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 [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn

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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptySam 1 Juin 2019 - 20:42
C'est bien mignon ce qu'elle me dit, mais on ne se serait pas parlé et elle me verrait sans masque, elle m'éviterait. Alors je veux bien croire que maintenant qu'elle me connaît, elle saurait voir au-delà, mais cela reste particulier. Et on peut avoir vu bien des choses, c'est pas pour autant qu'on a envie de les revoir, ou d'en voir d'autres.

- Mouais...

Réplique pas vraiment profonde, certes, mais emplie de doute. Autant dire que la suite me laisse bien perplexe. Voilà qu'elle déblatère la liste des qualités qu'elle voit en moi. Oh, c'est pas désagréable à entendre, mais j'suis vraiment pas habitué. Et forcément, cela soulève en moi de la suspicion. Sauf sur la fin, quand elle dit que mes qualités ont plus de valeur que celles des mondains.

- En même temps, les mondains ont-ils des qualités ? Du peu qu'j'en ai compris, on comprend rien à ce qu'ils racontent. Le paternel était obligé de redire avec d'autres mots ce qu'il avait compris pour parvenir à une vente. Et il vendait surtout des légumes, hein ! Des clients dont il se passerait bien. S'il avait les traits tirés en revenant du marché, je savais qu'il avait discuté avec les mondains. D'un autre côté, j'en connais pas.

Le fait que je ne sois pas repoussant commence à m'indiquer la voie que la conversation prend. Je traduis... Je suis un type bien, avec de vraies valeurs, une vraie utilité et je ne suis pas repoussant. Cela ressemble à une invitation à rejoindre sa couche. Et je pense qu'elle l'a réalisé puisqu'elle tente de se rattraper. Et là, ça m'amuse, car elle me traite de tueur à sang froid. Je saisis l'occasion au bond.

- Rooh, arrête de me flatter, c'est gênant...

La suite sur mon manque de romantisme m'arrache un sourire par contre.

- J'avais amélioré le repas pourtant. Les chandelles doivent manquer. Pourtant, le feu dans l'âtre, j'trouvais ça pas si mal. Oui, ok, une table et une chaise aussi, je présume.

Peine perdue, elle réattaque, et là elle devient plus claire. Je dois prendre confiance en moi et ne plus renoncer. Et puisqu'on parlait d'amour, de couple et que dans l'absolu elle est la seule femme à l'horizon, je lui dis le plus sérieusement du monde :

- Tu as raison et j'ai bien saisi que tu ne vomirais pas si je te prenais. Alors...

Je tape dans mes mains !

- Retire le bas et à quatre pattes. 'fin, l'temps que j'sois vraiment rassuré, tu vois ? Puis bon, avec un peu d'chance, d'ici demain, j'pourrais être devenu un amant potable. Mais n'espère pas de miracle, j'débute, moi...

Je renifle un coup, semblant attendre qu'elle prenne position puis retient un rire. J'aurais "exploser" de rire si nous n'étions pas dans les marais, entourés de fangeux. Mais bon, les larmes au bord de mes yeux trahissent mon amusement. Il disparait quand elle me pose la question : ai-je été banni ?

- Sérieusement, ça changerait quelque chose ? Que le Duc m'ait condamné ou non ? Tu as le sentiment d'avoir face à toi une victime ? Je n'aurais pas pu vivre en ville de toute manière. Ce que la décision du duc a changé, c'est que d'autres ont été obligés de vivre hors des murs. Et que par la force des choses on se soit regroupés. Après, j'ai tué des miliciens, tu t'en rappelles je pense. J'ai participé à des attaques de convoi. Et je l'aurais fait même sans eux parce que la nécessité l'imposait. Alors non, le duc ne m'a pas personnellement condamné au bannissement, mais sa politique a fait de moi l'allié des hors-la-loi et le gibier des miliciens. J'lui en veux même pas, on fait comme on peut avec ce qu'on a. Juste, il aurait choisi de brûler l'avant-bras gauche, je gérerais sans doute une ferme dans le Labret et je me battrais pour survivre, mais en cultivant des terres et en ayant un toit.

Serait-ce réellement mieux ? Il n'en est pas convaincu.

- Si tu en parles par chez toi, on te dira que tu t'es faite avoir et tu pourrais être condamnée pour avoir laisser courir un banni qui t'aura arnaquée. Si tu en parles par chez moi, ils me considéreront comme un traître et me tueront. Cela te consolera peu de ta propre mort... Alors, dis-moi, Serena, cela change quoi ?
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Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMer 19 Juin 2019 - 13:51
Son cerveau semblait soudainement avoir totalement cessé de fonctionner. Incapable de réagir, de savoir comment réagir, son corps s’était arrêté de fonctionnée et son visage exprimait toute sorte de sentiment contradictoire face aux vulgaires paroles du banni. Tout d’abord, bouche-bée, désabusée et abasourdie, enfin complètement embarrassée par le malentendu. Évidemment, une certaine forme de colère la traversa finalement lorsqu’elle lut tout l’amusement de ce dernier.

« Ce n’est pas ce qu…. »

Mains sur son visage, elle se retrouvait à nouveau totalement déstabilisée par ces actes et propos. Pour l’heure, elle avait envie de se cacher ou peut-être effacer ce moment de sa mémoire. Elle grommela un moment avant d’essayer de revenir à un sujet plus sérieux qui continuait à la travailler : son bannissement.

Comme souvent, ses paroles aussi dures que justes. Il n’y avait pas la place aux nuances, aux doutes. Tout était des faits et il n’avait donc rien à faire ou justifier. Son raisonnement n’était pas faux, mais quelque part, il ne lui semblait pas juste non plus. Difficile donc pour elle de savoir comment répondre à cet aveu et surtout si ce qu’elle s’apprêtait à faire était une bonne idée ou non. Son regard perdu dans les flammes, elle hésita un moment, essayant de trouver les mots avant de se faire surprendre par sa question. Cela change quoi ? Ses lèvres entrouvertes, elle le regarda un moment…presque sans réponse.

« Cela change tout. »

Conclut-elle étonnement d’un ton bizarrement convaincu. Elle savait, oui, elle savait. Jamais les choses ne seraient aussi simples, mais…

« Tu n’es pas un ennemi du Duc ou du Duché. Tu es survivant et tes actes peuvent être qualifiés de simples défenses. Si…oui, si tu venais à prouver ta valeur et ta loyauté, je suis sûre que… »

Non, son visage, son expression ne laissaient pas place à une telle possibilité. Ce n’était pas qu’il ne l’avait jamais envisagé, c’est qu’il ne l’avait jamais réellement souhaité. C’est du moins ce qu’exprimait son regard alors qu’elle s’était légèrement emportée par la nouvelle. C’était un fait, aussi logique que naturelle, et pourtant quelque chose en elle ne parvenait pas à l’accepter.

« Jocelyn… Je n’ai pas encore été tout à fait honnête avec toi. »

Était-ce le moment ? Le bon moment ? Il y en avait-il seulement un ? Sa tête lui criait de s’arrêter immédiatement de parler, mais ses convictions, son honneur l’en empêchaient. Le chasseur n’avait pas mérité tel destin et il pouvait devenir un allié crucial pour le dernier Duché de l’humanité. C’est ce que ses instincts lui disaient.

« Si, je suis ici, ce n’est pas par hasard. Je mène une enquête, ma propre enquête, sur la forteresse de Traquemont avec la ferme intention de la reconquérir si elle s’avère encore en assez bon état… »

Comment allait-il prendre la nouvelle ? Son cœur se serrait à l’idée de le voir lui tourner le dos. Aussi, ses yeux fuirent à nouveau dans les flammes tandis que ses lèvres continuèrent à parler.


« Si j’y parviens… Alors la zone serait sous ma juridiction… Ces fer….Ta ferme également. » Elle marqua une pause afin de prendre une longue inspiration. « Jocelyn, si tu venais à m’aider, je serai plus que ravie que de te redonner ce qui te vient de droit. » Son regard sur tourna sur lui, redoutant les conséquences de ces aveux envers lui tout en espérant qu’il y voit une opportunité à saisir. « Tu n’auras plus à te cacher dans les marais… à fuir la milice ou le regard des autres. Tu seras chez toi. »



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptySam 29 Juin 2019 - 20:17
Si la première fois que nous nous sommes rencontrés, ses craintes quant à sa pudeur m'avaient dérangées, j'ai largement franchi le cap désormais et voir ses réactions et ses changements de tête lorsque je feins de comprendre qu'elle m'invite dans son lit sont à mourir de rire. La suite l'est moins. Car non seulement mon explication sur mon "bannissement" n'a pas l'effet escompté, qui est de lui faire réaliser l'injustice de la chose, mais en prime elle s'autorise à m'avouer qu'elle m'a menti.

- C'est dommage que tu n'aies pas été tout à fait honnête avec moi, car je l'ai été avec toi. Je ne suis pas adepte des mensonges et des faux-semblants sauf quand il s'agit de survie. S'ils m'imaginent gentil au village, ils me trucident. Alors qu'en définitive, c'est moi qui les accueille.

Je m'étais installé dans ce village peu avant que le Duc n'ordonne les bannissements. Quelque part, c'était chez moi. Quelque part, ça l'est encore. Sauf que seul, je ne pourrais chasser les autres si l'idée me venait. Et qu'en prime, je n'en ai nulle envie. Il n'y a qu'avec eux que je peux m'offrir un petit rab de vie. Mais bon, ce projet fort utopique me paraît bien plus simple à réaliser que celui de la jolie blonde qui me fait face. Elle "enquête" sur Traquemont et voudrait le reconquérir. Je lui souris gentiment.

- Rien que cela... Reconquérir Traquemont, et visiblement sans en avoir reçu l'ordre...

