(Terminé) [Mission event] Pupille de Marbrume (ft. Desmond)

Pupille de Marbrume

◈ 10 Janvier 1167 ◈

Le soleil est haut dans le ciel hivernal, drapé d'un fin voile blanc. Si sa présence éclaire et met de bonne humeur, ses rayons ne parviennent pas à compenser le froid sec qui enveloppe la ville, même au milieu des grands rues ouvertes de l'Hanse. Sur le marché, les commerçants ont renoncé à étendre les toiles cirées sur leurs étals, cherchant à capter le plus de chaleur diurne possible. Les respirations des acheteurs se condensent et s'entremêlent dans la foule. C'est une journée pleinement active pour le quartier.

Equipée d'un épais châle et d'un panier, Edwige remplit son office en faisant quelques emplettes pour le compte du clergé. Les vivres, immanquablement, sont venues à manquer, et les économies du temple servent à présent à renforcer leurs stocks. Les malades ont peu d'appétit, mais une bonne alimentation est nécessaire à leur rétablissement. La prêtresse déambule entre les étalages, son attention attirée ça et là par les cris des maraîchers. Sans surprise, les marchandises sont plus rares qu'en été, et la brune se doute déjà qu'elle ne pourra pas revenir avec autant de variété de produits qu'elle le désirerait. Les prix ont également grimpé, bien plus que de saison. Si Marbrume s'est adaptée tant bien que mal à la pression de la Fange, l'économie de marché reste un système limité qui s'essouffle vite et se déséquilibre facilement. Combien d'années pourront-ils tenir encore, avant que l'or ne cesse d'avoir la moindre valeur...?

Plongée dans ses considérations pessimistes, Edwige ne remarque pas la petite main qui s'est refermée sur sa miche de pain. Une impression de soudaine légèreté la surprend alors que la miche est retirée de son panier. La novice s'immobilise, confuse, avant de faire volte-face pour témoigner d'une petite silhouette qui s'éloigne en courant, son larcin comiquement large comparé à sa taille. La jeune femme cligne des yeux, abasourdie. C'est son pain!

[Echec d'Initiative]

- Hey, attends! s'exclame-t-elle, se lançant à sa poursuite alors que la fillette a prit de l'avance. Ce n'est pas à toi!

Comme si cela allait brusquement stopper la voleuse en herbe. Quelle importance peut bien avoir le clergé ou la noblesse aux yeux d'une enfant des rues qui meurt probablement de froid et de faim? Un estomac rempli pour une nuit vaut largement le risque d'une punition, si cruelle soit-elle. Et à première vue, cette grivèlerie-ci se révèle fructueuse. Edwige a beau trotter sur ses talons, elle ne parvient pas à la rattraper. Arrivée à l'orée du marché, la religieuse prend appui sur un mur de colombage, à bout de souffle. Elle ne peut que témoigner impuissante de la fuite de son investissement...

Alors que l'enfant s'apprête à filer dans une ruelle adjacente, une ombre menaçante se détache d'un porche et fond sur la fuyarde comme un oiseau de proie. La prêtresse écarquille les yeux tandis que le bras de l'inconnu se referme sur celui de la fillette. Cette dernière pousse un cri, laissant tomber sa pittance par la même occasion.

- Je te tiens, saleté de fouineuse! grogne son agresseur, portant la main à sa ceinture pour en saisir quelque sinistre objet. Ne t'inquiètes pas, ça ira très vite, je- Ah!.

L'homme se laisse surprendre par une violente morsure sur ses phalanges, assez puissante pour faire couler le sang. Sa prise se relâche instantanément, et la voleuse s'échappe une fois de plus.

- Petite trainée! beugle le gaillard avant de se mettre lui même à courir. Je vais t'eviscerer comme une truie!

Plus facile à dire qu'à faire, puisque sa course est boiteuse et mal coordonnée. La gamine, quant à elle, semble infatigable. Edwige sort lentement de sa torpeur, marchant avec hésitation vers sa miche de pain abandonnée sur le pavé. La prêtresse se penche pour la ramasser, visiblement distraite et pleine de questions. Quelle était la nature de cet échange? Une ancienne victime qui voulait se venger? Un conflit personnel? L'inconnu semblait très décidé à en découdre, sans lui laisser la moindre chance de discuter. Désormais seule dans la ruelle, la brune considère ses options. La sagesse voudrait qu'elle ne s'en mêle pas, mais sa conscience lui interdit de fermer les yeux sur ces abus. Ce n'est qu'une enfant, elle ne mérite pas d'être ainsi écorchée vive.

Rassemblant son courage, Edwige décide de se mettre en marche à son tour. La petite finira par s'essouffler, elle ne veut pas que cette crapule lui mette de nouveau la main dessus. Avec un peu de chance, et un peu de persuasion, elle pourrait convaincre la fillette de trouver refuge au temple, au moins le temps d'une nuit.

La prochaine fois, fait plus attention !

Pour la dixième fois de la journée, je prononce cette phrase à l’attention de Milas, ça fais maintenant quatre mois qu’il est à mon service et il fait encore des erreurs de débutant, ce qui a le don de m’exaspérer. Là, c’est une simple commande que j’avais fait pour une nouvelle cape chez un commerçant du marché et au lieu de me ramener une belle cape de fourrure, que je puisse mettre par-dessus mon armure, il a pris une cape de femme et couleur rose bonbon en plus !

C’est pourquoi je suis revenu avec lui, pour l’échanger et en même temps, passé un véritable savon au marchand qui lui a donné cette horreur qui pique les yeux. Alors que nous allions débouler sur la place, je vois foncer vers moi une petite fille d’environ dix ans, brune avec des cheveux longs et habillé comme une mendiante. D’après mon expérience, si une enfant de son âge se met à courir comme cela, c’est qu’elle a fait un mauvais coup et je vois en effet derrière elle, un homme qui semble la poursuivre.

