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 Le dîner de toutes les possibilités (PV)

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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyJeu 1 Déc 2022 - 14:46

Manoir Santenoque
Esplanade
27 février 1167

Le ciel s'était embrasé de jaune, d'orange et de rouge une heure plus tôt. Il s'était paré de sa robe prune piquetée d'étoiles qui scintillaient en chapelet. Quelques nuages dérivaient lentement devant le visage d'une lune qui se découpait en croissant. Ce soir serait le grand soir. La Priost avait consenti à accepter l'invitation du Comte et Pépin était bien décidé à étourdir la bourgeoise sous un torrent de faste et d'élégance. Il avait ordonné le branle-bas de combat général et les petites mains qui oeuvraient dans le manoir furent mises à rude épreuve. Les bibelots reçurent un coup de chiffon et de lustre, les tapis battus dans l'arrière-cour, couverts et napperons soigneusement nettoyés et le son du balai frottant le parquet retentit pendant une bonne partie de l'après-midi. Il avait mis les jardiniers à contribution, leur faisant tailler proprement les quelques buissons qui habillaient le carré de verdure qui embellissait l'avant de la demeure. En cuisine, c'est le bruit du bouillon et le tintement des casseroles qui résonna sans discontinuer. On aurait pu croire que c'était le Roi en personne qui était attendu dans la demeure familiale, mais nenni. Cette femme devait en prendre plein les mirettes, tutoyer du bout des ongles ce qu'était la vie d'un noble de Marbrume et contempler ses petites possessions avec une amertume certaine en retrouvant ses pénates. Elle allait voir ce qu'elle allait !

Deux bains furent donnés. Premièrement, Pépin, lui-même, chassant une partie de l'eau fumante qui remplissait l'énorme bassine qui avait accueilli son non moins énorme céans. Tandis que le barbier était venu apporter un peu de soins aux bas-joues de notre protagoniste bien-aimé, c'est Pepette qui eut le plaisir de se prélasser dans une petite baignoire rempli de mousse odorante. Une coupe rempli de petites croquettes trônait à ses côtés. De temps à autre, Pépin piochait dedans pour les tendre à l'animal qui se délectait de son pêché mignon. Tandis que des bonnes s'attelaient à sécher la petite chienne pour rendre son poil brillant et duveteux, le Comte choisissait sa tenue avec application. Un pourpoint brodé d'argent et aux boutons dorés et un haut de chausse sombre ferait ressortir les bagues volumineuses qui entouraient ses doigts boudinés. Une tunique blanche muni d'un petit jabot raffiné apportait une peu de volume à la mode et dissimulait légèrement le goître du noble. Pour la touche finale, il prit une fiole de parfum que faisait Bakshish et s'en vaporisa quelques traits extraits à l'aide d'une poire en cuir. Un système ingénieux qui émettait des petites flatulences aigües qui amusait Pépette à chaque fois. S'avérant être l'hôtesse au même titre que son maître, elle fut paré d'un ruban rose pâle, noué en une grosse cocarde à l'arrière de son cou. Ainsi fagotté, ils étaient resplendissants.

Dans la salle à manger, Pépin, par l'intermédiaire de son intendant à la peau brune, avait fait dressé une nappe bleue nuit, qui complétait élégamment la vaiselle immaculée. Ce serait pour plus tard. Pépin avait prévu de recevoir son invitée dans le petit salon dans un premier temps. Deux fauteuils à dossier hauts et larges avaient été placés devant l'âtre de cheminée et ils pourraient prendre un apéritif ici, entre les étagères remplis de divers livres et les tapisseries représentant des scènes de chasse. Près d'un fauteuil, le coussin de Pétulia était présent, bien rebondi et confortable pour les petites pattes délicates du Spitz. Tout était prêt pour recevoir celle qui avait reçu avec "beaucoup d'intélêt" son intendant. Pépin émit un petit gloussement en se remémorrant l'accent ridicule de ce bonhomme enturbanné. Il ne savait peut-être pas parler correctement mais au moins était-il efficace cet exotique.

Le heurtoir de la porte d'entrée cogna. Derrière un pan des lourds rideaux pourpres qui encadraient les fenêtres du rez-de-chaussée, Pépin observa un bref instant la silhouette qui se découpait dans la pénombre qu'offrait le perron. Il se saisit de sa canne et avança lentement vers l'entrée, précédant Pétulia qui trottinait sur ses talons. Jérôme, le majordome, un grand gaillard guindé ouvrit la porte tandis que Pépin apparaissait depuis le petit salon. Il fit immédiatement l'accueil de son invitée du soir.

Soyez la bienvenue dans mon humble demeure, Madame !
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyVen 2 Déc 2022 - 19:10
La maison familiale des Priost était calme en ce milieu d’après-midi. Les deux aînées étaient chacun occupés à leurs apprentissages, le troisième se trouvait toujours au Temple, il n’en rentrerait que tard le soir, et pour finir, la petite furie, dernière de la fratrie, avait été mise à contribution par son oncle maternel. L’ambiance était donc propice à la quiétude et à la détente, choses qui étaient actuellement nécessaires à Dame Priost pour se préparer à l’importante entrevue qui l’attendait le soir.

L’eau tiède du bain de Théodora avait été parfumée de quelques violettes et fleurs de jasmin, rendant la vapeur de l’eau agréable. Gontrand s’assurait avec minutie que chaque parcelle de sa peau avait été badigeonnée de savon aux épices. Les deux arômes se mariaient délicieusement et apportaient une certaine assurance à la bourgeoise. Une assurance qu’elle n’avait pas ce fumet écœurant des petites gens, et que ceux qui s’approcheraient d’elle en serait subtilement conscient. Pour autant, l’odeur n’était pas si entêtante, pas au point de passer pour une vulgaire courtisane.

Puis, lorsque le liquide fut presque froid, il fut l’heure de se parer de ses meilleurs atours. Le carmin de la robe en soie mettait en valeur les émeraudes perçantes qu’étaient les yeux de Théodora, tout autant que celles qui étaient cousues à même le tissu. Les petits points formaient une sorte de papillon délicat sur son flan droit. La bourgeoise réajusta son corset alors qu'une couture se mit à irriter sa peau. Gontrand ne l'avait pas trop serré afin qu'elle n'etouffe pas après le dîner. Et puis, les quelques formes qu'elle possédait avaient déjà fait leurs preuves, nul besoin de les cacher outre-mesure.

Les longs gants rouge que Théodora enfila possédaient eux aussi des émeraudes taillées finement sur leur partie haute, là où le tissu devenait une courte dentelle. Elle s'observa dans le miroir, s'assurant que sa tenue et son maquillage étaient parfaits. Ni trop, ni trop peu. Assez pour marquer, non-outrancier pour ne pas ressembler à une catin. La silhouette de Gontrand se dessina derrière elle, et son reflet lui présenta deux parures. Il passa l’un des collier autour du cou de sa Maîtresse, avant d’essayer l’autre.

« Il est difficile de se décider Maîtresse. »


« Lequel te donne le moins envie d’être sage ? »


Une étincelle brilla dans le regard clair du grand blond avant qu’il ne laisse la seconde parure en place. L’argent était semé de rubis en une longue chaîne qui se terminait au plus proche de la limite du décolleté de la commerçante. Il accrocha les boucles d’oreilles qui allaient de paire avec le premier bijou. La pierre émettait un léger tintement à chaque fois qu’elle rencontrait le cercle argenté qu’il l’entourait, de quoi ne pas passer inaperçu si le reste n’était pas suffisant.

Dans l’entrée de la demeure, une cape lourde de velours, surmontée d’une chaude fourrure au niveau du cou, fut mise sur ses épaules par le garde du corps. Lui-même s’était paré d’une fourrure de loup propre et fournie, appuyant son côté peu commode. Pour autant, à l’image de sa maîtresse, il avait revêtu l’un de ses meilleurs ensemble et avait passé un long moment à aiguiser puis nettoyer ses armes avant de s’occuper de sa Maîtresse.