Elle doit avoir pris un mauvais coup sur la tête et la suite me conforte dans cette idée. Elle pense qu'elle sera la chef de ces terres reconquises, elle s'imagine que je vais l'aider et me propose même de me rendre ma ferme si je l'aide. Je souris. Elle me fait le même coup que moi plus tôt en l'invitant à se mettre à quatre pattes. Oui, ça ne peut être que ça. Mais j'attends, et non, pas une étincelle dans le regard, pas un coin de lèvre qui vibre. Elle est sérieuse. Et je prends un coup au moral intense.

- Soit tu es d'une naïveté confondante, soit tu es carrément stupide !

Mon analyse est cruelle, mais je ne trouve pas d'autres mots. Autant lui expliquer, mais je sais que je ne serai pas tendre.

- Soit Traquemont est reprenable juste par une femme milicienne et un archer et l'exploit n'aura aucune valeur. Tu ne deviens pas un héros chez les bannis en cueillant un champignon, je doute que tu deviennes une héroïne en reprenant seule ou presque une place forte n'appartenant à personne. Mais on y reviendra.

Autant la mettre face à la réalité. Seule ou avec moi, si elle y parvient, ça ne vaudra rien. Autant poursuivre.

- Et quand bien même tu créerais un exploit. Tu chasses dix fangeux qui occupent la zone grâce à une invention quelconque. Je te rappelle que tu es femme de Duc. Enfin, que tu es au service du Duc. Ce qui signifie que ce que tu conquis, tu le fais en son nom et pour lui. Traquemont lui reviendra à lui. Et donc, forcément, les lois sur les bannis seront toujours d'application. Blesse-toi au bras et c'est fini, la civilisation, pour toi. Et quand bien même le Duc ne voudrait pas s'en charger, pourquoi confierait-il le merdier à une femme. Et pourquoi pas à un homme, plutôt, comme ton frère ou n'importe quel nobliau qui a été formé pour gérer des terres avec des gens, car je présume que ça s'apprend.

Ma question semble pertinente. Mais j'ai envie d'aller plus loin.

- Bien, Traquemont est tombé. Tu le sais, je le sais. Nous ne sommes plus chassés quand on tourne non loin de ce lieu, ce qui est un signe. Et vous, je présume que vous ne recevez plus de convoi ou de courrier ou que sais-je de là-bas. Alors je ne vois que deux options. La première, la moins probable, ils ont mal entretenu le lieu, il y a eu un trou dans une muraille et c'est le genre d'erreur qui ne pardonne pas. Des fangeux auront repéré la faille et le massacre aura eu lieu. Mais quand tu vis à l'extérieur, tu ne peux pas te permettre d'être stupide. Tu l'es encore moins en groupe, car si une information peut t'échapper, elle n'échappera pas à ta copine ou ton copain. Car si on ne fait pas attention, si ici par exemple tu avais oublié de remonter l'échelle, moi j'y songerai. Pour sauver ma peau, et accessoirement la tienne.

Je ne parle plus à une milicienne qui fait sa première mission dehors. Elle en a faite d'autres, et elle y a survécu. L'attention de tous les instants, elle connaît. Donc elle doit attendre ma seconde hypothèse et j'ignore si elle l'envisage aussi.

- L'autre option est plus terrible encore. Les gens de Traquemont traquaient plus les fangeux que les bannis. Enfin, on était la cerise sur le gâteau, mais à choisir, ils préféraient tuer du fangeux. Forcément, tu te blesses. Et quand tu as été blessé par un fangeux, quand tu meures, tu deviens fangeux au bout d'un moment. C'est pour cela qu'on coupe les têtes et qu'on boute le feu. C'est pour ça que vous le faites aussi. Je pense qu'il s'est passé un truc avec un ancien blessé de la fange. Le genre truc idiot. Il se lève la nuit pour pisser du haut de la palissade, plaisir masculin, tu ne peux pas comprendre, il glisse et se rompt la nuque. Comme c'est la nuit, les rondes sont moindres, les soldats dorment. Il peut s'être tué dans un endroit peu visible car les hommes aussi ont leur pudeur.Il pouvait vouloir montrer sa lune à la lune sans être vu du gars qui surveillait des hauteurs. Il est mort sans être vu, s'est transformé et a commencé son massacre. Peut-être en surprenant les gardes qui surveillaient l'extérieur. Ou en parvenant à tuer des soldats dans leur sommeil. Et ce fangeux a donc fait d'autres fangeux. Vos glorieux combattants sont désormais de solides fangeux coincés dans la forteresse. Cela nous est arrivé deux fois au village. La seconde fois, on était prêt. La première, on a eu de la chance. Et si ma théorie est bonne, Traquemont est un piège mortel...

Donc en gros, non, il ne récupérera pas sa ferme même si tout va pour le mieux dans la théorie de Serena, ce qui est déjà impossible. Non, elle ne récupérera pas Traquemont, certainement pas seule. Et elle risque fort de mourir assassinée par toute l'escouade qui gérait Traquemont il y a plusieurs mois.

- Et au passage, je suis déjà ici chez moi. Je suis partout chez moi, sauf sur les terres que le Duc occupe. Le monde m'appartient, il m'est juste sévèrement hostile. Et il le restera. Mais je t'aime bien !

C'est un vrai sourire que je lui tends.

- Et je m'ennuie. Alors, si tu as des idées, des trucs à faire, que ça se limite à toi et moi et que ça peut me changer les idées, voire m'apporter un petit confort au quotidien ou un avantage auquel je ne songe pas et qui soit plus intéressant qu'une vague promesse, pourquoi ne pas t'aider ? Après tout, l'ennemi commun reste le fangeux. Mais mon aide devra être utile, et vu comment tu réfléchis, tu me laisseras seul juge sur ce point. Et mon aide, forcément, ne sera pas gratuite.

Je fais silence. J'ai beaucoup parlé. Maintenant, j'espère m'être trompé, qu'elle soit moins naïve qu'elle en a l'air et qu'on passe une sorte de contrat. Cela pimentera mon quotidien. Depuis que Mathilde est redevenue une personne que je ne peux plus aller voir et qu'Isaure est en mission, faut bien avouer ce qui est, je m'ennuie.
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Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMar 2 Juil 2019 - 10:38
La flamme qui animait alors son regard s’éteignit lentement sous les paroles dures de celui qu’elle ne considérait plus ennemi. Impassible, elle l’écouta son analyse peu glorieuse sur sa personne. Visiblement, il ne l’estimait pas capable d’un tel ouvrage, preuve qu’elle n’avait malgré tout pas encore gagné son estime. Difficile de cacher, masquer la déception face à une telle constatation. Le sourire à ses lèvres avait disparu, son regard étouffé et son visage baissés sur le feu. Songeuse, elle écouta néanmoins chacune de ses paroles sans interruption. Ce qu’il disait n’était pas faux, au contraire. Elle en avait parfaitement conscience. Et c’est bien pour cela qu’elle se sentait aussi peinée par ces mots. N’avait-il donc jamais envisagé qu’elle y avait déjà pensé ? Qu’elle avait déjà envisagé à un plan qu’elle n’attendait qu’à partager avec lui s’il acceptait ?

Les dernières paroles et aveux de ce dernier lui firent cependant redresser la tête. Sourcil arqué, elle le détailla longuement tandis que contre toute attente, il acceptait tout de même de l’aider… Oui, il voulait bien l’aider… par ennui. Sans un mot, Serena tenta de lui rendre son sourire avant de replonger ses yeux sur les flammes. Ce n’était pas ce qu’elle aurait voulu entendre. Ce n’était pas ce qu’elle avait espéré entendre. Pas du tout même. Difficile donc pour elle de savoir comment réagir.

Un soupir finit néanmoins par franchir ses lèvres alors qu’elle se massait nerveusement la nuque.

« Tu ne me laisses aucune chance, mh ? »

Rien. Pas la moindre question stratégique, pas le moindre conseil. Non, ses ambitions étaient vouées à l’échec, peu importe ce qu’elle avait en tête. Aurait-il agi de la même manière si elle ne possédait aucune poitrine ? Si elle était née sous l’identité d’un homme ? Elle ne pouvait s’empêcher de penser que non. Non, il aurait moins demandé ce qu’il avait en tête pour ce faire. C’était ainsi que procédaient les hommes d’armes entre eux après tout. Elle ne pouvait pourtant pas dire qu’elle ne comprenait pas sa réaction. C’était vexant, blessant, humiliant, mais normal.

« Tu m’as mal compris, Jocelyn. »

Fermant ses paupières un instant, la milicienne tenta de ravaler ses fiertés et toute sa déception avant de se redresser pour mieux effectuer quelques pas. Une manière pour elle de marquer inconsciemment la distance qu’elle ressentait désormais avec lui et d’évacuer sa frustration.

« Je n’ai jamais parlé que de moi, que de toi. Je ne suis après tout pas assez stupide pour m’imaginer conquérir une forteresse de mes propres mains. Il me faut des alliés, de nombreux alliés. J’ai simplement pensé que tu pouvais en être un. »

Mais, elle en était plus vraiment certaine désormais. Manifestement, la possibilité, même minime, de pouvoir regagner des terres et une vie normale ne semblait guère l’intéressé. Ou du moins, il ne l’envisageait pas.

« Traquemont reviendra au Duc, mais sa gérance sera inévitablement confiée à un autre. » Repris-t-elle en croisant ses bras et en lui faisant dos. « L’honneur veut généralement récompenser celui qui a alors mérité ce titre. Sachant que nous parlons de celui qui, contre toute attente, a autorisé les femmes à rejoindre les armes, cela ne me paraît pas pas si impensable d’être élue à ce juste titre. Surtout lorsque ladite forteresse a déjà été confiée aux mains d’une femme, par le passé. »

Marquant une pause, elle se tourna alors légèrement en sa direction afin de lui adresser un sourire.

