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 [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]

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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyDim 23 Déc 2018 - 12:18
Semi-échec, c’était bien la conclusion de toute ma petite manœuvre, il ne s’était pas encore levé, mais il s’était mis à rire, vraiment, spontanément si bien qu’il avait même essayé de le cacher en tentant de cacher son menton. J’ignorais si je devais percevoir ça comme de la gêne, ou simplement comme un homme qui n’avait plus l’habitude de laisser ses émotions le guider. S’il pensait que j’allais accepter cette demi-défaite, il se trompait lourdement. Isaure Hildegarde n’était pas femme à abandonner à la première difficulté. Resserrant mon emprise sur sa main, tirant davantage, j’avais semble-t-il fini par obtenir satisfaction.

Victoire. J’avais réussi, l’homme bien plus grand et large que moi avait fini par se relever, acceptant de danser, de ne pas songer aux conséquences, acceptant de ne pas penser à tout le reste, bêtement. Pour la énième fois en très peu de temps, mes lèvres s’étaient étirées en un sourire sincère, un rire avait dû également fuir ma bouche, alors que je prenais conscience de la situation, j’étais une piètre danseuse et chanteuse. Si je pensais avoir tout prévu mentalement, la réaction du milicien me perturba, sa main avait glissé sur mes hanches et pour la première fois, je percevais un semblant de proximité, de contact et ça, ça avait tendance à me faire fuir. Ce fut à mon tour de ressentir cette gêne à la sensation de ses doigts évoluant le long de mes hanches, pour m’accompagner, pour me guider. Je n’étais pas une adepte de cette pratique, je ne me faisais jamais guider même pour quelque chose d’aussi insignifiant qu’une danse. Je n’avais cependant pas fui et si mon regard avait dû sembler un brin perdu, le sourire qu’il affichait sur ses lèvres me semblait suffisant pour mettre de côté ma ligne de conduite habituelle.

Je m’étais éloignée, pas très loin, le temps de servir deux verres, fallait-il bien se détendre un peu et bien que je ne sois pas une très grande adepte de ce liquide un peu trop fort à mon goût, je lui reconnaissais bien des vertus. Comme lui, j’avais avalé le tout d’une traite, retenant une légère quinte de toux, la boisson m’avait, semble-t-il un peu brûlé la gorge, ce qui n’avait rien de négatif de long. À peine mon verre de nouveau sur la table que j’avais senti une de ses mains sur mes hanches et l’autre contre la mienne. Comme bien souvent, mes sourcils avaient dû légèrement se froncer, mais son sourire avait raison des quelques doutes qui m’animaient. Était-ce réellement lui qui avait le plus à perdre ? Je n’avais pas pu m’empêcher de me questionner, chassant rapidement cette idée de mon esprit.


- « D’accord Gondemar. »

Répondis-je en lui offrant encore un sourire, il faisait des efforts, je pouvais bien faire de même. Encore une fois, ma garde fut réduite à néant, je laissais les armes de côté pour me laisser guider par cet homme que je ne connaissais finalement que très peu. Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir une petite préférence pour celui ose, celui qui cesse de trop utiliser sa tête, celui qui s’empêche de vivre pour être dans un contrôle permanent. Le contrôle, ça n’avait jamais que du bon. Je ne m’attendais cependant pas à être prise à mon propre jeu, on s’était retrouvé au milieu de la piste, attirant quelques regards, tournoyants, passants d’un côté puis de l’autre, il me guidait et je me laissais faire, avant de m’arrêter presque net lorsqu’il s’était mis à rire. C’était agréable, certainement trop pour que je ne constate pas que je déconnais sévère, que je jouais avec un feu qui allait finir par me brûler. Me refermant quelque peu, je m’étais remise à danser, toujours sous les manœuvres visiblement expertes de mon partenaire.

- « Non, tu ne m’avais pas dit… Je te laisse ce point. Tricheur » soufflais-je doucement.

J’ignorais ce qui m’offrait cette soudaine tolérance, si c’était l’alcool, moi, ou simplement peut-être le fais qu’à force de vouloir l’apprivoiser, il avait fini par le faire aussi un peu avec moi ? C’était effrayant, horriblement effrayant. Je n’en disais rien, ne démontrais rien non plus, revenant en sa compagnie à la table avec la satisfaction d’avoir réussi quelque chose. La bouteille était désormais vide et le dernier verre ne fut pas avalé d’une traite cette fois-ci. Je m’étais de nouveau assise, les joues un peu rouges, le regard un peu trouble. Je m’amusais à faire tournoyer le liquide dans le récipient, lançant quelques brefs regards à Gondemar, je ne savais pas quoi lui dire à ce moment précis, ni même quoi lui proposer, la nuit devait être bien avancée et si je ne me trompais pas la soirée allait très vite se terminer. On avait eu de la chance, pas de fange, pas d’ennemi, pas d’attaque, tout s’était déroulé convenablement. Je m’étais finalement relevée, attrapant les dés qui c’était retrouvée abandonner une table plus loin, me réinstallant, je lui proposais de nouveau de jouer, toujours dans cette étrange démarche du cap ou pas cap.

- « Cap ou pas cap de jouer avec moi ? En trois tours, le gagnant peut poser la question de son choix à l’autre ou imposer l’action de son choix. Tu joues ? »

Je n’aimais pas jouer pour rien, dans la vie rien n’était gratuit, ainsi je gardais cette mauvaise habitude, celle de devoir toujours obtenir en échange. Dans le fond, j’aurais pu me contenter de rien, juste de profiter de ce petit moment de jeu alors que l’ambiance retombait, mais l’admettre serait aussi trahir le fait que cet homme avait fini par gagner le plus grand jeu du début de notre rencontre, sans rien faire, m’apprivoiser. Le jeu était simple, chacun lance les trois dès en os, celui qui fait le plus grand score remporte la manche, en réalité, normalement c’est éliminatoire, le jeu doit se jouer à beaucoup plus, mais comme nous ne sommes que deux, je l’avais réajusté en tour. Pour remporter, il fallait gagner trois ou deux tours.

- « Je commence, honneur aux dames n’est-ce pas ? » fis-je toujours aussi enjouée, l’alcool aidant certainement « Cette fois-ci, tu vas perdre attention, prépare-toi Gondemar ! »

Je m’étais relevée, remuant les dés dans les creux de mes mains, soufflant avant de lancer le tout. Le bruit des petits os tournant sur la table fut parfaitement audible et que le tout s’arrêta les résultats étaient sans appel : je ne savais toujours pas lire les chiffres. Ce fut le silence, le gros silence, celui qui trahit le fait que je suis bien incapable de savoir si je gagne ou non, si c’est bon ou non, pire, j’avais besoin de lui pour m’indiquer le résultat sans même percevoir que le bougre pouvait tricher en m’annonçant un faux résultat.

- « Alors ? » le questionnais-je comme-ci il aurait dû comprendre dès le départ que je n’étais pas en mesure de lire les chiffres « Ça donne quoi ? Diiiiiis moi me laisse pas dans l’attente comme ça ! »

Résultats des trois tour:
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyJeu 10 Jan 2019 - 21:33
Il s'amusait, il s'amusait vraiment et cela lui faisait un bien fou. Gondemar ne s'était pas senti aussi vivant ni aussi joyeux depuis de trop longs mois, depuis un peu plus de deux ans en vérité et la Fange y était pour beaucoup. Malgré cela ces pensées ne venaient plus le parasiter à cet instant précis, effleurant son esprit sans parvenir à s'y incruster pour le moment, sans doute grâce à la combinaison de l'alcool et des efforts déployés par Isaure pour l'arracher à son quotidien morne et routinier. C'était une victoire totale, le véritable Gondemar venait de jaillir à la surface et s'amusait à danser avec la jeune femme, la guidant avec des réflexes qui revenaient à toute vitesse, riant et chantonnant de concert, jusqu'à-ce que finalement ils ne se retrouvent tout près l'un de l'autre à la fin de la musique, lui avec un large sourire face à elle qui venait de le traiter de tricheur. L'homme de haute taille fixa brièvement sa cavalière de ses yeux bleu glace, le regard brillant d'intensité, avant de la relâcher et de revenir à la table en sa compagnie, visiblement ragaillardi et rajeuni d'une bonne décennie après tout ce qu'ils venaient de faire.

