[Mission] Utiliser pour mieux remonter [Terminé]

~ Début Mars 1166 ~
~ Cours extérieure du Manoir de Rougelac ~

L'hiver ne s'en était encore allé tandis que certaines réjouissances invitaient le Bon Peuple à se rendre dans la Cours extérieure du manoir de Rougelac. La météo se montrait clémente, fait rare en cette saison, mais une brise fraîche hantait les lieux en cette fin de matinée. Pour l'occasion, le terrain avait été aménagé avec soin, même si force est de constater qu'il n'était aussi vaste que dans les récits de joutes qui avaient pu être donné par le passé avant que la Fange n'apparaisse. Ainsi, grilles ouvertes, un petit chemin banalisé par des galets menaient les spectateurs vers une petite tribune en bois placée juste devant les marches du parvis de la demeure du sang-bleu. Face à la boiserie qui offrait un confort certes spartiate mais bien réelle, se trouvait un terrain qu'on avait remblayé d'une fine couche de terre battue. Tout à coté, une large tente avait été installée et dédiée aux jouteurs à en voir le mobilier qui y avait été soigneusement installé.

Les quelques domestiques du Comte avaient été réquisitionné pour l'occasion, la Gouvernante se plaçant devant les larges grilles pour accueillir les invités, jouteurs et nobles spectateurs. Pour les premiers, elle indiquait d'un geste du bras l'emplacement de la tente, tandis que la seconde catégorie était aimablement invité à emprunté le chemin qui menait vers la tribune. Comme à son habitude, le Comte de Rougelac laissait le soin aux différents protagonistes d’apparaître les uns après les autres avant de s'offrir le luxe de sa présence pour inaugurer l’événement qu'il comptait bien fructueux afin de redorer son blason terni par le temps.

D'une des fenêtre du Manoir, il épiait chaque allée et venue, donnant des consignes à ses domestiques au fur et à mesure que sa cours se remplissait. Ainsi, on offrait quelques rafraîchissement et saveur au publique afin de patienter, tandis que l'Intendant jouait le rôle de l’Hérault avant de s'enquérir des moindre sollicitations des futurs participants aux joutes. On attendait d'ailleurs huit combattants, sept homme et une femme, seulement aucun traitement de faveur ne fut offert à cette dernière, après tout pourquoi lui offrir ce luxe ? Surtout que celons les rumeurs, il s'agissait d'une milicienne nouvelle nommée sergente pour ses bons et loyaux services, elle saurait donc s'imposer dans ce monde de testostérones ?

Info MJtage a écrit:: Je vous propose à tous de faire un post d'entrée de votre personnage dans la cours. La saison étant encore fraîche, vous ait proposé des boissons naturellement chaudes et quelques douceurs pour les spectateurs sucré*salé, pas pour les jouteurs, faut pas être ballonné voyons!

Pour les jouteurs (Bérard - Scarrocci - Roderik - Sydonnie) :
- Vous devrez signaler durant votre introduction, à l'Intendant : votre nom, prénom, métier et arme avec laquelle vous allez participer.

Pour les spectateurs (Ulysse - Adélaïde - Roland) :
- C'est l'occasion de bavarder entre vous avant que l’hôte de cet événement ne vienne à votre rencontre :) Si l'envie vous dit, vous pouvez y décrire quelques pnj noble déjà sur place a votre arrivée

Ce fut dans la matinée que je me présentais devant l'imposant portail de la luxueuse résidence de Rougelac conformément aux instructions données sur les invitations à ce tournoi bien modeste mais toujours le bienvenu pour égayer ce morne et rude hiver. Emmitouflé dans une fourrure couleur fauve et vétu de mes atours les plus éclatants pour l'occasion, j'attendis patiemment que la gouvernante du comte vienne nous ouvrir les portes. Nous ? Quelle question ? Il était de notoriété publique que le baron de Sombreval ne se sépare que bien rarement de sa suite. Et ce n'était pas aujourd'hui que cela changerait alors qu'un évènement animerait le territoire de la noblesse. A mes cotés, mon compère de toujours ser Francis qui jouterait en mon honneur et mes quelques vassaux tous sur leur trente et un. Enfin mis à part le champion personnel qui se présentait tout équipé dans sa tenue de combat. Un homme d'arme de la compagnie tenait la bride du destrier de mon ami d'une main ferme. J'avais acceuilli la perspective de ne pas pouvoir participer au tournoi avec amertume et une volée de jurons qui n'aurait pas déparaillé sur les docks du port.

Cependant, j'avais fini par me faire une raison et étais bien décidé à savourer le spectacle de la lutte acharnée de fins connaisseurs de la joute. Oh bien sur cela ne vaudrait certainement pas les véritables joutes de l'ancien monde. Celles qui se voyaient contemplées par des comtés entiers de nobles voire tout le royaume. Celles qui voyaient des écuyers repartirent chevaliers par le mérite. Celles des vilains impacts potentiellement mortels ne rappellant que trop bien que la joute mimait l'affrontement sanglant qu'était la guerre. Ayant quelques tournois à mon actif, je m'étais fait une joie de renouer avec l'expérience en vain visiblement. Ce serait néamoins l'occasion de s'entretenir discrètement ou non avec le comte pour lui faire part de mes avancées dans notre arrangement. La vieille dame nous guida ensuite le long d'un chemin boisé et rien que de cette distance nous purent constater la magnificence locale. Mais puisque je ne pouvais rien faire comme les autres. Tandis que ser Francis partait s'installer dans sa tente suivi de Julian le borgne et que mes vassaux s'installaient déjà dans la tribune j'étais aller asticoter le héraut d'arme pour obtenir le nom des participants.

La gouvernante au regard sévère de femme ayant plus qu'une vie d'expérience tenta de m'indiquer les tribunes mais je ne bougeais pas d'un cil. Le hérault lassé de mes paroles me livra la nom et si un sourire étira ensuite mes lippes devant celui de Sydonnie celuic-ci s'effaca lorsque je recconnus celui d'une autre partie de ma vie. Bérard d'Ergeuil... Que dire de plus ? M'écartant des deux hotes, je rejoignis rapidement la tente de ser Francis au blason sable et barré d'une épée de jais. Un éclat de rire explosa semblable à l'orage lorsque mon ami entendit les récriminations et les mécontentements du Hérault.

"Tu ne pouvais pas te tenir tranquille chez ton ami de Rougelac ?" "Ferme là donc Francis et assis toi cela vaut mieux." "Pourquoi faire ? Tu sais que j'aime m'assouplir sous les plattes." "Bien sur puisque je te l'ai appris. Bon tu vas m'écouter !" "Oui, vas y Ulysse." "Tu vas affronter ma cousine ce qui déjà ne sera pas une mince affaire et à dire vrai si je pariais je mettrais mon or sur elle." "C'est vexant, humiliant mème. Après tout ce que nous avons vaincu ensemble cote à cote." "Préserve ton orgeuil mon frère. Tu te rappelles de Bérard ?" "L'écuyer de ton père qui a disparu du domaine en raison de ta capture par les Blanchedague ? Tu te joues de moi ?" "Absolument pas ! Alors toujours prèt à me rapporter le prix d'honneur ?" Je m'installais sur l'un des tabourets en face de Francis de Sombrelame et le coachais comme il l'avait fait tant de fois pour moi et Alexandre. Mon coeur se serra naturellement et le comprendant. Ser Francis versa quelques gouttes de son outre par terre. "Je devrais probablement aller prendre place dans les tribunes..." Mais, je n'en fis rien.

