Promenons-nous à Sombrebois [Hector]

Promenons-nous vers Sombrebois " L'ego nous pousse a faire certains choix et la raison nous oblige à prendre la bonne décision"
( Hector & Sydonnie )

- « Oh, je suis désolée que votre union se soit terminée ainsi. »

Hector avait fini par parler de lui plus en profondeur, m’avouant qu’il avait été marié avec une femme qui était en réalité sa cousine, provoquant la rupture des noces. Pauvre Baron, cela avait dû être une étape difficile à franchir. Ceci expliquait peut-être cela, enfin, cela ne me concernait pas. J’avais haussé les épaules, un peu triste pour lui, aimer quelqu’un et devoir y renoncer pour des raisons bien que légitime devait être complexe à vivre. Enfin, il avait subtilement changé de sujet, remettant le centre de la conversation sur la robe que je portais, robe qui me mettait mal à l’aise au plus haut point. Je n’étais pas habitué à ce qu’un tissu épouse aussi discrètement mes formes, pas l’habitude de mettre en avant une autre partie que mon esprit, mes convictions ou encore mon caractère de cochons. Visiblement, pour mon interlocuteur, le problème était tout autre, ma façon de me mouvoir, j’avais lentement plissé les sourcils, le foudroyant du regard. Est-ce qu’il avait déjà essayé de se déplacer avec un corset qui t’empêche de respirer, une robe qui te retient dans le moindre de tes mouvements. Impossible de joindre une lame a la tenue sous peine de paraître hors-norme, impossible de courir, impossible de respirer, non vraiment, cette robe était une véritable sanction disciplinaire, bien pire que la peine capitale.

- « Je ne suis pas pressé, vous savez. L’amour cela veut dire s’attacher et l’attachement entraîne toujours la souffrance. Comment faire convenable son métier, surtout celui de milicien, si l’ont à constamment peur de perdre quelque chose ? Non, vraiment, je pense que les relations ne sont pas bonnes pour tout le monde. »

Hector s’était ensuite levé, son estomac criant visiblement famine. Depuis que j’étais en sa compagnie, j’avais l’impression de passer mon temps à manger, au fond, ce n’était peut-être pas seulement une impression. Souhait-il m’engraisser à ce point ? Je l’avais suivi du regard, détournant celui-ci uniquement quand je compris qu’il avait aussi dans l’idée de changer de vêtements. L’homme était ensuite revenu vers moi, avec une tenue sèche et la nourriture. Je l’avais accueilli avec un sourire, alors qu’il semblait me faire part de ses réflexions à mon sujet.

- « En effet, j’apprécie les combats, ce n’est pas pour autant ce qui me fait vibrer le plus… J’aime apprendre. J’aime découvrir notre environnement, j’aime trouver des nouveaux sujets de distractions. C’est aussi simple que ça. L’unique chose qui me motive vraiment, c’est l’idée d’un jour pouvoir être reconnu par les miens, grâce à mes compétences et non parce que je suis une femme –uniquement bonne à faire la cuisine et enfanter -»

J’avais imité le Baron, attrapant de quoi me faire une tartine, évidemment de confiture. J’étais plus sucré que salé et étrangement, c’est le temps passé à manger en compagnie du bourgeois qui me l’avait révélé, ou alors était-ce uniquement cette confiture qui me donnait envie de tout engloutir sans ne laisser aucune miette ou preuve de son existence… Je m’étais servi un verre d’eau, l’alcool ne m’attirant pas plus que ça. Buvant une gorgée, j’avais une nouvelle fois savouré l’instant, m’appliquant à écouter notre environnement, le bruit de l’eau, le soleil venant chauffer ma peau pâle, une vie qui pourrait être me convenir aussi finalement… Plus calme, douce… Agréa- j’avais plissé les sourcils, avisant autour de nous, ma main s’était instinctivement déplacée jusqu’à l’emplacement de ma lame, emplacement qui était vide, plus que mon épée était restée dans la charrette… Merci, merci la robe. J’avais lâché un bref grognement, que j’avais tenté de dissimuler derrière une toux peu convaincante. Mon regard bleuté s’était ensuite déposé sur le baron, décidant que la meilleure solution était de ne pas faire part de soupçons.

