[TERMINÉ] Sacré voyage [Rosen x Desmond]

Je voulais qu’elle reste calme, mais elle s’agite d’un seul coup, recrachant même le bout de pomme que je lui avais pourtant coupé avec délicatesse ! M’insultant presque sur la fin de mon histoire, comme si j’y étais pour quelque chose, après elle m’indique qu’elle est enceinte et c’est pourquoi elle ne peut rien avaler. Je reste dubitatif sur ce sujet, mais je reste silencieux, n’osant pas la contredire pour ne pas l’énerver encore plus.

Finalement elle reprend ses esprits et me pose une question qui n’appelle pas vraiment de réponse. Avant de me dire une chose que je soupçonnais depuis quelque temps, mais que j’avais toujours refusé de croire, car trop fantastique. Ça explique d’un coup beaucoup de chose, et l’argument massue qui achève de me convaincre, c’est qu’elle ne sait pas lire, alors que chaque noble, moi y compris, arrive à le faire.
D’un coup les pièces du puzzle se mettent en place et tout me parait beaucoup plus clair. Je peux donc lui répondre, tout heureux que les choses ont enfin un sens :

C’est donc ça ! Je me disais aussi qu’une noble ne pouvais pas aussi bien tirer à l’arc, et toute vos petites manies, votre incapacité à gérer votre colère et votre manque total de féminité !

Je suis soulagé, mon sixième sens ne m’a pas trompé, et je continue donc en souriant :

Et bien oui, j’ai entendu de parler de cette roturière qui a épousé Hector de Sombrebois, mais j’étais persuadé qu’il l’avait répudié et a pris une noble à la place. J’ai donc pensé logiquement que vous étiez cette remplaçante, car je vous avais toujours vu de loin.

Je ris de bon cœur, puis, je lui dis plus sérieusement :

De toute façon, cela ne change rien, vous restez la baronne et moi un chevalier, donc je suis toujours à votre service.

Par contre, j’en veux à Victor, il aurait pu me le dire, j’ai dû passer pour un idiot. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et tout d’abord je lui demande :

Vous avez fait glisser certain de vos bandages en vous relevant, je dois de toute façon les changer. Comme je ne veux pas que vous me coupiez les mains, je vous propose de me les donner, j’en ai déjà préparé d’autre.

J’attends sa réponse, prêt à l’aider si elle a du mal comme pour la pomme et je les fais tremper dans l’eau brulante pour les nettoyer et enlever le sang avant d’en prendre des nouveaux, très légèrement humide et bien chaud et je lui présente :

Voilà, maintenant la même opération, mais à l’envers, je me retourne pour que vous puissiez le faire tranquillement.

J’ai intérêt à avoir les félicitations de toute la gent féminine pour tout ce que je fais. Une fois que tout est terminé, je lui indique :

Maintenant je peux vous lire le texte, mon niveau n’est pas fameux, mais je le connais pratiquement par cœur et il commence par comme ceci.

Je lis ainsi toute l’histoire, cela me prend vingt bonnes minutes, mais à la fin, elle est au courant de cette malédiction et de sa fin heureuse.

De toute évidence Rosen n’a pas vraiment souhaiter que je lui dise ce que je pensais, mais ce n’est que mon ressenti, elle ne devrait pas se fâcher autant, mais elle est roturière à la base et ces gens manque cruellement de confiance en eux. D’ailleurs elle commence à me dire que mes bandages ne servent à rien, avant de les remettre immédiatement après. L’important c’est que ses plaies guérissent et que nous pourrons bientôt reprendre la route et c’est une bonne nouvelle, je n’ai guère envie de rester une semaine enfermé avec cette furie.

Lors de ma lecture, elle semble intéressée, posant même des questions auxquels je m’efforce de répondre du mieux que je peux. À la fin, elle m’insulte à nouveau, me traitant à mot couvert d’idiot mais fini par deux compliments que très peu de gens m’ont dit, la gentillesse et la patience n’étant pas vraiment mon fort d’habitude. Elle s’endort enfin et comme il fait grand jour dehors, je commence mes tâches matinales.

