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| [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | |
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Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 9 Avr 2022 - 14:58 | | | 23 Mai 1167. L’humanité revêtait bien des aspects, tous aussi cryptique et complexe que l’étaient les humains eux-mêmes. Heureusement, celle-ci pouvait s’analyser, s’étudier, voir même s’interpréter, pour peu qu’on ai les données suffisantes. « Population et statistiques, de la gestion des masses par les chiffres, Volume III », une lecture aussi fascinante qu’indigeste pour l’enfant qu’elle avait été. Heureusement son professeur, bien que presque sénile, était parvenu à lui faire oublier ce dernier point pour se concentrer sur le premier, en y mêlant exemple historique et décision potentielle. Elle avait découvert qu’un atlas pouvait être aussi riche en nuance qu’une des toiles de son artiste de mère, et qu’à son contraire, il n’était pas figé et qu’avec l’analyse des groupes de grandes échelles on pouvait, si l’on y accordait suffisamment d’effort et d’ouverture d’esprit, déterminer les fluctuations à venir, les conflits latent, l’impact des décisions commerciales et politiques. Une science qui prenait, chez les savants les plus éminent, presque l’apparence de la divination tant ils parvenaient à prédire, avec une exactitude sidérante, un événement dans un lieu dont ils n’avaient pas approché le moindre orteil ou fréquenté le moindre natif. Elle se souvenait du rire cassé et difficile qui avait échappé de la gorge de son précepteur quand elle en avait grossièrement fait le constat du haut de ses neuf années. Un son si rare qu’elle ne l’avait pas cru possible en sa présence. - On peut donc savoir ce que pensent et vont faire les hommes, juste en connaissant les chiffres ? - Oh que non jeune fille, l’humanité, sans aucun doute, mais celui qui dira qu’il peut prévoir ce que vont faire les hommes est un fou, ou un menteur. Car les individus ont la stupide habitude d’avoir une personnalité et il n’y a rien de plus chaotique que cela. L’affirmation critique de son professeur n’avait fait que se confirmer avec les années et les rencontres et Eve avait appris, parfois douloureusement, qu’il n’existait au final qu’un outil à même de fonctionner, avec une relative efficacité, sur l’appréciation et l’examen de la personnalité des gens. L’intuition. Elle avait écouté Rosen de Sombrebois avec une attention aiguisée, avide depuis trop longtemps de se faire sa propre opinion sur l’excentrique, le mot était faible même du point de vue de la jeune rebelle de la famille royale, femme de feu Hector. Elle avait froncé ses délicats sourcils à l’évocation du cloaque et du lien que plus intimes que coupable que semblait entretenir la baronne avec cette inconnue dont elle disait avoir été la victime. Elle nota les omissions, les non-dits et les faiblesses du discours, et fut moins surprise du rapport partiel qu’elle avait réussi à obtenir au retour de la châtelaine. En fait, ce qui la surprenait le plus était le fait que cette Roxanne, n’ait pas mis aux fers la jeune mère pour reprendre le contrôle d’une situation chaotique. Soit elle avait surestimé la détermination de cette femme, soit sous-estimé sa capacité à l’empathie. Ou alors l’envoyer de son oncle possédait encore des savoirs qu’elle-même ne possédait pas et qui justifiait cette… clémence. - Il y a bien des blancs dans tout cela et vous avez agi très stupidement Rosen… dit-elle d’un ton ferme mais dépourvu d’animosité. Son visage se détendit cependant et elle inclina la tête sur le côté, se fendant d’un sourire compréhensif. L’intuition. - Mais qui n’a jamais fait d’erreur, quitte à en payer un douloureux prix ? J’aime à croire que je sais voir la sincérité quand elle se présente à moi. Vous souffrez, sincèrement, vous aimez votre fils, sincèrement et vous espérez des jours meilleurs pour votre enfant, votre bourg et vous-même, sincèrement. Je suis convaincue, pour le moment, même si nous aurons à l’avenir besoin de clarté sur les plus sombres aspects l’une de l’autre pour parler de confiance, vous pouvez donc compter sur mon soutien. Il n’y a pas que le cloaque qui tient à vous voir chuter et même si j’aspire à croire qu’il n’y a pas de rapport entre ces… menaces, il serait stupide de ne pas s’y préparer comme si c’était le cas. Elle s’approcha de la baronne et lui saisit la main avec douceur, son ton toujours sérieux malgré son sourire. - Plus d’actes inconsidérés Rosen. Plus d’action dans le dos de votre capitaine ou des personnes en qui vous avez confiance, vous devez paraître aussi solide qu’un roc à présent, pas dans votre solitude, au contraire, dans votre entourage. C’est l’isolement qui vous a rendu aussi vulnérable. Vous avez été honnête avec moi, c’est un bon début, mais ce n’est que cela, un début. Son ton aussi bien que ses épaules perdirent de la tension qui s’était accumulée dans la pièce. - Pour une raison que j’ignore, malgré ses efforts pour vous y placer, sa majesté la reine ne tient pas à vous voir rester à la tête du bourg. Nous allons donc travailler à la décevoir, et à vous y installer bien confortablement. Contrarier ma tante est mon sport favori, vous verrez que cela peut-être très satisfaisant. Commençons donc par faire de cette visite une réussite, d’accord Rosen ? *** De parfaites réponses pour une situation d’importances, pleine de considération et de retenue, avec une dose de sincérité mâtinée de l’espoir latent qu’on attendait de ceux qui avaient reçu l’aide et qui se trouvaient face à ceux qui l’avaient fournie, ou leurs représentants. Le capitaine semblait toujours aussi conscient de sa charge, peut-être même plus, son air sérieux quotidien aujourd’hui accompagné d’un pli discret mais soucieux. Que lui avait révélé Rosen ? Quelle conclusion en avait-il tiré ? Elle l’avait vu chuchoté à sa seconde et elle-même discuté avec un milicien avant qu’elle ne disparaisse tout à fait à la suite des deux nobles. Ce qui, accompagné de sa réponse courte mais évidente, soulignait sa conscience de l’importance de la sécurité, que même sa petite tirade devant l’entrée ne pouvait justifier à elle seule. Le ténébreux jeune homme disposait-il d’information autres que celles qu’elle imaginait ? Un point de questionnement intéressant. Elle retint un sourire à la remarque de la prêtresse, évitant de piquer plus que nécessaire un esprit qu’elle devinait plus dur que son apparence ne le laissait paraître, peut-être même teinté d’une pointe de chauvinisme, si ce n’est territorial, au moins religieux. Hendoire produisait des esprits de métal, dans des moules variés. Il fallait simplement éviter que cette… détermination, ne tourne au fanatisme ouvert. - Je suis certaine que le gouverneur ici présent se fera une joie d’appuyer une demande au Temple afin que plus de guérisseurs soient envoyés ici ma sœur. Le roi serait fort marri que son peuple souffre inutilement. Comme la si bien dit notre cher capitaine et vous-même, c’est le rêve et l’espoir du regretté baron, mais aussi celui des habitants du duché que nous voyons prendre forme ici. C’est notre devoir à tous de faire au mieux pour que ceux-ci aboutissent. Elle s’empara d’une nouvelle coupe et la leva à hauteur de son visage, d’un geste simple et direct. - Je lève mon verre à cela, bien que cela soit informel et que nous ayons bien des occasions de le clamer dans les jours à venir. A Sombrebois et à l’espoir. Quand tous eurent imité son geste, elle sourit et bu une longue gorgée de vin. - Excellent, vous aviez raison. Je suis heureuse de vous annoncer que Conques va fêter trois naissances ce mois-ci, autant que le mois dernier et que ce chiffre, aussi minime puisse-t-il paraitre, est en évolution depuis le début d’années. On constate la même chose dans les villages du Labret. La natalité repart à la hausse, j’ose à croire que les prêches de vos homologues et la diminution significative des attaques depuis le renforcement de la milice participent à ce résultat. On note aussi de nouvelles unions, mais malheureusement pas autant que nous l’escomptions. Trop de veuves, pas assez d’hommes.
J’ai cependant entendu dire que les filles d’Anür, aussi discutable puisse paraître la méthode pour certains d’entre nous, connaissaient une franche réussite au sein de la cité. On parle déjà d’une centaine de mères et donc d’autant d’enfants qui grandiront dans l’amour et le respect des Trois. Une nouvelle génération semble bien en route. C’est une victoire, fragile, mais indéniable. Je… L’un des grands battants s’ouvrit dans un grincement pour laisser reparaître Rosen, son enfant et une Eve joyeuse, passée à son bras. *** Richard n’avait jamais aimé les marais, bien avant qu’ils ne soient habité par des créatures immondes capable de décapiter un homme comme on souffle une bougie. C’était un endroit poisseux, malodorant, où on arrivait à greloter de froid tout en suant à grosse goutte. Pourtant son père avait essayé de lui transmettre, si ce n’est de l’affection, une forme de respect pour la terre qui fournissait à sa famille de quoi vivre. Trappeur pour la famille du Duc, se dernier avait passé bien plus de temps à arpenter ces bois immondes plutôt qu’à aimer sa famille et dès que son fils avait été assez vieux, il avait eu le droit au même traitement. Des heures, des jours, des semaines à arpenter des sentiers sans jamais avoir les pieds au sec plus de quelques minutes. Tout ce qu’il en avait retiré, contrairement à l’espoir paternel, c’était une aversion profonde pour les marais… et son père. Et voilà qu’aujourd’hui il devait crapahuter dans ce merdier végétal chaque jour que les dieux faisaient. Si on lui avait dit que lui et sa coutilerie serait chargé de fouiller les marais environnant Sombrebois, il aurait fait en sorte de se péter une guibole avant de quitter la cité. « Des renforts demandés par la baronne » qu’on lui avait dits, putain de nobles avec leurs grands airs et leurs caprices ! A part des piqures d’insecte ils n’avaient rien trouvé en plus de deux semaines. Sa botte butta sur une racine et il manqua de peu de s’étaler de tout son long dans la boue. Il se retint à grand peine de pester, son coutilier lui ayant déjà sucré une partie de sa solde à force de l’entendre ronchonner malgré le silence complet qu’ils devaient maintenir pendant la patrouille. Ce connard prétentieux faisait preuve d’un peu trop de zèle à son gout. Il se massait l’orteil à travers sa botte quand il se rendit finalement compte de ce qui se trouvait sous son pied. C’était vieux, au moins deux jours, soit depuis la dernière fois qu’ils avaient fait ce secteur. On avait tenté d’effacer les traces en dispersant les pierres et le bois, mais le sol argileux séché avait noirci trop profondément pour disparaitre. Un feu de camp. Richard envisagea une seconde de garder pour lui sa trouvaille, à tous les coups sont supérieur voudrait prolonger leur avancée si il découvrait que quelqu’un avait occupé l’endroit peu de temps auparavant. Il avait juste envie de rentrer au bourg et boire une bière fraiche… Après un soupir, il émit les sifflements de rigueur pour une trouvaille et attendit qu’on le rejoigne. Quelle plaie que le sens du devoir. - HRP:
Rosen, malgré la fin, tu as le temps d'échanger encore avec Eve si tu le souhaites dans la crypte ou sur le chemin du retour.
