Marbrume


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 [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)

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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyMar 9 Juil 2019 - 21:42
1er avril
Labret

Quatre semaines, c'est le temps qu'il aura fallu à Aymeric pour aller au bout d'un projet qui au départ n'était qu'un rêve : Partir vivre au Labret ! Si Guillaume, son palefrenier, et quelques jours plus tard son forgeron ont accueilli le projet avec enthousiasme, ce fut moins le cas d'Alix, mêem si cette dernière suivrait son papa. Célestine a carrément refusé, pour une raison simple. L'extérieur lui avait pris son dernier fils et il était hors de question pour elle de courir des risques. Elle s'est trouvée un boulot dans une Taverne avant même qu'Aymeric ait eu le temps de trouver une solution pour elle. Et enfin, son menuisier a refusé tout net, craignant comme la peste la fange (et qui pourrait le lui reprocher) et préférant largement la sécurité des murs, même si cela devait lui coûter son emploi. Aymeric l'a recasé avant son départ. L'homme a rendu de grands service à sa famille et Aymeric n'est pas un ingrat.

Un tel projet ne peut réussir sans aide. Celle du Duc pour commencer. Quand il lui a écrit pour l'informer qu'il quittait l'Esplanade pour se rendre au Labret où "ses qualités seront plus utiles au Duché", Aymeric n'escomptait pas que ce dernier accepte, à titre exceptionnel, que ses bagages ainsi que deux personnes voyagent en bateau. Aymeric n'a emporté que le minimum, les vêtements, les outils, le portrait de feu ses parents. Son forgeron étant parti depuis une semaine déjà au Labret par convoi, Aymeric a donné les deux places à son palefrenier, car c'était quelqu'un qui n'aurait pas à rentrer et qu'il pourra protéger l'autre passagère, sa fille, Alix.

Les autres aidants ne sont pas à négliger. La Comtesse Apolline de Pessan a offert à Aymeric une collaboration qui pourrait s'avérer fructueuse. Elle possède ce qu'elle nomme une ferme et que lui nomme un petit domaine dans le Labret. Il s'agit pour sa famille à elle d'une annexe mais le lieu est proche du château. Deux familles de fermiers exploitent les terres agricoles et ils ne sont pas trop de 7 adultes et un solide adolescent pour ce faire mais personne n'occupe le bâtiment principal, qui nécessite des réparations. Aymeric a fait blinder portes et fenêtres du rez-de-chaussée et abattre les escaliers entre le rez-de-chaussée et le premier des trois étages. Il se doute que la Comtesse n'appréciera pas forcément, mais la sécurité avant tout et si nécessaire, il lui expliquera le comment du pourquoi, même s'il doute qu'elle se déplace jusqu'au Labret. Mais l'érudite qui devrait débarquer dans les prochaines semaines ne manquera pas d'en faire rapport et cela fera un sujet de conversation pour quand il retournera à Marbrume. Des rumeurs parlent d'un tournoi.

La dernière personne, mais non la moindre, à l'avoir aidé est Mathilde. Cette fermière du Labret connaît bien la région et a pu conseiller Aymeric utilement. Il a souhaité la recruter pour l'Ordre qu'il a finalement quitté, mais les deux se sont mutuellement entendus et respectés. Aymeric est un amoureux de la nature et des forêts, Mathilde aime travailler la terre. Cette passion commune et un fonctionnement clair et franc où on appelle un chat un chat font qu'ils se sont compris et qu'ils ont senti qu'ils ne se feraient pas de coups bas. Aussi Mathilde l'a-t-elle informé d'une possible opportunité. Le forgeron d'Usson cherche à vendre son commerce pour retourner sur Marbrume, mais uniquement à un gars qui connaît bien le métier. Et le gars, Aymeric l'avait, ainsi que les sous pour acheter la forge. Ce sera son second commerce qui lui appartienne en propre, après la ferme fromagère des faubourgs de Marbrume. Il aura aussi un commerce en partenariat avec Apolline de Pessan, s'il arrive à mettre en place cet élevage qui lui semble réalisable avec l'aide de son palefrenier qui gérait l'écurie avant la fange sur le domaine familial et les quelques connaissances qu'il a pour l'avoir secondé adolescent. C'est risqué, mais pas totalement infondé. Et c'est le seul commerce où il travaillera lui-même. Les autres, il les a confiés à des bons artisans.

Cela commence à faire beaucoup d'activités et pourtant, pour l'heure, Aymeric perd de l'argent. Très peu, mais il en perd. Sa fromagerie démarre, la protéger et payer un couple pour vivre en extérieur réduisent fortement les bénéfices, d'autant que c'est un secteur où il y a une certaine concurrence encore, et donc peu de moyens de faire gonfler les prix. Aussi mise-t-il sur la qualité pour réussir à vendre, et sur la durabilité. La fabrication est plus longue, mais les clients sont contents. Pour la forge, théoriquement il récupère une clientèle mais c'est aussi un commerce qui ouvre. Il va falloir se faire une réputation. Et comme éleveur, bah, faut des animaux et un espace clos. Il n'a pour l'heure ni l'un ni l'autre et d'autres priorités, parmi lesquelles retaper et l'étable et la ferme.

Mais l'esprit d'Aymeric n'est pas là en cet instant, mais totalement tourné vers sa fille qui arrive en bateau. Il attend qu'elle et son palefrenier accostent. Ils ont du retard mais le Comte ne fera aucun reproche. Lui espérait arriver hier soir à Usson mais a du s'arrêter à Sarrant. Le voyage a été plus compliqué que prévu pour lui, il n'y a aucune raison qu'il en aille autrement pour un navire. Les "impondérables", comme on dit. Ils prendront une chambre à Usson pour la nuit, le couvre-feu étant d'application au Labret depuis... la fange, en fait. Aymeric ne prendra pas le risque de voir le soleil se coucher avant d'attendre la ferme. Il sourit à sa fille en aidant au débarquement de leurs affaires et une fois sur le départ vers Usson lui demande :

- Agréable, ce voyage ?


Dernière édition par Aymeric de Beauharnais le Sam 26 Oct 2019 - 19:26, édité 1 fois
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyDim 14 Juil 2019 - 15:59
Encore une fois, toute sa vie changeait.

En quittant Célestine, Alix se sentait aussi triste qu'effrayée - jamais encore, de toute sa vie, elle n'avait quitté les murs protecteurs de la cité.
Elle n'avait pu retenir ses larmes en faisant sa malle et en la quittant, mais toutes ses pensées n'allaient que dans un sens : peut-être, quelque part, y aurait-il une place pour Piô et Leanne près d'elle. L'enfant comprenait petit à petit qu'ils ne pourraient jamais vivre tous les trois, mais si elle les avait replacé au Temple quelques semaines plus tôt, elle caressait toujours l'espoir qu'un jour, quelque part, ils formeraient toujours une famille, fut-elle un peu tordue. Elle ne les abandonnait pas - au contraire, penser à eux lui donnait de la force. Car au-dehors, dans cette ferme que papa lui avait décrite, il y aurait forcément une place pour eux. Dehors, au Labret, il y avait toute la place qu'ils désireraient pour grandir et trouver un travail, quand ils seraient en âge.

Quitter Marbrume était un déchirement, mais Alix avait conscience également que ce serait comme un nouveau départ. Papa était si heureux, si enthousiaste ; et puis, elle prendrait le bateau, une nouvelle expérience qu'elle n'avait jamais tenté.

La présence du palefrenier était rassurante, et, à ses côtés, la petite fille monta dans le bateau avec un certain enthousiasme. Elle passa la traversée à penser à ses jouets qu'elle avait ranger dans sa malle, et que Louise lui avait donné, et à regarder les vagues se fracasser contre la coque de bois. C'était si amusant qu'elle finit par sauter dans le bateau à chaque fois que le bateau se soulevait, ce qui provoquait les rires des marins, et ce fut finalement à regret qu'il fallu descendre.

Papa était là ! Rassérénée, heureuse de le voir, elle se jeta dans ses bras - abandonnant la malle sur le quai - et lui offrit un grand sourire.

- "Papa, papa, j'ai réussi à sauter dix vagues de suite ! J'adore aller en mer. On va directement au Labret ? Est-ce que c'est loin ?"

Elle ne connaissait pas du tout les règles qui régissaient le Labret, si ce n'était que les enfants comme elle n'avait pas le droit de voyager en dehors de Marbrume, pas seul et sans escorte.

- "Alors, on va aller dans ta ferme ? Il faut que tu me racontes tout ce qu'on va y faire, papa. Je voudrais t'aider en attendant que tu te trouves une nouvelle épouse. Je suis la femme de la maison !"

Elle lui sourit, toute fière, et lui déposa un doux baiser sur sa joue, aussi confiante qu'un agneau nouveau-né.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyMar 16 Juil 2019 - 19:06
C'est incroyable comme l'arrivée de cette petite tornade d'amour dans sa vie l'a changé. Désormais il a des raisons de se battre, de vouloir améliorer des choses, de se fixer des objectifs qui la servent elle plus que lui. Et tout ça, juste pour le bonheur de voir son regard pétiller et son sourire s'agrandir. Ce petit monstre est empli de curiosité, et c'est là, face aux questions qu'elle pose et que lui a sans doute posé des années plus tôt, qu'il réalise enfin qu'il est adulte. Avant, il jouait. Aux jeux de l'amour, à être soldat, au rebelle. Être père n'est pas un jeu, mais c'est peut-être son premier vrai plaisir.

- Nous sommes déjà au Labret. Il s'étend d'une côte à l'autre puis s'enfonce. De chaque côté, tu vois des montagnes, même si dans le fond on les devine plus qu'on ne les voit, elles vont très loin et se rejoignent dans le fond, là où notre oeil ne peut même plus les voir. C'est grand le Labret. Nous, on va là où tu vois des chaumières. Cela semble loin pour nous qui sommes habitués de voir des maisons et des murs partout, mais en chariot, c'est à une demi-heure environ.

Bizarrement, cela lui plaît d'être didactique. Et puisqu'il est lancé...

- Cette ville, c'est Usson, qu'on peut considérer comme la capitale du Labret. Il y a d'autres villes. A l'autre bout, il y a Najac. C'est un coin spécial, car le sergent sur place a fait dresser des chiens pour surveiller les alentours et cela semble très efficace. Alors, il y a une règle qui est valable dans tout le Labret, mais aussi dans tout ce qui est extérieur à Marbrume de toute manière. On ne se balade pas dehors la nuit. Parce que la nuit, c'est le moment où les fangeux préfèrent sortir. La nuit, on se barricade et on ne sort plus. On évite de faire du bruit. Les miliciens sont entraînés à abattre tout ce qui fait du bruit, que ça soit un Comte ou un enfant. Et ce sont de bons archers, j'pense même que certains sont meilleurs que moi. C'est pas une règle avec laquelle tu peux jouer. Si tu es dehors quand la nuit est tombée, tu es morte, Alix. Même s'il existe des trucs que forcément je vais t'apprendre. J'ai survécu dehors, les habitants d'ici aussi. Les bannis pareil, d'ailleurs. C'est que c'est possible. Et ça s'apprend. D'accord ?

Il ne cherche pas particulièrement à l'effrayer, mais préfère mettre les points sur les i. Il poursuit, répondant à ses autres questions.

- Alors, comme le bateau a eu un peu de retard, on ne va pas dans la ferme ce soir mais dès demain matin si le temps est clair, on ira. On s'arrête à Usson. Ils ont une chouette auberge où on mange très bien, et des produits frais. Ils sont cultivés juste à côté. Peut-être même qu'ils auront un bon poulet qu'on se partagera. Alors, la ferme n'est pas la mienne, mais celle de la Comtesse de Pessan. On y vivra comme si on était chez nous, mais on sera quand même chez elle. Je doute qu'elle passe un jour, c'est trop dangereux comme voyage. Mais on va s'en occuper comme si tout était à nous. J'ai déjà fait blinder le rez-de-chaussée et remplacer les escaliers par des échelles. Pour notre protection.

Les activités ? Vaste sujet.

- Tu as tes études. Pour la lecture et l'écriture, tu devras supporter un autre étudiant, ton vieux père. Il y aura les cours de maintien aussi, de couture, de ce qui fera de toi une noble mondaine et là, ça sera sans moi. Mais il y aura du temps libre. Le bâtiment est immense, tu pourrais t'y cacher et il me faudrait des heures pour t'y retrouver. Puis dehors, des jardins, des champs, un puits, une étable, un pré pour les chevaux. Ta petite chèvre aussi, je te l'avais promise. Je compte prendre une vache. Guillaume se chargera des chevaux et de l'étable, tu y seras toujours la bienvenue. J'ai trouvé une domestique pour la gestion de la maison et la cuisine, tu pourras l'embêter, mais elle reste la maîtresse dans son domaine, toute vicomtesse que tu sois.

Le voyage se poursuit et les maisons d'Usson s'agrandissent. Aymeric trouve le village beau, plus rural surtout. Marbrume pour lui ressemblait à une prison en plein air. Ici, c'est dépaysant. Guillaume a déjà connu ce côté plus champêtre, mais ça remonte un peu. Pour Alix, ça doit être une première, forcément.