Les rues étaient toujours agitées en cette heure-ci, mais la bourgeoise fendait la foule avec grâce, comme si elle n’appartenait pas à la même terre que ces gens pressés par le travail. Quelque part, c’est bien ainsi qu’elle se considérait. Elle avait suffisamment sué pour pouvoir aujourd’hui avoir ce privilège. Son ascension n’était pas finie. Elle avait d’autres atouts à jouer. C’est ce qu’elle se répéta en arrivant à la porte du domaine du Comte de Santenoque.

Gontrand fut celui qui frappa en lieu et place de sa Maîtresse. Il aurait été dommage qu’elle prenne froid pour un si petit geste.

Le duo fut accueillis par un homme de même carrure que le garde du corps. Cependant, sa tenue et sa place indiquait que son travail était celui d’un simple majordome. Enfin simple...l’intendant s’était aussi présenté ainsi, et Théodora doutait fort que son rôle soit aussi minime que celui qu’il avouait. Sans qu’elle ne puisse s’attarder sur ce premier serviteur, l’imposante présence du Comte apparut.

Alors, comme on l’exigeait d’une femme bien élevée, dans le respect total de l’étiquette, Dame Priost se fendit d’une révérence que l’on aurait pu qualifier de parfaite. Jusqu’au regard innocent qui se posa sur le propriétaire des lieux lorsqu’elle releva la tête. La bourgeoise regretta juste d’avoir encore sa cape sur les épaules en cet instant.

« Monsieur le Comte, je vous remercie de votre généreuse invitation. »

Enfin, elle put observer celui qui pouvait lui ouvrir les portes qu’elle souhaitait. Et tout chez lui, respirait la richesse. Tout comme elle, ses atours ne souffraient d’aucune économie, d’aucun malheureux accroc. Même la petite chose ridicule qui se tenait à ses pieds était bien mieux lotie que les pauvres hères qui vivotaient au font du Goulot.
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyLun 5 Déc 2022 - 10:27
« Monsieur le Comte, je vous remercie de votre généreuse invitation. »


Elle était là. Formes généreuses comme l'avait décrit Bakshish et yeux verts perçants qui vous cueillaient le regard en créant l'émoi dans les chausses. Theodora Priost était à la hauteur de sa réputation. Sa tenue, bien que toujours dissimulé sur une cape bordé de fourrure, semblait d'une facture tout à fait louable pour une habitante de Bourg-Levant. À croire que même les gueux pouvaient avoir le sens de la mode. Pépette se contenta d'un petit aboiement appréciatif en observant la femme pénétrer dans l'antichambre du manoir. À sa suite, un gros gaillard à la trogne peu aimable entra. Qu'est-ce qu'il venait foutre ici ce cuistre ? Il avait visiblement fait un effort sur ses nipes, mais il puait le simple employé. C'était à croire que la Priost avait peur de se retrouver en tête à tête avec Pépin. Elle aurait cependant du mal à faire croire que ce primate pouvait être son valet de pied. Même lui avait encore du mal à accepter la carrure de Jérôme. Si les majordomes n'étaient plus de petits freluquets aux jambes de poulet et aux côtes apparentes, où allait donc la ville ?

Ce dernier s'attela à prendre la cape de Theodora, la faisant glisser rapidement pour dévoiler un ensemble d'un rouge profond. Gants, corset et fanfreluches qui apportaient un contraste naturel aux billes vertes de l'invitée. Quelques bijoux venaient montrer l'aisance financière de la bourgeoise. Elle voulait montrer que son statut était bien supérieur au commun. Parlant de montrer, son collier venait plonger dans le décolleté, attirant le regard du Comte qui n'avait pas besoin de ce point de mire pour lorgner un bref instant vers la poitrine de la Priost. Par les Trois, Bakshish n'avait pas menti, c'était énorme ! Ou comme on disait dans les faubourgs de Santenoque "Oh putaing cong, vé les sacrés miches".

Resserant rapidement sa poigne sur le pommeau de sa canne, Pépin tendit le bras droit vers l'arrière de sa demeure.

Votre ... employé ? ...

Il désigna l'homme qui accompagnait la bourgeoise d'un regard qu'il voulait neutre mais qui dissimulait assez mal son dédain.

Trouvera de quoi se réchauffer, manger et se désaltérer dans les cuisines. Jérôme, je compte sur vous pour l'y conduire et le traiter avec respect.
Bien, Votre Honneur.

Le majordome accrocha la cape de la Priost à une large patère avant de s'approcher du type et de l'inviter à le suivre d'un petit signe de la main. Pépette lança un jappement en remuant sa queue en tire-bouchon avant de retourner vers le petit salon, souhaitant probablement montrer le chemin à la nouvelle arrivante. Pépin pouffa en voyant l'animal trottiner qui faisait tortiller son ruban. Il posa son regard sur la Priost en lui adressant un sourire poli.

Je vous en prie, Madame.

Il indiqua l'entrée de la pièce du plat de la main, faisant montre de galanterie en invitant la femme à y pénétrer la première. L'intérieur chaleureux de la pièce, baignant sous les lueurs vacillantes des chandeliers et de l'âtre, offraient un écrin de couleurs estivales qui étaient en accord avec les atours de la Priost. Tandis que le duo entraient dans la pièce, le Comte ajouta non sans fierté.

J'ai pensé que vous aimeriez prendre un petit temps de discussion avant de passer à table. J'ai fait mettre en carafe un petit de vin de chez moi qui fait un apéritif légèrement sucré et agréable. Qu'en dites-vous ?

La canne du Comte cognait contre le parquet, annonçant le prochain pas du bonhomme qui étaient accompagnés du bruit de bois qui geignait sous le poids du propriétaire. Il désigna un des fauteuils -celui qui faisait face au coussin volumineux du petit chien qui avait déjà pris sa place fièrement.

Je vous en prie.



Dernière édition par Pépin de Santenoque le Jeu 2 Fév 2023 - 12:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyMar 6 Déc 2022 - 23:22
Assez satisfaite de son entrée à la matière, la bourgeoise retint un sourire. Même si il s'était vite reprit, le Comte avait lorgné un instant sur le meilleur atout de Théodora. Il n’était donc pas un homme insensible aux charmes féminins. C'était toujours bon à savoir.
Honnête ou vicieux, selon le sens commun, tout avantage qui desservait un objectif était à prendre. La négociante n’avait pas ce genre d’intérêt illusoire sur le bien-fondé philosophique de telle ou telle chose. Se conformer aux codes sociaux et aux attentes des Dieux étaient déjà des handicaps bien suffisants.

Par la suite, le Comte toisa Gontrand avec cet orgueil propre aux sang-bleu. Bakshish avait beau avoir fait l'éloge de l'ouverture d’esprit de son Maître, il n'en restait pas moins un homme de son rang. C'est pourquoi elle se contenta d'un sourire aimable pour répondre à son invitation à partir plus loin.

En suivant la direction montrée par le Comte, la bourgeoise lança un coup d'oeil vers l'arrière pour communiquer avec son fidèle gardien. Son regard rencontra celui du grand blond, qui, deux secondes plus tard, s'inclina avant de suivre le majordome. Ce fut suffisant pour que Dame Priost soit rassurée sur le sort de Gontrand, et la réciproque était aussi vraie. Ses hanches purent alors rouler négligemment jusqu’à la pièce qui serait le berceau de leur discussion.

Une fois entrée, Théodora s'avança de son pas léger vers les bibliothèques. Son beau-père, négociant de talent et homme instruit, lui avait toujours dit qu'on apprenait beaucoup d'un client à sa demeure, et en particulier sa collection de livres. Sans même avoir besoin de lire les titres, voir leur usure, la poussière qui les couvraient, permettait de distinguer quelques indices. Cependant, avant même qu'elle n'ait le loisir de vérifier quoi que ce soit, son hôte l'invita à s'asseoir.

