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 [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]

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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyJeu 2 Avr 2020 - 23:49


- « Fermer les yeux sur des faits allant à l’encontre des Trois, n’est-ce pas être un peu complice, donc un peu coupable ? »

La noiraude lui avait simplement offert un regard, était-elle sans doute mal placée pour évoquer le jugement des Trois. A moins qu’au contraire son expérience et l’abandon des dieux à son égard était une véritable preuve qu’il ne fallait pas jouer avec le feu, pas sortir des sentiers, respecter plus que jamais ceux qui peuvent encore sauver l’humanité ? L’ancien milicien lui semblait bien insouciant, presque complètement hors conscience de la réalité, des droits et des devoirs de chacun, des règles du royaume, des Trois. Néanmoins, la sergente n’en dit rien, préférant faire silence, encore une fois, une énième fois. Fallait-il bien admettre qu’elle n’était pas très à l’aise avec la situation, en proximité avec un inconnu, dans une situation plus que médiocre. Sydonnie ne put retenir un petit rire s’échapper de ses lèvres, alors qu’elle laissait ses doigts passer entre les mèches de ce qui composait sa crinière, la démêlant en même temps. Il était fou, complètement fou, cela devenait une certitude presque obligatoire.

- « Tu as raison, si être enfermé dans une tour, sous une tempête que l’on n’a jamais vue, avec une parfaite inconnue, sans porte de sortie, avec des fangeux dehors…. C’est vrai que la situation n’est pas si pire. Après tout, c’est presque courant. Moi à ta place, je préférais être avec celle qui partage ma vie, mais bon, après tout, hein. »

De toute façon, le temps n’était plus à la discussion, ni même aux pensées naïves, non, il était temps d’agir et de tenter le tout pour le tout. Prenant une inspiration, elle s’était levé pour faire passer le radeau dans la trappe, vérifié qu’il flottait bien, avant de jeter les affaires sur l’ensemble. De là, elle eut cet instant de doute, de crainte aussi, si réellement sa vie s’arrêtait là, qu’un fangeux se trouvait sous les profondeurs du liquide à l’odeur étrange. Ses lèvres se pincèrent à plusieurs reprises, avant qu’elle ne prenne une décision tout aussi folle que sauter : embrasser l’ancien milicien. Ce fut furtif, bref, sans aucune intensité, sans aucune douceur, tendresse ou quelconque sentiment, une invitation, peut-être à un peu de rapprochement, sans que ce ne soit ni assumé ni réellement envisagé. Avait-il sans doute qu’à peine perçu sur les lèvres, la suite ? Ce fut une silhouette féminine se glissant dans une trappe, puis l’obscurité plus intense, plus profonde et le bruit de l’eau qui englobe un corps. La sergente avait fini par néanmoins remonter, dans cette grande inspiration significative, s’agrippant à ce qui semblait flotter, s’y agrippant avec force, avant de relever les yeux vers celui qui venait de reprendre la parole. Elle était gelée, l’eau était gelée et la faisait déjà grelotter. L’eau s’était mise à bouger dans des vagues quelconques, alors qu’il se déplaçait.

- « Dois-je comprendre que tu m’as laissé sauter avec un radeau qui repose sur le facteur chance ? » l’interrogea-t-elle les yeux ronds, distinguant difficilement sa silhouette dans cette noirceur beaucoup plus présente « Comme si c’était si simple ? » rajouta-t-elle en roulant des yeux.

La première tentative fut un échec, déjà parce qu’elle n’avait pas pied et que prendre de l’élan signifié plonger sa tête sous l’eau, pour s’appuyer sur le sol et se donner une impulsion, ensuite parce qu’elle glissait et que son don était douloureux. Fallait-il bien l’admettre, les nombreuses tentatives en devenaient presque gênantes, peut-être même drôle, elle s’immergeait, sautait, mais non. Rien n’y faisait et quand enfin était-elle accrochée en mode étoile de mer, l’ensemble se retournait l’immergeant et manquant de la faire se noyer. Puis vint cette réussite, merveilleuse, belle agréable, elle était digne, enfin sur le radeau, se faisant légèrement emporter par les mouvements d’Alaric sans réellement savoir où aller et puis…

- « Honnêtement, très atroce, je ne suis pas certaine d’en garder un bon souvenir… J’espère que ce n’était pas une façon de proposer qu’on recommence ? »

Il y eut ce bruit, ce premier bruit étrange, puis le second et le fameux radeau se rompu, s’écartant, laissant l’espace à la noiraude de le traverser, de s’immerger, de paniquer légèrement en se relançant en touchant le fond. Autour d’eux, au-dessus d’eux plutôt, le brouhaha indiquait que la tour avait dû s’écrouler et quant à la surface, tel un chien apeuré elle essayait de rester à la surface pour ne pas couler… La jeune femme avait fini par venir s’agripper à Alaric, glissant dans son dos pour passer ses bras autour de ses épaules, déposer sa tête au niveau du creux de sa nuque, laissant son corps flotter, ou via le mouvement léger de ses jambes le long du corps de l’ancien milicien. La noiraude grelottait toujours, néanmoins elle restait là, cherchant à récupérer son souffle sans réellement y parvenir, sentant son dos se faire chaleur, sans pouvoir à aucun moment soulager un instant l’ensemble. Elle restait là, contre lui, les corps se frôlant sagement dans cet espoir. Puis quand enfin, elle parvenait plus ou moins à se calmer, elle ne put qu’observer les débris qui s’éloignaient sagement vers le lointain, le radeau était en morceau. Un soupir fuir ses lèvres, alors que son cœur tambourinait avec force dans sa poitrine.

- « Bon, très bien. Donc plus de radeaux, plus de tour, plus rien… Tu trouves toujours que la situation n’est pas si pire ?! » fit-elle en l’éclaboussement volontairement dans un agacement étrange « On va mourir là, une idée lumineuse ? » piqua-t-elle bougonne.

Elle était nerveuse, elle avait froid, elle craignait cette fois-ci véritablement de ne pas parvenir à s’en sortir. Naturellement, un peu trop même pensait-elle à cet inconnu qui ne la lirait plus, peut-être l’avait-il déjà oublié, elle pensa à Irène, qui avait voulu devenir son amie, finalement son objectif ne connaîtrait jamais une fin positive. C’était triste. Terriblement. S’éloignant essayant, juste pour essayer de voir si elle était en mesure, elle était venue retrouver rapidement le confort et le corps du milicien, simplement pour se rassurer, simplement pour essayer. Elle soufflait, tremblait, se décomposait petit à petit alors qu’elle sentait ses lèvres bleuir, le bout de ses droits, de ses pieds faire de même. D’ailleurs, n’était-ce pas un vêtement qui flottait là, juste à côté d’eux ? Elle l’attrape de rage, avant d’éclabousser une nouvelle fois l’homme.


- « Il faut avancer, bien allons par-là » indiqua-t-elle en avisant les tissus s’éloigner dans une direction plus obscure, plus sombre.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 5 Avr 2020 - 11:59
« Dois-je comprendre que tu m’as laissé sauter avec un radeau qui repose sur le facteur chance ? »

Il fit une petite moue, se détourna d’elle en murmurant :

- Mais non, j’étais presque sûr qu’il flotterait.

Il n’en avait jamais construit auparavant, il ne pouvait pas être certain que son plan fonctionnerait. Néanmoins, il y avait mis tout son cœur, y avait cru dur comme fer, quelques prières adressées là-haut pour lui porter chance.

Il manqua de rire devant ses essais répétés et infructueux, pour tenter de se hisser sur le radeau. Si la situation n’avait pas été aussi critique, il se serait gentiment moqué, puis l’aurait aidée à s’assoir. Il s’y apprêtait, s’arrêtant de pousser afin qu’il soit plus aisé pour la sergente de s’y agripper, se positionnant derrière elle pour lui donner un coup de main. Miracle, elle y parvint enfin et Alaric reprit sa place, battant des pieds, poussant le rafiot vers l’inconnu, les lèvres bleuies par le froid, ses dents claquant malgré lui.

« Honnêtement, très atroce, je ne suis pas certaine d’en garder un bon souvenir… J’espère que ce n’était pas une façon de proposer qu’on recommence ? »

Le soldat leva les yeux au ciel – un plafond noirâtre qu’il distinguait mal – puis voulut répliquer, lorsqu’un craquement résonna. Proche de ses doigts. Oh non. Trop tard pour qu’il puisse faire un signe à Sydonnie, le radeau vola en éclat sous le poids de la sergente. Ses multiples tentatives pour s’y assoir avaient dû le fragiliser… Et puis, le bois d’une échelle, même consolidé, n’était pas fait pour tenir le coup très longtemps. Il s’avança comme il pouvait vers la noiraude qui paniquait dans la flotte et lui tendit un bras. Elle le saisit, puis se hissa sur son dos. Bras noués autour de ses épaules, la tête calée derrière la nuque du soldat, elle se calmait enfin. Et puis sa fureur éclata, dirigée vers la seule personne présente, le seul responsable tout désigné. Quand elle l’éclaboussa, il se raidit et jura.

- Ça suffit, grogna-t-il. Bien sûr que la situation est grave !

Depuis le début, il était inquiet, mais tâchait de ne pas le montrer, priant sincèrement pour que les Trois les sortent de ce mauvais pas. Pour la première fois depuis son escapade et ses mésaventures, il devait bien reconnaître que les circonstances s’aggravaient encore. Si lui-même tombait dans la panique, qui y’aurait-il pour rassurer Sydonnie – et lui-même ?

Dépité, il essaya de rattraper quelques morceaux de son flotteur, attrapa de justesse sa ceinture qui coulait lentement, sur laquelle demeurait accrochée sa dague acérée. Il la passa par-dessus son épaule afin de ne plus la perdre. Au moins, il avait retrouvé sa meilleure arme. Piètre consolation, mais c’était toujours ça.

La sergente fit une nouvelle tentative de nage, avant de se raviser et de se blottir à nouveau contre le soldat. Tous deux voguaient à travers les débris, quelques affaires entraînées par le courant. S’il y avait du courant, c’est qu’il y avait bel et bien une sortie quelque part.

Quand elle l’éclaboussa une seconde fois, il crut qu’il allait perdre le peu de patience qu’il lui restait. Alaric n’était pas du genre à se laisser influencer de la sorte, à répondre aux provocations. Il faisait son petit bout de chemin seul, n’écoutait que peu les plaintes et remarques des autres. Cette fois, en revanche, c’était plus compliqué. Sydonnie avait fait montre de courage et de sang-froid depuis le début. Sa peur de l’eau la submergeait, lui faisait perdre ses moyens. Il ne devait pas tomber dans le même travers. Ainsi, il ravala la réplique bien sentie qu’il lui dédiait – comme quoi il n’était pas le cheval de la princesse qu’elle était – attrapa le vêtement qu’elle tenait et tira, afin que la sergente se décolle de son dos. La chemise, ou ce qu’il en restait, partit en lambeaux, et il tint le poignet de sa comparse avec fermeté.