Tout d’abord, je sors les deux chevaux, n’ayant pas envie que notre refuge sente le crottin de cheval et ils peuvent ainsi manger autant qu’ils veulent, afin de reprendre des forces pour le dur voyage qui s’annonce. Pendant ce temps je cueille des fraises sauvages et des mures, que je lave à eau claire près d’un ruisseau non loin et j’en remplie un petit seau.

Au bout d’une heure, j’ai une provision suffisante, et je rentre à nouveau les montures, puis je dépose avec précaution les diverses denrées près du lit de la baronne, après les avoir nettoyés. Je me sens très las, cela fait plus vingt-quatre heures que je n’ai pas arrêtés de me bouger et je sens toute la fatigue tomber sur mes épaules, comme un poids qui ne cessent de grossir. Il faut vraiment que je dorme et comme ma protégée occupe le seul lit, et que je ne veux pas la réveiller en dormant près d’elle, ce qui pourrait et sera d’ailleurs, mal interprété, j’installe quelque peau de bête par terre et je m’y installe.

J’enlève mon haut et je garde juste mon pantalon, ce qui gêne quelque peu, d’habitude je dors tout nu, mais encore une fois, cela risque d’être mal pris. Ce n’est vraiment pas facile d’incarner le parfais gentleman et ce rôle me pèse de plus en plus. Mais le jeu en vaut la chandelle, Victor m’a demandé de la surveiller, et là, je peux dire que je connais le moindre de ses faits et gestes. La seule ombre au tableau est que si j’avais sauvé une vraie noble, mon prestige aurais augmenté, mais comme il s’agit d’une parvenue, ce ne sera pas le cas.

Toutefois, Hector, son mari, a intérêt à être reconnaissant, ma maison à Sombrebois doit passer parmi ses priorités, voire même un don des quelques terres aux alentours avec les paysans ou bucherons correspondant pour m’assurer une certaine aisance financière, c’est le minimum pour avoir sauvé l’élu de son cœur.

C’est donc avec des pensées fort agréable que je m’endors, le sourire aux lèvres.

Je suis dans un merveilleux château, construit uniquement en marbre blanc, il se confond avec les nuages et à chaque fois que j’entre dans une nouvelle pièce, celle-ci se remplit de nourriture, de trésors et d’armes de qualité. Puis j’entends un bruit et je monte un long, très long escalier pour arriver à la plus haute chambre de la plus haute tour.

Là une jeune femme dans une merveilleuse robe, laissant deviner des courbes magnifiques, avec simplement un léger voile sur le visage, est couché dans un lit immense à baldaquin. Je m’assois donc délicatement à ses côtés et je lui enlève doucement le linge et là je vois qu’il s’agit du visage de Rosen et qu’elle me met une vigoureuse claque !

J’ouvre les yeux d’un coup et je remarque que la baronne n’est pas dans son lit ! Je panique un peu, mais je la vois bientôt couché contre la porte. Je m’approche et je vois qu’elle n’a pas l’air bien, mais pas bien du tout, je lui indique donc :

Je vais vous prendre dans mes bras pour vous remettre sur votre couche.

Je ne prends pas la peine de remettre ma chemise et c’est donc torse nue que je la transporte jusqu’au lit. Je remets ensuite les couvertures sur elle et je lui indique :

Je vous avais pris quelques fruits, ils sont juste à côté de vous. La prochaine fois que vous voulez sortir, n’hésitez pas à m’appeler et je vous aiderais du mieux que je peux.

Je pense qu’elle est sortie pour satisfaire ses besoins, mais dehors, cela peut être dangereux. J’attends donc quelques minutes pour savoir si elle me répond et si ce n’est pas le cas, je lui dis à voix basse :

Je ne sais pas si vous dormez, mais je vais juste aller dehors pour reprendre du bois et faire mes ablutions, je reviens le plus rapidement possible.

Normalement j’aurais laissé un mot, inscris dessus « je reviens », mais comment la jeune femme ne sait pas lire, cela n’aurait pas été d’une grande utilité. Je mets donc ma chemise, car il fait un peu frais dehors, quitte la maisonnée et je fais rapidement mes ablutions dans la source que j’avais déjà repéré. Je repère également une fumée au nord de notre position, c’est peut-être un village. Ensuite je ramasse pas mal de bois bien sec pour qu’il fasse toujours bon dans la pièce et je rentre avec mon butin, plutôt fier de moi, je pourrais être un véritable homme des bois !

