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 Poulet à l'étuvée (titre en construction)

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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyJeu 17 Déc 2015 - 15:09
None avait sonné depuis peu quand un grand vacarme parvint des rues jusqu’à l’herboristerie Alberick. La rumeur grossit démesurément vite avant qu’un violent choc ouvrit la porte de la mansarde, laissant place aux « poussez pas ! » et aux « à l’aide, l’herboriste ! » que des hommes criaient confusément tandis qu’un cortège d’une demi-douzaine d’individus et d’autant de curieux firent irruption dans la jusqu’alors paisible boutique d’une Denea qui n’avait pas besoin de ça. En tête de la cohue, un homme en cotte de lin blanche et très simple, ordonnait au reste des grouillots qui suivaient malgré sa mise des plus sobres. C’est ce trentenaire rasé de frais, ce qui lui donnait un air un peu juvénile, qui criait à l’aide, à l’herboriste, principalement. Les gens qui intimaient de ne pas pousser, quant à eux, étaient un groupe de trois hommes qui en portaient un quatrième, inconscient.

Derrière, des badauds avaient suivi ce petit événement avec empressement, voir un homme entre vie et trépas étant souvent divertissant, et quand les porteurs furent dans la place, ils s’amassèrent dans la boutique pour profiter du spectacle. « Posez-le là ! » ordonna la cotte blanche en désignant d’une main le comptoir de l’herboriste, et les porteurs s’exécutèrent, allongeant le moribond. Il portait la même cotte blanche et simple que l’autre, et, comme lui, sentait bon. A sa main droite, il y avait un gant de cuir caractéristique du jeu de paume que dans l’empressement, on n’avait pas enlevé. Son visage, encadré d’un cheveu long et propre, était rongé par une barbe qui venait d’être taillé. A la commissure de ses lèvres, il y avait un reste de bile noire. C’était Anton Gunof qui gisait inconscient sur la table.

Quand le trentenaire fut assuré qu’Anton était installé décemment, il tira un peu la cotte de se dernier sur les genoux, pour préserver sa pudeur contre les regards voyeurs du public qui s’était formé aux alentours, puis chercha la propriétaire de l’échoppe des yeux. Et quand il la trouva « Ah ! Par tous les démons, je craignais que tous les médicastres de ce maudit quartier aient disparu pour je ne sais quelque sabbat de leur cru ! Je suis bien aise de te trouver, l’herboriste. Je suis Heinrich, Heinrich Geist, le fils du maître-teinturier, alors sache que j’achète ton temps pour le prix qui te sied ! »


Dernière édition par Anton Gunof le Jeu 17 Déc 2015 - 16:39, édité 2 fois
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Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyJeu 17 Déc 2015 - 16:02
La petite rouquine courrait dans les rues, elle devançait des quelques longues foulées le petit cortège de milicien. Tenant sa robe pour ne pas se prendre les pieds devant, elle filait, se frayant un chemin à travers la foule, qui se retournait se demandant pourquoi tant de hâte.

Emportée par son élan le contact avec la porte de la petite officine fut un peu rude, ce qui fit lever le nez de la propriétaire de ses flacons.

« Ils apportent quelqu’un, ils savent pas ce qu’il a, et ils sont paniqué. »


L’apprentie, passa rapidement derrière le comptoir pour ranger ce que sa patronne était en train de faire, non sans un certain empressement.

« Beth, mais de quoi tu parles ? »

Un peu abasourdi par tant de fougue, l’herboriste regarda, la jeune fille faire. Mais le vacarme dans la rue, répondit bien avant poil de carotte. Les voix qui demandaient de s’écarter de laisser passer étaient bien autoritaires. De gardes ? Elle n’avait pas fait ça ? Elle n’avait pas été assez bête pour ça ?
A sa décharge, elle n’était pas au courant, mais tout de même.

Peut-être que ce n’était pas ça, elle avait l’impression de perdre un peu l’esprit ces derniers temps à essayer de fuir toujours plus ses souvenirs. Ce n’était peut-être que des ouvriers qui apportaient un de leurs gars tombés ou couper, ou n’importe quoi.

Lorsque que le petit groupe posa « le patient » sur le comptoir tous les espoirs de Denea se brisèrent net. S’était lui, cet immonde salaud, cette raclure, qu’on avait transportés pour qu’il crève dans sa boutique.

La jeune femme se pétrifia un instant. Elle aurait voulu fuir tellement loin. S’était une mauvaise farce, cela ne pouvait pas être autre chose.
Son cœur battait si vite et si fort qu’il aurait pu exploser.
Il aurait été tellement simple de le laisser mourir, juste de refuser de le soigner et le regarder se noyer dans sa bile. Cela aurait été tellement juste à ses yeux. Pourtant, avec tous les hommes de la garde qui étaient là, sans compter Beth, à qui elle ne voulait pas donner un si déplorable exemple, elle ne pouvait pas. Encore que la rouquine aurait pu comprendre en connaissant l’histoire, mais les compagnons de malade, certainement pas.
Le hasard avait vraiment un sens de l’ironie sadique quand il voulait.

C’est lorsque que l’un des hommes lui adressa la parole que Denea, sorti de ses pensées.
Ça il allait pas s’en tirer pour des clopinettes ce Heinrich, pour sûre.

« J’veux d’abord savoir ce qu’il s’est passé exactement, sans oublier un seul détail. »


Dit-elle d’une voix autoritaire et amère. Ça lui plaisait clairement pas de devoir sauver cette vie, mais personne pouvait lui reprocher de pas y mettre du cœur.

« Il a mangé ou bu quelque chose de particulier ?
Il s’est coupé ? ‘Est fait mordre ? A pris un coup de trop ? »


L’Herboriste avait poussé tout le monde autour du comptoir, pour se laisser de la marge de manœuvre. Elle observa le salaud sous toutes les coutures. Essuyant avec son doigt le liquide visqueux qui perlait au coin des lèvres de l’inconscient, elle en tâta la texture avant de sentir si quelque chose de particulier en ressortait.

« Il a eu des comportements pas habituels ces derniers temps ? »

A part ceux dont elle avait été la victime, fatalement...
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyJeu 17 Déc 2015 - 17:10
« Rien, rien de tout ça ! » geignit l’Heinrich sans prendre ombrage du ton bizarre de l’herboriste. Faisant le récapitulé de sa rencontre avec le garde mentalement, il sembla bien incapable de trouver une raison à cette chute soudaine. Comme il ne savait que dire de remarquable, il lista tout ce qui ne l’était pas.

