c'était sans doute la seule personne qui pourrait l'aider. La seule qui viendrait à son secours si ça allait mal. Dans ce genre de moments elle appelait toujours Johanne. Elle oubliait toujours qu'elle était morte. Mais bouger ses lèvres c'était trop dur, ça demandait une énergie qu'elle n'avait pas encore retrouvée.
Il y eut encore un mouvement, on la fit bouger. Mais ce n'était pas comme avant, c'était plus brusque, ça ne berçait pas. C'était quand même un peu doux. Le balancement avait cessé aussi, tout en même temps. Ce devait être normal, ce devait être parce qu'elle revenait à elle, dans la réalité et que tout ça avait eu lieu dans sa tête. Sentant soudainement quelque chose contre ses lèvres, elle rassembla alors toute sa force. Ses yeux s'ouvrirent en grand, elle n'eut pas assez de volonté pour bouger.
Sa vue fut d'abord floue, un mal de crâne assourdissant prit instantanément possession d'elle. Elle se sentait fatiguée. C'était normal. C'était toujours comme ça après... Après. Il fallut cligner des yeux, la mise au point se fit doucement. Elle finit par reconnaître le visage du guerrier.

-Julius ?
Demanda-t-elle doucement, tout bas, comme si parler trop fort allait briser quelque chose. Probablement son esprit à moitié rentré dans son crâne pour le moment.

Ça ne pouvait pas être lui. Il était parti, elle se souvenait de la chambre vide, et puis plus rien. Pourquoi était-il revenu ? Il avait peut-être cru qu'elle dormait. Elle tourna lentement la tête. Très lentement. C'était bien sa chambre. Mais... Le lit avait bougé. Elle fronça les sourcils. Elle n'était pas dessus non plus. La situation n'était pas normale. Elle ne comprenait pas. Elle sentit un marteau lui fracasser la tête encore.

-Julius ?
Redemanda-t-elle de la même manière. Ou peut-être encore un peu plus bas.

Elle baissa les yeux. Il y avait quelque chose de cassé par terre. Elle ramena son regard sur le visage de Julius et remarqua alors quelque chose qu'elle n'avait pas vu encore. Du rouge ! Sous son nez ! Mais qu'avait-il bien pu se passer ici ? Qu'était-il arrivé à Julius ? Que s'était-il passé entre son dernier souvenir et... Maintenant ?

-Ton nez...

Elle leva une main presque tremblante vers la partie du corps du guerrier qu'elle venait de citer. Elle toucha le sang à moitié sec. Elle aurait peut-être dû le vouvoyer. Elle ne savait pas.Ses yeux s'écarquillèrent tout à fait. Un air inquiet prit possession de son visage. Le tambourinage dans son crâne ne se tut pas. Elle parvint lentement, mais aussi vite qu'elle le pouvait, à bouger tout à fait. Elle se retourna et tomba face à face avec le pied blessé de Julius. Un petit cri lui échappa brusquement. Elle ne s'était pas attendue à ça. Elle avait vu bien pire, notamment le bras de Viktor qu'elle avait dû recoudre elle-même, mais la surprise jouait beaucoup dans sa réaction, ainsi que son réveil difficile. Allait-il lui expliquer ? Elle eut soudainement peur de l'avoir blessé d'une manière ou d'une autre. Qu'avait-elle fait, quand elle ne se souvenait de rien ? Une crise d'angoisse. Mais puisqu'il était impossible de se souvenir de ses mouvements... Non. Elle n'aurait jamais réussi, même avec toutes ses forces et tous ses esprits, à frapper et blesser un guerrier comme lui.
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyVen 27 Oct 2017 - 23:39
Mon regard est perdu sous mes paupières. Seul contact encore tangible avec la réalité. Les lèvres de la Dame. Elles sont douces. Délicates. Je sens de l'amertume. Le liquide verdâtre du malaise coule dans les sillons de sa chair pulpeuse habituée à sourire. Je ne pense plus. La sensation, le ressenti de ses lèvres. Ça prend toute le place dans mon petit crâne. Je prend le temps de sonder chaque coin de ma tête. De passer mon esprit sur les murs noirs de mon cerveau. De prendre le temps. Temps de quoi? Ai-je le choix? Je suis trop fatigué. La lassitude me ralentis. J'ai l'impression de mouvoir dans du miel, de penser dans de la cire de bougie. Je tangue. J'oublie. Ou non, je ne sais pas. Je ne me rappelle de rien.

Je laisse mon esprit partir. Il va penser vers le Maître. Retourner vers le Maître encore. Toujours lui, c'est normal. C'est une bonne chose, il m'aime et je lui rend. Je devrais Purger à l'heure qu'il est. Je devrais tuer, massacrer de l'Hérétique. Devenir Pur. Purifier ces terres. Devenir un Joyau de l'Humanité. Devenir bon, rentrer chez moi. Chez moi. Les souvenirs sont aussi noirs que les bas-fonds de mon crâne. La lassitude se meut. Le nuage vide et transparent qui faisait barrière entre mon corps et ma tête se trouble. Se troue. Des ondes y circulent. La tristesse. De la fumée sèche et bleue vient me glacer le sang avant de frotter sur mon moral pour l'erroder. Je vais pleurer. Encore. Je ne suis plus à ça près. La larme tombe sur Astrid, sur son sein droit. Je le sais, je le sens. Trop tard.

L'agitation dans mes bras ne me fait plus rien. Je suis triste. On m'écrase la gorge de l'intérieur. Le vide de ma mémoire devient trou noir. Il avale pour se reboucher. Ma gorge se serre. Je siffle. Pourquoi Maître? Pourquoi je ne sais pas? Pourquoi je ne sais plus? Tu me promets monts et merveilles. Lesquels? Je veux rentrer Chez Moi. Mais où est-ce? Je ne sais plus. Est-ce parce que je ne suis pas encore assez Pur? Je n'ai pas le droit de savoir où aller? Je ne le mérite pas? Tu as peur? Non, non tu t'as pas peur. Tu ne veux pas me montrer pour ne pas que je tourne ma tête vers l'avenir, et que je délaisse la Purge? C'est malin. Mais c'est faux. Maître. Écoute moi. Je vais finir, ma tâche. Je vais la terminer. Tout sera parfait. Tout sera Pur. Plus aucun Hérétique sur la Terre. Maison ou pas. Je te le promet. Juré. Comme je Jure de protéger Astrid, celle que tu as bénie. Tu l'as bénie. Elle fait partie de ton plan peut-être... Je promet de rentrer dedans. Tu as su le faire. Car aujourd'hui, j'en suis amoureux. Comme je suis amoureux de toi et de ta personne grandiose.

"-Julius?"

"-Mmmh?"

La force de répondre n'est plus. La poix colle dans mon corps. Dégouline le long de mes côtes. De mes poumons. Mon cœur qui bat fait des bulles dans tout cela. Je suis immuable et crasseux. Empêtré dans la situation. Je me laisse porter. Je recule la tête. L'effort résonne dans ma colonne vertébrale qui grince. Mon bas du dos me poignarde. J'ouvre les yeux pour les plonger dans ceux de la Dame. Ils sont beaux. Il sont plus foncés. Peut-être car cernés au plus près par la paupière. Je ne sais pas. Il regarde dans le vide. Ils sont embués. Il en sont magnifiques. La couleur pétille plus. La mer est plus calme. La couleur plus uniforme. Diffuse. Le regard tourné vers l'infini.

