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 Comme dans du coton [Julius - Astrid]

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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptySam 23 Sep 2017 - 13:28

"-Il n'y a aucun mal, je me sens bizarre. Mais ça va, ne vous en faites pas pour moi."

Bizarre ? Astrid se demanda un instant s'il n'était pas malade. Avec le froid qu'il faisait dehors et l'état de congélation avancée dans lequel elle l'avait retrouvé c'était une option tout à fait envisageable. Peut-être que le rouge qu'elle avait vu sur ses joues était dû à de la fièvre? Non, elle n'y croyait pas, elle passait ses journées à observer les réactions des gens et elle savait différencier quelqu'un de rougissant de quelqu'un de fiévreux. Si ça avait été ça, il serait probablement encore bien rouge de toute façon. Puisqu'il lui disait de ne pas s'inquiéter elle se dit qu'elle ne lui poserait pas de questions mais elle était tout de même aussi curieuse qu'intriguée par cette réponse à laquelle elle ne s'était pas du tout attendue. Peut-être que s'allonger après le repas pourrait lui faire du bien et elle se promit de ne pas oublier de lui faire cette proposition en temps voulu. Mais pour le moment Julius avait l'air perdu dans ses pensées, elle préféra ne pas le déranger. Il revint de lui même à la réalité avec un mouvement involontaire qui fit voler un peu de son bouillon sur la table, et s'empressa de se relever un peu pour réparer cette "bêtise" d'inattention. Elle essuya avec sa serviette ce qui se trouvait le plus proche d'elle en adressant un sourire bienveillant au chevalier. Il devait être fatigué , ce n'était pas grave. Il pourrait se reposer autant qu'il le voudrait ensuite, ça lui ferait sûrement du bien.
Astrid attendit qu'il se soit assis de nouveau pour lui faire part de ses pensées: qu'il ose lui dire si elle se comportait mal envers lui, elle rectifierait le tir et ne le ferait plus.
Elle ne comprit pas pourquoi le guerrier eut un si grand sourire sur le visage. Avait-elle dit quelque chose de drôle? Était-il heureux de la voir reconnaître qu'elle s'y prenait mal avec lui ? Heureux de ne plus avoir à se taire sur ce qui pouvait le mettre mal à l'aise? Il se mit à rire, et la demoiselle baissa les yeux sur son assiette. Elle aimait beaucoup rire mais elle avait l'impression que Julius se moquait d'elle. Elle savait également rire d'elle-même, mais puisqu'elle ne comprenait pas le motif de son amusement elle ne savait pas vraiment comment réagir, à part en forçant une nouvelle bouchée de nourriture à rentrer dans sa bouche.
Julius ne parut pas vouloir lui expliquer, et il se contenta de plaquer une main sur sa bouche en cherchant visiblement à contenir ce rire. Il n'avait rien fait tomber cette fois mais la prostituée le vit ensuite se pencher un peu et glisser un bras sous la table comme s'il cherchait à ramasser un couvert. Elle remarqua, quand il se fut relevé, que son bras était soudainement bien rouge. Le bruit du frottement contre le bois lui avait tout à fait échappé à cause des bavardages ambiants et des bruits de chopes ou de verres qu'on écrasait sans ménagement contre les tables. Haussant un sourcil interrogateur en direction de Julius elle s'apprêtait à glisser cette rougeur inattendue dans les "affaires classées" jusqu'à ce qu'il... Se précipite vers elle.
Le guerrier se retrouva à genoux par terre en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "bonjour" et Astrid ouvrit de grands yeux surpris alors qu'il tenait son poignet d'une main et tapotait doucement de l'autre son épaule avec sa serviette. Regardant Julius agir elle remarqua seulement à ce moment qu'il y avait une petite tâche sur sa robe. Ce n'était pas bien grave, elle la laverait et il n'y aurait plus rien, et cette constatation la plongeait donc dans un abîme d'incompréhension. Julius était à genoux devant elle pour une si petite tâche? Ça avait quelque chose de particulièrement gênant. Ce fut au tour de la demoiselle de rougir un peu, alors que le guerrier ne se relevait pas de lui-même une fois sa tâche accomplie et remontait simplement son regard pour croiser le sien.

- Euh... Mais... Ne restez pas comme ça, vous allez vous faire mal aux genoux et le sol doit être gelé...


Astrid ne resta pas assise sur sa chaise, elle se leva, et posa ses mains en haut des bras de Julius comme si elle comptait le relever elle-même.

- Et puis ce n'est rien, une minuscule tâche, ce n'est pas la peine de vous en faire ! Enfin... Merci...


Que dire de plus ? Julius était attentionné, peut-être même un peu trop. Elle ne pouvait que le remercier maintenant que c'était fait, même si elle était loin de comprendre son empressement. En agissant ainsi il avait attiré encore un peu plus l'attention sur eux deux. Un homme torse nu à genoux devant une prostituée, ce n'était pas forcément si étrange mais assez rare pour être observé avec curiosité par d'autres clients. Astrid en avait honte, persuadée que sa simple présence allait ternir la réputation de Julius qui pourtant ne faisait rien de mal. Elle avait les jours rouges et cherchait à échapper aux regards inquisiteurs mais peu importe où elle tournait la tête elle avait l'impression qu'on la regardait.

- Je n'ai plus faim, je pensais... Retourner dans ma chambre...
Et échapper aux regards à défaut de faire taire les gens. Vous qui vous sentiez bizarre, vous ne voulez pas vous reposer ?

Peut-être préférait-il terminer son bouillon, elle ne lui en voudrait pas. Seulement entre les bruits, le froid, l'ambiance de la grande salle, elle n'avait plus vraiment envie de s'y attarder. Surtout que grâce à l'aide de Julius, elle était plus ou moins tranquille pour un moment et n'avait pas le besoin pressant de gagner de l'argent en se vendant au plus offrant.

HRP:
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Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyDim 24 Sep 2017 - 16:21
- Euh... Mais... Ne restez pas comme ça, vous allez vous faire mal aux genoux et le sol doit être gelé...

Je plonge mon regard dans le sien, bleu et luisant. Je sens de la gène, une étreinte, et un battement de pupille. Dès lors des questions m'assaillissent de toute parts. Qu'ai-je fait de mal? Pourquoi l'ai-je fait? Je baisse mes genoux et les regarde fixement. Ils ne bougent même pas sur le sol, pourquoi aurais-je mal? Ou alors, la Dame utilise une fausse excuse. Ce n'est pas impossible. J'ai mal au fond de mon cœur quand je pense à cette éventualité... Je me demande si le Maître n'essaierait pas de m'indiquer le mensonge qui traque ma foi et mon amour. Je ferme les yeux, l'écoute réciter ses conseils et relève mes prunelles vers la Dame. Ses yeux battent et essaient de me dire quelque choses. Ils on l'air serrées et enfoncées dans ses orbites, je ne me sens pas très bien lorsque je les regarde. J'espère qu'elle ne souffre pas. Je ne sais pas faire lors de ce genre de situations pour améliorer les choses.

Astrid se lève et m'attrape par le bras. Je ne sens pas directement son étreinte sur moi, mais la chaleur de sa peau se répand lentement dans mon membre, me signifiant qu'elle est là. Mon corps réagit. Il s'énerve et s'excite. À l'instant même où j'ai ses mains sur mon avant-bras, j'ai la chair de poule. Tout mes petits poils se dressent. On pourrait croire qu'une vague passe sous ma peau. Elle remonte jusqu'à mes joues, pour me faire rougir encore une fois. Je me demande si le Maître ne rirait pas de mes réactions dans le Néant. Il doit s'ennuyer en attendant qu'on accomplisse sa Purge. Je souris en coin en pensant à tout ça.

- Et puis ce n'est rien, une minuscule tâche, ce n'est pas la peine de vous en faire ! Enfin... Merci...

"-Merci pour quoi? Je vous ai sali..."

C'est sorti du tac au tac. Le Maître me dit toujours de payer pur ce que l'on fait. Alors je paie, et j'agis en conséquence. La réaction au quart de tour, je ne saurais l'expliquer. Je cherche au fond de moi d'un regard inquisiteur. Un œil est au fond de ma poitrine à chercher pourquoi avoir tâché la Dame me provoque de la douleur. Un seul œil. L'autre est trop occupé à fixer la Dame et les autres clients. Surtout les autres clients. Je ne comprend pas non plus pourquoi sont-ils tous en train de parler tout bas, et pourquoi leurs yeux fuitent en direction d'Astrid. Elle rougit, son regard à elle aussi cherche quelque chose aux alentours. Elle cherche de la tranquillité. Je le sens, je le vis. Mon regard vert dans le sien fait palpiter le fond de mon œil, et ma cervelle palpite au même rythme, m'informant d'un danger imminent. Je peux sentir sa poitrine comprimée de là où je suis.

Mon autre œil lui est descendu au fond de moi. Tout ce qu'il voit, et sens, n'est qu'empressement. Qu'anxiété et que stress. Les muscles sont comprimés, les tendons tendus, et veines dilatées. Le tout se détend progressivement suite à la constriction arrivée lors de mon acrobatie. Tout semble marqué, imprégné et suintant de tension. De quelque chose qui colle, qui dégouline et ruisselle. Quelque chose qui comprime mais conserve, qui remet en forme par l'effort. Puis un flash, des volutes de fumée dorées. Plus rien. Le vide.

Quelque chose m'anime, je ne peut pas lutter contre. D'une part car je n'en ai pas le contrôle, de l'autre car je n'ai pas envie de lutter contre. J'ai l'impression de déroger aux préceptes du Maître en étant ainsi. Devrais-je? Je retombe sur les spéculations qui tournent dans ma tête depuis le début de la soirée.

C'est cette chose qui m'a poussé à me précipité, et maintenant Astrid en est inquiète. Elle fuit les conséquences de mes actes. C'est à moi d'agir maintenant. Seul moi doit remettre les choses en ordre. Pour l'amour du Maître.

- Je n'ai plus faim, je pensais... Retourner dans ma chambre... Vous qui vous sentiez bizarre, vous ne voulez pas vous reposer ?

La réponse est évidente. Je dois monter dans sa chambre avec La Dame. Je dois le faire pour lui éviter de souffrir encore, pour la subtiliser aux regards des autres. Elle ne semble pas à l'aise en public, et ce de par ma faute. Je ne me sens pas très bien, un acide remonte par ma gorge, lorsque je pense que c'est à cause de moi. En tout cas, je dois l'emmener dans son logement. Je n'ai pas le choix. De plus, cette décision me semble... bien, elle me réconforte. Un peu.

Je dois me racheter auprès de la Dame. La culpabilité commence à m'attraper par le cou lorsque que le silence s'installe entre nous. Mes yeux plongés dans les siens transpirent d'incompréhension et de malaise. Je m'en veux d'avoir agi comme ceci. Je regrette de l'avoir fait. Je m'excuse auprès du Maître de ne pas l'avoir écouté. Peut-être m'a-t-il dit de ne pas le faire. J'aurais donc désobéi à ses ordres. La pression dans mon torse n'en est que plus grande. Je dois agir, et vite. Avant de m'enfermer dans ces pensée inutiles et douloureuses. La Purge ne va pas avancer toute seule.

Je ferme les yeux et m'imagine en train de massacrer de L'Hérétique avec Étoile du Matin. Le fait de sentir le poids de mon armure. De sentir les vibrations de l'acier heurtant contre le corps frêle et Impur. Sentir le sol vibrer sous mes pieds lorsqu'il tombe. Sentir un choc dans mes poumons lorsque je crie. Sentir une force sous mes mains alors que je l'étrangle. Tout cela me perturbe. Me bloque. Me remet droit dans mon chemin. Je n'ai plus peur, je ne suis plus coupable, je suis en action, en mouvement, au nom du Maître unique et divin. Quelque chose continue de tourner et de pulser au fond de ma poitrine, près de mon cœur...

Et revient au galop alors que je rouvre les yeux et tombe sur le visage doux d'Astrid.

Je tente alors l'impossible. Sa moue fuyarde et inquiète laisse place à de la surprise alors que je plie les genoux. Je cale un bras derrière ses jambes et un autre en l'air au niveau de son dos. Elle a le réflexe de s'appuyer sur mon cou, sur ma blessure, alors que je la fait couler dans mes bras et la porte pour l'emmener en haut, comme elle me le demande. J'attrape l'assiette encore pleine au passage, dans ma main droite. Celle du bras glissés sous ses genoux, et qui fait plaquer sa robe contre ses jambes.

La voir comme ça, dans mes bras, accrochée à moi. Ça fait instantanément disparaître le verrou et la concentration que je me suis offert en pensant à ma mission divine. Plus rien de tient dans ma tête, tout s'envole. Un mur explose, et toutes les petites briquettes de terres disparaissent. Maintenant, un ouragan, un tumulte de chaleur et de plénitude envahit mon corps. Je me sens bien, comme lorsque je Purge. Je me sens heureux, et je souris en y pensant.

Je me met en marche, mes pas sont plus petit que d'habitude. Astrid est très légère. Le challenge est plutôt de faire attention à l'assiette que je tiens sur le bout de mes doigts. Mes muscles se tendent de bon cœur. Et mon corps se tord comme une lanière de cuir sans même broncher. J'ai l'impression de flotter, comme tout à l'heure. Si bien que les yeux et le visage gracieux de la Dame dans mes bras me fait oublier les escaliers étroits et pleins d'échardes. Une fois à l'étage, une porte s'ouvre derrière moi. La vision de la femme qui aime de tout à l'heure, robe de travers, plaies sur l'épaule, corset défait et larmes aux yeux ne suffit pas à m'arrêter dans ma course. Astrid est ce qu'il y a de plus important. Avec le Maître et la Purge.

Je me demande si ce que je fais est bien, le Maître est-il d'accord? C'est lui qui a posé la Dame sur ma route, certes. Mais est-il d'accord et à l'origine de la tournure des évènements. Et puis cette chose qui tourne au fond de moi... qui semble me pousser à faire tout ça depuis le début. Est-ce vraiment sa création, son objectif? Son dessein? J'espère que oui, sinon j'enfreins ses règles depuis le début. Et cela ferait de moi un Impur.

Le temps d'une seconde, je m'imagine ramper sous l'eau, en sortir avec mes griffes et montrer les dents au voyageur qui y boit, avant de me jeter sur lui et de... Je dois continuer.

J'ouvre la porte de la chambre avec le pied, l'esprit encore embué et secoué par les évènements. J'entre et fait grincer le parquer, j'ai du prendre du poids avec ma charge actuelle, et je referme la porte dans un grincement âpre aux oreilles. Je pose l'assiette sur la table de nuit à côté du lit. Elle est tellement grande qu'elle en dépasse de tout les côtés sauf celui plaqué contre le mur.

J'essaie de remonter les genoux, ça tourne mal. Mes articulations perdent leur bonne volonté et je ne vole plus, j'heurte le sol violemment avant que mes réflexes reprennent le dessus. Je sens le Maître prendre possession de mon corps. Sa grande main rouge et puissante passe par mon dos pour s'insérer en moi comme dans une marionnette. Sa puissance et à l'intérieur de moi. Tout se contracte d'un seul coup. Comme lorsque je Purge. Il prend le contrôle de la situation pour ne pas qu'elle désespère, j'aime le Maître. Il m'aide, j'accomplis sa tâche. La symbiose est parfaite. Je suis puissant, je peux contrôler, car je suis l'élu du Maître.

Le Maître prend le contrôle de mon corps pour le diriger naturellement, dans ma chute. Dès lors, je sens mes bras se déplier en direction du lit, pour y déposer délicatement mais néanmoins précipitamment Astrid qui semble surprise. Je sens mes mains coincées entre elle et le matelas de paille enveloppé de tissu, au niveau de sa nuque, et de... ses cuisses. Ce n'est pas moi, c'est le Maître qui me l'impose. Il tient à rattraper la situation, alors je me laisse faire. Une fois Astrid en sûreté et éloigné de tout danger de chute, la puissance divine me quitte.

Je tombe à mon tour, tout me lâche. Mon enveloppe devient coton. Le Maître à pensé à mettre mes bras en avant dans ma propre chute. Je heurte le matelas en plein fouet, mon front heurte le sommier en bois brut et tout devient noir alors que ma tête plonge dans les draps. J'arque mon abdomen dans l'action. Pour ne pas écraser Astrid elle bien posée délicatement dans le sens du matelas. Je retrouve vite mes esprit. Et un électrochoc me contracte intégralement. Tout est noir, je me repose.

Je tourne sur moi même pour dégager mes membres engouffrés sous mon moi lourd et brute. Je pousse un petit peu sur les coudes. J'écarte un peu les jambes pour prendre appui alors que je décolle mon thorax d'une irrégularité du matelas. Maintenant que je suis à quatre pattes, j'ouvre les yeux pour analyser la situation, j'espère qu'Astrid va bien.

J'ouvre les yeux. La Dame est sous moi, sur le dos. Ses épaules calées entre mes poignets et ses jambes jointes entre mes genoux. J'écarquille les yeux et rougit. De gêne, mais aussi de honte, lorsqu'une goutte de sang ruisselante sur mon crâne vient goutter sur sa pommette blanche et délicate.

Misère. Maître, merci d'avoir sauvé la situation. Mais il reste encore beaucoup à faire.

"-Vous allez bien? Vous n'avez rien j'espère !?"