« Nous nous sommes retrouvés vers le midi aux étuves à côté de Saint-Baldwin, où nous avions à parler d’affaires. Je suis arrivé en avance, mais nous n’avions pas prévu d’heure véritable, voyez-vous, donc il n’y a pas grief. Quand nous nous rencontrâmes, au pas des étuves, où j’attendais, tout de même, depuis vingt bonnes minutes, même s’il n’y a pas grief, nous nous serrâmes la main. ‘On s’en jette un godet ?’ m’a-t-il dit, je m’en souviens à présent, une fois les salamalecs épuisées. J’ai dit : ‘Ca ne se refuse pas’, ‘Vous êtes plutôt étuve sèche ou étuve humide ?’ a-t-il dit. Je lui ai dit que j’avais ma préférence pour la sèche, mais que je n’insisterai pas si lui n’était pas de cet avis-là. Lui me dit qu’il n’avait pas de favori, qu’il avait choisi cette étuve-ci car elle faisait les deux. ‘Très bien, va pour la sèche’, ai-je dit, alors, voyez-vous. »

Anton fut pris d’un spasme. Un haut le cœur semblait sur le point de lui faire vomir une nouvelle bordée de bile noirâtre. Cela n’émut pas plus que cela l’intarissable narrateur, qui s’était pris à son histoire.

« Le service, vraiment, n’était pas à la hauteur des étuves de la Hanse, mais j’ai été étonné de l’hygiène de l’établissement, surtout dans… dans un tel endroit ? Les étuviers prennent vraiment avec sévérité leur métier, cela est bien. Je crois que je le lui ai dit. ‘Je trouve que les étuviers prennent soin de leur établissement’, ou quelque chose comme ça, voyez-vous ? ‘Même si le service…’, ‘Vous n’avez pas encore vu les filles’ m’a-t-il rétorqué. » Le jeune Geist eut une moue embarrassée. Il y avait un public terriblement important pour sa longue et détaillée anecdote, aussi ne voulait-il pas aborder plus que cela les passages compromettants.

« Nous nous fîmes donc servir du vin, qui n’était pas bon, trop sucré. Comme nous avions chaud nous en avons bu un peu, deux pintes chacun s’il me souvient. ‘J’ai faim, allons prendre un bac’ a-t-il dit, et moi j’ai opiné du chef ; nous mangeâmes un genre de friture, du poisson, je crois, ramené par un garçon. Il semblait frais, quoique un peu trop salé… Ah ! Et il s’est plaint d’avoir des impatiences en haut de la jambe. J’ignore si c’est l’eau tiède du bac de la cuvette dans laquelle nous nous entretenions qui le grattait ainsi ou la différence de température entre l’étuve et le bain. Cela provoque ça aux gens avec la peau sensible, voyez-vous ? Après nous… Après ça n’a pas d’importance, ce qui s’est passé. » éluda-t-il au grand dam des auditeurs impatientés par le longuet de ce monologue. « Une fois bien propres et bien nourris, nous reprîmes un peu de vin, qui se trouva meilleur que les précédents. ‘Vous êtes bons à la paume ?’ me demanda-t-il, et moi de répondre que oui. ‘Un petit mur ?’ ‘Avec plaisir’, ai-je dit. Ces étuves avaient un beau terrain derrière sa bâtisse principale, voyez-vous, où tout un pan du mur est tout à fait aveugle. Nous prirent de quoi, et quand nous fûmes bien apprêtés pour la partie, il ouvrit. Et tac ! Et tac ! Il n’était pas mauvais joueur, voyez-vous, mais je suis, sans me vanter, parmi les meilleurs de la ville, au jeu de paume, si si, vraiment. J’ai même eu une belle partie avec Margot, la fameuse championne, contre qui j’eus résisté bien vaillamment. Bref, nous échangeons la balle adroitement, mais je sens bien qu’il faiblit. ‘C’est à cause de mon quart de cette nui’ s’excusa-t-il avant que nous ne reprenions. Je le trouvais déjà bien pâle, à dire vrai. Et puis, après une nouvelle balle, je l’entendis qui déglutissait cette horrible chose noire de sa bouche avant de choir à terre, dans l’état où vous le voyez ! »
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyJeu 17 Déc 2015 - 18:28
Denea eut un soupir furieux, elle avait demandé quelque chose d’utile, et il ne lui avait donné que le babillage sans aucun intérêt. La seule information exploitable de tout son discours fut la fin lorsqu’il lui indiqua qu’il avait jeté le cœur sur le carreau, si l’on pouvait dire. Déclaration appuyée par un spasme de l’inconscient.

« Beth, bassine et vous plus un mot tant que je vous l’ai pas demandé clairement. »


Aboya l’herboriste qui prit le temps que son apprenti revienne avec le bac pour réfléchir. A défaut de savoir pourquoi il était en train de mourir là comme un con, la jeune femme savait que son corps essayait de rejeter ce qui semblait le ronger. Faute de mieux, elle allait encourager ce réflexe. Si il avait été conscient, elle lui aurait juste donné quelque chose, mais là elle allait devoir y aller de manière plus mécanique.

Lorsque la rouquine passa à nouveau le seuil de la boutique, la jeune femme s’adressa aux gardes.

« On va le faire vomir, mettez-le sur le côté qu’il s’étouffe pas et maintenez le bien. »

Ça aurait été tellement dommage …

Devoir le toucher, l’approcher, s’était un supplice.

Elle eut un instant d’hésitation, qui passa bien vite, la présence de tous ces miliciens la dissuadait de toute tentative douteuse. Résignée, mais furibonde, elle retroussa ses manches en poussant du pied le bac pour qu’il soit plus ou moins en dessous de la sale trogne du garde.

Quand il fallait y aller … Pourvu qu’il ne morde pas.

Elle enfonça deux doigts dans le fond de sa gorge pour forcer le reflex. S’était assez répugnant, il fallait bien le dire, ce n’était pas l’aspect le plus sympathique du métier.Le première fois qu'elle avait du le faire, elle aussi avait vomi avec le patient. Heureusement, ce jour était loin, et depuis elle avait apprit à se maîtriser.

Ce qu’il déglutit n’était pas vraiment plus engageant, une sorte de miasme noir plutôt épais, avec visiblement pas de trace de sang. Il n’y avait pas d’odeur de poison particulière, aucune idée d’où venait tout cela. Ce qui l’inquiétait en quelque sorte, pas qu’elle vouait particulièrement sauver la peau du garde, mais si lui avait pu être malade peut être que d’autre aussi. Or, pour le moment, elle savait pas trop d’où ça venait, vu qu’Heinrich avait été d’une irritable inefficacité. Sans savoir pourquoi s’était moins facile de savoir comment faire passer.

Généralement les forcer à se vider ramenait plus facilement les inconscients. De sa main encore propre elle tapota, non sans un certain manque de douceur parfaitement désiré, la joue de Gunof.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyVen 18 Déc 2015 - 11:04
Seiland Seilbrücke et Römer Römerbrücke étaient deux moustachus. Cordiers de leur état et hommes de la Cité-Franche, ils vivaient tout deux une existence quelque peu morose, où l’ennui du jour succédait à l’angoisse des nuits et vice versa. Ils en étaient à dégoiser à propos de la morosité des affaires, ou plutôt le manque criant de matériaux et de personnel dignes de confectionner la corde, dans l’ouvroir de maître Römerbrücke, un vaste atelier en rez-de-chaussée dans le Goulot à moitié désert, quand le cortège Gunof capta leur curiosité. Maître Römer avait dû se séparer d’un de ses apprentis à cause de l’augmentation des baux qu’avait imposé son propriétaire, se plaignit-il, et il n’osait pas encore amener l’affaire, qui sentait l’abus, devant la cour de justice. Pas très prospère ces temps-ci, son entreprise péricliterait définitivement si sa doléance fût déboutée par le juge et qu’on le chargeât des frais de justice. L’autre opina quand il eut sorti le bec de sa pinte de vin, et enchaîna sur son propre apprenti, qui avait quitté son employeur pour la garde dans des circonstances douteuses. Celui-ci alpagué dans un tripot par deux hommes d’armes, qui après lui avoir fait boire plus que de raison et miroiter mille merveilles, lui avaient fait signer un palimpseste, à lui qui ne savait lire, le liant dès lors à la milice externe. Il avait bien essayé, le pauvre maître Seilbrücke, d’employer un métèque, mais il soupçonnait, malgré son travail impeccable, que ce dernier le volait en douce. Il pensait lui aussi à faire appel à la justice, mais encore plus tièdement que son collègue.

