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 [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]

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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyDim 26 Jan 2020 - 23:02


13 septembre 1166,
Quelque part dans les marais entre Sombrebois et Piana,

- « Putain de fange ! » grommela la noiraude en crachant un filet de sang sur le sol dont l’ensemble était essuyé d’un revers de main « On bat en retraite, reculez, reculez ! Nous ne faisons pas le poids »

Une évidence même, alors que la plupart des hommes étaient blessés, n’étant parvenue qu’à faire reculer une seule fangeuse. Une plaie au niveau du front, la sergente venait de donner l’ordre de se replier, de se rabattre vers l’abri de fortune que le groupe avait trouvé pour être en sécurité. La mission attendrait, encore, la sécurité avant tout. C’est ce qu’elle n’avait de cesse de répéter, de leur répéter avec ce regard rempli de détermination. L’un d’eux était mort, sans que Sydonnie ne parvienne à rapatrier le corps, il était trop lourd, elle sans aucun doute trop faible, trop épuisé par les différents combats. À quoi bon. Elle l’avait regardé se faire dévorer dans le bruitage désagréable de la chair qui se déchire, s’arrache, disparaît. Laissant s’enrouler ses doigts ensanglantés autour de sa lame, elle avait fini par reculer, entraînant le reste de la coutillerie avec elle, grommelant une multitude d’insultes, non, personne ne retrouverait les disparus, pas aujourd’hui ni demain. Dans la cabane, chacun se comptait, vérifiait que personne n’avait été oublié, on expertisé les blessures, effectués les premiers soins de fortune, sans être certain d’avoir les bons gestes.
Personne n’osait jamais approcher la sergente, qui, toujours éloigné de la troupe ne semblait pas encline à la moindre conversation. Pourtant cela faisait un temps, un long moment qu’elle effectuait des missions avec eux, qu’elle sauvait le cul de ses hommes, jusqu’à se mettre en danger, jusqu’à prendre les coups à leur place. Elle ne se plaignait pas, jamais, mais la troupe n’avait de cesse de répéter que son regard était vide, que son sourire n’exprimait plus rien de bon, forcé, réellement la désormais Rivefière ne semblait plus avoir le coût de rien. Seuls l’adrénaline, le flirt de sa grande amie la mort, lui donnait encore la sensation d’être vivant, humaine. Cela ne suffirait seulement pas toujours, cela ne suffisait déjà peut-être plus.

Un raclement de gorge la fit sortir de ses pensées, alors que Marc, le coutilier s’approchait en se tenant les côtés, ouvrant ses doigts sur un morceau humide. La sergente avait légèrement décroisé les bras, récupérant l’ensemble sans comprendre, avant qu’il ne mime, indique la plaie de son front et le sang qui s’en écoulait. Tous se demandèrent si elle avait seulement remarqué être blessé, mais tous savaient qu’en réalité à force de voir son corps saccagé par les cicatrices que la douleur était différente, moindre, presque illusoire. Elle lui avait offert ce sourire étrange, vide d’expression et il n’avait pas osé la remercier d’être encore là avec eux, de ne pas fuir. Chacun attendait sans aucun doute les nouveaux ordres, sans oser quémander oralement, ils n’avaient de toute façon jamais à attendre longtemps.


- « Vous allez rentrer » fit-elle en tamponnant sagement sa plaie « Il y a trop de blessés, la mission est avortée. Le coutilier d’Albrech et sa troupe sont officiellement déclarés disparus, morts, pris par la fange. » affirma-t-elle « Vous partirez devant, je vais m’assurer qu’ils ne sont pas plus au fond des marais. »

Ce fut cet étrange silence, alors qu’une nouvelle fois, ils réalisaient qu’elle était en train de leur demander de l’abandonner, de la laisser en arrière seule dans un territoire hostile. Personne n’émit la moindre contestation, bien trop habitué à la réponse « vous avez une famille, une femme, des enfants, vous rentrez ». Marc fut le seul à la rejoindre dans son observation derrière la fenêtre, alors qu’elle semblait avoir froid, il avait osé venir déposer ce tissu épais, sans qu’elle ne le remercie, sans qu’elle ne repousse non plus. Espérait-elle voir Roland, Chris, Gabriel à chaque fois qu’elle sortait, espérait-elle oui, voir ses anciens compagnons devenus très certainement fangeux, sans trop savoir pourquoi, sans trop comprendre si cela la soulagerait ou l’anéantirait.

- « Sergent » fit cette voix masculine « Dans votre état avec la fatigue »
- « C’est inutile Marc » souffla-t-elle dans son soupir caractéristique « Je rentrerais comme toujours, ne vous en faites pas. N’allez pas désobéir à un ordre de votre supérieure, voulez-vous. Vous reprenez le contrôle, je ne veux plus voir personne au petit matin, vous retournez à Marbrume, faites le début du rapport, je rentrerais dans quelques jours. »

Il avait opiné simplement, avant de faire passer l’ordre à ses hommes. Il avait appris à ne plus négocier, à ne plus s’inquiéter. Avait-elle sa monture de toute façon, celle que personne ne voulait jamais parce que l’étalon était beaucoup trop impulsif. Un pro de l’évasion, un pro de l’expulsion de cavalier, moitié aveugle en plus, mais elle l’aimait bien la noiraude, elle disait que c’était un bon cheval. Était-elle la seule à le penser. Une drôle de relation avait fini par se tisser entre l’étalon et sa cavalière, elle était ses yeux, il était ses oreilles. C’était tout.

C’est sans prendre la peine de refermer, sans prendre l’initiative de vérifier l’état de ses autres plaies qu’elle avait quitté l’abri. Flore aurait sans doute encore du travail, avait-elle l’habitude l’herboriste de réparer les dégâts de l’inconsciente femme d’armes. Montant sur celui qu’elle avait nommé affectueusement « Bougon » elle était partie sans demander son reste, sans regarder derrière elle, comme toujours, comment souvent, trop souvent. C’est un sentier qui attira son attention, sans qu’elle ne soit certaine de la raison, une sensation de déjà vu, de quelque chose de connu.

Combien de temps s’était-il écoulé depuis son enlèvement à aujourd’hui ? Se revoyait-elle agonissant emprunté ce chemin, ramper et même manquer de se faire abuser par un duo de banni. Chris… Ses lèvres avaient murmuré son nom, sans qu’elle ne puisse le retenir. Ralentissant sa monture, elle avisait l’immense tour semi en ruine qui se dressait devant elle. Rien n’avait changé ou presque. L’animal avait dû sentir la crispation de sa cavalière, ou ce battement soudainement plus rapide, elle avait dégluti, avant de se laisser glisser le long de l’animal. Sa respiration avait semblé se couper, tout semblait si réel, comme dans ce souvenir lointain qu’elle imaginait n’avoir jamais vraiment existé. Si, peut-être que si, finalement.

Lentement, elle s’était approchée, conservant néanmoins une main sur le fourreau de son épée. Avant de se laisser tomber à genou au pied de la tour, creusant légèrement pour découvrir l’emplacement caché de l’ancienne échelle pour accéder à l’étage. Unique endroit sécurisé de la tour… Tout était encore là. Avait-elle sentie sa gorge se nouer, comme si quelqu’un cherchait à l’étouffe, à l’étrangler, avant de se redresser suite à des mouvements anormaux de Bougon. Il était inutile de questionner les hurlements perçus indiquaient qu’elle n’était plus seule, quelqu’un semblait arriver jusqu’ici, quelque qui semblait fuir d’autres personnes et quand les feuillages se dévoilèrent légèrement pour laisser entrevoir une silhouette, son seul espoir fut de le revoir lui :


- « Chris ? »

Ce ne fut pas lui, mais cet étranger qu’il ne lui semblait pas connaître, le front perlant de sueur alors que derrière lui semblait arriver deux, peut-être trois autres personnes ? Qu’est-ce qu’il se passait, avec tout ce raffut la fange risquait de débarquer. Par réflexe, elle avait dégainé, pointant sa lame encore ensanglantée de sang séché en sa direction :

- « Qu’est-ce qui se passe ?! »
- « Attrapez le qu’il ne rentre pas à Sombrebois » hurla ce qui semblait être le meneur au loin « Par-là, on va le perdre ! »



Dernière édition par Sydonnie de Rivefière le Ven 12 Juin 2020 - 18:18, édité 3 fois
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptySam 1 Fév 2020 - 14:44
Appuyé contre le tronc, les jambes légèrement pliées sur l’une des rares branches épaisses de l’arbre, Alaric tenait en joue un lièvre qui, innocent, reniflait çà et là les fourrés. Parfois, il sautait d’un côté, puis de l’autre, mais à la grande joie du soldat, il revenait toujours à son point de départ.

Il ne se décidait pas à l’abattre, préférant l’observer. Sa cible, mais également les alentours. C’était la première fois, depuis qu’il vivait à Sombrebois, qu’il ne chassait pas dans la forêt du baron, mais dans les marais. Il connaissait les lieux, pour s’être rendu à Piana plusieurs fois, mais il ne s’y était pas encore jamais promené seul. La zone était plus dangereuse, plus mystérieuse également. Entre les fangeux et les bandits qui rôdaient, personne n’était à l’abri de faire une mauvaise rencontre.

Alaric n’avait pas eu facile de persuader le baron de quitter sa propriété. Hector connaissait ses capacités et lui faisait confiance, mais il n’était pas prêt à mettre le chef de sa garde en danger pour rien. Cependant, le soldat avait insisté. Il avait terriblement besoin de découvrir autre chose que la forêt de Sombrebois qu’il connaissait par cœur. Devant l’air dépité du soldat, Hector avait capitulé, mais avait exigé qu’il rentre avant la tombée de la nuit. Une condition qu’il avait promis de respecter. Ensuite, il avait dû annoncer la nouvelle à Hilde, qui – il fut surpris – n’avait pas essayé de le retenir. Elle le connaissait et savait la nécessité qu’il avait parfois de côtoyer le danger et la mort de près, de se sentir vivant. Les marais entre Sombrebois et Piana lui offraient un vaste terrain de jeu, avec de nouvelles règles qu’il apprenait depuis son arrivée.

Alaric caressait la corde de son arc tendue à l’extrême, prêt à la lâcher. Il avait déjà obtenu un canard tout à l’heure, un lièvre en plus ferait un excellent repas. Pénélope serait ravie. Il n’était pas venu pour chasser au départ, mais il ne pouvait laisser une occasion pareille de ramener de la nourriture au château.

Il prit une profonde inspiration et adressa une prière à Serus. Au moment de lâcher la corde, le soldat aperçut le lièvre tourner brusquement sa tête vers l’est. Il fronça les sourcils et regarda dans la même direction. Il vit des feuillages frémir, des fourrés bruire, des mouvements presque imperceptibles qui auraient pu être causés par le vent. Mais Alaric savait que ce n’était pas le vent.

Soudain, sa proie détala alors qu’il percevait de l’agitation derrière lui. Il fit volte-face, prêt à tirer sur une cible non identifiée.

- Hola, hola, fit une voix grave qu’il ne connaissait pas.

Un homme d’une trentaine d’années sortit de sa cachette, mains en l’air, preuve qu’il n’était pas armé. Alaric, lui, ne rengaina pas. Un homme dans les marais, c’était étrange. Il n’avait pas l’allure d’un chasseur, ni d’un milicien.

- Et si tu descendais de ton perchoir ? J’t’ai vu à l’œuvre, tantôt. T’as attrapé un truc.

Il ne broncha pas, essaya de masquer la surprise. Ce gars le suivait depuis un moment et il n’avait rien remarqué ? Il s’injuria mentalement. Il avait tant fait attention aux bêtes et aux fangeux qu’il n’avait pas pensé que d’autres hommes pourraient le pister. Car, si ses intentions ne semblaient pas mauvaises, Alaric avait bien compris où il voulait en venir. Le canard qui reposait dans sa besace faisait de l’œil au nouvel arrivant.

- Et un conseil d’ami, enlève cet arc. T’auras pas l’temps de l’utiliser.

Il n’avait pas fini sa phrase que quatre autres types sortaient de leur cachette. Trois dans son dos, dont deux armés d’arcs courts. Un autre, face à lui, avait rejoint le chef de la bande. Le soldat aurait le temps d’en abattre un, ce serait tout. Sa position surélevée ne le protégerait pas des archers en contrebas. Il pouvait toujours leur donner sa prise, mais… Il savait que dans ce genre de situation, on laissait rarement la victime en vie.