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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyDim 24 Sep 2017 - 21:02
Astrid aurait aimé être n'importe où ailleurs ou presque. Elle avait beau essayer de faire comme si de rien n'était, comme si tout le monde n'était pas en train de les regarder, c'était impossible pour elle de passer outre. Elle avait voulu chercher un peu de réconfort auprès de Julius en lui proposant de l'accompagner au calme mais le silence qui s'était installé entre eux était un mauvais signe. Avait-elle dit quelque chose de mal ? Aucune idée, mais il ne répondit pas. Elle se sentait encore un peu plus mal de se dire qu'au fond elle ne pouvait peut-être pas non plus compter sur son soutien... Hasardant un regard vers son visage, plongeant ses yeux juste une minutes dans les siens, elle n'y vit rien de bien encourageant. Elle crut comprendre qu'elle l'avait mis mal à l'aise. Sa proposition devait lui paraître trop indécente sans doute. Elle pourrait toujours dire qu'elle comprenait, que ce n'était pas grave, mais ce serait mentir. Elle avait envie que Julius l'accompagne parce qu'il était gentil, parce qu'il était honnête, parce qu'en plus de ne pas la blesser elle avait eut l'impression qu'il la défendait la dernière fois, et parce que tout ça faisait qu'elle l'appréciait beaucoup. Mais s'il ne voulait pas, elle n'aurait ni la force ni le courage de le supplier. Tant pis.
Son angoisse changea de nature quand elle le vit fermer les yeux. Se sentait-il mal ? S'il était malade, bouger aussi vite qu'il venait de le faire pour essuyer son épaule ne devait pas lui faire du bien. Astrid resserra doucement l'étreinte de sa main sur le bras du guerrier. Comme si ça allait l'empêcher de tomber s'il se sentait mal ! Mais heureusement il rouvrit les yeux. Que faire, puisqu'il persistait à ne rien dire ? S'en aller, seule ? Maintenant ?
Il plia les genoux. Décidément la prostituée ne comprenait pas où il voulait en venir ce soir, elle afficha une mine surprise sans savoir quoi dire. Sentant soudainement un bras contre ses genoux elle eut l'impression qu'il allait la faire tomber et son premier réflexe, parfaitement naturelle, fut de passer ses bras autour du cou du chevalier pour s'accrocher à lui. Julius ne sembla pas surpris au contraire, il la souleva sans peine alors qu'elle resserrait son étreinte. Le guerrier était fort ça ne faisait aucun doute, mais la demoiselle craignait tout de même qu'il la lâche ou quelque chose dans le genre. Et puis, ils attiraient encore plus l'attention maintenant ! Astrid ferma les yeux. Oublier les regards inquisiteurs des autres. Oublier les rumeurs, les bruits, les commentaires qu'elle parvenait à distinguer alors que le chevalier avançait vers les escaliers. Julius était gentil, il accédait à sa demande et acceptait son invitation. Mais il avait comme toujours une manière bien à lui de faire les choses. C'était à la fois charmant et déroutant.
Le bruit d'une porte qui s'ouvre lui fit rouvrir les yeux. Elle reconnut, du peu qu'elle pouvait voir dans sa position, la femme qui avait caressé le torse de Julius alors qu'ils descendaient l'escalier un peu plus tôt. Elle semblait avoir passé un mauvais moment... Astrid connaissait bien ce genre de choses, et elle serait volontiers aller soutenir la demoiselle et s'assurait que tout irait bien pour elle. Mais elle ne le pouvait pas parce qu'elle était dans les bras de Julius. Le mal-être né de cette vision la fit simplement se serrer encore un peu contre lui. Il représentait une figure rassurante. Avec lui, elle ne connaîtrait pas le sort de la pauvre fille qu'elle venait de voir. N'est-ce pas ? Il l'avait protégée d'un drôle de client la dernière fois. Il était attentionné. Elle lui faisait confiance.
Julius ouvrit la porte, probablement avec son pied, et la vision de la deuxième prostituée disparut tout à fait pour Astrid. Le parquet, la porte, tout grinça pendant quelques secondes. C'était normal. A force d'habiter ici la cartomancienne savait bien que la porte grinçait toujours, et que les premières lattes aussi. Elle avait fini par s'y faire et si leur entrée avait été silencieuse elle aurait sans aucun doute eu l'impression qu'il y avait un problème quelque part. Il y avait certaines choses, certains sons, certaines réactions qui étaient rassurantes par le simple fait d'exister. Astrid se raccrochait beaucoup à ce genre de détails quand elle allait mal : c'étaient eux qui donnaient à sa vie ce sentiment de normalité qui lui manquait parfois. Quand elle se disait que ce n'était plus possible, qu'entre la Fange et ses propres problèmes elle ne s'en sortirait jamais, elle entendait la porte qui continuait de grincer. Le monde continuait à tourner.
Il y eut le petit bruit, moins habituel mais plus plaisant, de l'assiette que Julius déposa sur la table de chevet. Astrid n'avait même pas remarqué qu'il l'avait prise. Elle sourit. C'était gentil, mais elle avait été sincère en disant qu'elle n'avait plus faim. S'il voulait manger qu'il se serve, mais en ce qui la concernait c'était une attention touchante mais inutile pour le moment.
Elle voulut demander qu'il la laisse descendre. Elle n'avait pas osé le faire devant tout le monde mais elle trouvait assez bizarre d'être portée ainsi et préférait la terre ferme, plus rassurante. Elle fut exaucée avant d'avoir dit le moindre mot !
Le sentiment de chute était si semblable à celui de ses cauchemars que sa bouche ouverte ne laissa pas échapper le moindre bruit. Seulement Julius s'en sortit très bien, au moins en ce qui la concernait, et elle finit sur le lit sans dommages. Juste un peu effrayée. Il n'en fut pas de même pour lui, elle entendit nettement le bruit sourd de quelque chose qui heurtait le bois.
Astrid voulut se redresser un peu pour s'assurer que le guerrier n'avait rien mais elle le vit bouger, probablement pour se mettre dans une position plus confortable pour lui. En le voyant approcher d'elle, elle repoussa l'idée de bouger et elle eut bien raison : il avait les yeux fermés et ne pouvait voir dans quelle situation il était en train de se mettre. Quand il rouvrit ses jolis yeux vers, il était à quatre pattes au dessus de la prostituée.
De le sentir si près, de le voir juste au dessus d'elle... Astrid sentait son cœur battre plus vite que ce à quoi elle se serait attendue. Mais la goutte qui tomba sur sa joue la rappela à la réalité. Julius s'était fait mal ! Il avait beau se tenir là sans problème et même rougir, son front saignait et ça obnubilait Astrid.

"-Vous allez bien? Vous n'avez rien j'espère !?"

-Et vous ?
Se contenta-t-elle de répondre d'une voix inquiète.

Elle n'avait rien du tout, même pas le temps d'être gênée. Elle leva ses mains vers le visage de Julius, observa son front avec soin. Ce n'était pas grand chose, ce n'était pas profond, il aurait probablement une bosse et une petite marque. Elle soupira de soulagement. Mais ses mains ne lâchèrent pas pour autant le visage du guerrier. L'une d'entre elle descendit jusqu'à caresser sa joue. Astrid sentit son cœur battre encore un peu plus vite. C'était presque bizarre, ça lui arrivait rarement. Elle se mit à rougir elle aussi, mais avec un petit sourire qui montrait bien qu'elle n'était pas tout à fait mal à l'aise mais aussi un peu heureuse de se retrouver ainsi...
Mais peut-être que ce n'était pas du tout le cas du guerrier. S'inquiétant soudainement de ce qu'il allait bien penser d'elle maintenant, elle voulut se dégager de là pour ôter toute ambiguïté à la scène. Seulement son geste n'était pas calculé, ou alors pas assez. Elle se redressa brusquement, sa poitrine heurta le torse de Julius et elle retomba sur le lit, coupée dans son élan. Avait-elle déséquilibré le guerrier ?
Voilà qui n'arrangeait pas ses affaires.

-Oh je suis désolée...

Elle voulut s'y prendre autrement, et glissa une main sur les côtes de Julius avec l'intention de lui faire comprendre de se décaler. Mais dés que ses doigts fins touchèrent la peau du guerrier elle eut l'impression que son geste serait mal interprété. Alors elle ôta sa main à toute vitesse, rougissant de plus belle. Pourquoi devenait-elle timide ? Ce n'était pas son genre. Elle avait l'habitude du corps des hommes.
Elle voulait seulement plaire au guerrier. Elle voulait qu'il ait une bonne image d'elle. Elle craignait que quoi que ce soit d'un peu tendancieux ne la discrédite à ses yeux. Mais elle n'avait rien fait n'est-ce pas ? Il ne lui en voudrait pas hein ?
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Julius HaberChevalier itinérant
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyDim 24 Sep 2017 - 22:51
-Et vous ?

Je n'entend pas. Je suis perdu dans les yeux de la Dame. Ce simple moment m'attache, m'immobilise, m'enferme dans l'instant. Je ne vis plus, je disparaît. Mon corps se vide de toute chair, de toute forme de consistance. Mes yeux s'envolent et vont se plonger au fond de ceux de la Dame. Je parie qu'au fond on peut y voir une volute de fumée dorée. Car c'est tout ce qui remplit mon corps actuellement. Je ne suis qu'une enveloppe transparente, invisible. Je ne sers qu'à contenir le torrent de sensation qui me parcourt de partout. Je vibre, je tremble et j'exulte. Je me sens puissant, sur le point d'exploser. Ce n'est même plus comparable à la Purge. C'est inconnu. Je ne suis qu'une boîte de paillettes dorées. La vie, la mort, l'existence, la conscience. Tout ça n'est plus. Je ne suis que sensation.

Je loue le Maître intérieurement pour m'avoir prodigué sa puissance et m'en abreuver encore ainsi. Je ne pense même pas, je ne me pose même pas la question de son accord. Car je suis incapable de la faire. Je reste les yeux verts plongés dans le bleu de ceux d'Astrid, je suis sur le point d'imploser. Je vais craquer, ma peau va craquer et libérer ce torrent de bien-être. Mes bras se plient un peu, comme pour rapprocher mon visage très près du sien. Je n'y arrive pas, mon corps ne suit plus. Il en est rigide. Je suis solide, fort, en pierre immuable. Incassable, même sous les coups de milliers d'Hérétiques. Le Maître et Astrid sont avec moi. La puissance est mienne.

J'ai l'impression que des flammes brutes pourraient sortir de mes mains, que je pourrais voler à travers le nuages. Que je pourrais soulever toute l'auberge à bout de bras. Rien n'est impossible.




La Dame pose ses mains sur mon visage.




J'explose.

Tout se libère à l'intérieur de moi, le tumulte s'agite, le torrent s'écoule dans mes veines. Je me crispe, mon corps ne tient plus tant de force à l'intérieur. Mes musclent entament un chant trinitaire tendis que mes articulation jouent une chorale de percussion. Mon cœur est sur le point d'exploser, il accélère et veut sortir de ma carcasse. Toute ma force se vide et j'arrête de respirer alors que la main d'Astrid vient me caresser la joue. Je rougis de toute mes forces. La puissance du Maître se canalise à l'intérieur. Je vais libérer le torrent de puissance. Cette sphère de lumière pure, celle qui émet les volutes dorées et qui me meut sans fatigue, sans repos ni interruption depuis le début. Elle se met à tourner à l'intérieur de moi si vite. Je ne peut bientôt plus la voir, ni la sentir. Elle n'est plus, car elle est partout. Dans chaque petite briquette de moi, siège un petit bout de cette puissance à côté d'un petit bout de Purge. Je vis, j'existe et j'exulte grâce et pour cette puissance phénoménale.

Je prend une grande inspiration et ferme les yeux, je m'adonne à ce tumulte si chaud, si bienfaisant. L'air rentre dans mon corps et en ressort ouragan. Des volutes dorées se changent en volutes de force rouge lorsqu'elle sortent des trous de mon visage. Dans mes yeux brûle une flamme ardente. Sur mon visage se dresse un sourire de bonheur. Rien n'est plus. Tout n'est rien. Je fais corps avec cette puissance. L'extase!

Mon regard se plonge dans celui d'Astrid, je peut y voir les battement de son cœur qui s'accélèrent et le bleu contraster avec le rouge pâle de sa peau gênée. Rien ne pourrait nous perturber dans ce moment là. Je savoure cet instant comme je savoure le repos après la Purge. Chaque moment est unique et il faut en profiter. Celui-là me fait ressentir des choses jamais espérées. C'est comme les moments passés auprès du Maîtres, ils sont si chargés en émotions qu'ils en deviennent inoubliables. Mes poignets sont en contact avec le tissu de la Dame, étalé sur le matelas. Je me nourris de ce presque contact. Il me fait fonctionner, il m'alimente. Mille fois plus que le bouillon, autant que la Purge. Je suis entier lorsque je suis comme ça. Je ne le pensais pas.

La Dame se sent gênée, je ne peux pas me demander pourquoi tellement mes pensées volent à vitesse folle dans ma tête. Sa main redescend vers ma joue qu'elle caresse lentement, le contact est chaud et doux. Il en émane un courant électrique particulier. Je ferme les yeux et ne veux pas que ça s'arrête. Je veux que cela continue! Ne vous arrêtez pas ma Dame. J'aurais presqu'envie de la tutoyer, mais ça serait manquer de respect à une si belle créature, à une sorcière si envoûtante. Je me tais et profite. Je ne fais qu'un avec cette sensation.

Elle tente de se lever. Je le sais. Elle se décolle du matelas qui rebondis instantanément vers le haut et viens exercer une pression sur mes poignets. L'énergie qui émane de la Dame et que je perçois en est donc modulée. Cela forme une vague vert clair, qui remonte mes bras, fait frémir mes poils déjà bien dressés. Je rouvre mes yeux en ressentant ce changement si brutal mais tellement prenant. Puis ensuite vint un nouveau niveau dans la stimulation. Par le Maître!

Sa douce poitrine vient se caler sur mon torse nu. Je ressens maintenant. Je la sens elle. Ses courbes gracieuses, sa peau veloutée exposée par son corset ouvert. Tout cela, je n'y faisait pas attention. Le Maître me demandait de faire abstraction, l'intérêt était inexistant. Mais par Le Maître, que sa volonté soit louée. En une fraction de seconde, je me met à me connecter à sa peau, sa douce chaleur. Toute la puissance que je sens depuis le début s'échappe vers sa poitrine rebondie et suave, et me revient démultipliée. C'est inconnu, c'est bon, c'est chaud et c'est puissant. Plus encore que ce qu'il m'arrivait avant. Je tourne à l'intérieur de moi, ma tête est ivre et n'existe plus. C'est mon corps qui réfléchit. Ce sont les volutes de fumée dorées qui raisonnent au creux de moi. J'avance un peu le torse vers elle pour attraper le plus de contact possible. La cours de ses seins finit vite, mais finit fort. Elle heurte mes muscles secs. Je sens toute la puissance de la levée venir se loger au creux de mon plexus avec lequel j'accompagnais sa course. Dès lors elle retombe contre le matelas, je la suis délicatement et fini plaqué contre elle pour ne rien perdre de ce moment. C'est divin, le Maître en soi loué. Avec tout cette puissance, la Purge en sera plus belle et plus rapide. J'exulte!

-Oh je suis désolée...
"-Ne le soyez pas, ma Dame."

Pourquoi l'être? C'est si bon. Si puissant. Je ne suis pas désolé, ni offensé, ni blessé. Je suis puissant, je suis avec Astrid. Je suis plein de ces volutes dorées. Elle me remplissent. Elle vissent le torse de mon corps lourd et rocailleux sur sa poitrine frêle et accueillante de la Dame. Je ne peux plus bouger. Je ramène les bras autour de sa tête. L'étreinte est puissante, l'étreinte est bonne.

Je sens quelque chose.

Son cœur bat contre le miens.

Je ne bouge plus.

J'en suis incapable et ne le veut pas. Que le Maître puisse faire durer ce moment indéfiniment.

Sa mains, ses ongles. Viennent promener leurs bouts sur mes côtes voyantes et saillantes. Ils font leur promenade. Chaque contact est une onde à la surface d'une eau calme. Chaque touche est une cailloux dans le torrent doré. Le sens de ce contact transpire à travers les pores de la peau de la Dame en une coulée de miel sucré et chaleureux. Il pénètre ma peau, rentre dedans. Passe à travers le muscles conscrits de puissance. passe à travers les côtes fédérées de bonheur. Et pénètre jusque dans la coupe de mon cœur battant la chamade.

Je ne me retiens pas. Je lève la tête. Je la penche un petit peu. Et mon œil droit dans son œil gauche. Mélangés par leurs couleurs et les flammes qui les habitent. Mes lèvres rencontrent les siennes.

La puissance se déchaîne. Le contact avec sa main ou ses seins n'est rien par rapport à cela. C'est. Infini. Les volutes tournent encore, se canalisent. Se serrent tellement que des petits cristaux brutes s'y formes. Ils passent dans mes veines et courent à travers mon corps. Je n'ai plus besoin de manger. De boire. Ou de dormir. Je suis nourri en bonheur par ces lèvres roses, pulpeuses sur lesquelles je m'attarde. Le Maître m'apparaît alors que je ferme les paupières. Son doigt levé me signale quelque chose. Je ne le sens pas. Je suis trop complet pour sentir quelque chose. Je ne sens plus, je vis. Je vis ce baiser.

"-ASTRID!"

Je relève la tête. La porte est grande ouverte et vibre encore du choc qu'elle vient de recevoir. Dans le cadre vieilli et mal verni se tient la femme de tout à l'heure. Celle qui m'a caressé le torse. Je me relève de m'assois comme je peux. J'ai les fesses qui s'appuient délicatement sur les chevilles d'Astrid le temps que mes talons prennent le relais.

La femme pleure, sa robe est encore pire qu'avant. Elle est déchirée. Son corset est arraché en deux morceaux distincts qui laissent apercevoir une auréole lorsqu'elle se met à courir vers le lit. Elle finit sa course en tombant à genoux, et enfourne son front dans le coude d'Astrid qui se met sur le côté. Son dos est lacéré, ouvert sur toute la longueur d'une balafre digne d'une plaie d'Hérétique. Ses cheveux sont rêches, on a tiré dessus sur une mèche en particulier. Du sang coule de certaines racines. Sa peau est brûlée sur son épaule. Je me lève et m'écarte du lit. Je me réfugie dans un coin de la pièce et prie le Maître pour la suite des évènements. Je vibre encore, cela me gène pour écouter le discours sanglotant et coupé de pleurs de la femme qui aime.