J'ai pensé que vous aimeriez prendre un petit temps de discussion avant de passer à table. J'ai fait mettre en carafe un petit de vin de chez moi qui fait un apéritif légèrement sucré et agréable. Qu'en dites-vous ?

« J'en dis que vous êtes un homme qui sait recevoir,  Messire. »

Ce dernier mot fut ponctué d'un contact visuel de la bourgeoise, revenant vers son hôte. Ses mains gantés vinrent attraper le bas de sa robe pour qu’elle puisse s’asseoir sans la froisser. Durant toute la manœuvre, son regard ne lâcha pas celui de son hôte. Son dos droit, ses mains vinrent se croiser sagement sur ses cuisses.

Et la bourgeoise ne mentait pas quand elle affirmait au Comte qu’elle le considérait comme un hôte averti. La pièce avait été préparée pour cet entrevu. Que ce soit leurs sièges ainsi positionnés, le feu allumé suffisamment en amont pour que la température soit agréable en cet instant, les tapisseries époussetées, rien n’avait été fait à la hâte mais pensé à l’avance par le vis-à-vis de la négociante.

« Merci de votre prévenance. Gontrand m'accompagne lorsque je dois traverser la ville, en particulier à ces horaires. La convoitise peut amener de braves gens à faire des folies. Un homme de votre qualité à déjà dû y être confronté, n'est-il pas ? »


La petite chose ridicule confortablement installé sur son coussin haut de gamme émit un nouveau aboiement aiguë. C'était comparable à une roue de chariot qui n'aurait pas été graissée depuis la nuit des temps, provoquant une crispation de l'auditoire à chaque son. En lieu et place du rictus qu'elle rêvait de faire, son visage se fendit de bienveillance.

« Oh ! Mais quelle ravissante petite chose ! Quel est son nom ? »

Les animaux de compagnie étaient assez rares pour que ceux aussi bien traités aient leur importance.
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyMer 7 Déc 2022 - 11:35
J'en dis que vous êtes un homme qui sait recevoir, Messire.

Si elle se sentait déjà bien accueilli, elle allait être conquise avant la fin de la soirée. À croire que les gueux ne prenaient pas le temps de siroter un petit vin de famille au coin d'un bon feu, dans des fauteuils confortables, loin de la morosité du dehors. Qu'importe qu'ils n'en avaient probablement pas les moyens, ils n'avaient qu'à être riche ces bouseux. Un petit gloussement appréciatif vint saluer la remarque de la bourgeoise au même titre que la réflexion que le Comte venait de se faire silencieusement. Elle tourna ses billes vertes vers la silhouette galbée du Comte, liant un contact qui ne sembla jamais vouloir se rompre. Un regard mes aïeux ... Du genre de celui qui fait monter le chapiteau et vous promet de voir le clown, les acrobates et les jongleurs. Ah la chaudière ! Espérons pour elle qu'elle avait nettoyait le foyer à bûches, parce que le Pépin, il ne fallait pas trop lui en promettre.

Une fois assise, elle maintena son regard de braise dirigé vers le Comte, expliquant la présence du type qui avait été envoyé en cuisine.

Merci de votre prévenance. Gontrand m'accompagne lorsque je dois traverser la ville, en particulier à ces horaires. La convoitise peut amener de braves gens à faire des folies. Un homme de votre qualité à déjà dû y être confronté, n'est-il pas ?

Faisant geindre le fauteuil qui accueillait le large céans comtal, Pépin arqua un sourcil curieux en direction de son invitée. Plissant son bourrelet qui faisant office de double menton en guise de sourire, il répondit avec bonhommie.

Ma foi, bien peu, Madame.

Le contact avec les petites gens n'était pas son habitude, ni son goût. On ne savait jamais quelle genre de parasites ou de maladies cette espèce pouvait colporter. Même si ses pérégrinations sur le port l'avait amené à côtoyer des pauvres, le fait d'être celui qui les rémunérait avait tendance à calmer nombre de vélléités. Les Cachalots qui veillaient à dompter les plus récalcitrants devaient sûrement aider également. Il poursuivit, arguant un tout autre argument.

J'ai la chance d'être né homme. On me convoite beaucoup moins qu'une charmante dame comme vous. Et comme je fournis nourriture et salaire à plusieurs familles de la cité, on me laisse tranquille.

Elle se pencha alors vers Pépette, s'émerveillant de la beauté de la petite chienne qui avait attiré son attention par un petit aboiement synonyme de besoin d'attention.

Oh ! Mais quelle ravissante petite chose ! Quel est son nom ?

Ah il était évident que le chien de garde de Pépin avait l'air plus sympathique et moins simiesque que celui qu'avait apporté Theodora. Le comte posa un regard attendri vers l'animal.

Elle se nomme Pétulia.

Pépin leva l'index doucement et Pépette se redressa sur les pattes arrière, joignant les pattes avant avant de baisser la truffe dans une parodie de révérence. Un petit tour amusant qui attendrissait les coeurs les plus durs. La chienne laissa retomber les pattes avant sur son coussin dans un petit bruit étouffé en remuant la queue. C'est à cet instant qu'une fille de maison pénétra dans le petit salon. Elle portait un plateau au centre duquel trônait une carafe gravée d'un cygne prenant son envol. De chaque côté de l'élégant pichet, deux coupes argentées avaient été disposés de façon symétrique. La servante posa le plateau sur une des petites tables installé à côté des accoudoirs du fauteuil du Comte. Comment s'appelait cette pauvresse déjà ? Jacqueline ? Micheline ? Martine ? Ah oui ...

Merci Geneviève !

Elle effectua une petite courbette, plus maladroite que celle que Pépette avait exécuté quelques secondes plus tôt, puis elle sortit de la pièce. Pépin se saisit de la anse de la carafe avant de verser le liquide rose foncé dans les coupes. Il fit la conversation pendant ce temps.

Aimez-vous les animaux ? J'ai toujours trouvé qu'ils étaient bien moins fourbes que les hommes. S'ils vous aiment, c'est sans arrière pensée et avec une abnégation et une dévotion fascinante.

Une fois rempli, il tendit le verre à son invitée, liant son regard au sien une fois encore. Une fois qu'elle s'en fut saisi, il prit la sienne et la leva en direction de la bourgeoise.

À nous ! Et à toutes les opportunités que ce dîner peut nous offrir !
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptySam 10 Déc 2022 - 9:59
A peine eut-elle demandé le nom de la petite chose ridicule, que le Comte montra à quel point il était attaché à cette plaisanterie. Cet animal avait sa place dans un cirque, non dans une demeure. Mais si cela était plaisant pour le Comte, alors le point de vue de Théodora sur la créature pouvait bien être celui qu’elle voulait, elle se plierait au jeu avec toute la bonne volonté du monde, dessinant un air attentif et très légèrement émerveillé devant ce spectacle. Il n’aurait pas été de bon ton d’en faire trop non plus.

Le service à vin qui se présenta sous les yeux du duo était à contrario réellement intéressant. Ce n’était pas un simple artisan qui avait pu réaliser un travail aussi fin. Et le prix du service n’était certainement pas accessible à un de ces nobles désargentés. A moins que ce soit une possession d’avant la fin du monde et qui avait été bien entretenue. Pour autant, la négociante penchait plus pour la première hypothèse. Le Comte avait des affaires florissantes,et il n’avait pas lésiné pour le lui montrer, par les moindres détails. Et pour être une habituée de la méthode, Théodora l’appréciait à sa juste valeur, se laissant volontiers servir par la femme qui leur portait le breuvage.

