[Intrigue] Une rumeur persistance

Sujet: Re: [Intrigue] Une rumeur persistance Ven 20 Nov 2020 - 22:34

Après un court instant de réflexion, Victor me laisse gérer la situation, demandant juste que je fasse le moins de victime possible. Je me vois mal tuer un garde en pleine rue et je peux donc lui dire d’une voix assurée :

Ne vous en faites pas, je peux être très persuasif quand j’y mets les moyens.

C’est sûr que je n’arrive pas à la cheville du comte pour convaincre les gens juste en leur parlant normalement, mais j’arrive en général très bien à les intimider, je pourrais même dire que c’est ma grande spécialité, à égalité avec le maniement de mon épée à deux mains. C’est pourquoi lorsque le mercenaire nous apostrophe de manière bien cavalière, je lui réponds d’un ton très dur :

Tu crois parler à qui, le bouseux ?

Sans même dégainer mon arme je m’approche tandis que le soldat, surpris par ma réaction recule, essayant de garder une distance de sécurité. Je vois dans ses yeux qu’il hésite à tirer son épée alors que je suis désarmé et finalement il se retrouve acculé contre le mur. Mais j’ai affaire à un vétéran et se voyant piéger, il commence à tirer son arme mais je lui parle à nouveau avant qu’il aie fini son mouvement :

Si tu oses m’attaquer, je vais tellement te faire mal que tu m’imploreras de t’achever.

Je souris d’un air très menaçant, comme si j’étais sûr de la casser en deux, rien qu’avec mes énormes mains, ce qui est possible, l’homme qui me fait face ne porte pas de casque et moi j’ai écrasé des crânes rien qu’avec mes mains. Voyant qu’il hésite, je pousse mon avantage :

Mon maitre est attendu, alors soit tu t’inclines bien bas et tu nous laisses passer, soit je te réduis en petit tas sanglant, tu as bien compris ?

Lancé de dés:

Je vois le visage l’homme blanchir d’un seul coup et il replace son épée dans son fourreau avant de me dire d’une voix où je peux sentir sa peur :

Toutes mes excuses mon seigneur, je ne savais pas.

Il s’incline ensuite vers le chef de la maisonnée des Rougelac et lui dit :

Je vous souhaite la bienvenue chez Dame Mohartie.

Ce nom me dit quelque chose, une veuve d’une trentaine d’année de la haute bourgeoisie, possédant plusieurs élevages dans les faubourgs, ce qui expliquerait comment elle connaissait les deux femmes de la taverne. On m’a dit qu’elle était assez jolie mais que la mort de son mari était très suspecte, de toute évidence cette donzelle sait ce qu’elle veut et est prêt à tout pour l’obtenir.

Je passe donc devant le garde et j’ouvre la porte pour faire entrer mon noble allié. La bâtisse est plutôt bien agencée mais elle n’est pas vraiment entretenue et je comprends pourquoi quand je vois le serviteur qui nous accueille, il s’agit d’un vieil homme d’une soixantaine d’année, à moitié aveugle et complètement chauve, il nous regarde en plissant les yeux, mais je n’arrive pas à déterminer s’il nous reconnait ou pas et nous demande d’une voix fatiguée :

Messires, qui dois-je annoncer ?

Sujet: Re: [Intrigue] Une rumeur persistance Lun 23 Nov 2020 - 13:32

Le Comte venait en quelque sorte de mettre une fois de plus à l'épreuve son nouvel allié et il assista aux échanges de sa position quelque peu en retrait. A sa grande surprise et satisfaction, il put constater que Ser Desmond Rochemont n'était pas qu'une brut sans cervelle. Certes, il n'utilisait pas l'art de l'étiquette comme son complice mais il avait sa manière à lui de convaincre en profitant de son physique presque disproportionner. Comme Victor pouvait s'en douter, le mercenaire était loin d'être insouciant au point de risquer sa vie dans un duel qui semblait plus que le désavantager. Persuasif, il finit donc par contraindre la sentinelle à laisser l'accès au deux noble à la bâtisse. Un simple hochement de tête à l'attention de Desmond pouvait faire comprendre à ce dernier toute la satisfaction quand au déroulement et à la conclusion des échanges.

Ne se formalisant pas sur la révérence du mercenaire, Rougelac passa donc à coté de lui sans lui prêter le moindre intérêt avant de pénétrer les lieux à la suite de son allié. Victor retint toutefois une information capitale, leur prochain protagoniste dans cette affaire était une femme, une certaine Dame Mohartie. Rompu à l'exercice du savoir en terme d'entregent et d'héraldique, il savait alors avoir à faire à une bourgeoise en pleine essor bien que le serviteur qui nous accueil ne faisait certainement pas honneur au prestige de cette dernière.

Le menton redresser, l'air un tantinet hautain, il rajusta sa tunique et prit le temps de détailler le vieil homme puis le cadre plus cossu avant de s'éclaircir la voix et révéler son identité. De toute évidence, celle qu'ils allaient rencontrer ne pourrait que reconnaitre Rougelac, alors, autant jouer carte sur table pour une fois.

- Le Comte de Rougelac. Je vais vous faire grâce de tout mes titres, ils sont nombreux et vous semblez bien trop vieux pour tous les retenir. Je suis certain que votre maîtresse saura trouver quelques minutes à nous accorder.

Se faisant, il échangea un cours regard avec Desmond, le pressant de rester sur ces gardes. Certes, l'environnement où le duo allait œuvrer était moins dangereux en apparence, mais seulement en apparence. D'ailleurs, dès lors que le domestique aurait disparut, il glissa quelques mots à son acolyte.

- Restez sur vos gardes, le danger peut surgir de partout, même d'une coupe de vin ou d'une douceur sucrée ou salée qu'on vous proposerez...