"-Par pitié Astrid aide moi. S'il te plaît.

J'é... J'étais avec un client et... et... il m'a demandé... *sniff*... si je pouvais... me mettre... à quatre pattes... Alors j'ai dit oui et... et... Il a commencé à me... fouetter avec sa... sa.. ceinture...

J'ai eu mal... alors je me suis... retournée et... *sniff*... Je lui ai dit que... Je... Je... prenais pas ça... Et... et... Il m'a agressé avec sa dague... pendant... pendant qu'il...


Un torrent de larme coule de la Demoiselle. Elle s'est faite agressée par un homme? Alors qu'elle lui montrait sa robe? Mais pourquoi? Comment quelqu'un peut-il s'énerver lorsqu'une femme lui montre ses talents en couture? Cela me dépasse. J'aimerais être le Maître parfois, pour savoir ce genre de choses. J'essaie de me représenter la scène, cet homme me dégoute. Il est impur. Qu'il essaie de refaire ça et je le punirais. S'il ose le faire à Astrid, ça sera la Purge. Le Maître me comprendra.

Je me tais pour écouter la suite. Je contracte les mâchoires de rage.

"-Il... Il m'a... m'a écorché avec... le... cou... couteau... en pre... prenant bien... bien... bien... bien... le temps... de... de faire... couler... la... lame... dans... dans mon... dans mon dos...

Ensuite... Il... *sniff*... Il... m'a... brû... brûlé... l'épaule... a... avec... la bou-bou-bou... bougie... à... à même... mêmême... la flamme... pendant qu'il... qu'il... passait... par... PAR LE MAUVAIS...


Elle n'a pas la force de finir. Cela doit être brutal. L'acidité monte de mon estomac. Mes molaires baignent dans la bile. J'ai envie de frapper. Écouter cela active mes réflexes de Purge. Les mots rapportés me font le même effet que le râle d'un Hérétique. L'Impureté me fait enrager. Le Maître, qu'il m'écoute, qu'il sente ma colère! Cela ne va pas finir comme ceci!

Je ne peux rien faire, je suis trop fatigué. Les évènement m'ont endolori et fait vibré. Mon corps n'est pas près au combat. Je me pose sur le lit les bras croisés. Et regarde la Dame en attendant sa réaction. Je passe une main dans les cheveux ensanglantés de la couturière auquel sa robe n'aurait pas plus chez son client. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mais je n'ai pas envie de savoir. Tout va mal.

Que le Maître nous vienne en aide.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyLun 25 Sep 2017 - 19:41

"-Ne le soyez pas, ma Dame."


Julius avait suivi son mouvement de descente, son retour sur le matelas, sa presque chute. Maintenant ils se retrouvaient collés l'un à l'autre. Mais effectivement, il n'y avait pas de raison d'être désolée. Si le guerrier s'était installé ainsi c'était bien qu'elle ne le dérangeait pas, n'est-ce pas ? Sinon, il se serait très probablement dégagé, il se serait peut-être allongé à côté, ou alors il se serait peut-être assis sur le bord du lit. Il n'aurait pas fini de plier ses bras pour que son torse se laisse choir contre la poitrine de la demoiselle. Les bras de Julius bougèrent mais ce ne fut pas pour se dégager de cette position. Ils se refermèrent autour du visage d'Astrid avant de s'immobiliser. La cartomancienne souriait doucement, et ses deux yeux bleus étaient emplis de tendresse.
Julius était grand, il était fort, il était musclé. Il en devenait assez lourd. Mais malgré le poids qu'Astrid sentait sur elle, elle ne se sentait pas du tout oppressée comme il pouvait lui arriver de l'être quand elle laissait certaines brutes l'enserrer de leurs bras. La carrure du guerrier avait quelque chose de rassurant. Elle se sentait toute petite contre lui mais elle n'avait pas peur qu'il la brise, c'était plutôt comme s'il la protégeait. S'il n'avait pas déjà été collé contre elle, elle en aurait sans doute profité pour se blottir contre lui. Il lui tenait chaud sans l'étouffer. Et maintenant qu'il avait son visage si près du sien et son torse tout contre sa poitrine elle se sentait troublée. Elle savait très bien ce qu'elle mourait d'envie de faire, ce petit geste, le franchissement des derniers centimètres qui séparaient leurs lèvres, mais elle n'osa pas le faire. Le bleu et le vert se mélangèrent un instant de plus dans la chaleur des regards qu'ils s'adressaient l'un à l'autre, et ce fut le chevalier qui fit le premier pas.
Il approcha son visage de celui de la prostituée jusqu'à ce que leurs lèvres se rejoignent pour leur premier baiser. Astrid retenait presque sa respiration, fermant les yeux. Les lèvres de Julius étaient douces, tendres. Elles étaient loin de la passion de certains amants mais ce n'était pas vraiment un reproche. Astrid avait un surnom qui ne faisait pas que la décrire à merveille : il indiquait clairement ses préférences. Si elle savait s'accommoder de tout et même se montrer aussi fougueuse que les circonstances pouvaient l'exiger, elle n'en restait pas moins une fort douce demoiselle quand elle laissait libre cours à son naturel. Ses mains, dont l'une avait quitté il y a peu les côtes du guerrier, se glissèrent délicatement contre le cou légèrement froid de Julius.
Elle voulait que ce moment dure encore longtemps. C'était doux et chaud il ne lui en fallait pas vraiment plus. Ou peut-être que si. Mais pour le moment, c'était un geste empreint de tendresse qu'ils partageaient tous les deux. S'il n'avait tenu qu'à Astrid de déterminer le temps de cette étreinte particulière elle serait restée longtemps ainsi. Mais les Trois avaient visiblement d'autres plans pour eux.

"-ASTRID!"

Le cri la fit sursauter légèrement alors que Julius se redressait à toute vitesse. La demoiselle n'avait pas tellement l'habitude qu'on crie son nom sur ce genre de ton et elle n'avait pas l'intention de s'y habituer non plus. Sa tête s'était tournée directement vers la porte désormais grande ouverte. Agathe se tenait à l'entrée, tremblante, pleurant de toute son âme. Et il n'y avait pas que ça. L'état de ses vêtements attira tout de suite l'oeil d'Astrid qui s'assit comme le guerrier au bord du lit. Que lui était-il arrivé ? Elle regretta tout de suite de ne pas s'en être inquiété un peu plus tôt alors que Julius la portait jusqu'à la chambre. Elle avait bien vu qu'il y avait un problème, et maintenant la culpabilité de son inaction lui revenait en pleine figure. Le doux baiser de Julius était déjà loin, très loin.
Le guerrier se leva pour se réfugier dans un coin. Évidemment il ne devait pas s'attendre à une telle visite ! C'était une première pour Astrid également, elle aurait eu bien du mal de l'y préparer ou de le prévenir. Agathe franchit les derniers mètres qui la séparaient d'Astrid avec ce qui ressemblait à l'énergie du désespoir, comme si le simple fait de se tenir auprès d'elle allait apaiser l'un de ses ennuis. C'était faux bien sûr, mais ça n'empêcha pas la prostituée de glisser son visage contre sa consoeur un peu perdue qui se demandait encore ce qui avait bien pu se produire pour engendrer de telles conséquences.

"-Par pitié Astrid aide moi. S'il te plaît.

J'é... J'étais avec un client et... et... il m'a demandé... *sniff*... si je pouvais... me mettre... à quatre pattes... Alors j'ai dit oui et... et... Il a commencé à me... fouetter avec sa... sa.. ceinture...

J'ai eu mal... alors je me suis... retournée et... *sniff*... Je lui ai dit que... Je... Je... prenais pas ça... Et... et... Il m'a agressé avec sa dague... pendant... pendant qu'il...

Tout chez Agathe rappelait à Astrid que ça aurait pu être elle, sous les coups de ceinture. Elles n'avaient pas grand chose de différent, à part qu'Agathe était plus jeune, plus maigre encore, et avait de jolis cheveux blonds. Les pleurs et les coups la rendaient méconnaissable. Et Astrid n'avait aucune idée de la manière dont il convenait de traiter l'affaire. Chaque mot de sa consoeur lui rappelait ce qu'elle avait déjà subi dans le même registre dans sa vie, et pourtant elle s'efforçait de se montrer rassurante en murmurant à Agathe des choses sensées l'aider à se calmer un peu.
Mais comment pourrait-elle se calmer ? Astrid savait très bien, trop bien comment elle pouvait se sentir. Terrifiée à l'idée qu'il soit encore là, écrasée par la douleur lancinante de sa plaie et de sa brûlure, ne sachant pas quoi faire. C'était probablement en quête d'aide et de conseil qu'elle venait chercher Astrid mais les choses n'étaient pas simple. La cartomancienne lança un regard perdu en direction de Julius. Il ne devait pas savoir quoi faire non plus, sans doute. Il avait l'air... Sombre. Elle ne sut pas quoi en conclure, mais ça ne l'aidait pas beaucoup pour le moment.

"-Il... Il m'a... m'a écorché avec... le... cou... couteau... en pre... prenant bien... bien... bien... bien... le temps... de... de faire... couler... la... lame... dans... dans mon... dans mon dos...

Ensuite... Il... *sniff*... Il... m'a... brû... brûlé... l'épaule... a... avec... la bou-bou-bou... bougie... à... à même... mêmême... la flamme... pendant qu'il... qu'il... passait... par... PAR LE MAUVAIS...

-Chuuut, là... Chuuuut. Calme toi...


Astrid aurait voulu pouvoir la prendre dans ses bras mais elle craignait trop de lui faire mal. Elle la fit s'asseoir à côté d'elle sur le lit avec mille précautions. Elle n'avait pas vraiment intégré ce que venait de lui dire Agathe. Son cerveau avait refusé d'entendre ces derniers mots, trop violents et trop évocateurs, comme s'il obéissait à un mécanisme de défense. Au lieu de fondre en larmes avec sa collègue, ce qui n'aurait pas manqué si elle avait tout à fait compris la teneur du propos, elle parvenait alors à essayer de se montrer utile.

-Regarde moi, regarde moi je te dis...
Elle glissa un main sous le menton d'Agathe pour lui relever la tête tout en douceur. Voilà, respire...

Astrid lui montrait l'exemple en respirant lentement et profondément, alors que Julius revint finalement s'installer à côté d'elles. Mais la cartomancienne n'avait pas vraiment le temps d'y prêter attention. Ses yeux examinèrent avec soin les cheveux légèrement ensanglantés d'Agathe, avant de passer sur son épaule brûlée puis sur son dos lacéré. Pour les cheveux ça n'avait pas l'air bien grave. Mais pour le reste... Astrid n'était pas guérisseuse elle n'avait aucune idée de ce qu'il convenait de faire. Elle tourna la tête vers Julius alors que la victime commençait à se calmer tout doucement.

Julius ? S'il vous plaît, voudriez-vous bien demander dans la grande salle s'il s'y trouve un guérisseur ?


Agathe leva brusquement la tête d'un air inquiet, mais Astrid lui fit signe de la laisser faire. Elle savait très bien ce qui faisait naître cette angoisse chez sa « protégée » : elle n'avait pas de quoi se payer les services de quelqu'un. Astrid non plus, ou alors seulement en partie, mais ce n'était pas grave. Elle compterait sur la bonne âme de quelqu'un pour simplement les aider, ou alors elle... S'arrangerait. Si c'était un homme, elle avait déjà quelques idées de paiement en nature. Parfois, il fallait se débrouiller. Elles se sentiraient mieux toutes les deux si quelqu'un de compétent examinait au moins la brûlure, et peut-être aussi la plaie. Pour la robe il n'y avait rien à faire, et les cheveux n'auraient qu'à repousser.

L'homme, il est parti ?
Demanda Astrid sans détours. Elle avait envie de savoir si elle risquait de voir un psychopathe arriver dans sa chambre à la recherche d'Agathe, ou s'il considérait ses méfaits accomplis et les laisserait tranquilles. Normalement il devrait déjà être loin, mais quand on était assez illuminé pour trouver du plaisir dans le fait de brûler quelqu'un on ne devait pas fonctionner tout à fait normalement.
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Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyLun 25 Sep 2017 - 22:34
Julius ? S'il vous plaît, voudriez-vous bien demander dans la grande salle s'il s'y trouve un guérisseur ?

Je serre la mâchoire. Mes dents grincent contre elle. Un gout âpre m'envahit la bouche et me fait fondre la langue. Je me met en marche et arrive près du pied du lit. Je dégage Étoile du Matin du tas que constitue mon armure. Je met la main sur la poignée enlacée de cuir. À la longue, il est tout râpé. Je tire doucement dessus et passe la dragonne de maintien à mon poignet. Le poids est conséquent. Je la prend à bout de bras. Alors que je tire sur la poignée, les boulets se mettent à racler par terre dans un bruit assourdissant. Une fois dans ma main, je la jauge et la fait danser. Elle me paraît tout de suite beaucoup plus grande sans mon armure. Je sens la bénédiction du Maître passer dans mon bras. Je me tourne vers Astrid. J'ai une pensée très forte pour elle. Ce moment dans ses bras, c'était bien. Mais le Maître m'appelle.

Il me demande de Purger l'Hérétique, l'Impur, celui qui faillit à ses enseignements. Brûlure et agression pour de la simple couture. J'appelle ça être Impur.

Je marche lentement vers la porte, et l'ouvre d'un grand coup de pied. J'expulse un peu de rage, c'est sûrement ça qui me permettre de lui parler correctement si je le croise. Je ne sais pas à quoi il ressemble, ni sa voix, ni rien du tout. Je le trouverais, le Maître me le montrera. C'est aussi en réglant les problèmes intérieurs qu'on accède plus vite au Salut, et je pourrais rentrer chez moi, à la Maison.

La Maison me manque. Je sors de la pièce et descend les escaliers. Je me sens loin de chez moi. Les boulets claquent sur chaque marche derrière moi. Un jour je retournerais chez moi. Les masses d'acier claquent contre la plaque de mortier en bas des escaliers.

Cela faisait longtemps que je n'ai pas pensé à la Maison. Mais pourquoi? Je m'arrête au milieu de la salle et fait claquer mes chaîne. Le bruit fait retourner toute la salle en ma direction, la serveuse s'arrête de servir.

Je prend une grande inspiration. Mes poumons se remplissent d'air frais et glacé. Le souffle du Maître m'emplit de courage. Je suis fort, je bombe le torse. Personne ici n'est un danger pour moi. Je dois accomplir ma tâche.

"-Y'A-T-IL UN GUÉRISSEUR DANS CETTE SALLE?"

Un silence s'ensuit. L'homme gros et gras se terre au fond d'une banquette rapiécée. Je le guette silencieusement pendant qu'une figure grande, élancée, au crâne rasé se lève. Sa tenue est chiche, mais propres. Quelques tâches rouges sont sur ses avant bras, preuve de sa bonne foi quant-à sa profession. Je le toise de haut-en-bas. J'ai peur quant-à laisser Astrid seule avec lui. Et s'il lui arrivait quelque chose comme à la couturière Agathe? Je suis sceptique, mais il faut que je le fasse.

"-Vous, à l'étage. Première en face des escaliers. Prenez votre sacoche."

L'homme se lève, et pose les mains sur le bord de sa table. Il acquiesce lentement et s'en va comme s'il était venu.

Les gens retournent à leurs discussion aussi simplement. Sans même que quelque chose leur dise que l'interlude était fini. Serait-ce le Maître qui essaie de me couvrir. Je le loue dans ma tête et baisse les yeux. Je marche vers la table près de la porte.

Dans ma marche, je garde un œil rivé sur cet homme gros et gras. Celui qui montre une lame de bonne facture, à manche en érable, tâchée de sang et graissée alors qu'il remet ses trois cheveux sur son crâne moucheté par la maladie. Sa manche trouée fait des siennes, il peste contre la dizaine de marques de brûlure qui s'y trouvent, gâchant l'attirail d'un blanc neige de trous cerclés d'ocre. Après cela, il fait du chassé croisé avec ses bottes sous la table. Bottes qui tirent sur ses guenilles qu'il commence à perdre. Il se relève vite-fait, et remonte le tissu dépourvu de ceinture. J'en profite pour me mettre face à lui.

Je n'ai jamais aimé les procès verbaux. Le Maître juge déjà tout le monde de là où il est. Je n'ai pas besoin de le faire. Je lance ma main contre son col.

Mes phalanges crispées déchargent leur frustration sur le col blanc et fermé de l'homme. Je sens de la sueur et de la graisse sur le tissu que j'agrippe. Je tire l'homme qui se trouve soulevé avant se s'étaler sur la table. Son assiette de choux et sa carafe de vin explosent lorsque son ventre énorme chute dessus. Ses amis s'écartent de la scène en un mouvement de chaise brusque, à l'unisson. Mes tympans sont trop assourdis par le Maître et sa rage divine pour que j'en sois gêné. Je force sur mon bras, mes muscles enragent eux-aussi. Je retire encore le col de l'homme. Sa tête tombe de la table et vient s'écraser contre le sol. Son corps vient se tasser par dessus, la table en penche et son contenu s'en renverse sur l'être allongé par terre. Sa chemise blanche est maintenant déchirée et salie en plus d'être brûlée et tâchée.

Je me demande bien où peut en être le guérisseur. J'attrape le dodu par le bas de la chemise. La force du Maître est en moi! Rien ne peut m'arrêter maintenant.