« Merci. »

Même si elle n’était qu’invitée, il était important que même le petit personnel ait une bonne image d’elle. Ces gens parlaient les uns avec les autres dès qu’ils avaient un sujet à partager. Alors autant que cette Geneviève répande la bonne parole, insistant sur l’attitude impeccable et bienveillante qu’avait eut Dame Priost ici. Et contrairement à ce que ces sottes de jeunes filles pourries gâtées, qui grandissaient une cuillère en argent dans la bouche, pourraient médirent de la courbette râtée de la servante, Théodora se contenta d’être indulgente, lança un un léger signe de tête rassurant à la femme.

Lorsque le Comte quémanda son attention pour que leurs coupes se lèvent ensemble, il n’y eut aucune hésitation. Ses iris se laissèrent volontiers entraîner dans ce duel consentant, avant qu’elle ne répète les mêmes mots que son hôte.

« A nous. Et à toutes les opportunités que ce dîner peut nous offrir. »

Le ton était moins enjoué, mais non moins intéressé. Contrairement aux représentants du sexe masculin, qui avaient tendance à être démonstratifs, la négociante restait dans le contrôle, appuyant un peu plus sur les mots « nous » et « opportunités ». Attendant que le Comte goûte en premier le breuvage, par politesse et par sécurité, Dame Priost goûta la première lampée sans encore lâcher l’attention de son hôte. Il était trop tôt pour qu’elle détourne le regard, alors qu’il semblait apprécier lui aussi l’échange.

Comme promis, le nectar était doux pour ses papilles. La sucrosité se déversait petit à petit dans l’ensemble de sa bouche, cachant parfaitement la légère brûlure de l’alcool. Le goût était complexe, recherché, bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Théodora se surprit même à venir cueillir avec le bout de sa langue une goutte qui était resté sur le coin de ses lèvres. Afin de ne pas s’attarder sur cet instant, involontaire, la négociante répondit enfin à la question qui lui avait été posée.

« Je comprends votre point de vue Messire. La simplicité et la puissance de leur affection se retrouve rarement chez les humains. Même si je dirais que ce n’est pas chose impossible. »


Bien que le Comte parlait d’amour, Théodora le considérait comme de la loyauté. Le terme romantique, elle ne l’avait jamais réellement compris. Ces sentiments étaient triviaux et inutiles. Ils n’avaient aucune finalité utile, si ce n’était être un parfait outil de manipulation avec ceux qui y croyait. Beaucoup confondaient l’attention avec ce qui était décrit comme un lien profond et tout le blabla qui allait autour...

« Voyez votre intendant, ne vous est-il pas loyal ? »

Ce Bakshish avait eut l’air parfaitement acquis au Comte, le représentant et le défendant parfaitement. Même si il ne devait pas être aussi dévoué que Gontrand l’était pour elle. Oh ça, elle l'imaginait bien mal.

« Et puis n’est-il pas toujours divertissant d’observer les hommes ? Pétulia offre un spectacle délicieux, mais les humains et leur imprévisibilité en offre d’innombrables. »

Le défi qu’ils représentaient était parfois vivifiant, tout autant qu’il pouvait être source de désagréments. Et il était exaltant de pouvoir regarder tout ceci avec de la hauteur.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyDim 11 Déc 2022 - 16:13
Après avoir pris une gorgée de vin et s'en être léché la commissure des lèvres, la bourgeoise répondit à Pépin s'en chercher à détourner le regard.

Je comprends votre point de vue Messire. La simplicité et la puissance de leur affection se retrouve rarement chez les humains. Même si je dirais que ce n’est pas chose impossible. Voyez votre intendant, ne vous est-il pas loyal ?

La réflexion au même titre que la comparaison entre l'intendant et un animal de compagnie fit sourire le comte. Il réfréna un gloussement aigü tandis que la Priost continuait à dénouer le fil de sa pensée.

Et puis n’est-il pas toujours divertissant d’observer les hommes ? Pétulia offre un spectacle délicieux, mais les humains et leur imprévisibilité en offre d’innombrables.

Pépin avala une nouvelle gorgée de vin à la robe claire, laissant le liquide courir quelques instants sur sa langue avant de le laisser couler au fond de sa gorge en savourant les arômes. Il répondit alors, amusé par la démonstration de son invitée.

Bakshish n'a rien d'un animal, Madame. Aussi loyal, aussi ... fidèle soit-il. Il reste mon employé. Un emploi dans lequel il est très compétent, je l'avoue sans peine, mais un emploi tout de même. Il servait jadis d'autres maîtres et pourtant, il n'a pas hésité à les quitter pour traverser des centaines de lieues lorsque la Fange leur sont tombés dessus. C'est un intérêt calculé de sa part et de la mienne. Une relation donnant-donnant tout à fait ... humaine.

Pépin se pencha légèrement en avant, déposant sa coupe sur la table basse à côté de son fauteuil. Il joignit les main sur son ventre en se redressant au fond de son siège. Il poursuivit en ne lâchant par sa compagne des yeux.

Les humains ne sont pas si imprévisibles que cela. Ne pensez-vous pas ? Je n'en connais pas un qui ne convoite pas l'argent, le pouvoir ou la réputation. Ils serviront celui qui pourra leur offrir une de ces trois choses. Ils seront dévoués si vous leur en offrez deux et pourraient mourir en votre nom si vous leur garantissez les trois.

Geneviève réapparut les bras chargés d'un autre plateau, plus petit que le précédent. De petits triangles de pain grillé sur lesquels avaient été étalés une terrine de poisson charriaient une odeur qui faisaient saliver d'avance le Santenoque. Elle déposa le plateau à côté de la coupe de Pépin avant de faire une nouvelle courbette maladroite et de sortir. Le Comte avança une patte épaisse pour prendre le plateau et le tendre en direction de la bourgeoise, l'invitant à se servir d'un petit signe de tête. Une fois qu'elle se fut servi, Pépin reposa le plateau avant de se saisir d'un morceau de pain.

N'en sommes-nous pas une preuve nous-même ? Il a suffit d'une lettre signée de mon nom, d'une possibilité d'argent, de développement dans vos affaires et de réputation pour que nous nous retrouvions ce soir. Il m'a suffit d'entendre parler du nom des Priost comme négociants talentueux pour provoquer cette entrevue.

Il enfourna l'amuse-gueule dans sa bouche et le mastiqua rapidement avant de l'avaler tout de go. Simple mais succulent ! Le maître-queu avait une fois encore fait des merveilles derrière ses fourneaux. Il prit un second toast qu'il croqua goulument sans attendre. Il haussa les sourcils en reposant son regard sur la Priost.

L'unique imprévisibilité que je vois pourrait être l'absence de votre époux.

Il saisit de nouveau le plateau pour le tendre vers la bourgeoise en souriant.

Mais était-ce vraiment si imprévisible ? Certaines rumeurs disent que la vraie décisionnaire en affaire ... C'est vous !
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyMar 13 Déc 2022 - 22:23
Ainsi le Comte comptait balayer la notion de fidélité par un simple appât du gain. Soit, c’est ce que pensaient beaucoup d’hommes. L’esprit masculin n’aimait pas la complication et préférait classifier plus facilement les choses. Il semblait que l’hôte de la négociante n’était pas si différent de ses confrères. Néanmoins, dans son cas, la réussite avait tout de même suivi car ses calibrages étaient globalement juste. On ne pouvait pas le lui enlever.

« Votre analyse me semble assez réaliste. Vous rendez cela très simple et d’une certaine justesse. Pourtant il n’y a rien de plus complexe que l’être humain, j’en reste persuadée. N’avez-vous jamais rencontré quelques difficultés dans l’application de ces principes ? Des personnes plus difficiles à convaincre que d’autres ? Notre entrevue, et la facilité avec laquelle elle s’est faite, ne relève que du bon sens. Nos deux partis ont à y gagner. Malheureusement, tout le monde ne connaît pas le bon sens, n’est-il pas ? »


Il fallait parfois provoquer la prise de conscience chez autrui. C’était à la fois une complication, tout autant que cela pouvait être vivifiant pour l’esprit. Théodora ne pouvait gommer la satisfaction qu’elle pouvait ressentir à prendre le dessus sur ceux qu’on lui avait toujours présentés comme supérieurs. Même si elle intériorisait parfaitement ces sentiments qui ne pouvaient être montrés.