Sujet: Re: [Intrigue] Une rumeur persistance Lun 23 Nov 2020 - 21:10

Je suis surpris par la réaction de Victor, j’aurais pu facilement couper le serviteur en deux, pas de témoin, une cible à moitié aveugle incapable de se défendre, mais à la place il préfère se présenter comme si nous étions venus prendre le thé ! En tout cas ça fonctionne car le majordome semble connaître son titre, ce qui ne m’étonne guère, vu son âge il a eu le temps d’apprendre par cœur tous les noms des habitants de l’Esplanade.

Il nous indique donc d’une voix usée, mais toujours aussi guindés :

Si ces messires veulent bien me suivre, je vais les amener en présence de la maitresse de maison.

Une fois qu’il s’est retourné, mon associé me prévient de ne rien manger ni boire de peur d’être empoisonné. Cela me parait complètement fou de gâcher ainsi de la bonne nourriture, dans quel monde vit-on s’il y a des monstres capables d’une telle vilénie ! C’est à désespérer de l’humanité ! Pourtant je dois me ressaisir malgré le choc, mon allié a besoin de moi et c’est donc d’un pas décidé que je le suis tout en lui murmurant :

C’est bien compris.

Nous arrivons ainsi dans une espèce de pièce qui ressemble à un boudoir avec deux sièges et une petite table où se trouve quelques tasses dont deux encore fumantes. La propriétaire des lieux est présente car le majordome nous introduit en ses termes :

Dame Mohartie, le Comte de Rougelac souhaite s’entretenir avec vous.

La femme se lève, plutôt grande, elle est maigre comme un clou mais son visage est beau, des yeux bleus encadré par des longs cheveux blonds, ce qui rattrape un peu le coup. J’attends quelques secondes mais le majordome ne me présente pas, me trouvant sans doute insignifiant, ce que je trouve très vexant. Je me promets si les choses tournent mal, de lui briser la nuque en premier, puis je reste debout près de lui, comme si je n’étais qu’un simple chevalier, laissant Victor mené la conversation.
En tout cas elle semble au début surprise par notre visite, mais elle se reprend très vite et demande à mon associé :

Les Trois sont généreux envers moi aujourd’hui, que me vaut l’honneur de votre visite ?

Elle attend patiemment la réponse puis nous questionne :

Peut-être avez-vous une petite faim ?

Alors qu’il y a déjà des gâteaux au miel sur la table elle va jusqu’à une bonbonnière et l’ouvre, montrant des gâteaux au réglisses. Elle les propose au comte, puis à moi, et je décline en bougeant la tête, repensant aux paroles échangées plus tôt.

Finalement elle se rassoit, parfaitement à son aise et sert dans une nouvelle tasse un peu de thé avant de la présentant à mon allié. J’ignore complètement si mon allié va réussir à lui faire cracher le morceau, nous sommes là pour retrouver celui qui se fait passer pour le fils de l’ancien roi et pas pour jouer à la dinette ! Je suis sûr qu’une petite séance de torture fera parler cette gonzesse, car je sais me montrer particulièrement prévenant avec les femmes.

Sujet: Re: [Intrigue] Une rumeur persistance Mer 25 Nov 2020 - 13:04

Rougelac ne se formalisait nullement sur le domestique qui les guidait jusqu'au boudoir de réception. Desmond avait été averti de faire attention à toute collation qu'on pouvait lui proposé et Victor pouvait ainsi sereinement aborder la suite de leurs péripéties. Devant ses yeux se dessina finalement la silhouette maigrichonne de la propriétaire des lieux, qui passa bien vite d'un état de surprise à une certaine forme de maîtrise de ces émotions. Tout comme le mondain, la bourgeoise baignait naturellement dans un art parfait de l'étiquette, une chose qui plaisait par nature au Comte de Rougelac, s'exécutant promptement dans une révérence impeccable à l'endroit de la femme.

Se faisant, il laissa la bourgeoise vaquer à la bienséance en offrant de quoi se restaurer à ces deux invités. D'un geste élégant de la main, le quadragénaire déclina alors toute collation avant de laisser la femme se rasseoir et comme le voulait la coutume dans la bonne société, il prit place dans un fauteuil dès lors que son hôte le lui permit. Il rajusta alors sa tunique puis croisa les jambes afin de prendre ces aises dans une posture guindée pour ensuite, d'un bref regard, invité son allié à prendre également place non sans rester sur ces gardes.

Il se racla alors la gorge puis toisa la bourgeoise avant de se lancer dans ce qu'il savait le mieux faire, la verbe d'usage.

- Je vous remercie. Votre accueil est à la mesure de votre statu. Vous faites partie de cette nouvelle classe sociale, en pleine essor. J'imagine que vous devez apprécier vos nouveaux privilèges qui vous rapproche un peu plus de la noblesse marbrumienne ?

Il lui adressa un sourire entendu avant de reprendre.

- Mais je ne suis point là, avec mon associé ici présent, Ser de Rochemont, pour vous conter fleurette ou vous faire part d'une proposition d'alliance. Non, bien que... qui sait si l'avenir ne m'engagera point dans cette voie. Pour tout vous dire, l'on m'a rapporter votre adresse pour une toute autre raison. En vraie… une affaire qui semble causer le trouble jusque dans les couloirs du château. De source sûre, il semblerait que vous soyez impliquer dans cette rumeur que vous connaissez certainement. Celle là même qui remettrait en doute la légitimité de notre Roi.

Il se frotta alors le menton, faussement pensif avant de rajouter.