- « Cap ou pas cap de jouer avec moi ? En trois tours, le gagnant peut poser la question de son choix à l’autre ou imposer l’action de son choix. Tu joues ? »

L'ancien soldat plissa les yeux avec un amusement certain, l'observant attentivement avant de sourire de nouveau, prenant place avec elle à la table en hochant la tête, se voulant bon joueur pour une fois.

- Allez, c'est d'accord !

Un peu de défi entre amis, ce n'était pas un mal, n'est-ce pas ? Bien sûr le fait qu'il pensa à Isaure comme à une potentielle amie n'était peut-être pas forcément la meilleure idée qui soit, mais il ne pouvait nier l'évidence : elle lui avait déjà sauvé la vie par le passé et vice versa, elle tenait à tout prix à ce qu'il profite de la vie et de chaque instant, allant même jusqu'à donner de sa personne, si l'on pouvait dire ainsi... Non, vraiment, elle se comportait bien plus en amie que certaines personnes de sa connaissance. Dans un monde devenu fou, n'était-ce pas là une certaine forme de lucidité que d'admettre cet état de fait ? Il sourit de plus belle quand elle affirma commencer, acquiesçant à l'honneur aux dames et comptant les points au fur et à mesure que les dés cessaient de rouler. Un regard vers la jeune femme lui révéla cependant qu'elle ne devait pas se rendre compte qu'elle avait perdu, soit parce qu'elle ne comptait pas spécialement, soit parce qu'elle... ne savait pas compter. L'évidence le frappa lorsqu'elle porta sur lui ses grands yeux impatients, le questionnant sur le résultat avec une curiosité trépidante qui lui arracha un sourire attendri. Ah, ne devrait-il pas lui dire qu'elle avait gagné ? Une part de lui avait envie de savoir ce qu'elle lui réservait d'autre, mais il n'aimait guère le mensonge non plus et voulait profiter de l'occasion qui lui était donné. Elle gagnerait bien assez tôt de toute façon.

- Ça dit que j'ai gagné un...

Il s'interrompit dans son élan, son bon-sens perçant à travers le léger nuage d'alcool qui embrumait partiellement son cerveau jusque-là. Gondemar porta sur Isaure un regard songeur, puis finit par chasser la gravité de ses traits, souriant de nouveau avec plus de légèreté.

- J'ai gagné le droit de te demander une faveur. Je veux que l'on s'amuse toute la nuit jusqu'au matin, et qu'on en profite comme tu l'as si bien dit tout à l'heure.

Voilà, c'était mieux ainsi, il avait beau avoir eu une pensée déplacée, il ne pouvait décemment pas foutre en l'air cette soirée de divertissement et de relâchement pour une simple pulsion. Gondemar adressa ainsi une grimace comique à Isaure avant de lui tendre les dés, un sourire complice au coin des lèvres.

- Tu veux encore tenter ta chance ?

Provoqua-t-il gentiment, sachant parfaitement qu'elle allait accepter et qu'il lui faudrait cette fois énoncer le résultat sans attendre. A voir de quel côté Dame Chance serait aux prochains tours.
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Isaure HildegardeBannie
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyVen 11 Jan 2019 - 1:13
- « Aloooooors ? » insistais-je très clairement sous l’effet de l’alcool « Dis-moi, triches pas hein »

Ma moue avait dû définitivement se faire plus enfantine, peut-être plus détendue aussi, mon masque de défense n’était plus là, même si j’avais tout fait pour lui prouver que la vie avait encore du sens, je m’étais prise au jeu, oui, je m’amusais je crois. Je détaillais les résultats, tour après tour avec cette incapacité de savoir si oui ou non j’étais victorieuse ou si c’était lui, je n’étais pas bonne perdante, je ne l’avais jamais été, mais pour la première fois cela ne m’importait pas réellement. Il avait souri, c’était fou, ce n’était pas faux, pas surjoué, son regard était un peu brillant –l’alcool ne devait pas aider-, alors j’étais en train d’atteindre mes objectifs non ? Mais moi, pourquoi je faisais tout ça, je n’en savais rien. Ma gorge me brûlait encore un peu, à cause du passage du liquide, de l’alcool. Et puis ce fut cette révélation, je lui devais quelque chose ? Hein.

- « Quoi j’ai perdu ? » m’offusquais-je avec de gros yeux ronds.

Puis ce fut le silence, alors que mon regard devait le détaillait de cette manière particulièrement dubitatif. J’avais chaud, je ne savais si c’était une bonne chose et j’étais bien incapable d’être certaine d’avoir compris le sens même de la phrase de mon interlocuteur. Il m’invitait à monter dans sa chambre pour passer la nuit ensemble ? Impossible… Une bouteille et voilà le résultat ? Je m’étais pincé les lèvres, ça m’avait révoltée, mais en même temps après le temps passé avec lui je ne pouvais pas croire que ce soit ça. Puis je m’étais mise à rire, un vrai éclat de rire aussi brutal que rapide. J’avais décidé de rentrer dans son jeu pour voir s’il se rendrait compte lui-même du sens de sa phrase. Au fond, je n’étais même pas certaine de comprendre moi-même à quoi je jouais, vraiment pas.

- « D’accord, on va s’amuser toute la nuit jusqu’au petit matin » j’avais récupéré les dés en répondant à son sourire par un autre sourire « Je vais tenter ma chance » répondis-je avec malice « Si je gagne, je veux que tu m’exposes ta pensée et le sens de ta phrase, si je perds tu gagneras autre chose »

J’avais soufflé doucement entre mes doigts, avant de laisser les trois dés rouler sur le bois de la table. Les chiffres semblaient très légèrement en ma faveur, même si j’étais bien incapable de le savoir. J’étais heureuse de jouer, cela s’arrêtait là. Il avait joué, puis j’avais de nouveau lancé le tout, il avait recommencé et on avait terminé ce nouvel échange. Encore une fois, j’étais dans l’attente des résultats et il ne disait absolument rien. Il avait relancé avec un petit sourire satisfait et j’avais fait de même. Toujours le même rituel, toujours, d’abord prendre les dés entre les mains, souffler doucement entre les doigts et lancer sur la table avec les yeux brillants et détaillants le tout avec plaisir. Cette fois-ci j’étais convaincue d’avoir gagné, cela ne pouvait pas être autrement, les trois m’avaient déjà suffisamment punie en me bannissant, je ne pouvais pas voir de la malchance partout.

- « J’ai gagné c’est ça ? J’ai gagné ! » je ne lui avais pas laissé le temps de répondre « Ouii, je le savais, c’est ça, alors dis-moi à quoi est-ce que tu penses exactement, tu-tu-tu-tu c’était notre accord et le temps que tu réfléchis, je vais chercher une autre bouteille. »

Je m’étais relevée, un peu trop brusquement je m’étais rattrapée à la table pour éviter de perdre l’équilibre, d’un pas déterminé j’avais retrouvé le comptoir pour m’adresser à une petite serveuse. Je lui avais demandé une bouteille d’un alcool fort, le tout accompagné d’un petit clin d’œil que j’avais été incapable de retenir. J’étais ivre, il fallait être réaliste. Mes signaux d’alerte avaient fini par s’éteindre, je n’étais plus bannie, plus méfiante, juste ivre, complètement ou tout du moins très enjouée, mais ça même si je le pensais, je me pensais suffisamment forte pour me répéter que ce n’était pas bien grave. Après tout ce genre de soirée n’arrive qu’une fois. J’avais réussi à avoir la serveuse, lui faisant croire habillement qu’elle avait oublié de nous servir, avec le monde et mon regard plein de contrariété –certainement ma petite phrase sur le fait que le patron ne serait pas ravi de l’apprendre, moi l’habitué qui vient résoudre des situations compliquées-. Elle m’avait refilé la bouteille et je l’avais montré à Gondemar avec un grand sourire, victorieuse. A boire.