En toute occasion, une femme devait rester ce que l’on attendait d’elle. Une rose à admirer dans un vase. Alors même qu’elle prit un amuse-bouche, elle en fit une nouvelle fois la démonstration. La tranche de pain entre son index et son pouce, elle prit garde de ne pas tâcher ses gants avec la mixture qui avait été étalée dessus. La bourgeoise attendit que son hôte attaque avec appétit avant de mordre son propre morceau. A peine eut-elle mâché sa deuxième bouchée que le Comte se resservit et termina avant elle. Aussi, quand il lui proposa le second, elle déclina poliment de sa main libre. Non pas que la matière soit mauvaise. Au contraire, il était clair que ceci avait été préparé pour convenir aux goûts fins du maître des lieux. Le poisson était frais, tout du moins n’avait-il pas le goût détestable de la poiscaille bon marché qui circulaient en charrette des heures dans les rues de la ville. Quelques condiments relevaient le tout agréablement, de quoi ouvrir l’appétit pour la suite du dîner.

Avant de répondre à l’interrogation masquée de son vis-à-vis, Dame Priost s’octroya une nouvelle goulée de ce délicieux vin. Le gosier réhydraté, son verre retrouva le guéridon et ses mains le dessus de ses cuisses. Dans l’action, sa position s’était légèrement modifiée, plus avancée sur l’assise du fauteuil.

« Ces rumeurs flattent mon égo Messire, même si elles sont certainement exagérées. Je vous prie encore de bien vouloir excuser l’absence de mon époux. Depuis que notre commerce s’est développé, nous avons dû tous mettre la main à la pâte. Et la Fange ne nous as pas non plus laissé le choix. J’espère tout de même vous apporter satisfaction, qu’importe le domaine dans lesquels mes compétences peuvent être requises »

Le Comte était-il prêt à aborder plus précisément les affaires qui l’avaient amené à contacter les Priost ? Ou allait-il encore tester Théodora ? Quoi qu’il en soit, ses pupilles émeraudes étaient prêtes à faire miroiter l’étendue de ce que la Dame pouvait lui apporter, parmi lesquels argent, pouvoir et réputation pouvaient tout à fait être inclus. Entre autres.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyMer 14 Déc 2022 - 17:31
Elle posa un regard qui semblait incrédule lorsque Pépin développa sa conception ces rapports humains. Elle déclara avec un brin d'arrogance dans la voix.

Votre analyse me semble assez réaliste. Vous rendez cela très simple et d’une certaine justesse. Pourtant il n’y a rien de plus complexe que l’être humain, j’en reste persuadée. N’avez-vous jamais rencontré quelques difficultés dans l’application de ces principes ? Des personnes plus difficiles à convaincre que d’autres ? Notre entrevue, et la facilité avec laquelle elle s’est faite, ne relève que du bon sens. Nos deux partis ont à y gagner. Malheureusement, tout le monde ne connaît pas le bon sens, n’est-il pas ?

Intéressant. Un brin naïf et tendre mais intéressant. Un petit sourire s'étira entre les bas-joues du Dauphin d'Or. Il ne put retenir sa réponse, un éclat malicieux brillant au creux de ses prunelles.

Quel intérêt aurai-je pour ces gens ? Si le "bon sens" ne les convainc pas, il y aura toujours un autre moyen.

La corruption, la menace, la violence, voir la mort, tout un éventail convaincant qui faisait céder même la plus forte tête. Il était cependant convaincu que l'entrevue de ce soir n'aurait pas besoin d'aller jusqu'à ces extrêmes aussi nécessaire que désagréable. Pour le moment, il était en délicieuse compagnie, grignotant de non-moins délicieux entremets qui ouvraient l'appétit. Elle refusa poliment une seconde gourmandise salée, préférant boire une nouvelle gorgée de vin avant de répondre aux rumeurs qu'avaient entendus Pépin.

Ces rumeurs flattent mon égo Messire, même si elles sont certainement exagérées. Je vous prie encore de bien vouloir excuser l’absence de mon époux. Depuis que notre commerce s’est développé, nous avons dû tous mettre la main à la pâte. Et la Fange ne nous as pas non plus laissé le choix. J’espère tout de même vous apporter satisfaction, qu’importe le domaine dans lesquels mes compétences peuvent être requises.

Il avait imité son invitée en prenant un peu de vin. Alors qu'il allait avaler le liquide il s'était arrêté, observant la bourgeoise par-dessus son verre. Pendant un battement de cil, il s'était dit que le double sens des paroles prononcées étaient involontaires et que son esprit mal tourné lui jouait un mauvais tour. En croisant le regard fixé sur lui de la Priost, incandescent, il comprit qu'il n'en était rien. Elle avait choisi ses mots. Suffisament pour être comprise sur toutes les "compétences" qu'elle possédait mais suffisament dissimulée pour ne pas donner l'impression de racoler comme la dernière ribaude des bas-quartiers. La perspective de recevoir le blochage après avoir palper les fruits d'un potentiel accord était doux à l'oreille de Pépin. Et elle osait dire plus tôt que les gens n'étaient pas prévisibles. Elle avait reçu l'invitation, éloigner son mari et maintenant elle était prête à écarter les cuisses dans l'espoir de gagner en réputation et en argent. Les gens n'étaient pas si complexes.

Nul doute Madame que nous saurons nous entendre. Entre gens compétents et capables, nous ne pouvons connaître qu'une fin heureuse à toute entreprise commune.

Si elle voulait du double sens, elle avait trouvé un bon client.

L'un dans l'autre, entre maîtresse commerçante et maître investisseur, il ne fait aucun doute que nous saurons goûter le jus délicat des fruits du succès.

Sucer. Il avait failli dire sucer ... À croire que les grands yeux verts et la poitrine vertigineusement soutenue par ce corset qui semblait défier les lois de la nature le troublaient plus qu'il ne voulait l'admettre. Allons Pépin, un peu de nerf, la gourgandine n'était pas encore couchée. C'est à cet instant que Jérôme fit son apparition.

Si Votre Honneur et Madame Priost le souhaitent, nous pouvons passer à table.

L'accent guindé et l'habitude qu'avait le majordome de se tenir droit comme un I tranchaient avec son physique de brigand. Pépin se leva au son de l'aboiement de Pépette qui s'égaya en avançant vers la porte. Il vida le reste de sa coupe d'une traite avant de tendre la main vers son invitée.

J'espère que vous avez faim, Madame. Nous pourrons pousser plus loin la conversation qui mènera à toute collaboration entre nous une fois à table.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyMer 14 Déc 2022 - 21:16
La réponse du Comte à son invitation muette était à la hauteur du partenaire d’affaires qu’elle espérait avoir en face d’elle. La finesse était donc un de leur trait commun, et preuve de leur intelligence. Son hôte avait très bien compris que la rumeur n’en était pas seulement une et que son réel interlocuteur était celui qu’il avait face à lui. Tout comme ses yeux avaient saisi l’intérêt secondaire qu’il pouvait éprouver à conclure une affaire avec elle.

Avant qu’elle ne puisse répondre à la confiance que lui témoignait son hôte, son majordome vint annoncer le repas. Au final, cette mise en bouche avait été assez courte, bien plus que ce qu’elle avait pu observer chez certains commerçants de son cercle. Un sourire poli fut donc sa seule réplique pour confirmer les dires du Comte.

La main tendue était une invitation à poser sa propre main dans la sienne ou dans le creux de son coude. Malgré leur entente mutuelle, la bourgeoise décréta qu’il était encore bien tôt pour ce genre de familiarité. Rien n’était encore conclu, aucune bribe de leur affaire n’avait encore été évoquée, il n’était donc pas encore question de laisser l’une de ses meilleures armes se dévoiler si facilement.

