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 [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyLun 1 Juin - 9:50
Tandis qu'il ouvrait le coffre et observait son contenu, il sentait la main de Sydonnie toucher son épaule, un geste qui se voulait sans doute rassurant pour lui, mais également pour elle. Il lui répondit par un sourire, puis entreprit de sortir les buches afin de préparer le feu.

- Je crois que les dieux ne voulaient pas de nous…
- Tiens, qu'est-ce que je te disais ! Ils veulent pas de moi, ces Trois-là...

Quand il aperçut enfin l'étincelle jaillir des pierres, il la plaça près des plus petits morceaux de bois. D'abord, seule de la fumée s'en échappa, mais sous le souffle de Sydonnie, elle grandit, jusqu'à créer une véritable flamme. Celle-ci, avide, mordit le bois et bientôt, un petit foyer crépitait à leurs pieds. Comme la sergente, Alaric posa ses paumes au-dessus du feu, se délectant de la douce chaleur. Cet endroit était inespéré. En silence, il marmonna une prière à ses dieux, parce que, vraiment, qui d'autres aurait pu leur placer de telles ressources sur leur chemin ?

En silence, profitant simplement de la chaleur, ils mangèrent quelques provisions, regagnant peu à peu des forces. Il n'empêche... Heureusement qu'ils avaient pu manger son canard, dans la tour ! Sa chair grasse leur avait assurément donné l'énergie nécessaire pour survivre dans les eaux froides.

- Merci à toi. On peut attendre la nuit ici. Il y a assez de bois, et le niveau de l'eau descendra peut-être. Ou il faudra repasser par là, dit-il en grimaçant, peu enclin dans l'immédiat à plonger à nouveau dans une eau gelée et crasseuse. On s'est éloigné de la mer... Je pense que cette sortie donne sur les marais.

Il n'en était pas certain, mais vu le trajet qu'ils avaient effectué, il avait bien l'impression d'être revenu à l'intérieur des terres. Il aurait le temps de vérifier ça plus tard, quand il bénéficierait de plus de clarté.

- J'y ai pensé... Je ne vais pas te laisser rentrer seule à Marbrume, c'est trop dangereux. Viens avec moi jusque Sombrebois, repose-y toi quelques jours et repars avec un convoi.

Il l'observa se lever avec lenteur, grimaçant de douleur. La cicatrice qui barrait son dos n'était pas belle à voir. L'eau salée l'avait irritée, Sydonnie devait souffrir le martyr. Inutile de dire que son achillée n'avait servi à rien... Faut dire que l'onguent devait rester au sec pendant plusieurs minutes, c'était plutôt raté. Pendant un bref instant, il eut envie de se lever, de laisser parcourir ses doigts tout autour, de poser ses lèvres dessus comme si un baiser pouvait la soulager. Il n'en fit rien.

- À vos ordre, sergente. Donc, il vaut mieux que tu reviennes avec moi à Sombrebois... Je n'ai pas envie que tu te fasses manger, moi non plus.

Il déglutit lorsqu'il l'observa boutonner sa chemise, lui qui aurait pris un malin plaisir à le lui enlever. Il aurait pensé que, une fois en sécurité, le désir qu'il avait ressenti pour elle s'estomperait. Ou pas. Ce n'était pas seulement un « oh, nous allons mourir, nos pensées ne sont pas claires », à moins qu'il ne soit toujours pas capable de réfléchir correctement. C'était possible, après tout, son corps tremblotait encore, il ne s'était pas encore remis de ses émotions ; il lui faudrait du temps. Avec Sydonnie, il avait l'impression de replonger trois ans en arrière, lorsqu'il avait emmenée Margaux dans la grange de ses parents, à leur insu. Insouciant, fougueux comme on l'est à cet âge-là, pas du tout préoccupé par les conséquences de ses actes.

Il avait à peine entendu ce qu'elle avait dit, trop occupé qu'il était à la dévorer du regard, à se remémorer de joyeux souvenirs.

- Euh oui, reposons-nous. Tu peux dormir, si tu veux... Moi, je ne saurais pas.

Son corps était épuisé, mais son esprit demeurait aux aguets. Après tout ce qu'il avait traversé, il était incapable de fermer l’œil. Il s'allongea néanmoins sur une des peaux de bêtes, recouvrit son corps avec une autre et fixa le plafond.

- De quoi je rêve ? D'une bassine d'eau bouillante ! Plaisanta-t-il.

Il demeura silencieux quelques instants et puis, comme s'il connaissait Sydonnie depuis des années, il se confia.

- Je pensais que les Trois ne voulaient pas de moi. Après ma fuite dans les marais... J'ai vu mon père, mon frère et ma soeur se faire tuer. Je comprenais pas... Pourquoi pas moi ? Depuis le fléau, je vis dans le passé, j'ai un sentiment de vengeance à accomplir... J'ai fait passer cette vengeance avant tout le reste, abattre des fangeux, c'était ce qui comptait.

Il marqua une petite pause, puis ajouta:

- Mais ce qu'on vient de vivre... Peut-être que les Trois me montrent une fois de plus que la vie, c'est peu de chose... Je suis dans l'erreur, au lieu de rester dans le passé, je devrais vivre chaque instant. Pour mon père, mon frère et ma soeur qui n'ont pas pu. Profiter de chaque minute, comme si c'était la dernière...

Il se tourna sur le côté, cherchant Sydonnie des yeux. Il ne savait pas vraiment s'il attendait une réaction ou une réponse de sa part, il n'en avait même pas besoin. C'était plutôt un monologue qu'il avait besoin de partager avec quelqu'un.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyLun 1 Juin - 16:38


Sourire, elle ne fut pas capable de le faire alors qu’il évoquait que les dieux ne voulaient pas de lui. Consciente que son opinion divergeait à ce sujet, fallait-il se satisfaire ou s’attrister de voir que jamais les Trois n’acceptaient sa vie dans leur royaume. Était-ce une condamnation à l’errance éternelle et à la souffrance d’un corps humain perpétuelle, ou bien une seconde chance vers la vie ? La noiraude partait évidemment pour la supposition le plus sombre, alors qu’Alaric devait voir un signe positif de la Sainte Trinité. Dans le fond l’enviait-elle un peu de voir toujours ce côté bon, ce côté bienveillant, aimant des Trois… Là où à force de déception, elle n’était plus en mesure de le faire, ne constatant, ne percevant que des sanctions, des refus de venir la soulager. Taisant néanmoins ses pensées, elle se contenta de pincer ses lèvres, de profiter de cet instant de proximité, de réconfort, de calme. Les mains au-dessus des flammes, un regard discret vers la silhouette masculine qui se tenait non loin d’elle. S’alimentant lentement, le plaisir non feint de mastiquer, de sentir un goût dans sa bouche, de sentir la force s’étendre dans son corps.

L’idée de rester là avait quelque chose de soulageant, elle qui laissait son regard se balader de droite à gauche, découvrant les meubles, les coffres, la presque décoration, comme si la vie avait été réelle ici. Lâchant un nouveau soupir, ses doigts passant le long de ses cuisses, alors qu’elle l’écoutait, alors que ses suppositions ne lui paraissaient pas insensées. L’idée de s’immerger une nouvelle fois ne l’enchantait aucunement, absolument pas même, que ce soit psychologiquement ou physiquement tout l’indiquait chez elle de sa grimace à se léger mouvement de recul.


- « Ici c’est bien » souffla-t-elle avec douceur « Tu as sans doute raison, on s’est enfoncé dans les marais… Oui. Il faudra être prudent pour regagner nos… Quoi ?! »

Sa voix était montée dans les aigus, alors qu’elle le dévisageait un instant, cherchant à définir au fond de ses yeux si il était sérieux. Sa bouche s’entrouvrit alors que dans ses pensées, elle pesait déjà le pour et le contre, se rendait-il compte de l’imprudence de la proposition. Qu’allait-il dire à sa compagne ? « Je te présente Sydonnie, une amie », comment pourrait-il la regarder dans les yeux, puis la regarder elle, en sachant pertinemment qu’il avait manqué de s’abandonner l’un à l’autre. Pire, elle n’était pas certaine de parvenir à le camoufler, alors que ce besoin de cette proximité ne semblait pas l’abandonner. Une femme sentait ses choses-là, du moins était-ce ce que sa mère n’avait eu de cesse de lui répéter. Secouant doucement la tête, la noiraude avait évidemment choisi la fuite comme unique réponse. Se relevant, elle avait fini par choisir de se rhabiller, dos à lui avec lenteur, elle faisait peu à peu disparaître les parcelles de sa peau précédemment visible. Pivotant alors qu’elle n’avait pas terminé de refermer sa chemise, elle le détailla, lui revenant sur le sujet de Sombrebois.

- « Je… » fit-elle hésitante en reboutonnant les derniers boutons camouflant sa poitrine « Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, mes coutilleries m’attendent, je ne peux pas me permettre de me disperser trop longtemps » c’était vrai, mais pas la principale raison « Et puis, tu me vois à Sombrebois » plaisanta-t-elle « D’ailleurs, c’est comment là-bas ? Je n’y ai mis les pieds que deux fois, au tout début de la fange, puis pour la petite fête qu’Hector avait organisée. Cela a dû changer, je suppose. »

Terminant d’enfiler des vêtements sans aucun doute trop large pour elle, qu’elle réajustait comme à son habitude en faisant un nœud ici et là, ou en tachant d’improviser une ceinture. La noiraude savait par expérience que traverser les marais toute seule, c’était de la folie, néanmoins, en faisant attention c’était possible. L’expérience parlait, tout du moins, elle s’y accrochait. Avisant celui qui la détaillait, sans trop savoir ou pouvoir réellement déterminer ce que cette manière de l’aviser représentait, elle se contenta d’opiner, avant de venir s’installer non loin de lui s’enroulant une nouvelle fois dans le tissu qu’il lui avait offert. L’odeur de l’humidité ne la dérangeait pas, la présence du feu non plus, au contraire même. Si Sydonnie s’était écouté, aucun doute qu’elle serait venue au plus proche d’Alaric, partager son tissu à lui, se réchauffer. À côté de lui, proche, sans pour autant venir se blottir, elle avait laissé sa main ouverte non loin de la sienne, délicatement, simplement. Fermant les yeux, véritablement épuisée, elle écoutait pourtant Alaric, ses paroles, sa voix.


« Même pas en rêve, je n’approche plus de l’eau avant des mois, quitte à puer le fangeux en décomposition ! » répondit-elle à sa plaisanterie « Plus jamais… Mais je dois avouer que tu as raison, un bon bain ne te ferait guère de mal ! » taquina-t-elle un sourire sur les lèvres.

La suite fut dans un silence étrange, un silence ponctué par les révélations de l’ancien homme d’armes. La noiraude avait fini par se mettre sur le côté, face à lui, le détaillant de ses yeux bleutés. Elle aurait pu l’interrompre, ou même habituellement sans doute n’aurait-elle trouvé aucun intérêt à ce type d’aveu, de confession bien loin de sa manière de penser. Cette fois-ci, elle l’écoutait vraiment et sans aucun doute naïvement pensait-elle être chanceuse d’avoir la chance de converser ainsi avec celui qui ne semblait pas si social que ça.

- « Je ne suis personne pour juger ta manière de faire… Je serais bien mal passé en plus » débuta-t-elle « Ce que je peux te dire… C’est que la mort nous rattrape toujours… Toujours. » elle ferma les yeux, pour éviter de détourner son regard, « Peu importe ce que tu fais, peu importe combien tu luttes, tu auras toujours mal, la fange tuera toujours… Si tu ne te concentres que sur ça, alors tu ne t’autoriseras jamais à ressentir le reste…. Ce que… » elle se pinça les lèvres « Enfin, peu importe, je pense aussi qu’il faut savoir s’écouter, sur l’instant en tout cas »

Un nouveau soupir vient fuir sa bouche, il est difficile de parler de son propre ressenti, dans le fond elle n’en est nullement capable. Sa bouche se tord dans un nouveau pincement, sans trop savoir quoi rajouter, quoi faire, quoi dire de plus. Alaric était cet homme qui imaginait que lutter contre les monstres le soulagerait de sa peine ou de sa culpabilité. La noiraude n’en croyait pas grand-chose. Conservant les yeux fermés, toujours installée sur son épaule gauche pour être face au désormais garde de Sombrebois, elle semblait réfléchir.

- « Tu me parles un peu de toi ? Ta famille ? Ta sœur et ton frère ? Comment étais-tu enfant ? Je suis certaine que tu étais un enfant calme ! »

L’idée était de parler de choses positives, plutôt que d’éléments pouvant amener à des souvenirs douloureux ou des remises en question. Sans doute aussi par curiosité d’en savoir plus, tout en chassant l’idée qu’il l’amène à Sombrebois, peut-être se rendrait-il compte par lui-même que l’idée n’était pas fameuse.

- « Je ne garderais peut-être pas un si mauvais souvenir de cette aventure… finalement, tu sais… Mais je maintiens que je ne t’ai pas porté chance dans notre situation non plus. » elle lâcha un nouveau soupir, ne bougeant pas d’un pouce « Cette tempête… Elle est terrifiante » murmura-t-elle finalement.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyMer 3 Juin - 11:48
Alaric s'était douté que Sydonnie n'accepterait pas facilement sa proposition pour Sombrebois, en revanche, il ne pensait pas qu'elle serait aussi surprise. Sa voix partit dans les aigus, son exclamation fut si forte que le soldat manqua de sursauter. Son prétexte était léger et Alaric savait qu'il s'agissait là d'une échappatoire. D'accord, Sombrebois avait une mauvaise réputation... enfin, Hector et sa nouvelle épouse n'étaient pas bien vus dans la cité, mais était-ce une raison pour refuser catégoriquement son invitation ? Il aurait voulu qu'elle y réfléchisse au moins un peu, qu'elle pèse le pour et le contre... Surtout qu'il ne partait pas du principe qu'il la laisserait choisir : il était bien trop dangereux pour elle de rentrer seule à Marbrume, surtout avec ce temps. Quand la tempête allait-elle s'arrêter ? Même si elle s'estompait, les marais seraient encore plus embourbés qu'à l'accoutumée.

- Comment c'est ? Hé bien, tu n'as qu'à venir, tu auras la réponse à ta question, rétorqua-t-il, un sourire sur les lèvres.

Pas question qu'il se laisse démonter.

- En plus, Hector et son épouse ne sont pas là, c'est donc moi qui gère le château, en leur absence !

Alaric se rapprocha un peu du feu, soupirant d'aise. C'était fou, comme une petite source de chaleur pouvait vous remettre sur pieds, soulager vos maux. Depuis que les flammes crépitaient, il se sentait bien mieux, presque en sécurité. Une belle avancée, compte tenu de ce qu'ils venaient de vivre. Cependant, il savait pertinemment que ce n'était pas terminé : le niveau de l'eau allait-il vraiment descendre ? Si la tempête ne se terminait pas, alors la pluie continuerait de s'écouler dans la mer ainsi que dans le premier couloir qu'ils avaient emprunté. De fil en aiguille, le niveau de l'eau pourrait alors monter dans le refuge. Pas la peine de paniquer pour l'instant néanmoins. Alaric était bien décidé à savourer cet instant de répit, aussi court soit-il.

Il avisa sa main proche de la sienne, mais ne bougea pas d'un pouce. Allaient-ils reparler de ce qui s'était passé entre eux, un peu plus tôt ? Sans doute pas. Mais ne fallait-il mieux pas que ce soit clair entre eux, plutôt que de se dévisager en silence, d'imaginer leurs corps pressés l'un contre l'autre ?

- Plus jamais… Mais je dois avouer que tu as raison, un bon bain ne te ferait guère de mal !
- Hé ! S'indigna-t-il. Mon odeur n'avait pas l'air de te déranger, tout à l'heure !

L'ambiance avait alors changé, lorsqu'il avait décidé de se confier à elle. C'était la première fois depuis bien longtemps qu'il parlait de la mort de sa famille, qu'il prononçait les prénoms de Roland et d'Ellaine sans être pris d'une rage destructrice, d'une vengeance dévorante. Non, cette fois il semblait en paix avec lui-même, avec ce qu'il s'était passé, comme si enfin, il était sur le bon chemin, prêt à accepté leurs morts atroces.

- Enfin, peu importe, je pense aussi qu’il faut savoir s’écouter, sur l’instant en tout cas.
- C'est ce que je commence à me dire, moi aussi, répondit-il, ses yeux ancrés dans ceux de Sydonnie.

Parler de sa famille ? Pourquoi pas, il avait amorcé le sujet après tout. Et puis, parler avec Sydonnie, c'était naturel. Elle savait prêter une oreille attentive et lui répondrait franchement. Elle le jugerait peut-être, mais elle n'hésiterait pas à lui donner son avis. C'est ce qu'elle avait fait depuis le début avec lui : elle ne prenait pas de gants, se contentait de faire avancer la discussion.

- J'étais plutôt calme, c'est vrai. J'étais l'aîné, alors j'ai pris mon rôle de grand frère très au sérieux ! Je voulais montrer l'exemple, tu vois... J'avais mon père en haute estime, je suivais ses conseils et je les transmettais à Roland. C'était lui, le casse-cou de la famille !

Il rit avant de poursuivre.

- Et Ellaine... Je l'aimais tellement. C'était notre petite déesse à nous. Quand elle te souriait, tous tes malheurs s'en allaient...

Il marqua une petite pause, les yeux dans le vague. Elle était si petite, si mignonne... Et elle était pourtant partie d'une manière si cruelle, si affreuse...

Les paroles de Sydonnie le sortirent de sa rêverie.

- Bien sûr que tu m'as porté chance, j'y serais pas arrivé, sans toi.

Il lui sourit avant d'ajouter :

- Ma mère disait toujours que, même dans les situations les plus sombres, on pouvait chérir de beaux moment... Au cours de ces dernières années, cela m'échappait. Mais après ce qu'on vient de vivre, je crois avoir compris...

Il sut que s'il ne la quittait pas des yeux dans l'instant, il l'embrasserait une nouvelle fois. Alors, il se redressa sur sa couche, s'assit face au feu et lui proposa de se reposer.

- Dors un peu. Je prends le premier tour de garde.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyMer 3 Juin - 15:31


La noiraude lui avait lancé un regard, alors qu’il évoquait que peu de temps avant, son odeur ne l’avait pas dérangé. Appuyé, désireux, elle aurait voulu retrouver ce moment de rapprochement, sans aucun doute aller au bout alors que l’ensemble de la situation venait enfin de s’apaiser que le risque n’était plus immédiat, mais plutôt éloigné. Il n’avait pas pris sa main, il n’avait plus de gestes tendres et percevait-elle sans aucun doute cette attitude par une sensation de regret. Dire que cela lui déchirait le cœur aurait sans doute été exagéré, elle qui ne recherchait que des moments de soulagement, d’affection sur un instant présent, pour autant, elle sentit un pincement prendre naissance dans sa poitrine, alors que ses doigts se refermaient sur l’absence d’une main masculine dans la sienne. C’était douloureux ce rejet, douloureux, mais habituel pour la sergente. Après tout, que pouvait-elle attendre ? Chris l’avait abandonné, Gabriel, sa mère, son père, son cousin, Roland… Personne ne restait, était-ce sans doute pour ça qu’elle s’autorisait davantage des moments égarés. Trouver un peu de tendresse, d’affection le temps furtif d’un moment qui serait davantage douloureux quand l’autre se détournerait. Fière, elle ne préféra pas aborder l’ensemble, aurait-elle dû mentir de toute façon, en prétendant simplement que ce n’était rien, rien de plus qu’un moment d’égarement provoqué par une peur étouffante de mourir. Si ce n’était que ça, pourquoi le regardait-elle encore avec cette étincelle de tendresse, de désir ?

Heureusement pour elle, Alaric parlait de lui, de sa famille, de son enfance. La sergente pouvait se concentrer sur les paroles, la discussion et non l’absence de ce corps contre le sien, l’absence de ses doigts dans sa main. Ne put-elle exprimer cette contrariété dans un soupir, bref, furtif et sans doute presque inaudible. Il ne c’était rien passé, tentait-elle de s’en convaincre persuadée sans doute que c’était mieux ainsi, pour celui qui était avec une femme, peut-être sur le point de se marier, ou de fonder tout autre chose. Fermant les yeux, conservant sa position allongée, elle écoutait l’histoire, offrait un sourire lorsqu’il s’était mis à rire, trouvant cette sonorité agréable, plus en tout cas d’une voix inquiète et fébrile à l’idée de finir sous les eaux salées de l’endroit. Étrangement, Sydonnie l’imaginait exactement comme ça : doux, calme, protecteur… Était-ce sans doute d’ailleurs, ce trait de caractère qui le poussait aujourd’hui à ressentir ce besoin de vengeance… Au fond cherchait-il simplement un moyen de se pardonner de ne pas avoir réussi à les sauver.

Aujourd’hui, elle-même était convaincue d’être loin d’une chance, aussi quand il prétendit le contraire, que son regard croisa le sien plus fortement… Ce fut étrange, étrangement doux et tellement plaisant, ce fut lui qui abandonna l’échange, se redressant pour regarder le feu, avant de lui proposer de se reposer, percevant ça comme une fuite, un besoin de solitude… Difficile de dire qu’elle fut pleinement satisfaite de cette finalité.


- « Tu as sans doute raison…. » murmura-t-elle en avisant le crépitement du feu « Réveil moi quand c’est mon tour, tu n’auras pas besoin de faire beaucoup de bruits, j’ai le sommeil léger. »

Comme une enfant boudeuse, ou sans doute un peu vexée, blessée, elle changea de position pour lui tourner le dos, s’installant donc dos à lui et au feu, sur le côté, une main repliée sous sa tête en guise d’oreiller. La noiraude ferma les yeux, prit une inspiration pour lâcher un soupir plus bruyant. Elle s’était retenue de poursuivre la conversation sur sa famille, pourtant elle aurait pu le questionner, expliquer qu’il était largement pardonné, que le rôle d’un frère n’était pas d’oublier. Fermant lentement les yeux, elle ne put que rouvrir ses prunelles après un petit temps, laissant entendre sa voix :

- « Alaric ? Ta mère devait être une bonne personne, comme le reste de ta famille… Ce n’est pas en tuant des fangeux et en te mettant en danger qu’ils reviendront. Je doute fortement qu’ils te reprochent quoique que ce soit, tu es en vie aujourd’hui… Je suis certaine qu’il n’y a que ça qui compte à leur yeux. Crois-en mon expérience… Ta propre survie n’a aucune valeur dans ce type de lien, tu souhaites juste voir l’autre vivre, non survivre… » elle se pinça les lèvres « Il est parfois plus estimable de fuir que d’aller droit vers la mort… Sauf si c’est évidemment ça que tu recherches réellement. Bonne nuit Alaric. »

Dans le fond, Sydonnie avait conscience que la fin de sa phrase la concernait particulièrement, elle qui n’avait de cesse de se mettre en danger volontairement. Ne cherchait-elle aucunement le frisson de vie, mais plutôt le moment où elle pourrait enfin rejoindre le royaume d’Anür, calmer la totalité de ses maux, retrouver ceux qui avaient compté à ses yeux, plus que de raison, ceux dont chaque fois qu’elle leur survivait est une promesse d’avenir de culpabilité, de doute et de souffrance perpétuelle. Fermant les yeux, il aurait été mentir que de prétendre qu’elle s’était endormie immédiatement, se concentrant sur sa respiration, puis sur le moindre mouvement d’Alaric qu’elle percevait, sur le crépitement du feu, sur ses propres pensées qui s’emblaient s’entrechoquer et contre cette lutte de cette envie de le retrouver, pleinement, de s’oublier.

Néanmoins, les émotions, la fatigue, la blessure du corps avaient fini par plonger la sergente dans un sommeil partiel, toujours consciente de son environnement, elle n’en restait pas moins endormie, son souffle avait fini par se faire plus discret, plus faible, alors que ses sourcils se fronçaient régulièrement au rythme de ses songes. Chaque fois qu’elle dormait, était-elle animée par l’ensemble de ses souvenirs, de ses doutes, de ses peurs, hanté par le visage des morts qu’elle n’était pas parvenue à sauver. Le sommeil était toujours agité, ponctué par des couinements terrifiants, des mouvements en tout sens.

Finalement, la nuit l’avait amené à retrouver le confort du corps de l’ancien milicien, de cette manière inconsciente avait-elle fini par le rejoindre, se blottissant contre sa silhouette masculine, déposant sa tête contre son torse. La noiraude ne lui avait pas réellement demandé son accord, n’ayant pas pleinement conscience de ses actes, elle était venue déposer ses lèvres dans son cou, blottir sa tête dans le creux son épaule avant de se rendormir pleinement. A partir de là, le sommeil fut plus calme, plus doux, alors qu’un bras se trouvait au-dessus de la carrure masculine.

A son réveil, Alaric semblait encore endormi, avait-elle succombé à son tour de garde, avait-il fait l’impasse sur son réveil ? Où s’était-il endormi avant ça, difficile à dire. Elle était toujours dans ses bras, si proche, pouvait-elle parfaitement sentir son odeur, sentir les battements de son cœur, percevoir le souffle de sa respiration. L’espace d’un instant, le temps de passer une main sur son propre visage, de se frotter les yeux, elle n’eut aucunement envie de quitter cette proximité, même si sa raison la poussait dans cette direction. Laissant ses doigts parcourir lentement son torse, la noiraude se contenta de caresser sa joue, cherchant à l’éveiller en douceur avant de se détacher simplement. Le feu avait fini par s’éteindre et l’obscurité de nouveau présente semblait plus mitigée. Se redressant, fouillant, elle ne put que récupérer les dagues présentes ainsi qu’une épée courte abîmée.

- « Bonjour… » souffla-t-elle avec lenteur en percevant du bruit derrière elle « Tu as bien dormis ? » ajouta-t-elle avant de s’approcher de l’eau dont le niveau avait diminué…

Ses yeux s’étaient écarquillés, alors qu’elle constatait qu’il pouvait enfin avancer sans être complètement immergé. De sa petite taille devait-elle avoir de l’eau jusqu’au genou. Se penchant en avant, grimaçant devant la pression de son dos, elle remonta les bords du bas de son pantalon jusqu’au-dessus de ses genoux.

- « Navrée… Je ne me suis pas aperçu que… enfin cette nuit… J’espère que je ne t’ai pas empêché de te reposer un peu… » elle se mordilla l’intérieur de la joue à plusieurs reprises « Regarde, on va pouvoir sortir, il y a une porte là-bas ! On devrait pouvoir retrouver les marais ! » pivotant légèrement vers lui, cherchant à retrouver le contact de ses yeux « Je te raccompagne à Sombrebois, puis je reprends la route. Je veux m’assurer que tu restes vivant. C’est stupide, mais maintenant que tu m’as parlé de ta famille, j’ai l’impression d’avoir une dette vis-à-vis d’eux. Je ne veux pas décevoir ceux qui t’attendent dans le royaume d’anür. Et puis, ça me rassurerait. »

Elle glissa une main sur ses hanches avec lenteur avant d’ajouter, malicieuse.

- « Puis faudrait que j’explique au très cher baron de Sombrebois, comment celui qui était censé veiller sur son domaine c’est retrouvé agonisant dans les marais… J’veux pas dire, mais tu n’es pas un gérant très responsable » taquina-t-elle un sourire en coin sur les lèvres « Bon, je me dois te le demander… » elle avait hésité à parler du rapprochement, mais rapidement elle s’était ravisée « Tu es bon à distance ? Uniquement ? Si c’est le cas, je passe devant, on risque de tomber sur tout et n’importe quoi dehors. Je suis bonne combattante, en revanche il ne faut pas compter sur moi pour la distance. Mon dos ne me permet pas de parer convenablement du côté gauche non plus. Est-ce que tu as des failles que je dois savoir avant qu’on sortent ? »

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyMer 3 Juin - 21:22
Il hocha simplement la tête et la laissa s'allonger à son tour, sans bouger d'un pouce. Il vit qu'elle lui tournait le dos et il sut que leur rapprochement était terminé. Qu'avait-il espéré, au fond ? Et Hilde ? Il avait des sentiments pour elle, il le savait. La rousse lui avait promis d'avancer pas à pas avec lui, elle l'attendait et lui, ce qu'il ne pouvait lui offrir, il pensait le donner à la première venue ? Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Alors qu'il ne cessait de ralentir la danse avec Hilde, il était prêt à valser avec Sydonnie... Il soupira. C'était la première fois de sa vie qu'il ressentait un tel sentiment contradictoire... Il n'était pas du genre à être infidèle, à tromper les autres au sujet de ses sentiments. Alors la vérité le frappa : certes, il n'était pas amoureux de Sydonnie, il lui fallait beaucoup de temps pour ressentir ce genre de chose, mais il avait l'impression d'être sur la même longueur d'ondes. Hilde l'attendait : elle attendait de lui qu'ils fondent une famille. La sergente, elle, elle ne l'attendait pas. C'était peut être plus facile, après tout... Pas de promesse, pas de futur... Juste tous les deux, perdus dans la tempête. Était-ce mal de brûler de désir pour elle ? Sûrement.

Alaric ne s'attendait pas à ce que la noiraude lui parle encore. Il l'écouta en silence, sans se retourner vers elle. Oh, il savait qu'elle avait raison. Il était persuadé, lui aussi, que sa famille ne lui en voulait pas. Non, c'était pire que cela... Il s'en voulait à lui-même, parce que, hé ! Il fallait bien désigner un coupable. Néanmoins, les paroles de Sydonnie lui firent du bien. Il attendit quelques secondes, avant de formuler:

- Merci, Sydonnie.

Il guetta sa respiration, puis se détendit quand il remarqua qu'elle s'était endormie. Évitant les mouvements brusques, il s'occupa de retourner les buches, d'attiser suffisamment le feu. Parfois, il observait la sortie, le niveau de l'eau, mais rien ne semblait avoir bougé. En revanche, la tempête battait toujours son plein. Il frissonna et resserra la peau de bête contre lui. Il n'avait jamais connu d'orages pareils... Ils y avaient échappé, mais quels seraient les dégâts ? Il ne se faisait guère de soucis pour Sombrebois, le château était solide, mais les faubourgs de Marbrume ? Combien de bicoques s'étaient effondrées sous le coup des bourrasques ?

À son tour, le soldat se coucha sur le dos. Le sommeil de la sergente était agité. S'appuyant sur un coude, il l'observa. Ses traits demeuraient tirés, l'extrémités de ses doigts sursautaient parfois ; elle cauchemardait. Et puis, inconsciemment, elle s'était tournée vers lui, avait posé sa tête contre son torse et avait embrassé son cou. Pensait-elle qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre ? Son feu mari, peut-être ? Ou bien pensait-elle à lui ? Il aurait pu se gifler mentalement pour cette pensée et pourtant... Ce n'était peut-être pas une bêtise. N'était-elle pas celle qui l'avait embrassé, pour commencer ? En tout cas, elle s'était détendue à présent, et son sommeil devenait réparateur. Il l'observa un moment, passant ses doigts entre ses cheveux noirs. Il se demanda combien de soldats avait déjà vu la sergente de Rivefière dans un sommeil si paisible, combien avait vu en elle la femme fragile qu'elle était. Pas beaucoup, je suppose.

Il n'osa pas la réveiller et entreprit de veiller une bonne partie de la nuit. Perdu dans la contemplation de la noiraude, il finit par succomber à son tour.

Une agréable sensation sur sa joue le tira peu à peu de sa torpeur. Il n'aurait su dire ce que c'était : dans ses rêves, les doigts fins de Sydonnie, mais en réalité ? Toujours est-il qu'il reprit conscience et, lorsqu'il se redressa, la sergente s'approchait de l'eau. Il se frotta les yeux, bailla un grand coup puis étira ses bras.

- Bonjour... Pas trop mal... Désolé, j'ai dû m'endormir sans m'en rendre compte.

Il grimaça : ne pas avoir de veilleur, c'était dangereux. Ce n'était pas son genre, de manquer ses tours de garde. Son corps était épuisé et, lorsque la noiraude s'était endormie sereine contre lui, cela avait apaisé ses pensées. Il avait dû sombrer peu de temps après.

Courbaturé, il se leva et suivit des yeux la porte qu'elle lui indiquait. Il hocha la tête, notant avec satisfaction le niveau de l'eau qui avait diminué.

Quand elle expliqua qu'elle le raccompagnait jusque Sombrebois, il lui offrit un sourire.

- Oh ? Bien sûr, tu te sens responsable de moi, maintenant.

Il ramassa son arc, sa ceinture avec sa dague qu'il noua sur ses hanches, puis s'approcha d'elle.

- Je ne suis pas l'un de tes soldats. Et tu sauras que j'avais l'accord d'Hector, pour cette promenade...

Il savait qu'elle avait raison : il avait été inconscient et il prendrait le temps de réfléchir, désormais. Mais une fierté toute masculine l'empêchait de lui donner raison.

- Bien sûr que je suis bon à distance, pourquoi crois-tu crois que j'ai un arc ?

Espiègle, il ricana pour l'embêter. Il n'empêche, heureusement qu'il avait trouvé un carquois rempli dans le coffre. Le sien devait flotter quelque part sous la tour.

- Et je suis aussi très bon au corps à corps, ajouta-t-il malicieux en se rapprochant de Sydonnie.

Il la toisa quelques secondes, le regard appuyé. D'accord, la nuit n'avait pas porté conseil. Ou peut-être que si ? Il avait répondu du tac au tac, sans réfléchir.

- Ma faille, ce sera ma stupidité. Je risque de vouloir en faire trop, mais tu seras là pour me tempérer, non ?

Il rit, puis retourna jusqu'au coffre. Il restait quelques fruits à manger. Autant se remplir correctement l'estomac avant de repartir. Il prit ce qu'il restait, croqua dans une pomme et présenta une à la noiraude. Il replaça les peaux de bêtes sur le sol, mais garda une sur son dos. Il n'avait plus froid, mais à part ses braies, il demeurait entièrement nu. Il l'observa attendre les pieds dans l'eau et un sourire étira ses lèvres. Oui. Non. Oui. Non...

- Au fait, avant qu'on ne parte...

Si.

Il plaqua ses lèvres sur les siennes. Le temps qu'elle réalise, il avait déjà mis fin au baiser.

- C'est juste au cas où que je meurs... Qui sait ? Ça m'aménera peut-être tout droit dans le royaume d'Anür.

L'air narquois, fier d'avoir utilisé ses paroles contre elle-même, il la dépassa pour se diriger vers la sortie.
De l'autre côté de la porte se trouvait une sorte de hall d'entrée en pierre. Les vitres avaient été cassées, la végétation avait repris ses droits sur le bâtiment. L'eau s'écoulait vers les marais sur lesquels s'ouvraient la bâtisse. La porte n'existait plus depuis belle lurette. Ce lieu avait-il toujours été relié à la tour ? Ou bien des galeries supplémentaires avaient été creusées ? Alaric se pencha à travers l'une des fenêtres et observa les alentours. Plus de pluie, mais le ciel demeurait couvert. En tout cas, la tempête était terminée. Il repéra plusieurs arbres brûlés par la foudre, tandis que d'autres, déracinés, s'étaient effondrés.

- Prête ?
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyJeu 4 Juin - 18:01


- « Ce n’est pas grave, tu en avais besoin aussi… Et puis, ce n’est pas comme si on risquait grand-chose ici, cette nuit» avait-elle soufflé.

En réalité, la noiraude s’appliquait à être rassurante, simplement, elle aurait pu lui reprocher son manque de vigilance, le secouer vis-à-vis de son insouciance qu’elle notait parfois, mais elle n’en fit rien. Alaric n’était pas sous ses ordres et dans le fond, n’était pas réellement la sergente à cet instant, simplement la femme, perdue, qui avait cherché une lueur d’espoir dans la profondeur des marais, pour finalement tomber sur lui. Proche de l’eau le bas de son pantalon retroussé avec plus ou moins de savoir-faire, la femme d’armes réfléchissait tout en observant la nouvelle sortie qui se dessiner juste devant eux. La liberté, c’est que n’importe qui aurait dû percevoir avec joie, pourtant, la dévouée à la milice ne parvenait pas à s’en satisfaire. Se promettait-elle que les événements de cette nuit resteraient entre les murs, s’évanouirait avec la fuite de l’eau qui remplissait le lieu. Cela aurait dû la soulager et pourtant, ça lui offrait cette mélancolie, ce besoin de plus alors que ses cheveux avaient encore l’odeur de sa peau, qu’elle sentait encore sa respiration sous ses doigts, que ses lèvres avaient encore le goût des siennes.

Pivotant légèrement, elle n’avait su identifier s’il lui reprochait de faire attention à lui, alors qu’il s’approchait toujours moitié nue une ceinture autour des hanches, un arc des un carquois rempli. L’homme des marais dans toute sa splendeur, pensa-t-elle sans pouvoir s’empêcher de laisser vagabonder ses prunelles sur la moindre parcelle de peau disponible, une canine venant pincer sa lèvre inférieure avec plaisir. L’idée de laisser les souvenirs ici, pour l’instant n’était semble-t-il pas encore gagné… Quoi qu’il en soit, la sergente se contenta de rouler des épaules, visiblement peu offusquées qu’il puisse la taquiner, où s’offusquer sur le fait qu’elle se sentait responsable de lui. Opinant vis-à-vis de sa qualification, se concentrant une nouvelle fois sur la sortie, elle fut soudainement surprise par sa phrase, laissant entrevoir des joues légèrement plus roses soudainement.

- « Je suis ravie de savoir que tu es bon au corps à corps » fit-elle en tâchant de ne pas détourner ses propos, alors que son regard flirtait avec sa silhouette et que sa voix se faisait instinctivement plus douce « J’espère avoir l’occasion de pouvoir voir ça » ne put-elle s’empêcher de rajouter avec un brin de malice « Pas comme ta stupidité, ça j’ai déjà pu la constater. » rajouta-t-elle un sourire au coin des lèvres « Profites-en pour vérifier qu’il n’y a pas un vêtement à porter pour te couvrir, pas que le paysage soit désagréable, mais tu risques de te faire piquer, griffer, égratigner par tout ce qui peuple les marais »

Il s’était mis à rire alors qu’il espérait qu’elle soit pour le tempéré, et n’avait-elle pu que lui offrir un sourire, alors qu’elle retrouvait le contact de l’eau au niveau de ses chevilles. La jeune femme était hésitante, mais heureusement d’être envie, d’avoir survécu, d’avoir fait sa rencontre. Sans aucun doute que jamais plus aucune proximité ne verrait le jour entre eux, lui qui avait une compagne, peut-être même plus jamais ne se rencontreraient-ils après cette aventure, cela lui était égal, ou presque, se satisfaisait-elle juste d’avoir vécu cet instant avec lui. Dans ses pensées, elle ne l’avait pas entendu s’approcher et lorsqu’il l’interpella et qu’elle pivote, c’est contre ses lèvres qu’elle se retrouva. Sydonnie n’avait pas eu le temps de savourer, simplement de sentir un éclair la traverser des pieds à la tête, alors qu’en une fraction de seconde, il réveillait un vent de désir. L’avisant, ou plutôt observant ses lèvres se mouvoir pour notifier une phrase qu’elle avait dit, elle ne put que lui offrir un nouveau sourire, avant de rouler des yeux.

- « Il y en a qui sont morts en faisant ce genre de choses… Agression d’un sergent, ça peut se payer cher » souffla-t-elle les yeux hurlant ce besoin de proximité « Alaric… » l’interpella-t-elle « Vraiment, attends, je suis certaine qu’il doit bien y avoir un peu plus pour te couvrir, tu ne peux pas… » la perception de la femme du garde, qu’elle imaginait forcément d’une féminité, d’une élégance remarquable la fit frissonner désagréable, comme une gifle silencieuse « rentrer comme ça »

Elle abandonna la fraîcheur de l’eau, où elle était pied nu, pour retourner fouiller les coffres jusqu’aux profondeurs du rangement. Jusqu’à au moins trouver une chemise et un pantalon. Pas forcément très chaud, plutôt abîmé par le temps, avec des tâches indéterminées sur le tissu, mieux que rien. Elle ne put que lui lancer, dans un sourire rajoutant un :

- « Cachez ce corps que je ne devrais voir » teinté d’un humour maladroit qui semblait hurler tout le contraire « Une fois que tu seras habillé on pourra y aller. Je passe devant, tu me guides si il y a un danger d’abord la discrétion, la confrontation en dernier recourt. »

Elle lui avait laissé le temps de se changer, détournant simplement les yeux par cette espèce de gêne étrange. Maintenant qu’elle n’avait plus l’excuse de vie ou de mort… Difficile de s’expliquer cette attirance, cette frustration de ne pas avoir eu l’occasion d’avoir ce plus, de retrouver et savourer jusqu’à sa finalité le contact qui l’électrisait. Se mordillant la lèvre inférieure, elle fut finalement rattrapée par les mouvements du garde de Sombrebois qui déjà emprunté la sortie, elle se contenta de le suivre, découvrant le tunnel, puis les fenêtres, avisant cet extérieur particulièrement malmené par l’ensemble de la tempête. Merde ce n’était pas si beau à voir et la totalité de la terre boueuse pouvait être une véritable fiesta à fangeux. Lorsqu’il lui demanda si elle était prête, elle opina simplement :

- « Toujours, allons-y. Et toi, prêt à retrouver ton chez-toi avec ta petite vie ? »

Ses doigts frôlèrent les siens, comme si elle avait hésité à lui prendre la main, comme si oui, elle avait imaginé perdre encore un peu de temps, tout en se l’interdisant. Il y avait un monde entre agir de manière insensée et un monde en devenant celle que toute femme se doit de détester : la maîtresse. Ne l’était-elle pas déjà un peu en un sens ? Mieux valait-il ne pas y penser. Quoiqu’il en soit, elle avait fini par enjamber l’ensemble pour se retrouver dehors, sur le qui-vive, une main sur sa lame, l’autre non loin d’une petite dague, elle laissait son regard vagabonder sur l’environnement ratatiné, sur les arbres couchés, les troncs brûlés par la foudre, la boue qui venait l’empêcher de se mouvoir convenable. Le silence ne régnait pas en maître, ce qui était plutôt bon signe alors que les oiseaux chantaient, que l’humidité omniprésente semblait goutter par endroit. Avançant avec lenteur, elle fit signe à Alaric d’avancer, attendant un signe de sa part pour lui indiquer une direction.

Difficile pour elle de s’orienter, de retrouver un point de repère, cependant, la tour ne lui semblait pas loin, ce qui signifiait que Sombrebois non plus. Sydonnie cherchait en réalité la plage, afin de pouvoir la longer, par expérience, elle savait que les fangeux y étaient moins souvent.

- « Tentons de rejoindre la plage » murmura-t-elle « Cela me semble plus prudent… Cette tempête a tout retourné… J’espère que ma coutilerie n’a rien » refouler le naturel et il revient au galop, ne pouvait-elle s’empêcher d’avoir cette pensée pour les hommes sous sa responsabilité « Par là… Je crois.. »

Elle indiqua ce qui lui semblait être la direction de la plage, ce qui avait fini par s’avérer juste. Une fois les pies dans le sable, les orteils dans l’eau relativement haute, elle s’autorisa un soupir, alors qu’elle avisait lointain, mille et une question pour Anür à l’esprit. Par habitude ou déduction, il lui semblait évident qu’il suffisait de remonter la plage, la mer, jusqu’à ce que Alaric se souvienne d’un élément lui faisant penser à Sombrebois. Sans vraiment lancer la conversation, préférant rester attentive, elle avait fini par l’inviter à poursuivre, sagement, lentement, tout en observation et réserve. Tout indiquait que des luttes avaient lieu dans les marais, des restants de cadavres se trouvaient par endroit, ce qui avait le don de la faire grimacer, mais pas de fangeux à l’horizon, fort heureusement.

- « Tu vas bientôt pouvoir prendre ton bain dans une eau bouillante Alaric » fit-elle « Dis-moi. » ajouta-t-elle plus sérieusement « Si tu passes à Marbrume… Fais-moi signe tu veux ? » c’était une porte ouverte simplement à lui de voir ce qu’il voulait faire.

La noiraude n’avait rien à lui offrir, rien à lui promettre. Elle n’était pas stable, elle ne s’en cachait pas, elle ne rêvait plus du prince charmant, elle vivait au jour le jour et avait souvent le terriblement besoin de prendre la fuite dès que quelque chose devenait sérieux, concret, réel. Avançant simplement le long de la plage, les pieds toujours dans l’eau fraîche et salée qui lui faisait cette fois-ci du bien, elle conservait sa méfiance et quelque chose semblait soudainement avoir attiré son attention, son expérience. Un gémissement, un gémissement plaintif se faisait entendre, alors qu’un peu plus loin, sur le sable se tenait une silhouette à l’apparence humaine, sur le dos, il était difficile de percevoir si il s’agissait d’un jeune fangeux ou d’un homme agonissant. Faisant signe à Alaric, déposant ses doigts sur ses lèvres pour inciter au silence, elle dégaina simplement sa lame de piètre qualité, effectuant quelque bref mouvement pour la mesure, s’habituer à cette épée qui n’était pas la sienne et lui semblait-il plus lourde et un peu plus lourde que celle qui avait sombré dans le liquide des tunnels durant la nuit.

- « Monsieur ? » siffla-t-elle « Voulez-vous identifier ? Milice du royaume » ordonna-t-elle

Plus le duo avançait, plus ils pouvaient voir que les gémissements se faisaient réguliers, que le corps s’était mis à trembler dans des soubresauts étranges, une bave s’écoulant de ses lèvres. Ce n’est qu’après avoir un bref mouvement d’hésitation, qu’elle comprit : une transformation.

- « Tire ! » ordonna-t-elle par principe alors qu’elle se précipitait simplement pour abattre la créature en devenir avant de se faire abattre.

Il n’était pas pensable à ses yeux de laisser une transformation s’effectuer que ce soit pour le royaume, pour la famille du défunt, comme il n’était jamais rentré dans son inquiétude de se prendre une flèche si Alaric ne visait pas bien. Une chose semblait importante à ses yeux que la bête ne voit jamais le jour. Se laissant glisser sur le sable sa lame s’enfonça dans un bruissement désagréable dans la tête du fangeux, alors qu’une ou des flèches venaient toucher la créature. Immobile contre le corps désormais immobile la noiraude ne put que lâcher un étrange soupir, alors que déjà elle retirait sa lame pour débuter une décapitation dont elle avait horreur.

- « Tu ne le connaissais pas ? » l’interrogea-t-elle le cœur tambourinant dans sa poitrine.


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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptySam 6 Juin - 17:34
- J’espère avoir l’occasion de pouvoir voir ça.

Sydonnie avait enchaîné direct sur la suite de sa phrase, mais Alaric demeurait bloqué sur ces paroles. Lui qui avait encore eu des doutes pendant la nuit, il était maintenant certain : la noiraude avait les mêmes envies inavouées – inavouables – que lui. Sans qu'il ne s'en rende compte, cette réplique lui plaqua un sourire béat sur les lèvres, alors qu'il s'armait avant de reprendre la route. Que resterait-il de ce désir, une fois qu'ils se sépareraient ? Même s'il retournait à Marbrume (ça arrivait de temps en temps, après tout) serait-ce une bonne idée d'aller la revoir ? En aurait-elle seulement envie ? Il était préférable que chacun retourne à ses pénates et que, ce qui s'était passé la nuit reste dans les couloirs inondés...

Pour rire, mais également pour lui signifier qu'elle ne le laissait pas indifférent, il l'avait embrassée. Furtivement, de la même manière qu'elle l'avait fait avant de sauter sur le radeau. Il ne lui avait pas laissé le temps de réagir, mais il avait noté avec amusement ses yeux se lever au plafond, son sourire fleurir sur ses lèvres.

- J'ai de quoi payer, répondit-il du tac au tac.

Cependant, il semblait que la sergente n'était pas à l'aise avec son corps dénudé. Vu leur récente proximité et intimité, il pouvait comprendre qu'il la mettait mal à l'aise. Quand il toisa ce qu'elle lui dégotait, il grimaça.

- Cachez ce corps que je ne devrais voir
- C'est raté, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour elle.

Puis, un peu plus fort, il ajouta avec ironie :

- Je suis sûr que ce tissu retiendra les attaques de fangeux et les armes des bandits.

Il passa néanmoins les vêtements, traverser les marais à moitié nu ne l'enchantait guère. Il flottait dans la chemise et il dût retrousser le bas de ces nouvelles chausses, à croire que leur propriétaire était immense. Une fois prêt, il se dirigea vers la sortie, la sergente sur ses talons.

La question de Sydonnie l'étonna et, fronçant les sourcils, il prit conscience qu'il n'en savait trop rien. Oui, il serait heureux de retrouver Sombrebois, sa maison, ses habitudes. Hilde. Il se mordit la lèvres et opina.

- Même si, comme tu l'as dit, toute cette aventure n'aura pas été si mauvaise...

Au côté de Sydonnie, il avait appris qu'il ne pouvait plus agir aussi naïvement et aussi dangereusement. Il n'était pas miraculé par hasard, mais parce qu'avant, il avait l'habitude d'être prudent. Et puis, il devait cesser de vivre dans le passé : désormais, il vivrait au jour le jour, il profiterait de l'instant présent sans se remémorer ses erreurs passées. Il avait de meilleures bases pour aller de l'avant et, sur un plan mental, il se sentait beaucoup mieux, libéré d'un poids qui avait opprimé son coeur pendant trop longtemps. Sur le plan physique, par contre... Il lui lança un regard en coin et soupira. Ça passera, essaya-t-il de se convaincre. Mais il n'avait encore jamais ressenti une telle attraction pour aucune autre femme jusqu'à présent. Il se sentait idiot et n'était pas sûr de savoir comment interpréter cette envie qui le dévorait. Au même instant, il sentit les doigts de Sydonnie frôler les siens et une décharge électrique le transperça, de la tête aux pieds.

- Et toi ? Finit-il par demander.

Une fois dehors, il encocha une flèche, prêt à tirer. Il balaya les alentours du regard, la laissa s'avancer dans les marais, tous ses sens aux aguets. Il sortit de la bâtisse à son tour, se positionnant intelligemment par rapport à la sergente, ne restant pas à découvert. Ses pas émettaient un bruit spongieux qu'il avait du mal à camoufler, l'humidité le fit frissonner. Ce n'était rien à côté du froid qu'il avait ressenti, mais son corps n'était pas encore remis de l'hypothermie qu'il avait subie.

Rejoindre la plage était la meilleure idée : il hocha la tête et la suivit en silence. Ils n'en étaient pas si loin : les pieds dans le sable, le soldat observait la noiraude perdue dans ses pensées. Sydonnie était maigre, son corps portait de nombreuses cicatrices, son visage était creusé et elle souriait peu. Pourtant, les yeux scrutant ainsi l'horizon, Alaric la trouva ravissante.

Sans ajouter un mot, il continua de la suivre, évitant d'observer les restes humains qui jonchaient les marais ici et là. Quand elle parla à nouveau, il leva les yeux vers elle. Une proposition qui confortait l'idée qu'il avait eue plus tôt : elle voulait garder contact avec lui.

- Bien sûr, dit-il en lui souriant.

Il aurait voulut renchérir, mais il ne savait pas quoi dire. Ou plutôt, il n'osa pas. Il ne cessait de réfléchir. Il avait décidé de profiter de chaque instant, alors, s'il s'y tenait, ne devrait-il pas attraper la sergente par la main et l'embrasser ? Oui, dans les marais, brillante idée Alaric...

Des gémissements attirèrent son attention. Il banda son arc, prêt à tirer. Il laissa la sergente s'approcher, ordonner à l'homme de se présenter. Entre-nous, il n'avait pas l'air en état de dire quoi que ce soit. Il ne ressemblait pas à un fangeux, cependant. En s'avançant, le soldat remarqua les étranges soubresauts. Il n'avait encore jamais assisté à une transformation, aussi ne comprit-il pas aussi rapidement que Sydonnie ce qu'il avait sous les yeux. Il n'hésita pas une seule seconde. Sur son ordre, il décocha une flèche qui se ficha dans la tempe du monstre en devenir. La sergente se jeta sur lui et le transperça avant de le décapiter.

- Hé ! L'interpella-t-il, évite de te jeter sur ma cible, c'est dangereux !

Encore un peu, et c'était la noiraude qu'il touchait ! Elle aurait pu attendre une demi-seconde de plus... Il grommela puis se rapprocha. Malgré lui, il regarda la victime puis détourna les yeux.

- Non...

En deux jours, c'était la deuxième personne qu'il avait abattue. Certes, l'homme se transformait en fangeux mais... Il était toujours humain quand sa flèche l'avait traversé. Il soupira puis s'éloigna du cadavre.

- Allez viens. On va pas rester près de lui.

Ils reprirent leur marche. Rapidement, Alaric reconnut les lieux : il savait qu'ils n'étaient plus très loin de Sombrebois. Il était passé par là hier matin, lorsqu'il avait eu la brillante idée de partir chasser. Il s'apprêtait à informer Sydonnie, lorsqu'il remarqua les éclaboussures de sang sur sa chemise.

- Vous êtes pas croyable, sergente... Je vous trouve une chemise propre et elle est déjà toute tâchée...Heureusement qu'on a du linge soigné, à Sombrebois...

Était-ce une tentative à peine déguisée pour la convaincre de ne pas reprendre la route vers Marbrume seule ? Tout à fait.

- On devrait y être dans une heure, en gardant le rythme.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyDim 7 Juin - 0:59


Cette aventure n’avait pas été si mauvaise. Sans doute. La noiraude opina, sans chercher à rentrer dans les détails, elle n’était personne, ne serait jamais personne était-ce une habitude, quelque chose de presque naturel. Mieux valait-il que ce soit comme ça, après tout, tous ceux l’ayant approché d’un peu trop près était mort. Sydonnie pouvait sentir son regard sur sa silhouette, elle pouvait sentir son cœur louper plusieurs battements, percevoir le fourmillement de ses doigts appelant les siens, son regard hurler ce besoin de combler ce qu’il n’avait pas pu accomplir. Ce n’était pas une bonne chose, elle n’arrêtait pas de se le répéter, ce n’était rien, absolument rien, un simple moment d’égarement alors qu’elle ne pensait jamais revenir, il devait en être de même pour lui, lui qui avait une compagne de vie. Finalement, Alaric n’avait pas répondu à sa question, préférant se concentrer sur ce qu’ils venaient de vivre, l’instant, la survive, oui l’aventure n’avait pas été si mauvaise, est-ce que pour autant cela changeait quelque chose ? Elle imaginait déjà ce fameux retour, lui se jetant dans les bras de sa femme, la présentant comme une connaissance trouvée dans un coin, elle qui offrirait un bref geste de la main faisant mine d’être ravie de rencontrer celle qu’elle détestait pourtant déjà.

L’extérieur était pourtant déjà là, dans sa fraîcheur, dans sa noirceur, dans son état malmenée par la tempête, les arbres étaient noirs, parfois à terre, le sol particulièrement boueux ne pouvait que coller aux pieds, ses prunelles s’étaient détachées un instant de l’ensemble, l’avisant, le survolant lui et son retour de questions dont elle n’avait pas la moindre idée de la réponse. Prenant une légère inspiration, la sergente n’était pas certaine de ce qu’elle avait envie de dire, ou simplement de percevoir. Ses doigts effleurant ceux d’Alaric lui offraient cette multitude de frissons agréables, alors que son attention se reportait sur le lointain, le chemin, les choses à faire pour rentrer en vie. Lui à Sombrebois, elle à Marbrume.


- « Rentrer déjà… Retrouver mon bureau… Secouer la coutillerie de Lorren juste pour le voir jurer dans sa barbe » elle s’était mise à rire, finalement tout ce qu’elle détestait au quotidien lui manquait « Et puis… Je ne suis pas certaine que le reste changera vraiment » avoua-t-elle en roulant des épaules « Avec ma blessure on m’enverra à l’extérieur dès qu’une occasion se présentera, qui sait, je serais peut-être amené de nouveau dans ton coin ou peut-être me verra tu un jour en fangeuse ! »

C’était de l’humour, oui, mais de l’humour teinté d’une part de vérité. N’importe qui de censé pouvait deviner, pouvait supposer qu’on ne pouvait pas revenir indéfiniment des missions de l’extérieur, on ne pouvait pas toujours survivre à la fange, aux bannis, aux pirates, aux animaux. La noiraude commençait à prendre de l’âge, les nombreuses marques parcourant sa peau parfois encore douloureuse l’empêchaient d’être encore la plus performante, fatiguait-elle sans doute un peu, déjà. La sergente était néanmoins dévouée à sa cause et n’était sans doute pas prête à abandonner, renoncer, elle avait prêté allégeance au Roi, elle avait promis de défendre la ville elle le ferait sans aucun doute jusqu’à son dernier soupir. À l’extérieur l’ensemble était calme, ni trop ni pas suffisamment, on pouvait percevoir les oiseaux, les animaux, le vent, ainsi progressait-elle avec lenteur avant de proposer à Alaric de rejoindre la plage, zone la plus sécurisée, d’après elle.

Il avait accepté et dans un élan étrange c’était lancé à lui proposer de venir la voir, si un jour, il venait à Marbrume. À peine sa proposition formulée qu’elle s’était sentie ridicule, comme si lui pouvait avoir envie de la revoir, de venir à Marbrume alors que sa très chère sans doute future femme se trouvait à Sombrebois, prête à lui sauter au cou dès que sa silhouette se ferait visible. Laissant un soupir fuir ses lèvres, elle s’était contentée d’afficher un demi-sourire, convaincu qu’il ne s’agissait là qu’un moment de politesse. Roulant doucement des épaules, savourant le contact du sable sur ses pieds, puisqu’elle n’avait pas eu la chance de retrouver des bottes.

La suite fut rapidement plus compliquée, alors que les deux jeunes combattants durent affronter une créature en pleine transformation, fonçant droit sur la silhouette agonisante, elle sentit une flèche la frôler avant de se planter dans la tête du mort, encore plus mort. Jetant un œil à celui qui la rejoignait alors qu’elle s’attaquait à détacher la tête du corps dans des bruits et dans une difficulté absolument immonde. Relevant les yeux vers celui qui semblait lui reprocher de s’être pressé, elle se mit à rire doucement. Non, jamais elle ne changerait à ce niveau.


- « Tu m’as dit que tu étais un très bon archer, aucune raison de douter, non, mh ? » elle se redressa, poussant la tête du pied avant de dévisager Alaric qui semblait tracassé.

Lui il s’était déjà éloigné, comme culpabilisant d’avoir pourtant réalisé ce qu’il devait faire, par instinct cette fois, dans un réflexe, sa main s’était enroulée autour de son bras pour l’immobiliser, émettant cette pression l’obligeant à pivoter vers elle.

- « Tu n’as pas à culpabiliser pour ça, tu n’es pas un meurtrier » fit-elle « Tu viens de le délivrer et lui permettre de rejoindre le royaume d’Anür, ce n’est pas rien… Si j’avais été à sa place, j’aurais souhaité de toute mon âme que quelqu’un m’abatte avant que je ne me relève en cette créature qui ne pense qu’à tuer… »

Elle resta un instant devant lui à le dévisager sans une once de jugement, Sydonnie aurait voulu prendre le temps de faire les choses bien et c’est sans doute dans cette optique qu’elle laissa sa main descendre jusqu’à la sienne, effleurer ses doigts avant de faire demi-tour pour rejoindre le cadavre murmurant simplement un « je reviens ». Là, elle fit sans doute quelque chose qui en dépasserait plus d’un, elle attrapa le mort par les pieds pour le tirer jusqu’à l’eau, quitte à s’immerger partiellement jusqu’à le voir disparaitre emporté par le courant, la tête trouva exactement le même destin alors qu’elle le jetait comme on pourrait balancer une pierre à la mer.

- « Qu’Anür veille sur toi » souffla-t-elle « Chaque corps doit retrouver le chemin de sa mère. »

D’un pas rapidement elle avait rejoint Alaric si il n’était pas venue l’aider, avant de le suivre sans ne plus dire un mot. La femme d’armes était pensive, sans doute un peu perdu dans l’ensemble des événements qui s’était joué en si peu de temps. La peur de mourir, la noyade, la tour de Chris qui s’effondre, tout était un chamboulement constant et perpétuelle qui venait fissurer son âme toujours davantage. Suivant le chemin qu’il montrait menant à sa chemise dont des tâches de sangs avaient fait leur apparition, sans doute à cause de la décapitation qu’elle avait réalisée, elle offrit un sourire, trottinant devant lui pour marcher à reculons afin de le détailler.

- « Seriez-vous, monsieur le garde de Sombrebois en tant de me proposer de m’offrir des vêtements pour que je puisse repartir aussi propre qu’un enfant venant de réaliser sa cérémonie ? » fit-elle dans une voix malicieuse « Monsieur est trop bon, beaucoup trop généreux…. Mais, si monsieur pouvait plutôt m’offrir une paire de botte, je lui en serais bien reconnaissante »

Elle l’avait dit en baisant la tête pour observer ses orteils qu’elle s’était appliqué à légèrement remuer. La jeune femme avait mal aux pieds, sans pour autant se plaindre et une vague de frissons venait parfois l’animer. Sydonnie avait simplement opiné à l’évocation de la durée qu’il restait soudainement beaucoup moins enjoué. Son sourire avait disparu pour laisser place à sa concentration, alors qu’elle pivotait de nouveau sur elle-même pour observer le chemin définit par Alaric. Ce coin-là, la noiraude ne le connaissait pas vraiment. La jeune femme n’était même pas convaincue de s’y retrouver pour le retour, bien que son expérience lui murmurait que pour rentrer à Marbrume elle était toujours capable de trouver son chemin. Sydonnie réfléchissait bien évidemment déjà à son retour, le duo arriverait sans doute à Sombrebois dans la fin de matinée, si elle repartait immédiatement cela voudrait dire qu’elle allait devoir passer la nuit au milieu des marais.

- « Est-ce que tu sais si il y a des habitations abandonnées entre Sombrebois et Balazuc ? Je ne suis pas certaine à pied d’y arriver avant la tombée de la nuit en partant en début d’après-midi… » il avait sans aucun doute raison, il aurait été plus prudent qu’elle passe une nuit à Sombrebois pour partir au petit matin, elle ne parvenait pas à l’envisager « Et…. Tu penses que tu pourrais me refaire ta mixture pour mon dos avant que je reparte, je… enfin, je me débrouillerais pour l’appliquer bien sûr… Mais... »

Elle avait mal, fallait-il bien l’admettre même si elle ne dévoilait que de très rare fois la douleur qui la foudroyait. Par habitude fuyait-elle la proximité de l’homme d’armes, ne pouvait-elle nier lui offrir quelques regards parfois un peu plus appuyé. A chaque fois, elle se répétait que ce n’était rien et puis finalement, après un moment ce fut enfin l’enceinte de Sombrebois qui se dessinait juste là devant eux, instinctivement, elle avait ralenti le bas, alors que son visage reprenait cette teinte de neutralité.

- « Nous y voilà… Tu dois… être soulagé. » tenta-t-elle alors qu’elle ne rêvait que d’une chose : faire demi-tour.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyDim 7 Juin - 17:07
Il sourit quand elle lui parla de retrouver son bureau et ses soldats. Évidemment, son travail, c'était tout ce qui lui restait ! Il l'imaginait sans mal diriger d'une main de maître ses coutiliers, réprimander quelques soldats, les féliciter lorsqu'ils avaient accompli dignement leur mission. Une fois de plus, il se demande quelle aurait pu être leur relation, s'il était resté à Marbrume. Elle était persuadée qu'il l'aurait détestée... Peut-être pas tant que ça. Son sourire s'évanouit bien vite, lorsqu'elle rit, avançant qu'elle serait peut-être un fangeux lors de leur prochaine rencontre. Il marqua un temps d'arrêt et la dévisagea, avant de répondre, sérieux :

- Ce n'est pas drôle.

Qu'aurait-il dû répondre ? « Oh, ne t'en fais pas, je t'abattrai sans hésitation ? » En fait, il n'avait même pas besoin de répondre, il savait que la sergente plaisantait... Mais il ne pouvait faire de même. Désormais, Sydonnie comptait pour lui. Bon, il ne savait pas quelle étrange relation il était en train de tisser avec elle. Il n'empêche que l'imaginer en fangeuse était douloureux. En parlant de fangeux... Une balade sur la plage, dans les marais, ne pouvait être complète sans la présence de l'un d'eux. Du moins, à moitié. Ils avaient été efficaces pour occire la victime et, heureusement, aucun d'eux n'avait été touché. Alaric gardait un goût amer en bouche.

- Je sais, se contenta-t-il de répondre.

Elle lui avait déjà servi le même discours la veille, lorsqu'il avait achevé l'homme à moitié emmuré, sous la tour. Un jour, sans doute s'habituerait-il à prendre la vie de quelqu'un. Ce n'était pas encore le cas aujourd'hui. Il maudit sa propre faiblesse, sa naïveté d'enfant qui ne le quittait pas. Il se souvenait de sa première mission à l'extérieur... Ils étaient tombés sur un banni, et Alaric avait tout fait pour empêcher les soldats de s'en prendre à lui. À cette époque, il demeurait persuadé que tous les hommes devaient s'unir pour affronter la fange. Depuis, il avait observé des comportements horribles chez ses paires et il n'avait cessé de perdre la foi en l'humanité. Le geste de Sydonnie lui rappela que des personnes correctes existaient encore. Il ne l'aida pas à prendre le corps, mais il s'approcha et murmura une brève prière.

- Merci.

Il prit une profonde inspiration, enfonçant ses orteils dans le sable. Il était froid, l'eau était froide, mais il avait connu tellement pire la veille que ça ne l'atteignait plus. Ses cheveux balayés par le vent, il fixa l'horizon à son tour, comme s'il pouvait suivre des yeux le parcours du cadavre. C'était un brusque retour à la réalité, après la bulle qu'il avait formée la nuit, au côté de la sergente. S'il avait eu la sensation que le monde s'était arrêté de tourner, il voyait désormais qu'il n'en était rien. La tempête avait tout retourné sur son passage et les fangeux existaient toujours. Une petite voix au fond de lui le pressait de faire demi-tour, de retourner dans les tunnels, d'y rester caché. C'était plus facile. Il la fit taire d'un grognement et tourna le dos à la mer. La pause était terminée.

Il s'était refermé sur lui-même et n'avait pas vu le temps passé, posant simplement un pied devant l'autre. Quand il avait reconnut les lieux, il s'était décidé à briser le silence. C'était sans doute les derniers instants qu'il vivait en compagnie de la noiraude, il n'avait pas envie des les gâcher à ruminer.

- Va pour la paire de bottes. Pénélope te trouvera ça.

Sydonnie avait parfois ce côté enfantin qu'il avait appris à découvrir au cours de leurs mésaventures. C'était un point commun qu'ils avaient et il ne se lassait pas de la voir ainsi, de rentrer dans son jeu. Oubliée la sergente, elle avait bien d'autres facettes plus intéressantes... Qu'elle devait cacher la plupart du temps. Mais moi, je te vois.

- Pas que je sache. Balazuc est un champ de ruines, même là, je ne sais pas si tu saurais bien t'abriter.

Il sourit face à sa demande. S'il parvenait à la faire rentrer dans Sombrebois pour soigner son dos, alors elle accepterait de rester jusqu'au lendemain... Peut-être. Il voyait dans ses yeux qu'elle commençait à peser le pour et le contre, à se rendre compte que l'idée n'était pas si mauvaise.

- Ah oui, et tu es assez souple pour l'appliquer toi-même ?

La cicatrice barrant une bonne partie de son dos, il lui serait extrêmement compliqué de faire ça bien, seule.

- L'achillée doit être posée correctement, sinon ça ne fera pas effet. Je te soignerai et après... hé bien, si tu ne veux vraiment pas rester, je ne te retiendrai pas.

Quand il aperçut l'enceinte de Sombrebois, oui, il devait avouer qu'une part de lui-même était soulagée. Sa maison... Il était rentré chez lui. Il fit signe à Sydonnie de le suivre.

Comme d'habitude, deux gardes appartenant au compte de Rougelac gardaient la nouvelle entrée. Alaric leur demanda s'il y avait eu des dégâts à cause de la tempête et il fut heureux d'apprendre que la nouvelle palissade avait tenu bon. Par contre, ce temps n'aiderait pas l'avancée des travaux dans le bourg, là où les dégâts étaient plus conséquents.

- Alors, ça a changé, non ?

Il l'entraîna vers le château, fit signe à quelques ouvriers dépités des résultats, prit quelques nouvelles à gauche et à droite de têtes qu'il reconnaissait. Une fois proches du château, Alaric observa les remparts, essayant de distinguer une silhouette sur le chemin de ronde. Il lui sembla apercevoir une silhouette fugace, mais il ne put distinguer de qui il s'agissait. Ce n'est qu'aux portes de la forteresse qu'il la vit, descendant à la hâte les marches. Hilde. Elle avait des cernes sous les yeux, les cheveux en bataille. La nuit avait dû être difficile, ici aussi. Et puis, il ne doutait pas qu'elle n'avait pu fermer l’œil de la nuit, lui ayant disparu. D'autant plus que Rosen et Hector étaient absents... Alaric espérait que le couple avait pu se mettre à l'abri.

- Hilde... Je suis désolé d'être parti, tu avais raison, c'était trop dangereux...

Elle ne le sermonna pas comme il aurait cru, mais elle le prit dans ses bras, rassurée.

- Tu n'es qu'un idiot.
- Je sais...

Elle se détacha de lui et alors, elle sembla remarquer Sydonnie pour la première fois. Troublée, elle lança un regard interrogateur au soldat.

- Je te présente Sydonnie. Longue histoire, je te raconterai tout ça... Mais c'est grâce à elle que j'ai pu rentrer. Sydonnie, voici Hilde, ma compagne.

Il laissa les deux femmes se saluer, avant de proposer de rentrer dans le château.

- Peux-tu prévenir Pénélope que nous avons une invitée ? Elle aurait besoin de vêtements propres et de bottes. Dis aux autres que je vais bien, je les retrouverai ce soir.

Il l'embrassa sur le front, lui promit de tout le raconter plus tard, écopa d'un "j'y compte bien", puis guida la sergente dans la cuisine. Cela faisait du bien, de retrouver les pierres froides de la forteresse, les hauteurs sous plafond, les odeurs de fumet qui flottaient dans les couloir.

- Suis-moi, j'ai de l'achillée dans la cuisine.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyDim 7 Juin - 18:09


Sydonnie l’avait vue se refermer, sans savoir quoi faire, quoi dire pour empêcher ça. Elle imaginait volontiers ce qui pouvait se passer dans sa tête, sans avoir la certitude que je visais juste. De son côté la noiraude avait fini par faire de même, un pincement sur les lèvres. Sombrebois, drôle d’idée, elle-même n’en revenait pas, pour autant la sergente était convaincue de ne pas avoir le choix. Lançant de brefs regards vers Alaric, elle avait senti son cœur se serrer à plusieurs reprises avec violence, alors qu’elle sentait dans la démarche d’Alaric qu’il reconnaissait l’ensemble. La négociation autour des vêtements et des bottes fut finalement accepté, alors qu’elle opinait rendant les armes pour éviter de le contrarier, mais aussi par conscience du danger. Quand il évoqua un prénom, il crut qu’il parlait de sa femme, naturellement, elle s’était fermée. Après réflexion, elle avait fini par supposer qu’il ne l’évoquerait pas ainsi, préféra-t-elle vérifier avec douceur :

- « Pénélope, qui est-ce ? Il n’y a que des femmes à Sombrebois ? » puis laissant un silence, elle afficha un sourire amusé « Ne répond pas, je ne sais pas pourquoi je pose la question, c’est plutôt logique en y réfléchissant. Juste des bottes Alaric hein, rien de plus »

La suite la fit grimacer, plus elle creusait, plus elle comprenait que son départ serait complexe, pour autant Sydonnie ne s’imaginait absolument pas passer la nuit dans le château. Non pas parce qu’il s’agissait de Sombrebois, mais bien à cause de sa relation compliquée avec Alaric, persuadée que les femmes sentaient les éléments, persuadés de ne pas parvenir à camoufler son regard, son attirance inexplicable ne pouvait-elle de ce fait pas risquer une crise, ou une réaction ou de le mettre lui dans une situation délicate. Après tout, la sergente ne lui demandait rien, elle n’exigeait rien de lui, tentait même de se convaincre qu’elle n’était absolument rien à ses yeux, juste un moment d’égarement, ce qui était à la fois douloureux et rassurant.

- « Ne me sous-estime pas, je suis habituée à l’extérieur… Une ruine me suffit, cela se passera bien. » Souffla-t-elle en relevant les yeux vers lui, cherchant autant à se convaincre qu’à le convaincre. Secouant la tête, elle se mit à rire « Si tu savais… Je n’ai pas d’autre choix, à moins, que je ne demande à Pénélope, mais… Je ne suis pas très à l’aise avec… »

Elle fit silence consciente qu’à ses yeux cela allait lui sembler complètement surréaliste. Admettre qu’elle n’était pas à l’aise avec sa nudité, ou avec le fait qu’on la touche, alors que lui avait pu le faire dans une facilité déconcertante. C’était la situation se répétait-elle uniquement ça. Préférant ne pas terminer sa phrase, Sydonnie reçut sa première claque venant de l’homme d’armes. Elle fut si forte et si surprenante, qu’elle provoqua son immobilisation. Il n’allait pas la retenir, elle l’avait bien entendu, bien compris. Sa gorge s’était nouée presque douloureusement alors qu’elle avait eu la sensation de ne pas parvenir à respirer sur l’instant. Après une fraction de seconde elle avait repris sa marche, le suivant alors que lui semblait enfin soulagé, elle s’était complètement fermée. Avançant dans son ombre, laissant son regard vagabonder sur le lieu, les travaux, les deux gardes, la noiraude ne pouvait que se ronger l’intérieur de la joue. Il lui demandait si ça avait changé, elle s’était contentée de hausser les épaules dans ce comportement boudeur et enfantin.

Pour autant avait-elle offert un signe de tête à chaque personne qu’elle croisait, sans pour autant communiquer, sans pour autant faire entendre le son de sa voix. Sentait-elle son ventre se tortiller, encore et encore et encore jusqu’à lui donner la nausée alors qu’elle se retrouvait enfermée dans l’enceinte. Puis ce fut la révélation, tout du moins, l’instant qu’elle redoutait si fortement. Une femme à la chevelure flamboyante avait fini par rejoindre le duo et à sa manière de la regarder, de communiquer, dans la proximité qui lui avait tiré ce frisson désagréable, par réflexe elle s’était reculée, alors que le tambour dans sa poitrine avait semblé l’assommer l’espace d’un instant alors que l’étreinte du couple se jouait devant elle, qu’Alaric déposait ses lèvres sur son front et qu’une nouvelle fois, Sydonnie semblait manquer d’air.


- « Longue histoire… » souffla-t-elle sans même s’en apercevoir alors que son regard bleuté avisait Alaric « Sydonnie de Rivefière, sergente de Marbrume » fit-elle simplement en glissant ses mains dans son dos « Ravi d’avoir pu me rendre utile, madame. Rassurez-vous, je ne dérangerais pas très longtemps, je ne voudrais aucunement vous incommoder. »

C’était presque mécanique, comme si elle s’adressait à la femme d’un de ses hommes, elle tâchait de se détacher alors qu’intérieurement elle semblait mourir sur place. Sa gorge était de plus en plus étouffante, de plus en plus pesante. Qu’aurait-elle pu dire, qu’aurait-elle voulu qu’ils disent. Cette femme était l’opposé de ce qu’elle avait imaginé, n’était pas vilaine pour autant, mais sa carrure, sa musculature indiquait tout d’une combattante. La noiraude n’était pas bien, pas à sa place, reculant d’un pas, détournant les yeux pour laisser le couple seul, elle avait fait quelques pas, cherchant à respirer un peu. Elle se sentait honteuse, presque ignoble d’avoir eu ce rapprochement, de ressentir encore ce même besoin, alors que jusque devant elle se trouvait une femme l’aimant certainement sincère et plus que personne ne pourrait le faire. Qu’espérait-elle ?

Silencieuse, elle avait fini par suivre Alaric, incapable de se concentrer sur autre chose que sa silhouette et ses pensées. La jeune femme avait toujours la sensation d’étouffer et son visage avait dû pâlir alors que ses doigts tremblaient légèrement. La différence de température la fit frissonner, alors qu’enfin elle semblait réaliser qu’elle était à l’intérieur dans une cuisine. Surprise, ses prunelles s’étaient écarquillées, alors que sur un geste de l’homme d’armes, elle s’était installée sur un banc, plus très certaine de savoir ce qu’elle faisait ici, ni même ce qu’il lui avait pris. Encore étouffé par le tambour n’ayant cessé de raisonner à l’intérieur de son buste ainsi qu’une respiration plus rapide, elle dévisagea celui qui semblait bien décider à lui porter des soins.


- « Alors… C’est ici que tu vis ? » souffla-t-elle en le questionnant « C’est… sympathique » tenta-t-elle dans une hésitation « Alaric » fit-elle en relevant brusquement les yeux vers lui « Ce n’est pas nécessaire, mon dos, tu sais.. Je, ça va mieux, je n’ai pas mal de toute façon »

Mentir n’était vraiment pas son point fort, d’ailleurs les grimaces de ses lèvres, sa pâleur, les froncements de ses sourcils devaient hurler le contraire, mais comment pourrait-elle le laisser faire, comment pourrait-elle percevoir ses doigts sur sa peau alors qu’elle devait défaire sa chemise, comment parviendrait elle à ne pas dévoiler ce qu’il provoquait ? Comment pouvait-il le proposer lui ? Elle s’était mordu avec force la lèvre inférieure, Sydonnie n’était pas dans son assiette, perdue.

- « Je vais partir, je ne devrais pas être là. » murmura-t-elle en se redressant « C’était stupide. C’est bon, tu es en sécurité avec ta… » connasse, putain, sorcière « compagne. Elle a l'air charmante. Dans les murs du château, tu vas vivre continuer ta vie, c’est ce dont je voulais m’assurer, j’ai respecté ma parole et puis tu l’as dit non ? Tu ne vas pas me retenir, alors bon. Voilà… J’ai juste besoin de bottes pour traverser les marais rien de plus. Tu parlais de Pénelope, on peut la rejoindre, peut-être qu’elle me donne quelques affaires, je ne vais pas déranger. Et puis mes hommes sont dans les marais…. Alors… Tu sais…» elle bafouillait pour la première fois laissant transparait son trouble, ce qui l’obligea à faire silence, inspirer, puis expirer « Merci pour l’entraide. » conclut-elle « Je n’ai rien fait, tu dois ta vie à toi seul tu en as conscience ? Alors… Enfin. Merci. »

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyLun 8 Juin - 9:03
- Pénélope est notre cuisinière ! Et non, il n'y a pas que des femmes, pouffa-t-il.

Il rit devant son air maladroit, la laissant patauger un peu, vu sa question incongrue. Pour un peu, il l'aurait crue jalouse... Il chassa bien vite cette idée de sa tête, même s'il devait avouer que cette perspective ne lui déplaisait pas.

Rien de plus. Sydonnie insistait sur son bref passage par la forteresse, sur sa prise de distance avec lui. Cela l'attristait, mais il savait qu'elle avait raison. Même si, vraiment, il serait dangereux de faire directement demi-tour pour regagner Marbrume. Elle avait beau le rassurer, lui affirmer que les ruines de Balazuc lui suffiraient, il n'avait pas la conscience tranquille. Oh, il ne doutait pas des capacités de Sydonnie à survivre en milieu hostile... Lui-même se débrouillait plutôt bien, et sans doute s'en serait-il sorti si cette tempête ne leur était pas tombée dessus cette nuit. C'était justement le problème : aussi douée fut-elle, elle ne pourrait prévoir ce qu'il pourrait lui arriver.

Il arqua un sourcil, lui lança un regard interrogateur lorsqu'elle ne finit pas sa phrase : pas à l'aise avec quoi, au juste ? Avec les autres ? Avec Sombrebois ? Avec... Lui ? Alaric sentit son coeur se serrer, mais ne laissa rien paraître. Il n'ajouta rien, préférant lui affirmer qu'il ne la retiendrait pas. C'était sans doute ce qu'elle désirait entendre, et il ne voulait pas insister plus longtemps. Il ne pouvait pas la forcer à séjourner au château, quand bien même c'était la solution la plus sûre. La sergente était bornée. Pourtant, il ne décela aucun signe de joie sur son visage. Pire : elle s'était complètement fermée. Elle ne montra aucune réaction lorsqu'ils franchirent les portes, avançant simplement tête basse, saluant plus par politesse que par envie les quelques gardes et ouvriers qu'ils croisèrent. Décidément, cette femme était une énigme.

Et là, une fois face à Hilde, Sydonnie déclara une véritable tirade protocolaire qui ne seyait pas du tout à la situation. Même lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la toute première fois, lui haletant, des bandits aux trousses et elle, anxieuse au pied de la tour, elle ne s'était pas montrée aussi froide. À moins que ses souvenirs se diluaient déjà, influencés par leurs rapprochements.

Alaric devait composé avec le comportement étrange de la sergente, mais également avec le regard accusateur, inquiet de sa compagne. D'abord, il avait perçu son soulagement de le savoir en vie, même si une part d'elle demeurait en colère, vu les risques qu'il avait pris. Logique. Mais il avait perçu un reproche muet de la part de la rousse, il était sûr qu'il n'échapperait pas à un véritable interrogatoire. Il soupira, alors qu'il entraînait Sydonnie vers la cuisine. Il se souvenait très bien que Hilde s'était montrée jalouse de Rosen, mais c'était lorsque leur relation n'existait pas encore ! Ne pouvait-elle pas lui faire confiance, désormais ? Car elle était l'unique raison pour laquelle il n'avait pas franchi le pas avec Sydonnie cette nuit.

- Sympathique ? Si tu n'aimes pas, tu peux le dire hein.

Il lui sourit puis lui tourna le dos, cherchant son bocal d'achillée. À chaque fois qu'il dégotait l'une de ces plantes médicinales, il l'y laissait sécher afin de préparer ses cataplasmes.

- Ce n’est pas nécessaire, mon dos, tu sais.. Je, ça va mieux, je n’ai pas mal de toute façon
- Menteuse.

Il ne s'était pas retourné, occupé à préparer l'onguent dans un mortier, broyant tiges et feuilles.

- J'ai vu tes grimaces. J'ai vu les boursouflures. Tu souffres, Sydonnie.

Cette dernière phrase, il le savait, ne concernait pas uniquement sa vilaine blessure. Peut-être n'aurait-il dû pas lui dire ça ? Car elle s'était relevée d'un bond et lui adressa un monologue qui révélait tout son mal-être. Elle parlait de Hilde, de sa vie ici, insistait bien sur le fait que leurs vies respectives se déroulaient à mille lieux l'une de l'autre, qu'ils avaient choisi des chemins bien différents. Il la laissa terminer jusqu'au bout, puis la toisa quelques secondes. Il hocha la tête et lui tourna le dos à nouveau, terminant sa mixture.

- Quand je t'ai demandé de venir ici, je ne pensais qu'à ta sécurité, commença-t-il. Je... Je ne savais pas que tu y serais si mal... Je suis désolé, s'excusa-t-il en lui tendant un pot en bois, contenant sa préparation.

La première fois qu'il avait appliqué de l'achillée dans son dos, il s'était concentré uniquement sur sa blessure, son besoin de l'aider, de faire les choses bien. Il n'avait pas eu d'arrière pensée, alors qu'il caressait son dos. Mais depuis, une tension s'était installée entre eux. Comment pouvait-il imaginer lui demander d'enlever sa chemise et de la soigner, de vivre un tel moment de proximité, après l'intimité qu'ils avaient partagée ? Sans doute était-ce ce que redoutait la sergente.

- Tiens... Tu ne veux pas que je te soigne, d'accord. Mais prends-le. Si tu as trop mal, tu pourras essayer de te soigner seule... Ou alors... Tu pourras demander à l'un de tes soldats, dans les marais...

La dernière partie de la phrase lui fit mal. Il imagina l'un de ces rustres miliciens appliquer avec brusquerie l'achillée sans se préoccuper de la noiraude. La vérité, c'était qu'il était jaloux, aucun autre homme que lui ne devrait pouvoir caresser sa cicatrice comme il l'avait fait. Mais peu habitué à ce genre de sentiment, il ne comprit pas ce qu'il ressentait, d'où lui venait cette haine idiote.

Alaric plaça le pot dans les mains de Sydonnie, frôlant ses mains plus que de raison, accrochant ses yeux avec les siens. S'établit alors un contact visuel comme eux seuls savaient si bien le faire, comme eux seuls savaient si bien l'interpréter.

Pénélope mit un terme à cet étrange échange. Déboulant dans la cuisine, portant des bottes dans une main, des vêtements propres dans l'autre, elle franchit la porte et s'exclama :

- Alaric ! Je suis si contente que vous alliez bien !

Le soldat lâcha la main de la sergente et se tourna vers la cuisinière.

- Merci Pénélope ! Je suis bien content d'être rentré, moi aussi... Je vous présente Sydonnie.
- Ma pauvre, je n'imagine pas à quel point ça a dû être terrible pour vous ! Tenez, des vêtements propres et chauds. Voulez-vous vous changer dans la chambre d'amis ? Je peux vous y conduire. Et vous avez mauvaise mine, vous devez avoir faim ! Voulez-vous manger le repas de midi avec nous ?

Pénélope était cette femme qui s'occupait toujours plus des autres que d'elle-même. Alaric la trouvait touchante, mais il n'osait imaginer le malaise que devait subir Sydonnie. Devant tant d'entrain, il se sentit obligé d'intervenir.

- Sydonnie est pressée, Pénélope, ses... Soldats l'attendent.

Quelque part, dans les marais... Ouais.

- Mais je peux lui préparer un sac avec quelques provisions pendant qu'elle se change... Qu'en dis-tu, Sydonnie ?

Il aurait bien accompagner lui-même Sydonnie jusqu'à la chambre, mais c'était sans doute la pire décision qu'il aurait pu prendre. Sans doute la sergente serait plus à l'aise avec une femme. Une femme qui n'était pas Hilde.

- Je vous attends ici.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyMar 9 Juin - 12:28


- « Hein ?! »

Fit-elle en relevant les yeux vers la silhouette masculine qui l’accusait à raison d’être une menteuse. La noiraude s’était pincé les lèvres simplement, alors que son regard parvenait difficilement à changer de point d’observation. Lui en voulait-elle ? Pas vraiment, bien que le fait qu’il souligne son mal-être, son incapacité à ma camouflé les douleurs n’étaient pas très agréable, cela l’avait forcé à détourner les yeux, à se relever violemment alors que volontairement ou non il appuyé sur toute la souffrance psychologique ou physique qui pouvait parcourir la sergente. Sur l’instant, son regard avait dû se faire plus dur, le trouvait-elle injuste d’agir de la sorte, lui qui avait pu entrapercevoir qui elle était réellement. Se relevant rapidement, bafouillant une argumentation qui ne tenait que moyennement la route, elle ne put que le haïr lui qui restait tout autant qu’elle sur ses positions, lui qui ne prenait pas un instant en compte ce qu’il avait vécu. N’était-elle rien après tout, aurait-elle dû se le répéter davantage plutôt que de se laisser envisager même un infime moment le contraire.

- « Tu ne pensais qu’à ma sécurité…. » répéta-t-elle en écho, plus pour elle-même, plus pour tâcher de se faire du mal, provoquer sa fuite, parce qu’elle devait partir « Je comprends, qui aurait-pu s’en douter hein ? Je ne suis qu’une sergente, hormis une bonne combattante il n’y a rien de plus à voir ou comprendre chez moi. » Souffla-t-elle finalement.

Elle avait récupéré le récipient, dans l’odeur désagréable venait déjà lui piquer les narines. Avisant le contenant, elle se laissait à se souvenir, à cette toute première fois où il avait déposé ses mains sur sa peau, sans qu’à ce moment, absolument rien chez l’un ou chez l’autre ne provoque un rapprochement ? Qu’avait-il changé alors ? Qu’est-ce qui avait changé entre cette première rencontre et aujourd’hui ? S’était-elle ouvert, l’avait-elle écouté, l’avait-elle désiré bien plus que de raison dans un confort étrange qu’elle avait cru être la peur de mourir. Aujourd’hui, à ce moment comprenait-elle s’être trompée alors qu’elle détestait à un haut niveau, une femme qu’elle ne connaissait même pas. Sydonnie revoyait ses lèvres sur le front de la rousse, son regard, sa promesse de lui expliquer, lui expliquer quoi, lui dirait-il seulement ? Bien sûr que non.

- « Je le ferais, je ne supporte pas qu’on me touche » répondit-elle spontanément, trahissant sa sincérité « Enfin, je veux dire… » souffla-t-elle en détournant de nouveau les yeux « Ca attendra que je rentre, je demanderais à Irène, ou Zephyr, ce sont les seuls… en qui j’ai suffisamment confiance pour s’essayer à ça. Et puis avec la tempête, les fangeux doivent être de sortis, je ne préfère pas perdre du temps et mettre en danger la coutillerie. »

La fin de sa phrase était juste, protectrice dans l’âme, en y réfléchissant un peu pour ceux ayant effleuré sa personnalité ou ceux ayant essayé de la connaître pourraient facilement attester qu’elle se sacrifierait sans la moindre hésitation pour sauver le plus grand nombre. Alors, imaginer un seul instant perdre du temps, prendre des risques pour son confort, ce n’était que peu envisageable, peu probable. Elle se pinça les lèvres une nouvelle fois, alors qu’elle cherchait dans son regard des questions qu’elle ne posait pas. Avait-elle juste un peu de valeur ? N’avait-elle été qu’une compagne de survie qu’il oublierait à peine ses pas éloignés de l’enceinte du château ? Avait-elle été autre chose qu’une bûche flottante, une utilité de l’instant rien de plus ? C’était douloureux, atrocement, alors que désormais, elle n’envisageait rien d’autre que ça. Alaric était un homme aimant sa campagne, n’ayant pas dérapé parce que Sydonnie avait fait preuve de retenue et lui aussi sans doute. Tout ceci n’avait pas la moindre valeur, ne devait pas en avoir et n’avait même finalement jamais existé. Pourquoi était-ce si déplaisant à constater ?