La colère monte de mon estomac vers ma tête par ma gorge. Elle est en feu et je sens mon sang y passer. Je sens également un petit peu de vermeille qui y coule de haut en bas. J'ai du me mordre de colère et je dois saigner dans ma bouche. Je ne sens pas la douleur, mes muscles se serrent violemment pour décoller la masse flasque et immonde de l'homme du sol. Je plie un peu les genoux qui n'aiment pas trop ça. Mes os des cuisses en sont tous tassés et ma chair se contracte pour encaisser le poids. Ma colonne vertébrale tient elle aussi le coup malgré le travail à froid, sans échauffement. Le Maître me prépare. Je n'ai pas besoin d'échauffement. Je suis fort! Je grince et rougis. La colère monte encore plus. Je me sens ivre. J'ai la tête qui tourne à toute vitesse et un voile jaune s'installe devant mes yeux. Je me prépare au combat contre un moins que rien, pire qu'un Hérétique.

J'ouvre la porte de l'auberge en y lançant la tête de l'homme. Il gémit dans mes bras et souffle, je le sens avoir mal. Ça parcourt mes bras et viens me faire forcer encore plus. Son gilet en cuir se déchire sous mes mains. Je rajuste ma prise avant de l'emmener dehors.

Il fait froid, il pleut, je ne vois rien. Des gouttes viennent marteler contre ma peau et mes muscles contractés. La glace vient mordre à la gorge, ma colère y redescend. Je laisse place à mon instinct professionnel. Ce n'est pas parce que je suis calme que je ne vais pas finir la besogne divine du Maître. Celui qui installe un champ de bataille par sa colère.

Je jette l'homme à terre. J'y adresse un dernier regard. Mes yeux pliés ont du mal à passer la couche de graisse qui recouvre les siens.

Mah. On fera sans. Le Maître dirige bien une Croisade sans y être! Je peux bien tuer sans un dernier regard.

Je lance un cris rauque. Pour vider l'air qui stagne encore dans mes poumons. Je recule un pied, le droit. Mes épaules se tendent, un petit mouvement de rotation vient coupler celui d'élévation. Étoile du Matin tourne au dessus de ma tête. Un autre cri sort de ma bouche. Ma gorge brûle et mes dents vibre. Je lève le pied droit. Les trois boulets viennent s'écraser contre le pavé.

Le Maître aurait décidé de le faire changer de trajectoire, le tas de gelée serait écrasé. L'homme plaque ses mains sur son crâne et baragouine. Je crois qu'il demande pitié. Je n'en ai pas. Pas de pitié, pour les Hérétique, les Impurs, ou qui que ce soit. Je lui plaque ma botte sur le dessus du crâne et m'appuie sur mon genoux. Je le regarde s'égosiller en pleurant, il essaie de se débattre. Je reste bloqué sur lui. J'appuie avec ma botte sur sa tête contre terre lorsqu'il veut bouger.

Je lui fais comprendre la force du Maître, et qu'aller contre sa volonté n'est souhaitable à personne. Quand il se tait, et qu'il arrête de gesticuler, j'appuie encore un peu. Il recommence à hurler à mesure que je lui écrase la tête contre le sol. Je m'arrête et le laisse se remettre sur ses coudes. Le Maître est encore en colère, je dois le satisfaire. J'envoie ma botte dans ses côtes, cinq fois. Alors quant-il ne peut plus bouger je m'arrête.


Je lève les yeux, la fenêtre d'Astrid est restée ouverte. Des bruit en sortent, de même qu'une lumière chaude mais discrètes. J'espère que ce n'est pas trop douloureux pour la femme qui aime. Que la Dame lui viendra en aide, et que ça ira mieux.

Un Hérétique en moins sur le sol, je rentre dans l'auberge. Je passe devant l'assemblée de la salle sans faire attention à leurs réactions. Je me frotte les bras pour y étaler les gouttelettes d'eau qui y stagnent. J'avance, tête dans le cou, Étoile du Matin frotte derrière moi et laisse une trace d'eau. Trace qui se change en petites flaques alors que je remonte les escaliers et passe la porte de la chambre de laquelle émane une discussion de voix féminines.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyMar 26 Sep 2017 - 21:49
Agathe ne répondit pas. Elle étouffait comme elle pouvait ses sanglots. C'était sûrement pour ça qu'elle ne tourna pas la tête vers Julius alors même qu'il récupérait son arme. Astrid, elle, ne le quittait pas des yeux. Elle avait le sentiment de savoir ce qu'il allait faire, et ça n'avait rien de bien mystérieux vu l'outil qu'il venait de saisir. Mais il n'allait qu'impressionner le responsable de tout ça, n'est-ce pas ?
Julius serait-il capable de tuer un homme ? Il tuait bien des Hérétiques. Oui, mais les Hérétiques n'avaient plus rien d'humain. Tuerait-il un de ses semblables, en pleine possession de ses moyens ? Astrid n'était pas certaine d'avoir la réponse à cette question. Elle jeta un regard tout à fait effrayé en direction du chevalier qui sortait de la pièce. Il se tourna vers elle avant de franchir le pas de la porte, leurs yeux se croisèrent un instant. Et il disparut, après avoir dégagé l'accès au couloir d'un coup de pied bien placé. La cartomancienne espéra qu'il n'avait pas abîmé la porte parce qu'elle ne mourait pas d'envie de payer des réparations, et cette pensée la fit se sentir particulièrement coupable. Comment pouvait-elle encore penser à ça dans de telles circonstances ?
La pauvre Agathe avait calmé l'élan de panique qui l'avait conduite jusque là. Ça ne voulait pas dire qu'elle ne pleurait plus. Seulement, ses larmes ne reflétaient que sa douleur et plus sa terreur. Elle serrait les draps du lit de toutes ses forces, autant que ses dents. Astrid, toujours à ses côtés, ne savait plus que dire ou que faire. Être simplement là n'était pas suffisant mais quoi d'autre ? Elle espérait sincèrement que Julius allait trouver quelqu'un à leur envoyer, sinon elle allait bien devoir essayer de faire quelque chose pour Agathe mais ça risquait de ne pas être le mieux possible . Et elle ne voulait pas prendre le risque d'empirer les choses par mégarde ou par ignorance.

"-Y'A-T-IL UN GUÉRISSEUR DANS CETTE SALLE?"

Julius parlait fort, la porte était ouverte, impossible de ne pas l'entendre. La salle se tut, le petit bruit de fond qu'elles entendaient jusque là disparut pour le leur indiquer. Elles n'entendirent pas de réponse, pas de suite, mais seulement cette phrase qui indiquait au moins que le chevalier avait accédé à la demande de la cartomancienne.
Il ne fallut pas attendre longtemps pour que les effets de l'interruption de Julius se fassent sentir : un homme passa timidement sa tête dans l'encadrement de la porte toujours ouverte à peine une minute après l'appel passé dans la grande salle. Agathe le regardait d'un air peu avenant, probablement parce que son expérience récente lui conseillait de se méfier des représentants du genre masculin, mais Astrid l'invita à entrer avec un petit sourire triste. Elle aurait des difficultés à se montrer plus chaleureuses dans ces circonstances.
Sensible à la détresse de la demoiselle, il précisa qu'il ne souhaitait pas de rémunération mais Astrid insista tout de même et promis de lui donner quelque chose quand il aurait fini. Elle laissa alors sa place aux côtés de sa collègue au professionnel, qui entreprit la même observation détaillée qu'elle un peu plus tôt. Les premières conclusions ne tardèrent pas : il était d'accord avec Astrid sur le fait qu'il n'y avait rien de bien grave au niveau de ses cheveux. Pour le reste il parla beaucoup, mais la cartomancienne n'écoutait plus vraiment. Ce n'était plus tout à fait son affaire, et elle avait besoin de garder une certaine distance avec la scène pour éviter de montrer à Agathe toute son inquiétude et sa peur à son sujet. Ce ne serait pas rassurant, il fallait qu'elle se contienne.
Laissant l'homme s'occuper de sa camarade, elle serait volontiers allé prendre l'air. Il était cependant inimaginable de laisser Agathe toute seule avec un inconnu et Astrid dut renoncer à son projet. Pourtant persuadée que de l'air frais lui ferait du bien, elle s'autorisa à lâcher sa cadette du regard pour aller s'installer à côté de la fenêtre. A force de regarder sa brûlure ou sa lacération et d'entendre ses pleurs en sus, elle allait finir par tourner de l'oeil.
Elle sursauta brusquement en entendant un cri. Elle se tourna vers le guérisseur et Agathe, mais aucun ne leva un œil dans sa direction, elle était apparemment la seule à avoir entendu quelque chose. Il fallait dire que l'homme paraissait concentré, et qu'Agathe fermait les yeux et semblait surtout prier pour que tout ça finisse vite. Il avait l'air d'être en train d'étaler quelque chose sur elle, et ça ne devait pas être une sensation agréable. Astrid détourna les yeux. Un deuxième cri attira son attention. Et si c'était Julius ? Le cri avait l'air d'être comme un écho du premier, un écho transpirant de détermination brute. Ça pourrait être Julius. Mais la réponse n'eut aucun rapport, ce fut un long hurlement indistinct mais suintant de douleur. Ça, ce n'était pas Julius. Que faisait-il ? Des images désagréables et particulièrement violentes naquirent dans l'esprit d'Astrid sans lui demander son avis. Utilisait-il l'arme qu'elle l'avait vu emporter ? Elle aurait dû lui dire ne pas s'en servir. Elle aurait dû l'empêcher de la prendre avec lui pour aller simplement appeler un guérisseur. Elle se sentait coupable parce que complice, sans même connaître l'étendue du crime. Mais le cri qu'elle avait entendu avait suffi à lui glacer le sang. Il lui rappelait beaucoup trop de choses à son goût.

-Il faudrait que vous vous allongiez maintenant,
conseilla le guérisseur à Agathe. Mais si possible, plutôt sur le ventre.
-Astrid ?


La cartomancienne, encore perturbée par ces bruits qu'elle avait été la seule à remarquer parmi leur petit comité, tourna doucement la tête d'un air perdu. Elle secoua la tête, ce qui fit voler un peu ses cheveux. Agathe avait l'air épuisée, les joues rougies et trempées. Elle tremblait de tout son corps mais semblait pouvoir contenir sa douleur à présent, la preuve elle parvenait à desserrer les dents pour parler d'une toute petite voix. Habitude ou bon soins du guérisseur ? Astrid n'avait pas été assez attentive pour départager l'un et l'autre.

-Oui ?

-Tu veux bien me raccompagner dans ma chambre s'il te plaît ? Je veux pas te déranger trop et...

Et il était tout à fait normal et compréhensible qu'elle ne souhaite pas y retourner seule dans un premier temps. La cartomancienne hocha vigoureusement la tête, voilà une mission qu'elle pouvait mener à bien ! Elle ne laissa pas le temps à Agathe d'être gênée parce qu'elle n'avait pas fini sa phrase : elle reprit directement.

-Bien sûr !


Le guérisseur donna quelques conseils et recommandations à Agathe, que l'autre femme de la pièce n'écouta pas. Elle était occupée à ouvrir son armoire, pour récupérer une petite bourse bien cachée parmi les vêtements. C'était ce qui lui restait d'économies, ce qu'elle aurait dû utiliser pour payer sa chambre le lendemain. Mais Julius lui avait permis de ne pas se soucier de cela, et elle utilisa donc cet argent pour remercier le guérisseur de ses services. Ce n'était probablement pas assez – encore qu'Astrid ignorait tout de ses probables tarifs- mais elle ne voulait pas se créer d'ennuis en laissant des dettes traîner n'importe où. L'homme la remercia, et prit poliment congé. Il y avait fort à parier pour qu'il n'ait plus l'appétit de terminer son assiette en bas. Quoique ? Il était probablement bien moins sensible que la cartomancienne à la vue du sang ou de la chair calcinée, peut-être que ça ne lui coupait plus l'envie de manger.
Astrid s'approcha d'Agathe et lui proposa son aide pour se déplacer. La pauvre demoiselle accepta et elles rejoignirent assez rapidement la chambre de cette dernière qui n'était pas très éloignée. L'intérieur était un capharnaüm assez incroyable qui mit tout de suite Astrid mal à l'aise. Elle était maniaque. Laissant Agathe s'installer de son mieux, elle se mit instantanément à remettre de l'ordre dans toutes les affaires qui tombaient sous sa main sans oser se demander si ça venait d'un manque de soin de sa cadette ou du fait qu'elle s'était sans doute débattue. Souhaitant surtout éviter qu'un silence pesant ne s'installe, Astrid racontait quelques petites anecdotes de sa « vie d'avant », quand elle courait les routes, ainsi que quelques considérations générales sur les objets qui l'entouraient tout en évitant soigneusement de mentionner quoi que ce soit qui ait un rapport avec une dague ou une bougie. Il était important de changer les idées d'Agathe. Parfois, la plus jeune prostituée riait un peu. Mais il fallait faire attention à ne pas lui provoquer de fou rire non plus, parce qu'elle risquait d'avoir mal au dos.

-...Et là, le type revient, persuadé que c'est nous qui avons volé sa poule !

Agathe rit. Pour elle qui suivait l'anecdote depuis le début c'était particulièrement drôle. Pour Julius qui arrivait, sûrement attiré par le son de leurs voix, ce devait être plus étrange qu'autre chose. Entendant le lourd bruit de son arme qui raclait le sol, Astrid tourna la tête vers la porte. Ses yeux descendirent sans attendre jusqu'à la fameuse arme. Le soupir de soulagement qu'elle poussa en remarquant qu'il n'y avait pas de sang dessus fut des plus sincères. Elle avait vraiment craint que son... ami... ne fasse une bêtise. Raconter de petites histoires stupides servait en fait autant à changer les idées d'Agathe qu'à s'empêcher de penser à ce qui pouvait se passer au-dehors.
Astrid se tourna vers la blessée.

-Je reviendrai te voir demain matin, mais si jamais tu as besoin de moi... Appelle moi ? Ou viens me voir si tu peux, je t'ouvrirai ou je devrais bien t'entendre de toute façon.

La cartomancienne mourait d'envie de poser quelques questions au guerrier, pour savoir si c'était bien lui qu'elle avait entendu. Mais elle n'osait rien dire devant la malheureuse Agathe qui avait déjà été bien assez traumatisée pour la soirée. Celle-ci dit à Astrid qu'elle n'hésiterait pas à l'appeler si elle avait besoin de quelque chose, mais que pour l'instant tout allait bien. Elle la remercia chaleureusement pour son aide et lui dit d'essayer de profiter de ce qui restait de soirée. La cartomancienne sortit, referma la porte derrière elle et se retrouva face à face avec Julius. Mouillé. Il était donc allé dehors ! Mais elle ne sut pas vraiment quoi dire.

C'était vous ?
Se contenta-t-elle de dire comme si c'était évident qu'elle parlait des cris qu'elle avait entendu. Qu'avez-vous fait ?

Maintenant qu'elle n'avait plus à se contenir devant Agathe, elle sentait tout un torrent d'émotions se déverser sur elle. Ses mains tremblaient un peu, et ses yeux brillaient autant que s'ils essayaient de combattre une épaisse fumée. Ce n'était pas la faute du pauvre Julius dont elle ignorait encore tous les agissements. Mais l'incertitude ne l'aidait pas non plus à se détendre il fallait l'avouer. Elle n'était plus vraiment sûre d'avoir envie de savoir ce qu'il avait fait.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyMer 27 Sep 2017 - 16:24
-C'était vous ? Qu'avez-vous fait ?

Je m'arrête et regarde la Dame fermer la porte. Dès que le grincement est fini une sensation de solitude étranglante s'installe. Je plonge mon regard dans le sien. Je tombe sur une salle creuse, pleine et vide de par les suspicions, et peut être un peu d'inquiétude. Pourquoi par le Maître serait-elle inquiète? Je n'ai rien fait. Si ce n'est faire ce que le Maître exigeait. Simple travail, pourquoi tant de remous? Je lève un sourcil et fronce l'autre. Je ne sens plus ma salive dans ma bouche et tout mon crâne semble se pencher en avant, je réfléchis.

Je ne sais pas quoi dire à Astrid, je ne comprend pas ce qu'elle veut dire. J'ai suivi le Maître, fait ce qu'il m'a demandé. La Purge intérieur, rien de nouveau ni scandaleux. Je n'ai fait que mon travail. Simple mécanique de mon corps. Que se passerait-il si elle n'étais pas d'accord? C'est impossible, personne n'est en désaccord avec le Maître. Il est bien trop divin pour que nous puissions contester ses choix. Mais certains... l'acceptent moins bien que d'autre. L'inquiétude me saute à la gorge alors que mon esprit commence à croire à cet éventualité. J'ai peur, je n'ai pas envie. Pas envie que Astrid n'aime pas ça. Je ne veux pas faire des choses qu'elle n'aime pas. J'ai juste envie d'elle près de moi. Qu'elle soit là. Qu'elle me fasse m'envoler et chauffer comme tout à l'heure. J'ai envie de reprendre, de ne pas y penser. Je baisse les yeux et regarde mes bottes.

Je n'ai fait que le travail du Maître! Je ne peux pas contester, je ne peux qu'obéir. Je n'ai pas le choix, rester dans le droit chemin m'est imposé. Je suis un guerrier béni du Maître, mes obligations ne sont même pas discutable! De la fermeté envahit mes côtes, et les scelle. Cela bloque ma respiration, je me concentre et fronce les sourcils. Mes yeux s'agrandissent, et mon cœur bat plus vite. Le Maître! Aucun choix possible, il demande, j'accomplis. Personne n'entravera notre chemin. Car nous sommes la main divine, le salut. Rien n'est au dessus, ni les Hérétiques, ni les gens. Je serre les poings et contracte la mâchoire. Le poids de ma tâche me retombe sur les épaules et m'emplit de fierté, je grandis. Je relève la tête vers le plafond et pire le Maître. Ensemble, nous vaincrons. Nous vaincrons pour lui. La Pureté sera partout, de notre main vers ceux qui en ont besoin. Un monde meilleur naîtra. La Maison reviendra, je rentrerais chez moi quand j'aurais accompli la Purge divine. La Croisade est le salut pour cette terre. Et je n'ai pas le choix que de l'apporter.

