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 Poulet à l'étuvée (titre en construction)

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Denea AlberickHerboriste
Denea Alberick



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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptySam 30 Jan 2016 - 1:04
Tybald était tellement gentil, serviable, que s’en était presque trop. Elle avait bien vu son air lorsqu’elle avait expliqué que le service qu’elle lui demandait était de bouger l’ordure qui ronflait encore au sol. Elle ne pouvait être qu’en accord avec son rictus dégouté.

Il n’avait rien cassé au sens propre. Il n’y avait pas plus de pots qui avaient été brisés, il s’était seulement contenté de tomber mollement de sommeil dans un endroit parfaitement incongru. Connard jusqu’au bout le Gunof…

« Pas vraiment … enfin … »

Parce qu’il avait bien bisé quelque chose, du moins, il avait réduit en fine poussière ce qu’il avait déjà fait voler en éclats la première fois. Dans son esprit, la honte, la culpabilité, toute cette merde qui remontait, qui souillait et salissait se déchaînait. Il aurait été si facile d’empêcher tout cela … Maintenant qu’elle avait des idées à peu près claires, du moins, moins embrouillée qu’au cœur de la nuit. Comment n’avait-elle pas pu voir les bonnes choses à faire ?!

Son esprit céda. Elle était trop seule, trop abattue, il ne pouvait la tenir debout et garder tout cela a l’intérieur, s’était trop demander.

Nerveusement, la jeune femme passa une main sur son visage, ses yeux n’étaient plus seulement humides, à leurs coins perlaient de grosses gouttes qui finissaient pas rouleur suivant les traits fatigués de son visage.

« Je ne voulais pas, mais j’en pouvais plus, j’avais plus les moyens de résister. »


S’était une confidence faite à demi-mot, un aveu lourd aussi bien à prononcer qu’à entendre. Le peu de contenance qu’elle avait se dilua dans le long silence qui suivit, seulement perturbé par les bruits que pouvait bien faire Gunof toujours à leurs pieds. Instinctivement, cherchant seulement un peu de chaleur et de réconfort, Denea se laissa aller contre Tybald. Son corps était secoué par quelque sanglot qu’elle n’avait réussi à refréner.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyLun 1 Fév 2016 - 14:03
« KORF KORF » une explosion de toux interféra dans l’étreinte de la triste Denea et du pitoyable Tybald. Anton, à point nommé, faisait savoir sa présence, son réveil. « KORF KORF, arrgl… » Les yeux à peine ouverts, il se juchait sur ses quatre pattes pour amorcer sa lente remontée. Il essaya de se dégager sa gorge, si sèche de nouveau, tremblota un coup puis tourna la tête vers le couple enlacé. Derrière la silhouette à présent un peu plus familière de Denea était cette épaule réconfortante faite être humain de Tybald, ce qui lui arracha un grognement sourd. Il se releva plus rapidement qu’il ne l’aurait dû, pour ne pas rester en position d’infériorité vis-à-vis du rival qui abusait de son sommeil pour mettre ses sales pattes sur son herboriste. L’ascension le fit tanguer un instant mais il se retint sur ses jambes et le mur.

A la vision de Gunof se remettant si rapidement, si aisément sur ses guiboles, Denea serra un peu plus fort Tybald, qui se sentait lui-même des instincts de protecteur refluer. Anton s’en rendit compte, se passa une main sur le nez, et adopta le parti du sarcasme. Il avait hésité, le temps de ciller, entre différentes réactions. D’abord, le doute, les choses de la veille ayant gardé malgré tout un caractère de rêve qu’il n’arrivait pas tout à fait à extirper de sa cervelle, ensuite, la colère, colère de voir cette fille qu’il avait possédée – dans ses rêves ou dans le monde, la nuance n’avait aucun intérêt à cet instant –, dans les bras d’un autre, et enfin le sentiment d’être trahi, pour les mêmes causes que ci-dessus. Que faire alors ? Son inconscient lui rappela le baiser d’hier, celui qui avait fait basculer les deux êtres dans un coït à même la porte, pour le convaincre de la réalité de l’étreinte, et puis il (son inconscient) lui ordonna de considérer la situation sous le jour le plus mauvais. Cette petite gaupe de Denea, cette sorcière infernale, n’en avait rien à fiche de lui. Elle se jouait du pauvre Anton comme d’un caniche, et déjà elle le narguait avec ce minet, le même qui lui avait enfoncé la tête dans toutes sortes de bocaux hier dans la nuit.