On en était là de cette morne discussion et on allait passer aux nouvelles locales sans grande conviction quand le bruit du dehors les tira hors du banc où ils avaient leur séant. Les deux cordiers virent une foule agglutinée autour d’un noyau dur faisant du bruit, et par instinct grégaire comme par ennui, décidèrent de suivre ce petit monde. Après une dizaine de minutes à colporter un homme aussi pâle qu’un cadavre aux quatre coins du district, à la recherche, infructueuse, d’un médecin, Römerbrücke suggéra que faute de docteur ès guérison en mire, il faudrait l’amener à l’herboriste Alberick, qui ferait bien l’affaire. L’attroupement suivit le conseil du petit artisan qui ne se sentit plus d’aise d’être part de l’aventure et bientôt les deux cordiers furent dans la boutique de Denea, à assister à la démonstration de ses talents.

« Est-elle capable, votre fille, maître ? » s’inquiéta maître Seilbrücke, pas rassuré de voir une femme en pratique, et tout bas tandis que le monologue du fils Geist impatientait tout le monde.
« Oh ! très, très, cher maître. Mon voisin, le tamelier Toby Gerhart, avait des porcs scrofuleux le mois d’avant, eh bien ils sont morts, mais elle parvint à éviter le même sort à ses cochons sains ! » le rasséréna Römerbrücke sur le même ton.
« Tout de même, nous ne parlons pas de porcs ici, mais d’un homme… »
« Certes, mais que voulez-vous que… oh ! mais !... Elle enfonce sa main dans sa bouche ?! »
dit-il alors que le public s’agitait devant l’opération. Anton Gunof, pris d’un sursaut maîtrisé par les deux hommes qui le maintenaient, expulsa une bave noirâtre qui s’étira en un filet jusqu’au parquet avant d’exploser dans une quinte de toux grasse et incontrôlable. Des « oh ! » et « poisonerie ! » jaillirent du côté des curieux. Tandis que les spectateurs contemplaient le soldat revenir à la vie ou commentaient la chose, le jeune Geist en profita pour prendre l’herboriste par le bras et lui dire deux mots à l’oreille.

« Malédiction ! Pensez-vous qu’on aurait empoisonné ce garde, cher maître ? »
« Empoisonné ? Peut-être… ou peut-être… » Le ‘cher maître’ fut un ton en dessous. « Ou peut-être qu’il a été mordu… qu’il rejoint peu à peu les damnés ! »
« Oh ! Cher maître ! »

Et tandis que la commotion continuait, Denea l’herboriste remâchait les informations que lui avait soufflé le fils Geist, qui lui aussi parlait de ses soupçons d’empoisonnement. Ils avaient vu des filles, aux étuves, avait-il dit avec un laconisme qui ne lui ressemblait pas, et n’avaient pas forcément surveillé boissons et mangeailles…
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyVen 18 Déc 2015 - 12:45
Il avait réussi à raté la bassine ce con. Décidément, même dans le cirage, sa première fonction était de faire suer son monde. Il semblait également qu’inonder le parquet de la bâtisse avec divers fluides odorant soit dans ses occupations préférées.

Qu’il s’étouffe en toussant, ça ne serait pas une grande perte, loin de là.

Le brouhaha des curieux qui était resté n’aidait pas vraiment à se concentrer. Surtout les deux moustachus qui parlaient de l’herboriste comme elle n’était pas là. Exposant leur théorie comme si il était dans leur taverne préférée. La petitesse de la pièce faisait que leur voix emplissait l’espace, n’aidant pas vraiment à en fait abstraction.
Cependant à cause d’eux elle faillit ne pas entendre l'unique information pertinente qu’on lui avait fait jusqu’a présent.

« Oh ! Vous deux, ça va, je vous gêne pas ? Si vous voulez piailler, c’est dehors, on s’entend plus penser ici. »

Finit par lâcher sèchement Denea à l’encontre des deux commères, couvrant leur voix en haussant le ton. Dans le même temps elle s’essuyait la main pleine de substance noire qu’avait recrachée Gunof. La rouquine avait eu la prévenance d’apporter un torchon à sa patronne pour qu’elle se débarrasse de cette bouillie répugnante.
Elle n’était peut-être qu’une femme, mais ici elle était chez elle, dans son officine et si ils n’étaient pas contents, il ramassait leur raclure d’amis et ils partaient. Mais à ce qu’elle avait cru comprendre, il n’avait trouvé personne d’autre, donc il ne le ferait surement pas.

Quel dommage, un médecin de pacotille, une saignée mal maîtrisée et il n’y avait plus eu de gardes…

Elle se radouci à peine pour s’adresser à Geist. Lui semblait avoir de bonnes intentions et faire de son mieux, même si ce n’était pas vraiment pour aider le meilleur des hommes.

« Je ne pense pas qu’il ait été empoisonné, ou alors c’est un poison que je ne connais pas. Généralement, les toxiques qui procurent ses réactions font généralement remonter du sang et là il n’y en a pas trace. »

En même temps, on ne pouvait pas dire que les empoisonnements, elle en avait traité beaucoup. Son rayon s’était plutôt les blessures et les infections de la vie courante, tout ce qui traînait dans la ville et qui pouvait plus ou moins se soigner.

Malgré leur présence pour le moins désagréable, les deux bavards avaient parlé de quelque chose d’intéressant, qui méritait bien d’être creuser.

« Il a vraiment été mordu par un fangeux ? »

Elle s’adressait à tout le monde, pour que tous se sentent libres de répondre. Pendant ce temps elle ne jeta que quelques regards froids et dénués d’empathie au malade qui reprenait doucement ses esprits. Le seul fait qui l’intéressait était qu’il ne tombe pas du comptoir et surtout pas sur le bac qu’il avait si lamentablement manqué. Il n’aurait plus manqué que ça, qu’il tombe et se blesse.
Heureusement, l’apprentie, veillait sur Gunof avec plus de soin que l’herboriste, elle essayait de le rassurer comme elle pouvait. Le maintenant doucement, mais fermement pour qu’il ne bascule pas.

« Enfin, il est pas vraiment pour à fait sorti d’affaire, mais au moins il est conscient. »

Ce n’était pas comme si s’était vraiment une bonne nouvelle.

