Marbrume


-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Partagez

 

 [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMer 13 Mar 2019 - 13:41
7 mars 1166

Seule, dressée face à la bâtisse qui l’avait permis de survivre autrefois, la milicienne se perdit un instant en réflexion. L’endroit était toujours aussi abandonné, plus misérable que dans ses souvenirs en revanche. L’abri lui avait sauvé la vie tout comme celui qui lui avait montré le chemin. Une rencontre que la marqua plus que de raison, elle le savait. Ses convictions ébranlées, elle se sentait plus que jamais tiraillée entre le monde extérieur et intérieur. Des doutes qui l’avaient conduit jusqu’ici malgré les risques évidents.

Ses yeux se posèrent un instant derrière elle, persuadés que si elle se concentrait suffisamment elle pourrait apercevoir quelques pierres de la forteresse. Évidemment, il y a quelques mois, elle n’aurait jamais imaginé que cette ferme secrète soit aussi proche et pourtant si éloignée de ses pas. L’ancien repère des chasseurs de la fange n’était plus l’ombre d’elle-même. Abandonné et condamné, plus personne n’osait réellement s’en approcher. Chose assez logique lorsqu’on savait que la plupart des ses habitants étaient morts et pourtant éveillés.

Cependant, depuis quelque temps déjà, les lieux restèrent gravés dans l’esprit de la milicienne. La citer devenait de plus en plus invivable à ses yeux. Néanmoins, si elle voulait pouvoir la quitter, fallait-il encore trouver refuge. L’idée émergea lentement dans son esprit, mais elle n’était pas encore décidée. L’ambition semblait hors de portée… Pourtant, elle était bien là à observer et analyser les alentours afin de s’en rapprocher avec prudence.

Quelques plus tard, alors que Serena avait décidé de passer sa nuit ici et s’était assurée que les lieux ne cachaient pas un fangeux, celle-ci c’était logé sur le toit. De là, elle pouvait veiller sur l’endroit sans se faire repérer facilement et surtout profiter de sa liberté partielle. Allongée, le regard au ciel, elle commença à déguster un bout de pain lorsqu’un son attira son attention. Lentement et silencieusement, elle guetta l’origine du bruit avant de repéré une silhouette se rapprocher de l’endroit. Impossible de distinguer correctement celle-ci depuis sa position, mais elle était presque certaine qu’il ne s’agissait pas d’un allié.

Lèvres pincées, la milicienne garda néanmoins son calme, analysant rapidement la situation pour trouver un dénouement favorable. L’attaque était inévitable. Serena patienta alors que l’inconnu s’approche suffisamment tout en veillant à ce qu’aucun autre camarade ne le suive. De là, d’un coup, la femme bondit du toit sur lui.

Soudainement agrippés à lui, les deux êtres roulèrent sur le sol avant qu’elle ne parvienne à le plaquer sous son corps la lame arguée de sa dague sous sa gorge. Le regard déterminé, elle s’apprêtait à en finir lorsque soudain…

« … Jocelyn ? »

Les yeux écarquillés, elle semblait reconnaître le visage, ou du moins une partie, de celui qui avait décidé de l’épargner et lui sauver la vie autrefois. Agréablement ou désagréablement surprise, la milicienne arrêta immédiatement tout mouvement. Un peu déstabilisée de le voir ici, sa main relâcha légèrement son emprise alors que son visage hésitant.

« Qu’est-ce que… »













Dernière édition par Serena de Rivefière le Jeu 21 Nov 2019 - 17:26, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyVen 15 Mar 2019 - 10:56
Ce n'est pas que d'immenses changements ont eu lieu dans ma vie, mais mon moral est un peu en berne. Après m'être lié d'amitié avec une milicienne, ce qui dans la catégorie "faute grave" est le pire pour un banni, avoir fait pleurer une gentille dame qui malgré mon statut et malgré le fait d'avoir vu mes cicatrices m'a soigné, et je doute que le fait de lui avoir fait toucher mon faucon l'aie consolée, après avoir survécu à un déplacement d'une semaine avec une cheville plus que douloureuse malgré les dits soins, puis avoir profondément vexé ma seule amie terrienne en lui témoignant du désir puis en refusant d'y céder, alors qu'elle était partante et semblait amoureuse, le retour au village a été difficile.

C'est que la seule personne avec qui j'avais besoin de partager, d'échanger, n'était pas là. L'inquiétude est forte. Cela fait plus d'un mois que je ne l'ai plus vue, cinq semaines en fait. Et cinq semaines, c'est long. Alors, il me plait d'imaginer qu'elle a fait une chouette rencontre, qu'elle a passé l'hiver dans un foyer, avec un monsieur gentil, pourquoi pas dans le fond. Mais elle me manque, atrocement. La faim a été atroce au village aussi, même si nous nous étions mieux organisés que pour le premier hiver. Avec ma cheville en vrac, j'ai compensé en défendant le village avec mon regard acéré et mon arc, mais en matière de récolte ou de chasse, mon apport était forcément et fortement réduit

L'éloignement est rapidement devenue une option sérieuse dans mon esprit, le temps de me retrouver. J'ai amené les produits de mes premières récoltes au village puis ai pris mon arc, mon faucon et suis parti. J'avais besoin de me ressourcer et de retrouver ces lieux qui ont bercé mon enfance. Revoir ma ferme natale, même si la voir brûlée reste une douleur. Prendre refuge dans la ferme voisine. Je pense pouvoir y vivre deux trois jours sans trop courir de risque. Et quand bien même, les risques sont présents partout, au moins, là, j'ai un toit. Puis mes repères pour les pièges, et quelques endroits où je sais que poussent des légumes. Un cours d'eau pas loin. Une cache aussi.

Cela faisait deux jours que j'y étais et j'étais parti relevé les pièges posés la veille. Un seul lapin pris, mais c'est déjà bien. Un panais trouvé, avec le céleri de la veille, ça promettait un joli gueuleton. A la tombée de la nuit, je pourrais faire un feu. Au retour, je vais pour dégager la trappe où j'ai planqué mes affaires. Une seconde d'inattention, encore. Cela suffit, généralement, et ce n'est pas la première fois que je suis surpris, mais sans doute la dernière, car j'ai laissé mes armes dans la planque. L'énergie du désespoir m'habite, mais mon opposant a l'avantage de la surprise. La lame se pose sur mon cou. C'est ma chance, mon collier me protège. Que mon poing ne flanche pas. La voix de l'opposant me retient. Ca aussi, ça n'est pas une première

- Serena ?

On est mal, mais je considère qu'elle ne frappera pas, aussi je renonce à l'assommer.

- Mon cou est protégé, c'est la seconde fois que tu fais l'erreur. Et si c'est me violer que tu veux faire, tu portes trop de vêtements et moi aussi...

Ceci devrait suffisamment la déstabiliser pour qu'elle me libère. En mode combat la position qu'elle adopte et celle que je subis est naturelle, mais si le combat n'est plus là, qu'on considère qu'elle est femme et que je suis homme, qu'elle soit assise à califourchon sur moi, c'est plus que tendancieux. Et la belle ayant un côté précieux, elle devrait s'éloigner rapidement.

- C'est mon abri, t'as rien à faire ici. A moins que je ne t'y invite.

Elle aurait le temps d'en trouver un autre, mais elle a un lien aussi avec ce lieu, je soupire.

- J'ai un lapin, du céleri, un panais, de quoi faire du feu et t'offrir un meilleur repas que le premier qu'on a partagés. Et non, je n'exigerai pas ton corps en échange, pas plus que la première fois. Par contre, j'espère que tu as une couverture.

J'espère pouvoir récupérer mes affaires sans qu'elle m'embête. Je doute qu'elle soit venue ici avec un partenaire et elle a dû comprendre que je voyageais en solitaire. Je me refuse à la voir comme une ennemie.

- Qu'est-ce que tu fous ici ? Ta précédente mésaventure ne t'a pas suffi on dirait. L'extérieur t'attire... Tu t'es améliorée, t'es même parvenue à me surprendre. J'aurais dû te tuer à l'époque, sans doute, d'autant que maintenant tu sembles capable de nous éliminer, nous...


Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMar 2 Avr 2019 - 17:22
Son esprit encore embrouillé, il fallut bien quelques clignements d’œil pour les paroles du banni viennent percuter la milicienne. Aussi surprise par ses paroles que par sa présence et sa rencontre ici, Serena finit néanmoins par rendre les armes en éclatant de rire. Un rire franc et sincère et pourtant discret qu’elle étouffa assez rapidement contre son bras.

« Rancunier, je vois ? »

Sourire aux lèvres, la blonde se montra étrangement amicale envers son ennemi naturel, lui offrant même son aide pour se relever. C’est que malgré tout, après ce qu’ils avaient vécu, elle ne pouvait décidément par le voir comme un homme à abattre, au contraire.

« Tu es seul ? »

Demanda-t-elle néanmoins instinctivement en jetant un regard aux alentours. Évidemment, la méfiance ne pouvait jamais être totalement diluée entre eux deux. Leur survie en dépendait. C’est que s’il avait des camarades, les choses risquaient assez rapidement de mal tourner, pour elle. Mais heureusement, cela ne semblait pas être le cas.

