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 Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]

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Morion de VentfroidComte
Morion de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyMer 2 Nov 2016 - 22:13
Le temps lui donnerait raison, oui. Il le savait. Il avait peut-être caché ces enfants, caché sa liaison passée avec Cassandre, mais en avait déjà exposé les raisons. Et aucun autre fait se déroulant dans sa vie, ou s’étant déroulé par le passé ne provoquait un tel dégoût en lui. Sans même compter cela, il n’avait pas d’intêret à lui cacher les choses, et elle le savait. Ne lui avait-il pas révélé qu’il était le meurtrier des membres des héritiers légitimes des Ventfroid, par le passé ? Etait-ce si trivial que cela, pour qu’elle l’oublie si facilement ? Sa nature avait beau être très secrète, il en avait pourtant consenti beaucoup, au regard de son existence passée. Même Cassandre, avec qui il avait partagé de nombreux jours, avec qui il s’était lié plus que de raison, n’avait pas eu droit à un quart de cette considération. Il était sidéré de voir qu’elle ne semblait même pas s’en rendre compte. Si elle voulait laisser faire le temps, qu’elle le fasse donc, c’était couru d’avance, il était de son côté. Le nombre d’heures, jours, semaines, mois, même années, peu lui en chalait. Elle serait forcée de reconnaître, tôt ou tard, qu’il l’estimait et lui accordait bien plus de valeur que ce qu’un mari accordait généralement comme crédit à sa femme. Et une partie de lui, celle alimentée par la colère, animée par la rancoeur et galvanisée par la violence, espérait que le jour où elle finirait par se rendre compte de cet état de fait, par comprendre qu’il ne voulait rien d’autre sinon leur bonheur à tous deux, à leur famille, et qu’il agirait en conséquence pour cela, elle s’en voudrait d’avoir ainsi douté, attaqué, crié et jugé.

Avoir honte de ce qu’il avait fait, c’était une chose. Il l’avait dissimulé, peut-être à tort, c’était une chose également. Mais il ne laisserait pas mettre en doute la sincérité de ses sentiments, sa confiance, ou sa volonté de vivre un mariage heureux par celle qu’il avait choisi, celle à qui il avait demandé la main. S’il l’avait fait pour des jeux politiques à la base, l’idée n’avait pas été jetée en l’air. Bien au contraire. Et quand bien même les sentiments étaient absents à cette heure, un mariage terne, aux valeurs bancales, à l’ambiance morbide n’avait pas une seule fois été dans ses intentions. Il avait la chance de pouvoir choisir sa femme sans que personne ne se mette en travers de sa route quant à la qualité de la personne qu’il sélectionnait. Ce choix avait donc d’autant plus de valeur qu’il avait été fait librement, sciemment, sans aucune contrainte. Se marier, il aurait pu attendre. Et il n’aurait pas choisi librement quelqu’un qu’il n’aurait pas voulu plonger totalement dans son univers, à qui il voulait s’offrir totalement.

--

Le visage du comte avait repris des couleurs. Le désir orageux qui couvait en lui, la colère, ravivée par la morsure d’Ambre, la rancoeur, la détermination de lui montrer qu’on ne provoquait pas impunément Morion de Ventfroid sans en subir les conséquences. Il l’observait, comme un prédateur guettait le prochain mouvement de sa proie. Le bout de sa langue passa à l’intérieur de sa lèvre, lentement, et perçut les saveur métalliques du sang que sa femme avait libéré dans sa bouche. Il l’avait à peine senti sur l’instant, la douleur avait irradié sa bouche, une douleur rendue sourde par les battements de son coeur, l’adrénaline qui ne cessait de se libérer dans son corps depuis le début de la soirée. Il se retint de répliquer immédiatement, laissant la salive de sa langue apaiser un peu la boursouflure qui commençait déjà à naître sur la chair.


Il résistait à la pression, dérisoire qui plus est, de ses mains contre lui. On ne lui résistait pas quand il n’en avait pas envie. Elle voulait qu’elle lui prouve toujours qu’il l’aimait et qu’il ne comptait pas agir contre ce sentiment ? Un rire mental, sardonique, résonna dans son esprit. Elle les aurait, ses preuves. Et il commencerait par les bases. Lui prouver qu’il ne déchaînait sa passion que sur une seule femme, lui prouver qu’elle était sienne, et qu’il l’avait décidé.


Il recommença. Tant par défi, par volonté, que par incapacité à contrôler le torrent furieux, au sens littéral du terme, qui coulait en lui. Plus elle résistait, plus il s’énervait, plus il avait envie d’abattre ces résistances. Et encore, les abattre… Qu’elle résiste donc, si elle en était capable. Qu’elle crache donc toute sa colère, il saurait la recevoir. Ses yeux avaient un éclat presque fou, tant les sentiments qui s’y mêlaient étaient violents, explosifs. Son estomac était tenaillé de toute part, tiraillé tantôt par ce désir corrompu par la colère, tantôt par la rage pure, et parfois aussi, quand son corps ne savait même plus que faire, par un mélange détonnant des deux. Les attaques d’Ambre étaient des piqûres acides, brûlantes, qui avaient l’effet exactement inverse à celui qu’elle recherchait. Il ne lâcherait pas. Chacune de ses offensives le soulevait un peu plus, encore, et encore, toujours plus proche de la rupture. Elle lui asséna le coup de grâce lorsqu’elle vint mordre son cou à en arracher la peau.

Libérant sa main du panneau sur lequel elle était appuyée, il esquissa un mouvement de recul brutal sous sa morsure, augmentant encore la douleur. Un grognement rageur, endolori, rauque, quitta sa gorge. Il étira légèrement sa tête sur le côté pour adoucir, en vain, la douleur persistante, sans la quitter des yeux. Il esquissa un dernier pas furieux dans sa direction et l’attrappa à la taille, la soulevant de terre pour l’appuyer, sans douceur, contre le panneau de bois, et vint se coller contre elle pour repartir à la charge, répondant à la morsure par la morsure, au même endroit. Ignorant le tissu de sa robe qui protestait, il agrippa sa cuisse qui protestait pour la maintenir en hauteur, l’autre toujours solidement attachée à sa taille. Qu’elle essaie de le repousser, elle n’aurait pas le dernier mot, quoi qu’il arrive.

Ses lèvres et ses dents attaquèrent la chair, ses mains étaient des serres sévèrement attachées, son corps ne savait même plus s’il tentait de la brutaliser au sens pur du terme ou non. Tout se noyait dans le magma d’ire qui s’était alimenté pendant la soirée, et éclatait désormais. L’envie de la remettre à sa place, peut-être, pointa, envie vague qu’il n’aurait pas cautionné s’il avait été totalement maître de ses pensées. Et d’un autre côté, l’envie de la voir lutter pour cette place d’épouse Ventfroid qu’elle clamait, et pour laquelle elle lui avait fait cette scène. Si elle la voulait, elle l’aurait, mais qu’elle en soit digne.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyJeu 3 Nov 2016 - 21:48
Ambre échappa un gémissement, à mi-chemin entre le glapissement de douleur et l’exclamation de rage mêlée de frustration, mais aussi, de désir brûlant qui s’entendait jusque dans son souffle. Il lui avait échappé, elle s’était sentie se soulever, plaquée contre le panneau de bois, encadrée par le bras puissant de son époux qui agrippait sa taille. Ainsi surélevée de quelques centimètres, elle ne pouvait plus atteindre son cou sans se courber de façon très désagréable, et l’homme n’avait de toute façon laissé aucune ouverture. Ses dents se plantèrent dans son cou, de la même manière qu’elle l’avait fait. Elle ouvrit les lèvres dans un mouvement réflexe, rabattant l’arrière de son crâne contre la porte, levant les yeux vers le plafond, gorgeant le cou. Elle s’accrocha malgré elle à lui – une main sur l’épaule, l’autre dans la nuque –, toute privée de son appui terrestre qu’elle était ou presque, son pied droit effleurant à peine le sol, l’autre surélevé depuis qu’il avait agrippé la cuisse. Cette dernière ne pouvait pas s’enrouler réellement autour de lui cela dit, la robe longue était un obstacle encore bien trop présent, et cela souleva un sourire canin sur le visage de la comtesse. On a du mal, trésor ? Quand la morsure lui fit réellement mal, la comtesse gémit davantage, un tantinet rageuse, et ses ongles se courbèrent derrière la nuque de son mari, griffant la racine des cheveux avant de remonter pour empoigner ses mèches châtain et son ruban déjà à moitié défait. Elle tira doucement et sa seconde main vint rejoindre l’action, encadrant le visage de l’homme de ses bras.

Des traînées de feu, décuplées par les émotions de la soirée qui l’avaient mise à fleur de peau, déferlaient sur les zones où Morion la touchait. La chair de poule avait envahi son cou, et une bouffée de désir violente lui tordit le ventre lorsqu’elle sentit l’érection naissante de son mari à travers leurs vêtements, plaquée ainsi contre lui. L’intérieur de ses cuisses se réchauffa et s’humidifia brutalement, son souffle eut quelques ratés, son dos se cambra.
Elle tira encore sur ses cheveux, assez pour que cela le force au moins à se redresser un peu sous la pression. Elle sauta sur l’ouverture pour l’embrasser à pleine bouche. Elle sentit de nouveau le goût métallique du sang, qui avait perlé légèrement sur la lèvre inférieure du comte, et qui venait désormais se mêler à ses propres lèvres. L’ardeur du comte était violente, tandis que le désir de la comtesse était brut, animal, saccadant ses gestes. Elle n’en avait pas assez, n’en aurait jamais assez tant qu’elle n’aurait pas maté cet impertinent, souhait ô combien inaccessible de par sa faible condition physique, mais qu’elle se plaisait à entretenir, à soulever pour embraser davantage son désir plein de colère. Il n’y aurait nulle tendresse dans leur acte cette fois-là, juste l’assouvissement brutal et égoïste de leurs envies, le défouloir de leurs sentiments négatifs, explosant à leur paroxysme pour donner, peut-être, quelque chose d’un peu plus positif. C’était devenu obsessif. Ambre voulait le posséder, il était sien autant qu’il clamait qu’elle était sienne, c’était elle qui donnerait naissance à la future lignée des Ventfroid, elle qui lui avait fait découvrir autre chose que la solitude et les complots, elle qui lui permettrait d’épurer cette cité.

A mesure que ces pensées, de nouveau coléreuses, de nouveau arrogantes, éclataient dans son esprit, la comtesse reprit sa résistance. Elle se remit à serrer les dents tandis que le comte dévorait sa bouche, tentait parfois de s’y frayer un passage de sa langue ; elle fit tout pour le frustrer davantage, ne lui laissant que quelques rares occasions d’assouvir ses envies – et les siennes, il fallait le dire – où elle entrouvrait complètement l’ouverture de ses lèvres pour lier leurs langues. Ses mains glissèrent brusquement sur le col de la chemise de Morion, tirèrent sur les lacets sans ménagement, créant une ouverture béante. Mais elle ne prit pas la peine de lui retirer le vêtement, c’était trop de temps perdu, elle voulait tout, tout de suite. De même qu’ils ne prendraient certainement pas le temps de se trouver un lit, elle ne prendrait pas le temps de le déshabiller. Que le strict nécessaire. Qu’elle le voit, le sente dans ses vêtements de fonction, de grand comte d’une graande famille dont il vantait son Histoire tout aussi graaande. La prestance de ce grand comte moribond, au visage fermé et distant aux inconnus, qu’on apercevait toujours sans oser l’approcher, là, entre ses mains qui déchevelaient ses cheveux si bien noués, sa chemise si propre, entre ses mots qui le faisaient sortir de ses gonds, lui, la force froide, tranquille, des Ventfroid.

- Tu es à moi.

Les mots furent lâchés sans amusement, sans taquinerie. Ce fut brut, violent, arrogant, lâché entre deux souffles enfiévrés, presque un ordre.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyVen 4 Nov 2016 - 3:08
S’il avait été en position de le faire, s’il avait été physiquement capable de le faire, moralement également, il aurait probablement ri. Un rire dénué de joie, un rire railleur même, sûrement. Un rire face à cette résistance qu’il appréciait autant qu’il réfutait. Elle voulait s’imposer à lui ? Qu’elle essaie seulement, qu’elle agite donc ces bras frêles, qu’elle griffe, qu’elle morde. Il ensevelirait chacune de ses foucades par les siennes, les abattrait une à une. Mais surtout, qu’elle ne s’arrête pas de lui tenir tête. La frustration brutale qu’il ressentait, lorsqu’elle tirait ses cheveux, le repoussait, résistait à ses tentatives, se disputait sévèrement à l’envie violente que chacun de ses gestes soulevait. Chaque torsion que sa main imprimait à sa nuque, chaque traînée, presque sanguine, que laissaient ses ongles sur sa peau, chaque gémissement de colère mêlé de désir qu’elle poussait, vibrant en écho en lui, chaque regard effarouché stimulaient autant la colère dominatrice qui brûlait en lui que le désir sauvage qui embrasait ses sens. Il avait largement passé le cap de la simple envie. C’était l’avidité, la cupidité même qui le tenaillait, la volonté féroce de la soumettre à ses envie, de lui apprendre ce qu’il en coûtait de le mettre en colère, quand l’on était son épouse, quand l’on osait lui tenir tête en pareilles manières, en pareils termes.

Il aurait littéralement exécuté une personne qui l’aurait mis dans un pareil état de fureur, séance tenante, sans même un mot. Mais parce qu’elle était Ambre, parce qu’elle était sa femme, la soif de rang était totalement remplacée par la soif d’elle, son membre se gorgeait rapidement de sang en réponse à ses pulsions animales. Ses lèvres répondirent avec envie, avec force aux assauts de la rousse, comme si même pour un baiser, il voulait avoir l’ascendant; c’était le cas.

Alors quand la fougue revint, qu’elle recommença avec ses tentatives de résistance, sa volonté de le frustrer autant que d’assouvir ses propres envies, le torrent l’emporta. Son érection se fit plus nette, et se redressant pour se jeter sur ses lèvres, une fois de plus, le lui fit sentir en plaquant avec insistance son bassin contre son bas ventre. La main qui était agrippée à sa prise subissait avec difficulté la présence de ce maudit tissu, trop ample, trop généreux, qui ne faisait qu’entraver ses mouvements. Pour un peu, s’il avait pu, il l’aurait déchiré d’un geste. Et c’est néanmoins sur cette pulsion, vive contrariété, que sa main quitta la taille de son épouse pour venir s’accrocher au col large de sa robe. Les yeux aussi fiévreux qu’assassin, il ne la quitta même pas des yeux quand sa main l’attira vers lui violemment pour lui planter un autre baiser démesurément fougueux, ni quand, d’un geste abrupt, appuyé de toute la force de son bras, il abattit tout un pan de tissu qui protesta avec un bruit déchirant contre l’acte du comte, mettant le sein droit et plus de la moitié du bras à nu. Il s’empara sans tarder de la chair dévoilée, l’enserrant entre ses doigts.

Il n’eut aucune réponse à sa remarque, à son affirmation, à sa prétention. Elle, le posséder ? Dans cet état il était tout disposé à lui démontrer que ce qu’elle avait, elle lui accordait. Alors même que chacune des fibres de son corps démontrait le contraire, par leurs réactions endiablées à chacun des mouvements impérieux de sa femme. Il ne luttait même pas contre cela, bien au contraire, ça nourrissait sa colère, tout autant que son envie.

Cependant, l’inconfort de la position finit par avoir raison de son bras. De même que la robe, surtout elle en fait, dont il ne parvenait, malgré un bon début, à se dépêtrer. Il recula légèrement le buste et la fit redescendre de quelques centimètres, lui offrant finalement l’appui dont ses jambes manquaient jusqu’à lors. Il l’observa quelques brèves secondes. Le teint rosi, des mèches aussi flamboyantes que son regard qui s’échappaient sans distinction aucune, ses traits durcis, puis sa peau pâle, ce sein fièrement dressé en signe de défi. Un sourire carnassier déforma ses lèvres quelques secondes. Elle avait dit qu’elle voulait connaître tout de lui, même ses plus inavouables facettes. Voilà que lui-même découvrait une des parts les plus sauvages de lui-même. Une part encore jamais révélée, faute de déclencheur suffisamment puissant. Et il y prenait un plaisir bestial. La vue de sa femme, dans cet état de noblesse blessée, loin de tout code, de toute élégance, cette beauté tumultueuse et farouche, elle libérait des décharges électriques de plaisir et de désir en lui, dont les manifestations étaient désormais pleinement visibles au travers des tissus.

Quelques instants plus tard seulement, bien qu’elle soit à nouveau au sol, il fondit à nouveau comme un aigle affamé sur sa proie. Aucun répit, pas le temps de savourer le spectacle, d’y goûter prudemment, avec parcimonie dans le seul but d’en profiter plus longtemps. Il la voulait là, maintenant, tout de suite. L’exciter puis la frustrer, être le maître de son envie, celui qui accordait ou refusait. Un fort côté dominant ressortait de sa poigne, de ses morsures qui revinrent s’acharner sur la peau déjà bien rouge de son cou. Chaque fois qu’elle le touchait, il ne pouvait réprimer ses soupirs enfiévrés, pourtant, ni les vibrations de sa gorge, plus souvent amenées par le plaisir brutal qu’elle lui infligeait que par la douleur, qu’elle peinait à matérialiser. Et il en redemandait. Provoquait encore, assénait encore. Il voulait l’user jusqu’à l’épuisement.

Il s’arrêta une fraction de seconde, à l’orée de son oreille, à laquelle il lâcha une invitation supplémentaire à le défier, purement provocatrice.

«Je suis à toi ? Essaie seulement de m’avoir alors, ose.»

Si le désir était perceptible, le ton penchait très favorablement en faveur de la menace, la voix rendue rauque par les sensations toutes plus violentes les unes que les autres qui s’abattaient sans discontinuer.

Ses lèvres glissèrent contre le lobe de l’oreille qu’il venait d’avertir et prirent un bref élan pour venir s’unir aux siennes à nouveau, la langue presque déjà sortie tant il était hâtif. Et ses mains désormais libres s’activaient déjà, l’une une nouvelle fois en possession de son sein dénudé, l’autre commençant à remonter le tissu de sa robe, qu’il allait très certainement finir par remettre en sienne.

S’il ne tolérait pas que sa femme lui tienne tête, il ne supportait qu’encore moins la résistance d’un stupide morceau de tissu. A ce moment “Ventfroid” paraissait un nom bien peu pertinent pour l’homme magmatique qu’il était, irradiant par tous les pores de sa peau.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptySam 5 Nov 2016 - 20:44
Un désir bestial les animait tous deux. C’était physique, puissant, à s’en retourner les tripes. Ambre s’était laissée submerger bien malgré elle. Son mari n’aurait mérité que mépris et indifférence après leur escarmouche conjugale, et voilà qu’elle brûlait de désir pour cet homme qui venait de la blesser, qui avait eu des mots si dur pour elle qu’elle ne les oublierait jamais. Sa rage s’était muée en combustible puissant, soulevant son corps dans des envies charnelles brutales, face à cet homme qui voulait la dominer, la mater après son accès de colère et de fierté. La jeune femme bouillait, elle sentait son entrejambe devenir terriblement moite, et la pointe de ses seins avait déjà durcie, surélevant de quelques millimètres le tissu de sa robe.

Son souffle fut coupé lorsque Morion plaqua son corps contre le sien, tuant dans l’œuf son nouvel élan rebelle, l’immobilisant brutalement contre la porte. Elle put sentir le désir de son mari à travers sa robe, ce qui souleva une nouvelle torsion de désir animal dans son ventre. Avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit, la main de son mari s’abattit, impérieuse, supprimant d’un coup la couverture de sa robe. Ambre serra la mâchoire. La déchirure du tissu retentit, brutale, le sein sortit de sa prison, aussitôt retrouvée en la qualité de la main du comte. Une lueur malsaine luisait dans les yeux de la jeune femme. Savait-il seulement combien coûtait cette robe ? Et il venait de la déchirer, pour une pulsion subite ? Cette pensée effleura l’indignation de la comtesse pendant une demi-seconde, mais plus que la qualité de la robe, ce fut le fait que le comte eut obtenu ce qu’il voulait qui la frustra. Elle avait beau s’évertuer à le maîtriser, ses bras étaient vite impuissants face à sa force.
Et que dire de ce sourire qui fleurit sur le visage du comte lorsqu’il la contempla ainsi, à demi-nue, la coiffure déchevelée, les pommettes rougies, l’expression défiante ? Même ses pieds qui avaient retrouvé support solide ne soulagèrent pas la comtesse. Elle se faisait reluquer selon les désirs de l’homme, le satisfaisait malgré elle, alors qu’elle ne voulait que le frustrer, et assurer ses envies à elle. A l’opposé de ça, ce sourire féroce, ces pulsions bestiales qu’elle faisait naître chez le Ventfroid, cela la nourrissait aussi. Encore une fois, c’était à double tranchant. L’espace d’un instant, elle vit elle aussi les mèches désordonnées du comte après qu’elle eut arraché son ruban, les joues enflammées par l’effort et le désir, les lacets relâchés de sa chemise qu’elle avait ouverts, le relief de ses chausses qui ne demandait qu’à s’épanouir. Cette noble prestance et indifférence qui n’étaient plus, explosées, abattues par la jeune femme. Elle avait du pouvoir sur lui, jusque dans les moments les plus critiques. Et elle s’en servirait jusqu’au bout.

Il jouait avec elle, et il savait terriblement bien jouer, même à travers la rage. Chaque fois qu’elle tentait quelque chose pour le frustrer, il répliquait, avec une morsure, une main opposée en obstacle, un coup de bassin la plaquant brutalement contre cette foutue porte. Il ne lui laissait des ouvertures que pour mieux les réprimer, mais elle faisait de même.

Un frisson puissant secoua la nuque de la comtesse, pour partir le long de sa colonne vertébrale et de ses épaules, lorsque le comte parla à son oreille. Cette possessivité qu’elle avait matérialisée dans ses mots, il la refusait, ou plutôt il la remettait en cause, pas convaincu pour un sou. Une lueur brillante luisait dans le regard de l’homme, avide, provocante. Il la menaçait, la rabaissait à ce rang de femme qu’il lui avait balancé avec la force d’une claque, mais pour autant, il en redemandait. Il voulait qu’elle essaye, ses sens étaient exacerbés par ce petit bout de femme outré. Son désir était palpable, dans ses chausses en premier lieu, mais surtout dans sa voix, son souffle, ses gestes saccadés, ses baisers violents et avides. Et il attisait, modelait le propre désir de la comtesse. Son envie de domination était tout aussi présente chez elle, et quand bien même connaissait-elle les envies de Morion, quand même savait-elle qu’insister et tenter était le désir de l’homme, elle céda à la provocation. Elle était trop en colère, trop enfiévrée pour seulement se contrôler.

Alors que Morion échangeait avec elle un autre baiser brutal, langoureux, presque douloureux tellement ils se dévoraient, elle le sentit remonter le tissu de sa robe de sa main libre. La caresse de la vêture caressa sa jambe en s’élevant, et ce simple geste laissa des traînées de frissons puissants sur sa peau. La comtesse attendit quelques secondes, tout juste le temps pour que le tissu remonte au-dessus de son genou. Alors, à cet instant, elle le repoussa brutalement. Ses bras qui jusqu’alors encadraient toujours la nuque de son mari s’abattirent brusquement sur ses épaules, déstabilisant sa prise. Elle poussa, encore, profitant de cet accès brutal de surprise avant que le comte ne se reprenne, poussa jusqu’à ce que l’arrière des cuisses de son mari vienne buter contre le rebord de son bureau. Le meuble protesta légèrement, secouant doucement les parchemins dont il était parsemé.
Ambre était désormais debout, redressée, loin de cette prison qu’était le panneau de la porte. Elle avait retrouvé sa liberté de mouvements, et le tissu de sa robe avait chu brusquement, dans un petit bruissement, enlevant à la vue de Morion sa jambe blanche qu’il avait si difficilement découverte. La comtesse avait haussé un sourcil. Provocante, défiante, victorieuse. Elle ne prit pas même la peine de recouvrir ce sein, les mains toujours plaquées sur les épaules du comte, pour le déstabiliser assez pour qu’il soit contraint de prendre appui sur la surface du meuble avec ses mains, sans quoi il basculerait en arrière.

Et, de façon toute aussi brutale qu’il l’avait fait avec sa robe, elle ouvrit ses chausses. Sans même les baisser, l’une de ses mains s’engouffra entre les deux pans de tissu, disparaissant aux regards, pour s’emparer du membre gorgé de sang. En même temps que ses doigts effectuaient une pression menaçante sur le sexe de l’homme, la comtesse était légèrement penchée en avant, le comte en arrière en déséquilibre sur le bureau, venant effleurer ses lèvres des siennes.

- J’ose.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyDim 6 Nov 2016 - 0:06
Si sa droiture, son flegme et ses sombres augures étaient remises très sérieusement en question par les ébats bouillants qui se profilaient, déjà entamés par des hostilités à peine voilées et amorties par le désir, où la rancune se disputait férocement avec les sentiments et les pulsions qui les unissaient, que dire de sa femme ? Où était toute la contenance, la mesure, le calme, qui seyait tout à fait à l’épouse d’un Ventfroid, par ailleurs ? Envolées, détruites. Elle qui jubilait, lueur narquoise au fond de ses yeux, teintée même d’un éclat cruel, tant sa satisfaction de le voir plongé dans cet état si contrasté avec sa prestance et son maintien habituels, la voilà qui se retrouvait, à peu de choses près, dans un état exactement similaire, pour ne pas dire identique. Et fatalement, cette jubilation était partagée, s’auto-alimentait, s’amplifiait à mesure que le temps passait, que la lutte gagnait en âpreté, en ardeur, et que les barrières qu’ils érigeaient se faisaient abattre par l’autre d’un revers de main, d’un baiser fiévreux, d’une langue courant sur celle de l’autre, d’une mâchoire enserrant la chair, d’un bassin en friction contre l’autre. Objectivement il était inutile que l’un comme l’autre esquisse une seule ébauche de résistance. Elles n’étaient pas faites pour tenir. Et c’était justement ce qui les poussait à continuer. Elles étaient aussi aguichantes à bâtir, pour frustrer et énerver l’autre, l’agacer de désobéissance, de mauvaise volonté, que de les sentir détruites quand le flot de sensations que l’un déclenchait chez l’autre était irrépressible, et emportait avec lui la maigre protection, vaguement dessinée dans un but provocateur.

Morion n’était même pas en état d’en avoir conscience, mais il le ressentait. Et le faisait ressentir à sa femme, physiquement, elle-même qui devait partager ces émanations brûlantes. Cette violence torride ne pouvait aller qu’ascendant, ils le savaient. Chaque impulsion, chaque foucade, ne faisait que frustrer un peu plus, inonder de désir plus encore, chaque bref moment de soulagement, d’assouvissement, se changeait instantanément en envie brutale, arrachant les tripes, sitôt que l’autre mettait un terme au geste pour ne point céder à l’influence de l’autre. Et pourtant, ils cédaient, petits à petit. Chaque soupir, chaque râle, chaque contraction était un don, une concession faite à l’autre. Une preuve d’avancement sur le terrain du plaisir, fût-il masqué par la vindicte qui animait chacun de leur geste. Et ils ne pouvaient en aucun cas les contrôler. Un délice aussi pur que sauvage.

La satisfaction qu’il ressentit quand elle le bouscula brutalement, d’une pulsion soudaine, malgér le mouvement de recul qu’elle lui imposa, et qu’il suivit contre son gré, faute de pouvoir conserver un déséquilibre décent, fut infinie, et il s’en souviendrait longtemps. Le défi avait été lancé comme un javelot, avec force, et avec l’intime conviction qu’il toucherait sa cible. Et il toucha en plein coeur. Le contentement mesquin se mêlait avec une vive colère purement liée au geste de sa femme. Mais c’est qu’elle osait, en plus. Il cogna contre le bureau sans même y prêter attention, concentré qu’il était sur des choses, des sensations, des volontés bien plus importantes que cela à cet instant. Il ne la quittait pas des yeux, l’observait se débattre avec son corps, le repousser, encore, encore, encore, jusqu’à ce que le meuble finisse par l’arrêter. Victorieuse ? Que nenni, sûrement pas avant qu’il n’ait usé crocs et griffes jusqu’au sang. Ses yeux, dont la rétractation des pupilles était combattue avec hargne par le plaisir qui dévalait ses veines dans interruption, l’observaient. Ses yeux, défi hautain muet, les couleurs chaudes qui naissaient sur sa peau, les marbrures laissées par ses ongles, ses dents, l’humidité de ses lèvres, son expression brutale et provocatrice. Son coeur battit plus fort, assénant des coups de boutoir sur ses tempes, les veines de son cou gonflées par la pression que la situation leur infligeait. Le même sourire à mi-chemin entre l’amusement, la satisfaction et la cruauté naquit sur ses lèvres, laissant filtrer l’éclat de ses dents. Un bout de langue pointu passa avec fugacité sur ses lèvres pour les humecter.

Il s’amusait. Un amusement qui n’avait rien de celui qu’il pouvait ressentir d’ordinaire. Une petite ironie coquine, qui venait saupoudrer légèrement la situation de sa légèreté espiègle; ils se possédaient déjà l’un l’autre depuis longtemps. L’ironie voulait que la colère leur donne une furieuse envie de réaffirmer chacun leur possession, d’une manière bien plus ardente et hargneuse qu’auparavant. Voilà qui lui convenait tout à fait. Il n’arrachait jamais rien par la force, le défi était là complet. Et d’autant plus attrayant quand il dévorait des yeux la créature qu’il voulait justement posséder. Un butin cent fois à la hauteur de ses attentes. Qu’elle vienne, l’animal attendait de se saisir de sa proie.

Et elle vint. Sans attendre, sans ambages, s’empara de lui, de sa hampe. Ses mains campaient le bois pour lui éviter une chute dont il ne se relèverait pas, il faisait confiance à sa femme pour ça, et il ne put, sur l’instant en tout cas, qu’assister impuissant autant qu’envieux à ce rapt. Son sourire s’élargit. Voilà qu’elle le menaçait encore, la menace de sa main comme argument pour appuyer son propos. Voilà ce qu’il voulait. Voilà également ce qu’elle voulait. Inutile de le nier. Mais elle n’y était pas encore. Son équilibre était parti un temps, mais il avait tout de même encore sa liberté de mouvement.

Il fronça légèrement les sourcils, masquant son sourire derrière un masque de contrariété, seulement à moitié feint. Il ne tenta pas de l’empêcher de poursuivre son geste. Il n’en avait pas la moindre envie. La seule chaleur de sa main, la douceur de ses doigts changés en armes d’une nuit, resserrés autour de son membre, était un pouvoir des plus dissuasifs. Il lui concédait cette victoire; il l’avait attendue. Néanmoins, elle ne lui serait pas acquise sans conséquences. Tirant sur ses muscles abdominaux, resserrant ses fessiers, il hissa son bassin, lentement, glissant son sexe entre les doigts de son épouse, d’une lenteur calculée, qui lui instillait un plaisir intense. Elle voulait le soumettre à ses gestes ? Aucun problème, les initiatives lui étaient également permises, et rien ni personne ne l’en priverait. Son oscillation ascendante ne s’arrêta que lorsque la base de son membre buta contre ses doigts. Ses chausses étaient descendues d’un cran durant l’opération, et il était juste de dire qu’il n’en avait cure une seconde. En revanche il ne se contenta pas de cette simple «réprimande» à l’encontre des invectives charnelles de sa femme.

«Et tu n’es pas la seule.»

Redressant finalement le buste, l’une de ses mains fusa comme un oiseau de proie sur le bas-ventre de sa femme. Victorieuse d’avoir conservé le tissu abîmé, soit. Il s’arrangerait pour la faire bouillir sous l’envie de le retirer elle-même. Il appuya fermement, entre ses cuisses, laissant ses doigts masser ses lèvres d’un mouvement lancinant et profond. Si les sensations ne valaient pas un duel de chair, elles étaient néanmoins suffisamment présentes pour la faire chauffer un peu plus. Cela étant dit c’était également frustrant pour lui, qui était confronté à cette stupide barrière textile.

Le souffle court, la situation était presque, presque dis-je, bloquée. L’une de ses mains servant d’appui, l’autre affairée à sa basse et sensuelle besogne, tandis que sa femme avait l’avantage. Et c’était intolérable. Agréable, mais intolérable. Se laisser aller à ce plaisir aurait été comme lui céder la totalité de l’affrontement qui les unissait et les opposait depuis le début. Et il n’était pas ce genre d’homme. Elle n’avait pas encore montré toutes ses armes, et il voulait tout.

Au point qu’il finit par cesser ses caresses, et sa main désormais libre passa dans son dos. Il se redressa brutalement, la plaquant contre lui. Il resta en appui contre le bureau mais au moins pouvait-il s’autoriser toute réplique désormais qu’il n’avait plus la menace de chute sur le bois vieilli. Les yeux grands ouverts, à quelques centimètres seulement de ceux de sa femme, il resta un moment immobile, un bref moment que les sensations tentaient de faire atteindre l’éternité; sans succès évidemment. Une lueur moqueuse pointa dans ses prunelles jadis glaciales, aujourd’hui foudroyantes. Elle était comme lui. Là, tout de suite, ils étaient exactement les mêmes. Tout constat qu’elle pourrait faire pourrait lui être renvoyé immédiatement avec la satisfaction d’être dans le vrai.

D’une foucade, il abaissa la seconde manche, peinant à rester en place, de la robe de sa femme, libérant l’entièreté de son buste à son regard cupide, et l’attira une nouvelle fois contre lui. Il voulait sentir la chair chaude contre lui, sentir les mamelons durcis le titiller au travers du tissu. Et désormais qu’il était plus serein quant à sa capacité à tenir debout, il glissa une nouvelle fois sa main contre sa cuisse, puis sur son entrejambe. Il brûlait d’envie de l’arracher, cette maudite robe, qui l’empêchait de décharger toute sa hargne, tout son désir. Il voulait tout brûler immédiatement, sans perdre une seconde de plus. Mais non. Pas tant qu’elle ne craquerait pas la première. Jouer à qui frustrerait le plus l’autre était un divertissement presque douloureux tant l’attente était affreuse, et pourtant, toute leur colère se canalisait à l’intérieur, passait par elle et se muait en gestes qui auparavant purement violents, vindicatifs, se changeaient en assauts charnels. Il voulait la pousser loin, très loin, le plus loin possible même, jusqu’à ce qu’idéalement - le doute était permis quant à cette éventualité - le supplie de mettre un terme à tout ceci. Et en même temps, il espérait qu’elle tienne le plus longtemps possible. Il la connaissait, elle ne lâcherait pas. Une violente montée de désir éclata dans son ventre, transportant un puissant frisson dans tout son corps. Son membre se contracta, par réflexe en réponse à ce stimulus, et un râle faible sortit d’entre ses lèvres. Saleté d’Ambre, se dit-il, ce soir-là aussi horrible que désirable.

«Ne faire qu’oser… Tu vaux mieux que ça. Bats-toi donc, Ventfroid, lâcha Morion, sachant très bien quelles répercussions aurait cette bravade.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyDim 6 Nov 2016 - 19:35
L’homme se ramollissait. Pas au sens propre du terme, ça non, la comtesse empoignait son désir de toute sa main et sentait parfaitement les effets que leur bataille avait eue sur lui. Ce jeu de domination, cette colère, cette dispute qui avait échauffé leurs sens, tout avait contribué chez le Ventfroid à faire ressortir ses aspects les plus sauvages, à vouloir lui imposer sa force, sa virilité. Et pourtant, là, tout de suite, l’homme semblait être entré dans une accalmie. Leurre ? Ou sa colère fondait-elle sous son envie d’elle ? Il l’avait laissée s’imposer à lui contre le bureau, l’avait laissée sans résistance s’inviter dans ses chausses, le toucher, alors qu’il aurait pu l’en empêcher, la frustrer, comme depuis qu’ils avaient commencé. Il se laissait faire, laissait le plaisir le submergeait alors qu’elle le touchait, le provoquait, même. L’homme avait cédé. Ce fut presque… une déception. Le torrent de colère et de désir violent qu’elle ressentait ne pouvait plus s’épancher s’il n’offrait aucune résistance. C’était comme taper dans le vide, sans aucune opposition. L’on perdait l’équilibre et le fil de l’action. Là, c’était pareil. Oh, l’homme avait baissé sa robe, de l’autre côté. Il avait même glissé une main contre son entrejambe, oui. Mais, une fois n’est pas coutume, cela ne lui fit aucun effet. La robe était trop épaisse, la situation trop brutale, pas assez lascive, pour que des caresses appuyées sur cette zone puissent être efficaces en si peu de temps avec une telle protection par-dessus. Le geste souleva une nouvelle vague de désir dans le ventre de la comtesse, mais la pression effectuée par les doigts du comte fut donc sans effet. Alors, la comtesse haussa un sourcil. Hautain et railleur qu’il était, ce sourcil. Après leur étreinte enfiévrée contre la porte, cette liberté nouvelle de la comtesse ne seyait pas du tout à l’homme. Et la réplique du comte, plus que la provoquer ou l’agacer, lui fit lâcher un petit rire sec.

- Me battre ? Tu es déjà bien docile. Cesse donc de parler et agis, Ventfroid.

Tandis que sa main droite se trouvait toujours dans les chausses du comte, sa main gauche était remontée le long du cou du comte, juste sous la mâchoire. Son pouce avait glissé sous le menton, le reste des doigts encadrant le côté du cou, menace tout juste assez désagréable pour lui faire relever la tête. La pression qu’elle pouvait assener était bien évidemment ridicule comparée à celle d’un homme, l’étranglement était bien loin, mais au moins l’appui était-il suffisant pour le gêner, pour asseoir un peu plus sa domination. Et, en même temps, elle était allée effleurer les lèvres de l’homme pour lui répondre.

Il voulait qu’elle supplie ? Qu’elle succombe brutalement à son envie de lui, qu’elle oublie tous ses griefs, qu’elle exige de lui qu’il vienne la satisfaire ? S’attendait-il réellement à ce qu’elle s’appuie d’elle-même contre ce bureau, penchée en avant, la croupe relevée, complètement offerte ? Oh, non non non. Au lieu de quoi, elle poussa de nouveau un peu plus contre l’homme, épousa la forme de son corps, le rabattant contre ce bureau qui lui supprimait toute échappatoire. Ses seins s’écrasèrent contre sa chemise, seins si sensibles depuis qu’elle était enceinte, mais elle ignora la sensation brutale, presque douloureuse, qui pulsa à ce contact. Sa main, dans les chausses de son mari, s’activa dans un mouvement plus chaud, plus puissant, plus régulier. Elle se nourrissait de cette position, de sentir cet homme à sa merci, si sensible à ses attentions. Sa respiration, ses râles, les soubresauts de sa virilité gonflée dans sa main, tout lui prouvait que sa petite rage n’était rien face à son désir brûlant d’elle. La jeune femme était toujours meurtrie, blessée, malheureuse des mots que lui avait porté son époux, mais ces sentiments ne referaient pas surface tant que le magma n’aurait pas quitté son corps. Là, de suite, elle se sentait puissante, maîtresse de lui, bouillante, pleine de rebuffade.

Ambre l’embrassa à pleine bouche à nouveau, une main toujours dans les chausses, l’autre sous son cou. Elle agrippa la lèvre inférieure du comte, menaçante, tirant sur ses dents jusqu’à ce que le morceau de chair ne s’échappe d’entre ses lèvres. Alors, elle revint à la charge, pressant ses lèvres contre les siennes, laissant une langue avide s’attarder sur la bouche du comte, s’insinuer entre ses lèvres, explorer, danser avec la langue de l’homme. Elle recommença à mordre, puissamment, refermant ses incisives autour de la langue du comte lorsqu’elle traversait la barrière de sa bouche, ses lèvres aussi, son cou de nouveau, déjà bien marqué, le dessous de sa mâchoire. Tout y passait. Elle voulait de nouveau faire mal, lui faire comprendre qu’au-delà du désir bestial elle avait été blessée, rabaissée, et que cela méritait réparation. La comtesse était malheureuse. Hors de question de se laisser submerger, de pleurer en cet instant. Elle resterait droite, digne, froide et sèche. Comme elle le voulait, et, indirectement, comme il le voulait. La mettre au défi de se comporter comme une Ventfroid, ça n’était vraiment pas la chose à faire. Il le regretterait les jours et les semaines qui allaient suivre.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyLun 7 Nov 2016 - 19:46
A moitié un leurre, en vérité. Car il était évident que son désir prenait dangereusement le pas sur la colère, pourtant encore vivace, qu’il ressentait. Elle était douée, il n’y avait pas à dire. Tant pour l’énerver, il s’en était rendu compte des minutes plus tôt, que pour soulever en lui de véritables raz-de-marée d’envie, aussi violents qu’irrépressibles. Contrer ce genre de pulsion s’avérait tout juste à la hauteur de ses forces. Néanmoins, une autre source de motivation venait l’y aider. Elle tendait de prendre l’ascendant sur lui. Ça par contre, dans cette situation, après ce qu’il venait de se passer, c’était hors de question. Il lui concédait beaucoup, pour une femme. Enormément même. D’aucuns considéreraient qu’il était bien trop laxiste et considérant envers son épouse, qui n’était supposée être là qu’en gage de représentation physique d’une alliance forgée avec une autre famille, à un nom, et comme matrice prolongeant sa propre dynastie. Et rien d’autre. Sans occulter le respect requis dans cette relation, il aurait pu se montrer nettement plus sévère, comme son père, justement, puisqu’il lui ressemblait tant, avait pu l’être dans ses plus jeunes années. Et malgré tout elle relevait la tête, glapissait à l’encontre de son attitude alors même que cette dernière était pour elle synonyme de nombreux privilèges que moult rêveraient d’avoir.

Et en même temps, il attendait simplement le bon moment. La laissait satisfaire son envie, temporairement, l’espace d’un instant, brêve accalmie dans l’orage qui les secouaient tous les deux, profitaient de la chaleur et de la dextérité de ses doigts, goûtait à la douceur brutale de ses lèvres, savourait la vue à demi dénudé de son corps, son buste gonflé par ses souffles, ses tétons durcis d’un plaisir qu’elle n’avait pas les moyens de masquer, elle non plus. Qu’elle ne s’attende pas à une reddition, ce mot était depuis longtemps banni du vocabulaire du comte.

Une minute seulement pendant laquelle il lui laissa la maîtrise de la situation. Une minute qui prit le temps de chacune des secondes qui la composait pour passer, lentement, amortie par chaque sensation, chaque assaut de sa femme, contre son buste, dans son cou, contre ses lèvres. Son regard ne cillait pas un instant, jaugeant, goûtant.

Il la repoussa. Brutalement. Il en était assez. Sa pulsion fit écho à sa remarque, à l’encontre de laquelle pas un mot ne fut prononcé. Nul besoin, puisqu’il fallait qu’il cesse de parler et qu’il agisse. Soit. Il se redressa complètement, et conscient de la force qu’il venait de mettre dans la détente de ses bras, rattrapa aussitôt sa femme. Sa main gauche agrippa son bras en une geôle de chair ferme et impérieuse, et sa main se glissa contre sa gorge. Pas à l’étrangler, mais il sentait clairement le relief de chaque veine, de sa trachée, percevait chacune des pulsations rageuses de son coeur blessé. Il effectua une petite torsion du poignet, pour relever son regard vers le sien, aussi foudroyant que lorsqu’elle l’avait agressé en entrant dans son bureau. L’air empestait la décadence. Il était là, debout, la toisant de toute sa hauteur, à quelques centimètres d’elle seulement, la regardant de haut. Chausses béantes, laissant à l’air libre son membre gorgé d’envie et dressé, tandis qu’elle même se retrouvait à supporter son regard furibond, le haut de sa robe déchiré pendant mollement sur ses hanches, son buste pâle tout aussi libre que son propre organe. Un rictus à mi-chemin entre le mépris et la raillerie déforma ses traits. Elle avait l’avantage parce qu’il le lui laissait. Si elle le prenait c’était parce qu’il le voulait bien. Il avait senti la satisfaction, le dédain, lorsqu’elle était avachie sur lui quelques secondes plus tôt, c’était un don de sa part, pas une victoire de la sienne. Qu’elle l’enregistre. Tel était en tout cas le message que son corps tout entier faisait passer.

Il retourna la tendance, raffermissant sa prise sur son bras, et la guida de force, comme l’on emmenait un captif à la potence, contre le bois du bureau. Ses lèvres fondirent sur les siennes, il appuya son visage contre le sien, prenant un baiser sans en donner, mordant sa lèvre, puisque la pratique semblait tant l’amuser, y mettant autant de fermeté qu’elle pouvait le faire, si ce n’était plus. Sa main quitta sa gorge, un bref instant, pour s’emparer du tissu ample de la robe qu’il remonta le plus haut possible, découvrant ses jambes bien au dessus de ses cuisses.

Il glissa en premier lieu une jambe entre les siennes, pour retenir le textile qui ne voulait qu’une chose, retomber. Sa main libre écarta sa cuisse gauche sans ménagements, puis se glissa à l’intérieur, courant le long de la peau, griffant l’épiderme fin et doux, brûlant, avant d’atteindre les contours de son intimité, bien humides. Un sourire narquois barra sa face. Ses doigts coururent, quelques secondes, le long des lèvres, les écartèrent pour en caresser le centre, glissant jusqu’à l’entrée du vagin, y pénétrant d’une once seulement avant de le quitter. Il avait envie de poursuivre mais se retint à temps. Ce n’était pas pour l’émoustiller elle, qu’il était là. Libérant la place, poussant Ambre à courber le buste en arrière de sa main toujours liée à son bras, il empoigna son membre et le guida jusqu’à son but. Il ne quittait pas Ambre des yeux, les dents serrées, le souffle presque sifflant. Il le passa le long de son intimité, puis s’y engouffra lentement. Au début seulement. Presque immédiatement après, ses va et vient se firent coups de bélier. Il aurait pu asseoir plus encore sa domination et la retourner pour ne point lui laisser d’autre choix que subir. Mais il voulait la voir. Il voulait gorger son envie de la vue qui s’offrait à lui, et ne pas rater un seul changement d’expression chez elle.

Sa main avait lâché son bras, finalement, pour attacher la hanche, sur laquelle il tirait à chaque mouvement avançant, amplifiant avec force ses mouvements déjà brutaux. L’autre main agrippa le tissu baissé du buste et l’attira vers lui avec force, imposant à Ambre de revenir vers lui. Il mordit sa lèvre une nouvelle fois, puis la repoussa encore, approfondissant ses coups de boutoir en elle, abaissant d’un geste fébrile ses chausses qui le gênaient. Qu’elle lutte donc contre ça, ça n’en serait que plus enivrant.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyMar 8 Nov 2016 - 20:27
Le sang parut ne faire qu’un tour dans les veines de Morion. Une lueur passa dans son regard, ses lèvres se crispèrent légèrement, et il repoussa la comtesse brutalement, s’arrachant à son étreinte. La jeune femme n’était que poupée de tissu face à ce genre d’assaut, et quand bien même s’était-elle préparé à cette réaction après la réplique qu’elle avait assenée, elle ne put y opposer aucune résistance. Son corps partit en arrière, elle perdit l’équilibre l’espace d’un instant, mais le comte referma sa poigne sur son bras pour la maintenir à ses côtés. Ni trop loin, ni trop près. Juste assez de distance pour qu’elle cesse ses attentions, juste assez de proximité pour qu’il puisse bientôt reprendre les siennes.

Lorsque Morion se plaqua contre elle, debout, redressé de toute sa hauteur, et qu’il força la jeune femme à redresser la tête en faisant pression depuis le cou jusque sous la mâchoire, elle tint le regard. Longtemps, sans ciller. Seule sa respiration, soufflante, soulevant les ailes de son nez, témoignait de son humeur moribonde et les effets d’urgence qu’avait créé sur son corps la bousculade brutale. L’effort et la lutte qu’ils menaient depuis quelques minutes faisaient battre le cœur de la comtesse à un rythme déraisonnable, tandis que son buste se soulevait de façon accélérée également, remontant sa poitrine nue à chaque inspiration. Ils s’observèrent ainsi, tous deux à moitié nus, durant un long moment. Dans un autre contexte, sûrement le regard furibond de Morion aurait poussé la comtesse à détourner les yeux, à abandonner la lutte, à baisser la tête pour faire demi-tour et profiter du calme salvateur de son atelier, loin des déceptions et élans de son mari. Seulement, dans ce cas précis, Ambre était probablement encore plus furieuse que le comte lui-même. Elle avait encore gravé sur la rétine la vision de ces deux enfants aux côtés de Cassandre, des traits de son propre mari sur leurs visages, et les images ignobles d’un acte charnel entre les deux belligérants que son cerveau n’avait pu s’empêcher de créer. Blessée au plus profond de son amour-propre, seule la colère et le mépris pouvaient agir en défense efficace, et à l’heure actuelle, cela marchait très bien. La comtesse était aveuglée, peut-être même un peu inconsciente pour lui tenir tête ainsi. Il fallait dire que Morion avait su, avec cette affaire, réveiller en elle le côté le plus passionné de sa personnalité, le plus spontané. Malgré leurs noces, malgré son engagement à devenir une Ventfroid, digne et noble, quelques pointes de Mirail ressortaient aux moments les plus critiques. Il voulait contrôler ? Qu’il contrôle donc. Qu’il redresse ses épaules, qu’il rabaisse sa femme un peu plus, pouce par pouce. C’était dans ce genre de moments que l’on pouvait faire ressortir le pire d’un homme. Si cet interlude, particulièrement difficile, fut non désiré, au moins avait-il le mérite d’être instructif.

Pour toutes ces raisons liées, mélange de fierté, de colère, de peine, elle maintint le regard, jusqu’à la fin. Ce qui, en réalité, ne dura pas plus qu’une dizaine de secondes. Morion la plaqua brutalement contre le bureau. Les positions furent inversées en une demi-seconde. Désormais la comtesse était dos au meuble, l’homme faisant pression contre elle, l’enfermant de nouveau de son corps. Le bureau tressauta légèrement tandis qu’elle serrait les dents et contractait les muscles de son corps dans un mouvement purement défensif après ce changement brutal de position, s’accrochant à son mari plus pour ne pas perdre l’équilibre qu’autre chose. Un grognement rageur lui échappa lorsqu’elle sentit la douleur cuisante d’une morsure s’installer sur sa lèvre inférieure, et à peine se remettait-elle du geste que sa robe fut relevée tout aussi brutalement, d’un poing sec refermé sur les plis du tissu. Ses jambes, ses cuisses, son bassin ; tout fut mis à nu. Le geste la fit tressauter quelque peu, ses seins tremblèrent, tandis que son menton était toujours relevé, son regard fixé sur le regard de son époux, dans un geste à mi-chemin entre le défi et la fierté dressée au beau milieu de la contrainte. La cuisse du comte s’impatronisa entre les siennes, et sentir la caresse sur sa peau tandis qu’elle avait toujours les yeux fixés sur les prunelles de son époux souleva un puissant frisson en elle. Elle tenta de le masquer, cela dit. Elle restait droite, digne, le souffle court, mais pas un gémissement ne quitta la douceur de ses lèvres, pas même quand les doigts du comte vinrent épouser la surface de son entrejambe. Même si, à ce niveau-là, l’homme n’avait nul besoin de gémissements pour confirmer le désir brûlant qui courait en elle : la moiteur de son intimité était suffisante, et il parut grandement s’en satisfaire, tandis que cela soulevait dans le camp adverse une sombre frustration.

Et elle continua de son regard brûlant, provocateur, la petite effrontée, lorsque le comte la hissa brusquement et définitivement contre le bureau. Des plumes tombèrent, des parchemins glissèrent, soit par le simple sursaut du meuble, soit par la main libre de la comtesse qui prit appui sur la surface du bois, et balaya sans remords les papiers qui la gênaient, tandis que son autre main était soudain agrippée à la nuque du comte pour ne pas basculer définitivement. Assise, dos courbé en arrière sous la pression du comte, jambes nues encadrant les hanches de son mari, poitrine et cou rengorgés par la position, ce fut une rare vision de féminité charnelle que le comte eut sous les yeux. Ce fut la première fois que le corps d’Ambre fut exposé ainsi, dans une séduction bestiale, une envie pure et égoïste d’assouvir des besoins charnels, de combler une frustration qui n’avait pas lieu d’être. Leurs précédents rapports avaient été plus… chastes ? Cela n’était pas réellement le mot. Ils avaient su allier leurs envies et leur devoir conjugal, en jouant souvent, sortant des sentiers battus de la tendresse et des attentions amoureuses. Mais ça n’était jamais allé jusqu’à ce point de… voracité. Et cette ambiance brutale, brûlante, cette passion dévorante faisait ressortir d’un coup la comtesse dans un jour très, très différent : son corps était objet de désir, puissamment, et la petite satisfaction égoïste pointa dans un coin de son esprit : peut-être avait-elle réussi à le rendre aussi fou qu’à l’époque où il avait cédé pour Cassandre ?

La nuit tombante assombrissait la pièce, aucun d’entre eux n’ayant pris le temps d’allumer les bougies. Le crépuscule faisait ressortir les reliefs des corps nus – ou plutôt le corps nu, le comte étant toujours presque complètement vêtu –, leur donnant une teinte presque lunaire, satiné.
Ambre sentait ses cheveux venir lui chatouiller le dos. Son corps se préparait à la pénétration, et cette dernière ne tarda pas. Pressé, enfiévré, l’homme lia leur deux corps. Le rythme se fit par à-coups, brutaux, profonds, rapides, dans une violence salvatrice. Dans un réflexe à peine contrôlable, la comtesse ferma les yeux en inspirant longuement, rabattant davantage encore si c’était possible la tête en arrière, savourant la sensation qui s’installait entre ses cuisses. Chaque coup de butoir faisait sursauter le corps de la jeune rousse, ainsi que le bureau, qui protesta bientôt avec des grincements plaintifs. D’autres documents glissèrent pour s’écraser au sol et rejoindre l’encrier, quelques tiroirs, à force de coups, s’ouvrirent d’eux-mêmes, et à ces petits bruits s’ajoutèrent bientôt les gémissements de la comtesse, qui pourtant s’efforçait de les retenir, roulant dans sa gorge, les dents serrées.
Ramenée brutalement vers le comte d’une pression sur sa pauvre vêture déchirée, Ambre se retrouva contre le comte un instant qui parut beaucoup trop court, juste l’occasion d’être embrassée et mordue de nouveau. Repoussée presque aussitôt en arrière, le comte en profita pour approfondir ses coups de reins, et la jeune femme se mordit la lèvre toute seule, fermant les yeux de nouveau. Ses deux mains prirent appui derrière elle, sur le bureau, et elle put rester basculée ainsi à moitié, oscillant elle aussi son bassin pour accueillir le comte, mais surtout résister aux assauts. Car ces derniers étaient brutaux, bouillants, et nul doute qu’ils faisaient monter très vite la température chez l’homme. Il ne durerait pas longtemps. C’était tout l’intérêt de ce genre d’échange. Une pure satisfaction animale, sans se soucier du plaisir de l’autre. Pour une fois, satisfaire une envie complètement égoïste, mais pas tout à fait aux dépends du partenaire. Ambre elle-même se refusait à s’arrêter et prendre le temps de lui offrir du plaisir, encore moins le faire durer. C’était brutal – cela le resterait.

En écho à cette pensée, Ambre poussa soudain sur ses mains pour se redresser et revenir tout contre son époux, assise à angle droit sur le meuble. Ses mains glissèrent derrière la nuque, elle planta un baiser profond sur la bouche du comte, menaçant les lèvres de ses incisives à plusieurs reprises, tandis que les dextres du comte s’agrippait à ses hanches, appuyaient la danse violente qu’ils partageaient. Les doigts d’Ambre s’agrippèrent ensuite aux épaules du comte, et elle s’en servit d’appui pour approfondir les coups de reins. A chaque fois que l’homme venait en elle, elle contractait ses bras pour rester parfaitement en place, pour que son bassin ne recule pas d’un millimètre, épousant parfaitement la virilité de son mari. A chaque va-et-vient, elle contractait sa propre intimité pour augmenter son plaisir, vite, brutalement, ainsi que ses cuisses, qui se serraient davantage autour des hanches de Morion à chaque fois. Parfois une main abandonnait une épaule pour empoigner les cheveux du comte tandis que ses paupières se fermaient, son visage partait en arrière. Les sensations étaient terriblement bonnes, terriblement chaudes. Chaque coup de rein érodait sa frustration, mais pas sa colère. Lorsqu’elle n’avait pas les yeux fermés sous les sensations qui l’assaillaient, Ambre provoquait le comte du regard, le mettant au défi sans même un mot d’augmenter la cadence, de venir au plus loin en elle.

Néanmoins, la position eut bientôt raison de la comtesse. Alternant entre la position assise, serrant le corps de Morion contre elle, et à demi-penchée en arrière, son dos protesta rapidement. Dans un mouvement lascif, contrastant avec les coups de rein qui sévissaient toujours, elle se laissa glisser en arrière le long du bureau, élargissant ses paumes sur la surface du bois pour garder appui le plus longtemps possible, jusqu’à ce que sa colonne vertébrale toute entière n’épouse la surface vernie. Une série de chair de poule la prit d’un coup, le bureau était froid sur sa peau, mais elle put s’allonger de tout son soûl. Seul le haut de son crâne, et quelques mèches rebelles, passaient par-dessus le relief du meuble, tout au bout, mais la longueur était largement suffisante pour y rester ainsi allongée. Elle jeta un regard à son homme par-dessus ses seins, courba le creux du dos et lâcha un bref gémissement provoqué par le changement d’angle de pénétration de cette nouvelle position.
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Morion de VentfroidComte
Morion de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyMer 9 Nov 2016 - 4:06
Elle était affreusement belle, ainsi. Une beauté qu’il n’avait encore jamais pu goûter, la situation n’ayant jamais été aussi critique entre eux qu’à cet instant. Mais cela ne changeait rien. Echevelée, son regard furibond l’ébouillantant à chaque fois qu’il se posait sur lui, suintant une ire mêlée d’un intense désir, impossible à masquer pour l’un comme pour l’autre. Chacun de ses assauts, chacune de ses rebuffades le prouvaient un peu plus. Tout comme les siennes. S’ils y canalisaient toute leur colère, la réalité les rattrapait tout de même à grands pas furieux. Et cette beauté évoquée, il la voulait. Par les Trois il la voulait. C’était cela qu’il ressentait, cela qui le galvanisait à ce point. Elle était belle, furieuse, mais surtout, elle était à lui. Cette simple pensée, alors qu’il caressait, griffait, mordait, agressait de son envie la chair dont il pouvait s’emparer, diffusa en lui une chaleur extrême, naissant au creux de son ventre, enflant rapidement pour éclater dans tout son corps. Les battements à ses tempes, durant quelques secondes, se firent assourdissants. Il ne se savait pas aussi avide. L’idée ne lui aurait jamais traversé l’esprit. Le sentiment était peut-être exhorté par tous les autres, la violence forcenée qui animait ses gestes, l’intense contrariété qui avait marqué de son fer cuisant la fin de cette journée, peu importe. Il était plus avide qu’un pirate en recherche de butin clinquant, plus avide qu’un créancier, plus avide qu’un mordeur en manque de chair. A l’instant même, il les transcendait tous. Et c’était délicieux.


Empereur d’un bref instant, un instant aussi heureux qu’il était maudit du sceau de l’ire des deux époux, il imposait sa volonté, ses envies, au corps de sa femme. Il en avait pris possession, et ne retenait aucun de ses gestes, ne cherchait pas à les rendre agréable. Nul besoin, il savait comment ils seraient accueillis. Il n’y avait qu’à l’entendre. Malgré la retenue dont elle tentait de faire preuve, maigre résistance désormais que les assauts de Morion s’étaient faits plus lancinants, plus profonds, plus puissants, il savait, voyait, ressentait son plaisir. Et s’il alimentait le sien, s’il gonflait plus encore son désir, si cela fut encore possible, il se satisfaisait du contact de leurs chairs en premier lieu, de leurs intimités liées, de l’envie qu’il assouvissait.


Si seulement elle savait, elle aurait probablement ri, ou se serait sentie, dans un contexte bien moins prompt au combat - image pertinente dans cette lutte acharnée de leurs corps pour satisfaire leurs besoin primaux - de savoir qu’il n’avait encore jamais ressenti une fièvre de cette intensité pour qui que ce soit. Pas même Cassandre, quand bien même la femme eusse pu se montrer fort convaincante, fort attirante même, le désir était venu de l’inconnu, de l’inexpérience, et de la promiscuité entre un maître trop jeune, trop longtemps cloîtré entre des barrières uniquement dédiées à son éducation. Un désir froid, en somme. C’était mal connaître Morion que de le penser capable de s’échauder à ce point pour une femme. Désormais c’était certes chose faite, et il se surprenait à apprécier la violence de l’instant, en même temps que la volonté de remettre sa femme à sa place se faisait tout aussi présente. Une volonté purement punitive, une envie bestiale de vengeance.


Elle joua cependant un joli coup, auquel il répondrait sans la moindre pitié, lorsqu’elle se redressa, augmentant avec force les sensations qui se déchargeaient en eux à chaque mouvement de bassin du comte. La vue se fit aussi exquise que le déferlement de plaisir se fit infernal. Ainsi placée, en sus d’avoir sous les yeux son dos cambré, son buste dressé contre lui, ses contractions et leur proximité lui faisaient ressentir chaque centimètre de mouvement. A chaque fois qu’il s’enfonçait en elle, ou que, prenant un élan pour un assaut plus profond encore, il ressentait chaque irrégularité de son vagin contre son gland, irrégularités rendues plus poignantes encore qu’elle contractait son sexe à chaque fois qu’il y pénétrait entièrement. Ses mains, par réflexe, en réponse à la stimulation vicieuse, se resserrèrent autour de ses hanches. Les provocations étaient inutiles, l’invitation superflue. Il recula un peu plus, et s’introduisit en elle avec une vigueur renouvelée, sonnant la charge de nouveaux assauts plus rapides. Plus fort, plus loin, plus vite. Pas une seule seconde de répit ne leur était accordée. Ils n’en avaient pas le temps. Son souffle rauque, et son regard pétillant, de fièvre, d’envie, de plaisir, d’ire, plongeait tantôt dans ses deux perles céruléennes, tantôt glissaient sur la peau pâle offerte à sa vue, prenant pour lui cette scène décadente pour en faire un moteur supplémentaire à ses pulsions, de plus en plus animales.


Il finit cependant par changer d’attitude. Lorsqu’elle retomba sur le bureau, et bien que son oeil vorace fut contenté d’un tel spectacle, étendue, offerte, impuissante à répliquer à ses invectives, subissant sa vindicte sans pouvoir y répondre, hormis par ses gémissements étouffés, il eut, au moins en pensée, un ricanement. Qui ne se traduisit dans la réalité torride du bureau que par un grognement, alliant le mécontentement à l’envie qui venait de le prendre. La voilà qui s’éloignait, donc ? Hors de question. Aucun répit. Et il joignit le geste à la pensée.


Penchant le buste légèrement en avant après un dernier assaut, profondément investi en elle, il poussa d’un geste rageur et précipité de la main quelques parchemins qui traînaient à son côté. Saisissant d’une main la cuisse gauche de sa femme, il la releva, lentement, et la fit basculer vers la gauche. Il ne prit même pas le temps de se retirer. S’aidant de son autre main, il la força à se retourner pour que son ventre soit posé contre le bois, et non son dos, puis tira son corps de façon à ce que ses jambes retombent au sol. Ainsi était-il désormais derrière elle, reprenant les coups de boutoir, une main sur sa hanche, l’attirant à lui à chaque entrée, l’autre dans son dos. Si sa chute sur le bois l’avait mécontenté, ça n’était pas pour reproduire le même schéma, en inversé. Agrippant sauvagement le tissu de la robe, il tira, tira, hissant à la force de son bras le buste de sa femme vers lui. Son bras se fit geôle autour de son ventre, la maintenant contre lui.


Il fléchit légèrement les genoux afin que la différence de taille ne soit pas handicapante, et reprit ses assauts furieux, les mains désormais libre, en sus de la maintenir contre lui à loisir, de s’emparer de sa poitrine, de venir enserrer sa gorge un bref moment, griffant la peau battante et brûlante de son cou. Il venait lâcher à son oreille, quand son buste se courbait en avant, des râles incandescents, témoin du plaisir qu’il prenait à la prendre ainsi. Sa main parfois quittait sa poitrine ou son buste et venait laisser de cuisantes empreintes d’ongles sur la peau de sa fesse, ou imitait l’autre main et la saisissait à pleine poigne pour amplifier plus encore l’ardeur de ses charges intimes. Le mouvement était rapide, brutal, saccadé, chaque pénétration se retrouvait ponctuée par un souffle profond, animal. Il ne ressemblait en rien au Morion de Ventfroid qu’il était. Toute la frustration, peut-être même accumulée depuis des mois, ou plus encore, l’on n’en savait rien, coulait et se déchargeait sur chacun de ses mouvements. Toutes les émotions négatives, qu’il canalisait, occultait, réveillées par sa femme, la tension formidable qui coulait en lui, il l’évacuait. Cela ne serait pas suffisant. Mais c’était déjà beaucoup. Et cela se sentait. Il se contractait avec une fermeté prononcée, chargeait comme un cheval au galop. Pour la première fois, le simple fait de voir le plaisir de sa femme était suffisant, sinon peu important. Il voulait se lâcher totalement, dominer l’instant de sa rage et de son envie, et ne s’en privait pas.


Un bref instant seulement. Car une telle violence, une telle rapidité et une telle intensité ne pouvait être maintenue aussi longtemps que leurs nuits pouvaient durer jusqu’il y a encore peu de temps. Cela ne le devait pas, même. Ses mains se faisaient plus impérieuses, malaxant sans douceur les monts de chair d’Ambre entre ses doigts, laissant des traces griffues sur ses flancs, son ventre, à un rythme de plus en plus soutenu, signal d’une finalité proche. Et salvatrice.


Les quelques dernières secondes que cela dura furent explosives. Adoptant un rythme des plus soutenus, la tension s’accumula comme jamais en lui. La rémanence de l’image de sa femme, acerbe, acide, soupçonneuse, agressive, remonta en lui, bientôt dépassée par ses joues roses, sa poitrine ferme et rendue légèrement luisante par la chaleur ambiante, étouffante de pulsions magmatiques, les sensations brûlantes laissées par ses assauts, son corps contre le sien, ses mèches d’ordinaires ordonnées désormais chaos flamboyant, son souffle aussi saccadé et irrégulier que le sien, les à-coups brutaux qu’il infligeait à son corps, les tremblements de sa poitrine contre sa main à chaque inspiration, chaque saccade qu’il lui imposait, la moirure de sa fureur, formèrent en lui un cocktail explosif. Trop, d’ailleurs. Dans un dernier mouvement, profond et puissant, il finit par s’épancher en elle, abattant d’un même coup toute cette tension, toute cette sauvagerie brutale qui l’avait animée jusqu’à lors. Alors que leurs nuits laissaient place à une errance suave de leurs sens et de leurs pensées, marquées par la tendresse ou simplement l’abandon au temps, là tout retomba avec une rapidité foudroyante. Une véritable explosion. Un feu brûlant, un souffle violent, ponctué par une vague fumée voletante, puis le néant, l’épuisement.
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Ambre de VentfroidFondatrice
Ambre de Ventfroid



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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyMer 9 Nov 2016 - 17:09
La comtesse n’eut en réalité pas beaucoup de répit pour se prélasser sur ce bureau. Sa peau chaude n’eut pas le temps de réchauffer la surface du bureau que Morion protestait déjà de son éloignement, à sa manière. De nouveaux parchemins s’envolèrent d’un geste rageur, voletant de leur petit bruit froissé, et l’homme retourna sa femme en faisant basculer ses jambes. Ambre se retrouvait sur le ventre sans l’avoir décidé, mais sans avoir protesté plus que nécessaire. La poigne du comte était avide, parfois douloureuse sous l’intensité, et la comtesse, ainsi tournée, put reprendre appui au sol. Morion lui fit relever le dos – ce qu’elle aurait fait spontanément de toute manière car rester avachie contre le meuble ainsi eut été particulièrement désagréable. Elle se cambra, prit appui de ses deux paumes sur le bureau, sur lesquelles la pression augmentait à chaque coup de rein, empêchant la comtesse de tomber en avant.

Ambre serrait les dents, frissonnante, échappant un souffle frénétique et plaintif lorsque Morion venait soupirer au creux de son cou, venait agripper sa poitrine ou ses hanches. Elle ne pouvait plus le voir, alors son corps se concentrait sur ses autres sens, plus matériels. La sensation des mains viriles sur ses formes, le glissement du membre au sein de ses cuisses, le souffle chaud du comte dans sa nuque. Tout parut décuplé. En d’autres circonstances, elle aurait sûrement courbé le cou, relevé un bras pour pouvoir le toucher, glisser une main dans ses cheveux, même en arrière. Mais ses bras restèrent tendus au-dessus du bureau, son corps se crispant pour faire face à chaque coup de rein brutal qui menaçait de lui faire perdre son appui. L’homme lui avait retiré toute marge d’action dans cette position – ça avait probablement été son but. Le corps d’Ambre tressautait à chaque assaut, les sensations enflaient dans son corps avec une satisfaction avide.

Ce passage termina par éroder l’endurance des deux amants. Les sensations montaient, montaient, explosaient en se mêlant à leur rage et leur ressentiment. Leur acte était un véritable exutoire et leurs gestes brusques en témoignaient. Le souffle d’Ambre tressauta à de nombreuses reprises, et, lorsqu’elle sentit son époux venir, elle lâcha un long gémissement étouffé, à moitié un râle.

L’arrêt fut aussi brutal que le commencement. Ils restèrent là, essoufflés durant plusieurs secondes, les yeux d’Ambre observant le vide, encore luisants de désir, de plaisir et d’affront, mais le moment était désormais passé. L’explosion des sentiments retombait, placide, calme après la tempête, et ce fut abrupt. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, la satisfaction apportée par l’acte ne contenta en aucun cas la comtesse. Après l’assouvissement des désirs charnels, restait l’amère constatation : elle lui en voulait toujours, et restait blessée. Même un acte de plaisir n’y changerait rien, et elle n’avait plus la volonté de rester en sa présence ce soir-là.
Se redressant sur le bureau, elle se retourna et jeta un œil torve au comte. Poussant légèrement contre l’homme, elle se désengagea de lui, et se laissa glisser le long du bureau pour retrouver l’appui de ses pieds. Elle ignora la sensation du liquide chaud qui quittait son intimité pour couler le long d’une cuisse, et rabattit d’un geste sec les bretelles de sa robe déchirée.

- Je gage que tu es satisfait de toi.

Elle n’eut pas d’autres mots, et quitta le bureau, montant se nettoyer sans détours.


--


7 mai 1165

Une fois n’est pas coutume, cette dernière semaine entre les époux fut d’une rare froideur. Ambre, le matin, se levait dès que le sommeil la quittait, sans se prélasser dans les draps en venant enlacer son mari comme à son accoutumée. Les repas, si elle n’allait pas jusqu’à faire l’affront de quitter la table dans le cas éventuel où Morion venait la rejoindre pour manger, elle les passait en silence, ou parlait de banalités avec un ton si dénué d’intérêt que Morion lui-même fut certainement las de sa compagnie. Si d’aventure le comte lui posait une question, ou lui demandait quelque chose, elle accédait à sa requête ou répondait le strict nécessaire, sans rebondir sur des répliques qui en temps normal auraient fusé naturellement, ne serait-ce que pour entretenir la conversation et le partage avec celui qu’elle aimait.
Le reste de la journée, elle restait à l’atelier, tentant vaguement de s’occuper l’esprit en peignant, ou en écrivant. Ses chroniques en tant que Ventfroid n’étaient toujours pas débutées, mais la comtesse eut encore assez de lucidité pour décréter qu’il serait peu prudent et peu objectif de les commencer en cette période. Alors, elle joua. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas joué avec autant d’assiduité, autant de passion. Les notes de sa harpe résonnaient difficilement dans le couloir grâce à l’insonorité spéciale de la salle de musique, mais qui passait dans le cloître aurait tôt fait de les sentir percer à travers les fenêtres, quand celles-ci n’étaient pas carrément ouvertes pour récolter les premiers rayons de soleil de l’été qui s’installait doucement mais sûrement. Cela fit grand bien à la jeune femme de jouer autant. Pas à ses doigts, qui devinrent vite rêches, voire entaillés à force de pincer les cordes, mais à son état d’esprit.
Les premiers jours, sa colère était encore vive. Mais, progressivement, elle s’était atténuée, pour ne laisser qu’une impression amère, pleine de chagrin et de regrets. Les deux mariés s’étaient dit des choses très dures, des choses exacerbées par l’inconfort de leur discussion, mais qui n’en restaient pas moins vraies, ou qui avaient été un jour pensées. C’était très difficile de passer outre. Face à Morion, elle affichait une dignité et une indifférence pour protéger son ego, mais le fond des choses était simple : elle était malheureuse, et dès qu’elle quittait le regard sévère du comte, elle abandonnait son masque de Ventfroid pour laisser sa peine la submerger.

Elle avait refusé de voir son frère, également, lui qui pourtant tenait toujours à lui remettre les fruits de l’espionnage contre Cassandre en mains propres. Non, elle lui avait demandé de lui laisser les documents dans un tiroir, qu’elle était très occupée et ne pouvait venir le visiter autant qu’elle voudrait. Elle souhaitait prendre du temps pour elle avant de confier un peu de tout cela à son frère. Car, quoi que veuille Morion, cette fois-ci, c’était quelque chose que la comtesse avait besoin d’évacuer. Evan serait mis au courant de l’existence de ces bâtards, tôt ou tard, sûrement très vite, mais pour l’instant, Ambre se reconstruisait seule. Sa confiance dans son couple avait été sérieusement ébranlée, même si au fond d’elle, peut-être, elle commençait à concevoir le ridicule de la situation.

Son mari lui manquait. Il était présent tous les soirs dans leur lit, tous les jours dans leur manoir, mais c’était comme s’il n’était pas là. Ils subissaient la présence de l’autre sans parvenir à percer l’abcès, encore trop fiers pour rendre les armes, mais, un soir, Ambre termina par passer outre. Il y avait un autre sujet, qu’elle considérait assez important pour être abordé, quitte à devoir mettre certains griefs de côté le temps que cela soit réglé. Ironiquement, ce sujet concernait la seule femme qui était parvenue à rendre les deux amants fous de rage sans même être présente : Cassandre de Rocheclaire. Encore et toujours elle. Ambre commençait à être lassée d’évoquer cette femme aussi souvent sous son toit, mais les rapports de ses espions avaient été assez intéressants pour s’en préoccuper.

Le soir, entre deux bouchées du dîner, Ambre termina donc par lancer d’un air qui se voulait innocent, mais que l’on devinait parfaitement sérieux :

- As-tu demandé à ton espionne de se rapprocher de Joscelin de Puylmont ? Elle laissa couler quelques instants, le temps qu’il assimile la question. Car, vois-tu, depuis l’esclandre de notre mariage, Evan surveille attentivement cet homme et ses agissements. Or, cette femme l’a visité. Chez lui. A plusieurs reprises.

Ambre essuya un peu ses lèvres avec sa serviette avant de poursuivre. Son ton était très calme, un peu distant après cette semaine d’ignorance, mais l’on pouvait voir qu’elle s’efforçait de parler normalement. Elle s'efforçait également d'arborer un air poli, curieux, attendant visiblement qu'il confirme qu'il avait ordonné Cassandre en ce sens, mais la légèreté avec laquelle la question avait été posée témoignait bien que la comtesse était déjà presque sûre de connaître la réponse.

- Mon frère se trouve passablement embêté de cette situation, et, bien qu’il soit au courant des liens de cette femme avec toi, il compte s’intéresser à elle de plus près, désormais. Tu m’as demandé de te laisser agir lorsque cela concernait cette vicomtesse, mais sache que je n’aurai pas les moyens de convaincre mon frère de retirer ses espions, alors je tenais à t'avertir. Et, pour être tout à fait franche… je ne saurais que trop lui conseiller de la garder à l’œil, tu dois te douter de mon avis sur le sujet, et je te l’avoue sans ambages.

Joscelin de Puylmont était un homme dangereux, animé d’une hargne et d’un amour-propre qu’on retrouvait rarement, même chez un noble. Il s’était mis les Mirail à dos en provoquant Ambre. En cela, Cassandre avait fait une terrible erreur. N’avait-elle jamais pensé qu’il serait difficile d’aborder ce baron sans être repéré ? Les Mirail étaient bienveillants, mais pas sots. Quand un ennemi était déclaré, ils n’attendaient pas l’attaque sans se prémunir d’une défense minimale. En fait, avec cette visite, l’espionne permettait même à Ambre de justifier les agissements des espions des Mirail, de façon tout à fait ironique et délicieuse. Morion n’aurait jamais à savoir que des espions avaient été lancés depuis un mois entier contre cette blonde ; il n’aurait vent que d’une prise de décision du comte de Mirail, décision sur laquelle Ambre n’avait aucune prise. Elle espérait ainsi que Morion ne s’en offusque pas, quelle que soit la forme.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyJeu 10 Nov 2016 - 19:06
[MJ - Espionnage de Cassandre]

Durée de l’espionnage : Sept jours (1er au 7 Mai).
Nombre de sorties de Cassandre : 2.
Aucune visite chez les Rocheclaire.

— Première Excursion de Cassandre : 2 Mai.
Citation :
Test de Discrétion des Espions Mirail

Jet : 8. Réussi.
Citation :
Test de Filature

Jet : 12. Moyen moins.

— Rapport de Mission - Filature. «Ce 2 mai au matin, Cassandre est descendue dans la basse ville, un paquet un peu plus gros qu’un poing d’hommes en main. Elle est allée jusque chez un joailler, dans la grande rue des Hytres, mais le peu d’activité de la boutique à cette heure tardive nous a poussé à la vigilance. Le paquet était enveloppé dans un linge épais, du velours très probablement. Nous allons chercher à en savoir plus. Elle est ressortie sans, cela étant dit, peut-être pourrons-nous connaître la nature de l’objet en question.»

Citation :
Test de Recherche et Renseignement

Jet : 15. Raté.

— Suite du Rapport. «Nous avons tenté de deviner ce qu’elle avait laissé, mais le joailler s’est montré fermé à tout contact, arguant que ses clients bénéficiaient, s’ils le souhaitaient, d’un total anonymat. Nous avons tenté, en faisait diversion, de nous infiltrer dans l’atelier du joailler, mais c’était sans compter sur son chien. Nous avons été contraint à la retraite. Nous gardons cependant l’oeil sur la boutique et vérifierons chaque entrée et sortie.»
Citation :
Test de Filature

Jet : 18. Raté.

— Fin du Rapport. «Cassandre n’est pas directement rentrée à l’Esplanade. L’un de nos agents la suivant durant la recherche de l’objet déposé a perdu sa trace à mi-chemin de l’avenue après l’avoir vue bifurquer dans une ruelle. L’affluence de monde l’a ralenti, et impossible de la retrouver ensuite.»

— Seconde sortie de Cassandre - 4 Mai, au soir.
Citation :
Test de Discrétion des espions Mirail

Jet : 14. Moyen moins.

Cassandre s’est sentie suivie dès sa sortie. Ce n’est qui plus est pas la première fois que cela arrive, elle démontrera ainsi une grande vigilance. Malus (-3) pour les tests de filature.
Citation :
Test de Filature

Jet : 20. Echec Critique. (-3). Donc 23, c’est l’enfer.

Entre le monde, et la vigilance de Cassandre, les espions n’ont pu faire trois pas une fois passée la Porte des Anges que la vicomtesse se fondit dans la masse, disparaissant au vu et au su de ses poursuivants. Fin de la mission.

— Rapport de Mission - 4 mai. «Cassandre est bel est bien sortie de chez elle au quatre mai au soir, mais nous n’avons pu la suivre. Elle s’est malheureusement rendue compte de la filature, je gage, et a pressé le pas, s’aventurant dans le labyrinthe de ruelles de la Hanse, sans que nous puissions savoir s’il s’agissait de sa véritable destination. N’ayant confirmation d’avoir été réellement repérés, nous avons battu en retraite.»



Le suaire glacé de l’hiver semblait s’être invité en avance au sein de la demeure des Ventfroid. Si auparavant il était là qu’importe la saison, accompagnant la solitude silencieuse de Morion et du personnel discret de la maison, il avait été écarté par les doigts d’artiste chauds et doux d’Ambre de Ventfroid. Cette semaine en revanche, les choses semblaient être redevenues comme alors. Mornes, froides, et si le soleil brillait parfois avec force, si les derniers oiseaux printaniers quittaient leur nid pour des lieux plus frais, leur chant ponctuant chaque heure de la journée, entre les épais murs du manoir, c’était comme s’il faisait nuit à chaque heure.

Encore que pour Morion… Les choses n’avaient guère changé. Tout du moins, si c’était le cas cela ne se voyait en aucune manière. Son visage restait aussi serein que d’ordinaire, et ses habitudes n’avaient pas changé d’un iota. Ses habitudes en tant que comte de Ventfroid, s’entend, car si sa femme avait décidé de prendre des vacances durant cette semaine, Morion ne l’aurait peut-être même pas remarqué. Tous les matins aux aurores, il se levait, se préparait et descendait s’entraîner avec Talen. Le vieux chevalier domestique savait bien que quelque chose clochait, comme tout le personnel de maison. Et par respect, il n’en toucha pas un mot à Morion. Lui qui savait se montrer terriblement intrusif, vis à vis de la place qu’il occupait au sein de la hiérarchie de la demeure, savait néanmoins quand un sujet ne devait surtout pas être abordé. Et c’est ce qu’il fit, assénant des coups et entraînant Morion sans prononcer un seul mot qui n’avait pas rapport à leur entraînement. Il put néanmoins constater que son seigneur mettait une verve nettement plus prononcé dans ses coups, et que s’il n’agissait pas en tant que réel combattant, il risquait d’y perdre de sacrées plumes. Morion pouvait s’avérer être parfois, comme ces jours-ci, un véritable colosse de glace, mais cela ne faisait pas de lui un homme insensible. Et la colère, les premiers jours, était encore tout à fait vivace.

Le reste du temps cependant, et d’autant plus à mesure que le temps coulait, emportant avec lui la vindicte et la rancoeur, il était celui que tous avaient connu. Morion de Ventfroid, strict, sévère, impassible et implacable. Il travaillait dans son bureau, et au lieu de visiter Ambre dans son atelier, lorsqu’une pause s’imposait, ou quand il avait tout simplement envie de s’aérer un peu l’esprit, il s’enfonçait dans les ailes du manoir jusqu’à retrouver les livres bien rangés de sa bibliothèque. Afin d’être certain de ne pas faire de rencontre importune, il s’enfermait dans l’annexe, et n’en bougeait que lorsque l’heure du repas approchait.
Et à table… c’était quasiment comme lorsqu’il était seul jadis. Il ne pipait mot, les initiatives de conversation, si le mot était encore adéquat, ne venaient jamais de lui. Il répondait simplement, avec un flegme et une sérénité qui étaient caractéristiques de sa personne. Pas de détails, pas de paraphrases, des réponses qui bien souvent n’excédaient pas la demi-douzaine de mots, sans lui accorder plus d’attention qu’à un domestique venu lui annoncer que la viande était cuite, et allait être servie. Il prenait souvent quelques parchemins ou un livre à table, laissé ouvert. Il l’ignorait sciemment, oui. Et plus le temps passait, même si un semaine était tout de même un délai assez raisonnable, plus cette attitude se fit naturelle.

En soi, que les choses s’améliorent, il le voulait, évidemment. Il n’aimait pas moins sa femme. Simplement, après les horreurs qu’ils avaient pu se dire, le tournant qu’avait pris la dispute, la violence de l’échange, il était absolument hors de question qu’il interfère. Si elle voulait lui adresser la parole, elle le ferait. Pour autre chose que des banalités, l’espérait-il. Parfois, l’envie lui prenait d’aller la voir, l’entretenir au sujet d’un rapport de ses espions, d’une trouvaille au marché d’un de leurs domestiques, de nouvelles reçues en provenance du domaine. Estrée se remettait de mieux en mieux. Il les occultait purement et simplement. Il e allait de même lorsqu’ils étaient réunis, le soir, dans la chambre à coucher. L’envie soudaine de la prendre contre lui, de s’endormir en sentant son corps blotti contre le sien, sans forcément des ébats charnels à en faire trembler les vitres. Simplement une nuit tranquille, amoureuse, entre un mari et sa femme. Occulté, également. Il mettait parfois un très long moment à s’endormir, mais l’envie passait, il se contentait simplement de penser à d’autres sujets. Il se fit la réflexion que si cela devait dix ans, cela ne l’affecterait peut-être pas plus que ça. C’est ça; il s’en fichait. Cette dispute avait des répercussions, comme toutes choses, et il fallait les assumer, pour lui comme pour elle. Il avait du travail, des obligations, et n’avait aucune envie de s’arrêter plus longtemps que nécessaire sur ce genre de choses, dont le potentiel distrayant était bien trop élevé pour qu’il puisse se le permettre.

C’est le sept mai que les choses changèrent. Tout du moins… qu’elles bougèrent un peu. L’état d’esprit du comte n’avait changé en aucune manière, si ce n’est que sa platitude n’allait qu’ascendant. Il occultait tout ce qui ne concernait pas le travail, au point que même Talen avait fini, le matin même, par lui conseiller de mettre un peu d’eau dans son vin, ou au moins de se détendre. Ce à quoi le comte avait répondu par un simple coup d’épée supplémentaire. Pas ce soir, néanmoins.

Lorsqu’elle prit la parole, il avait le nez sur un compte rendu de Marianne. Dépenses, récoltes, ressources, transfuges, des chiffres à en perdre la tête, des décisions, des retours, bref, un rapport épais, soigneusement rédigé par sa soeur, avec une fidélité parfaite. Il avait songé, le lendemain de leur dispute, à rentrer au domaine, justement. S’en aller prendre l’air loin de son bureau, de sa femme, de tout. Et mettre la main à la pâte, physiquement, comme il pouvait le faire parfois sur place.

Arrêtant de mastiquer et prenant le temps d’avaler sa bouchée, il leva les yeux vers sa femme, la jaugeant pendant plusieurs secondes, parfaitement silencieux pour commencer. Cassandre, chez Joscelin ? Mais que diable fichait-elle chez ce faquin ? Tout ceci était très loin des attributions qu’il lui avait octroyé. Bien trop loin d’ailleurs. La vicomtesse avait parfaitement conscience de la position de Morion par rapport à ce type, et pourtant… Ses sourcils se froncèrent notablement quand il accusa l’information. Il roula le parchemin qu’il posa sur un coin de la table, et secoua la tête.

«Je n’ai jamais rien demandé de tel. Il est effectivement sous surveillance, mais certainement pas par elle, qui n’a même pas connaissance de ce fait. Quoi qu’elle y fasse, ce n’est pas de mon fait.»

Il but une gorgeé de vin pour nettoyer les vestiges de nourriture sur ses dents et contre son palais, puis se mit à réfléchir. Il savait que Joscelin ne l’aimait pas. Il avait également connaissance des griefs qui l’opposait à Ambre. Cassandre également, son attention avait été focalisée toute la soirée sur Ambre et Morion, et sans sa rage obsessionnelle, n’avait pu rater la fureur de Morion. Cette histoire sentait mauvais. Ce n’était pas en se mettant Joscelin dans la poche qu’elle apporterait quoi que ce soit à Morion, et sa vindicte vis à vis d’Ambre n’était plus à prouver. Cela dit impossible pour lui de se prononcer à l’heure actuelle, encore moins sans preuve avérée.

«Qu’il s’en tienne donc à Joscelin et elle. Je n’apprécierai que moyennement de voir des espions suivre ma vassale lorsque les missions que je lui confie la poussent à sortir de l’Esplanade, surtout lorsque celles-ci sont sensibles et peuvent me compromettre. Il leva une fois de plus les yeux vers elle. D’autant que je doute que ton frère apprécie de te savoir mariée à un homme dont les actions sortent parfois très largement des barrières de la légalité, voire de la moralité. Les espions ont-ils été plus précis qu’une simple visite chez Puylmont ? N’importe quoi, malgré mes doutes, aurait pu la pousser à y aller. Il n’est pas que mon ennemi, ou un homme abject. C’est également un noble et de ce fait, une personne d’intérêt.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyJeu 10 Nov 2016 - 20:21
La comtesse fut satisfaite. Comme elle l’avait supposé, ça n’était pas dans le cadre de ses obligations de vassale que Cassandre avait été amenée à fréquenter Joscelin. C’était donc assez suspect et étonnant pour s’y arrêter. L’homme de Ventfroid avait froncé les sourcils, visiblement peu satisfait de cette information, en sus d’être pris au dépourvu. Cela aussi, cela satisfit la jeune femme, mais la cordialité et le professionnalisme de leur échange sonnait beaucoup trop creux. Ils en étaient arrivés là, et à s’échanger des informations certes importantes mais sans plus y mettre d’émotion. C’était triste, et l’indifférence globale de Morion depuis toute cette semaine la blessait. C’était extrêmement difficile pour elle comme situation. Oublier et faire comme si elle n’avait pas appris l’existence de ces bâtards, ne plus jamais aborder le sujet pour obtenir des mots plus calmes de son époux à ce propos ? C’était impossible, elle ne pouvait pas effacer ce pan de la vie de Morion et se satisfaire des informations tombées durant leur dispute. Mais quand elle essayait de désamorcer la situation entre eux, à briser ce mur de froideur cordiale qui s’était installée, la comtesse se ravisait toujours au dernier moment. Elle n’arrivait pas. Elle savait que si le sujet franchissait ses lèvres de nouveau, ça ne serait pas une colère folle qui reprendrait le pas, mais des larmes ridicules qui auraient plus vite fait de la discréditer aux yeux du comte. Elle n’avait pas la force de laisser ses émotions derrière, ce qui était terriblement frustrant. Alors, les deux époux ne parlaient donc plus. Morion ne faisait aucun effort, et l’état d’esprit de la comtesse ne facilitait pas mieux l’échange. Parler d’une voix morne de Cassandre de Rocheclaire, voilà tout ce qu’ils pouvaient faire.

Ambre haussa doucement les épaules pour répondre.

- Je le lui dirai, mais je ne puis te garantir son assentiment, il a son propre libre-arbitre. De plus, mon frère est l’homme en lequel je possède la plus grande confiance, depuis toujours. Je ne crains pas qu’il découvre des choses sur toi ; il n’en ferait jamais rien même si c’était le cas. Néanmoins il a eu la décence de me prévenir alors qu’il aurait pu agir dans le secret. Tous ne l’auraient pas fait.


Aucun reproche ne courait dans sa voix, c’était simplement… une constatation. Morion était un homme de l’ombre, qui n’avait jamais eu son pareil pour obtenir des informations avec ses espions. Il savait parfaitement comment cela marchait, et ne pouvait pas reprocher à Evan de Mirail de se prémunir lui aussi des dangers qui pouvaient courir autour de sa famille, sa sœur en l’occurrence. Ironiquement, si Morion avait laissé Ambre agir, le concours de son frère n’aurait pas été nécessaire. Les rapports seraient remontés à la comtesse uniquement, elle qui connaissait déjà les secrets de son époux – en théorie –, et personne ne serait amené à voir le comte sous un autre jour, pas même Evan de Mirail. Mais le Ventfroid s’était montré borné. Il en payait le prix, indirectement.
Ambre réfléchit quelques secondes avant de réagir à la demande de précisions de Morion.

- Oui. Lorsqu’elle le visite, il lui arrive d’apporter du vin. Et de porter des robes à l’effet savamment travaillé qui laissent à penser qu’ils sont devenus intimes. Elle ne commenta pas, mais ne pensait pas moins. S’abaisser à fréquenter un tel homme pour atteindre une rivale était offensant et dégradant pour la vicomtesse. Si l’inclination pour cet homme était réelle en revanche, en-dehors de toute arrière-pensée contre Ambre… eh bien, à dire vrai, ça n’était pas mieux. Joscelin de Puylmont était tout ce que l’on ne désirait pas dans un mariage. Je ne saurais dire si cela restera ponctuel ou si d’autres visites seront notées au manoir de cet homme – mais Evan le saura, si tel est le cas.

Ambre espérait ne pas avoir fait d’erreur en mettant Morion au parfum si vite. S’il demandait des comptes à sa vassale à ce sujet, cela serait très désavantageux pour les espions. Cassandre saurait qu’elle avait été découverte, et était donc plus exposée. Qu’elle soit mise au fait la rendrait beaucoup trop prudente et desservirait beaucoup les observations d’Ambre.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyJeu 10 Nov 2016 - 21:42
La semaine n’avait pas été plaisante pour Morion non plus, à dire vrai. Il aurait fallu être fou, ou parfaitement idiot, pour ne point préférer de loin les semaines normales qu’ils passaient, où le devoir et les obligations politiques et familiales s’alliaient agréablement avec la tendresse et le bien-être de leur couple. Néanmoins, il était aussi un homme affreusement têtu. Si, deux ou trois jours peut-être, grand maximum, après l’habitude, les émotions négatives provoquées par cette dernière avaient été reléguées dans un coin obscur de son esprit, il refusait catégoriquement d’influencer les décisions de sa femme vis à vis de son attitude. Si la froideur et l’éloignement étaient son credo après cela, grand bien lui fasse. Sans lui en tenir rigueur pour un sou - il pouvait parfaitement comprendre son état - il n’allait pas revenir, penaud, ou enjoué comme à son habitude, pour tenter de recoller les morceaux. Il n’y opposerait cependant aucun obstacle, que les choses soient dites. Bien au contraire, il serait bien plus heureux une fois que cet incident serait passé pour de bon. “Observer et attendre”, voilà ce qu’avait toujours été sa ligne de conduite, et il n’en dévierait pas. Aussi pesante que soit la situation.

Situation qui venait d’évoluer légèrement, voire totalement à dire vrai, après la révélation plutôt croustillante de son épouse. Il avait tardé à la faire surveillé, et voilà qu’il apprenait ce genre de choses au dîner, par des espions qui n’étaient pas les siens. D’un autre côté Cassandre eût sérieusement baissé dans son estime en tant qu’espionne elle-même si elle n’avait su déjouer les siens.

Entre Saurell, la dispute ensuite, et maintenant ça… Décidément, l’univers s’en donnait à coeur joie pour provoquer sa colère. Qu’il réprima, cette fois-ci, la curiosité et l’inquiétude qui naissait en lui suffisant à l’atténuer. Sans compter qu’il n’avait pas la moindre envie de montrer une quelconque forme d’agacement devant sa femme, ayant déjà fait ses preuves à ce sujet la semaine passée.

Les yeux fixés sur son assiettes et les vestiges d’aliments qui y barbotaient, en attente d’être consommés, ou confiés à qui de droit, il réfléchissait soigneusement. Il se retrouvait confronté à un sérieux dilemme, une fois de plus. Son devoir comme ses principes lui conjuraient de faire venir Cassandre aussi vite que possible, afin qu’elle s’explique de vive voix à ce propos. N’ayant pas un contrôle total sur ses actes en revanche, cela risquait de provoquer chez elle une grande méfiance. Elle était loin d’être idiote, et si elle avait été compromise une fois, ne recommencerait pas. Au mieux différerait-elle ses visites, au pire les déplacerait ailleurs en ville. Si comme Ambre semblait le soupçonner — ses lèvres se retroussèrent de dégoût à cette idée — elle s’abaissait à bien pire que des négociations avec cet homme infect, alors il y avait de très nombreux endroits à Marbrume ou perpétrer de telles vilenies.

Il massa ses tempes. A la rigueur… Non, il ne pouvait ajouter ses propres espions à ceux qui l’avaient déjà repérée une fois. Trop de risque qu’elle se rende compte de tout. Et si elle comprenait que Morion était derrière ça… Les choses risquaient de dégénérer. Il n’avait pas besoin de ça en sus du reste. Son regard erra ainsi un moment au rythme de ses réflexions, puis il soupira doucement, se reconcentrant sur Ambre.

«Bien. Il tapota du bout de l’index le bois de la table. Ce qu’elle lui disait ne lui plaisait pas du tout, et ce qu’il s’apprêtait à dire pas vraiment non plus mais… Qu’Evan la surveille. Tu la connais un minimum, tu sauras quoi faire et probablement mieux interpréter les rapports de ses espions que lui. Je n’aime pas ce que tu me dis.»

Il soupira une nouvelle fois. Elle qui doutait de sa confiance, il venait de lui déléguer la supervision de l’espionnage de Cassandre. S’il avait su que c’était elle qui était à l’initiative d’un tel projet, et qu’il durait depuis déjà longtemps, son discours aurait très certainement été autre, mais en l’occurrence, il venait de lui accorder un sérieux gage de confiance. Plus simplement, il laissait les Mirail s’attaquer directement aux Rocheclaire, qu’en tant que seigneur il était supposé protéger. Il ne pouvait gager de la réaction des tenants de la Maison s’ils apprenaient toute cette histoire. Même si l’attaque, tout du moins l’espionnage, n’était dirigé que contre Cassandre, elle portait leur nom, et en lui résidait les serments des deux parties; seigneurs, et vassaux. Mais si son ennemi déclaré et celui de sa femme s’alliaient d’une quelconque manière, il ne pouvait laissait faire. Et encore moins empêcher sa femme de réagir. Pas cette fois.

«Juste une chose; je veux être tenu au courant de ses moindres faits et gestes. N’attentez rien, ne faites rien d’autre que la surveiller. J’agirai si je le dois, mais c’est moi qui le ferai. Dis-le bien à Evan, que la volonté de protéger sa soeur ne provoque pas un désastre. Je suis parfaitement apte à protéger mon épouse.»
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyVen 11 Nov 2016 - 12:20
De toute évidence, Morion n’aimait pas cette situation. Autant les agissements de Cassandre que les projets d’Evan de Mirail n’étaient pas pour lui plaire, et il devait composer avec tout ça. Ambre attendait, un peu tendue, s’il fallait être tout à fait franc. Elle restait silencieuse, attendant poliment ses souhaits et ses instructions, mais elle craignait que les volontés de son époux ne s’opposent à celles de son frère – qui étaient en réalité surtout les siennes, même si Evan avait fort mal accueilli la visite de cette femme chez Joscelin. Et la jeune femme ne souhaitait pas que les relations entre les deux hommes de sa vie qu’elle aimait le plus se dégradent. Les conflits familiaux étaient toujours une plaie qu’il fallait éviter si l’on pouvait. Déjà qu’Ambre avait perdu sa propre fierté voire l’estime de son mari à cause de Cassandre et la dispute éclatante de la semaine passée, hors de question qu’elle soit aussi à l’origine de défiance entre son frère et son mari. Alors, en attente, Ambre observait son mari réfléchir, tapoter la table de son doigt, regarder son assiette, sans oser le déranger dans ses réflexions. Elle caressait sa fourchette machinalement, continuant à prendre des bouchées comme s’ils étaient en train d’évoquer la pluie et le beau temps, mais elle attendait, tendue.

Quand Morion rouvrit enfin la bouche, Ambre relâcha sa respiration, tout doucement, faisant comme si cette nouvelle information n’était qu’une broutille avec laquelle composer. Un soulagement énorme venait de la traverser. Il lui laissait les rênes de l’espionnage de Cassandre, en toute connaissance de cause. Son mensonge avait fonctionné au-delà de toutes ses attentes, et voilà que Morion donnait désormais l’autorisation officielle pour elle de faire ce qu’elle avait déjà commencé. Le soulagement était intense, de pouvoir enfin agir sans la crainte d’un retour de bâton du comte s’il venait à découvrir les faits. Désormais, il savait tout, et mieux, il donnait son assentiment, même si la situation ne lui plaisait pas. Tout rentrait dans l’ordre avec une facilité déconcertante. Mais un autre sentiment traversa la comtesse, peut-être plus grand que son soulagement lui-même. Une pointe de culpabilité venait gâcher le tout. La culpabilité d’avoir agi dans son dos, et de voir désormais qu’il lui laissait champ libre en toute connaissance de cause. L’aurait-il fait si elle avait été franche et avait demandé l’autorisation directement, dès le début ? Elle en doutait, mais… les faits étaient là, malgré tout : il lui laissait la situation en main, avec une confiance qui la toucha, et la fit se sentir coupable de lui cacher que les espions étaient actifs depuis un mois déjà. Elle se sentit indigne de Morion, l’espace d’un bref instant. Mais elle avait fait tout cela pour leur sécurité à eux deux, et malgré tout, ne regrettait rien. Si Cassandre avait commencé à frayer avec Joscelin de Puylmont c’était déjà un signal d’alarme. Ambre était heureuse de l’avoir fait sonner à temps.

- Oui, bien sûr. Je te ferai lire chaque rapport si tu le souhaites. Evan serait bien malavisé d’agir contre elle sans m’en parler. Non, il se contentera de l’espionnage. De toute façon, tant que nous n’avons pas d’élément plus concret… Agir serait du gâchis.

Agir trop tôt leur supprimerait toute chance de réussite ultérieure s’ils échouaient. Tant que Cassandre était ignorante, elle était apte à laisser apparaître d’autres failles, d’autres fautes. Et, un jour peut-être, une faute réellement dangereuse et impardonnable pourrait forcer les Ventfroid à agir. Tant que les observations s’arrêtaient à la séduction d’un baron ennemi, cela n’était pas assez. La vicomtesse aurait toutes les justifications du monde à leur opposer, dont la volonté de protéger son supérieur en voulant mieux connaître ses ennemis, peut-être.

- Espérons seulement pour elle que ces visites répétées chez Puylmont n’aient aucun rapport avec moi.

Son ton prit une teinte un peu sèche sur cette dernière phrase, mais elle ne commenta pas plus. Elle était lasse des effusions d’émotions et s’était bien trop emportée la semaine passée pour qu’un détail de la sorte ne la mette réellement en colère.
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MessageSujet: Re: Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid]   Soleils ambrés, nuits azurées, cercle parfait. [Ambre & Morion de Ventfroid] - Page 11 EmptyVen 11 Nov 2016 - 13:39
Bien que le comte se soit fendu d’un assentiment global sur les actions de sa femme et de son beau-frère, les choses avaient pris un tournant nettement plus impactant chez lui. Cassandre s’alliant à Puylmont, de la manière la plus basse, qui plus est. Sur le papier, cela signifiait que la vicomtesse dénotait une capacité à s’avilir bien plus grande que celle dont il avait l’habitude, qu’il utilisait généralement pour ses propres intérêts. S’il avait lui même instruit de telles méthodes, s’il avait demandé explicitement à Cassandre de se rapprocher des Puylmont, dans un but préventif, voire même offensif, sa réaction aurait été clairement différente, même sans cautionner les méthodes employées. Là… il la voyait se diriger tout doucement se diriger vers une forme hautement perverse de trahison. Et ce n’était pas un simple espion qu’il pouvait se permettre de recadrer, violemment si besoin était, ou de faire remplacer. C’était sa vassale, de fait une personne liée à lui par bien d’autres choses qu’un simple contrat de travail, accord tacite ou pacte vénal à profit mutuel. Si elle attentait quoi que ce soit, et là soyons le honnête, le doute était plus que permis, il serait forcé d’agir, et avec virulence. Un mince sourire fleurit sur ses lèvres, la phrase de sa femme rejoignant ses propres pensées, de fait.

«Je ne peux rien certifier, mais il est inutile de se voiler la face, si elle en vient à s’allier à Puylmont, la coïncidence est un peu trop évidente pour que ça soit un service qu’elle me rende. Si rien n’a été fait pour l’instant, la méfiance, la plus grande méfiance est requise. Y compris de ma part.»

Morion soupira légèrement. Il avait espéré pouvoir retarder ses prises de positions vis à vis de Cassandre le plus longtemps possible, pour des raisons déjà évoquées, comme le fait de saper son influence le plus subrepticement possible, avant de la reléguer définitivement au rang de mauvais souvenir et d’erreur de jeunesse. Voilà qu’il se retrouvait contraint de mettre les bouchées doubles, et dès maintenant. Le fait de s’y mettre aussi vite n’était en soi pas un problème, sachant que de toute façon il était prévu qu’il le fasse. Non, c’était surtout la précipitation qui l’agaçait, en revanche, au plus haut point. C’était prendre le risque inconsidéré de faire une erreur, provoquée par la célérité et l’urgence, qui l’inquiétait. Il était doué, discret, mais tout de même. Il finit par secouer la tête, et haussa les épaules.

«Pour l’heure… je vais devoir faire comme s’il n’en était rien. Ne prends pas ombrage de ses visites prochaines, même si elles se sont espacées, je ne peux guère modifier mon comportement vis à vis d’elle, sans quoi elle finirait par se poser des questions. Il tendit la main vers celle de sa femme, qu'il saisit, un petit sourire aux lèvres. Gageons que ce… problème, sera vite réglé. Tu as ma parole.»

Le sujet était clos pour la soirée. Morion n’avait, à vrai dire, pas plus envie de l’évoquer que sa femme. Il avait été source d’une violente dispute et de nombreuses contrariétés avant cela. Il ne voulait en aucun cas que cela recommence.

Nonobstant l’aigreur d’un tel objet de conversation, il enchaîna cependant. Il avait reçu des nouvelles durant la semaine, en provenance du comté, et s’il les avait tues en réplique au mutisme de son épouse, ne les avait pas oubliées, ni mises au rebut. Il lâcha donc sa main, et se saisit des rouleaux de parchemins qu’il avait ramené avec lui.

«Marianne m’a envoyé un grand nombre de nouvelles. Tout d’abord, Estrée a repris le commandement des forces du domaine.
Un petit sourire naquit sur ses lèvres à cette pensée. C’est Edric qui devait danser de joie, surtout. Elle se remet fort bien, et se sent assez solide pour arpenter le domaine, bien qu’elle soit escortée. Et à ce propos… Il parcourut les feuillets des yeux, accrochant la partie qu’il cherchait au bout de quelques secondes. Ah, voilà. Marianne et Estrée nous invitent tous deux officiellement au domaine. Pour fêter la rémission d’Estrée, et aussi parce que cela fait un moment que je n’y suis pas allé, et qu’il serait temps que tu rencontres tout le monde. Edric est très impatient, de ce que m’en a dit ma soeur.»

Ce n’était cependant pas la seule raison qui le poussait à valider cette invitation. Il enchaîna d’ailleurs tout de suite après.

«En sus de cela, viendra vite le temps où tu seras dans l’incapacité de prendre la route et… Je pense que cela nous fera grand bien, à toi comme à moi, de quitter un moment les murs de Marbrume. L’extérieur est dangereux, mais une fois au château nous serons en sécurité. Qu’en dis-tu ?»

Prendre du recul, voilà une chose qu’il faisait assez rarement. Tout du moins, il ne l’avait pas fait depuis son mariage, voire même depuis de nombreuses années. La dernière fois remontait en fait à la mort de sa mère, où il s’était un bon moment exilé au domaine pour y préparer la défense, et surtout quitter le domaine effectif du pouvoir de Sigfroi, qu’il ne pouvait voir en peinture sans ressentir d’intenses pulsions meurtrières. Avec tout ce qu’il s’était passé récemment en revanche, il voulait prendre du temps, avec sa femme, sa famille, et se détacher, au moins quelques jours, de l’ambiance morbide qui régnait ici, et espérait sincèrement que sa femme soit de connivence avec lui.
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