Comme d’habitude je fais genre de regarder ailleurs et dès qu’elle passe à côté je l’attrape d’un coup sec. Milas semble beaucoup aimé l’action car il applaudit des deux mains, reconnaissant là la tactique que j’ai utilisé contre lui lors de notre première rencontre. Comme d’habitude ma proie se débat mais je la soulève d’une main et la maintient ainsi en l’air à plus d’un mètre du sol, où elle ne bouge plus, de peur que sa veste se déchire et qu’elle tombe lourdement sur le sol pavé.

L’homme arrive peu de temps après, complètement essoufflé et je lui dis en souriant :

Ne t’en fais pas l’ami, je l’ai attrapé pour toi. Je suis sûr qu’elle t’a volé quelque chose, j’ai pas raison ?

Le poursuivant semble surpris par ma question mais il se reprend vite et s’inclinant il m’indique haletant :

Vous avez raison Messire Chevalier, ça fait un bout de temps que je lui cours après, elle m’a volé ma bourse, et si vous voulez bien me la remettre, pour que je puisse l’envoyer à la milice, je vous en serais fort reconnaissant.

J’apprécie immédiatement cet individu qui est très poli et sais s’exprimer avec la distinction due à mon rang. En plus il m’a immédiatement reconnu comme chevalier, et cela fait toujours plaisir. Je lui réponds donc :

Mais bien sûr, j’apprécie la justice et l’ordre et c’est avec grand plaisir que je vais vous remettre à un brave citoyen tel que vous, cette petite drôlesse.

Alors que je m’apprêtais à lui donner la mioche qui commençais à chialer, la punition qu’elle méritait semblait la terrifier, mais il est trop tard pour avoir des regrets, je vois arriver une jeune femme que je connais bien. Il ne s’agit de rien de moins que sieur Edwige ! Je lui fais signe de ma main libre et dès qu’elle arrive à portée de voix, avant même qu’elle puisse s’exprimer, je lui annonce :

Pour une surprise, c’est une surprise, je viens juste de faire une bonne action ! J’ai attrapé une petite voleuse et je vais la remettre à la personne qui va pouvoir récupérer son bien.

Je lui souris, particulièrement fier de moi, les Trois seront contents et je vais encore augmenter ma popularité auprès du clergé, faisons de moi, le justicier des temps modernes.

Pupille de Marbrume

Edwige fait de son mieux pour suivre le son des pas, mais la fillette comme son poursuivant sont plus rapides. Elle ne peut que les talonner, prier, et se fier à son instinct. Où irait-elle se réfugier si elle avait 10 ans...? Probablement auprès d'adultes de confiance, mais celle-ci semble isolée et plongée dans les ennuis. Elle doit s'éloigner des zones d'affluences, et chercher les ruelles plus petites où disparaître. Peut-être rejoindre une cachette de sa connaissance, loin des regards et de l'atteinte des grandes personnes.

Ses poumons brûlent mais elle maintient la cadence, à sa vitesse. Quelques éclats de voix attirent son attention, suivies de pleurs d'enfant. La prêtresse change de direction et débouche sur la rue incriminée, tombant sur une scène plus que troublante. Un homme bâti comme une montagne tient à bout de bras le col de la petite voleuse, dont les jambes moulinent dans les airs. A ses côtés, deux autres individus, l'un d'entre-eux correspondant à l'assaillant précédemment aperçu. Le sang de la clergesse ne fait qu'un tour, et lui donne assez d'énergie pour s'élancer dans leur direction, lâchant son panier dans la foulée.

- Relâchez-là! ordonne-t-elle tandis que ses sandales frappent le pavé. Ce n'est qu'une enfant!

Les visages se tournent dans sa direction et la brune est immédiatement accueillie par un sourire familier. Le chevalier de Rochemont! Le temps d'arriver, celui-ci lui explique la situation, et la religieuse finit par les atteindre, haletante.

- N'en faîtes rien...! parvient-elle à articuler, à bout de souffle. Cet homme allait lui faire du mal...

La brune finit par redresser la tête, les mains sur les genoux. L'inconnu en question paraît décontenancé, mais se rattrape vite.

- Aucunement, ma mère, se justifie-t-il, adoptant une posture plus distinguée qu'il y a cinq minutes. J'allais certes la corriger un peu, mais elle aurait été livrée à la milice.

Le regard d'Edwige darde vers la ceinture du malotrus, sur l'étui qu'il s'apprétait à saisir avant que la gamine ne se dégage. L'homme s'empresse de le couvrir de sa main en restant naturel, mais la jeune femme a le temps d'y discerner l'éclat d'une lame. Son visage se durcit. Elle ne lui fait pas confiance.

- La place d'une enfant n'est pas dans les geôles, cingle la prêtresse, animée d'une énergie singulière. Et il n'existe aucune punition qui puisse bannir la faim. Reposez cette petite, je vous prie.

La clergesse se surprend elle-même. Il n'est pas dans ses habitudes de prendre un ton aussi autoritaire, mais le fait de voir les yeux terrorisés de la fillette semble lui donner des ailes. On ne touche pas aux enfants, c'est une valeur qui mérite amplement qu'elle laisse de côté sa timidité.

La sœur arrive au courant et si au début je pense qu’elle se dépêche car elle est ravie de me voir, je suis vite détrompé par ces premières paroles qui me paraissent hautement contestable. L’homme que j’ai en face ne me parait pas être capable de faire du mal à une mouche et puis une petite correction avec un fouet n’a jamais tuer personne.

D’ailleurs injustement accusé, il lui précise bien qu’il va juste la livré à la milice. Edwige est vraiment d’une méchante humeur car sans aucune preuve elle refuse que je lui livre l’enfant, indiquant même qu’une enfant ne doit pas aller en prison, ce qui d’après moi, se discute, après tout une semaine de cachot n’a jamais tué personne.