- Écoute-moi. Je vais tout faire pour nous sortir de là, mais d’abord, il faut que tu te calmes. Fais comme moi, je ne te lâche pas, promis.

Il prit sa main dans la sienne, s’approcha d’une des parois et plaça sa main droite dessus.

- On voit suivre le mur pour ne pas se perdre. Il y a un peu de courant, ça signifie qu’il y a une sortie.

Et il se mit à battre des pieds, enjoignant à Sydonnie à faire pareil sans la lâcher, tandis qu’il longeait la paroi, sa main glissant contre cette dernière. Pourvu que ce mystérieux tunnel ne soit pas trop long. Cette nage improvisée réchauffait quelque peu leurs corps, mais la température de l’eau et la fatigue accumulée risquaient d’avoir raison de leurs dernières forces. Une fois de plus, il adressa une prière aux Trois. Hormis supplier ses divinités et continuer d’avancer, que pouvait-il faire d’autre ?
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 5 Avr 2020 - 17:59


- « Ah bah enfin, merci de le reconnaître»

C’était la première fois qu’il semblait le réaliser, tout du moins l’admettre et même si le grognement avait bien évidemment surpris la noiraude, il lui était très difficile de lui en tenir rigueur. Accroché à son humain flottant pour éviter de couler, elle essayait, autant que possible de ne pas céder à la panique, néanmoins les nombreuses provocations semblaient finir par avoir raison de l’ancien. Dans l’eau froide, les corps souffraient, dans l’eau salée, les plaies brûlaient, ce qui offrait cette douleur presque permanente à la femme qui tâchait pourtant d’avancer et de l’oublier. À cet instant précis, elle aurait voulu être loin d’ici, à Marbrume, proche du feu, jouant à un jeu d’argent, perdre beaucoup ou gagner beaucoup cela n’importait pas. Entendre les rires des habitués voir certain ou certaine s’abandonner dans les bras de quelques fleurs de trottoirs. Pour autant, elle était là, dans l’eau, parvenant difficilement à ne pas succomber, elle était en compagnie d’un homme, qui tâchait de ne pas être trop désagréable, mais qui ne semblait pour autant, pas l’être très franchement non plus… agréable. Elle avait ramené à elle certaines de ses affaires, qu’elle avait vu flotter, même sa lame avait réussi à être récupérée, hormis alourdir son poids, elle ne l’aiderait pas franchement. Peu importe. Alaric avait fini par prendre sa main l’accompagnant jusqu’à une paroi tout aussi froide que le reste ou elle ne pouvait aucunement s’agripper. L’ancien homme d’armes tentait de la rassurer sans que l’ensemble ne soit sur une véritable réussite. Au moins avait-elle ses vêtements. Si elle parvenait à rentrer à Marbrume, elle ne rentrerait aucunement nue. Un bon point.

C’est donc une main dans celle d’Alaric, qu’elle maintenait avec une certaine douceur, l’autre longeant la paroi et se déplaçant de la manière d’un chien agonisant que la noiraude progressait. Il lui avait promis que tout irait bien et elle voulait bien le croire, essayer tout du moins. Avait-il raison, le courant était agréable, tout du moins porteur, signifiant donc qu’il y avait bien une sortie. Après un certain temps, l’ensemble fut plus ou moins surprenant, puisqu’on perçut une nouvelle fois avec force l’ensemble des éléments. Le vent, la pluie, le tonnerre. La femme d’armes n’avait pu que se crisper de cette drôle de manière, sans pour autant s’immobiliser, refermant davantage son emprise sur la main de celui qui l’accompagnait. La situation était étrange, sans doute trop pour lui sembler réaliser. Les Trois étaient devenus à ses yeux de sacrés plaisantins. Elle ne put que soupirer, grelottant dû à cette alternance de changement de température. Malades, ils le seraient très certainement. Cela faisait déjà un moment, un long moment que tous deux se laissaient plus ou moins porter, pour autant pas de sortie encore, hormis ce changement ce bruit plus présent de l’environnement extérieur…


- « On va devoir rester là de toute manière » grommela-t-elle « Tant que le soleil ne se lève pas et que la tempête ne cesse pas, on doit rester à l’abri, il faut juste se réchauffer, avançons, mais on doit rester ici on est caché. »

Elle s’applique à garder ses affaires contre elle, s’applique à avancer de cette manière toujours incertaine, sans pour autant relâcher la main de l’ancien milicien. Cela avait le don de le rassurer et même si elle était loin d’avoir retrouvé son assurance passée, elle n’était plus dans un état de panique frôlant la colère.

- « Navré de t’avoir embrassé s’était stupide » murmura-t-elle finalement pour faire la conversation

L’avancée fut presque naturelle, plutôt lente et plutôt angoissante, plus ils ‘avançaient et plus l’obscurité semblait omniprésente, jusqu’à avoir quelques difficultés à se voir. Puis ce fut un très léger jet de lumière, lumière du ciel, alors qu’un courant d’air froid fit frissonner la noiraude. La sortie était là, étroite, entre deux murs de terre fins, au bout pouvait-on voir le mouvement des vagues, et les étoiles se reflétant sur l’eau. Pour autant, quelque chose clochait, la pluie continuait à dégringoler, le tonnerre à se faire violent et les gémissements indiquaient que quelqu’un était soit blessé, soit souffrant, soit qu’une créature était présente. Enfermé ainsi c’était difficile à dire et Sydonnie n’était pas certaine de vouloir le savoir. S’immobilisant elle regardait Alaric pleinement d’interrogation, fallait-il absolument être prudent, car plus que jamais, ni l’un ni l’autre n’était dans une position de forte. Si la fange jusqu’à présent n’avait jamais été perçue dans la mer, rien ne prouvait qu’elle n’appréciait réellement pas ça, et surtout, si jamais ils se retrouvaient sur cette tempête, perdue quelque part sur la plage, comment pourrait-il se réchauffer et survivre ?

- « Qu’est-ce qu’on fait ? Avec le vent, la pluie, le courant sera trop fort en mer…. Et la plage, par ce temps, c’est aussi sécurisé que rentrer dans une taverne de luxure en espérant conserver la bourse pleine ! » fit-elle en l’avisant « J’ai froid…. Tu as les lèvres bleues… On doit se réchauffer ! On doit faire sécher nos vêtements aussi.... »

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyLun 6 Avr 2020 - 15:25
L’eau, les parois, le plafond… Dans cette obscurité, tout se mélangeait. Il était difficile d’avoir des repères. Alaric se fiait uniquement à sa main posée sur le mur, continuant de le longer, sans lâcher Sydonnie. Puis, une lumière brève l’éblouit et il se protégea instinctivement les yeux de son avant-bras. Avant qu’il ne comprenne qu’il s’agissait d’un éclair, il sentit le vent souffler sur sa peau. Dans la pénombre, il n’avait pas vu qu’ils étaient face au bout du tunnel : ouvert sur les éléments déchaînés qu’ils avaient délaissés depuis… Depuis combien de temps, au juste ? Impossible de s’y retrouver ! Tout demeurait noir, mais vu la tempête au dehors, il aurait tout aussi bien pu faire jour. Non, d’après lui, ils devaient être en début de nuit, désormais.

Il sentit Sydonnie se crisper, sa main resserrant un peu plus la sienne. La sergente en arrivait aux mêmes conclusions que lui, qu’elle énonça ensuite. Effectivement, ils ne pouvaient sortir. Quelle ironie ! Ils avaient fui, bravé de multiples dangers, entre les escalades mortelles et le risque de noyade, de tomber sur des fangeux ou bandits embusqués… Et maintenant qu’ils avaient enfin trouvé une sortie, ils ne pouvaient s’y engouffrer ! Sur la plage – en imaginant qu’ils parviennent à braver le courant de la mer – ils seraient des proies faciles.

La noiraude lui proposa d’avancer encore un peu et Alaric obtempéra. Il la menait toujours, la guidant doucement en eaux troubles. À mesure qu’ils se rapprochaient, le courant devenait plus fort, renforcé par les pluies diluviennes et son ouverture sur la mer. Au moins, le niveau de l’eau diminuait un peu et tous deux avaient pieds. Avancer était un peu moins fatiguant, même si la flotte barrait leurs torses.

- « Navré de t’avoir embrassé c’était stupide »

Il arqua un sourcil, s’arrêta quelques secondes et la dévisagea. Il était étonné qu’elle en reparle. Moins qu’un baiser, cet échange bref tenait plus d’un simple effleurement de lèvres que l’ancien milicien avait déjà oublié. Il n’avait jamais été convaincu par son argument « rejoindre les bras d’Anür » mais il ne s’était pas posé plus de questions.

- Ce n’est rien, affirma-t-il.

En fait, il ne trouvait pas que c’était stupide. Tous deux étaient coincés ensemble depuis un moment – à moitié nus, fallait-il le rappeler. Sydonnie ne croyait plus en leur chance de survie depuis un moment…

- Je suis si beau, je ne peux pas t’en vouloir, plaisanta-t-il tout en continuant d’avancer.

Rire un peu, c’était peut-être tout ce qu’il leur restait. Il préférait cette ambiance-là. Au moins la sergente ne paniquait plus. Il était assez satisfait qu’elle accepte de lui faire confiance, même surpris qu’elle se laisse ainsi guider. Bien sûr, elle n’était pas à l’aise dans l’eau… Mais il prenait lui-même confiance en lui. La protéger, la sortir de là… Il voulait y arriver, là où il avait échoué autrefois.
Enfin, ils se rapprochèrent suffisamment pour voir l’ouverture, sur la mer comme il l’avait deviné un peu plus tôt. Une fois de plus, Sydonnie confirma ses pensées : sortir serait du pur suicide. Et puis, il y avait ces gémissements, ces plaintes qui leur parvenaient d’une source qu’Alaric ne parvenait pas à identifier. Ces derniers ne ressemblaient pas à des râles de fangeux… Un être humain était blessé, en proie à la noyade.

- « J’ai froid…. Tu as les lèvres bleues… On doit se réchauffer ! On doit faire sécher nos vêtements aussi.... »
- Tu fais une obsession sur mes lèvres, ou c’est une idée ?

Les siennes aussi étaient bleues. Comme ses yeux, remarqua-t-il. Il laissa un peu trop longtemps son regard parcourir son corps dénudé, déglutit avant d’essayer de changer de sujet.

- Toi aussi, tu entends ces gémissements ? Je crois que quelqu’un a besoin d’aide.

Il hésita à l’idée de lâcher sa main. Une partie de lui voulait s’approcher, voir s’il pouvait aider. Mais ne devait-il pas d’abord penser à lui, à Sydonnie, cette fois ? Il ne pourrait sauver tout le monde… Et s’il devait encore plonger, ramener une personne supplémentaire, comment s’y prendrait-il ? Il s’agirait d’une troisième personne – blessée – qui crèverait de froid. Le froid. Ils ne pourraient rester ici jusqu’au lever du jour. Ils devaient absolument trouver une solution pour se réchauffer. Or la seule source de chaleur qu’il avait sous la main était celle du corps de la sergente. Alaric soupira.