Je rebaisse les yeux. Je suis sec. Mes yeux se posent sur Astrid. Ses yeux bleus calment les miens. Mes sourcils se détendent. J'admire sa moue, son visage délicat, ses traits fins et charmants. Mes mains se décontractent. Étoile du Matin tombe par terre, un bruit sourd tape contre le parquer. Je rougis. Je suis confus dans ma tête. Tout tourne autour de moi. Je tourne de l'œil. La chaleur envahit ma tête. Je tremble. Je dois y aller.

Je me penche pour ramasser mon arme. Je manque de tomber. Mon champ de vision est un balancement permanent. Je faiblis, je suis fatigué. Je suis traqué par mes sentiments, n'importe quel chemin me pensée peut me conduire vers la gueule du loup. J'ai envie de crier. Je n'ai pas envie qu'Astrid ai honte. Je ne veux pas qu'elle m'en veuille. Je veux ce que le Maître veut. Je veux que son travail soit accompli. Pourquoi tant de problèmes? Je suis étouffé. Je veux hurler. Ma langue passe entre mes dents, et fend mes lèvres. Je n'arrive plus à parler.

Ma main tape toujours contre le parquet, pour essayer de rattraper Étoile du Matin. J'y arrive. Je courbe le dos. Elle me paraît si lourde. Si lourde de sens. La poignée glisse dans mes doigts engourdis par l'incertitude. Je me sens ramper par terre, je rentre dans la chambre. Les boulets traînent par terre. Des pouts de pavés fins comme de la poudre et tranchants comme mes pensées s'échappent par terre. Je repose l'arme dans le tas de mon armure. M'agenouille.

Je n'aime pas être en proie. Je veux me débattre. Je veux Purger. Purger ma tête, Purger mon corps! Je dois me battre. Pour la Maison, pour la Croisade. POUR LE MAÎTRE! Je dois me relever, forcer, avancer. La Guerre Intérieure se mène comme la Guerre Extérieure. À force de volonté, de croyance et de force. À force d'amour divin et de volonté. À force de chaleur musculaire. À force de sang, de sueur et de larmes. Je me relève. Manque de tomber. Me remet debout.

"-J'ai fait ce que le Maître et sa justice exigeait. Il ne reviendra plus.

Mon regard perdu dans le vide regarde les mots sortir de ma bouche. Il s'envolent et virevoltent jusqu'à les oreilles d'Astrid. J'attend la réponse les yeux ouverts, regard fixe dans le vide. Je dois tenir. Ne pas fermer les yeux, ne pas avoir peur. Je dois rester debout. Mon corps se verrouille comme la pierre. J'ai l'impression qu'un Hérétique va me foncer dessus. Je force. Mes muscles se collent entre eux, se préparent. J'attend la réponse comme un couperet.

Je retourne la tête après un moment d'attente. La Réponse de la Dame, vide ou pleine, peut-importe, ne suffit pas à m'empêcher d'être absorbé par son visage. Mes réflexions s'envolent. Je ne serre plus. Je suis ouvert. Je deviens vide.

Je veux qu'elle me prenne dans ses bras.

Je suis sec, la chaleur de la pièce en est la cause. Je m'approche d'elle. Mes mains sont mues par une force invisible. Je ne contrôle plus ce que je fais. Mon sang est remplacé par des volutes de fumée d'or. Je pulse à l'intérieur. Mon corps se répare. Mes mauvaises pensées s'en vont. Je n'ai plus peur d'être chassé par la réponse. Je n'y pense plus. Je pense à Astrid. Mes yeux dans les siens.

Je pose les paumes sur son visage. De la chaleur m'emplit. Je me sens complet. Tout disparaît. Je suis dans une salle blanche, il ne reste que la Dame. Mon corps se vide petit à petit vers mes mains, et je ne pense qu'à une chose. J'ai envie de revenir me réchauffer auprès d'elle. J'ai envie de me sentir bien et détendu. J'aimerais redevenir chaud et doux comme avant que la femme qui aime arrive. Maintenant tout est réglé, tout est fini. Je veux la rerendre heureuse, je ne veux plus qu'elle souffre. Je ne veux pas qu'elle finisse comme la damoiselle. Je veux qu'elle soit bien. Je veux la voir rougir encore. Je veux qu'elle soit bien comme moi.

Alors je me baisse, j'avance mon visage près du sien. Je sens ses lèvres sur les miennes. Rien n'a jamais existé.

C'est long, c'est chaud. Je ne sais pas ce que je fais. Je ne fait même pas attention, à vrai dire. Ma vie s'envole et il ne reste que ça. Le contact avec la Dame. La sentir sur moi. Savoir mes mains sur son visage, mes lèvres contre les siennes. Pourquoi la bouche, je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Tout va mieux maintenant. Mes os s'allongent, se détendent. Je deviens mou et flasque. Je m'évide de mon corps pendant cet instant.

Lorsque je rouvre les yeux, je suis fasciné. Fasciné par la profondeur du regard de la Dame. J'aurais aimé qu'il soit impossible de mettre fin à ce moment. Maintenant, je sens sa bouche qui me pince le cœur et le bleu de ses yeux lagons qui absorbe mes problèmes. Je sui heureux comme ça. Mais je ne souris pas pour profiter de chaque fibre de réconfort qui passe entre Astrid et moi.

Maintenant qu'il faut que je me décolle d'elle. Je descend mes bras que je croise derrière son dos. Je ne peux m'empêcher de la serrer fort. J'ai comme envie de l'enfermer dans mes bras pour ne plus jamais qu'elle ne puisse avoir faim, froid ou être fatiguée. Je plante mon visage dans son cou et respire. Son parfum, sa peau, mon nez exalte. Je ferme les yeux. Mes cils papillonnent contre le creux de ses épaules. Je me veux plus bouger. Je sens son cœur battre à travers sa poitrine contre moi. Je remuerait presque avec.

L'incertitude n'est plus, le Maître et sa justice sont finis pour l'instant. La peur de la réponse d'Astrid est partie. Je suis heureux avec elle. Plus rien n'est là pour m'abattre. J'ai gagné.

Je sens dans mon dos une certaine douleur. Faible mais insidieuse. Mes yeux s'écarquille et j'essaie. J'essaie de savoir d'où elle vient. Pourquoi? Pourquoi gâcher ce moment si bon, si heureux, pour me tirer de là. Je me décolle de la Dame et plisse les yeux. Je me concentre.

Je craque de partout, je suis tendu et je grince. Le froid revient au galop par mes oreilles pour m'extirper de là. Je sens mon corps se raidir et s'assécher. Je ne sens plus que le contact avec la peau de la Dame. Tout d'un coup.

Mon esprit est sorti de mon corps. Il y rerentre bien vite, je suis sonné

Je crois que je suis fatigué. Il faudrait que je me repose. J'étais venu pour ça à la base. Je suis heureux que les choses se soient passées comme ça. Rien ne pourrait être plus beau. Je remercie le Maître. Sa volonté et le destin qu'il m'intentionne me rendent heureux.

Je soulève doucement Astrid. Son poids plume me semble plus lourd. Mon esprit est fort, je tiens quand même. Je la prend par la nuque et sous les genoux. Elle se laisse porter. La sensation est douce, chaude. C'est le plus beau poids que je n'ai jamais porté. Je laisse mon regard passer sur sa robe violette délicate. Le tissu plié lui galbe les jambes, adoucit ses bras, fait étinceler son visage. Alors je la pose sur le lit. Délicatement. Toute la tension suscitée par son contact évacuée avec minutie par ce doux geste. Je suis content.

Je m'agenouille devant le rebord du lit. Je ne veux pas la gêner. Rien ne la touchera maintenant pour lui faire mal. Elle est trop précieuse pour ça. Je cale sa main entre les mienne pour avoir malgré tout un contact. Elle me manque alors que je l'ai laissée juste devant moi.

Je m'accroupis sur mes talons. Je baisse la tête et lui embrasse la main. Je n'ose rien faire d'autre maintenant. La Dame se repose, elle ne doit pas être incommodée.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyMer 27 Sep 2017 - 22:23
Certains regards étaient tout à fait éloquents mais ce n'était pas le cas de tous. Julius pouvait sans doute y voir l'inquiétude d'Astrid mais elle, elle n'y trouvait pas la réponse qu'elle attendait. Qu'avait-il fait ? Est-ce que les cris venaient de lui ? Avait-il... Tué quelqu'un ? Cette simple pensée lui glaçait le sang elle ne savait pas quoi faire. Poser la question était tout ce qu'elle pouvait essayer pour le moment. Le guerrier ne mentirait pas, n'est-ce pas ? Julius ne mentait pas. Il baissa les yeux.
Avait-il honte ? Le doute grandissait à l'intérieur de l'esprit d'Astrid. Et pourtant elle se refusait à la moindre réaction. Elle ne devait pas juger sur les apparences, sur ce qu'elle avait cru entendre, sur les conclusions qu'elle avait envie de tirer. C'était primordial que Julius parle alors, qu'il lui dise simplement ce qui s'était passé. Sinon, elle était condamnée à ce flou oppressant.
Il releva les yeux, mais pas seulement. Il serra les poings, son visage s'était fermé. Il faisait presque peur à Astrid, qui aurait bien aimé reculer d'un pas s'il n'y avait pas eu la porte derrière elle. Elle se doutait bien qu'il ne la frapperait pas, mais quelle nouvelle pouvait-il vouloir lui annoncer avec une telle détermination ? Elle craignait le pire. Sinon il ne serait pas si dur ni si long de lui en parler. Enfin, elle le pensait. Mais il ne dit toujours rien. Il leva les yeux au ciel, les baissa ensuite comme pour que leurs yeux se croisent à nouveau. Mais qu'il parle ! Non.
Son visage parut moins dur. Astrid avait les yeux rivés sur ses lèvres, attendant la réponse avec une impatience palpable. Le seul bruit qui vint couper le silence fut celui de l'arme que le chevalier laissa tomber à terre. La prostituée sursauta, elle n'avait rien vu venir. Evidemment ses yeux se portèrent vers la source du son si surprenant, mais lorsqu'ils revinrent vers le guerrier ils virent quelque chose du plus inattendu encore. Il tremblait.
Allait-il bien ? Cette question surpassa les autres un instant. Astrid se pencha en même temps que lui alors qu'il essayait de récupérer l'arme, il avait l'air.. Ailleurs. Si elle avait pu, elle aurait bien ramassé l'objet pour lui mais ça semblait trop lourd pour elle. Julius lui-même la trouvait lourde visiblement : il peinait à la soulever. Il se rendit dans la chambre d'Astrid alors que les boulets le suivaient en raclant le sol dans un bruit aussi insupportable qu'effrayant. Bruit de justice ou de meurtre ?
Julius préférait sans doute parler avec elle dans un lieu privé où ils ne seraient pas dérangés, non ? Elle ne voyait pas d'autre explication à son silence à présent. Même si elle ne reposa pas la question, les questions, il lui paraissait évident qu'elle attendait toujours la réponse. Astrid garda le silence en rejoignant le guerrier. Il avait retrouvé son armure et y joignait l'arme. La panoplie était complète. La panoplie de la Purge, du meurtre pardonné et encouragé parce qu'il ne s'agissait plus d'humains mais de nuisibles.
Julius se leva, mais il faillit tomber. Le cœur d'Astrid se brisait en deux, une partie lui criant d'accourir vers lui pour s'assurer que tout allait bien mais l'autre lui interdisant de bouger. Elle n'eut pas le temps de trancher, parce que ce qu'elle avait tant attendu arriva enfin.

"-J'ai fait ce que le Maître et sa justice exigeait. Il ne reviendra plus.

Elle ne sut pas quoi penser. Le doute principal n'était pas levé. Autant croire qu'il l'avait tué. Jusqu'à preuve du contraire, elle se serait au moins accommodée du plus dur. Elle se sentait tellement mal ! Il était si mauvais, si noir, si sombre de se rendre compte qu'on ne regrettait finalement pas la mort de quelqu'un. De remarquer au fond de soi, sans se mentir, qu'on n'attendait en fait rien d'autre. Astrid ne se reconnaissait presque pas dans ce qu'elle sentait en elle.
Elle avait repoussé depuis longtemps les ennuis de sa profession loin, très loin, là où ils ne venaient la trouver qu'en cauchemars. Toute la haine pour ces hommes violents qu'elle avait côtoyés s'y trouvait aussi. Enfouie. Ce qui arrivait à Agathe et la parfaite vengeance offerte par Julius faisait remonter tout ça.
Astrid se rendit compte qu'elle n'avait jamais craint la mort de cet affreux type, mais simplement les conséquences qu'elle pourrait avoir sur Julius. Or, il était là, devant elle, et elle n'avait entendu personne hurler pour appeler la garde. En vengeant Agathe, il l'avait un peu vengée aussi de ce qu'elle avait pu vivre auparavant. Elle aurait aimé tomber toujours sur un Julius près à rendre la justice du Maître.
-D'accord, dit-elle d'une petite voix.

Il n'y avait rien à ajouter. Elle dirait à Agathe que le type ne viendrait plus l'embêter, et Agathe serait contente. Peut-être que les choses étaient bien comme ça. Julius venait presque de lui dire ce qu'elle avait craint d'entendre et elle s'étonnait elle-même de la facilité avec laquelle elle l'acceptait finalement. Il avait payé. Il avait payé pour sa monstruosité mais aussi pour la violence de tous les autres. Le soulagement qu'en ressentait la cartomancienne était presque inimaginable. Julius ne pouvait sans doute pas comprendre.
Il s'approcha d'elle. Il glissa ses mains, ses grandes mains, ses violentes mains, sur les joues de la demoiselle qui ne bougea pas d'un millimètre. Elle avait envie de le remercier mais elle savait cette fois-ci qu'il ne comprendrait pas pourquoi. Alors, elle pensa à l'étreindre. Elle fit un mouvement vers lui pour le tenir dans ses bras mais il se pencha vers elle, si près qu'il colla doucement ses lèvres contre les siennes à nouveau. Deuxième baiser. Cette soirée était définitivement étrange, mais par certains aspects elle était particulièrement agréable. Astrid glissa ses mains comme elle put dans le dos de Julius. Il avait peut-être tué quelqu'un, ou peut-être pas. Mais quand il l'embrassait il était tout doux, et elle ne doutait pas qu'il ne lui ferait jamais de mal. Elle avait les yeux fermés, mais là au moins ce n'était pas pour éviter de voir le visage de quelqu'un dont elle ne voulait pas se rappeler le lendemain.
Ses mains quittèrent les jours rosées de la prostituée pour l'enfermer dans une longue étreinte. Elle ne put que répondre faiblement, elle n'avait pas la force du guerrier et il l'écrasait déjà plus ou moins contre son torse. Mais ce n'était pas grave. C'était réconfortant. Les mains d'Astrid ne tremblaient plus. Elle était contente de ne pas se retrouver seule après la mésaventure d'Agathe. Elle était heureuse que Julius ne soit pas parti en voyant les ennuis arriver.
Il recula alors que la demoiselle ne s'y attendait pas du tout. Elle chancela un peu lorsqu'il la libéra de son étreinte, cherchant la raison de cette séparation. Il faisait une drôle de tête, mais ça lui arrivait souvent quand elle y réfléchissait. Ça lui donnait un côté... Attachant. Elle lui sourit.
Le guerrier passa une main dans sa nuque, l'autre derrière ses genoux et elle se retrouva de nouveau en l'air sans avoir rien vu venir. Elle s’agrippa à lui par réflexe, craignant qu'il ne la laisse tomber ou qu'il ne se blesse comme un peu plus tôt. Il n'avait presque rien eu mais ce n'était pas la peine de tenter le diable. Pourquoi voulait-il toujours la porter ? C'était étrange.
Il fut particulièrement délicat quand il fallut la poser sur le lit. Elle lui sourit d'un air bienveillant alors qu'elle relâchait doucement ses bras, laissant Julius se redresser un peu. Ah. Non. Il s'agenouilla à côté du lit. Mais pourquoi ? Décidément ses visées étaient obscures.
Il tenait entre ses mains une de celles d'Astrid. Elle aurait voulu se redresser, s'appuyer sur son coude pour observer le chevalier et essayer de comprendre son objectif. Mais pour ça elle devrait bouger le bras et donc la main. Elle ne le voulait pas. Elle était bien, au chaud, entre les doigts de Julius. Elle souriait encore mais d'un air amusé cette fois, en regardant le plafond, avant de tourner la tête vers lui comme elle pouvait. Elle ne voulait pas se moquer mais la situation était comique. C'était comme ce rôle qu'elle avait déjà joué avec sa troupe, celui de la fille endormie réveillée par un baiser. Alors qu'elle y pensait, le guerrier embrassa sa main. Si ça n'était pas un signe !
Pourtant Julius ne bougeait plus. Il restait là comme si c'était normal. Mais c'était juste bizarre et particulièrement gênant. Astrid se décida à dire quelque chose. Il fallait bien, ce n'était pas Julius qui allait le faire. Elle avait fini par comprendre qu'il n'était pas spécialement bavard.

-Qu'est-ce que vous faîtes ? Vous ne comptez pas rester là quand même ? Je veux dire... Assis par terre ?

Se rappelant des tremblements qu'elle avait observé plus tôt chez lui, et de ce moment où il avait failli tomber, elle ne pouvait décemment pas le laisser là. Il avait besoin de repos. Astrid retira doucement sa main de celles du guerrier, elle s'assit au bord du lit et lui lança un gentil regard.

-Vous avez l'air fatigué. Ça va ? Vous ne voulez pas vous reposer ? Il y a de la place sur le lit. Ou je vous le laisse, même, si vous voulez. Mais s'il vous plaît ne restez pas là, je serais une hôte indigne de vous recevoir ainsi ! … Vous voulez que j'aille vous chercher à boire ?