De nouveau non loin, du milicien, de la table, j’avais déposé la bouteille devant lui, mon pied avait trébuché avec un objet invisible et je m’étais rattrapée sur lui, les deux mains sur ses épaules. Relevant doucement le visage, mon regard avait plongé dans le sien et je m’étais mise à rire. Je m’étais redressée rapidement, dépoussiérant ma chevelure comme j’aurais pu le faire avec le bas de ma tenue.


- « Alors, je t’écoute. » fis-je guillerette alors que derrière moi l’ambiance n’avait pas changé.

J’avais tiré la chaise pour m’installer, je ne savais pas trop ce que j’attendais, peut-être qu’il me parle de lui ou qu’il admette oralement que j’avais réussi. Peut-être que je n’attendais rien, peut-être que j’avais vraiment envie d’oublier que j’étais bannie, peut-être que j’aurais préféré ne jamais avoir connu ce statut. Mon sourire avait dû disparaître légèrement, alors que je me réservais un verre à moi, puis à lui pour ne pas penser, pas ce soir, non. Pas comme ça, pas maintenant. Levant mon verre, je cherchais à l’obliger de trinquer, de fêter, de clôturer cette soirée agréable qui devait toucher vers sa fin. L’ambiance était toujours aussi bonne oui, c’était une évidence, mais certains commençaient à partir, à comprendre qu’il était déjà tard.

- « Cap ou pas de boire deux verres sans avoir le droit d’utiliser les mains »

Spoiler:
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Gondemar RosalisMilicien
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptySam 12 Jan 2019 - 9:42
Elle s'était comme figée lorsqu'il lui avait énoncé son action et avant même qu'elle n'éclate de rire, Gondemar avait réalisé que peut-être sa phrase pouvait être interprétée dans le mauvais sens du terme. C'est ainsi que son rire le rassura et qu'il la regarda prendre les dés avec un sourire, hochant la tête sans revenir sur ce qu'il venait de dire, mais Isaure s'en chargea elle-même en énonçant d'avance la question qu'elle voudrait lui poser. Les dés roulèrent de nouveau sur la table, le Milicien comptant les points avec attention, tendu d'abord, puis aux derniers lancés avec un large sourire victorieux qui présageait d'une suite amusante. C'était sans compter sur la jeune femme qui avait décidé que c'était elle qui avait gagné et qui s'octroya la victoire avant même que l'homme ne puisse la détromper. Voyant pourtant sa joie et son enthousiasme, il finit par s'attendrir et acquiesça, lui concédant cette réussite malgré les résultats des dés.

- Oui tu as gagné.

Comment vouliez-vous lui refuser ça en même temps ? Elle avait l'air de s'amuser comme une folle, gaie comme une enfant durant une fête de printemps, aussi touchante que n'importe quelle autre jeune femme passant un moment avec un ami sans penser à rien d'autre qu'à l'instant présent, à croire qu'elle appliquait ses propres principes à elle-même. N'attendant pourtant pas sa réponse, Isaure fila au comptoir récupérer une bouteille sous le regard amusé de Gondemar, lequel guetta la scène de loin en se retenant de rire, lui-même d'une excellente humeur après tout ce remue-ménage. Sans doute l'alcool y était-il pour quelque chose, mais qu'importait au final ? Demain il ne travaillait pas, il pouvait bien s'octroyer un peu de bonheur pour une fois.

- « Alors, je t’écoute. »

- Je parlais de s'amuser tu sais, il ne fallait pas y voir quoi que ce soit de déplacé.

Il se rappela qu'elle avait évoqué le fait de devoir lui dire le fond de sa pensée et un sourire étira de nouveau ses lèvres, avant qu'il ne secoue la tête pour chasser ladite pensée de son esprit.

- De toute façon je doute que tu voudrais savoir à quoi je pense. Trinquons plutôt !

Ils prirent chacun leur verre et trinquèrent de concert, Gondemar vidant le sien sans plus vouloir faire attention à la rapidité avec laquelle il ingurgitait l'alcool, lui qui d'ordinaire s'imposait une discipline stricte à ce sujet. Autour d'eux on chantait et dansait encore, mais certains badauds commençaient à quitter l'auberge et on sentait que d'ici une heure à peine les lieux se videraient rapidement.

- « Cap ou pas de boire deux verres sans avoir le droit d’utiliser les mains »

L'homme de haute taille eut un bref rire, surpris et amusé.

- Ah on ne joue même plus ça aux dés maintenant ? D'accord, d'accord, je relève le défi ! Mais si j'y arrive, tu me devras une autre faveur !

L'ivresse le gagnait, mais il s'amusait beaucoup trop pour s'arrêter en si bon chemin et c'est ainsi qu'il piqua le verre de Isaure pour le remplir en plus du sien, plaçant les deux côte à côte devant lui avant de prendre une inspiration. Un clin d’œil à la jeune femme, puis il posa ses mains à plat sur la table, se penchant pour saisir le premier verre avec les lèvres et les dents, buvant d'abord au-dessus par petites gorges avant de le soulever avec précautions, l'inclinant lentement avec prudence pour le vider au fur et à mesure sans en renverser une seule goutte. Ainsi terminé, il reposa le verre et jeta un regard à son amie, amusé et plein de défiance.

- Tu vas perdre.

Affirma-t-il avec un certain enthousiasme, réitérant l'opération pour boire lentement mais sûrement son verre, non sans tout faire pour ne pas bouger de sa place et ainsi ne rien renverser.
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Isaure HildegardeBannie
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptySam 12 Jan 2019 - 14:02
Je n’étais pas aveugle, même joyeuse, je conservais un certain sens de l’observation, le sourire de la fin du jeu m’avait laissée entendre que j’avais perdu. Je n’avais cependant pas pu l’accepter, perdre deux parties de suite, ce n’est quand même vraiment pas de chance. Dans le fond, je crois que ça m’avait même blessée au plus profond de mes croyances, je me devais de regarder la réalité en face, la trinité c’était entièrement détournée de moi. Toujours était-il que sans savoir lire je ne pouvais avoir la certitude de son mensonge, il disait que j’avais gagné et j’avais sincèrement envie de le croire. Mon regard avait dû s’illuminer, mon sourire s’élargir : j’avais gagné, c’était tout ce qui avait d’importance. Je n’avais pas perdu le fil de mes pensées et c’est dans l’espoir de le coincer que je lui avais demandé de m’exprimer sa pensée, il avait souri, avant de revenir sur sa décision prétextant que cela ne m’intéresserait pas, puis ajoutant que cela n’avait rien de déplacé. Je m’étais amusée à rouler des épaules à deux reprises, convaincue qu’il ne me disait pas tout. Si l’ambiance dans l’établissement était chaleureuse, ce n’était pas elle la responsable de mes joues rosies, mais bien les vapeurs de l’alcool.

Nouvelle bouteille, nouveau verre, nouvelle gorgée, il avait avalé son verre, j’avais avalé le mien dans un petit hoquet bien maladroit. Je ne sentais même plus le liquide brûler ma gorge, ou tout le reste de mon corps sur son passage. J’avais envie de rire sans expliquer pourquoi, sans comprendre pourquoi, mon regard croisait régulièrement celui de mon interlocuteur, sans que je ne sache quoi lui dire de plus. Plus je passais du temps en sa compagnie, plus j’avais la sensation de le découvrir et de le voir se découvrir lui-même, c’était touchant même pour moi qui n’avais de cesse que de fuir tout lien social, tout lien relationnel. C’est pour me sortir de mes pensées que j’avais proposé spontanément ce petit défi aussi stupide qu’inconscient.


- « Il faut parfois faire preuve de plus d’originalité » fis-je simplement en haussant les épaules « Si tu gagnes, oui, je te devrais une autre faveur, mais il faut gagner » provoquais-je gentiment.