Merde, merde, merde.

Ah ! Il avait fait le fier en persuadant Hector de le laisser se promener seul, mais il faisait moins le malin, désormais. S’il échappait à ses agresseurs, il aurait Hilde à affronter à son retour. Ce qui ne serait certainement pas une partie de plaisir. À cette pensée, il ne put s’empêcher de sourire. Oui, il devait leur échapper. Il pouvait les semer.

- D’accord, d’accord, dit-il en passant son arc dans son dos et en rangeant la flèche dans son carquois.

Sur sa droite, il avait remarqué un tour au loin, lorsqu’il avait entrepris son ascension de l’arbre. Il s’était promis d’aller y faire un tour, lorsqu’il serait redescendu. Le moment était venu.

- Laissez-moi le temps de descendre.

S’il utilisait la branche sur laquelle il s’était appuyé pour monter, il ferait une cible parfaite pour ses agresseurs. D’ailleurs, à leurs airs mauvais, il était un peu près sûr qu’ils n’attendraient pas que ses pieds touchent le sol pour l’abattre. D’un mouvement brusque, il se tourna vers la droite, le dos collé au tronc et se laissa tomber sur une branche plus fragile. Celle-ci craqua au moment où il sautait pour se réceptionner souplement sur le sol. Les bandits contournèrent l’arbre en rigolant, persuadés que leur cible était tombée. Leurs blagues se transformèrent en injures lorsqu’ils l’aperçurent se faufiler dans les fourrés.

Alaric courait sans regarder derrière lui. Il prenait garde à effectuer des zigzag entre les arbres décharnés, utilisant leurs troncs comme protection face aux flèches qui fusaient derrière lui. L’une d’elle le manqua de peu, lui donnant l’adrénaline nécessaire pour accélérer encore.

Enfin, la tour de pierre se dressa devant lui. Dans sa course, il l’évaluait déjà, se demandant s’il serait capable de l’escalader pour s’y mettre à l’abri, lorsqu’il remarqua qu’une femme se tenait devant. Armée. Elle n’avait pourtant pas l’air d’un bandit.

- « Attrapez le qu’il ne rentre pas à Sombrebois » hurla ce qui semblait être le meneur au loin « Par-là, on va le perdre ! »

Alaric avisa l’échelle posée contre la tour. Haletant, la sueur plaquant ses cheveux trop longs sur son visage, il dévisagea ce qui lui semblait être une milicienne.

- Ces gars qui me suivent, je crois qu’ils seraient pas heureux de te croiser non plus. Laisse-moi monter.

Puis, alors qu’il entendait les pas se rapprocher, il s’avança sans la quitter des yeux.

- Vite.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyDim 2 Fév 2020 - 19:13


Il y a des sentiments étranges, presque étrangers qui resurgissent au moment les moins propices. Immobile, la noiraude conservait une main sur son arme, le souffle court, se revoyait-elle ramper sur le sol, se voyait dans cette situation particulièrement ou la mort était sur le point de venir la cueillir. Oui, lorsqu’elle s’était retrouvée enfermée dans un drôle de bâtiment subissant bon nombre de tortures psychologiques, physiques avec d’autres. La fuite, elle avait été sa dernière once d’espoir de vie et quand cette tour familière s’était dessinée elle s’était effondrée malmenée par des bandits. Chris l’avait sauvé. Chris. Son cœur s’était comme serré dans sa poitrine, loupant un battement alors qu’elle secouait doucement la tête pour revenir dans le moment présent et cet homme qui arrivait à toute jambe en sa direction, visiblement poursuivie. Instinctivement, par besoin de survivre, elle avait opiné, laissant l’homme monter le premier rapidement, avant de faire de même et de retirer l’échelle pour la bloquer. Elle s’était reculé au plus profond de la tour, pour ne pas être vue et lorsqu’il lui avait semblé que l’inconnu avait voulu se mouvoir, elle avait glissé un doigt sur ses lèvres : schhht.

Accroupie désormais pour être certaine de ne pas être vue, elle invitait d’un geste de la main à celui qu’elle n’identifiait pas de faire de même. Se baisser lentement jusqu’à être presque en contact avec la pierre froide et ancienne de la tour. Au-dessus de leur tête le plancher de l’autre étage, inaccessible semblait encore les protéger, un peu seulement, bien que quelques morceaux de bois commençaient à pourrir, à s’effondrer par endroit. Immobile toujours, celle qui avait l’habitude d’être à la fois proie et chasseuse attendait patiemment de voir si l’homme était réellement poursuivi. Les voix ne faisaient pas tout, loin de là, très loin de là. Ce fut le bruit d’essoufflement qui vinrent caresser ses oreilles, le raclement d’une gorge fatiguée par une course folle, le rythme qui ralentis et des voix qui s’agacent d’avoir semble-t-il perdu une proie, un objectif. Là aussi, difficile de ne pas se remémorer des souvenirs douloureux pour la noiraude, bien rapidement ramené dans la réalité par les traqueurs du pont inférieur.


- « Fais chier» grommela celui qui semblait être le meneur « Putain vous êtes trop lents, faut le retrouver, doit pas être loin»

Le groupe faisait soigneusement le tour de la tour de pierre, rentrant à l’intérieur sans ne jamais pouvoir arriver jusqu’à l’étage supérieur, l’escalier étant en ruine, le reste aussi d’ailleurs. L’un d’eux avait bien essayé de monter à main nue sur les pierres, mais s’était-il très rapidement retrouvé les fesses sur le sol dans un grognement de douleur. Une pierre fut jetée de rage, avant que ne soit semble-t-il toute autre chose qui vienne déstabiliser les malotrus. La pluie. Les nuages avaient commençaient à se répandre dans le ciel parfaitement visible, se gorgeant d’un gris intense, le vent avait fini par se lever : annonciateur d’une véritable tempête. La petite troupe avait fini par fuir, se promettant de ne pas rester très loin, au cas où. Un homme ayant vu potentiellement leur visage n’était visiblement pas bon. Sydonnie n’avait pas bougé, attendant, s’assurant en se rapprochant du bord qu’il n’y avait plus personne, chose faite, elle se redressa pour aviser celui qui était toujours inconnu et qui venait visiblement d’échapper à un mauvais sort.

- « Montre-moi tes avant-bras » ordonna-t-elle dans un premier temps par réflexe « Qu’est-ce que tu fais dans les marais ? Qui es-tu ? » interrogea-t-elle par habitude « et c’était qui tes copains là ? » insiste-t-elle d’un mouvement de menton en direction du sol.

Derrière elle, un éclair avait traversé le ciel, éclair qui n’avait pas encore eu le temps de retentir, mais qui n’avait pour autant pas tardé à le faire. Le bruit la fit sursauter tant la violence était imposante, importante. La pluie n’avait pas manqué de tomber juste derrière en trompe, avant que d’autres compères ne viennent traverser le ciel avec tout autant de violence. Naturellement s’était-elle approchée de l’abri de fortune, laissant ses doigts effleurer les murs de pierres… Là où les souvenirs étaient encore trop frais, là où tout était encore possible et où les traces d’une vie étaient encore là. Du bois était encore sur le côté, les pierres reposaient encore en cercle pour réaliser un feu. Tout était là, ce qui eut dont de la déstabiliser davantage, comme si rien n’avait été oublié, comme si tout pouvait reprendre, comme si Chris était en mesure de réapparaître soudainement, juste là et sans doute l’avait-elle cru en avisant la forêt dont les branchages s’étaient mis en mouvement, étrangement.

- « Merde » murmura-t-elle a contre coup « Fais chier avec ce temps on ne va pas pouvoir redescendre tout de suite… »

Il n’avait pas fallu longtemps pour les premiers bruits indiquant la présence des créatures se fassent entendre, comme si la pluie alliée de taille pour les fangeux, allait obligatoirement de pair avec eux. Elle avait froncé les sourcils, avisant la créature dont le bras qu’elle tenait entre les mains ne semblait guère lui appartenir, écœurant, à vomir. La bête ne semblait pas encore avoir vu l’étrange duo, se contentant d’erreur avec cette lenteur que la noiraude ne lui connaissait pas et comme pour tester sa vigilance avait tenté de la déstabiliser en jetant une pierre plus loin. Cela n’avait duré qu’un temps, juste le temps pour le fangeux dont les cheveux blancs, gluants et filamenteux collés à son visage ne disparaissent pour mieux réapparaître au pied de la tour.

- « J’espère que c’est pas une copine à toi » murmura-t-elle lentement en retenant un frisson



Dernière édition par Sydonnie de Rivefière le Ven 7 Fév 2020 - 18:23, édité 1 fois
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyVen 7 Fév 2020 - 15:25
Alaric glissa ses doigts sur sa dague acérée, accrochée à sa ceinture. S’il devait se battre contre cette inconnue… Heureusement pour lui, il n’eut pas besoin de dégainer. Lorsqu’elle le laissa passer et accéder à l’échelle, il la remercia d’un signe de tête. Sans perdre de temps, il se hissa dans la tour. Une fois en haut, il balaya les lieux du regard. Il n’y avait rien d’utile ici, cette tour n’était pas en ruine, mais avait été abandonnée il y a bien longtemps. Il se promit de conserver l’endroit dans un recoin de sa mémoire. Sur le sommet du bâtiment, la vue devait être belle. Et utile pour repérer les diverses créatures qui peuplaient les environs.

Le soldat veilla à ne jamais tourner le dos à la jeune femme qui le rejoignit rapidement. Après tout, il n’était pas à l’abri d’un coup de poignard dans le dos. Il recula pour rejoindre le mur du fond et s’accroupit, suivant les instructions de sa nouvelle comparse. Quand elle posa un doigt sur sa bouche, il manqua de jurer. Elle le prenait pour un idiot, ou quoi ? Le dos contre le mur, les bras posés sur ses cuisses, il gardait une distance respectable avec la noiraude. Il ne broncha pas quand il entendit les éclats de voix de ses poursuivants, attendant simplement qu’ils se lassent. Priant les Dieux pour qu’ils ne puissent pas monter. Moqueur, il étouffa un rire lorsqu’il entendit un des bandits tomber de la tour. Ah ! Même lui ne pensait pas être capable de l’escalader. Les pierres étaient trop lisses, il y avait peu de bonnes prises. La tempête qui se leva n’était pas pour arranger leurs affaires. Il les entendit déguerpir et, alors que l’inconnue observait les alentours, il se releva et déposa son arc contre le mur.

Alaric aurait voulu respirer quelques minutes, mais sa sauveuse – l’était-elle ? – entama un véritable interrogatoire. Pas de doute, il s’agissait forcément d’une milicienne. Se rendait-elle compte qu’il aurait pu lui poser les mêmes questions ? Cependant, il ne dit rien et se contenta de lui montrer ses avant-bras. Après tout, c’était grâce à elle qu’il leur avait échappé, alors autant ne pas se la mettre à dos.

- Je m’appelle Alaric. Je me promenais…

Il ouvrit sa besace qu’il tenait en bandoulière et révéla le canard qu’il avait pris un peu plus tôt. Quel gâchis s’il ne pouvait l’amener à temps à Pénélope !

- Ils voulaient mon butin. Et ma vie, je crois. J’ai préféré m’en aller avant d’en être certain.

Il prononça cette dernière phrase avec légèreté, mais celle qui lui faisait face ne semblait pas réceptive à l’humour. Du moins, pas dans l’immédiat.

- Et toi ? Une expédition qui a mal tourné ? Seule survivante ? suggéra-t-il en s’approchant du bord de la tour.

L’orage approchait. La tempête ne faisait que commencer. Ils allaient passer un sale quart d’heure. Les éclairs illuminaient le ciel noir au loin et se rapprochaient à une vitesse folle. Finalement, trouver ce refuge avait été une aubaine. Il ne serait jamais rentré à Sombrebois à temps et préférait ne pas s’imaginer dans les marais, seul et sans abri par ce temps.

Il remarqua que quelques bûches de bois avaient été entreposées sur le côté. Elles étaient encore sèches et ils pouvaient faire du feu. Cependant, vu la force du vent, il n’était pas certain que les flammes tiennent le coup. Et puis, la fumée et la lumière risquaient d’attirer l’attention. Ils étaient en hauteur, mais si les bandits étaient restés dans le coin, ils pourraient les repérer. Pas que les bandits, d’ailleurs….