Je fais un petit tas avec les branches et je me retourne vers le lit, pour prendre des nouvelles de la blessée. Je vois bien qu’elle frisonne alors qu’il fait chaud dans la pièce et je me penche vers elle, pour lui dire toujours à voix basse pour ne pas la réveiller si elle dort :

Je vais vous toucher le front, afin de savoir si vous avez de la fièvre.

Je pose ma main et je peux en effet voir qu’elle est brulante. J’attends donc le moment où elle m’adresse la parole pour lui dire :

Vous avez bien de la température, demain matin, à la première heure, je partirai chercher un rebouteux, j’ai vu de la fumée au loin et j’espère que c’est bien un village.

Plus le temps passe et plus l’état de Rosen empire, elle se plaint d’avoir très froid alors qu’il fait bon avec le feu que j’alimente constamment et ce n’est pas sa pauvre tentative où elle m’informe qu’elle sera en meilleure condition physique demain qui va tacher de me convaincre. Toutefois, je ne lui dis rien, mais j’ai déjà vu ce genre de cas, lors de mes campagnes militaires et beaucoup de malade n’ont pas survécu.

Lorsque la jeune femme me demande un linge propre, je m’apprête à fouiller un peu pour trouver un drap ou quelque chose d’équivalent mais j’entends un bruit au dehors. Je saisis donc mon épée, l’enlevant de son fourreau pour être prêt à tout et je sors doucement de la cabane. Je referme tout de suite la porte derrière moi, et je perds quelque seconde pour habituer mes yeux au soleil, celui-ci est bien haut dans le ciel et j’imagine qu’il doit être près de midi.

Je vois une jeune fille, d’environ seize ans, qui me regarde avec des yeux ronds, apparemment très surprise de voir quelqu’un sortir de cette maisonnée, surtout armé de cette façon. Ne perdant pas de temps, je couvre très rapidement les quelques mètres qui nous sépare et je la menace directement de la pointe de ma lame, lui disant à voix basse :

Un seul mot et je t’égorge comme un poulet.

Bon, je ne suis pas paysan et je ne sais pas vraiment si on égorge les volatiles, ne m’étant jamais vraiment intéressé à cette question. L’important c’est qu’elle m’a bien comprise et ne bouge plus un seul muscle, un air de pure terreur déformant ses traits. Je profite de sa docilité pour jeter un regard sur les alentours, mais elle semble être seule, ce qui est assez étonnant, à moins que la fumée que j’avais vu plus tôt soit bien celle d’une autre habitation.

Je lui indique, toujours à voix basse et sur un ton très dur :

Où sont les autres ?

Je la vois hésiter et sans aucune pitié, je lui enfonce légèrement mon épée au niveau de l’épaule, faisant couler un peu de sang. Cet acte semble la réveiller un peu et elle me dit précipitamment :

Je vous en prie, ne lui faite pas de mal !

Et à ce moment-là, sort une femme plus âgée mais qui lui ressemble fortement, sa mère sans aucun doute, qui armé d’un solide bâton me fait face, m'indiquant d’une voix menaçante :

Lâchez-la ou…

Comme je déteste que l’on me donne des ordres, encore plus si c'est une femme, je l’interromps en donnant un coup du plat de mon épée sur l’épaule de la demoiselle, pas assez fort pour lui casser, mais suffisamment pour qu’elle tombe à cause de la douleur. Je précise ensuite à la nouvelle venue :

Lâche maintenant ce bâton et aide ta fille à rentrer dans la cabane, sinon je lui fracasse le crâne.

Je n’ai en effet scrupule, car je viens de remarquer sur leurs avant-bras droits à toutes les deux, une marque, ces deux personnes ont été mordues ! Elles vont peut-être se transformer en monstre d’un instant à l’autre, mais j’ai besoin d’elles, je ne vais donc pas les tuer tout de suite. Je vois mon interlocutrice lâcher son arme improvisée, signalant que mon intimidation a fonctionné.

J’entre donc à leur suite et tout de suite je mets les choses au point :

Vous allez soigner cette femme allongée, si elle meurt, vous la suivrez dans la tombe.

