[TERMINÉ] À qui fait mal jamais les excuses ne manquent [Rosen x Hector]

À qui fait mal jamais les excuses ne manquent

Rosen feat Hector

28 septembre 1166, retour à Sombrebois

C’est en milieu de journée que je reviens à Sombrebois après de multiples mésaventures. Le vol de la marchandise que j’étais partie chercher à la Bonne Fortune, l’emprisonnement dans la tourbe des marais qui j’ai bien cru aller devenir mon tombeau, puis la rencontre du vagabond…

qui m’a sauvé la vie, sans pour autant se contenter d’en rester là… Je n’ai pas réussi à penser à autre chose de toute la dernière partie du trajet. De quel droit a-t-il osé me faire ça ? Trois fois je l’ai repoussé, mais trois fois il est revenu à la charge.

D’accord, j’ai peut-être ma part de responsabilité dans cette histoire, mais je lui ai pourtant bien fait savoir que j’étais mariée et que je ne voulais pas m’unir à lui ! Je me demande comment je pourrais bien expliquer ça à Hector.

J’aurais beau lui jurer que je n’ai pas voulu ça, les faits sont pourtant là. Je n’ai pas été esforcée… ou peut-être que si ? Je crois que j’ai du mal à avoir les idées claires. D’accord, j’ai dérapé.

Peut-être que tout ça ne serait pas arrivé si j’avais su rester tranquillement dans mon coin au lieu de m’adonner à des plaisirs solitaires sous le nez d’un inconnu…

Mais je ne pensais pas qu’il s’affirmerait assez pour prendre une telle initiative suite à ça. Il était tellement penaud… Et puis, n’oublions pas, c’est de sa faute si j’ai été émoustillée !

C’est donc sur cet épineux sujet que je n’arrive pas à me sortir de la tête que j’arrive. Je laisse ma jument à l’écurie et me dirige vers le château, la démarche lente de celui qui n’a pas envie de se retrouver confronté à une situation ennuyeuse.

Non, je ne suis pas pressée de retrouver Hector. Après ce qu’il vient de se passer, j’aurais plutôt tendance à vouloir l’éviter et j’ai encore bien moins envie de croiser ses gens.

Mais bon… Puisqu’il n’y a pas le choix… Je demande à Pénélope de me faire bouillir de l’eau et je vais en tirer pour mon bain. Je retourne trouver Pénélope pour savoir où est Hector pendant que l’eau chauffe. Elle m’explique qu’il est à l’extérieur avec Hilde et qu’il ne devrait pas tarder.

Ensuite, une fois que j’ai pris mon bain – bien qu’il ne me fasse pas me sentir aussi propre que je l’aurais aimé – Je retrouve Pénélope pour l’aider à s’occuper de quelques tâches. J’ai besoin de m’occuper l’esprit et il se trouve que c’est l’une des rares personnes ici que j’arrive à supporter.

« J’ai eu quelques soucis sur le retour, c’est pour ça que je suis revenue si tardivement, lui expliqué-je brièvement. Rien de particulier pendant mon absence ? »

Puis ensuite, comme à mon habitude, je monte rapidement sur le chemin de garde relayer la personne qui s’y trouve, en attendant Hector, après avoir dit à la cuisinière d’informer Hector de mon retour.

Je vais devoir lui expliquer pas mal de choses… pourquoi je suis revenue les mains vides et avec deux ou trois jours de retard déjà… J’espère au moins qu’il ne se sera pas trop inquiété.

Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Jeu 3 Sep 2020 - 22:40, édité 1 fois

Pénélope était une jeune femme très gentille, douce et à l'écoute. Les enfants l'adoraient et les adultes avaient tendance à se confier à elle. Elle était la gentille cuisinière qui savait garder les secrets, la maman de tout un chacun ici à Sombrebois. Aussi ne révéla-t-elle pas à Rosen l'histoire d'amour dont elle avait eu vent entre Marc - le nouveau venu - et Marie-Ange, la prêtresse que l'on ne présente plus. Elle répondit simplement :
"Pas grand chose de nouveau à vrai dire. La palissade a été réparée et quelques maisons sont presques finies. Hector a beaucoup travaillé pour aider les villageois"

Elle ne voulait pas simplement rassurer Rosen, elle racontait seulement ce qui l'avait le plus marquée durant ces quelques jours d'absence de la baronne. Elle voulut ensuite lui retourner la question et lui demander ce qui lui était arrivé... mais Rosen était si pressée d'aller vaquer ailleurs, qu'elle ne put lui lancer qu'un agréable : "Vous pourrez me raconter vos déboires, si vous en avez l'envie..."

Hector rentra un peu avant le souper et Pénélope lui expliqua que sa femme était enfin rentrée. Soulagée, le baron fonça la retrouver sur le chemin de garde.

"Rosen ! Vous voilà enfin ! Par les Trois, que vous est-il arrivé ?! Je... je me suis fait un sang d'encre !

Il la prit dans ses bras et la serra contre son coeur et fut heureux de sentir de nouveau la chaleur du corps de son épouse contre son corps trop longtemps délaissé... Tout à sa joie, il ne sentit pas le trouble qui agitait celle avec qui il avait vécu tant d'histoires...

Autour d'eux, là haut sur les remparts, le temps était venteux et nuageux. La nuit s'annonçait même orageuse dans le ciel de Sombrebois. C'était l'automne ou presque et il n'était pas rare que de gros orages éclatent en cette saison. Tout ce qu'espérait le baron était qu'aucune tempête semblable à celle qu'ils avaient essuyé lors de leur voyage avorté au Labret ne vienne causer des dégâts sur les maisons et la palissade fraîchement rénovées !

À qui fait mal jamais les excuses ne manquent

Rosen feat Hector

Quelle merde… Je ne vois pas le temps passer entre mes nombreuses rondes sur le chemin et mes tourments intérieurs. Aussi, quand enfin Hector arrive, je ne saurai dire combien d’heures se sont écoulées, mais beaucoup plus de temps que prévu j’en ai bien l’impression. Il s’empresse de me prendre dans ses bras et s’inquiète à juste titre de ce qui a bien pu me retarder.

« Eh bien… j’ai eu quelques soucis sur le retour… commencé-je à expliquer, la tête sur son épaule. J’ai bien failli ne jamais revenir. Je crois que j’ai enchaîné les mésaventures… »

Pour sûr, si ce crétin de vagabond n’était pas passé par là, je n’aurais jamais pu m’en sortir vivante. Je serais restée prisonnière de la tourbe jusqu’à la nuit. Et la nuit… tout le monde sait ce qu’il se serrait passé.

« Mais je vais bien… je vous raconterai plus tard. »

Je ne sais pas comment expliquer aussi que j’ai perdu tout ce que j’étais partie chercher. Je ne m’en sens pas le courage, encore que ce ne soit pas la partie la plus délicate de mes aveux.

« Qu’avez-vous fait ces derniers jours ? Et aujourd’hui ? Il me semble que vous êtes partis plus longtemps que vous n’auriez dû... »

Je change de sujet. Pas que je me sois réellement inquiétée pour lui – bien qu’il y ait de quoi j’imagine – puisque je n’ai pas vu le temps passer. Je souhaite surtout changer de sujet pour éviter qu’il ne me pose de questions fâcheuses. Je ne me sens pas encore tout à fait prête à lui raconter, alors si je peux gagner du temps, autant le faire.

Le temps s’est un peu couvert et le vent se lève. Malgré que ce soit la saison des pluies, le temps a été plutôt correct pour l’instant, hormis la grande tempête qu’il y a eu récemment.

Quelques pluie ça et là, mais rien de particulier à noter. Je commence à avoir froid et j’irais bien me coucher. Ça fait un moment que je suis là, alors quelqu’un pourra bien me relayer.

« Je vais descendre me reposer un peu, dis-je sans répondre à ce qu’il m’a raconté. Je suis fatiguée... »

Je dépose un baiser sur sa joue et me dirige vers les escaliers. Je ne sais pas s’il va me suivre ou rester là-haut, mais il peut bien faire ce qu’il veut après tout.

"Et oui, fit Hector, j'ai commencé par aller aux bois avec Hilde, il y avait quelques arbres à tomber... et à ramener ! Et puis ensuite, je suis allé filer un coup de main au village. Les Dumoulin et leur charpente... m'enfin, me voilà... et vous aussi... enfin !"

Mais le changement de conversation n'échappa guère au baron. Sa femme avait soigneusement éviter ses questions et il y avait sans doute une raison bien précise à cela ! Qui plus est la jeune femme ne tarda pas à s'excuser et à quitter Hector pour aller se reposer, le laissant seul sur le chemin de ronde ! Il regarda au dessus des créneaux si l'un de ses hommes ne pouvait pas venir prendre sa place car il ne comptait pas ajouter à sa dure journée de labeur une soirée là-haut ! Malheureusement il n'en vit point. Avec l'orage menaçant, il décida de faire un tour, d'observer du mieux qu'il pouvait les alentour et de descendre cherchez l'un de siens. Lors de son tour il ne vit aucun fangeux alors il descendit à la cuisine où il vit Florian. "Tu es de gardes Florian. A plus tard." dit-il tout simplement. Son cousin râla mais s'exécuta et le baron se rendit dans sa chambre.

Il y trouva Rosen allongée sur leur lit. Il s'approcha d'elle, posant sa chaude main sur son épaule.

"Dormez-vous ?"

Il s'assit sur le lit, juste à côté d'elle.

"Qu'est-ce qui vous tracasse ? J'ai bien vu que... que vous m'aviez évité tantôt. Y a-t-il un souci ?"