- - « J’espère que c’est pas une copine à toi »

Alaric se pencha et sourit. Le fangeux errait sous la tour, imperturbable alors que la nature se déchaînait.

- Non, mais elle pourrait le devenir, dit-il en tapotant son carquois, l’air malicieux.

La situation était compliquée. Il ne savait pas combien de temps il devrait rester caché dans la tour, mais il préférait se préparer au pire. Or, il n’avait pas une quantité illimitée de flèches. La bonne nouvelle, c’est que si des fangeux rôdaient dans le coin, il n’aurait sans doute plus à affronter les bandits.

Il lui fit signe de s’abaisser à nouveau et de se retirer dans le fond, afin de ne pas être vus. Au moins, la pluie, le vent et le tonnerre masquaient leurs bruits.

Au cas où, il déposa sa besace sur les dalles de pierre, plaça son arc sur ses genoux et encocha une flèche.

- Les fangeux ne savent pas grimper. Attendons, il devrait se lasser et s’en aller. Je crains la tempête. As-tu déjà vu un ciel aussi… noir ?

Le vent balayait ses cheveux en tous sens. La pluie arrosait les planches de la tour, déjà pourries par l’humidité. En haut, on entendait des craquements qui se mêlaient aux râles de la créature en contrebas. Il frissonna. Il essayait de garder un visage serein face à la noiraude, mais il n’aimait pas ça. Pas ça du tout.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptySam 8 Fév 2020 - 12:46


Il se promenait… Un instant, tout le reste n’avait semblé plus avoir aucune importance, parce que cette phrase, cette simple phrase provoqua chez la noiraude cette envie de le secouer comme un pommier. Ses sourcils s’étaient froncés, alors que son regard effleurait la silhouette avec cette incrédulité au fond des yeux. A quel moment un homme pouvait se dire à notre époque, aujourd’hui « tiens et si j’allais me promener dans les marais en compagnie de mes amis les fangeux ». Non, Sydonnie était bien incapable de le comprendre. Ses lèvres s’étaient entrouvertes, avant de se refermer, puis de se rouvrir, avant que ses sourcils ne se froncent davantage pour finalement abandonner. Encore un suicidaire, c’est ce qu’elle avait conclu et elle n’avait plus de temps à perdre avec ceux qui n’était pas fichus de voir le danger juste sous leur nez. Cela la dépassait, clairement, et la mettait presque en colère alors qu’elle revisualisait ses proches qui s’étaient battus pour finalement disparaître de la plus tragique des manières. Ses doigts s’étaient enroulés sagement le long de sa tunique, avec cette force faisant blanchir ses articulations. Avisant ses avant-bras, puis simplement son sac et sa proie, deux suppositions avaient fini par s’insérer dans son esprit : soit était-il un sauvage, un ermite vivant non loin et sa promenade était une partie de chasse, un pirate peut-être, un brigand ou un fou simplement, soit il venait des villes encore vivantes dans le coin… Sombrebois, Lods peut-être ?

- « Non, j’ai renvoyé le groupe sous mes ordres à Marbrume. Nous venions retrouver une coutillerie disparue et pour éviter des pertes inutiles, j’ai préféré venir ici seule. » fit-elle simplement avec ce regard froid et cette distance « Sergente Sydonnie de Rivefière, je te dirais bien que je suis enchantée Alaric, mais au vu de la situation j’aurais préféré que cette rencontre ne se réalise pas »

Devait-il en être de même pour lui, alors qu’il évoquait avec cette insouciance dérangeante qu’il avait préféré fuir avant de savoir la finalité de sa première rencontre du jour. Encore une fois, la jeune femme était restée distante, étrangère à cette satisfaction dérangeante qu’elle pensait percevoir, à cet amusement. Était-ce drôle de se retrouver coincé avec une inconnue dans une tour ou d’avoir manqué de se faire tuer, était-ce agréable de manquer de se faire bouffer si cette protection de fortune devait connaître la moindre faille ? Un soupir avait fui ses lèvres, alors qu’elle se contentait de passer une main derrière sa nuque.

- « Heureuse de voir que la situation t’amuse » conclut-elle simplement « Habitant de Lod ou de Sombrebois ? » demanda-t-elle ensuite pour vérifier ses suppositions « Sans t’offenser et sans remettre en cause tes qualités de pisteurs et de survivants sans aucun doute… Évite juste de te promener dans les marais en solitaire… Sauf si ton unique but est de mourir évidemment. » D’un geste de la tête elle montrait sa proie « Tu sais déplumer ça ? Je pense qu’on va être bloqués ici un moment. »

Seul ou moins seuls d’ailleurs, parce que les véritables rodeurs et habitants des marais commençaient déjà à se pointer. La sergente avait voulu s’essayer à l’humour elle aussi, sans grand succès fallait-il bien l’admettre et quand il sous-entendait le fait de tuer la fangeuse, elle avait secoué la tête négativement. Inutile de l’énerver alors qu’elle était calme et qu’elle n’avait sans aucun doute même pas remarqué la présence des deux humains sur les hauteurs du bâtiment. Le vent s’était levé, les éclairs venaient animer le ciel avec une violence rarement atteinte et l’atmosphère s’était drastiquement refroidie. Un frisson avait parcouru le corps de la femme d’armes, désagréablement, alors que l’ensemble de ses cicatrices semblaient se réveiller pour lui murmurer à quel point elle était douloureuse. Elle avait répondu par un hochement de tête avant de se glisser au fond, avec la brume qui tombait, le vent, la pluie si intense et la présence fangeuse, il avait peu de chance que qui que ce soit ne vienne ici. Tout lui rappelait Chris, leur moment, leur échange, c’était particulier, mi-désagréable, mi-réconfortant de se dire que tout ceci avait bel et bien existé.

- « Non et c’est ce qui m’inquiète, les dieux ne doivent pas être très contents… » souffla-t-elle en s’installant sur le sol froid « On va faire un feu, mais avec le vent je ne suis pas sûr qu’il puisse véritablement tenir, peut-être en le rapprochant de la paroi… Peut-être. Avec cette brume et tout le reste, je doute que quelqu’un puisse nous repérer et au moins ta chasse ne se perdra pas. » sa phrase concernant les fangeux la laissa un instant dubitative et elle crut bon de souligner « Ca dépend… Ils sont comme nous, si nous on est en mesure de grimper, eux aussi… Évitons de ce fait de laisser l’échelle traîner » souffla-t-elle en laissant son regard se perdre sur le meuble « Restons vigilants »

Il faisait froid, c’était un fait et l’ensemble ne laissait rien présager de bon. Au loin, des cris retentissaient déjà, comme si d’autres inconscients avaient eu l’idée de se promener dans les marais, cueillis par la fange, il n’allait très rapidement plus rester grand-chose et c’est d’ailleurs avec cette pensée que les hurlements s’estompaient déjà, s’atténuaient pour disparaître complètement. Les larmes du ciel étaient si froides, que la noiraude n’avait pas pu s’empêcher de se renfermer un peu, comme dans un petit cocon, bras autour des jambes, elle tremblait légèrement. Sa position rendait son dos douloureux, alors que ses pensées venaient rapidement se porter vers le passé, vers Chris, vers lui, oui. C’est après un petit temps de silence et d’hésitation qu’elle avait fini par se redresser pour effectuer un feu. Déplacer les pierres pour former un demi-cercle non loin, contre une paroi, essayer de l’abriter du vent, de la pluie, du tonnerre qui grondait et venait illuminer le ciel, donnait l’impression qu’il allait dégringoler, s’effriter pour tomber sur terre.

- « Je n’ai jamais vu un temps aussi fort… » murmura-t-elle plus pour elle-même « Alors, Alaric, tu te promènes souvent dans les marais ? » questionna-t-elle en frottant les pierres où l’emplacement n’avait pas changé, après avoir mis les branchages « Prépare toi, pour connaître particulièrement bien les situations merdiques, je pense que la nôtre va pleinement le devenir… »

S’était une certitude, parce que ce temps-là, Sydonnie ne le connaissait aucunement, jamais. Il était donc simple d’imaginer à quel point ce vent augmentant et donnant presque la sensation de faire bouger la tour pouvait être dangereux. Le feuillage des arbres lui-même semblait se débattre, être secoué d’une manière si intense que les troncs donnaient presque la sensation de très prochainement se déraciner.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyMer 12 Fév 2020 - 12:17
Une sergente ? Alaric n’était pas tombé sur n’importe qui. Il lui offrit le salut protocolaire des miliciens, un geste qu’il n’avait plus effectué depuis des mois. Il essaya de la dévisager discrètement, de reconnaître des traits qu’il aurait pu croiser lorsqu’il vivait à Marbrume. Oui, peut-être l’avait-il déjà rencontrée, sur les bancs crasseux de la caserne, au détour d’une ruelle malodorante, ou aux abords de la ville, prêt à partir en expédition.

Il n’était pas aveugle. Il voyait à la grimace de Sydonnie qu’elle le prenait pour un fou, un insouciant. Il l’était sans doute un peu. Comme le monde dans lequel il vivait. Cependant, la situation de l’amusait pas tant qu’il le laissait paraître.

- Sombrebois. Merci pour le conseil… Mais j’avais besoin de chasser par ici.

Il n’était pas certain que la sergente comprendrait. Peu de personnes en étaient capables. Sydonnie dédiait sa vie à sauver les habitants de la cité, et c’était également ce qu’avait voulu Alaric lorsqu’il s’était engagé dans la milice. C’était toujours sa volonté, maintenant qu’il travaillait pour Hector : il était prêt à tout pour sauver ses amis de Sombrebois, ainsi que les paysans qui y habitaient désormais. Mais il savait au fond de lui que c’était également pour lui qu’il agissait ainsi. Rencontrer les fangeux, voir la mort en face et en sortir plus vivant que jamais.

En silence, il attrapa son canard et, assis sur la dalle froide, entreprit de le préparer à l’aide d’un petit couteau. La tâche était plus simple après avoir plongé la bête dans une bassine d’eau bouillante… Mais il n’avait que de l’eau froide et gelée sous la main. La tempête se rapprochait, hurlait entre les planches de la vieille tour.

Occupé à sa tâche, il écoutait Sydonnie d’une oreille distraite, hochant la tête lorsqu’elle entreprit de préparer un feu. Ils en auraient besoin, de toute façon. Et puis, sans l’échelle, il ne pensait pas qui quiconque monterait les rejoindre. Pas même les fangeux.

Des cris lointains se mêlèrent aux gémissements du vent et au grondement du tonnerre. Alaric raffermit sa prise sur sa proie, tandis que ses entrailles se contractaient. Il ne savait que trop bien ce qui se déroulait dans les marais. Il adressa une nouvelle prière aux Trois puis se concentra à nouveau sur sa tâche.

- J’ai pour habitude de me promener dans la forêt de Sombrebois, mais…

Il hésita, se mordit la lèvre et fit mine de continuer son ouvrage.

- Je la connais par cœur. J’avais besoin d’un autre terrain de jeu.

La bête déplumée, il entreprit de la fixer sur une flèche, à la manière d’une broche. Ensuite, il la déposa sur sa besace et aida Sydonnie à allumer un feu.

- Oui, je ne sais pas ce qui nous attend… Mais les Dieux nous ont réunis pour affronter ça. Ça va aller.

Il voulait y croire.

Alaric ramassa quelques buches et les posa au centre des pierres préparées par la sergente. Il la laissa allumer le feu, puis posa le canard au-dessus des flammes à une distance respectable afin qu’il ne cuise pas trop rapidement. La graisse de la viande attisait les flammes, ce qui eu le mérite de le réchauffer.

- Pourquoi n’es-tu pas rentrée avec le groupe ?

Il se força à poser la question, afin d’éviter tout lourd silence entre eux deux. La situation était déjà suffisamment inconfortable. Et puis, la réponse l’intriguait.

- Tu connaissais l’endroit, je me trompe ?

Il l’avait trouvée devant la tour, prête à monter. Mais elle ne semblait pas curieuse, n’avait pas examiné le plancher comme il l’avait fait. Une milicienne, une sergente d’autant plus, avait ce genre de réflexes, normalement.