Je fronce les sourcils quand Rosen m’informe que je ne vais pas tuer les deux personnes que j’ai amené ici alors que c’est précisément ce que j’ai l’intention de faire. Je suppose qu’elle a bon cœur ou encore qu’elle veuille que l’on joue au bon flic, méchant flic, ce qui est une bonne idée. J’ai déjà remarqué que les gens sont toujours prêts à faire des concessions et à se montrer docile s’ils peuvent avoir une chance de s’en sortir.

D’ailleurs je vois bien qu’elle essaye de faire amis avec elles et lorsqu’elle reparle de moi, disant que je ne suis pas méchant, je lève les yeux au ciel, je suis bien pire que ce qu’elle peut imaginer, mais je dois entrer dans son jeu et je reste silencieux pendant toute la discussion qui s’ensuit :

Depuis que nous avons été bannis de Marbrume, nous avons trouvé un abri ici, en construisant une cabane dans les arbres. Mais nous vous promettons que nous n’avons jamais pénétré chez vous ! Tout ce que nous voulons c’est vivre en paix !

Je vois sa mère acquiescer, tout en s’occupant de l’épaule de sa fille. La blessure n’est pas très profonde et le sang a déjà cesser de couler, je lui montre le tas de bandage que j’ai déjà préparer et elle acquiesce, nettoyant la plaie avant de déchirer un grand drap pour réaliser un pansement décent et tenue par un nœud. C’est donc ça ce que me racontais la femme d’Hector sur la petitesse de mes tissus sur ses traces de sangsues.

Maintenant je comprends mieux et je saurais pour la prochaine fois. Toutefois, je commence à m’impatienter et je leur dis d’une voix rude :

Maintenant occupez-vous d’elle.

Elles hochent la tête, complètement soumises à mon autorité, il faut ajouter que je n’ai toujours pas rengainer mon épée à deux mains et que je suis assez près d’elles pour les décapiter en un rien de temps. Elles s’approchent donc de la couche et commence à discuter médecine, je ne comprends pas grand-chose mais après l’avoir ausculté pendant quelques minutes, elles m’indiquent :

Elle semble avoir avalé un parasite qui risque à terme de la tuer.

Je regarde sans aucune compassion la baronne, retenant une phrase assassine comme un « je te l’avais bien dit ». Mais heureusement, la plus âgé enchaine rapidement sur la solution :

J’ai ramassé de nombreuses plantes de la région et l’une d’entre elles peux la sauver. Si vous me laissez retourner dans mon habitation, je peux être de retour avant la tombé de la nuit et lui faire boire cette infusion.

La plus jeune me regarde d’un drôle d’air, puis n’y tenant manifestement plus, elle ajoute :

Vous saviez qu’elle était enceinte ?

Je me retiens pour ne pas cédez à un de mes actes de violences habituelles, je suis sûr qu’elles me prennent pour le père et que nous sommes mari et femme ! Je vais vraiment finir par les abattre toutes les deux si elles continuent à jouer les malines comme ça. D’ailleurs je les rabroue en leur indiquant :

Nettoyez-la au lieu de dire des bêtises.

Pour ne pas voir ce spectacle, je rengaine mon épée dans on fourreau et je remets un peu de branchage sur le feu, de fort méchante humeur. J’attends la réaction de Rosen, pour savoir ce que je dois faire ensuite, dois-je pendre le risque de la laisser ici en compagnie d’inconnu ou rester avec elle ?

On ne peut pas dire que je sois aidé sur ce coup-là, c’est pourtant la règle numéro une des preneurs d’otages, ne jamais se disputer devant les personnes qu’ils ont justement pris en otage ! Bon, je lui laisse le bénéfice du doute, car c’est sans doute sa première, mais ses injures commencent à faire beaucoup et j’aurais bien aimé lui fermer son clapet avec une bonne baffe, mais c’est la femme d’Hector, un noble et je dois donc rester calme.

Mas ce n’est pas fini, car elle continu à s’énerver et à s’agiter, pourtant au bout d’un moment, elle cède et accepte enfin de recevoir cette fameuse tisane. Les deux femmes se lèvent alors, comme si elles pensaient réellement pouvoir partir comme cela. Je me mets debout et les rattrape avant qu’elles puissent ouvrir la porte, leur posant mes mains sur une de leurs épaules, je les vois tressaillir, surtout la plus jeune et je leur dis :

Vous croyez vraiment que vous alliez vous en sortir aussi facilement ? Dites-moi vos noms.