« C’est que je ne suis pas du genre à attendre une invitation. »

Légèrement provocatrice, elle tenta simplement de détendre un peu l’atmosphère et surtout lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune mauvaise intention. Prenant le temps de le détailler à nouveau, elle se sentait assez partagée vis-à-vis de ses sentiments. Était-elle heureuse de le revoir ? Oui, elle avait presque du mal à le cacher. Pourtant, cela n’allait pas non plus sans le malaise lié à leur situation. D’ailleurs, plus le chasseur parlait, plus son sourire s’effaçait.

« …. Sans doute. »
Fit-elle alors face à sa dernière déclaration. Mais parlait-elle du fait qu’il aurait dû la tuer par le passé ou qu’elle était désormais capable de les éliminer ? Plutôt vague et fermée sur la question, Serena ne s’attarda point sur le sujet et rassembla plutôt ses affaires afin de le rejoindre à l’intérieur.

Ceci fait, elle déposa son sac dans un coin avant de s’asseoir dans un long soupire.

« Tu peux garder ton repas, Jocelyn. »

Se rendant compte que ses paroles et son intonation sonnaient plus froides qu’elle ne l’aurait voulu, la milicienne se gratta la tête. Un peu mal à l’aise, ne sachant pas trop comment se comporter, elle racla sa gorge pour mieux reprendre.

« J’veux dire… J’ai de quoi manger cette fois alors… garde précieusement tes ressources. »

Évidemment, rien d’aussi bon, mais elle avait pris quelques rations avec elle. Et elle se voyait mal le priver d’un repas gourmand alors qu’elle pouvait en bénéficier presque aisément une fois rentrée. Respectueuse, elle garda quelques distances et laissa donc le banni prendre l’espace qu’il souhaitait sans se mettre sur son chemin.

« Plus important… que fais-tu ici ? Seul, je veux dire. »

Était-ce courant pour eux de se déplacer seul ? La dernière fois, son groupe avait également été attaqué alors…

« Je n'imaginais pas te revoir... »

Affichant un nouveau sourire, Serena baissa simplement la tête sur la pomme entre ses mains et avoua avant de croquer dedans.

« Heureuse de voir que tu aies pu rentrer sain et sauf. »


Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyLun 8 Avr 2019 - 12:47
Elle rit et me libère, signe que les choses se calment. Je ne la sous-estime pas mais je sais qu'elle n'est pas une tueuse. Elle peut tuer si cela s'avère nécessaire, comme moi, mais ne le fera pas gratuitement. Alors que je saisis sa main pour me relever, elle me pose deux questions de façon assez abrupte.

- Si je n'étais pas seul, tu le saurais déjà, et inversément. Nous ne pouvons prendre le risque de laisser l'ennemi vadrouiller ainsi si proche de nous. Et rancunier ? Oui, peut-être...

Je hausse les épaules.

- Je ne sais pas si c'est lié à toi, mais j'aime croire aux signes. Et depuis que je te connais, je multiplie les erreurs. Je me suis blessé sévèrement, et tout seul, durant l'hiver. Je me suis tordu la cheville et il m'a fallu près d'un mois pour retrouver toute ma mobilité. Boîter en hiver, en extérieur, c'est une expérience que je ne souhaite à personne. J'ai profondément vexé la bonne âme qui m'a soigné et qui a fini par comprendre le risque qu'elle courrait, sans me trahir pour la cause. Tu comprendras donc que je ne te dise pas dans quel coin je me suis blessé, mais c'était loin de mes abris habituels. Je me suis fait une amie, ce qui est un bon point, mais si de mon côté cela est resté à l'amitié, du sien il y avait un peu plus... et j'ai pas su géré, perdant donc une amie et une complice, l'une des rares non bannies qui appréciait ma présence et mes talents. Tu comprendras là aussi que je n'en dise pas plus pour éviter que tu la localises. Et pour couronner le tout, ma seule amie parmi les bannis, al seule à qui j'ai pu conter nos aventures, est portée disparue depuis cinq semaines maintenant. T'avoir connue et avoir agi différemment de ce que la logique nous imposait a bouleversé beaucoup de choses...

Je grimace, je n'y avais pas vraiment réfléchi avant de la revoir.

- Et pourtant, je ne regrette pas le choix que j'ai posé. Tu as progressé à une vitesse hallucinante, Serena. Ton regard, surtout. Il n'y a plus ce mélange de peur et de guerrière, ni ses doutes, ni cette démarche rigide ou ces attitudes qui indiquaient que tu ignorais comment te poser ou parler. Tu dégages plus de sérénité. Ce n'est plus un animal blessé que je vois face à moi, mais... une égale ? Moui... Tu y gagnes...

En charisme, certainement. En beauté aussi, mais bon, autant éviter le sujet.

- Je me demande quel entraînement spécial tu as suivi. Notre escapade t'a sans doute aidée, mais ça ne justifie pas tout. Puis il y a ton arc. J'y vois un hommage, mais quelque chose me dit que tu sais t'en servir, maintenant...

La plupart des bannis, pour ne pas dire tous, sont des combattants au corps-à-corps, côté miliciens aussi. Certains sont à l'arbalète, l'arc est plus rare. Lorsqu'elle refuse de partager mon repas, je me sens offensé.

- Je ne propose que rarement de partager un repas hors besoin impérieux de survie. J'essaie de me comporter en hôte respectable et ton refus, je le prends comme une gifle. je ne suis pas un mendiant ou un crève-la-faim. Je chasse, je cultive, je cueille et je subviens à mes besoins et ceux des miens. Je n'ai nulle besoin d'une aumône ou qu'on me protège ou qu'on me préserve. Cela fait des années que je ne dois et ne demande rien à personne. Parce que, si tu comptes me renvoyer mes marques d'amitié en plein visage, ça va très mal finir. Ce n'est pas parce que je ne vis plus selon vos règles que je mérite ton mépris. Compris ?

Je monte à l'étage sans l'observer, rejoignant l'âtre où rien ne brûle. J'ai eu le temps de prévoir du bois pour le feu du soir. J'ai laissé l'échelle pour qu'elle me rejoigne. Si elle a été maladroite quant à mon invitation, elle est irréprochable sur le reste et continue d'être mon hôte, même si elle ne le vit sans doute pas ainsi. J'en profite pour dépecer le lapin, le vider et éplucher mes légumes. La "poubelle" je la place dans un petit bol puis par la lucarne la met sur le toit, où mon faucon pourra s'en repaître.

- Avec lui, je ne suis jamais totalement seul. Et c'est comme pour toi désormais, j'imagine. Je considère les escapades en solitaire ou tout petit comité moins dangereux. Sans compter que j'ai des lieux où je cultive. C'est tout sauf simple, et je n'ai pas envie que d'autres viennent détruire mon travail, par faim, ou même en voulant bien faire. Les cultures que je peux faire sont déjà plus sauvages qu'autre chose, bien loin de ce que tu peux voir dans le Labret. Je ne peux pas gérer un champ pour le rentabiliser, mais cela reste bon et cela aide, aussi.

Puis les gens m'emmerdent. Il y a de sacrés dangers parmi les bannis, tous n'étaient pas innocents, et dans le monde de Serena, tous ou presque veulent me tuer à vue. Et ceux qui ne le veulent pas le doivent. La solitude, dans le fond, est le moins pire des choix.

- Cela m'évite de faire des conneries, aussi. Je suis tout aussi surpris de te revoir, j'espérais réellement que tu abandonnerais l'extérieur pour faire autre chose après avoir risqué ta vie lors de la mission où on s'est rencontrés la première fois. Mais j'aime bien la femme que tu es devenue, alors je ne te ferai aucun reproche. Tu as l'air heureuse.

J'évite de lui dire que ce monde, ces marais, sont mon chez moi et que dans l'absolu, je cours les mêmes risques où que je sois. Je sais qu'elle, elle a des murs qui la protègent souvent.

- Acide, la pomme, non ? Ce n'est vraiment pas la bonne période. Je lancerai le repas une fois que la nuit tombera. il y en a largement pour deux. Si tu comptes rester une nuit de plus que cette nuit, tu remettras le chaudron dans la cache avant de repartir ?

C'est aussi bruyant qu'encombrant à transporter. Mais bon, je n'ai plus besoin de le lui expliquer, maintenant. Tout comme je me doute, et elle aussi, qu'il n'y a pas de couverture. A cause des odeurs. Mais l'hiver n'est plus, et un feu peut être fait. Si des miliciens débarquent, ils la trouveront, elle, et tout semblera normal. Mais forcément, lui ne prendra pas le risque de rester. Bon, il devrait lancer une conversation, mais c'est pas vraiment son domaine. Alors il se tait, s'assied dans un coin, s'adosse au mur et attend, en l'observant sans animosité. C'est qu'elle lui avait manqué, la milicienne.
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyDim 12 Mai 2019 - 20:36
Si la première chose qui l’avait surprise était de le voir, la seconde était sans doute de l’entendre, autant. Ses yeux n’eurent d’autre choix que de s’écarquiller face au flot de paroles que ce dernier débitait, lui racontant ainsi toutes ses péripéties. Des péripéties qu’il semblait étrangement assimiler à leur rencontre alors sa première réaction ne fut sans doute pas la bonne.