- Je ne sais pas si je vais le chercher, avoua-t-il. Je ne sais même pas si je vais te sauver toi, nous sauver nous…

Anxieux, dépité, il posa sa tête sur l’épaule de la sergente.

- Pour une fois, j’aimerais au moins sauver quelqu’un, murmura-t-il.

C’était idiot. Il avait sauvé des tas de personnes quand il était milicien, il avait aidé de multiples marbrumiens, avait combattu des fangeux pour préserver des vies. À Sombrebois, il se battait presque tous les jours pour que les créatures ne s’immiscent pas dans le bourg. Mais il n’avait pas sauvé les personnes qui comptaient pour lui. Alors tous ses exploits ne comptaient pas. Pire, il ne les voyait même pas comme tel, rongé qu’il était par la perte de son père, mais surtout de son frère et de sa sœur.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 26 Avr 2020 - 22:42


- « Peut-être » fit-elle en tâchant de retrouver un semblant d’humour ou de provocation.

En réalité, la noiraude elle-même ignorait comment tout ceci allait se terminer, cet échange furtif ne lui avait rien apporté ni de bon ni de mauvais, elle n’en avait pas frémi, ne l’avait pas désiré non plus. C’était un peu inutile de l’évoquer, cependant, sa raison, sa conscience et son éducation l’amenaient encore à raisonner de cette manière ancienne. Une femme n’embrasse pas un homme en dehors du mariage, doit bien se comporter. Malgré les nombreuses dérives qu’elle avait pu réaliser, Sydonnie avait toujours eu un comportement plus ou moins logique, rempli de sincérité, or, durant cet infime instant où les lèvres s’étaient effleurées, elle-même ignorait ce qu’elle avait voulu dire, signifier, quémander peut-être ? Se pinçant la bouche, se mordillant la lèvre inférieure, la sergente prit un instant de réflexion, détaillant celui qui semblait beaucoup plus à l’aise qu’elle dans l’eau. Il était loin d’être son type, si on supposait qu’elle avait déjà eu un type, ce qui n’était pas franchement le cas. La situation n’était pas très prometteuse, fallait-il bien l’admettre. Un soupir fuyant ses lèvres, la sergente tentait de conserver la tête hors de l’eau, de rassembler les débris de feu l’échelle et feu le radeau.

- « Je vais une obsession sur la survie et je sais que les lèvres bleues c’est un signe de froid et que le froid peut entraîner la mort »

Elle avait répondu d’une voix douce, plus fatiguée qu’auparavant, aussi endurante soit-elle, sa blessure, les événements, la situation et le stress dû à sa peur de l’eau ne l’aidait aucunement ni à relativiser ni à retrouver des forces. L’ensemble lui avait consumé beaucoup d’énergie et de l’énergie, elle n’en avait plus beaucoup à revendre. Si elle s’appliquait à montrer un visage positif, plein d’humour et de taquinerie –du moins autant qu’elle en était encore capable- la réalité était sans aucun doute plus désastreuse qu’elle ne pouvait le percevoir. La lumière au fond du tunnel, n’avait rien d’une bénédiction, ni même d’une source de positive. Non, parce qu’il fallait sortir, qui dit sortir, offrait deux possibilités : se retrouver dans la mer emportée par le courant et possiblement se noyer, se retrouver juste dehors en pleine nuit, sous une tempête, proche des fangeux et sans-abri. L’un comme l’autre, n’était pas très agréable, pas très joyeux. Aussi peut-être que passer la nuit dans ce tunnel englouti dans un coin n’était pas une si mauvaise idée, la moins pire à condition de parvenir à rester en éveil et à se réchauffer.

- « Moi aussi, j’entends » souffla-t-elle finalement en se raccrochant à un objet flottant.

La jeune femme aurait pu mentir, prétendre qu’elle n’entendait pas, égoïstement cela aurait sans aucun doute été la bonne solution, mais là encore, en dehors de ses principes. Battant des pieds, s’accrochant à un espoir furtif et sans doute naïf qu’Alaric ne déciderait pas quoi que ce soit d’inconscient… Naïf, c’est ce qu’elle comprit rapidement en détaillant son visage, alors qu’elle déglutissait pour éviter de le secouer et de la ramener à la réalité. Ses doigts s’étaient naturellement enroulés autour de sa main, comme pour le retenir, comme pour lui faire comprendre par cette faible pression que c’était inutile.

- « Je n’ai pas besoin d’être sauvé moi » affirma-t-elle dans un sourire rassurant

C’était à la fois terriblement vrai et terriblement faux, elle avait besoin d’être sauvée de tellement de choses, y compris d’elle-même. Pourtant, n’était-ce pas elle qui endossait toujours ce rôle de sauveuse, tendre la main, protéger comme si chacun de ses collègues était ses propres petits, des multiples de petit bout fondant une masse à protéger parce qu’ils avaient famille, conquête, enfant… À cette idée, elle ferma un instant les yeux, il était difficile de toujours être celui qui était fort, celui sur lequel on pouvait s’appuyer, surtout lorsque dans son for intérieur on n’avait de cesse de s’effriter. Silencieuse, c’est le souffle de cet inconnu moins inconnu sur son épaule qui l’a ramené à la réalité, alors qu’ils étaient désormais dans une proximité telle que son front se reposait sur son épaule, qu’elle pouvait sentir ses mouvements. Comme bien souvent, celle qui n’était aucunement douée pour le rapport humain se contenta de tapoter légèrement le dos de l’ex-milicien, comme pour l’encourager.

- « On ne peut pas sauver tout le monde, et tu pourras sauver une multitude de personnes que ça ne compensera jamais la perte de ceux que tu n’as pas réussi à sauver, proche ou non. » elle émit ce faible sourire pensif, alors que son regard détaillait l’ouverture où le courant était un peu plus fort « Je me souviens de chaque visage des personnes que je n’ai pas réussi à sauver et je me sens toujours aussi faible, même si je parviens à sauver quelqu’un, parce que celui que je n’ai pas sauvé, il apportera de la souffrance à d’autres personnes… Mais notre royaume est ainsi fait désormais, ponctué par les pertes, la mort et les quelques espoirs que l’on parvient encore à récupérer. »

Elle s’éloigna un instant, simplement pour se rapprocher du bord, tout du moins, essayer de trouver un support pour ses pieds, se reposer un instant et cesser d’être dans un mouvement perpétuel pour conserver la tête hors de l’eau. De là, dans cet équilibre précaire très certainement dû à une roche sous la pointe de ses pieds, elle prit le temps de souffler un peu, de respirer alors que les gémissements extérieurs s’intensifiait, ce sentiment d’impuissance était révoltant, désagréable, douloureux, mais néanmoins nécessaire, avait-elle la lucidité de le penser.

- « On va faire face à deux problèmes » fit-elle en pensant plutôt à trois « L’extérieur, si on sort, on ne doit pas se faire emporter par le courant, on doit rejoindre la plage et trouver un abri, en supposant qu’il n’y a pas de fangeux. Néanmoins, si nous on entend les gémissements, la fange aussi, malgré la présence de l’eau, ils viendront. » c’était le premier point « Je te parlais du froid, ça va devenir problématique, alors on doit parler, parce que le froid entraînera le sommeil, si on s’endort, on va mourir. » le deuxième point « Si tu ramènes un blessé ici, ou si je le fais, on prend deux risques. Qu’il meurt ici et qu’il se transforme et j’ai aucune idée de ce que peut donner un fangeux dans l’eau salée en nouveau-né… »

Elle était très terre à terre, comme bien souvent. Réalistes, la milice, puis son évolution de carrière lui avaient appris à le devenir. Seule, sans aucun doute aurait-elle pris le risque, ici, elle avait la sensation d’avoir un milicien à ses ordres, sous son aile et elle ne pouvait se permettre de prendre une mauvaise décision, même si cela signifiait avoir un mort de plus sur la conscience.

- « Plutôt que regarder en arrière, il faut regarder en avant. Pense à ta copine, pense à ce que tu tiens et avances, ne reste pas sur les morts, des morts tu en auras tous les jours, peut-être que demain ça sera tes proches, alors faut profiter, simplement. La vie continue toujours de toute façon, aussi douloureuse soit-elle. »

Cette discussion étrange, pleine de sincérité, elle n’arrangeait pas la situation, ne démêlait aucunement la problématique non plus. La noiraude tâchait de se frotter les bras pour se réchauffer, alors que sa mâchoire commençait à trembler provoquant ce claquement des dents désagréables et bien involontaire. Parler, elle avait dit que c’était nécessaire pour ne pas sombrer dans l’épuisement, dans la fatigue qui lui serait sans aucun doute fatale.

- « Alors, parle-moi de tes projets d’avenir… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyJeu 30 Avr 2020 - 17:57
Alaric se détourna quelques instants de la sergente, afin d’observer les environs, d’y voir plus clair. La main de la noiraude attrapa la sienne, et il se stoppa, se retourna vers elle. Message bien reçu pour le soldat : il ne devait pas y aller. Il le savait… Mais c’était un crève-cœur. Quel plan les dieux avaient-ils donc élaboré pour lui, cette nuit ?

Le soldat raffermit sa prise sur la main de Sydonnie et la força à le regarder dans les yeux, la toisant d’un air sérieux.

- Bien sûr que tu as besoin d’être sauvée.

Être sauvée de la tempête, mais également des sombres pensées qui ternissaient son visage. Alaric devinait les épreuves difficiles qu’elle avait dû traversées : elle en avait même perdu la foi ! Il ne pouvait l’en blâmer, mais il ne comptait pas la laisser seule. Depuis le début, il avait décidé qu’ils s’en sortiraient tous les deux ! Ou du moins, qu’il ferait tout pour y arriver. Sydonnie était sergente, elle sauvait les autres et donnait des ordres. Elle tendait les mains aimables, prenait les décisions. Plus que jamais, Alaric aurait voulu la sauver. Pour une fois, elle devait en avoir besoin.

Aussi maudit-il son moment de faiblesse lorsqu’il posa son front sur son épaule froide, mais rassurante. Sans bouger, il l’écouta, tenta vainement de se convaincre de ses paroles encourageantes. Il savait qu’elle avait raison. Nul doute qu’elle était passée par là bien plus souvent que lui. C’était sûrement pour ça qu’elle était parvenue à continuer d’avancer, à ne plus vivre dans le passé. Comme lui.

Il se redressa et, sans la lâcher des yeux, demanda de but en blanc :

- Toutes ces personnes que tu n’as pas pu sauver… Entends-tu toujours leurs cris lorsque tu fermes les yeux ?

Les hurlements d’Ellaine n’étaient jamais loin, pas plus que les grognements de Roland. Ils lui rappelaient son impuissance, sa fuite. Il pensait qu’avec le temps, ces bourdonnements s’essouffleraient : il n’en était rien. Depuis qu’il vivait à Sombrebois, il se sentait mieux : il respirait là-bas. Paradoxe total, puisque la vie y était des plus dangereuses. Pourtant, même dans le bourg, les appels désespérés et les bruits horribles de succion ne le quittaient jamais.

Alaric la laissa s’éloigner et s’approcher de la sortie, hissée sur un rocher. Vu la tempête qui s’abattait inlassablement au dehors, ils devraient être très forts – ou chanceux – pour faire face au courant et gagner la berge. Le soldat grimaça : il s’en sortait dans une eau calme, il ne donnait pas cher de sa peau dans de tels remous ! Et que dire de la sergente ? En plus de combattre contre les vagues, il devrait porter, guider Sydonnie. Là, c’était du suicide. Même pour lui.

- « Plutôt que regarder en arrière, il faut regarder en avant. Pense à ta copine, pense à ce que tu tiens et avances, ne reste pas sur les morts, des morts tu en auras tous les jours, peut-être que demain ça sera tes proches, alors faut profiter, simplement. La vie continue toujours de toute façon, aussi douloureuse soit-elle. »

Il avait envie de lui dire qu’il ne s’agissait pas que de morts. Ce n’était pas que de simples cadavres, deux de plus ajoutés au lot. Mais il savait qu’il avait tort. Il prit sur lui et ferma les poings. La vie continue, la vie continue. Il hocha la tête, décidé à suivre ses conseils.

- Tu as raison.

Un pâle sourire étira ses lèvres bleutées.

- Tu vois, t’es optimiste aussi. Un peu.

La dernière question de la sergente le prit de court. Ses projets d’avenir ? Quand on risquait sa vie tous les jours, on en avait pas vraiment…

- Je vis au jour le jour, à Sombrebois…

D’un autre côté, il n’avait jamais eu de réels projets quand il était milicien à Marbrume.

- Tout ce que je voulais, c’était tuer des fangeux.

Une sorte de vengeance qu’il avait besoin d’assouvir par tous les moyens possibles.

- Ça n’a pas vraiment changé.

Il se rendait compte qu’il était complètement idiot. Non seulement il n’avait pas de projet, mais une partie de lui demeurait dans le passé. Vivre au jour le jour, était-ce réellement ce qu’il faisait ? Ou plutôt, prétendait ? Son avenir était des plus incertains, cette nuit en particulier. Et s’il mourrait ? Voulait-il laissé ce souvenir à Hilde, à Hector ? Un gars enchaîné à son boulot, suicidaire parce qu’il avait besoin de sang monstrueux sur les doigts ? Parce qu’il avait survécu dans les marais, il avait pensé être protégés des dieux, frôlant la mort avec le sourire, convaincu de sa victoire. Tout était faux. S’il avait survécu cette fois-là, c’est parce qu’il s’en était donné les moyens. Il n’avait pris aucun risque inconsidéré comme il l’avait fait aujourd’hui.

- Je crois que ça va changer… J’ai toujours pensé que je ne pourrais plus vivre tant qu’il y aurait des fangeux… Mais je dois vivre avec.

Si c’était ce que les Trois avaient voulu lui apprendre ce soir, ils auraient pu se montrer un peu plus indulgents.

- Et toi, tu as des projets ?
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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyMar 5 Mai 2020 - 14:02


- « Toujours » souffla-t-elle simplement « Et je me souviendrais toujours de leur visage » ajouta-t-elle simplement « Au fond, c’est sans doute ce qui nous différencie des monstres, non ? »

La jeune avait fini par se détacher de la proximité qui semblait les unir depuis quelques instants, sans qu’elle ne trouve cela ni outrageant, ni foncièrement désagréable. Sydonnie ne croyait plus depuis bien longtemps au prince charmant sur son cheval blanc, elle ne pensait pas non plus qu’un jour tout finirait par s’arranger aussi subitement que tout était arrivé. Ainsi, elle restait concentrée sur le plus important : survivre. Survivre en trouvant une solution pour sortir, survivre en ne s’endormant pas, survivre en ne se faisant aucunement emporter par le courant. Une tâche complexe, trop sans doute pour ses épaules et celle de l’ancien milicien. La sergente avait eu un discours valorisant, elle le savait mieux que quiconque, l’esprit, les pensées pouvaient être dramatiques si elle se retrouvait sombre, ou déprimante. Peu importe son état d’esprit, agissait-elle comme à son habitude, obligeant ceux l’entourant à relativiser et positiver, s’accrocher. Même si son propre mental sombrait, elle tâchait de toujours garder à flot les autres. Alaric la fit rire, en rétorquant qu’elle avait raison, elle s’était contentée de lever un doigt, ajoutant avec une simplicité presque enfantine.

- « J’ai toujours raison, même quand j’ai tors, première règle de survie face à un sergent, cher ancien milicien, tu ne l’aurais pas oublié tout de même ? »

La suite, ça ne l’a surpris pas plus que ça, l’homme avait pour l’heure dévoilé un comportement plus que primitif. Il n’avait guère l’air de se soucier ni de sa compagne ni de ses amis, pires, il avait eu l’air de croire que les Trois le protégeraient sans doute éternellement, alors l’imaginer vivre au jour le jour, ou faire semblant, cela lui correspondait plutôt bien finalement. Roulant des épaules, se sentant un instant sombrer dans l’eau jusqu’à s’immerger jusqu’au-dessus de son nez, l’obligeant à se raccrocher une nouvelle fois à la paroi et à se hisser sur la pointe des pieds sur le fin rebord. Sydonnie l’observait changer de mentalité, ou tout du moins, essayer, réaliser qu’il devait peut-être vivre, plutôt que survivre. Passer sa vie à vouloir tuer du fangeux, tout en ayant conscience que c’était impossible de survivre sur la durée dans ce parcourt, c’était déjà une bonne chose, du moins aux yeux de la responsable de pas mal de groupes. La question retournée la fit néanmoins grimacer, aurait-elle dû s’y attendre, tout en ayant le sentiment qu’il n’irait pas sur ce terrain-là. Un long moment, la jeune femme le détailla, un long moment, elle hésita, sans trop savoir quoi répondre, des projets, elle n’en avait pas vraiment, plus vraiment, pour autant elle n’était pas sans objectif non plus. Ce n’était juste plus aussi intime que ce que tout à chacun imaginait.

- « Je ne sais pas trop, être une bonne sergente pour commencer et faire comprendre à ceux qui n’en ont pas encore conscience que la fange est redoutable… On ne devient pas milicien juste pour gagner sa vie, on devient milicien pour la donner aux autres. » elle pensait bien évidemment à Merrick Lorren « Pour le reste, me trouver un endroit ou vivre je suppose, à retaper simplement, loin des souvenirs et de tout le reste, ça sera déjà pas mal je suppose. Peut-être vivre pour moi un peu et non pour les autres ? Je ne sais pas toi, mais moi j’ai toujours eu cette fâcheuse tendance à faire ce qu’on attendait moi et nous faire ce que je voulais réellement. Aimer la personne qu’il fallait aimer, être avec les personnes avec qui il fallait être, être triste quand il le faut, être en colère quand il le faut… Se reconcentrer sur nous même, ça doit avoir du bon parfois. »

Fermant les yeux un long moment, elle se contenta de rouvrir l’ensemble en roulant des épaules, dans le fond, elle préférait pour l’instant ne pas trop se projeter. Chaque fois qu’elle l’avait fait, tout s’était particulièrement mal terminé, autant pour une fois, relativiser et se raccrocher au peu qu’elle avait encore. Se pinçant les lèvres, elle finit par détourner le sujet.

- « On devrait revenir en arrière, on a peut-être loupé quelque chose, à rester ainsi immobile, c’est la mort qui nous attends et sortir tout autant. Faut continuer à parler, à penser, pour ne pas s’endormir. » affirma-t-elle « Allons par-là »

La noiraude s’était contentée d’un bref signe de la main, indiquant le passage, en réalité, elle avait conscience qu’elle ne trouverait rien. Bouger devenait une nécessité pour elle et cette idée lui avait semblé être la solution, pas très à l’aise dans l’eau, tremblante, elle prenait de plus en plus conscience que rester ainsi n’était pas nécessairement la chose la plus adaptée pour leur survie. L’obscurité était présente, le courant amenant toujours vers cette petite ouverture, dehors l’écho de l’orage parvenait encore jusqu’à eux. Depuis combien de temps et encore combien de temps allaient-ils devoir supporter tout ça ? Et puis ce fut cette étrange sensation sous ses doigts, alors qu’elle venait de glisser pour se retrouver sous l’eau. Là, juste là, il lui avait semblé sentir un loquet, comme si une porte pouvait être ici… Quoique, obligatoirement, l’eau ne devait pas toujours remplir les lieux… C’était la tempête qui avait provoqué... La tempête qui...

- « Alaric ! » fit-elle brusquement « Le lieu, ici, là, normalement, il ne doit pas avoir d’eau, est-ce que tu comprends ? Ça veut dire qu’il doit y avoir une autre sortie, d’autre pièce ! Quelque chose à trouver !!! »

C’était une évidence, un espoir, tout devait être léger, furtif, mais tellement réaliste, même si une autre pièce état découverte, si le duo parvenait à ouvrir la porte, celle-ci serait obligatoirement submergée et ainsi de suite, mais peut-être parviendraient-ils à trouver une autre sortie, plus à l’abri, moins dangereuse et à ce moment précis l’un et l’autre pourraient retrouver leur vie.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 10 Mai 2020 - 18:14
« Au fond, c’est sans doute ce qui nous différencie des monstres, non ? »

Cette toute petite phrase résonna dans le cœur d'Alaric. Par quelques mots, Sydonnie avait pansé ses plaies les plus sombres, répondu à ses questions les plus anciennes. Lui qui s'était cru faible, incapable d'aller de l'avant, vivant dans le passé voyait désormais le monde avec un regard neuf. Il n'était pas faible, il n'était simplement pas un monstre... Les Trois avaient été bien inspirés de placer la sergente sur sa route.

Un rire de la noiraude le sortit de ses pensées et il lui sourit à son tour. Qu'elle soit capable de rire encore, de faire preuve d'humour le rassurait. Il aimait la voir ainsi, plutôt que marmonner de sombres idées.

- J'avais presque oublié, c'est vrai !

Il s'en voulut de lui avoir retourné la question, dès qu'il la vit grimacer. Mais qu'aurait-il pu lui demander d'autre ? Ils parlaient depuis un long moment déjà, depuis qu'ils s'étaient retrouvés seuls en haut de la tour. Il avait l'impression de la connaître un peu désormais. Il ne fut pas surpris par sa réponse, préférant parler de son statut de sergente, de son apport dans la milice de Marbrume. Alaric avait compris depuis longtemps que Sydonnie y tenait une place clef, c'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il tenait tant à la protéger. Les soldats, les habitants, lui en ce moment... Tous avaient besoin d'elle.

« Je ne sais pas toi, mais moi j’ai toujours eu cette fâcheuse tendance à faire ce qu’on attendait moi et nous faire ce que je voulais réellement. »

Il haussa les épaules, puis se frictionna les bras. Une tentive désespérée, mais vaine. Les muscles le tiraillaient, ses membres tremblaient de temps à autre.

