[Mission] Disparition inquiétante [Alex, Merek, Elise, Ulysse)

Onzième mois de l'an 1166
Une heure bien trop matinale 
Plateau du Labret, modeste hameau 

Mon visage était fermé et ses traits rugueux tirés tant par le sommeil que le déplaisir. En somme, j'affichais la gueule des mauvais jours alors que je quittais la cité sur le dos de mon destrier en compagnie d'une escorte réduite de trois hommes d'armes. La nuit avait été rude comme à l'accoutumée et le cocktail herbes médicinales, eau de vie et tabac s'était montré un brin décevant. Il avait pourtant rapidement fallu retrouver mes esprits lorsqu'un émissaire m'avait appris qu'un contrat avait été passé récemment. Etant intéressé par le soutien aux habitants du Labret en vertu de mes vœux de vassal du duc, j'avais demandé que l'on me tienne au courant de ce genre d'annonces. Une plongée faciale dans un tonneau d'eau glacée avait eu vite fait de me dégriser. 

Grignotant une pomme tout en dirigeant ma monture de mes jambes, je pris le temps d'observer le paysage déserté et déprimant des faubourgs de Marbrume. Mes hommes semblaient pour l'heure impassibles et gardaient le silence bien conscients des derniers remugles de ma mauvaise humeur. Les membres de la modeste compagnie du Griffon Moqueur avaient fière allure bien qu'aucun des présents ne soient chevaliers. Une fois mon fruit achevé, j'offris le trognon à l'étalon et contemplai le lever du jour d'un air circonspect. 

Chaque sortie de la cité était comme un onguent malsain car l'adrénaline me permettait d'oublier la déchirure liée à Cat. A l'extérieur, seul comptait l'extérieur parce que la moindre erreur pouvait ètre fatale. Ce fut ce constat qui me redonna le sourire canaille que j'arborais naturellement. Une fois arrivé sur la place de rendez vous, j'échangeais quelques mots avec le fermier qui apporta plus de détails sur la mission et la situation. Ainsi, il était persuadé que son fils avait eu à maille avec de la raclure brigandine. Offrant des mots réconfortant et rassurants au vieil homme, je m'enquis également de la situation générale du village. 

Tom le borgne cracha un glaviot au sol avant d'affirmer au fermier que nous ferions payer les responsables de la disparition de son fils. Je pus me rendre compte que ce contrat avait attiré d'autres belles âmes ou intéressés en voyant apparaitre une prêtresse ainsi qu'un homme. Etant tout sauf particulièrement pieu, la présence de la nonne me fit sourire mais fidèle à ma courtoisie légendaire je saluais les deux arrivants. "Bonjour à vous ma sœur ainsi qu'à vous monsieur. Puisse la trinité accompagner nos pas."

Le groupe fut complété lors de l'arrivée d'un autre sang bleu d'un rang supérieur au mien accompagné de trois chevaliers portant sa livrée. Echangeant un regard franc avec celui-ci, je répondais finalement. "Bien le bonjour vicomte. Baron de Sombreval. N'est ce pas une bien belle journée pour une traque ?" Ce qui portait notre groupe à dix personnes cela constituerait une force non négligeable bien que la prêtresse ne se battrait probablement pas. L'inverse serait cocasse.

"En effet, Baron de Sombreval."

Dit-il alors qu'il regardait plus amplement le sang bleu qui était arrivé avant lui ... le jeune rouquin ne semblait pas particulièrement être un bon samaritain oeuvrant uniquement pour le bien des petites gens après le Seigneur de Terresang pouvait bien sûr se tromper mais qu'importe ... il pensait que les deux autres personnes : Un Balafré et une Prêtresse qui semblait assez frêle, allaient venir mais en fin de compte ... ils ne s'y risqueraient pas d'après leurs dires ... ils avaient pour ambition de fouiller les alentours du village et non la forêt.

Il se tourna alors vers Ulysse et ses hommes puis il eut un petit sourire.

"Eh bien ... nous serons uniquement huit apparemment mon bon Sombreval."

Il remarqua par ailleurs qu'il était arrivé bien avant lui et ... il avait donc des informations non négligeable sur la situation qui était maintenant la leur, il regarda le fermier puis Ulysse.

"Etes vous là depuis longtemps, Seigneur ? Peut être que ce pauvre père vous a fourni des informations qui pourraient nous aider dans notre quête ?"

Juché du haut de mon destrier qui crachait sa nervosité à la face du monde par un renaclement aussi sonore que puissant, je ne masquais pas franchement mon impatience de commencer à battre les environs à la recherche du fils prodigue disparu. Dans mon dos, mes hommes d'armes étaient aussi placides et impassibles que leurs montures respectives. La tentation de m'emparer des feuilles à macher se trouvant dans une sacoche accrochée à ma selle était grande mais je résistais à l'attrait de la drogue douce m'étant utile pour trouver le sommeil. Dans le contexte, c'eut été malavisé bien que le processus n'était guère machinal et que les effets de ces plantes n'étaient parfois guère à la hauteur de ce qu'en avaient dit la sorcière. Aussi les machonner au cours d'une mission ne me porterait peut-ètre pas forcément préjudice mais mieux valait ne pas tenter le diable. D'autant que c'était l'ennui qui m'avait poussé à désirer retirer les feuilles de leur emplacement. 