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| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 10 Avr 2022 - 1:49 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau Des blancs. Oui, évidemment, il y a des blancs. Mais dans ce genre d’histoires, il y a souvent des blancs, non ? Je me suis contentée de dire l’essentiel. Quant à mon agissement, évidemment qu’il était stupide. Mais quand on se sent acculé, on agit souvent de façon irraisonnée. J’écoute ses paroles s’enchaîner la boule au ventre. Je l’écoute décrire la situation et ponctuer les éléments par un sincèrement. Je m’attends alors à un mais. Dans ce genre de sujet, il y a toujours un mais. Pourtant, ce mais, il ne vient pas à mon grand étonnement. Il était avant, ne représentant aucun nuage, sinon même un atout de facteur atténuant. Elle me prend ensuite la main et finit de résumer la situation qui, somme toute, semble parvenir à une évolution positive. Je ressens un certain soulagement lorsqu’elle m’appelle alors à la responsabilité. Les choses vont-elles enfin s’arranger ? Je l’espère. Elle a raison, évidemment. Si j’avais réussi à m’intégrer mieux que ça à mon arrivée. A faire confiance aux gens. Je n’en serais pas là. Hector serait toujours là. Et tourne encore la sempiternelle ritournelle. Mais il faut que tout ça change, maintenant. Ça change. J’ose espérer parvenir à faire passer l’orage à présent. Des erreurs, je crois que j’en ai bien trop faits. Tellement faits que ça devient dur de me trouver des excuses. Mais le passé doit appartenir au passé. « Lorsque nous en aurons l’occasion, je vous expliquerai plus en détail ce qu’il s’est passé. »Chiabrena… Mais Roxanne ne l’a-t-elle donc pas fait alors ? Et pour quelle raison ? Est-ce qu’il ne vaut mieux pas qu’ Eve le sache ? Je suis complètement perdue. J’ai manqué de peu de lui dire que Roxanne savait tout, qu’elle peut aller lui demander les détails. Je me suis retenue. Je ne voudrais pas lui attirer plus de problèmes encore et qu’elle soit accusée de complicité par non dénonciation de ce tragique crime. J’ignore encore pourquoi l’idée me fait toutefois sourire intérieurement. Mais parfois, les rochers se brisent ou glissent dans un éboulement. Parfois, on est pourtant certain de leur stabilité ou de leur résistance. Mais on se rend compte que l’on peut avoir de belles surprises. Et moi, je ne veux pas prendre le risque de les jauger. Mais la question demeure entière et j’ignore ce que sait réellement la jeune femme en face de moi. Si c’est pour vérifier ma sincérité, si elle ne sait vraiment rien. Je le saurais sans doute bien assez vite. « Vous avez ma parole. Je ne commettrai plus le moindre écart et je travaille sur les liens avec mon entourage. » Oui, l’isolement ne peut qu’être préjudiciable. Mais bien que j’ai souhaité en sortir, je ne suis pas vraiment parvenue. Le passé doit vraiment appartenir au passé et ses chaînes doivent être brisées. « Eh bien, si taquiner votre tante la Reine vous sied tant, je serais ravie de vous y aider, lui réponds-je avec une légère pointe de malice. Ça sera aussi mon remerciement pour votre indulgence… Quant au cloaque… s’il n’y a aucun lien, alors c’est qu’il y aurait quelqu’un d’autre associé avec lui qui cherche à me nuire. Mais qui ? »Je ne vois pas cette secte décider d’elle même de me causer du tort. Encore une fois, je pourrais penser que c’est par rapport avec ce qui s’est passé avec l’autre cinglée, mais cette idée ne fait toujours pas son chemin dans ma tête. Qu’avait-elle dit, déjà ? Je ne me souviens plus bien… quelque chose qui me pousse à croire que c’est pourtant bien lié avec la Reine. Et puis… il y a l’autre, celle qui est venue me parler de mes pertes pendant que je dormais… Mais c’est avec Roxanne que je veux – dois ? parler de tout ça. Parce qu’en plus, d’une certaine façon, elle est impliquée dans cette histoire et, qu’à mon avis, ce n’est pas seulement dans le but de m’atteindre qu’on a tenté de l’assassiner. Lui parler est vraiment important, presque urgent. Encore faut-il trouver l’occasion et qu’elle accepte de m’écouter… Je hoche de la tête lorsque Eve me demande une visite réussie. Oui, ça va aller. Ça va le faire, maintenant. Je me sens un peu plus légère, un peu moins nerveuse. Combien de belles choses ai-je pu donc gâcher par mon comportement tout au long de ma vie ? Combien d’amitiés empêchées ? De sentiments emprisonnés ? De belles relations repoussées ? De belles personnes blessées... C’est… triste. Mais mieux vaut tard que jamais. « Vous savez, avant, j’étais un vrai poison. Vous n’avez pas idée… je ne comprenais rien. Mais... je me suis rendue compte que ça ne m’aura apporté que des regrets et des tourments en fin de compte. Mais on ne peut refaire le passé, n’est-ce pas ? Seulement changer le futur. Je ne veux plus vivre ça. Quel est votre plus grand regret dites moi ? Y-a-t-il quelque chose qui vous ronge chaque jour ? »Peut-être peut-elle comprendre. Je regarde mon fils, étire un léger sourire. Je crois que si je ne l’avais pas, je ne serais plus là. Puis je regarde à nouveau la jeune femme. Et alors je me demande soudain… mais ? Alaric m’avait dit quoi, déjà, concernant sa mystérieuse informatrice ? Qu’elle s’appelait… Eve. Qu’elle l’avait informée qu’on allait essayer de m’assassiner. Et Pénélope avait l’air surprise en la voyant tout à l’heure, si je ne m’abuse. Elle l’a donc déjà sûrement vue… C’est donc elle ?! L’idée est étrange… quand même. Assez étrange pour être mise en doute. Et pourtant ? Je me demande bien pourquoi il ne m’a pas donné plus d’explications. Il faudra que j’aille lui parler à lui aussi. Il y a quelque chose de très étrange là aussi. ***
Nous rentrons à nouveau au château, Eve accrochée à mon bras comme à l’allée. Juste avant que nous ne refermions la porte, une mouche me frôle pour se faufiler à l’extérieur, bombillant désagréablement à mon oreille. J’ai un léger sursaut, me reprend de justesse pour me donner contenance. Après une expiration un peu lourde, je me décrispe comme nous arrivons au petit séjour du hall. « Nous revoilà ! avertis-je souriante. Alors, de quoi parliez-vous ? »Je m’installe à ma place, prend une mini tourte au format bouchée, regardant Pénélope amener un second plateau. Je lorgne une seconde ou deux sur l’alcool que je ne toucherai plus désormais. Je crois que la tisane pour la lactation marche plutôt bien, car je ressens une douleur dans mes seins assez récurrente. Un engorgement, à ce que j’ai compris. Et le seul moyen de désengorger, c’est de donner le sein à Athanase. Mais je ne vais pas me plaindre… tant que j’ai du lait, tout va bien, et qu’importe les maux endurés. J’ai vraiment l’impression que ma poitrine est énorme, comparée à avant. Et pourtant, je n’ai jamais eu une petite poitrine. Il me semble sentir l’inconfort d’un peu de lait qui perle aussi. Mais la bande autour de ma poitrine avec du coton aide bien à absorber le liquide avant que ma robe ne soit mouillée. Ah, les joies de la maternité… Athanase s’agite un peu dans son sommeil, et je redoute qu’il ne se réveille d’un instant à l’autre. Je constate alors que Roxanne est à présent assise là où se trouvait Eve auparavant. Peut-être, finalement, avait-elle envie de plus de place… ou juste mal aux fesses elle aussi après la chevauchée. Je retiens un sourire… triste ou amusé ? Voilà une bonne question. |
| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 10 Avr 2022 - 7:04 | | | Sage, discret, le Comte écoutait chaque intervenant, enregistrant mentalement tout élément avec un tant soit peu d'intérêt. Victor opina du chef à de nombreuses reprises durant les interventions respectives d'Alaric et Gudrun où le bons sens de leurs propos semblait un passage obligatoire pour satisfaire la curiosité de Roxanne sans doute présente elle aussi pour représenter les intérêts de la couronne.
Mais le Gouverneur du Sud se demandait qui représentait la voix officielle de la Couronne. La Chatelaine du Val d’Asmanthe ? La Comtesse de Clairmont ? Ces convictions avaient étaient remises en cause après que Roxanne ait quitté l'entourage de la Baronne, lui qui la croyait plus proche de la reine que l'était la nièce de cette dernière. Victor allait devoir obtenir des réponses à ce sujet, mais un chose etait certaine, la châtelaine qu'il connaissait sous le pseudonyme de Lilas avait prit à son compte les débats en l'absence d'Eve, jusqu'à prendre sa place dans le canapé.
Des détails peut-être anodin pour le commun des mortels mais ô combien symbolique pour l'homme de cours, de salon et d'intrigue que le Comte était. Il finit par reporter son attention sur le fauve à la crinière de feu qui venait chercher soudainement son soutien dans le cadre d'un renforcement du clergé au sein de cette place forte au cœur des marais.
- J'en conviens, la situation du bourg exige qu'on renforce la présence de soigneurs au temple. Sœur Gudrun dresse un tableau fort précis de la démographie de Sombrebois et du dur labeur de cette dernière. La Couronne ne pourra que trouver un intéret a cette initiative.
S'il croisa le regard des trois protagonistes autour de lui, Victor appuya toutefois sont attention sur la Chatelaine du Val d’Asmanthe, cherchant à lui faire comprendre qu'il serait certainement son allié pendant ce séjour mais que cela serait conditionné par une entrevue plus que nécessaire.