"-Julius?"

"-Ils sont beaux, vos yeux. Ils sont bleus. Ils resplendissent."

J'aimerait que son sourire aussi. Je n'ai plus la force d'espérer. Je lève les yeux. Le plafond est plat. Les poutres pendent. Le bois est pourri. Un simple contact et tout pourrait tomber sur le sol. Les dégâts seraient horribles. Les longues fêlures changeant de sens tout les vingt centimètres font peur. Elles sont profondes. Noires. Contrastent avec le bois brun poussiéreux de blanc. Les planches de l'étage encore au dessus craquent. Quelqu'un marche au dessus. Comme ma tête enfaite. Je suis un plafond de chambre. Heureusement c'est celle de la Dame.

J'avale ma salive. Mes lèvres suivent le mouvement par débit. Le rose est coincé dans ma bouche, entre mes dents. On ne voit que la peau. Le sang craque sous mon nez et mon menton.

"-Ton nez..."

Une main vient se plaquer sur mon visage. Sous mon nez. Là où il y a le sang. C'est maladroit. le contact est benêt, c'est mignon. Une douce chaleur souffle sur mon ventre. Comme le vent d'une cheminée qui crépite devant moi. Je m'assiérait bien devant. J'inspire. J'embrasse la main. Les creux entre les doigts sont délicats. Ils m'avaient manqués. Les ongles longs viennent piquer le blanc de mon œil. Je ferme la paupière. La chaleur rouge. Morcelée. Vient me donner envie. Je prend la main de la Dame dans la mienne. Je la plaque sur ma joue.

"-Le sang, ce n'est pas pour vous. Moi je vous protège. C'est à moi d'avoir Mal. Le Maître l'a dit. Je suis là pour vous. Pour toi. Si je puis me permettre."

Je la prend. Je me lève. Les rouages de mon ventre son dégelés. La suie a fini de couler. Je suis libre. Je veux en profiter. Je porte la Dame dans mes bras. Je boîte. J'ai mal. Ce n'est pas grave. Au moins je sens. Je vis. Je ramène le lit. L'orteil tordu à l'envers fait office de crochet. Je peux tirer le sommier. Ça fait extrêmement mal. Mais c'est efficace. Et je ne lâche pas la Dame. C'est le principal. Je la pose délicatement sur les draps bleus clairs. Je l'allonge doucement. Je pose ses mains sur son ventre. Je tend une de ses jambes nues pour que le soleil réchauffe. Sa peau délicate. Elle est aussi douce et froide. Je frotte mes mains. Elles sont rouges. J'ai saigné. Partout. Sur la Dame. Sur le parquet. Pas sur le lit. En revanche. Mon orteil me fait souffrir. Je pose le pied par terre. Je gémit. Je me baisse et ramasse les quatre morceaux d'argile tranchant. Puis les fruits. Le raisin est percé à plusieurs endroits. Certains grains ont servi à graisser mes plaies. Les pommes sont coupées sec en presque quartier. La terre cuite ne vise pas pourtant. Le Maître a un humour bien particulier. Je rigole en voyant ça.

"-C'est la pomme. Le Maître l'a fait couper en quartier lorsqu'elle est tombée..."

Je souris à pleine dents. J'ai le gout du sang dans la bouche. Ma tête est baissée sur le fruit. Je relève mon regard en direction de la Dame. J'ai honte. Je rebaisse les yeux.

"-Je vous prie de m'excuser..."

Je me remet en marche. J'ai affreusement mal. Je souffre le martyr. La douleur est la meilleure des maîtresses. C'est grâce à elle que je peux Purger. Mais là c'est inutiles. Mes actions sont inutiles. Pas besoin d'avoir mal lorsque je vais chercher la robe d'Astrid pour la replier et la remettre sur son lit à côté du corset. Je pose les fruits au creux d'une couverture. Je lui apporte. Je m'assois au bord du lit. Elle est allongée derrière moi. Je me retourne. Ça tire dans ma jambe. Que mon pied soit maudis. Et mes mains qui tâchent les olives et les prunes aussi. Même si on ne voit pas l'écart de couleur. Juste le sang qui remplit les plis de ces bouts de plantes mangeables.

"-J'ai... ramené à manger. J'ai tout pris... J'voulais pas vous décevoir..."

Je donne les propres et sain à Astrid. En les posant à côté d'elle. Ils sont mal calés. J'ai les mains prises par les ensanglantés. Je regarde. M'agite. Comment faire. Je suis frustré. Je grogne. Je pose les fruits sur mes genoux. Je les cales entre mes cuisses. J'essuies mes mains sur mon pantalon. On est plus à ça près. Mes mains sont sèches maintenant. Ocres, mais ça tâche pas les fruits. Je les recale bien au creux des hanches d'Astrid. Là où elle peut les prendre sans problèmes. Je prend sa main. Je la pose sur le tas.

Je me retourne et me balance alors que je mange mes fruits pleins de sang. Ça donne un petit goût. Je repense à ce que j'ai fait. Quel con.
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 8:54
Julius ne semblait pas perturbé par la remarque d'Astrid. Évidemment, il ne devait pas être surpris lui ! C'était son visage, s'il saignait il avait dû avoir mal, ou au moins s'en rendre compte. Il déposa un baiser sur la main de la cartomancienne avant de la prendre dans la sienne et de la déplacer jusqu'à sa joue plutôt. Astrid ne comprenait pas. Elle était inquiète, elle, de le voir taché de sang. Elle en aurait presque oublié qu'elle était toujours nue.

"-Le sang, ce n'est pas pour vous. Moi je vous protège. C'est à moi d'avoir Mal. Le Maître l'a dit. Je suis là pour vous. Pour toi. Si je puis me permettre."

Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu. Elle voulut prendre entre ses doigts la main de Julius, la serrer fort dans la sienne, lui demander si elle avait bien compris avant de lui dire à quel point c'était... Touchant d'entendre ces mots. Sa main bougea lentement de la joue du guerrier mais n'eut pas le temps d'arriver à son objectif. Julius la porta à nouveau. Astrid n'eut pas la force de se cramponner ni de paniquer ni de quoi que ce soit d'autre. Le marteau qui frappait son crâne n'était pas encore calmé et elle se sentait toujours particulièrement fatiguée.
En temps normal, après ce genre de mésaventures elle dormait. Le repos lui faisait du bien. Il passait l'éponge. Le guerrier s'en doutait c'était certain, parce qu'il l'allongea doucement sur son lit. Astrid ne pouvait pas s'empêcher en le regardant de s'en vouloir. Elle savait qu'elle avait cru qu'il était parti, et même si elle ne connaissait pas le fin mot de l'histoire elle l'avait manifestement sous-estimé. Il semblait de loin être le plus attentionné envers elle, il était là, et malgré son orteil sanguinolent il avait... L'orteil ! Pendant un moment elle n'y avait plus pensé. Il fallait pourtant bien faire quelque chose pour ce pauvre Julius qui continuait sans se plaindre à faire comme si de rien n'était. Le petit gémissement qu'il poussa en s'asseyant fut une preuve suffisante de sa douleur.
Astrid ne savait toujours pas ce qui avait pu se passer, finalement. Elle ne fit pas vraiment attention au sang qui avait été un peu répandu sur elle par les mains de Julius. Elle cherchait ce qu'elle pourrait bien faire pour lui, alors qu'il se penchait pour faire quelque chose qu'elle ne parvenait ni à voir ni à deviner. Il se mit à rire.