La voix du vicomte de Terresang mon compagnon de traque dans cette sordide affaire malheureusement certainement trop courante en raison de la Fange qui sévissait partout maintenue à bout de vaillants bras hors du Labret et ses habitants. Je pouvais sentir le regard inquisiteur du commandant de l'odre de l'Astre d'Azur sur ma personne mais en fis abstraction. Mon propre regard fixé sur le vieil homme qui avait placardé l'annonce et aspiré à voir des soldats ou aventuriers se lancer à la recherche de son fils, je commencais à me dire qu'il était futile de compter sur d'autres volontaires. Plus nous tardions et plus la piste du disparu s'amenuisait. Nous n'allions tout de mème pas attendre que le soleil soit à son zénith simplement parce que notre équipe n'était pas au complet. Les deux nobles que nous étions avions bien assez de combattants pour lancer la battue. 


Le vicomte de Terresang se tourna finalement vers moi souriant comme s'il ne se trouvait pas en dehors de la cité et dans la boue et sans que je ne sache pourquoi ce sourire m'en tira un de connivence. J'imagine que nous pensions donc la mème chose quant à la nécessité de nous mettre au travail. "En effet vicomte ! Huit cela ne sera que plus que suffisant pour retrouver une brebis égaré." Jetant un oeil de biais pour m'assurer que ma comparaison n'avait point point heurté la sensibilité du vieil homme. Je me tournais également vers mon pair et lui répondais d'une voix paisible. "Je ne suis ici que depuis une dizaine mon cher. Quant au brave homme que nous voyons là, le père dévoré par l'inquiétude paternelle n'a pas su me donner guère plus d'information que celle-ci. Le jeune homme connait très bien les environs et s'y est rendu en compagnie d'une heboriste à la recherche de plantes. Mais, il faut reconnaitre que je ne lui ai guère posé plus de questions que cela. J'ai préféré attendre le reste de l'équipée. Bon eh bien tachons de grapiller le plus d'indications possible." Me tournant vers le fermier, je l'interrogeais d'une voix mesuré en tachant de me montrer courtois. "Pouvez-vous nous éclairer davantage mon brave ? Que portait votre fils ? Et l'herboriste ? Avez-vous une idée du chemin qu'il a pu emprunté ? Dans quelle direction sont t'ils allés ?"

Ainsi le baron attendait que plus d'hommes se joignent à la battu … mais il n'avait pas eu l'occasion de parler au père qui semblait sur le point de se ronger les ongles jusqu'au sang … compréhensible alors qu'ils vivaient une période de troubles et surtout qu'elle idée de partir pour la forêt sans escorte armée … les Fangeux pouvaient très bien se dissimuler dans les fourrés et attendre qu'une cible passe devant eux et ce n'est pas un vulgaire système de tour de surveillance tout au long du Labret qui va servir à les éloigner, il fallait maintenant réparer les pots cassés et éventuellement retrouver le pauvre bougre pour le ramener à son père.


Alexandre observa alors Ulysse faire de son mieux pour avoir des informations sur les deux personnes ayant disparu … ah, oui. Il avait eu une escorte en fait , c'était lui l'escorte ! Une escorte pour une herboriste … eh bé … une herboriste ? En forêt ? Seul ? Le petit doigt d'Alexandre lui disait qu'ils n'avaient peut être pas disparu, peut être s'étaient-il attardé dans une petite clairière, le jeune homme entrain de lutiner la belle demoiselle … quoi ? On pouvait rêver non ? Tout les problèmes n'étaient pas liés aux Fangeux ! Si ? Eh merde.


Le vieil homme semblait se souvenir de quelque chose, au moins le Rouquin avait était courtois et le père inquiet avait une confiance envers celui qui retrouverait probablement son fiston.


L'homme lui décrivit alors la belle de la tête aux pieds mais aussi son fils, tout deux étaient habillés très simplement … normal pour des gens du peuple mais le jeune homme était un grand brun au regard noisette, un duvet sur son menton et une fine cicatrice sous son œil gauche … la demoiselle, une jeune femme au teint blafard et blonde … avec cette description, le groupe n'était pas sortie de l'auberge… la description que le vieux leur avait donné représentait presque 50 % de la population actuelle du Morguestanc. Alexandre soupira mais il hocha la tête, le couple était parti vers la forêt, ça les arrangeait tiens !


Le Vicomte se tourna vers ses hommes puis vers ceux qui allaient être leur compagnon de recherche.


 »Vous êtes arrivé bien avant nous, messire de Sombreval… vous dirigez donc les recherches, si cela vous sied, bien évidemment. »


Dit-il avec un petit sourire … oui, eh bien Alexandre laissait le moustachu aux commandes et alors ? Ce n'était pas parce qu'il était un haut-seigneur qu'il ne pouvait pas laisser son ego de noble de temps en temps au placard et il n'allait pas s'arroger le commandement alors qu'il était le dernier à être arrivé.