- Si votre nom, Dame Mohartie, s'avère être associé à un complot qui aurait pour objectif de faire tomber notre gouvernance... vous pourriez tout à la fois devenir une grande gagnante comme une grande perdante. Vos nouveaux acquis sont un faite, mais prenez garde à ne point les voir s'envoler. Pour l'heure, n'ai-je nulle intention de divulguer une quelconque participation de votre part dans ce qui semble s'apparenter à un "complot". Avant de prendre la moindre décision à cet égare, voudrais-je connaître votre réelle implication.

Il toussota de manière théâtrale avant de conclure.

- Mais suis-je maladroit. Ai-je omis de vous dire la raison même de ma visite. Alors voilà, il semblerait que vous ayez accordé crédit à un voyageur qui se prétend être notre légitime suzerain. Il se serait rendu à votre adresse, peut-être pour y trouver un soutien ? J'ai conscience de l'accusation que je vous porte, mais vous devez sans doute également avoir conscience qu'un tel acte de trahison envers la couronne pourrait vous nuire. Imaginez ces informations arrivent aux oreilles du Roi...

Avant de poursuivre, il était nécessaire de prendre la température de son interlocutrice. Comment allait-elle réagir ? C'est bien ce qui intéressait le Comte avant d'envisager la suite des évènements.

Sujet: Re: [Intrigue] Une rumeur persistance Mer 25 Nov 2020 - 22:12

La bourgeoise baisse modestement les yeux quand Victor commence à la complimenter et elle répond à sa première phrase par un simple :

Vous êtes trop bon avec moi, messire.

Pour moi, elle est complètement hypocrite mais ce n’est pas fini, car lorsque le comte parle d’alliance elle ne peut s’empêcher de sourire et je vois même ses yeux briller tellement elle est intéressée. Pourtant je vois son joli visage se tordre en une grimace quand il commence à parler de la raison de notre présence.

Et ce ne sont pas les explications de mon allié qui la tranquillise, bien au contraire et elle jette un regard vers la porte de sa chambre avant de reprendre :

Je vous jure sur les Trois, que je suis une fidèle partisane du nouveau Roi et que les personnes qui ont parlé sur moi, ne sont que des menteurs jaloux de mon succès, s’en prendre à une pauvre veuve sans défense, c’est vraiment très bas.

Mais Rougelac n’en a pas fini car il lui assène plusieurs uppercuts oraux et finalement elle joue la carte ultime de toute femelle et elle se met à pleurer à chaude larme, chose que je déteste. Mais lorsque Victor arrête de parler, elle s’essuie délicatement les yeux et nous dit dans un ton parfaitement normal :

Je suppose que si vous n’avez pas appelé le Roi, c’est parce que vous avez une idée derrière la tête ? Beaucoup vous prennent pour quelqu’un d’ambitieux, trop même selon certain et ils seraient ravis de vous voir chuter.

Ayant complètement abandonné son rôle de femme soumise, elle nous regarde d’un air que je pourrais qualifier de carnassier, identique à celui d’un serpent ayant trouvé des souris dans son nid et demande au comte :

J’ai en effet cet homme et je suis prêt à le partager avec vous, imaginez ce qui va se passer si le maître de Marbrume meurt de sa belle mort ou assassiné ? Mon joker pourra rassembler autour de lui un grand nombre de partisans et ainsi éviter une véritable guerre civile, je ne fais ceci que pour préserver l’humanité.

De nouveau je sens cette hypocrisie dans ces paroles, j’ai bien envie de la secouer pour qu’elle révèle ce qu’elle pense vraiment, je la sens prête à tout, il n’y a qu’à voir ce qui est arrivé à son défunt mari. Le mieux se serait l’obliger à gouter à chacun de ses biscuits, s’ils sont inoffensifs je pourrais manger toute la boite et s’ils sont empoisonnés, elle mourra, ce qui me conviendra tout à fait.

Mais en ce moment, nous sommes sur le territoire du marchandage et c’est Victor qui est le mieux armé pour y combattre, c’est un peu comme s’il avait une épée à deux mains et moi un coutelas. Je reste donc silencieux, mais prêt à intervenir dès qu’il m’en donnera l’ordre, je ferais bien un tour dans sa chambre, j’ai quelques raisons de penser, avec le nombre de tasses et la direction de son regard que notre objectif est à portée de main.

L'hypocrisie faisait l'adage de la noblesse et Rougelac ne se formalisait donc pas sur les bons mots de la bourgeoise. Par contre, le Comte scrutait attentivement chaque réaction, chaque pincement de lèvres, chaque regard qui pouvait trahir Dame Mohartie. Si la maîtresse des lieux brillait dans l'art de la dramaturgie, s'offrant un instant dans une vulnérabilité de circonstance, elle reprit finalement une attitude plus carnassière, cherchant alors à trouver un compromit avec l'homme, ce visiteur impromptu, qui l'a mettait face à ces responsabilités de complotiste.

Victor était un intriguant de première classe et il ne boudait pas son plaisir d'assister à l'improvisation théâtrale de ce personnage en plein essor social. Elle admit être en possession du dit héritier légitime et s'en trouva même à vouloir partager ce "joker" (celons ces termes) avec l'homme qui était venu enquêter sur ces rumeurs qui semaient le trouble sur l'Esplanade. Gage que ces méthodes de manipulateur semblaient porter leurs fruits, Rougelac restait toutefois sur ces gardes, ne prend pour argent comptant les révélations de la donzelle.

Dame Mohartie cherchait un exutoire à cette situation qui pouvait lui être défavorable et la meilleur des choses à faire pour le Comte était de lui faire croire qu'il mordait à l'hameçon. Tout était une histoire de "subtilité", cela l'avait toujours était pour Victor et le resterait, c'était sa signature, diraient certains. N'interrompant pas son interlocutrice, le mondain ne fit qu'acquiescer par de brefs hochements de tête puis fit mine de méditer de longues minutes durant face à ce marchandage avant d'éclaircir sa voix.

