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 Le dîner de toutes les possibilités (PV)

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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptySam 31 Déc 2022 - 14:48
Encore une fois, le Comte prouvait que malgré son statut et sa réussite, il n’en restait pas moins un homme. Penser que seul l’argent pouvait assurer la loyauté...Théodora était bien plus prudente que cela. Et jusqu’ici ça lui avait plutôt réussit. De toute façon, Santenoque n’avait pas besoin de savoir comme elle gérait exactement ses affaires, ceci ne regardait qu’elle. Ils s’apprêtaient à être associés uniquement. Tant que chacun remplissait sa part du contrat selon les termes exigés, le reste était à la convenance de chacun des partis.

La commerçante capta le regard de son hôte vers le cabot, juste après avoir parlé des relations humaines. Même si ils ne l’exprimaient pas de la même manière, ils étaient bien plus proche qu’il ne semblait au premier abords. Santenoque avait même moins de scrupules. Il n’y avait donc aucune utilité à confronter de nouveau leurs habitudes en matière d’employés. Comment faire augmenter la demande par contre, était tout à fait intéressant.

« Votre analyse est tout à fait juste. La foule attire la foule. Nous mettrons un soin tout particulier à soigner nos premiers clients pour que les suivants aient envie de faire appel à ce service. Il est même possible de placer une antenne de notre bureau avec une ou deux charrettes directement au port, proche de votre base, afin de diminuer le temps entre la réception de la demande et l’expédition de la marchandise. J’ai déjà une idée de quels secrétaires pourraient se relayer sur place. »

Un de ses employés du bureau Priost était un gamin du Port. Joseph avait les connaissances du milieu, il pourrait sélectionner les personnes qu’elle devrait rencontrer pour mettre en route ce commerce. Depuis qu’il travaillait pour elle, le garçon avait beaucoup appris et lui avait largement prouvé sa compétence, tout autant que son envie de travailler pour elle. A l’image de Gontrand, elle avait fait de lui quelqu’un d’autre que le va-nu-pieds qu’il était destiné à devenir. De pauvre garçon, il s’était transformé en homme capable. Et il saurait gérer Oscar, qui viendrait aussi apprendre le métier. Peu importe à quel point Oscar était sa fierté, Théodora savait parfaitement que son fils pouvait facilement se laisser emporter par l’impulsivité liée à son âge. Il avait encore beaucoup à apprendre. Malheureusement, tout à l’image de sa mère, il n’était pas aussi docile qu’il y paraissait. Joseph avait déjà réussi à travailler plusieurs fois avec lui, elle n’avait nul doute qu’il continuerait à en être ainsi.

« Quand au nom, je vais y réfléchir. Je pencherais plutôt pour un nom un peu plus poétique, pour votre clientèle la plus noble, avec un acronyme parlant et accrocheur pour la clientèle de masse. La nuit porte conseil, et nous avons un peu de temps avant que les choses soient effectives. »


Voyant que son hôte avait terminé son assiette, et s’apprêtait à la resservir de ce liquide pourpre agréable et enivrant, la bourgeoise termina les quelques cuillères de son entrée, juste à temps pour que le majordome ne les débarrasse tous les deux. Alors qu’elle essuyait délicatement sa bouche, tout en prenant garde de ne pas détériorer le carmin qui maquillait ses lèvres, Dame Priost acquiesça légèrement de la tête pour que son verre soit mis à niveau de celui du Comte. Les rubis continuaient toujours à danser sous ses lobes délicats, faisant tinter l’argent, alors qu’elle se pencha de nouveau sur le projet proposé.

« Puisque la question de la clientèle est en partie réglée, pourriez-vous me préciser quelle est l’étendue de votre commerce Messire ? Ainsi que la quantité que vous tenez à écouler ? Dans un premier temps, nous serions en phase d’expérimentation et ces questions ne se posent pas. Il faut cependant que nous puissions faire une estimation après l’expérimentation à petite échelle sur les besoin réels et évolutifs. »

La main gantée vint attraper son verre pour y tremper les lèvres, laissant le vin effacer les dernières traces de la bisques et laisser ses papille prêtes pour le plat. Plat qui ne tarda pas à faire son apparition. Dans un long torpilleur, de grandes darnes avaient été alignées élégamment et sous elles, en présentation, une sorte de longue corne bleue luisante. Théodora la reconnue comme venant d’un espadon. Un poisson qu’il n’était pas facile à attraper de ce qu’elle savait. Pêché loin, de préférence avant le levé du jour et avec une canne à pêche bien particulière. Cela requérait des gens expérimentés. Le savoir-faire se payait, la rareté aussi, ce qui expliquait le prix démentiel de ce met. C’était donc cela que voulait montrer son hôte ? Soit, ils étaient deux à jouer à ce jeu.

« N’est-ce pas de cet exceptionnel et rare poisson que l’on nomme de l’espadon ? »

Ses prunelles affichèrent une curiosité affamée. Puisque le Comte n’avait pas hésité à montrer l’un de ses meilleurs mets, il ne serait sûrement pas avare en explications. Et puis les hommes aimaient à vanter leur réussite, ils ne résistaient que rarement à une occasion supplémentaire d’en faire part.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyJeu 5 Jan 2023 - 20:40
Votre analyse est tout à fait juste. La foule attire la foule. Nous mettrons un soin tout particulier à soigner nos premiers clients pour que les suivants aient envie de faire appel à ce service. Il est même possible de placer une antenne de notre bureau avec une ou deux charrettes directement au port, proche de votre base, afin de diminuer le temps entre la réception de la demande et l’expédition de la marchandise. J’ai déjà une idée de quels secrétaires pourraient se relayer sur place.

Oui. Evidemment. Bien sûr que son analyse était juste. Pépin n'était pas du genre à se tromper. Et qui n'était pas d'accord avec cette affirmation se trompait. En un mot comme en cent "c'est c'ui qui dit qui est". Malgré l'âge, le comte pouvait se révéler être un grand enfant. La bourgeoise semblait concerné, peut-être plus qu'elle semblait vouloir l'admettre. Son oeil brillait de convoitise devant la promesse de profit et sa capacité à visualiser quel sous-fifre mettre à quel échelon de l'organisation laissait présager que le projet faisait tourner ses méninges à plein régime. Elle émit pourtant une petite objection à l'idée brillante du Dauphin.

Quand au nom, je vais y réfléchir. Je pencherais plutôt pour un nom un peu plus poétique, pour votre clientèle la plus noble, avec un acronyme parlant et accrocheur pour la clientèle de masse. La nuit porte conseil, et nous avons un peu de temps avant que les choses soient effectives.

Le comte secoua la main comme pour balayer les doutes de sa commensale en rétorquant.

Si fait, si fait ! Il y a encore du temps avant d'arrêter un nom. Un acronyme pourquoi pas en effet ... U.P.S ? Union des Pêcheurs Serviables ? Peu importe nous avons le temps de revenir à tout cela.

Elle surenchérit en se penchant légèrement en avant, offrant une nouvelle fois au comte une vue vertigineuse sur le canyon de chair moelleuse qui était compressé par le corset pigeonnant de la Priost. Peuchère cong, ces melons vous estanquerait un fada ! Le santenoquais avait tendance à flotter sous son crâne lorsqu'il était troublé, même légèrement.

Puisque la question de la clientèle est en partie réglée, pourriez-vous me préciser quelle est l’étendue de votre commerce Messire ? Ainsi que la quantité que vous tenez à écouler ? Dans un premier temps, nous serions en phase d’expérimentation et ces questions ne se posent pas. Il faut cependant que nous puissions faire une estimation après l’expérimentation à petite échelle sur les besoin réels et évolutifs.

Après avoir été à la pêche aux idées, elle voulait pesait le poisson. Pour le coup, elle allait être servi puisqu'elle frayait avec ce qu'il y avait de plus lourd -au sens propre comme au figuré.

Eh bien ma foi. Tout dépend des jours. Cependant, j'emploie aujourd'hui presqu'un quart des pêcheurs qui partent en mer chaque matin.

Ce chiffre était-il gonflé ? Pas du tout ! Peut-être légèrement ... Probablement ... Sûrement ... Bon, il l'était mais pas dans des proportions gigantesques. Et puis, si tout se déroulait comme prévu, on ne parlerait bientôt plus de quart mais d'entièreté du port. Un petit mensonge innocent qui n'était qu'une anticipation de ce qu'attendait la maison Santenoque.

J'ai également investi en dur ! Cale sèche, entrepôt et une partie de la halle de la Criée sont miennes. Ma volonté est de ne dépendre de personne d'autre et que chaque aspect de la pêche, de la conception de la barque à la vente passe par mes employés. Ce fut un investissement coûteux à l'époque mais qui porte ses fruits puisqu'il limite les intermédiaires. C'est d'ailleurs ce qui me fait rechercher une collaboration pour la dernière étape du commerce.

La suite du repas entrait dans la pièce, ce qui fut l'occasion d'une remarque de la bourgeoise qui servirait à continuer sa démonstration.

N’est-ce pas de cet exceptionnel et rare poisson que l’on nomme de l’espadon ?
Tout à fait ! Pêché cette nuit-même ! Ne nous voilons pas la face, ce n'est pas une bête qui se retrouve dans mes filets tous les jours. À croire que les Trois avaient envie de nous gâter pour cette soirée ! Il est plus commun de voir du bar, de la sardine du hareng ou de l'éperlan sur la Criée et pour être tout à fait franc, je ne saurais dire quel est le tonnage exact. Mais il est suffisant pour avoir nourri la cité pendant plusieurs années. De toutes façons, au lancement de ce service, cela ne concernerait pas la totalité de fruits de la pêche.

Jérôme, armé d'une pince argenté, se saisit des tranches épaisses disposées harmonieusement dans le plat pour les mettre dans des assiettes ablongues avant de faire couler une sauce onctueuse sur la chair. Le majordome acheva son oeuvre en faisant tourner un gros moulin à poivre au-dessus des assiettes et les disposa devant les convives sous l'oeil appréciateur de Pépin.

Mais, et vous Madame ? Quelle serait vos capacités de transports ? Et que pourriez-vous mettre en oeuvre pour que cette affaire soit des plus jûteuses ? Concrètement.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMar 24 Jan 2023 - 22:34
Avare, le Comte ne l’avait point été pour décrire l’ensemble de ses affaires sur le port. Indiquer sa part du marché et déballer le colossal investissement effectué en ces temps difficiles, son cours avait été magistral sur sa propre entreprise. Fier, le Comte l’était sans nul doute. En même temps, n’avait-il pas de quoi se vanter ?
Ses affaires étaient prospères et, tout comme les Priost, il pouvait se permettre un train de vie que beaucoup leur enviaient. Un majordome aussi zélé dans son accomplissement qu’était le sien, n’était autre qu’une démonstration, une de plus dans le spectacle orchestré par son hôte.

Maintenant qu’il avait prouvé sa valeur, qu’il s’était prêté aux jeux des questions-réponses, c’était à la commerçante de faire de même. Même si elle tenait au maximum a laisser l’illusion qu’elle n’était pas celle aux affaires, Théodora ne pouvait se permettre de laisser de côté la mise à l’épreuve du Comte.

« Comme je vous l’expliquais plus tôt, je peux, et ce dès demain, dédier un secrétaire permanent sur le port, ainsi que deux charrettes à bras. Notre capacité de transport pourrait s’augmenter d’environ deux chariots toutes les deux semaines tant que le besoin s’en fait sentir. »

La prévision lui paraissait juste, compte-tenu du temps qu’il fallait pour faire venir du bois à moindre coût, faire fabriquer l’objet et trouver le bon employé pour cette tâche. Deux semaine ne lui semblait donc pas de trop pour elle, même si cela pouvait paraître long pour un homme pressé d’étendre son influence. Il fallait donc prouver le bien fondé de cette patience imposée.

« Ce qui est important c’est la disponibilité de ce transport sur tout type d’horaire ainsi que sa rapidité. Les deux vous seront assurés. Pour les clients les plus fidèles, et dont nous tenons absolument à acquérir les bonnes grâces, nous pourrons étendre ce transport à quelques autres commerces. Si en plus d’un bar fort délicieux ils souhaitent avoir un vin d’excellente qualité, notre livreur pourra apporter les deux. Certaines grandes maison ont perdus des employés, ce gain de temps leur sera appréciable. »

Alors que quelques légumes venaient agrémenter l’espadon, toujours servit avec professionnalisme par le colosse, la bourgeoise entama son plat. L’assemblage des saveurs était bien mieux que ce dont elle l’habitude. Contrairement à beaucoup de ses pairs Théodora n’appréciait pas particulièrement la chaire. Pourtant, ici, elle se surprit à manger avec un certain plaisir. Bien entendu, nul besoin de lever ses yeux vers le Comte pour vérifier que lui était au contraire fort bien aise de ces mets.
Pourtant, elle le fit. Dame Priost osa un coup d’oeil vers le noble, gravant dans sa mémoire ce qu’un homme était devant ses besoins les plus élémentaires : bien peu de choses. Qu’importe les titres, qu’importe la noblesse de son sang, Pépin de Santenoque engloutissait une objet d’une telle rareté avec une certaine gourmandise, pour ne pas parler de gloutonnerie.

Ne voulant pas paraître insistante, et ne pas gêner son hôte par un regard insistant, la bourgeoise posa un nouveau sourire sur ses lèvres avant de reprendre son propre repas, mâchant délicatement la chair précieuse qui était sous son palais. Après quelques bouchées, une goulée de vin fut nécessaire pour faire pousser tout ceci.

« Bien entendu, si une autre demande ou opportunité venait à apparaître, nous l’étudierions avec sérieux. La famille Priost aime aussi ce que vous appelez les affaires jûteuses. Que diriez-vous d’éventuellement provoquer ces opportunités avec une soirée mondaine pour l’ouverture de nos services ? La plupart des gens, vos semblables en particulier, sont assez friands de ce genre d’évènements, n’est-il pas ? »

Friands était un faible mot pour la passion viscérale qu’avaient les sang-bleu pour cette activité. Recevoir dans le plus grand faste possible, intriguer d’un groupe de discussion à l’autre, écraser avec élégance ses ennemis et nouer des liens avec ses alliés autour d’une dance. Théodora elle-même appréciait ces moments. Pour une stratège comme elle, c’était fatiguant, mais bien souvent fort délectable de voir les résultats que l’on pouvait obtenir par ce biais. Le Comte suivrait-il son fil de pensée ? Après tout, cette soirée n’était-elle pas la même chose à l’échelle de deux personnes ?
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyLun 30 Jan 2023 - 18:05
Aux interrogations du Dauphin d'Or, la bourgeoise s'empressa de répondre avec entrain.

 Comme je vous l’expliquais plus tôt, je peux, et ce dès demain, dédier un secrétaire permanent sur le port, ainsi que deux charrettes à bras. Notre capacité de transport pourrait s’augmenter d’environ deux chariots toutes les deux semaines tant que le besoin s’en fait sentir. Ce qui est important c’est la disponibilité de ce transport sur tout type d’horaire ainsi que sa rapidité. Les deux vous seront assurés. Pour les clients les plus fidèles, et dont nous tenons absolument à acquérir les bonnes grâces, nous pourrons étendre ce transport à quelques autres commerces. Si en plus d’un bar fort délicieux ils souhaitent avoir un vin d’excellente qualité, notre livreur pourra apporter les deux. Certaines grandes maison ont perdus des employés, ce gain de temps leur sera appréciable. »

Le comte machonnait son repas en écoutant attentivement l'explication de la Priost. Il se contentait de hocher la tête en guise d'appréciation lorsqu'il se félicitait des propositions de sa compagne. La chair tendre de l'espadon se mariait à merveille avec les quelques légumes légèrement sautés et la sauce onctueuse qui amenait une pointe d'acidité sans noyer le poisson. Cocasse, tiens. Il prenait de grandes goulées de vin pour entrecouper son repas et "faire glisser", comme disait les épicuriens. Il sembla remarquer du coin de l'oeil, le regard de sa commensale braqué sur lui, alors qu'il basculait la tête en arrière, le nez dans la coupe. Elle l'observait avec insistance, la bougresse. Il en était presque venu à oublier qu'il était un bel homme qui savait captiver le regard des femmes. Tant mieux si elle le trouvait à son goût, la suite de la soirée n'en serait que plus délicieuse.

 Bien entendu, si une autre demande ou opportunité venait à apparaître, nous l’étudierions avec sérieux. La famille Priost aime aussi ce que vous appelez les affaires jûteuses. Que diriez-vous d’éventuellement provoquer ces opportunités avec une soirée mondaine pour l’ouverture de nos services ? La plupart des gens, vos semblables en particulier, sont assez friands de ce genre d’évènements, n’est-il pas ? 

Et dire qu'elle avait prétendu un peu plus tôt ne pas être celle qui dirigeait la maison. Au fil de leur discussion, elle montrait un esprit commerçant affûté et une capacité d'analyse des besoins des clients remarquable, surtout pour un membre du beau sexe. Pépin cherchait à chasser un morceau de carotte qui s'était logé entre deux molaires du bout de la langue lorsque la Priost évoqua la possibilité d'organiser une fête où serait conviés la noblesse de l'Esplanade. Un petit sourire vint plisser les bas-joues du comte qui avait bien compris la manoeuvre. Elle souhaitait se montrer au milieu du gratin de la cité, voulant associer son nom à ceux, prestigieux, des nobles sangs. De quoi faire parler dans les quartiers pauvres et semi-pauvres (ou bourgeois comme disaient les gens) et faire jalouser les autres familles de négociants de Bourg-Levant. Elle voulait clairement être gagnante sur tous les fronts. Elle ne réalisait probablement pas à quel point elle pouvait gagner. Cependant, Pépin n'était pas du genre à ne pas faire d'offre gagnant-gagnant.

Hm ... Je vois ... L'idée est pertinente, je l'avoue.

Il plongea son regard dans celui de son invitée. Il était temps de passer aux choses sérieuses et voir jusqu'où elle était prête à pousser la collaboration. Le comte passa la serviette de table sur sa bouche, chassa quelques vestiges de repas du bas de sa moustache. Il chiffonna le linge avant de le poser à droite de son assiette. Le bout de sa langue finit par chasser l'impertinent morceau de racine orange de sa dentition. Ce fut le signal pour en venir à la discussion la plus importante et la plus intéressante de la soirée.

Ce serait la meilleure occasion pour annoncer le mariage. Qu'en pensez-vous ? Quelques semaines avant l'été me paraît idéal. Entre redoux et floraison des arbres, ce serait un moment idéal pour organiser des noces.

Il se saisit de sa coupe pour vider le fond avant de se pencher vers la carafe pour se resservir. Un tout nouveau jeu pouvait enfin commencer et il donnerait soif.
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Théodora PriostCommerçante
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMer 1 Fév 2023 - 19:20
Le sourire de son hôte était engageant. Après tout, qui ne verrait pas une opportunité de cette taille pour ce qu’elle était ? Pourtant, quoi que ce rictus sur le faciès de Santenoque ait voulu dire, il se contenta d’évoquer une idée pertinente. Vraiment ? Voulait-il vraiment jouer à ce jeu ? Bien, Théodora s’y connaissait en la matière. Même si elle était plutôt adepte des plans qui se déroulaient sans accroche, elle ne disait pas non à un peu de défi.

Sans qu’elle ne puisse continuer de déguster le met rare devant ses yeux, ce qui ne la dérangeait pas vraiment en soi, son hôte attira son attention. Au lieu de continuer son repas…
Correction, puisque son repas avait été engloutis, il pouvait se permettre d’observer ainsi longuement son invitée. Que cherchait-il à évaluer ainsi ? La qualité de la marchandise ? Le sérieux de son interlocutrice ? Quoi qu’il en était, Théodora saurait le convaincre qu’elle était le bon choix. Après tout, elle s’était bien engagée à le satisfaire.

« mariage »

Si elle avait eut quelque chose dans la bouche, Théodora aurait eut du mal à cacher sa surprise. Heureusement pour elle, sa serviette vint cacher quelque peu la surprise que cette nouvelle apporta avec elle. De quoi était-il question ici ? La bourgeoise n’avait pas entendu parler de ceci. Des mariages, bien sûr qu’il y en avait et elle assistait à bien plus de ces cérémonies qu’elle ne l’aurait voulu. Qu’il était comique qu’elle vienne célébrer l’union heureuse de deux êtres alors que son propre mariage n’était qu’une vaste comédie. Pas que cela la chagrine, c’était la voie qu’elle avait choisi afin d’être la plus libre possible de ses actions.

Pour que le Comte en fasse ainsi mention, en particulier pour souligner la chose de manière si personnelle, c’est qu’il y était lié d’une manière ou d’une autre. La négociante posa le bout de tissus qui protégeait son masque avant d’attraper son verre. Ces quelques gorgées de vin lui permirent de trouver la manière d’aborder cette affaire.

« Il est vrai qu’un mariage provoque toujours une certaine excitation et facilite grandement les affaires. Pouvez-vous cependant m’éclairer sur les heureux élus ? Auriez-vous retrouvé quelqu’un qui égaye vos journées ? »

Il pouvait être risqué de supposer ainsi que le Comte soit le principal concerné. Si, comme certains, il avait été fou de feu son épouse, cela pouvait le froisser d’être ainsi maqué à la première venue. Mais cela pouvait aussi flatter son égo de se savoir ainsi le premier concerné d’une telle nouvelle aux yeux d’autrui. Quitte ou double.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMer 1 Fév 2023 - 20:05
Même si elle avait réussi à cacher son étonnement derrière les différents artifices qui avaient été mis à sa disposition sur la table, la bourgeoise parut surprise par les propos de Pépin. Une réaction qui ne fit qu'élargir le sourire du comte alors que son invitée reprenait contenance en tentant de répondre le plus aimablement possible.

Il est vrai qu’un mariage provoque toujours une certaine excitation et facilite grandement les affaires. Pouvez-vous cependant m’éclairer sur les heureux élus ? Auriez-vous retrouvé quelqu’un qui égaye vos journées ? 

Il accueillit la question par un petit gloussement amusé. Elle avait mordu à l'hameçon, il n'avait plus qu'à remonter lentement la ligne sans la casser. Il prit une expression à mi-chemin entre incrédulité et évidence avant de déclarer calmement.

Il y a bien longtemps que j'ai fait une croix sur les matins gais et l'amour qui fait briller les yeux, Madame. Mes heures de jouvenceaux fleur bleue sont bien loin derrière moi. Du vin ?

Il pencha la carafe légèrement en direction de la Priost après avoir rempli sa coupe. Le breuvage était bien trop doux pour être de ceux qui vous donnait du courage. C'était un accompagnement au repas et un nectar dont seuls les adultes pouvaient se délecter pendant des discussions sérieuses autant que frivoles. Il poursuivit.

Je parle bien entendu de notre mariage. Vous et moi. Une façon de solidifier notre affaire par bien plus qu'un accord griffonné au bas d'un vélin craquelé.

Il fit papillonner ses paupières avec une candeur totalement hors de propos pour un homme de sa stature et son âge en ajoutant.

Bien que signer un contrat nuptial s'en rapproche fortement, je le confesse.

Il gloussa à nouveau, amusé par son propre trait d'esprit.

Et donc ? Début mai vous conviendrait-il ?

Nul doute que venait l'heure des contestations, argumentations et autres questionnements. La balle était dans le camp de la Priost. Pépin avait joué son coup, à elle de répliquer. Peut-être que les mots de Bakshish lui revenaient en tête à cette instant. "Mon Maîtle est un oliginal, vous n'imaginez pas à quel point".
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMer 1 Fév 2023 - 22:42
Ce fut la mise double, et même plus. Autour de Théodora, l’activité avait cessé. Que ce soit le majordome qui venait débarrasser les assiettes, Santenoque qui reposait le pichet, le bruit des couverts contre la porcelaine, le froissement de la serviette sous ses doigts, tout ceci se passait autour de la bourgeoise, alors que son cerveau tentait de comprendre ce qu’il venait de se passer.

Le Comte de Santenoque, cet homme aux affaires fleurissantes, avec ce titre puissant, venait tout juste de lui proposer la place à sa droite. Celle qui liait leurs destins bien plus sûrement que n’importe qu’elle autre chose. C’est ce pour quoi Théodora avait travaillé si dur. Entrer dans ce monde fermé, élitiste, de la noblesse, rien ne lui tenait plus à cœur. Et c’était à porté de main. Il lui suffisait simplement de dire « Oui, début Mai, cela me paraît parfait. », ce qu'elle ne fit pas.

L’offre était trop belle pour ne pas cacher quelques vices, à commencer par le plus évident. Qu’en était-il de Charles ? Son époux, bien qu’un pantin dans ses mains habiles, était vivant et en bonne santé. Et surtout, leur relation lui convenait parfaitement. La plupart du temps en tous cas.
Et c’était réciproque. Une fois que Charles avait intégré qu’il pouvait paresser et obtenir tous les bénéfices des affaires, il s’était prêté au jeu sans grandes difficultés. Le Comte n’avait-il pas entendu lorsqu’elle avait mentionné son époux, ou tout simplement s’en fichait-il ?

« Monsieur le Comte. Je suis tout à fait honorée que vous puissiez voir en moi une épouse et une Comtesse digne de ce nom. Malgré tout, il se trouve que je suis actuellement mariée. »

Même si un accident pouvait vite arriver, il était bien trop suspect qu’un remariage se fasse en suivant. Il était régulier de voir des femmes faire la même erreur et alimenter les rumeurs.

« Ce qui rends vos prévisions temporelles quelque peu faussées. »

Surtout qu’elle ne comptait pas s’engager dans cette affaire sans avoir l’assurance de garder la liberté qu’elle avait gagné. Le sacrifice qu’elle avait consenti pour avoir la gestion des affaires et de la maisonnée avait été certes effectué en toute connaissance de cause, il n’en restait pas moins qu’il avait été bien plus douloureux que prévu de subir les premiers mois de son mariage. Seule dans une maison qui n’était finalement pas encore tout à fait la sienne, à subir les assauts effrénés et enragés d’un jouvenceau qui la sous-estimait bien trop, et sans aucun moyen de montrer ses talents, elle avait parfois été à quelques encablures de baisser les bras. Heureusement, Gontrand avait été fidèle à ses côtés.

La décision enjouée et unilatérale du Comte, présentée sans grand tact et d’un seul tenant, devait bien cacher quelques choses. Théodora devait creuser cette histoire. Comme n’importe quelle offre, il fallait peser le pour et le contre, en connaissant toutes les composantes.

« Malgré tout, vous aurez remarqué que je suis curieuse, pouvez vous m'indiquer ce qui vous fait croire que nos caractères sont compatibles de manière durable ? Bien que vous voyez cela comme un contrat, un mariage offre bien plus qu’un bout de parchemin. Par exemple, si je puis me permettre, au-delà des sentiments qui ont pu s’épanouir entre vous et feu votre épouse, qu’avez-vous retiré de votre union ? »

Son gobelet retrouva de nouveaux ses lèvres, sans qu’elle n’avale trop de vin. Il ne fallait pas que l’ivresse vienne l’embrouiller, surtout avec cette affaire de la plus haute importance à régler. Pour autant, feindre un certain allègement de son humeur pouvait tout à fait aller dans son sens. Aussi, laisser une goutte du doux liquide s’échapper de ses lèvres généreuses pour venir la cueillir un infime instant plus tard avec sa langue pouvait passer pour de l’étourdissement, né d’un début d’ébriété, et non pour une provocation des sens en direction du Comte.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév 2023 - 12:02
Jérôme avait commencé à débarasser la table, concentré sur sa tâche et faisant mine de ne pas entendre, ni comprendre la discussion que les convives entretenaient. Pépin remarqua la circonspection que ressentait la bourgeoise. Son corset, rempli à rabords de ses atouts charnels, sembla palpiter à l'évocation d'une union entre elle et lui. Elle était toute chamboulée la bougresse. Elle finit par prononcer quelques mots avec un trouble qu'elle eut moins de facilité à cacher que jusqu'alors.

Monsieur le Comte. Je suis tout à fait honorée que vous puissiez voir en moi une épouse et une Comtesse digne de ce nom. Malgré tout, il se trouve que je suis actuellement mariée. Ce qui rends vos prévisions temporelles quelque peu faussées. 

Pépin opinait du chef en écoutant l'argument de la Priost. Il le balaya bien vite d'un geste de la main en s'exclamant.

Un détail ! Le veuvage frappe n'importe qui et n'importe quand. Surtout par les temps qui courent.

Malgré sa maigre protestation, la bourgeoise poursuivit, laissant entendre que la proposition, quoique farfelue, n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde sans aucune ambition.

Malgré tout, vous aurez remarqué que je suis curieuse, pouvez vous m'indiquer ce qui vous fait croire que nos caractères sont compatibles de manière durable ? Bien que vous voyez cela comme un contrat, un mariage offre bien plus qu’un bout de parchemin. Par exemple, si je puis me permettre, au-delà des sentiments qui ont pu s’épanouir entre vous et feu votre épouse, qu’avez-vous retiré de votre union ?

Un nouveau gloussement vint acueillir les propos de la Priost. Elle jouait presque la femme fidèle et confuse, mais ses mots trahissait une envie commune de poursuivre plus avant cette affaire. La démonstration d'agilité de sa langue pour cueillir une goutte de vin qui tentait de s'échapper de ses lèvres charnues ne fit que conforter le Comte dans son analyse. La gourgandine était experte dans certaines activités que ses formes généreuses suggéraient. Il reposa sa coupe sur la table, s'accoudant avant de se pencher légèrement vers son invitée.

J'aurai cru, Madame, que nous avions tous deux passé l'âge de croire à quelque compatibilité de caractère et de sentiments réciproques. Oui, j'ai aimé, Madame.

Pendant un battement de cil, la mémoire de Berthe lui revint. Ah ça, il l'avait aimé, de tout son coeur. Elle avait été de tous les instants, bon comme mauvais, joyeux comme amer. Elle avait comblé ses désirs de jeune homme, avait été un soutien indéfectible, une épouse aimante et pertinenete dans ses conseils et une mère fantastique. C'était une autre vie, un autre Pépin. Il surenchérit.

J'en ai retiré deux fils. Un aîné stupide, capable de manger du foin si on lui promet que cela lui fera chier de l'or. L'autre, bien plus capable, mais si dévôt qu'il a souhaité se détourner de toutes affaires qu'il aurait pu hériter. Il a reçu l'appel, m'a-t-il confié et je ne peux lutter contre la volonté des Trois. Cela m'a également apporté ceci.

Pépette redressa les oreilles, puis le museau en voyant son Maître la désigner du plat de la main. Elle remua la queue en hésitant à rejoindre Pépin pour réclamer une caresse qu'il paraissait prêt à lui offrir.

Ma défunte épouse était une amoureuse de ces petites bêtes. Leur présence que je trouvais jadis si irritante est devenu un péché mignon dont je me délecte chaque jour.

Il ne le dirait jamais à haute voix, mais continuer l'élevage de ces petites boules de poils était sa déclaration d'amour éternel à la défunte Berthe, autant qu'un moyen de combler le vide qu'elle avait laissé dans sa vie en quittant ce monde gris pour rejoindre l'après vie. Il toussa légèrement avant de revenir au sujet qui les intéréssait réellement.

Quant à une union entre nous. Ne nous voilons pas la face, c'est avant tout votre capacité dans le négoce et la puissance commerciale et financière que représenterait ce mariage qui me paraît le meilleur argument en sa faveur. Vous avez beau vous en défendre, il m'apparaît difficilement discutable que vous êtes celle qui gère le commerce. C'est vous qu'on retrouve dans le bureau de l'Office. C'est vous qui vous rendait au dîner d'affaires, pendant que votre époux se trouve ... Jérôme ? Où m'avez-vous dit qu'il a été vu ?
À la Leste Cuisse, Monsieur.
Voilà ! Un lupanar avec un nom aussi peu inventif que leurs catins sont propres.

Il congédia le majordome d'un signe de tête, qui disparut les bras encombrés de vaisselle. Après quelques instants d'hésitation, Pépette avait quitté son perchoir pour venir s'appuyer contre la chaise du Dauphin d'Or. Il baissa les yeux vers les petits yeux marrons qui l'observaient, pétillants de malice. Il passant son index épais derrière les petites oreilles de l'animal pour la récompenser de sa bonhommie innocente avant de poursuivre son explication.

Soyons clair, Madame. Si vous venez à accepter ma proposition, vous ne serez jamais vu comme issu du noble sang. Vous serez la "femme de". On vous jugera autant que l'on me jugera pour épouser la roture. Cependant, les "on dit" se tairont bien vite si nous devenons la force commerciale la plus puissante de cette maudite cité et que chacun, même la famille royale, devra ménager notre susceptibilité pour ne pas nous voir racheter tout simplement chaque parcelle du duché. Quitte à faire parler pour m'allier à des bourgeois, autant que ce soit pour un coup d'éclat qui mettra notre nom sur toutes les bouches. Une publicité aussi gratuite que bienvenue.

Les yeux de Pépin furent attirés par le décolleté de la Priost et il ne fit même pas semblant de ne pas s'y perdre en pensée pendant une seconde. Il leva l'index avant de lever les yeux pour croiser à nouveau les billes émeraudes de sa commensale.

De plus ! Comme je vous l'ai expliqué plus tôt, ma descendance est assez discutable. Vous êtes encore assez jeune pour que nous envisagions de produire un héritier. Il ne devrait pas être très compliqué de faire mieux que mon imbécile d'aîné.

Un sourire s'étira sur le faciès rond et gras du comte. Oui, l'alliance était économique et financière mais s'il pouvait se retrouver entre les cuisses de cette femme des plus appétissantes, pourquoi s'en priverait-il ?

J'insiste sur un point, si le cas échéant vous accédez à ma requête, cet éventuel héritier devra être le mien. Peu me chaut que vous collectionnez les amants et les amourettes. Cependant, je ne tolèrerai pas de rumeurs identiques à celle de votre dernière née qui ressemblerait fortement à l'espèce de singe qui patiente dans ma cuisine à l'heure où nous parlons. Encore une fois, des "on-dit" me direz-vous. Sont-ce-t-ils vrais ou pas ? Peu importe. Que je passe pour transgressif, original, imbu de moi-même, soit, mais cocu ! Jamais !

Un nouveau sourire se révéla alors que les traits du Comte s'était fermés pendant la fin de son exposé. Il ajouta, retrouvant la candeur dont il usait un peu plus tôt.

Est-ce plus clair ainsi ?
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév 2023 - 22:28
Avait-il réellement comprit qui était Théodora, ou souhaitait-il seulement flatter son égo pour mieux la mettre dans son lit ? Ses petits yeux s’étaient de nouveau perdus dans le décolleté de son invitée, sans qu’il ne s’en cache. Et c’était l’effet recherché, au départ.

Ce qui différait cette soirée d’une affaire normale était cette zone d’ombre entre le discours de son hôte et ses intentions, que la bourgeoise ne parvenait pas tout à fait à discerner. A quelques moments, le Comte montrait qu’il savait qui se tenait face à lui. A d’autres moments, on aurait dit qu’il venait de trouver un nouveau jouet à essayer. Sauf que la bourgeoise pouvait être bien des choses, mais certainement pas un pantin de bois dans les mains d’un de ces gamins qui avaient une cuillère en argent dans la bouche.

« Il semble évident que vous avez cherché une solution durable pour affermir et faire prospérer l’alliance que nous pourrions former. Votre plan, bien qu’il soit tout à fait bien pensé, omet quelques détails qui ont leur importance. »

Jamais le Comte n’avait faiblit depuis le début de cette soirée. Jamais ses opinions ne semblaient flancher, quoi que puisse ajouter Théodora. Chaque question, chaque affirmation s’était vue trouver une réponse ferme. Ce qui était le plus dérangeant dans ce genre de posture, c’est que cela pouvait vous mener droit dans le mur. Tel un chêne, le Comte pouvait s’effondrer face à un vent violent. Théodora, tel le roseau, ployait mais jamais elle ne céderait. Ni physiquement, ni mentalement.

Si les rumeurs liées à Agathe l’avaient agacées, chagrinées, elles n’avaient désormais plus d’emprise sur son cœur de mère. La fillette était sienne, elle avait grandit en elle, tous comme ses garçons. Rien ne saurait se mettre en travers d'elle et de ses petits.

« Tout d’abords, votre calculs oublient une données concernant le négoce Priost. Je gère peut-être le commerce, comme vous l’avez constaté, pour autant il ne m’appartient en aucun cas. Ce sont mes fils qui deviendraient les têtes de proue si Charles venait à disparaître. Et votre progéniture ne vous apporte peut-être pas satisfaction à la hauteur de vos espérance, mais je peux vous assurer que la mienne est en bonne voie pour tenir le rôle qui lui est destiné. En temps voulu, ce sera donc l’un d’entre eux qui aura la gestion pleine et entière de la boutique. Ne croyez pas qu’il sera si facile de le convaincre. »


Sans qu'elle ne prononce le nom précis du garçon en question, Théodora avait déjà placé chacun de ses trois garçons en fonction du caractère qu'elle leur avait détecté petit. Jusqu'à ce jour, aucun ne l'avait déçue et tous semblaient s'épanouir dans leur futures tâches, arrachant un léger sourire à la commerçante. Qu'Oscar, sa plus belle réussite, commence à faire des affaires en "secret" ne l'inquiétait pas. Au contraire, il se prouvait de la même trempe que sa génitrice. Sans doute était-il même plus doué. Santenoque ne prendrait pas si facilement la main sur son héritage.

« Quelque chose d’autre m’intrigue. Hormis vos directives, il ne me semble pas avoir entendu quelle serait ma place dans ce plan, à part celui qui me limite au rôle de poule pondeuse pour vous livrer votre héritier. Auriez-vous quelques précisions à ce sujet ? »

La perspective d’avoir un nouvel enfant l’emplissait de joie, seulement la manière dont Santenoque indiquait que cet éventuel héritier ou héritière serait le siens mettait en alerte tous ses sens de mère. Jamais on ne lui enlèverait ses petits. Jamais. Sa chair et son sang étaient bien plus les siens qu'à n’importe quel père.

Si cet homme pensait qu’il en était capable, et bien, qu’il tente l’aventure. Le dos droit, le regard fixe, c’était un défi de venir empiéter sur son territoire. C'était une invitation à tenter de faire d'elle une simple décoration.

« Tout n’est donc peut-être pas aussi simple et clair que vous semblez vouloir me le vendre Messire. »
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyJeu 2 Fév 2023 - 23:22
Il semble évident que vous avez cherché une solution durable pour affermir et faire prospérer l’alliance que nous pourrions former. Votre plan, bien qu’il soit tout à fait bien pensé, omet quelques détails qui ont leur importance. 

Pas vraiment, mais elle semblait en être convaincue. Les sourcils relevés et la bouche formant un "o", Pépin se montra interloqué par la remarque de la femme qui partageait son repas. Elle ne se fit pas prier pour poursuivre, un brin tendu d'après ce qu'il pouvait en juger.


Tout d’abord, votre calcul oublie une donnée concernant le négoce Priost. Je gère peut-être le commerce, comme vous l’avez constaté, pour autant il ne m’appartient en aucun cas. Ce sont mes fils qui deviendraient les têtes de proue si Charles venait à disparaître. Et votre progéniture ne vous apporte peut-être pas satisfaction à la hauteur de vos espérance, mais je peux vous assurer que la mienne est en bonne voie pour tenir le rôle qui lui est destiné. En temps voulu, ce sera donc l’un d’entre eux qui aura la gestion pleine et entière de la boutique. Ne croyez pas qu’il sera si facile de le convaincre. 


Il hocha la tête, partageant jusque là le moindre mot qui était sorti des lèvres pulpeuses peintes de carmin de la Priost. Il l'observait, redressé sur l'assise de son siège comme une brebis guettant les fourrés pour déceler le loup à l'affût. Il s'apprêtait à répondre lorsqu'elle reprit son assaut verbal. Visiblement, elle n'en avait pas fini avec le questionnement au sujet de cet arrangement.

Quelque chose d’autre m’intrigue. Hormis vos directives, il ne me semble pas avoir entendu quelle serait ma place dans ce plan, à part celui qui me limite au rôle de poule pondeuse pour vous livrer votre héritier. Auriez-vous quelques précisions à ce sujet ? Tout n’est donc peut-être pas aussi simple et clair que vous semblez vouloir me le vendre Messire.

Pépin écarta les bras, paumes vers le ciel, faisant étalage d'une parfaite innocence. Tout était pourtant si simple. Bien plus simple qu'elle n'aurait voulu l'entendre visiblement.

Mais enfin, Madame. Qui a dit ou sous-entendu que vos enfants n'hériteraient pas du négoce familial ? Ils sont nés Priost et sont bien trop vieux pour se prêter à l'adoption. J'entends bien ici votre discours de mère-louve et n'ayez aucune crainte, je n'ai pas l'intention de spolier vos enfants.

Du moins, pour le moment. Avec le temps, peut-être ... Qui pouvait lire dans les brumes du futur ? Mais, à cet instant précis, le comte était des plus sincères.

Cependant, si je puis tirer le fil de cet instinct maternel remarquable, ne souhaiteriez-vous pas qu'ils héritent d'un commerce bien plus prospère que le vôtre ? Que des descendants des Priost et des Martel se voient associés à la haute société et aux richesses qui viennent du port ? Ne pensez-vous pas qu'ils seraient ravis de travailler conjointement avec leur charmant beau-père qui prend soin de leur mère en égayant un peu plus sa vie après la terrible épreuve du veuvage ? Et plus tard, lié par le sang à un demi-frère ayant grandi en les prenant pour exemple, comme chaque cadet fait avec ses aînés ...

Candide, tel un acteur déclamant son texte avec aplomb, Pépin se surprit presque à s'émouvoir lui-même devant le talent qu'il déployait pour convaincre la matrone au décolleté plongeant. Il la désigna du doigt après un silence de rupture, poursuivant son monologue qui n'avait rien à envier à celui de grands dramaturges d'avant la Fange.

Et vous, Madame ? ... Votre place ? J'en suis presque peiné que vous me la demandiez, Madame !

Il se retint de placer le dos de sa main sur son front en se détournant d'elle dans un soupir. Il avait jugé en un instant que ce serait bien trop excessif. Le ton presque outragé qu'il avait employé pour prononcer ces quelques questions suffirait amplement. C'est avec bien plus d'évidence dans ses mots et ses gestes qu'il répondit à ses propres interrogations.

Prenez la place qui vous sied ! Epouse, mère, négociante, intriguante, femme d'affaire, femme intelligente, ingénue pour qui se laisserait duper, impitoyable pour qui vous sous-estimerez ! Que sais-je ? Une poule pondeuse ...

Il gloussa, chassant la remarque saugrenue d'un dodelinement de la tête.

Cela ferait donc de moi un coq ? Chantant chaque matin, les pieds dans la merde avec une fierté démesuré d'avoir gravi trois échelons de mon poulailler ? J'ai bien plus d'ambitions que cela. Vous devriez en avoir tout autant. On a rit lorsque j'ai pris à mon service un métèque ! On se moquera si j'en viens à épouser la roture. On me raillera si je m'associe avec une femme. Et alors quoi ? Qu'est-ce que cela peut bien me faire ? Qui rira, qui se moquera, qui raillera lorsqu'ils devront tous se courber devant la famille la plus riche de tout le royaume et qu'ils devront venir mendier nos bonnes grâces ? Je m'entoure de gens compétents, Madame. Que ce soit dans mon travail, comme dans mon lit.

Il prit une grande gorgée de vin en pouffant à moitié, répétant d'une voix amusée.

Une poule pondeuse ! Elle est bien bonne.

Jérôme ouvrit la porte et amena un petit chariot à roulettes sur lequel était disposé un gâteau sur trois étages, couronné d'abricots. Pépin frappa dans les mains, comme extrait immédiatement de la conversation qu'il entretenait.

Ah ! le dessert !
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Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyLun 6 Fév 2023 - 18:33
Comme si il avait compris à quel point ses enfants étaient essentiels pour la « mère-louve », Santenoque s’empressa de la rassurer. Même si sa manière de faire tomber les peurs de Théodora une à une était un peu théâtrale, cela suffit à calmer les battements hérétiques de son palpitant. Tout ceci n’était encore qu’un jeu à en croire les gloussements que lui tirèrent la réaction de son invitée.

Se rendant compte qu’elle s’était laissée aller au jeu du Comte, la bourgeoise s’intima au calme et au raisonnement, deux choses qui n’auraient jamais dû la quitter en premier lieu. Cela lui aurait permis d’étudier bien plus efficacement ce qui était sérieux entre deux jeux de scène.

Prenez la place qui vous sied ! Epouse, mère, négociante, intriguante, femme d'affaire, femme intelligente, ingénue pour qui se laisserait duper, impitoyable pour qui vous sous-estimerez !


Etait-ce vraiment aussi facile ? Cet homme laisserait-il vraiment Théodora continuer tout ce qu’elle faisait jusqu’ici ? Quelqu’un d’aussi sûr de lui et vif d’esprit paraissait difficilement apte à laisser quelqu’un d’autre que lui sur le devant de la scène. En même temps, il était vrai que depuis toujours, la commerçante s’était mise en retrait pour laisser les hommes récolter les fruits de son travail. Les mâles aimaient à converser avec leurs semblables. Ils se rassuraient mutuellement sur leurs capacités intellectuelles mais surtout reproductrices.

Cette chose, qui leur gonflait le cerveau en même temps qu’elle le faisait pour leurs hauts-de-chausses, gouvernait la plupart d’entre eux sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Le Comte, lui, était tout à fait conscient de l’attrait de la chair, si bien que la bourgeoise avait presque oublié qu’il faisait parti de ces rares à savoir aussi réellement utiliser son cerveau principal. Qu’à cela ne tienne, en bonne intrigante, Dame Priost savait louvoyer constamment dans les eaux troubles.

Alors que le gâteau, quatrième acte de ce repas d’apparat, entrait en scène, l’invitée reprit une attitude plus sereine. Sa position restait celle d’une femme qui respectait l’étiquette, mais les crispations s’étaient dissipées lorsque ses petits avaient été mis hors de danger. Et elle s’assurerait personnellement que les choses demeurent ainsi.

« Il reste de nombreux détails à régler, mais vous avez sans doute raison sur l’essentiel. Nous ferions très certainement de bon associés. Complémentaires par nos différences et solidaires par nos objectifs. »

La proposition était trop belle pour être franchement repoussée. Pour autant, se contenter des paroles d’un renard, c’était se retrouver déplumée et le cou entre ses crocs. Il ne fallait pas lui laisser entière emprise, lui donner juste assez de gibier pour trouver un plan d’attaque. Le temps serait l’allié de Théodora, comme il l’avait toujours été. La patience et la planification lui permettraient d’arriver à ses fins, elle en était sûre.

Jérôme déposa un part de ce qui devait être un appétissant met de fin de repas, qui n’apportait pourtant aucune émotion chez Dame Priost. Ses perles émeraudes observèrent un instant son assiette avant de suivre le majordome faire son travail. Une fois qu’il fut proche de la sortie, la cuillère emprisonnée entre ses doigts gantés joua négligemment avec la nourriture molle à sa portée. Les mèches de jais se baissèrent en même temps que le regard de la négociante. Le ton plus bas que sur les précédentes discussions, elle se laissa aller à une confession. L'émotion qu'elle laissait poindre était tout à fait palpable, même pour un serviteur à plusieurs mètres d'eux.

« Puisque nous sommes entre personnes de confiance, savez-vous Messire, que je soupçonne mon époux d’être à la merci d’un terrible mal qui sévit dans un de ces endroits qu’il fréquente ? »


Ses billes vertes finirent par se relever et fixer celles noisette de son hôte. La malice n’était visible que de lui, intentionnellement. Sans se détourner, Théodora enfourna enfin une bouchée de son dessert. L’abricot venait tout juste de se faire croquer par les incisives de la bourgeoise que Jérôme quitta finalement les lieux, laissant les deux protagonistes seuls.

Finissant sans précipitation de déguster le fruit, la Dame se laissa quelques secondes supplémentaire pour le pousser avec une nouvelle goulée de vin. Ce ne fut qu’une fois cette démonstration terminée qu’elle développa le reste de sa pensée, celle que ne devait pas répéter le petit personnel.

« Nul doute que votre soutient moral sera indispensable à une femme qui va devoir mener de front les affaires ainsi que la santé déclinante de son époux. Quelques dîners, suivis de quelques lettres attestant d’un attachement entre les deux partis sera une preuve irréfutable de la solidité de cette nouvelle entreprise. Les critiques ne pourront en effet pas passer outre cet éventuel attachement qui se lierait entre ce couple nouveau, tout comme l’empire qui en découlerait par la suite. La délicatesse peut aussi parfois vous amener quelques avantages insoupçonnés. »

Un léger sourire vint de nouveau fleurir sur le visage de Dame Priost. Sans avoir rien confirmé, les pièces étaient en train de se mettre en place lentement. D’autres éléments devaient d’ores et déjà être traités sans attendre pour être réglés le moment venu.

« Vous êtes donc prêt à tenter de convaincre mes enfants du bien fondé de cette alliance. Qu’en est-il des vôtres ? Votre aîné ne serait-il point jaloux de cet éventuel frère qui pourrait lui voler quelques part du gâteau ? Les idiots ne sont pas tous dénués de sens pratique, aussi étonnant que cela puisse paraître. »


Si il le fallait, la bourgeoise trouverait une solution pour cet enfant terrible, vivant aux crochets de son futur époux. Pour autant, il était bien plus facile et acceptable pour tous que le Comte règle lui-même le problème, quitte à ce qu'il reçoive quelques conseils soufflés après une extase remarquable.
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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyLun 6 Fév 2023 - 21:29
Jérôme commençait le service. Les fruits, fermes et colorés, ressortaient bien au milieu de la crème fouettée blanche. On devinait la croûte dorée à souhait sous les délices sucrés qui attendaient d'être avalés avec gourmandise. Elle finit par avouer.

Il reste de nombreux détails à régler, mais vous avez sans doute raison sur l’essentiel. Nous ferions très certainement de bon associés. Complémentaires par nos différences et solidaires par nos objectifs.

Pépin se contenta de sourire légèrement en hochant la tête. Les craintes de son invitée semblait s'être dissipés, de quoi détendre une nouvelle fois l'atmosphère et revenir à une certaine légèreté qui sublimait ce dessert. Alors que le majordome s'éloignait, laissant les convives jouirent d'un peu d'intimité autant que de leur fin de repas, la Priost se pencha vers lui, chuchotant en confession.

Puisque nous sommes entre personnes de confiance, savez-vous Messire, que je soupçonne mon époux d’être à la merci d’un terrible mal qui sévit dans un de ces endroits qu’il fréquente ?

Il gloussa autant de satisfaction que d'amusement tandis qu'elle prenait une première bouchée. Le fruit résista un bref instant sous sa dent avant de céder dans un subtil craquement. Le COmte imita son invitée et enfourna un beau morceau de gâteau, dégustant toutes les textures et les saveurs qui s'entrechoquaient sur sa langue.

Nul doute que votre soutien moral sera indispensable à une femme qui va devoir mener de front les affaires ainsi que la santé déclinante de son époux. Quelques dîners, suivis de quelques lettres attestant d’un attachement entre les deux partis sera une preuve irréfutable de la solidité de cette nouvelle entreprise. Les critiques ne pourront en effet pas passer outre cet éventuel attachement qui se lierait entre ce couple nouveau, tout comme l’empire qui en découlerait par la suite. La délicatesse peut aussi parfois vous amener quelques avantages insoupçonnés.

Pas bête la poulette ! La parole du Dauphin d'Or ne lui suffisait pas, elle voulait montrer au monde un processus de cour pour éviter les ragots. Il avala sa bouchée avant de l'arroser d'une lampée de vin, imitant les gestes de la bourgeoise qui lui souriait de nouveau. Il se pencha à son tour, gardant le ton du secret même s'ils n'étaient plus que tous les deux dans la salle à manger.

Il suffit d'un mot de vous, Madame. Et vous êtes veuve lorsque vous regagnerez vos pénates. Les rues sont si dangereuses, la nuit, pour un homme aux riches atours. Ou un simple cheval fou qui déboule au coin d'une rue. Tant de danger immédiat, bien plus efficace qu'une mauvaise maladie vénérienne ou du poison qui pourrait laisser des traces vérifiables.

Il releva les sourcils avant de se redresser dans le fond de son siège, un éclat satisfait dans les yeux. Il éleva la voix de nouveau.

Des lettres, des dîners, certes. Donnons le change, si vous le souhaitez. Cependant, on parlera malgré tout, on médira. Quoique nous fassions et peu importe la façon dont serons maquillés les choses. Mais personne n'ira jusqu'à chercher quelques preuves, ni même les exposer à qui que ce soit, puisque personne n'en aurait grand chose à faire. Les temps sont durs, la perte d'un époux et la perspective de voir tout s'écrouler sur vos enfants présentent des motifs suffisants au yeux du monde pour justifier un remariage. D'autant que peu de gens seront dupes sur le fait que ce serait un mariage de raison et non d'amour. Mais si cela vous amuse, pourquoi pas ! Je n'ai jamais dit non à un bon jeu.

Il ponctua son intervention en enfournant un nouveau morceau de gâteau. Un bref moment qui permit à la Priost de surenchérir sur un point qu'il n'avait pas vu venir.

Vous êtes donc prêt à tenter de convaincre mes enfants du bien fondé de cette alliance. Qu’en est-il des vôtres ? Votre aîné ne serait-il point jaloux de cet éventuel frère qui pourrait lui voler quelques part du gâteau ? Les idiots ne sont pas tous dénués de sens pratique, aussi étonnant que cela puisse paraître.

Un nouveau gloussement retentit, étouffé par la crème qui lui remplissait l'intérieur des joues. Il aala rapidement tout cela en dodelinant de la tête pour montrer son désaccord.

Charles ? Un enfant de six ans avec un peu de caractère le ferait tourner en bourrique. Il n'a aucun sens des affaires et se montre impulsif pour des causes ridicules. Quelle est sa dernière lubie déjà ? Ah oui !!! ... Il s'est mis en tête que les fangeux étaient des malades qu'il fallait guérir. Donc ce crétin cherche un remède. Louable me direz-vous ? Une pensée innovante et moderne ? Certes, mais comment veut-il les soigner ? Là est tout le sel ! Il veut les asperger d'eau ! De l'eau, simple, stupide, de la flotte ! Mais pas n'importe laquelle ... Attention !

Pépin leva son index pour souligner son sarcasme acerbe.

De l'eau puisée sous le Labret ! Comment sait-il qu'il y en a ? Il n'en sait rien, ce cuistre. Il n'y a jamais foutu un pied ! Il en a ... Comment m'a-t-il sorti ça ? ... L'intuition ! Voilà, c'est ça, l'intuition ! ... J'aimerai tant que son cerveau ait l'intuition d'arrêter de respirer, au moins le temps de purger toute la merde qui s'est accumulé entre ses oreilles. Vous imaginez ce débile devoir gérer la paie des pêcheurs, l'approvisionnement des cales sèches pour le carrénage ou même investir dans la rénovation de bâtiments autour du port ?

Il adressa un regard désolé à son invitée, pinçant la commissure des lèvres pour effectuer une grimace contrite avant de conclure.

La promesse de lui offrir un bateau pour aller récupérer des écailles de sirènes de l'autre côté de la mer suffiront à faire son bonheur. Qui plus est, cela l'empêcherait de dilapider les richesses familiales. À moins d'une épiphanie soudaine et impromptue qui lui pousser une cervelle, il n'y a aucune inquiétude à avoir au sujet de ce fifrelin. De plus, je reste le chef de famille jusqu'à ma mort et mes décisions seront appliquées une fois celle-ci survenue. Il n'aura ni la jugeotte, ni la possibilité de contester mes volontés.

Il prit une nouvelle bouchée qu'il mastiqua nerveusement. Il sentait son coeur battre un peu plus rapidement, cela lui faisait souvent ça lorsqu'on évoquait son aîné. Il chassa bien vite son stress en se vengeant sur la patisserie. La bourgeoise mangeait elle aussi d'un bon appétit, faisant naître une question des plus légitimes.

Ce dessert est-il à votre goût ?
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMar 7 Fév 2023 - 14:20
La réaction aussi brusque que volubile du Comte était assez étonnante. Lui qui avait su rester maître du jeu jusqu’en cet instant, dévoila une facette de sa personnalité qui avait été cachée jusqu’ici. Le voir ainsi humain, lui aussi en proie à ses émotions sur certains sujets rassura la bourgeoise. L’homme, bien qu’il tentait de montrer le contraire, n’était pas infaillible. Elle pourrait toujours avoir quelques solutions de repli si il tentait de prendre l’ascendant sur elle.

Avant tout cela, il fallait montrer sa compréhension à celui qui partagerait bientôt son quotidien. Même si ils n’étaient pas obligés de s’entendre, une relation pacifique était bien plus productive qu’une guerre intestine. Théodora posa délicatement sa main sur celle du Dauphin et la lui tapota deux fois en guide de soutient.

« Les enfants sont toujours source d’une certaine inquiétude. Soyez rassurés, nous trouverons une solution concernant vôtre aîné. »


Si il fallait le mettre sur un bateau et lui faire découvrir le monde, alors cet enfant en aurait un. Les routes et les mers étaient dangereuses, au même titre que les rues de Marbrume la nuit. La nature se chargerait de cette épine dans leurs deux pieds, quitte à l’y aider un peu. La commerçante avait quelques personnes qui lui devaient un service et qui seraient ravies d’aller découvrir le monde.

En attendant de mettre ceci en action, il fallait commencer à prendre conscience de l’immense tâche qui attendait la future Comtesse. Reprenant sa senestre pour essuyer délicatement sa bouche, Théodora acquiesça à la question du Dauphin.

« Ce dessert est tout à fait divin. Mais il me semble qu’une balade digestive serait tout à fait la bienvenue. Me feriez-vous l’honneur de me faire visiter votre demeure ? »

Qui serait bientôt son futur toit si leurs affaires marchaient comme prévu. Bien entendu, il y avait beaucoup de choses à prévoir avant d’officialiser la chose, ce jeu de dupe serait l’occasion pour elle de mettre en route ce dont elle avait besoin.

Déjà, il faudrait attendre quelques jours pour voir si la rumeur qu’elle avait lancé par l’intermédiaire du majordome se disperserait. Si celui-ci était bien trop professionnel pour ne rien dire, il faudrait faire appel à d’autres moyens. Ce n’était pas un problème, juste un contretemps. Pendant ce temps, elle en profiterait aussi pour lancer le commerce pour lequel ils s’étaient rencontrés en premier lieu. Augmenter le potentiel de l’héritage de ses enfants serait sa première priorité. Il fallait d’ailleurs qu’elle règle cette affaire d’exploitation minière au Labret, même si elle pourrait déléguer certaines tâche à son frère aîné.

Théodora s’intima à stopper ses calculs. Tout ceci tomberait à l’eau si elle ne pouvait ferrer le Comte au bout de sa ligne. L’aider à créer au plus vite cet héritier serait le meilleur moyen de s’assurer de sa parfaite amitié envers elle. Elle se savait fertile, et ses accouchements avait été plutôt faciles comparés à ceux de beaucoup de femmes. Elle pouvait encore lui donner sans doute au moins deux à trois enfants, chacun augmentant ses chances de rester à cette place qu'elle n’aurait cru pouvoir avoir de son vivant. Personne ne viendrait la mettre en échec.

« Je suis sûre qu’elle offre quelques surprises fascinantes. »

Ses émeraudes vinrent rapidement chercher les iris du Comte, ne laissant aucun doute sur ses réelles intentions. L’homme avait cherché à voir si la marchandise lui plaisait, elle allait lui prouver qu’il avait parié sur la bonne poule.
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Pépin de SantenoqueComte
Pépin de Santenoque



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMar 7 Fév 2023 - 15:27
La main gantée de la Priost vint délicatement se poser sur celle, crispée, du comte.

Les enfants sont toujours source d’une certaine inquiétude. Soyez rassurés, nous trouverons une solution concernant vôtre aîné. 

Il tourna les yeux vers ce contact, presque intime entre les deux commensaux. Un geste qui signifiait un rapprochement certain, même s'il semblait bien convénient de céder à telle familiarité après avoir reçu tant de garantie de la part du Dauphin d'Or. Elle n'était probablement pas dupe sur le fait qu'il faudrait plus d'une tape sur le dos de la main du Comte pour qu'il ne garde pas une certaine méfiance envers elle, et il ne doutait pas de la réciprocité des choses. Elle répondit à l'interrogation de son hôte après avoir retirer sa main.

Ce dessert est tout à fait divin. Mais il me semble qu’une balade digestive serait tout à fait la bienvenue. Me feriez-vous l’honneur de me faire visiter votre demeure ? 

L'étiquette n'aurait pas toléré qu'elle annonçat tout de go qu'elle souhaitait voir la chambre à coucher, mais cela revenait au même.

« Je suis sûre qu’elle offre quelques surprises fascinantes. »

Définitivement, elle sous-entendait que la surprise était le sceptre familial de la famille Santenoque. Son bon appétit ne s'arrêtait visiblement pas aux arts de la table. Il nota malgré tout qu'elle avait soigneusement esquivé la proposition de régler le problème que représentait son époux actuel. Soit. Si elle préférait gérer ce contre-temps à sa manière, il n'y trouvait rien à redire. La destination importait bien plus que la façon de s'y rendre. Il vida sa coupe avant de se redresser.

Fascinante, je ne sais pas. Surprenante, probablement.

Il se leva puis écarta les bras lentement.

Vous avez déjà vu la salle à manger et le petit salon. Allons explorer le reste.

Il tendit la main vers la poitrine ... La bourgeoise ! Il tendit la main vers la bourgeoise, lui offrant une aide polie pour quitter la table et partir explorer la demeure. Il serait bientôt d'explorer la Priost également mais chaque chose en son temps. D'abord, le manoir. C'est ce qu'elle avait demandé.

Préférez-vous voir le rez-de-chaussée ou commençons-nous par l'étage ?

Simple vérification au cas où la visite des cuisines et des quartiers des serviteurs était une envie irrépréssible de sa part. Si on pouvait gagner du temps et passer au second dessert rapidement, cela arrangerait sûrement tout le monde.
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Théodora PriostCommerçante
Théodora Priost



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MessageSujet: Re: Le dîner de toutes les possibilités (PV)   Le dîner de toutes les possibilités (PV) - Page 2 EmptyMer 8 Fév 2023 - 11:40
Il ne fallut pas longtemps pour que le Comte se redresse dans l’intention de faire visiter sa demeure à Théodora. La concupiscence s’était emparée de l’hôte alors que son invitée savourait l’effet qu’elle avait travaillé à provoquer.

Cette fois-ci, elle ne se fit nullement prier pour glisser son bras dans le creux du coude de son futur époux. Leurs deux corps étaient ainsi proche, laissant à l’une le loisir de s’imprégner de la chaleur de son guide, et à l’autre le plaisir de sentir les formes toutes féminines de celle qu’il souhaitait voir porter son héritier.

Tous deux semblaient s’être mis d’accord sur leur futur commun, ne restait qu’à mettre en marche ce plan d’action. Et à priori, cela ne serait pas très long avant que le Dauphin ne teste leur compatibilité conjugale. La rapidité avec laquelle il s’était laissé convaincre de se lever de table était assez parlante en elle-même. Le fruit était mûr. Pourtant, comme pour fabriquer un bon vin, ne disait-on pas qu’il fallait le cueillir à point ?

« On m’a toujours appris à faire les choses importantes dans l’ordre. Commençons donc par le rez-de-chaussée, voulez-vous ? Peut-être possédez-vous un petit jardin ? »


Faire monter la passion en Santenoque n’était pas la seule raison pour laquelle la bourgeoise cherchait à visiter les lieux. Elle devait s’assurer si oui ou non les rumeurs sur son époux allaient se répandre. Un bon domestique curieux aurait déjà fait partir la rumeur. Aussi, Théodora souhaitait s’assurer qu’elle serait à ses aises ici et qu’elle pourrait loger non seulement ses enfants mais aussi certains de ses employés les plus fidèlse. A commencer par Gontrand, dont elle ne se séparerait sous aucun prétexte, mais aussi sa femme de chambre, fidèle et travailleuse, dont elle aurait particulièrement besoin si leurs projets arrivaient à leur terme.

Se laissant mener par le Dauphin, Théodora ne s’inquiéta pas vraiment de l’humeur de celui-ci et continua la discussion qu’ils avaient arrêté plus tôt.

« Il est si étrange que votre fils et mon époux actuel se prénomment tous deux Charles. Je suppose qu’il vaudra mieux éviter un tel écueil à l’avenir. Que pensez-vous d’un prénom qui rappelle vos propres initiales ? »

Pour sûr, il ne fallait pas laisser la moindre occasion à leur sang de devenir aussi stupide que ces deux-là. Malgré tout, la bourgeoise avait bon espoir qu’avec deux personnes aussi brillantes qu’elle et le Comte comme parents, la réussite de leur progéniture ne pourrait être qu’assurément brillante.
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