La remarque du vicomte de Terresang vis à vis de potentielles informations supplémentaires dispensées par le pauvre hère déchiré d'inquiétude eu égard à la disparition tragique de son fils me poussa à interroger ce dernier avec courtoisie et douceur. Nulle nécessité de rudoyer le paysan pour qu'il se montre bavard. Après tout, il avait pris sur lui de venir dans la cité grouillante et puante n'ayant rien à voir avec le plateau du Labret encerclé par la Fange et ses affres mais néanmoins d'un air plus agréable car moins vicié par la concentration humaine extrème de la dernière ville humaine. C'était de son sang et de son héritier qu'il s'agissait, le solide gaillard qui prendrait sa suite à sa mort de la mème manière que nous succedions à nos pater dans la noblesse. Enfin, du moins si le jeune homme était encore de ce monde. Sinon ? Eh bien, le fléau aura englouti un imprudent de plus dans sa gueule putride. Pour triste que cela serait, cela arrivait certainement toujours les jours. J'écoutais donc avec attention et compassion les dires du vieil homme qui se voulut prolixe en détails mais qui ne fit que nous rappeller à quel point la tache qui s'annonçait s'avèrerait compliquée. 


En effet, qu'il s'agisse du physique ou des frusques des deux tourtereaux l'adjectif commun semblait particulièrement adapté à cette description. Bon eh bien, j'imaginais que nous allions devoir nous contenter de cela. Nous savions au moins que la jeune femme était herboriste ce qui signifiait qu'elle serait probablement équipée comme telle. Panier, feuilles séchées, serpe et autres outils des gens de cette profession qui pourraient s'avérer des indices fiables sur le chemin de notre battue limitée mais féroce. Si, je m'y connaissais autant en matériel de cet acabit c'était certainement parce que je passais un certain temps auprès de sorcières des bois ou d'herboristes pour mes nuits difficiles. La fumée de telle herbe embaumait une pièce et y déployait un nuage apaisant, la bouillie de telle autre ralentissait le coeur et calmait les nerfs... Mais là n'était point le sujet. La fine cicatrice sous l'oeil gauche était une précision précieuse. Etant moi mème couvert de cicatrices je savais qu'elles étaient reconnaissables entre toutes. Maintenant, la vingtaine tapissant mon corps n'avait rien de significatif face à celle du fils perdu. Je jetais un coup d'oeil au vicomte alors que ce dernier soupirait bruyamment avant d'étudier les arbres de la foret toute proche. 


Je comprenais son exaspération mais pour ma part cette matinée brumeuse et inquiétante m'apparaissait comme un exutoire paradisiaque aux terreurs d'une insomnie mélancolique desespérée. Mon coeur battait plus vite dans mon ètre sous l'armure, le sang pulsait plus intensément dans mes veines, la morsure du froid était presque caresse à mes yeux. Bref, le danger me faisait me sentir plus vivant que lorsque je me morfondais entre les murs du manoir. Et dans ces instants intrépides, j'oubliais jusqu'à ma douleur car seule comptaient la mission confiée et la survie. Le commandant du renommé ordre de l'Astre d'Azur se tourna vers mes hommes et moi avant de me confier le commandement gracieusement. Je sentis un sourire canaille poindre sur mes lippes gercées. "S'il est vrai que je me les gèle depuis un peu plus longtemps que vous vicomte, je n'aurais su prétendre à mener notre troupe. Mais, bien soit je suis plus qu'honoré de la faveur que vous me faites. Je vais tacher de me montrer à la hauteur de votre confiance mon cher." 


Puis, faisant volter ma monture vers la foret à la fois proche et lointaine je me dévissais de la selle pour adresser quelques mots de sympathie au père éploré. "Nous vous faisons la promesse solonelle de tout faire pour vous ramener votre fils s'il est en vie mon brave. De mème que votre belle-fille car la drolesse pourrait bien le devenir après pareille aventure." Puis, je fis avancer ma monture à la robe neigeuse au pas avant de me tourner vers le groupe de soldats dont le vicomte. "Je propose que nous nous rendions dans les bois au trot messieurs et ce afin d'étudier les traces potentielles. Je ne sais pas si vous ètes bon chasseur votre grandeur mais Letto ici présent est un excellent traqueur. S'il y a empreintes fraiches ou moins fraiches il nous faut les analyser. Bien en avant !" Menant la colonne, je trottais paisiblement le vicomte près de moi et nos hommes dans le dos.

PS : 16 sur 20 au dé soit empreintes découvertes à l'orée des bois

Juché sur le haut de ma monture piaffante et remuante dans l'aurore glaciale d'une nouvelle journée de service envers la cité et ses habitants, je jetais un regard en biais afin de jauger la formation adoptée par les hommes du vicomtes ainsi que mes Griffons. Satisfait de constater que le professionalisme de ces vétérans les avaient naturellement poussés à opter pour un quadrillage relaché mais de manière suffisamment mesurée pour que l'intervalle entre chaque hommes d'armes ne laisse guère de lattitude à un fangeux pour s'adonner à un carnage, je reportais mon attention sur Letto qui examinait les traces devant nous. Un crachat graveleux atterit à deux pas de ma monture tandis que je maitrisais le cheval d'une légère pression sur les rènes. Le vicomte de Terresang se porta à ma hauteur tandis que je me faisais la réflexion que j'avais peut-ètre distillé un peu trop d'optimisme au vieillard éploré. Mais que vouliez-vous cela ne coutait pas grand chose de se montrer compatissant envers ce pauvre hère d'autant que celle-ci me venait assez aisément au vu de toutes mes pertes des griffes du fléau. 