La plus âgée m’indique alors d’une voix résignée :

Je suis Jeanne et voici ma fille Constance. Nous vous promettons sur les Trois de revenir, mon seigneur.

Malheureusement pour elle, je ne crois guère en la parole d’une bannie et je lui indique clairement :

Jeanne, tu vas rester ici et prendre soin de la malade, si tu sors de cette cabane ou si elle ne va pas bien à mon retour, je tue ta fille. Et toi, Constance, je vais t’accompagner et si tu tentes de t’échapper, je tue ta mère, c’est bien compris ?

Je vois leur visage devenir tout blanc et Jeanne se met à genoux, les mains jointes en position de prières pour me supplier :

Je vous en prie, prenez-moi à sa place, je ferai tout ce que vous voulez.

Elle a sûrement peur que je me mette à baiser sa fille dans un coin, et elle n’a pas tort de s’inquiéter, c’est sans aucun doute ce que je ferais d’habitude, mais là, il s’agit d’un cas spécial et je lui précise :

Ta fille ne risque rien tant que tu respecteras mes instructions.

Sans rien ajouté de plus, je prends Constance par le bras et je la tire facilement à l’extérieur, refermant la porte derrière moi. La jeune femme semble complètement abattue, comme si elle était persuadée que sa dernière heure était arrivée. Je décide donc de la motiver un peu :

Si nous sommes de retour avant la tombé de la nuit, je ne te violerai pas.

D’un coup, elle se réveille et je la vois marcher d’un pas rapide en direction de la fumée que j’avais vu plus tôt. Je la suis avec le sourire, car je suis sûr qu’elle fera tout pour que nous arrivions sans encombre à sa cabane. Effectivement, nous y arrivons en début d’après-midi, il s’agit d’une maison dans un arbre, plutôt bien construite et on peut y accéder uniquement avec une corde.

Peu désireux de me casser le cou, je la laisse monter seule et elle revient au bout d’une dizaine de minutes avec un petit baluchon, contenant divers objets. Je m’assure rapidement qu’il n’y a pas de couteau dissimulé dans son barda et nous reprenons le chemin du retour, avec de la chance, nous y serons avant l’arrivée de l’obscurité, à voir ensuite si je tiendrais ma parole, c’est une autre histoire.

Le voyage du retour se passe sans incident, mais il fait quand même très sombre quand nous revenons à la cabane, juste quand elle est en vu, la jeune femme tombe, n’ayant pas vu un trou et elle s’étale de tout son long. Je me baisse pour la remettre sur pied, mais croyant sans doute que je vais lui faire du mal, elle se débat, se mettant plein d’herbe partout et se décoiffant.

Je commence à en avoir marre de toutes ses femelles et j’ai une énorme envie de la frapper et de lui montrer vraiment de quoi elle doit avoir peur. Ça fait un certain temps que je n’ai pas sorti mon tronc et je commence à être en manque, de plus cette fille doit avoir seize ans, ce qui est tout à fait convenable, avec des formes qui sont très loin de me laisser indifférent. Mais je me souviens alors que c’est une bannie et que je risque d’être infecté si je les touche trop, c’est d’ailleurs la raison de leur bannissement.
Je me relève donc et j’attends qu’elle se calme pour lui dire d’une voix rude :

Lève-toi et marche, les Fangeux aime l’obscurité et ils risquent de te trouver si tu restes ici.

Elle se lève enfin, reniflant un peu et nous reprenons notre marche vers notre objectif que nous atteignons quelques minutes plus tard. J’ouvre la porte et la demoiselle se précipite dans les bras de sa mère, tout en pleurant à chaude larme, évidemment en la voyant ainsi, la mère se met à chialer aussi et bientôt le son de leurs pleurs emplit tout notre refuge. Incapable d’en supporter plus, je leur gueule dessus :

Taisez-vous !

Immédiatement, elles arrêtent leur gémissement, me permettant de continuer d’une voix plus normale :

Je n’ai pas touché ta fille alors calme-toi un peu. Maintenant tu vas faire la tisane et si elle va mieux demain, je vous libérerais.