- Admettons, Madame Mohartie, que je puis être enclin à accepter votre offre. Qu'ai-je à réellement y gagner ? Les risques sont conséquents pour des bénéfices bien... maigres. A moins que... vous ne flattiez mon âme d'ambitieux ? Dans ce cas, je me verrais dans l'obligation de vous demander de me céder les pleins pouvoirs afin de pouvoir tirer les ficelles de cette intrigue.

Donner l'espoirt d'un compromis à la bourgeoise, voilà l'objectif du Comte avant d'émettre une configuration totalement contradictoire.

- Mais... je pourrais tout autant vous dépouiller et m'en attribuer tous les lauriers ? Si vous détenez cette personne, alors, n'aurais-je qu'à le cueillir ? Ici même peut-être, avec la participation de mon ami ici présent qui a su sans peine dissuader votre homme de main ? J'hésite... et je me forgerais bien une décision si vous étiez en mesure de tout me révéler sans la moindre hypocrisie. Gardez donc pour les cercles de la Haute cette attitude car votre position n'est pas a votre avantage à l'heure où nous devisons.

Il jeta un regard vers Desmond, prêt à lui donner carte blanche si l'hôtesse continuait à ce petit jeu. Victor cherchait à acculer la dame, restait à savoir si sa force de persuasion allait opérer ou non, auquel cas, la manière forte serait de mise et qui mieux que Ser Rochemont pour sa mise en oeuvre ?

Citation :

J'imagine que tu peux peut être lancer les dés sur ce coup là ? A ta guise

La discussion entre les deux acteurs de la pièce de théâtre continus, si Victor lui répond assez gentiment au début, essayant d’obtenir la direction de toute l’affaire, il passe bien vite à la vitesse supérieure, menaçant sans aucune hésitation la maitresse des lieux, me faisant passer pour un véritable danger ce qui est absolument vrais. C’est maintenant que je peux m’amuser et prenant tout mon temps, je passe derrière la bourgeoise et je me baisse lentement pour sentir ses cheveux, humant son parfum délicat.

J’ai remarqué que faire ce geste inquiétait beaucoup les femmes, même si je n’ai jamais compris pourquoi. Cette fois-là fonctionne aussi, car je la sens trembler et dire à Victor :

Vous n’oseriez pas.

Toujours dans son dos, je lui dis tout bas au creux de son oreille :

Lui non, mais moi si, j’ai toujours voulu savoir quel goût à une femme avec du pouvoir.

J’exagère bien sûr, j’ai déjà pu me faire une noble, son mari ayant perdu son château, elle ne possédait plus grand-chose, mais son attitude, son sang bleu avait quelque chose, comme un fumet, vraiment incomparable, peut-être mon fameux côté gastronome. Elle a crié pendant des heures, et c’était considérablement distrayant, je ne sais pas si dame Mohartie sera capable de cette performance, mais j’ai bien envie d’essayer, sans doute mon côté joueur.

Pourtant, alors que je pensais l’avoir suffisamment effrayé et être sur le point de craquer, elle se ressaisit et nous dit :

Peu importe ce que vous me ferez ce ne sera jamais pire que ce que m’a enduré mon défunt mari.

Je hausse les sourcils, elle est encore en vie, c’est la preuve que je peux être bien plus méchant que son époux décédé. Mais je vois dans ses yeux qu’elle ne plaisante pas, elle a connu l’enfer et je vais avoir du mal à la persuader, d’ailleurs elle enchaîne, s’adressant directement à Victor :

Vous avez besoin de moi, j’ai su gagner sa confiance et il est même amoureux de moi, il ne vous pardonnera jamais si vous me faites du mal. Je vous propose à nouveau d’être mon partenaire dans cette affaire, votre influence pourra énormément simplifier les choses quand le temps sera venu.

Elle essaye vraiment de convaincre mon allié et je dois dire que ces paroles font mouche, même si je ne comprends pas comment on peut tenir autant à une simple planche à pain. Elle continu, toujours en regardant uniquement mon allié :

Soyez raisonnable, j’ai de l’argent, des contacts qui regrettent l’ancien Roi et qui serait prêt à suivre son fils, alors sommes-nous partenaire ?

En prononçant ses derniers mots, elle tend la main, comme les marchands lorsqu’ils veulent finaliser un accord dans certaine région de l’ancien Royaume, avant l’invasion de la Fange. Je me demande si le noble va accepter, même si je ne vois pas d’autres solutions, mais on me dit souvent que je manque d’imagination, alors peut-être que Victor va pouvoir trouver une alternative plus intéressante.

Menaçant de la plus subtile des façons, Rougelac laissa sans opposition son colosse faire son apparition dans cette partition. S'il n'entendait rien de ce murmure au creux de l'oreille de la bourgeoise, Victor pouvait pourtant deviner son contenu. Restait à savoir à présent si la Dame Mohartie allait céder aux pressions et chantages qu'exerçait le duo sur elle. L'instant était et serait révélateur de la détermination de la bourgeoise et le verdict en était finalement plus que savoureux.

En effet, le donzelle tenait tête, avec un certain panache et Victor comprit ainsi qu'elle était bien de mèche dans ce complot et qu'elle y avait une implication de première ordre qui la mettait en danger tout en ayant pleinement conscience des risques qu'elle encourait. Mais, un indice venait finalement étayer, préciser le rapport qu'elle pouvait avoir avec le mystérieux individu revendiquant la couronne. L'amour ! la faiblesse de l'homme ou plutôt de la femme ! Si les hommes pouvait être dupé par les plaisirs de la chaire, les femmes elles, pouvaient être manipuler par le cœur et le petit doigt du Comte semblait croire qu'elle s'amourachait avec ce dernier.