À chaque concurrent son petit rituel avant d'entrer en lice : là où certains s'étaient retirés sous de petites tentes annexes pour se concentrer sur le combat à venir, Bérard, quant à lui, demeurait sous le grand chapiteau où on l'avait accueilli tantôt, faisant les cent pas tout en moulinant nonchalamment de l'épée remise à son entrée, ainsi que de son bouclier, resté lui le sien. Pour un homme ayant passé sa vie à ferrailler avec la même arme, en changer lui semblait toujours bien étrange, comme si son propre bras était devenu subitement trop fort ou trop faible, que le poids au bout de ses doigts n'était pas juste.

C'était hélas le lot des tournois et autres combats galants, où, sans surprise, on tenterait de se mettre sur la tronche sans trop s'estropier, et pour cela se servirait-on d'épée d'emprunt prévues à cet effet. C'était du moins ce qu'avait supposé le grand blond, peu adepte des joutes en tout genre, lorsqu'il était venu se présenter ce matin devant la résidence du comte de Rougelac. « Bérard, chevalier d'Ergueil », avait avancé notre héros à l'adresse d'un factionnaire, qui avisant la dégaine élimée du nouveau venu, ne prit la peine de lui demander s'il venait pour combattre ou pour se divertir.

Car en effet, si pour certain l'un et l'autre pouvaient être synonymes, ce n'était guère le cas chez le grand blond. Il avait fait de son métier la guerre, la véritable, où l'on piétine dans la boue et les tripes, et dont on se passe bien lorsqu'elle n'est nécessaire. Ainsi, la perspective de faire des heures supplémentaires pour servir de spectacle à d'autres, quand il suerait sang et larmes, ne le réjouissait guère. On l'avait pourtant préparé à cela, durant son enfance au château des Sombreval ; mais sa vie avait pris un tournant bien singulier depuis. Ainsi, c'était de mémoire la première fois qu'il prenait part à un tournoi.

Le besoin, une fois n'est pas coutume, l'y avait poussé. Près d'un mois s'était écoulé depuis sa parution à Marbrume, et si après plusieurs péripéties, la situation du grand blond s'était quelque peu améliorée, une constante demeurait : il n'avait pas une thune. Lorsque l'opportunité parut de gagner quelques écus en combattant, avec un risque minime de finir embroché, l'homme ne bouda pas la chose.

Quoique ce fut moins risqué que d'affronter la canaille, Bérard n'en était pas moins nerveux. Ainsi, quoique d'ors et déjà échauffé, il continuerait son curieux manège jusqu'au début des combats, moulinant lentement dans son coin tout en se persuadant que c'était là pour apprivoiser l'arme, quand il ne s'agissait que de dompter ses propres angoisses.

- « Sydonnie, tu ne peux pas y aller tu es SERGENTE »
- « Ce n’est pas parce que tu hurleras ce grade encore et encore que cela changera ma décision. »
- « Tu es impossible Raoul aurait… »
- « Arrête, ne va pas sur ce terrain-là. »

La conversation s’arrêta presque immédiatement alors que Gauvin détaillait la désormais Sergente avec ce regard froid. C’était la condition, il devait la guider, il devait être là, c’était une femme, une putain de femme qui désormais avait le même grade que lui. Il la regarde de dos, alors qu’elle se changeait sans la moindre gêne, sans la moindre pudeur. Pas de privilège pour les femmes, tout le monde se changeait au même endroit, elle comprit. Sydonnie était devenue silencieuse, glissant sa lame à sa ceinture, elle se tourna légèrement alors qu’elle fermait le dernier bouton de sa chemise, qu’elle passait son haut de cuir renforcé. Gauvin savait pertinemment qu’il ne parviendrait pas à la faire changer d’avis, ne se rendait elle-même pas compte qu’elle représentait la milice, que ses agissements pouvaient avoir des répercutions sur la réputation de l’ensemble. Pour la première fois avec elle, l’homme sembla se montrer compréhensif.

- « D’Algrange, ça ne le ramènera pas, ce n’est pas ta faute. »
- « LA FERME Gauvin, la ferme. »
- « Bordel Sydonnie et si tu perds, si tu perds t’imagines la réputation des sergents. »
- « Je ne vais pas perdre. »

Et si c’était le cas, cela ne pouvait que lui faire du bien, dans le fond Gauvin en arrivait même à espérer qu’elle ne parvienne pas à gagner, parce que cela ne lui ferait pas du bien. Elle était perdue, même lui pouvait le voir, elle était complètement perdue, elle partait dans tous les sens. D’Algrange n’était plus la même depuis quelques jours, quelques semaines, depuis que son ami de Sergent avait tiré son dernier souffle dans ses bras. Elle semblait chercher ses limites, chercher une manière de se sentir encore en vie, encore utile, était-elle coupable ? Personne ne pourrait jamais le dire, cependant l’homme d’armes imposant ne pouvait qu’observer sa désormais collègue aller droit dans le mur. Prenant une légère inspiration il était venu déposer une main sur son épaule, serrant avec force ses doigts, pour lui faire comprendre qu’il n’était pas une si grosse ordure que ça. Après tout, elle était sergente maintenant. Pour combien de temps ?

- « Je t’accompagne » ordonna-t-il
- « Tu fais ce que tu veux Gauvin et ne fais pas semblant, pas avec moi. On sait tous les deux que tu n’as jamais supporté que je sois coutelières, alors sergente, pas à moi s’il te plait. »

L’homme s’était mis à ricaner avant de l’abandonner, s’autorisant une petite tape sur les fesses pour l’inciter à prendre la route. Le regard noir qu’elle lui avait offert lui avait tiré un sourire, finalement, tout n’était peut-être pas perdu, peut-être oui. La route fut silencieuse, dénouée de la moindre parole. Gauvin ne venait pas pour l’empêcher de participer non, il venait pour l’empêcher de tuer qui que ce soit une fois la fièvre du combat à son paroxysme. C’est que les excès de colère de la femme d’armes commençaient à faire du bruit, personne ne pouvait ignorer son tempérament de feu, encore moins depuis qu’on murmuré qu’elle avait agressé un noble dans une taverne, encore moins après qu’on est appris que le noble en question était son fiancé. Son fiancé bordel. Pauvre homme. Que la trinité le protège. C’est ce que Gauvin n’avait pas arrêté de penser, parce que même lui avait abandonné l’idée de dompter l’indomptable. La demeure de Rougelac avait fini par se dessiner et la question qui brûlait les lèvres à Gauvin avait fini par fuir ses lèvres.

- « Je croyais que tu ne l’aimais pas ? »
- « Je ne l’aime pas, mais je crois qu’il faut être encore plus proche de ses ennemis. »

L’homme avait secoué la tête, décidément elle était pleine de surprise. S’attaquer directement à Rougelac, c’était du suicide, un véritable suicide. Lâchant un soupir il avait fini par passer ensemble la grande porte, détaillant les personnes déjà présentes. Un clin d’œil fut octroyé à son cousin, alors que celui qui l’accompagnait se contenta d’un léger signe de tête. Elle avait été s’annoncer à celle qui prenait les inscriptions ou plutôt venait confirmer les inscriptions.