Dans le meilleur des cas, le jeune homme était trop passioné par l'étude de l'anatomie de son accompagnatrice et le père pourrait voir son foyer s'agrandir avant le printemps. Faire la bète à deux dos pouvait se montrer réellement éreintant et accaparant au point d'oublier de rentrer retrouver le dur mais nécessaire labeur de l'exploitation familiale. Dans le pire des cas, nous ne retrouverions que des morceaux du fermier et l'essentiel de sa personne aura servi de repas à l'une des créatures avides peuplant ces marais. Pour l'heure, impossible de se prononcer mais une chose était sure je comptais bien effectuer tout ce qui se trouvait en mon pouvoir pour retrouver cet homme. Représenter le dernier des siens est un fardeau bien trop lourd pour les épaules frèles d'un villageois au bord de l'abime de sa vie. J'échangeais un simple coup d'oeil avec mon traqueur et pus lire dans celui-ci le message suivant. "Pourrait correspondre commandant mais pourrait tout aussi bien ètre celles du premier péquin du coin." J'avais tellement l'habitude de ces sorties que ce seul regard fut suffisant. Le chef de mes éclaireurs et meilleur pisteur se fendit d'ailleurs d'un haussement d'épaule un brin cynique. 


Je croisais le regard du vicomte qui m'adressa un léger sourire avant de s'exclamer que les dieux nous bénissaient de leurs augures. Ne souhaitant point froisser mon partenaire de traque qui était probablement bien plus dévot que moi, ce fut à mon tour d'hausser négligement les épaules. Je ne pus m'empecher néanmoins. "Ce ne sont pas les dieux qui retrouveront ce fils si jamais il est en vie vicomte. Mais nous, de simples hommes mais je vous accorde que je prie pour que Rikkni guide nos bras si nous croisons des non morts." Rendant un sourire féroce de détermination au noble, je tirais une flasque de vin de ma selle et la portais à mes lèvres. Exit les herbes mais un petit coup de rouge pour se revigorer ne faisait pas de mal. 


Je n'aurais pas franchement l'occasion de m'arroser le gosier par la suite alors autant en profiter. Proposant l'outre au Terresang, je reprenais. "Ces traces peuvent ètre celles de n'importe qui je ne le sais que trop bien mais il nous faut une base de départ. L'homme est accompagné d'une herboriste ce qui signifie qu'une ceuillette est envisageable. Il s'avère que pour certaines raisons je connais bien des plantes. Nous n'avons qu'à pister ces traces tout en s'assurant que de la substance médicinale se trouve quelque part dans le coin. Je ne vous promets néanmoins rien. Le pas devrait suffire." Nous ne devions pas manquer le moindre indice aussi un rythme de chevauchée aussi léger me paraissait idéal. Letto était un vieux roublard expérimenté mais mème lui pouvait se tromper.

Résultat dés : 5 la piste n'est pas pertinente et une fois engagés il faut relancer dans une autre direction.

La mine dépitée de mon maitre traqueur m'arracha un soupir désabusé. Letto était pourvu de ce perfectionnisme des spécialistes de leur branche. Si pour ma part, nous ne faisions que nous lancer dans cette opération de sauvetage  le vieux briscard qui fut autrefois forestier prit cet échec comme un camouflet autant qu'un signe de mauvais présage car l'homme était bien plus pieux que je ne le serais jamais. Laissant ma monture renacler et contempler son souffle devenir panache dans cette matinée glaciale, je tentais de rechercher des indices de la présence ou du passage du jeune homme et de sa belle dans les environs à l'instar de mes quelques hommes montés. Cependant, force était de constater que nous ne vimes rien de particulier jusqu'à ce qu'un soldat de l'Astre d'Azur n'interpelle son commandant en revenant d'un bosquet tout proche. Le vicomte fit trotter son cheval jusqu'à son homme avant de se pencher pour observer quelque chose. 


Décidant de suivre le de Terresang, je me portais à sa hauteur en faisant avancer mon destrier bai au pas alors que mes hommes s'arretaient en formation à une distance respectable les yeux en alerte et les mains près de leurs épées suite à la découverte macabre du cadavre inopportun. Je pris un long moment pour détailler le jeune homme mort adossé à un vieux tronc rabougri. Du sang au coin des lippes lui ayant barbouillé la gorge d'un éclat carmin, un détail primordial me frappait. L'expression du malheureux n'était point pétrie d'horreur comme cela aurait été le cas d'un trépassé d'une cause toute Fangeuse. Le vicomte se saisissa prestement d'une petite hache de jet tandis que je m'épargnais le fait de dégainer ma lame avant le moindre signe de danger effectif. Mon heaume pendouilla dans mon dos et teinta contre mon plastron alors que j'étudiais d'un air torve les environs idéal pour une embuscade. 


Ecoutant le rapport des troupiers de l'Azur, je fis reculer mon cheval de quelques pas dans l'attente de l'observation finale du soldat quant à la cause de la mort. Assassiné et non mordu ou griffé mon instinct ne m'avait pas fait défaut. L'expression du jeune malheureux ne l'indiquait que trop bien ce fut un homme redoutable certes mais un simple homme qui eut raison du milicien qu'il avait semble t'il été. Trop vert, trop inexpérimenté, trop téméraire mais surtout bien trop jeune pour tomber si tot. Réflexion bien tendre de la part d'un homme rompu à la guerre depuis plus de quinze ans. Mais, certaines choses ne changeaient jamais. Le vicomte de Terresang rangea finalement sa hache et se tourna vers moi pour prendre mon avis. 


"Brigand, banni, renégat nulle différence entre ces trois possibilités votre grandeur. Cela se pourrait mais ce milicien pourrait tout aussi bien avoir appartenu à une coutellerie poursuivant une autre mission. Dans tous les cas, nous savons désormais que pareille sort a pu advenir au fils du fermier et sa donzelle. Ce qui signifie que nous pourrions éventuellement devoir affronter des humains plutot que des Fangeux ce qui je ne le vous cache pas me plairait autant." Ramenant ma monture en avant suite au jugement final du dénommé Philibert qui venait d'achever l'examen minutieux du cadavre dénudé. "Je pense que vous ètes dans le vrai monsieur le vicomte. Ainsi au lieu de suivre au petit bonheur la chance des traces éventuelles. Nous nous concentrerions sur celles d'une unité bien plus aisément tracables. La célérité de vos hommes fait de l'ombre à la mienne aussi je vous laisse la préséance d'ouvrir la marche votre grandeur." Puis, nouant mon heaume sur ma tète, je fis tourner bride à ma monture.

Alexandre se disait qu'il était dans une affaire de merde … ils avaient trouvé le corps d'un pauvre gamin et voilà qu'ils allaient devoir peut être se mettre à poursuivre des corps, car ce qui était arrivé à ce milicien aurait très bien pu arriver au reste de la coutillerie et bien sûr aux deux disparus mais fallait-il encore savoir où ils se trouvaient et avec le fait que Leto, le traqueur de Sombreval ait était « humilié » en quelque sorte par la non-aptitude en traque des hommes d'Alexandre voilà que le baron permettait au Vicomte d'ouvrir la marche, il se mit alors à sourire et inclina la tête à son encontre.


 « Trouvons dans ce cas l'unité de ce malheureux … la clairière semble être une bonne piste. » A ses mots, le cheval renâcla comme si il acquiesçait aux dires de son maître, de sa bride, il fit avancer le destrier jusqu'à la soldatesque de l'Azur.


 « Philibert, reste ici et prépare le corps pour le transport … nous le prendrons lorsque nous reviendrons sur nos pas, nous n'allons pas laisser ce malheureux pourrir à l'air libre. »


Puis il fit signe aux deux autres fantassins de passer devant alors que Ulysse et sa propre escorte se trouvait derrière eux. Il n'eut pas grand mal à trouver les traces de bottes qui menèrent les hommes jusqu'à une petite clairière où un fumet de mort semblait s'immiscer dans les narines de chacun … bon sang, un Fangeux s'était-il donc amené jusqu'ici attiré par la foule ou alors … Alexandre se mit à démonter sa monture alors que ses deux hommes approchèrent tout en enlevant les feuillages qui gênaient la mobilité de chacun.


Un charnier, voilà ce que se trouvait en face des hommes de la mission de sauvetage … une scène sanglante où deux camps s'étaient affrontés pour la survie de chacun mais est-ce que c'était un chien à côté de l'homme sans tête ? Même les animaux étaient victime de la barbarie humaine alors que fléau était omniprésent.


Il s'approcha alors, reprenant sa hache de jet à son ceinturon angoissant sur le fait que peut être ils avaient était tués par un Fangeux mais il s'avéra qu'à à mieux y regarder, ces blessures étaient la cause d'armes humaines … des dizaines de personnes … bon sang … le Vicomte se dirigea vers le corps d'un milicien au bras mutilé et à la tête a moitié décollée.


 « Cet affrontement n'est pas récent mais je peux me tromper avec ce soleil, la corruption a pu prendre rapidement et ... »


Alexandre se figea alors sur place, il aperçu à travers les fourrés une ombre … peut être était-ce son imagination, il n'en savait rien mais il avait juré avoir aperçu une silhouette … et cela s'avéra lorsque des fourrés furent forcés par un homme habillé aux couleurs de la milice… il semblait avoir était le dernier survivant de ce triste spectacle et à en croire aux contusions sur son visage et au bras ensanglantée, l'affrontement avait dû être terrible.


 « De l'aide … enfin ... » Dit-il avant de s'effondrer sur le sol avant que les hommes du Vicomte n'accourt vers ce dernier. Alexandre se mit à soupirer et observa Ulysse.