Après l'intervention du chef de la garnison ainsi que de Prêtresse, Victor reporta alors son attention sur les deux femmes de retour de leur escapade, regagnant avec un naturel, son rôle de second couteau sans cette délégation Royale, non sans prendre considération des émotions qui pouvaient s'afficher sur les visages d'Eve et Rosen.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 10 Avr 2022 - 12:58 | | | Alaric avait attrapé un verre du vin jugé excellent dans le simple but de trinquer avec ses convives. Un sourire plus mélancolique que joyeux étirait ses lèvres lorsqu'il leva son verre. À Sombrebois et à l'espoir. La châtelaine du Val d'Asmanthe était-elle au moins sincère lorsqu'elle affirmait de tels propos ? Que fallait-il penser d'une prétendue nourrice qui, à entendre Eïlyn, était plus douée pour tenir une épée qu'un enfant, avait abandonné sa charge pour s'en occuper d'autres en dehors de la capitale ? Quelles cartes possédait Roxanne entre ses mains délicieuses, quel rôle jouait-elle réellement ? À quel point feignait-elle l'amusement ?
Le capitaine de Sombrebois observa les ondes du breuvage à la surface, une robe pourpre qui ne lui évoquait rien de bon. Songeur, il y trempa ses lèvres, plus par politesse que par envie. Il n'était pas question de s'enivrer ce soir. Ainsi silencieux, il écoutait les deux femmes discuter, nota avec soin que le comte de Rougelac n'était toujours pas prêt à se mouiller. L'homme n'ouvrait la bouche que pour appuyer les dires de la châtelaine, une stratégie pour se faire bien voir qu'Alaric essaierait d'adopter. Après tout, c'était de cette manière que ce vieux renard s'était frayé un chemin dans les hautes sphères de Marbrume. Si le soldat exécrait cette méthode, il ne pouvait qu'observer ses résultats probants.
S'il devinait que Victor demeurait hypocrite jusqu'au bout des ongles, Alaric quant à lui trouvait un réel intérêt dans les chiffres mentionnés par Roxanne. Des naissances à Conques et dans le Labret, l'importance des filles d'Anür... Certes, il fallait bien qu'une nouvelle génération naisse et grandisse à leur suite. Il n'avait jamais envisagé la bataille contre la fange sous cet angle. Il avait toujours du mal à comprendre comment l'on pouvait désirer avoir un enfant dans un monde aussi cruel, lui offrir des terres hostiles et des luttes intestines. Risquer de le perdre du jour au lendemain, risquer de produire un orphelin supplémentaire, condamné à quémander un quignon de pain à gauche et à droite, des haillons sur le dos. Dans le monde utopique d'Alaric lorsqu'il avait gagné la milice, ils remporteraient une victoire contre la fange et la vie pourrait reprendre son cours. Au lieu de quoi, il ne croyait plus qu'il éradiquerait ses créatures, mais qu'il fallait vivre avec et il...
Un grincement le tira de sa rêverie et il releva enfin le visage de son verre de vin. Tout sourire, Eve et Rosen étaient revenues, bras dessus, bras dessous.
... Tombait amoureux d'un des meilleurs partis de la cité. Non, décidément, il n'était plus la même personne depuis l'apparition du Fléau ; ses convictions bercées d'illusions s'étaient muées en un réalisme teinté d'espoir. Il jeta un bref regard à la comtesse. D'accord, toutes ses illusions naïves ne l'avaient peut-être encore quitté.
Au moins cette fois parvint-il à rester de marbre face à la nièce du roi, affichant un simple sourire de circonstance, à la manière du comte de Rougelac. S'il savait écrire, il entretiendrait un carnet dans lequel il inscrirait toutes les remarques et observations qui lui seraient utiles afin de survivre dans ce monde d'intrigues auquel il n'avait jamais été préparé. Il scruta des yeux sa seconde qui, à son tour, rentra dans le salon. Elle lui répondit d'un discret mouvement de tête, signifiant que tout était normal. Curieux, il se demandait ce qu'Eve avait bien pu dire à la blonde. Elle avait eu le mérite de la mettre de bonne humeur, ce qui ne l'étonnait guère.
Alors que la baronne gagnait sa place, il se leva et, le plus naturellement qu'il put, s'adressa à Eve :
— Peut-être Ma Dame veut-elle reprendre sa place ? proposa-t-il en se décalant légèrement.
Puis, reportant son attention sur la baronne – il valait mieux – il lui répondit :
— Le comte de Rougelac s'engage à envoyer plus de soigneurs à Sombrebois. Les nouvelles naissances augmentent dans les villages en dehors de Marbrume, résuma-t-il, décalant ses yeux bleus sur l'enfant endormi. On dirait que la vie reprend partout, n'est-ce pas ? ajouta-t-il à ses invités, avant de boire une nouvelle gorgée.
Il lui était difficile de croire à ses propres paroles. |
| | | Gudrun MercierPrêtresse
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 11 Avr 2022 - 11:51 | | | La prêtresse faillit esquisser une grimace en entendant qu'elle avait été... écoutée. S'était-elle éloignée de Marbrume pour se retrouver coincée, dans ce petit village humide, avec des espions du Temple ? Il était déjà bien assez difficile de cacher quelque chose dans cet endroit, où tout le monde connaissait tout le monde, et où la moindre information se répandait comme une traînée de poudre. Quelle idiote était-elle pour s'être laissée emporter dans cette discussion, sans réfléchir à ses paroles ? Il était un peu tard pour essayer de se rattraper sans ajouter à sa maladresse ; quand le vin est tiré, il faut le boire.
- Merci de votre considération ma Dame, et Messire. Le bourg sera heureux de voir que la Couronne se soucie autant de leur sort, même si je sais que mes confrères de Marbrume ont eux aussi leur lot de travail. Je ne voudrais pas dépouiller Pierre pour habiller Paul, car le travail ne me rebute pas.
Elle leva ensuite son verre comme les autres. Si la nouvelle précédente l'empêchait de se réjouir franchement, elle n'en était pas moins sincère en souhaitant le meilleur pour le bourg. Elle se contenta d'une petite lampée de vin, écoutant attentivement les bonnes nouvelles de l'extérieur, se réjouissant intérieurement sans mot dire, jusqu'à ce que la châtelaine se mette à évoquer les filles d'Anür fièrement, sans omettre une petite pique... A l'égard de qui ? Cette question la taraudait bien plus que d'apprendre que tout cela marchait bien, très bien, trop bien même, à son avis. Des enfants, oui, toujours plus. Mais un enfant était avant tout un cadeau des dieux en récompense d'une union entre deux êtres. Payer grassement pour une passe, au lieu de s'engager pour la vie avec quelqu'un semblait davantage fonctionner, alors fallait-il considérer qu'ils approuvaient ces pratiques ? Tout cela lui semblait... Tellement injuste. Mais elle se demandait surtout en ce moment, qui avait bien pu informer la châtelaine de l'incident au temple, ou alors si cette allusion s'adressait simplement au capitaine ou au comte. Le premier semblait toujours aussi mal à l'aise, contraste parfait avec le second qui, quant à lui, restait calme et détendu, chacun d'eux ajoutant quelques banalités de plus à cette conversation. Si ce qui s'était dit ces derniers moments les avait touchés, ils n'en montrèrent rien. Mais elle n'eut pas le temps de se torturer l'esprit sur ces interrogations, car la baronne revenait déjà, au bras de la comtesse de Clairmont. L'étonnement faillit se peindre un court instant sur la figure de Gudrun, mais c'est finalement une mine réjouie qui s'afficha. Elle n'avait que très rarement vu la baronne le sourire aux lèvres ; elle était contente de voir que cette visite officielle semblait la mettre de bonne humeur.