Sans avoir le temps de me servir un nouveau verre, je me l’étais vu emprunté, Gondemar avait habillement rempli le tout sans en laisser tomber la moindre goutte à côté. C’est qu’il avait la valeur de l’alcool. Les deux verres furent remplis aussi rapidement que le premier fut avalé de nouveau sans provoquer le moindre débordement et ça m’avait rire. Déposant le premier verre consommé sur le bois, il avait osé me provoquer, me titiller en me disant que j’allais perdre. Certainement pas non. Je l’avais laissé réaliser de nouveau l’action et une fois le verre fermement positionné entre ses dents, je m’étais relevé un sourire victorieux. Je m’étais mise juste derrière lui, déposant une main sur chacune de ses épaules, remontant petit à petit en tapotant du bout des doigts et simultanément, son cou, ses joues, ses pommettes, puis pour positionner mes deux mains sur ses yeux, tentant de le rendre légèrement aveugle. Afin d’être certaine de bien me faire entendre, je m’étais légère penchée en avant afin de lui murmurer à l’oreille. Mes cheveux avaient dû venir l’effleurer sans que je ne m’en aperçoive réellement. Mon équilibre n’était pour autant pas franchement à son plus haut niveau, devait-il sentir que je tanguais un coup à gauche à coup à droite :

- « Et en étant aveugle, c’est toujours aussi simple ? » questionnais-je « Je n’avais pas précisé que la triche était interdite cette fois.»

La véritable règle du jeu est qu’il n’y avait pas de règle du jeu, je m’étais mise à rire, satisfaite de mon petit tour de passe-passe. J’ignorais si cela l’avait amusé lui, mais moi oui, c’était le plus important dans la fond. Derrière moi, c’est la voix du tenancier qui m’avait obligée à retirer mes doigts alors que je m’éloignais d’un pas. L’homme avait ordonné à tout le monde de prendre son dernier verre, signe que la soirée touchait à sa fin. Ça m’avait rire là encore, sans que je ne comprenne pourquoi je m’étais mise à rire, peu importe finalement. Tournant sur moi-même au rythme de la musique qui venait de soudainement prendre une nouvelle intensité, j’avais manqué de chuter et c’était sur Gondemar que je m’étais rattrapée.

- « Oups, j’ai tourné trop vite » fis-je un large sourire sur les lèvres « Bon alors, monsieur le tricheur » poursuivis-je « Qu’est-ce que vous exigez cette fois-ci ? »

Doucement j’avais retiré mes mains de son épaule, un peu gênée aussi de la proximité ainsi provoquée. Dans mon état, j’étais incapable de comprendre à quel point je m’enfonçais dans une problématique grandissante. Pour la énième fois depuis le début de cette soirée, je m’étais mise à rire, la soirée allait toucher à sa fin et c’est sans aucun doute avec une belle migraine qu’on allait tous les deux se réveiller.

- « C’est dommage, on n’aura pas le temps de terminer la bouteille » fis-je peu satisfaite du gaspillage.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptySam 12 Jan 2019 - 14:44
Est-ce qu'il se doutait qu'elle allait tenter de tricher ? Certainement. Est-ce que cela le dérangeait ? Pas plus que cela, probablement parce qu'ils étaient en train de passer une agréable soirée à rire et faire les pitres, mais Gondemar pouvait assurer que c'était l'une des meilleures qu'il ait eu depuis bien longtemps. Isaure ne manqua pas à ses devoirs en passant dans son dos alors qu'il se penchait au-dessus du second verre, posant ses mains sur ses épaules à le faire se crisper et s'immobiliser d'abord, retenant difficilement un rire nerveux en grande partie dû à l'alcool. Ah la saleté ! Ses mains remontaient, tapotaient et remuaient sur ses épaules et son cou, le gênant dans l'entreprise périlleuse qu'il effectuait de ce fait plus lentement, jusqu'à-ce que les mains n'occultent sa vue, le faisant s'immobiliser à nouveau, un rire menaçant d'éclater une fois encore. Il grommela quelque chose d'inintelligible en réponse à sa provocation, réprimant son hilarité pour finalement avaler cul sec le reste de son verre, le reposant d'une main tandis que de l'autre il écartait gentiment celles de la jeune femme pour enfin pouvoir laisser échapper un fou rire terrible qui dura plusieurs secondes, au point que ses zygomatiques lui arrachent des ondes de douleur.

- T'es vraiment terrible !

Lança-t-il avec amusement, la regardant se mettre à tournoyer à quelques pas de lui tandis que la musique s'accélérait et que les fêtards s'occupaient tous de leur dernier verre avant que la fermeture n'arrive. Ce fut ce moment que Isaure perdit l'équilibre, rattrapée de justesse par un Gondemar amusé par la situation, jusqu'à-ce qu'elle ne lui demande ce qu'il voulait comme récompense pour l'épreuve des verres. L'homme commença à réfléchir à ce qu'il pourrait demander, mais il sentit la chaleur de la jeune femme s'éloigner de lui en même temps qu'elle ôtait les mains de ses épaules et, dans un sursaut incontrôlé, il la retint d'une main, se penchant vers elle... avant de suspendre son geste, ses doigts desserrant immédiatement leur prise pour laisser Isaure s'écarter et rire tout son content alors qu'il demeurait brièvement perturbé par ce que l'ivresse venait de susciter chez lui. Non parce que ce ne pouvait être que ça, n'est-ce pas ? L'alcool lui était un peu trop monté au cerveau, la fraîcheur de la jeune femme lui avait probablement un peu trop rappelé de vieux souvenirs enfouis et l'espace d'un instant il avait oublié qu'à ses côtés se trouvait une femme qu'il ne pouvait décemment pas embrasser sans son accord, quand bien même l'envie impérieuse venait de le saisir, lui toujours si rigide à ce sujet, si respectueux et sérieux. C'est ainsi que Gondemar adressa un sourire à celle qui riait encore un peu, ne voulant pas briser cet élan festif malgré la douche froide mentale qu'il venait d'essuyer.

- « C’est dommage, on n’aura pas le temps de terminer la bouteille »

Il jeta un regard à la bouteille à peine entamée, puis s'en empara d'une main avant de tourner la tête vers Isaure, lui tendant l'autre main avec un léger sourire.

- Tu n'as qu'à venir la boire avec moi là-haut et tu iras te coucher dans ta chambre ensuite.

L'invitation était sincère, terriblement sincère quant à la finalité que Gondemar voulait, à savoir laisser la jeune femme s'en retourner à sa propre chambre une fois qu'ils auraient encore bu quelques verres, mais au pire pourrait-il lui laisser son lit et dormir par terre, si d'aventure elle s'endormait entre ses draps en tout bien tout honneur. Ah, sa propre ivresse refluait, de même que son enthousiasme, mais il avait envie de profiter encore un peu de celle de Isaure qui lui faisait un bien fou, même si ça n'était pas raisonnable, même si demain il risquait fort d'avoir une gueule de bois d'enfer.
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptySam 12 Jan 2019 - 22:10
- « C’est de ta faute » soufflais-je en m’éloignant un peu

Oui c’était de sa faute, parce qu’il fallait bien un responsable, mais à bien y réfléchir c’était plutôt l’alcool le coupable de toute cette situation. Les joues roses, je m’étais autorisé un petit tournicoti sur moi-même, l’évidence même de la chute aurait dû me frapper, mais il n’en avait rien été, si bien que j’avais manqué de chuter, me rattrapant de justesse au milicien. Mains sur ses épaules, je m’étais mise à rire avant de m’éloigner de quelques pas. J’étais ridicule, atrocement, mais je me sentais bien pour autant. Il n’y avait plus de bannie, plus de marquage, plus de difficultés justes une soirée agréable qui je l’espérais resterait gravé dans mon esprit. Il m’avait attrapé le bras, me ramenant à lui un peu par la force des choses et ce fût étrangement sans angoisse que je m’étais approchée, jusqu’à lui sourire alors que je n’étais plus très bien de lui. Je m’attendais à une phrase, une question, mais ce sourire, pas ce regard particulier que je n’identifiais pas réellement. Il m’avait paru rester un moment comme ça, immobile, à me détailler et j’avais dû en faire de même. Puis il m’avait relâchée et je m’étais éloignée instinctivement, néanmoins sans brusquement. Attrapant la bouteille l’homme d’armes m’avait fait cette proposition aussi drôle qu’indécente. Me faisait-il réellement le coup du dernier verre ? À ce moment-là, tout mon corps avait dû me hurler ce non, ce murmure de survie, de pré-regret, de pré-culpabilité, mais comment écouter la voix de la raison, quand notre cerveau n’est plus en mesure de réfléchir dans le bon sens.