- « Bonjour » souffla-t-elle « Sydonnie d’Algrange, épée longue et courte. » elle hésita avant de reprendre « Sergente dans la milice intérieure. »

La dame releva le regard vers la silhouette féminine, sans ne faire preuve d’une quelconque maladresse. Son regard avait suffi pour laisser percevoir son étonnement ce qui agaça déjà la noiraude. Elle s’éloigna ensuite de quelques pas, toujours en compagnie de Gauvin qui ne pouvait s’empêcher de regarder autour de lui, recherchant les éventuels adversaires, afin d’évaluer ses chances. La conversation avait repris naturellement :

- « Sydonnie, tu ne tues personne on est d’accord ? Et tu n’agresses personne non plus, il va vraiment falloir que tu.»
- « Gauvin. C’est une joute, je ne vais pas charcuter mes adversaires, merde, je sais me tenir. »
- « J’ai quelques doutes… »
- « Tu fais chier toi aussi. »

Il avait éclaté de rire soudainement, secouant doucement la tête, en se répétant simplement l’affirmation qu’elle avait dit juste avant « je sais me tenir » tu parles. Elle savait aussi bien se tenir qu’un ivrogne dans les bas quartiers… Le duo s’éloigna un peu, le temps pour elle de prendre son souffle, de se canaliser, mais aussi pour Gauvin de lui donner quelques derniers conseils, il se laissait finalement volontiers prendre au jeu et s’autorisa même un petit entraînement rapide avec elle sur le côté. Pour la chauffer, la faire, ressentir ce petit début de plaisir qu’on ressentait lorsqu’on avait un véritable adversaire. Peut-être qu’elle gagnerait, peut-être pas, dans les deux cas il était convaincu que cela débloquerait quelque chose chez elle, que c’était un moyen de rendre hommage à celui qu’elle remplaçait désormais. Sergent d’Algrange. Merde, il n’aurait jamais cru entendre ça un jour.

Information:

Roland avait reçu l’invitation pour prendre part à de nouvelles réjouissances dans le quartier de la noblesse. En effet le Comte Victor de Rougelac, que l’héritier connaissait un petit mieux à présent, ayant tous deux échangés lors d’une séance d’apprentissage à la monte offerte par le Comte de Rivefière, avait organisé un tournoi de joutes à l’intérieur même de son domaine. Roland se prépara donc à s’y rendre, vêtu un peu plus noblement qu’à ses récentes habitudes. Les couleurs étaient un peu moins mornes, il revêtit par dessus le tout un long et beau manteau d’hiver, de couleur bleu nuit. Les vêtements longs de la sorte, ne faisaient qu’allonger une silhouette déjà assez majestueuse. Il incarnait la classe et il le savait. Arrivé dans la cour du domaine Rougelac, il ne fut pas surpris de voir quelques têtes se retourner sur son passage. Il salua les nobles qu’il connaissait, lorsqu’une veuve, bien jolie mais quelque peu collante, le rejoignit. Il prit donc le temps, par politesse, de bavarder un peu avec la gente dame, mais fut pour le moins troublé par l’apparition de Sydonnie d’Algrange. Alors donc elle participait au tournoi… Leur entente était redevenu un tantinet cordiale, bien que le noble guerrier restait pour le moins troublé par leur rencontre au Hérisson Mélomane. Il avait bien envie de lui envoyer un pique, lui disant qu’elle avait peut être trouvé le moyen de maîtriser sa colère, en prenant part à un tournoi de lutte, ou quelque chose du genre. Mais il se ravisa, il n’avait pas envie de la déstabiliser en pareille situation. Il déserta la veuve éplorée, qui en voulait très certainement à sa personne, prétextant son devoir d’aller saluer un partenaire financier. Roland se dirigea à présent vers le buffet servi, il contourna quelques personnes, saluant quelques autres et surprit une conversation.

… "Tu vas affronter ma cousine ce qui déjà ne sera pas une mince affaire et à dire vrai si je pariais je mettrais mon or sur elle."…
Sa cousine ? Le Comte ne put s’empêcher de faire le rapprochement… Sydonnie était visiblement la seule femme à participer, Elle-même lui avait dit qu’elle n’avait plus qu’un seul membre de sa famille, un cousin éloigné du nom d’Ulysse de Sombreval. Il avait retenu son nom, mais pas son titre, ne se rappelant guère d’ailleurs si elle le lui avait dit. Quoiqu’il en soit, Roland décida de se présenter à lui, évitant ainsi que la veuve revienne à la charge.

- « Pardon de vous importuner, je me présente, Roland, Comte de Rivefière. Si je ne m’abuse, je pense ne pas me tromper en affirmant que vous êtes le cousin de Sydonnie d’Algrange ? Elle m’a parlé de vous, qu’en éloges, je vous assure. J’ai donc jugé bon de me présenter à vous. »

Il sourit sincèrement, salua par la même occasion, l’homme qui était à proximité du noble.

Roderik traînait les pieds, il s'était inscrit à un tournoi organisé par un noble ... oui, à son âge participer à une telle entreprise était dangereuse mais qu'importe, sa coutilerie avait était décimée il y a peu et il était maintenant à Marbrume attendant son nouvel ordre de mission ... il devait donc s'occuper l'esprit et les bras.

Le jour du tournoi de Rougelac était arrivé ... d'ailleurs Roderik se demandait pourquoi un noble à la réputation si entâchée faisait ce genre de chose ... en plus, il refusait les nobles lors de cette joute, baaah ! Il s'en fichait bien de savoir pourquoi, il voulait combattre autre chose que des Fangeux ... au moins les hommes avaient des faiblesses.

Le paysan milicien arriva alors un peu plus tard que les autres concurrents, il avait eu besoin d'une pinte de bière avant de venir ... ouais, il avait traîné dans la taverne place des pendus avant cela, histoire d'oublier les horreurs qu'il avait vu et les cris qu'il avait entendu ces dernières semaines, ses camarades qui avaient péris sous les griffes des Mordeurs, bon sang ... allez, il fallait allez se dégourdir tout ça.

Il s'approcha alors de l'intendant quand il arriva enfin dans la demeure du Comte et n'eut même pas un sourire ou même l'obligeance de regarder celui qui était en charge des inscriptions, il était plus intriguer par les participants de cet événement.

"Salut, Roderik Montignard, une Faux." Il mata la réaction de l'intendant qui avait sourcillé mais il nota tout de même."Chair à canon d'la Milice Extérieure."

Une musique enjouée résonnait dans la cour, tandis que des cris de joie et des rires faisaient vibrer cette dernière. Pendant ce temps une jeune femme observa doucement la cour qui se remplissait de plus en plus d’une fenêtre du manoir. De nombreuses âmes s’étaient déplacées pour regarder le spectacle. Un spectacle dégoutant dans l’esprit de la Baronne. Pourquoi les hommes étaient-ils aussi enthousiastes à l’idée de se battre en eux? N’y avait-il pas assez de créatures grouillantes à s’occuper. La jeune femme soupira en fermant les yeux. Décidément cette journée n’allait guère être passionnante. Son fiancé avait insisté pour qu’elle fasse acte de présence, lui disant que c’était son devoir… Elle avait du accepter à contrecoeur, tentant tant bien que mal que chaque situation nouvelle, chaque problème à résoudre amène avec lui l’opportunité rare d’apprendre quelque chose de nouveau. Qui sait? Peut-être qu’elle apprendrait aujourd’hui quelques choses qui pourraient mettre fin à ses fiançailles non désirées?

Adelaïde ferma les yeux une nouvelle fois, pendant que Bathilde, sa dame de compagnie replaçait pour la énième fois ses longues boucles brunes sur sa capeline. « Voilà, vous êtes prête! » La baronne ouvrit les yeux rapidement et prit les gants que sa dame de compagnie lui tendait, avant de les enfiler doucement. « C’est curieux que le Comte vous fasse attendre aussi longtemps! Il y a beaucoup de gens qui sont arrivés déjà. » Adelaïde lui fit un sourire amusé avant de poser son regard azuré sur la jeune femme qui se trouvait devant elle. « C’est normal, il veut faire une entrée grandiose! »Dit-elle d’un ton légèrement sarcastique. « Crois-moi il n’aurait pas demandé ma présence si j’étais un laideron. » Bathilde retint un fou rire, bien consciente que sa maîtresse avait raison, puis se déplaça dans son dos pour lisser une nouvelle fois la traîne de sa robe sans ajouter un mot. Mieux valait ne pas trop taquiner la baronne lorsque cette dernière n’était pas de bonne humeur. Et quelle humeur! Le fait que Victor la force à venir à cet événement la dégoutait au plus haut point. La mauvaise foi est toujours nécessaire à quiconque veut d’un état médiocre s’élever au plus grand pouvoir. Adelaïde comprenait son fiancé. Ce dernier souhaitait s’acheter l’amour du peuple et quoi de mieux pour améliorer sa réputation que d’amuser la grande foule! De les rendre aveugles pour mieux les diriger… Ce qui était le plus étonnant, c’est que même des nobles étaient venus profiter de cette petite fête. Elle avait même cru apercevoir la crinière rousse d’Ulysse de Sombreval à travers les rideaux…

Au bout de quelques minutes, la gouvernante apparut finalement dans le petit salon. Son visage rougeâtre ne laissait rien au hasard, la pauvre femme courrait dans tous les sens pour rendre cet événement spectaculaire. La petite femme potelée se redressa rapidement, et prit quelques secondes pour reprendre son souffle avant de s’exclamer; « Vous êtes prête, Mademoiselle de Rougesoleil? » Adelaïde soupira avant de prendre une expression froide. Elle se mit à marcher vers le hall d’un pas déterminé avant de contourner la bonne femme sans lui jeter un regard. « Allons-y que l’on en finisse. » La gouvernante eut un air choqué, comme si la Baronne venait de combattre un des pires impairs qui soient. Mais elle s'en fichait... que pourrait-elle faire de toute façon? Raconter son écartade au Comte? Qu'elle le fasse! Cela lui donnerait une raison de plus pour annuler son mariage. Tandis que Bathilde ne put s’empêcher de sourire avant de suivre son amie. Décidément cette journée serait haute en couleur...

- Attendez attendez, comment ca, je n'ai pas le droit à mon épée ?!

L'intendant qui était en charge de l'acceuil et de la distribution des armes regarda Scarocci d'un regard vide et particulièrement blasé.

- C'est le réglement messire.
- Mais... voyons ! Cette arme légendaire... je ne peux pas la laisser ainsi, loin de mes yeux, sans surveillance !

Comme pour appuyer son argument, Scarocci montrait son épée légendaire, Gae Bolg, qui, aux yeux de l'intendant, ressemblait à n'importe quelle autre épée. Il n'était pas inquiet par les gestes de celui qui se prétendait chevalier. L'intendant avait vu défiler de nombreux hommes et femmes, et cet aimable crétin n'émettait pas la moindre onde de danger.

- Messire, il s'agit d'un tournoi loyal.

Scarocci Corbera se tut immédiatement. Derrière son masque en cuir, qui cachait l'intégralité de son visage si ce n'est deux yeux bleus injectés de sang, l'intendant pouvait lire colère et confusion.
- Insinuez vous que je suis...
- Messire, serait-il juste pour vous d'utiliser une arme aussi légendaire que Dage Log...
- Gae Bolg
- Gae Bolg alors qu'ils... il jeta un oeil à la seule participante féminine du tournoi, et elle utilisent des armes normales.

Le participant masqué et à la grande cape beige -recousue ici et là- sembla réfléchir. L'oeil aiguisé de l'intendant lui fit comprendre que son interlocuteur n'était pas habitué à cette action.

- Hum... ca me semble juste ! Je vous confie donc mes armes. Faites-y bien attention ! Je prendrais deux de vos épées à une main !
- Scarocci Corbera, chevalier itinérant d'Arcadia, inscrit ! clama l'intendant, prenant son travail très au sérieux.

Une fois ses armes recues, Scarocci décida de faire un petit tour de chauffe afin de voir qui seraient, non pas ses adversaires, mais ses compagnons de jeu. Traînant sa patte folle derrière lui, le chevalier avait troqué son habituelle et symbolique armure d'acier pour de simples chausses et une armure de cuir renforcé, comme tout le monde ici.

Refusant de montrer son visage, il avait eu droit -après beaucoup d'insistance- à une dérogation, et portait un masque de cuir et de tissu. Avec ce dernier et sa grande cape blanche, il était définitivement l'adversaire le plus mystérieux de ce tournoi.

Il regarda les gradins. Pas encore remplis, mais avec déjà quelques spectateurs et spectatrices, tous nobles. Beaucoup discutaient, et il pouvait sentir les complots et mascarades émaner de cette foule d'intriguants. Certains le regardait en chuchotant.

Peut-être reconnaissaient-ils le demi-finaliste du tournoi des Preux, il y a une paire d'année ! Il leur fit un grand salut de la main.

- HOLA, GENTES DAMES ET DAMOISEAUX ! ETES VOUS PRETS ?!

Des rires francs, quelques holas et beaucoup de regards silencieux, curieux, ou un peu méprisants, furent la réponse. Il rigola, toujours aussi fort qu'a l'accoutumée, et jaugea ses futurs partenaires de jeu. Une... femme. Il soupira. Tristesse que des femmes se mettent à se battre ! Mais il était ici depuis assez longtemps pour reconnaître la seule femme bien gradée et vétéran de la milice, pour savoir qu'elle était une adversaire redoutable. Les femmes étaient faibles, et devaient se battre deux fois plus qu'un homme pour obtenir du respect.

Elle avait le sien.

Puis, l'aviné, qui s'était inscrit avant lui. Une faux ? Pitoyable arme tout juste bonne à tuer les plantes et les céréales. Cet homme, pour l'utiliser face à des humains, était soi complètement stupide, soit mortellement habile à son maniement. Dans tous les cas, une manœuvre aussi osée impressionnait positivement Scarocci Corbera.

Et l'autre. Un blond, solide gaillard aussi grand et large que Scarocci. Seul, il semblait ruminer dans son coin. Naturellement, le chevalier sans cheval -Bidigon étant attaché à l'écurie, profitant d'un tas de foin conséquent- s'avanca vers lui. Scarocci n'était pas très sage, souvent dans la lune et confus. Mais il savait lire les émotions. Colère enfouie, inquiétude...

- HOLA MON BRAVE ! dit-il en arrivant dans le dos du solide gaillard. Raide comme la justice, souriant à pleines dents derrière son masque, il regarda le blond de pied en cap.

- Première fois ?

Nul joie ! Nul engouement ! Que faisais cet homme à un tournoi, s'il n'était pas pressé d'affronter ses compagnons, pour boire ensuite un verre avec eux ?

Il planta une de ses épées dans le sol, avant de tendre sa main.

- Scarocci Corbera, prince d'Arcadia, pour vous servir ! Je vous sens tendu ! N'ayez crainte ! Ce petit tournoi n'a rien de sérieux ! Les gens ont besoin de s'amuser, de se changer les idées ! Nous sommes ici pour nous donner en spectacle ! Les faire s'exclamer, frisonner, crier de joie et pleurer devant nos fabuleuses passes d'armes !

De plus en plus théatral, sans vraiment laisser au blond l'occasion de répondre, il continua.

- Nous sommes ici pour compter une histoire ! Quel rôle comptez vous jouer ici mon brave ?

Scarocci n'était pas malin, mais il n'était pas bête. 8 participants ? Uniquement des nobliaux comme spectateurs ? Il savait différencier les vrais tournois, brutaux, massifs, fêtes populaires, de ce... petit spectacle.

Et il adorait cette idée.

De son poste d'observation, le Comte de Rougelac épiait méticuleusement chaque personne franchissant les grilles de sa propriété. Nobles gens venus se divertir, hommes d'armes venant prouver leur valeur, le coktail était détonnant car y aurait cru qu'un organise dans sa propre cours un tel tournois et plus encore le fameux Comte de Rougelac à la réputation douteuse ! Dans son costume d' obsidienne immaculé, le quadragénaire, mains jointes dans son dos, semblait pensif et curieux à la fois.

Observant chaque jouteur, certains visages lui étaient familier tandis que d'autre non, mais c'était bien intéressant de voir comment chaque participant se préparait, s'entrainait avant l'entrée en lice. Pour dire vrai chacun semblait s'attacher à des traditions, des méthodes qui leur était propre. Si un sourire satisfait naquit sur ses lèvres, apercevant même l'arrivée d'un de ses noble allié qui avait présenté l'un de ses homme pour le tournois, il fronca pourtant un sourcil à l'apparition de la seule participante féminine, serrant le point.

- D'Algrange... soit maudite. Je vais...

Une large main se posa sur son épaule droit, il s'agissait de son homme de main, un colosse qui n'était guère loin d'atteindre les deux mètres, presque une montagne de muscles vu sa carrure.

- Maître, gardez votre calme. Elle n'attend sans doute qu'un faux pas de votre part. N'essayez point de truquer le tournoi, vous en seriez tenu pour responsable si d'aventure il lui arrivait malheur.

Murmura Hans Wriggel dans le dos du noble dont le poing se détendit alors. Soudainement son regard se porta sur un homme masqué qui semblait adepte de ce genre d'événement et faisait comme qui dirait son petit show devant une tribune déjà à moitié rempli. Il rejoignit d'ailleur un autre homme qui semblait concentrer sur les épreuves à venir. Finalement, Victor plissant les yeux en voyant le dernier participant un faux à la main. Amusé, il lâcha.

- Ma pelouse est pourtant bien taillée.

Puis finalement au bout de quelques minutes, l'homme se décida à quitter son perchoir pour gagner le petit salon où devait l'attendre sa fiancée qu'il avait plus ou moins contraint à faire acte de présence, malgré l'animosité qui demeurait entre eux. Apparaissant tandis que l'intéressée se montrait sous de magnifique atours, une dame de compagnie fignolant certains détails, il s'approcha d'elle pour lui tendre son avant bras.

- Il est temps mademoiselle. Que cela vous plaise ou non, vous êtes ma fiancée et vous saurez respecter vos devoir. Oh et... vous êtes splendide, comme toujours.

Non sans lui adresser un regard inquisiteur, de Rougelac espérait qu'elle se comporte à la hauteur de son rang pour cette première sortie publique du couple Rougelac - Rougesoleil. Ce fut donc dans une démarche altière, le menton levé, promise à son bras qu'il apparut au perron de sa demeure, prenant la pose un instant avant de descendre les quelques marche pour s'offrir son bain de foule auprès de la noblesse de l'Esplanade au bras de l'élégante Baronne de Nerra. Il y avait du beau monde et il espérait faire sensation au bras de la jeune femme. De Rougelac enfin en passe de se marier ? Rien n'était moins sûr, sa précédente fiancée avait été portée disparu dans la Fange... tandis que sa précédente encore lui souhaitait tous les malheur du monde.

L'arrivée de l'organisateur contraint alors l'Intendant et Herault pour l'occasion, de dresser la revue des participants. Tout semblait en ordre et aucun retardataire à l'horizon. Alors qu'un domestique finissait d’aménager les derniers détails sur la scène de joute, l'Intendant se rapprocha de son seigneur pour le laisser tirer au sort les futurs duels pour ce premier tour. Evidemment, seul Ulysse et Victor était dans la confidence d'un tirage au sort tronqué d'avance au sujet de Sydonnie d'Algrange.

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Citation :: ~~ NOTE MJ ~~
Je vous laisse encore un tour pour bavarder, faire les beaux / intimider etc...
Le Herault vient vous voir pour vous informer individuellement de l'adversaire que vous allez rencontrer.

Pour les spectateurs :
- Victor vient donc au bras de sa fiancée et parade donc en vous saluant chacun votre tour comme également l'ensemble du reste de l'assemblée. Vous pouvez encore échanger entre vous avant de gagner la tribune.

Pour les jouteurs:
- Victor vient également vous saluer. Vous souhaitant une bonne compétition. Evidemment il jouera le faux cul avec Sydonnie . Il se rappellera du demi-finaliste du tournoi des Preux et pour nos deux autre compères qu'il ne connais pas encore, n'hésitez pas à broder à votre sauce.

Bref, continuez sur votre belle lancée car franchement, vous avez assuré tous et toute pour cette mise en bouche! Broder, soyez imaginatif, éclatez-vous avant que les choses sérieuses commence

Ps : Adélaïde, tu peux évidemment utiliser Victor dans ta réponse comme bon te semble (dans la limite du raisonnable) hihi

La grande tente sous laquelle les combattants s'étaient rassemblés bruissait d'activité. Petit à petit, certains accompagnés tels des poulains par leurs jockeys, d'autres seuls, chacun vint s'annoncer auprès de l'intendant et prit les armes qu'il emploieraient dans la tournoi. Bérard n'avait pas été le seul à regretter son épée fidèle, mais là où il s'y était résolu placidement à la laisser sur le côté, un autre, le dernier arrivé sous le chapiteau, se fit plus bruyant - il n'en revint pas moins à la raison et se défit de sa brette.

Alors que chacun affluait sur place, le grand blond cessa peu à peu ses va-et-viens. Non qu'il désirât se cacher du regard des autres, mais c'était simplement l'espace qui venait à manquer. Si d'aucuns semblaient jouir du luxe de petites tentes annexes, ce n'était pas le cas de Bérard, qui pour éviter d'éborgner quelqu'un avant même que les hostilités ne débutent, rengaina son épée. Le spadassin s'employa dès lors à réviser l'état de son armure, s'étonnant au passage du peu d'hommes qu'il voyait pareillement revêtus. Les autres concurrents étaient ils tous certains de leur talent au point de délaisser quelque protection ? Ou bien se figuraient-ils un combat de parade, pour le seul amusement des quelques nobliaux venus y assister.

Cela ne manquait de dérouter Bérard, qui fut bien vite apostrophé par le dernier venu, le même gueulard qui avait chicané au sujet de sa lardoire tantôt. Ce drôle d'oiseau, à une faconde démentielle, rajoutait l'incurie de se grimer en quelque arlequin, ou on ne sait trop quoi. Aux précédents doutes du grand blond, le bouffon répondait assurément par l'affirmative, et lui qui s'était d'ors et déjà montré comme un rodomont bruyant confirma la première impression en gueulant sur un Bérard des plus grave.

C'est en un long soupir que le grand blond se coltina la logorrhée hâbleuse du drôle, lequel se montra dès lors être une parodie de geste chevaleresque, pérorant sur l'importance de faire bon spectacle et mener de galantes joutes. Alors que le gandin lui demandait quel rôle entendait-il jouer dans cette ridicule farce, Bérard s’apprêtait à lui répondre d'aller se faire endauffer pour le savoir. Il ravala son insulte pour la fleurir un peu plus, répliquant plutôt à son interlocuteur que « Si c'est pour amuser la galerie que t'es là, mets toi une plume dans le cul et fais leur une petite danse, ça les divertira plus. »

La pique n'était pas très spirituelle ; à vrai dire, le grand blond ne l'avait pas voulue ainsi. Surpris dans un moment peu favorable, le spadassin ne désirait guère causer, encore moins avec un hurluberlu de l'acabit de messer Corberra, le prince d'on-ne-sait quel trou du cul du monde, réjoui à l'idée de se trouer la peau pour l'amusement des masses. Crachant à terre, Bérard prit sèchement congé du connard au masque.

C'est que la situation s'y prêtait, car bientôt le maître des lieux fit surface, ou du moins put-on l'entendre arriver. Depuis la tente des concurrents, il était encore impossible au chevalier de voir le visage de leur hôte, néanmoins l'agitation ne se souciait guère du tissu qui les séparait, et l'écho des acclamations retentissant. Bien vite, les familiers du comte reparurent sous le chapiteau pour annoncer vérifier que chacun se tenait présent et prêt à combattre, ainsi que pour leur annoncer lequel serait leur premier adversaire.

Pour Bérard cependant, la chose ne l'avança guère, lui à qui on lâcha un prénom dont il ignorait tout. Incapable de mettre un visage sur celui-ci, le spadassin n'était sûr que de deux choses : il n'affronterait pas tout de suite la seule femme du lot, ni le fanfaron qui l'avait accosté.

- « Rougelac » fit-elle dans un premier temps « Je suis ravie de vous voir moi aussi, je ne pouvais guère résister à cette envie de vous revoir. Notre dernière rencontre m’a profondément marqué, j’ignore pourquoi celle-ci n’a pas été renouvelée, il faudra rapidement remédier à ça, peut-être après le tournoi ? N’est-ce pas ? » coulant un regard vers celle qui était à son bras elle ajouta « Madame, veuillez accepter tout mon respect, vous êtes une femme particulièrement... courageuse. Je suis ravie de rencontrer celle qui deviendra prochainement Madame Rougelac.»
- « Monsieur de Rougelac, c'est un honneur. Madame, de même » fit Gauvin sagement.

Tirant un sourire, elle le regarda attraper sa main pour déposer ses lèvres dessus, ses sourcils s’étaient froncés légèrement. N’aimait-elle guère voir ce comportement sur elle, devait-elle s’y faire cependant, elle était une femme, une simple femme dont le nom trahissait encore l’origine noble. Prenant une légère inspiration, elle ne conserva guère longtemps l’attention de l’organisateur. Attendant qu’il soit suffisamment loin pour reprendre la parole, ses deux prunelles claires détaillèrent Gauvin qui dévisageait au loin le désormais fiancé de sa collègue.

- « Tu devrais peut-être saluer ton… enfin, tu vois, pour sa réputation et la tienne aussi. »
- « Il n’a cas venir lui, non ? »
- « D’Algrange… Par la Sainte Trinité comment fait-il pour te supporter ? »
- « Je te rassure, il ne me supporte pas et c’est réciproque. »

Mentait-elle un peu, certainement, puisque si en effet les choses avaient très mal commencé entre eux, la dernière rencontre avait dû adoucir un peu les choses. Son regard c’était attardé sur Roland, pour se décaler sur son cousin, ses lèvres s’étaient pincés, n’aimait-elle pas forcement voir les deux hommes échanger sans être en mesure d’intercepter la moindre parole. Gauvin secouait la tête de droite à gauche, ne comprenant définitivement pas les agissements de la nouvelle Sergente, il y allait encore avoir pas mal de travail pour l’observer s’adoucir et ce comportement pleinement comme elle le devrait.

- « Tiens regarde, c’est un membre de la milice, de l’extérieur, il me semble… Ro..Quelque chose, je crois, tu devrais aller le saluer. »
- « Tu connais tous les membres de la milice ? »
- « Au minimum de vu, c’est quelque chose que tu vas devoir apprendre toi aussi. Tu es sergente d’Algrange, tu as raison cela ne me fait pas particulière plaisir, mais tu dois assurer maintenant. »

Assurer. Le mot se répéta un moment dans l’esprit de la femme d’armes, prenant une légère inspiration, elle avait fini par se déplacer vers le milicien. Sans sourire, sans montrer un quelconque intérêt aux autres, ni même à ce chevalier qu’elle devait connaître de vu et qui avait un caractère plutôt surprenant. Se plaçant face à l’homme qu’elle ne connaissait pas et qui semblait être un peu plus âgé qu’elle –en apparence au minimum-, elle tendit simplement sa main avant de prendre la parole.

- « Cela fait plaisir de voir un autre membre de la milice. Cela manquait un peu de savoir-faire ici, non pas que je doute que les autres concurrents soient particulièrement doués, mais… notre milice est une valeur sûre, n’est-ce pas ? Sydonnie d’Algrange, sergente de l’intérieur. » Souffla-t-elle un brin malicieusement
- « Gauvin, Sergent de l’intérieur aussi. Bon courage pour vos combats. Une manière de pallier l’ennui en attendant votre prochaine affectation, je suppose ? »

Gauvin avait pris une posture tout autant sérieuse, glissant ses mains dans son dos, prenant une posture bien droite et imposante. Du coin de l’œil Sydonnie l’avait observé faire, tentant bien maladroitement de faire de même, ce n’était pas franchement naturel, mais c’était déjà ça. Faisait-elle un effort au moins.

- « J’espère que nous n’allons pas nous affronter tout de suite, ça serait triste. J’espère qu’on se retrouvera pour la finale, je compte sur vous pour faire honneur à notre Duc. »

- Si c'est pour amuser la galerie que t'es là, mets toi une plume dans le cul et fais leur une petite danse, ça les divertira plus.

Scarocci Corbera resta parfaitement immobile et silencieux après la réplique agacée de l'homme. Il passe un court moment à se visualiser en train de danser, avec une plume dans le cul.

Il explosa de rire. Un rire franc et fort, puissant et continu, alors que son interlocuteur s'en allait.

- MUHAHAHAHAHA ! Elle est géniale ! Allez, bonne chance mon brave ! Je viendrais vous encourager !

Le sourire aux lèvres, rigolant encore de temps en temps en repensant à la bonne blague de cet homme, il revint vers le reste des gens. Il n'était pas là pour être seul dans son coin ! L'organisateur du tournoi était venu rejoindre les combattants pour se présenter. Ah ! Parfait ! Scarocci avait beaucoup de choses à lui dire. Mais il resta patient, attendant que Victor de Rougelac, et la belle femme brune présente à son bras (son épouse ? il ne suivait guère les histoires de nobles) arrivent vers lui.

Ils se présentèrent. Adelaïde de Rougesoleil...il la fixa pendant quelques secondes, comme pour graver dans sa mémoire l'association du nom et du visage, avant de reporter son attention sur Victor. Sa voix était à peine étouffée par son masque de cuir, alors que sa grande cape beige et blanche flottait doucement derrière lui, portée par le léger vent qui planait dehors.

- Enchanté ! C'est un plaisir et honneur de rencontrer l'organisateur de ce tournoi ! Une grandiose idée, vraiment ! Les gens ici ont besoin de distraction, de rêves, d'un peu de frissons ! Comptez sur moi pour assurer le spectacle, quitte à devoir perdre en beauté pour ça ! Tournoi ou pas, nous ne sommes pas ici pour nous entretuer !

Lorsque Victor lui confia se souvenir de lui, le visage invisible de Scarocci s'illumina.

- Oh, vraiment ? Haha, c'était un beau tournoi ! J'avais affronté une milicienne d'ailleurs.. mal terminé pour elle... mais oui, notre duel avec Alexandre de Terresang est entré dans les annales !

Il posa sa main droite sur son épaule gauche, et fit quelques gestes afin de se détendre. Sa voix devint plus grave, plus sérieuse, et la joie communicative de sa voix sembla s'évanouir dans un souffle, alors qu'un être plus sérieux et complètement au fait des réalités de ce monde semblait prendre possession de son corps.

- Nous étions ensemble lors d'un expédition contre des bannis... sale histoire par contre... beaucoup de braves morts pour rien...

Son regard devint sombre. C'était un de ses plus mauvais souvenirs de sa présence à Marbrume. Il était venu se réfugier, pitoyablement, chez Sélène, restant plusieurs jours à l'intérieur. Il avait détesté sa faiblesse, la mauvaise organisation de l'expédition, la lâcheté de certains... Puis, il revint au présent.

- Enfin ! Aujourd'hui est jour de fête ! Alors comptez sur moi pour y faire honneur !

Il s'inclina bien bas devant Adelaïde de Rougesoleil.

- Mes respects madame ! J'espère que vous profiterez bien du spectacle !

Lorsqu'ils prirent congé les uns des autres, il leur tourna le dos, et s'éloigna, trainant sa jambe gauche derrière lui, boitant vers les autres participants afin de les saluer.

"Te souviens tu de ce duel face au seigneur de Cassis du Pontfroid ?"
"Si, je m'en souviens ? Pour sur que je m'en souviens ! Comment oublier un tel spectacle ?"
"L'homme a vieilli mais serait encore capable de gagner une dizaine de mélées."
"Une bonne chose qu'il ait survécu à notre exil dans l'horreur !"
"Oui, une excellente chose mon frère."
"Tu aurais peut-ètre du lui dire de venir combattre en ton nom."
"Tu es bien meilleur que lui d'une part et d'autre part c'est de ta finesse d'esprit dont j'avais besoin."
"Ma finesse d'esprit à un tournoi ? Te moquerais-tu Ulysse ?"
"Non, je profite de tes traits fameux en cet instant précis mais te connaissant le public en aura pour son argent n'est ce pas ?"
"Dis moi s'il y a quelques sirènes de noble naissance dans l'assemblée."
"On ne se bat bien que lorsqu'il y a une femme dans l'histoire Francis ? Je croyais que les temps avaient changés."
"Ils l'ont mais pas moi. Et puis, de toute manière tu t'inquiètes pour rien. Tu sais bien que le panache coule dans mes veines. Mais cette armure aurait eu plus d'allure avec une faveur."
"Eh bien je ne doute pas que tu trouveras une reine de beauté à couronner mais évite de le faire de notre hotesse."
"Véxé de ne pas avoir remporter la mise ? Il faut convenir qu'elle est superbe. Je pensais que le veuvage te plaisait bien."
"Certes non. Mais, je ne suis pas sur que le comte de Rougelac apprécie. Je suis son obligé tu ne le sais que trop bien."
"Son associé plutot. Ne te déprecie pas. Il le te devra beaucoup. Mais, j'ai compris le message. Je dédicacerais ce qui sera loin d'ètre un exploit à une autre."

Nous éclatames de rire de concert devant un souvenir commun tiré d'une joute ayant eu lieu de nombreuses années auparavant alors que nous n'étions que deux jeunes chevaliers tout juste adoubés et insouciants. J'observais mon meilleur ami effectuer des moulinets de son épée droite avec une habileté routinière d'un air paisible comme si cela n'était qu'un vulgaire échauffement physique bien plus qu'un rituel d'avant duel ou un exercice d'entrainement. Après tout, c'était réellement le cas. Nous étions des Griffons, des hommes d'armes libres du duc et à présent membres de l'ordre d'Astre d'Azur. Lorsque nous ne quittions pas la douce protection de l'enceinte magistrale de la cité pour aller battre la campagne et les marais pour combattre la fange, nous nous entrainions à la caserne et lorsque nous ne le faisions pas quelques soirées trop arrosées se finissaient parfois en duels dans les bas-quartiers. Gens de guerre avant le fléau et ses affres, ce dernier avait fait de nous des soldats permanents. Je n'avais aucun doute sur la valeur de ser Francis de Sombrelame mon acolyte de chaque instant. Laissant un instant mon premier frère d'arme faire quelques enchainements de son poignet, je me placais sur le pas du grand pavillon pour obsverver la lice et les gradins. La résidence de Rougelac était splendide faisant allégrement passer mon manoir pour une modeste bicoque.

Je notais la mine couturée et rude d'un vieil homme, soldat de profession certainement bien que l'arme dans sa main m'interloquait un instant. Une faux ? Hum, un brin original mais pourquoi pas. J'avisais également un chevalier masqué à la carrure impressionnante et un sourire amusé étira lentement mes lippes devant la réponse que lui asséna un blond tout aussi puissamment bati. Quelques mastodontes si l'on comptait Francis, il s'agirait d'un sacré tournoi. Tournoi de pacotille puisque je n'y participais pas à l'instar de la noblesse mais sacré tout de mème. Durant une poignée de secondes, le visage auréaloé de mèches solaires me parut familier mais avant que je n'ai pu éventuellement mettre un nom dessus l'homme s'éloigna fièrement du chevalier masqué rieur.

Je reportais finalement mon attention sur l'intérieur de la vaste tente et revenais près de mon champion. Mes yeux se posèrent sur Sydonnie un peu plus loin en compagnie de l'un de ses collègues de la milice intérieure. J'eus l'impression que son camarade avait fort à faire pour maitriser ma cousine et cela me fit sourire de plus belle. Décidant de ne pas la déranger alors qu'elle discutait sachant que nous aurions tout le temps de parler plus tard je donnais un conseil de posture à Francis avant de me tourner vers un nouveau venu qui venait de m'interpeller. Le noble à la mine avenante m'adressa un sourire chaleureux après s'ètre introduit. Je ne mis guère longtemps à faire le rapprochement. Le fameux promis de Sydonnie. Partagé sur la réaction à adopter je décidais finalement de me montrer courtois et amical. Si, la milicienne avait voulu que je m'immisce dans ses affaires matrimoniales elle me l'aurait dit. "Oh mais vous ne m'importunez nullement monsieur le comte. J'ai en effet cet honneur. Vous avez bien fait messire. Vous me voyez plus que flatté d'apprendre que Sydonnie vous ait dépeint un tel tableau de moi. Ou puis-je vous appeller Roland ? Je rencontre enfin finalement le fiancé de ma cousine. Vous appréciez les tournois messire ?"

Me retournant vers Francis en entendant l'appel du clairon signifiant que les réjouissances étaient sur le point de commencer je me contentais d'un signe de tète à mon ami avant d'entrainer le comte vers l'extérieur. "Je crois que nous devrions aller nous installer dans les tribunes monsieur le comte."

Compétences ser Francis de Sombrelame : Coups puissants et Charge

L'irruption sous la tente du maître des lieux fit grand effet, et bientôt tous s’attroupèrent autour de l'organisateur de ce menu tournoi, qui à l'évidence semblait connaître près de la moitié des compétiteurs venus céans. L'homme n'était pas seul ; en plus de ses familiers, dont celui qui leur avait annoncé les duels à venir, le comte se trouvait en compagnie d'une demoiselle bien accorte. Ignoreux des affaires nobiliaires, le grand blond se surprit, après que son voisin masqué, sur un grand éclat de rire, ne prenne congé de lui, à observer le manège se déroulant sous ses yeux.

D'abord abordé par le duo de sergents, le comte s'était porté au devant de l'improbable Scarroci pour louer ses prouesses passées, arrachant sans le savoir à Bérard qui les observait une grimace. Non content d'être lourdingue, le trublion au masque ridicule savaient également ferrailler! Voila quelque chose que ne manquerait pas de se souvenir le grand blond, lui qui avait initialement sous-estimé Scarocci et son accoutrement singulier. Dut-il être amené à le combattre, la chose lui serait assurément utile.

Si le comte de Rougelac s'entretint avec certains concurrents, il demeura fort bref avec d'autres, à l'image de Bérard qui, lorsqu'enfin confronté par l'intriguant maître des lieux, se fendit d'une salutations sommaire envers lui et sa dame. « Monseigneur, madame, entama-t-il obséquieusement, Bérard, à votre service. » L'interminable entrevue prit fin là.

Peu de temps après, alors que le maître des lieux achevait sa tournée des combattants, on put entendre une cloche tinter. À la bonne heure! La chose commencerait prestement. Non que Bérard n'eût gouté des mondanités - en fait si, il abhorrait même cela. Cela avait toujours échappé au grand blond, expérience de la guerre faisant, ce goût de serrer les pinces de ses opposants, de se montrer honorable et courtois. Pour celui qui avait fait dix années durant son métier d'estourbir ses ennemis, la chose semblait sinon étrange, même contraire à toute logique. Fraterniser avec ses adversaires lui ôtait progressivement toute velléité de leur trouer la peau, alors forcément, juste avant un combat, c'était une pratique que Bérard aurait volontiers évité.

Fort heureusement, l'affrontement ne tardait pas - l'espérait-il du moins.

« Il est temps, mademoiselle. Que cela vous plaise ou non, vous êtes ma fiancée et vous saurez respecter vos devoirs. Oh et... vous êtes splendide, comme toujours.»

Adelaïde grimaça lorsqu’elle attendit les mots de son fiancé. Il n’avait pas besoin de lui rappeler son devoir. Elle avait l’impression de porter ce dernier comme un boulet, comme si on la retenait prisonnière d’une cage dorée. Elle attrapa rapidement le bras de Rougelac avant de se laisser guider par ce dernier. Et son fiancé avait un sens pour le spectacle bien particulier. Il s’arrêta quelques secondes sur le perron de sa résidence pour s’offrir un bain de foule. Ce dernier tout sourire n’hésita même pas à saluer quelques convives, la présentant comme sa promise. Pendant ce temps, Adelaïde avait un visage sans émotion, bien consciente qu’il ne faisait que la parader comme une bête que l’on vient d’acquérir. Il l’entraina même dans la tente des participants. Puis s’arrêta devant une jeune femme, ce qui capta aussitôt l’attention de la baronne.

« Rougelac . Je suis ravie de vous voir moi aussi, je ne pouvais guère résister à cette envie de vous revoir. Notre dernière rencontre m’a profondément marqué, j’ignore pourquoi celle-ci n’a pas été renouvelée, il faudra rapidement remédier à ça, peut-être après le tournoi ? N’est-ce pas ? » Puis, sans aucune gêne, Sydonnie se retourna finalement vers la baronne avant de continuer; « Madame, veuillez accepter tout mon respect, vous êtes une femme particulièrement... courageuse. Je suis ravie de rencontrer celle qui deviendra prochainement Madame Rougelac.»

La baronne ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Définitivement, la jeune femme avait du mordant et elle semblait même partager son – o combien - enthousiaste de se retrouver devant Rougelac. Adelaïde releva doucement la tête avant de lui faire un sourire entendu; « Courageuse ne me semble pas tout à fait approprier. » Non… elle aurait utilisé plus le terme malchanceuse, mais elle se mordit doucement la lèvre intérieure pour se taire avant de continuer; « Tout le plaisir est pour moi Madame d’Algrange. Puis-je me permettre de vous remercier pour vos loyaux services dans la milice? Une femme de votre acabit mérite définitivement le meilleur des accueils. Après ce tournoi, faites-moi le plaisir de vous joindre à moi. Je suis sûre que vous avez de nombreuses histoires à raconter. » Dit-elle non sans lancer un regard amusé vers son soi-disant fiancé. Ce dernier ne la laissa pas continuer et l’entraîna rapidement vers un chevalier couvert des pieds à la tête. Un être tout à fait curieux, qui était impressionnant non seulement par sa façon de parler, mais aussi par sa stature. Comble du malaise ce dernier la fixa pendant de longues secondes. La baronne, intriguer supporta son regard sans sourciller. Mais que voulait-il à la fin? Il lui semblait être un bien mystérieux. Le demi-finaliste du tournoi des preux retourna rapidement son attention sur Victor comme si elle n’existait pas. À la mention d’Alexandre, elle ne put s’empêcher de l’interrompre. « Je crois me rappeler de ce combat. En effet, vous avez donné une sacrée lutte à mon beau- frère le Vicomte. » Dit-elle en lui esquivant un sourire sincère. Il lui avait semblé un bien curieux personnage à l’époque et c’était à croire que rien n’avait changé. Scarocci finissait finalement sa tirade avant de s’incliner bien bas devant elle pour lui dire;

« Mes respects madame ! J'espère que vous profiterez bien du spectacle !»

Adelaïde inclina légèrement la tête à son tour avant de lui lancer un sourire franc; «Je compte bien en profiter, Messire. Je vous souhaite la meilleure des chances! » Dit-elle en lui faisant un léger signe au curieux personnage pour qu’il se redresse. Victor, lui tendit une nouvelle fois son bras pour l’entrainer vers un autre participant. Ce dernier, peu enclin à la conversation, se présenta d’un : « Monseigneur, madame, Bérard, à votre service. » La baronne haussa un sourcil, à croire que le chevalier n’était pas très enthousiaste de se retrouver dans ce tournoi lugubre. L’intendant de Victor interrompit soudainement la conversation et lui demanda quelques indications. Le maître des lieux s’excusa rapidement en laissant sa promise avec Bérard. Voyant l’attitude de ce dernier, la jeune femme se dit qu’il valait mieux de ne pas trop incommoder le chevalier de par sa présence. Elle s’inclina rapidement avant de lui faire un léger sourire; « Bonne Chance pour ce tournoi, Bérard. Puisse la chance vous êtes favorables. » Adelaïde se retourna doucement, entrainant d’une main experte la traîne de sa robe pour retourner vers la sortie. Mieux valait rejoindre les gradins des nobles avant qu’elle ne se fasse une nouvelle fois interpeller.