« Beth va me préparer un bol d’eau tiède avec deux cuillères de tein… de solution d’Asaret. Elle est sur la première étagère, sur la droite, un flacon en verre remplit d’un liquide vert très soutenu. »

Elle s’était retint de dire ce mot. Ce n’était pas vraiment rationnel, qu’est-ce qu’il pouvait bien faire dans l’était déplorable dans lequel il se trouvait.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyVen 18 Déc 2015 - 13:42
« Oh mais… Ah mais, mais… Mais je… » rétorqua maladroitement Seilbrücke aux remontrances de l’herboriste, surpris d’avoir été entendu par la protagoniste alors qu’il était clairement des spectateurs. Les oreilles lui chauffaient devant cette prise à partie, Römerbrücke le remarqua et essaya de le calmer un peu alors que son confrère essayait toujours de débuter une réplique sans parvenir à dépasser le « Je… mais, ah mais… Je ne… » « Allons allons, cher maître, laissez-la dire et faire, vous êtes au dessus de ça, voyons, cher maître. » lui dit-il avant de secouer la tête, réprobateur, du côté de la concernée qui venait de tancer son compagnon de spectacle et tandis qu’elle se détournait d’eux pour écouter Geist.

Lorsqu’elle revint vers la foule cependant, brisant impunément le quatrième mur – la rigueur professionnelle n’était plus ce qu’elle était –, les deux larrons restèrent bouche bée, comme le reste de la foule, qui ne sut que répondre. Seilbrücke se crut de nouveau pris à partie et bafouilla « Mais je ne… j’ignore, c’était une simple supposition… je ne, je l’ignore, ah mais… » pour se défendre d’avoir considéré l’éventualité. Geist quant à lui semblait réagir plus nerveusement à la question, à laquelle il ne répondit pas. Ce petit monde ne s’en aperçut guère, car quand il arrêta de s’intéresser au cordier et à l’herboriste, un Anton visiblement délirant focalisa l’attention de tous. « So-schön… so-doll. Ich b… bin Anton aus… meine gigaschlankenwadelkn… san det Wah...* ! » disait-il confusément, des yeux brûlants roulant d’un côté à l’autre, rebondissant sur les gens et les meubles qu’ils apercevaient sans les voir. Cet homme qui parlait en langues provoqua une nouvelle vague de commentaires murmurés par tous, malgré les ordres de la praticienne, et Geist en profita :

« Ces importuns vont nous le tuer, pardi ! L’homme a besoin d’espace et d’air : allons le mettre au calme à l’arrière. » Il faisait référence à l’arrière-salle, qu’il avait avisé lorsque l’apprentie de l’herboriste y avait disparu. « Toi, empêche les gêneurs de passer et tu seras bien récompensé, toi, porte-le avec moi ! » Et quand celui-ci s’exécuta, il attrapa le malade qui, fiévreux, continuait à psalmodier des non-sens, pour qu’ils le traînent jusqu’à l’arrière-boutique, au malheur de la petite foule des voyeurs.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyVen 18 Déc 2015 - 14:16
Maintenant, il se mettait à chanter dans la langue. S’était pas vraie, il n'aurait pas pu juste vomir tripes et boyaux et se remettre, il fallait en plus qu’il la pousse à s’intéresser réellement à son cas.

Visiblement l’un des moustachus n’avait pas été très heureux de se faire rabrouer par une femme. Mais peu importait, il y avait bien trop de monde pour que la situation soit facilement gérable, exigé le calme avait été la moindre des choses.

Pour un certain soulagement, l’herboriste, Geist prit la décision de faire transporter le garde dans l’arrière-boutique. Un peu moins de badauds, ça ne pouvait être que mieux.

« Monsieur Geist, Heinrish, c’est ça ? Votre ami, là, pour le moment j’ai aucune idée de ce qu’il a, ce que je vois juste c’est que son corps essaye d’expulser quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Visiblement, ce n’est pas un poison. Il faut faire vite, j’ai besoin de savoir même ce que vous voulez pas me dire. On veut juste faire notre métier et éviter … »

Le pire ? Enfin selon le point de vue de l’homme, et uniquement du sien.

L’herboriste avait bien vu qu’il était nerveux lorsqu’elle avait parlé de morsure et de fangeux. En même temps ce n’était pas vraiment quelque chose qui était facile à aborder en publique face à la psychose ambiante. Cependant, au vie de la situation, il y avait de quoi être nerveux, alors ce n’était peut-être simplement pas sa question qui l’avait mis dans cet état.

« Vous voulez pas m’obliger à le déshabiller complètement pour vérifier par moi-même si il n’y pas de trace de morsure suspecte ? »

Ça aurait été trop, bien trop.

Attendant que ce dénommé Heinrish se décide, ou non, à quelque confession, Denea avait d’autre plan. Elle envoya Beth s’éclipser quelque instant, juste le temps d’aller rechercher le bac qui se trouvait au pied du comptoir et le ramener.

La jeune femme demanda à celui qui avait aidé à transporter le malade de l’assister pour le relever, l’asseoir en quelque sorte. Puis elle se saisit du bol d’eau tiède que l’apprentie avait préparé et posée sur un meuble encombré pour ne pas qu’il soit malheureusement renversé quand elle avait vu qu’on transportait le garde.

« Beth, tiens la bassine, ça agit assez vite. »

Déclara sa patronne juste avant de porter à la bouche de Gunof le bol pour lui en faire boire le contenu. S’était un vomitif, pour continuer à le purger. Faute de pistes plus sérieuse il valait mieux soutenir le corps.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyLun 21 Déc 2015 - 15:24
« C’est Heinrich. Tch. Hein-ritch. Pas Heinrish. Heinrich. » la reprit-il alors qu’elle l’interrogeait une nouvelle fois sur le mystérieux secret qu’il gardait envers et contre tout. Heinreitch n’avait clairement pas les mêmes priorités que la guérisseuse, et nul doute qu’il aurait expliqué à cette femme de classe inférieure la bonne prononciation des choses si Anton ne l’avait pas interrompu en poussant d’un bel entrain quelque chose comme « San der Wahnsinn für die Madeln ! Mei Figur a Wunder der Natur ! Ich… Ich… bin… stark… so stark ! » auparavant de replonger dans un sommeil enfiévré. Une fois que l’intéressant fut de nouveau dans les pommes, cloué sur cette même table qui avait servi de nid d’amour (unilatéral) à Anton et Denea, et hors d’état d’interférer, l’herboriste insista de nouveau pour tirer les vers du nez du jeune Geist, qui ne se sentait toujours pas de lâcher le morceau, le timide !

La situation était gelée du côté des confessions, et c’est passablement agacée que la Denea dut met la suite de son plan à exécution. Commandant au porteur de l’aider dans sa tâche et à son apprentie de ramener ce dont il était besoin, elle mit Anton sur son cul. Celui-ci, ainsi manié par des mains anonymes, s’éveilla à moitié, toujours dans la brume. Le spectacle qui lui fit face ne sembla pas lui plaire plus que ça. Les ombres qu’il apercevait difficilement bientôt devinrent des silhouettes. L’une d’entre elle lui tenait l’épaule, ce qui provoquait une sensation de contrainte chez le garde enfariné, tandis que l’autre approchait de ses lippes un calice contenant quelque liquide aux vapeurs nauséabondes, qu’elle essaya ensuite de verser dans sa bouche. Le procédé eut l’effet de dégriser un peu, mais pas encore tout à fait, Anton, qui goûta la potion âcre avec une appréhension grandissante. A peine eut-il avalé une goutte de la mixtion qu’il fut pris d’une violente réaction de rejet.

Ce n’était pas l’ingurgitation forcée en elle-même qui fit se cabrer notre homme, mais bien celle qui tentait tant bien que mal de lui administrer la drogue. Si les yeux d’Anton, particulièrement exorbités en ce moment, s’étaient d’abord focalisés sur l’objet de la coupe, ils remontèrent ensuite vers le visage de la guérisseuse, et s’écarquillèrent encore plus. La vision avait quelque chose qui tenait de l’effroi pour notre soldat délirant, qui se retrouvait nez-à-nez avec cette femme qu’il avait déshonorée des semaines de ça. Cette figure, ce n’était pas la première fois qu’il la revoyait, et dans beaucoup de ses rêves, la belle sorcière le harcelait de sa vengeance. Ces poursuites oniriques, où s’exerçaient plus aisément les scrupules d’Anton, étaient chargées d’équivoque : une fois sur deux, le spectre vengeur de la belle Denea prenait les allures de la succube. Alors qu’elle était sur le point de planter ses serres dans les orbites du milicien pourchassé, sa longue chevelure aux effluves capiteuses, uniques, apparaissait, ou ses seins durs se plaquaient contre son torse. Un détail, une vision, une odeur se rappelaient au rêveur, et le cauchemar trouvait une fin érotique. La furie s’offrait à lui, et les griffures laissaient place aux embrassades. Le plus souvent, il se réveillait au moment où la vengeresse le tuait ou à l’instant où il la prenait, la croupe écartelée par ses mains avides. Soit l’un soit l’autre. On comprend donc que le garde Gunof, dont l’inconscient servait de champ de bataille entre un désir exacerbé et des remords nourris de peurs superstitieuses, se réveillait, après ces nuits, sur une gaule matinale des plus perturbantes ainsi qu’un puissant sentiment d’appréhension sur le sens qu’il devait donner à ces rêves chaotiques.

Dès lors on est plus à même de comprendre qu’à la vue du visage de la vengeresse, notre soldat délirant, replongé dans ses songeries les plus dérangeantes, eut un mouvement de panique et que dans celui-ci, il recracha instinctivement ce que la sorcière voulait lui faire boire, frappa, en visant la coupe, les mains de Denea et se débattit contre l’emprise exercée par le porteur. Ce dernier, face à la violence de la résistance, souffla le chaud et le froid : il tenta de resserrer sa prise avant que, voyant un poing arrivé en sa direction, il ne lâcha complètement l’Anton. Ce dernier, déséquilibré par la soudaine retraite, jeta son coup de poing dans les airs et, emporté par le mouvement, s’affala contre le parquet tête la première. Le porteur eut un cri de surprise rauque, le crâne du milicien fit un *poc*contre le sol qui ne présageait rien de bon, puis l’agitation redescendit.

L’élan puis la chute, en plus de faire retomber dans l’inconscience le soldat mal en point, avait malmené sa cotte, un habit unique qui le couvrait des épaules aux cuisses. Celle-ci s’était drôlement relevée, si bien que, Anton écrasé à plat ventre contre le sol, l’assistance put contempler le cul du bonhomme, qui n’était plus protégé par la cotte. Une fois qu’on passa à autre chose que la position du bonhomme, dont les jambes écartées ne laissaient guère de place pour l’imagination en terme de raie comme de génitoires, exhibées à la vue de tous, chacun put apercevoir la trace d’une ancienne morsure à la fesse gauche (ou droite, la confusion était-elle qu’on ne faisait guère attention à ce genre de détail). La blessure tenait presque plus de la cicatrice, et n’avait rien d’une plaie béante. Propre, sûrement à cause du bain dont le malade était sorti il y a une heure, la morsure semblait cependant quelque peu noirâtre.

C’est à ce moment qu’Heinrich Geist trouva qu’il fut opportun de parler de son secret. « C’est cela dont je voulais vous parler plus tôt… Je l’avais remarquée aux étuves, mais n’osais vous le confesser, devant la foule… De peur que… Pensez-vous qu’il va tourner ? »

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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyMer 23 Déc 2015 - 17:36
« Franchement, là j’ai mieux à faire que de pronon… »

Denea n’eut pas le temps de fini sa phrase particulièrement rageuse à l’encontre de l’énergumène coincé qui ne faisait que lui raconter d’insipides babillages et lui cacher quelque chose qui désormais relevait presque de l’évidence au vu de l’ardeur qu’il mettait à ne pas répondre. En effet, à force d’être manipulé Gunof sembla suffisamment reprendre le dessus sur la fièvre pour qu’il comprenne plus ou moins ce qui était en train de lui arriver et visiblement, cela éveilla en lui un certain sentiment de panique.

Il s’était agité, débattu, comme si il fuyait une quelconque menace. Pourtant, la seule menace ici s’était lui et ses « amis » qui attendaient dans la boutique. Visiblement aussi choquer que peut reconnaissant qu’une femme essaye de tirer leur camarade des griffes de la mort, ou de pire si on croyait ce qui semblait ce dire. Leur présence et celle de Beth avait empêché l’herboriste de penser à refuser de le soigner et s’était surtout cette de sons apprentie qui avaient évité au garde de se voir administrer un poison comme « traitement ». Ce n’était certes pas sa spécialité lui de là, mais elle avait bien quelque chose qui à haute dose devait être toxique et vu l’état du bonhomme potentiellement mortel. Mais elle ne voulait pas donner cet exemple à la rouquine, elle n’avait pas de droit de décider du sort des gens, aussi pourrit et mauvais soient-ils.

Pourtant, elle en rêvait, régulièrement. Quand elle n’était pas assaillie de cauchemars où il revenait encore et toujours, toujours plus brutal, toujours plus pressé. La brûlure de l’alcool dans ses yeux et sa gorge avaient mis des jours à se remettre, physiquement, il lui avait fallu tout cela, mais moralement qui savait. Mais elle ne voulait pas donner cet exemple à la rouquine, elle n’avait pas de droit de décider du sort des gens, aussi pourrit et mauvais soient-ils. Pour être précise, à cet instant, elle essayait surtout de ne pas se prendre un coup perdu du milicien en panique. Il avait déjà complètement renversé le mélange que contenait le bol.

Lorsque sa tête heurta le sol dans un bruit pas vraiment rassurant, et qu’il se retrouva à nouveau inconscient, sa potion ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination quant à son anatomie.

Mais aussi forte qu’est été l’envie de l’herboriste de couper les parties de Gunof, elle se concentra plus ce qui ressemblait en effet à une morsure sur le postérieur de l’homme.

C’est là que Geist trouva opportun d’enfin répondre à la question que Denea lui avait pourtant posée deux fois.

« De peur de quoi ? De me faciliter le travail ? »


Ne put-elle s’empêcher d’aboyer sur le compagnon du garde. Qu’est-ce qu’elle avait bien fait pour mériter ça ?! Soigner les gens et être arrangeante étaient une si mauvaise action que cela ?!

« J’en sais rien, j’ai jamais vu ce genre de réactions. Puis j’ai pas souvent vu des morsures de fangeux, ici on recoud plutôt les ouvriers qui se sont ouverts avec un outil où on essaye de retaper ceux qui sont tombés. »


Enfin là tout de suite, ce n’était pas vraiment ce qui « l’inquiétait » le plus. Le bruit qu’avait fait sa tête contre le sol n’avait rien de bon. Poussant Heinrich elle s’agenouilla à côté d’Anton pour le pousser et le faire légèrement rouler il respirait, s’était une bonne nouvelle, du moins en théorie, il ne saignait pas, ce qui n’était ni vraiment, une bonne ou une mauvaise chose.

Elle le remit sur le ventre pour examiner la morsure, elle était ancienne et parfaitement bien cicatrisée. Ce qui faisait que le halo noirâtre qu’elle affichait était d’autant plus étrange. Ça arrivait qu’une plaie cicatrisée refasse une infection, s’était peut-être cela. Mais comment la traiter ?
Les miasmes de fangeux on ne savait pas trop comment ça se traitait. Généralement, on nettoyait et on priait pour que le mordu survive.

« Mettez-le sur la table, doucement. Sur le ventre surtout. »


Elle avait bien une idée, mais ça allait surement pas leur plaire alors autant ne rien dire. Fouillant ses étagères et ses placards, la jeune femme sortie une pâte granuleuse entre gris vert et bleu, d’un aspect pas particulièrement engageante. Généralement, on nettoyait et on priait pour que le mordu survive.
La rouquine se mit tout de suite à la tâche même si elle ne semblait pas vraiment à l’aise de devoir toucher une telle partie de l’anatomie d’un homme. Elle badigeonna toute la surface de la vielle plaie avec l’onguent à base de miel.

Pendant ce temps, Denea sembla réfléchir à la marche à suivre, laissant son regarde parcourir la pièce. Puis elle trouve ce qui lui manquait un vieil entonnoir traînait sur une bouteille à moitié remplie de teinture. Dans le même geste l’herboriste se saisit de l’objet avant de le passer dans l’eau claire pour le rincer, puis elle revint au chevet de Gunof, toujours parfaitement inconscient.

« Ça va pas vous plaire, mais croyez-moi, vu son état il ne vaut mieux pas faire les choses à moitié. Alors laissez-moi travailler, vous serez gentil. »

Un avertissement fort utile vu qu’elle planta littéralement l’entonnoir dans les fesses du milicien. Outre la satisfaction de lui infliger quelque chose d’humiliant, même si ce n’était que devant un crétin prude, un quidam qui n’avait que pour intérêt d’être assez fort pour manipuler Gunof et Beth, ceci avait un vrai but. En effet, l’herboriste ne tarda pas à faire couler la pâte dans l’entonnoir pour qu’elle rentre dans le milicien et agisse de l’intérieur.

Une fois cela fait, ils n’auraient tous qu’à attendre, et prier. Même si ils ne priaient pas tous pour la même issue.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyMar 5 Jan 2016 - 9:43
Lorsqu’on amène un partenaire d’affaire que l’on connaît à peine chez une herboriste vaguement réputée sorcière pour le guérir d’un mal qui le foudroya sous nos yeux, la situation n’aide que rarement à se tranquilliser. Heinrich Geist, envoyé au nom et pour le compte de son père à traiter avec un caïd de la milice, le dit Anton Gunof, n’était donc guère tranquille. Il avait d’ailleurs manifesté son anxiété dans un babillage incessant, presque automatique, comme pour extérioriser quelque peu les réflexions interminables et incontrôlées qui traversaient sa cervelle, s’y mélangeant confusément les unes parmi les autres. Au regret de n’avoir trouvé quelque médicastre aux alentours se mêlait la peur qu’on lui tue son Gunof, et que la faute ne retombe sur lui. La mort, imminente paraissait-il, d’un homme de la garde ne passerait pas inaperçue et le larron, qu’on disait bien en vue auprès des autorités de la cité, se ferait certainement servir pour son décès quelque chose comme une réparation compensation. C'est-à-dire que le brave Geist, pour avoir été le compagnon impuissant des dernières heures du milicien, servirait, il en était persuadé, de bouc-émissaire idéal à la mort très suspecte du gardoche. Il serait convaincu expéditivement d’empoisonnement, et si on ne lui offrait pas l’échafaud, il passerait le restant de ses jours en bannissement, qui seraient dès lors comptés, et fort menuement. Un tel sort le faisait frémir, et les images de son corps déchiqueté par les fangeux martelaient son crâne.

La foule, puis l’herboriste, puis le milicien en question avaient cependant toujours su le sortir de son état d’abêtissement. Prostré dans un mutisme pessimiste, on l’extrayait avec une question et une bousculade, à laquelle il répondait aussi bien qu’il pouvait. Ce tour-ci, ce fut à Denea de le distraire de sa stupeur en s’affairant à laver un entonnoir… Parbleux, la chose avait de quoi surprendre, et notre bon Heinrich faillit l’ouvrir avant que la jeune femme ne prit les devants et ne justifia le choix de l’opération. Ceci dit, le jeune maître Geist ne broncha pas. Ne dit plus rien. Il regarda, médusé, la médicastre de fortune vaquer à son occupation et amener près du trou du cul de celui dont la vie ou la mort signifierait fortune ou malheur pour sa propre existence. Il se résignait, sans trop y croire au vu de l’originalité de la méthode, à remettre son destin entre les mains de Denea, lesquelles étaient actuellement affairées à enfoncer quelques pouces du bec de l’entonnoir entre les fesses d’un homme inconscient.

La scène, il s’en rendit compte, n’avait aucun sens, et son seul spectacle le vida d’un coup de toutes les pensées parasites qui le tracassaient jusqu’à présent. Debout et raide, il se perdit pendant une bonne demi-heure dans la contemplation de ce cul forcé par un entonnoir que l’herboriste avait gavé d’une pommade fluide allant se creuser un nid dans le système digestif du patient. Dans l’autre pièce (loin, si loin dans sa tête), on remuait un peu, puis de moins en moins. « Est-il mort ? » s’enquérait-on parmi les curieux. « Vif ! » répondait systématiquement le jeune Heinrich. Une heure passa ainsi, dans l’attente, et Denea convint qu’on pouvait retirer l’entonnoir de son machin. Les badauds, goutte à goutte, s’égaillèrent. L’action était passée. Les employés des étuves, qui, grâce à la générosité d’Henrich, avait porté le moribond jusqu’ici, se plaignirent qu’ils perdraient leur travail s’ils persistaient à rester au chevet d’Anton, si bien qu’en fin de compte, il ne resta à peu près plus que Geist pour veiller.

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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyMar 5 Jan 2016 - 10:35
Il n’avait bronché pour l’entonnoir, étonnant, Denea aurait parié le contraire. Il n’avait cessé de trouver le meilleur moyen pour irriter encore plus la jeune femme dont les nerfs étaient déjà mis à fort rude épreuve. Sûrement était-il résigné ?

L’instrument humiliant ne fut pas retirer tout de suite, il fallait s’assurer que pendant un temps satisfaisant assez d’onguent reste bien dans la bonne zone, tandis que le reste allait se perdre dans les boyaux du garde. Surement aurait-il quelques petits soucis digestifs à cause de cela, mais s’était surement préférable à la mort … ou pire. Au bout d’une bonne heure, le pot vide dit à l’herboriste qu’il était surement temps d’arrêter. Dommage, aussi faiblard soit cette petite vengeance, elle était jouissive. Malheureusement, elle en pouvait se permettre le luxe de gaspiller plus de produits. Certes, Geist s’était engagé à les payer au prix qu’il plairait à la jeune femme, cependant, ce n’était pas cela qui allait remplir les jarres.
Denea avait donc retiré l’ustensile du fondement du garde et l’avait refilé à l’apprentie pour qu’elle le lave … au moins trois fois … à l’alcool, ce liquide qui angoissait tant sa patronne depuis quelque temps.

Dans la boutique, on s’impatientait, demandant si la raclure s’accrochait toujours à la vie, ce qu’il faisait avec force détermination. Puis finalement, ils étaient tous partis au compte goutte ne laissait que Geist, visiblement fort soucieux.

L’herboriste poussa un long soupire soulagé lorsqu’elle vit qu’il ne restait plus que lui. Elle avait un endroit de calme dans cette foutu bâtisse et pouvait sortir de cette arrière-boutique dont l’air lui semblait de plus en plus irrespirable. Prenant, un bac d’eau un savon et une brosse Denea, entrepris d’aller nettoyer la boutique, non sans avoir ordonné à Beth de rester au chevet de Gunof. Cette idée ne lui plaisait pas vraiment, mais il était inconscient et Geinst était là, puis elle-même a côté. Enfin, pour ce qu’elle s’était débattu…

Lorsqu’elle vit l’était du sol, elle eut un moment de résignation, entre le vomi et les trace de bottes. Au moins avec ça elle en avait pour un moment.

Il sembla que quelques heures passées, L’herboriste n’avait toujours pas refait une entrée durable dans la pièce où se trouvait le patient. Elle était juste passée prendre de quoi faire un inventaire sommaire des ressources lui restant, puis elle retourner dans la pièce d’à côté pour évaluer les réserves y étant présentes.

La rouquine était en train de passer un linge humide sur le front de Gunof, lorsqu’il s’agita. Elle hésita à appeler Denea. Se réveillait-il vraiment où alors était-ce des convulsions ?
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyMer 6 Jan 2016 - 15:23
La vie reprit peu à peu son cours, à la différence notable que le corps d’Anton Gunof servait de plante verte dans l’arrière boutique de l’établissement Alberick. On faisait de rapide aller-retour jusqu’à lui, mais la fréquence des veilles allait s’amenuisant. Bientôt, chacun alla vaquer à ses occupations. Denea se mit en tache de réparer, de nouveau, les dégâts qu’avait causé, même inconsciemment, son ancien bourreau, le garde Gunof, tandis que le jeune Heinrich Geist, après avoir fait les cent pas et somnolé un bout sur un coin de banc, fut sollicité par un homme qui, ayant appris la nouvelle, venait en savoir plus. Une conversation s’établit entre Geist et l’étranger, au pas de la boutique Alberick sans que la tenancière ne s’en aperçût immédiatement. Au final, dans l’arrière-salle, il n’était plus que la rouquine, et Anton, qui semblait reprendre un semblant de vie.

Beth l’apprentie était en train d’humidifier le front brûlant du soldat, et ce contact sembla le réanimer quelque peu, car il murmurait quelques paroles incompréhensibles. Fiévreux, l’homme suait à grosses gouttes, et remuait la tête de plus en plus rapidement. Sa voix, progressivement, s’intensifia. D’un coup, l’apprentie sentit quelque chose attraper son avant-bras assez durement. C’était la main du malade qui la serrait comme une tenaille. La surprise passée, elle releva la tête et constata qu’il avait rouvert les yeux et la regardait intensément. Elle tenta de dégager son bras, mais il la maintenait fermement, et réagit en se relevant un peu. « Cht. » lui intima-t-il, et elle arrêta de gigoter, un peu apeurée par son regard exorbité. Il avait fini de murmurer ses aberrations, et un silence pesant s’installa. Quand il fut assuré qu’elle serait sage, il jeta un coup d’œil par derrière son épaule avant d’observer subrepticement les lieux dans lesquels il se trouvait. Le décor, qui lui était très familier, le gênait visiblement « Tu dois m’aider, gamine, tu dois me protéger… » lui expliqua-t-il d’une voix tremblante et rapide. « L’herboriste… Je ne suis pas fou, petite, écoute-myssègue, l’herboriste n’est pas ce qu’elle paraît, entends-tu ? Méfie-toi, veille sur moi je t’en prie. » Il relâcha la pression à mesure qu’il la suppliait. « Je… ce n’est pas un délire, entends-tu ? Je suis Anton Gunof, homme de la garde, entends-tu ? Tu dois veiller sur moi, aie merci, aie merci, ne la laisse pas m’empoisonner, ne la laisse pas me détruire. Pitié, pitié ! Pour l’amour du dieu-cerf, par tout ce qui est sacré, aide-moi. Jure de me sauver d’elle, petite, aie miséricorde. Aie pitié. » Il répéta ces derniers mots plus vite, et son visage était déformée par la terreur, ce qui donnait un côté très touchant à sa supplication. Et tandis qu’il en appelait à sa bonté et sa pitié, il plongea de nouveau dans un sommeil agité.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyMer 6 Jan 2016 - 17:15
La rouquine écouta sans vraiment comprendre ce que le malade lui disait. Il semblait délirer complètement, déblatérant à propos de Denea comme si elle était une sorcière, une vraie qui jetais des maléfices. Son visage était complètement déformer par un rictus de peur intense, il avait l’air de tellement y croire. Beth en fut troublée, qu’est-ce qu’elle devait faire ? Le croire ? Ce n’était pas parce qu’il était de la garde qu’il avait forcément raison ? Des gardes véreux la jeune fille en avait déjà vu, s’était pas vraiment rare ces derniers temps.

Avant qu’elle put lui demander pourquoi il pouvait bien proférer de telle parole à propos de sa patronne Gunof retomba entre les griffe de sa fièvre.

Sceptique, la rouquine, continua néanmoins à éponger ce front brûlant. Elle serait bien aller elle-même chercher l’herboriste, mais elle craignait de laisser seul le malade, qu’est-ce qui pouvait bien lui arriver sans personne pour le veiller ?

Heureusement, Denea retourna peu de temps après dans l’arrière-boutique pour visiblement y ranger un pot vide.

« Denea … il s’est réveillé quelques instants… »

Lui annonça-t-elle à mi-voix, un peu soucieuse.