- « Je suis très douée pour le bricolage, ce n’est pas moi qui me suis assommée, n’est-ce pas ? »

Répondis-je tout en me relevant l’air de rien, doucement j’avais passé ma main sur le tissu de ma tenue vestimentaire, faisant mine de la dépoussiérer. J’avais regardé un long moment le bleu de l’eau, frissonnant de crainte de me retrouver dedans, la noyade très peu pour moi.

- « Vous n’allez certainement pas me croire, mais, l’eau n’a jamais été mon point fort, par conséquent, la natation encore moins. »

Un nouveau sourire sur mes lèvres, je m’étais déplacée plus lentement, reculant vers notre charrette, faisant mine de parler à notre fidèle destrier. Ainsi si quelqu’un nous observait, il n’allait pas se douter que mon comportement n’était en fait qu’une façon de me rapprocher de mon épée, chose qui me rassurerait. Une fois à la charrette, j’avais câliné notre cheval, passant ma main entre ses oreilles descendant jusqu’à ses épaules, au niveau du garrot. Je l’avais ensuite abandonné pour me pencher dans la charrette et récupérer ma lame, avant de faire le tour du coin de verdure, sans rien trouver. Doucement j’avais secoué la tête avant de rejoindre Hector, la mine un peu dépitée. Le soleil avait dû taper trop fort..

- « J’étais certaine d’avoir entendu quelque chose… Enfin, peu importe. Elle est toujours mieux à mes côtés. »

J’avais montré mon épée que j’avais déposée juste à côté de moi pendant que je me réinstaller sur les galets. Pivotant légèrement vers mon interlocuteur, j’avais finalement repris la parole, poursuivant dans ma plus très surprenante, curiosité maladive. –le tout en restant sur mes gardes-

- « Bon, en dehors de votre capacité à vous assommer et votre don de séductions, quels sont vos talents mon cher Baron ? »

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- Vous n'avez pas tord... si l'on meurt à la guerre, l'aimé qu'on laisse seul dans ce monde se retrouve plongé dans une grande tristesse... Mais... malgré tout... je crois qu'il vaut mieux vivre une passion et mourir, plutôt que de mourir sans avoir aimé...

*

- [...] j’apprécie les combats, ce n’est pas pour autant ce qui me fait vibrer le plus… J’aime apprendre. J’aime découvrir notre environnement, j’aime trouver des nouveaux sujets de distractions. C’est aussi simple que ça. L’unique chose qui me motive vraiment, c’est l’idée d’un jour pouvoir être reconnu par les miens, grâce à mes compétences et non parce que je suis une femme – uniquement bonne à faire la cuisine et enfanter.

Ces paroles semblèrent bien mystérieuses à Hector.

- Ce n'est pas une mauvaise chose que d'être bonne cuisinière ou bonne mère... Quelles autres compétences visez-vous ?

*

Hector regarda Sydonnie se lever et se diriger vers la charrette. Elle y prit son épée avant de revenir auprès d'Hector.

- J’étais certaine d’avoir entendu quelque chose… Enfin, peu importe. Elle est toujours mieux à mes côtés.
- Vous avez raison, Sydonnie, on ne sait jamais...
- Bon, en dehors de votre capacité à vous assommer et votre don de séductions, quels sont vos talents mon cher Baron ?
- Et bien... tout d'abord la prudence !

Et le baron se leva pour aller chercher sa hache. Arrivé à hauteur de Gris-Poil, ce dernier le regarda d'un air coquin.
- Qu'y a-t-il ? Lui demanda le baron.
- Huuuuuue Huuuue, répondit l'animal.
- Ah bon ? Si belle que ça ? Chuchota le baron avant de laisser son fidèle destrier à ses fantasmes.