« Je ne pensais pas avoir une telle influence sur ta vie… »

Son sourire était légèrement amusé, mais en réalité elle ne savait pas trop comment le prendre ni comment réagir. Elle était bien désolée d’entendre la perte de ses amies, mais devait-elle réellement s’en sentir coupable ? Elle n’en était pas vraiment convaincue. Et puis, elle aussi avait rencontré bien des malheurs depuis leur rencontre, mais jamais n’avait-elle pensé à que cela soit lié à leur rencontre et ne le pensait toujours pas d’ailleurs… enfin..

« Maintenant que tu le dis, j’ai bien failli être promise depuis que tu as jeté ta malédiction sur moi. »

Fit-elle sans réellement être sérieuse en parlant de ses dernières paroles à s’en encontre. La suite la toucha un peu plus et ses joues se rosirent légèrement avant qu’elle ne lui sourît sincèrement.

« C’est un beau compliment. Merci. »

En effet, voyant le banni comme un redoutable adversaire et survivant, elle était assez flattée qu’il la voie désormais comme son égale, même si elle pensait en être loin du compte en réalité. Partant donc prendre ses affaires pour se réunir sous son toit, elle arqua un peu un sourcil lorsqu’il parla de son arc et se contenta d’acquisse.


« J’ai surtout gagné en expérience. »


Un aveu simple et pourtant lourd de sens… Elle avait appris de ses erreurs ou du moins, essayait tant que la Trinité le permettait. Malheureusement, ce qu’elle avait vécu entre temps n’avait rien de plaisant et ses yeux se déteignirent légèrement à cette pensée. Mais son invitation à dîner suivie de sa réaction la ramena assez rapidement sur le temps présent. Un peu étonnée par ses propos, elle le regarda longuement avant de soupirer et surtout abandonner.


« Très bien… Dans ce cas, ce sera avec plaisir. »


De là, la milicienne suivit son hôte de fortune après avoir pris toutes ses affaires. Retrouver cet espace qui lui avait paru si terrifiant et cela avec lui avait quelque chose d’assez nostalgique. Aussi, si elle ne pouvait pas lui offrir une confiance aveugle, elle appréciait tout de même davantage sa compagnie. Elle prit donc place face à lui et mit à l’observer avec intérêt, l’écoutant ainsi attentivement.


« Heureuse ? »


Vraiment ? C’était comme cela qu’il la voyait ? L’était-elle ? Son regard se baissa légèrement, l’air un peu perturbé par ce simple constat. Elle qui avait l’impression qu’une partie d’elle mourrait un peu plus chaque jour… était heureuse ? Le serait-elle simplement un jour ? Fermant son esprit tout comme ses yeux Serena décida de ne plus trop y penser et se reconcentra sur le banni.


« C’est que je suis plutôt têtue, si tu ne l’avais pas remarqué. »


Finit-elle par dire après avoir simplement hoché la tête concernant le chaudron. La pomme ? Oui, elle était horrible en effet, mais lui permettait de rester bien éveillée. Le silence s’installa alors soudainement tandis que tous deux continuaient à se contempler pensivement. Difficile de trouver un sujet de conversation entre deux êtres si différents, pourtant la curiosité de Serena avait tout de même été titillée et là était bien l’occasion.


« Je ne t’imaginais pas avoir autant d’alliées… » Elle se rendit compte que cela était sorti un peu bizarrement et reprit. « Ha… non, je veux dire que j’imaginais les bannis restés entre eux uniquement… » Elle se gratta un peu la tête, embêtée de constater que la moindre question ou remarque concernant son quotidien pouvait être menaçante pour lui et tenta alors de le rassurer. « Hum… Je ne cherche pas à combattre tes alliés… ne t’en fais pas… J’ai assez à faire ailleurs. »



Même si elle gardait un mauvais souvenir d’une autre rencontre avec d’autres banni. Certains bel et bien dangereux et elle en avait conscience, toujours est-il, elle n’avait pas pour but principal de tous les débusquer. Et puis, il avait aussi de quoi s’occuper à l’intérieur de la citée. Le sujet semblant moins glissant, elle tenta de revenir sur une atmosphère moins pesante.

« Pour être franche, je me sens parfois mieux dehors, ici, qu’à l’intérieur des remparts… La vie là-bas n’est pas si rose, tu sais… Pour l’heure, les murs parviennent à nous protéger de la fange, mais pas du reste… »


Assise et appuyée contre le mur, Serena se recroquevilla légèrement, perdue dans ses pensées alors qu’elle se confiait à celui qu’elle venait de retrouver. Malheureusement, Marbrume avait bien des soucis à gérer et l’état de certains quartiers était…


« Beaucoup vivent dans la misère alors que d’autres ne se rendent même pas compte de la situation et s’engraissent à longueur de journée… Les gens s’entassent et comme tu le sais… tous ne sont pas saints. »


Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyLun 13 Mai 2019 - 19:38
- Je t'ai jeté une malédiction, moi ?

Je suis bien obligé de faire un effort de mémoire. Promise, c'est comme fiancée je crois. Donc elle a failli avoir un fiancé ? Par les Trois que c'est compliqué.

- Et ton promis n'était pas un type bien ? Pourquoi le prendre comme promis alors ? Tu travailles, tu as gagné ton indépendance, non ? Tu peux choisir le promis que tu veux !

Et si pas, tu les emmerdes et tu me rejoins. Bon ça, j'l'ai pas rajouté. L'humour n'est pas mon fort, de toute façon. Visiblement, j'suis un peu plus doué en compliment, mais je ressens une pointe d'amertume quand elle parle de l'expérience acquise. Ou est-ce mon amertume à moi que j'entends dans ses propos ? Cette question est trop complexe, donc j'y renonce.

- Une expérience dont chacun se passerait, pas vrai ? Juste, nous, on n'a pas eu le choi d'apprendre, mais dans le fond c'est mieux. Si ces choses pénètrent vos murs, tu feras partie des rares à savoir quoi faire pour éviter le danger. Pour le reste, ça sera un massacre. Au point que je me dis que les marbruméens sont en sursis, là où les bannis et ceux du Labret sont mieux armés pour tenir. Puis les quelques-uns comme toi qui ont appris. C'est bizarre de penser ça quand on sait combien de gens les bannis ont perdu, quand on sait les villages pris et reperdus, et j'en passe.

A dire vrai, j'ai pas la solution, juste cet étrange instinct qui me pousse à croire que notre situation n'est pas la pire. Alors qu'elle l'est. Et malgré ma réflexion, je ne peux manquer sa surprise quand elle répète un mot. Heureuse. Je souris.

- On va dire que le bon air des marais réussit à ton teint et te rend lumineuse, si tu préfères. Mais oui, à mes yeux, tu es heureuse. Bon, en même temps, la première fois qu'on s'est vu, c'était un poil plus... tendu...

Dramatique était un meilleur mot. Nous étions ennemis, nous nous sommes apprivoisés depuis, bien que faisant toujours partie de deux mondes. Elle revient sur mes alliées et l'alarme dans mon esprit se remet en marche. Non, il n'y aura pas d'indices pour les coincer.

- La première est bannie. Et si elle n'est plus, elle conserve ce titre dans la mort. C'est mon binôme. Même s'il s'avérait que tu pourrais avoir des infos la concernant, je ne dirai rien sur elle. Et surtout pas où elle est partie, si je le savais.

Je suis sur la défensive, elle le sait désormais.

- La seconde a vu en moi le fermier et ça m'a fait énormément de bien d'être perçu pour mon humanité avant mon masque ou mon rang. Quant à la dernière, c'est parce que j'étais blessé et parce qu'elle avait de vagues notions de soin que je suis resté chez elle. Je l'ai... baratinée, même si c'est pas mon fort, et elle a cru mon explication quant à ma marque. Parce que, si tes collègues débarquaient et me trouvaient, elle était pendue aussi. Il fallait que je la sauve, elle. Et donc que je lui explique pourquoi on ne pouvait pas savoir que j'étais là. Je suis parti dès que j'ai pu poser le pied à terre. Et je l'ai faite pleurer en lui parlant trop franchement.

Je grimace, cela fait partie de mes regrets.

- Mais voilà, mes alliées, c'est comme pour toi, des rencontres accidentelles. Et je les apprécie assez pour ne pas tenter de les revoir, ce qui les mettrait en danger. A moins que les règles changent.

J'écoute avec attention ses explications concernant Marbrume. Et je comprends, un peu trop bien. Je lui fais un aveu, étrange.

- C'est pas mieux chez nous. Le fait qu'on soit si peu et le danger si omniprésent fait qu'on doit se supporter, mais il existe une hiérarchie aussi et des abris plus sûrs que d'autres. Quand ceux du haut meurent, ceux du bas peuvent monter d'un rang. On le joue un peu sur l'ancienneté, mais parfois, il faut rappeler que si on est en haut, c'est qu'on sait tuer, si nécessaire, et qu'on est un danger plus important que la fange... J'ai eu à le faire, à mon retour de blessure.

Chez les bannis, je suis un nanti. Aussi parce qu'un des rares archers. Cela me rend précieux. Plus encore que mes dons de cultivateur. Je suis sans doute un peu plus épargné pour tout ça. Le chasseur, le soigneur sont protégés. Celui qui nourrit et celui qui soigne. Mieux vaut les avoir comme ami, qu'on soit banni ou non. Le soleil se couche, je lance le feu.

- C'est la seconde fois que je cuisine pour toi, mais ne t'imagines pas que je devienne ton domestique, j'ai ma fierté !