"-C'est la pomme. Le Maître l'a fait couper en quartier lorsqu'elle est tombée..."

La pomme ? Astrid n'avait pas de souvenirs de pomme. Elle avait bien vu qu'il y en avait un peu partout par terre cependant. Son côté maniaque n'avait pas encore eut le temps de se réveiller pour lui hurler de se mettre au rangement. Ça ne tarderait pas. Julius tourna la tête leurs regards se croisèrent. Il avait l'air amusé, Astrid perplexe et fatiguée. Il baissa les yeux. Aurait-elle dû se forcer à rire ? Elle y songea un instant.

"-Je vous prie de m'excuser..."

Il se leva et se mit à marcher. La faible voix d'Astrid ne fut vraisemblablement pas entendue, alors que les pas lourds et difficiles du guerrier écrasaient les lattes bruyantes du parquet abîmé.

- Attendez...

Il ne devrait pas marcher. Il devrait s'asseoir, s'allonger, le temps que quelqu'un s'occupe de lui. Qui pourrait le faire à part Astrid ? Elle ne voyait personne d'autre, et son sommeil de récupération devrait probablement attendre. Et pourquoi se forçait-il à marcher ? Elle regarda du mieux qu'elle put, tout ça pour apercevoir qu'il lui ramenait sa robe et une ...couverture? Elle ne vit que lorsqu'il revint tout à fait qu'il y avait des fruits dedans. Elle ne savait pas quoi dire, l'attention était charmante mais l'effort presque inutile et pourtant douloureux.

"-J'ai... ramené à manger. J'ai tout pris... J'voulais pas vous décevoir..."

- Me décevoir?


Le temps que toutes les informations parviennent au cerveau d'Astrid et qu'elle en tire des conclusions, Julius avait déjà fait un tas de fruit à côté d'elle et posé sa main dessus. À présent il lui tournait le dos et semblait se balancer d'avant en arrière. Doucement, pour éviter de faire croître encore des maux de tête, elle se redressa. Les fruits glissèrent plus loin sur le lit sans qu'elle s'en soucie. Le but, lentement atteint, fut de se placer contre le dos de Julius pour le prendre doucement dans ses bras de son mieux.

- Comment pourrais-je être déçue, vous êtes là...
Dit-elle tout bas, encore. C'est une charmante attention Julius...

C'était bien la première fois que quelqu'un lui parlait de la décevoir! Les gens se moquaient souvent complètement de ce qu'elle pouvait penser, leur relation se plaçant à un niveau plus physique et financier que sentimental.

- S'il vous plaît, faites attention à vous, arrêtez de marcher, votre orteil...


Comme si cette phrase, ajoutée à l'espèce d'étreinte qu'elle essayait de partager avec lui, pompait toute son énergie, elle fit une pause un peu longue.

- Vous voulez que je regarde ?
Proposa-t-elle. Maintenant qu'elle savait à peu près à quoi s'attendre elle devrait pouvoir jeter un coup d'oeil sans trop de problème. Son mal de tête la rendrait un peu lente, la fatigue un peu gauche, mais au moins elle saurait s'il valait mieux aller chercher quelqu'un ou si cette histoire se réglerait toute seule... Qu'est ce qui vous est arrivé? Je... Je ne m'en souviens pas.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 12:16
- Me décevoir?

La Dame bouge, je sens le matelas bouger sous moi. Il s'agite lentement. Les creux et les bosses qui se forment sont stables. Elle bouge lentement. Un bruit pique mon tympan. Mes yeux se coupent. Je sens. Je respire. Je suis en danger. Quelque chose se déplace dans mon dos. J'entend le sifflement de l'air qui passe. Les froissement de la couverture. La peau qui racle contre le textile. Je m'arrête. Ma respiration se coupe. Mon cœur s'accélère. La péricarde se resserre. Je contracte ma nuque. Plus rien ne bouge. Je sens que l'Hérétique va venir me traquer. Il arrive. Dans mon dos. Je le sais. Il ne sait pas que je sais. Je me prépare à me retourner.

Deux bras passent devant moi. Tout s'arrête. Ils sont chauds. Tout doux. Ils me caressent le torse. La poitrine de la Dame vient se plaquer contre mon dos. Ses jambes s'écartent un peu. Elle viennent se plaquer autour des miennes. Astrid vient se mettre dans mon dos. C'est doux. Elle plaque sa tête entre mes omoplates. Sa joue me touche. J'ouvre les yeux par surprise. Je résonne à l'intérieur de moi. Le contact de sa peau sur la mienne. Un cailloux tombe dans l'eau qui remplit mon esprit. Les vagues grimpent lentement sur les parois de la grotte. Au rythme des ondes. Je me calme. Tout devient clair. Je ne sens que mon orteil qui vient piquer. Piquer la bulle qui se forme. La bulle de calme.

- Comment pourrais-je être déçue, vous êtes là... C'est une charmante attention Julius...

Je ne sais pas quoi répondre. Je parlais des fruits. Moi. La Dame dit qu'elle est contente que je sois là. Effectivement je suis là.

Je parlais des fruits. La Bénie du Maître ne doit pas avoir faim. Je ne veux pas qu'elle soit déçue des victuailles. Moi. Après elle parle de moi. Suis-je plus important que les fruits? Non. Les fruits sont de la nourriture. Ils aident à survivre. Je n'aide pas à survivre. Je tue. Pas les fruits. Mon but est que la Dame survive. Pas qu'elle soit tuée. Je n'ai pas le droit. Le Maître interdit sa mort à tout ses soldats. Je ne devrais même pas être là. Ma présence est celle de la Purge. La Rédemption. La Pureté. La Mort. Je ne sais pas pourquoi je supplanterais un fruit. Et pourquoi elle aimerais plus me garder moi. Qu'une pomme.

- S'il vous plaît, faites attention à vous, arrêtez de marcher, votre orteil...

"-Non"

C'est stupide. J'ai mal. J'assume. Je n'avais qu'à pas être en colère. Le Maître m'a insufflé la Rage pour que je défende la Dame du danger. J'assume les conséquences. Il me les a imposé aussi. Je suis lessivé pour ça. Aussi. Le Maître est tellement bon. Tellement fort. Que lorsqu'il rentre dans un corps humain. C'est toujours difficile de le contenir. Mais quand il le quitte de son amour... Les choses qui grimpe avec leurs griffes. Les Hérétiques. Il ne faut plus que j'y pense.