Comme il en avait l'habitude, Rougelac se lissa la barbe, pensif, non sans adresser un regard à Ser Desmond afin de lui faire comprendre de ne pas s'avancer plus encore dans quelques intimidations auprès de leur interlocutrice. Il fixa alors la main tendu de la jeune femme de longues secondes durant avant de se redresser de son siège et venir la cueillir de l'une de ses paumes. D'ordinaire, l'on scellait une alliance par une poignet de main, mais Victor se voulait encore et toujours altruiste et déroutant.

Il s'exécuta alors à un surprenant baise-main avant de relever le menton et de déclarer de façon doucereuse et tendancieuse.

- Mais êtes vous amoureuse de lui en retour, Madame Mohartie ?

Serait-elle gêner en rougissant par exemple ? Resterait-elle stoïque ? La façon dont elle allait réagir serait certainement révélatrice, alors qu'il ajouta tout en invitant la propriétaire des lieux à se redresser.

- Bien ma fois, vous ne me laissez pas le choix que d'accepter. Vous comprendrez toutefois que suis un homme de "certitude". N'ai-je vu encore la moindre existence de ce prétendu Roi légitime. Il faudrait donc convenir d'une entrevue. Je pourrais demandé à mon ami ici présent de fouiller votre demeure mais ce serait vous faire affront. J'imagine que vous avez prévu ce genre de formalité, ainsi je vous laisserais à votre guise organiser cela. Soyez toutefois prudente, certaines de mes sources m'ont averti que des mercenaires seraient également sur la trace de votre homme.

Accorder un aveux permettait souvenir d'établir un lien de confiance, Victor espérait que cette révélation adoucisse la relation qui s'était légèrement tendue après les menaces du Comte et du Chevalier à l'endroit de la bourgeoise. Il ne serait pas aise d'attraper ce mystérieux voyageur et nécessaire d'adopter un plan moins dangereux que de bousculer, précipiter les évènements.

Victor me surprend car au lieu de prendre la main de la bourgeoise ou lui indiquer son refus, il lui baise, et je ne sais pas exactement si ce geste vaut acceptation de l’accord, d’ailleurs je ne suis pas le seul à être dérouté car la dame rougit et la question impromptue de mon allié n’aide pas car elle a le feu aux joues et balbutie :

Ce, ce, ce point ne vous concerne pas !

De toute évidence, il a fait mouche car elle est déstabilisée, et il lui faut l’acceptation de Rougelac pour qu’elle se remette enfin de ses émotions. Je peux la voir acquiescer à de nombreuses reprises aux discours de mon allié et quand il a terminé, elle prend quelques secondes de réflexion avant de lui répondre :

Je me montrerai digne de votre confiance, je sais déjà que des personnes dans l’ombre souhaite acquérir mon joker et c’est la raison de la présence du mercenaire que vous avez vu devant la porte, j’espère au passage que vous ne l’avez pas tué, ce dernier dispose d’une prime de risque à verser à sa famille en cas de décès qui est tout à fait exorbitante.

Elle me regarde dans les yeux, essayant de deviner ce qui est arrivé à son garde, mais je me contente de lui sourire d’un air tout à fait innocent et elle préfère se retourner vers mon allié plutôt que de creuser la question :

Je peux vous proposer ce soir, deux heures avant le couvre-feu, au temple, c’est un lieu neutre et personne ne s’étonnera de voir des gens isolés, j’ai pris certaines dispositions pour avoir une salle à disposition quand je le souhaite.

Cela ne m’étonne guère, le clergé des Trois a besoin d'argent et il n’y a pas de mal de laisser une généreuse donatrice disposée d’un peu de commodité. De toute façon, un lieu saint est un endroit idéal, étant croyant, je ne tuerai jamais personne dans cet édifice, question de salut de mon âme. J’ai d’ailleurs vu certaines de mes proies s’échapper grâce à ce stratagème, notamment quand on partait en expédition punitive auprès d’un village ennemis, c’est pourquoi je mettais toujours des hommes avant l’attaque aux entrés du bâtiment pour éviter que quiconque ne s’y réfugie. On empêche également le prêtre local d’en sortir, car je ne blesse jamais un représentant des Trois, toujours pour les mêmes raisons.

Maintenant il ne reste plus qu’à attendre la réaction de Victor, est-ce qu’il va accepter la proposition de la maitresse de maison, après tout, elle lui a proposée un site qui semble convenir, mais il en a peut-être un autre plus convenable, surtout s’il a une idée en tête. Après tout le plus simple serait de séparer ce gentil couple en tuant la femme et en livrant cet homme, pieds et poings liés au nouveau Roi, gagnant ainsi sa confiance. A moins que l’on puisse les kidnapper tout les deux, de manière à les obliger à suivre les ordres de la maisonnée Rougelac, ce qui serait pas mal non plus.

Je me tiens donc prêt à tout et dès que je recevrais l’ordre, j’agirais à la vitesse du serpent.

Le trio semblait se diriger vers un juste compromis après que le Comte de Rougelac ai pu ressentir toute la gêne sur le sujet des sentiments qu'elle pouvait éprouver pour le prétendu Roi légitime. Madame Mohartie semblait accorder une confiance toute mesurée auprès du mondain et il fallait indéniablement tirer avantage de cette opportunité pour mettre enfin la main sur ce mystérieux individu au centre des plus folles rumeurs. Faussement pensif, il croisa brièvement le regard de Ser Desmond Rochemont avant de se mettre à faire les cents pas dans le boudoir pour finalement se figé derrière le siège qu'il occupait.

- Bien, cela me semble acceptable. Je vous revois donc au Temple à l'heure indiquée, Madame.