Lorsqu'il arriva à la charrette, Hector y prit sa lourde hache de guerre et regarda alentour. Il ne vit rien et retourna à coté de Sydonnie.
- Bon, là je pense qu'on ne nous embêtera pas !

Au loin, dans les bosquets, une belle biche s'éloignait, effrayée par la présence des deux humains dans cette région où elle n'en avait plus vu depuis si longtemps.

- Sinon, mes autres talents... je crois que j'ai un talent spécial pour comprendre rapidement qui est la personne en face de moi. Je ne sais pas, lorsque je rencontre quelqu'un, je me fais rapidement un premier avis sur cette personne et, il est rare qu'après avoir approfondi ma connaissance de celle-ci j'ai à me dire "cher Hector, vous vous étiez fourvoyé !"

Le barbu sourit à Sydonnie.

- Voilà l'un de mes talents. Mais comme la modestie en est un autre, je ne vous les révélerais point tous !

Il coupa quelques tranches de saucisson et en offrit à son amie. Lui-même en mangea quelques unes avec le pain. C'était bien bon mais cela donnait grand soif. Il but un verre de vin rouge. Ensuite, un s'allongea. La chaleur, l'alcool et le bien mangé pesaient sur ses paupières. La digestion était à l'oeuvre et Hector ferma les yeux.

- Vous êtes de garde, Syd, je fais une petite sieste...

A peine trente secondes plus tard, sa respiration était lente, calme et régulière.

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( Hector & Sydonnie )

J’avais regardé Hector s’éloigner sans vraiment me poser de questions, il avait décidé de récupérer son arme, en profitant pour glisser quelques mots à son fidèle destrier, chose particulièrement amusante. Mes yeux s’étaient ensuite déposés sur cette biche s’éloignant et d’en soupir, j’admettais ma stupidité à force de connaître le pire, je n’imaginais que très rarement autre chose que des événements désagréables… Finalement, nous avions loupé l’occasion d’observer une si belle créature. J’avais écouté le baron m’expliquait sa faculté d’analyse des personnes, si elle était véritable, elle devait être particulièrement avantageuse pour le vieil homme. J’avais affiché un simple sourire, en guise de réponse et même si la question de son analyse à mon sujet me brûlait les lèvres, j’avais fait le choix de ne rien demander. Pour l’heure, j’avais juste envie de calme, de silence, de sérénité, je trouvais d’ailleurs que le lieu s’y prêtait particulièrement bien.

Je n’avais pas jugé bon de répondre aux questions du noble, ne cherchant pas plus que ça à dévoiler mes différentes facettes. J’avais bien conscience que ma façon de penser et d’être ne rentrait pas dans les normes de notre société, de notre ville, de nos habitudes, alors je me contentais de conserver le silence, sans pour autant le trouver lourd. Mon ventre me faisait un peu mal, cela faisait très longtemps que je n’avais pas mangé autant. Toujours un sourire sur les lèvres, j’avais hoché la tête en direction du sang bleu, il avait visiblement envie de dormir et je ne me voyais pas le lui refuser pour quitter cet endroit.

- « Évitez de trop ronfler, vous feriez fuir le peu d’animaux osant s’approcher de nous. »

À peine l’avais-je un peu taquiné que déjà, l’homme semblait profondément endormi, quel sommeil rapide. Mes yeux clairs avaient observé un long moment le baron, cherchant encore et toujours des réponses à des questions que je ne poserais pas. Il était un homme appréciable et malgré un mode de vie qui ne me correspondait pas, j’apprécié sa compagnie. Le sachant endormi, je m’étais davantage détendu m’autorisant à m’allonger sur les galets chauds, profitant des rayons du soleil sur mon corps, je n’étais pas du genre à rester longtemps inactive et malgré l’agréable moment, mon hyperactivité ne tarda pas à frapper. Je m’étais retourné à droite à gauche, grimaçant devant l’inconfort qu’offrait finalement les galets, comment parvenait Hector à dormir là-dessus ? Un léger soupir s’échappa de mes lèvres, alors que déjà j’étais debout proche de l’eau. Il devait me faire sacrément confiance pour rester se reposer ainsi en ma compagnie, il serait tellement simple pour moi de partir avec la charrette et son cheval, le laissant ici à la merci de n’importe qui.

Une idée saugrenue émergea dans mon esprit, j’allais tester la profondeur de son sommeil, lentement, j’avais pris le temps de sélectionner des galets plus sombres plaçant le tout en cercle tout autour de l’homme endormi. J’avais ensuite était récupérer une multitude d’algues au bord de l’eau, sans jamais trop m’éloigner afin de le garder en vue, au cas où. Me rapprochant j’avais déposé les algues très délicatement sur le visage d’Hector de façon à former une magnifique moustache et une magnifique chevelure verte encadrant son doux visage et la bave s’échappant de ses lèvres. Sacré Hector. Doucement, silencieusement, j’étais ensuite reparti vers la verdure pour récupérer du branchage, de quoi former avec l’environnement une magnifique queue de sirène au baron, lentement j’avais mis en place ma création, non pas peu fière. Endormi ainsi, le baron paraissait être une magnifique sirène échouée au bord de l’eau, ne restait plus qu’à attendre son réveil et constater le résultat de mon imagination sur lui. Il allait certainement être parfumé par la douce odeur de la mer. Calmement, je m’étais installée un peu plus loin, récupérant des petites pierres plates pour m’occuper à me perfectionner dans les ricochets. Qui sait, peut-être qu’un jour un concours de rebond verrait le jour. Souriante et patiente, je profitais réellement enfin d’un moment de détente, de calme et de plaisir.

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Hector se réveilla. Le soleil lui semblait agressif. Il ouvrit lentement les yeux en se redressant et sentit des choses glisser de son visage. Intrigué, il se leva, et regarda autour de lui.

- Ben dis donc ?!

C'était un drôle de bordel autour de lui ! Des cailloux en cercles, des algues, des branchages... et au bord de l'eau, Sydonnie, qui semblait fort bien s'amuser.

- J'peux savoir c'que tout ça signifie ?! Demanda-t-il en désignant l'espace autour de lui. J'espère que c'est pas d'la magie noire ou des rîtes païens ! Non pas qu'j'y crois beaucoup, mais quand même, faut s'méfier, hein, c'est dangereux ces trucs là !

Une drôle d'idée lui vint en tête. Il s'approcha tranquillement de Sydonnie en se débarrassant des derniers bouts d'algues qui s'étaient collés plus ardemment que les autres sur sa face.

- Vous savez, moi, l'art naturel, très peu pour moi ! Je préfère, tant qu'à utiliser les végétaux, fabriquer une belle statue de bois, ou bien faire un joli bouquet de fleurs, ou encore l'artisanat : faire une belle chaise, c'est à la fois utile et agréable à l’œil. Vous ne croyez pas ?

Il était maintenant tout près d'elle... et, par surprise, il l'attrapa par la taille pour la pousser dans l'eau !

- Vengeance ! Cria-t-il pour s'amuser.

Evidemment, il ne voulait pas envoyer la jeune milicienne trop loin là où elle n'avait pas pied - il n'était pas cruel, tout de même ! - il voulait juste la taquiner comme elle venait de le faire à ses dépends !

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( Hector & Sydonnie )

Au bord de l’eau, exerçant ma nouvelle passion pour les ricochets, j’attendais sagement que le baron daigne se réveiller de sa sieste improvisée. Le temps ne me semblait pas interminable, au contraire, le calme, l’odeur, l’environnement tout ici apportait un confort à l’esprit que j’avais rarement connu. Au fond si le bourgeois avait envie de dormir jusqu’au coucher du soleil, je n’y verrais aucun inconvénient. Pas de discussion inutile, pas de débat, pas de réflexion, juste moi les pierres rebondissantes sur l’eau et ‘les ploufs’ mettant fin à l’enchaînant de saut. Enfin, je pouvais rester comme ça indéfiniment oui, mais la réalité, elle ne tarda pas à me rattraper. Le baron émergea de son sommeil et lentement, je m’étais tournée vers lui pour aviser sa réaction.

J’avais froncé les sourcils devant sa réaction, de la magie noire, un rite païen… Il allait bien trop loin dans sa réflexion. C’est naturellement que je m’étais mise à rire, un peu moqueuse quand même, légèrement. Au fur à mesure qu’il se rapprochait, j’avais cessé de rire, l’avisant plus souriante que jamais. Le sang bleu s’appliquait à se concentrer sur les objets utiles, comme les meubles et autres objets utilitaires, argumentant le fait que c’était eux qui restent avec le temps, j’avais lentement secoué la tête de droite à gauche.

- « Je pense que les plus belles que nous avons c’est nos souvenirs. Mais, je suis bien d’accord, les objets utiles sont généralement agréables à l’œil. »

Juste à côté de moi, je n’avais pas imaginé une seule seconde qu’Hector aurait l’idée stupide de me jeter à l’eau, et le cri qui s’était échappé de mes lèvres était quant à lui terriblement sincère, remplis de crainte. Avait-il conscience de ma crainte de l’eau, peu importe la profondeur de celle-ci ? Les fesses dans l’eau, complètement trempée, je constatais lamentablement ma situation. Heureusement pour lui l’eau ne me submergeait pas. Dégoulinante, ou plutôt humide je relevais les yeux vers le baron, le regard plus sévère, moins amusé qu’auparavant, fronçant davantage les sourcils. Comment pouvait-il être aussi peu réfléchi parfois.

- « Vous êtes satisfait, je suppose ? Ce n’est vraiment pas drôle, vraiment pas… Mais alors vraiment pas. »

Je m’étais relevée lentement, dégoulinante, humide, puant l’eau de mer sans réellement savoir si j’appréciais l’odeur sur moi ou non. Je ne savais pas si je devais faire des reproches à Hector, rire, ou simplement hurler d’angoisse. Je devais relativiser, il ne m’était rien arrivé, j’avais pied, aucune inquiétude à avoir. Je prenais une grande inspiration tendant la main vers Hector, afin qu’il m’aide à rejoindre le rebord. Mes yeux clairs étaient froids et si le baron avait eu le malheur de prendre ma main pour m’aider, il avait dû se retrouver à l’eau, suite à une maladresse de ma part.

- « Vengeance » répondis-je en retrouvant un sourire.

Une fois sur la plage de galets, j’avais essayé de me réchauffer, aussi trempée que je l’étais malgré la non-profondeur de ma chute. J’avais froid, horriblement froid, et je commençais à me dire qu’Hector avait volontairement agis ainsi pour que la robe vienne coller ma peau. Sacré baron, sacré noble, finalement je n’étais pas en mesure de lui en vouloir, en revanche il était certainement l’heure de rentrer.

- « Alors Hector, l’eau est-elle aussi bonne que tout à l’heure ? »

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Hector ne put s'empêcher de rire en voyant la jeune milicienne tomber dans l'eau. Son tour avait formidablement bien marché et Sydonnie faisait une de ces têtes !

- Ah ah ah ! Vous êtes si...
- Vous êtes satisfait, je suppose ? Ce n’est vraiment pas drôle, vraiment pas… Mais alors vraiment pas.

Elle semblait vraiment en colère...
- Oh, Sydonnie, excusez-moi, vraiment, je ne...

Il prit la main qu'elle lui tendait pour l'aider à se relever mais la demoiselle tira sur la main d'Hector - avec une force que le baron n'imaginait pas - et il fit un gros plat, face en avant, dans l'eau !
- Vengeance, dit à son tour la jeune femme.

Hector se mit à genou, riant aux éclats en s'essuyant le visage et en plaquant en arrière ses cheveux trempés.

- Aaaaah, sacrée Sydonnie ! Vous êtes décidément pleine de ressources !

Mais l'eau et sa fraîcheur lui firent, en réalité, un bien fou. Il avait l'impression d'avoir cuit durant sa sieste, et ce petit bain improvisé l'avait autant réveillé que rafraîchit !

Remis de ses émotions, il suivit Sydonnie sur la plage et la vit s'asseoir, la trempée, le tissus de sa robe collée à son corps, dévoilant des courbes que le baron n'avait pu voir jusque là...

- Alors Hector, l’eau est-elle aussi bonne que tout à l’heure ?
- Oh oui, ça rafraîchit, ça fait du bien par ce temps, non ?

Il la regarda trembler...

- Mais vous ne devriez pas rester dans ces vêtements, vous allez réussir à attraper froid... et si vous revenez à la caserne avec un rhume - en plein été ! - vos collègues vont se moquer de vous !

Galant, le baron laissa la priorité à la jeune femme.

- Allez vous changer, j'irais après vous et nous rentrerons. Le baron prit un galet. En attendant je vais tenter de battre votre record de ricochets. Il envoya le galet qui fit quatre ou cinq rebonds avant de plonger dans l'eau. Cinq ! Pas mal, non ? Quel est votre record ?

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( Hector & Sydonnie )

- « Vous pouvez toujours essayer, j’en suis à sept rebonds »

Après avoir lâché un sourire plus franc, je me suis détournée du baron pour aller jusqu’à la charrette. J’ai passé ma main sur la tête de l’animal, nous attendant encore sagement. Doucement, j’ai passé mes doigts sur son poil, faisant des petits vas et vient énergétique pour le satisfaire, il méritait bien quelques papouilles, après tout, cela faisait quelques heures qu’il nous attendait maintenant. Fouillant dans la charrette, j’ai sorti une autre robe, peu classique la couleur rouge me fit un peu grimacer, le tissu en revanche était de qualité comme la précédente. Je me suis surprise à soupirer d’agacement, une robe encore, ne pouvait-il pas prendre des chemises et des pantalons ? Par les trois, pourquoi tous les hommes pensaient-il que le mot femme rimait avec robe ? Jetant un regard vers le baron, j’avais vérifié qu’il ne regardait pas dans ma direction avant de retirer ma tenue dégoulinante et d’enfiler la nouvelle, beaucoup plus sèche. N’ayant pas pris la peine de me sécher, le tissu collait légèrement à ma peau. Un nouveau soupir m’échappa. Hector ne perdait rien pour attendre. La chevelure humide, je m’étais appliqué à la relever, dans une espèce de chignon très brouillon, le faisant tenir à l’aide d’une branche emprunter à un arbuste.

Une fois la tenue en place avec un décolleté plus que gênant à mes yeux, j’étais revenu vers Hector, la mine déconfite par cette nouvelle épreuve, porter un corset ainsi qu’une robe rouge. Il ne perdait vraiment rien pour attendre ce noble. J’étais milicienne, pas… Je ne sais quoi. Enfin, je me suis installée sur les galets, lui faisant un signe de tête pour lui signifier que c’était à son tour de se changer. J’avais hâte de rentrer finalement, j’avais encore du chemin à faire si je voulais rentrer aujourd’hui sur Marbrume. Mère et mon cousin devaient se faire du souci, quoique j’avais quelque doute pour Arahaël, il avait plutôt l’habitude de me voir disparaître et d’esquiver les reproches de mère à mon sujet. Quoi qu’il en soit, l’heure était au retour et non à la découverte de nouvel élément.

- « A votre tour Hector. Ensuite, bien que tout ceci soit fortement agréable, il me faudra rentrer vers Marbrume. Mère doit être particulièrement inquiète. »

Une main sur un galet, je l’avais récupéré pour le faire glisser entre mes doigts, jusqu’à le lancer sans force pour le regarder heurter l’eau puis couler lamentablement. A présent, j’en étais certaine, Hector devait vraiment s’ennuyer seul dans son domaine, la visite devait être son unique source de distraction et là encore, au vu de l’éloignement de son habitation avec la ville, je doutais fortement que cela arrive suffisamment régulièrement. Assise sur le sol, j’attendais sagement que l’homme m’interpelle afin que je retourne à la charrette pour effectuer la route du retour. J’espérais revenir le voir tout de même, ce serait dommage de ne pas voir l’avancée de cette cour d’intérieur dont il rêve tant.

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Hector ne parvint pas à battre les sept rebonds de Sydonnie. Il dut en faire cinq tout au plus. Aussi, lorsqu'il passa à coté de la jeune femme à la robe rouge et séduisante, il ne put que lui dire :

- Vous avez gagné Sydonnie ! Vous êtes la reine des ricochets !

Et il alla se changer à son tour. A en croire le soleil, l'après-midi n'était pas trop avancée.

- J'ai le temps de vous ramener à Marbrume, Sydonnie. Mais allons-y vite, ne tardons pas !

Il rassembla ses affaires, la nourriture et sa hache et chargea le tout dans la charrette avant d'harnacher Gris-Poil. Il regarda Sydonnie se hisser à ses côtés, amusé de voir comme la jeune femme était gauche dans son bel habit écarlate, et lança Gris-Poil sur le chemin ! Cette robe, néanmoins, allait mieux à la milicienne que la précédente... Peut-être était-ce sa couleur ou la générosité de son décolleté ? Quelque chose rendait l'ensemble plus attrayant ? Hector était en train de réfléchir à cet intéressant problème lorsqu'un caillou sur la route fit sautiller la charrette.

- Je crois que vous prenez un peu d'aisance avec les tenues féminines. Vous portez fort bien celle-ci ! Enfin, elle vous va bien, en tout cas !

Ce qui était sûr c'est que le chemin légèrement cabossé éviterait aux deux humains de s'assoupir sur le trajet ! Hector sourit et lança une nouvelle conversation à propos des us et coutumes des Marbrumeux, les comparant avec ceux de son pays. Les deux amis s'amusèrent bien et le trajet leur paru fort court. Hector raccompagna Sydonnie jusqu'à la porte de son logement.

- Sydonnie, j'espère que nous vous reverrons. J'ai passé de bons moments en votre compagnie, prenez soin de vous !

Et il repartit sans trop attendre en direction de Sombrebois. La route presque côtière qui menait à son fief était relativement dangereuse, surtout à la nuit tombée, alors mieux valait ne pas s'éterniser ici. Et puis, comme il l'avait avoué à Sydonnie sur ce trajet, il n'avait pas envie de revoir Marbrume - et certains de ses habitants - tout de suite.

Le trajet du retour fut plus sombre. Aussi bien au niveau du temps que de l'ambiance. Hector n'aurait plus la doux sourire de Sydonnie à ses côtés. Il n'entendrait plus son cristallin de son rire, ni ne verrait la belle lueur d'intelligence de son regard - celle de Gris-Poil était bien moins évidente ! Il se contenta donc de conduire sa charrette, évitant les trous, les bosses et les cailloux du chemin. Il faisait attention à l'état de fatigue de son cheval, cherchait le juste milieu entre vitesse et endurance. Il arriva finalement à Sombrebois à la tombée du jour. Il eut juste le temps de rentrer son fidèle destrier dans son écurie pendant que le soleil se couchait. Il entra dans son château et avisa le bazar sur les marches de son hall. Il soupira et monta jusqu'à sa chambre en évitant de trébucher sur les éclats de bois qui jonchaient l'escalier. Il s'effondra dans son lit et entendit les sifflements du vent à travers le trou du toit. Il allait avoir encore beaucoup de travail avant d'avoir un château digne de ce nom !