Bon, même quand on est mauvais, on peut tenter l'humour, non ?

- Y'a un bon point quand même. Même si je me foire totalement dans la cuisson, ça peut pas être pire que notre premier repas.

Je lui souris, ce qui est visible malgré mon mi-masque et prépare le chaudron, dans lequel j'ajoute un peu d'eau avant d'y plonger les morceaux de viande déjà découpé et les légumes. J'ai tenté de faire des découpes de même taille, mais bon. Espérons que ça n'attache pas trop. Flore m'a conseillé quelques herbes aromatiques. J'en ai, je les ajoute. Bon, je suis encore loin de cuisiner comme elle, mais ça commence à sentir bon. Je me retourne vers elle.

- C'est quoi, le plus bel endroit que tu aies vu ? J'ai envie de rêver, un peu...
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyLun 13 Mai 2019 - 20:46
Son indépendance ? Voilà bien un mot qu’elle n’avait pas souvenir d’avoir entendu depuis les lustres. Mais ce qui la surprit un peu plus fut ses propos la concernant. Décidément, le bannie ne considérait pas les femmes de la même manière que les autres ou alors était-il simplement ignorant ? Il y avait sûrement un peu des deux, car sinon il n’aurait lui-même pas été surpris. De plus, cette réalité s’applique plus durement dans la noblesse, mais il était logique qu’elle ne lui ait jamais avoué en faire partie. Il serait dangereux pour elle qu’on tente de la kidnapper contre une rançon après tout. Pourtant, elle devait bien avouer qu’elle était tentée de lui en faire la confidence en cet instant avant de s’aviser.

« Si seulement les choses étaient aussi simples. »

Haussant les épaules, elle préféra ne pas développer davantage le sujet et passa rapidement à la suite. La suite de ses propos la fit sourire et même rire à certains moments. Visiblement, Jocelyn avait décidé de la complimenter aujourd’hui et ce n’était pas pour lui déplaire honnêtement.

« Dois-je vraiment être flattée d’être ainsi en harmonie avec les marais ? »

Demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie avant de reprendre une grande inspiration et de simplement acquiescer. En effet, les choses étaient bien différentes de leur première rencontre et forcément, ils ne pouvaient que remarquer de nouveau trait chez l’un comme chez l’autre. C’était même difficile d’imaginer que ces deux-là étaient en réalité des ennemis naturels. Cependant, la réalité les rattrapa lorsque Serena se montra assez maladroite pour soulever le sujet de ses alliées. Pour le coup, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir de se renfermer et se remontrer méfiant à son égard, mais elle tenta tant bien que mal à le rassurer.

« Je ne souhaite la mort de personne, Jocelyn, rassure-toi. Pardon pour m’être montrée indiscrète. »

Et au fond, il espérait pour lui que sa binôme soit en vie et surtout qu’elle ne soit pas responsable de sa disparition d’une quelconque manière. Son cœur se serra d’ailleurs à cette pensée. Il était assez malheureux que tous deux puissent venir à se blesser par la force des choses malgré tout. Elle n’oubliait pas non plus la mort de son ancien supérieur de la flèche du banni et était par extension assez confuse sur ses sentiments à ce sujet. Une vague de culpabilité vint même l’envahir en pensant à lui et à sa famille qui devraient sans doute la maudire s’ils savaient qu’elle se montrait aussi amicale avec lui.

Bien vite, elle décida de changer de sujet, chassant ainsi ses pensées plus sombres de son esprit. Marbrume était l’une de ses préoccupations premières et pouvoir ainsi librement parler de ses craintes et sa sensation d’être mieux ici que là-bas lui faisait le plus grand bien. Que trop peu pouvait après tout la comprendre. Elle risquerait même d’être vue comme une folle ou une paria si elle venait à se confier à la mauvaise personne à ce sujet.

Les explications de Jocelyn concernant le campement des bannies attira bien évidemment toute son attention. Finalement, elle osait à peine imaginer le système de hiérarchie et la façon dont toutes ces personnes marquées par le fer rouge réussissaient à cohabiter. Décidément, la réalité était difficile pour tout le monde.


« Je vois... »

Si elle pensait simplement baisser la tête face à cette contestation, elle fut bien vite retenue par la remarque de son nouveau cuisinier et lui adressa un sourire amusé.

« Voyons, qui ne serait pas fier d’être mon domestique ?! Tu es sûr de ne pas regretter ? »

Petite question taquine et un peu provocatrice alors qu’elle lui offrit un petit clin d’œil. Ceci étant, elle le remercia silencieusement pour réussir à revenir sur un sujet plus léger et le regarda faire avec curiosité.

« En effet, on ne pas dire que tu avais gagné des points la dernière fois, mon cher. J’espère que tu sauras te rattraper. »

Elle ricana doucement avant d’arquer un sourcil à sa question. Le plus bel endroit ? Voilà une question difficile… enfin, presque. Prenant le temps de la réflexion, Serena se remémora ses terres natales qui lui manquaient terriblement. Son visage se remplit alors de nostalgie lorsqu’elle lui conta ses souvenirs.

« Mhh… Je ne sais pas si c’est le plus bel endroit, mais… Il y a cette belle prairie bordée par le vent… des hectares de champs qui brillent comme des feuilles d’or sous le soleil couchant. D’un côté se trouve le bourg avec le château resplendissant… Le vent caresse les cheveux et on peut sentir l’odeur de l’océan avant même de le voir. Alors en continuant à avancer de l’autre côté, il y a ces falaises gigantesques et majestueuses où les vagues se projettent de toutes leurs puissances. Mais si on regarde bien, on trouvera une petite crique avec du sable feu et l’eau de couleur azur… »

Impossible pour elle de réprimer le sourire sur ses lèvres alors que ses yeux se perdaient à imaginer ce paysage qu’elle avait connu tellement de fois.

« J’aimais y courir avec mon frère aîné, parfois ma sœur et les autres nous y rejoignaient aussi… Plus tard, nous nous y rendions à cheval. »

Une vague de tristesses s’empara néanmoins d’elle lorsqu’elle se remémora le jour où tout a basculé et où sa famille furent forcé à abandonner leur terre, laissant alors Rivefière à feux et à sang. Se recroquevillant alors sur elle-même afin de cacher un visage qu’elle n’osait guère montrer, elle se fit soudainement silencieuse avant de reprendre.

« J’aimerai un jour y retourner… »


Contenant alors son amertume, elle garda son visage précieusement caché pour mieux lui retourner la question.

« Et toi ? »






Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMer 15 Mai 2019 - 6:18
- Elles le sont !

Car oui, les choses sont simples. Suffit de le vouloir. Faut juste assumer derrière. Pas de mariage arrangé, j'ignore ce que ça peut vouloir dire pour elle si elle pose ce choix, mais la liberté a-t-elle un prix ? Je n'ai pas eu à me poser la question, faute de choix. Elle veut esquiver la question, j'y reviens, juste pour la taquiner.

- Bon, s'il te faut vraiment un promis, qui serait-il ? Si pas le meilleur, disons... le moins pire ?

Peut-être lui demanderais-je le pourquoi de ce choix ou non choix. Note, elle serait fichue de me retourner la question. Si c'est le cas, j'trouverai bien une réponse. Je la crois quand elle prétend ne vouloir de mal à personne, et ça n'est pas là le souci principal.

- On est curieux, de nature. Moi aussi. Si je pouvais, j'irai espionner ton promis pour comprendre pourquoi l'idée te retournait l'estomac. Et je pense que tu ferais pareil, allez les voir pour comprendre pourquoi elles m'ont marqué. Alors que la raison est simple. Elles, vous, oui, vous êtes encore mon lien avec l'humanité. Mais cela les exposerait et aucune ne le mérite

Je pense avoir joué franc jeu. De sujets glissants en sujets amusants, la discussion se passe bien. Nous sommes loin de deux ennemis, en cet instant. On se taquine gentiment et elle témoigne de plus d'humour que je ne l'aurais imaginé. La fille sérieuse et coincée a laissé place à une femme plus légère. Je l'imaginais un peu ainsi quand on s'est vus la première fois. Je l'imaginais ainsi dans son milieu naturel à elle. La différence, c'est que le "grand extérieur" devient un peu son espace de liberté. C'est peut-être notre plus beau lien.

- Me rattraper ? Je te rappelle aimablement qu'en temps ordinaires, l'homme travaille puis en rentrant, la femme lui prépare un solide et roboratif repas.

Je voulais faire de l'humour, mais ça finit par une confidence.

- Je vais te surprendre, mais ça me plairait bien, tiens. Oh, pas de jouer au mâle qui a une servante en guise de compagne, mais avoir une bonne raison de rentrer, d'avoir le sentiment d'avoir bien fait ma journée et de voir quelqu'un que j'ai plaisir à voir pour le moment où la nuit remplace le jour. La bouffe prête, c'est accessoire. Mais j'aurais moins l'impression de vivre en égoïste, tu vois ?

Ce mélange de regrets rejoint quelque peu la nostalgie qui l'habite quand elle me parle de son endroit préféré. Je l'accompagne sans peine, tant sa description est belle. Et il y a plusieurs éléments que je comprends. Un, principalement. J'hésite à lui dire que j'ai compris puis me décide à le faire. Notre relation est trop... particulière pour qu'on se cache des choses. Et si elle veut une confidence en échange, j'en ai en stock de toute manière. Le fait qu'on tombe le masque, au sens figuré pour l'heure, ne m'effraie plus autant qu'avant.