Pourtant je suis soucieux de garder de bonne relation avec l’église et je commence tout d’abord par reposer la gamine au sol, mais sans la lâcher avant de m’adresser à mon suivant :

Milas, amène cette enfant chez notre fournisseur de mobilier et persuade là gentiment qu’elle rende la bourse, qu’elle a volé. Dès que c’est fait, tu la laisses partir et tu viens nous la donner, est-ce tu as bien compris ?

Je vois le jeune garçon de douze ans h^cher la tête avant de partir avec elle, qui n’arrête pas de pleurer. J’ai préféré l’éloigner, pour ne pas avoir à entendre ses gémissements continuels, je peux ainsi m’adresser sereinement à l’homme qui semble être assez énervé devant ma réaction :

Je suis désolé, mais si vous voulez bien patienter quelques minutes, vous récupérerez votre bourse. Je suis comme vous un fervent partisan des Trois et quand une représentante du temple me demande quelque chose, je m’exécute.

Bon, ce n’est pas exactement vrai, mais comme je veux bien me faire voir, je dois faire comme si. Mais l’homme ne semble pas l’entendre de cette oreille et il commence à s’énerver :

Je n’ai que faire de cette fausse prêtresse ! Cette vagabonde mérite un châtiment et je dois la punir, c’est la véritable volonté des Trois !

Il essaye de me contourner et je me mets face à lui pour l’en empêcher. D’un coup, il me semble beaucoup moins sympathique et je lui indique d’une voix sévère, repassant instantanément au tutoiement, pour bien lui faire comprendre que je ne rigole pas :

Tu devrais immédiatement te calmer, petit gars, il y a des choses à pas dire devant moi et ceci en fait partie, les Trois parle par sa bouche et personne ne peut remettre en cause ce miracle, je l’ai vu de mes propres yeux face à ses abrutis de la secte des Purificateurs !

Sans que je sache pourquoi, mes paroles le mettent en rage et il dégaine une dague, me commandant de sa petite voix fluette :

Dégage de là le gros !

Pour toute réponse je dégaine mon épée à deux mains et je lui réponds, le regardant dans les yeux :

C’est qui que tu appel gros ? Gringalet.

Je suis prêt à frapper, ce gars n’a aucune chance, je suis en armure avec une arme faisant dix fois sa taille, contre ce gars en vêtement de ville. Pourtant il ne semble pas se démonter et je sens en lui un véritable fanatisme, alors je reste sur mes gardes.

Bonsoir à vous Coucou

Desmond de Rochemont :

Tentative d'intimidation (CHAR) :
Charisme : 10
Bonus octroyé pour la tentative : +1 carrure -menace-
Bonus octroyé pour les compétences : +1 intimidation / +1 autorité
Malus appliqué : /
Total : 13

Pour réussir : Desmond doit faire 13 et moins ;
Pour échouer : Desmond doit faire 14 et plus ;

Résultat : 14 (Echec de justesse)

Explication : L'homme semble réellement hésiter, énormément même, il regarde Desmond, puis la prêtresse. Finalement, ce n'est nullement Desmond que l'homme tenta d'attaquer mais la prêtresse. Si il réussi, Edwige sera l'otage.

Pnjs Nom identifié :

Tentative d'attaque (ATT) sur la prêtresse:
Attaque : 10
Bonus octroyé pour la tentative : +1 volonté de fer
Bonus octroyé pour les compétences : +1 sang froid
Malus appliqué : 12
Total : 12

Pour réussir : Le pnj doit faire 12 et moins ;
Pour échouer : Le pnj doit faire 13 et plus ;

Résultat : 14 (échec)

Explication : Il fonce sur Edwige, mais peut-être soit évité par la prêtresse, soit intercepté par Desmond ;

Pupille de Marbrume

La jeune femme se sent gagnée par la frustration face à Desmond, qui ne semble initialement pas la prendre au sérieux. Elle a déjà vu ce regard de nombreuses fois par le passé. Fort heureusement, sa décision est la bonne, et son valet est chargé d'emmener la petite en terrain neutre. Le chevalier cherche alors à se montrer cordial avec l'inconnu, mais celui-ci s'agite visiblement. Les mots durs qui sortent de sa bouche lèvent le voile sur ses véritables intentions, et permettent au sire de Rochemont de réaliser pleinement à qui il fait face.

Les lames sont tirées, des menaces sont échangées. Edwige recule de quelques pas, intimidée. Encore un assassin des Purificateurs? Quelle ironie, elle et Desmond se trouvaient dans la même impasse il n'y a pas une semaine. Ils étaient alors parvenus à désamorcer la situation par la parole, mais cela suffira-t-il, cette fois...?

Durant de longues secondes, la prêtresse retient sa respiration. L'homme hésite, et pendant un instant, il semble changer d'avis. Une impression trompeuse, car l'assassin bondit sur le côté pour contourner le guerrier, puis s'élance en brandissant sa dague. En face, la brune reste paralysée, ses yeux s'écarquillant de stupeur. Contre toute attente, elle est sa première cible.

Edwige pousse un cri alors que la main de l'assaillant se referme sur ses cheveux, tirant violemment sa nuque vers l'arrière. Elle peut sentir le métal froid de la lame sur sa gorge alors qu'il tente de la prendre en otage, mais son élan précarise leur équilibre. Une douleur vive la fait glapir tandis qu'elle chute sur le pavé, accompagnée de l'agresseur. La pointe semble avoir écorché sa machoire par accident, heureusement sans atteindre de point vital.

Le coeur battant à tout rompre, la prêtresse rampe aussi vite que possible pour s'éloigner de l'assassin, son sang perlant le long de sa lèvre inférieure. L'homme se redresse rapidement, son arme toujours en main, prêt à réceptionner une offensive éventuelle du chevalier. Il n'a plus rien d'un gentilhomme, l'expression déformée par la haine.

- Cette ville brûlera, seuls les purs seront sauvés! leur crache-t-il. Acceptez le châtiment des Trois, et cessez d'interférer!

La clergesse se retourne et lève un bras vers l'avant comme une tentative désespérée de se protéger d'un nouvel assault. Le sectaire est visiblement partagé entre le fait de presser son avantage ou de s'élancer à la poursuite de sa victime initiale, la fillette. Quelle que soit sa décision, il est certain que Desmond ne le laissera pas faire sans réagir.

- C'est de la folie...! couine la brune, secouée. Qu'y a-t-il de plus pur qu'un enfant...?

La sale petite catin ! Au lieu de s’attaquer à moi comme un homme ou de s’enfuir comme un chien, il préfère s’en prendre à Edwige, une prêtresse des Trois ! Heureusement il ne parvient pas à la tuer et ils chutent ensemble sur les pavés, mais la sœur est blessée et je vois maintenant rouge, je l’entends dire des paroles mais je ne les comprends pas vraiment car pour moi, une seule chose importe, tuer celui qui a osé s’en prendre à une personne placée sous ma protection.

Je le charge donc, prêt à l’empaler sur ma lame puis à remonter de manière à la couper en deux, mais ce dernier, voyant sans doute la folie meurtrière dans mes yeux, se carapate en courant. Aveuglé par ma fureur, je le poursuis pendant une dizaine de mètres, mais en armure, je n’ai que peu de chance de le rattraper et l’écart se creuse. Petit à petit je me calme et finalement j’abandonne, ne voulant pas laisser la blessé toute seule.

Je reviens donc sur mes pas et j’indique à la jeune femme :

Comment allez-vous ? Je suis désolé, je n’ai pas réussi à vous protégez, la prochaine fois, rester bien derrière moi, ces types sont complètement dingues !

Ils sont peut-être fous, mais également très motivé et je suis sûr qu’on va revoir cette ordure bientôt. Je lui indique donc :

Nous allons retrouver cette petite fille, je suis sûr qu’elle va avoir plein d’information à nous donner, mais avant cela, il faut que nous allions vous faire soigner.

J’essaye de trouver un tissu pour arrêter le sang et je vois laissé sur le sol par mon suivant, cette immonde cape rose qui sera parfaite pour cela. Je vais la chercher puis avec douceur, je lui enlève tout le liquide rouge sur le visage, afin de la rendre présentable. Heureusement la plaie n’est pas profonde et je lui ébouriffe gentiment les cheveux, comme j’ai l’habitude de le faire lorsque je montre mon affection à une personne que j’apprécie particulièrement. Je sais qu’il y a une petite boutique de rebouteur juste à côté et je lui dis d’un ton que j’espère rassurant :

Ne bougez pas, je vais chercher une personne qui s’y connait en soin.

Je pars donc d’un pas rapide vers l’échoppe et j’indique immédiatement au boutiquier d’un ton qui n’engage pas à la discussion :

Suivez-moi, une personne a reçu un coup de dague.

Je le vois se dépêcher de prendre une espèce de petite valise et nous rejoignons rapidement la prêtresse. L’homme parait impressionner en la voyant, il faut noter qu’avec la cape, elle ressemble à une personne haute placé dans la hiérarchie et je le vois lui mettre divers cataplasmes, il ne recoud pas, ce qui indique qu’elle ne devrait pas garder de cicatrice de cette attaque, ce qui est une bonne chose, elle restera donc toujours aussi jolie.

Une fois les soins terminés, je lui indique :

Je vais pouvoir vous menez là où ils sont, est-ce que vous êtes en état de marcher ?

J’espère que c’est le cas, je n’ai guère envie de la porter en pleine ville, ça ferait bizarre.

Pupille de Marbrume

Avec un dernier regard noir, l'assaillant détale face à l'offensive du chevalier. Une sage décision à n'en pas douter, car Desmond semble bouillir de rage à en faire saillir les veines de son front. Edwige s'attend à le voir donner la chasse, mais le guerrier renonce une fois le danger écarté. Il fait immédiatement demi-tour, venant se tenir à ses côtés alors qu'elle maintient sa paume pressée contre l'entaille de sa joue.

- Je vais bien, balbutie la jeune femme en réponse à ses inquiétudes. Ce n'est qu'une plaie superficielle.

Toujours un peu blême, elle se redresse sur des jambes chancelantes pour lui faire face. Le col de sa tunique est moucheté de gouttelettes de son sang, mais l'attaque fut plus impressionnante que meurtrière. La prêtresse s'essaye à sourire avant de grimacer. Cela pique un peu.

Ses premières pensées vont à la petite fille et au valet, qui seront sans nul doute les prochaines cibles de cette violence insensée. Desmond ne tarde pas à la rassurer sur ses intentions, tout en insistant pour qu'elle soit examinée par un guérisseur.

- Ce n'est pas nécessaire, je vous l'assure, proteste vainement la religieuse. Le seigneur de Rochemont ne l'entend pas ou l'ignore, allant simplement récupérer sur le sol une cape au tissu pour le moins coloré. Il lui relève le menton de sa main et entreprend de nettoyer sa blessure aussi soigneusement que possible. Edwige se concentre pour ne pas broncher malgré les picotements. Elle ne veut pas paraître faible, de peur de les ralentir.

- ... Habituellement, c'est moi qui fais ce genre de chose, fait remarquer la Rutherford avec un brun d'humour. C'est la première fois que je me retrouve dans cette situation... Et j'abîme votre belle cape rose.

Intérieurement, elle prie pour que cela ne devienne pas une habitude. L'épisode de la tueuse des quartiers nobles, en compagnie de la dame d'Auvray, lui aurait bien suffit. En un sens, cette expérience lui permet de mieux comprendre les circonstances d'une agression, et de mieux cerner l'état d'esprit des blessés qu'elle traite.

Une fois le sang épongé, Desmond sourit et lui ébouriffe les cheveux, ce qui semble devenir un rituel de sa part. Il s'éloigne de nouveau pour aller chercher une aide de sa connaissance, et la prêtresse se sent soudain un peu isolée. Le regard des quelques passants témoins de la scène ne suffit pas à lui donner une sensation de sécurité. Si n'importe qui peut soudain se révéler être un assassin de la secte, alors en qui faire confiance...?

Le chevalier ne tarde pas à réapparaître en compagnie d'un soigneur local. Edwige retire le tissu qui couvre a plaie à sa demande, et le traitement commence sans attendre. Son verdict est positif tandis qu'il y applique une mixture cicatrisante. Après quelques minutes, la prêtresse s'en tire avec un pansement de simple facture et une belle frayeur. Le noble de Rochemont s'inquiète alors de savoir si la brune peut marcher, mais celle-ci parvient à se redresser malgré des jambes un peu chevrotantes. Elle hoche la tête.

- Je vais bien, je vous assure, répète la novice qui ne souhaite pas sacrifier une seconde de plus. Merci pour votre aide. Allons retrouver votre valet, avant qu'il ne leur arrive malheur.

Lorsque la prêtresse m’indique qu’elle se sent prêtre à reprendre la marche, j’ai des doutes, car je vois bien que ses jambes flageolent. Pourtant, comme d’habitude elle laisse le bien-être des autres passant avant son confort personnel et je ne peux que lui faire confiance, toutefois, pour ne pas l’épuiser, je marche à son rythme, n’étant nullement pressé, sachant les deux gamins en parfaite sécurité, notre fourniture de mobilier est située non loin, et comment un gueux saurait que le comte Rougelac se fournit dans cette boutique ? Quelques nobles sont bien au courant, mais aucun membre de ma caste ne prendrait le risque de s’acoquiner avec cette bande regroupant ces gredins de purificateur.
Sur la route, je prends le temps de m’inquiéter de la santé de la sœur, lui demandant :

Si je vais trop vite, n’hésitez pas à me le dire.

J’attends sa réponse afin d’adapter ma marche, et nous arrivons ainsi devant « Au bon mobilier », une échoppe plutôt luxueuse qui sent bon le bois et la colle. J’entre en premier pour m’assurer que tout est en ordre, et voyant qu’il n’y a aucun danger, je fais signer à Edwige d’entrer. Milas, est là, tranquillement assis, face à la fillette qui je le constate avec plaisir, à arrêter de chouiner. Ils boivent tranquillement une boisson chaude, du thé à la menthe si mon odorat ne me trompe pas et des petits gâteaux.

Voyant mon air surpris, le jeune homme m’indique en souriant :

J’ai fait exactement comme vous me l’avez demandé, j’ai essayé de la persuader en faisant preuve de gentillesse qu’elle rende la bourse, mais elle s’obstine à me répondre qu’elle n’a jamais rien volé de sa vie.

Comme pour confirmer ses dires, la fillette précise, la bouche pleine :

J’ai jamais rien volé !

Je ne dis rien, me contenant d’avancer vers la table et je demande au maitre des lieux :

Robert, on va prendre la même chose, la prêtresse et moi, à mettre sur ma note.

Le boutiquier trop heureux de nous servir, tout en prenant sa commission, part à la taverne d’à côté et revient très vite avec un plateau contenant tout le nécessaire. Je commence par servir un verre à Edwige avant de faire de même et j’engloutis un de ces très bons gâteaux au miel. J’en pris un deuxième, puis un troisième, avant de m’arrêter pour en laisser pour les autres. J’adore manger et c’est donc avec un grand sourire que je demande maintenant à la petite fugueuse :

Nous avons fait fuir le méchant homme qui te poursuivait, est-ce que tu sais ce qu’il te voulait ?

Je vois la petite fille qui avant était détendu, d’un coup se mettre à pleurer et elle dit en hoquetant :

Baba a bu… J’ai mangé du poisson… Il pleuvait… J’ai été vu… Baba il a plus bouge…L’homme méchant. J’ai couru. Mal au bras.

C’est complètement incompréhensible et je suis soulagé quand elle arrête enfin de baragouiner. Je ne sais vraiment pas y faire avec les enfants, et je fais signe discrètement à Ewidge de prendre la suite, mon thé risque de refroidir si je ne m’en occupe pas.

Pupille de Marbrume

Les spectateurs éparses s'écartent pour laisser la voie libre au chevalier et à la jeune prêtresse. Peu à peu, les choses reprennent leur cours dans les rues, et l'incident semble clos. Il ne fait nul doute que cela alimentera les rumeurs anxiogènes dans les tavernes. De même, Edwige s'imagine déjà entourée par ses sœurs du temple à son retour, assaillie de questions inquiètes. Elle va devoir être inventive si elle espère convaincre Anastasie de la laisser sortir seule à nouveau. Si celle-ci apprend que le sire de Rochemont était de nouveau dans les parages, elle risque de le désigner comme une mauvaise influence.

Ce dernier l'interpelle durant la marche, l'invitant à évoluer à son rythme. La novice hoche la tête, reconnaissante de sa préoccupation.

- Ne vous en faîtes pas, lui sourit-elle. Il serait malvenu de ma part de blêmir d'une petite coupure, alors que mes patients endurent parfois bien pire.

C'est un point de vue très discutable qu'elle n'utiliserait pour personne d'autre qu'elle-même, mais cela permettra peut-être de rassurer son compagnon sur son état d'esprit. Certes, l'expérience fut effrayante, mais elle fut brève et sans grave conséquence. A mesure qu'elle marche, la torpeur s'estompe, et ses pas reprennent du tonus. C'est de l'histoire ancienne.

Leur chemin s'arrête aux portes d'un boutiquier, comme annoncé. Desmond laisse la prêtresse entrer la première, ce qu'elle fait sans protester. Il lui est agréable de savoir que l'on veille sur sa sécurité. A l'intérieur, le jeune valet s'occupe de la petite fille comme le ferait le meilleur des grands frères. Edwige ne peut s'empêcher de sourire à la vue de leur dinette improvisée. Milas ne perd néanmoins pas un instant pour les informer de sa quête infructueuse, confirmant que cette soi-disant bourse volée n'était qu'un prétexte comme un autre pour mettre la main sur l'enfant. Mais pourquoi...?

Le guerrier la surprend en commandant d'avantage de douceurs auprès du propriétaire, qui plus étrange encore s'exécute sans broncher. Auraient-ils un accord ou une vieille amitié? Ce n'est pas la première fois qu'Edwige remarque l'aisance de son compagnon auprès d'autres personnes, qu'il s'agisse de gardes ou de gens du peuple. Son charisme naturel doit grandement l'y aider. Edwige se laisse convaincre et accepte le thé, réchauffant ses mains sur le gobelet d'étain. Son ventre est encore trop noué pour lui permettre de manger à sa faim, mais la gourmandise lui enjoint de grignoter une madeleine. Ses papilles la ravissent. Le temple ne permet habituellement pas d'exaucer ce genre de caprice. Alors qu'elle savoure le parfum de menthe, Desmond s'emploie à questionner la jeune victime. Son discours sanglotant est difficile à saisir, et au regard du chevalier, la clergesse comprend que son intervention est requise.

La brune se lève, abandonnant son breuvage pour venir s'agenouiller devant l'enfant. A cette distance, elle peut mieux témoigner de sa santé préoccupante et de sa pâleur. Sans hésiter, elle lui offre d'avantage de pâtisseries.

- Tu es une jeune fille très courageuse, lui murmure-t-elle d'une voix rassurante. Ne t'inquiètes pas, personne ne ici ne va te disputer. Nous sommes là pour te protéger. Comment tu t'appelles?

La gamine hoquète et renifle encore un peu, laissant le temps à Edwige de lui trouver un mouchoir en tissu. Quelques instants plus tard, elle semble remise de ses émotions.

- ... Mélanie, articule-t-elle en réponse. Et je n'ai rien volé...!

La prêtresse affiche un sourire entendu. La petite ne s'est sans doute pas attardée sur son visage lorsqu'elle s'est emparée de son pain sur le marché. C'est un mensonge, mais comment pourrait-elle faire la leçon à une enfant affamée?

- Tu es toute seule, Mélanie...? s'enquit Edwige en prenant soin de paraître rassurante. Tu vis dehors?

Sa frimousse opine lentement.

- Près des quais, précise-t-elle. Papa et maman sont partis chez les Trois. Les voisins me donnent parfois à manger, et Baba me laisse dormir dans la remise.

Le cœur de la clergesse se serre d'empathie. Le monde n'a jamais été juste, mais Marbrume s'est définitivement enfoncée dans la misère. Il est dur de songer aux nombreuses âmes innocentes qui ne connaîtront rien d'autre que la faim, le froid et la maladie.

- Qui est Baba, ma fille...? se ressaisit-elle. Un autre membre de ta famille?

Cette fois-ci, Mélanie secoue la tête, faisant onduler ses cheveux sales.

- C'est le monsieur du bateau, explique-t-elle avec ses mots d'enfants. Il sent bizarre, mais des fois, il me laisse courir sur le pont.

Edwige est peu familière avec le quartier du port. Elle lance un regard à Desmond, qui peut-être visualise un peu mieux ce début de récit. Communiquer avec des enfants traumatisés fait partie de son quotidien de soigneuse, mais leur vision du monde est si unique qu'il lui est difficile de tirer des conclusions.

- Qu'est-il arrivé à Baba...? l'encourage la brune, toujours agenouillée à son niveau.

Les yeux brillants de la fillette se chargent de nouveau en larmes. Doucement, la religieuse vient essuyer ses joues du bout de son mouchoir. Elle ne veut pas la brusquer, mais cette histoire semble être au cœur de ses mésaventures.

Bonjour par ici Coucou

Edwige Rutherford :

Jet de persuasion (CHAR):
Point de caractéristique : 10
Compétence : Empathie +1 ;
Bonus autre ? : +1 douceur, manière de faire ;
Malus ? : +1 la situation, l'agression, l'angoisse
Total : 11

Pour réussir, ton personnage doit donc faire 11 et moins,
Pour échouer, ton personnage doit donc faire 12 et plus,

Résultat : 8 (Réussite)

Explication :
L'enfant parle, raconte, explique qui est cette personne en précisant que cette dernière voyait régulière un homme au environs du port, que depuis, la personne à disparue

Il n’y a pas à dire, les femmes savent s’y prendre avec les enfants ! Elle la met d’abord en confiance, en lui demandant son nom puis petit à petit elle l’a fait parler, on apprend donc une histoire basique d’orpheline, recueillis par des gens du quartier, surement comme une espèce de mascotte. Le seul point important de ce récit, c’est ce fameux Baba qui semble être au cœur de cette histoire. D’ailleurs la sœur me regarde comme si je connaissais le surnom de tous les marins de Marbrume, alors que ne sachant pas nager et n’aimant pas le poisson, j’y passe le moins de temps possible. Je secoue donc la tête pour bien lui faire comprendre que je n’en ai jamais entendu parler.

Nous arrivons enfin au cœur du récit et après qu’Edwige lui ai fait le rôle de la gentille maman, Mélanie se met enfin à table, mais d’abord elle reprend un gâteau, sans doute pour se donner du courage :

Baba possède un grand bateau dans la baie et il voyait plein de gens ! Parfois je les entendais car il avait son bureau juste à côté au-dessus de la remise. Un soir un homme est venu et ils se sont disputés très fort, je me suis fais toute petite car j’avais peur.

Curieux de connaitre les circonstances de cette altercation, je lui demande, lui servant un peu de thé pour l’encourager à me répondre :

As-tu entendu ce qu’ils disaient ?

Pas vraiment, il était question d’amener des Fang au cœur.

Je regarde Edwige, car je suis sûr qu’elle pense à la même chose que moi, si des sectaires mettent leur sinistre plan à exécution, en débarquant avec des Fangeux dans le port, Marbrume en entier risque de tomber ! Inconsciente de la portée de ces paroles, elle continu :

Ils se sont rencontrés plusieurs fois après, se disputant de plus en plus fort, jusqu’à ce que d’un coup, je n’entende plus rien. Puis le matin, des messieurs en arme sont venus et je me suis enfuit, car je ne voulais pas qu’il me remettent dans la grande maison avec les autres enfants qui m’embêtent.

Je lui demande alors :

Est-ce que tu saurais reconnaitre cet homme ?

La fillette hoche la tête m’indiquant :

Oui, je suis très forte à ce jeu !

Satisfaite de sa réponse, je lui caresse gentiment la tête en lui indiquant :

Tu es une petite fille très courageuse et tu auras droit à plein de pâtisserie.

Je vois son visage s’illuminer d’un coup et Milas, jusque-là silencieux intervient dans la discussion et demande :

Et moi alors ?

Je lui réponds d’un ton peu conciliant :

Toi, tu vas chercher la milice, indique-leur que je veux les voir, et qu’ils viennent au moins à trois, si possible avec un coutelier.

Je vois le petit malin hocher la tête tout en prenant une pleine poigné de gâteaux de miel, puis il part en courant, sans me laissant le temps de lui dire quoi que ce soit. Je peux ainsi me tourner vers la prêtresse, lui souriant :

Vous allez faire une excellente mère, j’en suis convaincu

Puis je continu plus sérieusement :

Que pensez-vous de son récit ?

Pupille de Marbrume

Cela prend un peu de temps, mais l'orpheline finit par se laisser convaincre, et son récit est pour le moins inquiétant. La mine d'Edwige s'assombrit à mesure que les révélations sont faîtes. Cette petite fille a témoigné d'un meurtre, et pire encore, d'une scène qui ressemble de plus en plus fortement à un complot contre Marbrume et ses habitants. Poursuivie par la secte et recherchée par la garde, elle ne doit plus savoir en qui faire confiance.

Le chevalier poursuit avec ses propres questions, et il semble que cette affaire puisse désormais être amenée devant la milice. Une chance que Mélanie ait à la fois un bon caractère et une bonne mémoire. Une fois ses ordres donnés, Desmond vient prendre la prêtresse en aparté. Son premier compliment lui décroche un sourire. Peut-être serait-elle heureuse en tant que mère, en effet. Dommage qu'elle ne puisse l'être en tant qu'épouse.

- Je me sens désolée pour cette enfant, admet-elle en observant la petite qui dévore son poids en pâtisseries. Elle n'aurait jamais dû avoir à traverser tout cela, et à présent, elle se retrouve impliquée dans quelque chose d'infiniment plus dangereux. Je crains qu'elle ne subisse des représailles... mais je suis soulagée que nous ayons croisé sa route.

Le temple pourrait être une option. Mélanie y apprendrait les lettres et la voie des clercs. Toutefois, comment s'assurer que les Purificateurs n'ont pas leurs entrées parmi les prêtres de la ville? Plus le temps passe, plus la religieuse a le sentiment que n'importe qui peut soudain se révéler être un dangereux fanatique. Elle devra s'assurer que l'enfant finisse entre de bonnes mains.

- Du reste... poursuit-elle en faisant de nouveau face au seigneur de Rochemont. Je crains que cela ne dépasse mes compétences. Si la Fange entrait de nouveau dans Marbrume, ce serait une hécatombe de plus, peut-être la dernière.

Le drame du Couronnement est encore frais dans sa mémoire. Les blessés affluant de toutes parts, entassés à la hâte sur les dalles du sanctuaire. Les râles de douleur, les pleurs. Puis, la garde était intervenue, arrachant les mordus à leurs lits pour les exécuter froidement dans la cour. Jamais auparavant le temple n'avait été théâtre d'une telle violence. La simple idée que cela puisse arriver une seconde fois noue sa gorge d'angoisse.

- ... Qui peut vouloir une telle chose...? murmure-t-elle pour elle-même, le regard distant.

Le fil descendant de ses tristes pensées est interrompu par la brusque entrée d'une patrouille de miliciens armés. Il semble que Millas n'ait pas eu besoin de les convaincre, à en juger par l'urgence dans leurs regards. Mélanie devait être un sujet de préoccupation depuis le départ. Chassant ses humeurs pour faire meilleur figure, la prêtresse vient les accueillir en compagnie du chevalier.

- Merci d'être venus si vite, fait-elle en s'inclinant. La petite est assise au fond. Prenez grand soin d'elle, je vous prie.

Deux des soldats se détachent de leur groupe pour encadrer Mélanie, qui lui lance un regard inquiet. La prêtresse hoche la tête en sa direction pour lui faire comprendre que tout va bien. De son côté, Desmond n'aura aucun mal à communiquer leurs trouvailles au coutelier, aussi Edwige le laisse-t-elle à ses rapports militaires. Elle se rapproche de la vitrine encombrée, songeuse, et jette un oeil prudent à l'extérieur. Peut être n'est-ce que le contre-coup de leur agression avortée, mais la brune se sent épiée...

La prêtresse répond à ma question en compatissant pour Mélanie, ce qui me laisse complètement froid, une petite fille de plus ou de moins, ce n’est pas vraiment important, même si la fillette est courageuse. Mais peu importe ce que je pense, lorsque la milice débarquera, ce ne sera plus mon problème. Le plus gros souci que j’ai en tête pour le moment est bien cette nouvelle tentative des Purificateurs de faire entrer les goules en ville et Edwige a la même interprétation que moi du récit de la fillette.

Je n’ai pas présent lors de l’attaque de mai, occupé à entrainer les troupes à Sombrebois mais on me l’a moult fois racontée et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas jolie, jolie. Il faut donc éviter à tout prix que cela ne se reproduise, surtout que le port est vraiment ouvert et il sera très difficile de la contrer, l’Esplanade pourrait même être en danger ! Lorsque je l’entends demander qui pourrait vouloir un tel dénouement, je lui indique :

Il existe des fous partout et c’est notre devoir de protéger les personnes de cette cité.

En parlant de protecteurs, je vois deux miliciens avec à leur tête un coutilier qui entrent, ce qui fais que cette boutique devient très vite surpeuplée. Milas lui attend dehors, particulièrement fier de lui, et il y a de quoi, car il a réussi à mener bien sa mission, je suppose qu’il va falloir que je lui apprenne à tenir correctement une épée pour le récompenser. La sœur et moi les accueillons et j’indique à leur supérieur hiérarchique :

Merci d’être venu, cette petite fille à témoin d’un meurtre et je soupçonne que tout ceci est lié aux purificateurs qui…

Jetant un regard à Mélanie, je la vois écarquiller les yeux, et je sens une odeur d’urine, l’enfant c’est fait carrément dessus. Je suis son regard et je vois un des miliciens, très mal à l’aise. Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qu’il se passe, la fillette a reconnu l’agresseur du Baba, et elle a perdu le contrôle de son corps. Pour ma part, il va falloir jouer serrer car si j’annonce de but en blanc à son chef, qu’un de ses hommes est un meurtrier doublé d’un sectaire, il risque de mal le prendre. Le mieux serait qu’il se dénonce par lui-même, je mets donc en place un petit stratagème et discrètement, je presse la main d’Edwige, pour lui faire comprendre de se retourner, ensuite, je fini ma phrase :

Pardon, j’ai été distrait, je disais donc qu’elle a tout entendu, dont une partie de son prénom. De plus, elle nous a indiqué les différentes dates où ils se sont rencontrés et pour finir grâce à la prêtresse ici présente qui a un véritable don, elle a réalisé un portrait tout à fais utile de l’homme.

Sortant le lettre du Roi aux nobles, mais la tenant vers moi pour que personne ne puisse savoir qu’il ne s’agit aucunement d’un dessin, je continu, en décrivant l’homme qui fait si peur à cette petite :

Il est brun, les cheveux court, avec les oreilles décollées et il porte une longue barbe.

Je laisse maintenant Edwige enchainé, espérant qu’elle aura compris mon stratagème.

Pupille de Marbrume

Une main sur son bras tire la jeune prêtresse de ses mauvais présentiments. Edwige se retourne pour faire face à Desmond. Celui-ci ne la regarde pas, se lançant à la place dans un récit fantasque gavé de leur entretien avec Mélanie, avec des détails qui n'ont jamais été mentionnés. Initialement, la brune paraît confuse, mais un regard vers la pauvre Mélanie et sa mine terrorisée lui fait comprendre que quelque chose ne va pas. Le chevalier dégaine un parchemin qui semble n'avoir aucun rapport, et annonce d'emblée l'apparence supposée du suspect. Il devient clair, à cet instant précis, que le noble n'est pas en train de lire mais plutôt de décrire.

Edwige quitte la vitrine pour couper la route au garde incriminé, se plaçant entre lui et l'enfant avec pour prétexte son inquiétude pour Mélanie.

- Ne soyez pas si brusques, lance-t-elle sèchement aux miliciens. La petite est traumatisée, et vous l'effrayez avec vos armes. Sans compter que d'autres éléments de sa description pointent vers un membre de la milice.

La clergesse ne laisse pas le temps aux soldats de répondre, passant ses bras sous les genoux et les épaules de la fillette pour la porter dans ses bras et s'éloigner. Elle ignore l'urine qui dégorge de ses guenilles et tâche sur le devant de sa tunique, choisissant de lui murmurer quelques paroles rassurantes pour calmer sa terreur.

Malheureusement, l'enfant n'est pas en mesure de comprendre le stratagème, et finit par faire éclater la vérité entre deux sanglots.

- C'est lui! s'écrie-t-elle d'une voix suraiguë. C'est celui-là!

Edwige accélère le pas pour venir se placer dans le dos de Desmond, tenant contre elle une Mélanie en pleine crise de panique. Elle ne se laissera pas avoir deux fois: si quelqu'un tente de les atteindre, il leur faudra traverser la défense d'une muraille armée d'une épée à deux mains. Pour le moment, ils ignorent qui d'autre est impliqué dans cette affaire, et si le moindre de ces miliciens est de bonne foi. Pour peu qu'ils le sachent, ils sont entourés d'ennemis. Le cœur de la prêtresse tambourine dans sa poitrine face à cette impasse, mais elle reste déterminée à faire ce qui est juste.

- Me regardez pas comme ça, j'la connais pas cette môme! proteste le mis en cause. Sa gestuelle nerveuse et sa soudaine suée ne plaide pas en sa faveur, et moins encore le fait qu'il s'avance dans leur direction. C'est la barbe, c'est tout, et mes oreilles sont pas si décollées! Laissez-la mieux me regarder, vous verrez que...

- Restez loin de nous, je vous prie, plaide la religieuse sans quitter le couvert offert par la carrure du noble. Dans ses bras, l'état de Mélanie empire au point de dissimuler son visage dans son col.

Le danger est proche et une attaque éclair n'est pas exclue. Edwige ne veut en aucun cas laisser cela arriver, et bien qu'elle soit déterminée à protéger la petite, elle tremble à l'idée de subir un coup de lame plus précis, cette fois.