Un coup de tonnerre se fit entendre au loin, assourdi par la distance, la pluie et les lourdes pierres qui protégeait le château de tous les éléments extérieurs. Hector avait un étrange pressentiment. Maintenant qu'il était habitué aux emmerdements, avec Rosen, il avait développé une sorte de sixième sens le prévenant des problèmes à venir. Et présentement, ce sens lui disait "Oh bons Dieux d'merde, ça va chier des bulots !". Pourtant, Hector resta là, patient, prêt à écouter ce que sa "bonne" femme avait à lui dire.

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Rosen feat Hector

Descendant rapidement les escaliers, je me presse d’aller chercher en bas la première bouteille d’alcool qui me tombe sous la main avant de remonter pour aller dans la chambre. Ça ne sera pas de trop… Avec ce qu j’ai à lui dire. Peut-être ne devrais-je rien lui dire d’ailleurs. Je sais pas…

Je me mets au lit en chainse et commence à boire au goulot quelques lampées. De la gnôle… Le bon vin me manque, mais puisqu’il n’y en a plus, autant se contenter de ce qu’on a. Je bois encore quelques bonnes gorgées avant de m’allonger, toujours aussi tourmentée malgré l’ivresse naissante.

Un peu plus tard, j’entends la porte s’ouvrir et Hector vient rapidement me demander si je dors en posant sa main sur mon épaule, mais son contact me fait frissonner. Pas un frisson de de froid, pas un frisson de désir, juste un frisson de malaise.

Je me redresse alors pour rompre le contact naturellement. Il me demande alors le problème en expliquant avoir senti que je l’évitais.

Je souris doucement.

« J’aurais bien du mal à vous éviter, nous vivons ensemble... Je suis fatiguée par mon voyage et ça faisait un moment que j’étais là-haut, j’avais envie de m’allonger. Vous savez… les nausées, je mange de moins en moins... D’ailleurs, je crois que je commence sérieusement à maigrir… vous ne trouvez pas ? J’espère que je me sentirai mieux rapidement pour pouvoir manger un peu plus. »

C’est sûr qu’entre les nausées et les soucis, même si la nourriture n’est généralement pas trop dure à avoir ici, je ne mets pas la priorité sur mon alimentation même si je devrais faire attention. Je me penche pour attraper la bouteille et boire encore, lentement, avant de lui la tendre dans une moue :

« Vous en voulez un peu ? »

J’ignore si ça jouerait à mon avantage ou contre, mais bon… Laissant mon époux récupérer la boisson – que ce soit pour y boire ou la poser - je lui lance ensuite :

« Je n’ai rien pu ramener de ce que j’étais partie chercher à Marbrume… J’ai tout perdu en cours de route. La nourriture, les boissons, les objets, les quelques sous... même mon arc et mes effets personnels. »

C’est déjà une chance que je n’ai rien eu et que l’autre brigand m’ait laissée ma monture. Ça aurait pu être vraiment pire au fond…

« C’est pour ça que j’ai eu du retard... et puis j’ai eu d’autres soucis après encore. »

Ah, je n’en mène vraiment pas large, ce n’est rien de le dire. Je me sens terriblement ridicule.

Hector regarda sa femme. Elle ne lui semblait pas si amaigrie qu'elle le disait ; enfin...

"Peut-être bien oui... Il faut manger plus alors... quitte à vous forcer un peu. Prendre des forces ; c'est important !"

Puis elle sortit d'on ne sait où une bouteille d'eau de vie ! Hector la regarda avec des yeux interloqués.

"Mais ! Ne buvez pas ça voyons ! Vous... vous risquez... Ce n'est pas bon ! Ni pour vous ni pour le bébé !"

Il prit la bouteille, en but une ou deux gorgées avant d'écouter la suite.

"Je n’ai rien pu ramener de ce que j’étais partie chercher à Marbrume… J’ai tout perdu en cours de route. La nourriture, les boissons, les objets, les quelques sous... même mon arc et mes effets personnels. C’est pour ça que j’ai eu du retard..."

Hector se gratta la barbe.

"Z'avez... "perdu" tout ça ? Mais... comment ça perdu ? que s'est-il passé ?"
Que l'on perde un couteau ou une pièce soit, que l'on perde sa bourse ou sa besace passe encore... mais que l'on perde TOUT !

Mais la jeune femme n'avait pas terminé :

"... et puis j’ai eu d’autres soucis après encore.
- Des soucis ? quels soucis ?!"

Ca y est, le baron avait la confirmation de ses craintes. Bon sa femme était revenue, c'était le principal, bien sûr. Mais les soucis, selon leur gravité ou d'autres paramètres peuvent laisser des séquelles (Rosen était bien placée pour le savoir) ou avoir des conséquences importantes et parfois même sur le long terme. Non, vraiment, on ne pouvait dire qu'Hector était rassuré par les quelques phrases de sa femme. Et puis, la bouteille d'eau de vie dont elle avait abusé et qu'il tenait à présent dans ses mains n'était pas non plus pour le rassurer ! Il en but d'ailleurs une autre gorgée pour se mettre en condition, pour être capable d'encaisser, le cas échéant, les révélations de sa femme.

"Bons Dieux c'est fort ça !" marmonna-t-il pendant que Rosen semblait réfléchir à quoi dire... où à comment le dire...

"... mais pas mauvais !" ajouta-t-il sur le même ton.

Il allait avoir besoin d'un peu de réconfort, pour sûr ! Et si Rosen ne pouvait lui en fournir, sûr que la boisson serait une bonne alliée !

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Rosen feat Hector

La gnôle pas bon pour moi ni le bébé ? J’arque un sourcil.

« Vous avez eu une révélation ? »

Je me mets à rire. Depuis quand l’alcool est-il mauvais ? Bah… à date, je ne crois pas me souvenir que ça n’ait tué qui que ce soit, hors comportement dû à l’ivresse. Peut-être est-ce là ce dont il voulait parler ? Peut-être a-t-il peur que je ne dérape une fois de plus… C’est sûr que je serais bien plus prompt à aller me jeter du haut des remparts avec quelques verres dans la ventraille, m’enfin…

Et puis il me demande comment j’ai bien pu tout perdre, ne semblant pas comprendre. Sérieusement… j’ai toujours su que je n’ai pas épousé une lumière, mais quand même !

« Allons bon, Hector ! Voulez-vous donc que je vous fasse un dessin ? Que deviennent les marchandises qui n’arrivent jamais à bon port selon vous ? Croyez-vous qu’elles se soient égarées par magie ? On m’a détroussée ! »

Meh… ça y est, je suis exaspérée. Il pourrait faire un effort quand même ! C’était pourtant clair non ? Il n’y avait vraiment pas lieu de buter sur la formulation… Evidemment il me demande de poursuivre pour lui expliquer les autres soucis, non sans au passage s’alcooliser encore un peu, se ravissant de la saveur de la boisson. Je crois qu’il commence à être bourré lui aussi. Bon… c’est pas non plus du ‘grand cru’ ! Ou alors c’est moi qui suis bien éméchée. Je ne sais même plus ce que je bois...

« Beh… j’aurais dû rentrer au plus vite, mais j’ai voulu essayer de retrouver mon détrousseur. Chose vaine, mais j ‘ai bien failli en crever… je me suis embourbée dans la tourbe par manque de vigilance… je n’arrivais plus à en sortir, j’étais prise pratiquement jusqu’aux genoux… »

Je soupire avant de poursuivre :

« Je suis restée des heures à me débattre là-dedans. Jusqu’à ce que, miraculeusement, quelqu’un passe par là et vienne me secourir. Je n’y croyais plus... »

Je sens les nausées me reprendre en repensant à tout ça. Ou alors c’est l’alcool… le bébé… le tout combiné.

« Mais je suis là. Croyez-vous que c’est tout ce qui compte ? »

C’est bête, bien sûr, il pourrait me répondre un grand oui, évidemment. Mais en serait-il si convaincu en apprenant la suite ?

« Peut-être aurait-ce été mieux que je succombe. Je suis une bien piètre épouse, hein… ? Je suis sûre que vous allez finir par me répudier. Après tout, vous avez voulu me délaisser plusieurs fois… »

Peut-être va-t-il réellement finir par y parvenir, à force. Quoi qu je fasse, j’ai l’impression que tout est porté à lui faire du mal ces derniers temps.

"Détroussée ?!" fit Hector avec surprise et indignation, comme si ce genre de mésaventures ne pouvaient arriver à sa femme.

Mais en y réfléchissant un instant, il n'y avait rien de plus probable. Lui-même, malgré son gabarit et son titre de noblesse avait déjà dû subir des attaques de bandits... Il se gratta la barbe.

"Par bleus vous vous en êtes tirée sans blessure ? Ça a l'air... c'est le principal !"

Il était soulagé. Il n'aurait manqué plus que ça. Rosen était déjà bien assez traumatisée pour ne pas vouloir d'un traumatisme supplémentaire ! Le baron lui sourit et posa une main aimante sur l'épaule, espérant qu'ils allaient pouvoir passer à d'autres activités plus réjouissantes. Mais, l'histoire de sa femme n'était pas terminée... Elle avait voulu rattraper les voleurs, s'était retrouvée coincée dans la tourbe, puis miraculeusement secourue ! L'histoire ne se terminait pas si mal que ça, finalement et Hector ne put que confirmer :

"Effectivement, vous avez gardé la seule chose qui compte : la vie !"

Soulagé, le baron se laissa tombé sur le lit. Toutes ces émotions, ces rebondissements l'avaient presque fatigué ! Mais, la dernière tirade de Rosen le laissa dubitatif :

"Peut-être aurait-ce été mieux que je succombe. Je suis une bien piètre épouse, hein… ? Je suis sûre que vous allez finir par me répudier. Après tout, vous avez voulu me délaisser plusieurs fois…
- Bons Dieux, non ! Vous n'allez pas revenir là-dessus ! On en a déjà parlé et re-parlé et re-re-parlé ! Nous étions fatigués, nous avons dit des choses qui ont dépassé nos pensées et nous avons agit de manière honteuse. Nous nous sommes pardonnés. Alors oublions ce passé, ce malheureux passé et faisons en sorte que le futur soit heureux... Rosen... vraiment !"

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Rosen feat Hector

Visiblement soulagé après mon récit – s’il savait, il le serait bien moins ! Il pose sa main sur mon épaule. Encore une fois, je trouve son contact désagréable.

« Alors oublions ce passé, ce malheureux passé et faisons en sorte que le futur soit heureux... Rosen... vraiment !
- Ah, oui… ça serait bien d’oublier le passé… tout le passé, même le plus récent. »

Comment lui dire… Je ne sais pas comment lui dire !

« C’est qu’il n’y a pas eu que ça… »

Peut-être devrais-je ne rien dire et faire comme si de rien n’était… mais j’ignore pourquoi j’éprouve le besoin de le dire… peut-être que je me sentirais moins mal et que le contact de Hector me sera moins désagréable.

« … en fait... »

Non, je ne sais vraiment pas comment le dire. C’est incroyable… Je me sens bizarre… Est-ce à cause de l’alcool ? J’ai la tête qui tourne un peu. J’ai jamais autant tourné autour du pot de ma vie pour dire quelque chose !

« Je me suis pas juste faite détroussée... je me… »

Non, je vais éviter les mauvais jeux de mots en rajoutant ‘je me suis aussi fait trousser.’ Je crois que ce serait de très mauvais goût et vraiment mal venu… Mordiable…

« Je me demandais, dites… comment vous réagiriez si... »

Je soupire.

« Hector… il faut que je vous dise quelque chose. »

Je déglutie difficilement. J’aurais dû lui couper les couilles à ce crétin pour tout ce tort qu’il va me causer ! Au lieu de juste envoyer ses fringues sur le toit de la ruine...

« Mais avant, il faut que vous sachiez que je n’ai pas voulu ça… que c’était un accident et que j’ai tout fait pour l’éviter. »

Je l’ai presque dit… mais je ne vais pas arriver à le dire.

« Vous savez, j’ai passé la nuit dernière à Balazuc, je n’étais pas seule, j’étais avec celui qui m’a tirée de mon putain de bourbier… et... »

Je me prends la tête entre les mains.

« Et puis voilà... »

C’est bien trop lourd pour que j’arrive à en parler. J’espère bien qu’il va comprendre et qu’il ne va pas me demander de lui expliquer. Il en est bien capable de ne pas comprendre… C’est pourtant clair non ?! Comment va-t-il le prendre... ? Je n’ose même pas le regarder.

L'histoire n'était pas terminée. Rosen n'était toujours pas apaisée par les mots apaisants de son mari. Elle avait encore quelque chose à lui dire, quelque chose qui visiblement avait du mal à sortir. Hector ne comprit de quoi il s'agissait que lorsqu'elle prit sa tête entre ses mains et lâche un "voilà" très explicite.

Le baron comprit que cela affectait énormément sa femme. Il la prit alors dans ses bras pour la rassurer.

"Je comprends, ma Rosen, mais ne vous en faîtes pas, il se passe parfois des choses dans nos vies... Nous nous retrouvons dans des situations, dans des actions que nous ne maîtrisons pas et qui prennent le pas sur ce que notre intellect - si nous pouvions y avoir accès - déciderait. Seulement il ne faut jamais oublier que l'environnement, le hasard et les Dieux sont des acteurs importants de nos vies. Quand j'y réfléchis parfois, le soir, à tête reposée, après une bonne journée de labeur ou d'ataraxie, je me dis que finalement, les actes que nous faisons sciemment, d'après un plan que NOUS avons décidé, en fonction de NOS envies et de NOTRE libre arbitre, sont bien rares et ne peuvent nous apporter qu'un sentiment erroné de liberté car même ceux-ci nous sont dictés par nos humeurs, nos sentiments et le fait de les assouvir constitue au mieux un soulagement, au pire la preuve d'un asservissement à nos besoins ou à nos sens."

Le baron se redressa, enleva ses bottes, ses chausses, sa tunique, tout ses vêtements et invita, d'un geste, Rosen à se plonger avec lui sous le draps.

"Êtes vous traumatisée par ce qui s'est passé ?"

C'était la seule chose qui pourrait empêcher Hector de se sentir relax, détendu, tranquille. Sa femme était enfin rentrée de sa vadrouille à Marbrume, sans trop de mal. Si elle avait vécu son affaire de manière sereine, serein il serait également. Si elle l'avait vécu comme un viol, alors, tel un limier enragé, il irait débusqué son agresseur dans son terrier et le décapiterait - ou mourrait en essayant ! A cela il n'y avait rien à faire. C'était son destin, voilà tout !

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Il y a quelque chose qui m’échappe sérieusement. A-t-il mal compris ce que je viens de lui dire ? Ça doit être ça pour qu’il réagisse de la sorte. Je lui dis que j’ai eu un rapport avec un autre homme et lui me prend dans ses bras et me dit qu’il comprend ?!

Tout ce qu’il me dit ensuite me paraît flou et totalement décousu. Vaguement, cela me rappelle ce que j’avais dit à une prêtresse il y a longtemps… Mais ce n’est pas vraiment le moment idéal pour débattre sur le libre arbitre, même si je veux bien avouer pour ce coup là qu’il s’agit d’un événement que j’ai plutôt subi.

Divague-il donc ? Le choc de cette annonce peut-être ?! Il se déshabille ensuite et se glisse dans le lit où, d’un geste banal, il m’invite à le rejoindre. Moi, toujours revêtue de ma chainse, je ne bouge pas. Je ne le comprends pas… Quel genre d’époux se fiche que sa femme s’envoie en l’air avec un autre ?! Puis il me demande si j’ai été traumatisée.

Je me sens de plus en plus mal à l’aise. Je crois qu’il va me rendre folle. Non, décidément, rien n’a jamais d’importance avec lui. Quoi qu’il puisse arriver, quoi que je puisse faire, il n’en a cure. Comment est-ce donc possible ?

Je ne réponds rien. Traumatisée ? Quelle idée… je me sens juste un peu… sale, je crois. Mais à priori, il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire, alors…

« C’est tout ce que ça vous fait ? je demande interdite. Vous ne m’en voulez pas ?! »

C’est trop fort.

« Il faut que j’aille aux latrines », rajouté-je finalement en m’éclipsant rapidement.

Avec un peu de chance, il dormira à mon retour et demain nous pourrons faire comme s’il ne s’était rien passé. En attendant, je crois que je vais exploser. Je sais que je ne suis pas la meilleure en interactions sociale, mais tout de même. Il y a bien quelque chose qui cloche, non ?!

Je pourrais croire qu’il me réserve une quelconque vengeance si je ne le connaissais pas. Mais je suis sûre que non. Ce n’est pas son genre… Peut-être qu’il m’a déjà trompée des tas de fois et qu’il n’estime du coup qu’il n’y a rien de bien outrancier, qu’il ne s’agit que de quelque chose de normal… Ça, ça ne serait pas étonnant.

Je crois qu’il va falloir qu’on parle… En attendant, c'est bon à savoir, je peux aller coucher avec tout le Morguestanc si je veux... Je secoue ma tête dépitée pendant que je marche.

Vous me direz, je devrais être soulagée qu’il le prenne aussi bien… Mais je crois que j’aurais préféré qu’il s’énerve. Ce qui lui faudrait, c'est peut-être une bonne paire de baffes dans la gueule pour le faire réagir. Je sais pas... C’est après un aller retour aux latrines que je reviens me coucher à côté de lui, complètement perdue.

« Avez vous eu des aventures récemment ? », demandé-je en fixant le plafond, couchée sur le dos.

Les bras nerveusement repliés sur le ventre, j'essaie de comprendre quelque chose qui me paraît bien incompréhensible. La question est stupide et la réponse - quelle qu'elle soit - risque de faire plus de mal que de bien. Par la négative, elle ne peut que mettre en avant la mauvaise épouse que je suis... et par la positive, je n'ose même pas imaginer. Mais je dois savoir.

« Vous le prenez si bien que je me pose la question... »

Hector était assez fier de son exposé philosophique. Il avait réussi à exprimer sa pensée complexe en quelques mots clairs et limpides comme le diamant. Pourtant, Rosen ne semblait pas satisfaite de sa réponse.

"C’est tout ce que ça vous fait ? Vous ne m’en voulez pas ?! Il faut que j’aille aux latrines"

Hector arqua un sourcil. Que voulait-elle ? Qu'il la gronde, qu'il la frappe, qu'il la répudie, qu'il l'envoie dans les marais comme un vulgaire Terresang ? Il soupira pendant que sa femme descendait se soulager la vessie, se disant que cette chère femelle avait le chic pour aimer se mettre dans la merde. Non contente de l'avoir trompé, elle souhaitait désormais qu'ils se fâchent, s'engueulent ou se séparent. Vraiment ? Qu'avait-elle contre le bonheur ?! La vie n'était-elle pas assez difficile pour qu'on la fourre d'emmerdements, d'emmerdes et d'autres merdes ?

"Avez vous eu des aventures récemment ? Vous le prenez si bien que je me pose la question..." lui demanda-t-elle une fois revenue de sa pause-pipi.

Hector entrouvrit les yeux.

"Comment vous expliquer... commença-t-il en cherchant une métaphore parlante pour sa femme, imaginez que vous ayez un employé de confiance à la Bonne Fortune. Imaginez qu'il gère la caisse. Que les autres fassent régulièrement des boulettes sans pour autant vous en parler. Maintenant cet employé modèle, votre second, un jour, ayant besoin d'argent, vous pique quelques pièces d'or dans la caisse. Le lendemain il vient vous voir et vous avoue sa faute et s'en repend. Que faites-vous ? Vous le virez ? Vous le frappez ? Vous le faites pendre par les roquets de Roi ?"

Il marqua une petite pause pour laisser à sa femme le temps de réfléchir à ce qu'il venait de dire. Puis il ajouta :

"Je n'ai vécu d'aventures que hache à la main..."

À qui fait mal jamais les excuses ne manquent

Rosen feat Hector

Oui, je crois que Hector n’en a vraiment rien à faire. Tout ce qu’il me répond, c’est une question en essayant de me mettre dans une situation similaire. Ce que je ferais si un employé volait des revenus ? Mes lèvres s’étirent en un mauvais sourire.

« Voyons… si un employé me vole, je vais le rassurer et lui dire que ce n’est rien… Puis rapidement dès que l’occasion se présente, je lui demande de me suivre à la cave. Là, je me débrouille pour le neutraliser et je lui coupe les mains, puis pour être certaine qu’il ne s’amuse pas à raconter quoi que ce soit, je lui coupe aussi la langue. Après ça, s’il survit, je le laisserais bien faire ce qu’il veut… et on pourra dire que j’en aurais eu pour mon argent. »

Je m’interrompt un instant dans un gloussement sadique.

« Dieux merci, nous ne sommes pas pareils... Alors je crois que je n’ai rien à craindre de vous. »

Et je lui ris au nez. C’est trop fort. Je crois que je suis en train de craquer. Mais je ne veux pas m’en prendre à lui à nouveau. Je ne veux pas qu’il m’abandonne. alors je rectifie bien vite le tir.

« C’est pas que je me fous de votre gueule… mais il y a quelque chose qui me perturbe... »

Je prends le temps de me calmer avant de poursuivre.

« J’arrive pas à savoir quoi… »

Il n’y a jamais rien de normal avec Hector… Alors je devrais m’y faire. Et si je n’arrive pas à me réjouir qu’il ne m’en tient pas rigueur, je crois bien que c’est parce que j’ai l’impression qu’il n’en a cure. Et s’il n’en a cure… c’est peut-être qu’il n’en a rien à faire de moi.

« C’est un peu… comme si je ne comptais pas – ou plus - pour vous… expliqué-je en remontant mes mains sur mes bras à hauteur de ma poitrine. Alors oui, je crois que j’aurais préféré un bon soufflet dans la gueule et des reproches. »

Je ne comprends pas… c’est comme si c’est moi qui m’en veux à moi même… c’est le monde à l’envers.

« Vous avez raison je crois, dis-je après un bâillement. Après tout je n’ai rien fait pour ça et j’ai bien peu de responsabilités dans cette affaire, alors je ne devrais plus y penser. D’ailleurs si ce n’était pas le cas, je ne vous l’aurais pas dit. »

D’ailleurs avec le recul, je me demande si je ne me suis pas faite esforcée. J’ai dit non et j’ai repoussé le vagabond à plusieurs reprises après tout. Mas il est revenu à la charge encore et encore. Ce n’est pas comme si c’était moi qui lui avais sauté dessus !

« Je regrette sincèrement ce qu’il s’est passé… Je n'ai jamais voulu personne d’autre que vous. »

Quelle ironie quand on y pense. C’est moi qui suis le plus affectée par cette histoire. Peut-être même en suis-je la seule. Peut-être est-ce pour ça que je me sens obligée de tant me justifier…

Au moins, il semblerait que Hector me soit resté fidèle jusqu'à présent, on va espérer que cela dure... Soit j'ai le meilleur époux de tout le duché, soit j'ai le pire. Je préfère croire que j'ai le meilleur.

Les mots de Rosen mirent Hector mal à l'aise : elle lui avait décrit une scène de torture... dans laquelle elle tenait la place du bourreau. Même s'il s'agissait d'une plaisanterie, se mettre ainsi dans un tel rôle inquiétait le baron. Quel genre de femme aurait pu dire une chose pareil ? "couper les mains", "couper la langue"... Sa femme, décidément, l'inquiétait de plus en plus...

"Ecoutez Rosen, j'aurais préféré ne rien savoir de votre... aventure... Et je préfèrerais l'oublier au plus vite. Après si vous tenez vraiment à ce que je vous punisse pour votre tromperie, et bien, enlevez cette chainse que je vous fesse autant que vous le méritez."

Croyez-vous qu'Hector plaisantait ? Croyez-vous qu'il souhaitait emmener sa femme sur son terrain de jeu favori ? C'était difficile à dire. Hector semblait réellement énervé, pas du tout dans le second degré et aucune lueur de désir n'illuminait ses paupières.

Il se mit à genou sur le lit et souleva délicatement le bassin de sa femme, faisant attention à ne pas toucher au ventre rebondi de la future maman. Il remonta alors la chainse sur la taille de sa femme, dévoilant les fesses rondes et blanches de son épouse, ces fesses qu'il avait si souvent aimé, chéri et qui lui avait donné tant de plaisir... Cette fois, il était décidé à les faire souffrir. Il n'était pas sadique, le baron... mais, allez savoir, Rosen l'avait poussé à bout. Et la colère qu'il avait en lui - bien que froide et presque invisible - était grande et puissante... comme sa main, cette main qu'il leva bien haut au dessus de sa tête avant de l'abattre comme une hache en travers d'une bûche. Un immense "CLAC" résonna dans la chambre. Hector en eut presque mal à la main. Il se sentit un peu coupable. Pourtant, un maladif besoin de symétrie l'encouragea à déposer la même marque rouge sur la fesse encore blanche de sa femme. Ce qu'il fit. Avec la même force et la même colère, il claqua la seconde fesse de Rosen. Il retira sa main et observa avec attention le dessin de ses doigts s'imprimer sur la douce peau de la pécheresse jeune femme. Il en regarda la blancheur virer au rouge, satisfait de la symétrie presque parfaite de son dessin.

Il hésita un instant, se demandant si sa femme avait suffisamment souffert de ses généreuses fessées. Estimant qu'il y avait été un peu fort sur les premières claques et imaginant que de frapper à nouveau sur ces fesses déjà bien éprouvées lui ferait encore plus mal, il décida de n'administrer qu'une seconde paire de claques. Il utilisa cette fois une toute autre technique : se calant juste derrière la femelle, il double-claqua d'un vif aller-retour coup droit revers le postérieur charnu de la blonde. Clac clac !

Satisfait de sa punition et peu désireux d'une réconciliation trop rapide, il sortit de la chambre, nu comme un ver, et s'en alla dans les sombres couloirs de l'indestructible fort de Sombrebois.

À qui fait mal jamais les excuses ne manquent

Rosen feat Hector

Je crois qu’il y a un décalage certain entre Hector et moi. Le genre de décalage où nous sommes à l’opposé total. D’abord Hector semble sen foutre royalement à tel point que je lui dis que j’aurais préféré des reproches ; puis le voilà à présent qui semble plus tendu qu’un arc et qui décide de me corriger – subitement sans que l’on ne puisse comprendre son revirement.

L’ai-je donc tentée en disant que j’aurais préféré ça à son indifférence ? Ou alors j’ai crié un peu trop fort que je n’avais rien à craindre de lui. Qui sait ? Pourtant les choses se passent si vite que j’ai à peine le temps de réaliser lorsqu’il parle de me mettre une fessée et qu’il l’entreprend.

Moi je reste interdite. D’accord, donc si je comprends bien il sous entend qu’une faute avouée est appréciable pour ensuite dire qu’il ne voulait rien en savoir… mais mordiable, c’est quoi qui ne tourne pas rond chez lui ?! Et en plus il parle de tromperie. Mais quelle tromperie ?!

Où est la tromperie ? J’ai été franche, je lui ai parlé directement de ce dérapage, dérapage dont je ne suis même pas coupable ! Ne peut-il donc pas trouver le juste milieu entre l’indifférence et la violence ?! Je ne sais pas, me demander de lui expliquer déjà ! Mais non, il préférerait ne rien en savoir et me laisser seule dans ce bourbier. C’est vraiment… pas juste !

Je ne me suis pourtant jamais reposée sur personne. Mais plus ça va et plus je me relâche. Et plus je me relâche et plus la situation empire et alors que je reçois les coups, interloquée, ne comprenant plus bien comment on peut en arriver là, je sens une inextricable sensation de détresse mêlée à une haine croissante.

Comment ose-t-il… Je vois rouge et je crois que j’aurais pu le tuer s’il ne s’était pas levé précipitamment pour quitter la pièce. Et alors qu’un étrange tourbillon dévastateur semble s’élever autour de moi je pousse un cri indéfinissable. C’est trop fort…

Et où croit-il aller comme ça, à poil, ce crétin ?! Je me redresse, j’attrape mon poignard avant de me lever pour quitter la pièce à mon tour. Par où est-il aller ? Pas dans la salle de vie de toute évidence… Il n’a pu que monter. Je monte alors et me dirige vers la chambre de la vipéridé en chantonnant.

« 1, 2, 3
Nous irons au bois ;
4, 5, 6
Cueillir des cerises ;
7, 8, 9
Dans mon panier neuf ;
10, 11, 12
Elles seront toutes rouges ! »

Et j’ouvre en grand la porte sur la fin de la phrase, mais il fait noir et le lit est vide. Bon… je repars toujours aussi tendue après avoir refermée la porte et monte un étage de plus pour aller sur le chemin de garde. Ils sont peut-être là-haut… et je reprends ma chansonnette...

« 13, 14, 15
Ce s'ra pour le prince ;
16, 17, 18
Il préfère les huîtres ! »

Et j’arrive sur le chemin de garde, lame au poing et sourire aux lèvres.