Elle ne savait même plus vraiment quoi proposer, mais elle espérait qu'elle faisait les choses correctement. Que Julius serait heureux. Qui le méritait plus que lui ? Il combattait la Fange ! Il défendait les faibles, même les prostituées. Il avait un cœur plus grand que beaucoup, malgré les apparences qui pouvaient le faire passer pour froid quand il portait son armure. Et puis, elle avait envie qu'il vienne à côté d'elle. Elle attrapa les mains du chevalier pour l'inciter à se lever pour la rejoindre. Elle les serra doucement, entre ses doigts fins, blancs, et un peu froids. Doux.

-Vous vous agenouillez trop souvent vous savez...
Dit-elle pour rire, en repensant à la grande salle quand il avait essuyé la tâche de bouillon.
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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyJeu 28 Sep 2017 - 23:28
-Qu'est-ce que vous faîtes ? Vous ne comptez pas rester là quand même ? Je veux dire... Assis par terre ?

Je n'avais même pas fait attention à ma posture. J'étais trop focalisé sur la main de la Dame. Elle est si douce, si belle. La toucher me fait vibrer, comme lorsqu'on lance un caillou dans de l'eau. Trouble. Je commence à avoir les talons qui picotent. Mes muscles qui me traversent les cuisses vibrent et me tirent fort. Il hurlent pour revenir à leur point initial. Le cuir de mes bottes chauffe, je commence à étouffer dedans. Mais non, ma main tient celle de la Dame. La douce chaleur remplit les pores de ma peau et m'apaisent. Le sang qui pulse dans mes veine y passe. Il en ressort tout doux et calme. Une onde me parcours le corps à intervalles réguliers, je ferme les yeux pour en profiter. Je sens chaque poil se dresser sur mon corps.

Le Maître me voit de là où il est. Je me demande comment il me voit. J'espère que je n'enfreint rien en faisant tout ce que je fais. J'ai toujours un doute. L'angoisse monte dans ma gorge et noue ma langue avec mes gencives. Et si je faisait une bêtise? Et s'il n'était pas d'accord? L'idée de perdre la grâce à ses yeux m'étrangle. J'angoisse. Mes côtes se resserrent, mes poumons rapetissent.

Non, ce n'est pas possible. Il m'a aidé. Lorsque j'ai posé Astrid, sur le lit. Lorsque j'ai frémit. Dans le froid. Il m'a guidé. Il m'a donné des ordres même! J'ai rendu sa justice avec l'homme. J'ai protégé. J'ai servi. J'ai loué et aimé le Maître. Il me l'a rendu. C'est grâce à lui et par sa volonté que je suis là. Il est forcément d'accord. Je le sais, il me le dit. Pour la Purge!

Mais... Je n'en suis pas sûr. Une idée arrive au galop. Un flash blanc devant mes yeux. Je tremble, je me penche sur la main de la Dame. Mes yeux se retournent dans leurs orbites et je plonge à l'intérieur de moi même. Une sensation d'oppression arrive, elle m'étrangle. Puis plus rien. J'ai l'impression de baigner dans un lac.

Je me revois sortir de l'eau. Doucement. m'accrocher aux rochers avec mes griffes. Sauter sur un passant. Sentir le froid sur ma peau nue et pourrie. Hurler avec mes cordes vocales déchirées. Ouvrir la gueule. Lui arracher le coup, l'entendre crier.

J'ai peur. Le Maître, j'espère qu'il est d'accord. Je le louerais, je Purgerais demain. Je le promet. Rien de m'empêchera de Purifier et de devenir Pur moi aussi. Je reviendrais à ses côtés, à la Maison. Je serais heureux dans la mort. Je ne deviendrais pas un Hérétique.

Je vacille et ouvre les yeux. Je manque de tomber. Je tend les mains et en pose une par terre. J'agrippe le bras d'Astrid au passage. Tout va vite dans mon regard. La mais, puis ensuite le lit. Puis ensuite le plancher au sol. Je reprend mes esprit. Je vois sous le lit. J'ai de la chair chaude dans la paume. La Dame! J'espère que je n'ai pas trop tiré! Et si elle a mal?

Je me relève. Son bras va bien, j'ai un peu glissé dans ma chute. Son corps ne semble pas avoir bougé. Les plis dans les draps sont immobiles. Seule une petite marque rouge tâche l'intérieur de son coude. Là où j'ai mis le pouce. Je regarde à l'intérieur du bras. J'avance le regard. La peau est encore rosée. Simplement irritée. La chair rebondie. La peau pâle autour. Les sang pulse toujours à l'intérieur lorsque j'y colle l'oreille. Elle ne saigne pas. La Dame va bien.

"-Désolé... ma Dame... J'espère ne pas vous avoir fait mal dans ma chute."

Je relève les yeux et les plonge dans les siens. Le bleu m'envahit. Je me sens tout petit. Je retire la main de son bras. La douleur m'arrache le cœur. Il pulse devant moi, en dehors de mon corps. Je suis vide. Ou plutôt plein. De honte. J'ai fait mal à la Dame et je le regrette. Que le Maître me vienne en aide s'il m'arrive quelque chose. Je deviens faible, mes forces me quittent. Je m'envole, mais parce que je suis léger. Les volutes dorées crépitent et ralentissent. Un étau se visse autour de ma gorge. Je recule instinctivement. Je ne sais pas quoi faire. Je m'assois par terre.

S'ensuit un long silence.

Coupé par la Dame.

-Vous avez l'air fatigué. Ça va ? Vous ne voulez pas vous reposer ? Il y a de la place sur le lit. Ou je vous le laisse, même, si vous voulez. Mais s'il vous plaît ne restez pas là, je serais une hôte indigne de vous recevoir ainsi ! … Vous voulez que j'aille vous chercher à boire ?

Je regarde les lagon qui baigne les yeux d'Astrid. Elle ne m'en veut pas. Je suis content. L'étau se desserre dans ma gorge et un sentiment me prend. C'est doux, réconfortant et chaud. Mais ça coule. C'est instable. Je dois bloquer le courant. Je dois l'empêcher de bouger. Tout mon corps retient son souffle. C'est le silence à l'intérieur de moi. Une seul chose bruite, et crie dans ma tête. C'est la sensation de jugement. Je dois quelque chose à la Dame. Elle est comme le Maître. Elle m'aide, elle m'offre le salut. Des choses bonnes et bénéfiques. Le Maître à dit de payer pour ce qu'on nous offre. Je dois payer une explication.

"-Désolé... Ma Dame... Je... Je..."

Repense à mon image de mort que le Maître à implanté dans mon esprit.

"-Je ne veux pas devenir un Hérétique..."

Le doute plane. Il s'installe. Il prend la forme d'un œil qui me regarde. comme le Maître, mais en plus proche. Plus petit. Plus rouge. Son globe est injecté de sang. Je recule un petit peu. Je me sens observé. La pression s'installe elle aussi. Je suis comprimé de toute part. Quelle va être la réaction de la Dame? Et si elle m'en voulait? Et si elle ne comprenait pas. Que suis-je censé faire? Astrid ne comprend peut-être pas le Maître? Je ne sais pas. Je lui souhaite de le connaître et de le comprendre. Elle le mérite. Elle mérite elle aussi de rentrer dans sa Maison. Elle est Pure, elle. C'est une belle chose. Une belle personne. Je me sens petit comparé à elle. Mon cœur s'accélère, je n'entend pas de mots sortir de ses lèvres.

Ses lèvres. J'y pense.

-Vous vous agenouillez trop souvent vous savez...

Elle serre mes doigts encore dans sa main. Je n'ai pas remarqué. Je n'ai pas osé les enlever. Elle ne mérite pas qu'on les enlève. Je n'ai pas envie. Je ferme les yeux et focalise sur le doux contact avec la peau. C'est chaud. C'est doux. Les mots de la Dame résonnent encore dans ma tête. Leurs vibrations s'accordent avec celles de sa main. Elle me font virevolter comme mon tabard au vent. Je m'envole. Je n'existe plus. Je re disparaît au profit d'une vie dans la main de la Dame. J'habite dans cette peau laiteuse. Dans ces doigts fins. Dans cette sensation d'ivresse.

Les volutes de fumée tournent encore. Elle prennent le contrôle de mes muscles. Je me lève. M'avance. Me met à marcher. Mes talons fourmillent et mes tendons soufflent le blizzard. Je marche doucement vers le lit. La main d'Astrid me guide.

Je passe le genoux par dessus le rebord de tissu. J'y pose le deuxième. J'expulse mes bottes d'un revers de poignet. Je suis accroupis sur les draps violets. Le regard et la main dans ceux de la Dame.

Je passe la jambe par dessus les siennes. Et m'allonge à côté d'elle. Mon nez s'enfourne dans son coup drapé de cheveux noirs. Son odeur me remplit. Je pourrait m'envoler comme un drap au dessus du feu. Je plaque un bras sur elle. Je ne me rend pas compte que mon avant bras est tout juste calé dans le creux de sa poitrine. Je ne fais pas attention. Je veux juste la toucher, la sentir contre moi. Je passe ma jambe par dessus les siennes. Je ne sens plus qu'elle. Le Matelas disparaît sous moi. Je vole dans le vide, la Dame comme bateau pour naviguer vers ses étendues de sensations inconnues.

Et si le Maître s'y cachait?

Je souris et souffle dans son cou. Je suis bien.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyVen 29 Sep 2017 - 9:43
Astrid fut heureuse et soulagée que Julius accepte de venir s'allonger un peu auprès d'elle. Le pauvre, il avait l'air épuisé! Voilà au moins la troisième fois en si peu de temps qu'il avait des faiblesses, il valait mieux qu'il se repose enfin. Il était tard, il faisait froid dehors, le guerrier avait probablement une longue journée derrière lui. Astrid savait bien qu'il n'était pas du genre à s'accorder un moment de répit sans raison, le chevalier avait tendance à surestimer ses forces selon elle, et elle craignait qu'un jour ça ne lui provoque de lourds ennuis. Encore plus lourds qu'à leur rencontre.
Julius passa une jambe après l'autre au dessus d'elle après avoir enlevé ses chaussures. Il s'allongea contre elle sans un mot, glissant sa tête contre le cou de la prostituée avant de placer son bras au creux de sa poitrine. Il se rapprocha encore un peu en passant une de ses jambes au dessus de celles de la demoiselle.
Il lui tenait chaud, elle n'avait pas besoin de s'installer sous les couvertures. Elle se souvenait de la première nuit qu'ils avaient passée dans le même lit tous les deux, de la gêne entre eux au réveil alors qu'Astrid était blottie contre lui, tête contre son torse... Les choses avaient changé. Elle se sentait bien, et ce devait être la même chose pour lui sinon il aurait changé de position et de serait éloigné d'elle. Sans doute. Elle n'avait pas envie qu'il parte.
Elle frissonna. Julius soufflait dans son cou. L'air chaud chatouillait sa peau, c'était agréable. Astrid avait toujours adoré les baisers dans le cou, ils avaient toujours été ses préférés, et elle ressentait à peu près la même chose en ce moment que si le guerrier avait caressé sa peau de ses lèvres. Entre ça et l'avant bras qu'il tenait presque négligemment au creux de sa poitrine... Astrid ne se sentait pas vraiment indifférente. Son coeur battait plus vite qu'il ne le devrait.
Elle avait envie de détendre un peu Julius, qui lui avait semblé particulièrement inquiet en lui disant qu'il ne voulait pas devenir un hérétique. Que fallait-il faire ? Lui en parler ou au contre laisser filer, ne rien dire et jouer sur un autre tableau ?
Elle ne savait pas trop. Elle ne voulait pas prendre le risque de remuer le couteau dans la plaie mais pour une fois Julius s'ouvrait un peu à elle et lui parlait d'une de ses inquiétudes. Pouvait-elle, devait-elle l'ignorer? Non. Ce ne serait pas être digne de la confiance qu'il lui accordait. Elle devait lui dire quelque chose.

- Vous ne craignez rien Julius, il ne va rien vous arriver. Il ne faut pas vous en faire, vous allez passer une bonne nuit et demain vous serez prêt pour repartir Purger. Il n'y a aucune raison pour que vous deveniez un Hérétique, vous êtes quelqu'un de très bien, je suis sûre que les Trois... Et le Maître
ajouta-t-elle avec un peu d'hésitation, craignant d'être en train de dire quelque chose d'impie envers des propres dieux, Veillent sur vous parce que vous faîtes ce qui est juste.

Si, il en avait une, de raison pour qu'il devienne un Hérétique. S'il se faisait mordre par un fangeux, il deviendrait un de leurs à sa mort. Monsieur Ferbois l'avait expliqué à Astrid. Ou s'il se faisait tuer au combat... Mais non. Julius était fort, il n'avait encore jamais faibli devant l'ennemi, pourquoi cela devrait arriver un jour ? Non. Les gens allaient suivre son exemples et ils seraient débarrassés de ce fléau. Les Trois seraient fiers de leur peuple, et ils mettraient fin à leur cruelle épreuve divine. Astrid l'espérait.
Elle bougea un peu, prenant soin de le faire lentement pour ne jamais faire mal à Julius. Elle se tourna vers lui, posa à nouveau une main sur son torse qu'elle remonta délicatement vers le cou du guerrier. Elle recula sa tête, pour une raison qui lui paraissait tout à fait valable. Astrid approcha son nez du cou de Julius, inversant en partie leur position précédente. Elle souffla doucement contre sa peau, avant d'y déposer un, puis deux, puis trois baisers... Elle espérait qu'il les apprécierait autant qu'elle, mais surtout que ces petites attentions lui permettraient d'oublier ses inquiétudes.
Astrid se rapprocha de lui comme elle put. Elle se souvenait avoir remarqué que le dos du guerrier semblait le faire souffrir, et elle voulait le soulager un peu. Vu sa carrure imposante elle était obligée d'être tout contre lui pour glisser ses mains correctement contre la peau fraîche de son dos, mais il fallait avouer que c'était bien loin de la déranger. Un massage aurait été plus efficace sans aucun doute, mais la prostituée n'osait pas en faire la proposition. Elle avait peur que Julius ne la rejette, ou qu'il la trouve trop... Entreprenante ? Elle était bien collée à lui et avait bien embrassé son cou... Qu'est ce qu'un massage pourrait changer à tout ça? Elle réfléchissait, en même temps qu'elle baladait ses mains chaudes sur la peau du guerrier.

- Est-ce que... Ça soulage... Votre dos ? J'ai cru voir... Qu'il vous faisait souffrir, tout à l'heure...
Demanda-t-elle timidement, à voix basse, comme si parler trop fort allait lui faire mal.

S'il trouvait déjà ça utile, elle aurait au moins le courage de continuer. Si ça ne l'était pas, elle pourrait toujours proposer autre chose...
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Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptySam 30 Sep 2017 - 21:11
- Vous ne craignez rien Julius, il ne va rien vous arriver. Il ne faut pas vous en faire, vous allez passer une bonne nuit et demain vous serez prêt pour repartir Purger. Il n'y a aucune raison pour que vous deveniez un Hérétique, vous êtes quelqu'un de très bien, je suis sûre que les Trois... Et le Maître

Veillent sur vous parce que vous faîtes ce qui est juste.


Oui. Peut-être. Non. Je ne sais pas. Aucune idée ne traverse mon esprit. J'ouvre les yeux. Le noir des cheveux de la Dame me cachent de la lumière. Je suis enfermé dans le noir, doux et chaud. Je plonge dans cet atmosphère et je réfléchis. Mon esprit se distord, c'est compliqué. Le fait que la Dame soit à côté de moi me perturbe. J'essaie de penser, de faire tourner mon esprit, je n'y arrive pas. Mon âme est comme aspirée par le contact d'Astrid. Elle cogne contre mon crâne pour essayer de la rejoindre. Je comprend. J'ai moi même un petit peu envie de sortir de mon corps pour aller me loger avec elle, dans sa tête. Et y rester pour toujours. Mais comment pourrais-je Purger? Comment pourrais-je écouter et satisfaire le Maître? Comment pourrais-je rentrer à la Maison un jour? Je me résigne. Je n'aime pas. Mais je dois rester là dans ma tête.

Le torrent se calme, je me recentre. L'eau entre mes oreilles redevient calme et plate. Je plonge dedans et referme les yeux. Mes poumons se remplissent d'air chaud et plat. Une odeur de bois fumé me vient dans le nez. C'est agréable. Je flotte maintenant. Mais pas dans le ciel. Je flotte à l'intérieur de moi. Les volutes dorées s'écoulent lentement dans mon corps. Une sensation d'engourdissement me vient. Ma tête se secoue un peu, comme si un Hérétique me cognais sur le casque. Sauf que je suis immobile. C'est étrange. Je ne bouge plus. Mes lèvres sont collées par le silence. J'ai du mal à les rouvrir pour m'adresser à la Dame.

"-Que mettez vous sur vos cheveux? Je veux dire... ça sent bon."

Le Maître vient me voir dans mon esprit. J'ouvre mon œil en grand. Un cheveux de la Dame vient se poser sur mon œil dans l'élan. Ça gratte, j'ai envie de le chasser. Je ne dois pas, je dois écouter le Maître! Un souffle passe dans la rue. Sa colère, elle est là. Elle arrive. Je dois réfléchir à ce qu'il veut me dire. Le Salut en dépend. Je dois le faire, car je suis Pur, je suis le serviteur du Maître. Le bras de sa force Divine!