Jeanne se lève et prenant dans le sac la plante, elle commence à enlever les feuilles, avant de les réduire en pulpe et de les verser dans un gobelet, qu’elle remplit avec de l’eau chaude avant de le proposer à Rosen. Étonnamment l’odeur est assez agréable et j’espère vraiment que la baronne va le boire sans faire d’histoire.

Pour ma part, je distribue de la nourriture aux deux prisonnières, elles se jettent littéralement dessus, n’ayant de toute évidence pas manger depuis un certain temps ensuite je leur donne à boire, je propose bien sûr la même chose à la femme d’Hector. Une fois ceci fait j’ordonne aux otages de me présenter leurs mains et leurs pieds et je les attache solidement avec un bout de tissus, leur laissant suffisamment de mou pour qu'elles puissent s'allonger sur le sol.

Je peux enfin souffler et j’indique à la noble, après m’être assis sur le sol, près du lit :

Si au cours de la nuit, vous avez besoin de quoi que ce soit, réveillez-moi, ne sortez pas toute seule.

J’attends son éventuelle réponse puis, je m’apprête à dormir, cette journée ayant été extrêmement fatigante.

La réponse de la noble ne me surprend pas, puisqu’elle désire que je les détache. C’est bizarre comme quoi Rosen peut être gentille envers des gens du peuple et méprisant envers la noblesse. C’est peut-être parce qu’elle vient aussi de la plèbe et n’a pas encore pris la mesure de ce qu’implique son mariage. En tout cas, je ne veux pas la contrarier et je lui indique à voix basse :

Mon rôle est de vous protégez, quoi qu’il arrive. Vous m’avez fait confiance pour vous escortez et il est de mon devoir de vous amenez sain et sauf à votre destination. J’ai failli échouer une fois et je pense que j’ai peur de vous perdre à nouveau. Toutefois, comme je veux que vous vous reposiez, je vais leur détacher les pieds et leur fournir une couverture, c’est le mieux que je puisse faire pour assurer votre protection.

En effet, qui me dit qu’elles ne vont pas de transformer en Fangeux ? Seul les Trois savent comment tout ceci fonctionne et si on avait suivi mon avis, elles auraient été tuées dès leurs morsures découvertes et leurs corps brulés pour ne prendre aucun risque. De plus, pour moi, si l’on souhaite un jour reprendre nos terres, il va bien falloir se battre et pour cela arrêter d’envoyer des humains se faire tuer bêtement, car chaque être qui tombe peux devenir un nouvel ennemi mortel.

Le Roi actuel est trop tendre pour son poste, il faut une main de fer dans un gant d’acier pour gérer une ville comme Marbrume qui est surement le dernier refuge de l’humanité. En tout cas, avant de m’occuper des deux otages, j’ébouriffe gentiment la tête de la baronne et je lui indique :

Vous pouvez vous reposez maintenant, je m’occupe de tout.

Je me lève ensuite et sans faire de bruit, je m’approche des deux jeunes femmes qui me regarde un peu moins terroriser qu’avant, puisque jusqu’ici, je ne leur ai pas fait de mal et je détache leurs jambes. Je prends ensuite une couverture et leur met pardessus pour qu’elles puissent également avoir une bonne nuit de sommeil. La mère me demande alors d’une petite voix, comme si elle ne voulait pas me déranger :

Pardon, seigneur, mais vous allez nous laisser partir demain ?

Je la regarde droit dans les yeux avant de lui dire d’une voix posée :

Je n’ai qu’une parole, si la malade va mieux demain, je vous relâcherais et j’aurais une dette envers vous.

Je vois que ma réponse n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde, car mon interlocutrice me regarde avec des yeux étonnés :

Une dette ? Mais nous ne sommes que des bannis.

Je lui réponds d’une voix qui n’incite pas à poursuivre le dialogue :

Peu importe, un chevalier récompense celui ou celle qui l’aide, c’est comme cela.

C’est d’ailleurs à cause de ce code d’honneur, que je me suis retrouvé embarqué dans cette aventure. Je clos la discussion et je vais me coucher à mon tour, mon épée à deux mains juste à côté de moi, essayant de m’endormir malgré l’anxiété de dormir dans un endroit aussi peu sécurisé que cette cabane.