- J'aime bien comme tu racontes tout ça. Je sens l'amour que tu portes aux tiens, disparus ou encore vivants. Cela me permet aussi de t'imaginer plus jeune, j'ose pas dire plus petite, n'étant pas bien grand. Ni bien vieux d'ailleurs. Mais tu es de la haute, non ? Haute bourgeoisie, voire noblesse. J'dis ça parce qu'ici, les chevaux, on ne les monte pas, ou rarement. Ils sont bien trop précieux pour le travail de force et pour les déplacements, ils tirent plutôt une chariotte. On a eu des chevaux, j'ai bien rêvé en monter un, mais j'ai jamais appris. Et j'étais déjà bien fier de pouvoir conduire l'attelage ou de le guider quand on retournait un champ. D'avoir un canasson faisait déjà d'nous des bourges aux yeux des autres. J'veux dire par là que c'est pas un r'proche. J'pense être plutôt bien né de mon côté aussi. C'était plus simple de naître dans une famille qui avait une situation. Cela permet d'apprendre un métier, des choses et de poser des choix. D'avoir sa gamelle remplie, aussi. J'étais pas à plaindre de c'point de vue non plus.

Voilà qui est dit. Qu'elle soit de la haute ne me dérange pas. Je ne l'envie pas spécialement pour ça, je ne le vois pas comme une tare non plus. C'est juste une donnée. C'est peut-être parce qu'elle a appris le maniement des armes qu'elle a rejoint la milice à l'apparition de la fange et c'est plutôt à son honneur, car apparemment elle avait d'autres choix. Elle a choisi de défendre la population et j'en suis assez admiratif, pour être franc. Je sais pas si j'aurais fait son choix si j'avais pu choisir, celui de mettre mon arc au service de la défense du peuple. J'en doute, à dire vrai... Et forcément, elle me demande mon endroit préféré.

- Ne crois pas que je veuille esquiver la question, mais j'crois bien que c'est ici. J'ai longtemps rêvé de voir la mer. Je l'ai vue. C'est magnifique, ça sent bon, ça envoie du rêve. J'ai vraiment aimé. J'ai même eu l'impression de deviner le territoire des dieux. Et pourtant... Je sais pas comment te l'expliquer, mais je suis un terrien. J'aime sentir la terre avec mes mains, avec mon nez. J'aime la transformer. J'aime la voir faire naître fruits et légumes. J'aime les animaux qui la peuplent. Et la terre que je connais le plus est ici. Je l'ai travaillée, j'y ai déversé des litres de sueurs, un peu de sang aussi. Je l'ai nourrie, à ma façon. Je l'ai transformée aussi. Je connais ses réactions. Quand j'ai découvert notre ferme brûlée, j'ai cru qu'ils m'avaient volé mes souvenirs aussi, mais non. Ici, je le sens, je me nourris, je me ressource, comme un arbre se nourrit d'une terre gorgée d'eau, je me nourris de l'air d'ici, même si la terre n'est plus cultivée comme avant. Des terres cultivées, je suis allé en voir. Au Labret. Un passage que je n'ai partagé avec personne mais qui m'évite aussi les patrouilles de tes collègues. J'ai pas tiré une flèche vers un humain, je n'ai même pas tendu mon arc avec crainte, tant j'étais chez moi. Revoir des champs cultivés... Et pourtant, certains là-bas bossent comme des sagouins et mériteraient la corde. Mais les terres sont tellement bonnes que même en bossant mal ils savent faire pousser quelque chose. Ils apprendront, j'en doute pas...

Je ris, un rire un peu surprenant

- Pour tout avouer, j'ai bien eu envie d'entrer dans une ferme et coller une gifle au cultivateur, avant d'lui expliquer comment on gérait une ferme. Puis je me suis rappelé ma gueule et mon statut. Mais ça m'a fait du bien.

Cela commence à sentir vachement bon dis donc. La cuisson est presque finie, j'ajoute les dernières herbes. Je ne sais pas pourquoi, j'ai vraiment envie de réussir ce repas.

- J'ai l'impression qu'aujourd'hui aussi sera un moment précieux.

Je retire le chaudron du feu et attend un peu. J'ai bien un bol, j'espère qu'elle a une gamelle. Comme couvert, je me suis taillé une sorte de fourchette dans un bout de bois, pour les plats trop chauds. Je lui en tends une. Tailler un couvert est comme tailler une flèche, ça passe le temps et ça n'est pas inutile. Manger chaud est un luxe et la pièce profite de la chaleur, cela pourrait éviter qu'on dorme l'un contre l'autre cette nuit. Je le regrette un peu, mais jamais je ne l'avouerai.
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMer 15 Mai 2019 - 10:27
La milicienne se sentait étrangement bien. Détendue, elle parvenait à converger et même se confier en toute simplicité envers le banni à ses côtés. Il était rare pour elle de s’ouvrir aussi facilement, mais à y réfléchir leur différence en était pour beaucoup. En effet, elle n’avait pas à craindre ses réactions, son jugement et encore moins l’idée qu’il aille la dénoncer à qui que ce soit. Alors elle pouvait parler, librement, sans trop se poser de question. Elle savourait ce moment tout en arquant un sourcil à la question de ce dernier.

« Franchement ? Je n’y ai jamais vraiment réfléchi. »

L’idée même du mariage ayant toujours été quelque chose qu’elle méprisait et son regard se posant rarement très longtemps sur les hommes qui l’entouraient, elle ne s’était jamais posé ce genre de question. Quoique..

« Maintenant que tu le dis… Il se peut bien que la petite fille de l’époque ait un jour rêvé d’un mari. »

Mais cela datait de bien longtemps, pour l’idée du mariage, le mari en revanche… ce n’était pas si ancien et un sourire légèrement triste apparut sur son visage mélancolique.

« Il n’était certainement pas le genre de garçon que mes parents auraient acceptés que j’épouse. Il n’avait rien de particulier, n’était pas bien cultivé, ni particulièrement séduisant. Mais il avait bon cœur, une belle âme et ne me traitait pas comme les autres alors, parfois je rêvai de nous deux à entretenir sa forge main dans main dans un futur lointain. »

Combien de fois avait-elle cassé les oreilles de ses frères et de sa sœur en leur parlant sans cesse de ce petit forgeron ? Un ami d’enfance, encore vivant aujourd’hui, mais qu’elle évitait de revoir à tout prix pour des raisons bien personnelles. Son cœur se pinça d’ailleurs douloureusement, mais à nouveau, elle ne se laissa pas emporté et revint plutôt sur le sujet léger.

« Mais, je suppose qu’un homme tel que mon frère ferait également l’affaire ! »

Dit-elle en riant sachant bien comme cela pouvait sonner bizarrement. Pour autant, elle ne plaisantait qu’à moitié. Elle enviait bien secrètement, ou pas, sa meilleure amie pour avoir un homme aussi charmant et à l’écoute à ses côtés. Il faut dire que les hommes qui acceptent les femmes d’armes comme leur épouse étaient relativement rare. Enfin, toute l’affection qu’elle portait à ses frères et à l’aîné en particulier se lisait aisément sur son visage.

Son expression resta d’ailleurs tout aussi chaleureuse lorsque le banni lui parlait de son désir de retrouver une femme, un foyer où rentrer. C’était assez compréhensif lorsqu’on imaginait ce qu’il devait vivre chaque jour. Et pour dire vrai, Serena commençait également à ressentir ce manque dans sa vie. Plus le temps passait, plus les choses évoluaient et plus elle se sentait perdue. Elle avait bien la chance d’avoir de la famille, des proches et quelques amis, pourtant, elle n’avait pas l’impression d’avoir réellement un lieu à elle, qui lui appartenait et où elle pouvait être pleinement elle-même. Peut-être était-ce également pour cela que sa terre natale lui manquait tant. Là-bas, elle avait toujours eu ses repères, ici…

Soudain, la surprise anima son regard lorsque visiblement Joceyln devina son appartenance. Elle se doutait bien que malgré elle, beaucoup de détail la trahissait à ce niveau-là, mais jamais elle n’aurait pensé que les chevaux auraient l’indice déterminant. Un peu embarrassée, elle se gratta nerveusement le crâne avant de soupirer et déclarer.

« La Vicomtesse de Rivefière.»

Prenant un tout faussement hautain, la tête relevée, elle finit bien vite par ricaner avant de hausser les épaules. Au moins, maintenant, il savait pratiquement tout ce qu’il avait à savoir sur elle. En tout cas, son identité était complètement révélée et heureusement, cela ne semblait pas réellement affecter son collègue ici présent. Et elle fut même ravie de le voir également se confier sur son attachement à la terre. Néanmoins, l’espace d’un instant un pincement se fut ressentir lorsqu’elle réalisa d’abord que son aide pourrait être précieuse pour sa quête, puis ensuite que celle-ci lui priverait sans doute de cet endroit. Se sentant un peu coupable et désolée, elle décida pour l’heure de ne pas tout de suite lui en parler, ne voulant pas gâcher tout de suite ce moment de partage.

