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 [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête

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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyLun 10 Juin 2019 - 20:20
Au cœur de la bataille, on ne voit que ce qui se trouve au plus proche de nous. L'instinct de survie réduit considérablement le champ de vision du guerrier, rendant volontairement tout le reste complètement flou. Parce que l'humain est ainsi fait, il ne songera d'abord qu'à sa propre survie avant de se souvenir de ses compagnons. Mon père disait d'ailleurs que famille et amis n'existaient pas sur un champ de bataille, du moins quand ils se retrouvent éloignés les uns des autres. C'est pour ça qu'il nous a appris à combattre côte-à-côte, afin de ne pas laisser l'instinct guerrier agir sur notre mémoire et nous faire oublier nos proches.

"Ensemble, nous sommes plus forts, moins vulnérables…"

Vision réduite. Ouïe parasitée par les battements de mon propre cœur et autres bourdonnement désagréables, je fus tout bonnement incapable de me préoccuper de ce qui se passait ailleurs. Mon instinct me poussait à tuer pour survivre tandis que ma conscience m'exhortait à me maîtriser. Il ne s'agissait nullement d'ennemis ici, mais seulement de victimes aux pensées troublées par l'effroi. S'ils étaient incapables de se contrôler ou de réfléchir, je me devais de le faire à leur place. Je ne suis pas une meurtrière, je n'ôte aucune vie sans raison valable… Dans cette situation, j'étais encore tout à fait apte à me défendre contre eux, du moins, c'est ce que je m'efforçais de me dire, malgré la réalité imposée par ce contexte désastreux… J'avais certes l'expérience pour moi, une lame aiguisée dans la main et une envie de faire couler le sang difficilement contrôlable... Eux pouvaient encore compter sur leur force, décuplée par la peur, sur leur volonté de survivre à tout prix, sans se soucier de tuer ou non. Amis… Ennemis… La frontière s'amoindrissait toujours un peu plus à chaque instant.

"Cogner sans blesser… Ne pas faire couler le sang… Repousser... Neutraliser sans tuer… Se protéger…Se défendre… Esquiver..."

Je n'avais guère le temps de réaliser quoi que ce soit à travers cette masse humaine, grouillant sans aucune logique. Ils n'étaient pas si nombreux, à peine quelques âmes trop brouillonnes. Toutefois, elles restaient trop agglutinées les unes sur les autres pour me laisser une chance de rester sur mes deux pieds. La milicienne, que faisait-elle de son côté ? Impossible pour moi de le dire puisque je me devais de rester à tout prix concentrée pour ne pas me laisser déborder par ce fouillis.

Je la cherchais pourtant du regard, bien malgré moi, cette milicienne, et lorsque je voulu repousser l'homme qui venait m'attaquer, celui-ci fut brusquement tiré vers l'arrière avant de me laisser le temps de réagir.

Tout semblait beaucoup plus calme à présent. Je lançais un regard aux alentours constatant qu'effectivement, l'agitation brutale qui sévissait jusque-là commençait à s'apaiser çà et là. Plus personne n'essayait de percer désespérément les barricades, au contraire… En suivant le regard des quelques détracteurs encore debout, je m'aperçus que celui-ci se posait à présent sur le mercenaire aux traits déformés par la colère. Sa lame fermement posée sur la gorge de mon dernier agresseur laissait échapper quelques gouttes carmines. La scène, probablement trop surprenante pour celle qui pensait pourtant le connaître, me laissa sans voix tant il me fut difficile de discerner mon ami derrière ce regard chargé de haine. Celui-ci passa alors de ma chemise, humide et poisseuse à la milicienne derrière moi… Je vis ses mâchoires se serrer, ses narines se dilater sous la colère, mais alors que je crus le voir achever sa proie, le mercenaire me surprit encore en la relâchant… Ce n'est qu'en sentant mes muscles se décontracter, mes poumons se remplir d'oxygène que je compris à quel point j'étais tendue…

Soulagée, tout du moins en partie, je me tournais pour aider les anciens rebelles à se relever. Ils pouvaient bien être surpris, autant par mon geste que par les paroles de Finn, toujours aussi furieux, ils semblaient tout de même réaliser enfin l'extrême bêtise de leurs pensées et actions. Je les observais échanger quelques regards, souvent honteux ou simplement perturbés, un peu comme s'ils s'agissaient d'enfants venant de se faire gronder par un paternel sévèrement remonté. Quelle bien stupide ironie que voilà et qui, soyons réaliste, aurait très bien pu être évitée si certains d'entre nous s'étaient montrés moins agressifs. Je me plaçais évidemment dans le lot, inutile de me voiler la face, je me connaissais trop bien pour cela. Ces événements me serviront au moins de leçon, du moins si nous réussissions à survivre à cette journée dores et déjà maudite.

- Tu es blessée, me lança le mercenaire avant de poser ses mains sur mes épaules, comme toujours.

Ah oui… Les "piqûres"... La pression nerveuse diminuant peu à peu, la douleur commençait à s'éveiller doucement. Rien de bien extraordinaire jusqu'ici, je n'en étais certainement pas à ma première blessure, ni même à la dernière.

- J'en ai vu d'autres, répondis-je en haussant négligemment les épaules tout en souriant.

À dire vrai, j'espérais surtout le rassurer quelque peu en agissant avec une certaine nonchalance, même si celle-ci était feinte.


- Il faut qu'on te soigne... Vous aussi Dame Milicienne.


- Oui… Elle d'abord... bafouillais-je, plutôt mal à l'aise. Tu vas bien ?

A mon tour de me montrer inquiète pour mon "collègue" non pas pour son état physique, puisqu'il ne semblait nullement blessé, mais plutôt pour ce tempérament étrange auquel il ne m'avait jamais habitué. Je le dévisageais sans gêne, penchant légèrement la tête sur le côté ce qui devait me donner un drôle d'air, mais qu'importe. J'essayais de comprendre comment le mercenaire, que je pensais connaître jusqu'ici, pouvait prendre des airs de sombre assassin…

"Une bête sauvage enfermée ne peut que mordre, une fois libérée…"

Ne trouvant guère de réponse satisfaisante dans ma contemplation (probablement gênante, j'en conviens), je décidais de me rendre dans la cuisine afin de soigner ces fameuses blessures… Néanmoins, celle-ci regorgeait déjà de monde attendant de bénéficier de soin. Mon regard croisa celui de Keral, occupé à cautériser la plaie qu'un homme arborait au poignet. Il me faudrait me montrer patiente et attendre mon tour au milieu de tout ces gens… Très peu pour moi. Il nous restait encore bien des choses importantes à faire. Comme installer les idiots à l'étage et veiller à ce qu'ils se tiennent tranquille…




C'est dans un coin de la pièce, assise à même le sol, une bouteille à la main, que je retrouvais la propriétaire de l'auberge. Cette dernière, me parut encore bien secouée par les récents évènements. Elle qui avait ouvert sa maison dans le but de sauver des vies, la voyait à présent réduite à l'état de champ de bataille balayé par une tempête.

-Je suis désolée, lui dis-je en me plaçant à sa hauteur pour lui offrir un sourire se voulant aimable. Nous vous aiderons à tout remettre en état, je vous promets que tout ceci ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.

Oui bon… Je n'ai jamais été très douée pour rassurer les gens. D'ailleurs, je n'en prenais jamais la peine trouvant toujours une "bonne" raison de ne pas le faire, même lorsque l'on m'en donnait l'occasion. D'ordinaire, je laissais cette tâche aux autres, néanmoins, cette fois, j'étais bien trop reconnaissante envers cette femme pour lui tourner le dos.

Elle aussi me fit remarquer mes blessures, avant de m'inciter à m'en occuper en me tendant de la ficelle à rôti ainsi qu'une aiguille. Je la remerciais, ne sachant que faire de plus. Je pouvais tout aussi bien lui demander de s'en occuper elle-même, après tout, c'était une femme, mais je n'avais guère envie de lui exposer mes vieux souvenirs… Et encore moins à tous ces gens aux yeux rivés sur moi. Je pouvais tout aussi bien laisser tomber et compter sur la cicatrisation naturelle pour la plaie située à la cuisse, mais celle se trouvant au niveau de flanc irradiait un peu trop pour une vulgaire estafilade. Je dus donc me résoudre à m'occuper au moins de celle-ci.

Je quittais donc la cuisine, m'emparant de la bouteille que tenait l'autre rouquine avant de m'en retourner vers Finn.

-Tu peux t'en occuper, s'il te plaît ? Ça n'a rien de bien compliqué… Mais j'aime mieux ne pas faire ça devant les autres, je ne voudrai pas les choquer.

Ma voix baissa tout naturellement d'un ton ou deux, comme si je ne voulais pas être entendu. Ce n'était pas particulièrement le cas, je me fichais bien que les gens présents saisissent mes paroles, tant qu'ils ne me voyaient pas, plus particulièrement les enfants. Aussi, veillais-je à trouver un endroit où nous serions seuls, loin des regards indiscret toujours trop curieux à mon goût. Sans rien ajouter, je retirais ma chemise, inutile de jouer de pudeur puisque mes quelques formes féminines restaient cachées sous mes bandages.

En tant qu'homme et surtout que mercenaire, Finn avait dû voir pire que les marques de sévices paternelles dans mon dos, là où cicatrices épaisses, témoins de coup de fouet et marques de brûlures se côtoyaient. Il ne risquait pas non plus de s'émouvoir devant le reste des marques présentent sur mes bras, mon ventre, tant elles sont communes chez tout combattant, même s'il est rare d'en retrouver sur la peau d'une femme. Je me saisis de la bouteille pour y boire quelques rasades directement au goulot avant de verser un peu de liquide sur la plaie. La brûlure vive m'arrache une grimace avant de s'apaiser aussitôt.

-Rassemble bien les chairs, évite juste de casser le fil et tout ira bien… Ça va aller?
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Clovis LegrandCoutilier
Clovis Legrand



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyDim 16 Juin 2019 - 21:03
Sa collègue a fait du bon boulot. Le mercenaire aussi. Tout comme la sorcière non pute et même le tailleur de pipe bizarre. Les choses, elles ont l'air d'se calmer. Et voilà qu'autour de lui se trouvent trois gars ficelés tellement bien qu'ils pourront pas bouger un orteil. Et ça, c'est chouette. Au troisième gars, Clovis dit :

- T'es en état d'arrestation, mec, parce qu'agresser une milicienne, ça l'fait pas. Surtout d'vant témoin. Non, tu fermes ta gueule ! T'as l'droit d'garder l'silence parce que tout quoi que tu vas dire, bah ça r'tourn'ra cont' toi et parce que tu m'énerves. 'fin, j'crois qu'c'est ça qu'on dit aux idiots qu'il faut qu'j'arrête. Comme qu'on a d'jà deux futurs pendus et que c'est moi qui va encore être de contrôle d'la foule...

Clovis lève son poing et l'abat sur celui qui a blessé Joséphine, histoire de l'étendre pour le compte.

- Comme ça, tu dirons point d'conneries. Tu m'remercieras si on t'pend pas. 'fin, j'dis ça, là tu fais dodo, tu m'entends po...

Il tourne le regard vers Estelle, naturellement choquée par les événements. Y'a de quoi l'être, aussi. Des soins s'organisent à gauche, Finn a gueulé à droite, Clovis estime qu'il est temps qu'il prenne la main. Il se lève, de toute sa stature et s'éclaircit la gorge puis réclame le silence...

- FERMEZ VOS GUEULES !

Oui, le sens de la diplomatie, on peut le confirmer en cet instant, il ne l'a pas encore acquis.

- En l'absence d'officiers ou de curetons et en situation de crise, c'est la Milice qui gère, parce qu'on œuvre pour le Roi. Et comme que vous avez blessé la plus maligne des deux miliciens sur place, c'est mo qui prend l'rôle de chef. T'as l'droit d'po être d'accord, mais tu l'dis pas. Passque le premier qui fait chier, j'l'ouvre en deux du cul jusqu'à la gorge, j'lui sors les tripes, j'l'accroche au plafond et après j'le tue.

Il n'a pas sorti son glaive pour proférer sa menace, mais il a trois gugusses au sol qui indiquent que niveau violence, il sait y faire et que ça ne le gênera pas outre mesure.

