Marbrume


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 [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]

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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 9 Déc 2018 - 19:27
- Probablement, j'aurais dit que je te voyais plutôt t'appeler autrement.

Ce petit échange fit enfin apparaître le léger sourire qui trainait au coin des lèvres de Gondemar depuis qu'il s'était installé à cette table. Amusé, appréciant cet échange, il continua de manger avec appétit, écoutant Hildegarde affirmer que c'était surtout de la gentillesse, le qualifiant de suicidaire ce qui quelque part était ironiquement comique. Ah si encore il l'avait été, il aurait pu en finir avec tout ça et se laisser bouffer par le premier Fangeux venu, seulement il était là le problème, ça n'était pas du tout son genre, bien au contraire. Ce qu'il était fit disparaître son sourire tandis qu'il portait sur la jeune femme son regard bleu glace dénué de toute joie.

- Non, un survivant.

Et dans la façon qu'il eut de le dire, il y avait le souvenir de tous les morts qu'il avait vu de ses yeux, tous ces hommes tombés au combat, toutes ces femmes et ces enfants massacrés par la Fange, ces villages ravagés, cette armée royale dévastée, sa propre fuite à travers bois et marais durant des jours au point que son cœur allait éclater, et même ces victimes d'un fou sanguinaire déchiquetées par des lames sur une porte ou dans une salle scellée, sans parler de ceux qu'il avait du malmener pour survivre lorsqu'il était encore au service d'Ecuviel. Tout cela passa dans le regard que Gondemar porta sur Hildegarde et, quand il réalisa la façon dont il la fixait, il baissa les yeux sur son assiette, reprenant une bouchée de viande avec toute la volonté du monde de songer à autre chose qu'à ce passé qui le talonnait parfois de trop près. Il y eut quelques secondes durant lesquelles chacun apprécia son repas en toute simplicité, puis l'attention du Milicien se porta de nouveau sur la Bannie et celle-ci délaissa son sourire pour une mine bougonne de circonstance qui arracha un sourire à l'homme. Allons bon, elle avait vraiment un fichu caractère celle-là, ne manquait plus qu'une chevelure rousse et la comparaison aurait été idéale.

- « Donc… Là, tu me parles et après ton repos, tu me traqueras, c’est ça ? »

- Non.

Il retint un soupir, relevant le nez de son assiette.

- Mon repos dure trois jours. Après ça j'irais où on me dira d'aller et j'espère bien que ce sera le plus loin possible de toi.

Il détestait ça, c'était la partie de son travail qu'il méprisait le plus et qui l'empêchait d'avoir la bonne conscience à laquelle il aspirait, tout en sachant pertinemment qu'il ne la retrouverait plus jamais quoi qu'il puisse dire ou faire. La viande terminée, la soupe fut un régal qui lui réchauffa le cœur et le corps, et il la savoura sans rien ajouter de plus, laissant Hildegarde reprendre la parole la première, demandant des nouvelles de ses collègues, le remettant en garde au sujet de la Fange. Par les Trois, s'inquiéterait-elle pour lui ? Haussant un sourcil, Gondemar redressa de nouveau la tête et porta un regard intrigué sur la jeune femme. Il lui était gré de ses mises en garde, mais mieux valait quand même qu'elle demeure méfiante vis-à-vis des Miliciens, de manière générale tout du moins.

- Tu me rappelles une vieille histoire qu'on m'a raconté lorsque j'étais enfant. C'est dire si ça remonte.

Petite plaisanterie faisant écho à sa pique du début du repas. Il lui sourit brièvement, puis reprit un air grave tandis qu'il découpait un morceau de la miche de pain, le lui tendant avant de s'en prendre une part également.

- C'est l'histoire d'un chien de chasse qui n'avait jamais connu rien d'autre que la Meute. Il était né en captivité, il avait grandi en apprenant à obéir malgré son dégoût pour les règles et il avait fini par devenir l'un des meilleurs, au point que son Maître savait qu'il pouvait débusquer le gibier en solitaire si besoin et qu'il pouvait ensuite ameuter les autres chiens.

Le regard bleu se porta sur le visage de la Bannie, indéchiffrable, puis revint au repas devant le Milicien.

- Un jour qu'il chassait pour son Maître, le chien découvrit la cachette d'un magnifique cerf qui le frappa par sa prestance. Il lui couru après et parvint à l'acculer contre un coin rocheux, mais celui-ci lui demanda de l'épargner, lui déclamant toute la beauté qu'il y avait à vivre libre dans la forêt, refusant qu'on le tue alors qu'il ne demandait qu'à vivre. Le chien se laissa amadouer par les mots du bel animal et le laissa s'enfuir, menant son Maître sur une mauvaise piste et leur faisant perdre à tous la récompense qu'une belle chasse pouvait procurer.

Gondemar marqua une brève pause pour mâcher son pain et boire un peu d'eau, avant de reprendre.

- Rendu curieux par les mots de l'animal, le chien profita de l'inattention de son Maître pour gagner la forêt et il retrouva le cerf avec lequel il discuta longuement. Celui-ci l'emmena à travers bois, lui faisant découvrir les trésors de la nature, le bonheur de se baigner dans une rivière, de gravir des hauteurs donnant une vue merveilleuse et d'observer la voute céleste au-dessus de leurs têtes. Le chien revint souvent, mais le cerf voulu lui aussi connaître cet autre monde et se montra trop curieux. Un jour qu'il cherchait à revoir son ami, le chasseur remarqua la bête qui était sorti de l'abri de la forêt et envoya ses chiens à sa poursuite. Il finit par l'acculer et le tuer, sous les yeux de son ami chien qui n'avait pas réussi à les tromper cette fois-là.

Le Milicien eut quelques secondes de silence, dardant sur Hildegarde un regard grave.

- J'apprécie ta compagnie, ne me demande pas pourquoi, mais malgré tout sache que si je suis bienveillant à ton égard, les autres ne le seront pas. Trois jours de liberté me sont accordés, mais quand mon Maître sifflera, il faudra que j'accoure comme le chien que je suis devenu et s'il m'ordonne de te tuer et que je refuse, un autre le fera à ma place. Alors...

Il secoua doucement la tête, ne terminant pas sa phrase ni même ne faisant la moindre conclusion. Elle devinait certainement où il voulait en venir, l'avertissement parlait de lui-même, bien qu'il ne parvienne pas pour autant à l'éloigner de lui dès à présent. C'est ce qu'il aurait du faire, l'écarter, ne pas venir s'asseoir à cette table, ne pas vouloir lui parler, se changer les idées en sa compagnie. Il fut un temps où les Bannis et lui conversaient, désormais cela n'était plus possible et une part de lui le regrettait amèrement. La vie contre la liberté, tel avait été le choix qu'il lui restait et il avait choisi, à lui d'en assumer les conséquences et pourtant...

- Je ne dirais pas non à un peu de compagnie, ne serait-ce qu'aujourd'hui, mais je comprendrais que tu te tienne loin de moi.


Dernière édition par Gondemar Rosalis le Sam 15 Déc 2018 - 16:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 9 Déc 2018 - 20:35
Un survivant. Le mot avait un drôle d’écho dans mon esprit, je ne le voyais pas comme un survivant, plutôt comme un homme égaré, un homme perdu. Les miliciens sont des gens sans scrupules, des animaux obéissant à un homme unique, sans réfléchir, sans le moindre scrupule, mais certainement pas des survivants. Lui ? Il était différent, je le reconnaissais sans hésitation, du moins maintenant, mais de là à lui octroyer le mot survivant non. Les bannis étaient des survivants, il n’avaient que peu d’armes, pas de confort, se prenait de plein fouet les attaques de la fange, s’entretuaient même parfois entre eux. On n’avait pas les protections de la ville, jamais, on n’était pas payé, on n’avait pas à manger régulièrement, ni de soigneur, ou de temple ou se recueillir et continuer à garder espoir. Je ne m’amusais pas à faire un concours de taille, ou de qui avait la pire vie, non. Mais ce mot, j’avais du mal à le tolérer, à le percevoir pour autre chose que ceux qui vivaient à l’extérieur, toujours, par choix ou non. Naturellement, j’avais gardé mes pensées pour moi et ce n’était pas contre lui, plutôt une mauvaise habitude, ou une bonne, ça m’évitait bien des ennuis. Il m’avisait et je faisais de même, chacun cherchant sans doute à comprendre l’autre, à s’anticiper, à comprendre plus ou moins l’autre.

Si je n’étais pas fuyarde, si je n’étais pas partie, il y avait pourtant cette petite voix susurrant à mon oreille que ce n’était pas prudent. Qu’un milicien n’entraînait jamais rien de bon, elle n’avait pas tort cette voix, pourtant je restais, bien trop attirée par ce vent de curiosité. Son non, m’avait fait hausser un sourcil, me rappelant à quel point j’étais incapable de le comprendre. Nous étions à notre troisième rencontre et la première avec un véritable échange. L’homme d’armes espérait rester loin de moi, je ne pouvais que lui donner raison sur ce point. Si seule, je n’agirais rien à son encontre, je ne pouvais pas garantir le comportement des autres, notamment celui de Kanna et de son groupe. La suite ? La suite ce fut cette histoire que devait sans aucun doute attendrissante, pensait-il que j’étais à ce point stupide ou crédule ? Je n’étais plus enfant, on m’avait privée de ce droit bien trop tôt. Terminant mon repas et cette viande bien trop agréable en saveur pour moi. Je n’étais ni un cerf ni un chien. Je luttais simplement pour ma vie, en permanence. La réalité, c’est qu’il me voyait comme cette femme fragile, faible, pourtant je n’étais plus ça, je crois. Quoiqu’on parle souvent de moi en me nommant ‘la petite chose’. J’étais quoi exactement, une meurtrière, une bannie, une victime, rien ? Je n’en savais rien.

Il m’avait porté son regard grave, celui qu’il devait offrir à ses enfants pour mettre en garde les mômes, pour les obliger à obéir, à se soumettre. J’avais eu envie de rire, de me moquer, sans jamais rien oser formuler. Silencieuse, j’avais simplement secoué la tête, alors qu’il précisait ce que je savais déjà, sa posture, sa façon d’être, il n’était qu’un chien et je n’étais qu’un futur os. Était-il à ce point naïf pour imaginer que je n’avais pas connu la milice, imaginait-il que le sang n’avait jamais coulé sur mes mains ou imprégné ma dague ? Quand c’est eux ou moi, je ne réfléchis pas, enfin si, je choisis de vivre. C’était tout. Et maintenant ? Maintenant il m’appréciait sans me connaître ? Qu’appréciait-il ce goût du risque, le fait de franchir les règles de la bonne conduite ? Un amusement, une distraction, c’était tout.


- « Je ne te demande rien. » Répondis-je simplement en roulant des épaules. « Tu apprécies ce que tu ne connais pas. »

Qu’il ordonne son maître, qu’il le caresse dans le sens du poil le brave toutou, moi je m’en moquais, j’étais capable de survivre, capable de me cacher, capable de rester en vie seule. Prenant une légère inspiration, j’allais m’apprêter à accepter cette proposition insolite, mais le tenancier avait de nouveau fait son apparition, m’offrant ce regard sombre, avait-il à ce point peur que je fasse fuir son client, ce voyageur qu’il estimait de manière bien trop grande pour lui ? Débarrassant l’ensemble sur la table, il avait offert un sourire à chacun de nous, avant de disparaître plus loin, non pas sans laisser une oreille curieuse traîner.

- « Je n’ai rien à perdre, moi. » que je lui avais murmuré honnêtement « Avec tes poches sous les yeux tu devrais te reposer » fis-je simplement « Marchons un peu. »

Je m’étais relevée pour sortir, ici, je ne craignais pas d’être vue, on ne contrôlait pas les avant-bras systématiquement, mon visage n’était plus connu, en revanche les rumeurs concernant les meurtres que j’avais sois disant commis circulaient encore. Fort heureusement pour moi, j’étais bien trop jeune à cette époque pour qui que ce soit ne me reconnaissent.

- « Accepterais-tu de me parler de la ville ? Tu n’es pas obligé, évidemment. » Puis j’avais cru bon d’ajouter « Je ne suis pas une enfant, ton histoire était très belle, mais j’ai bien conscience de la situation. »
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Gondemar RosalisMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 9 Déc 2018 - 21:00
Elle n'était peut-être pas une proie sans défense -encore que le cerf sache parfaitement utiliser ses bois pour tuer les chiens- mais elle était traquée de la même façon par les Miliciens et, tôt ou tard, l'inévitable arriverait et c'était de cela dont Gondemar lui parlait, à travers cette histoire simpliste qu'on racontait effectivement d'ordinaire aux enfants. C'est leur amitié qui avait perdu les deux animaux, c'était ce lien qui avait mis en danger le cerf et causé sa perte et, même si Hildegarde savait très certainement se défendre, l'ancien soldat ne pouvait s'empêcher de redouter le jour où elle se ferait abattre, où on trainerait son corps ensanglanté jusqu'à un bûcher en célébrant son meurtre, celui d'une paria que beaucoup croyaient normal de tuer sans état d'âme. Il aurait voulu lui dire tout cela, mais au lieu de ça il avait récité cette vieille histoire et la réaction de la jeune femme n'avait pas été celle escomptée. Le fait qu'il apprécie ce qu'il ne connaissait pas n'était pas faux en soi et il acquiesça légèrement.

- Peut-être bien, mais tu en as autant à mon sujet.