« Si le repas est à la hauteur de l’amuse-bouche dont vous m’avez gratifié, alors je ne doute point de l’apprécier. »

Théodora se leva et s’avança vers l’endroit où se trouvait le majordome, laissant tout loisir à son hôte d’observer encore un peu ce qui pouvait être sien pour quelques minutes ou quelques heures si tout ce passait sous les meilleurs auspices. Après quelques pas cependant, elle s’arrêta pour agrémenter son premier propos, observant son hôte par-dessus son épaule.

« A vrai dire, j’ai une faim de loup. Les bonnes nouvelles ont tendance à m’ouvrir l’appétit. Et notre entente ne peut qu’en être une. Comme vous l’avez souligné, nul doute que tout ceci aboutira. »


Maintenant qu’elle avait semé de nouvelles graines dans l’esprit du noble, la bourgeoise put attendre que celui-ci lui montre le chemin de la salle à manger. S’y avancer la première aurait été en total désaccord avec l’étiquette. Déjà qu’avoir évité le bras du Comte était une entorse, elle ne comptait pas pousser sa chance.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyJeu 15 Déc 2022 - 12:16
Si le repas est à la hauteur de l’amuse-bouche dont vous m’avez gratifié, alors je ne doute point de l’apprécier.

Et encore cocotte, ce n'était rien comparé à ce que pouvait être le dessert. Elle se permit malgré tout d'ignorer la main tendue par Pépin. Fausse pudeur ou jeu visant à lui faire comprendre que les familiarités n'étaient pas pour tout de suite, elle préféra se redresser seule et avancer lentement vers Jérôme. Le sourire du Comte s'étira un peu plus, amusé par cette fausse candeur qu'elle afficha en s'écriant.

A vrai dire, j’ai une faim de loup. Les bonnes nouvelles ont tendance à m’ouvrir l’appétit. Et notre entente ne peut qu’en être une. Comme vous l’avez souligné, nul doute que tout ceci aboutira.

Elle aboutirait très certainement et cela serait conclu par un emboutissement à en croire la tension qui s'intallait et les sous-entendus qui ruisselaient des mots de la bourgeoise. Elle avait faim et le Dauphin était prêt à la rassasier.

Fort bien ! Jérôme, nous vous suivons.

Le majordome aux larges épaules tourna sur ses talons avec une précision militaire avant de sortir de la pièce. Pépette prit les devants, bondissant de manière guillerette dans le couloir qui mènerait le groupe à la table. Pépin dépassa la bourgeoise, faisant claquer sa canne sur le parquet au rythme de sa démarche bonhomme. Quelques instants plus tard, Jérôme poussa une double porte pour dévoiler la salle à manger.
La table avait été dressé selon les instructions du comte. Rectangulaire et massive, elle occupait le centre de la pièce. Autour d'elle, six chaises aux dossiers couverts de cuir estampillés du blason familial avaient été disposés. Sur chacune d'elles, un coussin blanc à franges avaient été battus pour leur donner plus de rebondi. La nappe bleue faisait ressortir la vaisselle délicate qui avait été dressé avec soin. Deux chandeliers à quatre branches distillaient une lueur chaleureuse mais un brin intimiste. Un second âtre, plus volumineux que celui du petit salon, réchauffait la pièce en crépitant doucement. En bout de table, la place de Pépin l'attendait et sur la gauche, dos à la porte, des couverts avaient été mis pour signifier à la Priost où elle pouvait s'intaller. Pépette bondit sur un divan méridienne qui était installé dans un coin de la pièce avant de se rouler en boule pour profiter de la chaleur du feu. Le majordome tira la chaise de l'invitée et l'ajusta lorsqu'elle prit sa place, puis vint faire de même auprès de son maître qui avait attendu que la dame fut assise pour s'avancer vers son siège. Il posa son céans sur le coussin avant de lâcher sa canne contre le rebord de la table.

Reprendrez-vous un peu de ce vin clair ou préféreriez-vous un hypocras un peu plus relevé pour le repas ?

Pépin fit un petit signe de tête à l'attention de Jérôme qui agita une clochette, signal pour le personnel de commencer à servir. Il ne fallut guère attendre pour qu'un homme aux cheveux courts et au nez crochu fisse son entrée, portant une soupière fumante qu'il déposa sur un sous-plat sur la desserte qui longeait le mur devant lequel s'était posté le majordome. Tandis que ce dernier plongeait une grosse louche dans le liquide fumant, Pépin entama la conversation.

Bakshish me disait que vous êtes né Martel. Un nom qui résonne dans la cité de part leur expertise des arts de la forge. Il n'est pas étonnant que les Priost aient vus leurs affaires fleurir après un telle alliance. D'ailleurs, j'ai du mal à cerner précisémment en quoi consiste vos affaires. Le négoce est un éventail large et flou. Avez-vous une spécialité ?

Sur ces mots, Jérôme déposa les assiettes creuses remplis de bisque orange devant le comte et la bourgeoise.

Et bon appétit bien sûr.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyVen 16 Déc 2022 - 22:23
Loin d’être embêté par la conduite de son invitée, le Comte avait au contraire plutôt bonne mine lorsqu’il prit la tête de leur duo, suivant le majordome jusqu’à la salle à manger. Le cabot connaissait la maisonnée et avança avec entrain jusqu’au repas. Silencieusement, la bourgeoise suivit ses guides jusqu’à arriver à destination.

Là encore, son hôte avait voulu montrer l’étendu de son hospitalité. Aucun détail n’avait été laissé au hasard. De la couleur des éléments, à leur disposition, tout avait été précisément posé, jusqu’au couverts qui avaient dû être placés au cordeau. Lorsque la bourgeoise prit place sur le siège qui lui était réservé, l’odeur du cuir fraîchement huilé s’insinua dans ses sinus. Le blason Santenoque avait été briqué avec soin. Le feu était à une distance idéale, réchauffant sans brûler la peau. Tout ceci était parfaitement agencé et calculé. Ils jouaient tous deux dans la même cour. Restait à savoir si ils en sortiraient tous deux vainqueurs. Pour le savoir, il fallait continuer à tisonner les braises timides qui étaient apparues.

Un sourire candide, un réajustement de position, un geste négligeant vers sa parrure furent autant de petits gestes qui pouvaient aider.

« Je fais confiance à votre goût Messire. Vos choix ont été des plus appréciable, il devrait en être de même pour la suite. »

Une fois cette question triviale réglée, Dame Priost ne se fit pas prier pour entamer la partie sérieuse de leur discussion. Si il avait été divertissant de s’entretenir de mondanités avec son hôte jusqu’à maintenant, il était temps de creuser le vif du sujet. Plus assumée, plus sûre d’elle, la négociante posa ses coudes sur la table avant de croiser les mains à hauteur de menton. Alors que les serviteurs étaient engagés dans un ballet propre à leur corporation, elle ne fut pas avare concernant son sujet.

« En effet, mon père et mon frère aîné sont ceux qui tiennent actuellement la forge. Elle s’est développée petit à petit ces quelques vingt dernières années avec la production de nombreuses pièces de bonnes qualités mais accessibles en prix. Pour autant, ce qui a valu notre réputation sont les pièces les plus travaillées, à la fois solide et raffinées. Vous vous doutez que ce genre de marchandise n’est pas à la porté de n’importe qui. Concernant les autres pièces, le Roi a sa propre production d’armes pour équiper la milice, mais même certains d’entre eux savent que leur survie tiens parfois à peu de choses. Ils préfèrent dépenser quelques pièces de plus pour quelque chose qui survivra à plus d’un seul assaut forcené. »

Le fumet de la bisque venait chatouiller les récepteurs olfactifs de Théodora, indiquant qu’à nouveau un poisson de haute qualité avait servit à préparer ce plat aussi. Avait-il réellement ce genre de met à chacun de ses repas, ou était-ce seulement de la poudre aux yeux ? La noblesse avait perdu de sa superbe, même si elle s’accrochait au pouvoir comme une sangsue. Pourtant c’était la seule marche qui la séparait du pouvoir, et de la reconnaissance qu’elle méritait. Si elle avait été noble, les trois héritiers qu’elle avait auraient été suffisants à faire accepter ce qui était son essence propre, ce qu’elle devait toujours à ce jour cacher.
Elle se fustigea elle-même de se demander ce qui faisait le régime alimentaire de son hôte. L’impatience ne lui était pas coutumière, et elle ne devait pas se laisser emporter par ce simple dîner, aussi bien engagé qu’il soit.

Et bon appétit bien sûr.

« Merci, vous aussi Messire. »

Une fois que son hôte eu porté la première cuillerée à la bouche, son invitée fit de même. La température du potage était idéale. Suffisamment chaude pour faire ressortir tous les arômes, sans être ni brûlant, ni froid. La cuisinier devait être quelqu’un d’expérimenté, et certainement bien renseigné par le Comte sur la manière d’accueillir un invité, une Dame en particulier.

Au bout de la troisième bouchée pourtant, la bourgeoise posa doucement l’ustensile sur le rebord de son assiette pour continuer à décrire les affaires de ses deux familles. Il fallait contenter la curiosité de son vis-à-vis, tout autant qu’attiser son envie d’y mêler son propre commerce.

« Les Priost négociaient autrefois toutes sortes de matières premières. Ils rachetaient en particulier au Duc les matières premières qu’il n’utilisait pas pour les revendre plus loin. Ils géraient aussi une flotte de convoyeurs. Lors de mon mariage, leur commerce a aussi pris en charge le transport des armes crée par les Martel, mais aussi le transport des matières premières qui sont nécessaire dans leur confection. Notre alliance permet de s’assurer de la qualité des produits sur une grande partie de la production. Chacun y a trouvé son compte. »

Elle tout particulièrement. Et nul doute que le Comte ferait lui-même certaines liaisons qu’elle avait volontairement laissé de côté. Certaines choses ne pouvaient être énoncées à voix haute, d’autant plus avec des oreilles indiscrètes à portée. Laissant son hôte réfléchir à ses propos avant de lui poser ses questions, Dame Priost continua de déguster son entrée.
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Pépin de SantenoqueComte
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyLun 19 Déc 2022 - 16:54
Je fais confiance à votre goût Messire. Vos choix ont été des plus appréciable, il devrait en être de même pour la suite.

Il ne l'aurait pas mieux dit lui-même. Il savait être un homme de goût et de bon goût. Le privilège d'une haute naissance avait cet effet-là. Savoir apprécier un bon vin au lieu du picrate semblable à de la pisse qu'on servait dans les mauvais troquets du Labourg, c'était naturel. Les pauvres ne le savaient pas, eux. Les idiots ! Tandis que Jérôme servait le potage orangé, la bourgeoise répondit au questionnement de son hôte.

En effet, mon père et mon frère aîné sont ceux qui tiennent actuellement la forge. Elle s’est développée petit à petit ces quelques vingt dernières années avec la production de nombreuses pièces de bonnes qualités mais accessibles en prix. Pour autant, ce qui a valu notre réputation sont les pièces les plus travaillées, à la fois solide et raffinées. Vous vous doutez que ce genre de marchandise n’est pas à la porté de n’importe qui. Concernant les autres pièces, le Roi a sa propre production d’armes pour équiper la milice, mais même certains d’entre eux savent que leur survie tiens parfois à peu de choses. Ils préfèrent dépenser quelques pièces de plus pour quelque chose qui survivra à plus d’un seul assaut forcené.

Le majordome servit les assiettes aux commensaux et ils attaquèrent de concert. Pépin plongea la cuillère dans le liquide épais, souffla doucement avant d'ingurgiter la bisque avec un léger bruit de succion. Après quelques cuillérées, la Priost poursuivit son exposé sur les activités de sa famille.

Les Priost négociaient autrefois toutes sortes de matières premières. Ils rachetaient en particulier au Duc les matières premières qu’il n’utilisait pas pour les revendre plus loin. Ils géraient aussi une flotte de convoyeurs. Lors de mon mariage, leur commerce a aussi pris en charge le transport des armes crée par les Martel, mais aussi le transport des matières premières qui sont nécessaire dans leur confection. Notre alliance permet de s’assurer de la qualité des produits sur une grande partie de la production. Chacun y a trouvé son compte.

Imitant son invitée, Pépin posa sa cuillère avant de se saisir de la serviette qui avait été soigneusement pliée à côté de son assiette et se tamponna la commissure des lèvres pour chasser les quelques gouttes qui s'étaient accrochés à l'extrémité de sa moustache. Il tourna le regard vers la bourgeoise et lui sourit avant de commenter d'un ton égal.

Receleurs et charretiers donc. Je vois.

Il reprit la cuillère entre ses doigts boudinnés et ajouta en relevant les sourcils.

De ce que vous me dites, les Priost y trouvent plus leurs comptes que les Martel qui n'avaient pas vraiment besoin de cette alliance pour bâtir leur réputation. L'inverse semble moins vraie, ma chère.

Il reprit l'assaut de la bisque, savourant l'arrière-goût d'iode qui venait chatouiller les papilles une fois que le fondant des fruits de mers s'était dissipé. Un délice ! Il reprit une cuillérée avant de continuer la conversation.

Ceci dit, la perspective de mettre en place un service de transports depuis le port jusqu'au domicile pourrait être intéressante. Il y a déjà quelques maisons nobles qui bénéficient de ce genre de service mais le démocratiser pourrait être un vrai accélérateur de vente. Bien entendu, vous seriez intéressé aux bénéfices en prenant une commission sur les courses. Et plus tard, si la coopération se passe bien, nous pourrions même envisager des convois hors de la ville. Qu'en pensez-vous ?

Il mit la cuillère dans la bouche, appréciant ce met goulayant en hochant la tête.
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyVen 23 Déc 2022 - 11:01
L’analyse du Comte aurait pu être vraie, si l'histoire était aussi simple que celle énoncée. Mais il n'avait pas connaissance de tous les éléments en la possession de Théodora. Les secrets de la bourgeoise étaient pour l’instant les siens et le Comte, malgré l’attrait de sa situation, n’était pas encore quelqu’un en qui elle avait suffisamment confiance pour mettre à nu ce qui se cachait en son for intérieur. Bien plus profondément que l’écrin où les hommes rêvaient de venir nicher cet organe qui les aidaient si souvent à réfléchir.

Encore une fois, ce fut un sourire poli qui répondit au Comte, alors qu’elle continuait à déguster son entrée par petites cuillerées. L’appétit de son hôte ne la dérangeait pas si ce n’était les petits bruits qu’il faisait en avalant son breuvage. Mais il était un homme, avec un titre, et il était du rôle de la femme de s’accommoder de ce genre de désagrément. La proposition qui suivit balaya toute digression à la bienséance qu’aurait pu outrepasser Santenoque.

La cuillère de Dame Priost vint de nouveau trouver le bord de l’assiette. La faim s’était estompée alors que la proposition qui venait de se faire entendre commençait à être analysée. Baissant ses billes émeraudes sur le fonds toujours orangé de l'assiette, la monochromie l'aida à se concentrer sans trop le montrer. Lorsqu’un partenaire proposait une affaire, l’important n’était pas de juger si l’idée était bonne ou mauvaise, mais si elle était rentable. Financièrement ou non, et pas seulement sur le court terme. Ensuite, se posait la question de rendre les choses acceptables.

Alors que les neuronnes de la commerçante continuaient à étudier cette affaire sous toutes les coutures depuis quelques secondes, Dame Priost pu enfin revetir plus facilement son masque d'invité parfaite.