« - Qu’est-ce qu’il a fait exactement ? S’enquit l’herboriste, tout aussi inquiète, seulement ce n’était surement pas pour les mêmes raisons.

- J’étais en train de lui éponger le front, pis il a attrapé mon bras. Pis il m’a demandé de l’aider, m’a même supplier, il disait que tu voulais l’empoisonner… l’était terrorisé, ça se voyait. »

L’apprentie semblait secouée. S’enquit Il fallait dire que des cas aussi sévères, seulement ce n’était surement pas pour les mêmes raisons. Denea posa une main rassurante sur son épaule et pris grandement sur elle pour faire bonne figure et parler d’une voix apaisante.

« Il a une forte fièvre Beth, ça le fait délirer, je l’ai quand même fait vomir et il s’est réveillé quand on a essayé de lui fait boire de vomitif. Il suffit qu’on soit tombé sur une superstitieux et il a cru qu’on voulait l’empoisonner. Tu sais comment peuvent être les gens face au métier…
Il t’as fait mal ?


Un peu, l’a serrer fort… Mais t’as raison l’est brûlant, ça doit être tout brouillé dans sa tête. »


Regardant un instant, l’herboriste ne vit qu’une trace rouge, cependant et même si cela ne lui plaisait pas, elle ne s’en alarma pas, sachant que comme beaucoup de rousses Beth avait une peau qui marquait facilement.

De son côté, la jeune fille semblait plus tranquille, les explications de sa patronne se tenait, puis la façon dont il le dépeignait ne collait pas avec l’expérience qu’elle avait pu en faire. Certes, elle n’était pas toujours très tendre, parfois un peu rude, mais au fond elle avait bon cœur, jamais elle n’empoisonnerait quelqu’un, elle en était intimement convaincue.

Il manquait quelque chose dans la pièce, ou plutôt quelqu’un, une présence de moins.

« - Il est où le babilleur ?

- Heinrich ? Dehors t’la pas vu sortir ?»

Trop absorbée par sa tâche, l’herboriste n’avait pas entendu l’homme sortir. Et si il était arrivé quelque chose à l’apprentie ? La sordide idée lui traversa l’esprit, balayé aussitôt. Ne pas dramatiser, il ne s’était rien passé, à part peut-être une petite frayeur.

Le jour n’était plus qu’un lointain souvenir dans la boutique. Deux lampes à huile éclairait la pièce.

« - Il commence à être tard, tu devrais rentrer. De toute façon à part attendre qu’il combatte tout seul le mal maintenant, on peut plus faire grand-chose.

- T’es sur ?

- Oui, prévient juste Geist que son camarade a repris conscience quelque instants. Evite de lui parler de son délire, je suis certaine qu’il s’en ferait toute une histoire, et je tiens à être payée quand même …»

Une nouvelle fois, Denea avait pris sur elle pour afficher un visage confiant, faisant même une petite touche de plaisanterie. Elle voulait surtout éviter que si Gunof se réveille encore, il s’en prenne vraiment à elle. Pris dans son délire, on savait guère ce qui pouvait se passer.

A peine la rouquine eu prise ses affaires et passé la porte que de la jeune femme s’approcha du malade et lui mis une violente gifle. La comédie avait assez duré, il était temps qu’il se réveille, qu’il reparte chez lui ! Une foi qu’il serait sorti de l’échoppe, ce ne serait plus son problème !
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) EmptyJeu 7 Jan 2016 - 15:48
Inconscient des personnes qui gravitaient autour de lui, Anton s’était replongé dans un état délirant. La fièvre lui brûlait l’imagination, qui explosait dans des scènes oniriques aussi courtes qu’intenses. L’image de Denea la sorcière était le seul fil d’Ariane, bien que vinrent figurer quelques fois également l’image de son père et de son épouse. Mais ces faces portaient quelque chose de froid et de sévère sur Anton, et tenaient plus lieu de statues qui le jugeaient hiératiquement sans qu’il puisse faire quoi que ce soit contre leur regard acéré. Denea, elle, avait une présence bien plus physique, et au cours de ces rêves, elle ne cessait d’être la figure centrale, tantôt, encore une fois, objet du désir d’Anton ou au contraire un obstacle terrifiant.

L’auteur de ces lignes n’ayant pas la verve nécessaire à la description de ces scènes fantasmagoriques, il se gardera bien d'une description exhaustive. Plusieurs d’entre elles, qui plus est, exposaient avec force emphase horrifique sa famille soumise aux sorts les plus cruels et terrifiants que puisse provoquer l’inconscient angoissé du garde de la milice, or, femme et enfants n’ayant aucun écho propre pour votre narrateur jusqu’à présent, il est impossible de retranscrire avec les couleurs et traits idoines quels sentiments animaient Anton à la vue et la pensée de ces horreurs que sa progéniture et son épouse subissaient. D’autres images cependant étaient plus aisées à exprimer et plus saisissantes. Le lieu où le milicien gisait, notamment, prenait une grande place dans celles-ci, car son cauchemar s’appuyait assez paresseusement à sa mémoire, et plusieurs fois au cours de son repos perturbé, l’homme fut confronté à sa rencontre avec l’herboriste. Parfois, les rôles s’inversaient : il se noyait dans une cuve d’alcool, maintenu violemment la tête dans l’eau brûlante, des herbes griffant son visage. Là, la culpabilité maritale le frappait un grand coup, et le voilà surpris par sa femme tandis qu’il besognait l’herboriste. Souvent, c’était les morts-vivants qui se manifestaient dans sa psyché, et notamment l’Alberick, morte, le visage déformée par la malédiction, qui jetait ses dents sur lui, ses griffes contre sa chair pour la lui arracher et s’en repaître.

Quand l’herboriste mit fin à son infernal sommeil, s’aidant en cela d'une claque magistrale, il lui sembla réchapper d’un rêve de ce genre, où une Denea mort-vivante s’apprêtait à fouir ses entrailles de ses mains crochues. La gifle le sauva en quelque sorte, et c’est presque libéré qu’Anton rencontra de nouveau la Denea réelle. Bien sûr, la chose n’était pas si positive, car un faisceau de douleurs diverses vinrent irradier son cerveau déjà confus. Sa tête, notamment, semblait abriter un cœur furieux battant la chamade et se tapant contre les parois de son crâne, qui lui faisait l’impression d’être comprimé. Le reste de son corps, à une échelle moindre, criait sa douleur, et ses os frottaient sa peau comme la pierre de l’ardoise. Et passer les affres corporels, un galimatias de sentiments contradictoires qu’éprouvait le milicien à l’égard de la boutiquière Alberick ajouta à sa confusion.

Aussi, quand il eut les yeux ouverts et vit le regard dur que posait Denea sur lui, un battement de cœur lui manqua, et sa respiration, pourtant lourde et fréquente dans son sommeil, s’était arrêtée nette. Silencieux et appréhensif, il ne put s’empêcher de détacher son regard brillant de fièvre de la jeune femme, incapable de rien faire de sa posture menaçante et raide. « Denea. » constata-t-il dans un souffle faible et enroué.
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