Les sanglots n’étaient rien d’autres qu’une comédie, elle jouait au drame, la garce ! Elle aiguisait son nouveau bonhomme contre le malheureux Gunof, non contente de se contenter de lui enfoncer un dard de jalousie gros comme ça en plein le palpitant. Ah, l’infâme salope ! Il s’adossa un peu au mur, de peur de manquer d’équilibre, et couvrit ses yeux d’une main, son sourire apparaissant seul. Un sourire compliqué, au fait. Une grimace coincée entre le rire jaune et le mépris. « KORF KORF, » entama-t-il en essayant d’esquisser, justement, un rire. « Tu perds pas ton temps, l’herboriste… » Un œil entre ses doigts dépassait, goguenard parce que masquant la peine. « A peine défouraillée par le schwanz à myssègue que tu prêtes incontinent ton cul à un autre, hé ? J’te doutais vorace mais à pas à telle fréquence, Schätzchen. »

Denea put sentir le corps de Tybald se raidir face aux piques lancées par le milicien mal en point. L’ombre d’un élan se dessina même parmi ses muscles, mais quelque chose l’empêchait de passer à l’action. De nouveau, le blond était confus. Il fronçait même les sourcils d’incompréhension sans relâcher pour autant Denea, mais incapable pour autant de dire ou de faire quoi que ce soit, dans l’expectative.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyMar 2 Fév 2016 - 14:46
Il aurait été illusoire de penser que Gunof allait laisser un peu de répit, un temps de réconfort à Denea, il semblait mettre un point d’honneur à être un parfait salopard jusqu’au bout du bout. Si il avait espéré séparer l’herboriste de son gentil voisin. Apeurée par ce que je garde pouvait bien faire et attiré par cette présence rassurante qu’était Tybald, la jeune femme ne la lâcha pas loin de là se blottissant un peu plus contre lui. Ce dernier ne semblait pas vraiment s’en formaliser loin de là, trop heureux de pouvoir jouer son rôle de protecteur.

Il avait bien récupéré le milicien, enfin bien par rapport à l’état où on l’avait amené vu qu’il ne tenait pas vraiment solidement sur ses jambes s’appuyant sur le mur pour se maintenir debout. Cette vision ne rassurait pas vraiment l’herboriste, loin de là.

L’enfoiré, la crevure, il osait présenter les choses ainsi, comme si elle s’était offerte bien consentante à lui et qu’elle l’avait fait la fille légère. Si se faire passer dessus par le garde avait été aussi plaisant de se faire lacérer la peau, ses mots étaient comme l’alcool qu’on aurait appliqué sur ses plaies. Ils rajoutaient à sa souffrance.

La colère pointait au fond d’elle, mais ce n’était pas le moyen, à chaque fois qu’elle s’était laissé emporter sur Gunof elle l’avait payé. Ce n’était pas la bonne méthode. Elle resta impassible, ou du moins le plus qu’elle put ne laissant libre court à son sentiment que pas ses mains qui s’étaient crispées. Puis ce petit nom, cette intonation sarcastique…

« Vas te faire foutre, Schätzchen, ça te changera d’être celui qui se fait abuser.»

La phrase lui avait échappée, elle n’avait pu rester sans rien dire. Ce n’était pas juste. On sentait bien dans son ton qu’elle était rageuse, surtout lorsqu’elle avait réutilisé le petit surnom qu’il avait osé lui donner.

Elle ne niait pas, de toute façon, de toute façon nier cette nuit n’allait pas rendre ce qui s’était passé moins horrible, au contraire. A faire semblant, lorsque la réalité lui reviendrait en plein visage elle n’en ferait que plus mal. Sans compter qu’elle n’avait aucune preuve de ce qu’elle pouvait bien avancer.