« L’idée est à étudier, en particulier en cherchant à savoir si votre angle d’attaque est la rentabilité ou la qualité de service. »

Les mains gantées de la commerçante se mirent à entrer en action. Alors qu’elle évoquait les deux possibilités qui leur étaient offertes, son index droit alla abaisser successivement l’index puis le majeur gauche, appuyant ses dires. Même si son enthousiasme à développer son commerce était toujours aussi vivace, seules ses prunelles pouvaient le refléter, son ton restant calme et posé. Pour autant, il n'était pas à exclure qu'en développant ses pensées alors que son hôte venait juste d’émettre une simple hypothèse, Théodora révélait ainsi une part de sa nature. Sa passion pour les plans de grande envergure n’était pas si facile à endiguer.

« Auriez-vous déjà une idée de la clientèle intéressée ? Si vous souhaitez rester compétitif, et que la livraison ne grève pas outre-mesure votre bénéfice, c’est le nombre de clients qui vous permettra de rentabiliser ce service. Si au contraire votre objectif est d’améliorer votre visibilité ainsi que la qualité de vos affaires, et que vos clients sont prêts à y mettre le prix, nous pourrons alors nous diriger vers quelque chose de beaucoup plus qualitatif mais qui sera moins rentable financièrement pour vous »

Se rendant enfin compte que son enthousiasme avait quelque peu débordé, et qu’il n’était pas de bon ton d’évoquer déjà ce genre de détail alors qu’ils n’en étaient qu’au début du repas, la bourgeoise reprit sa cuillère. Même si elle n’avait encore évoqué aucun chiffre, Théodora avait dévoilé ses capacités un peu vite à son goût. Il était temps pour elle de reprendre son rôle d’épouse modèle.

« Dans tous les cas, nous devons pouvoir trouver suffisamment de petites mains avides de trouver un travail régulier. Il nous faudra cependant un peu de temps pour nous assurer de leur loyauté. L’argent est certes un moteur puissant. Pour autant, nous devons être sûrs que ces gens ne se détournent pas de notre affaire à la moindre occasion, sans pour autant faire monter leur propre salaire de manière déraisonnable. »

La proposition des convois hors de la ville était bien entendu celle qui intéressait le plus les Priost, étant donné qu’ils étaient déjà bien implantés dans ce domaine. Pour autant le Comte ne semblait pas encore vouloir voir aussi loin, en préférant implanter son commerce dans toute la haute ville d’abords. Si la clientèle du Dauphin était satisfaite de ce service, ça les inciterait peut-être à confier leurs convois depuis le Labret aux Priost. Théodora ne pouvait pas être perdante dans cette histoire si elle jouait bien son coup. S’intimant à la patience, elle noya ses envies de planification dans le reste de la bisque.
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Pépin de SantenoqueComte
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) EmptyDim 25 Déc 2022 - 18:18
Jusque là, le dîner s'était déroulé sans réelles surprises. Pépin se montrait un hôte charmant et la bourgeoise jouait son rôle d'invitée voulant prouver qu'elle était à la hauteur de son compagnon du moment. Lorsque le Comte se mit à évoquer les possibilités que pouvait amener leur collaboration, la Priost sembla se redresser légèrement et ses yeux verts brillèrent d'une lueur presque avide. Le Dauphin la reconnu aussitôt. L'appât du gain faisait trésaillir le moindre pégu mais quand on touchait à des bénéfices exponentiels et pérenne, le commerçant se montrer tout aussi enthousiaste.

L’idée est à étudier, en particulier en cherchant à savoir si votre angle d’attaque est la rentabilité ou la qualité de service. Auriez-vous déjà une idée de la clientèle intéressée ? Si vous souhaitez rester compétitif, et que la livraison ne grève pas outre-mesure votre bénéfice, c’est le nombre de clients qui vous permettra de rentabiliser ce service. Si au contraire votre objectif est d’améliorer votre visibilité ainsi que la qualité de vos affaires, et que vos clients sont prêts à y mettre le prix, nous pourrons alors nous diriger vers quelque chose de beaucoup plus qualitatif mais qui sera moins rentable financièrement pour vous.

L'enthousiasme était présent. Et on viendrait lui dire que les relations humaines ne tournaient pas autour de la perspective de bourses bien remplies -et d'autres bien vides mais tel n'était pas le propos pour le moment. Elle avait beau garder un masque sérieux et fermé, son discours et la fluidité de pensées qu'il avait fallu pour le dérouler confortait Pépin dans son analyse. Elle reprit sa cuillère avant de prendre quelques gorgées de bisque, tentant probablement de noyer le poisson ... Dans la bisque de poisson. Cocasse et truculent ! Elle ajouta même devant le regard amusé du Comte qui n'avait pipé mot, laissant un silence quelque peu déstabilisant s'installer.

Dans tous les cas, nous devons pouvoir trouver suffisamment de petites mains avides de trouver un travail régulier. Il nous faudra cependant un peu de temps pour nous assurer de leur loyauté. L’argent est certes un moteur puissant. Pour autant, nous devons être sûrs que ces gens ne se détournent pas de notre affaire à la moindre occasion, sans pour autant faire monter leur propre salaire de manière déraisonnable.

Il imita son invitée, savourant la bisque en raclant le fond de l'assiette.

Vraiment ? Vous pensez ?

Il laissa ses questions flotter dans l'air, le temps d'enfourner la cuillère débordante de liquide orange deux fois, puis il reprit.

Offrir un emploi et par-dessus tout un salaire à ces malheureux affamés du Labourg et du Goulot vous semble si difficile ? Leur donner une raison de se lever ce matin et de quoi remplir leur ventre le soir a toujours semblé être un bon moyen de s'assurer de la fidélité des gens. Surtout de nos jours ! J'ai ouï dire que la pauvreté gangrène les bas-quartiers plus que jamais. En sortir ces gens ne fera que les faire nous aimer.

Comme de bons chiens. Ces bêtes ne mordaient jamais la main qui les nourrissait. Il tourna son regard vers Pépette qui s'était roulé en boule en s'appuyant le flanc contre un coussin. Un petit gloussement satisfait plus tard, il tourna son regard vers l'assiette vide qui lui faisait face et déposa sa cuillère à côté. Il attrapa une nouvelle fois la serviette pour se tamponner les lèvres avant de la reposer sur la table, chiffonnée par sa poigne.

Et pour répondre à vos questions, Madame. Je pense qu'il n'est pas impossible de viser efficacité et rentabilité. Tout est question d'offre et de demande. Il n'y a pas de demande particulière aujourd'hui car nul autre n'est en capacité de fournir l'offre que nous. Moi par la marchandise et vous par la capacité de transport. Il suffit que quelques familles bourgeoises et nobles s'offrent le service pour que d'autres lorgnent dessus. D'abord la clientèle plus aisée, puis les auberges, viendront ceux qui possèdent moins mais assez pour s'offrir ce confort.

Par extension, cela créerait une illusion de richesse pour ceux qui en bénéficieraient, des jalousies certes mais aussi l'envie de montrer que "Nous" aussi avions les moyens, que "Nous" n'étions pas si pauvres. Il poursuivait, les mains posées à plat de part et d'autre de l'assiette, toisant la Priost avec assurance.

Des livraisons rapides et sûres, fraîches, remises en main propres par vos attelages. Imaginez un peu. On pourrait appeler ça ... Chrono-Priost !

Il se saisit d'un pichet qui trônait au centre du chemin de table couleur sable et désigna la coupe de son invitée d'un regard furtif.

Du vin ?

Jérôme venait de réapparaître, suivi par des bonnes, prêtes à débarasser le couvert pour servir la suite. Les effluves d'espadon braisé filtrèrent à travers la porte tandis que les gens de maison entraient dans la salle. La salive commençait à envahir les bas-joues de Pépin, se régalant d'avance de la bombance à venir.
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