 « Devons nous considérer cela comme de la chance, mon bon Ulysse ? »

Spoiler:

Le pragmatisme m'avait poussé à offrir la primauté de la traque au vicomte par le titre et l'expérience supérieur à votre humble serviteur. Bon, l'orgeuil baffoué de mon meilleur pisteur jouait probablement un brin car je savais le bonhomme très fier de ses talents d'ancien forestier. Je ne pris cependant pas le temps d'offrir quelques mots au pisteur. C'était un homme rude qui ne tarderait pas à se focaliser de nouveau sur notre mission. Ce qu'il lui fallait c'était dénicher quelque chose nous permettant de sauver ce pauvre fils et sa compagne de promenade. D'autre part, les soldats du vicomte étant originaires du duché il ne faisait nul doute qu'ils étaient bien plus habitués que mes Griffons à ces marais poissards, ces clairières trompeuses et ces terres dangereuses tandis que ma compagnie n'avait effectué que des sorties depuis notre mise au service du duc. Etudier une carte n'avait rien à voir avec connaitre des lieux instinctivement. Le vétéran de Terresang esquissa sourire, s'inclina poliment et prit la tète.
-"Faisons cela votre grandeur. Et prions pour qu'il y ait des survivants."


Formule polissée pour clarifier que je lui laissais la charge des opérations. Adressant un bref signe de gantelet à mes hommes je leur indiquais ou se positionner sur nos arrières afin de couvrir le convoi tandis que le vicomte par égard au pauvre trépassé laissait l'un de ses hommes sur place. Honorable décision que celle-ci m'offrant quelques informations sur le puissant seigneur. Jetant un coup d'oeil en passant du haut de ma monture, je gardais ma main d'épée non loin du pommeau de ma lame tandis que mes sens aux aguets assuraient la tache de guetter les environs à l'instar de chaque homme dans cette petite troupe. Nous ne tardames guère à découvrir une véritable scène de guerre immonde carnage ne pouvant s'avérer l'oeuvre de Fangeux car ces derniers n'avaient cure des animaux or un chien à la carcasse désarticulé se tenait près d'un chef arraché à son propriétaire. Cela sentait la mort dans sa macabre splendeur. Sang séché, merde, odeur rance et inique de la décomposition tout cela renforcé par l'exiguité de la clairière et le couvert des arbres.


Le vicomte démonta tandis que j'analysais en pressant ma monture en avant l'état des cadavres. Une bataille ou du moins une escarmouche entre coutelerie et bannis à n'en point douter. Les Fangeux ne tuait pas comme cela. Pas avec autant de méthode et de qualité, de raffinement dans la violence. Non, cette barbarie était tristement notre. Les bètes putrides carnassières quant à elles mordaient, griffaient sans aucune logique. Point de gorge égorgée proprement ou de tète décolletée. Alors que je faisais faire un écart à ma monture pour ne pas piétiner un pauvre bougre, je dégainais ma lame avant de rassurer mon destrier rendu nerveux par l'effluve du carnage. Il en fallait plus à ce brave néanmoins l'animal sentait des choses que nos pauvres sens d'humain ne pouvaient se targuer de deviner. Il n'était pas à l'aise sur le domaine de la Fange mais le montrerait le moins possible car c'était un bon chargeur. Au lieu de laisser libre court à mon cynisme latent, je donnais l'ordre à mes hommes de dégainer et de se tenir prèt par pure précaution. Un soldat averti en valait dix.


-"Messieurs armes au clair ! Préparez vous au pire."
Je démontais alors à mon tour et rejoignis le vicomte d'un pas nonchalant. Une fois à ses cotés, je répondais.
-"Vous avez raison seigneur. Un à deux jours ce me semble. Au vu de l'état des corps. Certes le soleil eut pu faire effet cependant le sang est plus que sec et la décomposition vient de commencer. Voyez-vous même."


Soudain, des mouvements suspects furent perceptibles dans les environs mais ce fut le vicomte qui avisa le premier le survivant du massacre. Un milicien extérieur qui était dans un bien triste état. Je le détaillais longuement avant de me tourner vers Letto. Contusions au visage et bras en charpie j'espérais pour le brave que l'amputation ne serait pas nécessaire.
-"Letto vient donc t'occuper de ce pauvre bougre. Tache de bander ses plaies le mieux possible."
Alexandre de Terresang laissa passer un soupir avant de se tourner vers moi alors que le malheureux implorait notre aide.
-"Il me semble bien que oui mon cher. Bien que la définition de chance soit quelque peu tragique en l'instant."


Je m'abaissais pour aider le bougre à se relever. Celui-ci tenait à peine sur ses jambes vacillantes et c'était un miracle qu'il ait survécu à l'extérieur aussi longtemps seul et dans cet état. Lui tendant mon outre de vinasse, qu'il accepta de bon coeur. Je lui laissais le temps de se remettre de ses émotions alors que mon homme s'affairait à bander ses plaies après avoir appliqué de l'alcool dessus. Le soldat grimaca mais ne jacta point ce qui me le rendit sympathique.
-"Ton nom soldat ? Et par la Trinité que s'est il passé ici bordel ?"

Alexandre inspira alors, l'odeur du charnier ne lui donnait pas des hauts-le-coeur, il avait suffisamment fait de champs de bataille pour n'en plus être indisposé mais il fallait avouer que là … la scène de combat était dure à voir, des viscères se trouvaient un peu partout … il semblait que les bannis aimaient jouer au vide-tripes alors que les miliciens avaient plus d'habitude de viser la tête ou les bras … bon sang. Il se tourna vers ses hommes qui avait laissé le pauvre gars aux soins d'un des soldats du baron.