- Alors, Guillaume sera surtout occupé à retaper l'étable et faire la clôture pour les chevaux, la vache et plus tard son veau. Il y a pas mal à remettre en place, j'ai fait livré pas mal de bois aussi. Je crains que ça ne t'occupe une bonne partie de tes journée. Je viendrai aider comme je peux. De mon côté, il y a beaucoup de petites réparations à faire, des livraisons à porter et pour ça, ma pauvre Alix, tu ne sauras pas vraiment aider. Mais il y aura du rangement, du nettoyage, du reprisage et aussi faire en sorte que les différentes pièces soient décorées avec goût. Et pour cela, notre nouvelle domestique t'aidera. Mais je te rassure, ainsi que toi, Guillaume, il n'y aura pas que du travail ou s'occuper des bêtes.

C'est sa petite surprise, et il sait que ça mettra pas mal de baume au cœur de sa petite, et que ça motivera sans doute Guillaume aussi.

- J'ai acheté une forge et l'ancien forgeron de mon paternel m'a suivi. C'est un brave gars, jeune, mais pas doué avec les filles. Pourtant, il ferait un papa formidable, mais bon, l'est plus doué pour taper le fer que pour chauffer les filles. Ou l'inverse, j'm'y perds. Or, il s'avère que tu as pris sous ta protection deux orphelins, Alix et l'éloignement allait te rendre triste. Les éloigner de celui qui leur a fait du mal et les mettre en lien avec des gens bien, ça a été mon projet secret. Mon forgeron sera ravi d'accueillir un petit garçon et lui montrer le métier. Et nous avons une amie commune, Guillaume et moi, qui est veuve et n'a pas eu le temps d'être mère et qui s'est montrée intéressée d'accueillir une fillette. Ainsi, ton petit protégé apprendra un chouette métier auprès d'un bonhomme gentil et ta petite protégée vivra au milieu des fruits, légumes et oeufs, dans une ferme, comme toi. Et ce qui ne gâche rien, tant Guillaume que moi irons souvent à Marbrume, et tu pourras nous accompagner et t'arrêter à la forge, même les jours où il n'y aura pas besoin d'aller au Temple. Et Mathilde semble intéressée de venir nous faire quelques visites, pour te connaître d'abord, puis te permettre de jouer avec ta protégée... Et pour voir Guillaume aussi, je présume. Et je présume qu'il ne sera pas trop compliqué de le convaincre d'aller lui rendre visite. Tu verras une autre ferme que la nôtre, ma petite Alix.

L'annonce est faite, innocemment. Arrivé à l'entrée d'Usson, il montre son bras.

- Aymeric de Beauharnais, intendant de la ferme Pessan. Je suis accompagné de ma fille, la Vicomtesse Alix de Beauharnais, et de mon mentor et ami, Guillaume. Je sollicite l'autorisation de laisser ma monture, mon chariot et son contenu dans votre caserne pour la récupérer demain dès potron-minet. Nous dormirons à l'auberge. Le bateau ayant un peu de retard, je crains que nous ne puissions rejoindre le domaine Pessan avant la nuit.

A un quidam, cela aurait été refusé mais pour un Comte qui s'installe définitivement dans la région, un petit service peut être envisagé, sans doute plus encore quand c'est un ancien de la maison... et le propriétaire de la forge d'Usson. Reste à espérer qu'ils ont deux chambres mitoyennes a minima dans la Taverne. Avec le couvre-feu, il ne restera à l'auberge que les clients qui dorment sur place, ce qui est plus simple pour une petite fille qu'un lieu où ne font qu'arriver des gens qui veulent boire et pour certains se battre. Aymeric ne le leur reprochera pas, il en faisait partie, certains soirs. Le plus souvent dans la Hanse. Quitte à taper sur quelqu'un, autant que ça soit des marins. Ils sont pas moins rancuniers, mais il les croisait moins.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyMar 23 Juil 2019 - 11:30
Alix écoute son père. Avec passion, elle plonge son regard vers le lointain, pour fixer les montagnes au loin, pour deviner leurs courbes douces sur l'horizon. Pour regarder le village, plus loin, les riantes chaumières et la campagne alentours.

Cette leçon lui plait ; et elle sent que son exploration, que sa découverte du monde ne fait que commencer. C'était un peu effrayant de quitter Marbrume, ses hautes murailles et ses maisons de bois et de pierre - mais c'était si excitant !

Alors l'enfant dédie un grand sourire à son père. Elle écoute encore, silencieuse, concentrée sur les propos de l'adulte, passionnée par cet avenir qu'elle n'avait même jamais imaginé.
Ils s'installent dans la charrette, la petite bien déterminée à aider montant maladroitement une des malles emportées, puis, avec innocence, se serre contre son père pour rester en contact avec lui. C'est un endroit si nouveau qu'elle en a des frissons, mais contre le comte, elle n'a plus peur.
Près d'Aymeric, on se sentait bien en sécurité.

Et à ses propos, d'ailleurs, Alix écarquilla ses yeux.
Un couvre-feu ? C'était une idée logique, mais son estomac se serra à l'idée du sort des mendiants laissés dans les rues. Comment pouvaient-ils survivre, alors ? Et comment survivaient les bannis si même la chaleur des rues leur était refusé ?

Cependant, il n'a pas fini de parler. Alors elle garda ses questions pour plus tard, tâchant de l'écouter au mieux décrire leur nouveau mode de vie. Une ferme et une forge, c'est un gros investissement et beaucoup de travail, mais elle se sentait toute excitée à l'idée de prendre soin des animaux. Peut-être même qu'en chassant dans la forêt, ils pourraient trouver des lapins ? La vache promettait du bon lait et de bons fromages ; comme la chèvre, d'ailleurs. Elle les soignerait bien, et avec la servante, elles prépareraient de délicieux gâteaux au fromage. Rien qu'à l'idée, la petite fille en avait l'eau à la bouche.

Mais le plus beau, c'était les propos de son père sur Pyô et Leanne. Ils allaient être adoptés par des gens tout proches, et peut-être, peut-être que si les deux domestiques se mariaient, ils seraient à nouveau une famille !

Avec emportement, l'enfant embrassa le dos de la main de son père, les larmes aux yeux. Elle ne savait plus trop quoi dire - trop de choses qu'elle désirait exprimer, et qu'elle avait du mal à mettre en ordre déjà dans sa tête.

- "... Merci... merci, papa... Tu ... Je... J'ai tellement voulu leur trouver un bel endroit où vivre. Merci. Les Trois te le revaudront, j'en suis sûre !"

Déjà, ils arrivaient à la porte de la ville. Obligeamment, elle montra son bras à son tour, dépourvu de marque, et offrit un grand sourire au garde, quand ce dernier accepta de laisser leurs affaires à la caserne.
Ce qui fut fait rapidement ; et une fois la charrette arrêtée et le cheval mis à l'abri, l'enfant trottina joyeusement jusqu'à l'auberge, une jolie maison de bois et de pierre qui sentait bon la viande grillée et les légumes bouillis. A l'intérieur, des gens jouaient aux dés, fumaient et mangeaient près du feu, et elle se dirigea volontiers à la suite de la servante du lieu en direction d'une chambre avec deux lits plutôt propres, avec un vaste baquet de bois situé près d'une jolie mais modeste cheminée.

Avec candeur, elle se précipita sur le lit, et s'y assit avec entrain.

- "Papa, nous ne nous ennuierons pas chez nous. Est-ce que tu crois que la servante pourra m'apprendre à tenir la maison ? J'aimerai bien pouvoir devenir une bonne maitresse de maison, pour que tu n'ai pas à rougir de moi quand tu recevras des amis. Et puis, tu voudras bien m'apprendre à chasser ? On pourrait trouver des lapins ou des lièvres dans la forêt pour en faire de l'élevage. Et des cochons aussi ! On en trouve dans la forêt. Et après, on revendrait les peaux et la viande. Et on aurait tant qu'on veut pour manger. Tu m'aiderai à en trouver ? Je travaillerai très fort et on fera de notre maison un vrai coin de paradis. Et-et les prêtres d'Usson seront aussi contents de manger de la viande. Qu'est-ce que tu en penses ?"

elle se sentait pleine d'énergie, pleine d'idées. Ils se feraient une jolie vie. Une très jolie vie !
La servante interrompit la conversation. Elle s'inclina maladroitement devant les deux personnes ; avant de leur demander d'une voix flûtée s'ils désiraient prendre leur repas dans la salle commune ou dans leur chambre. Avec fort peu de discrétion, elle offrit un clin d'oeil appuyé à Aymeric, les joues rosées. C'était qu'un bel homme qui sentait presque bon dans les environs n'était pas à négliger !
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyJeu 25 Juil 2019 - 10:10
Aymeric est soulagé. La petite n'a pas eu le mal de mer et s'est amusée sur le bateau. Lui qui est attentif aux signes, celui-ci en est un excellent. Et si, quand ils étaient à l'Esplanade, elle avait marqué un accord de principe au projet de s'installer au Labret, préférant dire pareil que son père plutôt que se mettre en porte-à-faux avec lui, là, elle semble séduite par la majesté des lieux. Il s'imagine qu'Alix réalise que son père ne lui a pas menti, qu'il y a vraiment beaucoup de nature, que ça sent bon, qu'ici, on prend les légumes à même la terre, que si on veut une pomme on peut en avoir une en grimpant à un arbre, ce genre de choses qu'une citadine ne peut pas vraiment connaître. Oh, il avait bien tenté de la séduire en lui parlant d'une petite chèvre qui ne serait qu'à elle, mais il a mis dans le mille en plaçant les deux petits protégés d'Alix dans le Labret. Cela suffirait à ce qu'elle aime le lieu, désormais, et c'est tant mieux. Si Alix avait le sentiment d'étouffer en campagne comme Aymeric étouffait en ville, il aurait fallu faire un choix qui aurait été douloureux. Mais, même si le Labret est plus dangereux que l'Esplanade, enfin, du point de vue des bannis et des fangeux, car l'Esplanade contient d'autres monstres, rapaces et canailles qu'Aymeric comprend moins bien, c'est pour le jeune père un lieu idéal pour transmettre les valeurs importantes à son enfant : Le sens du travail, celui de l'honneur, le respect des gens quelque soit le rang, l'honnêteté. Elle apprendrait ailleurs l'étiquette, la diplomatie, sentir les coups bas et la séduction, des domaines où lui est clairement moins doué. Quoique, côté femme, Aymeric n'est pas trop à se plaindre de son succès, mais ici, il s'agit du charme féminin qu'il faudra acquérir pour Alix, et forcément, ça ne sera pas simple pour notre homme de le lui apprendre.

- Ma chère Alix, les Trois m'ont déjà remercié, avant même que je n'agisse, en permettant qu'on se retrouve. Puis, mieux vaut agir en essayant de le faire bien, plutôt que d'espérer en retour une récompense des Trois. Tu sais, je les prie régulièrement, pas toujours au Temple mais je les prie. Je m'excuse de les déranger, je les remercie pour tous les bienfaits dont ils m'ont honoré jusqu'ici, je leur présente des excuses sincères pour les erreurs que j'ai commises, qu'elles aient été conscientes ou non, parfois je me permets d'implorer leur protection pour les gens qui me sont importants et j'essaie de voir leurs signes, parfois. Même si j'ignore s'il s'agit réellement de signes divins, je les crois, j'essaie de les comprendre, de les interpréter. On pourra en parler un jour prochain si tu veux.

Au final, l'entrée dans Usson se fait sans problème, le visage d'Aymeric commençant à être connu de la Milice locale. Certains des miliciens ici l'ont connu quand il était milicien ou coutilier lui-même, mais dans l'absolu, c'est surtout qu'un Comte qui quitte l'esplanade pour rejoindre le Labret sans avoir été chassé par le Duc, par choix personnel, c'est plus que rare. Qu'il emmène sa fille doit être encore plus intrigant... ce qui aidera à ce qu'elle soit rapidement connue et reconnue aussi. La Vicomtesse de Beauharnais pourrait bien faire son effet aussi. Une chambre pour Guillaume, une autre pour le couple père fille. Et il est ravi de constater que la petite ne manque pas de projets.

- Alors, pour la domestique que j'ai engagée, comment t'expliquer ? C'est un peu comme Célestine, mais en plus jeune. J'ai pas recruté une domestique qui a connu la haute société. En fait, elle n'a jamais bossé comme domestique. Mais elle sait tenir une maison, cuisiner et après tout, c'est ce qu'on leur demande. Les vrais domestiques, je les trouve... comment dire ça en restant poli... chiant ! Tout est parfait, ça m'ennuie. J'aime bien la maladresse, qu'on ne sache pas quoi faire, qu'on improvise. Un vrai domestique de maison, formé et tout, j'aurais mon thé à température parfaite pile à l'heure qu'il faut. Cela manquerait de surprise. Alors, oui, elle pourra t'apprendre, mais ça ne vaudra pas les domestiques de chez la Pessan. Ah, autre point, tu es Vicomtesse, elle est domestique, en théorie, tu es son chef. Dans les faits, elle est l'adulte, toi l'enfant. Elle connaît le Labret. Si elle te donne une recommandation ou surtout un ordre, tu obéis, c'est pour ta sécurité. Et si elle exagère, c'est moi qui l'engueule. On va attendre encore un peu avant que tu ne commandes au personnel qu'on a à notre disposition.

Il ne l'exclut pas, mais pas tout de suite. Pour l'heure, elle a des choses à apprendre et Aymeric ne courra aucun risque. C'est aussi pour ça qu'il engage des gens du Labret. Ils ont les codes, ils savent comment se protéger car ils ont appris, faute d'autre choix. Aymeric sait aussi, mais plus pour les marais que pour le Labret, d'autres règles doivent être en vigueur ici, mais disons qu'il maîtrise l'essentiel. Et il sait surtout que cet essentiel ne lui garantit rien. Alix doit encore l'apprendre et Aymeric prendra le temps qu'il faudra. Les fangeux n'autorisent aucune erreur.

- C'est amusant que tu me parles chasse et lapins, car cela faisait partie de mes premiers objectifs. Il va falloir fabriquer des clapiers, fabriquer des pièges aussi. Quand les clapiers seront prêts, on pourra alors piéger les lapins pour les capturer vivants. Et je pourrai t'apprendre à prélever les peaux proprement, histoire que tu puisses en vendre et gagner tes sous, ou en faire don au Temple, c'est toi qui verras. Mais on ne vivra pas qu'en faisant des dons, les élevages que je compte monter seront là aussi pour qu'on gagne des sous. Pour payer les gens qui nous aident, déjà. Ceux qui nous protègent. Les artisans, les menuisiers. Très important, pour aider la Milice aussi, parce que prier, c'est bien joli, mais les miliciens, ils combattent les bandits et la fange et ils méritent des bonnes armes, et c'est pour ça que j'ai une forge, et de bien manger pour être bien fort, et c'est pour ça qu'on aura de la viande et du fromage. On leur fera de bons prix, ça permettra aussi de payer moins de taxe. Les cochons, honnêtement, je sais pas encore. J'suis pas certain que Guillaume connaisse bien ces animaux là. C'est comme les canards, j'adore leur viande mais je sais pas comment on les élève. Les poules, par contre, je suis prêt à te les confier rapidement. On ira voir comment les autres font, on verra quelle "maison" il leur faut, pour savoir où récupérer des oeufs et à quel moment il est plus intéressant de manger les poulets. D'ici là, tu sauras un peu écrire, pour te rappeler les choses importantes à faire. Avec ta chèvre et les oeufs, tu auras beaucoup de travail, parce qu'en plus, il te faudra apprendre à être une dame, lire et écrire. Mais bon, moi aussi j'vais avoir pas mal de cours, en plus des réparations. Ca, non, on n'aura pas le temps de s'ennuyer.

Aymeric lui caresse affectueusement le sommet du crâne et ajoute encore.

- Avant de t'emmener chasser, je dois t'apprendre à devenir un chat. Souplesse, vitesse, grimper rapidement. C'est ma technique. A l'époque, il n'y avait pas de fangeux, mais je t'assure que pour s'en protéger aussi, elle est utile. On apprendra à se déplacer sans bruit, à grimper sur les hauteurs rapidement, à être aussi immobile qu'une statue. Et le jour où tu sauras attraper un chat à main nue, donc sans le piéger, là, tu seras prête à aller chasser. Mais ne t'inquiète pas si ça prend un peu de temps, même moi je n'y arrive pas toujours. Il n'y a que comme ça qu'on peut approcher le gibier d'assez prêt que pour pouvoir l'abattre d'une flèche, car le but n'est pas de le faire souffrir. Et un petit secret, ça me fera du bien de reprendre l'entraînement et l'exercice physique. Parce que c'est bien beau de devenir noble, mais j'commence à faire du gras, et j'crois que tu préféreras un papa jeune et musclé, non ? Vivement que je redevienne guerrier et chasseur, ça maintient en forme !

Il lui fait un clin d’œil quand la servante arrive. Il se doute bien que ça fait beaucoup d'information pour Alix qui doit commencer à se demander si les journées seront assez longues pour faire tout ça. Aymeric sait déjà qu'elle aura largement le temps de s'ennuyer. N'étant pas né de la dernière pluie, il comprend bien vite que la servante ne sera pas farouche s'il vient lui rendre une visite cette nuit, mais il n'y donnera pas suite, même si ça commence à faire un moment. Il est toujours lié par les liens du mariage. Mais faire ceinture commence à lui peser aussi. Autant dire que se dépenser physiquement ne lui fera pas de tort non plus.

- Nous mangerons ici, ma fille et moi avons pas mal de choses à discuter et je préfère que ça se fasse dans le calme. Mais nous avons faim, le voyage a été long. De la viande, des légumes, du lait. Comme nous repartons tôt au matin, je pense qu'on va éviter la... carte des desserts, mais le tout m'avait l'air assez prometteur. Peut-être à notre prochaine visite ?

Il espère qu'Alix n'aura pas relevé de trop, ou qu'elle n'aura pas trop compris, car il y a des domaines où elle en sait un peu trop à son goût. Mais il ne lui en fera pas le reproche. C'est maintenant qui est important, et il veut lui offrir une belle vie, sans la surprotéger. Il va l'armer pour affronter l'avenir, lui apprendre ses trucs à lui, et laisser d'autres personnes plus compétentes que lui lui apprendre les autres choses importantes, comme la vie à la cour. Il ignore pourquoi mais est convaincu qu'elle y sera à l'aise.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyLun 29 Juil 2019 - 15:29
L'enfant a un peu la tête qui tourne. Elle sent qu'elle aura tant de choses à faire qu'elle ne sait pas du tout par quoi commencer. Heureusement, son père semblait savoir où aller ; alors elle se laissera faire.

En tout cas, l'avenir a de quoi exciter n'importe qui, et malgré une certaine angoisse qu'Alix ne peut étouffer, elle sourit à son père. Le commencement d'entrainement à la lance lui a laissé un cuisant souvenir - la petite fille s'était montré si malhabile qu'elle avait encore honte en y repensant.

- "Papa, on pourra commencer demain matin ? Quand on sera installé ?"

Elle avait hâte de manger du lapin, des oeufs, les produits du potager. Peut-être des carottes sauvages, des navets, des courgettes... l'idée de tous ces gâteaux et de tous ces beaux et bons repas la faisait saliver - elle en oubliait même les fangeux et les dangers usuels de la campagne, dont elle avait bien sûr entendu parler. Maman nourrice avait été prolifique en histoires de loups et d'ours, mais avec papa, comment pouvait-on avoir peur ?

Alix pouffa de rire en surprenant l’œillade de la servante, alors que la porte se refermait sur cette dernière, sans comprendre que son géniteur venait de lui refuser sa compagnie.

- "Je crois qu'elle veut que tu réchauffes son lit."

Toute rouge, elle se cacha les yeux de ses deux mains, pouffa bêtement à nouveau, les images de tous les couples qu'elle avait pu voir se matérialisant dans sa tête. Comme c'était drôle d'imaginer son père à cette place !

- "Le Capitaine aussi aurait beaucoup de succès. Je pense que vous vous entendriez bien tous les deux. Vous êtes tous les deux très forts, mais lui, il est beaucoup plus grand et gros que toi. En plus, t'as pas tant de gras que ça. ...Pourquoi est-ce que tu as fortifié la maison ? Est-ce que les fangeux vont l'attaquer ?"

La pensée venait de lui traverser l'esprit. C'était effrayant de penser que tout ce qu'ils construiraient pourraient être réduit à néant par ces cadavres ambulants, mais la fillette savait qu'il fallait toujours tenter, toujours continuer. Sinon, comment Marbrume pourrait-elle survivre ? Sans source de nourriture, ils seraient tous voués à mourir. Alors, c'était pour ça qu'il fallait se battre !

- "Mais si j'arrive déjà à attraper des chats ?"

En vrai, c'était plutôt des rats. Elle en avait fait griller une dizaine cette année, au grand bonheur de Pyô et de Leanne, même si le goût était parfois un peu bizarre.

- "Et-et je sais aussi me glisser dans des soupirail, tu sais ! Avec un canif, on fait sauter les serrures, souvent c'est facile parce qu'il y a beaucoup de rouille. Quand c'est pas bien entretenu, on fait tout ce qu'on veut. Mais... après on se sent souvent très fatigué. Je crois que le Capitaine, il appelle ça "l'endurance". Tu sais, c'est quand on fait des efforts longtemps !"

On frappa à la porte. A nouveau, la servante entra avec un plateau, qu'elle déposa sur le lit du comte, avec un nouveau sourire, avant de se retirer en silence.

- "Merci, dame !"

L'enfant se précipita sur le plateau. Elle avait tellement faim que son ventre gargouillait ; mais elle se mit à genoux, pourtant, avant de manger.

- "Papa, est-ce tu veux prier avec moi ?"
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyVen 9 Aoû 2019 - 12:25
Aymeric est de plus en plus confiant quant au fait que sa fille puisse être heureuse ici. La soif d'apprendre et l'enthousiasme d'Alix lui réchauffent le cœur, et qu'elle veuille commencer tout de suite est vraiment motivant.

- Bien sûr qu'on démarre le plus vite possible. Et je te ferai visiter les environs aussi. On ira voir les chiens de Najac, on visitera d'autres fermes, tu verras la forge, il y a une menuiserie aussi. J'ai besoin que les gens te connaissent. Parce que, pour les gens d'ici, ça semble bizarre qu'un type de l'esplanade vienne s'installer ici. Ils voient un Comte. Quand ils verront un père qui veut offrir le meilleur à sa fille, ils seront rassurés. Dans leur esprit, l'Esplanade, c'est mieux qu'ici. Mais pouvoir produire sa propre nourriture et ne plus dépendre des convois, ça, ils le comprendront très bien. Ah, et le Temple, forcément. Mère Constance va me manquer, j'espère trouver un prêtre comme elle ici à Usson.

C'est qu'il tient la prêtresse enceinte en haute estime. Bien que très croyant, Aymeric est resté méfiant envers les représentants des Trois, car pour lui il y avait les bons et les autres. C'est comme pour les soldats, certains ont ça en eux, d'autres font ce métier, non par choix, mais parce qu'ils ne savaient rien faire d'autre. Constance, c'était une "vraie" prêtresse, tout comme lui était un "vrai" soldat. Il y a des choses comme ça qui ne s'expliquent pas. Comme le regard acéré de sa fille sur les choses du sexe. Aymeric la laisse s'exprimer jusqu'à ce qu'elle dévie du sujet puis intervient.

- Bon ma petite Alix, ça va être ma première leçon de "papa". J'apprécie que tu aies l’œil acéré, c'est pas donné à tout le monde. Et n'en doute pas, tu tiens ça de moi. Hey, un chasseur se doit d'avoir l’œil acéré. Mais il y a des choses qui ne se disent pas. Alors, oui, cette dame aurait été ravie que je réchauffe son lit... mais ça ne se dit pas. Ce sont des choses qui ne concernent que la dame et moi... et certainement pas toi. Ce que je fais dans mon lit, et avec qui, c'est mon problème à moi seul. D'accord ? Une Vicomtesse ne parle pas de ça. Et tu verras, c'est finalement assez facile de... euh... fermer les yeux.

Il l'a fixée pour lui faire la leçon, mais c'était loin d'être une remontrance, cela ressemblait plus à un conseil avisé.

- Maintenant, c'est aussi aux parents à éduquer les enfants sur les choses de la vie. Pour les garçons, c'est facile, on les laisse naviguer à vue puis s'ils ont des questions, on y répond. Le souci, c'est que j'ai pas eu de grande ou petite soeur et je sais pas trop comment on fait avec les filles. Puis tu sembles en savoir bien plus sur la chose à ton âge que moi quand j'étais déjà bien plus vieux que toi. Alors... euh... Louise doit encore être trop innocente sur ces choses-là, elle n'a pas vécu dans la rue et ses parents l'auront protégée. Bérénice, la nouvelle domestique, je préfère pas, elle n'a pas vraiment été éduquée sur les questions de lit réchauffé non plus. La soigneuse ? Eventuellement... Une prêtresse pourrait être une option. Mais comme cela fait partie aussi des choses à savoir pour adopter les bonnes attitudes, le mieux serait que tu en parles avec Apolline de Pessan, si un jour tu as des questions. Et attention, uniquement quand vous serez que vous deux, certainement pas en ma présence ou en celle d'autres personnes.

Il se gratte la tête, se disant qu'il faudra qu'il en parle avec la Comtesse de Pessan et qu'elle devra aussi faire l'éducation sexuelle de sa fille. Cette perspective le remplit de joie... ou pas, vu la tronche qu'il tire. Mais il reprend vite ses esprits.

- Alors, si tu n'as pas été forcée de réchauffer la couche d'un homme jusqu'ici, en tant que noble, il est important... non, obligatoire... que tu ne le fasses pas avant ton mariage. Dans le monde des nobles, ça a de la valeur. Si tu veux te marier en restant une noble, il faudra que tu épouses un noble. Mais il y a d'autres voies. La prêtrise, par exemple, qui sied très bien aux jeunes filles nobles. Et là aussi, que tu restes pure jusqu'au mariage aura une réelle importance. Mais le plus important pour moi sera que tu aimes l'homme que tu vas épouser et qu'il t'aime aussi. Mais bon, j'espère que j'ai encore un peu de temps avant d'envisager tout ça. Déjà parce qu'il faudra te constituer une dot.

Et vu le vrai sourire franc qu'il adresse à sa fille, ça, c'est une perspective qui lui plait. C'est que le jour où elle volera de ses propres ailes, il veut qu'elle soit armée en tout, et heureuse. Ce n'est qu'à ce prix qu'il aura réussi sa mission de père. Mais il réalise surtout que ça fait trop d'infos pour la petite tête d'Alix.