Qu'ai-je à mon orteil? Je ne sais pas. Ça va rentrer dans l'ordre avec le temps. Rien de bien méchant. Juste un sommier a Purger. Je suis stupide au fond. Mais le Maître l'a fait. Il m'a imposé de le faire. Alors je le fait. Je n'ai pas le choix. Je ne conteste pas ce qu'il dit. La Vérité doit rester incontestée.

"- Vous voulez que je regarde ? Qu'est ce qui vous est arrivé? Je... Je ne m'en souviens pas."

"-Pas la peine"

Je fais pression à l'envers avec l'aide du parquet. J'appuie dessus là où la courbure est anormale. Ça fait mal. Ça pique à l'envers. Quelque chose de tranchant appuie sur la chair. J'appuie encore plus. Le Mal par le Mal. Le Feu par le Feu. L'Hérésie par la Purge. Je serre les dents. Ça craque d'un seul coup. Très fort. Je l'entendais autant par mes oreilles que par mes os. Ça brûle. Ça brûle. Par le Maître j'ai mal. J'ai mal. Je souffre. Tout mon visage de crispe par la douleur. Je saigne. Une tâche se forme sur le parquet. Je bouge l'orteil. Ça pique moins. Ça croustille dans mon pied. Mais ça va aller mieux. La fracture n'appuie plus sur les chairs. Les os sont recollés. Ils vont se ressouder. Je remet un pied dans ma botte. Je laisse l'autre à l'air libre. Pour que le sang sèche. Un trou dans ma peau. Là où l'os sortait.

"-Je suis parti chercher à manger pour quand vous alliez vous réveiller. Je vous ai vu paniquer. Le Maître dit que je dois vous protéger depuis hier soir. Alors j'ai Purgé tout ce qui pouvais vous mettre en danger. Le sommier s'est défendu. Rien de grave."

Je masse mon orteil. La chair à réagit. Mes muscles sont enflés. Ils ont gonflés. Ils essaient d'étouffer la plaie. Je prend une pomme. Je mord dedans. Je baisse les yeux. Il en reste trois autres. Elles sont pour la Dame. J'aurais dû les compter avant de me servir. Je suis bête. C'est pas nouveau. Je m'excuse auprès du Maître. Je dois dire quelque chose à la Dame. Il ne faut pas qu'elle se rende compte que j'ai violé son droit sur la nourriture.

"-Et vous, que vous est-il arrivé? J'ai eu peur Astrid."
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 14:31

"-Pas la peine"

Julius avait l'air convaincu. En temps normal Astrid aurait insisté, il fallait avouer que la situation était tout à fait inquiétante. Seulement elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit avant qu'un craquement au moins sinistre ne résonne dans la chambre. Un genre de frisson impossible à retenir la traversa et elle resserra ses bras autour de Julius. Le pauvre venait de se crisper assez brusquement, le lien avec le craquement ne faisait aucun doute.

- Ça va aller ? Dites moi si vous changez d'avis...

Enfin, puisqu'il se pencha pour remettre une de ses bottes, c'était que les choses ne devaient pas être désespérées. Astrid en profita finalement pour relâcher un peu son étreinte et attraper sa robe. Il était plus que temps qu'elle se rhabille. À mouvements lents, en essayant de ne pas avoir à se mettre debout, elle enfila plus ou moins correctement sa robe avant de poser sa tête contre l'épaule de Julius à nouveau. Elle aurait bien aimé fermer les yeux et dormir mais ça ne lui semblait pas être une bonne idée, surtout que cette fois une explication semblait poindre le bout de son nez. La situation, la blessure du guerrier, tout allait sans aucun doute s'éclairer. Elle inspira profondément, son mal de tête s'estompait peu à peu.

"-Je suis parti chercher à manger pour quand vous alliez vous réveiller. Je vous ai vu paniquer. Le Maître dit que je dois vous protéger depuis hier soir. Alors j'ai Purgé tout ce qui pouvais vous mettre en danger. Le sommier s'est défendu. Rien de grave."

La moindre phrase prononcée par Julius soulevait des tonnes de questions. Alors comme ça, il était juste parti chercher à manger ? Et pour elle, en plus ? Elle s'en voulait d'avoir cru qu'il était parti. Et pourquoi "le Maître" lui disait de la protéger ? Comment le savait-il ? Pourquoi depuis hier soir ? Pourquoi le sommier aurait-il pu la mettre en danger ? Au point de le Purger ? Elle y pensait, elle ne savait pas quoi répondre. Elle devrait peut-être... S'excuser? Julius avait probablement compris ce qu'elle avait pensé non ? Il n'était pas... Vexé? Il n'en avait pas l'air. Il se massait l'orteil et quand il se fit probablement à l'idée que ça ne changerait plus grand chose il prit une pomme et croqua dedans.
Bon. Au moins il était là. Ils étaient ensemble. Le seul problème, outre le rangement, était l'orteil de Julius. Problème que le guerrier n'avait pas l'air très de considérer trop dangereux ou gênant.

"-Et vous, que vous est-il arrivé? J'ai eu peur Astrid."


Peur. Astrid n'avait jamais eu l'intention de faire peur à qui que ce soit ! C'était elle qui avait eu peur, elle avait paniqué, elle avait cru qu'il l'avait abandonné! Mais elle ne pouvait pas le lui dire, n'est-ce pas ? Il allait sûrement penser qu'elle s'était attachée bien trop vite, et ce qu'elle avait redouté allait arriver... Le Maître lui disait de la protéger, avait-il dit. Est-ce que ça changerait si elle lui annonçait qu'elle en avait douté plus qu'autre chose ?
Astrid était mal à l'aise. Le silence était seulement coupé par les bruits de mâchoire de Julius qui continuait à manger sa pomme. Il avait eu peur elle lui devait bien des excuses ! Des explications ! Elle avait eu peur et il était venu. Il s'était même blessé pour elle, même si elle ne comprenait toujours pas bien l'intérêt de "purger" le sommier.

- Eh bien, ça... Ça m'arrive parfois...

Elle le tenait toujours dans ses bras. Elle aurait aimé se taire maintenant. Mais ce serait du mensonge n'est-ce pas ? Pour le moment elle n'avait rien dit de faux, mais sans donner de précision ce n'était pas non plus exact. Et sans informations supplémentaires, Julius risquait de s'inquiéter. Il ne saurait pas pourquoi c'était arrivé, ni pourquoi ça n'était pas arrivé avant avec lui, et toutes ces autres questions. Il repartirait purger en se demandant sûrement si elle n'était pas à nouveau en panique dans son coin, pouvait-elle lui faire ça?

- C'est un genre de... Crises, je dirais. Ça m'arrive quand je ... Panique...
termina-t-elle le plus doucement qu'elle le pouvait comme pour éviter que Julius puisse l'entendre alors qu'elle s'adressait pourtant à lui. Enfin ce n'est rien, ça va mieux maintenant ! Ne vous en faites pas...Tenta-t-elle de conclure avec un sourire et avec assurance. Elle voulait simplement passer à autre chose et que Julius en fasse de même. Merci d'avoir été là.