« Mmh… Naturellement, je ne possède pas cette même relation à la terre, mais… La culture était la ressource principale de notre domaine. Petite, je ne comprenais pas encore bien les choses, souvent je plaignais ces hommes et ces femmes qui étaient alors forcés à se salir, suer sous le soleil pratiquement toute la journée. J’en voulais à mon père pour leur faire subir cela, car j’estimais que nous étions bien assez riches alors que cela n’était pas nécessaire ! Mais un jour, père me prit avec lui et m’amena directement sur les champs. Étrangement, tous l’accueillir chaleureusement et je compris alors que leur acharnement n’avait rien à voir avec mon père. Au contraire, en regardant plus attentivement, leur regard était incroyablement ardent. Ils étaient pris par une détermination inconnue et finalement, le sourire et la fierté étaient sur toutes les lèvres. Mes yeux de petites filles ont commencé à briller de mille feux tant que je les trouvais admirables. Tu me fais penser à eux. » Ses yeux se glissèrent alors sur lui avant de lui sourire et ajouter. « Tu dégages la même chose, particulièrement lorsque tu parles de la terre. »

Pas étonnant donc que cette ferme puisse autant compter à ses yeux encore aujourd’hui. Il était bien dommage aussi qu’un homme tel que lui ne puisse point rejoindre le Labret, vraiment. D’ailleurs, elle ignorait toujours la raison pour laquelle il avait été banni. Si la question brûlait ses lèvres, elle redoutait pourtant de la poser, ou plutôt, la réponse de ce dernier. Pourrait-elle encore discuter ainsi librement avec lui s’il lui avouait avoir commis des atrocités ?

« Quoi ? Ce ne l’est pas déjà ?! »

Fit-elle dans un air faussement offusqué avant de rire légèrement. Pour l’heure, il valait mieux éviter les sujets trop sensibles. Après l’avoir remercié pour ce repas de choix, la milicienne entama sa première bouchée.

« Et bien, manque encore les chandelles et la bouteille de vin, mon cher. Mais je suis bien forcée de constater vos efforts. » Elle ricana un peu. « C’est très bon. »

Une conclusion simple et sincère alors qu’elle dégusta silencieusement et avec respect ce qu’il avait préparé. De là, elle se rendit compte avoir oublié de lui demander quelque chose et l’observa avec curiosité.

« Et toi donc ? Quel genre de promise rêves-tu retrouver après une bonne journée de travail ? »

Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptySam 18 Mai 2019 - 12:24
Je présume qu'elle a remarqué mon sourire quand elle a commencé à expliquer qui serait son époux idéal, et si j'ai souri, c'est parce que son explication m'a plue. L'histoire de ce petit forgeron qui a su attendrir le coeur de cette future guerrière est assez touchante dans le fond.

- En fait, tu as craqué pour un gars qui était lui-même avec toi, donc sincère et c'est cette sincérité qui t'a touchée. D'où le petit coup de coeur. Cela me paraît assez... logique dans le fond. Sans oublier qu'un forgeron, en général, c'est courageux, grand, musclé. Une belle image protectrice. Mais un poil trop casanier à mon goût. Une forge, ça ne se transporte pas.

Mon sourire s'élargit encore. Je ne suis pas certain qu'un casanier lui convienne aujourd'hui. Mais les choses évoluent si vite. Du haut de ses 18 ans, il l'a compris. Mais ça ne tient pas du miracle. Depuis la Fange, tout le monde l'a compris. Du jour au lendemain, plus rien n'était comme avant. Par contre, je ne pus cacher ma surprise quand elle évoqua un autre mari potentiel...

- Ton... frère ? Je... Pardon, mais jamais il ne me serait venu à l'esprit d'épouser ma sœur. C'est... bizarre comme choix. J'crois que j'aurais été moins surpris si tu avais parlé d'épouser ta belle-sœur. Euh... "comme" ton frère... Ca change un peu, mais même...

Je ne suis pas dégoûté, mais il me semble quand même que c'est un tabou. Pas que religieux. Je sais que désormais les tabous ont moins de sens, mais j'imaginais quand même que dans la civilisation, ils conservaient un certain intérêt, ne serait-ce que pour laisser le Clergé là où était sa place à l'époque d'avant la Fange. Qu'importe, j'aime la voir ainsi, détendue. Oh, nous restons prudents pour ne pas alerter les fangeux, même si cet étage inaccessible nous protège, mieux vaut ne pas les attirer à nous outre mesure. Mais il faut croire que même eux ne veulent pas perturber nos retrouvailles et nous forcer à l'immobilisme. Et mobile, mon visage le devient quand elle me dévoile son titre. Je l'imaginais haute bourgeoise ou petite noblesse, alors que dans les faits, au-dessus d'elle, il n'y a que fille ou femme du duc. Enfin, j'crois...

- Vicomtesse... Ah oui, quand même... Bon, tu m'excuseras, mais j'ai appris à parler ni le bourgeois, ni le noble, alors j'vais continuer à t'causer comme je le fais avec une amie. J'espère que ce n'est pas le cas pour toutes les miliciennes, sinon certains parmi nous seraient tentés de les cibler pour en faire des otages et marchander avec des puissants. Et leurs sorts seraient bien peu enviables. Enfin, c'est une information en plus qu'il me faudra garder pour moi.

Le repas démarre et si je ne suis toujours pas un cordon bleu, et si je ne maîtrise pas l'art d'épicer les plats comme Flore, ben, c'est plutôt pas mal. Je ne maugrée même pas quand elle me dit regretter chandelles et bouteille de vin.

- La lumière des flammes dans l'âtre vous va merveilleusement au teint, Vicomtesse. Quant au vin, je n'en ai jamais bu, pas plus qu'un autre alcool. J'en ignore le goût, mais il semblerait que son seul intérêt soit d'étourdir les sens. Or, je vous aime bien lucide.

Visiblement,il n'a pas eu le temps de saisir certains codes, et les plaisirs de la bonne société que la petite société reproduit, parfois avec le même enthousiasme. Mais, de notre temps, voir un homme qui n'a jamais bu d'alcool, ça doit être encore plus bizarre qu'un homme portant un masque. Mais un frisson l'anime quand elle lui demande qu'elle serait sa compagne idéale.

- J'ai renoncé à l'idée d'avoir une compagne avant même d'avoir quatre ans, parce que je savais déjà qu'elle ne pourrait être à l'aise avec moi. Et l'adolescence a confirmé cet état de fait.

Il l'a même aggravé, en fait. Le désir est devenu une dimension douloureuse pour celui qui suscite beaucoup d'émotions lorsqu'on le voit, mais certainement pas le désir.

- Mais même si rêver est douloureux, je veux bien me prêter au jeu. Il faudra qu'elle soit bonne cuisinière, qu'elle aime bien ma présence sans se forcer, courageuse pour que je n'aie pas l'impression qu'elle me vole mon labeur et que Serus ne la tourmente pas.

Et ne me tourmente pas, moi non plus ? J'en sais rien, qu'elle soit agréable à regarder ne serait pas pour me gêner. Possible que je cherche même à l'espionner pour découvrir les charmes qu'elle cache. Mais voilà, il y aura un moment où l'attraction physique sera là, ne serait-ce que pour la reproduction, les humains n'y échappent pas plus que les animaux, et ça serait la fin de tout.

- Qu'elle soit bonne conteuse, aussi, pour qu'elle m'entraîne dans des voyages tout en restant sur place et qu'elle me donne envie de l'emmener avec moi quand ma présence sur les champs n'est plus indispensable.

Oui, c'est vrai que ça serait bien, même si ça ne se fera pas.
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyDim 19 Mai 2019 - 16:40
Si au début la milicienne dut se retenir de rire à la réaction de son compagnon de fortune suite à ses aveux concernant son frère, une tout autre réaction s’afficha sur son visage lorsqu’il lui parla de sa belle-sœur. Étonnée, elle cligna une, deux fois les ses paupières avant de sentir ses joues s’enflammer dangereusement. Gardant précieusement enfouie dans son cœur le rapprochement que c’était mystérieusement produit entre elle et cette dernière, il y a quelque temps déjà, Serena fut un peu prise de court aux propos de ce dernier. Pour autant, elle tenta de se ressaisir rapidement en secouant la tête.

« Je plaisantais, Jocelyn. J’aime et admire énormément mon frère, mais cela n’a rien de… enfin. Ce que je voulais dire, c’est que je ne dirais pas non à retrouver ses qualités chez un homme, mais peut-être que c’est notre complicité que j’aimerai pouvoir également créer avec un autre. »

Un aveu simple et pourtant important qu’elle prononça avec un sourire tendre malgré tout. Elle savait bien qu’elle ne devait pas chercher son frère chez un autre, elle ne le faisait d’ailleurs pas vraiment, mais elle enviait réellement sa plus proche amie sur ce point.

La conversation se poursuivit ensuite sur son rang et son titre. La première réaction du banni fut la bonne. Elle n’appréciait pas qu’on la traite différemment à cause de celui-ci et allait le remercier pour cela lorsqu’il vint sur les possibles tentatives d’enlèvement.