Un bref hochement de tête à l'endroit de la "Muraille" et le duo quitta la demeure de la bourgeoise pour remonter en direction de l'Esplanade, le temps pour Rougelac de faire une mise au point avec son allié.

- Nous allons devoir jouer cette partition avec la plus grande subtilité. Nous n'aurons pas de seconde occasion pour mettre la main sur cet individu, alors nous devons positionner nos pions sur cet échiquier providentiel. Je veux que vous placiez des hommes à chaque ruelle d'accès au Temple. Si notre homme tente de nous fausser compagnie, l'un d'eux le cueillera. Mais il faut nous assurer également que Madame Mohartie ne place pas ces propres pions en opposition. Vu son service d'ordre, je ne crois pas cela possible, mais soyons tout de même prudent.

Ils regagnèrent le Manoir et à l'abri du bureau du Comte, Victor commençait à planifier les opérations muni d'une carte de marbrume où plus précisément se trouvait le point de rencontre, dans le Quartier Populaire.

- Il faut avant tout être certain que nous aurons à faire à notre homme lorsque nous saurons sur place. La bourgeoise s'est clairement entiché de lui et ces réactions nous infirmerons ou nous confirmerons que nous aurons à faire à notre cible. Il sera préférable de neutraliser l'homme hors du Temple, alors soyez extrêmement patient, je connais votre tempérament, mais nous avons à faire à une intrigue qui réclame une certaine discrétion. Je puis juste espérer que les mercenaires qui nous ont traquer ne viennent pas se mêler à cet évènement et c'est pour cela que nous devons être plus nombreux et anticiper la moindre éventualité. Sommes-nous d'accord mon ami?

Après son approbation ou s'il émettait quelques suggestion, Victor se retira pour se préparer, laissant Desmond organiser le déploiement des sbirs de Rougelac autour du Temple.

Dommage, c’est dommage, je ressens une petite pointe de déception quand Victor accepte les conditions de la bourgeoise et m’indique que nous allons partir sans faire d’esclandre. Pas de kidnapping, pas de meurtre, pas de larme, juste une simple révérence quand nous quittons la pièce de la part du serviteur et c’est tout. Pourtant je ne dis rien, car je reste discipliné mais je n’en pense pas moins, une personne du peuple ne peut pas garder un fils de Roi, c’est complètement impossible !

Heureusement le comte me remonte le moral en m’exposant un plan diabolique, réaliser une véritable souricière pour enlever à la fois l’homme que nous cherchons et la jeune femme. Arrivé au repaire de la maisonnée Rougelac, je l’écoute attentivement m’expliquer ce qu’il attend de moi, et m’indique qu’il veut le paquet en bon état, ce qui risque d’être difficile si celui-ci se défend. Il faudra alors le menacer, ou prendre sa protectrice en otage, ce qui signifie qu’elle doit être le moins endommagé possible également.

Décidément, cette opération est loin d’être évidente, mais si j’ai déjà préparé des embuscades avec des dizaines de guerriers, mené cette manœuvre ne devrais pas être trop difficile. J’indique donc à mon allié :

C’est bien compris, je ferais le nécessaire pour que ceci se passe le plus discrètement possible.

Je laisse le noble se préparer et je rejoins la garde présente dans le bâtiment, des hommes que j’ai entrainés spécialement depuis mon arrivé ici, il y a maintenant sept mois et en qui j’ai toute confiance. Je les rassemble tous dans une seule pièce, que je fais fermer pour être ainsi à l’abri des oreilles indiscrètes et je leur dis :

Nous allons devoir enlever quelques heures avant le couvre-feu un couple, sans leur faire trop de mal et éliminer leur escorte, le tout rapidement et discrètement. Nos cibles vont quitter le temple et serons suivis par certains de nos gardes déguisés en paysan et poussant une charrette remplie de foin. Il y a en tout cinq rues qui mettent au temple et je vais demandé à des mercenaires habillés en civil de rester chacune d’entre elles.

Le but est d’attendre le bon moment, les entourer de toute part et les menacer pour qu’ils nous suivent, en cas de grabuge, assommer l’homme et la femme, neutraliser l’escorte et vous mettez le tout bien cacher dans la charrette. Il y a un bâtiment abandonné rue des écartelés, où vous me les amènerez. J’insiste sur le fait que le couple doit rester vivant et relativement en bon état, les mercenaires feront le gros de la besogne, vous serez en seconde ligne. Maintenant avez-vous des questions ?

Je regarde dans les yeux chacun des hommes qui va participer à cette périlleuse mission et je me demande si tous seront en vie au petit matin. Il n’y a qu’un seul moyen de répondre à mon interrogation et c’est de lancer l’opération que j’appelle « Opération endormissement ». Je laisse mes hommes s’équiper uniquement de dague et de gourdin pour rester discret et je pars voir un ancien camarade devenu un mercenaire expérimenté pour qu'ils engagent en toute discrétions des autres mercenaires lui donnant les consignes par la même occasion.

Une fois la souricière mise en place, je retourne voir le maître des lieux pour lui indiquer :

Tout est prêt, nous pouvons y aller quand vous le désirez.

Dans une telle affaire, il était plus que nécessaire de ne commettre aucun impair. Les deux nobles touchaient au but mais pourtant ce qui était à portée de main pouvait leur filer du bout des doigts. Rougelac n'avait pas accepté le compromis de la bourgeoise par plaisir, mais cet accord ne pouvait être rejeté sans quoi Eougelac perdrait toute crédibilité. Conscient que son allié et puissant homme de main devait sans doute désapprouver intérieurement les méthodes et choix de son employeur, Victor avait par contre que la perspective qui s'offrirait à Desmond ne pourrait que réjouir ce dernier.