- Retiens juste ça : Il y a un couvre-feu au Labret, interdiction totale de sortir la nuit ! On aura énormément de choses à faire qui vont bien occuper nos journées. Et j'ai l'intention de faire de toi la plus grande vicomtesse de l'histoire de Marbrume, si c'est cela qui te rendra heureuse.

Elle lui démontre ses aptitudes et il n'en doutait pas, mais ce sont surtout des aptitudes de voleuses.

- C'est bien que tu saches te débrouiller et que tu aies appris des choses, mais désormais, il ne sera plus utile que tu voles pour survivre. Je peux pardonner quand c'est pour survivre, je me montrais plus gentil quand j'étais dans la milice avec quelqu'un qui avait faim qu'avec un gars jaloux de la possession d'un voisin. Mais c'est bien, tu sauras repérer les points faibles de la maison et ce qu'il conviendra de réparer. Parce que moi, j'ai pas appris à voler. J'étais fils de Comte, on avait de la viande tous les jours. Puis après, j'étais milicien, et on avait une cantine. Je pouvais chasser comme fils de Comte aussi, car oui, avant, la chasse n'était réservée qu'aux nobles. Mais ça a fait de moi un bon chasseur de contrebandiers, de savoir chasser. Je savais où aller pour les trouver. Ca m'a aidé à passer coutilier.

Quelques souvenirs de jeunesse, pour qu'Alix continue de découvrir qui est son père. Il doit être assez simple à la petite de comprendre pourquoi la forêt, la chasse, les chevaux plaisent autant à son père, c'était son terrain de jeu quand il était enfant. Enfant, il avait des grands espaces où courir, alors, Marbrume et ses hauts murs, c'était une punition pour lui. Ici, c'est la nature à perte de vue. C'est autre chose, mais peut-être qu'Alix aimera aussi. Mais Aymeric ne lui mentira pas.

- Oui, Alix, les fangeux peuvent attaquer la maison. Ils attaquent tout. Mais c'est une très grande maison, c'est presqu'un palais et il est tout en pierre. C'est plus grand que la maison qu'on avait à l'Esplanade et autour, ce sont des champs, des arbres et deux plus petites fermes. Les murs sont trop épais pour qu'ils entrent en les cassant. Faut savoir qu'un fangeux, c'est fort comme... trois fois ton capitaine, au bas mot. Ils ont des dents plus puissantes que celles d'un ours et des griffes plus affutées que la meilleure des dagues. Et c'est résistant, même avec une flèche en pleine tête, ça continue de courir, ces merdes-là ! Alors, les murs protègent, et la hauteur protège. J'ai fait abattre l'escalier qui mène du rez-de-chaussée au premier étage, ils y ont pas accès ainsi. Et j'ai fait barricader la porte et les fenêtres. Tout le monde dans le Labret le fait. Ils barricadent le rez-de-chaussée et vivent au premier, la nuit. C'est ainsi qu'ils ont survécu. On y arrive même sans mur. Quand j'étais dans les marécages, pour la chasse ou quand j'étais encore milicien, je dormais dans les arbres, sur une large branche ou dans une petite cabane de fortune. Le tout est de ne pas faire de bruit. Parce que tout seul contre un fangeux, même ton capitaine ou moi, on ne pourrait pas le tuer. Alors, c'est important de bien tout barricader, et je l'ai fait. Je ne t'aurais pas fait venir, ni toi ni Guillaume, si je n'étais pas certain de votre sécurité.

Autant lui donner les règles les plus simples.

- Si tu crois qu'il y a un fangeux non loin, tu fuis, en silence, et tu vas sur des hauteurs. Tu retires ce qui t'a aidé à aller en hauteur, la corde, l'échelle, qu'importe. Et ensuite, tu fais le moins de bruit possible, jusqu'à ce qu'il soit parti. Ici, au Labret, ils ont appris ces règles, et tu vois, la nuit tombe, il risque d'y avoir des fangeux et ils n'ont pas peur. Ou pas trop. Même la serveuse pensait à faire des choses avec moi plutôt qu'avoir peur. A Marbrume, ils n'ont pas appris, ils pensent que les murs suffisent. Mais si des fangeux rentrent, ça fera du dégât. C'est plus sûr ici que là-bas. Parce qu'ici, on sait que la Fange existe et on en tient compte. Là-bas, pour ceux qui ne sortent pas, c'est un peu comme le croque-mitaine, ça ne concerne que les autres. Alors, il faut faire quoi si tu crois qu'il y a un fangeux pas loin ?

Il la laisse répéter la leçon, la corrige au besoin puis lui sourit, visiblement satisfait, et ajoute une phrase somme toute plus sage qu'il ne l'est.

- Il faut être méfiant, mais il ne faut pas se laisser dominer par sa peur. Quand tu t'es retrouvée seule à t'occuper de deux petits, tu aurais dû avoir peur, te dire que ça n'était pas possible. Mais tu as vaincu cette peur et tu t'es battue, parce que tu as eu l'espoir que demain, ça aille mieux. Et on est demain, aujourd'hui. Tu as retrouvé ton père, tu es vicomtesse, Pyo et Leanne ont trouvé des mentors aussi et peuvent rêver d'un avenir. L'espoir, c'est cela qui donne envie de vivre et de se battre. Quand la peur domine, c'est que l'espoir est mort. Et le jour où l'espoir sera mort, la Fange aura gagné. Moi, j'espère encore. C'est pour ça que je suis venu ici, au Labret. Je ne voulais pas me cacher derrière des murs à étouffer sous la peur. Je voulais que les gens continuent de recevoir de la nourriture, qu'ils sachent qu'il y a même des nobles qui se battent pour eux et pour qu'ils puissent continuer de manger. Les vrais héros, ils sont pas à Marbrume, ils sont ici. Parce que les gens du Labret, ils continuent d'espérer qu'un jour ça ira mieux. Je suis du même bois qu'eux. Et toi aussi, tu me l'as déjà prouvé. Alors, jeune fille, tu veux espérer avec moi ?

L'invitation à la prière, il l'accepte sans peine.

- Prions pour que jamais l'humanité ne perde espoir et que les Trois nous y aident, tu veux bien ?

Le repas, excellent et roboratif, aura fait le plus grand bien et, probablement au même titre qu'Alix, c'est épuisé qu'Aymeric ira rejoindre sa couche et trouvera rapidement le sommeil. Il se réveillera au petit matin, au chant du coq, ce qui risque d'être une surprise pour Alix. Une rapide toilette et la commande d'un petit déjeûner rapide, puis ils rejoindront la milice pour récupérer carriole et cheval pour prendre la route du domaine Pessan. C'est Guillaume qui affichera un sourire radieux en découvrant le lieu d'un "ah oui, quand même" qui en dit long. Il n'attendra pas l'arrêt du chariot pour en descendre et aller inspecter l'étable et les pâturages avoisinants. Il y a du boulot mais il semble déjà motivé à le démarrer. Et pendant que Guillaume observe son futur lieu de travail, Alix et Aymeric peuvent observer la "ferme" où ils vivront, qui tient du château-fort.

[Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) La-boissiere-un-immense-gachis_2856220

- Bienvenue dans ton nouveau chez toi, Alix. Comme tu vois, il reste du travail, mais j'espère que ça te plait.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyDim 18 Aoû 2019 - 10:27
L'enfant écoute son père. Il est si doux, il est si gentil, cet homme ! Elle mesure pleinement sa chance, ses grands yeux fixés sur le visage rude, mais si tendre de son géniteur, qui lui explique les choses, paisiblement, comme si elle en valait la peine ! Loin d'être vexée par la leçon et la petite remontrance, Alix en est plutôt heureuse, en fait : c'est la première fois qu'un adulte prend la peine de lui expliquer les choses de la vie sans colère, sans mépris, sans la frapper.

En son cœur, elle comprends qu'il veut son bien, qu'elle devienne une noble comme il faut, capable de s'intégrer dans son milieu ; et, tout doucement, elle prend la main d'Aymeric, la serre tendrement, avec confiance, les yeux brillants de ce qui ressemble à de l'admiration. Mais tout de même, elle veut rassurer son père sur ses intentions.

- "Pardon, papa. Je ne voulais pas t'embêter. C'est que dans les tavernes, tout le monde en rigole, et en parle souvent. Alors... Je voulais faire comme eux. Mais je n'en parlerai plus, je te promets. Je ferai comme si je ne voyais rien du tout ! Il y a quelques mois, je voulais devenir une prostituée, parce qu'on a l'impression qu'elles sont protégées, et puis parce qu'elles ont de la nourriture. Mais je préfère rester pure pour avoir un gentil mari, comme toi, papa ! Un beau noble qui ... qui continue de gérer la ferme avec toi, et qui défende la ville contre les fangeux !"

Il était étrange de constater à quel point ses rêves avaient rapidement changé. Alors qu'elle ne désirait qu'un toit et avoir à manger, l'enfant avait maintenant faim d'apprendre, de montrer à son père qu'elle devenait quelqu'un qui méritait d'être une Beauharnais. L'idée d'avoir une dot l'emplissait de joie - c'était comme si tous ses désirs se réalisaient sous ses yeux.

- "Tu es tellement généreux, papa... Je te promets que je travaillerai très dur à tes côtés pour que notre maison et que la ferme fonctionne bien. Je te promets que je serai une gentille Beauharnais, digne de toi. Et-et je suis encore vierge, je suis pas montée avec des hommes, même quand ils voulaient. Et j'en parlerai plus jamais parce que ça se fait pas chez les nobles."

L'enfant se tait à nouveau. Son interlocuteur l'entretient de l'attitude à avoir face aux fangeux, lui rappelle les nouvelles règles du Labret. Il est facile de ne pas sortir la nuit tombée, d'autant que la petite fille n'en avait plus du tout l'envie. Il faisait trop froid, trop sombre pour que cela la tente, et elle préférait largement la sécurité et la chaleur d'une maison à ce qu'elle avait précédemment connu.
Alix l'écoutait avec passion. Tout ce qu'elle pouvait connaitre du passé de son père l'intéressait ; c'était comme si, d'une certaine manière, elle l'avait vécu à ses côtés, qu'elle faisait aussi partie de son passé. Qu'elle avait toujours été une Beauharnais.

- "Nous, on est des nobles qui se soucient de Marbrume aussi, parce que sans la nourriture du Labret, tout le monde mourra de faim.. Je pourrais t'aider à vendre notre production au marché, et puis on pourra en donner un petit peu aux orphelins. Quand on aura tout réparé et que ça produira beaucoup de nourriture."

Elle rêvait de pouvoir agir en maitresse de maison, de pouvoir protéger du monde à son tour. De prendre soin de son père, un jour, quand il faudrait le faire à son tour. Jamais, jamais, elle ne laisserait tomber son gentil papa !

- "Je sais que c'est dangereux, les fangeux. J'en ai déjà vu un. Il faut se dépêcher de grimper à un arbre ou à l'étage et retirer tout de suite l'échelle en attendant les secours. Ca veut dire que nos réserves de nourriture devront se trouver dans le grenier, même si ça demande d'aménager spécialement la maison. Pour que ce ne soit pas trop difficile pour la servante, peut-être qu'il faudrait installer la cuisine en haut ? Et que le rez-de-chaussée serve de remise, pour mettre des outils ou des choses comme ça. Et que là où on vit soit en haut, alors ?"

Elle se frotta les yeux. Elle était fatiguée, mais la réflexion lui en faisait oublier la sensation. Mais il était tout de même l'heure de prier avec son père - une sensation délicieuse d'appartenance à un foyer l'emplit jusqu'aux orteils, et elle se mit à genoux, au pied du lit, avec un grand sourire sur ses lèvres.
Oubliant tout le reste, l'enfant ferma les yeux, priant de toutes ses forces aux côtés de son père, avant de profiter du bon repas fourni par l'auberge. Le ventre plein, elle s'endormit paisiblement, rassurée par la présence de l'adulte à ses côtés.

Ils reprirent la route le lendemain, pour arriver finalement au "domaine Pessan". Un endroit incroyablement spacieux qui fit ouvrir de grands yeux à l'enfant ; mais ce fut surtout le grand château qui lui fit pousser des cris de stupeur.
C'était une bâtisse immense, superbe, qui les attendaient, et elle s'y précipita en courant, s'arrêtant devant pour mieux la regarder.

- "C'est vraiment chez nous ?!! Est-ce que le château a un nom ? Est-ce que je peux entrer, papa ? On va choisir nos chambres ? Est-ce que je pourrais avoir une pièce de couture, et-et on fabriquera des meubles, et je vais coudre les rideaux et tout, et tout !"

Elle n'en pouvait plus de surexcitation. Oubliée l'Esplanade ; seule comptait sa nouvelle maison, sa nouvelle famille, sa nouvelle vie. Quel bonheur de s'installer ici !
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyMer 21 Aoû 2019 - 12:53
Alix est à la fois tellement mature pour son âge et tellement enfant en même temps qu'elle en reste un rayon de soleil. Aymeric est assez soulagé qu'elle soit toujours vierge, pas qu'il l'aurait reniée si ce n'était pas le cas, et tait une colère intérieure en découvrant que certains lui ont proposé de coucher avec elle. Il ne réclame pas de noms, cela l'obligerait à les tuer et il a autre chose à faire que de chasser les violeurs dans Marbrume.

Mais son sens pratique l'impressionne encore plus. Faire du rez-de-chaussée une réserve à outils et faire monter la cuisine au premier est une excellente idée, même si "condamner" le rez lui déplait. Peut-être faudra-t-il passer par là, mais rares sont les fangeux qui se déplacent de jour et tant les portes que les fenêtres blindées seront fermées, été comme hiver, puis la nuit, ils seront à l'étage. Les fangeux ne s'attaquent pas aux victuailles, ne visant que les humains. Il n'est pas au courant d'animaux attaqués par les fangeux, sauf des animaux "agressifs", ce qui laisse penser que les fangeux se sont juste défendus. Chiens, loups, ours. Pas de cerf, sanglier ou autre ruminant.

Le regard pétillant d'Alix en découvrant la "Ferme Pessan" est adorable et fait s'envoler les dernières inquiétudes du Comte. Oh oui, elle se plaira ici et pas uniquement parce que lui, son père, y est. Et forcément, le flot de questions et les projets foisonnent dans l'esprit de la petite.

- Nous ne sommes pas propriétaires, c'est Apolline de Pessan qui l'est. Ou son père, je m'y perds. Enfin, c'est la famille Pessan. Mais nous pouvons y vivre et y démarrer un commerce et tant qu'elle ne nous en chasse pas, c'est bien "chez nous", oui. Plus encore que le commerce, c'est le fait de maintenir son bien en état et le protéger qui l'intéresse. Je ne suis pas propriétaire, mais je suis l'intendant du domaine, et crois-moi, ça me plaît beaucoup. C'est comme la forge à Usson, elle est à moi et je peux virer le forgeron. Mais je n'ai aucune raison de le faire car il travaille bien et fait attention à ce que la forge et la maison restent debout. Mais même si pour une raison ou une autre Apolline devait nous chasser d'ici, on pourra faire autre chose et vivre dans le Labret. Mais elle n'a aucune raison de nous chasser, car elle trouvera difficilement un autre noble qui accepterait de s'installer ici.

A sa demande de savoir si elle peut entrer, il l'y invite, histoire de lui faire faire le tour du propriétaire, qui réserve quelques surprises.

- Alors, j'ai engagé une domestique. Elle s'appelle Bérénice. C'est une fermière au départ, sans terre à elle. Elle a un fils qui a à peine un an. Elle a appris ce qu'il fallait apprendre à l'auberge et sait plein de choses. Elle en sait plus que moi sur comment faire pousser des plantes, comment savoir que planter et quand. Elle a cousu elle-même ses robes, sauf celles pour le travail, car c'est un uniforme. J'aime bien les uniformes pour le personnel. Les gens savent qu'elle, c'est pour ce qui concerne le ménage et la cuisine. Quand elle sera là, notre érudite aura sa tenue à elle aussi. Guillaume fait un travail trop salissant que pour lui imposer autre chose que la tenue qu'il aime, mais on va dire que c'est son uniforme aussi.

Il se doute que l'évocation d'un fils d'un an à peine titillera Alix, qui voudra aider Bérénice à s'en occuper, mais c'est quelque chose qu'elles devront régler.

- Là, c'est le salon, tu vois, il est incroyablement confortable. Et plus propre que la dernière fois, Bérénice est passée par ici. Une salle d'eau ici et là, c'est mon bureau. Petite règle pour le bureau. Si la porte est fermée, tu n'y entres pas, c'est que je travaille. Et si ça n'est pas urgent ou important, tu ne viens pas m'y déranger non plus. Je ferai mes papiers, mes comptes et ça n'est pas le moment où je suis de bonne humeur, car je ne suis pas doué pour ça. Ou alors je négocierai avec un client. Parfois tu pourras y assister. Mais si c'est urgent ou important, tu pourras frapper à la porte et me rejoindre quand je t'y inviterai. Ceci n'est valable que pour ce bureau. Partout ailleurs, porte ouverte ou close, tu pourras venir me déranger, car cela ne me dérangera pas. D'accord ? Bon, là, un accès à la cave, on pourra y entreposer des choses comme nos fromages et éventuellement des vins. Il y a peu d'aération, ce n'est pas un bon lieu pour jouer. Et là, c'est la porte qui mène vers l'arrière. Il y a un jardin, un piquet, une corde et... une chèvre, je crois. Qui attend un petit. Il faut ça pour qu'elle fasse du lait. Et cette biquette ne m'appartient pas puisqu'elle est à toi. Quand on aura mis l'enclos, on pourra la libérer de sa corde.

Il ne doute pas qu'Alix va se précipiter vers la chèvre. C'est une promesse qu'il lui a faite. Sait-elle seulement traire ? Guillaume l'aidera, au besoin, voire même Aymeric lui-même. Il s'est bien amusé à cela plus petit et c'est aussi pour ça qu'il a songé à faire de sa fermette une fermette à chèvres.

- Alors, Bérénice a déjà choisi sa chambre, au premier. J'ai mis la mienne à l'opposé. Celle du milieu est celle de la Comtesse de Pessan, parce que c'est la plus grande et que c'est chez elle et qu'elle m'a demandé de lui garder une place. Il reste deux pièces du côté Bérénice et deux pièces de mon côté. Une te servira de chambre et comme tu souhaites aussi faire de la couture, je t'invite à faire de la chambre à côté de Bérénice la salle de couture. Si ça te va. Il reste deux étages, dont un qui pourrait servir de grenier. Je l'entretiendrai mais je ne compte pas les occuper. Outre les chambres, il y a un local pour les études, une salle d'eau puis pour le reste, on verra bien. Les travaux de menuiserie salissent et il faudra bien que je stocke, à chaque étage, le matériel dont j'ai besoin.

Il espère qu'Apolline ne fera pas de crise d'angoisse en découvrant ce qu'il a prévu comme matériel. Rien que les enclos, ça en fait du bois. La toiture, les fenêtres, la vérification des cheminées, que du bonheur. Et encore, hormis pour certains travaux nécessitant un spécialiste, comme pour la réparation d'une poutre du côté du toit, il envisage de faire le boulot seul, histoire que la Pessan puisse aussi faire des économies, d'un côté, et que lui sache où il en est des travaux. Une nouvelle vie démarre, et il y a du boulot.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyMer 21 Aoû 2019 - 14:13
Elle était arrivée hier dans la matinée. Monsieur le Comte lui avait bien dit lors de leur première et dernière entrevue que leur arrivée pourrait être retardée au lendemain. La jeune femme avait alors tué le temps de manière efficace ; elle avait attaqué les toiles d'araignées dans le salon. Les chambres du Comte et de sa fille étaient apprêtées, et elle avait bien essayé de rendre l'endroit accueillant, du moins pour les pièces principales.

L'homme qui avait blindé le rez de chaussée avait fait un travail appréciable. Ils avaient échangé quelques banalités puisqu'il l'avait emmené. La nuit venue, elle s'était presque sentie en sécurité en constatant l'écart qui séparait à présent le rez de chaussée des étages depuis que les escaliers avaient été abattus. Très vite, elle s'était laissé perdre dans le silence de la bâtisse. Bérénice avait peu dormi comme toujours, mais d'un sommeil pourtant réparateur, englouti dans la solitude de la demeure. L'angoisse l'avait éveillée au petit matin, et elle avait occupé le reste de sa nuitée à veiller son petit bout, guettant tantôt de loin la fenêtre. Aussi, lorsque le soleil pointa enfin, Bérénice avait les yeux grands ouverts et se trouvait déjà debout. Elle avait levé Alfred tôt comme elle n'aimait pas l'idée de le laisser sans surveillance ; elle avait peur qu'il tombe du premier étage ou bien qu'il dévale les escaliers des étages supérieurs s'il lui venait l'idée d'arpenter le champ des possibles. Le reste de son temps avait été bien appliqué en cuisine, se disant que la route donnerait certainement faim et soif à l'Intendant ainsi qu'à sa fille. S'ils arrivaient vivants bien sûr. Les pensées macabres bien matinales lui tirèrent un rictus. La Trinité lui pardonne cet humour noir ! Car ces pensées allaient et venaient sans qu'elle n'ait le temps d'y faire véritablement attention.

Nerveusement Bérénice passait en revue à peu près tout ce qui lui tombait dans le regard. Il fallait que ce soit parfait, cela pour satisfaire à sa propre exigence ainsi qu'à celle du Comte ; il avait payé pour son apprentissage, il était tout à fait en droit de lui demander des comptes. Enfin la perfection n'existait pas, et malgré toute l'application, il restait encore ces petits détails qui lui échappaient. Toutefois cela n'était pas si mal, et même plutôt conforme à ce qu'on lui avait appris à l'auberge. Somme toute la chambre de l'Intendent était propre, et il n'y avait plus grand chose d'autre à y faire.

Du reste elle avait pris soin d'enlever la poussière qui traînait dans les casseroles de la cuisine, et de farfouiller au milieu des étagères, histoire de voir s'il ne restait pas quelques pots utiles. Pour tout dire elle ne s'était accordée qu'une toute petite fantaisie : elle avait été assez ravie de trouver des fleurs des champs pour cueillir un bouquet de barbeaux, dont le bleu prononcé réchauffait doucement la pièce. Puis elle s'était dirigée vers l'arrière cour.

Le corset sur sa robe, noué maladroitement, la serrait assez pour l'obliger à se tenir droite, et ce quand bien même elle se trouvait devant une chèvre. Elle y avait vu là une rare occasion de faire plaisir à Alfred et l'avait laissé s'approcher, l'observant distraitement tandis qu'il tendait à la bête quelques brins. C'était la première fois tout de même qu'une robe l'enlaçait aussi bien. Elle aimait le détail de la petite frange dentelée qui bordait ses épaules et sa poitrine. Mais elle n'était point habituée à une aussi jolie robe, et bien que celle-ci fut assez simple, cela lui changeait clairement l'allure. Malgré tout, ne se sentant pas à l'aise, on pouvait la voir s'agiter de loin, à mettre la main ici ou là, sans savoir comment vraiment se tenir, à remonter le tissu sur sa poitrine ou à tirer la jupe, mains sur la taille ou tantôt croisés, dansant d'un pied sur l'autre. Mais elle avait la grâce délicate... La grâce d'un singe ! Ah dans ces belles étoffes ocres qui rendaient pour une fois justice à son âge d'or et à sa féminité oubliée, la jeune femme gardait malgré tout ses manières un peu brusques. A croire qu'elle avait des puces pour s'agiter autant. Enfin, elle avait fait de son mieux pour se rendre présentable, puisque ces choses-là comptaient à présent. Les cheveux noués à l'arrière de sa tête, seules quelques mèches d'un blond éclatant venaient encore encadrer un visage qui avait visiblement bonne mine derrière ses tâches de rougeurs intempestives. Et si elle avait réussi à faire partir toute la terre qui maquillait son corps, il lui restait cependant encore ces vilaines plaques d'eczéma contre lesquelles on ne pouvait pas grand chose, dans le creux de ses coudes, nichées contre sa nuque. Enfin, au moins la gueuse n'avait-elle plus l'air d'en être une. Somme toute son gabaris la gardait bien frêle, quand bien même elle commençait lentement à reprendre du poids. A l'auberge, les repas servis avaient été plus que convenables, et plus nourrissants que ceux des derniers mois. Puis non content d'avoir abusé du pain, redécouvrant une gourmandise enfantine, elle n'avait eu de cesse de grignoter en même temps qu'elle apprenait à cuisiner les plats, cela lui ayant valu à plusieurs reprises de se faire taper sur les doigts. Ah mais c'était sûrement une étincelle de joie qui avait jailli, tandis qu'elle s'était permise une ou deux fois de goûter le vin, assez oui pour hoqueter avant d'aller au lit.

Les voix en provenance de l'intérieur la firent sursauter alors, la tirant de ses pensées. Ciel ! Ils étaient déjà arrivés ! Alors ni une ni deux elle s'empressa de tirer le bambin par la main et le traîna à l'intérieur. Elle vérifia une dernière fois leur présentation à tous les deux, mais cela allait. Alfred était tout beau dans ses vêtements rutilants, et il y avait même une émotion qui lui transperçait dans le regard à le voir là, si bien apprêté, lui le fils de la domestique. Mais elle ne s'attarda pas là-dessus, il n'y avait pas le temps, d'ailleurs elle ne prenait jamais le temps. Elle abandonna son fils derrière elle qui la suivit avec maladresse, comme il marchait depuis peu, et très mal. La jeune femme s'orienta d'après les voix et fit bien vite irruption au beau milieu de la visite, gratifiant ses maîtres d'une révérence bizarre, mais d'un sourire vigoureux qui écarta soudain ses lèvres rieuses, bien plus destiné à la jeune enfant qu'à son père tandis qu'elle détaillait cette dernière. Un sourire qui n'avait rien de gratuit, mais il lui semblait important que la jeune enfant se sente bien accueillie et attendue. Quoique la jeune demoiselle lui sembla de prime abord plutôt à l'aise.

"Messire..." Comment devait-elle s'adresser à cette jeune enfant qui était d'un rang bien plus important que le sien ? Son hésitation maquilla sa bouche trois demi-secondes. "Gente Damoizelle." Elle n'avait aucun ridicule. Mais faisant fi de ce qu'elle ne pouvait pas inventer, surtout si elle n'y connaissait rien, elle haussa pour elle-même les épaules et ne guetta pas la réaction du Comte ; il aurait tôt fait de la reprendre. "Je m'appelle Bérénice, et je suis votre nouvelle domestique. Pour vot' service, je répondrais à vos besoins alors..." Elle chercha ses mots, n'en trouva pas et conclut sur un triste "Faut venir me voir."
L'usage aurait sans doute voulu qu'elle leur demande si ils avaient fait bon voyage, mais enfin puisqu'ils étaient là, elle n'y vit pas l'intérêt. "J'ai pensé que vous auriez peut-être la faim en venant..." Elle reporta son attention sur le Comte, les mains jointes devant elle, retrouvant ainsi une gestuelle beaucoup plus posée : "J'vous ai préparé de quoi vous soutenter." Sustenter. Ah elle avait écouté nombre de personnes qui ne parlaient pas aussi maladroitement qu'elle, et essayait tant bien que mal de les imiter. Mais que faire elle conservait son petit accent.
Oh et déboulant tout juste à ses côtés, son fils s'écrasa contre ses jambes et sa petite tête blonde enfouie dans les draperies de sa mère se pencha tout juste pour détailler la jeune demoiselle. "Et voici mon fils Alfred. Faut l'excuser de vous r'garder avec cet air bête comme ça mad'moizelle mais c'est la première fois qu'il voit un autre enfant." Triste mais véridique.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyLun 2 Sep 2019 - 21:29
Les yeux remplis d'étoiles, la petite Alix regardait autour d'elle.

Son papa avait l'air si sûr de lui, savait si bien ce qu'il devait faire - alors elle l'écoutait religieusement, attentive, et obéissante. Elle avait du mal à se sentir calme, et, spontanément, elle sauta au cou du noble, avec toute la tendresse dont elle était capable, si heureuse d'être en sa présence, si heureuse aussi d'être débarrassée du fardeau de ces terribles responsabilités. C'était même étrange, dans un sens. Elle se dit qu'il était plus simple d'obéir, que ses nouvelles responsabilités consistaient à apprendre maintenant à devenir une adulte, une dame et à faire honneur à son grand noble de papa.

Quand ils entrèrent dans le salon, elle ouvrit grand la bouche. C'était plus grand que tout ce qu'elle aurait pu imaginer, et elle tournait encore sur elle-même, un peu béate, le coeur battant si fort à l'évocation de sa chèvre - à elle, une belle, une magnifique petite chèvre qu'elle pourrait traire, prendre soin, et peut-être même tirer quelques fromages pour les enfants, quand elle leur rendrait visite.

- "Je t'aiderai autant que je pourrais, papa. Et si je peux dormir près de toi, pas trop loin en tout cas, ça suffira largement à mon bonheur. Cet endroit... est vraiment magnifique. Il y a du travail, mais je n'ai pas peur de travailler. Le bonheur sera encore plus grand ensuite, quand notre ferme sera toute prête."

L'apparition de la servante, Bérénice, la fit se retourner. Le sourire de son visage s'agrandit, et elle secoua ses boucles blondes un peu emmêlées par le voyage, et plissa ses joues redevenues roses et même un peu plus charnues qu'avant.
D'un regard, elle détailla l'apparence de la jeune femme, et accentua son sourire, naïvement ravie en constatant la présence du tout petit enfant à sa suite. Qu'il était beau ! Un petit amour, qu'elle allait pouvoir câliner et aider à élever, si la dame était d'accord ! La dame, par ailleurs, lui semblait plutôt à l'aise à ses yeux inexpérimentés, même si elle n'était pas aussi impeccable que les domestiques de son amie Louise. Mais après tout, étais-ce si grave ? Papa disait qu'elles apprendraient ensemble - et c'était sûrement une bonne chose, comme ça, si elle faisait des erreurs de dame, alors Bérénice ne lui donnerait pas la fessée ni le fouet !

A son tour, elle fit la révérence, en s'appliquant à la faire joliment, pour sembler gracieuse comme une vraie demoiselle, avant de reprendre la parole de sa voix gaie et enfantine.

- "Bonjour, Dame Bérénice ! Je suis contente de vous rencontrer. Je vous aiderai un peu, et vous m'apprendrez plein de choses, j'en suis sûre. ...Votre enfant est si chou ! Il n'a pas du tout l'air bête, je vous assure. Est-ce que je peux le prendre dans mes bras ? Où est-ce qu'il dort ?"

L'enfant s'agenouilla, ouvrit les bras vers le bébé, tendre et maternelle.

- "Bonjour, gentil Alfred. On va beaucoup jouer ensemble, je te promets. On va te coudre des jolis jouets !..."

Elle releva sa tête.

- "Mais, est-ce qu'on pourra tout visiter le château, après ? J'aimerai bien voir ma chambre s'il vous plait !"

Alix fixa les deux adultes avec espoir. Ils seraient vraiment bien et heureux ici, elle en était persuadée. Comment la vie pouvait-elle être plus douce ?
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyJeu 5 Sep 2019 - 15:12
L'arrivée de Bérénice fait plaisir au Comte. C'est que sa nouvelle tenue lui va bien. Elle ressemble à une domestique désormais et Aymeric sait qu'un uniforme aide aussi à sentir le travail qu'on fait. Il n'en allait pas autrement pour lui quand il mettait son uniforme de milicien de l'externe et c'est pour cela que pour ses sorties "chasseur", il porte encore les couleurs de la milice, héritage d'un passé qu'il est loin de renier.

- Les fleurs, c'est vous, Bérénice ? Parce que j'aime beaucoup. Cela vous plairait de faire un parterre de fleur, un petit rien, ici du côté de l'entrée de la maison ? Si ça n'est pas trop de travail évidemment et juste pour votre plaisir. Je sais combien conserver un lien avec son ancien métier reste important. Mais sans obligation aucune, si vous estimez que ça prendra trop de temps, là, c'est vraiment pour vous.

Il observe Alix et Alfred faire connaissance, un peu circonspect. C'est qu'Alix semble plus à l'aise avec cette petite chose qu'Aymeric, qui regarde le gamin un peu en biais. Ca ne parle pas encore, ça tient à peine debout, ça s'étonne moins, ça semble avoir un peu peur et ça semble vouloir retourner vers la chèvre aussi. Ses vêtements lui vont bien, la couturière ne s'est pas moquée de lui. L'uniforme pour Bérénice et les nouveaux vêtements d'Alfred sont plus que corrects. C'est agréable d'avoir de bons artisans aussi au Labret.

- Votre stage était plaisant ? Vous avez eu l'occasion d'apprendre des choses ? Vous aimeriez d'autres formations de temps à autre, là ou ailleurs ? Je pose ces questions parce que c'est important aussi que vous vous sentiez à l'aise dans vos nouvelles fonctions. Je découvre les miennes aussi vous savez et des formations, je vais en suivre aussi. En étiquette déjà. J'ignore comment vous devriez appeler Alix. Damoiselle ? Vicomtesse ? J'avoue que j'aime bien damoiselle. Pour les adultes, c'est madame ou monsieur, ou dame, ou messire. Si vous connaissez le titre ou si la personne le communique, ça sera Baronne, Vicomtesse ou autre suivi du prénom et du nom. Le Comte Aymeric de Beauharnais. Si elle vient la Comtesse Apolline de Pessan, etc. Cela, je l'ai à peu près intégré. Pour les enfants, cela reste un mystère. Comment ses domestiques nomment-ils Louise ? Tu le sais, Alix ? Note, si tu n'y as pas fait attention, ça n'est pas grave.

Guillaume revient et décharge le chariot. Aymeric va aider et donne son premier ordre de Comte.

- Les bagages sont affaire d'hommes aujourd'hui. Bérénice, vous pouvez faire visiter le rez-de-chaussée à Alix. Dès que nous avons fini de monter les affaires, nous vous rejoindrons. La perspective d'un bon repas m'enchante.

Oui, le Comte est de bonne humeur. Et pourtant...

- Juste une chose. Vous n'avez pas refermé derrière après avoir été jeté un coup d'oeil à la chèvre j'imagine. Oh, c'est magique pour un enfant et vous avez parfaitement le droit. Mais les règles sont absolues. Au rez-de-chaussée, portes et fenêtres restent fermées, de jour comme de nuit. Et si quelqu'un oublie, vous êtes en droit de le sermonner. Même s'il s'avérait que c'était moi. Sur ce point, nous sommes sur un pied d'égalité. Si nous nous surveillons tous les uns les autres, nous éviterons un oubli qui pourrait être funeste. D'accord tout le monde ?

Il regarde tout le monde, même Alfred, qui pourtant n'a pas la force d'ouvrir et de fermer la porte. Cela lui fait penser à quelque chose.

- Va falloir qu'on crée une barrière pour que le petiot ne file pas vers les escaliers, ça serait un coup à se faire très mal. Avec les bois de l'escalier abattu, on devrait pouvoir faire quelque chose de bien tu ne crois pas ?

Guillaume fait rapidement un oui d'assentiment et nos deux "mâles" vident le chariot à grande vitesse, avant de fermer la porte de l'entrée, puis montent les affaires à l'étage, ce qui avec une échelle n'est pas forcément simple et ils en profitent pour réfléchir à la barrière pour protéger Alfred. Alix est assez débrouillarde pour ne plus courir un danger réel, qu'il soit lié à l'échelle ou un escalier, d'ailleurs. Nos deux hommes finissent par redescendre au bout d'une demi-heure pour rejoindre la cuisine.

- Désolé d'avoir été aussi long. Alors, Bérénice, il faudra que vous nous indiquiez quelle est votre chambre et celle du petit, afin que je sache où je peux installer Guillaume et Alix. Alors, je sais que ça n'est pas habituel, mais j'apprécie, quand c'est possible, qu'on mange ensemble. Nous le faisions à l'Esplanade et quand nous en aurons le temps, nous le ferons ici aussi. Et comme premier repas ici, j'aimerai que nous le prenions tout ensemble. Parce que nous sommes une équipe. Sans vous, je perdrai du temps dans les tâches domestiques. Sans Guillaume dans la gestion des chevaux. Et j'adore m'occuper des chevaux. Mais le temps que vous me libérez me permet de gagner des sous, sous avec lesquels je sais aussi payer vos salaires. J'appelle ça le cercle vertueux. Alors il n'y a pas de raisons qu'on ne mange pas la même chose en même temps.

Il fait un baiser sur les cheveux de sa fille.

- Une fois le repas terminé, on ira visiter les chambres libres, histoire que tu choisisses la tienne. Je pense que tu vas opter pour celle que je nomme la chambre rouge. Le bois est rougeoyant, les meubles solides, tu as un grand coffre pour y mettre tes objets précieux, une table d'écriture où tu pourras aussi dessiner et une table d'écriture debout. Je pense qu'elle est encore un tout petit peu trop grande pour toi, mais écrire debout a ses avantages. Puis le lit est immense, mais ça, c'est vrai pour toutes les chambres. Guillaume s'adapte à tout et je pense que son vieux dos appréciera aussi un bon lit. C'est que les chevaux, ça tape le cul, pas vrai ?

Un rire tranquille, un regard un peu pétillant et Aymeric se réjouit du repas qui les attend, pressé de découvrir les talents culinaires de Bérénice. Un potage et du pain ? Un plat en sauce ? Une tarte aux légumes ? Il verra bien, mais l'un dans l'autre, tout lui ira. Il n'est pas difficile sur les repas. Quand on a mangé toute sa vie dans une cantine de la milice, et parfois des vers en extérieur, tout repas semble magique. Alix a connu la faim, elle aussi. De tous, c'est probablement Guillaume qui aura le palais le plus délicat, finalement.

- Les statues des Trois sont dans mon bureau. Elles ont été bénies à l'époque par Mère Constance, même si cette dernière m'a expliqué que la bénédiction d'un prêtre n'était pas indispensable. Vous êtes libre de vous y rendre pour prier quand vous le désirez, pour autant que je n'y travaille pas en ayant fermé la porte. Mais rarement les prières sont si urgentes qu'elles ne peuvent attendre une heure. Sinon, je fabriquerai d'autres statues qu'on mettra dans une chambre libre au premier. Je préfère les sculpter que de les acheter. Si les Trois m'ont offert ce don pour me permettre de patienter en extérieur, ce serait malvenu que je n'en use pas pour les honorer, pas vrai ?

Visiblement, Alfred aura besoin de s'asseoir sur les jambes de sa mère pour recevoir la becquée, et une chaise "haute" devient un "projet" dans l'esprit d'un Aymeric qui n'a pas les compétences pour la fabriquer et passera forcément par un ébéniste. Mais une autre question lui traverse l'esprit.

- Ca joue à quoi un gamin de cet âge ? J'ai beau fouillé mes souvenirs, j'arrive pas à remonter aussi loin.

Un regard pour Guillaume, qui s'est pas mal occupé de lui quand il était petit. Un autre pour Alix, qui a connu la nourrice et s'est aussi occupée de Pyo, le garçon qu'Alix a protégé par le passé et qu'élève désormais son forgeron. Puis forcément à Bérénice, qui est la mère du gamin et doit avoir quelques idées. Après tout, c'est important que le fils de Bérénice se sente bien ici aussi. Pour lui ça fait beaucoup de monde autour de lui, et le côté rassurant des murs protecteurs, ça doit encore lui passer un peu par dessus la tête. Oui, ce brave Aymeric a encore beaucoup à apprendre, mais il aime bien être ici. La ferme lui plait, l'air qu'il respire lui plaît, l'absence d'enceinte lui plait. Ici, ça sent la terre, la nature et bord d'aile, c'est bon. Parce qu'à Marbrume, si côté Esplanade ça pouvait aller, ça sentait surtout la misère, la merde et la mort et tout lui semblait gris. Ici, c'est vert, comme le sol, et bleu, comme le ciel.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyLun 16 Sep 2019 - 1:01
Elle détailla l’enfant, son menton entre deux doigts délicats, tandis qu’en véritable demoiselle on lui offrait une révérence digne d’une Vicomtesse. Non pas qu’elle eut l’œil pour ces choses-là, mais la jeune fille lui paraissait déjà gracieuse, à moins qu’il n’eut s’agit vraiment que d’une attention particulière adressée à une enfant qui imitait déjà docilement les manies des grandes personnes. Cela l’amusa peut-être un peu, la renvoyant à une enfance où elle s’était souvent amusée à faire de même, dans un cadre différent, pour quelques faux-semblants le temps d’un jeu ou d’un rêve un peu bête ; celui d’une petite fille qui rêvait alors de s’évader dans un autre monde.

Naturellement pourtant, et non pas parce qu’elle éprouvait une certaine méfiance envers cette jeune fille qui sommes toutes n’avait point l’air malintentionnée, mais tantôt comme une mère envahissante, elle éprouva une certaine réticence à l’idée de pousser son fils dans des bras qui n’étaient pas les siens. La jeune femme déglutit péniblement, mais prenant sur elle, posa une main stricte sur l’épaule du bambin entre ses jupes. Cela fut lent. Mais c’était là une chose qu’elle se devait à son tour d’apprendre ; on ne possède pas un enfant. Et il lui faudrait accepter de partager l’affection de son fils. Ah ! Que ne l’eut-elle gardé plus longtemps en son ventre ! Si on le lui avait dit que le reste serait plus difficile. Elle obtempéra pourtant, assez dignement, pour ne rien laisser paraître de ses réticences. Mais puisqu’elle manquait parfois de finesse, alors, on aurait pu voir s’étioler son sourire. Et d’un geste précipité, elle poussa le bambin dans les bras de la demoiselle. Ah bien sûr, Alfred se rattrapa, les bras autour du cou de la fillette, mais la tête en arrière pour mieux voir ce visage étranger mais bienveillant, curieux et à la fois bougon comme seules peuvent l’être les moues de ces petites choses bizarres et ô combien adorables.

« Il dort avec moi. Pour que j’y puisse le calmer si il pleure. Mais l’est pas si bruyant, alors y vous y dérangera pas damoizelle. Je lui chante des chansons, et ça y fait. »

Bérénice s’efforça de reporter son attention ailleurs. Le Comte lui offrit alors une parfaite distraction. On eut pu voir les yeux de Bérénice s’agrandirent, non pas de bêtise, mais bien d’un éclat comme une curiosité piquée. Le comte venait de jeter son appât, et Bérénice y avait mordu comme une daurade. L’homme n’avait plus qu’à remonter la ligne pour faire suivre sa prise. Son corps s’était tout à fait tourné vers lui, et sa ligne des épaules s’affaissant, Bérénice se relâcha imperceptiblement. Elle se sentit envahie par un sentiment étrange, un état autre que ce parfait qui-vive qui ne la quittait jamais vraiment, mais qui pour une fois semblait enclin à la laisser tranquille. Il était épuisant de s’épancher partout, nulle part, de brasser de l’air tout autour de soi, de s’agiter, de trottiner, de courir, de se prostrer tantôt de peur, ou de vivre selon les aléas du courage. De survivre. En avait-elle seulement conscience ? L’alanguissement qui semblait prendre soin de son corps était presque agréable.

« Pour mon plaisir. » Répéta-t-elle pensivement. La vérité serait que ce serait une première, car elle avait pour habitude des champs de semences agricoles, non point de fleurs. Elle n’y avait en vérité jamais pensé. Mais l’idée lui plaisait. Les fleurs savaient emmener de la joie, de la douceur, de la renaissance. Elles portaient une sensibilité que le monde avait tendance à piétiner. Bien sûr les images de ce parterre se dessinaient, encore floues, dans son esprit. Mais elles étaient tantôt colorées et vives, tantôt douces comme un tableau pastel. Sourcils froncés, elle balbutia : « Je… Euh.. Oui. C’est faisable. » Il y avait là une certaine pudeur à avouer que cela l’enchantait plus que de raison et que cette attention la laissait dans un même temps interdite. Mais elle se reprit rapidement comme le Comte n’était pas homme à perdre son temps. Cela tombait bien : elle non plus. Mais puisqu’elle avait une certaine retenue encore à parler librement de ce qu’elle avait aimé, elle bifurqua. « Plaisant, oui. Mais vous aurez besoin de moi, comment vous y ferez-vous si je m’en vais ? » Ah oui qui s’occuperait de toutes ces tâches si elle n’était point là pour les réaliser ? Son esprit consciencieux s’interposait, bien que l’idée d’aller mettre la main à la patte ailleurs lui plaisait. Elle aimait cuisiner, toucher la matière, et prenait plaisir à jeter des herbes dans la marmite et à sentir comme le goût se métamorphosait dans l’air selon les senteurs. Elle avait presque la sensation d’être une sorcière des fourneaux –la Trinité lui pardonne ce blasphème. Mais et surtout ce qui l’inquiétait, c’était bien que le Comte engage quelqu’un à sa place pour faire le travail, et qu’elle ne perde définitivement sa place ! A cette seule pensée, ses mauvaises manies revinrent et elle se tendit d’un seul coup, rigide. Elle poursuivit. « Z’avez pourtant l’air de vous y connaître dans ces choses-là, Comte. » Car de ses yeux inexpérimentés, et par cette assurance qu’il dégageait, le Noble lui semblait à l’aise. Ou tout du moins l’imaginait-elle se débrouiller de tout. Les incertitudes dont il lui fit part quant à l’appellation des enfants nobles illustrèrent le contraire. Mais Bérénice ne s’en formalisait pas. Tout cela était affaire d’étiquette, et en réalité, cela ne l’intéressait pas. Il lui suffisait seulement de savoir et d’appliquer comme on le lui demandait. Du reste il fallait bien porter un titre pour se formaliser de ce genre de détails.

Elle se tourna enfin vers les deux enfants, prête à obéir, lorsqu’il l’interpella une dernière fois. Le sujet ramena contre sa figure des traits graves, et elle se décomposa. L’homme n’avait pas besoin de glisser le nom de la Fange dans ses propos, que cette dernière planait déjà à la manière d’une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Cela remuait bien sûr une peur terrible en elle. Quand bien même elle parvenait à vivre avec, puisqu’il le fallait bien. Elle opina derechef. Bien sûr il fallait être sot ou bien inconscient ou bien avoir l’âge d’Alfred pour ne pas comprendre ce qui se jouait. Voilà encore une chose qui venait marteler dans les esprits que rien ne serait jamais comme avant. Mais Bérénice avait une infime consolation vis-à-vis de cela ; Alfred ne regretterait jamais la vie d’avant pour la simple et bonne raison qu’il ne connaîtrait jamais autre chose que cette existence entremêlée avec la Fange. Si toutefois il survivait. La jeune mère éprouva à cette pensée de vifs frissons. Nul doute qu’elle serait vigilante avec les portes, et qu’elle n’aurait de cesse de faire le tour des entrées possibles au cours de la journée. Une telle bâtisse n’avait rien à voir avec une ferme, là où il n’y avait guère de possibilités d’entrée ou de sortie, les portes ici se dérobaient aisément à la vue, si tôt que l’on se trouvait à l’autre bout de la maison. Elle s’éclipsa alors quelques instants afin de refermer comme il fallait cette porte et se rendit compte sur place que sa nature sommes toutes très paranoïaque avait assez machinalement pensé à ce détail.

L’évocation d’une barrière pour empêcher son petiot de dégringoler d’un étage et de se briser la nuque au passage la rassura suffisamment pour lui faire penser à autre chose. C’était dire qu’elle y avait songé mais qu’elle n’aurait jamais osé le formuler. Elle se demanda si elle ne pourrait pas aussi oser quémander un petit berceau.

Mais laissant le Comte à sa besogne, bien satisfaite que ses bras ou son dos n’aient à supporter la lourde charge des bagages, elle attrapa le petit Alfred par la culotte tandis qu’il tentait de se faire maladroitement la malle, et le souleva avant de le serrer jalousement entre ses bras. Elle jeta un regard en biais à la Vicomtesse et s’écarta enfin pour lui laisser le loisir de découvrir la première les lieux.

« Vot’ chambre est à l’étage damoizelle. Si on faisait comme votre père a dit : le rez-de-chaussure d’abord. Vous allez y voir aussi la belle salle d’eau : j’ai ramassé des pétales pour parfumer le bain. Ca y faudra y passer damoizelle avec le voyage que vous avez fait. Une Vicomtesse ça doit se laver, pas vrai ? Comme une Comtesse. » Ah oui, car elle connaissait assez les enfants pour savoir que ceux-ci n’aimaient pas être constamment rappelé à leur condition. Alors certes, même si l’attention accordée était pointilleuse pour une fillette de ce rang-là, il fallait subtilement savoir comparer la petite à un modèle accompli. Et Bérénice avait assez de finesse pour cela.

Elles défilèrent ainsi entre les pièces avant de se diriger du côté de la cuisine. « Damoizelle, vot’ père a parlé d’une Louise. C’y est une de vos amies ? » Non pas qu’il s’agissait d’une vraie curiosité, seulement, la jeune femme y vit un sujet de conversation à aborder avec cette enfant qu’elle ne connaissait malgré tout pas. C’était là l’occasion de faire connaissance, jusqu’à atteindre finalement la cuisine. Là les odeurs étaient prenantes, chaudes. Et il lui vint à l’esprit qu’il lui fallait savoir ce que la Vicomtesse aimait à manger, et notamment pour le petit déjeuner. « Quest-ce que vous y aimez, pour grailler la petite matinée ? »


Là alors, elle se défit d’Alfred qu’elle installa au pied de la table. A cet instant le palefrenier et le Comte firent irruption dans la cuisine. Bérénice se positionna instinctivement en retrait de l’autre côté de la cuisine. Bien sûr, nul doute que l’annonce faîte la mit sensiblement mal-à-l’aise. C’était qu’elle n’avait plus l’habitude de manger avec autant de gens, d’autant plus des nobles. En fait, ce n’était probablement jamais arrivé. Et elle ne savait pas se tenir, et cela lui posait un réel problème, que de ne pas avoir sa tranquillité pour les repas puisqu’il lui faudrait se surveiller ici aussi. Mais elle n’en dit mot puisque visiblement il s’agissait plus d’une condition que d’une réelle option. Elle marqua un temps d’arrêt avant de répondre d’une petite voix. « J’y ai pris les deux dernières de droite. A moins que c’y soit celles de gauche. » Ou comment avouer le plus simplement du monde qu’elle confondait la droite et la gauche. Rougissant de ce fait, elle pivota et entreprit de s’occuper de sa cuisine, puisque elle ne se sentait bien à l’aise que lorsque ses mains s’affairaient à une tâche.

Passé le sujet des statues de la Trinité qu’ils avaient déjà abordé précédemment, elle écouta d’une oreille discrète, se disant qu’elle ne savait pas qui était Mère Constance, et qu’il lui importait peu d’où venaient les statues pourvu qu’il y en ait. Visiblement les talents du Comte et son goût pour la menuiserie ou bien les travaux manuels n’effleurent pas assez Bérénice pour qu’elle puisse seulement avoir une vague idée du projet de construire une chaise haute pour son fils. Cela elle n’y pensait pas, tant elle se trouvait bien aise d’avoir trouvé un endroit comme celui-ci, qu’elle était bien proprement incapable de penser à ces petits détails qui manquaient pourtant à son quotidien. Elle pensait probablement que tant qu’ils étaient en sécurité, le reste n’avait que peu d’importance. Le confort lui était encore un luxe superflu.

Quand la question de savoir à quoi un enfant comme Alfred pouvait bien jouer, Bérénice voit un mince sourire dévaler ses lèvres. En touillant la marmite, c’était presque un amusement qui la prenait. Le Comte, il était doué pour beaucoup de choses, mais visiblement, les mômes, il n’y connaissait rien. C’était pourtant simple, cette chose-là jouait avec absolument tout et n’importe quoi. La découverte l’amusait avant de le lasser, et jusqu’à tomber sur quelque chose de nouveau encore. Elle ne répondit pas au Comte mais pensa que lui montrer directement avec quoi jouer son fils serait plus éloquent. Ce faisant elle tendit à Alfred un petite cuiller en bois dont il se saisit immédiatement. Il fit alors une brillante démonstration de jeu : il tourna la cuiller dans tous les sens, la fit maladroitement tomber, découvrit comme par miracle un son qui donna lieu à un nouveau but, éphémère, à son existence : le reproduire. Il se mit alors à frapper l’objet contre le sol, et, lorsqu’il en eut assez, se mit à le mordiller d’une traînée de bave.

« Voilà. »

Cela vint achever la démonstration, d’un ton désabusé.

Et tandis que la perspective d’un bon repas ou bien que les odeurs flottantes éveillaient les papilles, et que le foyer s’installait, Bérénice déposa les plats les uns après les autres au centre de la table. Elle s’assied enfin dans un coin, inconfortable et gênée, et déclama :

« J’y ai fait de l’espinarde en brouet. Mais il y a aussi du lait lardé, et des beignets de sauge. » Alors elle se tut et se pencha pour récupérer l’enfant sur ses genoux. Avec une timidité certaine, elle tira une petite assiette de gruau qu’elle n’entreprit pas tout de suite de donner au petit. « Je voudrais ben prier maintenant la Trinité, pour le repas. La maison aussi. Les enfants. Et le reste. » Le reste. Vous, Guillaume, moi, et peut-être pour d’autres gens, ceux qu’elle aimait un peu –aussi peu nombreux fussent-ils. Mais peut-être et surtout pour ceux qui se trouvaient autour de cette table, et avec qui elle allait devoir vivre. Pour le meilleur et pour le pire.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyLun 23 Sep 2019 - 11:47
Les yeux plissés de joie, la petite fille était aussi un peu dépassée. Peut-être un brin effrayée au fond de cette nouvelle vie en dehors des murs rassurants de la ville, Alix découvrait un nouveau monde qui serait le sien, qui était déjà à elle, par la grâce douce et aimable de son père.

L'ancienne servante lui manquait déjà, bien qu'évidemment, la nouvelle ne semblait ni méchante, ni bête. Elle était juste différente, et sentir ses petits bras d'enfançon, si doux, si chaud, autour de son cou lui fit du bien. Car le souvenir de ses deux petits brûlait dans son cœur, lui faisait monter les larmes aux yeux. Et c'était comme revenir près d'eux, et pouvoir les chérir, près de maman-nourrice, et du bon feu, et de la bonne table qu'elle avait tant rêvé leur offrir.

Il était un peu étrange que la servante parte de la maison pour aller apprendre des choses ailleurs. Comment allaient-ils faire alors, pour manger, pour faire le ménage ? Faudrait-il qu'elle fasse tout le travail de la servante alors ? Il était difficile de ne pas sembler déçue d'avance - son père était un noble différent des autres, ce qu'elle n'aimait pas vraiment, parce qu'elle avait tant envié Louise, qu'elle n'avait pas envie de devoir faire pâle figure devant elle maintenant, bien que les travaux ménagers ne l'avait jamais rebuté auparavant. C'était une simple question de confort - qui était devenue très important pour la petite fille solitaire qu'elle avait été, battant les pavés au soleil comme sous la pluie, durant toute l'année précédente.

La question d'Aymeric fit réagir l'enfant. Les joues roses, et heureuse d'étaler sa science si fraichement acquise, elle ne tarda pas à répondre d'une voix claire et joyeuse :

- "Vous pouvez m'appeler demoiselle Alix. Ou Alix tout court, parce que c'est très cérémonieux, et puis, nous allons passer beaucoup de temps ensemble, quand papa sera occupé."

Elle avait un peu moins peur à mesure que les minutes passaient. Papa allait décharger les affaires, et la jeune noble s'empressa de faire quelques pas dans la vaste salle, avant de tourner à nouveau ses yeux vers Bérénice, qui serrait son petit dans ses bras, avec la tendresse d'une mère. Elle était étonnée d'avoir un bain avec des pétales de fleurs - c'était un luxe à laquelle elle n'avait même jamais songé, bien trop humble pour seulement imaginer y avoir droit un jour. Elle pouffa de rire, un peu gênée, et baissa les yeux avec humilité.

- "J'aurai jamais imaginé avoir des pétales de fleurs dans mon bain, mais après je sentirai aussi bon que la Comtesse de Pessan ! Je vous remercie de bien prendre soin de moi, Bérénice. Vous savez, j'ai plein de choses à apprendre, alors il faudra être patiente avec moi. Mais je vous promets que je ferai de mon mieux, que je travaillerai dur pour tous vous rendre fier."

Elle déambula ensuite dans les pièces, curieuse, sautillant parfois, aussi excitée que pendant que papa faisait mesurer sa première robe de dame. Quel bonheur, un palais, un grand château, rien qu'à elle, à sa famille !
La voix de la domestique la ramena un peu à la réalité, mais n'effaça pas son sourire. Le triste épisode de sa rencontre avec Louise appartenait bel et bien au passé ; et s'il n'était certainement pas question de l'évocation, la silhouette de son amie n'évoquait plus que bonheur et jeux sans fins.

- "Louise est ma meilleure amie. Elle habite à Marbrume, mais je l'ai rencontré avant de voir papa. Elle m'accueille parfois dans son manoir, à l'Esplanade, et nous jouons beaucoup. Ses parents sont très gentils, même si son précepteur crie tout le temps. Et elle m'a donné une poupée. Une merveilleuse poupée. Tu voudras la voir ? On peut se dire "tu", ce sera plus pratique. Qu'est-ce que tu en dis ? Je voudrais que nous soyons aussi des amies. Avant, j'habitais avec maman-nourrice, et il y avait toujours plein d'enfants. Et, et ensuite, je me suis occupée des petits. Alors quand je n'aurais pas mes leçons, je serai contente de te donner un peu d'aide."

Arriver dans la cuisine fut le meilleur moment de sa matinée - il faisait si doux, chaud, et les odeurs de nourriture lui chatouilla les narines, faisant gronder son estomac déjà vide par le voyage en chariot.

- "J'aime bien prendre du pain avec un peu de beurre, et surtout, de la confiture ou du fromage. Et un peu de lait chaud, c'est bon. J'aime toute la nourriture, quand elle est bien chaude. Et vous ? Et qu'est-ce qu'il mange, Alfred ?"

L'enfant s'installe à table. L'âme paisible, elle imagine déjà sa chambre, avec des meubles en bois rougeoyants, et une table d'écriture, sur lequel elle pourrait écrire des poèmes pour papa. Pour un futur amoureux.
Elle sourit devant l'enfant qui jouait, battant un peu des pieds, sous la table, tandis que la servante déposait les plats devant eux. Elle la sentait gênée, intimidée - peut-être parce qu'il était si inhabituel pour une domestique de manger avec ses maitres. Quand elle avait travaillé au bordel, ou même à l'auberge, cela n'était même pas pensable qu'elle partage le repas avec les propriétaires - alors il fallait croire que son papa était des plus originaux.

- "Ca sent très bon, Bérénice. Prisons le Trois, oui. Papa récite très bien la prière. Et je vais prier pour vous tous autour de cette table. Vous êtes ma famille, tous. Après, quand on sera en haut, tu voudras bien me parler de toi, et du petit ? D'où vous venez, tout ça..."

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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra)   [Terminé] Une famille noble s'installe au Labret (PV Alix et Cassandra) EmptyDim 29 Sep 2019 - 11:17
Alix et Bérénice semblent s'apprivoiser assez rapidement. Il faut dire que ni l'une ni l'autre sont contraires. Alix n'a pas oublié d'où elle vient et ne regarde pas les gens de haut, ce qu'on peut reprocher à plusieurs sangs-bleus. Bérénice a de son côté ce bon sens terrien qui plait tellement à Aymeric, qui ne l'a qu'en partie. Elle dit les choses mais trouve les manières pour les expliquer à Alix histoire qu'elle accepte mais sans en donner l'ordre. Et il est convaincu que cette façon de faire fonctionnera bien avec sa fille. Si les deux devaient être en conflit un jour, Aymeric se promet de donner la préséance à Bérénice, qui est l'adulte, mais sans vexer sa fille pour la cause. Bérénice a plus d'expérience de la vie et Aymeric a l'intention d'offrir à Alix l'occasion d'en gagner, elle aussi.

- Oui, pour votre plaisir, Bérénice !

Répète un Aymeric ravi d'avoir vu juste pour le coup, même si la donzelle le cache plutôt bien. Oh, il ne doute pas qu'elle se fera un jardinet avec des plantes de senteur, style thym, laurier et autres joyeusetés culinaires. L'objectif d'Aymeric est que Bérénice se sente bien ici. Cela peut sembler altruiste mais c'est dans le fond assez égoïste. Si elle se sent bien, le labeur lui semblera plus agréable à elle, donc forcément il sera mieux fait. Le plaisir est un meilleur moteur encore que la reconnaissance. Puis il aimerait bien que sa nouvelle domestique se décoince un peu, qu'elle ait moins peur que le Comte veuille la virer... ou la trousser d'ailleurs. Bérénice est encore trop sur la défensive à son goût. Qu'elle veuille bien faire, ça compte, évidemment et sa précédente domestique avait cette envie aussi. Mais il a envie qu'elle vive, qu'elle rit, qu'elle râle, qu'elle s'enjoue, bref, qu'elle apporte naturellement du divertissement. On peut dire ce qu'on veut, c'est en voyant les autres vivre qu'on s'occupe quand l'inactivité est présente. Aymeric aime être surpris. L'inquiétude de Bérénice sur comment fera le Comte sans elle si elle est en formation lui offre l'opportunité de préciser certaines choses.

- Je ne vivrai pas non stop ici, pas plus qu'Alix ou même Guillaume. Mes sorties pour la chasse peuvent me retenir deux nuits dehors, parfois plus, si la météo est mauvaise. Pour mes affaires, je pourrai être amené à dormir loin d'ici également, voire même de retourner à Marbrume, ne serait que pour informer les propriétaires des lieux des avancées de nos projets. Alix repartira aussi de temps à autre pour revoir Louise ou recevoir des compléments d'éducation chez la Comtesse de Pessan ou au Temple de Marbrume. Et les talents de Guillaume pourraient être utiles ailleurs. C'est qu'un bon dresseur de chevaux, ça ne court pas les rues. La Milice pourrait faire appel à lui, d'autres nobles aussi et une mission peut durer des jours.

C'est un grand sourire qui accompagne son explication, alors que le Comte observe de plus en plus le petit Alfred qui ne semble toujours pas s'en inquiéter outre mesure.

- Quand nous serons nombreux à partir, cela pourrait être intéressant que vous nous accompagniez ou que vous fassiez une formation plutôt que de rester ici relativement seule. Une formation dans une autre auberge ou auprès d'un boulanger pourquoi pas, pourrait s'avérer intéressante. Ou accompagner Alix dans une maison plus huppée pour acquérir les attitudes des domestiques de là-bas, voir ce qu'il serait intéressant à apprendre en plus et qui pourrait vous plaire. Mais ça n'irait pas que dans ce sens, vous aussi pourriez les conseiller. Sur comment décorer l'extérieur d'une maison, les plantes qu'on peut cultiver ici, ou quel arbre vous planteriez sur cet espace vert. Ou simplement sur comment se protéger d'un fangeux si l'un d'eux devait entrer en ville. Je pense sincèrement qu'ils ignorent que les hauteurs peuvent être un abri, que les cris attirent la chose. Vous aussi avez un savoir faire que vous pouvez partager, bien plus important que comment bien plier un linge ou déposer une assiette à soupe à table.

Le menu est alléchant à l'odorat, mais ce gamin continue d'intriguer Aymeric, qui en oublie presque sa fille. Surtout quand sa mère lui fait l'honneur d'une démonstration par l'exemple. Donc, c'est vrai, ça m'émerveille et ça se lasse pour n'importe quoi. Bon, ça n'a pas que de mauvaises implications, cependant...

- On va quand même éviter qu'il vadrouille trop souvent dans mon bureau, les parchemins doivent être particulièrement attrayants. Et toi, Alix, tu mettras tes objets d'étude soit dans le coffre, soit sur une armoire en hauteur. Les parchemins se font rares et sont donc assez précieux. Pour le reste, ce petit bonhomme a le droit de vivre. J'pense qu'il aidera rapidement pour coiffer la chèvre ou ramasser des oeufs. Juste, dehors, faudra vraiment rester tout près, histoire qu'on puisse le porter à l'abri s'il y a le moindre danger.

Dans le fond, la présence du petit Alfred est une bonne chose, mais voyant que le Comte continue de s'interroger, Guillaume intervient. Il signale que le dénommé Alfred est plus vif que le Comte au même âge. Information importante pour un Aymeric qui le regarde d'un regard neuf. Ainsi donc, cette chose qui bave pourrait évoluer ?

- Je regrette de ne pas t'avoir vue grandir Alix, passer de bébé à enfant. Il me manque des marques pour comprendre ce petit bout, mais visiblement, Guillaume a les repères. On va faire au mieux.

Le repas arrive, et Bérénice reste très timide dans ses attitudes. Mais au moment de la prière, Aymeric, invité en cela par Alix, prend la parole.

- Vous, Dieux qui régissez nos vies, je vous remercie de vos bienfaits. Il y a moins d'un an d'ici, Alix vivait dans la rue, ignorant jusqu'au nom de ses parents. La courageuse Bérénice cherchait à assurer un avenir à son nouveau-né, dans des conditions difficiles. Guillaume était sur le point de perdre son emploi et je devais quitter le mien pour un avenir plus qu'incertain. Aujourd'hui, père et fille sont réunis. La mère et son fils ont un toit protecteur et je l'espère un environnement où ils se sentent en sécurité. Quant à Guillaume, il retrouve ses racines en retrouvant des espaces verts, une grande écurie et la possibilité de travailler avec des animaux. Vous nous avez bénis de vos bienfaits et nous permettez de manger un somptueux repas. Merci de nous rappeler la chance qui nous anime. Puisse votre lumière nous guider pour qu'à notre tour nous puissions rendre à d'autres ce bonheur que vous nous offrez.

Une prière qui sort un peu de l'ordinaire, mais oui, en cet instant, Aymeric se sent béni des dieux. Il fait alors silence et entame son repas, observant sa fille. Fassent les Trois qu'elle soit heureuse ici.
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