Elle se sentait bien seule d’un coup s’attendant à ce que Tybald s’écarte après ses aveux indirects.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyMer 3 Fév 2016 - 14:26
L’insulte n’avait pas été bien prise par l’Anton, qui tira une grimace colère avant de retrouver son sourire. A Tybald, c’était le reste de la déclaration qui le remua. Denea ne put pas clairement voir comment son protecteur du moment réagissait en apprenant cette affaire, mais en voyant le rictus sardonique et contenté du soudard, elle eut un petit frisson. L’étreinte d’avec Tybald ne faiblit pas comme elle le craignit, elle ne se renforça pas non plus. Le gars, par contre, avait l’air pris d’un léger spasme. « Abuser… ? » lâcha-t-il finalement incrédule sans parvenir à formuler autre chose, encore sous le choc. Le garde, qui savait appuyer où ça faisait mal, n’attendit pas pour se jeter dans la brèche. Il retroussa ses babines pour laisser apparaître un ratelier en mauvais état et dit : « La seule chose qu’a été abusée cette nuit, c’est mon pauvre schwanz, j’en ai des douleurs rien qu’à l’y toucher ! » Et il ajouta le geste aux paroles dans un grand sourire triomphal, au dam d’un Tybald encore prostré. Le pauvre gus ne savait pas quoi penser de tout ça, sa respiration, serrée à la gorge, s’accélérait progressivement. Il était entredéchiré entre la colère et la honte, et plongé, actuellement, dans un grand doute. Il tanguait entre les deux sentiments, sans jamais lâcher Denea.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyMer 3 Fév 2016 - 16:41
Que répondre à ça ?

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire pour prouver que la version sordide et dégradante du garde n'était pas la réalité ? Rien. Rien de rien, pas plus que quelques instants au part avant. Denea se sentait prise au piège n'ayant rien pour étayer sa vérité, la vérité. Elle s'en voulait terriblement, la honte, la fatigue, le trouble, tout cela lui avait fait prendre les mauvaises décisions cette nuit. Peut-être qu'elle aurait pu éviter ces atroces moments.

Elle le haïssait, se trouvait stupide, se sentait sale si sale, malgré tout le soin et les heures qu'elle avait passé à essayer de faire disparaitre toute trace de cette foutue nuit. C'était de lui dont venait cette crasse.

Elle jeta un regard presque suppliant au milicien. Il avait eu tout ce qu'il voulait et pourtant il s'acharnait quand même, mettant une application qui forçait presque le respect à faire passer sa victime pour une vile tentatrice manipulatrice.

Un souvenir s'imposa dans son esprit. L'étreinte, le mur, cette obstination qu'il avait à l'embrasser.

« Je voulais pas … j'en pouvais plus. J'ai … j'ai essayé d'élever ses mains. Tout ce que ça a fait, me faire frapper. Je voulais pas. Je suis désolée. »

Les mots étaient sortis à mi-voix, peut-être dans un espoir désespéré que le garde de l'entende pas. Elle ne savait même pas vraiment pourquoi elle s'excusait. De s'être résigné ? D'avoir abandonné ?

« Fait pas quelque chose de stupide je t'en supplie.»

Dans sa voix mal assurée, on sentait parfaitement qu'elle ne voulait simplement plus d'ennuis, plus de problèmes, la nuit avait été assez rude comme ça.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyMer 3 Fév 2016 - 17:21
Tybald, à mesure que Denea confessait et s’excusait, s’agitait comme précédemment. Mais au spasme léger, presque pas remarquable, et unique s’étaient substitués de véritables tremblements. Il bouillait de rage. A chaque affirmation de l’herboriste sanglotante, il y avait qui plus est Anton qui toussait maintenant moqueusement. « KORF KORF-menteuse-KORF KORF, » « KORF-elleétait-KORF-moinsdésoléehier-KORF KORF. » La confusion était totale pour Tybald, et si la parole de Denea valait bien six fois celle d’Anton, les petites remarques acerbes de ce dernier le mortifiaient. Il avait parfois des élans de bagarre, et son corps esquissait un mouvement vers le goujat, mais à chaque fois, il sentait Denea se crisper et le retenir, l’empêcher de mettre à exécution ses envies de rétamer une bonne fois pour toutes ce gars et les images qu’il imprimait dans sa caboche.

« Il t’a forcé ? » demanda-t-il en se baissant vers elle, sa voix trahissant une vive émotion. Il avait besoin qu’elle lui dise, qu’elle aplanisse ce méli-mélo une bonne fois pour toute. Tybald ne rêvait que d’une chose, c’était de faire son devoir, il avait besoin de se réconforter dans les images familières du vengeur de la femme au temple violée, du chevalier blanc qui parvient à occire le dragon maléfique. Au fond, tout ce qu’il attendait, c’est une sanction morale, une carte blanche pour qu’il n’y pense pas en allant se coucher. Hélas, cette sanction ne fut pas donnée, du moins pas immédiatement. Anton répondit à la question, de bien peu amène façon.

« Mais quoi, ‘forcé’ ?! Elle s’est ouverte comme une fleur, à peine que t’as eu ton cul au dehors, bien au froid, qu’elle me baisait les lèvres. J’de'rais te remercier, d’ailleurs, que tu nous aies ainsi réuni, l’ami, arfarf. Mais vu l'état du braquemart, je sais pas si j'doye dire merci ou salaud. Ouïe ouïe ouïe !» Et il conclut ses piques en se touchant de nouveau le sexe via le tissu de sa courte tunique en mimant lune mine peinée par la souffrance.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyMer 3 Fév 2016 - 17:59
Il y tenait à sa version des faits idéalisés, romancée, la de menteuse sous le couvert d’une toux forcée. La seule bulle de bienveillance dans toute cette mauvaise foi et cette lourdeur était bien Tybald qui semblait la croire, bouleversé parce ce qu’il venait de comprendre de ce que la jeune femme lui avait confessé.

« Il m’a usé, jusqu’à ce que j’accepte, jusqu’à ce que je cède. Jusqu’à ce que je sois prête à tout pour seulement un peu de répits. »

La vérité, sans petits mensonges pour l’enjoliver et la rendre moins dur. Mentir de toute façon ne lui servirait à rien dans ce cas. Elle ne voulait pas se faire plaindre, ou venger, elle ne souhaitait qu’un peu de calme et de réconfort.

« Quand j’ai essayé de dire non, j’ai récolté une gifle, qu’est-ce qui se serait passé si j’avais continué à refuser… »

Le sentiment de culpabilité l’oppressait. Essuyant comme elle put avec son châle les larmes qui avaient roulé le long des traits tirés de son visage elle essaya de reprendre un peu de contenance, mais en vain. La stupidité, la honte, la colère, la résignation, l’indignation, la douleur, tout cela semblait l’étouffer en même temps.

« J’aurais pas dû te mettre dehors, pardon… excuse-moi. »
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyJeu 4 Fév 2016 - 11:28
Anton n’en pouvait plus de cabotiner ainsi. Tandis qu’elle confessait – ses mensonges, niait-il intérieurement – à Tybald, qui la serrait fort et la couvait d’un regard apitoyé et malheureux, tandis qu’ils étaient l’un à l’autre, comme perdus sur un nuage, loin du monde réel, il mourait en lui-même. Il détestait cette image d’Epinal, cette petite mascarade du couple malheureux qui s’étreignait. Il le détestait et le jalousait, de servir ainsi de parangon de droiture, le roc de sérénité qui apaisait la jeune femme en pleurs. Il la détestait et la haïssait, à ainsi pleurer sur son sort. Elle mentait, elle mentait elle mentait elle mentait. Ah ! La garce, elle qui l’avait embrassé, elle s’était donnée à lui, rien de moins ! Toutes ces déclarations, toute cette scène où, enlacés, ils ne faisaient plus attention à sa simple présence, s’apitoyaient l’un l’autre à propos de l’affreux serpent comme s’il ne fut pas là, comme s’il ne fut qu’un simple objet, un bloc de granit disposé là, sans oreille ni yeux.

Pourtant il voyait, il regardait, d’abord incrédule, puis affreusement peiné. Un coup de couteau n’aurait pas produit meilleure impression de trahison. L’intensité avec laquelle il la ressentit lui tira un frisson. Ses jambes tremblèrent sous le coup de l’émotion, et si les deux tourtereaux n’étaient pas plongés dans le regard de l’autre, ils auraient pu voir le visage de l’amant répugné prendre les traits d’un chien battu. Adossé, il était accroché à l’étage d’une étagère. Faible, très faible, qu’il se sentait, envahi intérieurement par un profond néant qui balaya, un court instant, toutes pensées. Il était abandonné par son herboriste, pis, rejeté dans les larmes. La violence de son témoignage le mettait plus bas que terre, et il ne rêvait que de disparaître dans un trou afin d’y pleurer toute son eau, tout son sel, toute la vitalité qu’il pouvait contenir. Il contint un hoquet assourdi, la gorge serrée et les yeux humides. Ses lèvres remuaient et sillonnèrent sur son visage pathétique une moue affligée de chagrin, et ce bien malgré lui.

Aussi n’en pouvait-il plus de cabotiner. Il était impuissant à masquer une nouvelle fois les affres qui pesaient sur son cœur, de grimer l’amertume de l’amant jaloux et la sensation de déréliction, d’abandon total, qui l’écroulaient, le ruinaient. Dans ses rêves même, il n’avait pas su imaginer une telle situation, et aucune des Denea oniriques, aucune des vengeuses, aucune des succubes qui avaient incarné la silhouette de son herboriste n’avaient su le blesser aussi profondément tout au long de ses tribulations cauchemardesques. La réalité s’était faite plus désolante qu’aucun des scénarios qu’avait pu tisser son inconscient.

Alors il avait assez moqué, ses pitreries avaient fait leur temps ; tout cela ne suffirait plus à draper son abattement, à masquer l’abcès enflé de détresse prêt à éclater et s’écouler par ses yeux en couilles d’hirondelle. Mais Tybald le sauva. Quand il se détacha d’une Denea en sanglots, il tourna un regard furieux d’un père courroucé sur Anton qui, passé la surprise, s’endurcit instinctivement face à l’hostilité de son rival. Ses petits yeux s’asséchèrent (pas, selon lui, assez) vite, sa trogne se ferma, sa mâchoire se serra à en faire péter ses chicots. Passés les tremblements de colère qui agitait ses membres, il essuya les injures de l’ancien charbonnier reconverti gardien de la vertu de Denea comme s’il fût un roc.

« Tu l’as efforcée, salaud ! Espèce de raclure, tu mérites pas d’exister, tu mérites que d’être saigné comme un porc… Violeur ! Esforceur ! je sais pas ce qui… »

L’homme du Guet l’interrompit dans une explosion mal contrôlée, une voix forte et éraillée, dans un cri entrecoupé par un souffle saccadé, répliqua agressivement.

« T’accuses un homme à Sigfroi ! Un féal du duc ! Ravale tes sales mots, huresohn ! » Il pointait un doigt tremblant vers le couple d’incriminants, sa gueule rouge déformée par une expression colère. Il se tenait à l’étage du meuble comme si ce fut la rambarde d’un navire dans une tornade. « Gare ! Gare, ou j’aurai ta langue en plus de tes foutues mains ! Et toi, sale sorcière, sale putain, sale menteuse, crois pas que… » Son cri s’était apaisé, sa voix s’étaient faite contrôler, à mesure que le malade vomissait ses menaces. L’intonation calmée n’enlevait rien à l’horreur de la performance, et plus il parlait, plus le couple comprenait que ce n’était pas seulement un accès de folie passagère qui animait ses paroles. C’était une sentence qu’il proférait, une promesse qu’il avait commencé à leur faire. Il jurait de se venger. On tambourina à la porte, la tirade d’Anton s’éteignit en pleine lancée, et tous fixèrent l’entrée.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyJeu 4 Fév 2016 - 17:45
Non, non, non !

Tout était reparti de travers encore. C'était encore sa faute, Denea s'en voulait elle n'aurait pas dû contredire de garde. Tout ce que cela avait amené s'était des éclats de voix et des menaces. Ses derniers mots étaient terrifiants, proférer d'une voix presque clame.

Elle n'eut pas le privilège de savoir ce qu'il voulait lui faire. Car quelqu'un signalait sa présence à porte en frappant. Pourtant, les mots de l'homme avaient suffi à blesser encore un peu plus la jeune femme.

Avec sa manche, elle essuya ses yeux, pour leur rougeur, au pire, elle pourrait dire qu'elle n'avait pas assez dormi, ce ne serait qu'un semi-mensonge. Grâce à son pensionnaire, elle n'avait presque pas fermé l'œil, ne cédant à cette nécessité que lorsqu'elle n'en avait plus pu.

Jetant un nouveau regard suppliant au milicien, l'herboriste posa une main pas très assurée sur la poignée de la porte. Pitié, qu'il ne fasse pas d'esclandre, pitié qu'il reste calme, pitié que tout cela s'achève. Une fois qu'elle fut ouverte, elle découvrit le même petit groupe qui avait rejoint le babilleur la veille.

Elle les laissa entrer, les saluant poliment, mais ne les regardant que brièvement pour qu'ils ne notent pas trop sa mine si terne.

« Merci Tybald d'être passé, tu devrais t'occuper des volets maintenant. »

Elle s'était adressée au blond avec un sourire peu convaincu. Si elle l'envoyait dehors s'était surtout pour qu'on ne lui pose pas de question sur la présence de l'homme. Cependant, se sentant dans une situation fragile, dangereuse, elle laissa la porte entrouverte une fois que le gentil voisin fut sorti. Ainsi, il pourrait suivre la situation.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyVen 5 Fév 2016 - 15:00
La porte ouverte, Denea, les larmes à peine rentrée, le visage à peine nettoyé de ses sillons, reconnut sans mal les deux petites fentes qui semblaient servir d’yeux aux membres du clan Gunof. C’était la sœur, ou la parente, ou qui qu’elle puisse-t-être. C’était, en tout cas, cette femme qui avait déjà fait irruption, la veille, dans la boutique, à la recherche d’Anton, celle qui avait voulu le rapatrier dans la sûreté de son foyer mais s’en était bien gardé quand Gunof, encore plein de bile, avait décidé de la vomir à qui s’approchait. Elle avait fait retraite, son mari souillé des vomissures du beau-frère mal en point au bras, mais il était à présent clair qu’elle ne s’était pas avouée vaincue. Après avoir harcelé son monde, elle avait soulevé ses troupes de nouveau, et avec une diligence incroyable. La preuve : le jeune Heinrich Geist était de sa suite. Le jour n’était pas encore tout à fait bien levé, et la harpie avait dû faire montre de trésors d’ingéniosité et de sous-entends intimidants pour tirer le malheureux fils de famille de sa paillasse à une heure aussi indue.

Ainsi revenait-elle à la charge, poussé par un soupçon qui l’avait fait mal dormir, un doute qui la titillait et lui disait que cette affaire de pension d’Anton était une mauvaise idée. Intuition féminine ? La sœur avait peut-être un peu du discernement de son garde de frère, et avait bien constaté qu’il y avait anguille sous roche. Pas question de laisser son gros con de frère une journée de plus dans cette herboristerie, non non, hun-hun. Son mari avait cédé, et était de sa suite. Un autre homme, à la moustache glorieuse et à l’habit assez riche, que quarante années d’amour pour la bonne chère avait rendu pansu, l’accompagnait pour la première fois.

Ainsi, la petite escorte de dame Gunof – Denea ne pouvait que déduire son nom de jeune fille – se composait-elle de trois hommes : son mari, Heinrich Geist et cet ogre moustachu. Ceux-ci saluèrent un peu gêné l’herboriste aux traits fatigués, la femme n’en fit rien. Elle la scrutait incrédule, quelque chose de furieux naissant dans le fond de ses yeux bridés et défiants. Denea détourna le visage, mais c’était trop tard, le regard inquisiteur l’enserrait déjà. Et dire que la sœur l’avait trouvé fatiguée la veille ! L’herboriste n’était plus qu’une ruine, elle le sentait même dans sa démarche.

Le malaise qui s’était instauré fut d’autant renforcé par un Tybald confus. L’ancien charbonnier n’était pas coutumier de tel changement de situation, et quand Denea la congédia pour essayer de dissimuler le pot aux roses, il lui fallu un long moment de flottement avant qu’il n’emboîte le pas à la petite supercherie de l’herboriste, et pauvrement qui plus est. Il lâcha un « oui » pour confirmer pauvrement ce que Denea lui demandait de confirmer et passa devant les gens qui entraient, disparaissant de l’herboristerie.

C’était, à vrai dire, Gunof qui lâcha le moins d’informations. Sa gueule monstrueuse de rage avait disparu au moment où l’on frappa à la porte, et quand il vit un bout de son clan investir les lieux, il les salua, le visage fermé. Les contusions qui marquaient sa face trahissaient cependant quelque scandale, et la sœur regarda le frère horrifiée. Elle s’adressa directement à Anton en s’approchant de lui pour lui demander de quoi il en retournait. La panique la gagnait, la crainte aussi, quand Anton refusa qu’elle ne le toucha tout en essayant de se redresser quand il lâcha l’étagère à bocaux.

« Y s’est rien passé » fit-il d’un ton péremptoire, sa voix raclé par sa gorge sèche. Il essaya de contenir une quinte de toux, ce qui échoua et l’amplifia, et sa sœur en profita pour lui attraper un bras. « Y s’est rien passé que j’te dis, klär ? » répéta-t-il plus fort comme la sœur abattait un regard étincelant d’indignement sur l’herboriste et s’apprêtait à l’interroger ou la tancer. Pour mieux faire savoir son autorité, Anton attrapa sa petite sœur par l’épaule, et comme il était encore faible, s’appuya un peu sur elle. Elle détourna son ire et se reporta à son frère, qui frissonnait. Nouveau regard de haine pour la jeune herboriste, puis elle commanda au gros moustachu de donner sa cape à Anton. Celui-ci ne se le fit pas dire deux fois, et bientôt Anton était dûment couvert et entouré. Geist, qui contemplait la scène passivement, profita de cette instant pour s’introduire, saluer du bout des lèvres Denea. Il était sur le point de sortir quelque bourse quand le malade l’interrompit. « La paye pas. Elle prendra pas d’argent de notre part. » déclara comme s’il disait la loi.
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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyVen 5 Fév 2016 - 17:07
L’injustice de la situation était criante. Du moins pour Denea elle l’était, mais malheureusement ce n’était le cas de personne d’autre dans cette petite pièce.

S’était elle qui avait passé une journée et une nuit, surtout une nuit, digne de ses plus atroces cauchemars, ayant tout fait, même le plus dégradant, pour essayer de maintenir le garde en bon état et pourtant la mégère la regardait comme si elle avait rendu l’ordure en mille morceaux. Il était en vie, debout et ne crachait plus de monceaux de miasmes noirs répugnants, s’étaient presque un miracle en soit. Pourtant non, tout ce qu’elle semblait voir était ces saloperies de trace de bagarre.

Il ne voulait pas la payer. En soit s’était presque un soulagement, le tintement des pièces sur le parquet la dernière fois que le monstre était venu lui avait hanté l’esprit un moment.L’herboriste les laissa partir, sans rien dire, sans un mot de toute façon, il n’y avait aucun mots sortant de sa bouche qui pourrait faire que tout cela s’arrange. Il avait tout dévasté, il ne pouvait pas s’en tirer ainsi, ce n’était pas juste ! Si il ne payait pas de sa personne au moins qu’il paye de sa poche.

Partager entre sa résignation, son abattement qui lui disait de ne surtout pas faire de vague, de se taire, d’être juste polie et comme ça tout serait fini plus vite. Plus vite ils partiraient, plus vite sa sale trogne de salaud disparaîtrait du paysage, pour toujours elle l’espérait. Mais aussi sa douleur et sa hargne qui la poussait à protester à réclamer. Il n’avait pas le droit de partir comme une fleur après toute la merde qu’il avait laissé.

Tous les souvenirs des fois où elle avait essayé de se rebeller lui revinrent. A chaque fois elle avait payé et souffert un peu plus.

Elle se tue donc, se faisant une dernière fois violence pour son propre bien. Après cela, ça serait fini, vraiment fini.

L’herboriste les laissa partir, sans rien dire, sans un mot de toute façon, il n’y avait aucun mots sortant de sa bouche qui pourrait faire que tout cela s’arrange. Tout ce qu’elle pourrait faire ne serait que d’empirer les choses.

Sur le pas de la porte elle les regarda partir comme Tybald, qui était toujours en train de s’occuper des volets. En réalité elle attendait qu’il soit loin. La menace du garde furieux la travaillait encore.

« Tybald … Une fois que t’as fini ça, tu devrais partir. Je veux pas dire juste rentrer chez toi, je veux dire vraiment partir, prendre tes affaires et foutre le camp. Il est pas du genre à plaisanter celui-là … »

Elle semblait mortifier de lui prodiguer un tel conseil. Mais que valait-il mieux ? Attendre de voir si Gunof avait le bras assez long pour exécuter sa menace et se retrouver avec un homme sans mains, incapable de faire quoi que ce soit et de survivre. Ou prendre le parti d’imaginer le pire et essayer de refaire sa vie ailleurs ?

Recommencer… Cette idée caressa un instant l’esprit brisé de Denea. Quelle était douce cette possibilité.
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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Re: Poulet à l'étuvée (titre en construction)   Poulet à l'étuvée (titre en construction) - Page 4 EmptyLun 8 Fév 2016 - 14:05
Lancer de dé. Tybald prendra-t-il au sérieux le conseil de Denea ? Pair : Oui. Impair : Non. Résultat : 4. Tybald n'est pas con, il comprend ce qui risque de lui arriver. Lanceur : Alexandre von Blutfeld.

Tybald et Denea regardèrent la petite procession des Gunof disparaître au détour d’une rue, leur blessé tenu par deux des hommes. Ils avaient obéi avec plaisir à l’ordre d’Anton, ils n’avaient rien donné, s’étaient gardés de poser aucune question. Ils laissaient l’herboristerie Alberick comme, effectivement, des fleurs ; cette étrange rencontre s’évaporerait en un souvenir trouble et vague tant que le garde Gunof garderait le silence. Sa famille, le sachant remis, le laisserait gérer son affaire comme il l’entendait. Il ne faisait, de toute façon, jamais bon d’en savoir trop.

Quand enfin ils furent loin, les deux malheureux, l’ancien charbonnier et l’herboriste se regardèrent en silence et gravement. La jeune femme, la mort dans l’âme, lui prodigua son conseil. Alors il fallait fuir, se mettre à l’abri de cette ordure qui avait fait tant de dommages et causé tant de malheurs dans la petite boutique. Tybald écouta sans réagir cette triste suggestion de la non moins triste Denea. Il se laissa encore un peu le luxe de la regarder sans rien dire, puis lâcha son maillet, qu’il tenait mécaniquement depuis le départ des Gunof et s’approcha d’elle. Elle le dominait à peine bien qu’elle fut sur le parvis de sa boutique, et à mesure qu’il se dirigeait vers elle, elle lit sur le visage durci de Tybald que ce dernier avait pris une décision. Il passa la dernière marche et fut sur le pas de la porte de l’établissement Alberick. Il la prit entre ses bras et ferma les yeux, l’étreignit avec puissance, presque désespérément.

Ca ne lui faisait rien, de quitter cette ville maudite. Il avait vécu la majorité de sa vie dans les bois, dans la solitude, loin des urbains, de la promiscuité des remparts, de l’injustice de Marbrume. Sa famille, ici, survivrait aussi bien sans lui, et cet incident, au fond, n’était que le déclic qui lui permettait enfin de mettre à exécution quelque chose qu’il avait longtemps effleuré du bout de l’esprit. Partir.

Et comme il l’enlaçait tendrement, à son oreille il lui demanda de venir avec lui.
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