Après tout ils étaient deux à être curieux, deux à s'observer, se décortiquer gentiment sous couvert de taquineries, deux à s'être opposés et à se tourner autour en se demandant s'ils devaient attaquer ou battre en retraite. Ils ne se connaissaient pas encore, mais ils voulaient apprendre et découvrir l'autre, si bien qu'ils se retrouvaient à présent à la même table, devant deux assiettes vides et un morceau de pain que Gondemar rangea dans une poche intérieure, par habitude, toujours. Il vit arriver le tenancier et le laissa débarrasser, le fixant d'un regard indéchiffrable, n'appréciant guère cette façon qu'il avait de lorgner dans leur direction depuis le début, de tendre ensuite l'oreille tout en s'éloignant sans vraiment le faire suffisamment. L'ancien soldat reporta son attention sur Hildegarde qui baissait la voix, murmurant pour que lui seul entende, esquissant une ombre de sourire avant de hocher la tête, se levant sans plus de cérémonie et contournant la table pour se diriger vers la sortie avec la jeune femme. Ce ne fut qu'une fois dehors que l'homme de haute taille sembla se détendre un peu, soupirant d'aise de pouvoir marcher dans les rues terreuses du village sans personne à ses basques.

- « Accepterais-tu de me parler de la ville ? Tu n’es pas obligé, évidemment. Je ne suis pas une enfant, ton histoire était très belle, mais j’ai bien conscience de la situation. »

- Si tu le dis.

Souffla-t-il doucement sans insister davantage cependant, lui adressant un regard plus doux avant de reporter son attention sur l'endroit où il posait ses pieds et où leurs pas les menaient.

- La ville est... pleine à craquer, malgré les différentes opérations au Labret. Les gens s'y entassent et grouillent par crainte de l'extérieur, ils ont faim et se démènent pour survivre pour les plus pauvres. Les riches vivent dans de belles demeures, mais la plupart des Nobles sont plus souvent en train de combattre la Fange que de savourer leurs manoirs. Le Duc dirige le tout comme un bienfaiteur alors qu'il a du sang sur les mains...

Gondemar chassa cette amertume et le mépris qu'il avait pour l'autorité, secouant légèrement la tête.

- On ne banni plus d'ailleurs, on exécute directement les coupables, ou ceux que l'on croit coupables... Il y a parfois des erreurs, mais rares sont ceux qui en ont quelque chose à faire dans la Milice, à part quelques braves âmes.

Il sourit légèrement en songeant à une certaine Coutilière, puis ses pensées dérivèrent jusqu'à son fils qui travaillait dans une maison de l'Esplanade, ramenant ainsi de quoi subsister à la maison avec Diana.

- Que veux-tu savoir exactement ?

Demanda finalement l'homme d'arme, dardant sur Hildegarde un regard songeur. Il n'était pas le meilleur qui soit pour raconter les choses, d'ailleurs cela faisait longtemps qu'il n'avait pas autant parlé et il devait reconnaître à sa grande surprise que cela lui faisait du bien d'échanger ainsi.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 9 Déc 2018 - 23:23
J’avais suivi, ou j’avais amorcé la marche, je ne m’en souvenais plus réellement. Toujours est-il que je m’étais retrouvée dehors, toujours en compagnie du milicien. Le sol était terreux, quoiqu’encore humide. Je lui avais posé cette question complètement dénuée de sens, j’avais eu cette envie soudaine de me remémorer Marbrume, ses grandes rues, le temple et l’animation qui y régnait continuellement. Marchant à son rythme, juste à côté du grand homme, la différence de taille devait encore être plus frappante. Rosalis n’était pas revenu sur l’histoire de son cerf et des chiens, histoire que je n’étais toujours pas certaine d’avoir compris. Je n’avais pas de destination, lui non plus, nous ne faisions que marcher, naturellement. Je l’écoutais me donner sa vision de Marbrume, plutôt négative, une montagne d’habitant qui se marche les uns sur les autres, qui tentent de survivre sans forcément y parvenir. Était-ce réellement ça la protection de la grande ville survivante ? L’évocation du Duc m’avait tiré un souvenir, un milicien qui n’aimait pas son Duc, c’était bien une première. C’était ça la clé, ça qui lui offrait cette tolérance à mon égard. Uniquement, j’en étais désormais convaincue.

J’avais écouté attentivement les propos et cette révélation que je connaissais déjà, mais qu’il venait de confirmer. Le bannissement n’était plus, la peine de mort était de nouveau maintenue, j’avais du offrir ce regard triste, ce sourire en coin, perplexe. Je ne suivais pas le Duc, je ne l’avais d’ailleurs jamais compris, encore moins maintenant qu’il revenait sur ses décisions pour réactualiser un acte barbare et sans cœur.


- « Tu viens de m’offrir la réponse à mes questions… Ainsi le bannissement n’est plus, c’est donc vrai. » j’avais lâché un soupir « Je suis triste d’apprendre que Marbrume survie, que son peuple souffre. Malheureusement, cela touche tout le monde, je crois. Sauf la fange. »

J’avais avancé de quelque pas, songeuse, j’avais encore envie de le questionner, d’en savoir davantage sur ce ressentiment qu’il semblait éprouver contre le duc, sans y parvenir, sans que rien ne s’échappe de mes lèvres. A quoi bon. Le village m’avait donné des bases, l’échange était d’ailleurs la règle la plus importante de toute. Je n’avais jamais été une grande bavarde, je devais d’ailleurs me faire violence pour rester avec lui, pour ne pas avoir cette envie de m’isoler, de rester seule. Sa compagnie n’était pas désagréable, je ne pouvais pas dire ça, bien au contraire. Relevant les yeux, j’avisais la fontaine au milieu de ce petit village, elle semblait presque irréaliste. La décoration fonctionnait encore et au fond de l’eau on pouvait entrevoir des petits cailloux colorés, des pièces aussi qui devaient régulièrement se faire voler. Des enfants discutaient un peu plus loin, évoquant le fait que cela portait bonheur, qu’il fallait toujours faire un vœu dans cette fontaine au moins une fois dans sa vie. Ramassant une des pierres colorées qui entouraient la fontaine, je l’avais tendu à mon interlocuteur.

- « Tu crois à ce genre de chose ? »

Moi je n’y croyais pas, l’espoir s’était envolé depuis longtemps. Pourtant, j’avais eu cette envie celle de me retourner de fermer les yeux et de jeter la pierre au-dessus de mon épaule, jusqu’à percevoir ce petit « plouf » significatif qui m’indiquait que j’avais réussi ma démarche et que je pouvais me retourner. Hésitante, j’avais fini par reprendre la parole, toujours dans un léger murmure, non pas sans scruter ce qui pouvait se passer autour de nous.

- « La grande ville a toujours quelque chose d’imposant, je trouve, du moins de loin… Ce n’est pas comme les petits villages. J’aime être ici, il y a moins de pressions, on a toujours besoin de nous d’une manière ou d’une autre et puis on peut gagner un peu de confort.»

Je m’étais appuyée contre la fontaine, laissant le bruit de l’eau couler juste derrière mon dos. Qu’est-ce que je pouvais lui raconter à cet inconnu, qu’est-ce que lui pouvait bien me raconter de plus ou de moins. Nous n’avions rien en commun, hormis cette sensation de vouloir vivre coûte que coûte, peut-être aussi cette non-appréciation du Duc. Prenant une légère inspiration, j’avais poursuivi avec simplicité :

- « Alors, qu’est-ce que tu veux faire pour ce jour de repos ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptySam 15 Déc 2018 - 16:39
Gondemar avait hoché la tête lorsque Hildegarde avait notée que le bannissement n'était plus d'actualité. Voilà bien une décision difficile à prendre et à accepter, mais pourtant d'un côté cela évitait de nourrir la Fange avec de nouvelles proies, de l'autre cela évitait que les Bannis ne grandissent en nombre et tentent de nouveau d'attaquer le Labret, s'en prenant déjà suffisamment aux caravanes qui tentaient le si périlleux voyage pour permettre aux habitants de Marbrume d'être approvisionnés en nourriture. Bien sûr il y avait sans doute quelques innocents parmi tous ces hors la loi, mais mourir de cette façon, entre la Fange d'un côté et la Milice de l'autre, sans parler de la faim, de la maladie, du froid et de toutes sortes d'autres menaces... Non, ce n'était clairement pas un sort enviable. L'homme était soulagé de ne pas avoir à donner son avis à ce propos, il n'était pas certain lui-même de ce qu'il convenait ou non de faire et préférait s'abstenir d'y réfléchir trop souvent. L'amertume de leur monde les frappa et ils gardèrent tous deux le silence durant plusieurs longues secondes, jusqu'à-ce que leurs pas ne les mènent jusqu'à la petite fontaine centrale du village où brillait quelques piécettes qu'on avait dû jeter là en adressant une prière aux Trois. Observant la jeune femme qui en ramassait une près du rebord, le Milicien cligna des paupières en la voyant la lui tendre.

- « Tu crois à ce genre de chose ? »

- Je ne sais pas.

Répondit-il sincèrement, l'observant alors fermer les yeux et jeter la pièce par-dessus son épaule, les rouvrant tandis qu'il la fixait d'un air songeur. Il croyait dans les Trois, en Rikni qui l'avait protégé durant les combats, en Anür qui lui avait offert un mariage heureux et qui devait certainement veiller sur son épouse dans la clairière au bout du sentier, ainsi qu'en Serus qui lui avait permis d'avoir un fils qu'il aimait tendrement et qui était devenu sa seule raison d'exister après la mort de sa femme. Et la Bannie qui lui faisait face, à cet instant, ne lui paraissait plus en être une, mais juste une personne qui tentait de survivre à un monde plongé dans l'horreur de la Fange et la folie des Hommes. Il l'écouta attentivement tandis qu'elle évoquait sa vision d'une grande ville, jetant un regard autour d'eux, cherchant à voir les différences qu'il n'avait pu qu'entrapercevoir lors de ses différentes missions entre le Labret et Marbrume.

- C'est vrai qu'ici, c'est plus calme... Je suis de la cité, je n'ai pas connu la vie hors des murs avant l'armée, mais je crois que j'aurais bien aimé.

Peut-être que son existence aurait alors été toute autre. Peut-être qu'au lieu d'être le fils d'une putain et d'un client pêcheur, il aurait été le fils de deux paysans travaillant la terre ou bien élevant quelques bêtes pour en faire la vente. Peut-être qu'au lieu d'avoir été jeté à la rue dès l'âge de cinq ans on l'aurait gardé à la maison où il aurait connu l'affection de ses parents. Peut-être qu'au lieu de vivre de vols et de rapine, on lui aurait appris à travailler la terre, à vivre à l'horaire des bêtes et à se contenter d'une vie simple sans histoire ni miliciens à ses trousses. Oui, mais alors... il n'aurait pas connu feu son épouse et n'aurait pas eu de fils avec elle, il aurait fini comme tous ces gens pris par surprise par la Fange, massacrés par les monstres face à des portes fermées. Et tandis qu'il réfléchissait à tout cela, il observait Hildegarde appuyée dos à la fontaine, visiblement toute aussi songeuse que lui, même si probablement pour d'autres raisons. A quoi pensait-elle au juste ? Qu'avait-elle bien pu vivre dans la cité puis une fois bannie ? Elle avait survécu, mais à quel prix ?

« Alors, qu’est-ce que tu veux faire pour ce jour de repos ? »

Tiré de ses réflexions, le Milicien laissa passer deux à trois secondes avant de hausser légèrement les épaules, pris au dépourvu.

- A vrai dire, je n'en sais rien. Si j'étais à Marbrume, j'irais voir mon fils, mais ici...

Il jeta un nouveau regard alentours, s'attardant sur les enfants qui jouaient un peu plus loin, un léger sourire effleurant brièvement ses lèvres face à quelques souvenirs, puis reporta finalement son attention sur la jeune femme.

- Qu'est-ce que tu crois qu'on est censé faire quand on a du temps libre ?

Bon, d'accord, admettre à demi-mot qu'on était pas fichu de savoir comment s'occuper était assez pitoyable en un sens, mais il faut dire aussi que ce n'était pas quelque chose auquel l'homme de haute taille était habitué et, vu le léger malaise qui était le sien, il se doutait d'avoir l'air passablement hésitant quant à cette situation. A son âge, n'était-ce pas un comble ?

- Tu n'as qu'à me guider, je t'apprendrais une chose de ton choix en échange, ça te va ?

Un marché honnête en quelque sorte, histoire que Hildegarde n'ai pas l'impression de faire du bénévolat ni de la garde d'enfant, mais Gondemar réalisait malgré tout à cet instant que, contrairement à son fils, feu son épouse ou même l'épouse de son ancien ami, il n'avait pas d'activité plaisante à son actif. A part s'entraîner sans cesse jusqu'à tomber d'épuisement pour chasser l'insomnie à l'époque où il travaillait pour Ecuviel, il ne se rappelait pas avoir jamais eu d'activité pour le seul plaisir de s'amuser, hormis quand son fils était enfant, avant la Fange, il y avait une éternité de cela.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptySam 15 Déc 2018 - 17:24
Assise contre la fontaine, l’eau ruisselant juste dans mon dos sans me toucher, je détaillais ce milicien, cet homme large et haut, imposant. C’était étrange comme rencontre, suicidaire de rester et d’échanger comme-ci de rien n’était, comme-ci je n’avais pas conscience qu’en cas de conflit il planterait sa lame dans mon corps sans le moindre regret. Je n’ai jamais vraiment eu peur de la mort, je crois, du moins, plus aujourd’hui et si celle-ci devait arriver plus tôt que ce que j’espérais, je crois que je n’aurais rien à regretter. Lui, c’était différent, il dégageait une émotion que je ne parvenais pas à distinguer, de la nostalgie, de la tristesse ou de l’incertitude peut-être. Rosalis n’avait pas envoyé la pièce dans l’eau, préférant certainement le garde pour cumuler à son salaire d’homme d’armes, je ne lui avais pas fait remarquer, peut-être n’avait-il simplement rien à souhaiter, espérer ? Il avait une situation, un fils, très certainement une épouse alors bon, que pouvait-il avoir de plus ?