Sa colère est là car je suis avec la Dame. Le Maître proscrit les femmes! Suis-je allé trop loin? Je n'espère pas! Pourtant c'est le Maître qui m'a fait poser la Dame sur le lit! C'est lui qui m'a fait entré là. C'est lui qui m'a poussé à venger Agathe et à Purifier le pervers. Je ne suis que son objet, que son outil! Pourquoi viendrait-il me punir! Parce que j'ai pris du plaisir à le faire? Je ne comprend pas. Il n'y a rien de plus beau que de servir le Maître. Je prend du plaisir à le faire. Même si je n'aime pas taper, et encore moi les gens de mon espèce. Mais pourquoi? Je ne prend pas de plaisir dans ce qu'il me donne, je prend plaisir à le fait qu'il me donne. Tout simplement!

C'est faux.

J'aime être avec Astrid.

Mon cœur chavire rien qu'à y penser. Je me sens anxieux, une boule pousse sous ma pomme d'Adam. Ma bouche ouverte se pétrifie. Le Maître m'interdit de parler! Il me réduit au silence. Je ne mérite plus de parler. Je suis Impur, je suis un Hérétique. Je n'ai pas été capable de suivre ses préceptes. Je suis indigne, Indigne jusqu'au bout. Dehors le vent souffle de plus en plus fort. Il gronde. Un éclair tombe. Il m'était destiné. Je ne suis plus digne de la Croisade. Tout ce que j'ai fait, tout ce que j'allais faire. Tout cela. La Purge, la Croisade. Tout cela. Même la Maison. Tout cela n'a servi à rien. Je ne suis que néant. Je me vide. Chaque seconde vient creuser au creux de ma poitrine. Là où la main d'Astrid et posée. La chaleur du contact vient me faire fondre pour mieux m'aspirer. La palme de la Dame me fait contracter les abdominaux. Je ne veux pas être Impur! La rage monte. Je sue à grosse gouttes. Mon divin s'en va. Toute mes forces aussi, elles s'envolent alors que je retombe sur le matelas. Je brûle à l'intérieur de moi. J'ai envie de me lever, d'aller courir. D'aller étrangler de l'Hérétique. Je veux que leur sang gicle sur moi, qu'il m'entache. Je veux suer, pleurer, saigner. Pour le Maître! Je veux être pur. Je ne veux pas que ma vie s'arrête maintenant! Pas tout de suite, encore un peu. Plus rien. Non, plus rien.

Je suis vide. Je suis exempt de toute force. Je contracte les paupières pour ne pas verser une larme. Pas devant Astrid. Elle n'a rien fait de mal elle. Le Maître la pardonne, il l'aime encore. C'est de ma faute. Je suis rien. Je ne suis même pas la moitié de ce qu'elle est. Je suis insecte. Pourquoi est-elle encore là, avec moi. Elle devrait partir. Elle devrait prendre Étoile du Matin. Elle devrait la prendre dans sa main, et me donner le coup fatal. Je n'attend que ça. Je souhaite qu'elle le fasse. Je ne peux pas lui dire. J'aimerais qu'elle le fasse. Faites le, Ma Dame. Abrégez. Je ne vaut même pas qu'on s'éternise.

Le creux de ma jarre ne mérite que d'être brisé. Je suis vide. La seule chose encore à l'intérieur de moi est ma jalousie. Ma jalousie envers elle. Elle me corrode de l'intérieur. Son aspect visqueux et vert-bleu tapisse l'intérieur de mes côtes et grignote petit à petit ma chair. Si la Dame ne veut pas appliquer la volonté du Maître en mettant fin à mes jours, alors cela se fera tout seul. C'est inéluctable. On meurt tous, à la fin.

Juste quelque uns avec plus de grâce que d'autres.

La Dame bouge. J'espère qu'elle va me tuer. J'en ai marre d'attendre. Ça me fait sentir la douleur chaque seconde.

Non.

Mais non. Que fait-elle? Pourquoi elle ne m'abat pas! Je ne comprend pas.

À L'AIDE.

NON! FINISSEZ, MA DAME. ME LAISSEZ PAS SOUFFIR. PAS PLUS!

PUTAIN ASTRID. ACHÈVE MOI BORDEL!





L'orage s'arrête. Le vent se calme. Le seul bruit de l'extérieur sont les grincement des volets libérés des courants d'airs. Le seul bruit à l'intérieur est celui de la Dame embrassant mon cou.

Je rouvre les yeux. De la sueur coule partout sur mon corps. Une auréole entoure ma tête. Des larmes? Je ne sais pas. Probablement. Je suis de pierre. Je bouge les orteils. J'ai mal. Je me détend. Je suis une corde d'arc qui vibre après qu'on ai tiré.

Je fixe le plafond. Plaque une main derrière le crâne doux de la Dame par réflexe. Je ne sens plus rien. Il y a une pellicule derrière ma peau. Je suis enfermé et isolé derrière. C'est la peur qui l'a laissé là. Je le sais. Cela me fait la même chose lorsque je fais brûler les corps des Hérétiques après les avoir tué. C'est un vestige de la tétanie du combat. Comment aurais-je pu espérer gagner un combat contre le Maître.

Ce n'était pas un combat. C'était un conseil. J'inspire un grand coup. La pellicule s'effrite un petit peu. Je réfléchis et l'eau de ma tête se débarrasse de la fumée qui la troublait.

Le Maître à voulu m'apprendre quelque chose. À voulu me montrer quelque chose. Il voulait que je montre toute mon attention contre quelque chose. Je repasse le moment dans ma tête. D'abord la Dame qui parle... Mais oui! c'est ça! Totalement. J'ai compris. La pellicule saute. Mon cœur fait des bonds dans ma poitrine. J'ai les jambes qui convulsent! Un peu. Les grands yeux pétillent et glissent dans mes orbites. Ils ne peuvent plus rester en place!

La Dame a dit qu'il n'allait rien m'arriver. Que j'étais Pur. Que j'étais bon. Que j'étais digne du Maître! Qu'il veille sur moi parce que je fait ce qui est juste. Il a tenu à me faire rester dans le chemin! Il ne voulait pas que je tombe dans l'oisiveté. Il ne voulait pas que je considère son amour comme acquis en me le reprenant le temps de quelques minutes. Il voulait me montrer que la Purge n'est pas finie, que le monde continue de sombrer dans l'Impureté chaque seconde. Que les Hérétiques rodent toujours. Il veut me rappeler que rien n'est fait d'office. Qu'il faut tout faire. Tout, qu'il faut forcer. Que je dois continuer. Que je ne dois pas m'arrêter.

Je souffle longuement. Les cheveux de la Dame s'envolent. Je ferme les yeux et prie le Maître. Je le prie, deux fois. Puis trois fois. Ensuite, quatre autres fois. Il est bon, le Maître est divin. Il est le seul digne de notre absolu amour. Il veut nous garder avec lui, il veut faire de nous des gens biens. Et il le fait bien. Grâce à lui, j'ai compris que rien n'est acquis. Il m'a rappelé la vraie valeur du travail. J'aime le Maître.

Les bisous d'Astrid résonnent encore dans mon cou. Il vibre, distordant ma peau, faisant onduler mon être jusqu'à ses mains. Ses mains, leur chaleur. Je le sens maintenant. Je vibre encore plus. Ma peau n'est qu'un tapis flaque voguant et flottant au rythme du vent. Le vent, c'est le Maître. Et les volutes dorées qui dansent lorsque Astrid me touche.

Je suis bien, je laisse aller. Je ferme les yeux lentement. Je me laisse aller au repos. Le Maître est d'accord. Il a affirmé lorsqu'Astrid a déposé les doux baisers dans mon cou. Il ne dit rien. Il m'autorise. Je suis heureux, je suis content. Je le reprie. Puis je ressouffle.

Je suis lessivé. Les draps collent à moi. Je me cache dessous. J'ai chaud maintenant. J'aimerais enlever mes frusques. Mais ça serait indécent envers la Dame. Elle ne mérite pas ce mauvais traitement. Elle n'en mérite aucun, d'ailleurs.

- Est-ce que... Ça soulage... Votre dos ? J'ai cru voir... Qu'il vous faisait souffrir, tout à l'heure...

J'inspire. J'essaie de trouver la force de répondre. Les papouilles sont trop bonnes pour que j'ose les interrompre. Je flotte. Je cherche mes mots. Ça tourne dans ma tête. Alors c'est compliqué. J'ouvre la bouche lentement. Je claque de la langue pour trouver mes mots.

"-C'est chaud, mais c'est doux en même temps, pas comme la chaleur étouffante de mes bas sous la couette... J'aime bien. Ça fait beaucoup de bien. Merci..."

Je me laisse dériver. Tout est bien maintenant. L'or tourne à l'intérieur de moi comme des feuilles mortes sur un ruisseau. La plénitude est mienne. Mon corps est ouvert comme une vallée. Comme un Hérétique Purifié. Je suis quiet et bien. Une dernière question me taraude l'esprit. Elle est revenue lentement mais doucement lorsque j'ai cherché la source de la colère du Maître.

"-Dites-moi... Ma Dame...

En quoi consiste votre métier, exactement? Agathe et vous, je ne comprend pas ce que vous faites."
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptySam 30 Sep 2017 - 23:55
Julius ne répondit pas tout de suite. Ce n'était pas très rassurant pour la cartomancienne. Peut-être qu'il n'aimait pas vraiment ça et qu'il cherchait une manière polie de le lui dire ? Ou alors, peut-être qu'il s'était endormi ? Non. Il avait la bouche ouverte et elle entendit sa langue claquer. Elle leva doucement le visage, le recula un peu pour pouvoir observer sa réaction.

"-C'est chaud, mais c'est doux en même temps, pas comme la chaleur étouffante de mes bas sous la couette... J'aime bien. Ça fait beaucoup de bien. Merci..."

Astrid sourit. Cette réponse était tout à fait charmante. Personne ne lui parlait jamais comme ça, personne ne prenait le temps de lui expliquer en détail l'effet qu'elle pouvait produire, personne ne la remerciait non pus de quelques caresses dans le dos. Tout ce qu'elle faisait était toujours dû, toujours normal, parce que c'était toujours... Payé. Elle ne voulait plus y penser. Elle ferma les yeux. Ses mains n'avaient pas arrêté leur petit manège, ils continuaient leurs tendres arabesques sur la peau du guerrier. Il disait que ça lui faisait beaucoup de bien et c'était une invitation suffisante à continuer. Astrid renonça néanmoins à son premier projet, le massage. Si ce qu'elle faisait là plaisait à Julius elle n'avait pas envie de tout gâcher. Gardant ses lèvres dans le cou du chevalier, sans l'embrasser cependant, elle se sentait bien.

"-Dites-moi... Ma Dame...

Elle haussa un sourcil, voulut murmurer un « oui ? » mais sa voix ne sortit pas de sa bouche. Tant pis, elle attendrait la suite, il allait bien lui poser sa question de toute façon elle n'en doutait pas. Julius n'était pas doué pour mentir, il ne l'était sûrement pas non plus pour l'omission. Elle chercha, pendant la petite pause qu'il laissa. Que pouvait-il attendre d'elle ? Avait-il besoin de quelque chose ? Elle espérait que non. Évidemment elle ferait tout pour le contenter de son mieux, mais elle n'avait aucune envie de mettre fin à leur étreinte. Elle était bien. Il était rare qu'elle ressente cette sensation d'apaisement dans les bras de quelqu'un et elle tenait à en profiter tant qu'elle le pouvait.

En quoi consiste votre métier, exactement? Agathe et vous, je ne comprend pas ce que vous faites."


La douce sensation de chaleur qui baignait son cœur se referma brusquement, presque jusqu'à lui faire physiquement mal. La question de Julius était loin d'être aussi innocente qu'elle pouvait le paraître, en tout cas du point de vue d'Astrid. Elle avait cru qu'il se moquait bien de sa condition, elle avait cru qu'elle réussissait peut-être un peu à s'attirer une sympathie sincère, elle avait cru qu'il l'acceptait telle qu'elle était. Mais non. Ce n'était pas qu'il acceptait son métier, c'était qu'il ignorait en quoi il consistait. Ses mains stoppèrent immédiatement les caresses qu'elles avaient entreprises. Elle était trop mal à l'aise. Qu'allait-il dire quand il comprendrait ? Allait-il la rejeter ? Sans aucun doute. Le peu de confiance qu'elle avait réussi à amasser, cette petite confiance qui lui avait permis de l'embrasser à son tour, la voilà qui disparaissait sans laisser de trace. Astrid était persuadée qu'il aurait soudainement honte de sa compagnie.
Mais comment était-ce possible ? Comment pouvait-il ignorer ce qu'était une prostituée ? Elle se souvenait de leur rencontre, de ce moment à table où un homme était venu demander à Julius le prix à payer pour Astrid en détaillant de sa voix malsaine tout ce qu'il prévoyait de lui faire. Apparemment ça n'avait pas été assez clair. Pourtant, comment être plus explicite... ?

Nous sommes des... Prostituées...
Commença-t-elle tout bas. Sa gorge était serrée, parler lui faisait presque mal. Elle se serait bien arrêtée à cette explication, mais elle vit bien en relevant timidement le visage vers celui de Julius que ce n'était pas suffisant. Elle ne faisait que donner la dénomination, qu'il connaissait sûrement, sans entrer dans les détails qu'il ignorait apparemment. Par les Trois. Il lui avait dit de belles choses, il lui avait dit qu'elle n'était pas marquée au fond de son âme par son activité mis en fait il n'en savait rien. Il ne pouvait pas le savoir. Elle se sentait presque trahie, c'était presque comme s'il lui avait menti. Elle savait qu'il n'avait sans doute pas pensé à mal mais il était difficile de se représenter que tout ce qu'il avait dit jusque là n'avait pas été pensé en tout connaissance de cause.
Astrid n'avait jamais cherché à mettre des mots sur cette activité. Les gens comprenaient en la voyant agir, en voyant ses vêtements, en voyant ses regards. Elle n'avait jamais eu besoin d'expliquer en quoi consistait ce qu'elle avait à vendre. Elle retira ses bras qui enserraient le guerrier. Elle ne savait pas quoi dire.

-Vous vous souvenez de l'homme à notre table, la dernière fois... ? Eh bien...

Elle n'osa pas finir. Terminer en disant que son métier était de contenter ce genre de demandes ne serait pas tout à fait exact et serait surtout trop vulgaire. Elle prit une grande inspiration. C'était difficile.

Il voulait savoir combien il devrait payer pour s'offrir ma... Compagnie... Et les hommes qui payent pour ça... Choisissent souvent d'occuper ce temps pour... Eh bien...

Comment s'exprimer de manière polie ? Et claire ? Julius devait bien avoir compris non ? Chaque mot prononcé était comme un coup dans sa poitrine. Elle aurait aimé simplement pouvoir répondre qu'elle n'avait pas envie de parler de ça mais ce serait une insulte au guerrier. Il avait bien le droit de savoir. Mais comment pouvait-il ignorer le travail d'une prostituée ? Agathe lui avait caressé le torse un peu plus tôt, il n'avait pas compris le sous-entendu ? Astrid détourna le regard, puis tourna complètement le visage. Elle ne voulait pas que Julius puisse observer la gêne qu'elle ressentait, même si elle était palpable. Elle s'éloigna un peu de lui dans le lit, laissant maintenant quelques centimètres d'écart entre eux.

-Ce que peuvent faire un homme et une femme, ensemble, dans une chambre... Un peu comme...

Elle lui adressa un regard lourd, insistant, priant pour qu'il comprenne sans qu'elle ait besoin de trop développer davantage. C'était gênant. Surtout qu'elle ne savait pas exactement jusqu'où pouvait se porter son ignorance.

-Nous ? En plus... Enfin, vous voyez ce que je veux dire.

Il avait forcément compris. Astrid ne voyait pas ce qu'elle pouvait dire de plus. Il était obligé de savoir de quoi elle parlait voyons ! Tout le monde le savait. Tout le monde, même la plus chaste et prude demoiselle, connaissait la théorie. Mais, même la plus prude demoiselle qu'Astrid ait jamais croisée savait quel était le métier d'une prostituée... Julius était définitivement un homme étrange. La cartomancienne se demanda si son métier existait, là d'où venait le guerrier. Il n'y avait pas de raison que non, mais... Pourquoi pas ? Elle n'osa pas poser la question. S'il n'y avait pas de prostituées là-bas, son métier n'en paraîtrait sans doute que plus dégradant.
Il y avait eu un temps où elle n'avait pas eu honte de ce qu'elle faisait. Elle y voyait le plaisir ou le profit, et ce n'était que le regard des autres qui était plein de honte ou de mépris. Les choses avaient bien changées. Elle se sentait souillée. Elle ne voulait pas reporter cette souillure sur le guerrier. Il combattait la Fange, il était noble, il faisait le bien.

-J'ai répondu à votre question ?
Hasarda-t-elle, en se raccrochant néanmoins à l'idée que la réponse de Julius serait forcément positive.
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Julius HaberChevalier itinérant
Julius Haber



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyDim 1 Oct 2017 - 11:48
Dès lors, tout s'arrête. Les mains de la Dame. La chaleur qui en émane. Tout. Je me sens seul. L'intérieur de mon corps se brise. Clac. En plein de tout petits morceaux de verre. Je m'arrête de respirer. Ouvre les yeux. Je sens dans la Dame un malaise. Un coup dans le poitrail. Quelque chose qui serre, étrangle, fait mal. Je suis à l'origine de tout ça? Je ne sais pas. Il semblerait. J'ai mal moi aussi. Ma peau tremble. Le froid revient. La douleur vient croquer dans mes muscles. Je me remet à trembler. Il faut que j'écoute. Sinon cela aura été vain. Il faut que j'assume. Aussi mal que cela puisse être.

Nous sommes des... Prostituées...

Astrid me lâche. La descente aux enfers commence.

-Vous vous souvenez de l'homme à notre table, la dernière fois... ? Eh bien... Il voulait savoir combien il devrait payer pour s'offrir ma... Compagnie...
Et les hommes qui payent pour ça... Choisissent souvent d'occuper ce temps pour... Eh bien...
Ce que peuvent faire un homme et une femme, ensemble, dans une chambre... Un peu comme...
Nous ? En plus... Enfin, vous voyez ce que je veux dire.