Accroupi, un bras passé autour de ses genoux, il fit glisser la broche entre ses doigts afin de retourner le canard. Il espérait qu’il pourrait terminer la cuisson avant que le vent, terriblement fort, l’en empêche.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyMer 12 Fév 2020 - 20:20


- « Sombrebois »… souffla-t-elle en opinant simplement de la tête à la salutation qu’elle ne connaissait que trop bien « Ce brave Baron est encore vivant ? Améliore-t-il encore sa demeure ? » s’autorisa-t-elle dans un élan de curiosité.

Hector était un homme qu’elle avait rencontré lors d’une perdition dans les marais. La coïncidence était étrange bien qu’elle soit convaincue de ne plus être cette même jeune femme fraîchement débarquée dans la milice. C’était un peu nostalgique en soi, de réaliser que chacun continuait son bout de chemin un peu à sa façon. La noiraude n’avait guère pu laisser trop traîner ses pensées, bien trop déstabilisé par le lieu et cette météo qui semblait se dégrader au fil que les minutes s’écoulaient. Une légère grimace était venue déformer ses lèvres, alors que ses doigts venaient s’enrouler autour des pierres permettant de réaliser –l’espérait-elle tout du moins- un petit feu. Chacun s’était donc attelait à sa tâche, sans que la sergente n’ait besoin d’analyser l’endroit, ou de chercher ce dont il lui était nécessaire pour la réussite de sa tâche. Rien n’avait changé, absolument rien, était-elle presque certaine que derrière l’immense pierre sur le côté gauche de la pierre, se trouvait encore les peaux de bêtes, de quoi faire une couche et avoir un peu chaud. Fermant les yeux et prenant une légère inspiration, elle revoyait parfaitement les scènes, les rencontres, les échanges et son cœur n’avait pu s’empêcher de se serrer dans sa poitrine. À chaque fois qu’elle avait cru effleurer du bout du doigt l’amour sincère, celui-ci s’envolait de la plus cruelle des manières.

- « Un autre terrain de jeu » murmura-t-elle en avisant la première étincelle qui ne donnait rien « Aurais-je vu juste ? » questionna-t-elle en relevant légèrement le menton « Tu es un peu suicidaire » conclut-elle en observant son deuxième échec.

Les sourcils légèrement plus froncés, le regard un peu plus concentré, la femme d’armes s’activaient davantage pour espérer les petites brindilles encore sèches s’embrasser, mais malgré les quelques tentatives, l’ensemble fut un cuisant échec, bien qu’un léger filet de fumée s’échapper de sa préparation. Peut-être que ? Ce n’est que lorsque son survivant des marais vint essayer à son tour, que l’ensemble crépita enfin. Une bonne nouvelle.

- « Bien joué ! Je n’ai jamais été très doué dans la réalisation des feux » fit-elle en offrant un demi-sourire et frottant ses mains sur ses cuisses « Je vais préparer le restant du bois » affirma-t-elle avec une certaine lenteur en se redressant « C’est une drôle de tempête, j’ignore si les Trois ont voulu nous réunir… Et pour quels motifs ? » la Trinité, cela faisait bien longtemps qu’elle n’y croyait plus positivement « Désolée, mais j’ai bien peur que ta présence avec moi sonne plus comme une sanction de nos dieux qu’une aide providentielle » plaisanta-t-elle sincèrement.

Les braises avaient fini par prendre et les branchages restants étaient soigneusement à l’abri, du vent, de la pluie. Les nuages s’étaient noircis davantage et un bref regard vers le ciel ne pouvait qu’annoncer le pire à venir. Alors que les flammes semblaient enfin prendre, la noiraude s’immobilisa détaillant simplement celui qui venait de l’interroger sur la raison de sa présence solitaire.

- « Je voulais vérifier que la coutillerie recherchée ne s’était pas davantage enfoncée dans les marais. Seule, je fais moins de bruit et je risque moins de vie. Mes hommes sont habitués à mon besoin de solitude, malgré les risques que cela comporte » et puis, dans le fond cela lui avait aussi permis de retrouver cette tour « Deux suicidaires, drôle d’équipe » souffla-t-elle avec cette étrange désinvolture dans la voix « Sombrebois, donc ? Au vu de ta manière de me saluer tout à l’heure, je suppose que tu es un ancien de l’armée, ou bien un milicien ayant déserté ? »

Cela ne la surprenait plus tant que ça, cette notion de désertion. Qui était encore de nos jours suffisamment fou pour donner sa vie pour celle des autres. Surtout au vu du contexte avec la fange, les sectaires, à chaque fois que la situation avait semblé s’améliorer encore, une véritable catastrophe ne tardait jamais à s’abattre sur le royaume entier. La jeune femme ne put néanmoins que brièvement secouer la tête, elle connaissait l’endroit, c’est vrai, mais de là à lui expliquer comment c’était une autre histoire.

- « Oui, je venais souvent en mission par ici, avec cet abri… Et puis, j’ai fini par me retrouver affilié à l’interne, avant de devenir sergent » elle fit une pause étrange « Je suis affectée à l’extérieur de nouveau depuis peu » depuis qu’elle aspirait peut-être un peu à la mort, depuis que Roland l’avait abandonné lâchement « Regarde ça ! » s’exclama-t-elle de cette manière étrange alors qu’un imposant éclair venait de fendre le ciel pour tomber non loin, déchirant un arbre et son tronc en deux.

Le feuillage recouvrait déjà le sol, emporté par un vent qui faisait vibrer la tour de cette étrange manière. L’ensemble était si fort que la noiraude se demandait si l’ensemble n’allait pas finir par s’écrouler elle aussi. En bas, les créatures rodaient comme-ci de rien n’était, visiblement très à l’aise dans cet environnement aqueux, les inondations ne seraient pas une surprise et lorsqu’un nouveau coup de tonnerre se fit entendre, elle ne put que sursauter légèrement.

- « Merde » grogna-t-elle « On va vraiment être coincée là… Fais chier » elle avisa le feu et le canard qu’il venait de retourner, même l’odeur alléchante ne lui donnait pas nécessairement faim, bien au contraire « Ok, j’te propose qu’on s’organise en tour de garde, tu dois bien savoir faire ça ? Enfin, on peut manger avant et puis j’commencerais…’fin si ça te va, mais tu as dû sacrément fâcher les Trois pour te retrouver ici… »

Elle s’était installée dans un coin, loin du vide, essayant de s’abriter autant que possible alors qu’elle sentait déjà son vêtement lui coller à la peau et sa chevelure s’imbiber des perles salées tomber en quantité du ciel. J’entendais le vent s’engouffrer dans les ouvertures de la tour créant cette mélodie étrange, comme si des esprits étaient présents, comme si la mort elle-même venait murmurer à nos oreilles.

- « Pourquoi te perdre à Sombrebois ? Une envie de devenir chasseur ou t’éloigner de la ville ? »

Et les éclairs illuminaient le ciel et le vent continuait de chanter et la pluie de s’abattre inondant certain renforcement de la tour.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyLun 17 Fév 2020 - 12:20
- Hector fait de son mieux pour reconstruire le bourg, affirma Alaric.

Le soldat tenait le baron de Sombrebois en haute estime. Bien plus que son supérieur, il était également son ami. Hector lui avait offert une nouvelle vie dans laquelle Alaric croquait à pleines dents chaque minute qui passait. Il avait fait de son mieux pour l’aider à rendre le bourg plus sûr et il était fier d’y avoir contribué.

Malgré la situation, il sourit lorsque Sydonnie le qualifia de suicidaire. Il ne releva pas le mot, mais l’aida plutôt à faire flamber le bois sec. En peu de temps, il transforma la fumée créée par la sergente en un faible brasier qui commença à crépiter. Il la laissa s’occuper du reste, tandis qu’il s’affairait de nouveau à son canard.

- Une sanction ? Pour toi peut-être, pas pour moi. Je pense que les Trois nous ont réunis car nous pouvons nous en sortir ensemble, répondit-il sérieusement.

D’un geste de la main, il désigna son corps de haut en bas, puis de bas en haut.

- Tu as avec toi un homme avec du gibier… et qui sait faire du feu, plaisanta-t-il. Que demander de plus ?

L’atmosphère s’était légèrement détendue entre eux, le ton de Sydonnie s’était fait moins agressif, accusateur. Sans doute acceptait-elle qu’elle resterait coincée ici, avec lui, un long moment au vu de la nature déchainée. Il l’écouta répondre à ses questions en silence, concentré sur le feu et sa broche improvisée. Les flammes dansaient, parfois gonflées par le vent, attisées par la viande ou affaiblies par la pluie qui venait battre le plancher, portée par le souffle glacial. Il manqua de la qualifier de suicidaire à son tour, mais la sergente le priva de cette tentative. Il rit doucement, avant de porter son regard vers le ciel noir, illuminé par les éclairs. C’était effrayant… Mais beau en même temps.

- Je n’ai pas déserté. Hector de Sombrebois m’a proposé de travailler pour lui et j’ai accepté.

Il observa Sydonnie tandis qu’elle lui confiait connaître les lieux. Il y avait plus que ça, mais il ne la poussa pas à plus de détails. Il n’en avait pas besoin et, à vrai dire, la vie de la sergente ne l’intéressait guère.

- J’aurais pu être sous tes ordres. J’étais affilié à l’externe, moi aussi.

Ou peut-être qu’elle aurait pu être sous ses ordres ? Qui sait… Peut-être aurait-il pu gravir les échelons de la milice, lui aussi. Elle le sortit de sa rêverie quand elle pointa un éclair qui s’abattit sur un arbre. Sous le coup de sa puissance, celui-ci se coupa en deux et s’embrasa avant de laisser un tronc noirci.

Alaric se redressa. Merde. Il suivit le regard de Sydonnie, dirigé vers le bas, vers les fangeux qui rôdaient toujours en bas, pas préoccupés le moins du monde par le temps chaotique.

- Je sais faire un tour de garde, oui.

Il se garda de lui dire qu’il était le chef de la garde de Sombrebois.

- Nous mangerons dès que ce sera possible.

Il marqua une petite pause.

- Qui te dit que ce n’est pas toi qui a fâché les Trois, hm ?

Alaric n’avait rien à se reprocher. Et malgré la situation qui devenait de plus en plus difficile, il gardait une confiance inébranlable en ses divinités. C’était pour cette raison qu’il préférait voir cette alliance avec Sydonnie comme quelque chose de bénéfique. À la place de tomber sur la sergente et le confort de la tour, il aurait pu se retrouver seul, dans les marais, à chercher un abri. Non, vraiment, il les remerciait de l’avoir mené jusqu’ici.

L’odeur alléchante du canard emplit peu à peu la tour. Son estomac commença à gargouiller. La chair rôtissait, la graisse coulait dans les flammes. Bientôt, le cœur de la viande cuirait à son tour et il pourrait enfin se délecter de son butin. Mais il devrait se montrer patient. Il espérait que la nature lui en laisserait le temps.

- À Sombrebois, je peux m’évader. J’étouffais à Marbrume. Ces derniers jours… je ne sais pas. Je n’avais plus assez avec Sombrebois. Alors je suis venu chasser dans les marais. Cela faisait longtemps que je ne m’y étais plus retrouvé seul…

Depuis qu’il y avait perdu toute sa famille. Depuis qu’il avait gagné Marbrume au bout d’une semaine à survivre dans ces foutus marais. Peut-être était-ce ce qui avait fâché les dieux ? Il aurait dû mourir dans cet environnement hostile, alors qu’il n’avait que 18 ans. Non. Les Trois lui avaient permis de vivre, ils lui avaient donné une force qu’il ne se connaissait pas pour gagner la cité. Il en était sûr.

- Un suicidaire, comme tu dis.

Il secoua la tête et retourna sa proie. Malgré lui, il laissa s’écouler plusieurs minutes sans rien ajouter. Il aimait le silence, mais vu le vent et la pluie, c’était raté. Il tourna la tête vers son arc, tombé sur le plancher à cause des bourrasques. L’arme ne lui serait d’aucune utilité, s’ils devaient faire face à l’une ou l’autre menace. À sa ceinture pendait sa dague acérée. Son contact le rassura. Soudain, un craquement sinistre retentit sous ses pieds. Alaric fronça les sourcils et, soucieux, observa le sol.

- Si un éclair nous tombe dessus, la tour risque de s’effondrer.