Mon interlocuteur involontaire observait enfin autour de lui, cherchant certainement à comparer Marbrume à ce petit village. L’idée me faisait sourire intérieurement, comment ne pouvait-on pas constater l’évidence même des différences, suffisait-il d’écouter, de fermer les yeux et de savourer ce silence coupé rarement par quelques conversations, quelques bruits de brouettes qu’on transporte, quelques pas rapides des habitants qui travaillent la terre pour essayer de survivre. C’est là que l’évidence me frappa, ce vide qui semblait régner autour de lui, cette absence de prise de décision, d’envie, de vie tout simplement. Il fallait être fou pour risquer de perdre son travail juste pour échanger avec une bannie, fou, inconscient ou à la recherche d’un petit quelque chose nous faisait vibrer. L’homme qui me faisait face ne m’avait guère l’air stupide ni suicidaire, mourrait-il peut-être simplement d’ennui dans son quotidien bien trop plat. Cherchait-il sans aucun à oublier sa petite femme, son fils pour se concentrer sur lui, sa petite personne sujette au temps qui passe, qui s’écoule lentement.

J’avais fini par me redresser, sans pour autant que mes gestes paraissent brusques, je m’étais rapprochée de sa silhouette tout en constatant à quel point je devais être ridiculement petite là devant lui, redressant le regard, j’avais attrapé sa main pour ouvrir sa paume, pour y re-glisser une pièce que j’avais récupérée dans l’eau de la fontaine. Mes doigts encore humides ne pouvaient que confirmer cet emprunt, emprunt qui n’était là que pour lui permettre de faire son propre vœu, cela me semblait important. Refermant un de ses doigts sur la pièce, j’avais dû relever le regard vers lui, ignorant tout le reste, son récit, son échange soi-disant intéressant : le distraire contre quoi ? Un apprentissage de quelque chose que je ne connaissais pas ? J’étais une condamnée, pas une villageoise.


- « Tu peux déjà commencer par faire ton vœu dans la fontaine. » fis-je en refermant un autre doigt « Tu peux te reposer, dormir durant la totalité de ton repos » je continuais mon manège avec un autre doigt « Certain homme préfère se payer du bon temps, la fille du fermier accepte d’ouvrir les cuisses contre rémunération » j’avais enchaîné rabattu le petit doigt « Tu peux aller à la taverne et faire des jeux d’argents… » refermant le cinquième définitivement sur la pièce « Tu peux me suivre et sortir du village pour voir autrement ta zone de patrouille. »

En réalité, je n’avais pas dans l’idée d’aller bien loin, au contraire, bien au contraire, je me disais qu’il n’avait pas dû apprécier pleinement la vie et les petits plaisirs du quotidien. Dehors, j’avais appris à observer mon environnement à passer des heures durant à regarder les animaux, les grands cerfs, les biches et même si souvent la montagne de viande sur patte me rappelle que j’ai faim, la beauté qu’offre Serus à la faune et la flore me fait oublier mes mauvaises pensées. Retirant ma main de la sienne, je m’étais éloignée de quelques pas, lui offrant de nouveau son espace, sa respiration. Relevant une énième fois la tête pour l’observer, j’avais secoué doucement ma chevelure, convaincue qu’il n’avait aucune idée de tout ce qu’on pouvait faire ici.

- « Je sais bien qu’à ton âge on ne s’amuse plus beaucoup. MAIS. Il y a des spectacles le soir, des danseuses, si jouer ton salaire ne t’intéresse pas, des jeux à boire… Tu peux aider les paysans, piquer des objets complètement inutiles et courir aussi vite que possible avec la vieille Gertrude à tes trousses… » c’était un fait, un souvenir qui me faisait encore rire « Tu pourrais aussi me parler de ton fils, de son âge, de sa mère… J’aime les belles histoires. »

J’avais reculé encore de quelques pas, bêtement, le ciel commençait se gorger de nuage, la pluie semblait avoir dans l’idée de refaire son apparition, cela ne m’intéressait pas tellement moi. Je n’avais jamais eu peur de fondre, sous les larmes du ciel.

- « Allez, lance ta pièce, fais ton vœu. Et ensuite… Rattrape-moi si tu peux. »

Je m’étais essayée à cette sorte de révérence provocatrice, celle que je n’ai jamais réussit à faire avec perfection que ce soit dans mon passé, ou dans ma geôle et puis maintenant que j’étais bannie, je n’avais plus aucune raison de m’y entraîner. J’avais relevé mes jupons, dévoilant mes chaussures anciennes et abîmées par le temps, puis j’avais dévalé aussi rapidement que possible le petit chemin de terre qui montait sur les quelques hauteurs à la gauche du village. Les montagnes étaient un terrain de jeux amusant, mais surtout un point d’observation très agréable, c’était ça que j’avais envie de lui faire découvrir, de l’occuper avec les yeux, de le faire voir la vie avec plus de couleur. J’ignorais s’il avait décidé de me suivre ou non et même si ce n’était pas le cas, j’étais très loin d’avoir envie de m’en offusquer. Quoi qu’il en soit, une fois au bout du sentier, je m’étais laissée tomber sur le sol, détaillant la pente en bas, où se trouvait un cerf aux bois imposants et particulièrement longs. Il était toujours là, dû moins souvent et sa contemplation ne pouvait être qu’un véritable régal pour les yeux. Allongée sur le sol, j’avais fini par tirer un sourire lorsque des bruits de pas s’approchant caressèrent mes oreilles.

- « Chuuuuut, allonge-toi et regarde. Ne le fais pas fuir tu veux. »
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptySam 15 Déc 2018 - 18:05
Alors même qu'elle s'approchait suite à sa proposition, Gondemar l'avait observé faire sans comprendre d'abord. Il l'avait laissée prendre sa main et l'ouvrir pour y déposer une pièce encore trempée par l'eau de la fontaine, clignant des paupières en baissant les yeux sur les petits doigts qui refermaient lentement les siens tout en égrenant différentes activités possibles. La mention de la fille du fermier lui donna envie d'ôter sa main du doux étau, gêné qu'on puisse penser qu'il soit ce genre d'homme, mais malgré tout il comprenait qu'il ne s'agissait là que de suggestions et rien d'autre, aussi demeura-t-il immobile et silencieux tout en écoutant Hildegarde continuer son étrange décompte. Plus perdu que véritablement perplexe, l'homme de haute taille porta sur la jeune femme un regard qui se faisait progressivement plus animé, plus vivant, notant la plaisanterie sur son âge sans s'y attarder, un léger sourire éclairant petit à petit son expression jusqu'à présent éteinte, vide de réelle motivation. La mention d'une vieille Gertrude avait fait ressurgir les souvenirs de son enfance et, cette fois, un franc sourire était apparu et Gondemar hocha la tête, juste avant que la mention de sa femme et de son fils ne l'éteigne partiellement de nouveau. Ainsi la jeune femme aimait-elle les belles histoires ? Il se promit de lui raconter celle-là tôt ou tard et, baissant davantage encore les yeux, porta son attention sur la petite pièce au milieu de sa main aux doigts refermés dessus alors même que sa vis-à-vis reculait pour lui laisser le champ libre.

- « Allez, lance ta pièce, fais ton vœu. Et ensuite… Rattrape-moi si tu peux. »

Se doutait-elle seulement de ce qu'elle venait de remuer en lui ? Imaginait-elle toutes les émotions violentes et contradictoires qui s'entrechoquaient dans son esprit et son cœur ? Gondemar porta son attention sur Hildegarde qui relevait ses jupons sur ses bottes esquintées au possible dans une révérence amusante, clignant des paupières comme s'il sortait d'un songe, réalisant qu'elle allait effectivement s'enfuir et la voyant soudain détaler en direction d'une petite colline jouxtant l'endroit où ils se trouvaient et qui menait hors du village. Quoi, elle allait vraiment s'enfuir à travers bois ? Pris de court, le Milicien avisa la pièce puis, réfléchissant l'espace d'une brève seconde, la jeta en faisant une prière muette destinée aux Trois avant de se détourner pour courir après la donzelle qui cavalait bien vite. Ah la petite effrontée de Bannie ! Elle était vraiment terrible ! Et pourtant alors qu'il lui courait après, c'est un grand sourire heureux qu'il ne comprenait pas qu'il avait sur les lèvres, rattrapant alors la jeune femme au bout du chemin, il constata que celle-ci était tapie près du sol et observait quelque chose un peu plus loin en contrebas, de l'autre côté du promontoire.

- « Chuuuuut, allonge-toi et regarde. Ne le fais pas fuir tu veux. »

Stoppant net dans son élan, Gondemar s'agenouilla d'abord en suivant le regard de Hildegarde puis, repérant le cerf, se coucha à son tour contre la terre sans hésiter un seul instant. Ses yeux bleus se portèrent sur l'animal sans plus s'en détourner, l'observant avec un mélange de fascination et de respect pour cette bête protégée de Serus même.

- Il est magnifique.

Souffla l'homme d'une voix aussi basse que possible, demeurant allongé aux côtés de la jeune femme avec un air bien plus détendu que ce qu'elle avait pu lui voir jusqu'à présent. Bien que sa foi en les Trois soit grande, rares étaient les occasions pour lui de voir dans son quotidien la plus petite manifestation de leur présence ou de leur influence, hors un tel animal aussi proche d'un village d'hommes était trop rare pour n'être qu'une coïncidence. Même sacré, le cerf pouvait tout à fait être la cible de chasseurs dénués de tout scrupules et en voir un d'aussi près était une chose que le Milicien appréciait à sa juste valeur. C'est ainsi qu'il garda le silence durant de longues secondes, presque une minute entière, avant de finalement reprendre la parole d'une voix toujours aussi basse que possible, chuchotant.

- J'aimerais bien que tu me montres les choses à travers tes yeux. Et s'il y a une fête ce soir, est-ce que tu viendras avec moi ? Je ne sais pas comment ça se passe dans ce genre d'endroit.
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptySam 15 Déc 2018 - 18:52
Rosalis avait cédé à mon caprice, s’installant sur le sol froid et humide, détaillant l’animal qui n’avait de cesse de m’envoûter par sa beauté. Je n’aimais pas le cerf pour ce qu’il représentait vis-à-vis de Serus, je l’aimais pour sa liberté, pour ses bois, pour sa manière de ruminer ou encore de gratter la terre avec son sabot. Je l’aimais pour sa taille et sa manière de fuir lorsqu’il prenait peur, je l’aimais pour tout ça à la fois et pour tellement d’autres raisons tout aussi particulières. Coulant un regard vers mon interlocutoire, j’avais doucement secoué la tête. Était-il toujours nécessaire de formuler l’évidence ? Sa phrase m’avait donné envie de lui murmurer que je savais, sans pour autant oser encore le faire, par peur de le voir fuir, de le voir détaler exactement comme venait de le faire l’animal, qui avait sans aucun doute senti notre présence. Après avoir humé l’air dans notre direction, il avait détalé en sautillant, rapidement, joyeusement, jusqu’à sortir entièrement de notre champ de vision. Une goutte de pluie avait fini par tomber sur mon front, suivi d’une deuxième et d’une troisième, passant une main dans ma chevelure, essayant les larmes du ciel, j’avais légèrement froncé les sourcils à la phrase du milicien.

- « Tu n’as pas besoin de voir à travers mes yeux, les tiens suffisent largement. » Répondis-je le plus naturellement des yeux « Tu sais pour pouvoir voir, il faut accepter de lâcher prise, de ne pas penser aux conséquences d’un acte, de ne pas ruminer ce qui nous pose problème. Par exemple… »

J’avais fermé les yeux, prenant une légère inspiration en m’allongeant le long de la pente, le dos bien à plat sur la terre humide qui devait laisser quelque trace sur ma tenue.

- « Allonge-toi, ferme les yeux… Savoure le contact de la pluie sur ta peau, écoute le vent qui commence à se lever, les bruits, les oiseaux qui s’envolent au loin… Tu entends tout ça ? Une fois que tu entends tout… Tu lâches prise et tu te laisses rouler jusqu’en bas… »

Comme pour souligner cet état de fait, j’avais mis en place mes paroles dans des actes, roulant boulant jusqu’en bas, laisser les feuilles, les branches, la mousse et l’herbe se mélanger à ma chevelure, à ma tenue vestimentaire. C’était un geste enfantin, fallait-il bien l’admettre, mais tellement agréable, se laisser emporter par l’attraction, ne pas pouvoir contrôler la plus ou moins chute, puis s’arrêter en bas avec la tête qui tourne, avec la sensation que le ciel va nous tomber sur la tête. Se retrouver humide par cette pluie qui augmente petit à petit, la peau parfois un peu écorchée par les quelques cailloux qui s’était trouvée sur notre chemin. J’ignorais s’il allait oser faire cet acte, j’ignorais si il allait le ressentir de la même manière ou s’il ne verrait que cette étrange sensation de se comporter comme un enfant. Le lâcher prise n’était évident pour personne, d’ailleurs cela faisait bien longtemps que j’avais agi de la sorte, que je n’avais pas réfléchi, que j’avais refusé de voir le danger qui se positionnait pourtant juste sous mon nez. Peu importe la manière dont il était revenu jusqu’à moi, j’avais fini par me redresser sur les coudes, afin de la détailler toujours de la même façon, à la fois curieusement et de suffisamment loin pour ne pas me brûler trop fort à cause de mes erreurs.

- « Je t’accompagnerai ce soir… On profitera de l’alcool, des jeux, des danses et des spectacles, mais tu dois me promettre d’abandonner ton arme et tout ce qui pourrait dévoiler ton travail et surtout arrête de réfléchir. Ce n’est pas comme ça qu’on doit vivre. Est-ce que tu penses que ton cœur à besoin de réfléchir pour savoir battre, tes poumons de penser à se gorger d’air pour te permettre de respirer ? Non, ils n’ont pas besoin de ça, alors pourquoi tu aurais besoin de réfléchir pour comprendre ce qui se passe actuellement autour de toi ? Tu travaille pas, alors laisse tes pensées de côté. »

Toujours de cette manière bien à moi, à chaque fois que j’évoquais un organe je le montrai sur mon cœur, ainsi j’indiquais l’emplacement de mon cœur, puis de mes deux poumons, avant de me concentrer sur cette fine pluie qui dégringolait toujours un peu plus fort, m’obligeant parfois à fermer les yeux pour éviter de me prendre une gouttelette dans l’œil.

- « Avant, j’aimais la pluie… » soufflais-je doucement comme un aveu « Elle permettait à la terre de se gorger d’eau, aux plantes de pousser… Maintenant, quand il pleut, j’ai l’impression que la vie s’arrête… Tu vas voir, quand on rentrera le village sera vide, chacun restera dans sa demeure, parce que lorsque la pluie arrive, les nuages ne sont pas loin… Alors la fange risque elle aussi de faire son apparition… »

Toujours allongée sur le sol, je détaillais ce ciel avec intérêt, sans même prendre conscience que je venais de parler de moi et mes goûts. Depuis le tout début de cette conversation, je n’avais pas souri et l’idée ne me traversais même pas l’esprit, au contraire, cette fine pluie me rappelait la réalité : j’étais bannie. Une sauvage, une invisible, une nuisible. Une fois que le tenancier aurait payé sa dette, je serais obligée de partir, de retrouver le village et son confort sommaire, ma vie, ma réalité. Lâchant un bref soupir, j’avais passé une main dans ma chevelure, cherchant à fuir cette constatation. Après tout, ne lui avais-je pas dit de vivre au jour le jour à ce milicien ? Autant profiter.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyMer 19 Déc 2018 - 15:25
Il allait finir par croire que Hildegarde n'était pas une femme, mais une créature sortie des bois dans le seul but de lui rappeler ce qu'il avait oublié au fil des années. Le cerf avait humé l'air et, sans doute en percevant une odeur d'humains trop proche, s'était enfui en quelques bons gracieux, disparaissant de la vue de Gondemar dont l'expression trahit brièvement sa déception. Il avait apprécié ces quelques secondes suspendues dans le temps, évoquant désormais avec la jeune femme son souhait de voir à travers ses yeux ainsi que celui qu'elle l'accompagne à la fête de ce soir. Sa réponse fut singulière, étonnante et assez sage en y réfléchissant bien. L'homme de haute taille la regarda s'allonger dans l'herbe alors qu'au-dessus de leurs têtes le ciel se couvrait d'un gris plus sombre et que les premières gouttes de pluie commençaient à tomber.

- « Allonge-toi, ferme les yeux… Savoure le contact de la pluie sur ta peau, écoute le vent qui commence à se lever, les bruits, les oiseaux qui s’envolent au loin… Tu entends tout ça ? Une fois que tu entends tout… Tu lâches prise et tu te laisses rouler jusqu’en bas… »

Les sourcils légèrement froncés, le Milicien regarda faire la Bannie avec circonspection, s'assurant malgré tout que dans sa roulade elle ne se blesse pas. Il hésita face à ce choix qui s'offrait à lui, puis il finit par descendre à pied la petite colline, laissant de côté l'idée de la roulade pour une autre fois. Lâcher prise aussi facilement n'était pas son genre et une part de lui le constata à cet instant, bien qu'il ne fit aucun commentaire en arrivant près de la jeune femme qui se redressait sur ses coudes pour l'observer. Était-elle déçue ? Ou bien s'attendait-elle à ce qu'il ne la suive pas ? Gondemar hocha la tête lorsqu'elle affirma qu'elle l'accompagnerait, puis écouta sans l'interrompre celle qui tentait de ramener un peu de légèreté dans la vie de son vis-à-vis. Trop réfléchir, voilà sans doute un comble pour qui était issu de la rue et n'avait pas eu de grande éducation, même si son ancien ami d'enfance lui avait permis d'apprendre à lire, écrire et compter. Silencieux et songeur, l'homme de haute taille acquiesça tandis qu'on lui imposait des conditions pour la fête à venir.

- Je garderais au moins un couteau, je ne peux faire moins.

Il ne pouvait lui dire qu'il ne se séparait jamais de son épée, pas même lorsqu'il dormait, que en mission comme en repos il ne quittait son armure que le temps de se laver et la renfilait aussitôt, dormant même avec depuis des années. Avait-il oublié ce que c'était que de vivre sans danger ni menace ? Oui, tout comme il ne pouvait avoir véritablement confiance qu'en une toute petite poignée de personnes en ce monde. Même son frère l'avait trahi et chercherait peut-être même à se venger pour ne pas avoir été soutenu par son ancien bras droit. Alors quoi ? Courir et se cacher sans cesse ? Fuir l'évidence et refuser de voir les choses en face ? Est-ce que ce n'était pas ce qu'il faisait depuis qu'il avait rejoint la Milice ? Il avait délaissé une prison pour une autre, plus grande, plus confortable, mais qui demeurait restrictive pour son mental autrefois épris de liberté. Liberté...

- « Avant, j’aimais la pluie… »

Arraché au flot de ses pensées, Gondemar porta ses orbes bleues sur la jeune femme.

- « Elle permettait à la terre de se gorger d’eau, aux plantes de pousser… Maintenant, quand il pleut, j’ai l’impression que la vie s’arrête… Tu vas voir, quand on rentrera le village sera vide, chacun restera dans sa demeure, parce que lorsque la pluie arrive, les nuages ne sont pas loin… Alors la fange risque elle aussi de faire son apparition… »

L'homme leva les yeux vers le ciel chargé de nuages, clignant des paupières alors que l'eau l'aveuglait à demi, baissant la tête et essuyant son visage avant de fixer Hildegarde qui soupirait en passant une main dans ses cheveux, lourdement lui semblait-il. Elle aussi était prisonnière à sa façon, peut-être que c'était aussi pour cela qu'ils ne s'étaient pas entretués ni pourchassés réellement, parce qu'ils avaient quelque chose en commun qui leur pesait tout autant.

- Avant je détestais la pluie.

Confia-t-il à son tour, jetant un regard alentours sur le début des bois qui pouvaient à présent abriter une dangereuse menace au vu de la luminosité qui avait considérablement diminuée.

- On vivait dans la rue, la pluie était froide et certains pouvaient tomber malade et mourir si on ne trouvait pas de quoi se soigner. La fille de l'herboriste nous aidait parfois, mais son père surveillait toujours le stock de plantes et c'était difficile d'en voler, même pour elle. Maintenant je trouve que la pluie permet de tout faire disparaître. Les hommes, les bêtes, le sang... Tout s'efface quand vient la pluie, elle lave tout, elle efface tout, elle apporte la mort et le silence, le calme et la paix.

Une vision qui n'avait sans doute rien de bien réjouissante vue de l'extérieur, mais qui avait sur Gondemar un effet apaisant évident. Il baissa les yeux sur la jeune femme et lui sourit avec une certaine douceur, une sorte de bienveillance que peu avaient l'occasion de voir, puis il lui tendit la main, attendant qu'elle la saisisse pour l'aider à se relever, reprenant la parole.

- Ce soir je serais juste un homme comme un autre, tel sera mon entraînement. Et toi tu ne seras qu'une femme comme les autres, c'est là la condition que je t'impose à mon tour. Nous nous amuserons avec les villageois et nous oublierons ce monde pour quelques heures.

Même si cela serait difficile à faire, même s'il se doutait qu'à chaque scène de joie ou d'hilarité des souvenirs risquaient de surgir en face de ses yeux pour tenter de prendre le pas sur l'instant présent... Mais il tenait à essayer, il voulait oublier un peu le milicien, le mercenaire, le soldat qu'il était. Il voulait tout à coup redevenir ce jeune homme qui courait de toit en toit dans la cité de Marbrume, ce chapardeur bagarreur qui mettait en déroute les Miliciens et qui s'amusait parfois de bien peu de choses. Hildegarde avait réveillée cette part de lui-même et pour cela il l'en remerciait intérieurement avec force, extérieurement avec un léger sourire complice.
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyJeu 20 Déc 2018 - 0:29
En bas de la pente, allongée sur le dos, le cœur tambourinant encore à l’intérieur de ma poitrine, j’attendais. J’attendais avec cet espoir presque enfantin de lui avoir donné envie de faire de même, de le voir débouler dans une roulade animée jusqu’à moi, j’espérais peut-être même sans savoir pourquoi visualiser un sourire sur ses lèvres. Un vrai sourire, pas celui qu’on offre juste pour faire semblant, pour paraître avenant ou terriblement banal. Mon idée s’envola rapidement dans un amas de gouttelettes, formant ce nouvel échec un brin désagréable. L’homme d’armes était bel et bien redescendu en empruntant le petit chemin, celui-là même qu’il avait utilisé pour venir jusqu’à moi sur les hauteurs. Mon visage était resté inexpressif, comme bien souvent, bien qu’intérieurement un vent de déception m’ait quelque peu animée. À quoi bon faire semblant de vivre, si ce n’est que pour être une marionnette dénuée de tout plaisir ? La question avait semblé rebondir un long moment dans mon esprit, avant de finalement me rappeler qu’il attendait très certainement une réponse à sa proposition. L’accompagner à la fête du village. Tout mon être me hurlait encore et toujours de cesser ce petit jeu, celui-là même que j’avais commencé en tolérant sa présence, en l’appréciant presque, pour autant, je ne m’écoutais pas, je m’écoutais rarement de toute manière.

Sans chercher à argumenter, j’avais fini par accepter, non pas sans souligner que je n’allais certainement pas lui prêter mes yeux, c’était à lui d’apprendre à réutiliser les siens. On ne vivait pas à travers qui que ce soit, on devait vivre, tout simplement, sans condition, sans crainte, sans faux semblant, pour pouvoir mourir sans regret, sans amertume, sans tristesse. Au fond, c’était étrange cette sensation, celle que j’avais à son contact, celle d’existé, de ne pas être invisible, de ne pas être un rien, de ne pas être un banni et même si mes lèvres ne s’étiraient jamais dans un sourire, mon regard devait certainement parfois trahir mes pensées. Toujours est-il que je n’avais pas bougé d’un centimètre, le dos toujours sur le sol désormais humide, le regard tournait vers celui qui me tenait compagnie –ou était-ce moi qui lui tenais compagnie ?-, la pluie dégringolant dans ma chevelure, l’alourdissant et m’aveuglant même parfois.

Sa négociation vis-à-vis du couteau ne m’avait pas franchement surpris, lui qui n’avait pas voulu descendre la pente à ma manière, lui qui semblait toujours très observateur, sur ses gardes ? N’allait-il pas venir à une bête fête de village sans arme, sans quoi se défendre, comment pourrait-il réellement faire confiance à une bannie comme partenaire de soirée ? C’était la réalité finalement, peu importe la manière de faire, j’en revenais toujours à cette douloureuse vérité, je n’étais rien, qu’une mauvaise herbe, qu’un mouchoir utilisé, qu’un objet qu’on utilise puis qu’on délaisse. C’est ce vent de nostalgie qui avait dû me pousser à parle de moi, de cette pluie que j’aimais tant avant, plus maintenant. J’avais fermé les yeux à l’évocation de cette réalité, je m’étais sentie peut-être même en insécurité alors que j’évoquais une pensée, ma pensée. Ce fut sa voix, grave, un peu mélancolique qui m’avait obligée à rouvrir mes prunelles, tout en me redressant sur mes coudes pour mieux le détailler.

Il était différent, définitivement, différent des bannis que j’avais l’habitude de côtoyer, différent des miliciens que je fuyais, différent dans tout et tellement de chose à la fois que j’avais du mal à comprendre comment il avait terminé en tant que toutou de notre brave Duc. Encore une fois, je n’avais pas répondu à son sourire, me contentant de le détailler curieusement, avec ce regard à la fois fermé, mais si expressif. Il avait raison, la pluie était aussi le signe d’un recommencement, d’un bain de l’environnement, d’un effacement des traces afin de pouvoir en refaire et … Il m’avait tendu la main et je ne l’avais pas prise. Il avait refusé de descendre la pente, il refusait de ne pas porter d’arme, de me faire confiance, alors je me refusais moi aussi de lui faire confiance, d’attraper sa main. C’était purement symbolique en réalité et le petit regard provocateur que j’avais dû lui lancer une fois relevée, le défiant de me comprendre, presque joueuse, ne pouvait rien indiquer d’autre que cet état de fait.


- « Essayons de faire ça, oui » lui répondis-je sans formuler le fond de ma pensée

La réalité, elle était bien plus violente que ce qu’il voulait croire : il était possible d’être qui on voulait être quand on était déjà quelqu’un à la base, mais quand on n’est rien qu’une merde parmi tant d’autres, quand on fait partie de cet ensemble insignifiant, des insectes qu’il faut écraser, on n’a aucune chance de parvenir à être quelqu’un, même pour faire semblant, même pour une heure. J’avais entamé la marche de retour, dans le silence, portant la réalité un peu trop lourde sur mes épaules. J’avais toujours voulu croire qu’il était possible de changer, d’évoluer, mais non, ce n’était qu’un fantasme parmi tant d’autres. Ce n’était pas pour rien que j’avais fait le choix de vivre au jour le jour. Pinçant mes lèvres, je n’avais pas pu m’empêcher de le détailler, de mémoriser sa silhouette, sa façon de se tenir, d’être toujours sur ses gardes. Le village se dessinait déjà au loin et ce fut sans surprise qu’on pouvait constater que tout le monde était rentré, plus âme qui vive n’osait sortir, sauf quelques irréductible qui patrouillait, préférant surveiller le risque de la fange pour sonner l’alerte. La pluie cessait déjà avec et avec elle, revenait l’espoir de cette fameuse soirée, fameuse fête du village. Devant la porte de l’établissement, j’avais enfin repris la parole :

- « Tu ferais mieux de te préparer, on se donne rendez-vous en bas d’ici une heure. »

Une fois à l’intérieur, j’avais laissé le milicien regagner sa chambre, non pas sans lui offrir un dernier regard, alors que sans surprise je m’étais faite arrêter par le tenancier. L’homme m’avait attrapé le bras avec force, attendant sagement que le bruit de la porte de l’étage se ferme avant de m’y entraîner et de me jeter dans la chambre que j’avais gagné. Allongée sur le sol par la violence de l’acte, je l’avais observait avec ce regard haineux. Immobile, je m’étais relevée, sans dire un mot, attendant qu’il formule ce que je savais déjà. Inutile d’être noble, prêtre, ou que sais-je de lettré et d’intelligent pour savoir qu’il se sentait en danger.

- « À quoi tu joues avec le client ? Tu veux quoi, qu’tout le monde soit au courant que j’traficote avec les bannis c’est ça ? T’arrête ça, si il découvre ce que tu es… J’te préviens Hildegarde, j’te balance à la milice, ou pire à la fange t’entend ? »

Devant ma non-réponse, il m’avait secouée et ce fut cette gifle monumentale qui me fit sortir de mes pensées.

- « Réveil toi pauvre idiote, si tu peux passer la nuit ici, si tu as ce confort c’est grâce à moi. »

Ce fut comme un geste réflexe, comme-ci je n’étais plus moi, mais la colère avait fini par me réveiller. Je l’avais plaqué contre le mur, lame dégainée juste sous sa gorge, sans qu’il ne comprenne réellement ce qui venait de se passer. Moi non plus pour être honnête.

- « Je crois que c’est toi qui ne comprends pas bien ce que je suis » grognais-je « J’ai gagné tout ça, parce que j’ai risqué mon cul pour ton travail, travail que personne ne voulait faire t’entends ?! Alors, n’oublie pas, n’oublie pas que moi j’ai rien à perdre et la prochaine fois que tu me menaces j’te préviens…
- « Lâche-moi. »

Comme-ci je réalisais soudainement mon acte, j’avais fini par relâcher la pression, rangeant ma lame. Au fond, hormis l’effet de surprise que j’avais en ma faveur, il aurait pu largement prendre le dessus, sans le faire. Il avait fini par ronchonner quittant la pièce, promettant que pour s’excuser il m’offrirait une bouteille ce soir, comme on aurait jeté un bout de pain à un cochon dans la boue. Une fois la porte fermée, j’avais passé une main sur le coin de mon œil gauche, marqué par le coup que je n’avais même pas vu venir. Avait-il au moins eu le mérite de me murmurer ce que j’étais, rien, comme-ci je pouvais l’oublier.

Le temps avait dû passer sans que je ne bouge de ma chambre, j’étais en retard et hésitante, plus certaine de vouloir descendre rejoindre ce milicien. Ce qui avait fini par me décider était plutôt stupide, mais j’avais l’impression de lui avoir donné ma parole et même si cela devait paraître futile, je la respectais toujours. Alors j’avais fini par descendre. Je ne m’étais pas changée, parce que je n’avais pas d’autres vêtements, hormis ma tenue de cuir et j’avais quelque doute sur le fait qu’elle soit plus adaptée que mon jupon encore humide et marqué par quelques traces de boues. L’unique effort visible devait être ma chevelure démêlée, parfaitement brossée et placée sur un seul côté de mon visage. Descendant les marches, j’avisais les gens commencés à jouer aux cartes, à boire, à chanter à rire, jusqu’à ce que mon regard s’arrête sur Rosalis et sur le tenancier qui lui tenait compagnie, sans que je ne sache exactement de quoi il était question. Rejoignant l’homme, j’avais dû lui offrir mon premier sourire, pas vraiment sincère, mais réellement désolée de mon retard.


- « Je m’étais endormie » mentis-je par faute d’avoir le courage de lui révéler que je ne voulais pas entacher sa réputation « Défi relevé ? » questionnais-je alors que le tenancier prenait congé

Avisant la foule, je réfléchissais à cette première activité et finalement ce fut sans surprise que je l’entraînais dans un petit coin de la pièce, le coin parfait pour observer le groupe jouer aux dés, tout en ayant une visibilité du reste du lieu.

- « Si tu veux jouer, la première technique c’est de repérer le tricheur, y en a toujours un… Une fois que tu sais c’est qui, il faut se mettre sur sa droite pour jouer après lui. Et après tu t’arranges pour avoir une super partenaire pour l’occuper et hop. » je m’étais mise à rire, même si le cœur n’y était pas réellement.

La musique d’ambiance était plutôt douce et notre idée de partie de jeu fut finalement interrompue par, semble-t-il une troupe d’acteurs qui s’apprêtait à réaliser une scénette.


HRP a écrit:

Pardon, c'est un peu long. J'étais inspirée.
Tu es libre d'entendre ou non la conversation de la chambre, ou du moins peut-être le conflit. Surtout si la chambre de Gond est pas très loin. J'te laisse décider de ça, de mon côté ça me gêne pas.
Tu es libre également de voir ou non la marque sur son visage à cause de la gifle.
Tout comme tu es libre de modifier certain passage si besoin.
Je te fais confiance de toute façon et si je dois changer quoi que ce soit, tu hésites pas.
J'espère que ça te conviendra !
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptySam 22 Déc 2018 - 10:46
Il lui avait tendu la main et elle ne l'avait pas prise. Il cru d'abord qu'elle était vexée, ou bien peut-être n'appréciait-elle pas sa vision de la pluie, mais lorsqu'elle se releva avec ce petit air amusé et joueur, il comprit qu'elle le défiait gentiment, qu'elle se plaçait en femme forte n'ayant pas besoin d'aide, tout du moins est-ce ainsi qu'il le compris. Alors il abaissa sa main sans plus s'en formaliser, acquiesçant quand elle lui dit qu'ils allaient essayer de faire ce qui venait d'être évoqué au sujet de la fête. Arriverait-il seulement à se détendre et à profiter de la soirée ? Rien n'était moins sûr, mais qui ne tentait rien... Ils refirent le chemin en sens inverse dans un silence songeur, chacun pour différentes raisons, Gondemar jetant de fréquents coups d’œil à Hildegarde pour chercher à deviner ses pensées. Voilà bien une jeune femme singulière et courageuse, d'une espèce rare qui survie envers et contre tout. La vision du village aux rues désertes confirma que la pluie avait fait renaître les inquiétudes des habitants, lesquels s'étaient tapis chez eux dans la crainte de voir un Fangeux arriver. Pauvres hères qui vivaient dans une peur permanente. La pluie sembla se raréfier et l'homme de haute taille leva le nez vers le ciel, une lueur d'espoir éclairant brièvement ses yeux bleus et l'étonnant par là-même. Visiblement la Bannie avait réussie à lui donner envie de participer à la fête, l'idée ayant fait son chemin dans son esprit. Déjà les portes de l'auberge se tenaient devant eux et le Milicien reporta son attention sur sa... comment la qualifier d'ailleurs ? Amie était un bien grand mot, il ne la connaissait pas assez pour cela. Bannie n'était à l'inverse qu'un mot, un titre grossier qui ne collait guère avec la survivante qui se tenait à ses côtés. Compagne d'un soir pourrait prêter à confusion, sans parler du fait de la rabaisser au simple rang d'objet de divertissement... alors quoi ?

- « Tu ferais mieux de te préparer, on se donne rendez-vous en bas d’ici une heure. »

Gondemar cligna des paupières, arraché à ses pensées, portant sur la jeune femme une attention nouvelle alors qu'une ombre de sourire effleurait ses lèvres. Il acquiesça, le visage arborant un air moins fermé, presque de bonne humeur, avant qu'ils ne passent la porte de l'auberge, pénétrant à l'intérieur d'un pas commun. Il passa devant pour monter l'escalier, échangeant un bref regard avec Hildegarde avant de gagner sa chambre dont il referma la porte, lâchant un soupir songeur. Allons bon, une soirée festive, depuis quand n'avait-il pas prit le temps de s'amuser un peu ? Cela lui ferait du bien de penser à autre chose qu'au travail, qu'à sa vie et aux choix qu'il avait pu faire et qui l'avaient tous conduits irrémédiablement ici. D'ailleurs il n... Des bruits de pas saccadés passant devant la porte dont il ne s'était toujours pas écarté attirèrent son attention, des sons qu'il reconnu aisément pour en avoir été trop souvent la source le mirent en alerte et il saisit la poignée, tendant l'oreille en devinant la direction prise par deux individus, l'un trainé par l'autre jusqu'à une chambre non loin de là. Il quitta la sienne furtivement, juste à temps pour entendre le vague bruit étouffé d'un corps projeté à terre qui fit grimper le taux d'adrénaline dans ses veines. En l'espace de deux à trois secondes à peine il était face à la porte d'une chambre qu'on venait de refermer, portant son oreille au battant pour tenter d'entendre aussi distinctement que possible ce qui se disait de l'autre côté, la main sur la garde de son épée.

- « ... quoi tu joues avec... client ? Tu... quoi, ...out le monde soit au courant que j’tra... avec les bannis... est ça ? T’arrête ça, ... découvre ce que tu es… J’...e préviens Hildegarde, j’te balance ... la milice, ...pire à la fange t’entend ? »

L'ombre s'abattit sur le visage de Gondemar en même temps que son humeur s'assombrit dans la foulée. Ainsi le tenancier connaissait-il le statut de la jeune femme, pire encore il la faisait chanter, lui reprochant d'être trop proche d'un client, inquiet certainement pour la survie de ses affaires illégales comme tant d'autres avant lui empruntant ce genre de chemin. Sauf que celui-là était un imbécile qui perdait son sang froid facilement, bien loin du calculateur qu'était l'ancien ami du Milicien. Theodemar lui n'aurait pas prit le risque d'être surprit ainsi dans ses affaires, les murs et les portes n'étaient pas suffisamment épais pour abriter le moindre secret, tout comme il aurait fait passer le message par un intermédiaire, Gondemar en l'occurrence qui s'était chargé tant de fois du sale boulot et d...

CLAC !

Le sang de l'homme ne fit qu'un seul tour en reconnaissant le son caractéristique d'une gifle, ses muscles se crispant alors qu'il se tendait de l'autre côté de la porte, prêt à la défoncer d'un coup d'épaule, attentif aux autres bruits qui suivirent.

- « ...éveil toi pauvre idiote, ...i tu peux passer... a nuit ici, si tu as ce confort... est grâce à moi. »

Grâce à lui, cette idée débecta l'ancien mercenaire qui y voyait là tout ce qu'il avait toujours exécré, bien qu'il y ait jadis participé. Pourtant le silence qui suivit lui interdit d'agir et, passé quelques brèves secondes, il sentit un soulagement le parcourir alors que c'était la voix de la jeune femme qu'il percevait à présent et non plus celle du tenancier.

- « ... ois que... est toi qui ne comprends pas bien... que je suis... ai gagné tout ça, parce que j’ai risqué mon cul pour ton travail... personne ne voulait faire t’entends ?! ... oublie pas, ...oublie pas que moi j’ai rien à perdre... prochaine fois que tu... menaces j’te préviens…
- « ...âche-moi. »

Un sombre sourire satisfait étira les lèvres de l'ancien soldat qui s'écarta de la porte, s'éloignant rapidement alors qu'il percevait du mouvement, regagnant rapidement sa chambre et fermant la porte alors qu'il voyait le battant de celle de la jeune femme s'ouvrir. Juste à temps. Il guetta les pas dans le couloir, puis dans l'escalier, entrouvrant de nouveau sa porte le temps de voir le tenancier de dos achevant de redescendre, puis referma pour de bon. Un irrépressible sourire éclairait son visage, l'amusement le prenant bien malgré lui face à tout ce qui venait d'arriver. Hildegarde savait se défendre et une part de lui trouvait cela rassurant, presque galvanisant. Il avisa son épée à son côté puis entreprit de défaire les attaches qui la retenait à sa ceinture, allant la placer sous son lit de sorte qu'en entrant dans la pièce on ne la repère pas, puis commença à défaire lentement son armure en réfléchissant à la meilleure façon de procéder. Un bain lui sembla être essentiel après la crasse de sa dernière mission nocturne, puis il avisa la tenue de lin qu'il portait toujours sous son armure, songeant qu'il lui faudrait les laver avant de reprendre son service et utilisant à la place son unique rechange qui, bien qu'identique à celle de n'importe quel homme du peuple, avait le mérite d'être en à peu près bon état. Il prit une une tunique à manches pour se prémunir du froid éventuel qu'il ajouta par-dessus celle classique en lin, ce qui lui donna l'air tout à coup bien moins offensif, d'autant plus qu'il avait pris avec lui une partie du contenu de sa bourse, dont quelques pièces d'argent tout de même. La sensation d'être démuni le saisi brièvement et il jeta un coup d’œil à son équipement de milicien, lorgnant dessus avec envie, lui qui ne se séparait plus de son armure depuis des années... Mais Gondemar avait en quelque sorte promis et c'est pourquoi il redescendit après seulement trois quart d'heure, ainsi apprêté, le couteau dont il avait parlé savamment dissimulé sous ses habits.

- Dites voir tenancier, je voudrais vous demander...

Appela-t-il avec un sourire et un air avenant trompeurs, laissant l'homme qui s'était brièvement figé le rejoindre en contournant son comptoir, s'éloignant de quelques pas avec lui. S'assurant d'un regard alentours que les autres clients ne prenaient pas garde à eux, il tapota l'avant-bras de l'homme avec un sourire avant de saisir soudain son poignet avec force, se rapprochant comme pour faire une confidence alors que ses doigts enserraient la chair et l'os sans aucune douceur, bien au contraire. Les yeux bleus de l'ancien milicien devinrent glacés alors qu'un sourire de façade perdurait sur ses traits, un exercice pour lequel il pouvait remercier son ancien ami qui le lui avait enseigné pour mieux agir en public.

- Qu'on soit bien d'accord tous les deux.

Commença-t-il d'une voix basse et menaçante.

- J'en ai rien à foutre de tes affaires et de ce que tu fais ici, qui tu vois, qui tu emplois, peu m'importe.

L'expression du tenancier se décomposa à vue d’œil et Gondemar resserra sa prise sur son poignet.

- Continue de sourire ou je te le casse.

L'homme grimaça, mais obtempéra, faisant naitre un air satisfait sur les traits de son vis-à-vis.

- Bien, tu vois quand tu veux. Donc on va mettre les choses au clair tous les deux : je parle avec qui je veux, je traîne avec qui je veux, okay ? Tu n'as pas à mettre ton nez dans mes affaires et si la petite que t'as cogné tout à l'heure a envie de traîner avec le client que je suis, c'est moi que ça regarde, pas toi, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

La poigne de l'ancien soldat se durcit encore et un couinement échappa au tenancier, lequel reçu en retour un regard noir chargé d'avertissement. Il se reprit et grimaça un sourire à peine convainquant, la prise se relâchant un peu.

- Je n'ai pas bien entendu.

- « O-Oui. »

- Ce soir je vais sortir avec cette femme et tu as intérêt à ce que je retrouve ma chambre et la sienne en l'état, avec toutes nos affaires intactes dedans, sinon je t'en tiendrait pour personnellement responsable. Et ne fait donc pas cette tête, je te paierais ton passage chez le soigneur pour ton poignet, tu vois je ne suis pas un ingrat non plus.

Lentement, Gondemar relâcha sa prise sur l'homme et porta la main à sa bourse, en tirant plusieurs pièces qu'il lui glissa de force dans la main, un sourire entendu aux lèvres.

- Je compte sur toi pour me laisser profiter de mes trois jours en toute quiétude, ce serait dommage que la Milice apprenne ce qui se passe ici. Toi comme moi voulons juste avoir la paix et... si jamais tu t'avises une fois encore de la menacer ou de la frapper, tu pourras dire adieu à tes couilles, peut-être même à ta langue.

L'ancien mercenaire eut un large sourire cruel et amusé tandis que le tenancier, partagé entre l'envie de protester et celle de prendre son argent sans insister, ne savait s'il devait pâlir d'inquiétude ou rougir de colère. Ce fut à cet instant que Hildegarde descendit l'escalier, le Milicien lui jetant un bref regard avant de reporter son attention sur son interlocuteur, sa main venant tapoter doucement son épaule comme s'ils étaient bon camarade, sa voix se faisant plus forte, audible de nouveau par tous.

- Merci pour vos conseils Tenancier ! J'adore votre auberge, soyez sûr que j'y reviendrais souvent.

- « Je m’étais endormie »

L'homme de haute taille l'accueillie avec un léger sourire amusé au coin des lèvres, n'y croyant pas un seul instant, mais qu'importait : pas question de la faire se sentir mal. Il vit très nettement la marque sur son visage, celle de la gifle qu'elle avait reçue et qu'il avait entendu de l'autre côté de la porte. Son regard s'attarda dessus, brièvement assombri, mais il ne fit aucun commentaire, ne voulant pas l'indisposer d'une façon ou d'une autre.

- « Défi relevé ? »

Il hocha la tête avec un sourire qui revenait à la charge, un peu pour elle il était vrai, se laissant entraîner dans un coin de la pièce d'où l'on pouvait observer des joueurs de dés, écoutant sans l'interrompre celle qui semblait prendre plaisir à lui expliquer les bonnes astuces pour s'insérer dans une partie et éviter ainsi les pièges des tricheurs. Oh il n'allait certainement pas lui dire qu'il connaissait ce genre de choses, qu'il avait évolué dans ce type de monde depuis l'enfance et que sa spécialité à lui avait justement été d'être celui qui occupait les autres pendant que son ami les dépouillaient, souvent même au propre comme au figuré. L'ambiance était légère malgré l'échange qu'il venait d'avoir avec le tenancier et, si celui-ci était partie ruminer sa fureur, la pièce d'argent glissée dans sa pogne avait dû le convaincre de se ranger à l'idée de son client. Le bref rire d'Hildegarde ne manqua pas de surprendre Gondemar qui l'observa avec attention, se radoucissant un peu avant d'apercevoir une troupe d'acteurs qui semblaient préparer quelque chose. D'une main sur l'avant-bras de la jeune femme, il attira son attention, lui désignant d'un signe du menton les artistes en question.

- Hey attends, on peut d'abord les regarder faire ?

Gondemar n'était pas un homme très créatif, son imaginaire n'était pas des plus développés et son pragmatisme n'avait eu pour seul concurrent qu'un romantisme savamment dissimulé aux yeux de tous, si bien que pour lui les occasions de s'évader ne résidaient que dans l'imagination d'autrui, leur façon de percevoir le monde ou de conter des histoires. Ainsi avait-il toujours aimé emmener son fils et sa femme aux fêtes de Marbrume, se ressourçant rien qu'en les voyant s'amuser et souriant en écho à leur bonheur plein et entier. Pour une fois ce soir, c'était lui que l'on faisait sortir, pour une fois c'était même lui qui réclamait, en quelque sorte et, bien qu'il s'en étonna intérieurement, il n'avait pas envie de manquer cette occasion, d'autant plus que cela lui ferait quelque chose à raconter à Anatole à son retour.

Spoiler:
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 23 Déc 2018 - 0:29
Mon regard avait effleuré sa silhouette, longuement, détaillant sa tenue vestimentaire, la fluidité du tissu, la propreté de celui-ci. Rosalis avait fait un effort, il ne portait pas d’arme, du moins pas de manière visible et sa tenue était agréable à l’œil, en tout cas pour le mien. J’avais ressenti un léger sentiment de honte, sans que je ne parvienne à me l’expliquer, je ne lui devais rien, il ne me devait rien non plus et pourtant, je crois que j’aurais apprécié pouvoir faire un effort moi aussi. Je ne pouvais cependant pas m’inventer des vêtements que je ne possédais pas, cela ne tombait pas du ciel. Pinçant mes lèvres, j’avais simplement opiné afin de lui montrer ma satisfaction, encore une fois aucun sourire, hormis ce petit air désolé vis-à-vis de mon retard. J’ignorais si mon mensonge avait pris, toujours est-il que je lui étais reconnaissante de ne pas m’en tenir rigueur. Je m’étais mise à lui expliquer avec un entrain nouveau les règles du jeu de dés et les magouilles qu’un œil avisé pouvait aisément reconnaître, c’était toujours la même chose, il y avait toujours un tricheur et un indicateur. Si le milicien semblait attentif, quelque chose me laissait croire qu’il n’était pas complètement ignorant de l’ensemble, était-ce dû à son passé ? Jouait-il pendant ces temps libres ? C’était possible et je me sentie une nouvelle ridicule, je ne parlais pas avec un enfant ou jeune adulte qui apprenait les plaisirs de la vie, mais bien à un homme qui avait simplement oublié ce que représentait le mot vivre.

- « C’est moche » fis-je sans répondre à sa question immédiatement « Ne me laisse pas utiliser ma salive pour rien, surtout si tu connais déjà ce que je te raconte.» je lui avais lancé ce petit regard malicieux, comme pour dévoiler que je n’étais pas vexée, mais plus taquine « Tu remontes dans mon estime, tu ne serais pas si ennuyeux que ça alors, tu as dû faire toi aussi quelques embrouilles. »

Jetant un nouveau regard vers sa silhouette, j’avais néanmoins opiné par deux fois pour lui indiquer mon accord. Je n’étais pas une très grande fan des représentations théâtrale, j’appréhendais même de tomber sur un simulacre du mode de vie des bannis, c’était courant après tout. Pour autant, je ne démontrais rien, me contentant de tirer une chaise pour m’installer dessus, attendant sagement que mon compagnon d’un soir fasse de même. J’avais cette crainte un peu étrange de le voir disparaître, se lasser de notre conversation, c’était agréable, sa présence j’entends, le fait de parler avec quelqu’un d’autre qu’un banni ou d’une personne ne désirant qu’obtenir quelque chose en retour. Je n’avais pas l’impression que Rosalis attendait quoi que ce soit de moi et inversement, je me plaisais à croire que je n’attendais rien de lui non plus. Les acteurs n’avaient pas tardé à se mettre en place, offrant un semi-silence des spectateurs qui attendaient avec cette impatience dans le regard que le tout débute et ce qui devait arriver, arriva.

- « Vous avez une préférence pour le thème ? » demanda l’organisateur
- « Pourquoi pas une pièce sur nos bannis ? » proposa le tenancier qui sortait de derrière son comptoir un large sourire sur les lèvres.

Le restant des personnes présentes sembla approuver, tous, sauf moi évidemment. Mon regard s’était fait plus sévère, plus dubitatif. Je m’imaginais déjà le pire, la caricature extrême, le vilain banni se faisant égorger par les généreux miliciens venus sauver la veuve et l’orphelin. La suite me donna raison, à une exception près. Prenant une légère inspiration, j’avais détaillé la silhouette du gérant se rapprocher de nous, déposer une bouteille dans un très large sourire en insistant bien sur le fait qu’elle était offerte par la maison, comme la provocation, je suppose, du moins, c’est ce que j’avais eu envie de lui cracher au visage sans oser réellement le faire. Le silence s’était fait et je n’avais pas pu m’empêcher de remplir les verres avant de m’en enfiler un rapidement. Du moins, c'est ce que j'avais eu l'intention de faire jusqu'à sentir le regard lourd et réprobateur du milicien. La soirée allait certainement être longue, trop pour moi, surtout si je ne pouvais même pas m'alcooliser tranquillement.

La scénette avait débuté, de cette manière si théâtrale, comment commencer autrement qu’avec la représentation du bannissement avec la présence de notre cher Duc, une exception près, la scène me semblait un peu trop familière, se rapprochant un peu trop de mon histoire.


- « Alors, on en fait quoi d’elle mon seigneur ? » quémanda le premier avec une mine de bouffon
- « Elle a réussi les épreuves, on ne peut pas la tuer, bannissez-la. C’est une meurtrière après tout. »

Celle qui devait être la bannie mima des hurlements de cette manière si minable. J’ai cru vomir, j’avais dû grogner sans même m’en apercevoir, alors qu’on imitait cette marque qu’on laisse sur le bras de ceux qui se retrouvent condamnés. L’ensemble fut réalisé avec pitrerie et je détournais de si nombreuses fois le regard que j’étais moi-même incapable de décrire l’ensemble avec précision. Je sentais juste l’embrouille à plein nez et le regard que me lançait le tenancier avec ce sourire malsain ne pouvait que me confirmer la suite. Prenant une légère inspiration, je visualisais ma dague dans ma botte, avec cette envie grandissante de lui faire comprendre ce que j’étais réellement, sans savoir moi-même ce que j’étais ?

- « Tu es désormais banni de la ville ma jolie, adieu tes mensonges, tu devrais supplier les trois de te pardonner » […]
- « Non, non, je vous en prie, je ne veux pas… Je suis innocente » supplia celle qu’on mimait d’éjecter de la ville dans des larmes ridicules.

Autour de nous, les gens semblaient s’en amuser, comme-ci il y avait véritablement de quoi rire. Est-ce qu’observer la déchéance d’un individu était si risible que ça ? Instinctivement, j'avais eu envie de boire mon verre, mais le regard de l'homme en face de moi me fit renoncer, encore. J’attendais dans un calme tout relatif que cette stupidité se termine. Mon visage devait rester neutre, seule la lumière de mes yeux semblait encore accepter de s’animer de cette lueur quelque peu malsaine. Et comme je l’avais supposé, la scène avait fini par se terminer sur la décapitation de la dite bannie, le tout dans une manière particulièrement surjouée. La salle s’était levée pour applaudir et j’avais fait de même sans bouger mon cul de la chaise. Ouais bravo. S’en suivirent quelques rires, quelques plaisanteries qui ne m’arrachèrent pas le moindre sourire, puis ce fit le calme, le calme et la musique et le désir plus que présent de m'enfiler troisième mon verre. Par chance la soirée devenait intéressante, les quelques paysans entamant des danses et des chants que les trois eux même préféraient ignorer. L’ivresse devait aider, devait délier les langues, la mienne n’était pas encore suffisamment abreuvée pour que le liquide n'ait un quelconque effet.

- «J’te provoque au bras de fer » fis-je soudainement en avisant le milicien « J’te pari un verre que j’peux te battre ! » rajoutais-je soudainement enjouée «Prêt à te faire battre pas une femme ? » questionnais-je pour attirer son attention et surtout ne pas lui permettre d’aborder la petite pièce de théâtre « j’te préviens d’où je viens tous les coups sont permis. »

Je n’utilisais jamais ma main droite, parce que je craignais toujours de voir ma manche glisser sur ma peau et ainsi dévoiler ma marque, ainsi c’est bien ma main gauche que j’avais présentée à mon adversaire du moment. Serrant la main de son choix, ou me repositionnant en fonction j’avais légèrement serré l’ensemble et une fois que le duel commença, je laissais gentiment mon pied droit glisser de sa cheville jusqu’à le haut de sa cuisse, espérant créer chez lui une déstabilisation qui me permettrait de le faire tomber par surprise. Je me souvenais de son regard quand je lui avais parlé des femmes de joies et j’étais convaincue que ce petit geste me permettrait d’avoir le dessus. Si ça ne marchait pas eh bien, j’étais certaine de perdre. Même si c’était le cas, cela ne pourrait que m’amuser, je n’étais pas faible loin de là, mais de là à rivaliser physiquement avec un milicien il ne fallait pas exagérer. Autour de nous l’ambiance bon enfant semblait se poursuivre et les chansons indécentes se poursuivaient. Certains déjà bien trop alcoolisés dansaient sur les tables pour la plus grande inquiétude du patron qui n’avait de cesse d’ordonner aux individus de descendre.
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 23 Déc 2018 - 1:11
Il n'avait pas voulu l'interrompre dans ses explications, pas alors qu'elle semblait si enjouée et impatiente d'entamer une partie en sa compagnie. Il sourit légèrement et acquiesça en promettant de ne plus le faire lorsqu'elle le reprit à ce sujet, certain qu'elle n'était pas réellement mécontente, pas en voyant son expression taquine qu'il commençait à bien identifier maintenant. Que Hildegarde le considère comme "pas si ennuyeux que ça" arracha un sourire à Gondemar qui en fut à la fois touché et amusé, haussant légèrement les épaules d'un air faussement nonchalant.

- Disons que je n'ai pas toujours été de ce côté de la loi.

Une explication qui suffirait pour le moment, ils auraient tout le temps d'apprendre à se connaître davantage et, un jour qui sait, il lui parlerait peut-être de ce qu'il a pu faire et dont il n'est pas fier, loin s'en faut, mais pour l'instant l'heure est à l'amusement et c'est sans malice qu'il proposa de regarder la scénette se jouer... jusqu'à-ce que le tenancier n'ouvre sa grande gueule pour proposer un thème sur les Bannis. Évidemment... L'homme de haute taille se retint de se retourner, sentant une envie difficilement répressible le tarauder. Cet imbécile jouait avec le feu et il n'avait aucune idée d'à quel point celui-ci pouvait brûler profondément. La suite ne fut pas difficile à deviner, les acteurs se mirent en place et, comble de la provocation, le tenancier vint leur apporter une bouteille en attardant son attention sur la jeune femme, laquelle garda un calme exemplaire que le Milicien ne pu que saluer intérieurement. Lorsqu'elle voulu pourtant se verser un verre, il secoua légèrement la tête à la négative, lui adressant un regard assombri par la méfiance, non pas envers elle, mais envers celui qui la leur avait offerte. L'individu était un lâche et un faible, il était tout à fait capable d'empoisonner la boisson dans le seul but de se débarrasser de deux éléments fâcheux et c'est pour quoi Gondemar déconseilla en silence d'y toucher, appréciant avec un certain soulagement que Hildegarde s'abstienne de consommer son verre. La pièce commença et autour d'eux ce ne fut qu'approbation et amusement, tandis que pour sa part l'ancien soldat sentait la fureur bouillonner sous la surface calme de son immobilisme. Il avait déjà assisté à tout cela, il connaissait les vérités cachées derrière les mensonges éhontés et, surtout, celle à ses côtés devait éprouver une certaine souffrance en assistant à tout cela. Discrètement, Gondemar vint brièvement glisser sa main sur l'avant-bras de la jeune femme, le pressant légèrement en lui adressant un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de cette pièce décevante et révoltante, avant de retirer sa main comme si rien ne s'était passé, reportant son attention sur les acteurs qui en faisaient beaucoup trop. La fin ne lui plu pas davantage, mais malgré tout il applaudit placidement, ne voulant guère éveiller les soupçons. Et dire que tous ces gens n'avaient aucune idée de ce qui se passait réellement dans la cité, sur les échafauds ou même durant les bannissements quand ceux-ci avaient encore cours... Le Milicien éprouva l'envie de quitter soudain cet endroit, de claquer la porte et d'aller savourer l'air frais du dehors, mais il savait que cela attirerait la curiosité de certains gêneurs et mieux valait s'en abstenir. Ah s'il avait pu... s'il avait pu, il se serait levé et aurait invectivé les acteurs, puis aurait cassé la figure au tenancier avant d'offrir aux frais de la maison une tournée générale pour faire bonne mesure. Mais on était pas à Marbrume ici et la grande époque était du passé.

- «J’te provoque au bras de fer »

Gondemar tourna la tête vers Hildegarde, clignant des paupières sous l'effet de la surprise.

- « J’te pari un verre que j’peux te battre ! »

Un sourire amusé étira les lèvres de l'homme qui pivota vers elle, prenant tout à fait au sérieux son défi. Ce n'était pas parce qu'elle était une femme qu'elle n'avait pas droit de tenter sa chance contre lui, il en connaissait bien certaines qui étaient tout à fait capable de vous casser le bras et ce presque sans effort si vous n'aviez pas suffisamment de muscle.

- «Prêt à te faire battre pas une femme ? J’te préviens d’où je viens tous les coups sont permis. »

L'amusement chassa l'ombre du visage de l'ancien soldat qui hocha vivement la tête, plaçant son coude sur la table en calant sa tunique de sorte qu'elle ne le gêne pas. La voyant utiliser sa main gauche et en devinant la raison, il avait fait de même pour ne pas la désavantager, plaçant l'autre dans son dos pour ne pas tricher, quand bien même tous les coups étaient permis. L'ambiance autour d'eux était réchauffée par l'alcool et la bonne humeur des uns et des autres, Gondemar pour sa part commença à forcer dès que Hildegarde le fit, mais il sentit rapidement un petit pied se glisser sur sa cheville et commencer à remonter. Gêné d'abord, il sembla mal à l'aise l'espace de quelques secondes avant de croiser le regard de la jeune femme, un sourire s'esquissant au coin de ses lèvres.

- Tous les coups hein ? Petite futée.

Il retint un rire et força pour de bon, plaquant soudain le dos de la main de la jeune femme sur le bois de la table avant de la lâcher aussitôt, s'enquérant de savoir s'il lui avait ou non fait mal. Puis une fois rassuré à ce sujet, il s'empara de leur bouteille et alla trouver leurs voisins à la table d'à côté, échangeant leur bouteille à demi entamée contre la leur bien plus pleine, trouvant une quelconque excuse sur le fait qu'il ne voulait pas que la jeune femme ne boive de trop. On jeta un regard à Hildegarde, puis on accepta l'échange sans demander d'autre motivation, avec un rire entendu de mâle pseudo dominant. Gondemar les remercia d'un sourire et revint auprès de sa camarade, vidant le contenu des verres à même le sol sans ménagement avant de leur servir à chacun une bonne rasade de l'autre alcool.

- Au moins celui-ci n'est pas empoisonné c'est certain.

Lâcha-t-il laconiquement avant de lever son verre en direction de Hildegarde.

- A cette vie qui pourrait être pire et au futur que j'espère meilleur.

Il trinqua avec elle, buvant cul sec l'alcool avant de soupirer fortement, appréciant d'en sentir la brûlure trop longtemps ignorée à force de missions et de privations. Le bordel ambiant autour d'eux semblait s'accentuer et Gondemar s'amusa de voir le tenancier céder progressivement à la panique tandis que certains de ses clients dansaient sur les tables.

- Tu sais Hildegarde, si jamais tu veux que je m'occupe de cet imbécile, tu n'auras qu'un mot à dire. Je sais que tu es capable de te défendre seule, mais un coup de main d'un... disons d'un ami, ça n'est jamais de trop parfois.

Il porta sur elle un regard teinté d'une légère chaleur, se laissant prendre un peu à l'ambiance festive bien qu'il demeure encore grave et concentré par bien des aspects. Pour autant il tenait à ce que la jeune femme sache qu'elle pouvait compter sur lui en cas de besoin et pas seulement lorsqu'ils se rencontraient dans les bois.
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 23 Déc 2018 - 2:10
Mes lèvres s’étaient étirées en un sourire sincère alors qu’il acceptait mon défi, sa main rentrant au contact de la mienne, nos doigts se serrant mutuellement pour maintenir la tension qui régnait dans nos avant-bras. Joueuse, j’avais fini par baiser ma garde, offrant un nouveau sourire sincère, étirant encore une fois mes lèvres, dévoilant des dents non cassées ou non malmenées par ma vie extérieure. Mon regard s’était plongé dans le sien, cherchant à jouer de cette dualité, de cette once de rivalité qui avait pris naissance dans mon esprit. J’ignorais encore ce que je trouvais si différent chez lui, si c’était son inconscience sa prise de risque, ou toute autre chose et presque naturellement je me répétais sa phrase : il n’avait pas toujours été du bon côté de la loi. Toujours était-il que j’étais prête, prête à tricher comme je savais si bien le faire parfois, ce n’était pas bien difficile, il suffisait de trouver le point faible et j’étais presque convaincue que le sien c’était les femmes et la proximité. Son contact n’était pas désagréable et il me rappelait celui qu’il avait eu un peu trop naturellement pendant le spectacle, sa façon de presser mon avant-bras, comme pour me susurrer qu’il comprenait, qu’il était là. Me prenait-il pour une petite chose fragile ?

J’avais glissé le bout de ma botte le long de sa cheville, remontant le plus lentement possible jusqu’au milieu de sa cuisse, alors qu’au même j’émettais cette pression sur sa main pour la faire tomber contre la table. Si ma stratégie sembla fonctionner une fraction de seconde, ce fut loin de ce que j’espérais, son sourire s’était élargi visiblement amusé par ma stratégie, il l’évoqua d’ailleurs à sa manière avant de rire. Ce n’était pas la première fois que je le voyais amuser, mais la première fois que cela me semblait sincère et je dois bien avouer que ça me déstabilisa si bien que ma main se retrouva brusquement sur la table sans que je n’émette la moindre résistance. Le bruit me fit sursauter, alors qu’il vérifiait un brin trop protecteur si je n’avais rien et je n’avais rien. Retirant ma main du bois, j’avais dû paraître un peu perdue, alors que je continuais à le détailler du regard, cherchant à percevoir ce que j’avais cru entrevoir, un amusement sincère. Étais-je finalement victorieuse ?

Rosalis c’était relevé, attrapant notre bouteille pour l’échanger avec celle du table voisine, moitié vide –je la voyais moitié vide en tout cas, là ou un autre la verrait certainement moitié pleine-, j’avais froncé les sourcils, alors qu’en prime il me faisait passer pour une dépravée se réfugiant dans les méandres de la boisson. Mon regard avait dû se durcir quand les verres firent renverser sur le sol et qu’il m’évoqua la raison de toute cette agitation. Il avait volontairement et en tout état de cause possiblement condamné deux inconnus qui n’avaient rien demandé ? Mon regard c’était portée vers le duo, mon cœur c’était mis soudainement à battre, comme-ci j’étais incapable d’encaisser la possibilité d’être responsable d’une mort qui aurait dû m’être destiné. Je m’étais presque immédiatement relevée, m’approchant doucement de l’oreille de l’individu qui avait accepté l’offre et si Rosalis était incapable de percevoir mon murmure, il n’en fut pas moins particulièrement efficace. L’homme s’était relevé, semble-t-il outré, rejoignant le tenancier qui offrit sans la moindre hésitation une autre bouteille pour éviter tout esclandre. Satisfaite, je m’étais réinstallée de la table, faisant glisser mon verre jusqu’à mes doigts.

- « Je lui ai dis que j’avais fait pipi dans la bouteille… Que tu m’avais trompée et que c’était ma vengeance… Mais que l’idiot que tu étais avait échangé notre bouteille pour ne pas que je me noie dans le chagrin de l’alcool.»

Levant légèrement mon verre, j’avais étiré une nouvelle fois mes lèvres en un sourire sincère. Cela ne me ressemblait pas, mais ce n’était ni surjoué, ni faux, j’étais sincère dans ma démarche, du moins, je le pensais, je le percevais ainsi.

- « À cette vie et tout ce qu’elle peut offrir de bon comme de moins bon » fis-je en réponse à sa phrase qui me semblait un peu trop négative.

Les verres avaient fini par s’entrechoquer avant d’être avalés d’une traite. L’alcool avait toujours ce don de m’apaiser, ou de me replonger dans des souvenirs que j’avais choisi ou non d’oublier. Ce soir, je n’avais pas envie de penser au passé ni au futur, juste au présent et à tout ce qu’il pouvait offrir. J’étais maintenant convaincue qu’il était différent, que ce n’était pas un milicien extrémiste, ni même un simple milicien tout chez lui hurlait ce double jeu, cette double compétence. J’avais attrapé la bouteille, déversant une nouvelle fois du liquide dans son verre, puis dans le mien, redeposant le tout sur la table avant de glisser mon propre récipient à mes lèvres. Mes gestes avaient dû se stopper alors qu’il terminait de formuler une maladresse. J’étais connue pour ne pas supporter la protection, ne pas accepter d’aide et si d’autres, bannis, étaient présents, ils n’auraient guères étaient surpris de me voir m’emporter face à cette pitié à peine camouflé.

- « Ne te donne pas bonne conscience Rosalis. » fis-je un peu plus froidement que ce ne que j’avais réellement voulu « Ne parlons pas des choses qui fâchent, ce soir il n’y pas de règle, tu te souviens ? » j’avais bu une gorgée de mon verre « Jouons tu veux bien ? Cap ou pas Cap de ne pas me laisser me ridiculiser toute seule ? »

À nouveau mon regard c’était fait plus joueur, certainement plus inconscient, l’alcool devait aider cela ne faisait aucun doute. Si j’aimais à répéter que j’étais bien capable de tenir des litres et des litres, la réalité c’est que j’étais une bannie et que je n’avais pas souvent l’occasion de boire jusqu’à me rendre ivre. Mon ventre n’était pas suffisamment rempli non plus pour me permettre d’éponger le deuxième verre que j’avais avalé aussi rapidement que le premier. J’avais fini par me relever, tendant ma main droite vers lui, l’invitant à se relever, l’invitant à rentrer dans ma danse, celle qui n’est pas logique, qui ne connaît aucune limite. Celle où il ne s’agit que de s’amuser, exactement comme ceux qui nous entourait, dansant, se tortillant, chantant à tût tête de vieille chanson qui n’avait pas le moindre sens hormis offusquer la plus prude des pucelles. Toujours main tendue, consciente de son hésitation, j’avais commencé à me tortiller, à me déplacer légèrement de gauche à droite au mouvement de la musique, tournoyant doucement sur moi-même pour revenir face à lui, mes lèvres articulant les paroles de la chanson paillarde qui circulait à ce moment-là.

« Vrai, j'en ai t'y d'la veine tout d'même,
T'as du beau linge. Es-tu marié ?
T'es un bel homme, t'as des yeux qu'j'aime.
Tu dois au moins être épicier ?
Ou même représentant d'la Chambre.
» *

Ici il n’y avait pas de règle de bonne conduite, pas de limite décente à respecter, pas de pas spécifique à entamer pour danser. Ici ce n’était qu’un défouloir, un endroit où les musiciens se lançaient dans des rythmes différents et souvent plus rapides, ou les paroles des chansons venaient saccader l’agréable mélodie, ou les cris, les rires et les chutes venaient ponctuer l’ensemble avec cette étrange harmonie. Comment pour l’encourager si l’homme avait hésité, j’avais serré davantage sa main, tirant légèrement pour essayer de le faire venir jusqu’à moi. Je me fichais bien d’être ridicule, je me fichais bien de ne pas savoir danser, de ne pas être cette petite femme parfaite que ce que le duché attendait d’une femme, je n’étais personne de toute façon, une bannie, un rien, un mouchoir usagé, un futur fangeux lorsque la mort viendrait. Si il c’était levé, je m’étais hissée sur la pointe des pieds tout en essayant de continuer mon semblant de danser –s’il était resté assis je m’étais rapprochée pour me pencher vers lui tout en continuant mes mouvements-

- « Mon prénom, c’est Isaure, alors appelle-moi comme ça… Arrête de réfléchir Rosalis… La mort est omniprésente, ce n’est pas en la fuyant qu’on l’évite, mais en l’affrontant… À trop réfléchir, c’est toi qui te perds… Je me fiche que tu m’abattes demain, je me fiche que l’alcool soit empoisonné, je me fiche que tu me classes dans la catégorie des femmes faibles au point de vouloir me protéger… Je me contre fou de ce que demain sera fait ou de quoi le passé est fait, tu es en vie, je suis en vie, est-ce que ce ne devrait pas être l’unique chose qui compte ? As-tu seulement accepté une fois dans ta vie d’agir sans penser aux conséquences ? »

L’abandonnant une seconde, j’avais attrapé la bouteille pour remplir les verres s’ils étaient vides. Avalant de nouveau le mien pour sautiller davantage, pour passer mes mains dans ma chevelure ébouriffant le tout, relevant légèrement mes jupons pour ne pas trébucher dedans et me retrouver lamentablement sur le sol. Mon sourire était sincère, tout comme mes yeux pétillants. Et demain, lorsque je réfléchirais tout ça, aucun doute que je me déclarerais coupable et perdante dans ce petit jeu, parce que j’avais fini par m’ouvrir tout en ayant face à moi un homme qui pour l’heure ne parvenait pas à faire un pas vers le lâché prise.

*Extrait de la chanson paillarde : La patrouille
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 2 EmptyDim 23 Déc 2018 - 9:02
Le rire à demi échappé avait été sincère, tout comme Gondemar perçu très nettement que l'air de Hildegarde avait changé, que dans son regard autre chose s'était installé. Et il en avait profité lâchement, celui qu'on avait défié, il en avait profité et le claquement sec sur le bois l'avait inquiété, il se souvenait parfaitement avoir déjà brisé des bras de la sorte, mais nul cri n'avait échappé à la jeune femme, aussi ne s'inquiéta-t-il pas davantage. Lorsqu'il s'occupa d'aller échanger les bouteilles, l'ancien mercenaire à peine rassi s'étonna de voir la Bannie se relever, suivant son petit manège en fronçant légèrement les sourcils. Allons bon, avait-elle osée prévenir ce client que le liquide était empoisonné ? Allait-il venir protester ? Mais non, au lieu de cela, ce fut auprès du tenancier qu'il alla gueuler et le Milicien cligna des paupières, regardant la jeune femme revenir et lui expliquer son stratagème qui, cette fois, lui arracha un véritable rire amusé. Pisser dans une bouteille... Il n'y aurait jamais songé à celle-là, même s'il se retrouvait qualifié d'idiot, ils en prenaient pour leur crédibilité tous les deux et cela avait quelque chose de vraiment cocasse. Ils trinquèrent donc, Hildegarde rectifiant son toast de manière bien plus agréable à l'oreille, Gondemar acquiesçant de bonne grâce et buvant avec elle son verre sans se faire prier. L'alcool le réchauffait et semblait adoucir son corps et les sensations, il percevait là très nettement ses effets perfides, mais puisqu'il n'était pas en service ni en mauvaise compagnie, pourquoi se priver ? Lorsque la jeune femme parla de bonne conscience après qu'il lui eut proposé de l'aider pour s'occuper du tenancier, son sourire s'évanouit de nouveau, aussi vite qu'il était arrivé.

- « Ne parlons pas des choses qui fâchent, ce soir il n’y pas de règle, tu te souviens ? »

L'homme de haute taille acquiesça, concédant à cette sorte de promesse qu'ils s'étaient faite alors qu'ils reprenaient un autre verre, le sirotant avec davantage de plaisir.

- « Jouons tu veux bien ? Cap ou pas Cap de ne pas me laisser me ridiculiser toute seule ? »

Ouhla, voilà bien un jeu qu'il connaissait, tout du moins sa version à lui consistait jadis à l'époque de son enfance puis de son adolescence à réaliser les actes les plus dangereux qui soient au nez et à la barbe des Miliciens, ou bien tout simplement à réussir à dépasser ses limites pour mieux prouver à la fois que l'on était vivant et également qu'on était capable de survivre à tout. Était-ce ce genre de jeu auquel voulait jouer Hildegarde ? Intrigué d'abord, il la regarda se lever en l'invitant à le suivre, puis voyant qu'il ne se levait pas, commencer à se trémousser un peu avec un air joueur. Les quelques pas n'étaient pas ceux d'une femme habituée à danser, mais la scène avait quelque chose de touchant, de même que ses petites virevoltes étaient charmantes et, lorsqu'elle commença à chanter, il éclata de ce rire gêné qu'on ceux qui ne sont pas habitués à recevoir ce genre d'attention, d'autant plus quand on connaissait la chanson en question. Il baissa brièvement la tête sous sa propre hilarité combinée à sa gêne, ne sachant plus vraiment où se mettre avant qu'elle ne vienne saisir sa main pour tirer dessus. Gondemar finit par se lever avec un irrépressible sourire, ne se souvenant plus de la dernière fois qu'il s'était laissé aller de la sorte, mais acceptant de rentrer dans la danse, son autre main se posant sur la hanche de la jeune femme pour l'accompagner et, aussi, la guider un peu puisqu'il connaissait ce genre de pas. Lorsqu'elle se hissa sur la pointe des pieds, il baissa un peu la tête, écoutant ce qu'elle avait à dire, son expression reprenant des accents plus graves à ses mots.

- « Mon prénom, c’est Isaure, alors appelle-moi comme ça… Arrête de réfléchir Rosalis… La mort est omniprésente, ce n’est pas en la fuyant qu’on l’évite, mais en l’affrontant… À trop réfléchir, c’est toi qui te perds… Je me fiche que tu m’abattes demain, je me fiche que l’alcool soit empoisonné, je me fiche que tu me classes dans la catégorie des femmes faibles au point de vouloir me protéger… Je me contre fou de ce que demain sera fait ou de quoi le passé est fait, tu es en vie, je suis en vie, est-ce que ce ne devrait pas être l’unique chose qui compte ? As-tu seulement accepté une fois dans ta vie d’agir sans penser aux conséquences ? »

Ah, comme elle disait vrai et comme elle avait raison. L'homme de haute taille lui adressa un regard où se livrait un combat déchirant entre l'envie de se laisser aller et celui de battre en retraite, de fuir ce morceau de bonheur éphémère qui lui était offert ce soir. Et alors même qu'elle s'éloignait pour aller leur servir de nouveaux verres, il la suivit d'un pas, venant boire le sien cul sec en soupirant fortement au passage de l'alcool... Par les Trois, et pourquoi ne savourerait-il pas cette fête lui aussi ? Même si ses mains étaient tâchées de sang, même si son âme était encore en suspend dans la balance des divinités, ne pouvait-il pas s'octroyer un peu de répit ? Isaure ébouriffa ses cheveux, affichant un large sourire enjoué et à cet instant, elle n'était qu'une femme s'amusant durant une soirée, qu'une petite futée qui lui montrait la voie et lui un imbécile trop bête pour l'emprunter de lui-même. Alors l'homme de haute taille délaissa le verre vide et vint saisir sa cavalière par les hanches, l'attirant à lui, l'une de ses mains venant saisir celle de la jeune femme pour reprendre la danse au rythme de la musique autour d'eux, un sourire enjoué prenant progressivement place sur ses traits moins crispés.

- Je veux bien qu'on profite ce soir, à la condition que tu m'appelles Gondemar.

Petit clin d’œil complice. Puisque désormais les présentations étaient véritablement faites, il l'entraîna de quelques pas vers le centre de la pièce où le plus gros des clients dansait et chantait, imposant à sa cavalière dont il ignorait si elle connaissait tous les pas de suivre sa direction, les faisant se balancer d'un côté puis de l'autre, tournoyer, virevolter et, finalement, un éclat de rire brut échappa à Gondemar, un rire grave teinté de chaleur alors qu'ils venaient de réussir à esquiver un couple qui dansait trop près d'eux. L'impression de rajeunir était forte, tout comme celle de redevenir l'espace de quelques instants celui qu'il avait été avant la Fange et ses temps de malheur, comme si les tracas s'effaçaient pour laisser un peu de place à celui qu'il était réellement. Tenant fermement la main de Isaure, Gondemar la fit tournoyer avec habileté, ses jupons se relevant sous l'effet du mouvement, provoquant quelques vivats des poivrots demeurés à leurs tables et qui battaient la mesure de ceux qui dansaient, avant que l'homme de haute taille n'attire à lui la jeune femme, un sourire de joie sincère aux lèvres. Il s'amusait, il s'amusait vraiment et c'était à elle qu'il le devait. Chassant malgré tout cette pensée parasite, il se contenta d'arborer un air fier typiquement masculin, de celui qu'il avait lorsqu'il était à peine sorti de l'adolescence.

- Ah, je ne t'avais pas dit que je savais danser ?

Taquin, il lui adressa un clin d’œil complice avant de la guider de nouveau vers leur table, avisant la bouteille pour qu'ils se resservent un dernier verre, après quoi elle serait complètement vide. Quatre verres par personne, ça allait encore, même s'ils n'avaient pas été bien grands, ça avait suffit pour les mettre en jambes pour le début de la fête et c'était tout ce dont ils avaient eu besoin.
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