La confusion me prend à la gorge. Elle s'ajoute. Arrive, mélange tout. J'ai mal. Je souffre. Je tremble. Je verse une larme. Je n'aime pas la Dame lorsqu'elle n'est pas bien. Je cherche la cause en moi même. Je ne trouve pas! Je ne comprend même pas totalement ses sous-entendus! Il faut que je me recentre.

La Dame dit qu'elle se fait payer par des hommes. Déjà. Là je suis déjà. Je repasse la suite dans ma tête. J'ai un cri de désespoir qui vient faire vibrer les fondations de mon crâne alors que j'écoute ça encore une fois. J'essaie de comprendre. C'est dur. Le fait qu'Astrid ait mal de le dire, que ça soit ma faute. Tout cela, ça me bloque dans ma compréhension. Je réfléchis. Mais quelque chose vient me piquer avec une aiguille à chaque fois que je commence à toucher la réponse. Le Maître ne vient pas m'aider. Je dois penser à lui. Je dois lui dire que je ne pensais pas à mal. Je lui dit. Je lui envoie ma prière. Il vient. Il m'aide.

Les hommes occupent leur temps pour faire comme elle et moi. Comme nous, c'est-à-dire? Se mettre dans un lit pour s'embrasser?

La colère monte à l'intérieur de moi. Je tressaillis et m'énerve. Mes dents se serrent, j'ai mal sur mes molaires écrasées par la colère. Je vais tape. Je vais taper encore et encore. Je retrouverais tout ceux qui ont fait ça, et je les Purifierais encore et encore. Ensuite, je me donnerais la mort pour aller les Purger encore et encore, peut-importe où est-ce qu'on peut aller après avoir rejoins le Maître. Je suis en colère. J'attrape les draps et les serre dans mes poings. Il sont un peu déchirés. Je viens de casser une propriété à la Dame, je me calme. écarquille les yeux. J'en profite pour me recentrer.

Mais en plus... enfin.

Je crois que je comprend maintenant... Elle est payée à... à faire... ça. Je vois. Je comprend. Tout s'arrête encore une fois. Mais pas de manière douloureuse. Juste. Je deviens en pierre. Froid. Le temps d'assimiler ce que je viens de comprendre. Ici, les femmes qui sont payées à faire... ça. On les appelle des Prostituées. D'accord. J'ai compris maintenant. Je remercie le Maître de m'avoir aidé à comprendre. Il mérite tout notre amour.

-J'ai répondu à votre question ?

J'ouvre la bouche et prend une grande inspiration. J'ai mal aux dents. Au tempes. Au cuisses. J'ai mal partout enfaite. Je me tourne vers la Dame. Pose mon regard dans le sien. Je ne sens plus rien dans ses yeux bleus. Je me retrouve face à une Astrid froide. En béton elle aussi. Elle est tétanisée par la douleur. Les bras contre elle. Plusieurs centimètres nous séparent maintenant. Distance assassine. Je vois chaque point qui nous sépare. Ils sont bleus, froids. Et source de haine. De Stress. D'anxiété. Je bouillonne. J'ai envie de me rapprocher. J'ai compris maintenant! Pourquoi toutes ces réactions? Je ne sais pas. Je ne comprend pas. Le problème est déplacé. Pourquoi. Toujours. Il faut que je demande.

"-Je peux vous... toucher l'épaule, Ma Dame?"

Malgré la réponse. Je ne peux m'empêcher. Je retrouve mes sens. Petit à petit. Quelque chose pulse à nouveau dans mon corps. Mon cœur se remet en route. Le sang recoule, lentement. Comme s'il sondait le reste du champ de bataille avant de le recoloniser. Comme au Labret. Il glisse dans les conduits. Évacue toute humeur malsaine qui pourrait y rester. Pour tout remplacer avec de nouvelles questions. Et de la fumée dorée. Rien. Rien n'y fera. J'ai beau l'oublié. Astrid me fait toujours du bien lorsque je la vois.

Ma main part toute seule sur l'épaule de la jeune femme. Je sens de la chaleur, toujours. Mais plus... diffuse. Plus discrète. Les ondes virent au vert. Plus espacées. Quelque chose ne va pas. Je dois y remédier. Le Maître me le demande. Je pose délicatement ma seconde main sur sa joue. Chaude, et délicate. Mais qui porte du mal-être. Je lui dois une réponse.

"-Désolé. D'avoir posé cette question... Maintenant je sais."

J'esquisse un sourire à Astrid. J'espère qu'elle va aller mieux. Le fait de sourire me guérit déjà. Je me sens mieux. L'eau de ma tête ressors de l'intérieur des parois. Je retourne progressivement à mon état normal. Mon dos va mieux, il ne grince plus. J'ai juste les coudes un peu craquelés et mal aux dents. Mais ce n'est pas grave non. Le Maître et Astrid vont mieux, je suis satisfait et heureux. Je pourrais vivre comme ça.

"-Ce que je ne sais pas en revanche, c'est pourquoi les gens vous en veulent pour ça. C'est stupide.

Pourquoi détester quelqu'un pour le travail qu'il fait? En plus celui de... Prostituée, si je me trompe pas. Je ne vois pas les raisons qui pourrait amener à une telle haine. C'est puéril."


J'essaie de m'imaginer la scène... D'un homme et d'Astrid dans une chambre... en train de... faire ça. Je comprend en quoi ça consiste. Mais effectivement. Rien ne me dit pourquoi détester les gens qui le font. Ils ne sont pas sales, ils se lavent! Je suis perdu. J'essuie mon front. Que le Maître m'aide à comprendre. Maintenant ou un jour. J'ai envie. Je dois le comprendre. Afin d'aider Astrid. La Dame est minée par ça. Sa vie, elle en souffre. Elle a mal de ce métier. Je pourrais... la prendre avec moi. Nous pourrions aller Purger tout les deux! Elle aussi. Elle est envoyée du Maître. Il l'aime aussi. Nous pourrions. Nous pourrions le faire. La Croisade pourrait être menée à bien. Ensemble. Et je pourrais... toujours l'embrasser, dans le cou. Sur ses lèvres rondes. Douces, roses. Toutes délicates. Le soir, après avoir fini. Autour du feu d'Hérétiques. Ça serait bien. J'aimerais bien.

Je regarde Astrid. J'ai envie de me rapprocher d'elle encore. Je ne peux pas me retenir. Mon corps est maintenant de nouveau rempli. Rempli de chaleur, d'ondes positives. D'envie de l'embrasser. Encore. Je me rapproche sous la couette. Le tissu m'empêche de la sentir contre moi. Je tend le bras. La couette se soulève. Elle est débordée, alors je lui donne un petit coup. Elle s'envole. Haut dans le ciel, touche le plafond. Puis revient se poser sur la Dame. Elle est dessous maintenant.

Je m'avance auprès d'elle. J'essaie au mieux de me blottir. De caler de plus possible de sa peau contre la mienne. De mettre sa tête dans mon cou. Doucement. Je veux la rassurer. Je veux qu'elle aille bien. Elle est venue m'embrasser. Je me suis senti bien.

Je dépose un baiser. Sur ses lèvres. Je sens que tout ce qui était mauvais en moi est parti. C'est doux, chaud. Délicat. Mon cœur bat plus vite. Je ferme les yeux. Je rougis. Je me détend, devient tout flasque. Je pourrais être plus léger que la couette que je soulève. Je m'envole un peu. J'ai la Dame dans les bras. Je me sens bien, elle me remplit. Je ne pense plus à rien, je n'existe plus.

J'ai juste le temps de lui murmurer quelque chose dans l'oreille.

"-Il n'y a aucune honte à faire ce que vous faite. Vous êtes bonne, ma Dame. Cela se voit de plus en plus chaque seconde. Vous êtes une des plus belle chose que le Maître m'a apporté. Et rien ne pourra y changer."

Lorsque que je lui dit ça. Et que je l'embrasse. Je sens, quelque chose. De neuf. Encore inconnu. Plus pointu. Plus sauvage. Quelque chose de bon, mais de brut. De cristallin. De puissant. Une sorte de force dans mon bas ventre. Cela me pousse à venir de rapprocher encore plus. De serrer Astrid encore plus fort. Ça grandit en moi. Je ferme les yeux. C'est mordant. Tout mes muscles sont en suspension face à cette sensation. J'ai envie... J'espère que la Dame ne le sent pas. J'aurais honte.
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: Comme dans du coton [Julius - Astrid]   Comme dans du coton [Julius - Astrid] - Page 2 EmptyDim 1 Oct 2017 - 13:07
Elle l'avait vu trembler, serrer les poings, déchirer le drap. Avait-il si honte que ça ? Était-ce vraiment une révélation si perturbante, si énervante ? Astrid ne savait pas. Pour elle, tout ce qu'elle venait de dire était évident. Elle s'était attendue à une réaction de Julius bien sûr, mais elle ne savait même plus vraiment ce qu'elle avait espéré ou ce qu'elle avait craint précisément. Elle n'arrivait pas à interpréter ce qu'elle voyait. C'est pour ça aussi qu'elle lui demanda si sa réponse était correcte et suffisante.
Julius ne répondit pas. Il ouvrit grand la bouche mais rien n'en sortit et il prit une grande inspiration. Soit elle n'avait pas été claire du tout, soit il voulait lui dire quelque chose d'autre. Astrid se sentait mal d'attendre sa réponse, elle craignait son jugement. Qu'il parle, le moindre mot serait un indice. Elle pourrait alors être raisonnable, savoir si elle avait une chance de... Continuer à être proche de lui. Et s'il ne voulait plus la voir ? Plus lui parler ? S'il quittait la pièce et qu'elle ne le revoyait jamais ? Ou pire, s'il partait et qu'elle le recroisait. Supporterait-elle le regard plein de mépris qu'il ne manquerait pas de lui lancer ? Qu'il parle. Enfin.

"-Je peux vous... toucher l'épaule, Ma Dame?"

Et voilà la suite, la gêne inévitable. Astrid ne s'était pas attendue à cette question, mais elle se rendait compte qu'elle aurait probablement dû. Julius s'était approché d'elle et l'avait embrassée comme une femme à qui il accordait de l'attention, et maintenant il lui demandait l'autorisation de toucher son épaule. Quoi ? Il avait peur qu'elle le fasse payer et demandait pour savoir à quoi s'attendre ? Ridicule. Mais cette pensée suffisait à embourber un peu plus Astrid dans ses pensées moroses. Elle ne pensa pas une seule seconde que ça pouvait être parce qu'elle s'était éloignée et qu'il craignait de lui déplaire en s'approchant. Son esprit était ailleurs.

-Oui, oui...
Dit-elle doucement.

Il n'avait toujours pas dit s'il trouvait la réponse claire, et la prostituée prenait donc ça pour un « oui ». La main du guerrier vint se loger sur son épaule, comme il le lui avait annoncé par sa question. Il bougea la deuxième main. Qu'allait-il faire ? Astrid retint son souffle. Son imagination n'arrivait pas à agencer les faits pour le moment et elle se retrouvait à observer ce qui se passait d'un air un peu surpris mais surtout sans bouger. La fameuse deuxième main se posa sur la joue de la demoiselle. Alors il... Ne la repoussait pas ? Elle était un peu perdue.

"-Désolé. D'avoir posé cette question... Maintenant je sais."

Désolé ? S'il ignorait vraiment ce qu'elle faisait, c'était sûrement mieux qu'il ait demandé. Astrid préférait encore l'idée qu'il sache. S'il l'avait appris autrement ? S'il se sentait trahi qu'elle ne lui ait pas parlé de ça plus précisément plus tôt ? Maintenant qu'il savait, les choses seraient claires : s'il restait auprès d'elle ce soir ça voudrait dire qu'il n'avait pas honte. Et sinon, au moins, elle ne le blesserait plus. Il souriait. Alors, elle sourit un peu aussi. Mais pas beaucoup. Elle n'était pas encore sûre.

"-Ce que je ne sais pas en revanche, c'est pourquoi les gens vous en veulent pour ça. C'est stupide.

Pourquoi détester quelqu'un pour le travail qu'il fait? En plus celui de... Prostituée, si je me trompe pas. Je ne vois pas les raisons qui pourrait amener à une telle haine. C'est puéril."

Elle eut tout de suite les larmes aux yeux. De joie. Ou peut-être que c'était simplement le contre-coup de l'angoisse qui l'avait étreinte. Julius trouvait stupide de lui en vouloir ou de l'humilier. Julius, maintenant qu'il savait ce qu'était qu'une prostituée, ne changeait pas d'avis sur elle. Elle ne savait pas exactement pourquoi elle était si soulagée d'avoir son approbation. C'était juste que... Le guerrier avait toujours été honnête avec elle. Et doux. Et gentil. Et apparemment, il ne regrettait pas de l'avoir été. Voilà qui laissait Astrid espérer que les choses allaient continuer. Elle n'avait pas envie que ça s'arrête.
Mais elle n'avait pas envie de répondre. Comment expliquer à Julius qu'elle avait perdu le seul critère d'honnêteté pour une femme ? Comment expliquer que se vendre de la sorte était un métier mal vu parce qu'une demoiselle digne de ce nom devait se préserver pour un seul homme, qu'elle n'aurait de toute façon généralement pas le droit de choisir ? Astrid avait le sentiment que le chevalier ne comprendrait pas. Elle-même ne comprenait pas exactement. Elle savait juste qu'elle ne voulait vraiment pas répondre à ce sujet, et qu'il finirait sans doute par comprendre, ou au moins par accepter son silence.
Il n'insista pas. Julius se contenta de s'approcher d'elle, alors qu'ils étaient séparés par le drap. Il ne laissa pas durer cette injustice, tira sur le tissu jusqu'à ce qu'il vole au dessus d'eux et retombe sur Astrid. Et, comme si leur discussion si gênante et un peu maladroite n'avait jamais eu lieu, il vint s'installer contre elle. Tout contre elle. C'était comme quand elle avait voulu lui caresser le dos et avait dû se coller pour y parvenir, il n'y avait pas beaucoup d'endroits où leurs corps n'étaient pas en contact, même gêné par la robe d'Astrid. Elle se laissa faire tranquillement lorsqu'il lui fit glisser sa tête contre son cou. La sensation d'apaisement qu'elle ressentait, comme auparavant, était maintenant encore plus justifiée. Elle se sentait mieux, maintenant que tout était clair, que tout était dit.
A peine redressa-t-elle la tête qu'elle reçut le tendre baiser de Julius sur ses lèvres. Elle enferma délicatement le chevalier entre ses petits bras blancs. Que de douceur. C'était génial. C'était aussi la preuve que rien n'avait changé malgré ses explications. Chaque geste du guerrier envers elle la rassurait encore un peu, lui assurait sans en avoir l'air que ses attentions seraient bien reçues et qu'elle pouvait se détendre. La tension, l'angoisse, tout ceci quitta finalement son corps à l'unisson de Julius. Il rougit, Astrid aussi, il ferma les yeux alors qu'elle les rouvrait et leurs lèvres se séparèrent pour que le chevalier murmure quelque chose

"-Il n'y a aucune honte à faire ce que vous faite. Vous êtes bonne, ma Dame. Cela se voit de plus en plus chaque seconde. Vous êtes une des plus belle chose que le Maître m'a apporté. Et rien ne pourra y changer."

Astrid avait envie de lui répondre que c'était la plus belle chose qu'on lui ait dite depuis au moins quelques années. Elle n'en eut pas le temps, Julius l'embrassa à nouveau. Elle ferma les yeux, colla un peu plus ses lèvres aux siennes, passa une main dans le cou du guerrier alors qu'il s'approchait encore un peu plus. Elle sentait sa chaleur, sous le draps. Et pas seulement. Etant donné leur proximité, le désir de Julius ne pouvait pas vraiment passer inaperçue. Astrid ne rougit pas. Elle avait plus ou moins l'habitude de ce genre de choses. Elle adressa simplement un regard doux au guerrier, plongeant ses yeux dans les siens quand il les rouvrit.
Astrid embrassa son épaule, son cou, son menton... Puis ses lèvres. Le baiser qu'elle partagea avec lui fut plus intense que les autres, elle colla ses lèvres entrouvertes à celles du guerrier et sa langue vint doucement danser contre la sienne, contrairement à leurs presque chastes embrassades précédentes. Ses mains effleurèrent le dos de Julius, du haut vers le bas, pour s'arrêter sur ses hanches, au début de son vêtement.

-Julius...
Appela-t-elle doucement quand elle sépara ses lèvres des siennes.

Elle n'ajouta pas un mot. Simplement, elle le repoussa très légèrement pour pouvoir se redresser. Souriant toujours de son air doux, elle se mordit un peu la lèvre inférieure. Elle se demandait si ce qu'elle pensait faire était une bonne idée, mais pour une fois il fallait qu'elle ose. Elle se souvint de cette fois où Hector avait voulu s'assurer qu'elle faisait les choses avec envie, avec lui, et qu'elle ne se sentait pas obligée. Elle n'avait jamais eu aussi envie d'embrasser quelqu'un que Julius ce soir. Elle avait le sentiment de découvrir ce qu'on lui avait déjà expliqué en théorie, ce qu'elle n'avait jamais pu mettre en pratique avant. Elle attrapa une main du chevalier pour la glisser dans son dos. Peut-être pour qu'il ouvre sa robe. Ou pas. Elle ne lui laissa pas le temps d'entreprendre quoi que ce soit avant de retourner chercher ses lèvres. Elle avait envie de beaucoup de choses, mais craignait d'aller trop vite. Julius n'était pas quelqu'un avec qui elle voudrait bâcler ou accélérer les choses, au contraire. Mais elle était loin de connaître le rythme normal des choses. Du moment qu'il la tenait dans ses bras elle serait heureuse.
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