Il avait pensé trouver un refuge confortable en cette tour, mais il n’en était plus si sûr, à présent. Si jamais le bâtiment s’écroulait, il devrait faire face aux créatures qui erraient en bas.

- Quelles armes as-tu sur toi ?

Il retira le canard du feu, l’inspecta et pinça la chair afin d’évaluer sa cuisson.

- J’espère que t’aimes le canard saignant. Je crois que si on veut le goûter, mieux vaut le manger maintenant.

Au moins, il n’aurait pas tué cette bête pour rien. Et il aurait le ventre plein. Une bonne nouvelle, vu la nuit qu’il s’apprêtait à vivre.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyMar 18 Fév 2020 - 11:08


- « Hector ou Victor ? » questionna-t-elle avec un brin de malice

Si la noiraude ignorait les grandes lignes, elle n’était pas sans savoir l’accord passé entre le baron de Sombrebois et le comte de Rougelac. Un opportuniste comme lui ne laisserait certainement pas un domaine se perdre ainsi, aussi ne fut-elle pas surprise d’apprendre –ou de penser comprendre- que des travaux étaient en cours pour renforcer le bourg, sans doute le domaine lui-même. Néanmoins, ne pouvait-elle s’empêcher de voir en ce changement de directive l’influence du comte en personne. Hector était un homme particulier dont les multitudes rumeurs ne jouaient guère en sa faveur. Si Rougelac n’était pas à plaindre non plus vis-à-vis des éléments perturbateurs, devaient-elle bien l’admettre, dernièrement, il connaissait une amélioration, tout du moins, depuis son mariage qui avait malheureusement fini d’une tragique façon. La jeune femme ne s’autorisa néanmoins pas à exprimer le fond de sa pensée, aucunement à cause d’une éventuelle pudeur, mais parce que cela ne lui semblait pas nécessaire. Si elle était devenue pessimiste avec le temps, elle savait et avait la certitude de par son expérience que survivre ainsi en plein milieu des marais était du suicide. Les Hommes avaient des difficultés à maintenir le Labret, à assurer la sécurité de Marbrume, comment un groupe réduit pourrait survivre ou tout du moins espérer vivre normalement dans un territoire hostile au milieu des marais, repère et terrain de jeu de la fange en personne ?

La situation ou tout du moins, la conversation avait néanmoins dévié et si la sergente n’était guère une adepte de l’humour, ne put-elle retenir un sourire en coin de se former sur ses lèvres, alors que son interlocuteur se désigner des pieds à la tête comme l’homme de la situation. Un léger rire avait même semblé s’échapper de sa bouche alors qu’elle secouait doucement la tête et passait une main sur son visage, puis sur sa chevelure humide.


- « Mh, en effet, que pourrais-je demander de plus que cet homme fort, habile avec le feu et possédant une proie… » elle laissa un petit silence « La fin de la tempête peut-être ?! » enchaîna-t-elle dans un soupir « Je vois que monsieur est un éternel optimiste… »

J’avais fini par me déplacer lentement, l’abandonnant à sa broche, son feu se mouvant au rythme de la tempête. Je n’avais pas très faim, non, cela faisait bien longtemps que je n’avais plus faim de toute façon. Je sentais l’ensemble de mes poils se dresser sous le froid, si bien que j’avais fini par aller vérifier si les peaux de bêtes se trouvaient encore à leur emplacement, ce qui était le cas, à ma plus grande surprise. Bougeant légèrement les pierres, j’avais fini par en récupérer deux, et par réinstaller une couche convenable, le plus à l’abri possible du vent et de la pluie. Le ciel était obscur, illuminé par quelques nombreux éclairs qui s’abattaient autour d’eux, à une distance parfois si lointaine qu’il n’était pas visible. Se rapprochant, la jeune femme avait confié une peau à celui qui expliquait être parti après avoir accepté l’offre du baron. Un suicidaire donc. Elle conserva sa pensée avant de secouer la tête et de se mettre à rire.

- « Et tu aurais détesté ça, crois-moi » affirma-t-elle sans la moindre hésitation « Un homme sous les ordres d’une femme, par défaut déjà ça ne plaît pas, mais je ne suis pas connu pour ma délicatesse, ma compréhension, ou mon absence d’acceptation de missions » souffla-t-elle un peu amusée « Et puis, je suis de l’externe depuis peu, enfin je suis revenue à l’externe il y a peu » elle se garda d’évoquer le couronnement du roi, la perte de son mari, de son bébé, du peu qu’elle avait réussi à reconstruire.

Sa voix n’avait même pas varié, ou alors uniquement pour une personne très observatrice et attentive. Son visage exprimait toujours cette neutralité, alors que son regard se teintait parfois de se voile de colère, de rancœur, de tristesse et d’incompréhension. Elle s’était elle-même enroulée dans sa propre peau de bête, le tout sentant particulièrement le renfermer sans que cela ne semble la gêner. Sydonnie était une femme ayant appris à survivre, à se contenter du peu, peut-être même finalement que désormais qu’elle ne ressentait plus que se vide immense dans sa poitrine, ne savait-elle faire plus que ça, survivre.

- « En même temps un ancien milicien ne sachant pas faire de tour de garde… Je t’aurais volontiers dit que tu avais bien fait de changer de métier. » elle fit un léger silence, beaucoup de miliciens souhaitaient partir, partir pour faire quoi ? « Changer pour quoi d’ailleurs ? Chasseur ? Éleveur de poule ? » questionna-t-elle un brin malicieuse.

Un nouveau coup de tonnerre était venu la déstabiliser, la froisser légèrement, si bien que son regard s’était porté un brin inquiet vers ce ciel qu’elle craignait voir s’effondrer sur eux. Elle passait ses doigts sur ses avants bras, frottant pour essayer de se réchauffer, alors que le feu lui-même lui semblait en péril. Impossible pour eux d’imaginer descendre, la fange rodait déjà sans être affecté ni par le souffle du vent qui animait pourtant les arbres –menaçant de faire déraciner certains-, que la pluie s’abattait avec une force digne de petite pierre. Lorsqu’il la questionna sur le fait qu’elle pouvait être responsable de la colère des Trois, elle fit silence, préférant ne pas répondre immédiatement, alors que la conversation évoluait. Il parlait d’étouffement à Marbrume, à Sombrebois, jusqu’à avoir envie de se retrouver seul. Ce sentiment de solitude, la jeune femme le comprenait mieux que personne, le cherchait-elle, néanmoins, Sydonnie savait parfaitement ce qu’elle fuyait : les gens, les souvenirs, les relations. Lui qui avait décidé de vivre dans un minuscule domaine en plein milieu des marais, il avait forcément choisi ce rapprochement des individus y vivants, alors pourquoi fuir ?

- « Un suicidaire en effet. » Conclut-elle « Et pour te répondre, qui peut se vanter de n’avoir jamais contrarié les Trois ? Entre ceux qui vivent une idylle en dehors du mariage, ceux qui se mentent à eux même, ceux qui pensent qu’ils sont responsables de la présence de la fange. Ceux qui abandonnent leur compère pour se réfugier égoïstement dans un domaine éloigné…» elle l’avait piqué volontairement, mais d’une voix teintée d’humour « Personne ne peut dire qu’il n’a jamais rien fait qui sort des préceptes de nos croyances et de nos valeurs. » elle fit un petit silence « Mais je veux bien endosser la responsabilité de leur colère si tu le souhaites, il y a de quoi… »

Elle avait perdu un bébé, n’avait pas réussi à porter la vie, n’avait pas été suffisamment forte pour convaincre son mari de rester, n’avait pas réussi à sauver son ancien supérieur ou sa fille adoptive… Avait-elle aimé sincèrement un banni avant ça, puis un mercenaire, tous deux avaient eux aussi disparu. Alors, non, sa vie était loin d’être à l’image des critères des Trois, peu importe ce qu’elle faisait de bien, la noiraude avait la sensation que cela ne suffirait jamais pour réparer ses erreurs. Ce n’est que la voix de l’ex-milicien qui la sortit de ses pensées, alors qu’il craignait que la tour ne s’effondre. Si c’était le cas, aucun doute que ni l’un ni l’autre n’y survivraient. Fallait-il de toute façon parvenir à survivre à cette tempête dont le vent semblait chanter une mélodie morbide, étrange.

- « Deux épées, mon armure, trois dagues. » cela ne serait pas suffisamment « Si cela peut te rassurer, si la tour s’effondre et qu’on parvient déjà à survivre à l’effondrement et avant ça à la brûle d’un éclair qui nous tombe sur la tête. Je doute qu’on trouve encore la force de se battre contre la fange. Une créature serait déjà impossible à battre, alors plusieurs…. » elle se contenta de rouler des épaules « Profite de cette nuit comme si c’était la dernière ! » fit-elle dans un petit clin d’œil un brin désinvolte « Goûtons ton canard ! »

Elle n’avait pas attendu pour venir récupérer sa broche de fortune, essayant de répartir –d’arracher- des morceaux plutôt égalitaires –tout en se brûlant les doigts-, entre elle et son invité. Elle ne put s’empêcher de frissonner avant de porter à ses lèvres la viande, qu’elle mâchait lentement, sans la moindre faim, ni envie. Autour d’eux, tout semblait encore s’intensifier, ce qui commençait à devenir inquiétant, étrange, alarmant. La tour tremblait elle aussi de cette étrange manière, sans pour autant dévoiler toute faille, un arbre non loin avait fini par s’effondrer, attirant les quelques fangeux traînants en bas, grognant, gémissant de cette étrange manière. La pluie avait fini par presque éteindre le feu, alors que le vent le ravivait involontairement. Les vêtements devaient coller à la peau, les cheveux au visage et la froideur du moment devaient rendre l’ensemble un brin déstabilisant.

- « T’inquiète pas » souffla-t-elle en sa direction « Je suis sergente… C’est mon rôle de protéger la population. Si tout devait s’effondrer, si le ciel devait nous tomber sur la tête, je te protégerais un peu avant de m’éteindre. » fit-elle sans qu’il ne soit possible de définir si elle faisait de l’humour ou si elle était complètement sérieuse « Tu connais la rumeur des marais ? » fit-elle finalement « On raconte qu’une femme ressemblant un peu à un fangeux vêtu de blanc hante les marais. Elle aurait été tuée par les chiens de son mari en pleine chasse, il l’aurait abusé avant de la regarder agoniser dans l’eau croupie et malodorante du lieu… Depuis, elle hanterait les lieux, attirant les hommes se promenant seuls, pour les noyers dans la boue des marais… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyDim 23 Fév 2020 - 11:28
- « Hector ou Victor ? »

Alaric lui sourit, mais ne répondit rien. Un silence éloquent et un regard entendu entre eux était la meilleure réponse qu’il pouvait lui fournir. Si elle était au courant des accords passés entre le compte de Rougelac et le baron de Sombrebois, le soldat n’avait pas grand-chose à lui apprendre de plus. Il était vrai que Victor avait bousculé les choses dans la reconstruction de Sombrebois, mais il savait que la démarche tenait à cœur au baron. Il demeurait le patron du bourg et Alaric était à son service. La décision finale, c’était à Hector qu’elle reviendrait et c’était lui que le jeune homme soutiendrait.

- Le bourg est fortifié, repousser les fangeux depuis les remparts a fonctionné jusqu’à présent... Puisse les Trois nous permettre de continuer.

Il était soulagé de voir la conversion devenir plus légère au fil de leurs discussions. L’entendre échapper un rire lui confirma qu’il était parvenu à détendre l’atmosphère. De sa part, c’était plutôt rare. Être en face d’une personne encore plus sombre que lui l’avait poussé à changer la donne. C’était un sentiment étrange, mais il aimait ça.

- « Je vois que monsieur est un éternel optimiste… »

Il haussa les épaules. Il n’était pas certain que l’adjectif lui corresponde. Il vouait simplement une foi inébranlable en ses dieux. Cette confiance lui permettait d’avancer et de croire en un avenir meilleur. Comme tout le monde, il avait des jours sans, il avait vécu des situations qui l’avaient fait douter. Mais à chaque fois, il revenait vers ses prières et les formulait avec plus d’intensité. Les fangeux étaient un problème, mais tout problème avait sa solution. Il suffisait de la trouver. Il se sentait investi de cette mission malgré lui.