- Je pense avoir la fâcheuse tendance à faire ce que je veux et pas ce que l'on attend de moi.

Il tenta de lui donner un coup de coude, mais ne parvint qu'à provoquer un léger remous contre l'épaule de la noiraude. Tous deux étaient des opposés, tous deux avaient un nouvel équilibre à découvrir. Elle devait apprendre à penser un peu à elle et lui, devait penser un peu plus aux autres, aux conséquences de ses actes.

Il hocha la tête et la laissa faire marche – nage – arrière, maintenant une main sur son bras afin de l'aider. Lui-même essaya de bouger plus que nécessaire afin de réchauffer ses muscles, mais ces derniers étaient récalcitrants. Soudain, elle glissa entre ses doigts. Il s'apprêtait à plonger pour la retrouver, mais Sydonnie reparut, des découvertes encourageantes avec elle. Alors, ils étaient dans des sortes de galeries ? Des portes ou des trappes pouvaient se cacher contre les parois sombres et glissantes. Ils avaient parrcouru l'ensemble des murs, mais sans doute étaient-ils trop haut avec le niveau de l'eau pour découvrir quelconque sortie. Il fallait plonger.

- Tu penses qu'il y a une porte là ?

Il se rapprocha, essaya de descendre son corps sans placer sa tête dans l'eau, fouilla de ses bras mais ne sentit rien.

- Reste là, intima-t-il. Je vais essayer de l'ouvrir.

Qu'avaient-ils donc découvert, sous cette tour ? Bien d'autres choses morbides avaient dû se dérouler entre ces murs.

Alaric roula les épaules, prit une profonde inspiration, adressa un sourire qui se voulait rassurant à Sydonnie puis s'immerga complètement. Le froid piquait ses yeux, emplissait ses poumons. Il lutta néanmoins, toucha la fameuse porte. Les yeux ouverts, il n'y voyait rien et, préférant les fermer, il tatonna, chercha une clenche, n'importe quoi. Enfin, il en devina la forme sous ses doigts et s'appuya dessus de tout son poids. La porte demeurait coincée. L'air venant à manquer, il battit des pieds et remonta à la surface, avalant une énorme goulée d'oxygène.

- Donne-moi... Ma dague, demanda-t-il entre deux claquements de dents.

Sans laisser le temps à la sergente de répliquer quoi que ce soit, il se saisit de son arme fétiche et piqua à nouveau dans les profondeurs crasseuses. Proche de la poignée de porte, il s'affaira à frapper de la garde le loquet afin de le décoincer. Enfin un déclic se fit entendre et il donna plusieurs coups d'épaules dans la porte qui s'ouvrit de quelques centimètres. Aussitôt, l'eau s'engouffra dans la nouvelle pièce.

Alaric remonta à la surface et se plaqua contre le mur, épuisé. Les avant-bras posés sur la paroi, il essayait de récupérer son souffle, crachait de l'eau glacée qui avait pénétré ses os. Ses doigts devenaient gourds, ses jambes s'endormaient. Ses cheveux noirs, plaqués sur son visage, l'empêchaient de voir Sydonnie, mais il savait qu'elle était là, juste à côté de lui. Il tendit une main vers elle et, après plusieurs essais infructueux, parvint à formuler :

On y va ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyLun 25 Mai 2020 - 17:52


- « N’est-ce pas toi pourtant qui est avec une femme ? » questionna-t-elle du bout des lèvres bleutées

Sydonnie était épuisée, tâchait de conserver son calme, sa raison. Ses membres étaient engourdis de plus en plus, malgré ses mouvements, malgré ses besoins, elle grelottait, intérieurement et extérieurement, sentait ses muscles se contracter. Son esprit était tourmenté, alternait entre son envie de lutter et d’abandonner, entre les hurlements extérieurs puis le silence. L’orage régnait en maître, les éclairs offraient quelques brèves illuminations ici et là. Le cœur de la noiraude rentrait dans cette lenteur désagréable, celui du corps qui ralentit lui aussi, rentre dans cet état second, c’est sans doute en le constatant qu’elle réalise qu’il faut prendre une décision, que surtout ne rien faire n’en était pas une. C’est peut-être dans ce genre de moment, parfois sans solution que l’esprit de l’être humain se révèle être le plus performant. C’est à ce moment précis que la sergente fit le rapprochement entre l’eau, son mouvement, la source et la manière d’accéder à ce sous-sol. En y réfléchissant, l’eau était particulièrement haute, néanmoins, ne devait-elle pas l’être habituellement. C’est ainsi qu’elle supposa peut-être faussement qu’il devait y avoir d’autre accès. Se déplaçant, manquant de chuter, d’abandonner une fois la tête dans l’eau et son cœur battant soudainement de peur. C’est là à un endroit presque improbable qu’elle crut en cet espoir sans aucun doute naïf de trouver une porte, une ouverture, quelque chose.

- « Je ne sais pas, je l’espère, je crois… »

L’espoir n’était plus vraiment de la partie, dans ses pensées, l’ensemble semblait se brouiller avec une force non feinte à l’intérieur de sa tête. Elle, elle était incapable de plonger, d’envisager simplement de gorger ses poumons d’air pour aller dans une noirceur inconnue sous l’eau trouver une possible sortie. Lui, devait pouvoir le faire, oui, sans doute. Son regard avait effleuré la silhouette masculine, visiblement tout aussi épuisée, il avait fini par plonger, elle l’avait vu disparaître sous l’eau et ses mains clapotant à la surface de l’eau ne lui avait nullement permis de le rattraper de l’en empêcher. Seul face au silence de la tempête résonnant au loin, seul devait les bulles d’airs remontant ici et là, seule face à son angoisse de mourir ici, dans l’eau, de la pire façon qu’elle pouvait imaginer : noyé. Après un moment qui sembla sans aucun doute interminable à la noiraude, Alaric refit surface, prenant une grande et intense bouffée d’air. Immobile, avec ce sentiment de froideur augmentant encore et toujours, engourdissant ses membres presque complètement. Il lui demandait sa dague et la sergente ne fut pas certaine de comprendre la phrase la première fois, ce n’est que lorsque ses yeux fixèrent un peu trop densément sa taille, qu’elle comprit et fit le rapport entre les sons perçus et le besoin. Décrochant l’ensemble, elle lui remit sans discuter, sans questionnaire, laissant sans doute ses doigts traîner un peu trop longtemps ses doigts sur les siens avant de le voir plonger, disparaître une nouvelle fois.

Seule, le moment fut plus douloureux cette fois-ci, pour celle qui était tout simplement incapable de plonger la tête, de noyer son visage ne serait que pour avoir un aperçu de la sensation, frottant davantage ses avant-bras, toujours immobile et dresser contre une paroi, en équilibre sur un fin rebord immergé elle attendit. Son corps continuer à sursauter au coup de tonnerre, plusieurs fois, de nombreuses fois, jusqu’à finalement sursauter quand le courant fut soudainement plus fort qu’Alaric était non loin d’elle recrachant une quantité d’eau monstrueuse. Son regard appuya sa silhouette un long moment, alors qu’elle luttait contre la force de l’eau soudaine qui se faisait happer par la nouvelle ouverture. Elle fut finalement plus ou moins projetée contre la silhouette masculine, l’encerclant de ses bras, trouvant un semblant d’équilibre entre ses jambes sur le fin muret. Contre lui, elle grelottait, tout en constatant que l’homme avait tout aussi froid qu’elle, ses mains se déposèrent sur ses bras, ses doigts effleurèrent ses épaules, descendirent jusqu’à son coude pour venir frotter ensuite l’ensemble un peu plus vigoureusement. Ses doigts avaient fini par venir se percher sur son menton, le redressant légèrement, ou le forçant à baisser légèrement la tête pour aviser son regard. Proximité il était difficile de faire plus, sans que la gêne n’effleure l’esprit de celle qui s’était pour autant rebellée peu de temps avant. Le silence fut maître, alors qu’il proposait de plonger, chose qu’elle refusa d’un bref signe de tête négatif. Ses doigts descendirent le long de sa gorge, puis de son torse, s’immobilisant simplement là, au niveau de son ventre ne sachant plus véritablement où se positionner. Le regard non loin du sien, ses prunelles bleutées détaillant avec une inquiète légère l’ancien homme d’armes.


- « Est-ce que tu vas bien ? Tu es gelé ! » murmura-t-elle dans une forme de douceur.

Le courant se faisait toujours présent, pressant de temps à autre les corps l’un contre l’autre, davantage, tout du moins autant se faire se peut. Une nouvelle fois, elle le frictionna, les bras, les épaules, le dos si elle parvenait à glisser ses doigts à l’endroit adéquat, elle lui offrit un sourire crispé, sans pour autant cesser les mouvements. Cela lui permettait de se réchauffer elle aussi, mais aussi de trouver un semblant de réconfort un brin plus difficile. Elle aurait voulu lui poser une multitude de questions, avait-il pu voir la pièce ? Y avait-il une nouvelle zone, de l’air surtout ? Où n’était-ce qu’une pièce complètement immergée sous l’eau qui ne mènerait nulle part ? Devait-elle le questionner du regard, dans cette obscurité toute relative, dans cette proximité qui ne se réduisait aucunement. Puis ce fut ses lèvres qui finirent une nouvelle fois par se mouvoir simplement pour le questionner, alors que le mouvement de l’eau semblait un peu s’apaiser.

- « Est-ce que c’est une sortie, est-ce qu’on pourra respirer de l’autre côté ? As-tu encore ma dague ? Penses-tu réellement que ce soit une bonne idée ? » nager sous l’eau… ce n’était vraiment pas dans ses projets proches « Je ne suis pas certaine de parvenir à m’immerger profondément et l’idée de mourir noyé m’insupporte beaucoup plus que celle de mourir dévorer par un fangeux…. » avoua-t-elle avec une dose de sincérité désarmante « Il faut qu’on bouge, c’est une certitude, il fait bien trop froid dans l’eau. »

Et puis une nouvelle fois ses lèvres s’étaient retrouvées contre les siennes, il n’y avait pas de notion de tendresse particulière ni d’hésitation véritable, un moyen de se réchauffer, d’évacuer ses inquiétudes, de trouver du réconfort là où elle voyait chaque espoir s’amoindrir. Difficile de savoir si Alaric partagerait ce besoin, après tout n’avait-il pas évoqué avoir quelqu’un ? Les événements poussent cependant parfois à bien des situations étranges.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyJeu 28 Mai 2020 - 17:42
Dès qu'il ouvrit la porte, l'eau s'engouffra par l'ouverture, provoquant un courant qui manqua de le déséquilibrer. Heureusement, appuyé de tout son poids contre la paroi, Alaric ne flancha pas. En revanche, Sydonnie chancela et se retrouva contre lui. Il sentit ses mains l'encercler, aussi n'essaya-t-il pas de la rattraper. Il n'aurait pas pu. L'ancien milicien était frigorifié, il ne parvenait plus à enchaîner des idées claires dans son esprit. Se réchauffer, sortir de là, c'était tout ce qui lui importait. Il avait mal dans sa poitrine, comme si son coeur se gelait petit à petit. Ses poumons le brûlaient, ses membres tremblaient, ses dents claquaient.