- « Je ne vais tout de même pas te laisser la boire tout seul » fis-je dans une moue clairement enfantine « Et j’irais me rouler jusqu’à ma chambre ensuite, promis. » Rajoutais-je comme pour me rassurer intérieurement.

Je m’étais mise à rire encore, imaginant parfaitement la scène, moi rampant avec difficulté sur le sol pour rentrer dans une chambre qui n’était pas la mienne persuadée qu’elle l’était. Oui je me voyais rire à en pleurer, à en avoir mal au ventre tant je me sentirais ridicule, puis ce fut une image, moins agréable qui termina ma pensée et je dû secouer la tête à plusieurs reprises pour ne plus y songer. Quand j’avais fini par reporter mon attention sur le moment présent, Gondemar était devant moi, les deux verres et la bouteille en main, attendait-il très certainement mon autorisation, mon premier pas. Naturellement je m’étais retournée pour être face à l’objectif marche qui se dressait devant moi. Le passage fut complexe, plus qu’il fallut slalomer entre les derniers danseurs, les personnes aussi ivres voir plus que nous. Monter les marches ne fut pas si terrible finalement et c’est après quelques minutes que je m’étais retrouvée en haut, toujours aussi souriante, toujours aussi guillerette sans en comprendre la raison.

- « Elle est où ta chambre déjà ? » parce qu’il y avait des portes un peu partout et qu’une porte était une porte « Non laisse-moi deviner… Celle-là » j’avais montré la mienne « Non ? Celle-là » celle qui se trouvait en face « Celle-ci ? » celle à côté « Non plus rhooo… Celle-là alors ? » cette fois-ci c’était la bonne.

J’avais poussé la porte pour entrer, où j’avais récupéré la clé pour ouvrir et rentrer, tout dépendait le besoin. Ouvrant en grand, je m’étais mise sur le côté comme une véritable petite domestique, me décalant et effectuant une révérence somme toute maîtrisée –si on faisait abstraction de mon fou rire et de ma presque chute-.

- « Si monsieur veut bien rentrer dans sa noble demeure » fis-je un large sourire sur les lèvres

J’avais refermé la porte derrière lui, avant de passer devant pour attraper les verres et la bouteille, le tout avec un clin d’œil intéressé. Je n’avais plus vraiment d’idée de jeu, mais j’arrivais à penser qu’il n’y en avait plus nécessairement besoin pour justifier la prise d’alcool et puis il avait deux verres d’avance après tout. J’avais tiré le petit bureau pour le centrer, déposant les deux verres et la bouteille, non pas sans servir le tout pour débuter.

- « Avant, j’étais domestique, avant tout ça j’veux dire, je crois que j’ai encore des restes » plaisantais-je sans même me rendre compte que je parlais de moi « On n’avait jamais d’alcool, tu sais, rarement… D’ailleurs à la tienne toi et tes deux verres d’avance » j’avais levé mon verre pour le boire d’une traite.

J’avais inévitablement senti tout mon corps tourner sur lui-même alors que je n’avais pas bougé, mes lèvres s’étaient étirées dans un sourire en me rapprochant pour déposer mon récipient. La musique était encore parfaitement audible d’ici et je n’avais pas pu m’empêcher de faire quelques pas particulièrement ridicules, mais je m’en fichais, complètement, entièrement. Je m’étais approchée de lui, laissant qu’un pas nous séparer tout au plus. Je laissais ma tête se dandiner à droite, puis à gauche, puis à droite, déposant les paumes de ma main sur son torse pour conserver un semblant d’équilibre. Puis je m’étais immobilisée en constatant la proximité, en le détaillant lui, sa grandeur, sa carrure, sa largesse et je n’avais pas pu m’empêcher de froncer les sourcils. Même en me hissant sur la pointe des pieds je ne parvenais pas à être à sa hauteur. Immobile, je devais le regarder comme-ci c’était la première fois, comme-ci je réalisais soudainement cette différence physique.

- « Tu es grand… » j’avais laissé mes mains monter jusqu’à ses épaules « Tu es large… » mes doigts avaient dû monter jusqu’à son menton, comme une aveugle aurait pu le découvrir « Le sourire te va bien, tu sais. »

Puis j’avais hésité, un instant une seconde alors que j’avais relevé mes yeux, alors que j’avais senti ce besoin de voir, juste voir ce que cela faisait de déposer des lèves contre des autres lèvres et quand je m’étais sentie approchée, trop alcoolisé pour réaliser, j’avais détourner le regard, attrapant ses mains pour détailler sa paume. Ses mains étaient rugueuses, et je m’amusais à passer un doigt de la naissance de son poignet, jusqu’au bout de son majeur.

- « Tes mains sont rugueuses… C’est tes armes ça, mais tu n’as pas fait que ça, pas vrai ? » puis j’avais de nouveau relevé la tête, secouant doucement mon visage « Peu importe, excuse-moi… je ne sais pas pourquoi je suis bavarde soudainement… » fis-je avec un sourire gêné « A toi donc, j’ai suffisamment donné de cap ou pas cap, je vais nous servir les deux verres. »

Je m’étais éloignée, tout du moins, j’avais fui plutôt, j’avais besoin d’un verre alors que j’avais horrible chaud, que ma tête me tournait, que mon ventre se tortillait et que ma gorge était devenue entièrement insensible à la douleur.

- « À quoi tu penses ? »
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptySam 12 Jan 2019 - 23:00
Il avait éclaté de rire quand elle avait parlé de rouler jusqu'à sa chambre une fois la bouteille terminée, probablement parce qu'il venait de l'imaginer en train de faire un roulé-boulé sur le parquet du couloir là-haut, de la même façon qu'elle avait dévalé la pente herbeuse un peu plus tôt dans la journée. Et puis finalement, Isaure se dirigea vers l'escalier menant à l'étage, non sans esquiver les danseurs et autres clients éméchés de l'auberge. Gondemar sur ses talons, elle gravit l'escalier en menaçant de chuter tant elle tanguait dangereusement et l'homme ne pu s'empêcher de rire alors qu'ils arrivaient enfin aux portes, s'amusant de la voir chercher la bonne, reconnaissant parfaitement les lieux malgré son propre état d'ébriété qui lui faisait pourtant tourner la tête à des moments. La porte ouverte, il entra en faisant un salut ridicule à la révérence trop profonde, refermant derrière lui et protestant pour la forme quand Isaure lui chipa les verres et la bouteille, se taisant alors qu'elle lui confiait quelques bribes de son passé. Il voulu lui poser des questions, mais le moment n'était certainement pas le plus approprié et, de toute façon, la jeune femme avait visiblement envie de rattraper son retard concernant la quantité d'alcool ingéré, se servant un verre qu'elle bu d'une traite avant de recommencer à faire la folle sous le rire amusé de Gondemar qui secoua légèrement la tête, certain qu'elle allait encore trébucher et... Et voilà, ça recommençait, elle tomba contre lui et il dû de nouveau la rattraper, non sans sourire malgré lui face à cette maladresse touchante. Et puis soudain, la jeune femme sembla réaliser quelque chose, le fixant en fronçant les sourcils, se hissant sur la pointe des pieds, ses mains se pressant contre son torse de façon perturbante, un peu trop tactile pour ne pas l'émouvoir malgré lui.

- « Tu es grand… »

Il acquiesça, un léger sourire aux lèvres, dardant sur elle ses yeux bleu glace en la scrutant tout autant qu'elle le faisait, si ce n'est plus encore.

- « Tu es large… »

Il retint un rire et hocha de nouveau la tête, amusé par ces constatations qui étaient pourtant la plus stricte vérité. La différence de taille et de gabarit entre eux deux était assez impressionnante, il fallait bien le reconnaître. Les mains remontèrent pourtant jusqu'à son menton, le faisant s'immobiliser soudain.

- « Le sourire te va bien, tu sais. »

Gondemar sentit un frémissement le traverser et il se pencha vers Isaure, approchant son visage du sien alors que leurs regards se croisaient et... et elle détourna la tête sans crier gare, le laissant ainsi suspendu au vide, prenant sa main pour commencer à la détailler comme elle l'avait fait avec le reste. Intrigué et curieux, il observa ce qu'elle faisait, l'écoutant avec attention en clignant des paupières.

- « Tes mains sont rugueuses… C’est tes armes ça, mais tu n’as pas fait que ça, pas vrai ? »

- Non c'est vrai.

Elle s'excusa de ses questions et il secoua légèrement la tête, la regardant s'éloigner avec l'impression d'avoir oublié de faire ou de dire quelque chose, amorçant un premier pas avant de s'arrêter, la suivant plutôt des yeux alors qu'elle allait leur servir un verre. Il sourit légèrement, s'approchant finalement pour prendre le sien qu'il huma lentement avant de le boire d'une traite.

- « À quoi tu penses ? »

- A toi.

Lâcha-t-il sans filtre avant de cligner des paupières, jetant un regard accusateur au verre qu'il venait de vider, le posant sur la petite table comme s'il le punissait de l'avoir piégé. Reportant son attention sur Isaure, il sembla hésita, puis franchit la distance qui les séparait, tendant la main pour venir prendre la sienne, lui prenant son verre vide de l'autre pour le poser sur la table et ainsi avoir le champ libre pour déposer la main sur sa hanche. Reproduisant leur danse d'un peu plus tôt, il commença à faire quelques pas en suivant la musique qu'ils pouvaient percevoir en provenance de la salle en bas. Un sourire aux lèvres, Gondemar avait envie de prolonger encore un peu cette soirée de festivité et il ne comptait pas se priver pour une dernière danse, n'hésitant pas à soutenir la jeune femme chaque fois que ses jambes lui faisaient défaut. Et lorsqu'elle trébucha pour la énième fois, il finit par la soutenir dans ses bras, dardant sur elle un regard brillant avant de se pencher pour l'embrasser, délicatement d'abord pour ne pas la brusquer, puis avec un peu plus de volonté, sans pour autant chercher à la retenir de force entre ses bras bien que ce ne soit pas l'envie qui lui manque. Ce baiser, le premier qu'il éprouvait depuis des lustres, lui sembla être le plus tendre depuis une éternité et il se sentit se détendre au contact des lèvres de la jeune femme, une main demeurant sur sa hanche en un effleurement destiné à la solliciter pour qu'elle reste près de lui encore un peu.
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Isaure HildegardeBannie
Isaure Hildegarde



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyDim 13 Jan 2019 - 0:49
- « A toi »

Mes gestes s’étaient stoppés, alors que mon regard s’était relevé vers lui, le détaillant avec cette curiosité nouvelle. J’avais du mal comprendre, c’était obligatoire, j’étais devant lui, il ne me connaissait pas, il n’avait aucune raison de penser à moi. Je lui avais offert un sourire, celui qui n’est pas réellement définissable, mon esprit était embrouillé et je n’étais pas certaine de comprendre. Gondemar n’avait pas bougé à moins que ce soit tout le restant autour de nous qui bougeait trop pour me permettre de définir clairement ses mouvements. J’avais pensé une main jusqu’à mon front, laissant mes doigts se faufiler dans les mèches de mes cheveux, puis j’avais rouvert les yeux pour le trouver juste devant moi. Sa main était venue au contact de la mienne, son autre m’avait privée du refuge du verre avant de se placer sur ma hanche. Je n’avais pas eu peur, je n’avais pas démontré une quelconque méfiance, je connaissais ce geste pour l’avoir déjà vécu plus tôt, presque naturellement j’étais venue déposer ma main libre sur son épaule, avant de la laisser glisser dans son dos. Nous étions proches, certainement trop hurlait ma raison, mais je n’en avais pas conscience.

Il m’avait entraînée dans quelques pas de cette danse qu’il m’avait appris peu de temps avant, la fatigue, le tournis aussi m’avait poussée à déposer ma tête sur son épaule. J’avais fini par fermer les yeux, me laissant simplement emporter par ses mouvements, son rythme, profitant de la sensation. Mon esprit avait fini par se taire, entièrement, et l’évidence n’avait pas tardé à le rester. J’avais trébuché, certainement à cause du sol qui n’avait de cesse de se déplacer. Cette fois, il n’avait pas relancé la danse, non, il avait maintenu mes bras, alors que je relevais la tête, son visage s’était approché du mien puis ce fut le silence. J’avais senti ses lèvres contre les miennes, son souffle sur ma peau et si au départ j’avais été sans aucune réaction, mes muscles avaient fini par se détendre, mes lèvres à se faire plus pressante. J’avais fermé les yeux, mes doigts avaient dû froisser son haut involontairement, ce qui était chaste avait fini par dévier, lentement, restait néanmoins cette tendresse et cette forme de douceur que je ne connaissais pas.

Mentalement c’était le silence, le vrai, je n’avais pas besoin de réfléchir, j’en étais incapable. Il avait le goût de l’alcool, je devais avoir le même goût, la même sensation. Je m’étais dressée sur la pointe des pieds et même comme ça, sans la courbure de son dos, de sa nuque, je n’aurais jamais été capable de prolonger cet échange. Toute bonne chose avait néanmoins une fin, du moins, c’est ce que j’avais cru, j’avais fini par me retirer, par retomber bien à plat sur mes pieds, par le poussé légèrement de la paume de mes mains sur son torse. Fuis-moi je te suis, suis moi je te fuis, c’était ça, réellement ça. A un pas de distance, j’avais senti ses yeux glacés caresser ma peau, sa main ne pas quitter ma hanche, j’avais senti cette hésitation mélangée à cette crainte, sans savoir comment réagir. Je m’étais découvert cette peur parfaitement tapie au fond de mon être, celle que mon père avait instaurée puis ses autres, les nobles. J’avais dû pincer mes lèvres, alors que je cherchais à fuir ce retour, sans que ma mémoire, mon cerveau accepte de collaborer. C’était deux envies distinguent qui se faisaient ressentir, celle de fuir et de rester.

Immobile toujours, j’avais fini par laisser les armes de côté, réduisant ce pas qui nous séparait. J’avais de nouveau appuyé mes mains sur ses hanches, je m’étais dressée sur la pointe des pieds pour venir retrouver ses lèvres, à la condition qu’il me donne un nouveau coup de main. L’échange fut le même que précédemment, tendre, doux, puis un peu plus passionnel. Le mélange des goûts, les saveurs, les odeurs, c’était nouveau, tellement nouveau et enivrant. À moins que ce ne soit l’alcool simplement, mais certainement pas suffisant pour aller plus loin. Ce fut de nouveau cette séparation, provoquée par cette crainte si lointaine et inexplicable. J’étais restée proche de lui, bien à plat cette fois, une main sur son torse pour marquer cette séparation.

- « Je n’ai pas compris ton défi… » soufflais-je lentement, manquant un peu d’air

J’avais toujours aussi chaud, certainement même plus qu’avant, je m’étais détournée pour m’éloigner, simplement pour remplir les verres, récupérant le mien pour le porter à mes lèvres. J’avais fermé les yeux en l’avant entièrement, je ne voulais pas penser, ne pas réfléchir, parce que si je réfléchissais j’allais fuir. Je le savais. J’étais complètement retournée, incapable d’aligner mentalement la moindre explication à son comportement, aucune question ne se formulait, ne s’échappait de mes lèvres. Était-ce mal ? Le verre s’était retrouvé sur la table, ma main avait glissé dans la sienne pour l’installer sur le lit, ce n’était pas une proposition, simplement une manière de se reposer, ma main avait lâché la sienne alors que je m’allongeais sur le dos –de manière perpendiculaire au lit-.

- « Je suis fatiguée » murmurais-je « Est-ce que je peux rester là ? Si je me déplace, je ne suis pas certaine de retrouver ma chambre, c’est ridicule… » j’avais laissé une main se balader sur mon front, fronçant les sourcils « Cap ou pas cap de dormir avec moi ? »

Je ne dormais jamais avec personne, c’était une règle et si l’alcool n’était pas présent, jamais je ne lui aurais fait cette proposition, par peur de le blesser, par peur de bouger, par peur qu’il abuse de cette fragilité. Pour autant sur l’instant, je n’avais que cette envie, retrouver la tendresse, dormir avec quelqu’un juste une fois et demain était encore loin.

- « Tu veux me raconter une histoire ? Une belle histoire, avec une jolie fin… Celle ou Anür, Serus, Rikni nous vient en aide, celle où l’humain n’est pas si atroce avec lui-même… » c’était ridicule, j’étais ridicule définitivement.

Mon ventre s’était mis à se tortiller, sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. J’ignorais la suite de tout ça, je n’avais pas envie de dormir et pourtant, je sentais ce vent de fatigue énorme m’envahir, prendre possession de chacun de mes membres.

- « Gondemar ? Tu regretteras demain tu sais, tu regretteras parce que je suis bannie, que tu es milicien… Promets-moi, promets-moi que tu continueras à vivre et non plus à survivre… Ce n’est pas que la folie tu sais, ce n’est pas que le rire non plus… C’est tellement plus que ça, souviens… toi… »

Mes yeux avaient fini par se fermer et si ma conscience était encore légèrement présente, il ne faisait aucun doute que la lutte était perdue d’avance. Mon souffle avait fini par ralentir, jusqu’à ce stabiliser, mon ventre se gonflait et se dégonflait à un rythme régulier. J’avais fini par sombrer, sans savoir pour combien de temps.
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyDim 13 Jan 2019 - 9:37
Elle ne l'avait pas giflé, elle ne l'avait pas repoussé, au contraire elle avait même répondu à son baiser avec une douceur similaire à la sienne, avec la même prudence que celle dont il faisait usage afin de ne pas la brusquer. Deux êtres qui ne se connaissaient pas assez pour savoir comment l'autre allait réagir, deux êtres qui finirent pourtant par se séparer, le temps que leurs esprits embrouillés leur rappelle ce qui se passait réellement, avant qu'ils ne cèdent à l'envie de goûter à nouveau les lèvres de l'autre, Gondemar se penchant pour mieux permettre à Isaure d'être proche de lui, ses bras l'étreignant, la soulevant presque du sol tant la différence de taille était grande et, n'eut été sa délicatesse et le respect qu'il avait pour elle, il était évident qu'il aurait pu profiter aisément de la situation. L'alcool était la première sensation, le premier goûts qui s'inscrivait sur leurs papilles, s'imposait à leurs sens, mais il n'y avait pas que cela. Il y avait aussi l'odeur de l'autre, celle de sa peau, de ses vêtements, de ce parfum particulier unique et propre à chacun et qui, à cet instant précis, étourdissait tout autant que ce qu'ils avaient pu boire jusqu'à présent. Une main fut de nouveau posée sur le torse du Milicien, l'obligeant à s'écarter, à lâcher prise s'il ne voulait pas imposer quoi que ce soit, le laissant le souffle un peu court malgré lui, ses yeux bleus scrutant l'expression de la Bannie en quête de réponse à cette interruption.

- « Je n’ai pas compris ton défi… »

Elle avait l'air plus perdue qu'effrayée, s'éloignant en direction de la table pour se resservir un verre tandis que l'homme de son côté préférait s'abstenir, conscient d'avoir atteint un seuil qu'il valait mieux ne pas franchir, pas s'il voulait continuer à ne rien imposer à celle qui était venue jusqu'à sa chambre, lui offrant ainsi sa confiance. La jeune femme revint finalement vers lui pour prendre sa main, le guidant jusqu'au lit et, l'espace de quelques secondes, il se demanda si elle ne venait pas de décider quelque chose d'osé sous l'emprise du liquide ambré qu'elle venait d'avaler.

- « Je suis fatiguée »

Ah.

- « Est-ce que je peux rester là ? Si je me déplace, je ne suis pas certaine de retrouver ma chambre, c’est ridicule… »

Elle n'était pas aussi inconsciente que cela, encore que vouloir demeurer dans la chambre d'un homme aussi éméché qu'elle n'était peut-être pas forcément la meilleure des idées, mais vu son état on ne pouvait pas vraiment le lui reprocher, l'envie de dormir devait être trop forte après une journée bien remplie et une soirée aussi animée.

- « Cap ou pas cap de dormir avec moi ? »

- Cap.

Répondit Gondemar avec un sourire attendri, ôtant sa tunique ainsi que la chemise de lin en-dessous pour ne garder que son pantalon qui, bien que n'étant pas le plus confortable qui soit pour dormir, était un élément avec lequel il était habitué à composer lorsqu'il dormait tout en armure. Se déchaussant de ses bottes qu'il abandonna sur le plancher de la chambre, il vint s'allonger contre Isaure en prenant soin de lui laisser le temps de s'habituer à sa présence, tirant le drap pour les en couvrir tous les deux malgré tout afin d'éviter d'attraper un coup de froid à cause de l'alcool qui n'allait pas manquer de leur faire un sale coup durant la nuit.

- « Tu veux me raconter une histoire ? Une belle histoire, avec une jolie fin… Celle ou Anür, Serus, Rikni nous vient en aide, celle où l’humain n’est pas si atroce avec lui-même… »

- Oui si tu veux... j'en connais une très bonne justement.

Il sourit encore un peu puis osa finalement passer un bras autour de la taille de la jeune femme, la ramenant doucement contre lui, avec précautions pour ne pas la brusquer, profitant de cette nouvelle proximité pour humer l'odeur de ses cheveux qui venaient lui chatouiller le nez, avant de soupirer malgré lui, se détendant davantage à ce contact auquel il n'était plus habitué lui non plus. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas partagé sa couche avec une femme, d'autant plus une femme qui n'était pas une fille de joie payée pour le satisfaire et le mettre dehors dans la foulée, mais à ce instant il n'était nullement question de sexe avec celle qui se trouvait contre lui, elle avait été claire à ce sujet et il n'était pas homme à abuser d'une jeune femme dans son sommeil, loin s'en fallait.

- « Gondemar ? Tu regretteras demain tu sais, tu regretteras parce que je suis bannie, que tu es milicien… »

- Aucune chance.

- « Promets-moi, promets-moi que tu continueras à vivre et non plus à survivre… Ce n’est pas que la folie tu sais, ce n’est pas que le rire non plus… C’est tellement plus que ça, souviens… toi… »

Il entendit sa voix devenir murmure, perçu son corps qui se détendait contre le sien, son souffle devenir plus profond, plus régulier et, avec un léger sourire, se hissa pour venir embrasser sa joue, murmurant près de son oreille.

- Je te le promet...

Gondemar se rallongea dans son dos, son bras resserrant un peu plus sa prise sans pour autant gêner sa respiration, écoutant cette dernière avec attention puis, une fois sûr qu'elle était parfaitement endormie, se laissa aller à fermer les yeux à son tour, l'appel du sommeil et l'alcool ingéré se faisant trop fort pour ne pas résister. Il pourrait toujours lui raconter cette histoire demain matin, à moins que la belle ne tente de s'enfuir en douce en le laissant en plan dans son lit, retournant à sa chambre ou bien quittant l'auberge, tout était possible avec Isaure, elle était comme le vent, libre comme l'air et peu désireuse de s'attarder. Est-ce qu'on pouvait demander au vent de rester encore un peu ? De continuer à souffler pour donner vie aux choses et aux êtres ? C'est avec cette pensée que le Milicien sombra, plus heureux à cet instant que jamais depuis qu'il était veuf, plus soulagé encore que lorsqu'il avait coupé les ponts avec son ami d'enfance, ce frère criminel qui l'avait plongé dans les plus profondes ténèbres... et c'est le visage serein qu'il s'endormit du sommeil du juste.
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Isaure HildegardeBannie
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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyDim 13 Jan 2019 - 15:11
Dormir, oui j’avais fini par m’endormir sans même m’en apercevoir, sans même avoir conscience de tout ce qui venait de se passer et de ce corps chaud qui s’était installé contre moi. J’avais fait sans le remarquer, ce que toute personne normale aurait fait finalement, m’installant confortablement contre celui avec qui j’allais passer la nuit, sans la moindre angoisse, sans le moindre trouble, sans imaginer que comme chaque nuit, mon sommeil allait tourmenter. Mes rêves commençaient toujours de la même façon, je voyais Mathie, son sourire sa joie de vivre, lorsque je m’approchais elle finissait par s’enfuir et j’avais beau essayer de la rattraper en m’égosillant à force de hurler son prénom, elle ne se retournait jamais vers moi. Puis, lorsqu’enfin ma main touchait son épaule, que son visage me faisait face, je me mettais à hurler, reculant vivant devant ce triste spectacle, sa tête était en sang, son corps tout entier l’était aussi et elle me tendait les bras en me murmurant « Viens Isaure, rejoins-moi ». Je tombais toujours à ce moment-là, oui je suis tombée dans un trou pour me retrouver dans ce lit tout autant sanglant, un couteau à la main et son corps sous moi, puis… puis…

J’avais ouvert mes yeux, sentant les larmes rouler encore le long de mes joues, ma respiration était rapide, trop rapide et alors que je m’apprêtais à refermer les yeux, j’eus cette sensation étrange de ne pas être seule. J’avais tourné la tête, dévisageant cet homme que je reconnaissais parfaitement, laissant mon cœur tambouriner encore plus fort dans la totalité de mon être. Rosalis. Ma tête me lançait comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. Le milicien dormait encore, paisiblement, presque innocemment, comme pour me rassurer j’avais soulevé les draps, avec ce besoin de vérifier que non, tout n’avait pas autant dérapé que ça. Il portait un pantalon c’était déjà ça. Je m’étais extirpé des draps, sans un bruit, passant une main sur mon front, insistant du bout des doigts devant ce mal qui me rongeait entièrement.

La bouteille et les verres sur la table étaient une bonne indication du déroulement de la soirée et aussi étrange que cela puisse paraître je crois que je me souvenais de tout. Mes doigts avaient effleuré mes lèvres d’un bout à l’autre laissant échapper un bref soupir, oui de toute, même de ça. Immobile, j’étais restée debout devant le lit, à détailler celui à la carrure imposante, aux épaules larges, aux longues jambes, oui je l’avais regardé de cette manière différente, presque inquiétant. Qu’avait-on fait ? À ce moment précis, j’aurais tant voulu qu’en remontant ma manche la marque n’existe plus, ne soit plus, mais elle était bien là, gravée dans la chair. Rien qu’en l’observant je pouvais encore sentir l’odeur de la peau brûlée, comme celle du cochon que l’on réchauffe sur un feu de bois. Puis on toqua à la porte, lourdement, fermement et une nouvelle fois mon cœur s’emballa, tambourina avec une force démesurée.


- « Milice du village, ouvrez cette porte, on nous a indiqué la présence d’une renégate dans l’établissement. »

Renégat, un joli mot pour ne pas prononcer celui interdit « banni », j’avais eu envie de rire, à quoi bon. J’avais fini par ouvrir la fenêtre, emportant avec moi mon verre, il n’était pas envisageable que je l’entraîne dans ma chute, pas nécessaire. Complètement ailleurs, j’avais réussi à atteindre la fenêtre de ma chambre, y entrer, récupérer mes affaires, me changer rapidement avant de repartir par cette même fenêtre qui avait manqué d’être témoin d’une belle et atroce chute. Derrière moi, j’entendais déjà qu’on frappait à toutes les portes avec beaucoup plus de hargne et de violence. Oui parce que comprenez bien qu’une renégate c’est dangereux n’est-ce pas ? Pas un adieu, pas un au revoir, aucune promesse d’une nouvelle rencontre j’étais partie comme j’étais arrivée, comme une bannie. J’avais encore le goût de ses lèvres sur les miennes, les souvenirs de cette soirée dans la tête, la douleur que la trinité elle-même devait m’offrir suite à cette atrocité que j’avais commise : celle de croire que même bannie on pouvait encore être libre. Au revoir Gondemar Rosalis, milicien vivant qui pour une soirée m’a offert la douce mélodie de la liberté.

J’ignorais si j’allais le revoir, j’ignorais si il allait chercher à me revoir, ou me chercher, j’ignorais même ce que j’allais devoir en penser, il resterait un secret bien gardé, une erreur sans doute, mais peu importe, je ne pouvais pas culpabiliser pour tout n’est-ce pas ?


Isaure Hildegarde a écrit:

Merci beaucoup beaucoup pour ce RP. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à partager ta plume. En espérant écrire une suite en ta compagnie, bonne ou mauvaise suite évidemment.
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Gondemar RosalisMilicien
Gondemar Rosalis



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MessageSujet: Re: [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar]   [Terminé] Faut-il toujours une proie et un chasseur ? [Gondemar] - Page 3 EmptyDim 13 Jan 2019 - 16:27
En temps normal Gondemar avait un sommeil particulièrement léger et il n'était pas rare qu'il se réveille au moindre bruit suspect. L'agitation de Isaure aurait dû le tirer de ses propres songes nocturnes et pourtant il n'en fut rien, difficile cependant de dire si c'était par la présence de la jeune femme ou bien à cause de l'alcool ingéré durant la soirée, toujours est-il que c'est à peine s'il soupira quand celle qui s'était finalement éveillée avait soulevé la couverture pour constater que l'homme était encore habillé malgré le fait qu'ils se trouva tous deux dans le même lit. Ce fut le bruit frappé lourdement contre la porte qui fit se lever d'un bond le Milicien, aux aguets et tâtonnant déjà à la recherche de son épée en un réflexe qui lui avait sauvé la vie plus d'une fois. Les voix lui parvinrent comme dans un brouillard et ses yeux bleus accrochèrent la silhouette de Isaure qui se précipitait vers la fenêtre, l'ouvrant à la volée avant de se glisser à l'extérieur sous le regard encore étonné et à demi endormi de Gondemar. Des coups martelèrent le bois de la porte et avant qu'il n'ai eut le temps de faire plus que se lever de son lit, épée à la main, le chambranle cédait et trois Miliciens qu'il connaissait de vue pénétraient à l'intérieur de la chambre, s'immobilisant en voyant qu'il s'agissait d'un homme et non d'une femme, un des leurs de surcroît.

- Et bien quoi ?

Demanda-t-il d'une voix encore rauque à cause du sommeil interrompu, regardant les trois hommes commencer à faire le tour de la pièce, son propre regard accrochant la petite table où trônait une bouteille et un verre en solitaire. Il retint un sourire, amusé par cet état de fait. Petite futée.

- Où est-elle ?!

- Qui ça ?

- La renégate ! Où est-elle ?!

- Il n'y a que moi ici, et je suis censé être en quartier libre pour trois jours bordel.

Les Miliciens se concertèrent du regard puis évacuèrent la chambre à toute vitesse, rejoignant d'autres hommes en arme dans le couloir qui commencèrent à frapper à chaque porte, réveillant toute l'auberge sous des protestations plus ou moins hargneuses et mécontentes. Sortant de quelques pas, Gondemar suivit leur progression du regard avant de filer vers la fenêtre, jetant un regard juste à temps pour voir une silhouette disparaître plus loin, se faufilant dans les ténèbres d'une aube à peine naissante. Personne n'irait la chercher hors du village, pas avec le danger que représentait la Fange, aussi l'homme de haute taille ne doutait-il pas que Isaure s'en sortirait cette fois encore, elle avait bien assez de ressources pour ça. S'accoudant au rebord de la fenêtre sur lequel il prit appui, le Milicien soupira doucement un sourire amusé étirant finalement ses lèvres alors qu'une promesse lui échappait.

- A la prochaine, vent d'été.
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