Lui laissant la coordination de l'opération, le mondain en avait seulement dessiner les contours afin d'éviter tout malentendu. Ainsi, il fallait que ce possible roi ou usurpateur soit neutralisé "vivant" tout comme sa complice la bourgeoise. Mais dans le même temps, il fallait se garder de créer une scène de guerre urbaine et qui puis est devant le temple. Cette somme de facteur faisait sensiblement diminuer les probabilités que tout puisse se dérouler sans le moindre dommage collatéral, mais il fallait au moins éviter le pire et concevoir différents scénarios.

Apprêté tout de brocard vêtu, Rougelac se présenta dans ces riches apparats quelques heures plus tard face à la "Muraille". Aux déclarations de Desmond, Victor acquiesça d'un hochement de tête pour indiquer qu'il était temps de se rendre au point de rencontre. Le Temple était un lieu de culte mais l'on trouvait en effet quelques salles réservées. Madame Mohartie n'était pas à pendre à la légère si elle jouissait de tels passe-droit. La route du duo s'acheva finalement aux pieds des escaliers du temple et avant que Victor n'offre son plus beau port altier, il glissa une énième recommandation à son acolyte.

- Pas d'intervention dans le temple, un tel acte nous causerait assurement beaucoup de tord. Essayons de progresser etape par étape... nous devons nous assurer qu'il s'agit bien de notre homme. Pour le reste des opérations je vous fais confiance.

Il commença à gravir les marches en compagnies de Desmond avant de poser une fraction de seconde une main sur l'avant bras du chevalier.

- Si nos plans devaient échouer, garder une dernière chose en tête : je sort de cet équation blanc comme neige. Si des sacrifices pour cela doivent être nécessaire, charge à vous de les appliquer. Je ne laisse nullement tomber ceux qui me sont loyaux.

Évidemment le sous entendu était clair. Encore et toujours, il était question l'exfiltration en cas de problème et ce afin de préserver la réputation du riche mondain ainsi que de son influence dans la Haute. Si pour cela il devait sortir de geôle quelques sbirs qu'à cela ne tienne.

Il reprit alors sa progression jusque devant la porte de l'édifice et s'annonça ensuite à qui savait quelle pièce occupait la bourgeoise lors de ces visites dans ce Saint lieu de culte. A l'extérieur du bâtiment, Rougelac ne se faisait aucun soucis quand à l'application de ces directives, chapoté par Desmond Rochemont en personne. Ne restait plus qu'à rentrer enfin dans ce deuxième acte de cette partie d'échec bien dangereuse.

Je hoche la tête quand Victor m’informe qu’il faut que tout se passe bien au temple, car je suis entièrement d’accord, nous devons absolument éviter de mécontenter les Dieux ou les prêtres et un tel acte auraient forcément de grandes répercussions. De plus, pour moi, il est évident que nous allons nous en sortir sans problème en cas de problèmes, car les mercenaires que j’ai engagés sont de véritables professionnels quant aux gardes de la maisonnée Rougelac, ils savent qu’il vaut mieux fermer son clapet que d’être « suicidés » dans leurs cellules.

Une fois ses derniers conseils prononcés, je le suis dans le bâtiment, passant devant les immenses portes et nous nous retrouvons sous le regard des statues représentant les Trois, toujours aussi magnifique, malgré le passage du temps.

Comme d’habitude je suis impressionné par la splendeur des lieux et je me sens tout petit face à leurs regards inquisiteurs, heureusement que je n’ai rien à me reprocher ! Quelques actes mineurs, mais je ne suis pas un saint, ni un homme d’Église, c’est donc bien normal. Quand mon allié demande à un homme habillé en religieux où se trouve Dame Mohartie, il nous convie d’un signe de tête à le suivre et nous conduit aux thermes situés au sous-sol des bâtiments et nous invite à nous déshabiller dans une pièce prévue à cet effet.

Je reconnais bien là un audacieux stratagème, impossible de dissimuler une arme dans ses conditions, ne voulant pas cacher une dague dans mon fondement ! De plus, pas d’armure, donc potentiellement beaucoup dangereux, le moindre coup pouvant être dévastateur. Mais de toute façon, nous n’avons pas le choix, il ne sera pas dit qu’un chevalier renonce face à l’adversité ! De plus, je n’ai rien contre la nudité, ayant vu au cours de ma vie de très nombreuses femmes nues et plus ou moins consentante.

Une fois cette formalité effectuée et drapés dans de grandes serviettes, nous sommes conduits dans une pièce contenant un grand bassin rempli d’eau chaude, profond d’un mètre environ et entouré de marche où sont déjà assis notre hôte accompagné d’un homme que je n’ai encore jamais vu, mais dont la ressemblance avec l’ancien Roi est frappante.

Ils portent une serviette comme nous, mais je peux distinguer que la femme n’a vraiment aucune forme, j’ai plus de pectoraux qu’elle, c’est dire à quel point elle est plate comme une planche à pain. J’attends donc que Victor s’assoit avant de faire de même, il est inutile que je reste debout, n’ayant aucune épée à tirer de mon fourreau. Je peux ainsi mieux distinguer l’homme et de près, je vois qu’il a des cheveux un peu plus foncés que n’avait son prétendu père, et ses yeux ne sont pas de la même couleur. Surement amusé par mon inspection, il prend la parole en souriant :

Vous semblez troubler, Chevalier, avez-vous côtoyé mon illustre paternel ?

Sa voix ressemble beaucoup et ses mimiques aussi, car même si je n’ai jamais eu la chance de parler à sa royauté, je n’ai pas manqué une seule des déclarations qu’il avait réalisées lors de sa retraite à Marbrume.

Pour le Comte de Rougelac, rien de surprenant a se retrouver avec pour seul habille une serviette. La confrontation avait été soigneusement organisée par la bourgeoise au sein même des thermes du Temple des Trois, ainsi elle se prémunissait d'éventuelles menaces physique puisqu'aucune arme ne pouvait se trouver dissimuler dans quelques braies. Comme à son habitude, Victor arborait une mine déterminée et laissait s'exprimer sans vergogne une forme impalpable de confiance en soit. Restait à savoir si son homme de main saurait lui tenir la pareille en cet art.

Ce ne semblait pas gagné d'avance à en constater son regard tout d'abord appuyé sur le physique de Dame Mohartie puis sur son mystérieux acolyte et amant, prétendu Roi légitime. Desmond semblait déçu par le physique de la donzelle avant de chercher sans doute à trouver des similitudes chez l'inconnu vis à vis de l'ancien Roi. Rougelac aurait fort bien pu rouler des yeux pour d'exaspérer du manque de discrétion de son allié mais il n'en fut rien, préférant jouer le dupe en lâchant un léger sourire amusé à la réplique de sa cible.

Saluant la bourgeoise non sans quelques bons mots pour flatter son égo, il reporta finalement son attention sur l'homme ayant prit la parole, profitant de l'occasion pour s'asseoir avant de s'éclaircir la gorge.

- Ne faites point attention, Ser Rochemond ici présent se plaît à détailler les gens sans formalité. Il est plus habile sur les champs de bataille que dans les réceptions de la Haute.

Une petite note légère pour ainsi détendre l'attention et le mondain chercha alors à capter le regard des deux amants avant de poursuivre.

- Un choix judicieux que les thermes. Madame Mohartie, vous maîtrisez les codes de l'intrigue. Il n'y a pas meilleur endroit pour deviser en toute quiétude. Reste à savoir si votre amant... pardon, votre ami est celui qu'il prétend être.

Il scrutait les moindre mimique de la femme, cherchant à savoir si elle s'était réellement amourachée avec l'homme qui se prétendait de Royale naissance.

- Messir, je dois avouer que vous avez en effet un air de ressemblance avec notre ancien souverain.

Mais à bien y regarder, Rougelac trouvait pourtant de fortes divergences physique avec ce dernier. Mentalement, il cherchait à rajeunir l'individu comme pour tenter de retrouver une image de lui dans sa mémoire. Quelque chose l'interpellait mais quoi ? Une chose était sûre, l'homme ne lui était pas totalement inconnu, il l'avait croisé plus jeune dans un couloir du palais... mais en tant que fils de ce dernier ? Rien n'était moins sûre... qui puis est, il était lui aussi beaucoup plus jeune à cet époque.

Son azur se posa alors tour à tour sur les deux amants prétendus, levant légèrement les mains avant de conclure.

- Quel est la suite du programme, dites moi, je suis tout ouïe.

Victor commence la discussion en parlant de mon comportement et je reprends contenance, me recentrant sur la surveillance des environs immédiats afin de vérifier que personne ne s’en prenne à mon allié. Il complimente ensuite notre hôte, sur le choix du lieu, faisant une bourde, surement en toute connaissance de cause, et cela fonctionne car la femme rougis légèrement et baisse les yeux, alors que son compagnon reste de marbre.

Mais ils reprennent vite leurs attitudes un peu hautaines et je vois même l’homme sourire quand mon allié indique trouver des ressemblances avec le défunt souverain. C’est clairement une victoire pour lui et il répond à la question avec beaucoup d’assurance, je comprends alors que Dame Mohartie ne participera que très peu à la discussion, le véritable meneur c’est lui :

Certains des serviteurs du véritable Roi, comme les trésoriers, les serviteurs et toute la partie administrative sont encore employés et je les connais fort bien, grâce aux lettres que m’envoyaient mon père. Je suis sûr qu’ils se rallieront à moi, dès que je dévoilerais mon identité et je pourrais ainsi constituer rapidement un gouvernement.

Le moins que je puisse dire, c’est qu’il ne manque pas de souffle, il se voit vraiment à la place la plus haute de la civilisation, mais il n’en a pas fini :

J’ai le soutien de la bourgeoisie, qui voit l’usurpateur prendre à son compte tous les commerces et dont le couvre-feu a réduit leur liberté d’action. Grâce à vous, comte Rougelac, je souhaite avoir la neutralité de l’Esplanade, qui, s’ils n’agissent pas contre moi, en seront grassement récompensé.

C’est beaucoup demandé à des intrigants nés, de rester simplement spectateur, mais je comprends le souhait du notre interlocuteur, il ne peut y avoir qu’un seul candidat et jamais les nobles n’arriveront à se mettre d’accord sur une personne commune pour les représenter. Il ne reste plus qu’un seul groupe important et il finit par lui :

La Milice est la principale difficulté, il va falloir de l’argent, beaucoup d’argent pour s’assurer de sa loyauté et c’est là où le bât blesse, car je n’ai pas de trésor caché quelque part. Avez-vous des contacts avec leur dirigeant ?

Je souris devant cet aveu d’impuissance, car Victor a la chance de m’avoir, moi, un chevalier plutôt bien vu par cette organisation et qui puisse faire l’intermédiaire. Toutefois je comprends le problème, les soldats loyaux à l’ancien monarque ont tous péris avec lui, les seuls hommes d’armes encore présent sont fidèles à l’ancien duc et ne pourront pas être facilement convaincu, l’argent est donc le meilleur moyen d’acheter les cœurs et les esprits.

La corruption a toutefois un problème majeur, je ne vois pas qui va mettre autant d’argent sur la table, on parle d’un sacré paquet de pièce d’or, pas de quelques piécettes de cuivre. Les seuls qui ont assez d’argent ce sont les nobles et les seuls privilégiés qui ont gardé cette force économique, ce sont ceux qui sont loyaux au nouveau maître de Marbrume, c’est là une situation insoluble.