 « trouvez du petit bois pour en faire un bûcher et entassez les corps des bannis… nous ramènerons les corps des miliciens à Usson pour les brûler convenablement. »


Il se tourna alors vers le survivant qui but avec avidité le picrate que le Sombreval lui avait si gentiment mit dans la bouche… il semblait assoiffé et si il était là depuis on ne sait quel jour, cela se comprenait assez aisément.


 « Gré...Grégoire… Coutilier Grégoire Grave… Je … j'ai … nous … avons était envoyé … ici pour ... »


Il reprit une bonne goulée de vin, il semblait encore sous le choc par ce qu'il venait de vivre et pourtant c'était un solide gaillard mais Alexandre avait suffisamment d'expérience dans le domaine de la guerre tout comme son acolyte ci-présent, pour savoir qu'on ne se préparait guère pour ce genre de chose.


 « Pour .. traquer ce groupe de bannis qui … » il se mit à tousser ce qui fit exaspérer un petit plus Alexandre même si il savait que forcer ce pauvre gars ne servirait absolument à rien.  « Attaquait les convois … en plus de c… ça, on a était prévenu d'la … dis … disparition d'un gamin d'un fermier local ... »


Alexandre qui s'était retourné pour contempler le spectacle morbide qu'offrait l'entassement des corps par ses hommes, tourna rapidement la tête vers le blessé qui venait de faire une révélation qui pourrait aider le groupe de sauvetage mais avant qu'il n'ouvre la bouche pour savoir où se trouvaient les deux jeunes, un cri se fit entendre.


En effet, le hurlement venait du tas de cadavre et celui qui l'avait émit n'était qu'autre qu'un homme de Terresang, de l'Azur … bordel, qu'est ce qui se passait ?! C'est alors que le tas grouillait pendant que le pauvre Herbert se faisait ensevelir sous le tas de macchabée … bordel. Son camarade s'était reculé l'arme au clair et il observa son ami se faire arracher la gorge.


Le responsable de tout cela n'était qu'autre qu'un banni a qui il manquait la moitié du bras et dont l'oeil gauche manquait à l'appel … d'ailleurs, son pied droit était étrangement tourné dans le sens inverse … bon sang … comment ce pauvre gars ,n'avait pas pu voir ce truc se réanimer ?! Alexandre ne dégaina pas de suite son épée mais prit plutôt sa hache de jet … certes, il était assez mal en point mais il ne fallait pas sous-estimer ces créatures.


 « Il semblerait que ce criminel ne nous emmerde … Ulysse, vous êtes prêt à abimer encore plus ce truc ? »

L'expérience du commandement du vicomte suintait littéralement dans ses ordres secs et brefs que ses hommes portant la livrée de l'Azur s'empressèrent d'exécuter avec célérité. N'ayant rien à redire à sa gestion de la crise, je me contentais d'observer le charnier morbide de l'air détaché de l'homme de guerre trop habitué à la manifestation de la faucheuse pour encore se formaliser de ce qu'elle avait de plus crasseuse, malodorante et horrible. La puanteur odieuse de ce bain de sang tristement tragique du fait de l'humanité des protagonistes ne me génait mème pas. Proposant naturellement mon outre de vinasse au survivant milicien, je reportai finalement mon attention sur le pauvre bougre dont l'état était réellement préoccupant mais qui ne semblait pas à deux doigts de se muer en fangeux Rikkni soit louée. Le rythme avec lequel  le  gosier du survivant résonnait de la descente de mon vin en disait long sur bien des choses. Je pouvais dire adieu à mon picrate. Cependant, cette soif insatiable prouvait que plus de deux jours avaient passés avant que le malheureux ne tombe sur notre chevauchée.


Un véritable miracle qu'il n'ait point été graillé par des créatures en meute alléchées par cette proie solitaire et éprouvée. Alexandre de Terresang se retourna de nouveau sur l'assoiffé après avoir distribué ses instructions à ses gens de guerre et put ainsi contempler aussi bien que moi le début d'explications laborieux du milicien. Mon regard était compatissant car j'avais vu mon lot d'hommes démoli par les affres de la guerre. Celle-ci faisait rapidement et impitoyablement le tri entre ceux ayant les épaules et les trippes pour l'affronter et les autres. Les vétérans connaissaient néanmoins eux aussi cette peur viscérale seulement ils l'avaient apprivoisé d'une manière ou d'une autre. Les tètes brulés étaient une rareté peu répandu dans le milieu. Un cliché surfait bien que certains de mes bouchers étaient assez fols pour rouler à l'adrénaline à mon instar. La différence étant que ma guerre contre la Fange reposait sur de bonnes raisons mais personelles bien plus que nobles.


Un coutilier donc je n'imaginai pas ce que cela devait faire ressentir de voir son unité décimée de manière aussi monstrueuse non pas par des fangeux mais des hommes. Le dénommé Grégoire toussota ce qui ne manqua point d'agacer mon camarade de mission. Tandis qu'Alexandre se retournait de nouveau pour contempler le carnage, je posais une main réconfortante sur l'épaule du gaillard. Des bannis donc leur étant tombé dessus par surprise. Le combat avait tourné court car la hargne se trouvait du coté des hors la loi ainsi que l'effet de surprise. Une embuscade bien menée ne laissait que rarement de chances de s'en sortir. Mes sourcils se dressèrent sur mon front alors que le coutelier évoquait le jeune que nous recherchions mais avant que je ne puisse l'interroger plus en détail un cri strident déchiqueta la paix forestière relative.


Un hurlement humain de desespoir et de rage. Pivotant sur moi mème lestement, je dégainais mes deux lames d'un seul geste. Je suivis le regard d'Alexandre et repérai rapidement la source de ce cri. Un soldat de l'Astre était en train de se faire tailler en pièce ou du moins égorgé par un survivant du massacre. Enfin survivant, le terme était quelque peu tronqué. Car, le maccahbée s'il avait passé l'arme à gauche était devenu une créature. Son camarade le plus proche jetait des yeux fous sur le spectacle mais gardait son sang froid puisqu'il avait dégainé prestement. Le banni était en piètre état preuve s'il en fallait de la violence extrème de l'affrontement dont ces lieux avaient été témoins. Le vicomte dégaina sa hache de jet plutot que son épée et me lanca une phrase qui me fit sourire. Nous avions tout de mème perdu un homme stupidement cependant le franc parler du vicomte me plaisait.


-"Condoléances pour votre homme votre grandeur et quant à votre proposition c'est avec grand plaisir."


Me tournant vers mon pisteur, je lui adressai un bref signe de la tète et Leto arma son arbalète rapidement avec l'économie de geste du tireur consommé. Son carreau fusa vers la créature et vrombit dans l'air frais de cette journée hivernale. Puis, me tournant vers mes hommes je distribuais à mon tour des ordres.


-"Décapitez moi tous les cadavres de bannis que vous trouverez et soyez prudents je ne veux pas qu'une jolie courtisane ait à pleurer l'un d'entre vous par innatention. Votre grandeur je vous remercie de me laisser la primauté."


M'approchant d'un pas nonchalant vers le fangeux bien mal en point je maintenais une distance respectable avant de frapper d'estoc pour fendre le crane décomposé d'un violent moulinet. J'espérai que cela suffirait à abattre le non mort. L'invitation du Terresang semblait sous entendre que nous pourrions venger cette coutelerie en nous acharnant sur ce gibier de potence mais je préferai néanmoins éliminer cette menace rapidement.

On pourrait penser qu'Alexandre était insensible à la mort de son soldat qui avait perdu la vie … mais il n'en était rien, le jeune homme avait était un bon gars et un bon élément maaaais … le Vicomte était avant tout un leader et un guerrier ! Il n'allait pas s'émouvoir en plein combat alors qu'il en avait vu d'autres sur différent champ de bataille durant sa longue vie.


Alexandre hocha la tête à l'encontre de celui qui deviendrait bientôt son vassal et le laissa lancer l'assaut en premier alors qu'il se trouvait derrière lui prêt à faire en sorte de le couvrir mais il savait que les soldats alentours et même les seigneurs ne seraient peut être pas de taille à combattre cette monstruosité même si … il semblait en assez mauvais état … peut être que cela changerait la donne !

Spoiler:

Peut être était-ce la peur qui avait imprégné le traqueur de Sombreval ou alors, était-ce le fait qu'il n'eut pas le temps de viser mais il fallait bien avouer que la créature avait senti passer le carreau d'arbalète qui lui avait fendu sa jambe et lui avait presque retirée cette dernière qui était déjà en mauvais état à son extrémité mais voilà que la créature en avait encore dans le ventre même si il était a moitié sur le sol et que son grognement révélé que la douleur était atroce. Il se tourna alors vers Ulysse qui le chargea.

Spoiler:

La tension montait mais voilà qu'alors le guerrier semblait motivé pour combattre la créature, il avait l'air corrompu par l'aura de la créature, le profane ou même le simple d'esprit aurait pu penser que la lame avait était guidé par un pouvoir inconnu pour ne pas qu'elle transperce le corps du Fangeux … Alexandre n'attendit pas que le Sombreval ne se fasse lyncher, il lança alors prestement sa hache de jet comme si sa vie en dépendait mais c'était surtout celle du rouquin qui l'était !

Spoiler:

Mû par la volonté de sauver l'homme qui allait très certainement se faire trucider par les griffes de la créature malgré une moitié de jambe en moins, la hache de jet du Vicomte de Terresang fendit l'air pour trancher dans le vif … Alexandre eut une seconde d'étonnement … il avait autant de force que ça dans sa main droite ? L'épaule avait était coupée littéralement pile à la clavicule … putain, fallait qu'il se fasse amputer plus souvent, ça allège le tout, merde … La créature d'outre-tombe hurla de douleur mais aussi d'agonie, le sang qui était le liquide de la vie pour les humains semblaient l'être également pour ces bestioles qui tomba à terre comme un simple humain tout en geignant.


Le Vicomte s'approcha alors d'Ulysse qui lui mit une tape sur l'épaule avant d'aller chercher son arme qui s'était plantée dans le sol … il regarda vers le ciel boisé … Rikni avait donc donné sa bénédiction à l'expédition de sauvetage contrairement aux hommes alentours.


 « Vous allez bien, Ulysse ? »