« … Non évidemment, rares sont les femmes qui maîtrisent les armes, encore plus dans la noblesse, ceci étant plutôt mal perçu. Et j’en ai bien conscience, pour cela que j’évite de donner mon identité complète…. J’espère ne pas venir à regretter cette confidence. »

Il ne semblait pas lui vouloir du mal, mais elle gardait à l’esprit que le vent pouvait encore tourner et qu’elle devait rester prudente. Pour autant, elle lui prouvait avoir, peut-être naïvement, un peu confiance en lui par ce simple fait. Heureusement, la conversation redevint plus légère, plus agréable et plus surprenante encore.

« Comment ?! Quelle aberration ouïe-je ?! Sachez, mon cher, que le vin possède bien plus de propriétés que cela, son goût par commencé ! Il me tarde que vous corrigiez cette ignorance ! »

Et elle l’aurait bien invité à boire un verre, mais… bon. Les choses étant ce qu’elles sont, cela n’était pas près d’arriver pour son plus grand malheur. Car oui, parfois, souvent même, lorsqu’elle pensait au banni devant lui, elle regrettait de devoir le considérer comme un ennemi. Plus encore aujourd’hui.

Ses révélations étaient assez intrigantes. Oh, la femme dont il rêvait semblait tout à fait remarquable, simple. Mais ce fut ses premières paroles qui attirèrent toute son attention. Renoncer ? Là, encore, ce ne fut pas ce qui la surprit le plus. Il y avait des centaines de raisons diverses variées qui poussaient certains à renoncer. Elle la première ne rêvait plus trop au prince charmant et commençait à se faire à l’idée de mourir vieille fille. Pourquoi ? Parce qu’elle ne parvenait tout simplement pas s’imaginer aux bras d’un homme ou d’une femme. L’inconnu lui faisait peur et au vu de la situation actuelle, cela lui semblait trop compliqué.

« Quatre ans ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

Oui, c’était ce détail qui avait titillé sa curiosité. S’il avait précisé l’âge, un si jeune âge, c’est que quelque chose devait s’être produit à ce moment-là. Elle n’était pas bête non plus et devina que cela devait avoir un rapport avec le masque qu’il portait à chacune de ses apparitions, même endormi.

« Te serais-tu blessé ? »

Demanda-t-il en désignant de la tête ce qui l’avait rendu toujours si singulier.



Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMar 21 Mai 2019 - 15:37
Que les femmes sont compliquées à comprendre. Après avoir expliqué qu'un homme comme son frère lui irait, puis non, voilà qu'à nouveau oui, mais j'sais toujours pas ce qu'a son frère. Je pourrais poser la question. Je devrais même. Mais je sens que je n'en saurai pas plus après. La seule chose que j'ai comprise, elle veut un homme avec qui elle aurait une complicité certaine. Cela me paraît logique.

- Soit...

Rompre le silence avec ça ou rien, ... Mais à force de vivre seul, on n'apprend pas à communiquer. Elle doit me prendre pour un imbécile, tiens. Puis elle espère ne pas avoir à regretter sa confidence.

- Bah, en imaginant que je sois pourri. C'est le genre de mission qu'on mène seul, parce que sinon on se fait doubler. Or, je sais pas écrire pour réclamer une rançon ou un avantage. Et avec mon look, je serai repéré à trois lieues si je devais m'avancer vers la ville ou ton domaine. Et en imaginant que j'aie une chance de pendu et que j'arrive à trouver celui qui gère les fonds chez toi, j'pense qu'il te considérerait perdue et qu'il me pendrait pour la forme. Ce serait plus problématique pour toi si je n'étais pas un solitaire. Et en prime, j'suis pas pourri, donc non, t'auras rien à regretter.

Elle veut me faire boire, en prime. Enfin, de l'alcool. C'est limite si elle ne se moque pas. Je hausse les épaules.

- Aberration toi-même, d'abord ! Puis j'crois pas qu'il faille bon être saoul dans les marais. Qui sait, si la fange disparaît, pour fêter ça... et encore. J'pense que votre Duc en profiterait pour attaquer notre village et nous exterminer.

Je ne sais pas pourquoi, mais je craignais qu'elle fasse le lien, qu'elle finisse par poser LA question. Et en même temps, ne vivant pas avec elle sur le dos, elle fait partie des rares qui peuvent savoir, de ces quelques-uns avec qui je pourrais baisser la garde sans craindre pour ma vie.

- J'avais même pas quatre ans, et j'ignore si on peut appeler cela une... blessure. Je... Je sais pas comment on peut nommer ça, mais "blessure" me semble tellement... inapproprié...

Seconde fois qu'il me faut en parler, et c'est encore plus difficile. Je ferme les yeux, je prends une bouchée de ce repas, pour me laisser le temps, pour me donner le courage.

- Oh, c'était un jour ordinaire, donc heureux, à cette époque. Mon père dehors, ma mère à la cuisine. J'étais petit et si c'est sympa de s'occuper des animaux, courir dans les pattes du père n'était pas le plus marrant. C'est qu'il m'en faisait bouffer de la terre en me bousculant. Accidentellement, souvent, mais quand tu bosses la terre, tu bouges. Une maman est plus attentive, puis elle préparait la bouffe. A trois ans, c'est rassurant. On avait épluché les légumes, enfin, surtout elle et elle avait mis la casserole d'eau à chauffer pour les cuire. Puis il y a eu un souci avec la porte de la clôture je crois. Et maman est partie aider papa à porter.

Je crois bien que j'ai souri à cette évocation.

- J'ai trois ans, et ça traîne. L'eau chauffe, fait de la fumée. Trop chaud, elle s'évapore et ça va faire louper le repas. C'est ce que je me dis dans ma petite tête. Alors je veux retirer la casserole du feu. C'est facile, maman le fait souvent. Sauf que maman est plus grand. Je tire un peu, jusqu'au point de bascule. Je crois que c'était jusque là. Pour pouvoir porter ensuite, hors du feu. L'eau bout... et bascule. Je lève le bras pour me protéger mais la casserole se renverse. Mon bras brûle, puis mon visage et l'eau coule, sous les vêtements. Je ne me suis pas évanoui.

Je secoue la tête, yeux fermés.

- J'ai hurlé de douleur. Un hurlement silencieux. Quand la douleur est trop forte, au point de vous réveiller dès l'instant où vous sombrez, l'air ne sort pas. Le cri ne sort pas. Puis la douleur s'apaise, un court instant, comme si le choc passé, le corps s'habituait. Et c'est là que tu sens ta chair fondre, ton corps être rongé. Mes parents m'ont dit que jamais ils n'oublieraient le cri qu'ils ont entendu, inhumains tant par l'incompréhension qu'il dégageait que par l'absence de force dans le cri. Il n'y avait que douleur.

Je rouvre les yeux.

- Mon père m'a fait sombrer en me portant avant de me jeter dans l'abreuvoir.Il devait m'éteindre, même s'il n'y avait aucune flamme. Il me voyait fondre sur la moitié du corps. C'est le bras qui a le plus pris, de même que le visage. Mon oeil a été miraculeusement épargné, et comme j'avais fait demi tour pour éviter le danger, seul mon côté droit a pris. Je serais gaucher, je ne serais pas banni. Mais ce bras n'est qu'une cicatrice d'une brûlure atroce.

La soigneuse m'a déclaré mort, que ça n'était qu'une question de temps et qu'il valait mieux m'achever. Ils l'auraient fait pour un animal. Mais ils ont préféré que je m'éteigne normalement. J'ai vécu dans des bassines, puis dans des pansements. On m'a rouvert pour que les cicatrices suivent et que je puisse grandir...

- Je ne vais pas détailler les soins, mais encore aujourd'hui j'ai des choses à faire. Et dans les marais, c'est pas toujours simple. Encore moins si les autres savent que ma marque n'est pas celle des bannis. Mon physique a fait de moi un monstre et je n'ai pu me montrer qu'une fois qu'on m'a offert ce masque et ce collier. Le reste, j'arrive à le cacher sous des vêtements. J'ai eu l'air d'un excentrique par la suite. Même les miens n'arrivaient pas à me regarder comme un humain. Le faucon lui s'en fout. Les amis sont là où ils doivent être, ils voient au-delà. Les humains n'y parviennent pas. Je ne le leur reproche pas. Même moi j'y arrive pas. Je vois mon bras et j'ai mal. A cause du souvenir. A cause de l'image que ça renvoie de moi. Mon sort était scellé avant mes quatre ans, et pas que le sort amoureux. Le commerce devenait interdit. Le travail en équipe aussi. Je devais être un solitaire, et utile, pour ne pas être chassé. Comme les bannis, dans le fond.

Voilà. Tout est dit. Elle est une dame de la Haute, moi un monstre. Deux hérésies dans les Marais.
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyMar 21 Mai 2019 - 17:19
Dès ses premiers mots, Serena comprit à quel point sa curiosité était mal placée. Il suffisait de l’observer, d’écouter le timbre de sa voix et écouter le long silence précédent son récit pour comprendre à quel point évoquer ce fait était difficile pour lui. Elle aurait pu l’arrêter, le rassurer, lui dire qu’il n’avait point besoin de se confier, mais elle n’en fit rien. Étrangement, elle avait l’impression qu’il en ressentait le besoin, que cela pouvait aussi le libérer de parler à une étrangère. Mais peut-être que ce n’était après tout qu’une pensée égoïste de sa part afin de satisfaire son envie de savoir.