- Bon, faut m'excuser, j'suis po doué pour les causeries. Là, dehors, la Milice se bat pour détruire les fangeux. S'ils échouent, on l'saura vite, y'a plein des fangeux qui vont frapper aux portes et aux f'nêtres pour vous bouffer. Alors, ouip, on s'battra parce que j'ressemble plus à un ours qu'à un lapin, mais on mourra quand même. Et ço, c'est la première option. L'autre option, les copains dehors, ils gagnent. Alors ils vont prévenir dans les maisons que le danger est passé et vous pourrez sortir et voir s'il y a des vôtres qui ont survécu. Y'a po d'alternative.

Il expose des faits. Clairs. La réalité est là. Leur destin ne se joue pas dans cette maison, mais dehors. Et il tente d'être aussi clair pour la suite.

- Votre rôle est d'attendre et d'vous taire. Parce que, quand qu'on est enfermé sans savoir quoi qu'y s'passe dehors, on a peur. Et quand qu'la peur, elle domine, alors on en fait des conneries. Non mais r'gardez autour de vous. Vous avez blessé des gens, vous accusez l'autre d'être un fangeux. Vous hurlez aux démons. Et ça, moi j'veux plus. Alors vous restez assis en attendant d'avoir l'ordre de sortir et vous la fermez. Ou, et que les Trois me foudroient si que j'mens, j'vous f'ra r'gretter que vous soyez pas dehors à être bouffé par les fangeux. J'ai été assez clair ?

Clovis ne semble même pas en colère, il a l'air plutôt triste, voire mélancolique. Et c'est le côté un peu inquiétant de la chose, c'est qu'il semble réellement prêt à le faire. Et il ne cherche même pas l'appui de ses complices d'infortune pour le soutenir.

- Soigneur, tu peux soigner. Toi la mère, tu peux t'occuper de ton petit. Plus personne n'entre dans la cuisine. Si ça dure trop, on f'ra préparer un r'pas. Et maintenant, on se comporte dignement.

Il fixe chacun, puis reprend la "surveillance" des trois prisonniers et n'a visiblement aucune envie de discuter. C'est à peine s'il a un sourire quand on lui offre un verre de lait. C'est que la journée va être longue. Clovis ne sait pas s'il a bien fait, mais dans son esprit, c'était la seule chose à faire. Pendant que les gens imagineront les horreurs que lui pourrait leur faire subir, ils oublieront ces histoires de sorcières, de malédiction et la peur de lui sera plus forte que la peur du dehors, car dehors, il reste de l'espoir. Quand il racontera ça à son chef, il se fera engueuler, mais tant pis. Son chef avait qu'à être là, d'abord.
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Finn GallagherMercenaire
Finn Gallagher



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyJeu 20 Juin 2019 - 12:36
L'intervention de Clovis eut le mérite de mettre tout le monde d'accord une bonne fois pour toute. Ce ne fut pas tant la façon dont il traita le coupable en l'assommant d'un grand coup, ni la voix dont il avait donné pour se faire entendre, mais parce que d'une part il possédait cette autorité naturelle de l'uniforme malgré son parler rustique, et d'autre part car il avait su dire les choses le plus justement du monde, sur un ton suffisamment tranquille pour qu'on l'écoute sans s'énerver ni s'insurger de ces vérités qu'il convenait de rappeler. Chacun s'en retourna ainsi à ses occupations, quelles qu'elles soient, et en ce qui concernait Finn il s'agissait de s'occuper de Aeryn dont la blessure nécessitait des soins plus ou moins pressants. S'éloignant avec elle, ils finirent par trouver un coin un peu isolé et, après avoir demandé aux trois seules personnes présentes de bien vouloir les laisser le temps qu'on s'occupe de la jeune femme, ils purent enfin apprécier un moment de calme. Le jeune homme soupira fortement pour évacuer le trop-plein d'énergie et de tension, laissant la rousse se dévêtir avant de froncer les sourcils en parcourant du regard son dos meurtri. Si elle avait cru qu'il ne serait pas touché de constater de visu ce qu'il avait pu les entendre dire, elle et ses frères, sur la façon dont leur père les avaient élevés, le voir de ses propres yeux ne le laissa pas indifférent. Oh bien sûr, il avait déjà vu une femme arborer des cicatrices, mais ça n'était pas pour autant que cela lui plaisait la seconde fois et sa mâchoire se serra brièvement sous un afflux de colère qu'il ravala sans attendre. Le responsable était mort, inutile de s'énerver désormais. Laissant la Mercenaire boire de l'alcool puis passer un coup sur sa plaie pour permettre de mieux endurer la douleur -une technique qu'il avait déjà vu être utilisée à de nombreuses reprises- il prépara le fil trop grossier à son goût ainsi que le fil, s'approchant avec une expression sombre, visage fermé, sans que l'on puisse dire si c'était le fait de devoir la recoudre ou bien de la voir blessée qui lui déplaisait le plus.

-Rassemble bien les chairs, évite juste de casser le fil et tout ira bien… Ça va aller?

- Oui.

Affirma-t-il avec aplomb avant de relever ses yeux vert sur elle.

- Je ne l'ai jamais fait moi-même, je l'ai seulement vu faire. Je serais plus lent et j'en suis désolé, va falloir tenir bon. Dis-moi quand tu es prête.

Il inspecta une dernière fois la plaie et, n'y voyant rien de coincé à l'intérieur, rapprocha les bords avec précautions, tentant de les coller l'une en face de l'autre aussi proprement que possible, attendant son signal avant de commencer. Inspirant un grand coup, le Mercenaire enfonça l'aiguille d'un coup sec dans une partie non blessée, commençant alors par le bord de la plaie, tentant d'imiter au mieux une suture qu'il avait vu faire par un soigneur. N'eut été le fait d'avoir été menuisier, il aurait pu manquer de précision, au lieu de quoi il progressait lentement, tentant de faire abstraction de la douleur qu'il infligeait à Aeryn, demeurant concentré sur la blessure et sa couture, serrant un peu fort sans doute, mais il ne voulait pas qu'il reste le plus petit interstice pouvant laisser passer la saleté. Il était concentré, s'arrêtant par moment en sentant un début de tremblement, respirant profondément avant de continuer. La torture dura plusieurs minutes, mais finalement le dernier point fut fait, le fil noué puis le surplus coupé, et là Finn recula de plusieurs pas, avisant la jeune femme avec sa plaie, le front moite de sueur et l'air soudain essoufflé sous le coup de l'émotion. La suture était nette, propre et ne nécessiterait probablement pas d'être refaite, même si à surveiller et à entretenir avec des cataplasmes une fois rentés aux QG.

- V-voilà.

Lâcha-t-il d'une voix passablement tremblante avant de poser ce qui restait du fil et de l'aiguille sur un petit meuble, frottant ses mains ensanglantées sur son pantalon avant de se rapprocher de nouveau de la rousse.

- Il faudra faire vérifier ça une fois rentrés, d'accord ?

Puis il se pencha, venant déposer lentement son front contre le sien, inspirant et expirant profondément, lentement, savourant ce contact qui lui faisait du bien. Elle était vivante, elle était soignée, tout allait bien, tout allait bien, voilà ce qu'il n'avait de cesse de se répéter alors que ses mains se crispaient et se détendaient à intervalles réguliers. Il devait se contrôler, nul ici n'avait besoin d'un Mercenaire perdant pied, surtout pas alors que tout s'était finalement arrangé et qu'ils n'avaient plus qu'à attendre. Réalisant qu'il empêchait Aeryn de se rhabiller, il finit par relâcher la pression de son front contre le sien, reculant d'un pas pour la fixer gravement, un peu songeur également. Il se souvenait de la dernière fois qu'il avait éprouvé cela, et ça n'avait rien à voir avec la fois où un des gars de la Compagnie avait été blessé, non, certainement pas.

- Je ne veux plus que tu t'éloignes de moi.

Lâcha-t-il d'une façon difficilement déchiffrable, à mi-chemin entre la demande amicale et l'ordre, avec une touche d'inquiétude au fond de ses yeux clairs tandis qu'il dardait sur la jeune femme un regard songeur. Non, il ne voulait plus la perdre de vue, de même qu'il ne voulait plus la lâcher tant qu'ils ne seraient pas rentrés à la Compagnie et que tout danger ne serait pas écarté. Et même après ça, en vérité... il commençait à s'inquiéter, pourtant cela n'avait pas lieu d'être, c'était une femme certes, mais elle savait parfaitement se défendre, et si elle avait été blessée, c'est uniquement parce qu'elle n'avait pas utilisé son arme, probablement volontairement car elle n'était pas entravée au moment de l'incident. D'ailleurs...

- Et la prochaine fois qu'on t'attaque, je t'autorise à tuer. Même si ce ne sont que des réfugiés, et qu'ils ont peur, je m'en moque. Ta vie est plus importante que la leur.

Affirma-t-il d'un air sombre et grave, dardant sur elle son regard qui se parait cette fois d'un mélange d'inquiétude et de colère contenue. Et dire qu'ils ne devraient pas être ici, qu'ils devraient être dehors, avec le Capitaine, à défendre le Quartier Général et les leurs. Pas cette bande d'ingrats là en bas, mais les leurs. Même si ici il y avait aussi des innocents, c'était vrai, que sans eux et les Miliciens, cela aurait pu très mal finir, pire qu'un lynchage, mais que Aeryn soit ainsi blessée... Non, cela le rendait furieux, d'autant plus que Finn réalisait tout à coup pourquoi et que cela ne lui plaisait pas forcément. La dernière fois il n'avait pas été à la hauteur, il se connaissait, il savait que cela finirait mal.
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Lyanna DesrosesVoleuse
Lyanna Desroses



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyJeu 20 Juin 2019 - 18:00
La terreur dans les yeux, Lyanna suppliait du regard l'homme qui la tenait toujours par le cou. Respirer lui devenait difficile et elle voyait dors et déjà des petites paillettes danser devant ses yeux. Elle ne tiendrait plus très longtemps... Elle s'évanouirait bientôt et s'en serait alors fini pour elle, car elle ne doutait pas un instant que son bourreau continua son étreinte, même après qu'elle ait perdu connaissance. Ce qu'elle voyait dans les yeux de cet homme, c'était un désir certain de la voir rendre son dernier soupir, s'éteindre à jamais. C'était un homme en colère, dont les actes n'étaient dictés que par la peur et le dèsespoir. Pour la voleuse, le comble était alors que de toutes les manières parfaitement logiques et rationnelles ayant pu lui coûter la vie, ce serait de la main d'un parfait inconnu, dans une taverne surpeuplée, alors que sévissait le carnage de la Fange juste là au dehors, qu'elle allait finir... Et ce, non pas pour une histoire de pouvoir ou de larcin... Mais pour une couleur de cheveux et son genre féminin...
Malgré ses ongles qui lacéraient les bras de son agresseur, malgré ses petits souffles supplicateurs, malgré ses pieds se débattant dans le vide... Rien à faire. L'homme semblait déterminé à accomplir la tâche qui lui paraissait divine et qui aurait, selon lui, sauvé leurs âmes des ignobles créatures rôdant au dehors...
C'est alors que le géant apparut dans son champ de vision brouillé par le manque d'oxygène. Ses mains se refermèrent sur les avant bras de l'homme et celui-ci finit par lâcher prise, non sans un glapissement de douleur. La jeune femme ainsi libérée, mais hébétée par la situation, glissa au sol. Ses mains se portèrent à sa gorge endolorie, son coeur battait alors à tout rompre. Elle toussa et toussa encore, cherchant l'air, respirant avec force et bruit. Haletant de cet affrontement aussi court qu'intense – et bien sûr peu victorieux pour elle – elle redressa les yeux sur son sauveur qui ne lui avait jamais semblé aussi grand... Ni si jeune, bizarement.
Les mots qu'il prononçait alors à l'égard de son agresseur lui semblèrent ne plus avoir de sens. Plus rien n'en avait à vrai dire. Elle le fixait bêtement, tâchant de reprendre ses esprits, toujours alerte au cas où l'on viendrait à se jeter à nouveau sur elle. Mais c'était fort peu probable, au vue de la carrure dissuasive du milicien...
Elle s'appuya contre le mur pour se redresser et se remettre sur ses jambes faibriles. De l'autre main, elle massait sa gorge rougit par la strongulation qu'elle venait de subir. Des insultes du milicien, elle n'en retint et compris presque rien. Tout n'était qu'un brouhaha confus, ici, comme dans l'autre salle, et son regard azuré se perdait tantôt dans la foule de malade, tantôt sur celui du gaillard qui l'avait sauvé. Dans un effort sur humain, d'une voix aigue et étouffée, elle articula :


- Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre... Mais merci... Merci beaucoup, Monsieur..?

Nul doute qu'il valait mieux l'avoir en ami qu'en ennemi, celui-là. Il avait l'air simplet – ou était il simplement trop jeune? - mais cela n'enlevait rien à sa carrure de colosse ni à sa force brute.
D'ailleurs, son petit discours et sa démonstration eurent raison de la vague de folie qui avait gagné la cuisine, et plus personne n'osait s'approcher d'elle pour l'heure.
Si tôt eut le milicien eut il demander une bouteille de lait que déjà on l'en lui tendait une. Et à elle, ce fut une bouteille d'alcool qu'on offrit. Elle tourna les yeux vers ce généreux donnateur pour découvrir, une fois encore, le prétendu soigneur qui cautérisait les plaies à la lame ardente. Accessoirement, c'était aussi celui qui lui avait servit de bouclier humain contre ses premiers agresseurs. Et enfin, c'était aussi le même homme qu'elle avait soupçonné un instant plus tôt de vouloir lui planter une dague en plein milieu de la gorge. Elle lui lança un regard méfiant et craintif, avant d'accepter la boisson sans pour autant le quitter du regard. Pour le coup, à lui, elle ne lui faisait pas confiance. Néanmoins, autant se montrer polie, elle n'était pas bien sûr de pouvoir tenir le choc d'un nouvel ennemi se ruant sur elle...


- Ne me le faites pas dire... C'est vraiment une sâle journée... Merci.

Elle en prit une petite rasade et toussa à nouveau. Sa gorge lui semblait plus brûlante que jamais et elle avait quelques difficultés à avaler le breuvage.
C'est alors que s'éleva la voix de Finn, dans la grande salle. Visiblement, ça n'avait pas été une réelle partie de plaisir à côté non plus. On entendait des gérémiades, des coups raisonnés, mais dans l'horreur de sa propre situation, Lyanna n'y avait pas vraiment prêté attention. Le discours du mercenaire eut don de calmer les colériques et appeurés. Lorsqu'il la désigna à son tour, la rousse lui adressa un bref petit sourire dépourvu d'enchantement, ainsi qu'un hôchement de tête en guise de remerciement. Mais bien vite, son attention retourna à la drôle de personne qui lui avait tendu sa bouteille, car son instinct lui criait de ne pas le perdre de vue.
Le monde se pressait à present dans la cuisine, car cette bagarre n'avait eut pour effet que de provoquer de nouveaux blessés et de nouvelles blessures. Lyanna s'adossa un instant au mur, loin du bain de foule, reprennant peu à peu son souffle.
Un nouveau coup et le cri du gigantesque milicien la fit pourtant sursauter, la tirant de son état de choc avec une assez grande violence. S'il n'était pas très éloquent, on pouvait dire que ce jeune homme avait le don de se faire entendre et obéir. Pour sûr, c'était un sacré gaillard, avec une sacré motivation... Mieux vallait ne pas le contrarier, et si elle lui offrit un petit sourire entendu, elle s'exécuta en ne bougeant plus d'un pouce, collée contre le mur.
Retournant son attention vers le "bouché", elle le toisa d'un nouveau regard cherchant à percer ses pensées. La question n'était plus tant s'il était un ami ou un ennemi... Mais plutôt à quel point il resprésentait une menace pour elle. Après la petite expérience des plus dèsagréables qu'elle venait de vivre, autant dire que plus personne dans cette taverne ne lui semblait digne de confiance. Même Finn avait eut un excès de colère... Et le milicien qui les dominait de plusieurs têtes semblait être capable d'assomer un boeuf à main nue. Méfiance est mère de sûreté, non?
Sa voix se voulut franche, directe, mais elle ne parla pas trop fort. Déjà parce que la stangulation dont elle avait été victime avait laissé quelques séquelles sur son cou pour l'heure, ensuite parce qu'elle ne tenait pas à ce que la colère du colosse ne se reporte une nouvelle fois sur elle... en mal, cette fois.


- J'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de mon tour de tout à l'heure. J'ai agit pour ma survie. Vous devriez pouvoir le comprendre...

Les excuses n'étaient pas son fort. Et puis, elle l'aurait refait sans hésité si l'occasion se représentait.
Une nouvelle petite rasade... Puis elle tendit la bouteille à son propriétaire.
S'il tentait quoi que ce soit, elle n'aura qu'à sortir son poignard pour le dissuader.
Son poignard !
Lyanna en avait oublié que l'objet lui avait échappé des mains lors des confrontations qu'elle avait eu à essuyer. Jetant un regard précipité vers la table, elle constata avec horreur que son arme n'y était plus. Elle se redressa soudain, prise de panique. Sans lui, elle était tout bonnement sans défense... Elle perdait bien plus qu'une simple dague... C'était son bien le plus précieux, la seule chose qui lui appartienne vraiment... C'était son identité.
Elle s'approcha de la table, en oubliant son interlocuteur, et se baissa, à la recherche de son arme. Rien... Ni sous la table, ni a proximité, ni même sous les meubles... Pas sur le sol, entre les pieds des autres victimes...
Elle ne pouvait se résoudre à l'avoir à jamais perdu.
Se redressant, elle s'intéressa à nouveau au soigneur.


- N'auriez vous pas vu un poignard, tombé juste ici? Je l'ai perdu lorsque cet idiot s'est rué sur moi.

Elle désigna d'un geste de la main l'un des gaillards ligotés.

- Il est assez court et la garde est ouvragée... Il y a un rubis en son centre...

En voilà une plaie ! Qu'y avait il de pire pour une voleuse qu'être volée? Le poignard était joli et on lui accordait bien vite de la valeur... Si quelqu'un dans cette auberge l'avait prit, elle n'était pas rendu pour le retrouver...
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyJeu 20 Juin 2019 - 21:20
Je n'éprouvais aucune inquiétude quant au déroulement du soin, au pire, je souffrirais inutilement en cas d'échec, ce ne serait pas une première. Néanmoins, je lui faisais amplement confiance, sachant qu'il ferait de son mieux, comme d'habitude, parce que c'était un homme juste et soigneux.

- Ça va aller, je te fais confiance, lui dis-je pour le rassurer avec franchise.

Restait à prendre assez de courage pour endurer la douleur sans l'inquiéter lui. Je voyais bien qu'il n'était pas vraiment à l'aise, je pouvais comprendre ses craintes et ses doutes… Ce genre de choses n'était jamais évident pour quiconque n'ayant jamais pratiqué… Blesser pour soigner… Voilà un bien étrange concept tout comme celui consistant à souffrir pour guérir… Il fallait bien passer par là, je n'avais pas vraiment le choix… Aussi, me permis-je d'engloutir quelque gouttes supplémentaire, de quoi m'engourdir un peu.

- Vas-y, l'invitais-je avec assurance… Avant se serrer violemment les dents à la première morsure de l'aiguille.

Je fermais aussitôt les yeux, veillant à songer à tout autre chose plutôt que de me focaliser bêtement sur la douleur. Je pensais à mes frères, espérant les retrouver plus tard, au quartier général et surtout dans un meilleur état que le mien. J'espérais que cet épisodes, bien peu glorieux, devienne rapidement un simple souvenir morbide parmi tant d'autres… J'imaginais la suite… L'état des rues jonchées de cadavres, l'odeur de la multitude de bûchers qui brûlaient déjà un peu partout… J'essayais de relativiser en me disant, que malgré tout, l'humain n'était pas encore prêt à se laisser dominer par la mort, aussi vivante soit-elle…

Néanmoins, essayer d'oublier la douleur et en être réellement capable étaient deux choses totalement différentes… Ma respiration se fit naturellement plus lente, plus profonde… Je plaçais ma chemise enroulée dans ma bouche pour mordre le tissu et ne pas faire exploser mes dents à force de forcer sur mes mâchoires… Ce fût long, bien que nécessaire. J'aurai bien pu me montrer impatiente, ce qui aurait été le cas avec n'importe qui d'autre, mais cette fois, je pris simplement sur moi, en silence, ignorant les sueurs froides, les vertiges provoqués par la douleur jusqu'à ce que tout s'apaise un peu… Comme à chaque fois, au bout d'un moment, la souffrance semble s'atténuer, l'esprit se reprend…

- Merci, lâchais-je finalement, lorsqu'il eut terminé. J'en laissais échapper un soupir de soulagement qui n’avait strictement rien de feint.

J'admire son œuvre, appliquée, soignée… Finn pourrait décemment rivaliser avec tous les bouchers travaillant pour la Compagnie. Autant dire que je n'aurai certainement pas fait mieux moi-même…

- Il faudra faire vérifier ça une fois rentrés, d'accord ?
- Promis, même si tu as fait du bon travail, pour une première, c’est vraiment réussi. Je saurai à qui m’adresser la prochaine fois.

Je lui offris un sourire, sincère et amusée avant qu'il ne vienne me surprendre en déposant son front contre le mien. Je ne saurais dire si c'est la proximité qui me fit fermer les yeux, ou bien la surprise… Ou encore autre chose… Généralement, Finn se contentait de déposer sa main sur mon épaule… Mais ce jour-là, ne se montrait-il pas étrangement tactile avec moi? J'avais beau sentir son front, la moiteur de sa peau, la dureté de son os… Néanmoins, ce fut à ses lèvres que je pensais, celles avec lesquelles il m'avait embrassé au même endroit un peu plus tôt dans la journée… Tout cela me parut bien étrange, quelque peu gênant aussi… Pas dérangeant, au contraire… Juste, surprenant ? Incompréhensible ? Puis lorsqu'il s'éloigna, je ne pus que lui lancer un regard chargé d'interrogation tandis que je rencontrais le sien autrement plus sérieux.

- Je ne veux plus que tu t'éloignes de moi.


Était-ce une plaisanterie ? Honnêtement, il me fut impossible de déchiffrer l'expression que son visage affichait. J'enfilais ma chemise, avant de me relever pour lui faire face, essayant de comprendre ce que j'avais bien pu faire de mal pour qu'il réagisse de cette manière-là...

- Pardon, mais… Puis-je te demander pourquoi ? Ai-je commis une erreur quelconque ?

- Et la prochaine fois qu'on t'attaque, je t'autorise à tuer. Même si ce ne sont que des réfugiés, et qu'ils ont peur, je m'en moque. Ta vie est plus importante que la leur.

-Quoi ? m’étouffais-je en entendant la demande saugrenue du mercenaire… Je ne pus alors que m'’interroger alors sur la nature de cet ordre étrange qui ne lui ressemblait pas tant il me parut illogique et déraisonnable. Tuer ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

J'allais me planter face à lui, scrutant ses yeux clair à la recherche d'une pointe d'humour, certes un peu noir, mais qui expliquerait son ordre… Je ne trouvais rien de tel, aucune lueur d'amusement ne brillait dans ses prunelle… Grands dieux, il était tout à fait sérieux… Cette fois, je m'offusquais tout bonnement, mettant volontairement en évidence l'injustice de ses propos.




- Finn, ce ne sont que de pauvres âmes effrayées. Ils savent ce qu’est la fange, ils ont eu des pertes comme tout le monde, dont nombreuses, seulement aujourd’hui. La plupart sont mariés, ils ont des enfants quelque part et tu penses que la vie, déjà mise en jeu, d’une vulgaire mercenaire a plus de valeur que la leur ? Tout ça pour quoi ? Parce que je sais me servir d’une épée… Epée que j’utilise le plus souvent pour protéger des gens comme eux ? Je ne peux passer outre mon integrité, même si tu me l'ordonnes...Tu m’en demandes trop …

Ce n'était certainement pas pour tuer que je tenais une arme… Cela peut paraître paradoxal, sachant qu'il m'arrivait bien souvent d'être prise de pensées sanguinaires. Néanmoins, si je me battais, c'était avant tout pour offrir une protection à quiconque se trouvant démunis… Jadis, il nous arrivait de nous battre pour le roi, nous servions d'escorte, de garde du corps… Nous ne pouvons donner aveuglément la mort, parce que chaque vie, même la plus insignifiante de toute, a aussi un prix, un poids qui vient aussitôt alourdir l'âme de celui qui la lui a ôtée… Même en le voulant, en ayant sérieusement souhaité leur mort, je ne pus me résoudre à agir de la sorte, simplement parce qu'ils agissaient sur le coup de la panique, il n'y avait rien de réfléchi et de volontaire dans leurs actes. Ils ne cherchaient pas à tuer, mais uniquement à sauver leur peau, même si ce fut de la pire manière possible.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive, Finn ? lui demandais-je en posant ma main sur son front couvert de sueur, sans pour autant noter une température inquiétante… Pas de fièvre, mais il me semblait voir son corps trembler par moment, probablement sous l'influence de la tension accumulée. Tout va bien… Tout le monde va bien, c'est fini...


Tu sais, Finn, je ne suis pas très douée avec les gens, pas du tout même. On ne m'a jamais appris à agir de la bonne façon et certainement pas dans ce genre de situation. Je ne savais donc vraiment pas vraiment quoi faire, quoi dire, ni même comment interpréter tes paroles, tes regards... Quelque part, tu me faisais peur… Ou du moins, tu m'inquiétais suffisamment pour que cela se voit sur mon visage, dans mes yeux. Je n'aimais pas te voir comme ça sans savoir quoi faire… Te rassurer ? Comment ? Je ne trouve que rarement les bons mots, tu le sais … Et à cet instant, ils m'échappaient tous, les uns après les autres, me laissant tout simplement démunie face à toi… Tu avais peut-être simplement besoin de calme, de paix après un moment trop agité… C'était bien mon cas après tout…

- S'il te plaît, dis moi quoi faire pour t'apaiser un peu… Je suis perdue là...

Peut-être devrais-je seulement laisser parler mon instinct… Imiter les gens dans leurs gestes lorsqu'ils ont peur, ou qu'ils se sentent soulagés…Je le savais tactile, il me l'avait encore prouvé quelques secondes auparavant. Et puis... Combien de fois les avais-je vu faire, tous ces gens, à s'enlacer simplement, pour un oui ou pour un non sans que je n'en comprenne réellement les raisons… Ne l'avais-je pas déjà fait, d'ailleurs, un peu plus tôt dans la journée lorsque je fus si soulagée de te retrouver ? Alors autant faire pareil sans me poser de question, puisque je n'obtiendrais aucune réponse. C'est avec maladresse que je vins me lover contre lui, l'enlaçant doucement entre mes bras, venant même coller ma joue contre son torse… Je ne savais même pas si ce que je faisais était réellement approprié ou non et honnêtement, je m'en fichais éperdument. En revanche, je ne pensais pas que je serais moi-même autant apaisée à son contact… ou presque puisque mon cœur semblait battre plus rapidement que d'habitude, un peu lorsqu'on se trouve au plein cœur de la bataille, face au danger… Sauf qu'au lieu de sentir la peur me tirailler les tripes en venant charger mon sang de cette poussée morbide inhérente à tous les soldats et combattant du monde, je me sentais simplement… Bien, le mot est probablement faible, je l'avoue, mais là encore, je n'étais pas encore tout à fait apte à comprendre… J'en oubliais un peu tout, le lieu, ce qui se passait tout autour... Jusqu'à en oublier la douleur irradiant de la plaie contre mes côtes… Je trouvais cela tout bonnement effrayant… Alors, malgré ma résolution, je décidais de m'éloigner un peu, penchant le visage légèrement sur le côté sentant comme une gêne un peu trop chaleureuse au niveau de mes joues…

- On… On devrait aller s'occuper des prisonniers… Ou au moins s'assurer que le calme perdure jusqu'à ce que nous puissions sortir d'ici… bredouillais-je un peu bêtement… Trop même pour que je trouve cela supportable. Oui… Voilà, ce serait peut-être mieux... On a probablement besoin de nous.
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Finn GallagherMercenaire
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyJeu 20 Juin 2019 - 22:01
Il lui en demandait trop, déjà. Finn comprit qu'il était en train de se comporter d'une mauvaise façon et, bien que son humeur sombre ne sembla pas vouloir s'apaiser de sitôt, il songea qu'il ne pouvait effectivement pas imposer à Aeryn la façon dont elle devait se défendre en cas d'attaque. Bien sûr il savait qu'elle avait raison, ce n'étaient que de pauvres hères terrorisés, c'était d'ailleurs ce qui avait retenu son bras un peu plus tôt alors que l'envie d'occire celui qui avait attaqué la jeune femme était à sa merci, mais... La raison, la logique, voilà ce qui devait guider ses actes, et non pas la colère et l'appel de la vengeance. Alors qu'il songeait à ce qui aurait pu arriver s'il avait franchi la limite, une main vint se poser sur son front moite et il cligna des paupières, portant sur la rousse un regard étonné autant par son geste que par sa question. Ce qu'il lui arrivait ? Ah ça... "Tu es taré Finn" Il serra les poings et la mâchoire, le corps tremblant passablement sous l'afflux d'une énergie nouvelle et d'un besoin impérieux de se dépenser. Rester enfermé ainsi comme un animal en cage avec tous ces gens lui déplaisait visiblement, il n'était pas à l'aise et, bien que le Mercenaire ait toujours apprécié la compagnie d'autrui jusqu'à présent, toute cette panique avait fait ressurgir une part enfouie dans les ténèbres de son cœur, celle qui ne se réveillait qu'en mission ou lorsqu'il était gravement blessé.

Tout va bien… Tout le monde va bien, c'est fini...

Le jeune homme porta sur elle un regard songeur, secouant légèrement la tête à la négative. Non, tout n'allait pas bien et tout était loin d'être fini. On se battait certainement encore là-dehors, il n'avait rien à faire ici, il était inutile, emprisonné et incapable de rejoindre le Capitaine et les membres de la Compagnie, mais... sortir désormais serait du pur suicide, tant pour lui que pour les réfugiés, même Aeryn risquait d'être inutilement exposée au danger alors que sa blessure risquait désormais de l'handicaper en cas de combat contre un Fangeux, cela ne pardonnerait pas, alors... Il ne savait pas ce qui pouvait l'apaiser, il était déjà reconnaissant envers la Mercenaire de comprendre qu'il n'était pas dans son état normal, de ne pas l'accuser d'être indigne de son statut ou il ne savait quoi d'autre. Soudain, deux bras menus passèrent de part et d'autre de lui, l'entourant avec douceur alors qu'il réfléchissait encore à la situation, le prenant au dépourvu au même titre que cette joue qui vint s'appuyer contre son plastron. Finn baissa ses yeux verts sur la tête rousse sous son nez, immobile, figé même, sentant son propre souffle ralentir, son cœur s'apaiser en partie lui qui battait à tout rompre pour accentuer son désir de mouvement. Ce fut comme apaiser un animal qui s'agitait furieusement à l'intérieur de lui, un profond sentiment de paix, comme une eau fraîche pour une gorge sèche, comme un baume apaisant sur une plaie douloureuse. Le temps sembla s'arrêter, la course du soleil le fit sans doute là-dehors, puis alors même que les poings se desserraient, commençaient à remonter les mains, la présence réconfortante s'arracha à lui, laissant le Second comme deux ronds de flan, immobile une fois encore, pris au dépourvu. Et voilà qu'elle lui parlait des autres, de ces gens qui avaient tant besoin d'eux, de leur présence, de leur protection. Les Trois lui soient témoins qu'il avait de nouveau l'esprit suffisamment clair pour comprendre qu'Aeryn disait vrai et pourtant...

- Attends.

Finn inspira et tendit la main, prenant doucement le bras de la jeune femme pour l'empêcher de s'éloigner alors qu'il s'approchait à son tour. Ce fut lui cette fois qui passa ses bras autour d'elle, la pressant lentement contre lui sans pour autant chercher à l'emprisonner, la laissant libre de s'écarter si elle ne désirait pas ce contact. Il la prit ainsi dans ses bras, la serrant avec précautions, l'une de ses mains dans le haut de son dos entre ses omoplates. Bordel, il était en train d'enfreindre les limites qu'il s'était lui-même imposé au sein de la Compagnie, ça n'était pas bien, pas bien du tout même.

- Reste encore un peu. Ça, ça me fait du bien... juste ça, ne t'en fait pas.

Comme s'il allait oser faire davantage alors que la Mort rôdait au-dehors et pouvait tenter d'attaquer leurs maigres défenses à chaque instant. Pour autant le Mercenaire inspira profondément, fermant les yeux avant d'expirer lentement, sentant son corps se détendre enfin et sa conscience s'apaiser un peu. C'était égoïste, déplacé et probablement indigne de son statut de Second, mais cela fonctionnait et il ne pouvait nier en avoir cruellement besoin à cet instant précis, un peu de chaleur humaine avec la seule personne à qui il puisse confier sa vie dans ce maudit endroit.

- Je reviens sur ce que j'ai dit. Tu as raison, ces gens sont innocents, c'est moi qui me suis laissé emporté. Pardonne-moi pour cela.
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Meser GlasobrinAssassin
Meser Glasobrin



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyVen 21 Juin 2019 - 2:54
L’attroupement qui prend naissance dans la cuisine est rapidement dispersé par le géant milicien et le mercenaire dans la salle, alors que le calme reprend possession de la taverne, chacun retourne dans son coin, les misérables ayant pris partie au début de révolte contre les sorcières rousses repartant marmonner en silence chacun de leur côté, le milicien un peu bête sachant se faire comprendre, malgré son manque cruel de facilité d’élocution. Mais il tape fort, c’est un langage que tout le monde comprend.

Profitant de tout ce bruit, l’homme aux yeux bleus cherche rapidement à reprendre une attitude se voulant la plus détacher possible. Tournant ses ustensiles baignant dans les flammes afin d’offrir le métal aux caresses du feu de manière régulière, l’assassin profite du calme revenant peu à peu sous les éclats de voix d’un milicien simplet mais gigantesque et d’un mercenaire dont le nom lui revient avec peine. Finn, si ses souvenirs sont bons. Il ne serait pas judicieux d’attirer l’attention après une telle agitation, les hommes d’armes présents ainsi que leurs compagnons semblant légèrement sur les nerfs.

Les blessés provoqués par cette échauffourée s’avancent dans la cuisine, mais Meser n’a pas besoin de faire parler le feu cette fois-ci, la gravité des blessures étant moindre. Si ce n’est les idiots assommés sur le sol par le milicien géant, mais ceux-ci le porteur de mort évite d’y porter trop d’attention, n’enviant leurs sorts pour rien au monde. Le mercenaire boucher présent dans la salle s’attelle directement aux soins, laissant un peu de répits au charpentier.

Le regard que porte la sorcière rouquine bien trop agile sur sa personne ne déplaît pas à l’assassin, dans un premier temps. L’homme aux yeux bleu dragée apprécie être la source de méfiance et de crainte, en de toutes autres circonstances ce jugement lui serait jouissif, mais ici il n’est que dangereux. Meser se maudit intérieurement d’avoir manqué de prudence pour provoquer un tel ressentiment à son égard dans un moment pareil. Il est important pour lui d’être discret, d’être un citoyen lambda, une pauvre âme en peine, prisonnier de la Fange en ce jour de fête.

Penchant légèrement la tête sur le côté gauche en lui souriant le charpentier pourrait presque parier que la jeune rouquine semble le jauger, l’évaluer. Pour toute réponse à son questionnement silencieux et comme réponse à sa remarque, il ne lui adresse qu’un haussement d’épaule, prenant sa plus belle voix de travailleur du port.

« Ouaip m’zelle. J’pense qu’c’est normal, mais l’prochaine fois, d’mandez hein ? J’mange personne, c’tairnement pas les rouquines en plus. » Un sourire, alors que son regard se teinte d’une pointe d’amusement, l’assassin prenant toujours un malin plaisir à utiliser les divers accents et manières de parler des gens qu’il côtoie au quotidien. Inutile d’effrayer plus encore cette jeune rouquine, dont l’agilité surprenante démontre qu’elle cache bien son jeu, aussi elle pourrait s’avérer utile. Lyanna d’après le mercenaire qui l’a nommé précédemment. Intéressant.

Le charpentier observe avec une certaine ironie la rouquine partir à la recherche de sa lame, après avoir récupérée sa bouteille, haussant à nouveau les épaules à sa question. « Un r’bis ? N’importe qui peut l’avoir pris pendant l’bagarre. J’doute qu’vous l’r’trouviez dame. ‘Pis pourquoi qu’z’avez une arme comme ça sur vous ? » L’assassin plisse les yeux, se faisant suspicieux, très légèrement. « C’pas courant pareille arme. Z’êtes noble ? » L’occasion idéal pour pouvoir mettre le grappin sur cette femme si cet objet lui tient tant à cœur. « Faites un appel en laissant vot’ nom et où vous trouvez. P’tet que quelqu’un vous l’ramén’ra. Cont’ récompenses. » Nouvel haussement d'épaules, avant de balayer l'air de sa main.

Après s’être offert une énième gorgée d’alcool, il tend la bouteille à la rouquine en souriant, l’invitant d’un geste de la main dans un coin de la cuisine un peu plus calme, haussant un sourcil avant de lui demander l’air de rien. « C’représente quoi pour vous ? » Essayer de détendre l’atmosphère et de changer de sujet, la lame toujours bien loger dans sa botte, l’assassin essaye de se montrer avenant. Un rapide coup d’œil dans la grande salle et dans la cuisine rassure le porteur de mort, personne ne semble l’accuser du vol, sa manigance a donc réussie à passer inaperçue.

Les deux mercenaires ne sont plus visibles, certainement car ils se sont éclipsé au calme, le milicien après avoir fait son discours semble prendre la surveillance des trois fauteurs de troubles très à cœur, le calme semble à nouveau réussir à emplir les cœurs.


Dernière édition par Meser Glasobrin le Dim 23 Juin 2019 - 3:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyVen 21 Juin 2019 - 9:48
D'aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais retrouvée aussi proche de quelqu'un auparavant. Je ne l'aurai même pas voulu et encore moins accepté. Ce genre de tendre attention, pourtant si communes chez tout un chacun, n'existait tout bonnement pas chez nous. Enfin si, probablement à l'époque de ma mère, mais me concernant et ne l'ayant jamais connue, je n'ai jamais pu bénéficier de cette tendresse. Et puis… J'imagine que ce doit être différent selon les cas non ? Un ami, même proche, n'est nullement semblable à un frère ou un père. Je suppose donc que les sensations ressentis à ce moment-là se doivent d'être différentes, je me trompe ? C'est probablement à cause de ce manque d'habitude et le fait que ce soit lui que je me sentais aussi mal à l'aise.

Je me disais que mes gestes ne pouvaient être que déplacés. Que ce genre de choses ne se faisaient pas, pas comme ça, pas avec un ami qui était aussi un supérieur… Je n'étais pas non plus censée apprécier… Il n'y avait rien de logique à sentir son parfum naturel et encore moins de le trouver agréable… Aussi près de lui, je ne me reconnaissais plus, tout simplement. Je ne ressentais plus la colère qui m'habitait depuis l'enfance, toute ma tension habituelle semblait s'apaiser… Ce n'était plus moi, celle que j'ai toujours été et c'est justement ce qui me faisait peur et que je tentais de fuir… Pas lui, Finn n'y était pour rien, le problème venait probablement de moi… Moi et mes attentes bizarres que je ne comprenais pas plus que le reste, sans parler du côté anormal de la chose, déplacé… Contre nature ou que sais-je encore. Lui-même me trouvait probablement bizarre sans pour autant oser me repousser.

J'essayais de paraître naturelle pourtant, cherchant à retrouver une certaine contenance… Redevenir moi-même et pas cette chose étrange qui ne savait même plus où elle se trouvait. Je baragouinais quelques excuses maladroites, malhabiles afin de pouvoir simplement m'éloigner et oublier ces sentiments étranges et effrayants qui s'éveillaient doucement.

Tu sais, Finn, je n'ai jamais aimé les changements, vraiment pas. Il me fallait un temps fou pour les accepter et encore plus pour m'adapter. C'est parce que j'ai toujours été isolée que je gardais ma chambre à l'auberge, qu'importe le nombre de fois où mes frères ont insisté pour que j'emménage au quartier général, tout comme eux. J'ai grandi comme ça, dans mon coin, ne sortant que pour tenir mon arme en main et m'en servir d'une manière ou d'une autre… Je ne me voyais absolument pas changer cela. Ce n'était qu'un simple changement d'habitude et pourtant, je ne le supportais pas…. Alors imagine comment je pourrai simplement reconnaître un changement au sein même de ma personnalité, de la gestion de mes émotions. Je ne suis pas faite de pierre, je ressens comme tout le monde… Sauf que je ne sais pas ce que sont ces sentiments, ils n'ont pas de noms, pas de logique non plus… Pour moi, ils n'avaient donc rien à faire là, d'autant plus lorsque je me trouvais totalement démunie face à eux… Effrayant, disais-je, et crois-moi, le mot est faible.

Je ne m'imaginais donc pas une seconde que Finn me retiendrait, j'en fus donc particulièrement étonnée. Mes yeux durent prendre des allures de poisson frits lorsque j'avisais sa main sur mon bras et encore plus quand il m'attira contre lui de nouveau. Je me figeais tout bonnement en sentant ses bras se refermèrent autour de moi et pour la première fois depuis bien longtemps, je me sentais minuscule, vulnérable… Faible. Je ne réalisais pas que mes bras l'avaient tout naturellement enserré à leur tour, que ma tête reprit la place qu'elle occupait un peu plus tôt, tout contre lui.

- Reste encore un peu. Ça, ça me fait du bien... juste ça, ne t'en fait pas.

Je voulus lui répondre, mais les mots que je n'avais plus restèrent coincés dans ma gorge, aussi, me contentais-je de hocher doucement la tête. S'il avait besoin de ça pour se sentir mieux, je pouvais bien prendre sur moi et essayer de faire abstraction de mes propres émotions. Je lui devais bien cela après tout, s'il se trouvait toujours une personne pour me soutenir, c'était bien lui… Et puis, quitte à se voiler la face, autant ne pas reconnaître que moi aussi, je pouvais en avoir besoin, que je pouvais apprécier ce contact précis… Simplement parce que c'était lui, parce que je n'aurai jamais toléré cela d'un autre, je me connaissais suffisamment pour l'affirmer.

Je me doutais bien qu'il n'était pas lui-même, je ne l'avais pas reconnu plus tôt avec ce discours décousu, je ne devais donc pas m'étonner de son comportement à ce moment-là. Ce devait probablement être le cas pour moi aussi, puisque j'étais totalement incapable d'expliquer mon état… Oui, voilà, c'était ce qu'il semblait le plus logique... Et puis… Et comme il n'y avait que moi dans cette pièce, je supposais donc qu'il s'était "rabattus" sur la seule personne présente… Cela ne signifiait probablement rien pour lui… Je n'avais donc pas à me sentir aussi… étrange.

- Je reviens sur ce que j'ai dit. Tu as raison, ces gens sont innocents, c'est moi qui me suis laissé emporté. Pardonne-moi pour cela.
- Je l'avais bien compris, ne t'en fais pas. Je sais que tu n'es pas dans ton état normal...

C'était bien pour cela que je me trouvais encore dans ses bras, non ? Je levais les yeux vers lui, lui offrant le genre de sourire absurde et amusé exposant toutes dents, celui qu'il aimait tant arborait habituellement. J'essayais de détendre l'atmosphère comme je le pouvais, ce qui n'était évidemment pas mon fort non plus… En sachant que personnellement, mon cœur battait toujours trop fort à mon goût pour que je puisse qualifier cela de normal, mes mains devaient être moite et… Je trouvais en plus le moyen de me perdre dans ses yeux… J'aimais leur couleur et la lueur qui y brillait toujours, probablement un peu trop… Mon sourire s'était tout bonnement effacé lorsque mes prunelles avaient rencontré les siennes.

"Qu'est-ce que tu me fais, Finn ?" songeais-je sans pour autant m'éloigner, tout en sachant que je le devais pourtant. Au contraire, je n'osais pas bouger d'un millimètre, pire encore, je n'en éprouvais nullement l'envie… J'attendais, sans savoir quoi… Qu'il mette fin à tout ceci de lui-même ? Autre chose ? Mince… Je devais être en train de rougir comme l'une de ces midinettes totalement décérébrée…

- Je suppose que je ne suis pas tout à fait moi-même non plus, actuellement, fini-je par déclarer avec une voix quelques peu faiblarde et hésitante essayant pourtant d'y apporter une tonalité faussement amusée. Tu te sens… mieux ?

Si je devais me montrer parfaitement franche, je lui dirais que je craignais autant qu'il me réponde oui ou bien non. Je ne voulais pas qu'il s'éloigne tout en espérant qu'il le fasse.

"Bon sang ce que tu peux être stupide, Ryn…"
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Finn GallagherMercenaire
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptySam 22 Juin 2019 - 10:54
Elle savait, ou croyait savoir, mais au moins elle comprenait et c'était tout ce qui importait, tout ce dont il avait besoin pour achever de se détendre, de faire disparaître cette tension, cette soif de sang qui avait le don de se manifester au plus mauvais moment. Finn vit Aeryn lever la tête vers lui, arborer un sourire qui se voulait rassurant et amusant, le genre qu'il lui servait d'ordinaire lorsque l'humeur était au beau fixe et qu'il était plein d'entrain, prompt à raconter une plaisanterie quelconque... Cet homme-là s'effaçait de plus en plus à mesure que le temps passait, que les mois s'égrenaient et que la Fange demeurait. Pour autant voir la rousse afficher une telle expression, si inhabituelle sur ses traits, arracha un début de sourire au Second qui fut touché par l'effort fourni. Leurs regards accrochés l'un à l'autre, les sourires finirent par s'évanouir alors qu'ils se fixaient avec plus d'insistance, plus de profondeur et de gravité. Était-ce la proximité de la Mort rôdant au-dehors ou bien le fait qu'ils soient chaque jour un peu plus proches l'un de l'autre ? Ils avaient appris à se connaître, se familiarisant malgré leurs tempéraments si opposés en apparence, pour finalement devenir complice aux entraînements et durant les missions. Sans se connaître parfaitement, ils se comprenaient et savaient interagir ensemble quasiment sans parler selon les situations. Peut-être qu'ils étaient en train de tout mélanger ? Peut-être que lui en tout cas était en train de s'aveugler sur la réalité de leur lien ? A la voir ainsi, commençant même à rougir à force qu'ils se fixent de la sorte, le Mercenaire n'était plus sûr de rien, si ce n'est de cette attraction, de ce besoin de sa présence, de son contact même à cet instant.

- Je suppose que je ne suis pas tout à fait moi-même non plus, actuellement.

Elle manquait d'aplomb en disant cela, elle toujours si téméraire et déterminée. Était-ce sa faute ou bien celle de sa blessure ? De la situation exceptionnellement inquiétante ? Sans doute était-elle aussi perdue que lui... Ah Finn ! Tu réfléchis beaucoup trop !

Tu te sens… mieux ?

- Un peu.

Mensonge, beaucoup mieux même, mais le jeune homme n'avait pas envie qu'elle s'écarte, bien qu'il ne la retienne pas et qu'elle sembla vouloir rester contre lui malgré une gêne évidente. Il se souvenait parfaitement de ce qu'il savait à son propos, de la vie qu'elle avait eu, du fait qu'elle n'avait probablement jamais... Tu n'es qu'un égoïste. Songea-t-il avant de sourire un peu tristement, se rappelant fort bien comment s'était terminée sa dernière relation sérieuse, sans parler du fait qu'il ne s'était pas privé pour passer une nuit de-ci de-là avec quelques belles plantes quand l'occasion s'était présentée. Aeryn n'était pas ce genre de femme, c'était une combattante farouche et indépendante, le genre qu'un homme serait heureux de pouvoir dire qu'elle lui appartient, mais qui tel un fauve en cage finirait par se laisser mourir faute de liberté. C'est en songeant à tout cela, en fixant la jeune femme d'un regard vert intense et brillant, qu'il finit par se pencher vers son visage, suspendant son geste avant de remonter vers son front qu'il embrassa tendrement, longuement. Il sentit ses mains trembler, l'envie de la presser fortement contre lui, de prendre possession de ses lèvres et du reste de son corps. Il lui plaisait, c'était l'évidence même, mais ce n'était pas le moment ni la façon de procéder qui convenaient. La Mercenaire méritait un meilleur traitement, elle méritait le respect et une affection sincère, hors le moment était plus que mal choisi pour laisser une simple attraction guider leurs actes. En tant que Second, il avait le devoir de la traiter convenablement et c'est pourquoi, après avoir fait durer ce baiser sur son front durant de longues secondes, il s'écarta à regret, lui offrant un sourire contrit, mais non moins sincère. Ah, il pouvait être raisonnable finalement, mieux valait tard que jamais.

- En tout cas je vais suffisamment bien pour qu'on retourne avec les autres. Merci, Aeryn.

Finn avait dit cela avec bienveillance et gratitude, l'une de ses mains venant se poser brièvement sur sa joue en gage de remerciement avant qu'il ne la dépasse par le côté, inspirant profondément en se redressant, reprenant son rôle avec tout le sérieux que l'on attendait de lui. Le Mercenaire ne déciderait rien tant que tout ne se serait pas calmé, tant que les Fangeux dans la Cité n'auraient pas été tous tués et qu'ils n'auraient pas renforcés la sécurité. La survie avant tout, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyDim 23 Juin 2019 - 0:56
L'air soudainement innocent et presque amical de son interlocuteur ne fit qu'attiser un peu plus les soupçons que la rousse éprouvait à son égard. Sa mine ne la trompait pas... On ne passait pas d'un oeil détailleur et assassin à un visage sympatique et avenant sans n'avoir rien à cacher. Cherchait il à l'amadouer ? À noyer le poisson ? Qu'avait il réellement en tête ? La jeune femme n'en avait pas la moindre idée, et si elle jouait à son jeu de fausse politesse et avenance, ce n'était que pour mieux observer les éventuels faux pas succeptibles de tromper les véritables intentions du bouché.
Son poignard demeurait introuvable et elle se sentait bien mal à l'aise de se trouver ainsi désarmée et épuisée de sa lutte de l'instant plus tôt. La seule défense dont elle disposait n'était en vérité que le colosse qui lui avait sauvé la vie lorsque l'un des fous avait entreprit de l'étrangler à mort. Elle ressentait une angoisse en compagnie de l'homme aux yeux dragés, un sentiment d'insécurité... Un soupçon de danger.
S'il jouait comme elle le pensait un vilain jeu, il fallait malgré tout lui accordé qu'il était bon acteur. Lyanna le toisait d'un regard suspicieux alors qu'elle répondait à une première question, d'une voix qui laissait entendre son trouble quant à sa personne.


- Tout justement pour être en mesure d'avoir une chance de me défendre si une situation aussi saugrenue que celle-ci venait à se produire.

Avec un soupir, elle ne pouvait qu'être d'accord avec les avis de son compère, et son regard néanmoins se fit perçant, comme s'il cherchait à dire "Je t'ai à l'oeil" :

- En effet... Vous avez raison. Si quelqu'un a trouver mon poignard... Il y a de forte chance qu'il l'ait embarqué... et là encore, je vous rejoins à dire que ce pourrait être l'oeuvre de n'importe qui.

La suite arracha un très léger sourire amusé à la voleuse, qui trouvait bien ironique ce qu'avait à lui dire le bouché. Une noble? Vraiment ? L'avait il bien regardé? Bon, certes, sa robe bleue canard était bien jolie, presque neuve... Mais elle n'avait rien de très luxueux ou pompeux. Ses cheveux détachés, cascadant dans son dos et sur sa poitrine, nétait pas la coiffure des femmes distinguées de la ville. Et la minceur de son corps trahissait un appétit loin d'être rassasié à sa faim. Ne parlons même pas de son agilité et de ses muscles fins qui n'étaient décidemment pas ceux d'une demoiselle de la cours.
Lyanna hésitait de sa réponse alors que l'homme prenait une nouvelle - et bonne - gorgée d'alcool. Il serait bientôt saoul, s'il continuait à ce rythme ! Non sans un sourire, il l'invita à gagner un coin plus calme au fond de la cuisine pour discuter, d'un geste de la main qui lui semblait étrangement bienveillant.
Comment en vouloir à Lyanna de se montrer alors plus que méfiante à l'égard de l'inconnu? N'avait elle pas été une cible à abattre, un instant plus tôt? N'était elle pas désarmée, à présent? L'homme n'avait il pas lui même prouvé qu'il était très capable en cette situation périlleuse?
La jeune femme jeta alors un regard sur le monstrueux milicien enfantin. Il paraissait trop occupé pour remarquer que la rousse l'interpelait du regard. Elle ne trouva pas Finn, non plus. Elle était donc belle et bien seule, avec cet inconnu...
Mais... Et si elle aussi avait été atteint de paranoïa ? Si elle s'était figurée qu'il lui avait voulut du mal, alors que peut etre il n'en était rien ?
Quoi qu'il en soit... Il semblait attendre quelque chose d'elle... Puisqu'il ne s'en retournait pas à ses propres occupations et l'invitait au contraire à poursuivre cette conversation.
Non sans abaisser ses gardes, et après une bien longue hésitation, Lyanna s'avança dans le recoin plus calme de la cuisine que lui avait indiqué son interlocuteur. Posant sur lui un regard étonné face à sa question des plus surprenantes, elle s'offrit un instant pour réfléchir à la meilleure façon d'y répondre.


- Vous êtes loin du compte... Je ne suis pas plus fortunée que vous... Sans doute moins même. Cet objet m'a été, disons, offert par un vieil ami... Il ne m'a jamais quitté depuis ce jour, et on peut dire qu'il m'a toujours beaucoup porté chance...

La mort de Dic, les contrats, Rubis... Des heureux dénouements qui n'auraient jamais vu le jour, sans ce poignard !
Mieux valait se méfier pourtant... Cette dague était un bien trop grand indice sur son identité caché. Le rubis sur la garde était le signe distinctif de la renommée Rubis, et tout commanditaire savait que c'était cet éclat qu'il fallait chercher au coeur d'une taverne du port pour avoir une chance de s'offrir ses services.
S'il gardait son demeurant charmant, innocent et aimable, mieux valait ne pas se fier aux petits airs de l'inconnu qui lui faisait face.
Elle lui adressa un petit sourire qui se voulait charmant avant de demander :


- Comment vous appelez vous?

Des informations... Le savoir est un pouvoir...
Mais juste au cas où... Lyanna, faisant face à son interlocuteur, vint se placer entre lui et le brasier dans lequel reposaient ses ustensiles. Ainsi, elle lui barrerait la route en cas d'offensive pour les récupérer.


- Qu'est ce que cela change, que cet objet ait une valeur sentimentale ou non? Je ne me sens pas en sécurité ici. Je pense que vous pouvez le comprendre...

Elle lui désigna sa gorge sur laquelle l'étreinte des doigts de son précédent agresseur avait laissé de vilaines marques rouges très prononcées.

- Je préfèrerai avoir une arme sur moi, si jamais les choses devaient tournées à nouveau au vinaigre... Je doute que ce... géant ? ... de milicien soit toujours à même de me porter secours.

Ne pas laisser entendre qu'elle était faible... Sans pour autant laisser entrevoir la moindre facette de la célébrité de l'ombre qu'elle était.


Dernière édition par Lyanna Desroses le Dim 23 Juin 2019 - 18:15, édité 1 fois
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Aeryn MonclarMercenaire
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyDim 23 Juin 2019 - 10:19
J'avais beau l'observer, reconnaître ses traits familiers et rassurants, je ne voyais plus mon ami… C'était pourtant bien lui, le même Finn que je voyais chaque jour depuis des mois. L'homme trop bienveillant, trop enjoué qui m'agaçait profondément au début parce que trop protecteur, trop inquiet, trop différent des hommes que je connaissais alors. À quel moment tout cela avait changé, au juste ? Quand ai-je décidé de le voir autrement que comme le second irritant du Capitaine, de passer outre tous les petits détails de sa personnalité qui éveillaient si facilement ma rage pour l'accepter et voir en lui un ami.

Une personne de confiance. Un compagnon d'armes respecté et efficace parce qu'avec lui, il était presque devenu inutile de parler… Il me comprenait, ne jugeait pas mes réactions étranges, mes paroles chargées d'impulsivité ou de hargne… Pire, il riait là où d'autre se seraient jetés à ma gorge. Il avait compris ma maladresse, sachant que je ne trouvais que rarement les bons mots, que je préférais généralement me taire plutôt que de blesser un interlocuteur fragilisé… Il était toujours lui, reprenant peu à peu son calme, je m'en rendais bien compte… Mais en même temps, Finn était devenu autre chose, quelque chose dépassant probablement l'amitié sans que je sache quoi exactement et bon sang, ce que cela pouvait m'énerver.

Encore une fois, je ne me comprenais pas ou plus. Je n'avais pas menti en affirmant que je n'étais pas moi-même puisque je ne me reconnaissais pas plus que je ne le reconnaissais lui. Je restais bêtement plantée là, le regard perdu dans le sien, dans l'expectative d'une chose, sans réellement savoir quoi. Je ne bougeais pas d'un pouce lorsque je vis son visage s'approcher du mien. Je me trouvais fascinée, tétanisée ou que sais-je… Je ne sais même pas pourquoi mes yeux se fermèrent d'eux même quand ses lèvres se déposèrent sur mon front et le restèrent tout le temps que ce contact perdura… Un remerciement, une main sur ma joue… Il affirmait aller mieux, assez du moins pour reprendre sa place auprès des autres… Mais visiblement, ce n'était nullement mon cas.

-Très bien, dans ce cas, je te rejoindrai d'ici quelques minutes, déclarais-je en essayant de paraître aussi naturelle que possible avant de simplement lui tourner le dos. Trop de monde, trop d'agitation, j'ai besoin d'un peu de calme.

Et surtout de retrouver un peu de contenance sans qu'il en soit témoin. J'étais troublée, incertaine, un peu perdue… Je décidais de même cela sur le compte du caractère exceptionnel des événements. De la tension meurtrière, de l'effroi qui régnait tout autour de nous donnant des airs de fin du monde à une journée qui avait pourtant si bien commencée. Ce ne pouvait être que ça… Oui, voilà, forcément. Nous ne pouvions qu'être tous deux influencés par cette ambiance inhabituellement chargée d'incertitudes, celle de pouvoir assister à l'apparition du lendemain…

Réfléchir ainsi me permis au moins de regagner un peu du calme apparent qui me caractérisait habituellement. Le reste, je le mettrai de côté en veillant à me concentrer sur autre chose de plus réel, de plus concret et surtout de plus utile. Je ne tenais pas à m'imaginer n'importe quoi, et encore moins à attendre quelque chose tout en me laissant atteindre de cette manière étrange et sacrément dérangeante… Je pourrais toujours me poser toutes ces questions plus tard, lorsque le moment sera opportun, si cet état persiste et surtout si nous parvenions à survivre.

Il ne me restait plus qu'à regagner le rez-de-chaussée en espérant que le calme y règne enfin. Ce fut le cas d'ailleurs, un homme se tenait au milieu de la grande salle guidant une prière de groupe directement adressée à tous les combattant à l'extérieur. Ceux qui œuvraient pour nous garantir un avenir, un jour de plus à survivre. Alors, ne trouvant rien de mieux à faire pour me rendre utile à ce moment-là et en étant toute aussi impuissante qu'eux, je décidais de les rejoindre pour implorer Rikni de prêter sa force aux combattants, qu'elle bénisse leurs armes, guident leurs gestes, qu'Anür les préserve de la mort ou qu'elle accorde le salut à tous ceux étant déjà tombés. Qu'elle les préserve de l'humiliation de se relever en tant que monstres, qu'ennemis de ce qui furent jadis leurs frères humains… Que faire de plus ? Rien, mis à part prier et attendre. Mettre sa fierté, sa colère de côté, penser simplement aux absents, à tous ceux occupés à nous protéger, aux personnes, qui contrairement à nous, se sont vues privées d'abris et devaient mourir de peur à l'extérieur sans avoir la possibilité de se défendre... Espérer que la tout cela finisse bien ou tout du moins au mieux.
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Meser GlasobrinAssassin
Meser Glasobrin



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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyDim 23 Juin 2019 - 16:20
L’assassin aurait peut-être pu faire un lien entre cette dague, l’agilité de sa porteuse et les rumeurs concernant les services d’une voleuse dans les tavernes du port. Le charpentier aurait pu ainsi avoir mainmise sur des activités de l’ombre intéressantes pour sa propre double identité. Si toutes les suppositions qu’il aurait pu avoir étaient justes, alors l’homme aux yeux bleus aurait pu supposer avoir devant une lui une célèbre voleuse. Hélas pour lui, malheureusement pour la suite des événements, le porteur de mort est à ce moment là bien trop entamé par l’alcool pour réussir à faire des liens aussi saugrenus.

S’affalant contre le mur, l’homme se laisse descendre jusqu’au plancher des vaches, profitant ainsi du calme revenue pour souffler longuement. Encore une fois Meser s’est laissé aller à la boisson. Se maudissant intérieurement pour être aussi faible, l’assassin doit mobiliser toutes ses capacités cognitives restantes pour éviter de nouvelles erreurs. Un nom ? Celui-ci sort sans réfléchir.

« Thony Glabin. » Levant la main pour se présenter, souriant faiblement. « Manut’ du port. ‘Fin ancien. J’portais les caisses. » Ne jamais se présenter à des inconnus que l’on trouve intéressant pour le travail. Règle élémentaire de survie. Dommage pour celle-ci que Meser ait pu entendre le mercenaire la présenter, voyons donc si elle joue franc-jeu avec lui, à ce sujet. « Et vous ? Un p’tit nom pour c’te frimousse ? »

Amusant que celle-ci se place entre lui et l’âtre du feu, une manœuvre intentionnelle pour le priver des lames incandescentes ? L’assassin hausse les sourcils en secouant la tête de frustration pour essayer de chasser ce nuage nébuleux qui nimbe son esprit. Ce n’est ni le moment, ni l’endroit. L’ivresse, cet ennemi des hommes faibles. Meser est faible et le sait, il se maudit donc une énième fois, se cognant légèrement l’arrière de la tête contre le mur. Le porteur de mort connaît le nom de celle qui lui fait face, c’est déjà un indice pour la retrouver…

Elle élude la question sur l’importance de la lame, mais avoue quand même qu’il s’agit d’une sorte de porte-bonheur, légué par un ami. Les femmes sont de plus en plus souvent armées ces jours-ci, le Duc a même ouvert la milicienne aux porteuses de robes. On marche vraiment sur la tête. Mais elle n’a pas l’allure d’une de la garde. Une lame pour se protéger uniquement, mais contre quoi ? C’est bien louche tout ça.

Meser rumine et quelque chose semble lui échapper, des liens impossibles à faire dans cet état, mais son ébriété ne lui permet pas de déceler la raison de ce malaise. L’homme aux yeux bleus secoue la tête en soupirant à nouveau, l’alcool n’est vraiment pas son allié. Reposant la bouteille il hausse les épaules à la question de la rouquine.

« S’lui n’vous porte pas s’cours, quelqu’un l’fera. Sauf s’vous êtes habituée d’bas quartiers hum… ? » Un haussement de sourcil en avisant la rouquine, pointant le-dit milicien géant sus-cité. « Y vous as pris pour une fille d’joie. En c’cas j’comprend la lame oui. » Levé la main droite pour brasser du vent, ponctuant ainsi ses propos. « Z’êtes rousse en plus. Pas d’pots. » Un nouveau regard dans sa direction avant de fermé rapidement les yeux pour hausser les sourcils, soupirant. « C’court pas les rues et trois sont là. Forcément, ça agite l’caboches des froussards. »

Penchant la tête sur le côté, l’assassin se part d’un très large sourire, connaissant déjà la réponse à sa question. « D’ailleurs s’vous l’êtes. J’serais pas contre un p’tit service hein ! » Un éclat de rire, alors qu’il agite la main, reposant sa tête contre la pierre du mur de la cuisine. « C’pas commun une femme ‘vec une arme ma p’tite. ‘Fin j’suis pas vot’ Jule. C’pas à moi d’dire c’qui est bien ou mal en c’bas monde. »

Le temps passe et le calme revient, l’assassin essayant de garder un soupçon de conscience pour ne pas se laisser aller, observant de temps à autre la rouquine silencieusement. Sa main venant gratter le sommet de son crâne dans un soupire, laissant son regard dans le vide, écoutant toujours la sorcière proche de lui.
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyMer 26 Juin 2019 - 23:05
L'homme était de toute évidence déjà bien entamé par la boisson. Buvait il depuis leur arrivé ici? Ou était il peut être déjà saoûl lorsque l'attaque des terribles créatures avaient débuté? Les Trois seuls savaient... Ce qui était sûr pour Lyanna, dont les yeux experts et habitués détaillaient chaque parcelles de son interlocuteur comme pour en percer tout les secrets, c'était que l'homme n'était pas étranger à l'ivresse. Il devait lui arrivé bien trop souvent de se laisser aller à pareille activité, à pareille tentation. Elle était loin de juger ce genre d'addiction... Elle même aurait pu y céder, si elle s'était abbandonnée à ses souvenirs, à ses fantômes... A la fatalité de l'existence qu'elle menait et qui ne lui apporterait jamais à rien de bon. Elle en avait parfaitement conscience, plus encore ces derniers mois, car la corde qu'on lui passait autour du cou semblait se resserer un peu plus au fil que le temps passait... Si elle se laissait tenter parfois – comme en ce jour très particulier d'ailleurs – par le doux cocon confortable et aveugle que lui procurait la boisson, elle avait toujours essayer de s'en tenir éloigner la majorité du temps.
Ce ne devait pas être le cas de celui qui lui faisait face, se laissant glisser contre le mur, et qui se présentait finalement à elle, en lui tendant la main. Thony Glabin... Un marin, comme elle s'en était un peu douté de par son accent. S'il mentait, elle n'y vit que du feu, et tout ce qui lui vint alors à l'esprit était qu'il était curieux qu'elle ne l'ai jamais croisé au part avant, étant donné qu'elle vivait sur le port et qu'elle avait prit pour fascination l'agitation qui y régnait au départ comme au retour des navires qui s'y trouvaient – ou qui s'y étaient trouvés, plutôt -. Mais elle ne se tortura pas l'esprit à ce sujet : après tout, on ne peut pas se souvenir de tout les visages et de tout les noms, si?
Elle serra avec lenteur la main de son interlocuteur qui n'était désormais plus tant un inconnu. Elle n'avait peut être pas compris qu'il lui mentait jusqu'ici, mais sa méfiance à l'égard du bouché demeurait égale. Pour sûr, il y avait quelque chose chez ce Thony qui la mettait mal à l'aise... Quelque chose au fond de ses yeux que tout ses sourires charmants et aimables ne parvenaient pas tout à fait à dissimuler...
Mais mieux valait garder son sang froid : elle n'était plus armée, beaucoup de gens ne la portaient pas dans leurs coeurs dans la pièce, et puis bon... Elle venait quand même de se faire étrangler... Ca rend légèrement paranoïaque ce genre de chose.
L'ancien marin l'invita alors à son tour à se présenter. A cette question, comme d'ordinaire, elle marqua une très brève pause, hésitant entre l'honnêté et le mensonge. Mais la réponse lui vint très vite : dans son état de choc au début de cette histoire, elle n'avait pas réfléchit et donné son vrai prénom à Finn. Mieux valait accorder les violons entre tout ce beau petit monde, sans quoi elle pourrait bien se faire prendre à son propre jeu. Eh puis... Sa vraie identité n'avancerait pas beaucoup le marin, s'il avait de vilaines idées en tête.


- Lyanna Desroses. Enchantée de vous connaître, Thony. Bien qu'il eut été préférable de le faire en d'autres circonstances.

Elle se voulait aimable et lui adressait un faible sourire poli. Non pas qu'elle cherchait tout spécialement à se sociabiliser, mais plutôt que sa méfiance la poussait à se comporter comme une citoyenne lambda des plus irréprochables. Moins il s'intéresserait à elle, mieux ça serait.

- Je travaille pour Madame et Monsieur de Rougelac actuellement, en tant que domestique.

... et ça n'avait rien pour lui plaire ...
Mais rien ne valait un peu de vérité, pour couvrir de gros mensonges.
Lyanna toisait l'homme aux yeux bleus de sa hauteur – certes, pas très grande –. Plus de doute possible, la boisson avait bien commencé son oeuvre. Pourtant, il semblait vouloir continuer de discuter. La rousse, quant à elle, comprenait doucement qu'elle n'avait plus aucune chance de retrouver son poignard... Et cette constatation lui fendait le coeur, sans qu'elle ne comprenne encore toute l'étendu de la perte qu'il représenterait...
La discussion s'orienta vers le gigantesque milicien qui lui avait porté secours. Tout en écoutant son interlocuteur, elle jeta un regard au phénomène qui gardait toujours les prisonniers de l'émeute, plus loin. Sacré bestiau quand même... On comprennait aisément pourquoi les autres avaient préféré s'écarter à son approche. Pourtant, la remarque sur son apparence à elle ramena les yeux azurs de la jeune femme sur Thony et elle croisa les bras sur sa poitrine, mal à l'aise qu'on puisse penser d'elle de pareilles choses. Bon, certes, personne ne se doutait de ce fait de sa véritable activité... Mais ça amenait forcément son lot d'ennuis, d'une toute autre sorte. Son regard dut paraître gêné à cet instant.
Et elle n'était pas au bout de ses peines ! Voilà maintenant qu'il lui demandait une faveur !
Incapable de contenir tout à fait la colère qui montait en elle, Lyanna fronça durement les sourcils, grinça des dents et serra les poings. Cette journée, c'était vraiment le comble !


- Oh, mais dites moi que je rêve... D'abord, la ville se trouve assiègée par des fangeux venus d'on ne sait où ! Ensuite, je me retrouve coincée dans cette foutue taverne avec tout un tas d'abrutis... Je me suis blessée, j'ai bougé des hommes qui étaient morts... Je me suis fait envoyé paître par une milicienne que j'essayais d'aider. Puis, je me suis fais attaquer par je ne sais combien de personne, simplement parce que je suis une femme et que j'ai les cheveux roux. J'ai été étranglée par l'un d'eux, et le milicien qui m'a sauvé – et qui se trouve être un véritable colosse ! - n'a pas hésité deux minutes à me traiter de prostituée. Et maintenant : ça !

Elle dardait un regard noir sur Thony, mais ne parlait vraiment pas très fort, grommelant à voix assez basse pour que le marin l'entende sans provoquer de nouveau scandale. Sa voix n'avait plus le timbre caressant qui lui était coutumier.

- Je vous l'ai dis ! Je ne suis pas une prostituée ! Et franchement, je ne pense pas que ça soit l'endroit ou le moment de demander ce genre de... Comment avez vous dit déjà? Ah oui ! De petit service. Est-ce que vous vous rendez ne serait ce qu'un petit peu compte de ce qui se passe autour de nous, ou pas? Ou la boisson vous a-t-elle tellement enivrée que vous n'êtes même plus capable de vous servir de votre tête ?

Pour être fâchée, elle était fâchée... En colère comme elle ne l'était que très rarement.
C'était peut être les nerfs qui lâchaient. Un trop plein d'émotions, d'adrénaline, de peur...
Elle ne s'en rendait pas compte, mais une larme perlait au coin de ses yeux.
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptySam 29 Juin 2019 - 1:40
L’assassin observe placidement la rouquine s’énerver. Un œil extérieur peut même jurer sur la trinité que la hargne de la voleuse semble l’amuser plus que l’inquiéter ou le toucher. A mesure que la sorcière déblatère son argumentation concernant sa position de non-prostitué, l’homme aux yeux bleus se targue d’un sourire de plus en plus grand, les épaules secouées par un rire qu’il semble avoir du mal à taire. Finalement, la dernière question est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et le charpentier éclate de rire devant la rouquine en furie, agitant la main vaguement pour s’excuser alors qu’il s’esclaffe à en perdre le souffle.

Ayant du mal à reprendre son sérieux, il faudra de longues secondes à l’assassin pour retrouver un semblant de calme, observant la rouquine en rage à ses côtés d’un œil vide, souriant béatement. « Vous alors. F’pas tout prendre au pied l’vé com’ ça ma bonne dame… Qu’vous l’soyez ou pas, c’pas la question. Qu’ça soit l’endroit ou pas non plus d’ailleurs. Tu t’faches pour trop peu ma j’lie. C’pas pac’que t’travails pour des nobliaus qu’ça change l’regard qu’on porte sur toi. »

Un long soupire alors que l’homme repose sa tête contre le mur derrière lui, penchant lentement la tête sur le côté gauche, observant de fait la rouquine de biais par en bas, reprenant d’une voix plus posée. « Sèche donc tes yeux. Une femme c’pleure pas à cause d’un conniaud comme moi. » Un haussement d’épaule, alors que l’assassin agite la main, comme pour balayer le tout, récupérant la bouteille pour la tendre à Lyanna, son phrasé perdant son accent alors qu’il pense à haute voix de son timbre mielleux rauque. « Oh oui je sais ce qu'il se passe. Et bien trop. » L’homme pose ses yeux bleus si particulier sur sa voisine. « Et j’ai tout autant envie de laisser ma peau entre les dents de ces charognes que n’importe qui… Mais je suis là. Toi aussi. Comme tout l’monde. J’fais ce qu’on m’dit d’faire. J’ai soigné sans jamais n’avoir eu à l’faire d’ma vie. Mais j’l’ai fait. »

Un signe du menton pour la désigner. Souriant de toutes ses dents alors qu’il incline la tête. « Une chose que tu as refusée. Et oui j’ai bu. » Meser redresse la tête, conscient d’en dire trop, il s’accorde un temps. Placer le bon pion pour ouvrir la bonne porte. « Mais j’suis un homme de rien et la boisson est la meilleure des maîtresses. Elle n’est pas jalouse et nous offre un plaisir sans fatigue. »

De quoi la laisser supposer qu’il s’enivre régulièrement. Une vérité ou un mensonge, ça sera à elle de découvrir la vérité. Mais cette tirade sans accent n’offre que trop de prise à la rouquine sur sa personne, ce qui n’est pas pour déplaire à l’assassin. Celui-ci adore le jeu du chat et de la souris, d’autant qu’il part avec un avantage. Meser connaît son nom, l’inverse n’est pas vrai. L’homme aux yeux bleu dragée croise les mains sous son menton avant de poser ses coudes sur ses genoux, observant de côté la rouquine, haussant les sourcils en reprenant son accent. « J’suis pas convaincu par vos excuses pour vot’ arme. Mais j’suis pas d’la milice, c’me r’garde pas. »

Cette Lyanna sort facilement de ses gonds lorsque l’on touche à sa condition de femme, une corde sur laquelle tirer pour la faire repartir au quart de tour à la prochaine occasion. L’assassin ne doute pas qu’une femme agile comme celle-ci cache quelques tours dans son sac, mais l’alcool l’empêche encore de faire des suppositions trop farfelues, aussi se contente-t-il de l’observer, tel le serpent jouant avec la sourie, s’amusant à la piquer de temps à autre pour lui faire montrer les griffes.
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MessageSujet: Re: [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête   [Libre- Terminé] Quand la mort s'invite à la fête - Page 4 EmptyDim 30 Juin 2019 - 21:20
Lyanna regardait de travers le dénommé Thony. Bien qu'elle n'eut pas tout à fait le contrôle de ses nerfs en ces derniers instants, il lui semblait plus qu'évident - logique et immanquable même ! - qu'il lui devait de plates excuses, au moins à propos de la partie de son discours le concernant. Or, la boisson provoque de drôles d'effets, souvent d'un aléatoire déconcertant dans ce genre de situation. Si la jeune femme s'attendait à un peu de compassion ou déroutement chez son interlocuteur, il sembla que ce fut tout l'inverse qui se produisit.
Un sourire, d'abord timide et contenu, se dessinait sur le visage de l'homme. Plus énervée encore, Lyanna haussait le ton, cherchant à blesser et culpabiliser le boucher. Mais les yeux bleus de celui-ci trahissait son hilarité dissimulée, ce qui eut don d'irriter plus encore la voleuse. Pire encore, à mesure qu'elle parlait, son amusement semblait croître et finalement lorsqu'elle acheva son discours, il éclata d'un rire qui attira sur eux bien des regards.
Stupéfaite, la rousse demeurait immobile, les yeux transperçant le visage hilare de son interlocuteur. S'ils avaient été seuls, sans témoin, sans doute se serait elle laisser allez à sa colère et aurait laisser quelques uns de ses talents de rapidité s'exprimer. Ayant déjà que trop attiré l'attention sur elle, Lyanna resta fixe, serrant les poings comme les dents, signifiant de son regard le mépris que lui inspirait une pareille réaction. La main qui s'agitait pour lui signifier qu'il ne le faisait pas exprès n'eut pas réellement don de la calmer.
Pas d'excuse, seulement des moqueries... Lyanna nota que son interlocuteur passait du vouvoiement poli au tutoiement taquin. Celà ne lui plaisait pas plus que le reste. Soit il y avait une chose qu'elle avait mal saisie, soit ce type se foutait d'elle pour le simple plaisir de la voir partir au quart de tour...
S'il croyait qu'il lui plaisait de travailler pour les Rougelac... C'était bien de l'irronie, tout ça ! Elle était piégée, prisonnière du Comte, voilà tout. Et comme si cela ne suffisait pas, elle se retrouvait à faire des courbettes à sa femme, dont l'esprit tordu n'avait rien à envier à son mari. Elle aurait tout fait pour ne pas se trouver enchaînée, obligée de se conduire en bonne servante, mais le fait était qu'elle n'avait absolument pas le choix... Son identité, sa liberté, sa survie... Tout dépendait de sa fidèlité envers Victor...
Mais pour l'heure, d'autres soucis pointaient à l'horizon. Son instint l'avait poussé dès le départ à se méfier du boucher, alors qu'elle était encore entrain d'attendre Finn à la porte de l'arrière cours. Et plus le temps passait, plus elle était bien certaine qu'elle avait eu du flair quant à sa dangerosité...
Thony l'observait étrangement et il lui était impossible de comprendre la vérité qui se cachait au fond de ses yeux. Pourquoi? Eh bien, déjà parce que l'homme était un habile menteur et acteur, ensuite parce que l'alcool rendait son regard vaseux, hébété, impossible à déchiffrer. Et enfin – et ça avait sa part d'importance -, la rousse était loin de se trouver elle aussi dans son état normal. Outre les traumatismes psychologiques qu'occasionnerait cette journée des plus terrifiantes, Lyanna avait reçu elle aussi des dommages physiques, elle se sentait épuisée, maintenue debout par son simple désir de survivre, et avait elle aussi un peu bu... L'analyse n'était pas facile, voir impossible dans ces conditions. Pourtant, en d'autres circonstances, elle aurait certainement pu deviner que l'homme était tout bonnement entrain de la mener en bâteau.
Il lui passa de nouveau la bouteille qu'ils se partagaient depuis un petit moment déjà. Le regard de la jeune femme alla de celle-ci à son interlocuteur. Elle était énervée et fatiguée, comme elle ne l'avait encore jamais été avant, pas même lors de ses entrevus avec le Comte qui se passaient toujours de manière bien détestable. Elle était tentée de se laisser aller à l'alcool, de s'abandonner, de lâcher prise et d'oublier touts ces événements facheux qui se bousculaient depuis le levé du jour. Mais sa méfiance et son agacement à l'égard de Thony la poussait à se retenir dans sa lancer.
Récupérant la bouteille avec froideur, elle porta le goulot à ses lèvres avec davantage de retenu, le faisant que siroter le liquide sans le boire tout à fait. Savait on jamais? L'homme avait il pour intention de la saoûler? Mieux valait il être prudent.
Elle eut la confirmation qu'elle fesait bien quelques courtes secondes plus tard.
La petite tirade du boucher ne fut pas tant la révélatrice dans ses mots... Mais dans sa façon d'être dite. Son accent de marin s'envola d'un seul coup et on eut presque dit que c'était quelqu'un d'autre qui lui fesait la conversation, à cet instant. Surprise et choquée de ce tour, Lyanna s'ettouffa quelque peu avec son breuvage, toussotant en arrondissant les yeux qu'elle gardait posé sur son interlocuteur. Qu'est-ce que c'était que cette histoire, encore? Qu'est-ce qu'il lui voulait celui-là? Pouvait elle seulement avoir quelques instants de calme et de répis, sans qu'on ne tente encore de se jouer d'elle ou de la pieger? Si tôt, son esprit s'affuta, son opinion se forgea. Elle avait eu raison de le considérer comme elle l'avait fait, avant que les bagarres n'éclatent. Cet homme n'était clairement pas la personne qu'il prétendait être.
Posant sur lui un regard affut, témoin qu'elle se doutait qu'il y avait anguille sous roche, elle répondit d'une voix sèche, suspicieuse, prudente. Elle l'imita en passant outre le vouvoiement. Peut être serait il plus enclin à se montrer honnête, de cette manière...


- Franchement, vu les méthodes que tu utilises, il est normal que j'ai été un peu retissante à ce sujet, non? En plus de cela, ma blessure va bien. Le bandage qu'on m'a fait semble tenir. Je ne me suis pas vidée de mon sang et je peux utiliser mon bras. Pas sûr que ça soit toujours le cas, si je te laissais faire.

Elle ne quittait pas l'homme du regard, debout face à lui alors qu'il demeurait assis à même le sol, la tête reposée contre le mur de la cuisine. En soit, il n'était pas vraiment une menace directe. Il semblait s'enfoncer dans les limbes de l'ivresse. Même sans son poignard, elle était optimiste quant à ses chances face à lui. Il lui suffirait, au pire des cas, d'aller se perdre dans la foule de monde qui était entassée dans la Choppe. L'homme ne serait sans aucun doute pas assez rapide et vif d'esprit pour la retrouver. Et puis, le colossal milicien n'était toujours pas très loin, en cas de réel problème...
Bien sûr, elle aurait été plus rassurée avec sa dague.


- Eh puis, il est hors de question que je te laisse approcher ta lame chauffée à blanc de moi, surtout si tu es saoul.

La suite sembla confirmer ses soupçons. Au vu des dires de Thony, il était habitué à la boisson. Il semblait l'assumer pleinement. Mais était-ce une vérité, ou seulement un petit trait d'un personnage qu'il venait de s'inventer, pour mieux la balader?
Il retrouva subitement son accent du port et la jeune femme fronça les sourcils. C'était bien ça, il se jouait d'elle. Mais pour quelle raison? A quelles fins? Elle le toisait d'un regard réprobateur et méprisant. Quoi qu'il voulut, il allait être bien déçu. Si elle passait son temps à tromper tout le monde, la rousse ne supportait pas être la victime de ses propres méthodes.
En plus de cela, il la vouvoyait de nouveau...
Elle ne répondit rien lorsqu'il la relança sur son arme, calculant, analysant le peu d'informations dont elle disposait. Il s'écoula quelque secondes où elle sembla hésiter, mais finalement elle s'approcha de lui et s'accroupie avec grâce juste en face de lui sans le quitter des yeux. Pour appuyer ses propos comme pour n'alerter personne, elle baissa le ton, parlant à voix basse, de cette voix suave et lente qui lui était propre.


- Tu as raison : ça ne te regarde pas. Et si tu arrêtais plutôt de te foutre de moi et que tu me disais clairement ce que tu veux? Je suis loin d'être idiote, j'ai remarqué que tu avais perdu ton accent un peu plus tôt... Tu n'es clairement pas celui que tu prétends être. Alors jouons carte sur table, qui es-tu et pourquoi tu me mens?

Un léger, très léger sourire se dessinait sur les lèvres de Lyanna. On ne se refaisait pas, après tout, même en des situations aussi galères que celle-ci. La vie de la voleuse ressemblait à une gigantesqu partie de chasse, dans laquelle elle était tantôt la proie, tantôt le prédateur. Ce petit jeu du chat et de la souris avait toujours tout eu pour lui plaire, d'autant qu'elle ressortait pratiquement toujours gagnante. Si elle ne contrôlait pas ce qui se passait à l'extérieur, ni même la majeur partie des choses qui se passaient à l'intérieur même de la taverne, cette entrevue là, cette discussion, elle pouvait tout à fait en reprendre le contrôle. S'assurer qu'il ne serait pas une véritable menace pour elle... Peut être même apprendre certaines choses qui lui seraient bons de savoir.
Elle prit une dernière gorgée de son breuvage avant de la rendre encore à son interlocuteur.


- Garde là, tu en as plus besoin que moi.
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