Les mains sur les siens, sans attraper véritablement le récipient, l’instant lui sembla durer une éternité alors que déjà le tambour dans sa poitrine se faisait plus chantant, plus intensif. Ses lèvres s’étaient pincées encore et encore alors qu’elle allait s’exprimer oui, sans aucun doute sa bouche formant des lettres silencieuses avant de sursauter devant la présence d’une femme qu’elle ne connaissait pas. Encore une femme. Étrangement, cette dernière semblait avoir la joie de vivre contaminant, si bien que le visage pourtant presque triste de la sergente se teinta dans une neutralité plus douce, un sourire sur les lèvres.


- « Enchantée Pénélope, oooooh j’admets que le pire était de supporter Alaric et son odeur… Saviez-vous qu’il ne me parle que de prendre un bain depuis le début de notre trajet. Bien évidemment, je ne peux que le concevoir, même un loup sans nez pourrait le traquer à des lieux à la ronde. » sans doute qu’elle regretta sa spontanéité, cette presque douceur dans sa voix, se rattrapa-t-elle bien évidemment « Enfin, pardonnez-moi, j’ai un mauvais humour avec mes soldats… J’ai l’habitude de les taquiner, j’en oublie qu’Alaric n’est pas… » à moi… « un de mes hommes. Je vous suis volontiers, j’admets que porter des vêtements propres…. Et des bottes, vous savez me parler Pénélope ! Je vous aime bien ! »

Sydonnie alternait entre deux émotions complètement contradictoires et surtout deux manières complètement différentes d’aborder à la fois Hilde et Pénélope. Intérieurement, elle aurait voulu rester, découvrir le quotidien de celui qui l’avait sauvé, apprendre à le connaître, lui qui lui permettait d’oublier Roland, la perte de son enfant, lui qui semblait l’attirer vers quelque chose de plus doux, de plus insouciant, de plus… agréable. De l’autre elle se détestait de ressentir tout ça, s’infligeait mille sévices mentalement et tacher d’argumenter de toutes les manières possibles pour se prouver qu’Alaric ne l’appréciait aucunement et qu’elle n’était un pion. Juste ça, comme d’habitude. Si bien que quand il reprit la parole pour souligner qu’elle était pressée, elle ne put qu’opiner son regard se teintant un bref instant de se voile de déception.

- « En effet, navrée Pénélope j’aurais apprécié partager votre cuisine, mais… Ma coutillerie doit m’attendre et s’inquiéter…. Et puis, il faut bien rentrer et… » oublier, abandonner, se résigner « poursuivre le combat de la fange, elle ne va pas se faire botter les fesses toute seule. Merci Alaric, je… ça sera très bien, pas grand-chose cependant, je suis certaine qu’ici cela doit être complexe d’obtenir de quoi manger, hormis la chasse… J’entends. »

Elle avait offert un pincement de lèvre en guise de sourire, alors qu’avec son petit pot elle suivait désormais Pénélope, non sans passer juste à côté d’Alaric avec cette étrange sensation douloureuse. Son regard avait dû croiser le sien, simplement, avant qu’elle ne se concentre sur la silhouette féminine qui l’emmenait déjà dans les escaliers. Pensive, la noiraude aurait été bien incapable de définir combien de marches elle avait montées, comment était la décoration, ni même si il faisait froid ou chaud. Non, tout lui semblait si… Etait-elle si honteuse d’avoir embrassé Alaric, de s’être laissé embrasser et surtout d’avoir apprécié, pire d’espérer un jour retrouver cette sensation, cette proximité. Elle fut sortie de ses pensées, par Pénélope et sa curiosité maîtrisée.

- « Comment ? Oh heu… Je suis Sergente dans la milice de Marbrume, j’alterne entre l’interne et l’externe en fonction des besoins » sa bouche se déforma un instant alors que Pénélope lui demandait, convaincu d’avoir affaire à une femme mariée si son mari ne lui manquait pas trop «Un peu » souffla-t-elle « Mon… » c’était complexe d’admettre qu’il était mort, alors elle préféra survoler l’ensemble « Un peu plus chaque jour » la jeune femme ouvrant la porte, précisant qu’elle allait bientôt le retrouver « Un jour, un jour proche je l’espère en effet. » se contenta de répondre la femme d’armes en refermant la porte.

La petite main était restée derrière la porte, patientant pour laisser le temps à la gradée de se changer, chaque mouvement était complexe, douloureux avec une telle force qu’à chaque fois elle se mordait l’intérieur de la joue pour ne pas couiner. Un désormais pantalon plus à sa taille, bien que toujours un peu grande, une chemise un peu plus épaisse sur le dos et des bottes couvrant ses orteils, Sydonnie avait fini par sortir, glissant ses doigts libres dans sa chevelure pour la nouer dans une queue de cheval haute, fixé avec un morceau de tissu déchiré de son ancienne tenue.

- « Merci, Pénélope, c’est parfait ! » souffla simplement la sergente « Pourriez-vous me raccompagner à la cuisine, je vais saluer Alaric avant de repartir et je ne suis pas certaine de m’y retrouver dans ce château. »

L’idée de partir sans même lui dire au revoir lui avait traversé l’esprit, mais une petite voix dans sa tête l’empêchait de le faire, pourtant aurait-ce été sans aucun doute plus simple pour tout le monde. Descendant les marches, suivant une nouvelle fois la silhouette féminine qui l’abandonna aux portes de la cuisine avant de retourner à ses tâches, non sans la saluer vivement. La noiraude hésita, toujours on récipient entre les mains, elle n’était plus certaine de vouloir le revoir une dernière fois. Piétinant devant l’entrée de la pièce la jeune femme avait fini par y rentrer.

- « Je.. Je suis prête je vais y aller Alaric» admit-elle en relevant les yeux, la gorge nouée « Je te remercie pour l’aide, je te dois sans doute la vie, mais comme je suppose que l’inverse est très juste aussi » tenta-t-elle maladroitement de le taquiner « Nous sommes donc quittes. Et puis grâce à cette odeur particulièrement désagréable, je ne risque pas de t’oublier. » elle eut ce silence, étrange « Jusqu’à ce que je n’ai plus de mixture… Enfin, si. Je. La plante l’odeur est désagréable tu sais, on ne peut pas oublier cette odeur, non ? »

Elle s’était sentie ridicule, particulièrement, si bien que finalement ses doigts s’étaient glissés à l’arrière de sa nuque, frottant à de nombreuses reprises l’ensemble, elle avait amorcé le pas pour pivoter et lui tourner le dos, trouver la sortie et partir, c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Le fuir, l’oublier, ne plus ressentir le poids sur sa poitrine qui n’avait de cesse de lui faire se remémorer qu’elle était veuve depuis peu, qu’il était en couple… Etait-ce à ce point la femme la plus indigne des Trois ? Sans aucun doute à ses yeux…

- « Je devrais retrouver la sortie, ne t’inquiète pas et puis… Tu dois avoir beaucoup de choses à revoir ici, à raconter, à rattraper !» souffla-t-elle d’un bref de geste de la main « [color=#cc6666]Au revoir Alaric….[/colo] »

Qu’il l’a raccompagne ou non, la femme d’armes se serait faite silencieuse, son regard alternant entre colères, tristesse et cette affection naissante qu’elle éprouvait à son égard. Elle avait fini par retrouver avec ou sans lui le chemin de la sortie, saluant une dernière fois les occupants avant de disparaître dans les marais. Le retour fut difficile, dut-elle manquer de mourir à de nombreuses reprises, pourtant elle avait fini par retrouver la coutillerie sa monture et rentrer en lenteur et nombreux détour à Marbrume.

[Merci pour ce RP, j'ai hâte de lire les suites :inlov: ]


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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 4 EmptyVen 12 Juin - 17:37
Alaric ne sut que répondre au regard dur qu'elle lui lança, à la phrase sévère qu'elle jeta à sa figure. Il n'avait pas voulu l'insulter, il ne niait pas qu'elle n'était pas une bonne combattante. Et bon sang, bien sûr que non, elle n'était pas qu'une sergente. Pas à ses yeux, en tout cas. N'avait-elle pas encore compris ? Une nouvelle claque dans le visage du soldat, lorsque, sur un ton sec, elle lui cracha qu'elle n'aimait pas qu'on la touche. Il aurait pourtant juré le contraire, quand ils étaient collés l'un contre l'autre, dans ce couloir immergé... était-ce une manière pour elle de lui signifier qu'elle regrettait ce qu'il s'était passé ? Alors elle parla de deux personnes qu'elle n'avait encore jamais mentionnées, des noms qu'il ne connaissait pas. Ceux-là, des amis sans doute, ceux qui avaient le privilège de soigner sa blessure, de la toucher. Si elle détestait tant ça, pourquoi ne l'avait-elle pas empêché ? D'ailleurs, qui des deux avait touché qui en premier... Elle semblait avoir oublié cette partie.

Désolé, affligé, il ne dit rien, se perdant dans le regard sombre de Sydonnie. Il sentait la chaleur de ses doigts contre les siens, il n'avait qu'une envie, lui hurler qu'elle n'était pas qu'une sergente et qu'il n'était pas prêt de l'oublier. Mais que penserait-elle de lui ? Elle avait semblée si... dégoûtée, lorsqu'elle avait affirmé ne pas aimer être touchée. C'était sans doute pour un mieux. La milicienne devait penser que ce n'était qu'un moment d'égarement, un sentiment étrange qui les avait rapproché aux portes de la mort. Tout était fini désormais. Chacun reprendrait sa petite vie...

Alaric avait espéré qu'elle accepterait ses excuses, mais visiblement, ces dernières l'avaient énervée encore plus. Le soldat n'était pas très doué avec les paroles, maladroit, il avait le don de provoquer les réactions qu'il préférait éviter. Même la noiraude n'avait pas su interpréter ce qu'il avait essayé de lui transmettre.

Heureusement – ? – Pénélope avait brisé le silence pesant qui s'était installé entre eux et, avec son entrain habituel, avait instillé une meilleure humeur dans le coeur de la sergente. Enfin, bonne humeur : il semblait qu'elle était décidée à lui démontrer qu'elle lui en voulait, se moquant ouvertement de l'odeur de chien mouillé qu'il traînait depuis leurs escapades. Non, mais quel âge avait-elle ? Six ans ? Et, aux dernières nouvelles, elle ne sentait pas meilleur que lui ! Elle avait bien essayé de se rattraper, mais Alaric n'avait pas prêté attention à cette piètre tentative. Les dures paroles de Sydonnie claquaient encore dans son esprit et c'est l'air las qu'il la regarda s'éloigner en compagnie de Pénélope.

Machinalement, il remplit une petite besace de provisions : viande salée et fruits que la noiraude pourrait facilement consommer. Quand elle serait seule, dans les ruines de Balazuc, ou avec sa coutillerie, tiens. Avec ses braves gaillards. Son coeur se serra une fois de plus et il soupira, refermant le sac. Si Sydonnie décrétait que leur histoire – quelle histoire, déjà ? – n'était rien de plus qu'une erreur, il ne pouvait que s'y conformer. C'était la solution la plus simple pour tous les deux. Mais est-ce que ça en faisait la meilleure pour autant ?

Quand elle revint dans la cuisine, il s'avança vers elle et lui tendit la besace.

- Oui, nous sommes quittes.

Il la toisa, peu sûr de l'interprétation qu'il devait donner à ses paroles. Parfois, il avait l'impression qu'elle essayait de lui dire quelque chose. Quelque chose d'hésitant, de difficile à saisir, quelque chose qu'elle ne pouvait dire à voix haute, quelque chose qu'il devait deviner. Parfois, pourtant, il la semblait si réticente, si prompte à l'éviter, à oublier ce qu'ils avaient vécu.

- Je suppose, répondit-il, évasif. L'odeur est peut-être désagréable, mais... Elle te soignera.

Il n'était pas très sûr : parlait-il de la sienne, ou de celle du cataplasme ?

- Sois prudente, l'implora-t-il, alors qu'il la raccompagnait jusqu'au seuil du château.

Il n'osa pas la suivre jusqu'à la palissade, retraverser le bourg à ses côtés. Il avait bien compris qu'elle n'en avait pas envie. Il fallait qu'elle parte. Ou plutôt, il fallait qu'ils se séparent. Sinon quoi, Sydonnie? Pensa-t-il, alors qu'il ne quittait pas sa silhouette des yeux. Quand elle ne fut plus qu'un point sombre parmi les chantiers, il se détourna enfin.

[Merci à toi ! Je pense que c'est officiellement mon rp le plus long xD C'était fun, j'ai hâte de lire – d'écrire – la suite Wink]
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