Alaric observa Sydonnie s’emmitoufler dans des peaux de bête. Un confort incongru dans un tel lieu qui n’était pas inconnu de la sergente. Un détail supplémentaire qui confirmait son hypothèse : la noiraude avait une bonne connaissance de la tour.

- Je n’ai pas de problème avec les femmes. Je vous pense bien courageuse pour vous enrôler dans la milice. Voir que tu as gravi les échelons prouve que tu mérites ta place.

Il était vrai qu’il avait été surpris d’apprendre qu’elle était sergente. Les femmes dans la milice étaient mal vues, mais si en plus elles certaines d’entre elles dirigeaient les hommes… Inutile de dire que ça ne devait pas plaire à tout le monde. Alaric était loin de ces considérations : il voyait en elles un soldat comme un autre, peut-être même encore plus déterminé que ses semblables.

- Je n’ai pas eu l’impression de changer de métier, avoua-t-il. Je ne sers plus le du…le roi, mais un baron. C’est le seul changement. Je continue de protéger les gens… et il est vrai que j’ai pris goût à la chasse.

Concentré sur sa cuisson, il l’écoutait répondre à ses questions. Entrecoupées de coups de tonnerre, de flashs et du martèlement de la pluie contre les pierres de la tour. Il y avait un décalage presque drôle, entre leur discussion calme et le déchaînement de la nature qui les enveloppait.

- Ceux qui abandonnent leur compère pour se réfugier égoïstement dans un domaine éloigné…»

Il manqua de lâcher sa broche et releva son visage vers Sydonnie. Il n’avait jamais vu sa décision sous cet angle. Il n’avait pas eu l’impression d’abandonner Marbrume à son triste sort, ni ses camarades de caserne. Il n’avait pas pensé quitter le navire et les laisser sombrer, tandis qu’il coulait des jours heureux à Sombrebois. Après tout, vivre dans le bourg fortifié n’était pas non plus de tout repos et la menace guettait chaque jour. Alaric comprit que la sergente le titillait, mais sa remarque lui fit plus de mal qu’il ne l’aurait cru. Il se contenta de hausser les épaules et de lui tourner le dos, alors qu’elle-même semblait se perdre dans de sombres pensées.

Il trouvait son armement plutôt étoffé. De quoi avait-il l’air, lui, avec ses deux dagues et son arc ? Sydonnie émettait la possibilité qu’il s’agissait de leur dernière nuit, qu’ils mourraient bientôt, soit à cause du terrible orage, soit parce que les fangeux les dévoreraient. Alaric n’avait même pas envisagé ce cas de figure. Il ne pouvait pas mourir maintenant. Et de toute façon, il savait qu’il vivrait encore. La mort était une ombre qui planait au-dessus de lui depuis cette fameuse semaine dans les marais. Si elle avait voulu le prendre, elle l’aurait fait cette fois-là. Cette nuit ne serait pas différente.

- Je ne compte pas mourir aujourd’hui, répondit-il entre deux bouchées de canard.

La viande était chaude, encore saignante. Il se délectait de sa prise, ravi d’avoir le ventre plein. Ce maigre repas le remit d’aplomb, chassa les pensées obscures qu’il avait eues quelques instants plus tôt.

- Je crois que les Trois se moquent que tu sois sergente.

Il avala un morceau de chaire tendre et passa sa manche sur sa bouche afin d’empêcher le jus de couler le long de son menton.

- On est là pour s’entraider. Peut-être que c’est moi qui te protégerai.

Il comptait bien s’en sortir et il espérait que la noiraude suivrait le même chemin. Lui aussi se sentait responsable d’elle. Pas parce qu’il était un homme ou un ex-milicien, mais parce qu’elle était un être humain. Et puis, il avait la sensation qu’elle serait une grande perte pour Marbrume. Comme lui serait une grande perte pour Sombrebois.

- Je ne connais pas cette légende. Et pourtant, je suis un homme seul qui se promène dans les marais.

Il rit. Il faisait peu de cas de ce genre de rumeurs, parce qu’elles étaient surtout créées par la population pour effrayer les gosses. Ou certains miliciens, certainement.

Il terminait son repas quand il entendit des râles et autre gargouillements en contrebas. Il jura et, son bras devant le front pour se protéger du vent et de la pluie, il s’avança vers le rebord. Malgré l’obscurité, il repéra des fangeux griffer les dalles de la tour. Les créatures essayaient de monter et s’énervaient contre le bâtiment.

- Ils ont peut-être senti l’odeur ? dit-il en pointant la broche du doigt.

Il les observa en cachette, avant de rejoindre le feu. Désormais trempé, il se réchauffa contre les maigres flammes. Maintenant que la viande n’était plus, elles n’avaient plus que le bois humide pour survivre.

- Tu ne trouves pas ça étrange ? Qu’ils ne craignent pas la tempête. Les animaux en ont peur, pourquoi pas eux ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyDim 23 Fév 2020 - 16:06


- « Tu sers toujours le Roi ne vas pas te méprendre » fit-elle en le détaillant lentement « Tout lui appartient, c’est désormais son royaume. Ton baron est sous ses ordres qu’il l’accepte ou pas et s’il lui prenait l’envie d’offrir son petit domaine à un autre dans un claquement de doigts, il n’aurait d’autre choix que de lui obéir ou de mourir dans une révolte inutile. »

C’était une réalité difficile à entendre, pouvait-elle le comprendre, mais néanmoins essentielle à garder à l’esprit. S’il était évidemment que l’influence du Roi n’était pas la même que celle d’hier, ne pouvait-il pas venir récupérer ses taxes, ne pouvait-il pas venir réaliser une visite, vérifier que ses lois étaient appliquées ou faire vérifier, mais il gardait néanmoins ce pouvoir, cette omniscience. La noiraude avait jeté un coup d’œil à cet homme qu’elle ne comprenait pas. Fuir Marbrume, l’entendait-elle, le faisait-elle en acceptant les missions, en s’affiliant à l’externe, en revanche, décider de vivre entre les murs abîmés d’un domaine perdu au milieu des marais, cela ne lui faisait que penser à un moment désespéré à la recherche d’un semblant de vie ou de mort. Laissant ses doigts effleurer la pointe de son menton, elle avait pris une légère inspiration, préférant éloigner de son esprit la multitude de questions. Elle décortiquait simplement le canard, emmitouflée dans cette peau de bête qui ne contenait plus aucune odeur rassurante, agréable, envoûtante. La femme d’armes avait cette sensation de nostalgie, gonflant son cœur de cette douleur à peine cicatrisé qui ne demandait qu’une chose : éclater. Avalant par obligation, pour ne pas paraître trop en perdition, elle se contentait d’écouter ce semblant de confirmation, sans trop se questionner, sans trop enquêter. Il lui semblait tellement loin de la réalité, tellement dans cette espèce de bulle d’insouciance ou il fait bon vivre, ou on peut se promener dans les marais, ou les Trois sont encore là, bienveillants et aimants.

- « Je crois que les Trois se moquent de bien des choses » murmura-t-elle lentement, avec ce dégoût de plus en plus prononcé pour l’alimentation, si bien qu’elle semblait mettre un temps infini à manger, mastiquer, avaler « Mais je ne crois pas que tu sois sur le bon chemin en te rassurant perpétuellement avec eux » souffla-t-elle « Ce sont des observateurs avant d’être des acteurs » confirma-t-elle avec cette sensation d’être un peu ronchonne.

Ses yeux s’étaient légèrement écarquillés alors qu’il évoquait le fait de la protéger, pourquoi ferait-il ça ? Instinctivement, elle s’était reculée sans trop le mouvoir, comme un animal sauvage qu’on tenterait d’approcher. Non, il ne l’aiderait pas. L’Homme était ainsi fait, l’Homme était égoïste et hormis ceux n’ayant définitivement plus rien à perdre, les autres préféraient s’assurer de leur propre survie, que de celle des autres, s’était une réaction instinctive, naturelle qui ne la choquait plus tant elle avait pu l’observer. La révolte de ce type d’acte n’était plus présente. La sergente s’était contentée de rouler des épaules avec cette négligence désinvolte.

- « Peut-être… » articula-t-elle en laissant sa main essuyer ses lèvres « Qu’est-ce qui te reste à perdre ? » questionna-t-elle comme pour attester sa supposition.

Elle s’était mise à rire légèrement lorsqu’il évoquait ne pas connaître la fameuse légende, elle se contenta de secouer légèrement la tête d’un air un peu amusée. Il n’avait pas l’air de connaître grand-chose à ses yeux, il lui semblait plus être un fuyant, ceux qui ne reste jamais longtemps au même endroit pour s’échapper de ses pensées, des actons, des difficultés… Celui qui va enterrer sa tête dans la terre, pour ne pas voir ce qui l’entoure avec cette fascination pour le reste, cet espoir naïf, cette envie de voir les choses s’améliorer sans pourtant tout faire pour que ce soit le cas.

- « Peut-être qu’un jour tu la rencontreras, toi qui te promènes seul dans les marais… » murmura-t-elle avant de se réchauffer autant que possible sous la peau « Parce que tu as déjà vu un fangeux manger de la viande autre qu’humaine ? » quémanda-t-elle en se redressant, longeant les pierres humides et désormais glissantes, jetant un œil « Tu veux tester ta supposition ? » questionna-t-elle « Regarde. » Elle retira un morceau de viande restant de sa brochette de fortune pour le jeter dans le vide, non loin de la fange rodant et usant de ses griffes sur les parois, le morceau lui heurta la tête, sans que cela ne semble aucunement impacter la créature « Tu as raison, c’est ben la viande qu’ils ont dû sentir, mais certainement pas ton canard. » elle fit mine de humer l’air en sa direction « Depuis combien de temps tu te promènes seul dans les marais déjà ? »

Elle était venue se réinstaller sur le semblant d’abris, bien que déjà particulièrement humide, elle lui fit signe d’approcher, consciente que les températures chutaient drastiquement. Sydonnie n’aimait pas la proximité, mais la vapeur qui s’échappait de ses lèvres lui indiquaient toute autre chose, ainsi elle avait fini par se relever pour lui offrir la peau de bête.

- « Prend là pour te réchauffer, on va se la passer » affirma-t-elle dans une voix sonnant plus comme un ordre qu’autre chose « Ce que je trouverais étrange c’est qu’il se comporte comme un animal ou un humain » affirma-t-elle « Ce ne sont ni l’un ni l’autre » ajouta-t-elle « Ce sont des coquilles vides qui ne désirent qu’une seule et unique chose : tuer. Je ne suis même pas certaine que ce soit uniquement pour se nourrir. »

Elle pencha légèrement la tête en arrière, avant de reculer d’un pas bousculé par la force du vent. Un grognement léger s’était échappé de ses lèvres alors que la pluie s’abattait en multitudes de gouttes sur son visage, l’humidifiant davantage.

- « Tu t’es déjà demandé comment tu réagirais si tu te retrouvais un de tes proches en monstre ? » questionna-t-elle avec cette idée qui avait fini par la hanter, Chris, Roland, Gabriel, tous avaient fini par être pris par les créatures, si elle devait retrouver l’ensemble en fangeux, comment réagirait-elle « Penses-tu avec certitude que tu fuirais, ou tenterais-tu de les faire revenir à la raison ? »

C’était bien la plus grosse problématique de l’humanité : cet espoir. Si un fangeux inconnu était un monstre, un fangeux dont l’apparence était si proche de la réalité, d’un souvenir, d’une affinité n’était plus qu’un souvenir, un peut-être, un espoir et peu parvenait réellement à fermer cette porte, à abandonner l’envie d’y croire encore. Peu était ressorti vivant de cet état de faiblesse et peu était encore là pour témoigner de l’inconscience des bêtes, du non-sentimentaliste, de cette fin tranchante et désagréable.

- « Tu peux t’amuser autant que tu veux avec eux, ils ne parviendront pas à monter » affirma-t-elle avec cette conviction qui semblait laisser entendre qu’elle savait parfaitement de quoi elle parlait « En revanche, je doute que ce soit la solution d’abattre qui que ce soit à distance, hormis pour se protéger. » ajouta-t-elle « La fange, on a toujours cru qu’elle était non intelligence, mais je pense qu’on fait fausse route, je l’ai suffisamment affronté pour savoir que tout n’est pas aussi tout noir ou tout rose » conclut-elle.

Elle avait tendu la paume de sa main ouverte vers le ciel pour savourer la sensation de cette eau glaciale venant se figer au creux de sa main, puis elle l’observait s’écouler au rythme où elle penchait légèrement l’ensemble sur le côté.

- « Il fait de plus en plus froid non, errant des marais ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyVen 28 Fév 2020 - 11:11
Alaric se moquait bien des paroles de Sydonnie au sujet du Roi. Le monarque avait d’autres chats à fouetter que de se soucier d’un baron qui, en plus, œuvrait pour le peuple. Plutôt que de reprendre ses terres, il ferait mieux de l’aider ou de le féliciter. Il se garda bien de lui dire sa façon de pensée, de peur de créer un débat qu’il ne pourrait tenir. Et puis, lui-même n’avait rien contre le Roi, il se sentait simplement éloigné de lui, appartenant à un monde complètement différent. Il en était de même lorsqu’il était encore un milicien. Ce n’était pas le Roi en personne qui lui avait attribué ses missions, qui l’avait commandé et remercié. Pour Alaric, il apparaissait plutôt comme une figure supérieure avec laquelle il n’entrerait jamais en contact. Le Baron de Sombrebois, c’était une autre affaire. Ils étaient devenus amis, partageaient le même toit, les mêmes repas, les mêmes galères. C’était bien plus concret pour le soldat.

- Perdre la foi en les Trois… Cela ne doit pas être un bon chemin non plus, lui reprocha-t-il.

Qu’avait-on à gagner en se détournant d’eux ? Rien, lui semblait-il. Alors qu’y croire… Y croire lui donnait parfois la force nécessaire pour aller de l’avant. C’était une motivation comme une autre.

- Bien sûr, nous sommes les acteurs. Mais je pense que nous avons un public au-dessus de nous.

Il regarda le ciel noir, illuminé d’éclairs de plus en plus proches et rapides.

- Un public mécontent de notre performance… murmura-t-il ensuite, plus pour lui-même que pour la noiraude.

La sergente était sceptique face à ses dires, il le devinait à sa gestuelle agacée. Il n’en avait cure. Qu’ils se retrouvent tous deux en danger et elle verrait qu’il ne plaisantait pas. Il ne pouvait fuir en laissant d’autres périr derrière lui. C’était plus fort que lui.

- « Qu’est-ce qui te reste à perdre ? »

Il fronça les sourcils et réfléchit sérieusement à la question. Étrangement, il avait bien plus de choses à perdre depuis qu’il vivait à Sombrebois.

- Mes amis, ma compagne… Quand je vivais à Marbrume, c’était différent. Peut-être que tu devrais t’en éloigner un peu, toi aussi… Cette cité transforme les gens.

Interloqué, il la regarda lancer un morceau de viande en contrebas. Les créatures n’y prêtèrent aucune attention, focalisées sur la tour et l’odeur de chair humaine qu’elles avaient repérée. Les fangeux griffaient les pierres, gémissaient, s’excitaient inutilement contre la paroi lisse. Jamais ils ne parviendraient à monter, mais Alaric espérait qu’ils finiraient par s’en lasser.

Il croisa les bras sur son torse et la toisa, l’air faussement vexé.

- Je suis venu ce matin. Et j’étais censé rentrer avant la tombée de la nuit…

Il accepta l’une des peaux de bête qu’elle lui proposait et s’emmitoufla dedans, après avoir attrapé son arc. L’arme menaçait de s’envoler depuis quelques minutes et Alaric préférait la garder près de lui.

- Tu ne sens pas la rose non plus, au cas où.

Il plaça ses paumes près des flammes vacillantes et savoura cette piètre ressource de chaleur. Il comprenait le point de vue de la sergente au sujet des fangeux, l’hypothèse se tenait. Ces créatures ne pensaient qu’à tuer, ce n’était pas une tempête qui allait les effrayer.

- Les fangeux agissent sur la nature… je trouve étrange qu’elle n’agisse pas sur eux. Mais tu as peut-être raison.

Qui donc pouvait être certain de leur provenance, de leurs désirs ? Personne ne pouvait comprendre ces créatures à ce jour, même si les spéculations allaient bon train.

- « Tu t’es déjà demandé comment tu réagirais si tu te retrouvais un de tes proches en monstre ? Penses-tu avec certitude que tu fuirais, ou tenterais-tu de les faire revenir à la raison ? »

Bien sûr qu’il s’était déjà posé la question. Quel milicien ne se l’était-il jamais posée ? On ne savait jamais comment on réagirait, dans une telle situation. La plupart préférait affirmer qu’ils seraient forts et courageux, mais en réalité, que feraient-ils ?

- Je sais qu’il est inutile de les ramener à la raison. J’aimerais les tuer. Je ne voudrais pas voir leurs âmes et leurs corps souillés par ces monstres. Mais ce que je ferais vraiment ? Je ne sais pas… Et toi ?

Peut-être que Sydonnie avait déjà été dans le cas ? Le soldat trouvait étrange qu’elle lui pose une question si personnelle. Elle avait l’air d’être aussi maladroite socialement que lui.

- Je sais qu’ils ne monteront pas. Je te l’ai dit, les fangeux ne sont pas doués pour l’escalade.

La fange intelligente ? Pourquoi pas. Un fangeux seul n’était pas une lumière, mais lorsqu’ils se rassemblaient et chassaient en meute… c’était différent. Alaric l’avait remarqué, lui aussi. Il craignait surtout que ces créatures évoluent, s’habituent à leurs environnements et deviennent encore plus forts.

- Il fait de plus en plus froid non, errant des marais ?

Alaric hocha la tête. Oui, la température ne cessait de chuter. De même que la pluie s’intensifiait – était-ce possible ? – et que le vent hurlait contre les planches de la tour. Le tonnerre ne grondait plus au loin, mais au-dessus de leurs têtes. Il éclatait à intervalles réguliers, tandis que les éclairs trouaient le ciel tout autour d’eux.

- Oublie les tours de gardes et viens te réchauffer.

Soudain, une bourrasque entraîna la pluie à l’intérieur de la tour et éclaboussa le plancher. Elle n’atteint pas leurs couvertures de fortune, mais s’abattit sur le feu. Des braises brillaient encore sous le bois humide, la fumée plus dense s’en allait, avec elle l’espoir de chaleur. Alaric bondit sur ses pieds et se précipita sur le feu. Sans bois sec, le foyer serait perdu pour de bon. Il ouvrit son carquois, attrapa une flèche et, d’un coup sec sur son genou, la brisa en plusieurs morceaux avant de les jeter sur les dernières braises.

- Protège-le avec ça !

Il lui désigna l’une des peaux, puis s’affaira à souffler afin de relancer les flammes. Quelques timides flammèches montrèrent le bout de leur nez, mais Alaric n’était pas soulagé pour autant. La soirée était loin d’être terminée.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptyVen 28 Fév 2020 - 19:04


- « Est-ce qu’il y a seulement un bon chemin ? » répondit-elle lentement.

Ses doigts étaient venus naturellement se perdre dans sa chevelure sombre, laissant le bout de ses mains démêler des mèches liées entre elles. Sydonnie avait dû aviser le vide sans vraiment l’observer, à moins que son regard ne s’était immobilisé sur la silhouette masculine, de cette manière transparente, sans vie, sans réaction. Les Trois, elle était passée par toutes les phases avec eux, l’amour, la déception, la tristesse, la colère, la révolte. Maintenant ? Maintenant il ne restait que cet étrange vide dans sa poitrine, cet étrange sentiment d’abandon. Il était difficile, voire impossible de dire qu’elle n’était plus croyante, parce que ses pensées s’adressaient aux dieux lorsqu’elle était en situation complexe. Pour autant, elle était encore dans cette incompréhension, dans cette colère, dans cette rancœur amène ponctuée par ce pourquoi qui ne connaîtrait sans aucun doute aucune réponse.

- « Drôle de public » avait-elle fini par conclure dans ce même sentiment d’agressivité.

La suite, elle n’en avait finalement que faire, ne préférant pas imaginer Anür, Serus, Rikni armés de fruits pourris qui une fois sur notre terre donneraient naissance aux fangeux. Était-ce parce que l’Homme ne prenait pas le bon chemin, était-ce simplement pour trahir un ennui des dieux ? Elle n’en savait rien, ne voulait pas le savoir, par crainte de la réponse sans doute. Et puis la noiraude avait fini par poser la fameuse question, l’interrogation de ce qu’il avait encore à perdre –moyen pour confirmer sa supposition-, presque immédiatement, elle regretta de l’avoir posé. Parce que non seulement cela la conforté dans sa supposition que jamais il ne lui viendrait en aide, mais en plus, cela lui faisait éprouvé une jalousie surréaliste à son encontre. Comment un homme vivant en plein milieu des marais pouvait encore avoir sa compagne en vie ?! Pourquoi, pourquoi privilégier la survie de cette femme à celle de Chris, Gabriel, Arahaël et plus récemment Roland. Pourquoi eux et pas cette femme vivant dans un domaine perdu dans les marais au milieu de la fange ?! La sergente avait dû lui lancer ce regard plus froid qu’elle ne l’aurait voulu, tâchant de laisser de côté ses pensées. Osait-il encore sous-entendre qu’il fallait s’éloigner de la cité.

- « Si tu veux mourir, en effet, cela change les gens. » Affirma-t-elle « Vivre dehors, c’est être dans l’attente de la mort de manière beaucoup plus prononcé, mais l’accepter. La fange est omniprésente. Le Labret est déjà difficilement maintenu, les villages en dehors sont presque inhabités, alors conseiller de venir vivre dans un domaine comme Sombrebois… » elle fit ce silence, n’allant pas au bout de sa pensée, l’exposant suffisamment à son goût. « Tant mieux pour toi si cela te réussit, et j’espère que cela perdurera sur la durée »

Elle avait dû l’imiter, venant croiser à son tour les bras sous sa poitrine. Sydonnie grondait de cette colère contre l’humanité entière, qu’un brin était en mesure de raviver avec une violence non négligeable. Elle faisait son expérience avec le fangeux, comme pour attester que les animaux n’étaient pas en danger. S’ils l’avaient été, l’humanité aurait souffert de plus grosses vagues de famine, le labret serait beaucoup plus complexe à maintenir parce qu’en plus de perdre des bras, on perdrait de la nourriture, des bêtes.

- « Tu auras une raison de te réconcilier sur l’oreiller avec ta femme » souffla-t-elle finalement en grelottant.

La noiraude avait simplement roulé des épaules, tremblotant et cherchant à se réchauffer. La conversation avait presque naturellement dévié sur les créatures qui ne semblaient pas avoir envie d’abandonner leur objectif. Il fallait néanmoins souligner que ceux un peu plus loin c’étaient éloignés, certainement pour s’immerger dans les mares des marais. La jeune femme n’était pas sans les ignorer, mais l’ambiance du moment, avec la pluie, le vent, sa colère intérieure l’amenait dans cet état d’esprit plus discutable. L’ancien milicien lui paraissait un peu naïf, voire utopique, lui qui prétendait vouloir la sauver en cas de difficulté, alors qu’il avait une femme et des amis qui l’attendaient bien au chaud à domicile. Maintenant il prétendait tuer, en tout cas vouloir tuer, comme si c’était aussi simple, même si il laissait entendre une hésitation, un peut-être un peu plus réaliste. Sa pensée première vis-à-vis de cette jalousie étrange ne l’aidait pas forcément à obtenir une pensée plus positive.

- « Je ne sais pas… » souffla-t-elle en se souvenant de la silhouette de son cousin « Lorsque nos sentiments rentrent en jeu c’est difficile de savoir je crois… »

Sydonnie c’était toujours dit qu’elle tuerait, sans hésitation, mais lorsque la silhouette fangeuse ressemblant à feu son cousin s’était dressée au loin, elle avait tout simplement incapable de réagir, de trembler, ou même de dégainer, aurait-elle pu se laisser dévorer entièrement tant la tristesse l’avait dévoré sur l’instant présent. Avisant le contre bas, les créatures, qui devaient, elles aussi bien être le proche défunt d’un survivant, elle dû paraître absente, avant de retenir un sursaut, avant d’être remise dans l’instant présent par un éclair, par un coup de tonnerre. Pivotant légèrement vers les gestes qu’elle avait cru percevoir plus précipité, elle fronça les sourcils. Le feu s’était éteint et si elle n’avait pas semblé s’en soucier immédiatement, elle fit néanmoins ce qu’on attendait d’elle. S’approchant vivement elle s’essaya sans tomber en s’avançant à protéger le semblant de crépitement, alors que l’habitant de Sombrebois s’appliquait à briser une flèche et souffler avec intensité pour raviver l’ensemble. Ce fut autre chose qui sembla attirer l’attention de la jeune femme qui l’obligea à la faire réagir :

- « Alaric… » souffla-t-elle les cheveux dégoulinants, tremblotante « Je ne suis pas sur… »

À ses pieds, la pluie semblait s’accumuler, faisant gonfler le bois, la tempête était tel que le peu de toits au-dessus de leur tête ne suffisait plus à abriter des gouttes. Le vent venait souffler sur les corps humides et le crépitement si faible soit-il avait fini par définitivement disparaître malgré les tentatives multiples de la noiraude d’abriter à l’aide de la peau de bête l’ensemble. À leur pied l’eau s’était réellement accumulée sur plusieurs centimètres, empêchant sans aucun doute le duo de s’installer de nouveau sur le sol.

- « Abandonne le feu… Je pense qu’avec ce temps, on n’arrivera à plus rien » conclut-elle simplement « J’espère que tu as dit au revoir à ta femme dignement » ajouta-t-elle « Je ne suis pas certaine que la tour supporte cette tempête, je n’ai jamais vu ça… »

Pour le coup, jamais Sydonnie n’avait vu une tempête similaire ni dans son enfance, ni même plus tard dans son existence. Lorsqu’elle quittait Marbrume pour rejoindre Chris, ou lorsqu’elle se baladait le long de la plage à cheval avec Roland, jamais non plus elle n’avait senti, vécu ou vu quelque chose d’aussi intense. Les peaux ne semblaient plus suffire, les vêtements non plus, le vent venait déplacer légèrement les objets pas suffisamment lourds pour résister. Elle avait froid, si bien que ses lèvres avaient dû finir par légèrement bleuter, son esprit était un peu confus alors que ses prunelles avisaient l’échelle. Descendre serait suicidaire, mais rester, ne l’était-ce pas aussi ? Elle avait retiré ses bottes pour vider l’eau s’étant introduite à l’intérieur, avant de renoncer à les remettre pour les accrocher à sa ceinture.

- « Dans votre souvenir proche, est-ce qu’il y a un autre abri dur dans le coin ? Avec un toit ? Une cabane abandonnée ? Dans une proximité réelle, pas hypothétique. » Questionna-t-elle en sa direction.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptySam 7 Mar 2020 - 11:22
Alaric ne savait comment interpréter le regard noir que Sydonnie lui lança, lorsqu’il lui conseilla de s’éloigner de Marbrume. Quand elle reprit la parole, c’était sur un ton acerbe, empli de reproches. Le soldat préféra ne pas renchérir. C’était inutile et il ne connaissait pas suffisamment la sergente pour comprendre ses états d’âme. Celle-ci se tut à son tour, les bras croisés sur sa poitrine. Il n’y avait rien d’autre à dire sur le sujet et sans doute ne voulait-elle pas envenimer leur relation naissante. Ou pas.

- « Tu auras une raison de te réconcilier sur l’oreiller avec ta femme »

Le jeune homme arqua un sourcil et la dévisagea. Était-ce de la jalousie, qu’il percevait dans sa voix ? Enviait-elle sa situation ? Alors que la noiraude pensait se battre bec et ongles hors des murailles de Marbrume, elle l’imaginait se tourner les pouces dans un château perdu, accompagné de sa compagne et de ses amis. Elle était loin de la vérité. Mais elle ne le connaissait pas et n’avait que peu de renseignements sur la vie qu’il menait dans le bourg fortifié. Lui-même ignorait le passé de Sydonnie, les mésaventures – certainement nombreuses – qu’elle avait dû traverser.

- Sois pas jalouse, railla-t-il. En plus, je pense qu’elle va plutôt me tuer, quand je rentrerai…

Il soupira et imagina la rousse le sermonner. Elle n’avait pas essayé de l’empêcher de partir dans les marais, mais il savait qu’elle avait peur pour lui… Et vu la situation dans laquelle il s’était fourré, il ne pouvait que lui donner raison. Oui, il passerait un mauvais quart d’heure, une fois revenu à Sombrebois. Les réconciliations, ce serait pour après.

- « Lorsque nos sentiments rentrent en jeu c’est difficile de savoir je crois…»

Alaric hocha la tête et n’ajouta rien. Cette fois, ils étaient d’accord sur le sujet. La raison le pousserait à tuer le fangeux – du moins à essayer – mais comment réagirait son cœur face à une silhouette qu’il connaissait bien ? Il risquait d’hésiter, ce qui lui coûterait éventuellement la vie. Il serra machinalement les poings, comme pour se persuader à nouveau qu’il prendrait la bonne décision.

Tout occupé à essayer de ranimer les braises tremblotantes, il ne prêta guère attention aux gestes de la sergente. Quand elle prononça son prénom à haute voix, il releva brusquement la tête vers elle, persuadé qu’il y avait urgence. Il fronça les sourcils avant de suivre son regard vers le sol trempé de la tour. Le vent s’engouffra sous son armure de cuir et un frisson parcourut son dos. L’eau s’amoncelait tout autour d’eux, les empêchant de s’asseoir à nouveau ou de rattraper leur feu.

- Tu as de quoi fabriquer une torche ?

S’ils pouvaient au moins garder un peu de lumière et de chaleur…

Alaric abandonna les flammes et se redressa, campé à côté de la sergente. Impuissant, il regardait la nature se déchaîner dans les marais. La pluie ruisselait sur lui, plaquant ses cheveux trop longs sur son visage.

- Non, je ne lui ai pas dit au revoir, grogna-t-il. Parce que je vais rentrer.

Il réfléchit quelques secondes, essayant d’imaginer la distance entre la tour et les ruines de Piana qu’il avait visitées avec Hector. Il y avait là un bâtiment pas trop détruit que le baron avait prévu de remettre sur pied. Les quatre murs tenaient debout, le toit était amoché, mais pourrait les protéger. Pour un temps.

- Penses-tu que nous pourrions atteindre Piana ?

Il s’approcha du bord. Le vent le repoussa vers l’intérieur de la tour avec violence. Il se protégea le visage de ses avants bras et jura. Impossible de vérifier combien de créatures pataugeaient en bas.

- On reste là. Si ça s’écroule on saute.

Parce qu’il ne voyait de toute façon pas d’autre solution. Avec la tempête, impossible d’utiliser l’échelle. Il y avait moyen de se réceptionner en bas… Il espérait.

- Si la tour s’écroule, les fangeux en bas seront ralentis. Ce sera notre seule chance, affirma-t-il, déterminé.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] EmptySam 7 Mar 2020 - 16:45


- « Je ne suis pas jalouse de ce qui n’existe pas » affirma-t-elle avec lenteur.

La pluie, le froid, les nuages, le vent, l’ensemble offraient ce mélange étrange, douloureux, dévorant. Elle sentait sa chair se contracter sous les larmes glacées du ciel et la caresse de son souffle, elle percevait les battements de son cœur vibrant de ce rythme irrégulier, trop rapide sans doute. Le hurlement de la nature, des feuillages, des gémissements des créatures lointaines ou proches. Les bottes de la femme d’armes trempaient dans le liquide qui s’accumulait, provoquant cette sensation désagréable. La noiraude le dévisageait, lui et sa naïveté, sa croyance étrange en une vie meilleure. L’idée de voir sa femme, lui casser deux droits ou dents lui tira néanmoins un sourire. Elle aurait raison sans le moindre doute, quant à estimer qu’elle-même était jalouse. Sans doute pas comme il l’entendait, mais certainement d’une autre forme, oui. Elle s’éloigna de la tentative de protection du feu, comprenant qu’il ne se passerait plus rien désormais. L’obscurité s’était intensifiée, ne laissant que la lune par instant illuminer l’endroit. Il était plein de souvenirs cet endroit, pour elle, avec Chris et le voir dans cet état avait ce quelque chose de déstabilisant. Il avait cette obsession pour le feu, alors que les flammes venaient de s’éteindre.

- « Juste au cas où tu ne l’aurais pas remarqué » fit-elle en le détaillant « Il pleut comme jamais, nous sommes en train de nous faire inonder. » Affirma-t-elle en montrant d’un signe de tête le liquide sur le sol. « Alors non, je n’ai pas de quoi faire une torche. »

Elle s’était installée contre le mur fragile, pataugeant dans les larmes du ciel, détaillant le lieu qu’elle ne reconnaissait plus même avec la plus intense des concentrations. Son souvenir, la protection que l’endroit lui avait toujours apportée semblait disparaître petit à petit, comme son passé, comme ce dont elle se souvenait de lui. De Chris. Passant ses mains sur ses avant-bras, la sergente tachait de se réchauffer alors que sa mâchoire commençait à claquer légèrement, la fatigue commençait à s’imprégner de ses traits, le froid à engourdir la totalité de ses muscles. Les dieux étaient-ils en colère ? Encore ? Pourquoi ?

- « On n’atteindra pas Piana, on est trop loin » affirma-t-elle sans la moindre hésitation « Si la tour ne s’effondre pas, on ne bouge pas, c’est notre chance de survie la plus grande oui » il fallait rester bien éveiller et vigilant « Les dieux sont en colère visiblement et si tu as la certitude de rentrer, c’est que tu n’as jamais rien fait qui pourrait les offenser, je suppose ? » fit-elle en l’avisant un instant.

Elle ne pouvait pas s’approcher du bord, le vent était trop fort et ne pouvait pas non plus trouver un moyen de se réchauffer. D’un geste de la tête elle indique une petite alcôve, très légère. Elle essayait de s’abriter autant que possible, tout en avisant celui qui était désormais son interlocuteur. La noiraude avait eu le temps d’analyser un peu la situation, le vent, la pluie, les éclairs, le risque premier n’était peut-être pas que la tour s’effondre, mais que la végétation vienne la fragiliser. Ils avaient l’échelle, de quoi descendre par l’intérieur à la condition que les créatures ne soient pas trop proches. Là encore Alaric pensait à Piana, Piana était beaucoup trop loin et elle ignorait la présence ou non d’un abri encore proche. Se lancer dans la forêt en pleine nuit sous une pluie battante était du suicide à l’état pur.

- « Si vous pouviez retrouver dans votre mémoire la présence d’un abri plus… proche » tenta-t-elle toujours en se frottant les bras vivement « Ou alors, n’avons-nous plus qu’à prier que les murs tiennent la route… Je crains plus les arbres proches et la fange… » tenta-t-elle d’expliquer.

C’est finalement toute autre chose qui sembla interrompre la conversation, la pluie semblait avoir cessé l’espace d’un instant, tout du moins être plus faible, permettant au duo de respirer un peu, de s’essorer sans aucun doute un peu aussi. La femme d’armes était terrifiée à l’idée de revoir ses proches en créature, pour autant, elle osa un coup d’œil autour de la tour, soupirant en constatant que les monstres avaient dû s’éloigner, sans doute traquant une proie plus atteignable. Sydonnie avait fini par revenir rapidement à « l’abri » avisant celui qui lui semblait toujours autant déconnecté de la réalité.

- « Si la tour s’écroule, les fangeux seront ralentis, mais nous aussi. Je crains plus pour une blessure de nos corps que la fange sur l’instant. Si une cheville est abîmée, un genou, une épaule, si une plaie est présente avec du sang c’est un risque supplémentaire. » elle l’avisa « Vous êtes un fervent croyant des Trois, c’est le moment d’improviser une prière… » elle fit un geste de la tête « Parlez-moi de votre femme, nous ne devons pas nous endormir, cela serait une grave erreur. »

Un nouvel éclair traversa le ciel, beaucoup plus loin, s’abattant sans doute sur une structure en bois, au loin des hurlements venaient faire écho, avait-il touché un abri à banni, à brigand ? C’était difficile de le savoir. La nuit avait néanmoins fini par s’éclairer par les flammes au loin, alors que la pluie, plus fine continuait à tomber et allait certainement s’intensifier encore.

- « Navrée, je n’ai pas de belles histoires à raconter, mon mari est mort. »

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