Dans tous les cas, la milicienne l’écouta raconter les premiers souvenirs heureux de son enfance aux côtés de ses parents avec le plus grand respect. Elle imaginait aisément ce petit garçon vivre ici, dans une ferme similaire, aux côtés de ses parents, les aider de leur tâche quotidienne. L’imagine était touchante et chaleureuse, du moins jusqu’à l’incident. Incident prévisible à la manière dont il le racontait. Bien vite, le visage de la milicienne se crispa instinctivement ne pouvait qu’imaginer la douleur que ce dernier avait dû ressentir à cet instant. Lèvres pincées, yeux froncés, elle mit de côté son assiette avant de fermer les yeux. Les détails étaient horrifiants et pourtant elle savait que la réalité avait dû être bien pire que l’idée de ce qu’elle s’en faisait.

Assez naturellement, elle se pencha en la direction de ce dernier, se permettant de poser sa main sur son avant-bras comme pour lui communiquer silencieusement son soutien. Ses yeux plongés dans les siens, elle écouta la fin de son histoire. Très vite une nouvelle information à peine dissimulée l’interpella. Sa marque n’était pas celle des bannis ? Ses yeux écarquillés, elle pensait tout d’abord avoir mal compris et n’osa pas l’interrompre pour confirmer. Ressentant alors toute sa détresse, Serena préféra finalement mettre cette information de côté pour mieux se concentrer sur ce qu’il venait de partager. D’abord s’écoula le silence, car elle n’était pas certaine de savoir bien choisir ses mots. Enfin, la belle baissa son regard au sol, l’air bien songeur et même honteux.

« … Tu sais… J’aurai aimé être de celle pouvant crier haut et fort à quel point tout cela n’est qu’absurdité, que cette marque, ces cicatrices aussi hideuses sont-elles ne te définissent pas. »

Abandonnant ainsi son bras sans oser relever le regard sur lui, Serena replaça nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille avant de déglutir et de poursuivre.

« Mais en t’écoutant, je me rends compte que… Je ne vaux certainement pas mieux que ceux qui ont décidé de traiter ainsi. Oui… à cette époque-là, j’aurai sans doute réagi de la même manière. Et puis, je suis bien placée pour savoir à quel point les apparences influencent notre vie. »

Et ce constat la peinait énormément. Elle-même se dégoûtait pour cela et la colère était alors si présente que ses poings se resserrent sur ses genoux dans un lourd tremblement. Elle était aussi désolée, pas pour ce qui lui était arrivé, mais pour ne pas pouvoir être plus à la hauteur de sa confidence. Finalement, un soupir s’échappa de ses lèvres après qu’elle ait chassé ces pensées d’un hochement de tête.

« Mais les choses sont différentes, maintenant. Si la fange nous a bien appris une chose, c’est que les démons n’ont pas de visage, Jocelyn. » Hésitant un peu, elle releva ses yeux sur lui. « L’important est ce qui se trouve ici. » Afin de souligner ses propos, son poing vint doucement heurter le torse de ce dernier visant alors le cœur de celui-ci. « Et… même si je ne sais pas grand-chose de toi, je suis certaine d’une chose… tu n’es pas un monstre. »

Sinon, ils ne seraient pas ici en train de manger un repas ensemble. Ceci étant dit, Serena lui adressa un sourire qui se voulait des plus rassurants et amical. Il n’en était pas un, pas à ses yeux en tout cas. Évidemment, elle ne doutait pas que ses brûlures étaient sévères et certainement pas belles à voir. Mais ce n’était pas cela qui le rendait monstrueux pour autant.

« Je te l’ai déjà dit, non ? Tu es l’un des hommes les plus décents que je connaisse. »



Revenir en haut Aller en bas
JocelynBanni
Jocelyn



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptyVen 24 Mai 2019 - 21:12
Quand on replonge dans ses souvenirs, c'est assez douloureux. On revit les scènes, on se crée une bulle pour pouvoir s'exprimer et quand au sortir de ta bulle, tu vois une main posée sur ton bras, toi qui refuses les contacts le plus souvent, c'est... étrange. Mais plus étrange encore est qu'elle avoue qu'elle aussi m'aurait évité, à cause de mon apparence. Je hausse les épaules.

- Je ne le reproche à personne. Même moi, face à un autre brûlé, j'aurai du mal. Peut-être même plus que toi, parce que je saurai par quoi il est passé, alors que toi, tu ne peux que l'imaginer, je pense. Enfin, j'espère.

On ne peut jamais s'avancer sur rien, mais oui, je lui souhaite de n'avoir jamais connu ça. En fait, je ne le souhaite à personne. Elle insiste pour dire que je ne suis pas un monstre, mais elle ne semble pas avoir compris que le souci n'est pas vraiment là.

- C'est un peu plus complexe que cela. Mon aspect repoussant fait qu'on ne s'approchait pas de moi. Tu fais partie de ces quelques-ceux qui ont osé regardé au-delà des apparences. Mais même si on est amis, car je pense qu'on l'est, sans ces vêtements et ces bijoux qui me couvrent, tu aurais eu du mal à manger, même en ayant faim. On peut tenter de voir au-delà, elles sont là et toutes les bonnes volontés du monde n'y changeront rien. Même l'amour d'une mère. Je mangeais en sa présence, donc pas seul, mais elle ne mangeait pas en même temps que moi.

Sa dernière phrase me touche car je sens qu'elle a une grande signification pour elle. Et c'est pourquoi elle devient importante pour moi. Alors, je mets mon orgueil de côté pour chercher à la comprendre.

- C'est quoi, un homme "décent" ?

Je ne me sens pas mieux qu'elle sache. J'ai l'impression que d'avoir fait cet aveu, lui avoir permis de me comprendre, d'avoir laissé tomber le masque, d'avoir fait tomber le mur, n'a fait que rajouter d'autres obstacles. J'espérais quoi ? Que mes cicatrices auraient disparues ? Ou les fangeux ? Et cela devient gênant. J'aimerais parler d'autre chose, mais je ne trouve aucun sujet. Je pourrais manger, pour rendre le silence moins gênant, mais franchement j'ai plus faim. Je crains qu'une seule bouchée me donne la nausée. Oui, à cet instant, je serais ravi d'entendre un fangeux se balader, qu'on en revienne au réel. Mais même eux ont décidé de se liguer contre moi, il me semble. Et pourtant, sa présence me fait du bien. Tout ceci est définitivement trop bizarre pour moi.
Revenir en haut Aller en bas
Serena de RivefièreCoutilier
Serena de Rivefière



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn EmptySam 25 Mai 2019 - 14:17
« … Non, je pense que tu te trompes. »

Fit-elle alors assez instinctivement lorsqu’il lui parla à nouveau de son apparence repoussante. Un peu mitigée sur la façon de dialoguer sur le sujet, elle laissa néanmoins un temps de silence, de quoi réfléchir à ses mots maladroits avant de reprendre et exprimer sa pensée.

« … Je pense que cela dépend de la sensibilité de chacun. Mais me concernant, tes marques, tes cicatrices ne m’effraient pas. Plus maintenant. Je sais presque par cœur à quoi ressemble la chair brûlée, son odeur aussi… Évidemment, il s’agissait de cadavre, mais j’ai bien eu l’occasion de voir les flammes rongées des camarades jusqu’à l’os. J’ai vu bien des choses depuis l’arrivée de la Fange, comme beaucoup. Alors, non, tes marques ne m’effraient plus, et je ne pense pas être la seule. »

Non, elle s’était considérablement endurcie ces dernières années et avait même l’impression parfois qu’une partie d’elle était morte à ce moment-là. Elle n’irait pas jusqu’à dire que la vision était belle et charmante, mais il en faudrait plus pour réellement la repousser désormais. Elle regarda son assiette et se remit à apprécier le repas tout en lui adressant un sourire.

« Tu te comportes avec respect et as largement mérité le mien. Tu es courageux, talentueux et passionné… Et visiblement, tu fais preuve d’une grande force de volonté, tes marques en sont les plus belles preuves. Alors tu mérites aussi mon admiration. Même si tu sembles ignoré beaucoup de chose, tu n’es pas bête non plus et au jour d’aujourd’hui, tes connaissances ont bien plus de valeur que celle que possède un simple mondain. Enfin, tu n’es pas si repoussant... »

La milicienne s’arrêta un instant en se rendant compte qu’elle le complimentait peut-être un peu trop ouvertement. Elle détourna alors son regard, un peu gênée avant de se rattraper.

« Évidemment, tu es aussi un tueur à sang-froid et surtout un romantique des plus médiocres, mais nous avons tous nos défauts. »

Un sourire amusé aux lèvres, elle reposa à nouveau ses yeux sur lui. « Alors tu devrais avoir un peu plus confiance en toi. Il n’y a aucune raison que tu aies à renoncer à quoi que ce soit, enfin... » Hormis son statut de banni évidemment, mais en parlant de cela… « Dis-moi... Tu parlais avant de la marque… Tu n’as pas été banni ? Par le Duc, j’entends. »

Son expression était redevenue des plus sérieuses et insistante. Hors de question qu’elle ne perçoive pas chacune de ses réactions à cette révélation des plus troublantes. Avait-elle bien compris ? Ou se faisait-elle simplement des idées ?

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn   [Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
[Terminé]L'ami d'aujourd'hui est l'ennemi de demain | Jocelyn
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 3Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance-
Sauter vers: