Marbrume


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 [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyVen 13 Mar 2020 - 11:07
Alaric était de son avis : Piana lui semblait trop loin à atteindre, d’autant plus par ce temps et leur état. Même seul, il n’était pas certain d’y parvenir et il ne connaissait pas les compétences athlétiques de la sergente. Avec ses armes et son armure, elle serait forcément moins rapide que lui.

- Ce n’est pas ça, rétorqua-t-il en secouant sa tête de droite à gauche. J’ai survécu une semaine dans les marais lorsque j’ai rejoint Marbrume il y a deux ans. Tu n’as jamais entendu parler d’un « Miraculé » quand tu étais à la milice extérieure ?

Ce surnom ne l’avait pas quitté durant les premiers mois qu’il avait vécus dans la cité fortifiée. Cette expérience lui avait permis de rallier facilement les rangs de la milice extérieure et certains de ses « camarades » avaient pris l’habitude de le charrier, non sans l’envier ou l’estimer. Souvent, ils s’étonnaient qu’un gamin tel que lui soit parvenu à y survivre. Alaric était le premier surpris. Ce mauvais séjour lui avait découvert des capacités qu’il ne se connaissait pas.

- Alors je pense que si j’ai échappé à ça, je devrais échapper à cette nuit aussi. Les dieux ont eu maintes occasions de prendre ma vie. Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?

Il fit tourner ses méninges pour trouver dans les méandres de sa mémoire un abri dans les alentours. Navré, il secoua la tête et haussa les épaules.

- Non…Toi non plus, je suppose ?

Il avisa l’échelle et pensa un instant se réfugier dans la tour. Mais si celle-ci s’effondrait, ils seraient condamnés. De plus, il aimait bénéficier de leur situation élevée, au cas où les fangeux demeuraient nombreux en contre bas. Non, décidément il semblait que leur position actuelle était la plus bénéfique tant que maintenant.

Enfin, les Trois se montrèrent généreux : la pluie s’amenuisa enfin, leur permettant de respirer un coup. Alaric observait Sydonnie claquer des dents, les lèvres bleuies par le front. Lui-même frissonnait, trempé jusqu’aux os. Il hésita à lui annoncer qu’il n’y avait que la chaleur corporelle qui pourrait les réchauffer, peu sûr que l’idée plaise à la sergente. Sur ses conseils, il adressa mentalement une nouvelle prière à ses dieux vénérés, puis se rapprocha de la noiraude, tremblant.

- Ce n’est pas ma femme, nous ne sommes pas mariés.

Pour l’heure, ce n’était pas vraiment un sujet de conversation entre eux deux. Ils étaient biens comme ils étaient et Alaric préférait ne pas s’aventurer sur ce chemin. Il avait déjà eu du mal à s’attacher de nouveau à quelqu’un, alors s’imaginer lié à cette personne pour l’éternité le mettait toujours mal à l’aise.

- Elle travaillait déjà pour Hector quand je suis arrivé à Sombrebois. C’est la bucheronne du bourg, mais c’est aussi une très bonne combattante et une archère hors-pair. Sans elle, Sombrebois serait déjà tombé.

Il était fier d’elle et une pointe douloureuse lui brûla la poitrine à l’idée de ne plus la revoir. Il avait été idiot de partir seul dans les marais. Il avait agi comme il se comportait à Marbrume, lorsqu’il n’avait pas d’attaches car, au fond de lui, cette liberté lui avait manqué à Sombrebois. Désormais, il prenait conscience de ce qui comptait le plus pour lui. Hilde lui manquait. Alaric soupira et cala son dos contre la structure de la tour, froide mais sèche.

- J’avais décidé de vivre seul tant que la fange serait présente… Il me semblait idiot de m’attacher à quelqu’un en sachant que je pourrais le perdre à tout moment. Mais les Trois n’avaient pas le même plan pour moi, ajouta-t-il, un pâle sourire sur les lèvres.

Il ne dit rien de plus pendant plusieurs secondes, se remémorant des souvenirs qui lui donnèrent un peu plus de courage. Il ne devait pas perdre espoir. La Mort serait bien trop heureuse de la prendre, affaibli et démotivé. Il ne lui ferait pas ce plaisir.

- Alors oui, quand je rentrerai, elle me fera passer un mauvais moment, mais dieux que je serai heureux de la revoir !

Il osa demander à Sydonnie si elle avait quelqu’un qui l’attendait à Marbrume et, bien que triste, il ne fut pas surpris de sa réponse. Ainsi la sergente avait été mariée. Ce décès était peut-être récent, ce qui expliquait l’humeur sombre et négative de la noiraude.

- Je suis désolé.

Que pouvait-il ajouter de plus ? Un nouveau silence s’installa entre eux, durant lequel il l’observait grelotter et claquer des dents. Le froid deviendrait bientôt un ennemi tout aussi mordant que les fangeux et la tempête.

- On va mourir de froid. Je n’aime pas l’idée de perdre notre position surélevée mais si on descendait dans la tour ? Il y fait peut-être plus sec et on pourra se réchauffer. Tu connais le bâtiment. Les fangeux peuvent-ils rentrer en bas ?

Pour l’heure, la tour tenait bon. De toute façon, si elle menaçait réellement de s’écrouler, ils percevraient les signes, les sens aux aguets. Il espérait.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyVen 13 Mar 2020 - 17:20


- « Ce n’était pas parce que tu as survécu une fois que tu survivras à chaque fois » rétorqua-t-elle naturellement « Des très bons combattants sont tombés alors que jusque-là ils avaient toujours survécus »

Cela l’étonnait, il fallait le reconnaître, Alaric avait ce petit quelque chose d’insouciant, de presque suicidaire. Elle ne pouvait pas lui jeter la pierre, sa présence ici n’était pas pour autant dénuée de sens, avait-elle cherché à retrouver un mort, un fantôme, un souvenir. Ses lèvres avaient fini par bleuir légèrement alors le tremblement de sa mâchoire provoquait un claquement de dents. Elle secoua simplement la tête négativement, hormis cette tour, elle ne connaissait aucun lieu proche susceptible d’accueillir le duo. Se pinçant les lèvres, frottant ses avant-bras, dont le tissu complètement humide faisait ce bruit significatif, tout semblait coller à sa peau de cette manière désagréable, sa coiffure avait fini par se défaire et dont les mèches venaient coller à son visage. Elle s’était mise légèrement à rire, plus nerveusement sans doute qu’autre chose, alors que son interlocuteur s’enfonçait une nouvelle fois dans une contradiction flagrante. L’homme croyant, qui était prêt à parier sur sa survie, simplement parce qu’il estimait être dans la faveur des Trois, leur faisait dans le même temps offense en fréquentant une femme hors mariage, ce qui allait à l’encontre du précepte principal de la Trinité.

- « Tu es un sacré oiseau » fit-elle en secouant la tête « Comment peux-tu espérer avoir le soutien des Trois alors que tu entretiens une relation hors mariage ?! » enfin, elle se contente de secouer doucement la tête « Peu importe, peut-être ne cherches-tu rien de sérieux, beaucoup de miliciens préfèrent prendre plaisir simplement, je ne jugerais pas, je peux comprendre qu’avant de partir en mission, au cas où » elle se pince les lèvres qui craquellent déjà « Les Trois nous ont réalisés pour nous attacher, parfois on se trompe cependant. »

Elle ne disait pas nécessairement cela pour lui, bien qu’il puisse le prendre de cette manière. Après tout, ne pas prendre une femme pour épouse et entretenir une relation était un signe d’hésitation et si hésitation il y avait, c’est que ce n’était pas si profond que cela. Prenant une légère inspiration elle secoua une nouvelle fois la tête, Sydonnie commençait à fatiguer alors que ses membres s’engourdissaient lourdement. L’ensemble se bousculait dans son esprit, sans qu’elle ne trouve une solution, si la pluie avait ralenti le vent froid devenait sans doute leur pire ennemi. Alaric avait l’air de souffrir de la même manière, bien qu’il proposait de descendre. Descendre… Elle ne revint nullement sur ses excuses qu’elle n’aurait préférées même pas entendre. La mort était omniprésente et s’il pensait être épargné, la vie ne tarderait sans doute pas à le rattraper. Ainsi opina-t-elle en réfléchissant à la possibilité de descendre…

- « Par l’intérieur alors ! » affirma-t-elle en montrant les escaliers en ruine « Il faut descendre en deux temps, je vais tenir l’échelle en équilibre le temps que tu descendes et d’en bas tu la tiendras, j’ignore ce qu’il y a un dessous et j’ignore si nous serons en sécurité, mais sans doute un peu plus à l’abri »

Du plus loin qu’elle s’en souvenait, elle n’avait jamais vu la porte de la tour, tout lui semblait parfaitement fermé et arrondi, ainsi pensait-elle avec cette naïveté qui ne lui ressemblait pas que le duo serait tout aussi à l’abri, peut-être. Elle s’appliqua donc à récupérer l’échelle, pour l’insérer dans l’ouverture et lui permettre de descendre, ce n’était guère évident, la pluie avait rendu l’ensemble plus qu’humide voir inondé, au moindre faux mouvement l’échelle perdrait en équilibre et si l’un ou l’autre ne le maintenait pas bien, l’ensemble se décalerait en provoquant potentiellement la chute de celui qui descendait. Naturellement, par habitude, celle qui protégeait ses Hommes avait proposé de tenir. Fallait-il néanmoins souligner la douleur de son dos, son hypothermie certaine, elle tenait, autant que possible, alors que le vent venait souffler sur sa silhouette et que les éclairs illuminaient une nouvelle fois le ciel. Les cris avaient repris, signe que la fange n’était pas loin, les grognements étranges aussi. Elle l’avait descendre, avant d’inverser les rôles descendant lentement avec ce doute persistant.

En bas, la pluie avait en effet moins de dégât, même si le surplus d’eau de l’étage s’écoulait presque de manière continue le long des marches écroulées. Tout était en effet clos, en forme ronde, peu d’espace, une obscurité plus prononcée. Sous leurs pieds des ossements, des ossements qu’il ne pouvait pas réellement identifier, c’était étrange… Son regard s’était légèrement redressé suite à un bruit infime de gémissement, de couinement… C’était… Son regard s’écarquilla alors qu’elle comprenait, alors que ses yeux tout comme ceux du milicien s’acclimataient à l’ensemble. Ce qui semblait être un homme était enchaîné au mur, semi-pris dans le mur, son visage ressortait, était-il visiblement vivant, ou en fin de vie, ses yeux n’étaient plus, sa bouche tremblait et se déformait au-dessus de lui une écriture semblait être gravé dans la pierre sans qu’à ce moment cela soit envisageable de lire quoi que ce soit. La noiraude s’était reculée d’un pas alors que son cœur hurlait dans sa poitrine, craignant qu’il ne s’agisse de Chris. Il était évident qu’il n’était pas possible de le sauver, mais fallait-il sans doute, peut-être, abréger ses souffrances, elle ne savait pas, ni comment et son regard se porta sur celui qui était là depuis un peu plus de temps qu’elle.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptySam 14 Mar 2020 - 20:50
Il secoua la tête lorsque Sydonnie parla de sa relation hors-mariage. À l’entendre, il n’entretenait qu’une relation charnelle avec la bucheronne de Sombrebois. Il était vrai que ses paroles portaient à confusion, surtout que les miliciens avaient une mauvaise réputation à ce sujet. Il en avait connu combien, qui passaient leurs journées dans les bordels crasseux de Marbrume ou qui se montraient un peu trop insistants avec quelque femme de la cité. Alaric, même s’il connaissait chaque parcelle du corps de sa compagne, n’était jamais passé à l’acte.

- On n’a jamais vraiment consommé alors… Je me dis que les Trois ne doivent pas être trop fâchés, avoua-t-il, les joues empourprées.

Il savait mieux que quiconque qu’il ne pourrait garder cette relation sans cérémonie pendant longtemps. Mais depuis qu’il habitait Sombrebois, il vivait au jour le jour sans se projeter. Serait-ce une faute impardonnable aux yeux des Trois ? Après tout ce qu’il faisait pour protéger les siens ? Et bien, si cette nuit était sa punition pour aimer un peu trop Hilde, il l’accepterait.

Le soldat suivit Sydonnie et entreprit de descendre dans la tour. La tâche serait plus périlleuse qu’il ne l’aurait cru, vu l’état des escaliers. Néanmoins, l’échelle se révéla efficace. Il fallait la maintenir fermement, secouée par les vents violents qui continuaient de souffler. Alaric attrapa son arc et sa besace, puis entreprit de descendre, d’escalader presque les ruines du bâtiment. Ses mains glissaient sur le bois humide de l’échelle et il jura plusieurs fois au cours de l’exercice. Enfin, ses pieds touchèrent le sol et il agrippa l’échelle à son tour. Les jambes pliées afin d’équilibrer ses forces au mieux, il attendit que Sydonnie le rejoigne. Concentré sur sa tâche, il n’entendit pas tout de suite de faibles murmures dans son dos. Quand la sergente toucha l’étage inférieur à son tour, il se retourna, les sens aux aguets, muscles tendus.

Il resta sur place le temps que ses yeux clairs s’habituent à l’obscurité. Puis, il se décida à faire quelques pas, sursauta lorsque des ossements craquèrent sous ses pieds. Il déglutit. Que s’était-il passé dans cette tour ? Au moins, cet étage était moins humide et il espérait qu’ils pourraient se réchauffer un peu.
Enfin, Alaric le vit. Un homme emmuré dans la pierre froide, tremblotant, plus mort que vif. Une inscription surplombait la tête branlante de la victime, des lettres que le soldat ne pouvait déchiffrer. Alors que Sydonnie reculait, il avança, la main posée sur sa dague acérée. Plus proche, il remarqua qu’il n’y avait pas que sa tête qui était visible, mais également ses mains et poignets, enchaînés. Sa première idée fut d’abattre l’homme, abréger ses souffrances était la meilleure solution qu’il pouvait lui offrir. Cependant, Alaric suspendit son geste, en proie au doute. Il se retourna vers la sergente qui ne le quittait pas des yeux.

- Et s’il avait été mordu ou griffé ?

L’homme était certes bloqué, mais l’ex milicien avait appris à se méfier des fangeux. Alaric approcha encore et entreprit de libérer l’inconnu de ses entraves. Ce dernier gémit, tandis que le soldat s’acharnait sur les chaînes qui entaillaient ses poignets. Celles-ci, rouillées par le temps et la pluie, finirent par ses briser sous ses coups de lame.

Avec délicatesse, Alaric observa les parties visibles de la victime. Il ne repéra aucune marque. De nouveaux gémissements transpercèrent son cœur trop sensible. Il ne pouvait le laisser dans cet état, sous prétexte qu’il pourrait peut-être se transformer un jour. Lentement, il porta son regard sur l’inconnu, le cœur battant. La gorge était peu accessible, il lui faudrait trouver un autre point vital. Ses mains étaient moites, il sentait la sueur mêlée à la pluie dégouliner le long de son visage. S’il enfonçait la dague dans l’un de ses yeux… Il déglutit. Sa dague, comme animée d’une vie propre, fuyait ses doigts glissants. Alaric se mordit la lèvre. Il tremblait. Le froid n’y était pour rien.

- Puisse les Trois t’accueillir dignement.

Dans un cri rageur, il transperça l’œil gauche de la victime, appuyant tout son poids sur son arme. Pour être sûr. Pour se rassurer. D’un geste brusque, il retira la lame sans offrir un dernier regard à l’inconnu dont la tête, sans vie, pendait mollement entre les dalles. Pendant plusieurs minutes, il oublia complètement la présence de Sydonnie. C’était une bulle entre ses pensées et ses actes, les pour et contre, les encouragements et les regrets. Il fut presque surpris de la voir là, à quelques pas de lui. Sans un mot, il lui tourna le dos, aussi bien à elle qu’au cadavre emmuré, rangea sa dague après l’avoir frotté contre ses chausses et s’éloigna. Les craquements de ses chaussures sur les ossements morbides l’empêchèrent de s’extirper de cette brusque réalité.
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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptySam 14 Mar 2020 - 23:27


La noiraude était immobile, sur une défensive particulièrement prononcée, les moments de survies, les moments complexes, elle en avait l’habitude. Sa vision s’acclimatait avec lenteur à l’obscurité, alors que ses doigts s’enroulaient avec cette maladresse légère autour de la garde de son épée, que sa cheville se mouvait pour vérifier la présence de sa dague, pour sentir la lame contre sa peau. Le froid, la fatigue, ne lui avait pas permis de s’habituer aussi rapidement que d’habitude, si bien qu’Alaric était le premier à proximité de celui qui était à la fois emmuré et enchaîné, ses lèvres s’étaient légèrement entrouvertes alors que son unique préoccupation était de vérifier qu’il ne s’agissait pas de Chris. Humainement, Sydonnie n’était plus la femme sensible ou tolérante, elle était devenue par la force des choses extrémiste dans ses pensées, dans sa manière d’agir. Secouant doucement la tête, il y avait une évidence qui se formait dans son esprit, cet homme ne ferait plus de mal à personne, fangeux ou non, il ne pourrait pas bouger. Immobile, pour la première fois appréciait-elle la prise de conscience de celui qui l’accompagnait, ce côté volontaire –bien qu’un brin instable et risqué-, la noiraude ressentait depuis quelque temps cette sensation d’épuisement d’être toujours celle devant prendre les décisions. Un comble pour une sergente.

- « Mordu ou pas, il ne pourra pas faire grand-chose dans son état. Qu’on en finisse et qu’on passe à autre chose.» Souffla-t-elle « Le royaume d’Anür attend tous ceux qui n’ont pas pêché, peut-être aura-t-il au moins l’honneur de la rejoindre. » Tenta-t-elle d’atténuer.

La femme d’armes avait fait le choix volontaire de ne pas s’approcher, laissant le suicidaire se charger de la problématique nouvelle qui venait de s’installer avec eux. Le sol l’inquiétait davantage alors qu’à chaque mouvement le bruit d’un craquement se faisait entendre, que sous ses pieds s’amoncelait une multitude d’os visiblement humains. Prendre une vie n’était jamais quelque chose de simple, y parvenait-elle plus facilement depuis la perte de son mari, avait-elle la sensation d’être désormais complètement détaché de cette normalité, de cette émotion, de cette culpabilité que peut entraîner le fait d’offrir une mort. Son regard c’était un instant déposé sur la silhouette de l’ancien milicien, incapable de véritablement percevoir les tremblements, le doute ou l’angoisse, mais la respiration qu’elle percevait ne lui laissait pas le doute.

- « Je peux le faire si tu veux » rétorqua-t-elle simplement, sans la moindre hésitation « Donner la mort n’est plus quelque chose qui me dérange. »

Il s’était mis à hurler, pour abattre celui qui avait rapidement plus connu le moindre souffle d’air et qui s’était éteint sans même pouvoir réagir ou se défendre. Triste royaume. Elle c’était approchée sans même s’en apercevoir, déposant une main sur son épaule pour l’obliger à pivoter vers elle. Sa deuxième main était venue se déposer de l’autre côté, alors que ses doigts de sa main initiale remontée jusqu’à son menton pour l’obliger à la regarder. Un instant, elle resta immobile à l’aviser ainsi, à chercher dans le fond de ses yeux cette triste, colère qu’elle était convaincue de voir, sans pour autant la ressentir.

- « Tu as fait ce qu’il fallait, il ne faut pas regretter ou hésiter… Et si c’était un homme bien, toi qui ne jures que par nos bienveillants dieux, au moins les aura-t-il rejoints. »

Lentement elle laissa ses doigts effleurer sa joue avant de se reculer, pour lui redonner son espace vital et pour récupérer le sien. Le geste n’avait été fait dans aucun but de proximité, juste dans ce côté maternel, bienveillant qu’elle avait avec son équipe, ses hommes, ses troupes. Laissant un soupir fuir ses lèvres, elle se contenta de couper un morceau de chemise pour le lui tendre afin qu’il essuie les quelques tâches d’éclaboussure de sang qu’il pouvait avoir. Du bout du pied de son côté, essayait-elle simplement de déterminer la profondeur des ossements, la quantité sans doute aussi. Le sol n’était pas encore humide, faisait-il un peu moins froid ici à l’abri du vent et de la pluie. L’eau ruisselait pourtant le long des murs, dans l’ouverture des marches. Quelque chose clochait.

- « Je n’ai jamais connu cet endroit ainsi, je n’y suis jamais descendu pour être honnête » et je doutais que Chris soit capable de ça « Ce qui signifie qu’il y a obligatoirement un autre passage que l’ouverture du haut » fis-je pensive en laissant mes doigts frôler les murs humides « Certainement des sectaires » grommelais-je finalement « je ne vois que ça. »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyDim 15 Mar 2020 - 15:10
- « Donner la mort n’est plus quelque chose qui me dérange. »

L’affirmation de la sergente était si froide. Plus grand monde n’était dérangé par la mort, la côtoyant au quotidien. Manger ou être mangé. Tuer ou vivre. Alaric soupira. Peut-être que l’homme emmuré était un horrible personnage, qu’il avait subi ce châtiment parce qu’il le méritait… Mais personne ne méritait d’éprouver un tel supplice. Le jeune homme se raidit quand il sentit la main de Sydonnie se poser sur son épaule. Il n’opposa pourtant pas de résistance et tourna la tête vers elle, le visage grave. Le temps suspendu, il observait son propre reflet dans les yeux de la noiraude, un petit garçon abattu, les mains couvertes de sang. Il étouffait, ici. Encore.

Il savait qu’il avait bien agi. C’était, de toute façon, tout ce qu’il avait pu faire pour le malheureux. Alaric avait la fâcheuse tendance de vouloir tout arranger. Parfois, il avait besoin qu’on lui rappelle qu’il n’était pas seul pour soulever le poids du monde sur ses épaules et que, malgré toute sa bonne volonté, il ne pourrait sauver tout le monde. Le geste de Sydonnie le réconforta. Contre toute attente, ses doigts n’étaient pas si froids contre sa joue. Il comprenait désormais pourquoi elle était sergente et pourquoi certains hommes l’écoutaient et suivaient ses ordres. Elle avait les mots justes et les gestes sûrs. Elle veillait sur eux, comme elle veillait sur lui alors qu’ils ne se connaissaient pas.

En silence, il accepta le bout de tissu qu’elle lui tendait et entreprit de frotter le sang qui maculait sa main droite. Comme s’il n’était déjà pas assez poisseux. Ses pas le menèrent aux escaliers en ruine d’où il pouvait apercevoir l’étage supérieur de la tour. Portées par le vent, des gouttes de pluies s’écrasaient sur les marches et le sol. Certaines l’éclaboussèrent et il ferma les yeux. Il se sentait mieux.

Il se retourna vers Sydonnie, évitant soigneusement le pan du mur où gisait toujours le prisonnier et la rejoignit. Il ne répondit pas tout de suite, la laissant réfléchir et émettre ses hypothèses. Des sectaires ? Peut-être… En tout cas, on s’était adonné à des rituels affreusement barbares, en rien reconnus par les prêtres de la Trinité.

- S’il y a une autre entrée, c’est inquiétant… Je ne voudrais pas que des fangeux la trouvent. Ici en bas, nous sommes coincés.

Mais au sec. Il arpenta les lieux, grimaçant lorsqu’il écrasait des os plus gros que les autres.

- Trouvons là pour assurer notre sécurité.

Il palpa les murs, à la recherche d’une différence, d’un relief indicateur. Il effectua le tour du sous-bassement sans rien détecter d’anormal. Il se retourna vers la noiraude, l’interrogeant du regard.

- Tu as trouvé quelque chose ? Je me demande s’ils n’ont pas fermé tout le bâtiment, en même temps que notre… inconnu. De nombreux sacrifices ont eu lieu ici… L’endroit ne devait pas être découvert.

C’était la solution la plus plausible qu’il avait sous la main. Il regagna une partie du sol où les ossements étaient moins nombreux et les poussa du pied. Il aménagea un cercle plutôt propre sur lequel il s’assit, épuisé. Il passa une main dans ses cheveux humides, déposa son arc et sa besace, puis entreprit d’enlever son armure de cuir, trempée. Avec vigueur, il tâcha de frictionner sa chemise, de la sécher comme il pouvait. Au moins était-il au sec, pour l’instant.

Soudain, des raclements attirèrent son attention, dans le fond de la tour. Il indiqua le bruit à sa compagne de fortune, puis, aussi silencieusement que les os le lui permettaient, se rapprocha. Alaric se colla contre les dalles et écouta, attentif. Plus que les entendre, il sentait des griffes égratigner les murs extérieurs. Des râles s’y mêlèrent et il jura tout bas. Lui qui se demandait si des fangeux étaient toujours dans le coin, il avait sa réponse.

- Pourvu que les sectaires aient fermé convenablement cette fichue tour…
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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyDim 15 Mar 2020 - 17:32


Silencieuse, elle l’avait détaillé un instant, comme pour s’assurer qu’il se portait bien, que la fin qu’il avait provoquée n’était pas en train de l’emporter dans un vent de culpabilité. Il ne lui fallait jamais bien longtemps pour espérer définir si elle avait besoin de s’éterniser en conversation ou non. Sydonnie avait la sensation que cela irait pour cette fois et s’autorisa un éloignement. Sous ses pieds, les os continuaient de craqueler, de se briser, son poids n’aidant en rien à une possible envie de discrétion. Le désormais cadavre gisait au même endroit, animé parfois de quelque soubresaut normal. Cela ne semblait pas inquiéter plus que ça la noiraude, dont les doigts effleuraient les pierres froides, humides recouvertes par endroit de moisissures. L’esprit de la sergente faisait le tri dans les indices, dans les possibilités, bannis, brigands, fous, sectaires, tout y passait, néanmoins une certitude émergea rapidement dans ses pensées : il ne pouvait s’agir là que d’une secte idolâtrant Etiol.

- « Coincés avec une échelle » corrigea-t-elle dans l’optique de remonter si réellement un danger devait se pointer « Je ne sais pas si c’est un véritable passage, ou quelque chose de dissimulé » affirma-t-elle par la suite.

Lentement, la sergente effleurait les pierres, les marques, cherchant de la pulpe de ses doigts une solution, un quelque chose qui sortirait de l’ordinaire, un mécanisme peut-être ? Mais rien, elle ne trouvait rien et cela avait cette étrange tendance à l’agacer. Sydonnie n’aimait pas se tromper, même si elle ne tombait sur aucune ouverture, aucun passage d’air, aucune trace sur les murs, elle n’en restait pas moins convaincue qu’il y avait une problématique, un passage quelque part. Secouant la tête de droite à gauche, elle détaillait simplement celui qui semblait tout comme elle chercher une solution de secours. Sans un mot, elle se contenta de rouler des épaules, d’alterner des mouvements de tête négatifs, avant de se mettre à genou, afin de vérifier les jointures du sol. Rien, elle ne trouvait rien, poussant du bout du pied, d’un geste presque agacé un crane, elle prit une légère inspiration, relevant le nez, avisant le plafond pour se détendre un instant. Alaric pensait finalement que l’ensemble n’avait pas d’issue, elle, en doutait encore et le laissant s’installer sur le sol, elle entamait une nouvelle recherche, cherchant à ressembler l’ensemble des ossements dans un coin de la pièce, idéalement proche du cadavre.

L’humidité ambiante, l’eau ayant imprégné ses vêtements provoquait de légers picotements, une sensation froide qui envahissait la totalité de son corps. Jetant un bref coup d’œil à celui qui avait retiré une partie de ses habits. Il avait raison, entièrement raison, il fallait sécher les habits. Secouant doucement la tête, elle déplaça l’échelle pour la position contre un mur relativement sec, récupéra le tissu qu’il avait retiré pour l’essorer le plus possible et le positionner en équilibre sur l’ensemble, elle en profite pour retirer son pantalon et son haut, ne conservant que son bandage autour de sa poitrine et une partie de son buste –protégeant son dos qui laissait néanmoins transparaître les multitudes blessures, notamment la dernière encore purulente et ensanglantée-. Elle avait froid, c’était une évidence, mais moins qu’avec des vêtements inondés. Elle se frottait légèrement les membres, cherchant à ne pas s’engourdir. L’ensemble était plus ou moins étendu, alors qu’elle reprenait son occupation de désencombrement.


- « Il y a forcément un passage » affirma-t-elle « Du moment qu’il reste dehors le reste, ça n’a pas d’importance » enchaîna-t-elle en avisant les murs sombres

Dans un univers masculin comme la milice, la jeune femme avait fini par apprendre à ne plus être gênée par l’absence de vêtements partiels, néanmoins, elle s’appliquait à ce que son regard n’effleure jamais la silhouette d’Alaric. Les bruits de la fange à l’extérieur semblaient parfois la pousser à l’immobilisation, avant que ses gestes ne reprennent rapidement. La pièce commençait à se vider lentement et un tas d’os s’accumulaient dans un angle. S’occuper physiquement l’aider à s’occuper l’esprit sans aucun doute. Mais ce ne fut qu’en retirant au centre de la pièce les derniers ossements que son regard se figea. Un craquement s’était fait entendre sous ses pieds, craquement qui n’avait rien de celui que devrait faire une pierre, ou du sol dur, ou de la terre.

- « Regarde ! » fit-elle rapidement

Elle s’était mise à genoux, non sans grimacer de douleur vis-à-vis de son dos, avant que ses doigts n’effleurent le sol, jusqu’à dévoiler une trappe en bois. La poignée était manquante, néanmoins à force d’insister sur les bords à l’aide de ses ongles, elle avait fini par réussir à l’ouvrir. À peine le clapet ouvert sur le côté qu’une odeur pestilentielle s’était élevé jusqu’à venir piquer les narines de ceux qui se trouvait encore dans la pièce surélevée. Dans cette cave, l’obscurité était encore beaucoup plus présente, plus profonde, le silence semblait régner un instant, alors que le sol en dessous lui semblait faire quelque bref mouvement, y aurait-il du liquide ? Un bref coup d’œil vers celui qu’elle accompagnait, un mouvement de tête et la noiraude hésitait à refermer l’ensemble. Il n’y avait à première vue rien n’à exploiter, pire peut-être qu’un danger plus présent encore se trouver en bas.

- « Je ne suis pas certaine que ce soit utile de s’y rendre » murmura-t-elle en relevant le nez vers celui à qui il manquait toujours des vêtements, s’appliquant à se fixer à son visage. « Cela me paraît plus risqué qu’autre chose, on a aucune visibilité… et des vêtements humides, trempés en train de sécher… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyMer 18 Mar 2020 - 18:21
Sydonnie utilisait l’échelle pour sécher leurs vêtements, une idée qu’Alaric ne pouvait qu’approuver. Il tâcha de se dévêtir un maximum, évitant de regarder la noiraude qui faisait de même. Cette dernière ne semblait pas inquiétée de sa nudité et reprit la recherche d’une sortie hypothétique. Le soldat saluait son abnégation, fouillant même le sol, repoussant les ossements répugnants qui ornaient les fondations.

Malgré lui, il l’observait, notant les cicatrices et blessures qui maculaient son corps. L’une d’elle, ensanglantée, attira son attention. La sergente ne montrait rien, mais il était clair que cette blessure la faisait souffrir.

Alaric passa sa besace autour de lui puis se rapprocha de la trappe découverte. Il eut un mouvement de recul lorsqu’elle l’ouvrit, tant l’odeur était nauséabonde. Par les Trois ! Ils avaient trouvé une « sortie » oui, mais celle-ci n’était pas des plus engageantes. De concert, ils se penchèrent sur la cavité, curieux. De l’eau… Ou un autre liquide coulait en contre-bas.

Il secoua la tête et referma la trappe d’une main ferme.

- On a plus urgent à faire que se promener là, affirma-t-il.

Puis, d’un ton plus autoritaire, il ajouta :

- Viens t’asseoir, tu as besoin de soins.

Du menton, il désigna sa plaie dorsale. D’un geste du bras, il l’invita à s’asseoir où il avait déposé ses affaires et sortit quelques branches et feuilles de sa besace.

- De l’achillée, dit-il simplement.

Il frotta les feuilles entre ses mains et, les écrasant dans ses doigts, les humidifia près des escaliers. La pluie, qui avait redoublé d’intensité, s’écrasa sur sa préparation, transformant la plante médicinale broyée en une mélasse verdâtre peu ragoutante. Alaric n’était pas le plus grand connaisseur de la flore du coin, mais sa vie de fermier lui avait enseigné quelques astuces non négligeables. Lorsque l’on trouvait de l’achillée aux abords des champs et des prairies, il ne fallait jamais la piétiner ; une leçon que sa mère lui avait répétée maintes et maintes fois. Aussi, lorsqu’il en avait trouvé entre Sombrebois et Piana, il n’avait pas hésité à fourrer la plante miraculeuse dans sa besace. L’herbe médicinale se faisait plus rare en cette fin d’été et le climat humide ne favorisait pas sa croissance. Certes, il ne disposait pas du matériel nécessaire pour fabriquer un cataplasme digne de ce nom, mais l’effet de la plante seule suffirait à stopper les saignements.

- Ça devrait te soulager un peu.

Il attendit une réponse, une autorisation de la part de la noiraude avant d’étaler avec soin son remède. Il s’assura que la préparation recouvrait parfaitement la blessure et la pénétrait avant de se relever. Pendant ses soins, le vent avait hurlé entre les planches et la pluie s’était abattue par l’ouverture. À leur place, ils demeuraient au sec, mais il semblait que les éléments, après une brève accalmie, se déchaînaient à nouveau. Il sursauta lorsque le tonnerre claqua dans l’air à plusieurs reprises. Soudain, un grondement se fit entendre et, balayés par l’usure, le temps, et la tempête, une partie des escaliers encore debout dégringolèrent pour s’écraser sur les ossements.

- Bon… Je crois que l’échelle ne nous aidera plus à remonter, dit-il, dépité.

Il retourna à sa place et s’assit, les jambes pliées contre son torse, les bras passés autour de ses genoux.

- On essaye la trappe ? Il n’y a peut-être pas que de l’eau, en bas. On devrait y descendre l’échelle…

S’ils pouvaient au moins mesurer la hauteur qui les séparait de la cave mystérieuse, ce serait un bon début. Pour l’heure, il préférait se réchauffer, attendre d’être dans un meilleur état avant de reprendre leurs recherches, plus bas encore. Avec un peu de chance, un chemin sous-terrain les mènerait quelque part.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyMer 18 Mar 2020 - 23:51


Sydonnie lui avait jeté ce drôle de regard, alors qu’il évoquait sa plaie, alors qu’il proposait de la soigner. Encore. Dernièrement beaucoup trop de personnes se souciaient de cette blessure, blessure qui lui permettait d’avoir une raison de grimacer, apportant une douleur physique à tout ce mal qui la rongeait. Néanmoins, consciente que l’endroit n’était pas propice à la nouvelle vague de sang qui s’écoulait, elle se rapprocha, rabattant simplement ses jambes contre son buste, offrant en simple vision ce dos rempli de cicatrice ancienne et de ses longues et profondes entailles récentes. Menton en haut de ses genoux, elle laissait ses doigts s’enfoncer dans sa peau, faisant cet étrange silence, alors que des mains masculines recouvraient les marques par la substance froide et pas forcément très agréable. Un soupir avait fini par s’échapper de sa bouche, alors que sa mâchoire se contractait, alors qu’elle attendait sagement que l’instant passe, que tout passe. Conscience néanmoins de la gênance de l’instant, parce qu’il avait une femme, parce qu’elle était veuve, elle s’autorisa une très légère explication.

- « Cela vient du couronnement du Roi » évoqua-t-elle « J’ai» sa gorge se serra un instant, elle aurait voulu dire sauver un ami et des milliers de gens, au lieu de ça elle se contenta d’une supposition « J’ai essayé d’aidant en protégeant » prendre les coups, les attaques les griffes à la place des autres « On m’a sauvé alors que je protégeais un ami… Je ne pouvais pas le laisser se faire… » cela donnait les marques de l’étreinte de la fange, si profonde, si large, si prenante et visible « Cela ne cicatrice pas très bien je crois »

C’était idiot de le dire, alors qu’après autant de temps l’ensemble devrait être refermé, mais rien n’y faisait.

Son absence de repos, sa volonté de bouger, son occupation, les missions en extérieur dans des environnements complexes au niveau hygiène, tout rendait la guérison impossible, la douleur omniprésente, continu, sans pause. Le clergé l’avait même accusé de le faire exprès, d’avoir ordonné à son corps de ne pas guérir, elle le niait fermement, mais ne faisait rien pour lui permettre de se ressourcer non plus. Prenant une légère inspiration, elle pouvait percevoir l’aspect rugueux de la paume de la main de l’ancien milicien sur son dos, sur les plaies, elle pouvait presque en définir la taille. Il lui promettait un soulagement, elle aurait pu éclater de rire, sans le faire pour autant. La sergente ne croyait plus vraiment au soulagement, mais préféra ne pas brusquer celui qui lui tenait compagnie dans ce qui lui semblait être un nouvel effondrement du royaume.

- « Qui sait, peut-être que cela fonctionnera cette fois » se contenta-t-elle de souligner.

D’un mouvement de tête elle l’autorisait à poursuivre, écoutant l’environnement, fermant les yeux un instant. Sydonnie ne pouvait que frissonner, que sentir son cœur tambouriner devant le bruit du tonnerre, des éclairs qui n’illuminaient plus grand-chose. Elle avait sursauté à celle puis puissante que l’autre, avant de s’écarter brusquement lorsque le peu d’escaliers présents venant encore de s’effondrer, droite, immobile dans l’obscurité, elle avisait l’ensemble en silence. Ils étaient coincés. Elle avisa l’échelle qui n’avait pas bougé, avec encore les vêtements humides suspendus. La noiraude l’avisa ensuite lui, un autre instant, immobile, contre le mur, les genoux pliés, il semblait proie à des doutes dont elle ne pouvait rien. Proposait-il de descendre dans cette obscurité étrange, dans cette eau étrange. Secouant doucement la tête, elle se mordillait la lèvre inférieure, pas convaincue que ce soit la meilleure solution.

- « Je ne sais pas » admit-elle en s’approchant de l’ensemble « L’eau ce n’est pas mon domaine » avoua-t-elle « Je ne sais pas nager» confessa la sergente en passant un bras sous sa poitrine « Ce n’est pas ça qui m’inquiète le plus cependant » enchaîna-t-elle en réfléchissant à voix haute « Les fangeux aiment la pluie, ils aiment l’eau, qui nous dit qu’il n’y a rien qui attend la dedans ? On n’aura aucune chance. »

Elle prend une inspiration, se déplace lentement pour effleurer du bout des doigts les vêtements encore bien trop mouiller pour espérer enfiler de nouveau le tout. Elle s’approcha de la trappe pour l’ouvrir avec autant de difficultés, avise l’intérieur sans pour autant distinguer réellement quoi que ce soit hormis cette odeur abominable qui persiste. Dévisageant l’ensemble, elle ne savait pas trop quoi faire, ni réagir.

- « Avant de tester l’échelle, j’ai besoin de vérifier quelque chose… » elle se masse le menton « Les fangeux parviennent à différencier un mort d’un vivant n’est-ce pas ? » elle n’était toujours pas sur de cet élément, elle le supposait, comme le reste des miliciens de l’externe « MAIS, ils aiment les Hommes vivants… » elle avisa le cadavre « Pardonne-moi si tu es sensible, mais je pense que ça peut marcher. »

Elle abandonne sa posture pour récupérer une de ses dagues, couper un morceau du corps restant, une main un doigt, peu importe. C’est douloureux et c’est long, puis elle s’entaille la main sans la moindre hésitation, laissant le sang s’écoulant imbiber le membre froid et sans vie. L’idée est de faire croire à une vie non loin, obliger un mouvement, obliger un bruit qui permettrait de réaliser si oui ou non un risque est présent dans cet étrange liquide. Se penchant au-dessus de la trappe, elle relâche l’ensemble dans un « plouf » significatif. Tendant sa main, elle cherche à trouver une solution à sa nouvelle problématique :

- « Tu as encore de ta mixture froide ? »

Et maintenant, il ne reste qu’à attendre ou à avoir une meilleure idée.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyDim 22 Mar 2020 - 18:16
Appliqué et concentré, Alaric massait la plaie de Sydonnie, veillant à ce que sa préparation recouvre toute la blessure. Il n’était pas du tout gêné par la situation, attentif qu’il était à soigner sa camarade de mésaventure. Il ne suspendit pas son geste lorsqu’elle lui expliqua d’où lui venait sa méchante balafre. Il ne broncha pas, perdu dans ses pensées et réflexions. La question qu’elle lui avait posée tout à l’heure prenait tout son sens : comment réagirait-il face à un proche devenu fangeux ? Et elle ? Comment vivait-elle le fait qu’elle risquait de se transformer un jour, de devenir l’une de ces horribles créatures ?

Une griffure de fangeux…


L’entaille n’était pas jolie, mais il n’avait pas cru que les monstres en étaient la cause. Il ne savait pas si sa plante miracle la sauverait, mais il était certain d’une chose : l’achillée possédait de réelles vertus alors autant essayer.

- Peut-être.

Lui aussi, son corps était recouvert de cicatrices glanées ici et là, déjà avant sa carrière militaire. Grâce aux Trois, il n’avait jamais été mordu ou griffé… Mais s’il continuait d’agir aussi imprudemment, cela risquait d’arriver… Il soupira et se retourna vers la noiraude.

- Tu vois, je suis obligé de te protéger. Si tu meurs, tu te relèveras pour me bouffer. Ça ne ferait pas mes affaires.

Il l’avait ajouté sur un ton léger, mais il ne plaisantait pas tout à fait. Le risque de transformation demeurait un sujet compliqué. Contempler le corps meurtri de la sergente l’avait ramené à une brusque réalité. C’était ce qu’elle vivait tous les jours et elle ne cessait de se battre. Pour les habitants, pour ses hommes… Avait-il réellement eu tant de chance, jusqu’à présent ? Ou bien Sydonnie en avait-elle manqué ? Quel plan les Trois avaient-ils manigancé pour les piètres humains qu’ils étaient ?

Quand l’escalier avait cédé, il n’avait pas perdu espoir pour autant. Les dieux préféraient leur compliquer la tâche, mais il espérait bien s’en sortir malgré tout. Il persistait à croire que leur duo se complétait bien : il aurait pu avoir moins de chance. La chance, encore… Il soupira et attendit, les mains callées sur ses genoux.

Alaric savait nager… Plus ou moins. Il était capable de ne pas couler et de battre des jambes. Pour ce qui était de la nage en profondeur, par contre… L’exercice serait plus compliqué.

- « Les fangeux aiment la pluie, ils aiment l’eau, qui nous dit qu’il n’y a rien qui attend là-dedans ? On n’aura aucune chance. »

Une fois de plus, l’expérience de Sydonnie jouait en sa faveur. Il l’observa mettre son plan à exécution, grimaça lorsqu’elle coupa un doigt de la victime qui croupissait à l’autre bout de la cave. Il ne s’en offusqua pas, comprenant où elle voulait en venir. Un « plop » retentit lorsque le membre tomba dans le liquide inconnu.

- « Tu as encore de ta mixture froide ? »

Il leva les yeux au ciel et lui fit signe d’approcher. Il répéta le même schéma avec une partie de son achillée, puis avisa ce qui lui restait. Très peu de quantité, qu’il aurait aimé garder un peu plus longtemps.

- J’aimerais conserver le reste pour plus tard, alors on évite les entailles volontaires, hm, dit-il en feignant la contrariété.

Il prit sa main entre ses doigts et appliqua son cataplasme avec douceur.

- Tu n’avais pas besoin d’y aller aussi fort, soupira-t-il.

Entre-temps, aucun râle, cri ou grognement ne s’était fait entendre depuis la trappe. Il ne savait pas comment il devait interpréter la nouvelle : soit il n’y avait simplement pas de fangeux là en dessous, soit ils savaient que le membre était mort… Mais le sang de la sergente aurait dû les appeler.

- Je te propose d’attendre.

Il se rassit à sa place et frappa ses bras pour les réchauffer.

- Je ne sais pas si on sera complètement immergé là-dedans, si on y va… Mais il vaut mieux nous réchauffer avant.

Il avait dans l’idée d’être ragaillardi une fois son armure plus ou moins sèche remise sur le dos. En plus, c’était un peu tôt avant de plonger – littéralement– dans l’inconnu.

- Que faisais-tu, avant tout ça ?

Il voulait dire « avant la fange », mais l’idée lui semblait suffisamment compréhensible. « Tout ça »… Toute cette misère qui s’était abattue sur le monde entier. Sur le sien, en tout cas.
Spoiler:

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyMar 24 Mar 2020 - 14:16


- « Autant le faire franchement, si tu hésites, cela ne saigne pas aussi bien » fit-elle simplement et honnêtement « Plus tard, tu seras peut-être mort » ajouta-t-elle avec ce brin de malice mélangé avec ce sérieux étrange.

La noiraude l’avait simplement détaillé, lui et ses doigts sur sa main, recouvrant la mixture sur la plaie ouverte qui saignait de manière normale au vu de l’entaille. Elle était une fraction de seconde silencieuse, avisant ce visage, ce torse, cette manière de se comporter, laissant son regard effleurer la peau, constatant le froid présent. Elle aussi avait froid, il serait ridicule de mentir, elle sentait les frissons dans son dos, sur ses bras, sur ses jambes, partout. Plusieurs fois, Sydonnie avait fermé sa main, avant de la rouvrir, pour vérifier qu’elle était en mesure de l’utiliser encore. Elle prit une inspiration, avant de s’éloigner, écoute la trappe qui se faisait silencieuse. Rien, absolument rien, peut-être la fange était-elle en mesure de différencier encore les pièges de ce type, à la véritable blessure ? Elle l’ignorait et cette ignorance constance avait don de l’agacer. Lui il était installé sur le sol, cherchant à se réchauffer en frappant ses bras. Cela la surprenait presque qu’il ne s’était pas autorisé une proposition indécente, surtout au vu du peu de vêtements recouvrant les corps. Beaucoup ne se serait pas gêné, sans doute à raison, quoi de mieux pour se réchauffer, mais lui conservait à la fois sa distance, mais aussi une certaine forme de raison.

Qu’est-ce qu’elle faisait avant ? Elle s’immobilisa, sans trop savoir quoi répondre, avisant ce gouffre d’obscurité dont le liquide semblait s’obstiner à rester sans raison. Nager, elle ne savait nullement le faire, l’idée de plonger ne l’enchantait absolument pas. Avant. Sydonnie avait relevé les yeux, s’interrogeant encore sur cet avant qui lui semblait si loin, comme si il n’avait jamais existé, avait-il seulement existé un jour ? Elle roula d’abord des épaules, secouant lentement la tête de droite à gauche, laissant ses doigts effleurer son menton dans cette réflexion sincère.


- « Je ne me battais pas déjà » avoua-t-elle naturellement « j’étais fille de bourgeoise, mon père était chevalier au service du premier Roi, il est mort au combat. Ma mère voulait que je reprenne la boutique de dentelle. J’avais une bonne éducation, je n’étais pas vulgaire, je savais m’habiller et me coiffer. » les souvenirs lui offrirent un bref sourire « Et puis, je crois que c’est tout. Je voulais devenir chevalier, ce qui rendait chèvre, mère, faisait rire mon père, tu comprends facilement que ce rêve était inatteignable alors je serais sans doute devenue dentellière, j’pense. » puis y avait eu la mort du père, le conflit avec la mère et l’arrivée de la fange « La fange a débarqué, j’ai vu une manière de rendre hommage à mon père, j’me suis engagée, j’ai morflée, j’ai progressé, j’ai vu la mort une multitude de fois et me voilà ici »

Elle étend ses mains devant elle, puis ses bras, cherche à se détendre, se réchauffer, mais aussi établir une limite à ses mouvements. La fatigue de la mission, de la blessure dans son dos, de celle dans sa main la fait déjà réfléchir, prendre des risques n’est pas quelque chose qu’elle peut se permettre, notamment si sa folie risquait de mettre en danger une autre vie que la sienne. Si elle n’avait plus rien à perdre, ce n’était pas nécessairement le cas de tout le monde. Instinctivement son regard s’était installé sur la silhouette masculine, consciente qu’elle n’avait même pas pris la peine de retourner la question :

- « Et toi ? » fit-elle finalement en prenant une légère inspiration.

Elle réfléchissait déjà à la suite, dans son esprit il était hors de question de se noyer dans une merde pareille. Déjà dans de l’eau propre et transparente ou elle avait pied, elle rechignait à y entrer un orteil, alors entrer à l’aveugle dans un truc non identifier ou y avait potentiellement la fange, même pas en rêve. L’idée de le mettre lui en danger ne l’enchantait pas non plus. Surtout qu’elle n’était pas certaine de pouvoir surmonter cette crainte de l’eau pour lui venir en aide. Finalement elle avait fini par se relever, pour mettre l’échelle dans la trappe, comptant les barreaux s’immergeant sous l’eau pour estimer une distance. C’était aussi un bon moyen de chatouiller la fange. L’ensemble s’enfonce dans une distance qui la fait presque pâlir et enfin les pieds de l’échelle touchent le fond. Plusieurs barreaux sont immergés désormais, signe que cela dépasse de loin la taille de Sydonnie ou même d’Alaric,. Ses lèvres se pincent instinctivement, un brin contrarié.

- « C’est profond quand même» admit-elle un peu hésitant « Peut-être pas descendre à deux dans l’immédiat ? »

C’est une proposition, simplement, un qui tient l’échelle, l’autre qui descend en cas de problème le premier pourra remonter rapidement l’ensemble. On peut aussi jouer à puits ciseau pierre parchemin, pour déterminer qui va en bas, mais là aussi elle n’est pas certaine que jouer l’ensemble à un jeu soit une très bonne idée.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyMar 24 Mar 2020 - 18:50
Il essaya d’imaginer Sydonnie dentellière et étouffa un rire. Il ne doutait pas que dans sa jeunesse, la noiraude put être plus délicate… Mais la fange avait balayé cet aspect de sa vie. Il la trouvait bien courageuse de s’être engagée ainsi, d’autant plus qu’elle était parvenue à gravir les échelons au sein de la milice. Jeune bourgeoise, elle n’avait pas dû être habituée à ce monde brutal, particulièrement masculin. Néanmoins, c’était la voie qu’elle avait choisie et, même s’il ne la connaissait pas beaucoup, il la respectait pour cela.

- T’as vu, tu seras devenue chevalier du roi, finalement.

D’une manière absolument cruelle et inattendue, la fange avait bousculé la sergente, mais lui avait donné l’occasion de se battre, ce qu’elle avait toujours rêvé. Mais si elle avait su, n’aurait-elle pas préféré une boutique de dentelles, au calme ?

L’entendre évoquer sa famille lui provoqua un bref pincement au cœur. Il imaginait sans mal ces scènes de la vie quotidienne qu’il avait vécues, lui aussi. Dans ses souvenirs se promenaient les visages de son frère et de sa sœur, tout sourire, l’un le tirant par la manche, l’autre le pressant de balayer la campagne, à ses côtés. Sa mère était partie avant l’arrivée du Fléau, et malgré le malheur qui avait assombri sa famille, tous en furent d’autant plus unis. Ce qu’elle aurait voulu. Par réflexe, il porta son regard au-dessus de lui. Même s’il ne distinguait pas le ciel, il espérait que tous étaient réunions à nouveau. L’attendaient-ils ?

- « Et toi ? »

Il sortit de sa rêverie, patienta quelques secondes puis haussa les épaules.

- Mes parents tenaient une ferme. Je devais la reprendre. Les Trois savent que j’aimais ça ! M’occuper des champs, mener les bêtes, observer la nature, vivre dehors…

Il marqua une petite pause, s’appuya sur un coude afin de sentir sa tenue – toujours trop humide à son goût – puis se rassit.

- Ma mère est morte avant la Fange… Quand cette saloperie est arrivée, nous avons voulu rejoindre Marbrume. Je suis le seul à avoir atteint les murailles.

Les cris d’Ellaine résonnèrent dans son esprit. Il les chassa d’un vif mouvement de la tête et se concentra sur la sergente, de nouveau aux prises avec la trappe. Cette femme ne savait pas tenir en place ! Il n’était pas étonné d’apprendre que sa blessure ne cicatrisait pas normalement. Déjà qu’il s’agissait d’une griffure de fangeux, si en plus Sydonnie ne se reposait pas, jamais elle ne guérirait. Elle aussi devait avoir la fâcheuse tendance de tout porter sur ses épaules. Voilà pourquoi elle avait renvoyé tous ses hommes et était demeurée seule, dans les marais. Sans doute n’avait-elle plus rien à perdre – elle ne semblait pas craindre la mort – ou avait-elle besoin de prouver ses capacités.

Alaric se redressa et observa les barreaux qui demeuraient à la surface. Peu. Ce liquide nauséabond était profond. Dans de l’eau claire, la tâche aurait déjà été périlleuse, mais là… Inutile de plonger là-dedans, respirer ou avaler ce truc ne le tentait guère.

Il avisa la noiraude qu’il jugeait hésitante, peu encline elle aussi à faire le grand plongeon. Il étudia sa proposition, se frottant le menton, pensif. C’était jouer la sécurité, mais ils ne pourraient pas avancer de cette manière. Or, ils ne pourraient rester ici indéfiniment. Alaric se rapprocha et fixa l’échelle, les barreaux invisibles enfouis sous l’eau.

- Le bois flotte, énonça-t-il soudain.

Il prit l’échelle des mains de la noiraude et la sortit hors de la trappe. Sans un mot, il la porta jusqu’à son campement improvisé, s’assit et la posa en travers de ses genoux. Ainsi façonnée, elle ne pourrait flotter pour eux deux, mais en la retouchant et en la consolidant un peu…

- Viens. Repose-toi, tu en as fait assez.

Alaric attrapa sa besace et en retira ce qui restait de son achillée ainsi que quelques plumes de canard qui tapissaient toujours le fond. Ensuite, il attrapa sa dague acérée et réfléchit quelques secondes.

- Je vais transformer cette échelle en radeau… enfin… Un truc pour qu’on puisse se laisser flotter dessus. Euh… Tu t’y connais en radeau ? Si je découpe des lanières de ça, dit-il en pointant sa besace du doigt, je pourrais ficeler les barreaux correctement… On tente, sergente ?

Il lui offrit un sourire encourageant. Il était possible qu’elle le prenne pour un fou. Mais n’était-ce pas déjà le cas ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyMer 25 Mar 2020 - 12:45


Un fermier donc. La noiraude opine avec lenteur, même si elle n’en dit rien, c’est un métier qui aurait pu lui convenir, mais fallait-il bien l’admettre elle n’avait ni la main verte ni une connaissance dans les plantes particulièrement bonnes. Néanmoins, ça avait toujours eu don de la fasciner, même encore maintenant, quand elle voyait une simple graine pousser, se développer jusqu’à devenir un légume, un fruit, une fleur, elle ne pouvait que ressentir cette curiosité sincère. Eux, ils avaient toujours tendance à hausser les épaules, trouvant sans aucun doute ça parfaitement normal, mais elle, elle qui n’arrivait pas à faire pousser la moindre plante, même une mauvaise herbe, c’était quelque chose. Et puis fallait-il bien le reconnaître, sans tous les travailleurs de la terre suffisamment courageux –ou suicidaire- pour accepter de cultiver au Labret, la famine serait un état beaucoup plus poussé. Fils de fermier donc, laissa-t-elle planer mentalement en le détaillant, en un sens, la sergente trouvait que cela lui convenait bien, pas que certains puissent avoir une tête faite pour ça, mais presque. Elle s’était pincé les lèvres, alors qu’il évoquait le décès de sa mère, puis son parcours pour arriver à la fange. La noiraude n’avait pas eu à connaître ça, aucun trajet, elle était déjà sur place. En revanche, elle avait pu voir tous ceux émigrant à Marbrume, blessée, épuisée, recouvert de sang, n’ayant plus rien, absolument rien. Un instant, dans ce passé pourtant si lointain, elle s’était sentie –avec le recule- chanceuse. Parce qu’elle avait toujours eu sa mère et son cousin, parce que personne n’était mort en essayant de fuir dans ses proches.

La conversation teintée de cette étrange tristesse avait fini par avoir raison de l’instant, le froid continuait à venir mordre les chairs, faisait frissonner la totalité de l’être de la jeune femme qui avait fini par se mouvoir, simplement pour plonger l’échelle dans la substance, vérifier la quantité d’eau. L’ensemble avait coulé bien trop profondément à mon goût, c’était toujours étrange maladroit, cela lui tirait quelques grimaces. Maintenant la question qui reste en suspens c’est qui plonge en premier et clairement, la sergente n’a pas envie d’être celle qui devra s’immerger. Parce qu’elle ne sait pas réellement nager, parce qu’elle n’aime pas nécessairement l’eau non plus, et parce que le contact du liquide sur sa peau abîmé va être beaucoup trop douloureux pour rester supportable ou tolérable. Néanmoins, elle ne se voit pas l’imposer à celui qui a toujours rêvé de devenir fermier. C’est soudainement, cet étrange fait, cette étrange remarque qui l’a fait hausser un sourcil. Le bois flotte.


- « Et l’eau mouille ? » rétorqua-t-elle dubitative sans percevoir où il veut en venir.

Puis il déboule, retire l’échelle de l’eau, s’installe dans un coin et commence à la recouvrir de plume. La noiraude reste silencieuse, détaillant l’ensemble avec des yeux relativement ronds, sans trop voir où il veut en venir, elle s’est redressée pour s’approcher craignant qu’il décide soudainement de briser le peu qu’il reste, le peu que le duo possède. Ils pourront toujours remonter si jamais avec ça, alors que si elle se retrouvait brisée, il ne resterait qu’une solution : sauter. Alaric finit par expliquer, elle laisse ses doigts effleurer le bas de son visage, perplexe, avant de secouer la tête, c’était… insensé, déjà parce que franchement une échelle en radeau… et puis avec quoi le consolider, des os ? Ça coulait ça, il lui semblait… Alors, elle fit cet étrange silence, alternant du regard entre le milicien et la trappe, entre l’eau et le plafond dont la pluie venait encore s’écouler par l’ouverture. Le vent était encore parfaitement audible, ainsi que les arbres de pliant en tous sens pour essayer de lui résister, les gémissements étranges de la fange eux aussi étaient encore là, si bien qu’une fraction de seconde, elle regrettait son envie d’être retournée dans cette fichue tour. Ici, il n’y aurait plus rien de positif, de doux, d’agréable.

- « Si ton objectif, c’est d’aller dans l’eau pour potentiellement flotter, nos vêtements n’ont pas besoin de sécher davantage. » Puisque de toute façon, ils allaient être rapidement de nouveau complètement tremper « Et tu as déjà fait ça ? Parce que moi, je n’ai jamais fabriqué de flotteur. »

Elle a glissé ses bras sous sa poitrine visiblement peu convaincue, alors qu’elle vient inspecter l’état de ses vêtements, toujours eux aussi bien trop humide. Elle se déplace un instant, comme un animal enfermé en cage, tourne en rond, attrape un os pour le regarder couler au fond de la trappe. Vraiment un os ça coule. La noiraude se pince les lèvres, sent son cœur s’emballe un instant puis ajoute :

- « Pourquoi en arrivant à Sombrebois, ou en changeant de vie tu n’es pas devenue fermier ? » elle réfléchit un instant « Bon dans les marais c’est complexe de faire pousser quoi que ce soit, mais pourquoi ne pas avoir été au Labret ? C’est quand même plus sécurisé que ce domaine en perdition, tu prends ta nana et hop. De quoi fonder une nouvelle vie ailleurs, peut-être même avoir des enfants mh ? »

Parler lui offre cette sensation étrange et un peu rassurante, un peu seulement, il ne faut pas s’y méprendre, elle n’est pas entièrement soulagée, surtout quand elle évoque cette notion de famille, de bébé, où elle porte inconsciemment ses doigts jusqu’à son ventre. Sa gorge s’est nouée l’espace d’un instant, alors qu’elle inspecte l’ensemble, le bois humide est à l’étage, elle n’est pas sûre de pouvoir y accéder, la trappe à bien une porte en bois, mais le système de clenche est lourd et risque de provoquer une surcharge faisant couler l’ensemble. Pour une fois, elle le laisse faire son idée, de toute façon elle n’en a aucune de meilleure.

- « Cela ne coûte rien d’essayer de toute façon » admit-elle « Je vais récupérer du tissu de notre parfait inconnu, cela pourra servir pour consolider certain axe. » elle n’a aucune gêne à venir déposséder le mort des vêtements visibles, il est mort, il n’en a plus besoin de toute façon « Tiens » fit-elle en lui tendant simplement.

Elle fait silence, une main vers lui contenant son maigre butin, il n’y a de toute façon, absolument rien dans cette pièce pouvoir lui être utile et le froid vient toujours dévorer son être. Elle frotte ses avant-bras, simplement, elle pourrait lui poser une multitude de questions, mais l’ancien milicien ne lui paraît pas être un homme qui se projette ou réfléchis réellement, il a l’air d’être celui qui fait au jour le jour avec qui lui tombe dessus.

- « Si on survit, tu passeras mes salutations à ce brave Hector » finit-elle par dire « Je l’ai connu au début de tout ça, je m’étais perdu dans les marais, j’ai fini par passer quelques jours dans son domaine à l’aider pour les travaux, puis j’suis repartie et depuis on ne s’est croisé qu’une fois » ajouta-t-elle « Lors de son fameux bal à Sombrebois » elle c’était mise à rire légèrement « Un échec cuisant qui a condamné définitivement sa réputation, faut dire que se faire la femme d’un autre noble, puis se battre en public, c’n’est pas la meilleure idée qu’ils ont pu avoir. »

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyJeu 26 Mar 2020 - 17:45
- Non, jamais. Mais il faut essayer.

Alaric raffermit sa prise sur sa dague et entreprit de détailler des lanières hors de sa besace. Concentré, il transperçait le sac de son arme et la faisait coulisser, prenant garde à ne pas déchirer la matière. Les courroies qu’il créait devaient demeurer suffisamment solides pour serrer et consolider les planches de son futur radeau-flotteur-de-fortune.

Appliqué à sa tâche, il ne leva plus les yeux vers Sydonnie. Du coin de l’œil, il apercevait sa silhouette tourner en rond, la devinait hésitante. Il se doutait qu’elle serait peu encline à risquer sa vie dans un projet aussi insensé. Mais qui avait une meilleure idée ? Lui-même éprouvait une certaine excitation, à l’idée d’avoir – peut-être – trouvé une solution. En tout cas, cette drôle de confection l’occupait et effaçait ses douloureux souvenirs.

Les nouvelles interrogations de la sergente le prirent de court et, suspendant son geste, Alaric releva enfin la tête de son ouvrage. Quand ils ont récupéré le Labret, il n’a jamais pensé s’y installer, simplement parce qu’il était toujours un milicien. Il avait décidé de vouer sa vie à la défense des habitants, au meurtre des créatures des marais. Il avait fait une croix définitive sur sa carrière passée. Le vent l’avait porté vers Sombrebois où le terrain de chasse l’avait conquis. Non, vraiment, le Alaric fermier était bien loin derrière lui, et n’avait pas de place en ce nouveau monde.

- De quoi fonder une nouvelle vie ailleurs, peut-être même avoir des enfants mh ?

Le temps d’un battement de son cœur, il imagina cette vie idyllique. Pure création de son esprit, il s’observait battre la terre aux aurores, héler ses enfants partis promener sur ses terres, embrasser Hilde qui demeurait à ses côtés, prompte à l’aider dans chacune de ses folles entreprises. Est-ce que ça lui plairait, à elle ? Difficile de la visualiser derrière les fourneaux, attendant bien sagement qu’il rentre d’une dure journée de labeur. Non, la rousse, il faudrait qu’elle participe, qu’elle travaille autant que lui ! Cette vision était une copie conforme de la vie qu’il avait vécue jusqu’au Fléau ; il se mordit la lèvre quand il s’en rendit compte.

- Je ne veux pas d’enfants, répondit-il d’un ton sec.

Alaric se crispa et recommença sa besogne, dents serrées. Il lui en avait fallu de peu pour que sa rêverie s’assombrisse, pour que des hordes de fangeux égorgent sa femme et ses enfants. Les enfants mourraient dans ce nouveau monde cruel. La plupart croupissaient dans les rues, d’autres étaient certes aimés, mais ne bénéficiant pas de nourriture en suffisance, dépérissaient à vue d’œil. Vraiment, qui voulait infliger ces tortures à des gosses ? Pas lui, en tout cas.

Le soldat attrapa les tissus que la noiraude lui tendait et les posa sur ses lanières nouvellement créées ; il ne restait plus rien de sa besace. Puis, il posa les mains sur l’échelle et l’observa, essayant de déceler la meilleure stratégie à adopter.

- Tu peux me passer une de tes épées ?

L’échelle était trop longue, il devait couper les extrémités avant de les lier aux côtés. Il jeta un œil à la trappe, présuma la taille de cette dernière puis réfléchit. Sa création ne devait pas être trop large afin de passer l’ouverture. Enfin, il se munit de l’arme et découpa les pieds et barreaux centraux.
Ce faisant, il écoutait Sydonnie d’une oreille distraite. Comme ça, elle était déjà allée à Sombrebois et connaissait Hector ? Il faudrait qu’il lui en parle, lorsqu’il rentrerait.

- Les femmes, la faiblesse d’Hector, murmura Alaric.

Pour l’instant, c’était Rosen. La blonde accaparait toutes les pensées du baron et semblait lui faire faire tous ses caprices. Le dernier en date était de quitter quelque temps le bourg parce qu’elle « se sentait mal ». Bien sûr, Alaric était heureux pour le baron, mais il ne voyait pas toujours d’un bon œil les influences de Rosen sur le bourg de Sombrebois. D’autant plus que, depuis qu’il avait refusé d’être son témoin, elle continuait de le bouder, telle une enfant gâtée. Si elle ne comptait plus faire d’efforts avec lui, il n’en ferait plus non plus… Il soupira et passa sa frustration sur l’échelle, démantibulée.

- Je sais que Hector est… Mal vu. Mais il a un bon fond, tu sais. Ne le juge pas trop sévèrement.

Alaric contempla son œuvre, hocha la tête d’un air satisfait. Ensuite, il prit ses lanières et bouts de tissus et reficela ses rondins de bois, certains au centre afin de « remplir » son radeau, d’autres sur la barre latérale droite pour former le flotteur. Du moins, c’est ce qu’il espérait.

- Alors, t’en penses quoi ?

Spoiler:
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyJeu 26 Mar 2020 - 23:47


- « Tu as bien raison » conclut-elle

Cela évite des tourments, des déceptions, des craintes, des peurs, de la tristesse. Elle se pince les lèvres sans savoir quoi rajouter, convaincue que de toute façon il n’y a rien de plus à dire. La noiraude n’aime pas nécessairement ce sujet de conversation qu’elle pourtant amorcé, ne le relance de ce fait pas. Une inspiration plus loin, elle s’enferme dans cet étrange silence, arrête le moindre de ses mouvements. Elle aurait pu, elle avait effleuré du bout des doigts cette satisfaction de fonder une famille, d’avoir un enfant, un mari aimant, ce n’était pas la fange qui lui avait tout pris pas cette fois. C’était son propre époux en mettant fin à ses jours en se jetant droit dans les créatures. Ordure. Prenant une inspiration, puis une autre, la sergente se contente de se concentrer sur autre chose, de balayer l’ensemble de sa tête, sans forcément même s’apercevoir qu’il avait été plus sec, plus froid, plus distant. Lui, était concentré sur la construction de son radeau, la sergente n’était pas certaine de croire à la tentative, mais bon, pourquoi pas après tout. L’homme avait récupéré les tissus pour renforcer le navire de pacotille, bien concentré sur sa tâche, sans doute convaincue et fière d’avoir eu l’idée la plus lumineuse du moment. La noiraude s’était un peu renfrogné à la fois pensive, dubitative, mais aussi un peu endolorie par le froid, la douleur, l’inquiétude de devoir se retrouver sur l’eau. Après tout, rien n’était si simple, absolument rien. Dans le fond, même si elle tâchait de passer outre, il n’était pas évident pour elle de laisser ses émotions de côté, cette incompréhension. Elle qui avait donné sa vie pour les autres, avait tout perdu, lui qui avait décidé de fuir avait obtenu une famille. Incompréhensible.

La femme d’arme ne préférait ne pas trop y songer avant de lui tendre une de ses lames, de très bonne qualité, elle était gravée aux symboles de la famille Rivefière et d’Algrange, un serpent entourant la partie à maintenir. Son mari avait la même, en un peu plus lourde et c’est en la prêtant temporairement à Alaric qu’elle réalisa devoir s’en séparer, ne pas pouvoir poursuivre à l’utiliser, à quoi bon. Elle ne put néanmoins s’empêcher de formuler :


- « Ne l’abîme pas… Ce n’est pas fait pour ça à la base…» mais si il finissait par mourir ici, cela n’avait plus grande importance.

La suite de la conversation c’était faite plus légère, alors que son compagnon d’infortune s’appliquait seul à réaliser son œuvre d’art. Hector de Sombrebois, drôle d’oiseau, la noiraude ne pouvait pas dire qu’elle ne l’appréciait pas, néanmoins ses habitudes de vie allant à l’encontre des préceptes des Trois et du royaume, elle ne pouvait pas non plus se prétendre être son amie, ou l’apprécier de cette manière sincère. À côté de ça, restait-il un homme bien, ou semi-bien en fonction des points de vue, un utopiste pensant naïvement pouvoir survivre dans un marais infesté par la mort elle-même. Ne faisait-il de mal à personne alors, dans le fond, elle ne c’était jamais réellement senti concernée, ou n’avait pas pour autant colporté ou animé une quelconque conversation à son égard. C’est en réalisant l’ensemble qu’elle avait roulé des épaules.

- « Je ne le juge pas, ce n’était que des faits, il est enfermé dans un domaine presque à l’abandon avec une poignée de personnes y vivant encore, pourrait-il être l’organisateur d’orgie, de partie de jambe en l’air à en faire pâlir de colère Serus lui-même, que cela ne me ferait ni chaud ni froid » elle fit cette étrange pause « En revanche. » fit elle avec cette hésitation « Toi qui sembles si proche des Trois, de ta croyance, j’ai du mal à comprendre. Si c’est un homme bien, je le reconnais volontiers, n’as-tu pas peur qu’il apporte le mauvais œil des Trois sur toi ? »

C’était une véritable question, nulle n’était sans ignorer que la venue de la fange, la véritable raison était sans aucun doute la colère des Trois vis-à-vis du comportement de plus en plus indigne de leur création. Longtemps la noiraude avait réfuté cette supposition, longtemps le clergé lui-même ne voulait pas en entendre parler, mais quoi d’autre ? Qu’est-ce qui avait pu se faire relever les morts ? Qui avait réellement ce pouvoir hormis les créateurs ? Personne.

- « Au début de notre rencontre » fit-elle finalement peut-être un peu plus docile « Tu as dit que s’était les dieux qui avaient amorcé notre rencontre » il ne l’avait pas dit avec les mots là, mais c’était l’idée générale « Alors, tu entendais quoi par-là ? »

Elle avisait déjà son œuvre, avec un peu de dégoût non pas parce que c’était horrible, non, simplement parce que cela signifiait qu’il allait devoir aller dans le liquide et qu’il n’allait certainement pas pouvoir descendre tranquillement, il fallait sauter… dans l’eau, pour ensuite rejoindre la fameuse construction. Sydonnie n’était pas certaine de vouloir prendre le risque, pas convaincue qu’il n’y avait aucun fangeux dedans… Et une fois en bas, il ne pourrait plus remonter ici. La solution miracle n’était peut-être qu’une belle arnaque finalement. Cependant, comment accepter de briser les espoirs qui lui avaient semblé voir dans le fond de ses yeux ?

- « Donne » fit-elle sans trop réfléchir « On va bien voir. » elle était venue le prendre, avant de le jeter dans la trappe, tout du moins, le faire passer, le plouf avait été un brin surprenant, mais l’ensemble avait l’air de flotter « Au moins ça coule pas »

Au moins et comme pour obliger le duo à ne pas trop réfléchir, elle avait récupéré les effets pour balancer l’ensemble sur le radeau de pacotille. Voilà. Ils avaient maintenant deux solutions : rester là à moitié nus en priant que quelqu’un déboule et expliquer pourquoi ils étaient là à moitié nus. Ou alors sauté, pour potentiellement très fortement mourir en bas. De beaux choix. Néanmoins, elle eut cette étrange idée, elle s’était approchée de lui, avait déposé un instant ses lèvres sur les siennes avant de s’éloigner. Oh si il le voulait il aurait pu le repousser, l’éviter à condition que l’effet de surprise et de l’obscurité ne soient pas si forts, mais pourquoi pas après tout.

- « C’était juste au cas où que je meure » affirma-t-elle en s’asseyant sur le bord de la trappe « Au moins, je pourrais peut-être me souvenir d’un truc un peu moins atroce que notre situation, qui sait, ça m’amènera peut-être tout droit dans le royaume d’Anür. »

Elle s’était ensuite laissé glisser, ne pas réfléchir, c’était tout ce qui comptait à présent. L’autre énorme plouf fut beaucoup plus imposant, la différence de poids entre le radeau et l’ensemble n’aidant en rien. Elle reste un long moment immergé, tant le liquide lui semblait épais, elle qui ne savait pas nager. Ses pieds touchèrent néanmoins le fond, lui permirent de se propulser à la surface pour prendre une intense respiration tout en s’accrochant au radeau qui continuait à flotter. L’eau était certes crasseuse, mais salée.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 2 EmptyDim 29 Mar 2020 - 18:16
- « Toi qui sembles si proche des Trois, de ta croyance, j’ai du mal à comprendre. Si c’est un homme bien, je le reconnais volontiers, n’as-tu pas peur qu’il apporte le mauvais œil des Trois sur toi ? »

Alaric ne réagit pas directement, occupé qu’il était à fixer ses nouveaux rondins de bois sur son radeau de fortune. Il n’était pas toujours d’accord avec les choix et le comportement du baron, lui-même avec une vision de la vie et des règles bien différentes. Il ne lui en avait jamais parlé, parce qu’il n’avait pas à le faire : on ne remettait pas en question les mauvaises habitudes de son supérieur.

- J’ai combattu à ses côtés plus d’une fois, raconta Alaric. À Marbrume d’abord, à Sombrebois ensuite. J’ai compris qu’il s’agissait d’un homme bon et courageux. Au début, je n’étais pas au courant de cette réputation qu’il avait, avoua-t-il. Hector mène la vie qu’il veut. Je ne suis pas toujours d’accord et je pense que les Trois le savent. Pourquoi devrais-je subir la punition pour un crime que je n’ai pas commis ?

Il n’empêche, il ne pouvait en être certain. Serait-il possible que le baron de Sombrebois, à force de jouer avec le feu, attise la colère des Trois ? À lui seul, pourrait-il provoquer les malheurs de ses amis, des habitants du bourg ? Alaric ne comptait pas s’en éloigner pour autant. D’une certaine manière, il parvenait à dissocier les qualités et les défauts de l’homme. Les premières valaient bien plus que ces derniers à ses yeux. Lors de l’attaque de la Hanse par les fangeux, Alaric ne serait peut-être plus de ce monde, sans la hache de guerre du noble ! Et que dire de son plan visant à enflammer les terribles créatures ? Hector était dévoué aux habitants, aux Marbrumiens tout autant. Plus que quiconque, il voulait œuvrer pour que tous s’en sortent. Un objectif qui sonnait juste aux oreilles du soldat. Que le baron s’offre des parties de jambes plus que de raison ne le regardait pas.

- S’il est la cause de notre périple, ici, alors je pense que ce n’est pas bien grave. Ça aurait pu être pire.

Il sourit, lia la dernière lanière de cuir autour des vieux barreaux de l’échelle, consolidant le flotteur.

- J’entendais que nous étions tous les deux seuls dans les marais. Quand j’ai fui les bandits, je t’ai trouvée. J’aurais pu partir vers un autre côté de la fange. Tu te trouvais là, en même temps que moi. Tu aurais pu me refuser l’accès à la tour. Tu ne l’as pas fait. Nous aurions pu affronter cette tempête seul… chacun de notre côté. Les dieux nous ont réunis pour qu’on surmonte cette difficulté ensemble.

Il en était convaincu. S’il s’était retrouvé seul dans les marais, des bandits toujours à ses trousses, les éléments déchaînés alentours, sans abris, il n’aurait certainement pas survécu. Entre la foudre qui claquait sur les marais, les arbres qui s’effondraient, battus par le vent et les fangeux qui erraient, gémissants, il aurait eu toutes les difficultés du monde à rentrer chez lui. Les Dieux avaient mis Sydonnie sur son chemin pour leur permettre de survivre.

- « Donne »

La sergente lui prit le radeau des mains et, ni une ni deux, se dirigea vers la trappe. Alaric l’observa, surpris par tant de rapidité de sa part, elle qui était pourtant réticente. Elle n’aimait ni la tronche de son œuvre –la grimace qu’elle lui avait offerte parlait pour elle – ni l’eau, incapable de nager. Le soldat l’imaginait plutôt la jeter sur les ossements, peu convaincue. C’est pourtant bien dans l’eau, en contrebas, que son flotteur atterrit. Mieux que ça, d’après ses dires, il remplissait son travail : il flottait.

Abasourdi, il la regarda emporter leurs maigres affaires et les balancer sur le radeau, sans douceur aucune. À croire que Sydonnie était vraiment pressée de faire le grand saut… Alaric attrapa les deux branches d’achillée qui lui restaient puis passa son arc autour de lui quand la noiraude s’approcha de lui. Hébété par ce brusque changement de comportement, il n’effectua aucun mouvement de recul lorsqu’elle posa ses lèvres sur les siennes. Le temps qu’il réalise qu’elle l’avait embrassé, elle était assise au bord de la trappe, prête à se laisser tomber.

- « C’était juste au cas où que je meure. Au moins, je pourrais peut-être me souvenir d’un truc un peu moins atroce que notre situation, qui sait, ça m’amènera peut-être tout droit dans le royaume d’Anür. »

Il n’était pas certain que ce plan aussi surprenant qu’inattendu fonctionne, mais il n’ajouta rien. Il se précipita à son tour, l’achillée entre ses dents et se pencha au-dessus de l’ouverture. Il poussa un soupir de soulagement quand il aperçut Sydonnie à la surface, appuyée sur le radeau. Il adressa une brève prière aux Trois et se laisser tomber à son tour. Le choc fut moins violent qu’il ne l’aurait cru. L’eau n’était pas si froide et son corps remonta à la surface d’instinct. Il agrippa le flotteur, cracha sa plante médicinale dessus et inspira une grande bouffée d’air.

Spoiler:

- Ça m’a l’air assez solide, assieds-toi dessus au centre. Je vais pousser.

Il attendit que la sergente se hisse, prit garde à ne pas déséquilibrer leur embarcation puis battit des pieds et poussa. L’effort avait le don de le réchauffer un peu. Autour d’eux, il ne voyait pas grand-chose, mais s’habituant peu à peu à l’obscurité, il discernait des parois glissantes qui les entouraient. L’eau était salée, cela signifiait qu’ils voguaient sur une ouverture sur la mer. Surtout, cela signifiait qu’il ne devrait pas y avoir de fangeux dans les environs.

Au-dessus de leurs têtes, il entendait les grondements qui craquaient, le tonnerre résonnait ici-bas, donnant des allures encore plus effrayantes à leur chemin improvisé. Soudain, un grand fracas se fit entendre, derrière eux. Il fut suivi d’importants remous qui l’obligèrent à forcer sur ses avant-bras, afin de maintenir le radeau en équilibre. Il s’arrêta et regarda derrière lui. Même s’il ne pouvait rien voir, il était aisé de deviner ce qu’il était advenu de la tour.

- Une partie a dû s’écrouler… Tu vois, on a bien fait de pas rester là !

Il déglutit. Il s’en était fallu de peu pour qu’ils finissent enseveli entre les pierres de leur refuge. Il recommença sa tâche, bien content que son estomac soit rempli. Il garda le silence pendant quelques minutes, essayant de discerner un peu mieux les alentours, sans succès. En revanche, il percevait des changements dans l’eau. Elle lui semblait moins crasseuse, mais surtout, elle devenait plus froide. Vachement plus froide. La cavité de toute à l’heure devait la réchauffer, mais maintenant qu’ils approchaient de la sortie, la température chutait. Il essaya de masquer son claquement de dents en plaisantant.

- Alors, tu penses que ton baiser était suffisamment « pas trop atroce » pour t’offrir les bras d’Anür ? la taquina-t-il.
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