Elle avait failli dire "merci d'être revenu". Ça ressemblerait un peu plus à ce qu'elle pensait au fond. Mais il ne comprendrait pas et elle n'était pas sûre d'avoir envie de tout expliquer. Julius n'allait pas insister si ? Elle n'avait pas insisté pour son orteil, elle.
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 16:42
- Eh bien, ça... Ça m'arrive parfois...

Je serre les mains de la Dame contre ma poitrine. Ce n'est pas la première fois. Le Maître aime bien nous imposer des défis. Il doit l'éprouver elle. Je suis là maintenant. Ça va aller mieux. Je pense. Maintenant elle est avec moi. Le Maître la mettait en danger. Maintenant elle est sous ma protection. Rien de lui arrivera plus. Je suis curieux que s'est-il passé avant. Je ne vais pas demander. Je pense qu'elle ne voudra pas. Pas de passé. Seul celui de la Maison est utile. Il nous sert à avancer. Il faut se focaliser sur ce qui est important. Maintenant que la Dame est habillé, je sens sa robe contre moi. Il faut cacher le mauvais. Pour ne garde que le meilleur. Les bon souvenirs. La joue sur mon dos.

- C'est un genre de... Crises, je dirais. Ça m'arrive quand je ... Panique...

Paniquer pourquoi? Je ne sais pas ce qui a mis Astrid dans cet état-là. Je n'étais pas parti. Enfin. Pas totalement. Juste absenté. Je cherche comme raison. A-t-elle peur que je lui manque? Est-elle contente que je parte? Expire-t-elle le malaise de nos retrouvailles lorsque je ne suis plus là? Elle me respecterait, au moins. Mais je préfèrerais qu'elle le fasse devant moi. Je n'aime pas que les gens me mentent. Seul le Maître ne m'énerve pas quand il me cache des choses. Il est trop bon, c'est pour ça. Je soupire lentement. Mes yeux s'embuent. J'ai du mal à avaler ma pomme. Le goût est bon pourtant. C'est frais, le jus coule dans ma bouche. C'est bon. Toujours meilleur que de ne pas savoir.

-Enfin ce n'est rien, ça va mieux maintenant ! Ne vous en faites pas...

Je ne sais pas. La Dame est molle. Elle est douce, mais jusqu'au fond. Comme si la douceur avait étouffé le relief de sa personne. Elle devrait dormir encore un peu. Elle est fatiguée. La douleur en elle est puissante. Je prend de son temps. Quelque part. Un peu. Je devrais la laisser. Je dois partir un jour. De toute façon. La Purge va m'appeler. Le Maître m'appelle toujours lorsque je dois retourner au travail. Non, là. Il me laisse du temps avec Astrid. Je suis curieux. Dans quel but? Je le prie et le remercie. C'est gentil de sa part. Il me fait plaisir en me laissant la sentir au creux de moi.

-Merci d'avoir été là.

C'est moi qui devrait la remercier. Et le Maître aussi. Il mérite notre amour à tous. C'est lui qui a posé la Dame sur mon chemin. Quelle noble tâche. Je suis content. Heureux même. D'avoir à protéger Astrid. C'est différent du massacre de masse. Un peu. C'est plus subtil. Mais plus... résonnant. Je ne suis pas le même. Pas que la Purge me lasse. Pas du tout. J'aime Purifier de l'Hérétique et les voir souffrir au nom du Maître. Mais... Ces moments avec Astrid. C'est encore tout chaud dans mon corps. Elle doit de sentir.

Je suis complet maintenant. Je soupire. C'est fini. Retour à la Purge. Je croque dans ma pomme. Mes dents me font mal. C'est pas grave. Ça va passer. Hein? Je met le trognon dans ma bouche. Je me retourne sur le côté. Je pose la tête d'Astrid sur mes genoux. Je commence à lui caresser les cheveux. Je la regarde. Elle est belle. J'ai de la chance. Le Maître me somme de la protéger. Je le ferais. On ne peut pas la laisser mal. C'est impossible. Elle est trop bonne pour ça. Mes doigts tombent parfois sur quelques nœuds. Je les évite. Mes doigts se lève encore un peu pour passer par dessus et continuer. Je vais jusqu'au bout. Ils sont beaux. Les cheveux de la Dame. Ma mains droite vient reprendre la pomme pour finir de la mordre. La gauche quitte les cheveux. Sa robe est mal mise. Je la remet sur son épaule. Mes doigts glissent sur le tissu. Sur la peau élastique et suave. Je me retrouve à passe la main dessus. Sur le bras. À tomber sur le creux des reins lorsqu'il s'arrête. Je glisse sur se hanche. Me retourne sur les bordes de son bassin. Je suis la ligne. Je me déroule sur ses jambes. Jusqu'à arriver à la cheville. Les cuisses étaient chaude, les genoux délicats. Maintenant je caresse. Je joue avec le bracelet de cheville. Il cliquette à chaque mouvement. Je ferme les yeux. J'avale. J'ai envie d'entendre la respiration de la Dame. C'est bon.

Un bruit dans la rue. Des cris. Des gens qui hurlent. Des bruits de pas. Du bois qui tombe. Qui se renverse. Des cliquetis. D'arme. Quelque chose s'agite. Le temps s'étais arrêté. Le soleil va bientôt finir sa course dans le ciel.

J'ai oublié le temps. Combien de temps s'est-il passé? Je ne sais pas. Je me lève. Je prend la tête de la Dame et cale un oreiller dessous. Elle doit être absente. Ou pas. Je ne le sens pas. La rue m'appelle. Je passe vers la fenêtre. Des soldats. l'armure de cuir. Le teint vert. Les épées. Les arcs. On m'appelle.

Je me retourne vers la Dame. Je le regarde là où sont censés être ses yeux. Je ne veux pas savoir ce que je vais y trouver. Je dois m'annoncer. Je dois partir. Les gens m'appellent. Le Maître veut encore me tester. Je dois retourner Purger. Tuer de l'Hérétique. J'enlève la pomme de ma bouche. Je la pose sur la table de nuit d'Astrid. Que va-t-elle en faire? Je ne sais pas. Je n'ai pas le temps. Je commence à revêtir mon armure en vitesse. Elle est sèche.

Son poids lourd appuie sur mes épaules. Les pièces s'imbriquent parfaitement. Je m'équipe. Fait claquer les lanières. Serre les sangles. Fait pivoter l'acier. Le chauffe en frottant dessus pour qu'il soit plus accueillant. J'essuie mes mains sur mon tabard avant de mettre les gants. Des traces vertes y siègent. Avec le rouge. Bordeaux. Et la boue brune.