« Et même si mon frère est finalement choisi, je ne considérerai pas cela comme une défaite. »

Au contraire, sa famille posséderait enfin des terres et ainsi la possibilité d’un avenir plus ou moins durable. Maintenant, les interrogations de ce dernier le concernant étaient évidentes. Aussi pour mieux lui répondre, Serena pivota suffisamment pour lui faire face.

« Mon intérêt te concernant est simple. Tes attitudes et compétences deviendront un atout majeur et non pas seulement à la prise de la forteresse, mais également à sa survie. Qui de mieux pour nous aider à élaborer des techniques agricoles, de chasse et de défense ? »

Oui, Serena avait le plus grand respect pour ceux qui parvenaient à survivre à l’extérieur des remparts. Nul ne doute que son aide serait précieuse, mais allait-il seulement accepter ? Elle ne pouvait guère l’y contraindre.

« Si réellement jamais tu n’as un jour porté la marque, alors il y a une infime chance de pouvoir te rendre ta liberté. Une réelle liberté et non pas celle d’un fugitif… Si nous parvenons à prouver que tes brûlures ont été faites durant ton enfance, avant la fange et le bannissement… et que tu prouves ta loyauté… Il n’est pas impossible que, comme moi, le Duc te considère plus utile vivant. »

Évidemment, cela faisait beaucoup de si, mais s’ils parvenaient, alors la vie du banni prendrait un tout autre tournant. Serena considérait cela comme une chance unique à saisir, mais elle n’était plus convaincue que Jocelyn parvient à le comprendre.

« Maintenant, si cela ne t’intéresse pas, ce serait assez idiot, je suppose qu’il est toujours envisageable de considérer une entente différente. »

Fit-elle en conclusion toute en haussant les épaules. Dans son esprit, il n’était pas exclu de simplement passer un marché avec lui, faire un échange de bon procédé. Mais restait encore à savoir ce qu’il souhaitait et surtout ressentait vis-à-vis de tout cela.


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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyDim 7 Juil 2019 - 12:05
Je peux lire la déception dans son regard, au fur et à mesure que j'avance mes arguments et je me demande si elle réalise à quel point j'espère qu'elle n'ait pas envisagé autre chose qu'une mission à deux. Et malheureusement, mes craintes sont confirmées. Elle me veut comme un allié... parmi d'autres... Et quitte à continuer de démonter ses arguments, cette fois, j'y vais franchement, et fraîchement.

- Ne considère pas ton Duc comme plus grand qu'il n'est. S'il a autorisé les femmes, c'est parce qu'il manquait de bras, pas par amour pour la cause féminine. Pour le reste, au niveau de ses récompense, j't'avoue que je ne connais pas son fonctionnement et que j'm'en bats un peu les steaks.

Les arguments qui suivent, Je les entends et les entend même bien. Ils m'arrachent même un petit sourire narquois...

- En fait, c'est moi que le Duc devrait nommer comme maître de Traquemont, si je suis bien ta logique. Ca sera toujours plus prestigieux que larbin, même si tu pourrais nommer cela "bras droit". Et puisqu'on parle de bras droit...

Elle ne réalise pas. Elle est milicienne et ne réalise pas.

- Donc, en gros, soit tu vas leur parler de moi. Tu connais un Jocelyn, archer fauconnier, et parce qu'il prétend qu'il a été brûlé enfant et non banni, tu demandes ma réintégration. Parfait, pour avoir laissé la vie sauve à un banni, tu seras exécutée. A moins que tu comptes m'emmener dans une ville pour me faire examiner par un soigneur. Il ne leur est pas demandé de sauver les bannis, sous peine d'être eux, exécutés. Donc, je serai mis à mort, par le soigneur ou par la garde. Et quand bien même, soyons fou, tu obtiennes ma rédemption, que le Duc décrète que hop, le fauconnier n'est plus un banni, le premier trou du cul qui demandera à voir mon bras sera en position de m'exécuter, grace ducale ou pas. Et toi, tu voudrais que j'aille me balader avec tes potes pour reprendre un fort qui nuira forcément aux miens ? Entre nous, vous feriez mieux de bâtir une ou deux protections sur le chemin entre le Labret et Marbrume et réduire ainsi une trop longue étape pour vos chariots... et nous abandonner les Marais. Et alors, peut-être que nous, les bannis, nous tenterions de reprendre Traquemont, à notre bénéfice, pour avoir une réelle protection, de vrais murs. Pour survivre, et pas pour la gloriole de quelques-uns !

Je souffle puissamment.

- Voir du monde, ne serait-ce qu'une personne, m'expose à un danger aussi certain que quand je croise un fangeux. Les bannis sont à peine moins dangereux que vous, la milice, ou les citoyens. Alors, t'es gentille, mais ton idée de m'exposer à la colère de ton peuple dans l'espoir illusoire que tu pourrais me voir au vu et su de tous, tu peux te le ...

Mettre là où je pense ? C'est un peu l'idée... Je réalise bien que ça part d'une bonne intention, mais il y a un "détail" qu'elle ne comprend pas.

- C'est ma vie, merde ! Et qu'est-ce qui te fait croire que je meure d'envie de voir des gens. Avant la Fange, je les fuyais, pourquoi voudrais-tu que ça change ? La seule différence, c'est que maintenant, il y a la fange, et que j'ai une réelle bonne raison de fuir les gens. Et ta volonté de me changer, de vouloir changer ma vie, en prenant des risques mais absolument incommensurables, me prouvent que malgré tes mots, malgré les qualités dont tu m'affubles, tu ne me respectes pas !

J'ai tendu un doigt accusateur vers elle et mon regard n'a pas fléchi, il est empli de colère. J'essaie de retrouver un peu de souffle et de calme.

- Si ton but est que je me livre volontairement ou que je m'expose auprès des tiens, enfin, de ceux de ton monde, oublie ça de suite. On se quittera au petit matin et mieux vaudrait qu'on ne se recroise plus. Mais si tu as un vrai projet, réellement besoin de mon aide et qu'elle peut se faire sans que tu ne m'obliges à rencontrer une autre personne que toi... Je prends déjà assez de risques en venant te voir ici, même si ça n'est pas pour cela que j'ai quitté le village, mais pour retrouver ma solitude.

J'ai un petit sourire en coin, sur la seule partie mobile de mon visage, celle visible. A ses yeux à elle, cela peut ressembler à un sourire tout court.

- Un rôle dans l'ombre ne serait pas pour me déplaire. Ça fait espion, ou amant secret, tiens. Ça, ça peut être amusant. Et si tu y arrives, nous ne serons que deux à savoir... J'y tiens !
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Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMar 9 Juil 2019 - 15:28
« Si vous aviez les moyens, les ressources autant matérielles qu’humaines, ce serait déjà chose faite. »

Car évidemment, une telle conquête demandait bien des moyens. Et elle n’imaginait guère les bannis en posséder suffisamment. Sinon, pourquoi se contenter des marécages ? Car comme il le disait très bien, les murs de la forteresse leur auraient donné une protection, un confort inespéré. Non, Serena n’était pas idiote. Jamais, elle n’aurait partagé ses projets avec un membre pouvant aussi facilement la doubler.

Pour le reste, il ne disait pas faux. Cruelle était la réalité. Mais ce qui la peinait davantage était surtout le manque de détermination, d’ambition de ce dernier. À sa place, jamais elle ne saurait se contenter d’un tel funeste destin. Et elle était persuadé qu’il était possible de trouver un moyen… n’importe lequel, mais un moyen de…

La milicienne sursauta lorsque le chasseur déborda de colère et prit un ton bien plus accusateur encore. Yeux écarquillés, elle le dévisagea sans un mot, surprise par une telle réaction. Sa vie ? La changer ? Ne pas le respecter ? Ses sourcils se foncèrent immédiatement.

« Parce que tu appelles cela une vie ? »

Simple question. Parce qu’elle ne possédait visiblement pas la même définition. Vivre et survivre n’étaient pas la même chose. Mais encore une fois, un mur invisible, une crevasse semblait se former entre eux deux tant que leur monde était différent. Curieusement, ce n’était pas elle qui le pensait et maintenait cette différence. Curieusement, c’était lui.

« Nous nous levons et nous nous couchons sous le même ciel, nous empruntons la même terre et nous respirons la même aire. Tu vis dans le même monde que moi, comme je vis dans le tien. »

La colère avait disparu, la surprise aussi. Oui, le calme était revenu sur le visage et dans la voix de la milicienne. Déçue, elle l’était encore un peu, mais consciente que ce dernier s’imposait certaines limites, elle ne pouvait que l’accepter.

« Amant secret ? »

Un sourcil s’arqua à cette fine proposition avant de la faire sourire amusée.

« Il faudra alors attendre que j’ai un mari pour remplir ce rôle. J'espère que tu es patient. »

Secouant la tête à ses propres conneries, elle inspira ensuite un bon coup pour reprendre une conversation plus sérieuse et plus détendue.

« S’entraider me plairait bien. »

S’asseyant à nouveau au bord du feu, elle prit le temps de la réflexion, calmer ses esprits avant de tourner à nouveau son regard sur lui.

« Pour l’heure, j’aurai surtout pensé que tu pourrais m’aider à faire un bilan de situation. Tu m’as confié être né dans la région, y avoir vécu toute ta vie… et encore aujourd’hui. Tu dois donc connaître ces bois, ces marais et ces habitations comme ta poche. Si tel est le cas, alors tu pourrais m’éviter bien des ennuis en m’aidant à me repérer et à précisément identifier les failles de la forteresse. »
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JocelynBanni
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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyVen 12 Juil 2019 - 20:19
- Nous en avons les moyens, mais quel intérêt ? Cela nous protégerait mieux de la fange, certes, mais cela nous localiserait aussi et ton Duc enverrait ses troupes pour nous massacrer. Et cela serait logique de sa part, Traquemont est plus simple à aller attaquer que notre lieu de vie actuel.

Quitte à prouver une quelconque capacité d'analyse, autant que je démontre la mienne. Et malheureusement, elle me confirme bien son absence de respect à mon égard.

- Oh, votre Seigneurie, ainsi donc, du haut de votre tour d'ivoire, vous êtes incapable d'imaginer que ma vie soit une vie, parce qu'elle s'éloigne un brin de vos critères ? Je n'ai personne à qui je doive rendre des comptes. Si demain il me prend la lubie d'aller respirer l'air marin ou d'acquérir un second faucon, je le fais. A vos yeux je ne possède rien, aux miens le monde m'appartient. Ce qui m'intéresse, je m'en empare par la force, si besoin est. Ce que je veux, je le prends, à l'exception des femmes, et encore, tous n'ont pas cette limite. Car les règles que je m'impose sont les miennes. Je n'ai pas à plaire à un supérieur, à respecter des règles liées à mon rang ou à plaire au Duc pour survivre. Et bizarrement, je pense que je ne serai pas le premier à voir la mort de trop près, parce que ça fait des années que je maîtrise ce qui est toujours mon domaine, là où tu le découvres. C'est moi qui ai choisi que tu allais vivre, c'est moi qui t'ai guidée pour que tu survives, et si tu as le sentiment de m'être supérieure aujourd'hui parce que tu n'as pas de marques, c'est toujours moi qui t'autorises à être ici. Je suis un faucon qui vole dans les airs, ou un loup qui chasse quand il l'entend, pas un toutou qui obéit aux ordres de son maître... Et c'est toi qui me demandes si ma vie est une vie ? Ben merde, faut oser poser la question sans perdre ses dents...

Bon, certes, j'ai exagéré un brin, car il est probable que je vois la mort de trop près bien avant elle, il suffit d'une erreur, comme ne pas tuer un milicien par qu'il est blonde et a des seins. Et j'en ai cumulé des erreurs, ces derniers mois. Et si j'évite de soupirer quand elle me parle du même ciel alors qu'elle rejette mon mode de vie, mon soupir devient sourire quand elle balance qu'un amant secret impliquerait qu'elle soit mariée.

- A moins que le monde n'ait fort changé ces dernières années...

Et c'est forcément le moment où je réalise qu'il a fortement changé, puisqu'il y a la fange, mais tant pis...

- il suffirait qu'on couche hors mariage pour faire de moi ton amant, et que tu refuses d'en parler pour que je sois un amant secret. Mais bon, l'idée n'était pas là, c'est juste l'image que je trouve amusante. Presque belle en fait. C'est mieux qu'éminence grise, par exemple.

C'est avec plus d'attention que j'écoute ce qu'elle attend de moi. Cela n'est pas anodin comme aide demandée, mais pas simple pour la cause. Et ça risque d'être compliqué à expliquer.

- Au niveau des forêts et même des marais alentour, je veux dire à quelques kilomètres, je connais. Mais Traquemont est une zone dégagée entourée de marécages, certains cachés. Il y a peu de routes d'accès et si on en dévie... Et cela, c'était avant la fange. Je ne connais pas, ou pas bien, ces différents chemins et le gros souci, c'est que si un fangeux nous repère dans la zone dégagée, il n'y aura pas de fuite possible, le combat sera obligatoire. Et je ne suis jamais entré dans l'enceinte. Mes vieux, oui, pour les livraisons, mais moi, on ne me montrait pas. Puis, plus grand, disons que j'évitais le lieu. Quand tu chasses sur les terres d'un Duc, on appelle ça du braconnage, et j't'apprends rien, votre rôle était de nous capturer. Ouep, j'suis hors-la-loi depuis longtemps !

J'ai un grand sourire en le lui disant. Désormais, la chasse est autorisée, même encouragée. La chasse et la cueillette aident pas mal. Faut des peaux, de la bouffe, de quoi faire leurs médocs aussi. Mais avant, quand le danger était l'ours ou le loup, la chasse était réservée à l'élite.

- Du peu que j'en sais, les terres ne sont pas terribles dans l'enceinte du fort non plus. Peut-être de quoi faire un carré pour des plantes aromatiques, des robustes, et élever deux trois chèvres. De quoi améliorer un brin le quotidien, mais les biquettes boufferont une partie de la bouffe réservée aux chevaux. Ce n'est pas le désert, mais presque. Par contre, il y a une forge je pense et de quoi bâtir des pierres, mais dans ce domaine, j'y connais rien. Et je t'avoue que j'suis même pas sûr pour le dernier point.

J'inspire profondément et je poursuis.

- Bref, faudra au moins occuper une des fermes par ici et les cultiver pour nourrir une troupe là-bas, et que vous ayez quelques bons chasseurs. De bons archers pour défendre la place aussi, c'est indispensable. Moi je peux te mener aux limites protégées, mais ça laissera un bon kilomètre jusqu'aux murs.... et comme je soupçonne que dedans vivent enfermés des fangeux, je ne meurs pas envie d'aller voir. Pour survivre à la Fange, mieux vaut l'éviter...

Je préfère être honnête, j'peux pas lui faire croire que j'en sais plus que ce que je sais. Et accessoirement, je ne meurs pas d'envie de lui montrer mes chemins, mes lieux protégés ou mes cultures actuelles. Même si je lui fais confiance. Car forcément, les chemins qu'elle apprendrait, elle les enseignerait. A mes ennemis. Vu qu'ils sont tous mes ennemis, je ne céderai pas cela à n'importe quel prix. Estime-t-elle ce que je peux lui apporter comme suffisant ? Et si oui, que me proposera-t-elle de concret en échange ?
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Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyLun 15 Juil 2019 - 21:20
Peut-être était-ce finalement vrai. Peut-être ne venait-il pas du même monde et ne parlait donc pas le même langage. C’est du moins ce que commençait finalement à se demander Serena en écoutant son acolyte poursuivre ses accusations. D’apparence, impassible, la blonde écouta chacune des paroles, des mots balancés presque avec mépris à s’en encontre. S’il y avait bien quelques douloureuses vérités, le message principal qu’elle avait voulu faire passer avait encore été mal interprété. Visiblement, la vision que portait le banni envers la haute ou les siens était trop néfaste pour qu’il conçoive qu’elle le considère autrement qu’un membre inférieur de la société. Un constat qui encore une fois l’attristait quelque peu. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé leurs retrouvailles. Et ce n’était pas ainsi qu’elle… Bref. La réalité s’amusait toujours à piétiner rêve et fantasme, c’était bien connu.

Pour l’heure, la milicienne ne décida de rien répondre à ce sujet. Son lourd silence en valant bien des mots. Le fils de la conversation divergea alors lentement mais sûrement pour redevenir plus léger. Les deux plaisantèrent brièvement avant qu’elle ne lui fasse finalement part de son souhait d’information. Ses oreilles écoutèrent alors attentivement les divers renseignements, qui, elle devait bien l’admettre, n’étaient guère réjouissants. La tâche à accomplir paraissait colossale, voire impossible.

« Traquemont était habité par des habitants relativement loyaux et déterminés avant de finalement céder à la fange. Ils devaient donc avoir les moyens de subvenir à leur besoin. Il suffit de trouver lequel. »

Têtue, oui, elle l’était. Il faut dire que la situation ne lui laissait pas réellement d’autre choix. La forteresse était peut-être sa seule échappatoire, sa seule prise de liberté qu’elle pouvait espérer. Elle n’était donc pas prête à abandonner le projet et cela malgré les obstacles qui lui barraient la route. Le regard et le jugement du banni étaient néanmoins lourds à porter. Naïve, stupide, hautaine et trop têtue pour abandonner, elle ne devait réellement pas valoir grand-chose à ses yeux. Et au vu de leur conversation, cela ne l’étonnerait même plus qu’il regrette leur rencontre.

Ainsi, tête baissée, Serena laissa, un profond soupire, échapper de ses lèvres avant de conclure simplement. « J’irai moi-même explorer la zone. Nul besoin de m’y accompagner. » Ses yeux portés sur les flammes qui s’essoufflaient alors peu à peu, elle reprit sur un ton aussi calme que distant. « Je n’ai jamais eu le sentiment de t’être supérieure, tu sais… Au contraire, je suis convaincue que tu as encore beaucoup à m’apprendre et que tu pourrais nous apporter beaucoup. » Le visage légèrement tourné vers lui, elle lui adressa un sourire triste. « Mais tu n’es ni le faucon ni le loup que tu aimes t’imaginer. Tu me parles de liberté, mais ne passes-tu pas simplement ta vie à fuir ? Que cela soit la fange, les miliciens et même tes propres voisins ? » Elle déglutit en redoutant évidemment sa réaction, mais poursuivit. « Peut-être que tu te satisfais réellement de la situation… mais personnellement, ce n’est pas comme cela que je conçois la vie. Je n’ai pas envie de vivre éternellement cachée derrière des remparts ou à suivre les ordres et les envies de mes supérieurs et encore moins à devoir courir chaque jour pour ma survie. Non, je veux pouvoir vivre de mes propres choix et non pas ceux imposés. La forteresse de Traquemont pourrait peut-être me rapprocher de ce but, alors… même si les chances pour moi d’y arriver sont infimes… j’ai envie de me battre jusqu’au bout. »

Aucune réellement accusation, ni reproche n’avaient pu se faire entendre dans sa voix ou se lire sur son visage. Non, elle n’avait fait que dévoiler ses pensées et elle espérait, priait pour que le banni puisse enfin la comprendre. En tout cas, c’était à cœur ouvert qu’elle se confiait envers lui, les yeux à nouveau posés sur le foyer.

« Ma vie ne vaut pas plus que la tienne. Et elle n’a pas vraiment de sens non plus… Ne crois pas que je n’en ai pas conscience… » Elle inspira un bon coup pour mieux tenter quelques excuses maladroites. « Mon but n’a jamais été de te blesser. Je pensais pouvoir t’offrir plus de confort, c’est tout. Maintenant, si tu es réellement heureux ainsi, alors oublie ça s’il te plaît. Disons simplement que tu es extrêmement chanceux de l’être. »

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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyJeu 18 Juil 2019 - 9:11
- Le grand secret de la survie des habitants de Traquemont ? Ils se faisaient livrer en boissons et nourriture, mais pour les boissons, c'était plutôt de l'alcool. Comment je le sais ? Parce que nous attaquions parfois les convois qui allaient chez eux. Cela n'était pas sans risque. Mieux valait que la fange fasse le boulot puis qu'on aille récupérer le butin. Mais fallait faire vite, les gens de Traquemont savaient quand ils devaient être livrés et pouvaient donc deviner si un convoi avait eu un problème. C'est quand la météo était difficile que nous avions le plus de chance de pouvoir ramener vivre ou matériel vers chez nous.

Traquement n'était pas coupé du monde à l'époque. Parfois, ils allaient vers l'intérieur des terres, pour chasser le fangeux et le banni, parfois ils remontaient pour aider à la sécurisation des routes. L'un dans l'autre, c'était bien chiant et la perte de ce fort n'a pas été une mauvaise nouvelle pour nous. Dans l'absolu, si c'est Serena qui en prend la tête, on peut espérer que la chasse aux bannis ne sera pas une de ses priorités. Mais la suite de son propos me laisse dubitatif.

- Tu me demandes mon aide, je te propose de t'accompagner pour te montrer les chemins que je connais, ceux qui permettent de s'approcher de Traquemont en limitant le danger et tu me réponds que tu iras seule ? Ta logique m'échappe un brin, Serena. Ou est-ce la peur de m'être redevable et que le prix soit supérieur à une gourde ?

Pour couronner le tout, alors que je lui ai parlé liberté, elle me rétorque que je ne suis pas libre comme le loup ou le faucon, car je fuis. A cela, je n'ai d'abord qu'une réponse à formuler.

- Wouf !

Cela m'arrache un sourire. Le chien domestiqué veut apprendre au loup la liberté ? Elle reste surprenante, cette nana.

- Vivre libre, c'est souvent vivre seul. Je n'ai jamais prétendu que c'était un choix facile, mais c'est le mien. Alors, peut-être que le fait que je sois l'homme à la tête de chou m'a un brin poussé vers cette solitude, c'est fort possible, mais il ne t'appartient pas de me juger. D'un autre, j'en aurais rien à faire qu'il pense que ma vie doit être triste, mais de toi, je le supporte mal. Tu m'analyses suivant tes repères et je me fous que tu conçoives la vie autrement. C'est ma vie. La mienne. J'ai préféré la fange à la cité à l'époque où j'avais encore le choix. Je n'ai pas voulu de l'illusoire protection des grands murs. Je n'ai pas voulu me retrouver dans une grande prison à ciel ouvert. Cela ne fait pas de moi un type malheureux, cela fait de moi un type unique. Et je préférerai que tu me vois comme unique. C'est parce que je t'ai sortie de la masse, que je t'ai vue en tant qu'individu, que tu as eu la vie sauve et que j'ai choisi de t'aider. Et l'aide je te l'ai fournie, pas en suivant mes critères, mais les tiens. Et ça me fait mal que tu m'analyses suivant tes critères, et non les miens... ou que tu parles en mon nom. Et non, encore une fois, je n'ai rien à vous apprendre ou à vous offrir. J'ai peut-être à t'apprendre et à t'offrir à toi, mais il n'y aura personne d'autre. Ôte-toi cette idée de l'esprit. Je refuse de croiser le moindre de tes alliés. Je pourrais faire une exception, éventuellement, pour un ami, mais faudra vachement bien me le vendre pour me convaincre de le voir.

Ma colère montait doucement d'être si mal compris et si mal jugé. Mais quand elle me parle de Traquemont et de l'importance que ce projet revêt à ses yeux, cette colère tombe d'un coup.

- Pourquoi tu n'as pas commencé par cela ? Pourquoi as-tu tenté de m'acheter sur base de tes critères plutôt que de m'expliquer simplement en quoi ce projet Traquemont était essentiel à tes yeux ? C'est ce qui m'avait plu la première fois qu'on s'est rencontré. Tu n'étais pas armée pour survivre dehors, sinon une volonté farouche de refuser ton destin. Je me suis reconnu en toi à cet instant où ta colère a dominé ta peur. Et je me suis dit que tu étais comme moi. Pas "humaine", l'humanité seule ne justifie rien, il y a de jolies pourritures parmi les humains. Mais louve. Les coups du sort t'ont menée ailleurs que là où ton destin devait te mener. Tu devais être une épouse d'un nobliau quelconque et on te retrouve milicienne. Tu n'es pas faite pour recevoir des ordres mais tu acceptes les conseils. Et tu le remarqueras sans doute, les personnes que tu respectes le plus sont celles qui refusent leur destin et qui ont des convictions. Elles sont loin d'être parfaites. Elles sont fières, mordantes et t'enverront chier si tu les abordes mal ou au mauvais moment. Mais au moins elles sont vraies. Quand tu laisses tomber le masque, tu es vraie. Cette Serena-là m'intéresse. L'autre, sincèrement, je serais pas revenu la chercher.

Elle me reparle confort et je soupire.

- Le confort, pour moi, ça n'est pas une ferme ou vivre dans Traquemont. Le confort, pour moi, c'est une chouette paillasse de temps à autre, un nouvel arc de guerre, ou un carquois et des flèches de qualité. Des graines aussi. Du tissu. Une fourche ? De bonnes chausses. Un plat en sauce. D'autres gourdes. Une bonne ceinture, un nouveau gant de fauconnier. Du savon, tiens. J't'aurais bien proposé du troc, les peaux ont une réelle valeur mais j'y perds avec mes intermédiaires.

Mon soupir se fait plus profond.

- J'avais imaginé nos retrouvailles autrement. Sans négociation déjà, juste le plaisir de se revoir. Je nous voyais manger un bon repas, et ça, c'est fait. Puis que tu me parles de ta vie, tes projets. Et au final je t'aurais sans doute fait quelques confidences. Puis j'avais imaginé avoir gagné ta confiance et que tu dormes contre mon épaule, même s'il ne faisait pas froid. Bon, parfois en revoyant la scène, tu n'étais pas vêtue. Et j'vais éviter de te conter les rares rêves où j'oubliais que j'étais moitié légume moitié mec. Et pourtant, c'est pas l'intimité qui m'a le plus marqué, mais le fait qu'on se fasse confiance. J'avais oublié combien nos mondes sont opposés, combien il nous est difficile de nous comprendre, même si on se ressemble sur plusieurs plans. J'avais oublié tes peurs aussi, et les miennes. L'amitié est compliquée aussi, j'ai pas vraiment d'amis. Des complices, sans doute. Une personne en qui j'ai confiance mais dont j'ignore tout. Une dame gentille aussi, qui me ressemble sur d'autres plans, mais pas les bons pour... enfin... et... Bref, j'm'aime pas beaucoup là, maintenant, parce que loin de toi je me sens libre, et ici, je me sens prisonnier de moi-même. C'est bizarre parce que d'un autre côté, j'aime ça...

Je doute qu'elle ait compris ce que je voulais dire, je ne l'ai pas compris non plus.

- J'sais pas trop parler de ces choses là. Enfin, du privé, des sentiments, de l'intime, de qui je suis, ce que je pense ou ce que je crois. Mais comme c'est cette Serena qui m'intéresse, j'me vois mal me fermer. Mais s'ouvrir, c'est comme ouvrir une plaie, c'est désagréable.

Super, là je perds même les mots. Je me sens idiot. Je n'ose même pas lui demander si elle avait songé à moi. Le silence devient gênant, ça n'est pas la première fois entre nous. Je ne le comblerai pas. J'agis comme si j'avais dit ce que j'avais à dire, même si dans les faits, j'ignore même ce qu'il y avait de si important à dire dans ce que j'ai dit. Rien que d'y réfléchir me file un mal de crâne...
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Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyVen 19 Juil 2019 - 12:12
Parfois, il était impossible de savoir comment réagir à des événements ou des révélations. Que cela soit l’esprit ou le corps, rien ne semblait enclin à répondre à ce qu’elle venait d’entendre et la raison était pourtant assez simple : elle n’était pas sûre de comprendre. Comprendre ce qu’il essayer de lui dire à travers ces mots tantôt en colère, tantôt maladroite, tantôt rassurants. Devait-elle rougir ? Devait-elle s’inquiéter ? Serena n’en savait rien. Elle avait néanmoins compris une chose, elle n’était pas si atroce aux yeux du banni. Intéressante, même. Au fond, cela lui faisait drôlement plaisir, c’était même flatteur. Maintenant, elle n’était toujours pas sûre de savoir réellement quoi dire ou quoi faire. Lui-même avait l’air plutôt perdu.

Le silence s’installa donc rapidement. Mal à l’aise, la milicienne réfugia son visage entre ses bras, les jambes repliées contre elle-même. Longuement, elle chercha ses mots, se perdant dans diverses réflexions avant de finalement reprendre la parole.

« Tu n’as pas tout à fait tort… Je suis peut-être plus lâche que je ne le pensais. »

Murmura-t-elle enfin, son visage encore caché, bien que tourné pour qu’elle puisse l’apercevoir du coin de l’œil. « Je ne me suis jamais sentie à ma place nulle part, je me suis toujours plainte de suffoquée sur place, mais…. Je n’ai jamais eu le courage de partir. » L’image de sa famille, de ses proches et de ses amis lui fit esquisser un maigre sourire. Elle n’avait jamais pensé à les quitter et en serait bien incapable de toute manière. « La solitude me terrifie. » Un aveu simple et pourtant bien difficile à prononcer tant que sa gorge s’était nouée. « J’ai de la chance, tu sais… de la famille, des amis… Mais ça ne m’empêche pas de m’sentir seule parfois. » Terriblement seule. Elle avait souvent la sensation d’avoir le monde entier contre elle, que personne ne pouvait réellement la comprendre, elle-même ne se comprenant pas. Si elle avait gagné quelques amis, elle avait aussi perdu sa plus grande confidente. Son regard se posa alors sur sa main ouverte, là où régnaient encore les traces de son pacte. Comment pouvait-elle seulement continuer à se confier librement à elle lorsqu’elle était pratiquement un membre de la famille, désormais. Par moment, oui par moment, elle regrettait profondément d’avoir partagé ce lien si fort avec elle. Peut-être qu’aujourd’hui, elle ne se sentirait pas si vide.

« C’est pourquoi je ne dirai pas non à un ami de plus. Et puis, tu es difficilement oubliable… après une telle rencontre. »

Ses yeux glissèrent sur le banni alors qu’elle lui accorda un nouveau sourire timide, mais bien sincère. Prenant le temps de le détailler quelques instants, son bras alla finalement se tendre en sa direction, afin de l’inviter à prendre sa main.

« Amis secrets, ne sonne pas trop mal non plus, non ? »


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JocelynBanni
Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMar 23 Juil 2019 - 21:09
Enfin la situation se calme et ça n'est pas un luxe. Serena semble comprendre ce que je cherche à lui dire, du moins pour la partie concernant l'image qu'elle a de ma vie. C'est que, quand on a rien, c'est notre orgueil qui nous maintient debout.

- Partir n'est pas toujours la solution non plus, surtout si on est plus sociable que moi. Pas que j'aime pas les gens. Mais du côté de ma famille, je n'en pouvais plus de voir le sentiment de culpabilité de ma mère, l'interrogation de mon père sur l'avenir du monstre et la satisfaction des autres enfants en sachant qu'ils étaient au moins préférés à moi. Autant dire que les moments en solitaire étaient les bienvenus. Et pourtant, ils m'aimaient. Mais j'étais mieux dehors, et seul, ou avec les animaux, qui avaient peur non pas parce que j'étais brûlé mais parce que j'étais humain.

Elle parle à nouveau de ce sentiment de solitude qui l'habite et je ne comprends pas, d'autant qu'elle a les moyens de..., pourquoi elle n'a pas créé sa propre famille. Et puisque l'ambiance se détend, et même si je sais que c'est un sujet tabou, je l'aborde.

- Si la solitude te pèse autant, pourquoi n'es-tu pas mariée ? Je pense que si j'avais eu un physique potable, et sans la fange forcément, je l'aurais fait. Idéalement en étant amoureux, j'dois avoir un côté fleur bleue, mais même, juste avec une femme avec qui je me sente bien. J'veux bien imaginer que ça soit moins simple dans la Haute, qu'au contraire de nous tu puisses pas épouser n'importe qui, mais dans le lot de ceux qui sont épousables pour toi, il doit bien se trouver un type correct, qui partage certaines de tes aspirations, qui pourrait t'aider sur des projets. Au final, tu serais heureuse de le revoir. Ca aide pour briser le sentiment de solitude. Quand ma voisine passe me voir, ça me fait un peu ça, et pourtant elle n'est pas à mon goût. Mais on partage certaines valeurs et on forme un bon binôme.

Il m'a semblé voir de l'amertume un moment, alors qu'elle est restée prostrée, puis elle m'offre son amitié en me tendant la main. Que dois-je faire ? La serrer, comme on marque un accord de vente. L'aider à se relever ? Quand on ne maîtrise pas les codes, tout est compliqué.

- J'suis pas censé demandé ta main avant que tu ne me l'offres ?

J'esquisse un sourire, je me lève et tend la main à mon tour, pour lui saisir le poignet et l'aider à se lever.

- J'ai pas envie que ça se limite à une poignée de main. Je peux te serrer dans mes bras ?

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Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyJeu 8 Aoû 2019 - 15:46
Le mariage. Voilà bien quelque chose qu’elle désirait autant qu’elle redoutait. Bien longtemps elle avait considéré cet acte comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. En réalité, elle avait même déjà eu un fiancé, mais avait tout fait pour le repousser, et heureusement. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait jamais rêvé de mariage. Simplement, le genre de mariage dont elle fantasmait en tant que petite fille n’était pas le genre que lui réservait la société. L’amour avait rarement sa place au sein de la noblesse… L’ironie voulait aussi que maintenant, maintenant qu’elle avait réussi à se rendre pratiquement totalement indésirable, elle enviait plus que jamais ces alliances. Jamais elle ne l’admettrait, mais la jalousie était née en elle, envers son frère, envers Sydonnie… envers ce couple rapproché par une promesse qui la dépassait complètement, envers ces alliances qui avaient pris une place non négligeable dans le cœur de ces êtres, envers ces liens qui avaient mâché les siens. Pourrait-elle aussi un jour espérer un tel lien ?

« … je ne sais pas. »

Murmura-t-elle simplement, la tête baissée aux interrogations du banni. Peut-être qu’il avait raison. Peut-être qu’elle devrait réfléchir autrement…Simplement avoir une personne à qui dire bonjour le matin, vers qui retourner le soir… Mais pourrait-elle créer un lien, un foyer avec une personne dont elle n’éprouvait aucun amour ? L’idée lui paraissait incroyablement triste. Pourtant pouvait-elle seulement se montrer difficile ? N’allait-elle pas mourir seule si elle continuait ainsi ?

« … tu as peut-être raison. »

Sa voix était aussi fatiguée que ses yeux. C’était un sujet ô combien sensible qu’ils venaient d’aborder et le voir l’amener aussi facile la faisait se sentir un peu stupide. Peut-être réfléchissait-elle un peu trop. Heureusement, il retrouva le moyen de lui ramener le sourire. Surprise et curieuse, elle se releva face à lui avant d’écarquiller les yeux. La demande était…même s’il était vrai qu’elle espérait trouver un ami en lui, on ne pouvait pas vraiment encore les qualifier de proches et… Serena soupira doucement.

« Je peux bien te faire cet honneur. »

Elle ricana un instant avant de se faufiler dans ses bras, dans une brève et amicale. Un sourire tendre aux lèvres, elle se força à arrêter un peu de réfléchir et se concentrer davantage sur le moment présent. «Merci de m’avoir épargné. » C’était dans un murmure presque timide qu’elle avait prononcé ces simples mots avant de définitivement s’écarter de lui.

« Temps de dormir un peu si on veut pouvoir être en forme pour notre petite excursion demain.»

Le changement de sujet était évidemment volontaire. Rester trop longtemps aussi rapproché la mettait mal-à l’aise, sans parler de ses petits aveux. La milicienne se retourna donc pour aménager un coin de repos, proche, mais raisonnablement éloigné de la couche de son nouvel ami. « Peut-être que tu pourras m’apprendre encore quelques trucs en plus. »



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JocelynBanni
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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMar 13 Aoû 2019 - 21:18
J'ai de plus en plus de mal à cerner la logique de cette milicienne. Peut-être parce que dans le monde des bannis, on va direct à l'essentiel. C'est un peu l'avantage quand on est conscient que ce réveil au petit matin a de fortes chances d'être le dernier, ça évite qu'on postpose outre mesure un projet ou l'autre. Cela a des inconvénients aussi, on ne peut pas dire qu'un banni soit excessivement prévoyant. Je pense être l'un des seuls à préparer le prochain hiver dès maintenant.

- Tu sais, c'est pas en te posant les mauvaises questions que tu trouveras des réponses. Ça, c'est quelque chose que la vie m'a appris. Alors, si la solitude te pèse et si le mariage est une option parmi d'autres, jeter un œil vers les mâles qui pourraient te correspondre est une réelle option. Mais si tu refuses de chercher, forcément, tu ne trouveras pas. Bon, maintenant, en matière de mariage, noblesse et tout ça, j'y connais rien, donc t'en fais c'que tu veux, hein !

Je suis ravi qu'elle me prenne dans ses bras, même si c'est fort court, le geste me fait chaud au cœur, mais elle reprend vite ses distances, coupant court à toute envie de discussion et tout rapprochement. Il fait meilleur, elle dormira loin de lui. Le message est clair mais peu évident à encaisser. Finalement, pourquoi pas ? J'sais pas pourquoi j'avais imaginé que je pourrais être un ami privilégié et que le grand extérieur serait le lieu où elle pourrait être elle-même et l'être avec moi. Mais visiblement, même dehors, les conventions restent. Bah, après tout, j'ai moi aussi des règles qui peuvent paraître absurdes.

- C'est moi qui dirige l'excursion. Après tout, c'est moi, l'homme !

Je l'ai dit avec sérieux, probablement pour la titiller un peu. J'aime bien la charrier, elle fait toujours des têtes pas possibles, justement parce qu'elle veut masquer sa surprise. Je pense que ce sont ces têtes-là que je voyais quand je me rappelais d'elle. Mais dans les faits, c'est moi qui dirigerai parce que je ne suis pas homme à recevoir des ordres, peu importe de qui les donne.

- Possible que j'aie encore une chose à t'apprendre, oui. Cette technique, je ne l'ai partagée avec personne et elle peut être utile pour Traquemont...

Une promesse un peu osée, sans doute. Mais j'ai l'intime conviction que si je suis en vie, c'est un peu grâce à ce "secret". Et au pire, je pourrais toujours lui parler d'un lieu. Mon sommeil est rapide, comme celui de quelqu'un qui a l'esprit en paix et mon réveil très matinal. L'abri du premier étage ne m'a pas posé de gros souci et tout comme moi elle a appris à choisir une poutre pour éviter que le sol craque et attire les fangeux qui sont toujours en visite la nuit. Mon réveil est très matinal et je profite de son sommeil pour séparer le reste du repas en deux. Même froid, il reste délicieux et fera office de petit-déjeûner. Et la nature offre suffisamment pour nous nourrir par la suite. Je file vers le ruisseau pour faire la vaisselle et mes ablutions et remplir sa gourde et la mienne, me doutant qu'elle serait réveillée pour mon retour. Je lui confie mes gourdes pour qu'elle fasse sa toilette à elle, puis attend qu'elle renvoie l'échelle pour la rejoindre et manger.

Quand on maîtrise le chemin, un déplacement est plus simple, mais pas forcément moins dangereux, et nous ne sommes pas trop de deux à surveiller les pièges alentours. C'est qu'en journée, on aurait tendance à croire que le fangeux dort, mais non. J'ai fini par acquérir la certitude que le soleil lui nuit et que donc il se cache, mais conserve des sens en éveil et attaque qui passe à portée raisonnable de ses griffes. Tout est dans la notion de "raisonnabilité". Si le fangeux est jeune, il faut limite lui marcher dessus pour qu'il daigne nous attaquer, et encore, il le fera de mauvaise humeur. Un fangeux plus ancien, comme s'il s'était tanné la peau au soleil et avait acquis une certaine résistance, attaquera un individu qui passe à une vingtaine de pas, voire de plus loin si le "gibier" semble nombreux et qu'il est bruyant. Mais bon, ça reste une théorie qui vaut ce qu'elle vaut, pas grand chose. Mais je reste convaincu que la méthode la plus sûre pour se déplacer est en journée, et par deux... si ton binôme n'est pas un boulet. Serena ne vaut pas encore une Isaure, mais elle tient désormais largement la route.

Le voyage ne sera pas sans danger et si j'ai pris la main, c'est parce que je ne peux pas me permettre de suivre les chemins par où passent les collègues de ma compagne de route. Mais j'ai profité de l'occasion pour lui montrer le "verger". Je n'en suis pas responsable, faire pousser un arbre prend des années. Mais ici, il y a quelques arbres fruitiers et même si c'est un peu tôt, quelques fruits, qu'on nomme "primeurs" sont déjà comestibles. Il faut avoir l'oeil pour les repérer. Mais j'arrive à cueillir quatre pommes et quatre nectarines, avec la joie non feinte de grimper dans les arbres. Et j'espère que cela amuse aussi Serena. Cueillir des fruits a un côté encore enfantin qui à moi fait du bien.

Discuter n'est pas une option à l'extérieur, même en chuchotant, le silence reste notre meilleur allié car il nous permet aussi d'entendre les déplacements d'autres, et comme parmi ces autres se trouvent des fangeux... Odeurs cachées, pas silencieux, sens aux aguets, nous avançons et enfin, au loin, peut-on deviner les murailles d'enceinte de Traquemont. Et pourtant, je ne m'y dirige pas directement. Le soleil devrait se coucher dans deux bonnes heures et je bifurque, restant en forêt, évitant de m'approcher des marais. Puis je m'arrête au pied d'un arbre et commence à l'escalader, avant d'aider, si nécessaire, Serena à le faire aussi. Une sorte de mini cabane se trouve sur les hauteurs de cet arbre large, le feuillage le rendant presqu'invisible vu du sol. Une fois en haut, j'explique en chuchotant.

- Ceux de Traquemont l'ont construit. Quand ils partaient chasser du fangeux ou du banni et qu'ils risquaient d'être surpris par la nuit, cet abri leur sauvait la vie. Il y en a sans doute d'autres, mais c'est le seul que j'ai repéré, et il est bien situé, tu comprendras pourquoi.

Traquemont traquait les bannis, mais visiblement Jocelyn n'était pas en reste puisqu'il surveillait Traquemont. Et cela semble logique, vu que les expéditions contre les bannis partaient d'ici. En prévenant les siens, les bannis pouvaient cacher les biens et les personnes précieuses, puis placer des pièges pour défendre leur lieu de vie. Fallait pas donner envie aux miliciens de revenir ou leur permettre de se dire que ça serait facile. Traquemont nous aura fait du mal et s'il me faut être honnête, la perte de ce fort aura été une bonne nouvelle pour moi. J'ai pu réinvestir un peu mes lieux d'enfance, avec moins de crainte qu'avant.

J'évite de parler plus et on se partage un premier fruit. Les primeurs, quand ils sont bien choisis, restent un poil amer par rapport à la pleine saison, mais au niveau des arômes, c'est un délice. S'il avait pu avoir sa ferme, c'est ça qu'il en aurait fait : des vergers. Puis quelques animaux. Parce que le crottin, les arbres aiment bien. Mais ça n'est pas rentable, déjà à l'époque, à moins d'en faire des vins de fruits. Et le vin, c'est du gâchis.

J'en ai presqu'oublié Serena, avec tout ça. Mais sa patience est récompensée au coucher du soleil. Pas qu'il soit extraordinairement romantique, même s'il l'est. Une cabane en hauteur, un coucher de soleil au loin, juste deux personnes qui s'apprivoisent, ça pourrait donner des idées. Mais le spectacle est ailleurs. Avec la luminosité qui baisse et le soleil rougeoyant sur les marais, on devine les zones humides et les zones sèches, celles où on peut poser un pied, voire passer avec un cheval. On voit d'ici qu'il n'y a que deux chemins qui peuvent accueillir un chariot. On repère les pièges. On voit les routes. Et comme la lune est presque pleine, on peut inspecter, la nuit. Et des fangeux, il y en a, qui sortent des flots pour marcher sur les routes. Voilà un autre secret de notre banni : l'observation pour repérer les dangers, mais au départ d'un point de vue peu habituel. S'il connait plusieurs chemins, c'est grâce à ceci.
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Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyMer 14 Aoû 2019 - 20:13
Avait Jocelyn, la milicienne avait conscience de jouer à un jeu dangereux. Leur rapprochement était hors norme et même s’ils étaient sincères, tous deux savaient vivre dans des territoires, des mondes opposés. Il était l’ami d’aujourd’hui et l’ennemi de demain. La raison voudrait donc qu’elle garde ses distances, qu’elle se méfie, qu’elle l’évite, mais en était bien incapable. Marquée par ce dernier dès leur première rencontre, Serena ne pouvait guère se montrer impassible en sa présence et encore moins le considérer comme une menace à éliminer.

Pourtant, elle ne connaissait pratiquement rien de lui. Faux. Elle savait où et comment il avait grandi, ses compétences, ses blessures et une partie de sa vision du monde, bien trop solitaire. On pouvait donc considérer qu’elle le connaissait, sans doute même trop au vu de leur situation. Mais tout cela n’était que des bribes d’informations, elle ne rencontrait cet homme que par hasard, jamais dans son quotidien. Jamais, elle ne pourrait le saluer tous les jours, l’inviter à boire un verre, ne parlez du boulot et…

ses yeux se refermèrent. Le sommeil ne le gagnait pas. Non pas parce qu’ils étaient dehors et en alerte, mais parce que son esprit ne lui permettait pas, perturbé par cette présence familière et inconnue à la fois. Et même lorsqu’elle tentait de l’ignorer, de l’oublier, ses paroles résonnaient dans sa tête. Sa vision était simple, mais faisait sens. Peut-être devrait-elle réellement commencer à moins réfléchir et… se trouver un mari ? Réellement ? Quand bien même, elle peinait bien à imaginer qui le voudrait. Son titre n’était plus depuis qu’elle avait rejoint les armes, tout comme l’intérêt des hommes sur sa personne. Autant le dire, elle les faisait fuir. Et puis, elle n’était pas prête à se donner à n’importe qui. Non, en réalité l’engagement lui faisait même terriblement peur. C’était comme perdre sa liberté, une partie d’elle et ouvrir une porte vers l’inconnu. Et puis, quel genre de femme pourrait-elle bien devenir ? Elle qui ne savait que manier l’épée. Une mère ? Elle fuyait cette idée plus encore que le mariage et les enfants comme la peste. Rien que d’y penser, elle en avait des frissons. Non… elle tournait en rond.

Si bien que le matin surgit avant même qu’elle ne puisse s’en rendre compte. Elle ne souvenait pas s’être endormie, pourtant lorsqu’elle ouvrit ses yeux, elle était seule. Mais la vision de ses affaires, promesse d’un retour, la soulagea rapidement. Le soleil était donc levé et il était bientôt temps pour eux de se mettre en route.

Contrairement à leur rencontre, Serena n’était plus aussi inexpérimentée. Tous deux savaient parfaitement comment se comporter et avancer. Cela se voyait à leur attitude, leurs gestes et déplacements. L’épisode du verger néanmoins, fut une sorte d’épilogue silencieux des plus agréables. Peut-être était-ce parce qu’elle avait évoqué ses souvenirs d’enfance, mais il était vrai que ce jour-là avait lui, son cœur était plus léger et insouciant, bercé par des sentiments nostalgiques.

Grimper dans les arbres était sûrement l’une des activités préférées de bien des enfants, elle y comprit. Elle ne comprit d’ailleurs tout de suite pourquoi il l’invitait à le rejoindre sur l’un des plus anciens. Tout prit sens lorsqu’elle aperçut enfin la petite construction. Désormais en hauteur, ils avaient la chance d’avoir une vue imprenable sur leur environnement. Une vue à couper le souffle où le coucher de soleil venait se reflétait dans les différents points d’eau et donner un ambiance étrangement chaleureuse aux marais.

« Magnifique. »

Souffla-t-elle, incapable de retenir davantage son émerveillement. En effet, il n’en fallut pas plus pour que ses yeux s’illuminent à cette vision et un sourire aussi simple que tendre ne se dessine sur ses lèvres. Admirative devant la beauté du spectacle, elle resta longuement silencieuse, son regard braqué sur le paysage. Mais si on l’observait assez attentivement, il était évident que ses sens étaient restés en alerte. Naturellement et même instinctivement, ses yeux avaient fait le repérage des lieux.

« Je pense que c’est ce qui me manque le plus, tu sais… Les paysages… Pouvoir courir, se baigner, vagabonder, sans craindre de tomber sur une de ses abominations ou leurs victimes. »

C’était dans un murmure qu’elle partageait ces sentiments, les yeux encore posés face à elle avant qu’elle ne daigne tourner la tête vers lui. Là, Serena s’autorisa à le détailler brièvement. Difficile pour elle de connaître les frontières à ne jamais franchir. Jusqu’où pouvait-elle placer sa confiance, jusqu’où pouvait-elle se permettre de lâcher la garde envers lui ? Aucune réponse ne lui était venue la nuit passée. Aucune réponse ne lui venait maintenant. Toutefois, s’accorda un instant, une chance.

Assise proche du rebord et à ses côtés, sa tête vint gentiment percuter l’épaule du banni, son corps basculé contre lui afin de prendre appui. C’était un geste simple, dérisoire pour certains, mais pourtant rempli de signification. Il y avait la confiance, évidemment, celle de se relâcher en sa présence, de chercher son soutien, mais aussi la preuve, à travers ce geste tendre, qu’elle l’appréciait sincèrement. Elle ne cherchait pas plus, pas moins. Son regard restait d’ailleurs posé sur le ciel qui s’assombrissait de minute en minute, le silence profond.

Mais allait-il l’accepter ? La repousser ? Définir une frontière à ne pas franchir ? Qui sait. Dans tous les cas, elle n’insisterait pas. Et en attendant, elle profitait de ce court moment de repos, de paix à ses côtés.

« Demain, il faudra que je me remette en route vers Marbrume. »

Elle ne pourra pas se permettre de trop traîner, mais elle s’accordera un premier repérage des alentours pour confirmer quelques constatations.

« Je dois être de retour pour célébrer les fiançailles de mon frère et… »

Ses yeux se plissèrent légèrement. Sydonnie, comment devait-elle la définir exactement ? Après tout ce qui s’était passé ? Son visage descendit sur ses mains avant qu’elle dévoile sa paume et qu’elle dessine doucement une fine cicatrice au banni.

« Une amie proche… »

Enfin, pas si proche. Ou peut-être trop ? Elle ne le savait pas trop. Mais depuis les fiançailles, une barrière, un filtre s’était créé entre elles, malgré elles. Elle finit par chasser ces pensées en fermant un instant ses paupières, puis les rouvre sur le masqué.

« Tous deux savent que je t’ai rencontré. Enfin, qu’un banni m’a finalement épargné. Eux et l’un de mes partenaires de mission. »

Trois personnes étaient donc au courant de sa rencontre avec un banni. Mais ce qu’elle en avait dit resterait un mystère pour lui, du moins pour moment. Et si elle était toujours là, c’est qu’ils devaient être de confiance, n’est-ce pas ? En tout cas, Serena ajouta sur un ton rassurant.

« Deux d’entre eux partagent le même genre de secret avec l'un des tiens. »

Ils n'étaient donc pas les seuls, chose plutôt encourageante à ses yeux.

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Jocelyn



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MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn - Page 2 EmptyDim 18 Aoû 2019 - 20:18
Je n'avais pas pour objectif d'offrir à Serena un magnifique coucher de soleil, même si le côté majestueux de la chose ne m'échappe pas. Lui offrir un peu de quiétude et de poésie dans ce monde, oui, j'y songeais. Mais surtout, si je l'ai entrainée ici, c'est pour qu'elle réalise pourquoi Traquemont sera difficile à reprendre... et lui donner les informations dont je dispose si elle veut toujours mener à terme son projet. Je ne peux pas lui offrir une meilleure cartographie des lieux que celle-ci. Elle peut aussi repérer sans peine les fangeux qui pullulent par ici. Et certains peuvent être prisonnier du lieu, si les façades ont tenu, ou l'occuper, s'il y a une faille dans les murs protecteurs de Traquemont.

La suite est plus étonnante encore et me laisse pantois. Il me semble que c'est la première fois qu'elle s'exprime ainsi, sans fard, à exprimer ses regrets, à me décrire les choses simples qu'elle ferait si le monde était encore monde. Et je la comprends, lorsqu'elle s'imagine sans fangeux. Et quelque part, cela me met mal à l'aise, aussi lui sors-je une bêtise qui est censée faire office d'humour... :

- Si tu veux te baigner dans ces eaux-là, en oubliant que les marécages rendent rarement quiconque vient s'y baigner, tu te feras dévorer par des petites bébêtes, comme les moustiques ou les sangsues. Je crois que je préfère encore affronter un fangeux.

Je tente un sourire que j'abandonne vite. Bon sang que je me sens nul en sa présence. Déjà quand je suis pas seul, mais avec elle c'est encore pire. Puis on s'étonne que je préfère la solitude... J'en étais là de ma réflexion quand elle a un geste auquel je ne m'attendais absolument pas. Un geste de pure tendresse, sa tête sur mon épaule. Sans raison aucune. Elle a vraiment baissé sa garde. Par réflexe, je pose ma main sur sa hanche et un baiser sur ses cheveux.

- ... !

Chouette, j'ai vraiment gagné en conversation depuis que j'ai passé du temps avec Flore et Mathilde. Nul doute que j'risque de la faire pleurer, elle aussi. Jocelyn, le masqué qui fait pleurer les dames. Tu parles d'un titre. Bon, mon bon Jocelyn, ne remonte pas ta main, en plus elle est gantée tu ressentirais rien. Retire pas ton gant non plus. Bon, je me suis donné deux brillants conseils, je fais quoi maintenant ? Rebondir sur la dernière chose qu'elle m'ait dite ?

- Il y a moyen je crois encore de vagabonder. Ces choses craignent le sel, j'imagine que sur une plage, dans une crypte, on pourrait s'y amuser. Il suffirait, si vraiment on n'a pas de chance de fuir dans la mer pour échapper à ces choses. Alors certes, vivre de sable et d'eau salée, c'est pas hyper agréable, mais qui sait, j'crois que ça ferait du bien. A moi aussi, j'avoue.

Hey, pas mal mon gaillard. C'est une image tendre, il y a de l'évasion, elle doit visualiser tout comme toi. Une crypte, isolée de tout et de tous, les courses main dans la main dans le sable puis elle qui ôterait ses vêtements pour aller se baigner.

- Je ne sais pas nager, puis même protégé de l'eau, je ne serai pas à l'aise dévêtu, mais je te regarderai nager. J'en perdrai pas une mi...

Je l'ai vraiment dit à voix haute ? Bien joué, crétin, tu prends un peu la confiance et derrière, bardaf, tu sors une énormité... Énormité ? Vraiment ? Tu détournerais le regard si elle se dévêtait devant toi ?

- Pas une miette. Je crois même que je ferai le chemin jusqu'à la mer juste pour ça. Pour pouvoir te voir souriante, heureuse, loin des soucis du quotidien et me faisant assez confiance que pour te montrer au naturel sans craindre que je ne te saute dessus.

Ou avec cet espoir ? Avant Mathilde, je ne me serai même pas posé la question. Je sais juste que j'espère que non. Sauf si elle me laisse l'aveugler. Ses doigts me gêneraient sans doute, mais moins. Oh, arrête de penser à cela.

- J'aime pas trop les images qui me traversent l'esprit, mais j'aime te sentir contre moi. Je sais pas comment on gère tout ça, c'est pour ça que je ne fais rien, que je n'ose pas. Pas même te demander où toi tu en es, si tu as des images, ou des envies ou des peurs. Moi je sais juste que je ne veux pas que tu t'éloignes. Pas maintenant, en tout cas.

Et pourtant je ne la tiens pas prisonnière, d'un simple geste elle peut s'éloigner. Je sais désormais qu'elle sait qu'elle ne court aucun danger, que je ne la forcerai à rien. C'est plutôt elle qui devra me forcer et me rassurer. Je doute qu'avec des gens normaux, donc autres que moi, ça soit pareil. Mais elle parle de ces projets, revoir Marbrume dès demain et être présente au mariage de son frère et... pourquoi cette hésitation... une amie proche.

- C'est toi qui les as réunis ? Tu as fait office de marieuse ?

Je trouve l'idée assez sympathique, mais ma bonne humeur s'efface un peu, puis beaucoup, quand j'apprends que trois personnes sont au courant de mon existence.

- Tu mériterais une fessée ! Et ça n'a rien de sexuel. Merde, Serena, personne dans votre monde n'est au courant de mon existence. Les archers sont rares chez les bannis, les masqués aussi. Avant, ils ne savaient même pas qu'ils devaient me chercher. Alors, ce sont tes amis, ok, mais ils ont des amis aussi. Regarde, tu sais déjà qu'ils ont noué des relations avec deux des miens. Sauf qu'eux, les autres, ils sont habitués à vivre cachés au milieu des gens, ils ont pu étudier à qui ils parlaient et gagner leur confiance. Ils savent passer partout. Je ne passe pas partout, moi. Moi, le seul choix que j'ai, c'est tuer ou être tué. Et maintenant des gens savent qu'un archer masqué existe chez les bannis ?

Je lève les bras au ciel et m'éloigne d'elle, avant de tendre un doigt accusateur, et... Et puis rien...

- Mais pourquoi j'arrive même pas à t'en vouloir ?
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