Les doigts de Sydonnie parcourant sa peau nue le sortirent de son état léthargique. Il ne bougea pas, la laissa faire alors qu'un brin de chaleur s'emparait de lui, là où elle le frictionnait. Ce n'était pas suffsant, mais il savait qu'elle ne pouvait faire mieux. Ils devaient se mettre au sec.

Alaric ne se crispa pas lorsqu'elle prit son menton afin de le regarder. Ses cheveux noirs, trempés, dégoulinaient devant ses yeux, mais il l'observait à travers ce rideau, percevait ses tremblements. Sans glisser, il essaya de se rapprocher de la sergente, afin de frotter ses bras à son tour. La noiraude n'avat peut-être pas plongé, mais elle demeurait frigorifiée. D'ailleurs, elle restait hermétique à l'idée de nager en profondeur, d'atteindre la pièce suivante. Elle n'avait pas pris la main qu'il lui avait tendue, ne répliquant qu'un lent mouvement de tête négatif. Elle avait peur.

Il ne dit rien, ne bougea pas d'un pouce, se contentant de la toiser alors que ses mains se promenaient sur son torse. Alaric sentit naître en lui une nouvelle source de chaleur, bien différente de celle ressentie jusqu'à présent. Elle ne réchauffait pas son corps, mais son âme. Sydonnie se rendait-elle compte de ce qu'elle provoquait en lui ? Agissait-elle volontairement ou essayait-elle juste de l'aider ?

Il essayait de réprimer ces sensations nouvelles, lorsqu'elle l'assaillit de questions. Il avait déjà du mal à aligner des pensées cohérentes, répondre à son interrogatoire relevait de l'impossible.

- Je ne sais pas...

Alors les lèvres de Sydonnie se plaquèrent sur les siennes et instinctivement, il se rapprocha. Il répondit à son baiser, caressa sa bouche de sa langue pour en quémander l'accès, passa sa main libre dans le creux de ses reins afin de la coller un peu plus contre son corps. La chaleur de ses lèvres, de son corps pressé contre le sien, c'était tout ce qui lui importait. Il n'y avait pas de tendresse, simplement un besoin, une certaine urgence que la situation exigeait. Il savait que Sydonnie s'accrochait à lui telle une bouée de sauvetage, tout comme lui avait besoin d'elle à cet instant.

Manquant d'oxygène, il s'écarta à contrecoeur et pris la main droite de la sergente dans la sienne.

- Sydonnie...

Un tremblement le secoua et il dût faire un effort pour terminer sa phrase.

- Je sais que tu ne veux pas y aller... Mais je ne peux pas aller voir seul...

Il posa sa tête contre son épaule.

- Parce que... Je ne suis pas sûr d'être capable de revenir te chercher.

L'eau était si froide... Il ne pourrait faire l'aller-retour une fois de plus.

- Et... Nous ne pouvons rester là. Nous ne sommes qu'en début de nuit, qui sait combien de temps dura la tempète, je...

Il se tut, se redressa pour la dévisager. Était-il possible que ce soit la fin ? Tout deux allaient-ils mourir, soit de froid, soit noyés ? Sa main, toujours posée dans le dos de la sergente, refroidissait déjà. Il s'était décidé à vivre au jour le jour, à ne plus se torturer. Était-ce un premier exercice envoyé par les Trois ? S'il mourait ici, tout ça n'aurait plus d'importance. Les yeux emplis d'envie, il bloqua le corps de Sydonnie entre le sien et la paroi et s'empara de ses lèvres une nouvelle fois.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyJeu 28 Mai 2020 - 23:38


Ce fut la surprise, véritablement, elle qui s’attendait sans aucun doute à se faire repousser allégrement, se retrouva contre ce corps masculin, rapproché par une main qui se glissait dans le bas de son dos. Une main derrière sa nuque, deux bouches se rencontrant pour la première fois ou presque, ce fut presque instinctif, naturel, la noiraude ferma les yeux, savoura ce rapprochement qui l’électrisait déjà, alors que ses lèvres découvraient peu à peu un goût nouveau, une chaleur, alors qu’elle autorisait l’accès à une nouvelle danse, une valse de langue. Une main glissant vers le torse d’Alaric l’autre derrière sa tête, toujours en équilibre sur la pointe des pieds la noiraude savoura simplement l’instant. Difficile à dire s’il représentait quelque chose à ses yeux, ou si ce n’était qu’un moment d’égarement de perdition dans cette crainte de mourir. La chaleur d’un corps contre le sien, la chaleur d’un moment à deux ne put que la réchauffer un tant soit peu, éveillant son esprit avec lenteur, alors que l’échange perdure, se prolonge et que les souffles commencent à manquer. Ce fut lui qui interrompit lui, qui s’échappa pour respirer, retrouver de l’air alors qu’il murmurait son prénom, provoquant cette vague de frissons étranges. S’attendait-elle à un reproche, oui, sans pour autant le voir venir, alors qu’elle restait contre son corps, alors qu’elle sentait ses muscles se faire douloureux dans cette attente différente. Son visage remonta vers le sien, alors qu’elle écoutait que ses prunelles suivaient le mouvement de ses lèvres, que sa poitrine se soulevait dans cette respiration insuffisante.

Ses yeux s’écarquillèrent alors qu’il évoquait le fait de ne pas être certains de pouvoir revenir, alors qu’elle comprenait ou tout du moins prenait conscience véritablement de son état, de la fraîcheur de son corps, de sa crainte. Se mordillant la lèvre inférieure, tournant légèrement son visage pour aviser l’ensemble, sentant un instant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, de crainte, de peur, elle qui avait déjà progressé avec sa phobie ne parvenait pas véritablement à imaginer surmonter cette étape. Un instant envisageait-elle de sortir dehors, de retrouver la tempête, la fange, la mort, peu importe, l’ensemble paraissait à ses yeux moins pires que de mourir noyé. Perdue dans ses pensées, perdue dans ses sentiments et ses doutes, dans sa peur plus qu’irréaliste du liquide, la noiraude ne perçut aucunement le mouvement d’Alaric.



- « Arrête… Attends » souffla-t-elle sans savoir si le ralentissement venait véritablement de lui ou d’elle « On va plonger, c’est d’accord »

Elle était fiévreuse, sans aucun doute, sa bouche non loin de la sienne et le regard luisant de cet tout autre sentiment, de ce besoin, de ce désir qu’il avait éveillait, ou qu’elle avait éveillait il était difficile le dire. Elle ne renonçait pas pour elle, simplement pour un souvenir d’une femme qu’elle était par le passé et qui n’aurait pas supporté la blessure d’une tromperie. Était-elle à ce point perdu pour être égal à la fleur de trottoir, ou simplement convaincu que rien ne pouvait être pire. Ce fut donc finalement ce stop étrange, que tout son corps devait indiquer ne pas désirer, alors qu’elle venait simplement retrouver les lèvres d’Alaric, l’embrasser n’était pas le condamner pensait-elle, à moins qu’il ne suive la ligne directrice de tous ceux qui l’avait côtoyé un peu trop prêt la mort.

- « Ensemble ? D’accord… Tu ne me lâches pas la main… Tu promets ? Il y a encore quelques mois, long mois j’étais incapable de rentrer dans l’eau…. Je crois que mourir ici serait pire à mes yeux que mourir face à la fange »

Elle prit une inspiration, osa rentrer dans l’eau un peu plus loin pour lutter pour se maintenir la tête hors de l’eau, elle avait moins froids, son sang pulsant encore à l’intérieur de son corps de cette envie étrange, physique et sans doute improbable. Elle prit une longue inspiration l’avisa comme pour attendre son signal et récupérer en même temps sa main pour s’assurer que dans l’obscurité il puisse la guider, mais surtout ne pas l’abandonner.

- « Ok… On respire, on respire… »

Puis ce fut un signal, d’elle ou de lui elle ne pouvait le déterminer réellement, mais elle s’immergea, lui aussi, elle le laissait passer devant, même si fallait-il bien l’admettre nager à une main était loin d’être évident. La panique submergeait peu à peu la noiraude, elle qui s’avançait dans une obscurité plus profonde encore. Son cœur accélérait encore et encore et encore, alors qu’elle semblait progresser jusqu’à parvenir à remonter alors qu’elle commençait à drastiquement manquer d’air. À la surface elle était haletante, réellement, énormément, elle ne parvenait plus à entendre les bruits dans ses oreilles lui faisaient mal et semblait s’animer d’un battement qui n’avait rien à faire là. Sa main avait finalement perdu celle d’Alaric en chemin, peut-être en remontant, peut-être avant, elle ne savait plus trop, sa vision était floue, l’obscurité présente. La noiraude ne put que tournoyer sur elle-même murmurant son prénom sans trop savoir où le duo se trouvait désormais :

- « Alaric ?! … Alaric ?! »

Ce ne fut qu’en apercevant sa silhouette, ou tout du moins ce qu’elle crut être sa silhouette qu’elle se précipita en nageant avant de sentir la froideur cadavérique d’un corps qui se retourne sur la dos à son contact, flottant, dévoilant des blessures un peu partout, ce fut un véritable cri qui s’échappa de ses lèvres, sans qu’elle ne puisse le retenir, sans qu’elle ne puisse le canaliser et celui-ci ne put que résonner en écho un long moment, signe que cette fois-ci le chemin risquait d’être beaucoup plus long.

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyVen 29 Mai 2020 - 18:34


Lorsque Sydonnie stoppa son étreinte, il l'écouta simplement, gardant sa main dans la sienne. Il hocha la tête, l'invitant à poursuivre. Qu'elle accepte de plonger dépassait toutes ses espérances. Néanmoins, elle savait aussi bien que lui qu'ils ne pouvaient rester là, aussi charmants que soient les moments qu'ils venaient de vivre.

Il coula ses yeux dans les siens et, sérieux, lui répondit:

- Ensemble. Fais-moi confiance.

Il récupéra, sur les reste de son précieux radeau, son arc qu'il passa autour de lui, ainsi sur sa ceinture avec sa sague, puis il tâcha de lui sourire malgré la gravité de la situation. Alors ils s'immergèrent enfin. La passion qui l'avait dévorée quelques secondes plus tôt s'évapora, gelée par l'eau glacée. Il passa devant, tenant la main de sa comparse, battant furieusement des pieds pour avancer le plus vite possible. Ils passèrent la porte et s'engagèrent dans la nouvelle pièce. Sous l'eau, impossible d'y voir quoi que ce soit. Le soldat essaya d'avancer, mais ses membres s'endormaient, ses doigts devenaient gourds à nouveau. C'est à ce moment qu'il prit conscience que la main de Sydonnie n'était plus dans la sienne. Alarmé, il se retourna, pensant trouver un corps qui sombrait. Alors, il cru percevoir un cri. L'eau réduisait les sons, il n'était pas certain d'avoir bien entendu. Préoccupé par l'absence de Sydonnue, il donna un grand coup sous lui afin de se projeter vers la surface. Là, il aspira un grand bol d'air. La bonne nouvelle, c'était que la salle n'était pas entièrement immergée.

Il la repéra facilement, menue créature terrorisée auprès d'un cadavre. Alaric nagea aussi vite qu'il le pouvait et attrapa la main de la sergente dans la sienne.

- Pardon, je... Je ne t'ai pas senti lâcher ma main... Pardon.

Dire qu'il lui avait demandé de lui faire confiance, qu'il lui avait promis de ne pas la lâcher... Il se morigénait encore, tandis qu'il toisait le corps qui flottait à la surface. Hors de question qu'ils finissent comme celui-là. Il tira sur sa main et l'entraîna vers ce qui semblait être un nouveau couloir.

- Viens... Ne restons pas là.

Si le niveau de l'eau était moins haut que dans le couloir précédent, il demeurait suffisamment élevé pour cacher d'éventuelles sorties. Il entraîna Sydonnie contre l'une des parois puis plongea à nouveau afin de distinguer portes, trappes, fenêtres ou quelque chose qui leur permettrait de sortir de là. Mais l'eau était trop sale, il était épuisé et il ne distinguait rien d'intéressant.

La tête hors de l'eau, il passa un bras autour des épaules de la sergente.

- Allez... On continue.
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyVen 29 Mai 2020 - 20:20


Sydonnie avait de nouveau froid, particulièrement. Le bout de ses extrémités n’était plus réellement perceptible, même en regardant ses doigts bouger, elle ne ressentait rien. Alaric lui avait demandé de lui faire confiance. Avec des papillons dans le ventre et après un rapprochement aussi intense qu’électrisant, pouvait-elle difficilement le lui refuser. Sa main s’était nouée à la sienne, dans ce regard plus doux que ceux qu’elle lui avait offerts jusque-là, on ne fait pas disparaître le désir en un battement de cil et si le renoncement venait de son côté, cela ne retirait rien cette envie qui s’était immiscée en elle. C’est donc face à lui, ce regard se perdant régulièrement dans les siens, les joues encore roses de cette vague de chaleur qu’ils avaient partagé l’espace d’un moment. Elle avait peur, terrifiée à l’idée de ne pas trouver de sortie, de se retrouver dans un endroit clos complètement immergé, lui ne pouvait pas lui prouver le contraire. L’instant fut intense, l’échange visuel profond, alors qu’elle prenait une inspiration rapide, puis une autre, qu’elle tentait de calmer ses émotions contradictoires Alaric s’était éloigné pour récupérer ses effets.

Récupérant sa main, c’est dans un commun accord que le duo s’était immergé, mené par le dynamisme et le commandement de l’ancien milicien. Sous l’eau on n’y voyait rien, absolument rien, la noiraude sentait ses sens perdre pied, ses repères ses défaire, la main dans la sienne étant son unique point de repère.

Après avoir passé la porte immergée, après avoir battu des pieds et tentés de nager un peu avec cette pression dans la gorge, ce début de manque d’air. La sergente avait fini par détacher ses doigts de ceux d’Alaric, pour finalement se retrouver à la surface, seule, dans une obscurité plus présente encore que précédemment. Son souffle semblait lui manquer, elle qui peinait à prendre une respiration après une autre, elle tremblait, grelottait juste là au milieu de cette pièce engloutie à moitié. Loin de sa vision, pas de silhouette masculine, pas de chaleur, pas de rapprochement, pas de voix masculine et plus roque par le désir. Dans sa recherche paniquée, elle avait fini par trouver un semblant de forme à laquelle se raccrocher, persuadée de retrouve Alaric, ce ne fut qu’un cri qui s’échappa de ses lèvres alors que ses yeux s’écarquillaient avec violence. Face à elle, à une main de distance à peine, un corps, qui se retourna le visage bleu, le corps dur par le temps de la mort, déchiqueté par endroit. Ce n’était pas Alaric, mais cela la ramenait directement dans la réalité du contexte. Dans leur situation.

Ce fut le contact d’une main plus chaude que le mort qui la fit sursauter, alors qu’en pivotant, elle découvrit celui qu’elle cherchait. S’engouffrant dans ses bras, le temps d’une enlaçade, le temps de sentir son corps contre le sien, d’humer brièvement cette odeur qu’elle avait effleurée du bout des lèvres. Le temps de déposer un baiser à la naissance de sa nuque, retenant un trémolo de ses lèvres, retenant cette panique qui peu à peu semblait la dépasser, la consommer. S’éloignant par réflexe, sans doute pour ne pas succomber à ce besoin qui se faisait de plus en plus pressant.

- « Il.. Il est mort » murmura-t-elle comme si ce n’était pas suffisamment parlant avant de le suivre plus, main dans la sienne. « Alaric…. » souffla-t-elle encore.

Abandonnée la sergente forte, abandonnée la milicienne armée et redoutable, dans l’eau, depuis si longtemps, face à cette mort, face à cette certitude que la fin était présente… Il ne restait plus rien, juste une femme, une femme fragile, éteinte, qui avait peur, qui tremblait, qui n’avait plus de vêtements, plus d’armes. Son regard se vidait peu à peu de cette détermination, de ses émotions, elle cherchait des réponses un soutien, du réconfort, des paroles douces. Allaient-ils mourir ici… Comme ça ? Se retrouvant contre une paroi, elle ne comprit pas immédiatement ce que celui qui lui tenait compagnie dans sa mésaventure avait en tête, elle ne perçut pas sa parole, son explication, il avait juste plongé, disparu sous le liquide obscur. Instinctivement avait-elle essayé de le retenir, instinctivement ses mains à plat avaient battu l’eau, comme pour creuser avec l’illusion de croire que cela changerait quelque chose à sa quantité.

À sa remontée, sa respiration, elle l’amena à lui, comme le soulager, l’aider. Il avait une main contre son épaule, ne pouvait-elle que le sonder. L’ancien milicien avait plongé de nombreuses fois, bien plus que celle qui ne c’était toujours pas remise de sa première expérience.


- « Alaric… Attends, tu es fatigué… » murmure-t-elle avec lenteur « Tu as froid, viens… »

Elle se blottit contre lui, avec cette idée naïve que son cops froid pourrait lui apporter du réconfort, que le claquement de ses dents pourrait lui apporter une mélodie apaisante. Triste espoir. La pudeur n’était plus de mise, son esprit endolori ne fonctionnait plus de la même manière, ne réfléchissait plus de la même façon, n’appréhendait plus les limites convenablement. Elle était proche, sans être aimante, douce sans que cela ne soit réellement affectueux. Ses doigts se perdaient à de nombreuses reprises sur sa peau, sa bouche se retenait de justesse de venir retrouver les lèvres du garde Sombrebois. S’abandonner, se réchauffer, elle y pensait sérieusement et sentait son corps l’exprimer, elle était attirée vers lui de cette manière inexpliqué.

- « Je vais y aller…. Essayer… Repose-toi un peu, reprend ton souffle. »

S’éloigner en sa compagnie, essayer ailleurs, sans trop savoir où essayer, tâtonner le long des parois, puis s’immergeant en gardant la tête légèrement au-dessus de l’eau. Fouiller du bout des doigts, plusieurs fois, jusqu’à s’arrêter là où il lui semblait de sentir quelque chose. Elle n’avait plus rien hormis sa petite dague, mais c’était son tour, son tour à elle, de trouver, de voir, de le sauver peut-être. Fallait-il au moins le sauver lui qui avait encore des personnes à perdre.

- « Ici » toussota-t-elle en se redressant « Je vais plonger… Je vais… essayer. »

Elle ne lui laissa pas véritablement le temps de réagir, non, c’était un peu plus complexe que ça, elle s’immergea, mais se servit néanmoins de son corps, ses côtés, sa taille, ses cuisses, ses jambes et ses chevilles comme guide, comme point d’accroche pour se maintenir immerger. Elle lutta longuement, laissant s’échapper les nombreuses bulles de sa bouche jusqu’à parvenir à déverrouiller la trappe. À la différence d’Alaric, la noiraude se fut happée par l’ensemble, sans pouvoir lutter, ses doigts se détachèrent de son point d’appui humain pour se faire entraîner à l’intérieur du nouveau passage. Ce fut rapidement, elle n’eut pas réellement le temps de lutter, elle crut un instant mourir, elle dont l’eau finissait par rentrer dans sa bouche, elle qui ne parvenait pas à remonter, mais en touchant le fond, elle trouva la force de se propulser pour recracher, tousser, agoniser à la surface, avant de s’accrocher enfin à quelque chose de non humide. Comme un étage, l’eau n’immergeait plus tout. Rampant sur le sol plat, jusqu’à s’effondrer à plat ventre. Toussant, grelottant. Elle ne parvint pas à le voir, pourtant l’espoir pouvait enfin renaître. Un peu plus loin se trouvait au sec de quoi réaliser un feu, de quoi manger un peu, comme si le lieu était un lieu de repos, un lieu de surveillance, des armes et des vêtements. Si l’eau ne montait plus allait-il pouvoir enfin évoluer sur du sec, pire encore, le tunnel semblait remonter, ainsi la sortie ne devait plus être très loin.

L’espoir pouvait renaître oui, l’espoir, mais l’épuisement était fort, trop sans doute, alors que son dos lui semblait s’enflammer, que la quinte de toux recrachant de l’eau ne s’arrêtait pas, qu’elle avait froid, si froid.


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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 31 Mai 2020 - 12:02
Alaric resserra ses bras autour du corps frêle de la sergente, apeurée face au cadavre gonflé qui flottait à la surface, promesse morbide d'un futur qui les guettait tous les deux. Il manqua d'embrasser son front en un geste rassurant, mais Sydonnie s'écartait déjà, consciente qu'il était préférable qu'ils gardent leurs distances pendant un moment encore. L'envie qui les avait consumés demeurait tapie en eux, prête à ressurgir au moindre contact prolongé, au moindre échange de leurs regards fiévreux.

Le coeur du soldat se serra lorsqu'elle murmura son prénom. Il perçut toute la peur de Sydonnie dans sa voix, l'angoisse l'enveloppait, effaçait son courage démontré plus tôt. Il aurait voulu la prendre de nouveau dans ses bras, mais se ravisa et se contenta de nouer ses doigts avec les siens, de l'entraîner vers une possible sortie.

- Ce gars était seul... Nous, on s'en sortira.

Pourtant, ses convictions s'amenuisaient au fil du temps, d'autant plus qu'il n'avait rien trouvé sous l'eau. Il avait tenté de palpé les murs, mais ses bras manquaient de force et battaient mollement les eaux sombres. Frigorifié, il tâchait de reprendre son souffle pour tenter une seconde tentative, quand la sergente l'en empêcha. Il profita de la brève chaleur qu'elle lui transmettait, passa ses mains sur ses épaules, perdit ses doigts dans son cou, plus caressant qu'il n'aurait dû. Et puis, une fois de plus elle se déroba, pour lui annoncer cette fois qu'elle allait plonger. Alaric tressaillit, essaya de s'avancer pour la retenir.

- Ne prends pas de risque...

C'était idiot : plus que jamais ils devaient en prendre. Mais il savait à quel point la noiraude avait peur de l'eau, elle savait à peine nager et il était inutile qu'elle se noye en cherchant une sortie ! Il ne supporterait pas d'échouer, de découvrir son corps remonter à la surface, parce qu'il n'avait pas réussi à trouver une porte ou une trappe.

Alaric se concentrait uniquement sur les mains de Sydonnie autour de son corps, la sentant descendre petit à petit. Tant qu'elle le tenait, c'est qu'elle s'en sortait. Il se rattachait à ce maigre espoir lorsqu'un fort courant le déstabilisa. Il se retint à la paroi, mais perçut immédiatement le vide autour de ses chevilles : la sergente l'avait lâché, sans doute emportée par le fil de l'eau. Elle avait réussi à ouvrir une trappe, il devait la retrouver. Après avoir retenu sa respiration, il se laissa emporter à son tour.

Il avait l'impression de tomber, de sombrer. Pourtant, ses pieds touchèrent une paroi et il se hissa à la surface. En s'avançant un peu, il découvrit que le terrain était en pente. Il la remonta, toussotant, se trainant plus qu'autre chose vers le sommet resté au sec. Il rejoignit Sydonnie qui y était déjà et découvrit comme elle, ce lieu de repos, ressources inestimables. Sans doute un repaire de chasseurs... Peut-être bien le malheureux qu'ils avaient croisé dans la pièce précédente. Il aurait voulu dire quelque chose, mais ses dents claquaient trop et il abandonna rapidement l'idée. De toute façon, parler était inutile, il fallait agir.

En douceur, Alaric passa une main dans le dos de la sergente pour l'encourager, puis gagna un coffre posé dans un coin des lieux. Près de ce dernier, plusieurs peaux de bêtes, sèches et chaudes n'attendaient que leurs corps gelés. Il en prit une et la passa sur le dos de Sydonnie, avant de s'emmitoufler lui-même dans une autre. Il faudrait du temps avant que son corps cesse de grelotter, mais c'était un début.

- Viens...

Il attira la noiraude contre lui, épaule contre épaule, chacun leur couverture naturelle sur le dos. Il gardait son bras autour d'elle, tandis que de l'autre, il ouvrait le coffre : une tenue complète, quelques fruits et céréales, un carquois remplis de flèches et une dague, et, tout en dessous, des buches. Peu, mais assez pour démarrer un feu. Enhardi par cette découverte, il caressa le dos de la noiraude et lui sourit.

- Tu as plongé et... C'est grâce à toi, tout ça...

Il sortit la tenue du coffre et lui présenta, puis attrapa les buches de bois qu'il déposa en petit tas. Ensuite, il prit deux pierres qui délimitait l'emplacement pour faire le feu et tenta de créer une étincelle. Il l'avait bien fait, dans la tour. Mais ses gestes étaient moins sûrs cette fois, ses bras tremblaient et les pierres s'entrechoquaient mal. Après plusieurs tentatives, il y parvint enfin. S'il n'était pas aussi léthargique, il aurait été euphorique.

- Souffle, ordonna-t-il à Sydonnie. Souffle, ça va marcher !

Au loin, il entendait les grondements du tonnerre, les gifles du vent sur les arbres, les trombes d'eau s'écrasant sur le sol. C'était sûr, ils étaient proches de la sortie...
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Sydonnie de RivefièreSergente
Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric]   [Terminé] Entraide obligatoire contre l'hostilité [ Alaric] - Page 3 EmptyDim 31 Mai 2020 - 17:26


Allongée sur le ventre, sentant le sol froid sous sa peau, la respiration saccadée à la recherche d’air qu’elle ne trouvait pas nécessairement, la noiraude n’entendait plus rien, ne parvenait plus à réfléchir. De multitudes quintes de toux lui permettaient d’expulser l’eau qui s’était engouffrée dans sa bouche, ses poumons. Épuisée, la sergente ne savait plus vraiment où elle se trouvait, ce qu’elle faisait là. L’ensemble des muscles étaient douloureux, force de se contracter indéfiniment, son cœur se faisait plus lent et ses doigts restaient à la recherche de quelque chose de vivant, de chaud, mais seule la froideur de la pierre restait perceptible. Si Alaric était dans son esprit, elle n’avait aucunement la force de se redresser pour l’appeler, pour vérifier, s’accrochait-elle à la certitude qu’il savait nager pour s’en sortir plus simplement qu’elle. Fort heureusement l’homme d’armes n’avait pas tardé à la rejoindre, dans son épuisement, dans sa satisfaction à voir ce qu’elle n’avait pas encore perçu : un espoir. Elle s’était retrouvée avec un tissu chaud autour d’elle, tissu dans lequel elle s’était engouffrée sans attendre sans pour autant particulièrement bouger, tout du moins, jusqu’à ce que Alaric ne l’attire jusqu’à lui, jusqu’à elle dépose sa tête sur son épaule en position demi-assise, s’enroulant davantage dans le tissu. Tremblotant.

Sydonnie était silencieuse, lui laissant pleinement la main sur l’ensemble, tout en cherchant de cette manière inconscience son contact. Les événements dramatiques pouvaient changer une vie, changer les perceptions, créer des liens. Installée à ses côtés, elle avait fini par laisser ses doigts venir retrouver la main proche de son épaule, chercher à entrelacer l’ensemble avec une maladresse certaine, une presque gêne. Aucune pression, aucune tension ou pulsion, un geste doux simplement, réconfortant alors qu’elle suivait des yeux ses mouvements, qu’elle le regardait découvrir le coffre, sortir certains éléments et la remercier. Pinçant ses lèvres, elle se contenta d’enfouir son nez au niveau de son épaule, frottant légèrement son visage contre le tissu qui le recouvrait encore.


- « C’est grâce à nous Alaric, juste à nous. » corrigea-t-elle simplement « Je crois que les dieux ne voulaient pas de nous… » confessa-t-elle lentement.

Par trois fois, elle avait notifié un ensemble en parlant d’eux, sans forcément le remarquer elle-même. L’attachement n’était pas son fort et dans cette relation ce n’était pas en une rencontre qu’il pouvait en être question. Néanmoins, sur l’instant, désormais hors de l’eau, loin de son angoisse, elle aurait voulu que l’instant perdure un peu, qu’elle reste loin de Marbrume, loin du souvenir de son mari, de son enfant perdu, de Jacob et de tout ce que l’ensemble pouvait amener. Oui, pour la première fois elle réalisait qu’égoïstement, elle aurait juste voulu s’abandonner à lui, oublier sa compagne, oublier sa conscience, succomber de plaisir sous l’orage, l’entendre murmurer son nom. Étrangement, cette pensée-là fit se mordiller avec force la lèvre inférieure, alors qu’elle l’avisait tenter de faire un feu. Il était plus hésitant, moins rapide, néanmoins, il avait fini par y parvenir et lorsqu’il lui demandait de souffler, la jeune femme ne put que s’exécuter, tout en mettant de côté la tenue qu’il lui avait confiée.

Sydonnie avait donc soufflé à plusieurs reprises, venant à tousser parfois loin de la source de chaleur se créant. Le feu avait fini par s’embrasser amenant presque immédiatement cette vague de chaleur. Elle ne put que soupirer de soulagement, alors qu’elle amenait ses mains proches des flammes, alors que peu à peu sa peau retrouvait sa couleur initiale, sa blancheur.


- « Ça a marché Alaric, tu as réussi, regarde, il fait chaud !! »

À l’extérieur, la tempête faisait rage, elle était audible de manière si proche, la sortie ne devait pas être loin et cette constatation lui était finalement pas si agréable… Sans qu’elle n’identifie clairement pourquoi, se penchant au-dessus de lui simplement pour récupérer de quoi manger, elle ne put que conserver un peu le silence. Se redressant et mastiquant, savourant le goût et l’alimentation, elle ne put que soupirer de soulagement.

- « On dirait qu’on aura vraiment fini par s’en sortir…. Je dois bien avouer que je ne l’aurais pas cru… » murmura-t-elle sans vraiment oser le regarder, conservant son épaule contre la sienne « Merci Alaric…. » conclut-elle « Des vêtements secs, il ne reste qu’à trouver une sortie on attendre que le niveau de l’eau diminue et puis on pourra reprendre nos vies… Enfin, tu seras rentrée plus vite que moi » souffla-t-elle « Marbrume, ce n’est pas la porte à côté. »

Elle laissa une nouvelle fois sa tête glisser sur son épaule, remontant doucement jusqu’à son cou, hésitant un instant à venir y déposer un baiser, comme une invitation silencieuse. L’instant resta néanmoins particulièrement furtif, puisqu’elle renonça à cette idée. Se pinçant les lèvres, elle tâcha de se redresser avant lenteur, grimaçant douloureusement. Son dos n’était plus qu’un terrain miné, ensanglanté, la griffure de la fange défigurant l’ensemble était boursouflée. La noiraude ne pouvait ressentir que cette désagréable sensation d’être poignardé au niveau du dos de manière perpétuelle. Debout, elle laissa la chaleur du tissu qu’elle avait sur elle disparaître, avec l’idée de couvrir son corps, de se rhabiller.

- « Promet moi de ne plus prendre de risque comme ça, la chasse dans les marais ce n’est pas seul, surtout de nos jours avec la fange les bannis et les sectaires, ils ont l’air de plus en plus nombreux, on parle même de cannibalisme, alors tâche de rester envie, ça serait triste d’avoir survécu à ça pour… mourir dévoré. »

Dos à lui, elle enfila à chemise, qu’elle boutonna lentement, avant de passer son pantalon. Elle était hésitante, il était complexe de faire taire le désir qu’elle ressentait encore. Ne pouvait-elle néanmoins mettre davantage un couple en péril par sa faute, alors qu’il n’était visiblement plus question de mort imminente. Passant une main dans sa chevelure, elle releva l’ensemble pour l’attacher en une queue de cheval haute, bloquant l’ensemble par un tissu arraché du bas de sa chemise.

- « Alaric… » souffla-t-elle en pivotant vers lui avant de se dérober, sa voix était beaucoup plus douce « Tu penses qu’on peut rester un peu ici… Se reposer, se réchauffer…. Si tu veux dormir un peu, je peux surveiller un peu. » Un peu seulement, car autant que lui elle était épuisée « Qu’est-ce que tu rêves de faire une fois sortie d’ici, de tout ça ? »

Lentement, elle était revenue jusqu’à lui pour s’installer proche des flammes, soupirant. Faire la conversation pour ne pas se rapprocher, pour maintenir une distance, alors qu’une voix n’avait de cesse de lui murmuré de simplement profiter.


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