Je m'en vais. Ça y est. C'est la fin. Je suis triste de quitter Astrid. Une certaines colère arrive en moi. Elle se loge dans mon torse. La petite flamme de tristesse est étouffée par autre chose. Le couvercle d'acier que j'imbrique sur moi. La lueur du combat. L'excitation qui vient se loger au creux de ma poitrine. Elle étouffe cette flamme. Oui, c'est clair. C'est Pur, c'est Bon. C'est l'appel à la bataille. Le devoir sacré du Maître. La sphère, l'orbe brillant. Il remplit ma poitrine. Mes nerfs s'allument petit à petit. Chaque muscle retrouve les mouvements oubliés. Les fibres sont brutes. Elle ont oublié le devoir. Elle s'affinent. Se resserrent et se contractent ensemble. Elle savent. Le sang qui coule à l'intérieur pourra sortir. Je vais peut-être souffrir. Je vais tirer, forcer dessus. Mes nerfs se lubrifient. Les lianes bleues qu'ils sont grandissent. Cherchent à aller au fond de chaque fibre pour la commander. Pour me sauver d'un destin funeste. Les os grincent. Je tire dessus. Il craquent. La solidité se canalise. Rentre au fond de chaque pore. La moelle se durcit. Ce n'est pas de trop. Mon estomac se dépêche pour avoir fini vite. Mon foie se met au travail. Mes poumons se réchauffe. Ils accélèrent. La paroi se tend pour pouvoir inspirer plus quand il faudra. Il faudrait que je respire beaucoup si je ne veux pas mourir. Les Hérétique sont infatigables. Il peuvent me tuer si je manque le moindre de mes coups. Mais non. Le Maître me protège.

Comme Astrid.

Mes yeux s'embuent.

"-Je dois y aller. L'Impur veut sa revanche. La protection m'incombe."

Viens le moment de mettre le Heaume.

"-Le Maître veut que je revienne. Je le ferais. Je le jure."

Je regarde Astrid dans les yeux.

J'imagine mes cibles. La douleur est moins forte. Au fond de moi.
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 18:17
Julius ne répondit rien. Il n'y avait probablement rien à répondre, mais au moins il ne posait pas de questions supplémentaires. Elle aurait répondu, bien sûr, s'il avait voulu savoir quelque chose, mais ça aurait peut-être été délicat et sans doute douloureux. Leurs retrouvailles avaient déjà été assez chargées en moments... Intenses, entre l'histoire d'Agathe et leur conversation, puis leur nuit, puis leur autre conversation... Le guerrier se tourna vers la cartomancienne et lui fit mettre la tête sur ses genoux. C'était chaud. C'était aussi plutôt confortable. Là, c'était forcément une invitation à fermer les yeux. Julius passa même ses mains dans ses cheveux... Il prit soin de remettre correctement sa robe sur son épaule, avant de laisser glisser sa main. Astrid dormait déjà. Elle avait plus ou moins attendu ça depuis son "réveil". Et puis, Julius était là. Il ne pourrait pas s'en aller sans qu'elle s'en aperçoive. Il ne pouvait pas l'abandonner. Alors elle était bien. Assez bien pour dormir. Dormir longtemps. Elle respirait doucement.
Les bruits de la ville ne la réveillèrent pas ! Elle avait l'habitude du bruit quand elle dormait, et puis son sommeil était naturellement lourd. Si le guerrier n'avait pas cessé de servir d'oreiller, elle n'aurait même pas arrêté de dormir. Mais visiblement il était plus sensible à l'agitation qu'elle. Une fois qu'il eut échangé ses cuisses avec un coussin sous la tête d'Astrid, elle ouvrit les yeux. Le contact était plus froid. Et il y avait le mouvement. Ses yeux cherchèrent Julius mais cette fois-ci pas de panique: il se tenait simplement à la fenêtre. À la fenêtre.
Elle se doutait bien qu'il ne faisait pas ça pour essayer de trouver un chat dehors, les bruits lui parvenaient aussi. Astrid s'assit sur son lit. Elle commençait à deviner la suite. Elle n'avait pas envie d'avoir raison. Quand il se tourna vers elle, leurs regards se trouvèrent. Pas de mots. Les choses reprenaient sans doute leur cours normal: Julius appelé à l'extérieur et elle... Eh bien... Destinée à se retrouver encore une fois toute seule. Le guerrier posa sa pomme et commença à se vêtir de son armure. Il allait redevenir l'homme de métal qui l'avait intimidée la première fois qu'elle l'avait vu. Dire qu'elle avait hésité à lui parler...
Même si elle n'aimait pas vraiment le voir ainsi vêtu, elle ne perdit pas une miette de l'action. Elle le regarda enfiler chaque protection, chaque partie de l'armure.
Elle n'avait pas de flamme d'excitation, elle. Rien pour dissimuler la tristesse que tout ceci lui causait et allait lui causer. Au moins il ne l'abandonnait pas, il ne partait pas secret. C'était bien la seule chose positive qu'elle parvenait à se dire.

"-Je dois y aller. L'Impur veut sa revanche. La protection m'incombe."

- Je sais
, répondit-elle sobrement.

Elle ne pouvait pas l'en empêcher. Elle ne voulait pas l'en empêcher. Il ne l'empêchait de rien lui, il n'avait rien dit. Ça ne changeait pas qu'elle était triste, mais elle n'avait pas envie de rajouter quoi que ce soit qui alourdirait encore les séparations. Elle savait que de toute façon il allait partir, ce qu'elle pourrait dire n'y changerait rien. Il avait déjà tout mis sauf le heaume.

"-Le Maître veut que je revienne. Je le ferais. Je le jure."


Le Maître? Mais... Et lui, alors ? Il avait dit qu'il l'aimait mais maintenant qu'il s'agissait de partir il préférait donner l'avis du Maître. Il avait même remis son heaume. Astrid ouvrit la bouche pour parler, mais il y eut tout de même un moment de silence avant qu'un son n'en sorte.

- Quand ?

Sa voix tremblait un peu. Pas besoin de date exacte, une unité de mesure lui suffirait. Dans plusieurs jours ? Dans plusieurs semaines ? Dans plusieurs... Mois ? Attendre était difficile, mais ce serait un véritable calvaire si elle devait douter du retour au point de l'attendre d'un jour à l'autre pendant des mois. Pourquoi, pourquoi être tombée amoureuse de lui et pas de quelqu'un d'autre? De quelqu'un qu'elle aurait pu serrer tranquillement dans ses bras tous les soirs, et pour qui elle ne craindrait pas la mort tous les jours. Qu'allait-il lui arriver ? Il reviendrait oui. S'il était toujours en vie.
Astrid se leva pour aller se planter devant lui. Elle pourrait toujours noyer son ennui et sa tristesse dans le ménage de sa chambre encore salie par les fruits écrasés et les débris. Génial. Tout un programme. Elle se sentait ridicule là, si proche, comme une idiote. Elle n'osait pas lui demander d'enlever son heaume pour l'embrasser au moins une fois avant de partir je-ne-sais-où jusqu'à je-ne-sais-quand.

- Tu vas me manquer. Enfin... Vous allez me manquer. Je... Si jamais...

Si jamais elle avait besoin de lui, de le voir, de lui parler. Comment le retrouver ? Elle balaya sa question d'un geste de la main avant même de la laisser naître sur ses lèvres. Il valait mieux qu'elle ne demande rien de ce genre. Combien de temps résisterait-elle avant d'aller le trouver sans autre raison que le manque si elle savait où il irait ?

- Rien... Vous allez me manquer, c'est tout.
Revenir en haut Aller en bas
Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyDim 29 Oct 2017 - 22:46
"- Quand ?"

La question n'est pas évidente. Quand vais-je pouvoir revenir? Quand le Maître le voudra. Mais le Maître est raisonné. Il ne fait rien sans raison. Qu'est-ce qui pourrait l'envoyer vers moi? Ou moi vers elle? Quand elle sera en danger. Mais quel sera le danger? De l'Hérétique en ville comme avec Iris? Une menace de mort? Quels ennemis pourrait-elle avoir? Je repense à Agathe. Mon œsophage se contracte. Le spasme me fait gémir. Je ne suis pas rassuré. Tout va bien se passer. Le Maître la protège.

La Dame vient se planter devant moi. Elle se tient, les bras croisés. Les yeux dans le vague. Sa paupière est humide. Je m'avance vers elle. L'écart de taille est encore plus grand. Je ne la vois presque plus. Je remet mon heaume. Les fentes filtrent la vue. Mais ne filtrent pas les émotions. Je suis triste. Ça résonne dans la boîte en acier. Chez Astrid, ça coule. Sur ses joues. Je crois. J'vois rien.

"- Tu vas me manquer. Enfin... Vous allez me manquer. Je... Si jamais..."

Quoi? Qu'elle finisse. Je brûle à l'intérieur. Les émotions jouent sur mes côtes. D'un côté le combat. La violence pure et dure. L'appât de la douleur et de l'adrénaline. De l'autre côté. Dedans. Bien ancré. Astrid. Le plaisir. Son plaisir. La nuit. La peau. Rien d'autre. Au dessus le Maître. Il joue sur les deux tableaux. Il doit me tirailler pour me rendre plus fort. Il me donne deux mission. En contradiction. Pour me jauger. Je dois y arriver. Je dois résoudre ce problème.

Maître. J'implore ton aide. J'ai besoin de tes services. Par pitié. Par amour, je t'en implore. Puis-je m'avancer sur ta position?

- Rien... Vous allez me manquer, c'est tout.

Je prend ça pour un oui. Merci Maître. Je t'aime. Que ton nom soit sanctifié. Et que tout les Impurs se plient à ta volonté. Je racle le fond de ma gorge. Je prend Astrid dans mes bras. Je soulève le heaume pour lui déposer un dernier baiser sur les lèvres. Le goût me reste sur la langue. Je dois le garder en moi. Comme un dernier souvenir. Je pose mon nez sur son front.

"-Le Maître gère tout. Il m'a fait cadeau de ta présence. Et maintenant je suis lié à toi par les liens les plus sacrés qu'il puisse être."

Je baisse la tête. Son front plat se touche contre le mien. L'écart de douceur me fait vibrer. Le goût s'accentue sur ma langue. Le bout de mon nez touche celui d'Astrid. Mon champ de vision est coupé par la proximité. Je ne vois plus ses yeux. Juste une boule bleue et vague de tristesse. Mais de quelqu'un. Un être qui mérite d'être remarqué. J'inspire.

"-Si tu as besoin de moi. Je ne serais peut-être pas là de moi même. Mais le Maître t'entendra. Il t'aime comme je le fais. Il tiens à toi. Si tu as besoin d'aide. Cherche moi. Il me placera sur ta route. Comme tu étais là pour moi.

Ça a du bon, d'être une Élue parfois. Non?"

Je souffle le reste de l'air de mes poumons. Les mèches d'Astrid s'envolent. Je relève la tête. Me gratte le menton. L'acier froid n'est pas agréable. Mais stimule mon esprit. Je suis conditionné. J'aime cette armure. Elle est bénie. Elle m'a sauvé la vie. Et sauve la vie des Purs. Lorsque je tue des Hérétiques avec. Je prend mes armes d'une main lointaine et les mets dans mon dos. J'essaie de garde le plus de contact avec Astrid. Une main reste derrière le sien. Sentir le creux de son dos cambré et Étoile du Matin. En même temps. C'est déroutant. Je me débrouille à une main. Je ne veux pas lâcher. Je sais que tout va bien se passer. Je met mon heaume sur ma tête. Plus rien de transparaît de moi. Je me sens... Différent. Je suis une machine à tuer. Le catalyseur de l'amour du Maître. L'homme qui va Purifier. Le Chasseur d'Hérétiques. L'Inquisiteur de le Rédemption.

L'amant d'Astrid.

Le choix est dur. Mais il faut que j'y aille. J'ouvre la porte derrière moi. Je m'y glisse en reculant. J'éloigne les mains d'Astrid à chaque pas. Je lâche. Les ondes ne passent plus lorsque je lâche. Mon cœur se serre. Mes côtes vibrent. L'adrénaline fait bloc. Le haut et le bas de mon corps s'appuient mutuellement dessus. Je vais m'entrechoquer. La flamme de la tristesse explose. Brûle. Corrode tout. Je vais verser une larme. La chaleur fait fondre mes yeux. Mon front se gorge de sang. L'eau de mon crâne vire au rouge. Je suis détruit. Le Maître appelle. Il faut que j'avance.

"-Je t'aime Astrid.

Évite la panique. Si tu as besoin. Des gens sont là pour toi. Et seront toujours là."


Je recule encore.

"-Pas toujours les mêmes selon le temps. Mais toujours. L'éternité."

Le Maître prendra la relève pour la garder des dangers lorsque je ne serais pas là. J'espère. Je descend les marches. Je passe à travers la salle. Les gens me regardent. Certains soufflent. Les culottes bouffies remuent sous les chaises. Je bute dans certains pieds taillés au gros couteau. La serveuse agite la main alors que je m'avance. Le niveau du sol n'est pas droit. Mon arme racle contre le sol. Le silence s'impose dans la salle. Plus personne ne bouge. Je m'arrête. Je regarde autour de moi. Au loin Agathe. Je m'avance. Je soulève une chaise pour faire décaler son occupant trop lourd pour bouger tout seul. Je sens la peur. Je ne fais pas attention. Je ne dois pas avoir peur. Les Hérétiques le sentent.

"-S'il te plaît. Veille sur Astrid. Pour moi. N'hésite pas à passer du temps avec elle. La solitude mord à la gorge plus fort qu'un chien aux abois. Et on ne peut pas l'enlever, tu le sais bien."

Je passe la porte de l'auberge.

Une chanson me vient en tête. Je dois la laisser sortir. Elle est vielle. Elle vient probablement de la Maison. Faut que je m'en souvienne.

La porte grince derrière moi. Le verre à été nettoyé. La poignée en cuivre poli à été nettoyé à la va-vite. On voit encore les coups de chiffon. La sueur s'est encrassée dans les aspérités. Je m'avance dans la rue. J'ai repéré la fenêtre de ma bien-aimée. Je fais un pas. Le flot de gens reste droit. Ils ne pensent pas à s'écarter. Je met la main devant mes yeux. Tel une visière. Je vois là où je dois aller. Les portes. Là où le tumulte semble émaner. La source de toute la frayeur qui résonne en onde à travers les gens par les rues. Se manifestant en raz-de-marée. Non pas d'onde sur l'eau. Mais d'onde sur la rue. Je tend une jambe. Met un pied dans la masse de gens. Je dois y aller.


Prend donc un homme pieux.
Et donne lui le contrôle.
Vois le devenir Dieu.
Vois donc les têtes qui roulent.


La rue m'emporte dans la foule. Les gens de tout horizons me bousculent. Les petites gens vont vers le centre de la ville. Ils me tapent dedans. Les chocs sont absorbés par mon armure. Là où les plaques ne touchent pas mon corps. Ça résonne. Là où ça touche. Ça vibre. Je me laisse porter. Les vibration me font claquer des dents. Je plaque mes mains sur des épaules, des bras et des visages pour décaler les gens. Et avancer dans la rue. Les soldats passent. Il me regarde bizarrement.

Un marchand fuit avec son étalage. Des courges tombent de ses draps blancs fermés à la va-vite. Les enfants s'accrochent aux jupons de leurs mères. Des tombés attendent qu'on vienne les relever du trottoir. Les paves glissent un peu. Il faut avouer. La pierre rugueuse est assaillie par les pieds. Nus, enveloppés dans tu tissu. Du bois. Du cuir. Tous dans la même direction. Égaux dans la peur car égaux dans la mort.


Juste comme le joueur de clavecin.
Dans la rue des rats de plomb.
Dansant comme des petits pantins.
Dansant sur la symphonie
De la destruction.


La fenêtre est ouverte. Deux femmes peuvent s'y faire voir. Une blonde et une brune. Je souris en les voyant. J'avance. Les cuirassent passent. Je les suis. L'odeur de l'agitation fait vibrer celle de la sueur et de la peur. La rage est absente. L'air porteur de tout ces phéromones pèse lourd sur mon casque. Je serre les dents. Ma barbe frotte contre l'acier. Mes sourcils se froncent. Une goutte descend le canal formé. Je me met à courir vers les portes de la ville. Je disparais au milieu du tumulte.

La Dame m'a-t-elle entendu chanter? J'aimerais bien.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 EmptyLun 30 Oct 2017 - 21:12
Julius ne répondit pas à la première question. Astrid ne se sentit pas la force de la poser une nouvelle fois. Il valait encore mieux se dire qu'il n'avait pas entendu, que d'entendre la véritable raison. Et s'il ignorait quand ? Et s'il ne voulait pas donner de date ? Et s'il la connaissait et qu'elle était... Lointaine ? Elle préféra le serrer dans ses bras, même si la sensation de l'armure était bien différente de celle de sa peau. Moins agréable. Mais il enleva son heaume, et ils purent partager un baiser. Rester l'un contre l'autre quelques secondes.

"-Le Maître gère tout. Il m'a fait cadeau de ta présence. Et maintenant je suis lié à toi par les liens les plus sacrés qu'il puisse être."

La sensation étrange qui parcourut son ventre n'était pas désagréable mais un peu... Eh bien, inhabituelle. Les liens les plus sacrés... Astrid n'était pas tout à fait d'accord. Il y avait pour elle bien plus sacré mais c'était sans doute parce qu'elle croyait au Trois, et au mariage qui consacrait à leurs yeux une union. Mais si Julius voulait considérer que tout ceci était le fait du Maître, si c'était sacré pour lui... Elle sourit un peu. Une décision qu'elle avait déjà prise plus ou moins depuis quelques temps venait de trouver sa forme définitive. Elle aimait Julius et il l'aimait. Hors de question de manquer de respect à leur... Histoire. Elle ne dit rien.

"-Si tu as besoin de moi. Je ne serais peut-être pas là de moi même. Mais le Maître t'entendra. Il t'aime comme je le fais. Il tiens à toi. Si tu as besoin d'aide. Cherche moi. Il me placera sur ta route. Comme tu étais là pour moi.

Ça a du bon, d'être une Élue parfois. Non?"

Il souffla si fort que quelques cheveux volèrent en réponse autour du visage de la cartomancienne. Le "Maître" ne viendrait pas l'aider, elle n'y croyait pas vraiment. S'il existait, il devait sans doute régner sur la patrie de Julius. Ici c'étaient les Trois qui menaient la danse, et Astrid y croyait dur comme fer. Si elle avait besoin de Julius elle pourrait toujours prier n'importe qui de toute façon, ça ne changerait probablement rien. Il n'apparaîtrait pas comme par magie. Ce n'était pas si grave, essayait-elle de se persuader. Elle s'était débrouillée seule jusque là, elle avait au moins un... Appui supplémentaire. Quand il était là. C'était toujours mieux que rien. Mais une chose était sûre : elle n'était pas une élue. On le lui avait dit souvent, par rapport à son don de lecture de l'avenir. Ces histoires d'êtres élus c'était n'importe quoi. Élu par qui ? Pour quoi ?
Elle ne savait pas quoi faire, pas quoi dire. Il n'y avait rien à répondre. Julius pouvait bien dire ce qu'il voulait, ça ne changeait pas que peu à peu il était en train de s'en aller et dans sûrement moins de dix minutes elle serait seule. Il avait glissé la main dans son dos mais à présent il avait déjà ouvert la porte. Elle ne pouvait pas s'empêcher de pleurer un peu en le regardant reculer. Elle n'avait jamais été douée pour les adieux.

"-Je t'aime Astrid.

Évite la panique. Si tu as besoin. Des gens sont là pour toi. Et seront toujours là."

Personne. Jamais. Comment pouvait-il dire ça? Il n'y avait eu que les saltimbanques, Viktor et Julius. Ça laissait tout de même des pans entiers de sa vie emplis de solitude. Surtout à Marbrume. Et puis maintenant ils étaient morts, sauf les deux chevaliers évidemment. Elle n'avait pas envie de penser à ça maintenant.

"-Pas toujours les mêmes selon le temps. Mais toujours. L'éternité."


Elle ne voulut pas culpabiliser Julius mais elle ne put pas s'empêcher de hochet négativement la tête. Astrid le regarda sortir.

- Prends soin de toi...

Elle entendait ses pas dans le couloir, elle approcha de la porte pour le voir encore un peu plus longtemps. Elle vit surtout son dos armé disparaître dans les escaliers. Il allait lui manquer. Elle espérait tellement, elle espérait si fort qu'il ne lui arriverait rien et qu'il reviendrait vite la voir...
Il ne fallait pas y penser. Il fallait se concentrer sur autre chose. Autre chose. Vite. Quoi ? Il fallait trouver. Ses yeux se tournèrent pour observer toute la pièce. Du ménage. Ranger. Nettoyer. Exterminer la saleté comme Julius purgeait l'hérétique. Elle n'entendit pas chanter. Mais elle entendit quelqu'un frapper à sa porte. Agathe. Elle dut bien ouvrir, sa pauvre amie avait peut-être besoin d'aide... Mais la discussion fut bien maigre. Chacune avait ses problèmes, et probablement plus besoin de calme et de silence qu'autre chose pour le moment. Ni l'une ni l'autre n'avait envie d'en parler, et aucune ne semblait inspirée pour faire semblant que tout allait bien. Entendre Agathe lui dire qu'elle avait de la chance d'avoir un protecteur tel que Julius n'avait rien de réconfortant, en plus de tout le reste
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 4 Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Comme dans du coton [Julius - Astrid]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 4 sur 4Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bas-Quartiers :: Le Labourg-
Sauter vers: