[Event] Du Pain et des jeux - Partie Marbrume - [Equipe 1] [Clôturé]

Orianne avait visiblement tapé dans l’œil d’un passant, la belle mercenaire avait certes, du charme, et dégageait un certain charisme, une beauté froide et calme, presque..mortelle. C’est donc d’un ton mêlé de crainte et d’admiration qu’il s’approcha, penaud, pour leur révéler que la sirène épuisée s’était cachée derrière l’étal d’un tanneur, sous un tas de fourrures sales puantes.

Dans le même temps, un habitant en guenilles s'élança vers eux en beuglant.

“Sieur milicien, sieur milicien ! Vite ! Nous… il reprit son souffle après une petite pause et repris, le teint rougeaud. Nous avons été… cambriolés par des bannis. Ils ont pris la fuite, mais courent toujours, je vous en prie !”

L’attitude du badaud est étrange, il respire fort, beaucoup trop fort, et quel marchand s’habillerait de chiffons tels que les siens? Il semble malhonnête et faux, plus attiré par l’appât du gain que réellement effrayé par une bande de bannis pillant son échoppe. D’autant plus qu’Orianne semblait du même avis que lui, et ne se fit pas prier pour lui en faire part.

“De la sécurité y en a partout, de toute façon c’est trop tard non ? Des bannis seront vite rattrapés. Ne me dis pas que tu vas t’occuper de ça ? Ton moment de gloire tu l’auras quand on aura trouvé la poiscaille, comme tu dis. N’oublie pas, ce que femme veut…”

Non, tout ça sentait le coup fourré, et bien qu’il était notoire que les participants ne puissent recourir à la violence, il n’était pas interdit de lui flanquer la frousse. Il s’adressa au passant en prenant un air menacant.

“Tu as un quart de seconde pour reprendre ton souffle, la fermer et repartir d’où tu viens, sinon je vais littéralement sonder ton coeur pour savoir si tu mens, compris?”

Séraphin porta sa main sur la garde de son épée pour appuyer ses dires, l’effet fut immédiat et le pauvre bougre qui soudainement n’était plus du tout essoufflé s’enfuit en hurlant. Direction maintenant l’étal du tanneur.

“Je te suis, on s’approche discrètement et je lui coupe toute retraite, et pour info c’est pas la gloire qui m’intéresse mais d’embrocher de la morue.”

Il fit craquer ses doigts et sa nuque pour se détendre et se redonner une contenance, ils étaient repartis, et plus le droit à l’erreur cette fois-ci.

Une procession, une fichue procession qui s'était mise en travers de son chemin, lui barrant la route si soudainement après qu'il eut tant couru, que Finn sentit la colère monter en flèche face à ces gens qui occupaient tout l'espace. Pas le temps cependant de s'appesantir dessus, le temps jouait contre lui et c'est en lâchant un juron qu'il bifurqua dans une ruelle adjacente, laquelle partait en direction du port, espérant ainsi contourner la procession et parvenir à rejoindre les autres. Il n'était pas natif de Marbrume, mais il avait du suffisamment parcourir la ville pour connaitre les rues et ruelles, se repérant sans trop de difficultés et parvenant ainsi à ne pas se perdre en route, ce qui valait mieux que rien. Hélas ce contretemps risquait de pénaliser l'équipe et il songea, brièvement, qu'il aurait mieux fait de rester avec un binôme avec lequel il aurait pu progresser plus rapidement, en bousculant les gens notamment. Redoublant d'efforts, le Mercenaire repartit au pas de course dans cette ruelle, forçant le pas en tâchant de garder son souffle malgré le poids de l'équipement et remerciant intérieurement les rudes entrainements du Capitaine.

"Si on gagne, je pourrais tous nous nourrir pendant des semaines, des mois !"

Songea le jeune homme en se remémorant le partage des récompenses lorsqu'ils menaient à bien une mission, du grand repas de fête qu'ils faisaient alors, des plaisanteries et des rires, de cette ambiance chaleureuse et réconfortante, qui lui donnait l'impression d'être au sein d'une grande famille soudée et unie, malgré les nombreux horizons dont chacun était issu. Cette fausse sirène pouvait bien courir -la pauvre, elle aussi devait s'épuiser lors de tels évènements- mais ils finiraient par toutes les attraper, rassembler les indices et résoudre l'énigme.

Avant de nous intéresser à nos chasseurs, intéressons plutôt à cette cinquième roue du carrosse, roue cependant nécessaire puisque c’est elle qui valide, sur le principe, la victoire ou au contraire, disqualifie les participants, en cas de triche ou de manquement au règlement. Souvenons-nous de ce pauvre homme, surpris par la débâcle brutale ayant saisi son groupe à l’apparition d’une tierce équipe. Souvenons-nous de son air affligé, lui, déjà bien âgé. Souvenons-nous de sa réticence à prendre le pas de course pour les suivre avec une horrible difficulté. Suivre Finn ? Aucune chance. L’homme était un athlète. Lui en revanche, ne tenait plus assez sur ses jambes pour se permettre d’aussi longues foulées. Suivre Hector ? Le débris chassant l’ours ? Quelle idée saugrenue. Auriez-vous demandé à un escargot de courser le cheval ? Non, cela va de soi. C’est plus ou moins le même principe ici. Et les deux imbéciles incapables de se repérer, qui s’étaient télescopés comme deux aveugles sur un champ de course ? Voilà qui paraissait, sur le principe, nettement plus sain. Autant pour ses nerfs que pour ses muscles.

«Que les dieux me gardent d’avoir à arbitrer l’année prochaine une telle brochette de harengs sots. Qu’Anür les pardonne.»

Sur ses paroles, à mi-chemin entre le fatalisme et la désillusion la plus totale, Martin suivit en premier lieu Oriane, donc, rapidement rejointe par Séraphin. Suivre une femme était a priori plus simple. Il ne pouvait se couper en quatre, et priait chaque seconde chacun des Dieux pour que les deux autres ne dégainent aucune arme, et, dans le pire des cas, ne provoquent aucun décès malencontreux. Surtout l’ours. On ne se méfiait jamais assez de ces animaux-là.

Fort heureusement, la course de l’équipe et demie avait dégagé la rue. Sa progression en fut facilitée, et heureusement, car le dénouement de cette poursuite approchait. Un remerciement muet à Rikni pour lui avoir épargné l’épreuve de la foule fusa mentalement. Devoir courir était déjà harassant, louvoyer entre les badauds sans perdre de vue ses protégés, si l’on pouvait dire, aurait été au-dessus de ses forces.

Etait-il au bout de ses peines, en arrivant sur le lieu de l’action finale, essoufflé, les mains sur les hanches, voûté comme le vieillard qu’il était en passe de devenir ? David contre Goliath, Martin contre Hector, le débris contre l’ours. La dernière épreuve de la journée. Ou peut-être de sa vie, se dit-il.

Citation :

Test du Rugbyman
♦ Hector de Sombrebois - Habileté : 11.
Malus pour Charge Brutale (-2).
Jet : 8. Réussi.

♦ Martin - Habileté : 9.
Malus pour Âge avancé (-1).
Malus pour Asthme (-2).
Jet : 9. Raté.

Ce qui devait arriver arriva. Hector, tu fonces au travers de la mêlée comme un fou furieux, mais ton aisance, ta chance, le hasard peut-être et l’habileté manifeste des passants voyant charger le boeuf comme à la guerre te permettent d’évoluer, sans dégommer la moitié des nombreux passants de la rue, ce qui est étonnant. Martin en revanche, disposant de peu de réflexe, d’un corps relativement fragile et de séquelles de sa course précédente, n’a en revanche pas pu faire montre de la même agilité. Tu le percutes violemment, sans y faire attention par ailleurs, à l’épaule, l’envoyant valdinguer plus loin. Il s’écrase, sonné, entre de barriques de harengs. Il n’aurait peut-être pas du faire cette burlesque comparaison.

Notons tout de même le manque de bon sens de ses collègues, qui, s’ils savaient que la sirène était toute proche, n’ont pas eu la décence de prévenir leur comparse qu’ils l’avaient sous le nez. Ainsi, la charge aurait pu être stoppée, avant de s’avérer un peu trop efficace, notamment pour notre arbitre, qui, après avoir chassé les étoiles brillant devant ses yeux, se releva difficilement, et approcha en chancelant légèrement de la mercenaire et du soldat. Il n’eut ainsi pas l’occasion d’assister à la scène entre Séraphin et l’escroc, ce qui était une heureuse chose pour le milicien. Il prit quelques secondes pour récupérer un souffle acceptable, puis, le visage agité de légers tics nerveux - il n’avait connu de journée aussi riches en péripéties depuis son adolescence - apostropha les deux amis.

«Vous… Ne m’oubliez plus jamais. Vous suivre fut un véritable calvaire, et je n’ose faire mention de cette horrible brute avec qui vous vous êtes acoquinés. Qui aurait pensé qu’un seigneur puisse se comporter comme un animal en rut, je vous le demande ?»

Sa partialité restait, au contraire de sa dignité, intacte, en revanche. S’il n’avait été payé pour l’occasion, et juré devant les Trois d’être aussi honorable qu’amène, il aurait probablement sanctionné Hector de Sombrebois d’un jugement sévère, l’induisant en erreur ou peu importe, tant qu’il lui faisait payer cette honte magistrale. Et la douleur, aussi.

En ce qui concernait la chasse à la Sirène, cependant, elle rendit très vite les armes. Elle était piégée, de toute façon, et n’était qu’une fille de paysanne, sûrement pas une mercenaire, encore moins un soldat. Elle souriait, et avança doucement vers les deux protagonistes, les mains levées.

«Cela suffit, cela suffit ! Elle se rapprocha des deux, lorgnant d’un air inquiet sur l’air patibulaire du milicien. Un type pareil, mieux valait ne pas le quitter des gens. Bombant légèrement la poitrine, elle prit son air le plus affable. Je suis navrée de vous avoir fait courir à ce point, vous avez fini par prendre l’avantage, et je crois bien que je suis coincée. Cependant… Si vous désirez l’indice concernant la prochaine étape… Il vous faudra, à l’instar des pratiques honorant notre sainte Déesse, me faire une offrande. Et que sied le mieux à la parure d’une déesse qu’une perle des mers ?»

Ah ben tiens, le coup de la perle ! Qui a dit que c’était une arnaque ?

Citation :

Test d’Observation
♦ Oriane Manceau - Intelligence : 8.
Jet : 4. Réussi.

♦ Séraphin Chantebrume - Intelligence : 10.
Bonus pour Sens du Détail (+1)
Bonus pour Discernement (+1)
Jet : 11. Réussi.

La sirène a beau être effectivement jolie et avenante, il n’en demeure pas moins que quelque chose cloche. Son apparât est d’une qualité assez piètre. Quelques coutures bien mal faites, et l’on voit bien que son déguisement de sirène est plus une création d’atelier du dimanche que réellement prévu à l’avance par les organisateurs. Serait-ce donc une fausse sirène que vous avez là ? Eh bien oui. Cette course fut fantastique, mais vous vous êtes trompés de cible. Les vraies courent toujours. Peut-être devriez-vous, cette fois, faire attention à vos collègues qui se baladent toujours, l’un bloqué par le monde, l’autre souhaitant visiblement charger de Marbrume jusqu’aux confins du monde comme un taureau furieux, pour les avertir. Les recherches reprennent. Merci, bisou, au revoir.

Bien fait ! Voilà ce qu’avait envie de crier l’arbitre, bien qu’il ne le fit point. En revanche, ses côtes hurlaient merde, et cela se voyait à son visage légèrement congestionné. Il lâcha un bref soupir, et observa les deux comparses. Qu’ils ne l’oublient pas, cette fois, car il finirait par porter plainte à l’organisation des festivités. Le traitement qu’il subissait était proprement inhumain, et la simple idée de repartir en course avec ces énergumènes, voilà qui le faisait flatuler d’effroi.

«Vous me voyez fortement désolé pour vous, mes amis. Mais la journée n’est pas finie, et il reste toujours les sirènes en liberté !»


Quant à ce pauvre Finn...aussi éloigné de l’action que faire se pouvait, il avait fini par reprendre la route. A quel prix ? La question était légitime. Parti, comme prévu, en direction du port, bloqué par un cortège, la malchance plus que son côté sportif le guidait. Là où les choses se corsaient pour ses collègues, ayant débusqué une sirène, certes, mais la mauvaise, lui persistait vers le port. Peut-être aurait-il plus de chances que ses collègues, cela étant, en arrivant plus vite sur les lieux. Mis à part qu’il était également éloigné d’un arbitre assez frustré de la tournure de sa journée, ce qui rendrait toute éventuelle trouvaille complètement invalide, de ce fait.

Citation :

Test d’Orientation
♦ Jet : 20. Echec Critique. Oh putain… :’)
Le monde, peut-être, l’ambiance enivrante de la fête, qu’en savons nous. Tu te diriges vers le port effectivement, mais avec un sens de l’orientation tellement biaisé, que tu passes très largement à côté de la zone où se trouvent tes camarades. Pire que ça, les badauds auxquels tu aurais pu t’adresser ne savent absolument rien à propos de la course poursuite déroulée il y a peu, et certains malandrins te disent même qu’ils se situent au sud du port, probablement, où se trouve le gros des festivités. Et c’est la destination que tu prends, forcément.

Citation :

Bien, mes amis, vous êtes pas sortis du sable ! Tout d’abord, vous avez réussi à démasquer votre fausse sirène, vous permettant ainsi de poursuivre la chasse. Cependant, il manque un participant à votre équipe, participant qui risque de se retrouver, très probablement, dans un endroit complètement vide de sens à force de faire autant de ratés.

A vous de décider si vous poursuivez la chasse, cherchez Finn, etc. Vous avez carte blanche, et êtes loin d’en avoir fini ! Notez également que vous pouvez également interroger des pnj. De façon, je l’espère, plus précise que “blabla”, n’est-il pas.

Bon courage.

PROCHAIN POST : 6/11 au soir.

Spoiler:

Au lieu de penser aux festivités ou même à la récompense, Finn aurait mieux fait de se concentrer sur le chemin emprunté qui, si en temps normal lui était plus ou moins familier, en ce jour de fête lui apparaissait comme différent et perturbant. Ah que de couleurs ! Que d'étals et de monde ! Que de bruit et d'agitation ! C'était là sa première célébration à Marbrume et notre ancien artisan ne valait guère mieux qu'un adolescent cavalant à la recherche d'un chemin dérobé pour tenter de contourner la procession, choisissant une rue vaguement connue qui allait pourtant le mener bien loin de la foule. Il couru, couru, espérant rattraper un retard imaginaire tandis qu'il avait déjà dépassé depuis longtemps ses camarades venant de découvrir la supercherie, au même titre qu'il ne réalisa que bien trop tard son erreur quand, bifurquant de nouveau au premier croisement, il se retrouva suffisamment loin du bruit des festivités pour s'arrêter net au beau milieu du passage.

- Et merde.

Après cette éloquence digne de tout bon aventurier en perdition, il pivota sur ses jambes pour tenter de localiser la source des sons qui lui parvenaient, essayant de faire fi de la honte qui s'emparait de lui et de sa propre bêtise. Qui eut cru qu'un Mercenaire aguerri pouvait se perdre ? Une chance que personne ne soit là pour voir ça parmi ses connaissances, sans quoi il pouvait parier qu'on le lui aurait remis sur le tapis à la première occasion venue. Au lieu de cela, il inspira un grand coup et tenta de revenir en arrière par la nouvelle rue, se fiant aux bruits d'agitation qui lui parvenaient, tout en réfléchissant à une excuse à sortir pour dissimuler le fait qu'il se soit bêtement perdu comme l'aurait fait un enfant ayant lâché la main de sa mère durant un bain de foule.

- Hey ! Vous là !

Il venait d'apercevoir ce qui ressemblait à un homme près d'un pas de porte et le hélait, espérant pouvoir lui demander son chemin, non sans éprouver une vive honte intérieure.

- Vous n'auriez pas vu passer une sirène ?

Non, non, non, ton chemin ! Ton chemin imbécile.

- Enfin non, laissez tomber. Le centre de la ville, c'est par où ?

Voilà qui était mieux, Finn pourrait toujours courir après les sirènes une fois qu'il aurait retrouvé les autres, en attendant mieux valait éviter de rester séparés trop longtemps. Il regrettait déjà partiellement de s'être inscrit, il aurait peut-être du songer à profiter de cette journée de fête plutôt que de cavaler dans tous les sens à la recherche d'un mirage.

Hector souriait. Qu'il était plaisant, en ce matin citadin, de courir dans les rues bondées, d'éviter les gens, d'en pousser d'autres. Si le baron de Sombrebois, sur ses terres, prenait du plaisir en chassant du gibier, ici, à Marbrume, il pratiquait une toute autre activité sportive, mais elle était tout aussi plaisante ! Seulement, dans son élan, le brutal barbu percuta... l'arbitre qui leur avait été assigné ! Hector tourna la tête et vit le vieil homme dans une position autant fâcheuse que ridicule. Il hésita et, finalement, ralentit sa course. Sans arbitre, il n'était guère utile de chasser la sirène. Il s'arrêta et commença à faire demi-tour pour aider Martin à se relever mais ce dernier y était déjà parvenu. Agité de tics nerveux, il ne sembla pas écouter les mots du baron :

- Excusez-moi cher arbitre mais... je crois que ce sont les risques du métier, malheureusement.

Taquin, il souriait.


Hector parvint enfin à rejoindre Oriane et Séraphin. Ces deux là avaient rattrapé la sirène - fort belle au demeurant - mais, bizarrement, ils ne semblaient pas vraiment satisfaits. Hector s'approcha d'eux, adressant un sourire charmeur à la charmante sirène, et les salua.

- Mademoiselle, chers amis...

Il se tenait droit, l'air tranquille et serein comme il en connaissait le pouvoir de séduction et écoutait la conversation. La demoiselle prise dans les filets de son équipe était une fausse-fausse-sirène. Sans montrer la moindre déception, Hector posa sa large main sur la frêle épaule de la demoiselle.

- Vous êtes une sacrée coquine, mademoiselle... D'autres ont été punies pour moins que ça, vous savez ?

Petit clin d’œil affectueux et le baron s'adressa aux deux autres membres de son équipe.

- Je crois que nous en somme rendu au point de départ... enfin presque...
- Vous me voyez fortement désolé pour vous, mes amis. Mais la journée n’est pas finie, et il reste toujours les sirènes en liberté !

L'arbitre voulait remonter le moral des participants. Hector n'en avait nul besoin. Il le regarda avec un sourire moqueur.

- J'espère que vous avez bien récupéré de votre malencontreuse chute... Car nous allons devoir nous dépêcher de retourner à notre point de rendez-vous pour retrouver Finn. Et après nous irons à la recherche d'une autre sirène.

Il se tourna vers celle qui leur avait joué un vilain tour.

- Mademoiselle, si vous avez vu une vraie sirène, je serais ravi que vous nous disiez où cela était...

Dès sa réponse prononcée, Hector dit à ses compagnons :

- Allons-y, nous n'avons pas de temps à perdre !

Et il s'en retourna, à grand pas, en direction de l'étal du vendeur de perles, là où son équipe était sensée se retrouver en cas de séparation. Peut-être les trois équipiers - et leur désuet suiveur - croiseraient-ils en chemin la route de Finn ? Sinon, il faudrait espérer que le mercenaire se soit souvenu des consignes prononcées un peu plus tôt. En tout cas, tout en avançant, Hector levait bien haut la tête afin de voir si leur équipier perdu n'était pas dans les parages.

Elle était bien jolie la donzelle, mais quelque chose clochait, son déguisement manquait du raffinement et du prestige que l’on est en droit d’attendre du duché de Marbrume, elle avait plutôt l’air d’une roturière qui tenterait de tourner les festivités à son avantage. Et si la sirène n’en était pas vraiment une? Elle ne tarderait pas à exiger quelque récompense ou nommer des conditions onéreuses quant à l’obtention de l’indice.

Le doute le rongeait, et cela commençait d’ailleurs à l’énerver, d’autant que la petite lui lançait des regards méfiants...

«Cela suffit, cela suffit ! Je suis navrée de vous avoir fait courir à ce point, vous avez fini par prendre l’avantage, et je crois bien que je suis coincée. Cependant… Si vous désirez l’indice concernant la prochaine étape… Il vous faudra, à l’instar des pratiques honorant notre sainte Déesse, me faire une offrande. Et que sied le mieux à la parure d’une déesse qu’une perle des mers ?»

Haha, une perle des mers, haha. Faut pas déconner, Séraphin était fou de rage, les phalanges blanchies d’être trop crispées sur la garde de son épée, le regard brûlant, il fixa si fort la fausse sirène qu’elle en blêmit, et peu à l’aise d’avoir vu sa supercherie révélée, baissa les yeux et se rapprocha d'un Hector bien plus accommodant.

«Vous me voyez fortement désolé pour vous, mes amis. Mais la journée n’est pas finie, et il reste toujours les sirènes en liberté !»

L’arbitre n’avait pas l’air dans son assiette lui non plus, et il semblait même qu’il pétait allègrement, de peur certainement, d’être encore distancé et traîné dans la boue comme le fossile qu’il était.

Il était temps de retourner au point de rendez-vous, ironie du sort, devant l’étal du vendeur de perles. Séraphin tenta tout de même d’interroger quelques passants, son allure sauvage aiderait peut-être, parfois une belle trouille était la meilleure des persuasions! En espérant que Finn se souvienne du point de ralliement, ou ait eu plus de chance qu’eux de son côté.

Un coup d’oeil à Orianne qui fulminait elle aussi, délicieusement cela dit.

“Quand même, une fausse sirène, merde, mais qui a bien pu pêcher ça?”

La joie d’en avoir enfin terminé avec cette épreuve avait été de courte durée. La godiche qui se pavanait dans sa tenue au rabais était donc une fausse, fausse sirène. Oriane avait du mal à cacher sa colère sourde et sa déception qui lui donnait un petit air pincé et un regard assassin qui ne quittait plus des yeux celui de cette femme qui leurs avaient fait perdre un temps aussi précieux.

Elle l'observa donc de pied en cape un moment, incapable de se rendre à l'évidente évidence que cette femme n’était rien et ne savait donc rien. On ne risquait pas grand chose à vouloir en être parfaitement sûr. En l'occurrence l’intimidation s’imposa à elle vu qu’Oriane était à deux doigts de la crise de nerf et qu’elle portait une paire d’oeillères titanesque qui l'empêchait d'accepter la réalité.

- Donne moi une bonne raison de te croire alors que ton accoutrement est ridicule ?

Elle se souvint de justesse que molester ou menacer un habitant était sévèrement punis et du se mordre la langue pour se taire.

Je n’aime pas qu’on me mente et si c’est le cas crois moi tu le regretteras amèrement.

- Si tu nous dis la vérité, bien que j’en doute et qu’un petit pois serait plus assorti à ton costume qu’une perle, je ferais en sorte que tu l’obtiennes. Si tu dis vrai, suis nous, sinon...sache que je n’oublie jamais un visage.

Petit sourire forcé.

- Je crois que nous en somme rendu au point de départ... enfin presque…

Un profond soupire de résignation échappa à la jeune femme qui regarda tour à tour Séraphin et le baron, elle avait bien du mal à cacher sa déception. L’autre godiche, ou maligne, n’allait pas les avancer, au fond, Oriane le savait. Ce commençait mal, très mal...

- Vous me voyez fortement désolé pour vous, mes amis. Mais la journée n’est pas finie, et il reste toujours les sirènes en liberté !

Mais l'arbitre n’avait pas tord, peut être que leur sirène les attendait encore quelque part. Un peu ragaillardi par les paroles du vieux sage, et la flagrante bonne humeur de Seigneur de Sombrebois, Oriane hocha vigoureusement la tête.

- J'espère que vous avez bien récupéré de votre malencontreuse chute... Car nous allons devoir nous dépêcher de retourner à notre point de rendez-vous pour retrouver Finn. Et après nous irons à la recherche d'une autre sirène.

- Ca va aller. Je m’en serais bien passé cela dit…

Regard noir à Séraphin avant de finalement esquisser un discret sourire, sincère cette fois.

- Je dois reconnaître que ça à pimenté cette pêche infructueuse.

- Allons-y, nous n'avons pas de temps à perdre !

-Si vous voulez mon avis, même si vous ne le voulez pas d’ailleurs, le Port est prit d’assaut, une fois tout le monde réunis, je pense, comme je le disais à Séraphin, que nous devrions chercher du côté des thermes, c’est un bon endroit pour une sirène, ou jeter un oeil au temple, sirènes ou pas, elles restent des représentations de la déesse...

Le groupe de héros, pardon, de bras cassés, prit donc la direction du point de ralliement, si Séraphin ressemblait à un molosse au bout d’une chaîne lorsqu'il questionnait la populace, Oriane, qui avait retrouvé motivation et combativité se montrait plus douce et joviale dans sa quête d’informations.

“Quand même, une fausse sirène, merde, mais qui a bien pu pêcher ça?”

- Un type pauvre, bedonnant, qui pue le poisson. J’en suis certaine.

Fort heureusement pour Finn, aucun autre élément, qu’il s’agisse de son groupe ou de sa compagnie mercenaire, ne se trouvait à proximité. L’on peut aisément imaginer les quolibets et huées subies par le pauvre homme le cas échéant, voyant que l’orientation, sens pourtant élémentaire en qualité d’homme d’aventure, de course, de combat et d’action, s’était enfuie temporairement vers des confins inconnus. Néanmoins, tout n’était pas perdu. Marbrume avait beau être grande, ses habitants, eux, savaient généralement s’y orienter. Et elle ne s’étendait pas indéfiniment au-delà des limites du Duché, ce qui rajoutait techniquement à la facilité de repérage. Enfin, allez dire ça à Sieur Gallagher, perdu comme le pain éponyme.

Fort heureusement pour lui, l’on finit par entendre son cri de détresse. Un homme, simple manant parmi d’autres anonymes, arpentant la cité pour les fêtes, ou comme dans son cas particulier, restant sur le pas de sa demeure en décrépitude afin de ne point rater une scène, un cri, une plaisanterie, rodomontade, ou encore, ici-même, un paumé.

Il leva des yeux mornes, fatigués de l’existence, mais nonobstant la précarité des jours difficiles, teintés d’une perle de joie. L’été contribuait, Anür en qualité de divine représentante aidant, à rendre heureux ces pauvres malheureux. L’on se détendait, l’espace de quelques jours, semaines, laissant reclus les problèmes, les angoisses, et profitait, durant cette courte mais vitale période, d’un bref répit insouciant. Ainsi c’est avec grand plaisir - et un une expression tout à fait goguenarde - que le quadragénaire accueillit Finn.

«Une… Sirène ? La brève expression illuminée de la remembrance éclaira une fraction de seconde le visage du vieil homme. Les sirènes, oui. C’est vrai. Vous devez être un étranger, pour ainsi vous perdre loin de vos camarades de chasse, messire ! Eh bien si je me souviens…

Citation :

Test de mémoire
♦ Manant Anonyme - Intelligence : 8.
Jet : 2. Réussi. Chanceux. Vraiment très chanceux.

… Oui ! Voilà, cela me revient. En venant au port pour assister au départ du cortège, j’ai aperçu une femme déguisée d’une bien étrange manière, et maintenant que vous me le dites, elle était effectivement vêtue à la manière des créatures mystiques des mers. Quant à sa direction, il me semble qu’elle prenait la direction du centre de la Hanse, quand je l’ai aperçue. Elle semblait avoir fait forte impression sur les passants. Très jolie demoiselle, très beau trident.»

Il esquissa un sourire affable, et ne put retenir un petit ricanement. Comment pouvait-on se perdre, sérieusement ? Néanmoins, il lui épargna la moindre raillerie, et pointa du doigt le rempart de l’Esplanade, puis une rue qui le longeait.

«Continuez donc en suivant ainsi, vous devriez arriver d’où vous venez, vers la Porte des Anges. Tant que vous gardez le mur en vue, vous êtes sûrs de ne point vous égarer. Tous ici le savent, pourtant, lâcha-t-il, incapable de retenir cette foucade moqueuse.»

Citation :

Test de Progression
♦ Finn Gallagher - Jet : 2. Enfiiiin.

Quoi qu’il arrive, eu égard à ta réussite quasi-critique, tu auras la possibilité de rejoindre très vite tes comparses, qui ne se trouvent plus si loin de la destination que tu prends. Tu ne te perdras pas, et pourras les rejoindre au pas de course dans ta réponse.

Les pérégrinations aléatoires de Finn Gallagher prenaient ainsi fin, pour l’instant. Parti en maraude, revenu en héros, détenteur des clés révélatrices de l’épreuve ? Qui sait. En tout cas, il semblait avoir retrouvé son étoile.


Côté tanneur, la compagnie rassemblée, sous l’égide de l’arbitre abattu, au moins moralement, faisait le compte de leur cuisante défaite. Après tout, courir incessamment dans les rues bondées de la cité, pour se retrouver face à une facétie soigneusement - ou non - orchestrée par des saboteurs de chasse, voilà qui avait de quoi agacer. Enfin en tout cas, c’est ce qui aurait dû se passer, mais les lois cosmiques semblaient avoir oublié dans leur équation les phéromones féminines, et l’effet ravageur qu’elles avaient sur ce bon Baron de Sombrebois. Un retard colossal dans la chasse ? Une truanderie à peine masquée de tissu de piètre qualité ? Qu’importe, après tout. C’était une femme, par Anür.

Citation :

Test de Séduction
♦ Hector de Sombrebois - Charisme : 11.
Bonus pour Séduction (+1).
Jet : 8. Réussi. Mais pas assez.

La jeune femme démasquée esquissa un petit sourire contrit à l’attention du baron de Sombrebois. Il était bien aimable, le milicien près de lui semblant quant à lui bien plus enclin à lui sortir les entrailles de leur tanière, et appréciait sincèrement la sollicitude du noble monsieur. Néanmoins, cela n’était pas suffisant pour la pousser à trahir sa propre équipe en leur révélant des renseignements sur l’emplacement d’une éventuelle sirène.

«Je suis navré monseigneur, mais… tout comme vous, j’ai passé mon temps à cavaler dans les rues, je ne puis guère vous dire où sont les véritables incarnations. Je crains que vous en soyez revenus à votre point de départ. Puisse Anür vous guider.»

Elle effectua une révérence polie à l’attention du grand noble, puis prit la route inverse à sa venue, se dirigeant ainsi, l’espérait-elle, vers l’équipe qui l’avait envoyée ici. Ils avaient défini un point de rendez-vous mais rien n’assurait qu’ils y étaient.

Les trois camarades mirent assez peu de temps, une dizaine de minutes tout au plus, à retrouver le vendeur. Il les jaugeait d’un oeil amusé. Et à vrai dire aurait franchement ri s’il avait assisté à toute la scène. Lui n’avait aucune connaissance de la mascarade auxquels ses clients d’une minute avaient été confrontés, néanmoins il aurait eu suffisamment d’humour pour s’en gausser grassement, à l’image des poissons qui s’étalaient devant lui, luisants et frais. Quoique le temps passant, ils risquaient d’empester avant peu.

«Ah, vous voilà, messieurs, madame. Toujours pas tenté par la belle perle retrouvée ce matin ? Je vous assure qu’elle vous porterait chance, ou siérait à merveille au fin cou d’une demoiselle !»

Il leur adressa un signe enjoué de la main, la perle toujours en main, sortie dès qu’il avait aperçu les concurrents malchanceux. Et ils avaient bien tous l’air de ne pas avoir eu récompense pour les efforts fournis, ces trois… Trois ? Mais où était passé l’autre ? Mangé par une sirène ? Charmé par elle au point d’en perdre sa substance ? Diantre, qu’avaient donc fait les organisateurs pour cette fête ? Si l’on versait dans l’occultisme rien n’irait plus !

Citation :

Bon, en vérité je ne peux pas faire grand chose de plus, les choses iront mieux au prochain tour avec le retour de Finn. Néanmoins, vous pouvez attendre qu’il poste et prendre des décisions ensuite, je pense que c’est le mieux pour vous actuellement. La perte de Finn vous retarde très sérieusement pour le coup, je ne m’attendais pas aux deux échecs critiques consécutifs. Désolé pour ce post un peu merdique, et vivement la suite !

PROCHAIN POST : 13/11 AU SOIR.

La sirène, bien qu'inutile à la quête de l'équipe, fut une charmante rencontre. Son sourire avait réchauffé le cœur du baron. Il y avait puisé un regain de motivation pour la suite de l'aventure. Sans rien ajouter au drôle de dialogue entre Séraphin et Oriane, Hector continuait de marcher vers le point de ralliement. Repassant dans la foule de badauds, le groupe mit presque dix minutes pour s'y rendre. Là, dans un premier temps, pas de Finn... mais toujours le même marchand de poisson... et de perle :

- Ah, vous voilà, messieurs, madame. Toujours pas tenté par la belle perle retrouvée ce matin ? Je vous assure qu’elle vous porterait chance, ou siérait à merveille au fin cou d’une demoiselle !

Hector s'approcha de vendeur et lui dit, l'air légèrement énervé :
- Allez file ta camelote ! Tiens !

Lâchant une pièce de bronze dans la main du poissonnier, Hector prit la perle, espérant que cela couperait la chique du bavard commerçant une bonne fois pour toute. Ensuite, il regarda autour de lui. C'est vrai qu'elle était jolie la demoiselle Manceau. Pour l'heure, le baron préféra mettre la perle dans sa poche. Après tout, si c'était réellement un porte bonheur, autant le garder encore un peu. Il s'approcha de Séraphin, ouvrit la main qui tenait la perle et d'une voix légèrement nasillarde, lui dit :
- Mon précieux...

Puis il referma sa main et la fourra dans sa poche en faisant un clin d’œil au milicien.

Quelques instants plus tard arriva - attention, roulement de tambour - Finn Gallagher !

- Vous tombez à pic Finn, nous vous attendions ! Lança gaiement le baron.

S'ensuivit une courte discussion au sujet de leurs déboires respectifs ; on ne s'attarda pas longtemps sur ce qui, somme toute, n'avait guère d'intérêt. Finn, par contre, finit par expliquer qu'il avait eu un tuyaux ! Une sirène (une vraie cette fois), avait été vue se dirigeant vers la Hanse. L'équipe, en cruel manque d'idées, décida de suivre sans plus attendre l'unique piste qui se présentait à eux.

Chacun marcha donc le plus vite possible vers ce quartier de Marbrume. En effet, il fallait faire vite. Toutes les autres équipes n'avaient sans doute pas connu les mêmes contretemps que nos quatre héros. C'est pour cela que le baron ne s'occupa pas de demander aux gens qu'ils croisaient s'ils avaient ou non vu une des sirènes tant convoitées. Il attendait d'être arrivé à destination pour ça. Ce n'est qu'à la Hanse que, de nouveau, il pourrait faire parler son incroyable pouvoir de séduction afin de glaner quelques précieux indices ou, au pire, quelques charmants sourires...

Mais, profitant de la marche avec ses compagnons, Hector s'approcha du milicien et lui glissa d'un air complice :

- Alors, elle vous plait la damoiselle Manceau ?


Une fois à la Hanse, Hector regarda autour de lui si aucune sirène n'était directement visible. Ensuite, il jeta un œil aux demoiselles autour de lui. Les femmes étaient souvent plus réceptives à son charme que la gent masculine. Il fronça les sourcils pour cibler un peu plus sa proie : pas de bague aux doigts, mignonne, pas trop défraîchie...

Tiens, celle-ci !

- Excusez-moi, mademoiselle, je suis Hector de Sombrebois et... je recherche une femme déguisée en sirène. Auriez-vous vu une telle personne dans les environs ?

Sourire charmeur. Puis, la suite :

- J'ai de quoi vous récompenser si vous nous mettez, mes amis et moi, sur une bonne piste...

Nul besoin de sortir une pièce ou la perle précédemment achetée... Ses coûteux vêtements et sa noble prestance prouvaient à tout un chacun qu'il ne s'agissait point là d'un vilain canular.

Il parait que c'est en arrêtant de chercher qu'on finit par trouver. Finn pour sa part avait d'abord tenté de contourner le problème et, finalement, avait rencontré ce qui ressemblait à une solution sans même avoir à essuyer davantage qu'un coup à son égo et à sa fierté. Oui, bon, d'accord, il s'était perdu... en ligne droite ou peu s'en fallait... en courant comme un dératé... sans même prendre garde aux bruits environnants qui auraient pu lui indiquer son éloignement... bref il était passé pour un parfait imbécile auprès de l'homme à qui il venait de demander son chemin, mais le fait était que celui-ci avait bel et bien vu une jeune femme, très jolie et avec un trident, deux informations qui pouvaient importer à son sens et qui tranchaient un peu avec celle qu'ils avaient poursuivis au préalable. S'agissait-il d'une autre ? Est-ce que ses compagnons de quête avaient réussis à attraper la première ? Peu importait pour l'instant, il lui fallait suivre le mur et continuer son chemin, ce qu'il fit jusqu'à enfin rejoindre les autres. Ne restait plus qu'à trouver une façon de bien présenter la chose.


Les autres étaient rassemblés au point de rendez-vous d'où ils s'étaient séparés et leurs mines, plus ou moins fermées, indiquait que les choses ne s'étaient pas passées comme ils l'espéraient. On le briefa sur la fausse sirène puis on lui demanda où il était passé et ce qui avait bien pu lui prendre tant de temps. Toussant de gêne, il se fendit pourtant d'un sourire et, sans perdre un instant de plus, leur fit part de sa découverte, prétextant simplement avoir contourné la procession tout en continuant de demander des informations sur son passage, omettant sciemment son égarement. L'on tomba d'accord qu'il ne fallait pas patienter plus longtemps et on se mit en marche en direction de la Hanse, groupé cette fois afin d'éviter de nouvelles déconvenues.

- Hep Oriane, attends-moi !

Marchant devant avec son amie, Finn laissa le soin à Hector et Séraphin d'échanger sans rien entendre de leur conciliabule concernant la Mercenaire, se contentant de se concentrer sur leur "mission" et songeant qu'il lui fallait trouver une autre façon de procéder. Ici il ne s'agissait point de tailler le bois ni de pourfendre des ennemis, mais bel et bien de ruser d'une façon qu'il n'utilisait plus depuis un moment. Ils étaient dans la Hanse, il leur fallait à présent chercher. Prenant exemple sur Hector qui commençait à s'adresser aux représentantes du sexe féminin, il jeta un regard à Oriane avant de s'avancer en direction non pas d'une demoiselle, mais d'un pouilleux semblant avoir élu domicile contre un mur depuis un bon bout de temps, un peu à l'écart et qui semblait couver du regard la zone dans laquelle ils se trouvaient. S'accroupissant à ses côtés pour faire face à la foule, l'ancien artisan eut un léger sourire engageant et complice.

- Dites-moi mon brave, vous n'auriez pas vu passer une jolie fille avec un trident depuis le matin ?

Sait-on jamais, ceux qui vivaient dans les rues et ruelles à défaut d'avoir un toit où s'abriter en permanence voyaient bien des choses et on les négligeaient toujours beaucoup trop lorsqu'on recherchait quelque chose... ou quelqu'un. Finn plongea sa main sous son armure et en tira une pièce d'argent, assez pour nourrir le pauvre homme pendant des jours, des semaines s'il économisait suffisamment.

Spoiler:

Décidément tout tournait autour de cette fameuse perle, perle que le baron avait bien évidemment les moyens de s’offrir. A tous les coups il allait en faire don à la première dinde venue en échange d’informations, là pour sûr elle pouvait bien leurs porter chance...L’idée était bonne mais franchement déprimante. Elle aurait été bien mieux au cou d’Ilhanne, ou du sien, bien entendu. Quoiqu’il en soit, son ami n’avait finalement pas mit longtemps à les rejoindre et après une brève accolade, un point sur la situation et deux trois moqueries, il fut temps de se mettre en route.

Obsédée par l’idée de gagner cette fichu chasse, la jeune femme ouvrait la marche d’un bon pas, peut être même un peu trop pour ce pauvre juge, mais le temps jouait contre eux. Alors qu’elle s'apprêtait à ralentir pour secouer tout ce petit monde, Finn l’interpella. La jeune femme en profita pour radoter une fois de plus. Vu la direction “soit disant” (oui, Oriane était devenu très sceptique) prise par la sirène, elle était certaine que cette dernière se dirigeait au temple ou aux thermes. Dans un sens, ça ne l'éloignait pas de la direction qu’elle pensait bonne d’emprunter.

Si Séraphin continuait de ressembler à un molosse attendant une proie arrivé à la Hanse, le baron, lui, se montrait avenant, jouait de son sourire et de sa bonne humeur pour faire parler les demoiselles. Oriane décida d’appliquer la même méthode sur la gente masculine. Après tout, c’était pour une noble cause, ou en tout cas une cause qui ferait du bien à la Compagnie. Pour sa part, elle décida d’interroger les marchands et artisans, après tout, bien qu’occupés, ils étaient là depuis l’aurore et l’un d’entre eux auraient bien vu ou entendu quelque chose. L’ambiance était festive, nulle doute qu’ils prêtaient davantage attention à ce qui se passait autour d’eux. Du moins, l’espérait-elle.

Finalement, après un nombre incalculable, et même, disons-le honnêtement, assez ridicule de péripéties, la compagnie était enfin réunie. Suivie par l’arbitre qui se remettait peu à peu de ses émotions, l’âge n’aidant pas à une guérison rapide des blessures, physiques et morales, qu’il avait subi. Les choses semblaient profiter cependant d’une accalmie bienvenue. Pour l’un, la fin de la course effrénée et désorientée au travers des ruelles étroites et sinueuses de Marbrume (encore que dans son cas, se perdre en ligne droite avait été possible, et relevait d’une certaine forme, particulièrement sardonique, d’exploit). Pour les autres, la suite d’une intense désillusion, fort bien comblée - en apparence tout du moins - par l’espoir de ne point avoir tout perdu, et au contraire, grâce aux indices que ramenait Finn de son errance, celui de peut-être remporter cette épreuve décidément aussi aléatoire que surprenante.

La Hanse, comme l’on pouvait l’attendre d’un quartier commerçant en pleine périodes de fêtes et de réjouissances, était plein à craquer de nombreuses personnes venues pour faire des emplettes, pour ceux qui en avaient les moyens. L’on s’arrachait ainsi, souvent dans une optique superstitieuse, afin de s’attirer les faveurs d’Anür par exemple, des statuettes et bibelots à l’effigie de la déesse, sculptés, gravés ou dessinés pour l’occasion. De nombreux saltimbanques et troubadours parcouraient les goulots, à qui mieux mieux il fallait bien l’avouer, alpaguant le chaland affairé devant l’étal, l’oeil avide, quoiqu’attristé par la hauteur de certains prix. En l’échange de rien d’autre que la bonne foi d’une oreille attentive et d’un oeil approbateur, biniou solidement ancré en main, il lâchait facéties burlesques et odes en l’honneur des éminences qui gouvernaient le monde et en régissaient le sort. L’on tentait peut-être, par ces acquisitions inutiles, par ces poèmes clamés aux cieux, à racheter sa propre personne, son propre péché, quand bien même celui-ci fusse abscons, voire injustifié. L’on priait pour le renouveau. Et quand cela n’était pas le cas, alors on mirait simplement, la prunelle pétillante d’admiration, les coureurs et les cracheurs de flammes, étincelle de vie brûlante, l’on se gaussait des bouffons parodiant, avec le plus grand respect évidemment, Serus et ses cornes. Les Cocus, qu’on les nommait.

Au milieu de ce fourbi, une sirène, se terrait. Détentrice d’un secret conduisant, pour les plus malins et rusés, à une incroyable richesses. Point d’écus rutilants, clinquant au soleil, symbole erroné de pouvoir, de bien-être, de bon vivant. Ils ne valaient guère plus grand chose en ces jours où la monnaie ne circulait qu’en circuit fermé. L’on parlait ici de nourriture, le bien le plus précieux de l’univers, aujourd’hui. Le Fléau avait rendu chaque jour extrêmement précieux. Vingt-quatre petites heures, en cette fin des temps, étaient équivalentes, sans prétention aucune, à autant de semaines passées à danser, courir, chasser, baiser, dormir, travailler et chanter. Nul doute que chacun des membres de l’équipe qui parcourait à cette heure le quartier en était parfaitement conscient. Si auparavant, une parure d’or et de diamant pouvait acheter n’importe qui, désormais, un cuissot était devenu une arme redoutable. A double usage eu égard à la force avec laquelle on pouvait l’enfoncer dans le gosier d’un importun pour le faire définitivement taire. Une fois la viande digérée, bien évidemment.

Trêve de lyrisme et de morbidité carniste.

Cessant enfin de jouer les entremetteurs et les commères, Hector de Sombrebois s’approcha, armé de toute sa bonne volonté et de son charisme, afin d’essayer, s’il en était, de glaner quelques renseignements. Tâche à laquelle à peu près tous s’étaient dévoués. Si les indices de Finn étaient corrects, alors peut-être que…

Citation :

Test de Séduction
♦ Hector de Sombrebois - Charisme : 11.
Bonus pour Séduction (+1).
♦ Passante Voluptueuse - Endurance : 8.
Malus pour Sexytor de Sombrebois (-1).
Jet (Hector) : 7. Réussi.
Jet (Passante) : 14. Raté.

Impossible de résister au charme de la noblesse et de la carrure guerrière et farouche du baron. Qui aurait pu ? De sa misérable condition, approcher un tel homme d’aussi près… C’était presque trop pour elle. Jet d’audace : 10. Rougissant légèrement à l’approche sans détours du baron et à ses promesses - à dire vrai la récompense qu’espérait cette demoiselle n’avait rien à voir avec la taille des bourses d’Hector. Enfin, si. Mais pas au sens propre. Elle minauda légèrement, un sourire mutin aux lèvres.

«Monseigneur je… Eh bien, j’en ai vue une ce matin. Elle se dirigeait vers le marché, au centre du quartier, je m’en souviens encore. Je ne saurais vous dire où exactement, j’en suis réellement navrée, mais je suis certaine que le marché était sa destination. Vous savez, les tentures couvertes, les grains, viandes et poissons ? Je suis certaine que c’est dans ce coin là, c’est le seul endroit intéressant. J’espère euh… Elle rougit légèrement, le regard un peu fuyant. J’espère avoir été à la hauteur de vos attentes, monseigneur.»

L’arbitre assista à l’échange sidéré. A dire vrai, même s’il ne comptait absolument pas valider ou non l’information de la jeune femme, il n’arrivait pas à intégrer le fait que le croisement incongru entre un ours et un bélier qui lui avait appris l’art du vol plané quelques minutes plus tôt pouvait ainsi emballer les jeunes femmes. Dire que lui avait dû sacrifier la moitié de sa fortune pour se montrer digne d’intérêt vis à vis de la femme qu’il avait longtemps convoité… Pour qu’elle finisse par ponctionner l’autre moitié juste après, parbleu ! Ce monde était dénué de la moindre justice.

Séraphin, grâce soit rendue aux Trois, avait cessé d’essayer de glaner la moindre information par le dialogue. Ses compétences en diplomatie auraient pu être l’objet d’un ouvrage tragi-comique tant elles étaient déplorables, et répandre la terreur dans la ville en ce jour était fort malvenu. Néanmoins il ne laissait pas les autres faire tout le travail - il n’aurait plus manqué que cela, à dire vrai, pour parachever le portrait furibond, bourru, taciturne et violent à l’excès du soldat - et tentait à sa manière d’obtenir des renseignements.

Citation :

Test d’Observation
♦ Séraphin Chantebrume - Intelligence : 10.
Bonus pour Sens du Détail (+1).
Jet : 4. Réussi.

Ce que tu réussis à voir t’es communiqué par MP.

Les passants ne remarquaient pas, de leur côté, les deux hommes qui conversaient, à l’écart. L’un était un fringant jeune homme, dont le manque de sens de l’orientation avait été prouvé bien au delà de ce que l’on pouvait attendre. L’autre, s’il connaissait chaque ruelle, chaque pavé de cette ville maudite comme sa poche, poche qu’il n’avait plus depuis longtemps soit dit en passant, était bien moins en forme. Le teint émacié, les joues creuses, il était le parfait représentant d’une caste de marchands en faillite, laissés pour compte, et dont le seul espoir de survie résidait en l’habileté dont ils faisaient preuve pour récupérer des restes de repas à moitié pourris, des flaques d’eau croupie pour subsister, et parfois même, lorsque les circonstances l’exigeaient, laissant leur vie aux bons soins de l’inconstante Fortune, des rongeurs vecteurs des pires afflictions. Ainsi en avaient décidé les dieux, se résignaient-ils.

Citation :

Test de Conviction
♦ Finn Gallagher - Charisme : 8.
Bonus pour Intérêt au quidam (+1).
Jet : 19. Raté. Non mais merde à la fin. :’)

Le temps n’était pas si loin ou notre mendiant était un fier marchand, au moins aussi beau de gueule que ce maudit aventurier ! Il avait tout perdu. Dès le fléau surgi du néant, sa femme avait cessé de lui donner des nouvelles, alors en repos chez sa famille après un difficile accouchement. Elle ne faisait pas partie des longs cortèges de réfugiés. Et que dire ensuite ? Il avait également perdu son commerce. Quelle utilité de vendre des poteries lorsque la fange rendait le superflu complètement futile ? Plus personne n’achetait rien. Il avait alors cédé sa boutique, transformée depuis en poissonnerie, comme un certain nombre d’échoppes ayant également fait banqueroute. Et voilà qu’on lui en demandait encore ? Ne pouvait-il rester là à croupir dans l’ombre comme tous ces malheureux que le fléau avait directement ou non dépouillé de tout espoir, toute richesse ?!

«M’sieur. Sans animosité aucune, ‘cusez mais… J’ai aut’ chose à foutre que d’suivre les allées et v’nues des thons qui s’baladent dans ces foutues rues. ‘Voyez, moi, ce que je surveille, ce sont les rats. Les dodus. Les maigrelets aussi. Les sirènes, tous ces machins… allez donc les pêcher où il faut et laissez-moi mariner ici. ‘’Suis fatigué.»

Le ton aigre et l’oeil torve du manant étaient un message clair : faites-moi de l’air. Il s’engonça un peu plus dans sa tenue miteuse et rapiécée à de trop nombreux endroits pour qu’elle soit réellement efficace, focalisant ses yeux sur les pavés foulés par tous de la cité. Qu’on lui foute la paix, de grâce.

Un échec de plus à ajouter au palmarès décidément bien peu reluisant de l’aventurier, pour qui ladite aventure prenait une tournure digne d’un épisode du donjon de Naheulbeuk. Espérons de son côté qu’Oriane aurait plus de chances.

Affairée près d’un étal, elle ne se rendait probablement pas compte des regards qu’elle attirait. A dire vrai, depuis le fléau, si les femmes avaient obtenu, d’une certaine manière , gain de cause en se voyant octroyé le port d’armes et de nombreux corps de métiers jusqu’alors interdits à leur condition féminine, elles restaient mal vues. Très mal, lorsque celles-ci sortaient du cadre de bonne épouse ou de bonne mère. Mais, parfois, il y avait bien quelques soulards fantasmant sur le côté farouche d’une femme en armes. Qu’elles devaient être sauvages, ces dames-là. Cela donnait envie de les dresser. Pas vous ?

D’autres les jaugeaient un peu comme une plaisanterie. Oh, elles avaient des armes, mais s’en servir ? Hahaha. La drôlerie que voilà. Les plus flegmatiques raisonnaient souvent ainsi. Mais ça ne rendait l’objet de leurs moqueries que plus sympathique, finalement. L’artisan tanneur à qui s’adressa Oriane en premier lieu était dans ce cas là. Amusé par son sérieux et sa mise masculine, il hésitait à répondre.

Citation :

Test de Séduction
♦ Oriane Manceau - Charisme : 8.
Bonus pour Ah ces femmes… (+1).
Jet : 5. Réussi.

Amusé par Oriane, et peut-être il fallait l’avouer, un peu charmé, il hocha doucement la tête, lorgnant l’un de ses comparses marchands, derrière l’étal jouxtant le sien. Ces femmes hein.

«Ha ha ha ma p’tite dame, z’êtes bien mignonne. Non, j’ai rien vu personnellement, j’étais occupé à mettre sur étal les marchandises de mes locaux. Cela dit je sais que Gelland, le poissonnier du marché couvert, il a pas arrêté d’gueuler toute la matinée. On sait pas trop pourquoi d’ailleurs m’enfin, ‘me semble bien qu’c’était rapport à cette chasse. ‘Devriez aller y faire un tour, si vous voulez mon avis. Pas vrai l’Pierrot ?»

Son apostrophe s’adressait à son collègue et commerçant, qui hocha vivement la tête. Leur yeux flottaient sur la silhouette de la mercenaire, mais au moins avaient-ils l’air sincères, ceux-là.

Citation :

Ah ça fait du bien de faire un vrai post. Donc, vous avez des indices… A part Finn évidemment, maintenant vous avez une nouvelle fois carte blanche et l’occasion de vous concerter, quitte à poster plusieurs fois dans la semaine pour ceux qui le peuvent. Je sens qu’on se rapproche du but, mes chers branquignoles. Allez, hauts les coeurs.

PROCHAIN POST : 20/11 au soir.

Était-ce grâce à son impressionnant appendice nasale ? Hector avait du flair... et notamment en matière de relations amoureuses ! Bingo numéro 1 : il avait vu juste. Le milicien avait le béguin pour la belle Oriane. Le baron sourit en le voyant rougir... mais le laissa tranquille. Il n'avait pas envie de le gêner plus que ça ! Bingo numéro 2 : il avait su trouver les mots et l'attitude adéquate pour ramener dans ses filets non pas une sirène, mais une voluptueuse passante des quartiers populaires. Elle rougissait, souriait, minaudait et Hector aimait ça. Il écouta avec délice la voix légèrement éraillée de la brune aux formes généreuses.

- Monseigneur je… Eh bien, j’en ai vue une ce matin. Elle se dirigeait vers le marché, au centre du quartier, je m’en souviens encore. Je ne saurais vous dire où exactement, j’en suis réellement navrée, mais je suis certaine que le marché était sa destination. Hector mit un main dans sa poche. Vous savez, les tentures couvertes, les grains, viandes et poissons ? Je suis certaine que c’est dans ce coin là, c’est le seul endroit intéressant. J’espère euh…

Elle rougit légèrement, le regard un peu fuyant et Hector s'approcha un peu plus d'elle, posant une main rassurante sur son épaule ronde.

[b]- J’espère avoir été à la hauteur de vos attentes, monseigneur.
- Bien sûr mademoiselle - sa main glissa vers le cou de celle-ci - je suis certain que - à son oreille il chuchota - ce soir, ici même, lorsque sonnera huit heures, je vous retrouverais et je vous offrirais une bien plus belle récompense que ce modeste présent...

Il s'écarta un peu d'elle, prenant sa main dans la sienne pour y glisser la perle qu'il avait acheté un peu plus tôt.

- A ce soir... conclue-t-il en caressant de son pouce le dos de la main qui s'était refermée sur le bijou des mers.

Le baron retourna ensuite auprès de ses partenaires. Le temps du choix allait sans doute arriver.

- Le marché de la Hanse, voilà ce que j'ai obtenu comme information. Il s'y cacherait une sirène...

Il avait dit cela au conditionnel, bien sûr, mais avec une certaine conviction. Il savait que la jeune femme ne lui avait pas menti. Bien sûr, on ne pouvait affirmer que la sirène qui s'était dirigée vers le marché s'y trouvait toujours mais c'était déjà une piste !

Hector attendait avec impatience l'avis de ses partenaires et les informations qu'ils avaient eux-mêmes glanées.

Mais comment faisaient-ils, les autres, pour toujours tout réussir ? Finn se le demandait, car enfin, il était des choses pour lesquelles il était doué quand même : l'art du travail du bois sous toutes ses formes, du plus petit détail sur un meuble finement ouvragé au plus grand équilibrage des poutres de maintien d'une maison, l'art du combat et notamment dernièrement sa maitrise de la claymore qui commençait enfin à porter ses fruits et même, même avoir réussi à séduire la belle Ilhanne qui avait finalement accepté d'être sienne et de partager son existence. Non, vraiment, on aurait pu croire qu'il était doué ce bon homme-là, mais point du tout mes amis, point du tout ! Comme tout un chacun il avait ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses et, il fallait bien le reconnaitre, aujourd'hui il enchainait les maladresses au point de sentir tantôt ridicule, tantôt désolé pour qui s'y retrouvait confronté. C'est ainsi que demandant des informations à un pauvre bougre qui lui semblait misérable, il eut droit à une envolée désespérante sur les malheurs d'un inconnu parmi tant d'autres, ou plutôt la vérité toute crue en plein visage : le gars essayait d'attraper un rat pour manger et n'avait que faire des festivités. Et là, l'on aurait pu se dire que notre Mercenaire, se voyant ainsi repoussé bêtement, l'aurait mal pris et serait partit sans demander son reste ni même insister, au lieu de quoi il fixa l'individu qui lui disait être fatigué, d'un regard passablement attristé, avant de hocher légèrement la tête.

- Oui je comprends, la vie ne vous a pas épargné.

Lui non plus ne l'avait point été en vérité, il avait perdu ses proches, mais avait malgré tout su anticiper sur les déboires à venir en voyant que l'argent ne rentrait plus, vendant tout ce qu'il possédait pour rallier la Compagnie des Lames et s'épargnant ainsi un sort similaire à celui de l'homme assis contre le mur. Inspirant brièvement, Finn saisit la main du bougre et lui y glissa la pièce d'argent avec autorité, refermant de ses mains les doigts du chasseur de rat autour du petit objet brillant, un léger sourire aux lèvres.

- Prenez ça alors et gardez-le. Essayez d'économiser et mangez au moins à votre faim en ce jour de fête. Puisse les Trois vous accorder leur aide.

Il avait dit cela sur un ton plus bas, presque de confidence, adressant un sourire encourageant à l'inconnu, lui tapotant même l'épaule en un geste se voulant réconfortant, avant de se relever et de s'éloigner comme si de rien n'était. Bon, pas d'information sur la sirène sur ce coup-là, mais ce n'était pas si grave. Tout ça n'était-il pas qu'un jeu après tout ? Croiser la route de ce pauvre homme venait de remettre en place les priorités dans l'esprit du Mercenaire qui revint à la hauteur des autres avec un sourire plus tranquille, presque tenté de siffloter un air.

- Alors, ça donne quoi de votre côté ?

Gagner à tout prix, probablement pas, mais le Noble Hector semblait être particulièrement positif et s'amuser follement, sans doute Finn devait-il prendre exemple sur cet homme-là qui semblait comme un poisson dans l'eau au milieu de toute cette liesse.