Songeuse, elle observa en silence Alaric se préoccuper des deux arrivantes, serviable et aimable comme toujours. Cette conversation avec la châtelaine lui avait appris une chose : les informations dont disposait cette femme la dépassaient, et il serait aisé de commettre une autre erreur. Elle se contenta donc d'approuver les dires du capitaine, attendant que les deux protagonistes les plus importantes reprennent le fil de la discussion. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mer 13 Avr 2022 - 16:33 | | | 23 Mai 1167. Eve garda le silence de longues secondes, incertaines quand à ce qu’elle était prête à confiée à cette inconnue. Immanquablement, le visage d’Yvy s’imposa dans son esprit, envahissant son être par une vague brutale de tristesse et de colère. Une sensation devenue si habituelle qu’une partie d’elle en était venue à l’espérer, à l’attendre, comme une source inépuisable d’énergie pour alimenter sa volonté. Un constat effrayant, car elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il adviendrait de cette part d’elle si un jour, malgré l’improbabilité de cette possibilité, elle parvenait à mener à bien sa vengeance. Se vide assoiffé serait-il comblé ? Ou la dévorerait-il ? Son regard pénétra celui de Rosen, pas pour y trouver une réponse, mais pour se convaincre d’agir dans leur intérêt à toutes deux. Elle ne pouvait pas demander à cette femme de lui faire confiance et de se confier sur ses plus sombres fardeaux si elle ne lui accordait pas au moins un tant soit peu de réciprocité. Pas si elle voulait établir entre elles une relation saine et constructive pour l’avenir. Son sourire se teinta d’une part de sa tristesse quand elle répondit. - La honte et la lâcheté sont les deux choses qui me rongent Rosen, plus profondément que l’air qui s’enfonce dans mes poumons. Parce que je n’ai pas eu de courage quand j’aurais dû, une personne digne de louange et que j’aimais a payé le prix le plus lourd et quoi que je fasse, jamais je ne pourrais me racheter de cet échec. Elle chassa sa mélancolie d’un geste de la main même si cela n’était bien entendu que de surface. - Mais comme vous, je me dois d’essayer tout de même. Si ce n’est pour moi, au moins pour les autres. Laisser un monde un peu meilleur que celui que nous avons trouvé, afin que d’autres n’aient pas à souffrir des mêmes maux. Ses yeux glissèrent vers l’enfant endormi. Elle ne pensait pas vraiment à lui avec ses paroles, mais à le voir ainsi, plein d’innocence, elle souhaitait sincèrement que son avenir soit nettoyé de toutes les épreuves que se contemporains vivaient actuellement. Utopie, bien entendu, mais sans espoir de ce genre, à quoi bon continuer ? *** La journée se déroula devant eux bien plus rapidement qu’on aurait pu le croire. A mesure que l’engouement et l’excitation de l’arrivée se dissipaient, la fatigue du voyage se faisait sentir parmi les membres de la délégation. Les collations se transformèrent en un repas court mais d’une ambiance détendue, Eve fournissant et entretenant des sujets badins pour éviter l’apparition de malaises pouvant poindre de part la tension entre certains des invités. L’avancée colossale de la reconstruction et de la revitalisation du bourg fut bien entendu au centre des échanges, la délégation pouvant découvrir de visu ce qui jusqu’à présent était majoritairement des rapports et des colonnes de chiffres. Une fois entre les murs on pouvait enfin ressentir ce grouillement vivace qui animait un endroit à l’agonie peu de mois auparavant. Quelques dizaines d’âme étaient devenues centaines. Des restes de bois pourris étaient devenu bâtisses, étales et hangar, des chemins de boues des rues marchandes. On percevait encore ça et là les traces d’une mort tout juste évitée, mais Sombrebois était bien vivant et chaque jour le son des haches et des hommes emplissaient l’air. Une victoire pour la baronne, une victoire pour le gouverneur, une victoire pour la couronne que la nièce de roi promettait de vanter à son retour à la capitale. Quand les politesses et les remarques se tarirent pour se répéter vaguement, l’on offrit aux invités la possibilité de se reposer, chacun fut mener à sa chambre et installé. Une autre journée chargée attendait ces gens et du repos ne ferait de mal à personne. *** Alors que Gudrun regagnait dans l’air nocturne la chaleur de sa chapelle, une ombre émergea entre les bâtisses pour s’interposer sur sa route. L’heure était tardive, tout du moins pour les habitudes de sécurité qu’avaient pris les habitants. La cape verte et l’air penaud de l’individu suffirent cependant à rassurer rapidement la prêtresse. Richard avait finalement pu avoir sa bière et quelques-unes de plus en suite. Oh, comme prévu son coutilier avait insisté pour pousser plus avant leur exploration après sa découverte. Ils avaient donc crapahuté deux heures de plus que prévues uniquement pour trouver un ancien tertre et du vent. Qui que fut l’individu qui avait fait un feu, il était soit mort dans un trou, soit parti depuis un moment. Alors ils avaient rebroussé chemin, pour ne parvenir au bourg qu’à la tombée de la nuit, leur dos picoté par ce désagréable sentiment de danger qu’avait inculqué la fange à l’humanité dès que l’ombre s’étendait. Leur chef avait eu au moins la sympathie de se charger lui-même du rapport et de leur donner congé. Un petit je sais tout qui voulait trop bien faire avait parfois ses avantages. Il avait foncé droit vers la taverne. Et comme d’habitude, le problème qu’il avait voulu noyer dans l’alcool avait insidieusement profité de celui-ci pour remonter plus vite à la surface et venir harceler son esprit épuisé. Et chaque fois qu’il retentait la manœuvre, ces idées noires s’installaient un peu plus confortablement. Autour de lui les gens n’avaient que la délégation à la bouche. Une vraie beauté par ci, une grande dame par-là, un gouverneur de temps à autres, ou le surprenant retour de la froide mais respectée Châtelaine. Chacun y allait de son petit pronostic sur ce qui découlerait de cette visite. Richard, lui, voulait juste éviter de voir le fond de sa chope. Tout ce babillage finit par lui être insupportable et il quitta les lieux après avoir encore un peu rallonger sa note. Le tavernier était compréhensif mais pas stupide, il savait bien que s’il ne réglait pas la prochaine fois, on irait se plaindre et sa solde serait encore raccourcie avant de lui être donnée… Il errait entre les rues, visant plus ou moins efficacement la direction générale du camp de la milice quand il la vit. Il avait déjà entendu son nom, un truc comme Jotun ou Gollum, dans ce style-là. Mais il ne lui avait jamais adressé la parole. Pourtant Richard aimait les dieux, à sa façon. Mais depuis récemment et jusqu’à ce soir, il avait l’impression que discuter avec l’un de leur représentant serait plus problématique qu’autre chose. Une bouffée de honte gonfla en lui et il se plaça au milieu de sa route sans être certain que ce soit une bonne idée. Il fallut de longues secondes pour qu’il s’aperçoive qu’il n’avait encore rien dit et que la situation devenait franchement étrange. - B’soir ma sour… sœur. Une première étape de franchie. Il faillit bien rebrousser chemin aussi sec, mais que ce soit l’alcool ou une réserve de courage insoupçonnée, il poursuivit. - Y’aurait moyen d’vous causer que’que minutes ? J’ai… j’ai un truc qui me pèse.. qu’pèse sur mon âme m’voyez ? *** Roxanne passa devant le milicien qui tenait plus dans sa position et son regard du gardien que du protecteur. Elle imaginait sans peine qu’Alaric ait pris des mesures que la baronne ne devait qu’à moitié apprécié. Malgré son statut établi d’oiseau en cage, Rosen n’avait jamais vraiment aimé que les barreaux soient trop évidents. Plus on resserrer, plus elle se débattait. Au moins le soldat avait soit des ordres clairs, soit un brin de jugeote puisqu’il ne fit rien pour s’interposer quand elle le dépassa pour gagner la porte de la baronne. Le fait qu’elle l’ait installé à son étage plutôt que de profiter de la présence de Eve ou Victor pour l’éloigner autant que possible indiquait clairement que la propriétaire des lieux espérait trouver une occasion de la voir seule. Elle avait envisagé de la faire mariner quelques peu, juste pour taquiner son esprit sensible, mais si dans un autre contexte, cela aurait été divertissant, dans celui actuel ce serait stupidement risqué. Donc elle avait fait le choix inverse et pris les devants. Elle avait tout de même pris le temps d’enfiler une robe qui ne sentait pas le cheval et de faire un brin de toilette, mais sa décision prise, elle avait agi rapidement. Un passage aux cuisines pour prendre des munitions et la voilà qui remontait le couloir pour frapper à la porte de Rosen de Sombrebois. Elle tapa doucement avec l’arrondi métallique, juste assez fort pour qu’une oreille attentive le capte. Maintenant qu’un petit être vivait là, on ne pouvait plus vraiment tambouriner à toute heure. Son attention fut récompensée au bout de quelques instants par les bruits de pas léger d’une personne s’approchant de l’autre coté du battant, qui finit par s’ouvrir. Le visage fatigué de Rosen apparu. Elle semblait souffrir de son état post-accouchement, mais semblait tout de même moins sur le point de perdre l’esprit que lors de leur dernière rencontre, il y a plus d’un mois. La maternité devait lui faire du bien. La châtelaine leva les coupes qu’elle tenait d’une main, et la cruche pleine de vin qu’elle avait dans l’autre. - Je me suis dit que tu serais partante pour un dernier verre. Au pire tu me regarderas boire, qu’en dis-tu ? *** Les bras de Eve s’enroulèrent autour du cou d’Alaric dès l’instant où il ouvrit la porte et des lèvres aussi chaude que douce se posèrent sur les siennes pour satisfaire une envie bien trop longtemps réprimée. Elle avait attendue de longues heures avant de sortir de sa chambre pour se rendre dans celle du capitaine. Pour autant, elle ne s’était point cachée, consciente que les comportements secrets attiraient bien plus l’attention qu’une apparence de normalité. Elle avait salué un milicien en pleine ronde et laissé passer une femme de chambre portant une couverture en ayant pas l’air d’autre chose qu’une jeune femme se dégourdissant les jambes. Depuis son arrivée, elle n’avait fait qu’attendre cet instant. Non en réalité, elle l’attendait depuis qu’elle l’avait observée partir après ces quelques journées si parfaites et si éphémères. Elle avait essayé de se convaincre que la passion qu’elle avait ressentit alors n’était qu’une passade, un phénomène physique. Mais tous les matins depuis lors, elle se réveillait avec le visage de ce beau capitaine dans les pensées. Plus agacées encore de se découvrir souriante quand elle y songeait. - Qu’aurais-tu pensé de moi en me voyant aussi fleur bleue Yvy ? s’était-elle demandait dans la solitude de sa chambre. La chaleur de son corps, le gout de ses lèvres, le parfum de son haleine tout cela était comme le feu de l’âtre lors d’une froide soirée d’hiver. Il chassait d’elle un engourdissement dont elle n’avait même pas eu conscience jusqu’alors. Il lui fallut de très longues secondes de cette étreinte pour s’insuffler suffisamment de force pour se séparer à nouveau de lui. - Si on allait marcher sur le mur ? proposa-t-elle, consciente qu’elle serait tout bonnement incapable de résister à l’envie qui lui taraudait le ventre si elle s’enfermait dans cette chambre avec lui. Elle escomptait bien satisfaire à ce besoin dans tous les cas. Mais après une si longue séparation, bien plus longue que leur temps effectif ensemble en réalité, elle pensait nécessaire qu’ils puissent parler. Parler, tout simplement. - HRP:
Vous êtes tous libre d'accepter ou non l'échange qui vous est proposé. Victor, n'ayant pas d'échange immédiat, tu peux skip si tu le souhaites. Si tu indiques faire autre chose, j'en tiendrais compte. (Il est possible que Roxanne passe plus tard)
Pour un peu plus d'information chronologique, Roxanne passe en soirée chez Rosen, donc avant Eve qui se présente plutot en début de nuit. Et pour les petits malins, Eve s'est bien assurée qu'il n'y avait personne dans le couloir :p
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| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 14 Avr 2022 - 1:00 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau La jeune femme semble un instant se refermer comme une huître, me dévisager d’un air que je ne saurais interpréter. Ai-je poussé le bouchon trop loin ? Je suis sur le point de lui présenter mes excuses si la question était déplacée, mais elle me répond alors… quelque chose de surprenant. Bien que plus rien ne peut vraiment me surprendre tant j’ai, pourtant de mon jeune âge, l’impression d’avoir tout vu. Le pire comme le meilleur de ce monde. Ce ne peut pas être le cas toutefois. Il y a toujours mieux et toujours pire et, force est de constater, à chaque fois que j’ai cru que rien de pire ne pourrait arriver, il y a toujours eu pire. Parfois, souvent même, la vie me donne l’impression d’être un miroir. Parce que tout ce que j’ai pu retirer aux autres, on me l’a retiré. Pour une épouse que j’ai fait assassiner, j’ai perdu Hector. Pour cet enfant que j’ai dû arracher du ventre de sa mère, le mien m’a été arraché de la même manière. Pour les blasphèmes que j’ai pu commettre délibérément, on m’en a forcé à faire d’autres que je ne serai jamais capable d’assumer. La liste peut être longue, très longue, et vivre en étant perpétuellement confronté à ce que j’aimerais juste fuir ou oublier est de plus en plus lourd. Les Dieux sont cruels, tous autant qu’ils sont. Quels qu’ils soient. C’est une certitude, à présent. « Parfois, on croit être lâche, mais ce n’est qu’une impression. Il faut du courage pour arriver à vivre jour après jour avec ses regrets. » Comme il faut du courage pour ne pas accepter d’apprendre comment son époux est mort, surtout quand c’est une cinglée assoiffée de sang qui vous prévient et qui est sûrement liée de près. Mais si je l’avais écouté… si c’était bien le cas… J’aurais dû la tuer sur place. Et ça, je ne pouvais pas me le permettre. Avec de la chance c’est moi qui serais morte. Mais je ne pouvais pas me mettre plus en danger que je me suis déjà mise. c’est bien assez. « Et d’ailleurs, parfois, c’est ce courage qui en est responsable, rajouté-je en me grattant la base du cou. Je crois que la frontière entre la bravoure et la lâcheté est infime… Mais nous faisons de notre mieux, hein ? On aimerait faire mieux, mais vouloir et pouvoir ne sont malheureusement pas la même chose. Le principal c’est d’aller de l’avant et de ne plus refaire les mêmes erreurs. »J’hésite un instant à lui prendre les mains. L’ambiance prend des allures imprévues, pleinement mélancoliques des deux côtés et l’endroit mortuaire devient réellement pesant. Mais je n'en fais rien. « Retournons au château, les autres vont s’impatienter. »Je lui souris et nous voilà de retour. *** Alors que je demande ce que j’ai raté, seul Alaric prend la peine de me répondre, m’expliquant que Victor allait faire venir des soigneurs dans le bourg. J’approuve l’idée, ça ne peut qu’être quelque chose de positif j’imagine. Quant à savoir si la vie reprend partout… C’est bien de voir une graine germer, mais c’est mieux que le semis ne fonde pas sitôt éclos. Mais quand on prend soin d’une petite graine… qu’on lui offre les meilleures conditions de culture, ne peut-elle pas que croître pour donner un arbre fort et imposant ? « C’est bien comme ça... », souligné-je un peu ailleurs en regardant Athanase. Le voilà, d’ailleurs, qui ouvre ses petits yeux verts. « Coucou mon petit prince... », le salué-je presque béate, ignorant ce qui se passe autour de moi pendant quelques secondes. L’après-midi passe, le souper arrive et se passe assez bien malgré l’agitation d’Athanase. J’ai dû me retirer pour l’allaiter peu avant le repas, repoussant l’échéance de la prochaine crise. Lui qui n’aime pas le monde… finalement, vient l’heure pour chacun de quitter la table et je vais me coucher directement après avoir souhaité une bonne nuit à tout le monde, laissant chacun parler encore un peu avant de se retirer et laissant Pénélope montrer leurs chambres à Eve et Victor. Une fois dans la mienne, je me sens un peu nerveuse. Je guette alors si j’entends du bruit dans le couloir. Il faudrait que je parle à Roxanne… Mais d’un autre côté, je ne sais pas si ça serait une bonne idée que d’aller la voir. Je ne sais même pas si elle m’en veut, je ne sais même pas ce qu’elle a dit sur moi, si elle veut me parler, je ne sais rien du tout. Je sais juste que je ressens un sentiment incompréhensible lorsque je pense à elle, et qu’il faudrait que je lui parle. Le courage… Trouver le courage. Je pose la bougie sur la table de chevet, détache mon bébé et le regarde un instant. Je m’allonge ensuite sur mon lit avec lui, le borde - il semble calme maintenant que nous sommes seuls -avec la broderie au blason de Sombrebois offerte par Gudrun. Malgré l’angoisse sourde et latente omniprésente, je ressens un poids en moins. Tout va bien se passer maintenant, hein ? Ça va aller. Ce que je peux passer du temps à me rassurer quand même... Je regarde mon fils s’endormir doucement en caressant sa petite tête doucement, posant la mienne à côté de la sienne. Doucement, mes yeux se ferment seuls. Je sursaute soudain dans un léger râle effrayé, aperçois une silhouette s’évaporer sous mes yeux. Encore ces mauvais songes étranges… Mais il y a eu du bruit, non ? Quelqu’un a-t-il tapé à la porte où l’ai-je rêvé ? J’ai un doute, mais je me lève doucement pour aller vérifier. Si je n’ai plus de douleurs à ma cicatrice, il se trouve que ça tire toujours et que j’ai encore les points qu’on me retirera... demain, je crois. Il me tarde… pour l’heure, je dois toujours me ménager afin d’éviter de rouvrir la plaie. Quand je regarde mon ventre, je ne peux m’empêcher de me retrouver plongée dans le passé. Dans un passé empreint d’horreur et de folie. Mais n’en ai-je pas déjà fait preuve moi même, bien avant ça ? Je n’ai jamais été une sainte… et dans la vie, tout se retrouve tôt ou tard. Et qu’importe les regrets et que l’on a changé. Ça ne change rien. Arrivée à la porte, j’ouvre quelque peu prudemment, me demandant qui peut bien venir me voir à cette heure-ci. « Oui… ? » Je reste alors sans voix devant ma visite. Roxanne… ? J’avais tellement l’impression qu’elle… qu’elle quoi au juste ? Restait égale à elle même ? Elle brandit du vin et des coupes – curieux ? Je vois qu’elle ne perd pas ses aises… Et alors que j’esquisse presque un sourire à cette idée, mon sourire fond aussi vite qu'il est apparu comme je la regarde dans les yeux, perturbée, cessant de me gratter avant même d’avoir remarqué que j’étais en train de le faire. Mais… c’est… c’est ? Décontenancée, je me ressaisie pourtant rapidement et me décale pour la laisser rentrer puis refermer la porte. « Avec plaisir, je t’en prie, rentre », l’invité-je enfin, le regard de nouveau un brin fuyant. Après avoir reverrouillée la porte et vérifié attentivement qu’elle soit bien barrée en secouant doucement la poignée, je lui demande de me suivre dans le salon. « Excuse-moi pour mon manque de réactivité, je suis un peu… fatiguée… me justifié-je avec un sourire que je n’arrive pas à définir. Viens, allons au séjour. Athanase dort dans mon lit. »Un sourire gêné ? Content ? Triste ? Un étrange entrelacs de tout ça. De voir Roxanne en face de moi depuis tout ce temps est tellement étrange. J’ai l’impression de ne plus l’avoir vue depuis des années. Et son regard… son regard par tous les Dieux ! Il n’a pas changé, toujours aussi intense. Je me dirige vers le divan, en face de la table basse dans cette pièce qui était avant la bibliothèque et qui, aujourd’hui, se trouve reliée à ma chambre pour former un salon. Les livres et leurs meubles ont été pour la plupart descendus dans le séjour du hall. Je me retourne une fois devant le canapé pour la regarder et remarque qu’elle s’est changée. « Tu es toujours aussi ravissante… lui dis-je souriante, une légère pointe d’émotion dans la voix. Ça me fait plaisir de te revoir. »Mais elle ? Pourrait-elle en dire autant ? Peu de chances à mon avis, mais qui sait ? Je m’assieds et lui fais signe de venir s’asseoir à côté de moi en tapotant la place. « C’est gentil… euh… je veux dire… pour le vin, mais en fait, j’essaie d’arrêter l’alcool... »J’ai l’air d’une cruche c’est pas possible… Coupez-moi la langue qu’on arrête ce massacre ! Mais pourquoi je perds autant mes moyens à la fin ? Non, ce n'est pas possible. C'est pas possible je vous dis ! « Mais je peux faire une exception pour t’accompagner ce soir. Je crois que ça me détendra un peu, d’ailleurs. »Et ça ne serait pas plus mal vu à quel point je suis... intimidée ? Si ça peut me rendre moins gauche là... ça ne serait pas plus mal. Et puis, depuis le temps où j'en ai envie... Je sais, je suis faible. Mais ça fait tellement longtemps que je n'ai plus bu - et j'ai passé la journée à être torturée par les effluves de l'alcool de mon entourage - depuis mon retour du Labret, si je ne m'abuse. J'avais pris quelques gorgées d'un vin assez léger chez Victor... avant de décider d'arrêter une fois rentrée. Allez, un petit verre ne peut pas faire de mal... et puis, si c'est elle qui le propose ! Pourquoi me priver ? |
| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 14 Avr 2022 - 11:44 | | | Alaric se rappelait de chacun de ses baisers, de chacun de ses soupirs, du goût de ses lèvres et de leur douceur. Pourtant, lorsque Eve l'embrassa, ses souvenirs s'évanouirent ; ils étaient si ternes, insipides face à l'intense réalité que la comtesse lui offrait. Plus d'un mois et demi s'était écoulé depuis leur dernière rencontre, sa mémoire avait dû lui jouer des tours ; elle avait délavé la brillance de ses yeux, altéré le parfum de sa peau.
Le capitaine de Sombrebois l'attira un peu plus contre lui, ses doigts jouant avec le tissu de la chemise qu'elle avait enfilée. Ce n'était pas la comtesse de Clairmont qui avait frappé à sa porte, mais Eve – juste Eve – et sa simple vue, éclairée faiblement par l'une des torches du couloir, suffit à rallumer le désir qu'il avait tâché de réprimer toute la journée – avec plus ou moins de réussite. Un grognement de frustration lui échappa lorsqu'elle rompit le baiser, mais il ne se recula pas pour autant, se contentant d'ancrer ses yeux dans les siens. Se promener sur les remparts de la forteresse n'était pas exactement ce qu'il avait eu en tête quand il avait refermé la porte derrière elle. Néanmoins, il savait qu'elle avait raison : ils avaient à discuter, à se retrouver seuls tous les deux, sans oreilles indiscrètes aux alentours. S'il succombait à l'agréable tentation de l'embrasser une seconde fois, il serait incapable de mener la moindre conversation avant le lever du soleil.
Ses mains toujours posées sur ses hanches, il opina sans un mot. Alaric se pencha vers l'avant, effleura au passage son cou de ses lèvres et actionna discrètement la poignée de la porte. Plus grand monde ne traînait dans les couloirs du château en ce début de nuit, aussi purent-ils s'éclipser sans un bruit et gagner le chemin de ronde. Seul Rodron y patrouillait encore, plus par habitude que par devoir. Alaric s'y était attendu. Intimant à la jeune noble de patienter, il enfila son costume de capitaine pour la dernière fois de la soirée – du moins l'espérait-il – et apostropha le lancier.
— Allons, Rodron, tu peux bien te reposer au moins ce soir, lui lança-t-il après l'avoir rejoint.
Une critique qu'on aurait pu tout aussi bien lui adresser : après Rodron, Alaric était sans conteste la personne qui passait le plus clair de son temps sur les remparts de Sombrebois, de jour comme de nuit.
— Avec les miliciens qui accompagnaient le convoi, nous sommes bien assez protégés pour cette nuit.
L'homme voulut protester, mais se ravisa lorsqu'il aperçut la fine silhouette dissimulée pourtant dans l'obscurité. S'il n'avait jamais rencontrée Eve lors de son premier passage dans le bourg, il avait eu l'occasion d'en entendre parler, Pénélope n'ayant pas tari d'éloges au sujet de la jeune noble. Il releva la tête vers le capitaine et, s'il fut surpris par sa présence, n'en montra aucun signe. Alaric n'était pas stupide : si les gens de la maisonnée se devaient de garder le secret, cela ne les empêchait guère d'en discuter entre eux. Après un salut respectueux adressé à la comtesse, l'homme s'en fut, les laissant enfin seuls. Elle le rejoignit en quelques pas et, sans être côte à côte, ils déambulèrent sur les remparts.
— Je m'inquiétais pour toi, dit-il enfin en brisant le silence. Je suis soulagé de voir que tu vas bien.
Alaric n'avait pas envie d'aborder tout de suite les sujets sérieux, les grands questionnements et les questions sans réponse.
— Comment va Herold ? demanda-t-il, alors qu'il bifurquait pour se rapprocher du bord.
Il s'accoudait entre deux merlons lorsqu'un cri aigu résonna au-dessus de leurs têtes. Depuis le crépuscule, Theron jouissait enfin d'une liberté qui lui avait été refusée toute la journée. Le rapace planait, sa silhouette se découpant dans les reflets de la lune, presque pleine. « Selon moi elle aura lieu entre cette pleine lune et la suivante. Sans doute une fois l’enfant de la baronne sera venu au monde. » Quelques nuages grisâtres la cachaient par intermittence et alourdissaient le ciel, clairsemé de timides étoiles. La châtelaine n'avait pas tort : le temps changeait, une tempête approchait. Alaric frissonna. Il aurait voulu être un oiseau, lui aussi ; s'envoler lui avait toujours semblé être une faculté merveilleuse, l'une de celle qui vous permettait de vous évader lorsque vous en aviez le plus besoin. Découvrir le sens du vent et virevolter entre ses courants, se laisser porter et bénéficier de leur vitesse plutôt que de les subir...
— J'ai tellement de choses à te dire, je ne sais même pas par où commencer, avoua-t-il, son regard toujours fixé sur le ciel.
Il imaginait que voler procurait un sentiment de plénitude inégalée, de joie sans pareille. Mais en y réfléchissant c'était bien quelque chose qu'il avait déjà ressenti. Pas plus tard qu'il y a quelques minutes. Les ailes du soldat étaient toute autre, mais n'en étaient pas moins pourvues de jolies plumes. Il se retourna vers Eve et lui tendit la main. Qui pouvait les voir, de toute façon ? Même si quelqu'un daignait regarder les remparts de la forteresses, il ne verrait que des ombres sans en discerner leurs traits. La nuit le persuadait que tout était possible ; elle les enveloppait de tendres ténèbres dont il comptait bien profiter.
Alaric l'attira vers lui et passa un bras autour de ses épaules afin de la serrer contre lui.
— Tu as mis la baronne de bonne humeur, tout à l'heure. Quel est le secret ?
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| | | Gudrun MercierPrêtresse
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 14 Avr 2022 - 12:22 | | | Il faisait sombre quand Gudrun réussit enfin à se libérer de ses obligations. Non que les personnes présentes à cet évènement lui aient été désagréables, mais elle n'avait jamais su apprécier réellement les occasions mondaines de ce genre, où la moindre parole, le moindre geste, le moindre regard, étaient surveillés en permanence. Et puis, elle avait franchement d'autres soucis en tête. A cette heure-ci, elle aurait déjà dû être au temple, dont elle aurait barré les portes solidement comme à son habitude. Elle n'avait pas pensé rentrer aussi tard... Elle aurait aimé pouvoir se hâter vers le temple, si sa jambe avait été plus fiable : elle était vraiment mal à l'aise d'être dehors, dans la nuit, entourée de ces sons si familiers le jour, si inquiétants la nuit. Essayant de se changer les idées, elle pensa à Bertille qui avait dû rester au temple en l'attendant, l'imagina endormie au pied du foyer, imagina sa figure quand elle sortirait la petite pâtisserie fourrée qu'elle avait gardée pour elle, et cette vision lui arracha un léger sourire.
Soudain, une silhouette se détacha des ombres et elle eut un petit mouvement de recul. Un milicien, peut-être d'ici, peut-être pas. Dans la pénombre elle n'arrivait pas à reconnaître son visage, mais les habitants étaient si nombreux malgré la petitesse du village ! Il se tenait immobile, ou presque, semblant tanguer un peu. Elle même s'arrêta, inquiète, ne sachant si elle devait adresser la parole à cet étrange homme, ou si elle devait au contraire prendre la tangente. Rapidement, il la rassura en sortant de son mutisme pour la saluer. Elle s'approcha d'un pas, et l'odeur qui émanait de lui lui confirma vite ce qu'elle pensait : il était soûl comme un cochon. L'alcool était un vrai fléau ! Elle fronça les sourcils, attendant la suite d'un air soudainement plus sévère.
- Bonsoir à vous... C'est un bien drôle de moment pour vous inquiéter de votre âme. Est-ce que ça ne peut pas atte...
Elle s'interrompit. Bien sûr, c'était sa paresse naturelle qui parlait, mais l'évidence était là : quand il s'agissait des dieux, on ne pouvait pas se permettre d'attendre. Elle poussa un soupir agacé : le repos attendrait. Elle reprit sa marche interrompue, faisant signe à l'homme de venir marcher à ses côtés. Elle avançait trop lentement à son goût, espérant ne pas avoir à rattraper l'homme s'il chancelait trop.
- Vous auriez mieux fait de m'attendre au temple pour me trouver. Mais enfin, puisque nous nous sommes tout de même croisés, dites-moi : qu'est-ce qui vous tracasse ? Si c'est trop... personnel pour en parler en pleine rue, attendez un peu, nous serons au temple dans quelques instants. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 14 Avr 2022 - 16:37 | | | 23 Mai 1167. La châtelaine se glissa dans l’entrebâillement de la porte quand Rosen lui accorda cette rencontre loin des apparences et des convenances de la journée. Haussant un sourcil à la manière dont celle-ci s’assura que la porte était close, barrée même. Crainte d’être découverte en sa compagnie ? Crainte tout courte ? Autre chose ? Alors qu’elle suit la baronne, son regard ne se prive pas de glisser dans la pièce observant les changements effectués, ou au contraire les choses bien connues. Le temps écoulé depuis sa dernière visite n’est qu’une goutte d’eau sur la ligne de sa vie, pourtant une sensation d’étrangeté se fait sentir dans son esprit, comme si le temps passé dans cet endroit, s’il lui appartenait bien, provenait d’une réalité trop différente de la sienne pour parvenir à se l’approprier totalement. Tant de chose était arrivée, tout ce qu’elle avait appris et fait… - Tu n’as pas d’excuse à me faire, la journée a été riche et je sais qu’être une jeune mère n’est pas de tout repos, dit-elle d’un ton détendu, comme si ce point n’avait vraiment pas d’importance. Sans oublier le fait que bien d’autres sujets que ceux aussi badin que la maternité et une journée de discussion, devaient peser sur l’énergie de Rosen. Elle prit place à coté de Rosen sans hésitation, bien plus hésitante à répondre à sa remarque. Lui avait-elle manquée ? Sans doute. Certains aspects de sa personne tout du moins. Quand il ne s’agissait pas de son devoir, la personnalité de Rosen ne lui déplaisait pas voir l’amusait. Comme lors de cette première nuit où elle n’avait fait que suivre ses envies sans savoir encore ce que serait sa tâche auprès d’elle. Pour autant dans sa vie, s’attarder sur le passé était une chose dangereuse et plus souvent douloureuse que douce. Elle répondit par l’affirmative malgré tout. - Toi aussi, par moment. lui dit-elle donc avec un petit sourire avant de poser ses « bagages » sur la petite table devant elles. Cependant, elle laissa l’un des verre retourner pour n’en remplir qu’un qu’elle garda en main. L’exception est l’ennemi de la constance, et ce n’est pas moi qui vais te pousser au vice si tu essaies d’en sortir. Prenant ses aises, elle se tourna à demi sur le canapé pour faire face à Rosen, repliant ses jambes sous elle avant de porte son verre à ses lèvres sans se priver d’examiner la jeune mère de son intense regard émeraude. - J’ai rencontré une jeune fille récemment. Tout l’inverse de toi. Inexpérimentée, douce, idéaliste à en paraître mièvre à l’œil non avertit. Pourtant, tout comme toi, elle cherche inexorablement un avenir meilleur loin de sa condition actuelle en ne pensant pas en être digne. Je n’ai pu m’empêcher de noter cette ressemblance lorsque je lui parlais. Retrouver ce trait de caractère, si je puis appeler cela ainsi, dans deux personnes si profondément différentes. Elle émit un petit rire presque silencieux avant de boire encore, le temps de reprendre un peu de sérieux. Posant l’un de ses bras sur le dossier du canapé, comme un gigantesque accoudoir, elle cala sa tête dans la paume de sa main. - Corrige moi si je me trompe. Mais tu avais envie que l’on parle non ? Pour tout t’avouer, je pensais que tu essaierais de me caser aussi loin que tu le pourrais sans que cela paraisse insultant vu notre dernier échange. Elle sourit. - Je peux partir sinon… *** Elle avait retenu un rire quand le garde passa près d’elle en la saluant, son regard plein d’une sorte de compréhension muette et polie. Elle avait l’impression d’être une adolescente faisant le mur pour retrouver un prétendant au vu et au su de tous. Elle ne craignait pas outre mesure les messes basses qui entoureraient ses échanges ou ses promenades avec son beau capitaine. Loin de la capitale et des yeux les plus efficaces, l’information perdait de sa force et même ainsi, les rumeurs étaient depuis longtemps devenue une arme entre ses mains. Du moment qu’elle en avait conscience, elle pouvait les retourner à son usage propre. A vrai dire ces dernières années, on lui avait déjà attribué pas moins de cinq relations passionnelles avec des individus plus ou moins recommandable, dont le chef de la guilde des Voleurs lui-même. Alors le capitaine de la Garde de Sombrebois. Un homme du commun qui avait gagné une place notable dans la milice et le contrôle militaire d’une des plus grandes places du royaume par la seule rigueur de sa volonté et sans à première vue bafouer son propre honneur… Sa mère lui aurait dit qu’elle faisait de net progrès ! La différence la plus notable avec toutes ces folles aventures qu’on lui attribuait, c’est qu’en effet, en regardant le visage de cet homme qui surveillait son approche depuis les ombres, elle se sentait envahie d’une irrépressible passion. Mais pas seulement… Elle avait déjà ressenti la passion par le passé, ce sentiment incontrôlable et vorace qui veut prendre le pas sur tout les autres sans maître ni règles. Comme dans sa quête de vengeance. Mais quand elle observait Alaric, si ce sentiment était bien présent, plus puissant que jamais, il était guidé, canalisé, comme le brasier vorace devenant un rassurant et confortable feu de cheminée une fois allumé dans son âtre. Était-ce ça l’amour véritable ? Une force douce et invisible capable de guider la plus destructrice des énergies ? - Il est vrai que c’est moi qui vit au milieu des marais à protéger une femme et un bourg au centre de tous les complots, répondit-elle sur le ton de la plaisanterie, mais plus piquante qu’elle n’avait voulu l’être. Sa propre inquiétude l’avait taraudée comme une bête affamée à l’idée qu’il se trouve si exposé au danger et rejaillissait soudainement à l’évocation de celle de son amant. Elle baissa un peu les yeux pour regarder les pierres défiler sous leur pas. - Désolée… ajouta-t-elle finalement après quelques secondes. J’ai perdu l’habitude de m’inquiéter pour quelqu’un d’autres… tu m’as manqué. Elle saisit la perche qu’il lui tendait pour échapper à sa bévue et enchaina. - Fidèle à lui-même même si bien bougon depuis que son épouse a décidé de redécorer leur chambre avec les broderies que je lui ai offerte pour leur anniversaire de mariage. Imagine-toi que la maison ne me fait plus crédit sur mes consommations car je suis « une perturbatrice de ménage » selon les dire du patron. Dit donc la noble sans qu’aucune trace de culpabilité ne teinte sa voix, ses yeux levé vers l’obscurité cherchant sans doute par réflexe le faucon des yeux. Elle aussi avait des choses à lui dire, malheureusement pas autant ou du moins pas aussi décisive qu’elle ne l’aurait voulu. Un frisson d’exaltation l’a parcouru quand il l’attira contre lui, répondant à un espoir qu’elle n’avait pas osé formuler. Sa tête se posa sur son épaule aussi naturellement que si elle y avait toujours eu sa place. - Je crois qu’elle avait peur que je la juge, ou plutôt que je ne la condamne. Je ne l’ai pas fait malgré les erreurs qu’elle m’a avouée. Elle se sent soulagée de ne pas avoir à m’ajouter à la liste des gens qui lui reproche quelque chose. Au contraire de toi. Il n’y avait pas de condamnation dans sa voix, juste un constat. C’était peut-être moins visible pour ceux qui ne le connaissait pas aussi intimement qu’elle en avait la chance. Mais lors de leur dernière rencontre, malgré l’agacement que semblait provoqué une partie de la personnalité de la baronne chez lui, Alaric avait fait montre d’une inquiétude sincère et concernée à son sujet. Depuis ce matin, si son honneur, sa parole, ou son sens du devoir personnel l’obligeait toujours à remplir au mieux sa tâche, il lui avait vite paru évident que ce lien ténu de considération était, si ce n’est rompu, au moins en fâcheuse posture. - Si je devais miser, je dirais que lorsque nous étions ensemble, la baronne a, à tes yeux, accumulé une ardoise d’acte inconsidéré, voire dangereux. Et que tu as de mal à accepter son comportement au vu des enjeux. Je m’approche ? *** Elle parlait un peu vite pour son esprit embrumé, ce qui lui imposa quelques secondes de réflexion avant qu’il ne comprenne qu’elle acceptait de l’écouter. Alors il pressa le pas pour la rattraper, autant que faire se peut vu l’instabilité du sol. Il hésita une nouvelle fois à tourner les talons. Il n’avait pas envie de s’épancher ! Et puis sœur Shogun avait l’air d’avoir bien mieux à faire qu’écouter un saoulard lui raconter ses problèmes en pleine nuit… Pourtant il ne s’éloigna pas et elle marcha suffisamment lentement pour ne pas le distancer. Il soupira et se lança. - V’voyez ma sure… j’suis marié. Quinze ans d’jà. C’est une femme plu’que bien, elle est’ravailleuse et elle m’a donné trois beaux enfants. Il leva trois doigts en l’air comme pour appuyer son propos puis en replia lentement un comme si cela tirait sur une vielle cicatrice. - on’a perdu un, la fange.. mais les autres vont bien, ma première a même trouvé un gentil garçon qui veut bien la mariée.. Sa mère est folle de joie. dit-il alors qu’ils arrivaient lentement mais surement en vue du temple. Le milicien garda le silence de longues seconde, rendue muet par un mélange d’appréhension et de gêne. Les dieux n’avaient pas besoin d’aide pour connaître ses erreurs, mais le dire à voix haute, à une personne du temple… cela semblait rendre ses erreurs plus sacrilèges encore. Ce n’est qu’en posant le pied sur la première marche du bâtiment qu’il parvint à réunir une dose de courage assez grande pour poursuivre son récit. - J’ai fauté ma sœur. Juste une fois j’le jure sur ma vie ! C’tait y a des années, avant la naissance d’mon dernier. Ça allait pas entre moi et ma rombière, dispute sur dispute, nuit blanche et boud’rie. J’dis pas qu’sa pardonne hein, vou’trompez pas sur c’qu’j’dis. J’ai su qu’c’était une erreur dès que j’l’ai fait, et j’ai pu jamais revu la serveuse, j’même arrêté d’aller dans cette taverne. Poursuivit-il donc avant de glapir tandis qu’elle le laissait entre à sa suite dans la demeure des trois dont l’auras sembla le pousser à se ratatiner dans son uniforme. Il balbutia dans le vide plusieurs seconde, récitant une courte prière, la bouche sèche, avant de ramener son regard sur la prêtresse. - Mais avant d’venir ici, à Somb’ois j’veux dire. J’appris qu’elle était mort’ de maladie et qu’elle avait un marmot. Et que ce marmot… bah c’le miens. Il soupira profondément. - J’ai… j’ose pas en parler à ma femme, mais j’peux pas non plu laisser un gosse sans rien dans la rue ! Dit-il en la fixant d’un ton suppliant comme si elle pouvait d’un seul mot arranger son soucis. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Ven 15 Avr 2022 - 0:17 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Parfois, je ne devrais pas juste envisager de me couper la langue. Je devrais vraiment le faire. J’avais juste à accepter ! Mais ce constat est bien vite éclipsé par la suite de sa phrase.
Moi aussi ? Par moment ? Son sourire se fait malicieux, je le vois bien aisément. Je la connais, ma Roxanne… ma belle Roxanne.
« Alors euh… ça veut dire que par moment, je peux être une grosse vache ? »
Je me mets à rire de bon cœur. Ça faisait longtemps… trop longtemps. Malgré toutes les difficultés, il y avait une certaine complicité entre nous quand même.
Ou peut-être a-t-elle voulu dire que, par moment, ça ne lui fait pas plaisir de me revoir… ce qui serait tout de suite moins amusant. Mais vu son sourire… ce n’est certainement pas ça.
« Tu es toujours aussi cruelle, la taquiné-je en ramenant mes avant bras sur le dossier du divan, l’un sur l’autre, pour y poser ma tête dessus comme elle s’accoude sur le dossier. Me proposer du vin pour me le refuser ! J’ai même pas droit à une petite récompense pour tous les progrès que j’ai fait ? »
Ma dernière phrase est dite sur un ton enfantin, ma lèvre inférieure saillant pour mimer un enfant qui tente de convaincre ses parents pour avoir quelque chose. Je me perds toujours autant dans son regard qu’elle sait si bien manier. C’est son arme ultime, je crois. En tout cas, avec moi et elle connaît très bien mes faiblesses pour en jouer.
Elle me parle ensuite d’une autre fille sans que je ne puisse avoir la moindre information concrète quant au contexte. Mais d’entendre parler du fait qu’elle soit ‘inexpérimentée’ me hérisse presque les poils. Est-elle donc partie s’amuser pendant que moi, je suis en galère avec tout ce bordel ? Non, ça ne lui ressemble pas. C’est impossible. Ou alors, elle avait de bonnes raisons derrière.
Et de la voir esquisser un rire comme je sens mon cœur se resserrer m’est tout sauf agréable. Cruelle disais-je ? Mais ça lui va si bien. Qu’importe. Je dois avancer d’une manière ou d’une autre et ne pas m’attarder sur le superflue.
'Ah… une rencontre ?' voulus-je demander, mais elle me mit au pied du mur avant en me disant qu’elle devine que je voulais lui parler. L’envoyer le plus loin possible de moi ? Quelle drôle d’idée.
« Non, reste, la retiens-je bien vite lorsque elle dit pouvoir partir. Tu sais… ton départ, c’était l’une des pires punitions que tu pouvais m’infliger. »
Et après ? Avait-elle seulement le choix après tout ce qui s’était passé ? Elle a failli se faire tuer et moi j’étais en train de perdre totalement les rênes.
« Parler… oui, il faudrait. »
Mais je n’ai plus envie de parler. Il y a tellement de choses à dire, pourtant. Par où commencer ? Par ce que j’ai appris ou ce que je n’ai pas fini de lui avouer ? Ou mes hypothèses quant à ce qu’il se trame ? Et puis, le moindre mot de travers pourrait à nouveau rajouter de l’huile sur le feu. Et même si j’ai fait de sérieux progrès à ce sujet, je ne suis jamais l’abri de faire un faux pas.
« Il y a tellement de choses dont je dois te parler… que j’aurais aimé te dire quand tu as décidé de partir. »
Mais j’étais à peine capable d'aligner le moindre mot. La voir décider de m’abandonner à son tour m’a pourtant foudroyer comme la foudre en plein cœur. Mais rien n’y a fait.
Elle est partie malgré que je l'ai suppliée de rester… Je suis un instant perdue, les yeux presque dans le vague, ne voyant même plus Roxanne qui est pourtant juste devant moi. Ils vont me le payer. Tous. Absolument tous. Revenant quelque peu à moi, je me décrispe, perçoit à nouveau mon invitée.
Et un énorme vide m’envahit. Je me jette alors dans ses bras de façon totalement spontanée.
« Tu m’as manquée… Tu m’as tellement manquée. Je suis désolée Roxanne. »
Parler, oui, il le faut. Mais pas tout de suite. Dans quelques minutes. Ou quelques heures. J’aimerais lui demander de revenir près de moi. Mais le pourrais-je seulement ? Comment, sachant que je l’ai stupidement mise en danger ?
La douce fragrance fleurie de son parfum est tellement agréable. Apaisante. Je reste accrochée à elle en la serrant fort contre moi, peut-être une seconde, peut-être deux et ma respiration sur sa peau, au creux de son cou si près de son oreille me ferait presque planer autant que le verre de vin interdit.
Mais je ne m’y attarde pas et me rapproche alors de ses lèvres pour l’embrasser - si elle ne m’en empêche pas, bien sûr. Pas aussi sauvagement que la dernière fois. Pas sauvagement du tout, même. Si j’avais appris la brutalité à Hector lors de nos ébats, lui, il m’aura appris la douceur et la tendresse. Une douceur et une tendresse que je recherche à présent.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 16 Avr 2022 - 17:12 | | | Il lui avait manqué. Malgré les quelques gestes d'affections discrets qu'elle avait eu à son égard depuis son arrivée dans le bourg, ainsi que le baiser fiévreux qu'elle lui avait donné, ce n'était pas une évidence pour Alaric. Une fois rentré à Sombrebois, ses péripéties au sujet de la baronne et de sa gestion plus ou moins maîtrisées, il avait ressenti pleinement l'absence de la jeune noble. Même s'il s'était plongé dans sa tâche de dirigeant improvisé, puis de capitaine appliqué, même si Eïlyn était parvenue à lui rendre le sourire, lorsqu'il se retrouvait seul, ses pensées dérivaient inlassablement vers Eve. Sur leurs souvenirs, mais également sur ce qu'elle pouvait faire au même moment, à cette heure où lui était sur les remparts, les yeux rivés sur un horizon qu'il ne voyait plus. Était-elle en sécurité ? Ses véritables intentions avaient-elles été découvertes ? Et parfois, une voix insidieuse et sournoise lui soufflait que la comtesse de Clairmont avait bien d'autres choses à faire que de se soucier encore d'un soldat qu'elle n'avait plus vu depuis des semaines. Ne devait-elle pas assister à des réceptions, des bals, des spectacles qu'Alaric ne pouvait même pas imaginer ? N'avait-elle pas à ses pieds une foule de prétendants qui désiraient rentrer dans les bonnes grâces de Sa Majesté ? Toutes ces questions n'avaient désormais plus aucune importance. C'était contre son épaule à lui qu'elle s'appuyait, contre son torse qu'elle se blottissait ; c'était tout ce qui lui importait.
Pourquoi avait-il fallu qu'il parle de Rosen ? Il n'avait aucune envie que la baronne de Sombrebois soit au cœur de leurs retrouvailles. Néanmoins, Eve avait raison et il lui devait bien quelques explications. Le garde soupira avant de secouer la tête.
— Quand je suis rentré, il n'y avait plus personne. Ni Roxanne, ni Rosen. Le peuple ne comprenait pas ce qu'il se passait... Moi non plus.
Rien que de l'évoquer, il la sentait encore : cette colère sourde qui enflait en lui. Une ombre lourde qui lui faisait hausser le ton sans qu'il ne la contrôle, qui accablait son cœur autant qu'elle en augmentait le rythme de ses battements. Il se détacha de la jeune noble, posa ses deux mains à plat sur le créneau.
— Sans Eïlyn, je ne sais pas ce que j'aurais fait. À cause de ça... J'ai dû l'impliquer dans bien plus que ce que je croyais.
Ses poings se fermèrent.
— On m'a dit que Rosen était partie se reposer au Labret avec cet idiot de Desmond.
Un rire amer lui échappa.
— Mais elle a aussi décidé de retourner à Marbrume, voir le comte de Rougelac. Elle ne devait pas être si fatiguée que ça, pour traverser les marais... En tout cas, il a fallu qu'elle lui dise que je n'étais pas là au moment des faits. Il s'est empressé de me faire parvenir une lettre, tu comprends bien...
Il se détacha du bord et commença à arpenter le chemin de ronde, nerveux. Ses gestes étaient secs, ses mains se posaient tantôt sur ses hanches, puis se croisaient sur son torse, avant qu'elles ne s'entrecroisent, moites et agitées.
— Il voulait que j'explique mon absence. J'aurais dû lui dire que je fréquentais la nièce du roi et que j'essayais d'avoir des informations sur la châtelaine ?
Il ponctua sa question purement rhétorique d'un grognement. Sur un champ de bataille, il n'avait jamais perdu son sang-froid. Face aux quelques fangeux qu'il avait rencontrés, il avait fait montre d'un calme exemplaire qui, à n'en pas douter, lui avait sauvé la vie. Mais face à la baronne et tous les autres questionnements qui ne cessaient de le tarauder, il se sentait démuni.
— J'ai essayé de lui expliquer d'agir en tant que noble. Mais elle a continué de n'en faire qu'à sa tête. Elle n'a pas conscience des conséquences de ses actes et...
Il se mordit la lèvre, hésita, puis avoua :
— Comment je peux encore lui faire confiance ?
Il savait très bien que ses paroles étaient graves et qu'elles ne pouvaient être divulguées. Mais il ne pouvait mentir à Eve ; il espérait simplement qu'elle le comprendrait.
Alaric avait besoin de se calmer. Il sentait ses mains trembloter, qu'elles soient le long de son corps, passées subitement dans ses cheveux ou fourrées dans ses poches.
— J'ai envoyé une lettre à Roxanne. Enfin, Eïlyn l'a fait, encore, puisque je ne suis pas fichu de tracer un seul mot.
Peut-être que l'ombre qui le dévorait de l'intérieur n'était pas uniquement de la colère. Sans doute était-elle mélangée à ses plus grandes peurs, à ses craintes les plus affamées. Depuis qu'il avait commencé à parler, il n'avait plus regardé Eve. Avec soin, il avait évité ses yeux clairs, leur préférant les pierres du chemin ou les étoiles du ciel. Mais ça ne marchait pas. Ce n'était pas parce qu'il ne la regardait pas qu'elle ne le voyait pas.
— Elle n'est pas revenue, comme tu sais. Le sergent de Morguestanc lui a fait parvenir la missive, comment savait-il où la trouver ? J'ai... J'ai cru comprendre qu'elle n'était pas à Marbrume. Je ne sais toujours pas ce que cette femme mijote !
Non, décidément, sa stratégie était idiote. Malgré son regard fuyant, Eve voyait forcément toutes ses faiblesses qu'il dévoilait sans pouvoir les arrêter ; elle avait dû apercevoir les tremblements de ses doigts, percevoir son timbre étranglé.
— Je suis désolé... J'avais dit que je voulais t'aider, mais... La baronne que je sers ne me fais pas confiance, je ne parviens pas à la... Tempérer comme la châtelaine l'aurait voulu, Victor doit se douter de quelque chose et, oh, pour couronner le tout, une voyante m'a prédit que j'allais te perdre si je ne fuyais pas Sombrebois le moment venu.
Il rit.
Il n'avait pas su par où commencer. La preuve en était qu'il avait déballé tout ce qui le tracassait d'un seul coup, en sachant pertinemment qu'Eve aurait besoin de plus de détails pour saisir tout ce qu'il venait de lui annoncer. Alaric prit une longue inspiration. Il risqua un furtif coup d’œil vers la jeune noble, craignant sa réaction. Lui qui aurait voulu être capable de la rassurer... Il avait encore tout fait de travers. Mais comment pourrait-elle encore vouloir de toi ? lui soufflait la petite voix. |
| | | Gudrun MercierPrêtresse
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 16 Avr 2022 - 19:11 | | | Le trajet se déroula miraculeusement sans encombre, jusqu'au temple où quelques chandelles de suif finissaient de se consumer près des statues. Elle l'avait écouté, attentive, sans rien dire, mis à part une courte bénédiction à l'évocation de son enfant décédé. Les confessions étaient bien souvent difficiles à énoncer clairement, mais à l'inverse, rares étaient celles qui étaient sincères. Celle-ci, pourtant, sonnait particulièrement vraie et honnête, et elle le laissa poursuivre sans mot dire, pensive. Encore un qui avait pensé comme l'archer borgne qu'il suffisait de se retirer à temps, et qui ne comprenait que trop tard les conséquences de son manque de maîtrise sur ses... pulsions. Mais la mine contrite du soldat et la situation de son petit l'émouvaient plus qu'elle ne l'aurait souhaité, et qu'elle ne voulait laisser transparaître sur son visage. Après avoir laissé passer un petit moment pour être sûre qu'il en avait fini, elle prit la parole d'un ton ni sévère, ni doux. Elle aimait à penser que ce ton était particulièrement neutre, et lui évoquait l'image d'une justice impartiale.
- Avouer une faute est le premier pas vers la rédemption. Avoir la volonté de réparer ses erreurs, c'est encore mieux. Mais...
Il y avait de nombreux blancs dans l'histoire de cet homme. L'ivresse ne devait pas aider à construire un discours clair. Elle supposa que la serveuse en question n'était pas mariée à l'époque, et que les "nombreuses années" n'étaient sans doute pas si nombreuses que ça, pour se concentrer sur l'essentiel. Il avait dans les yeux une demande non formulée, mais difficile à ignorer.
- Vous savez déjà ce qu'il vous faudrait faire pour cela. Ne vous attendez pas à ce que les dieux vous apportent une solution miraculeuse sur un plateau. Pourquoi ne pourriez-vous pas en parler à votre femme ?
Une question indiscrète la taraudait cependant... comment pouvait-il être aussi certain que l'enfant était de lui ? C'était après tout la défense qu'elle avait le plus souvent entendu de la bouche des maris adultères. Mais cet homme avait l'air tellement convaincu... Il était hors-de-question de lui fournir ce genre d'excuse s'il n'y avait pas pensé de lui-même par simple naïveté. Elle essaya donc un chemin détourné.
- Comment avez-vous appris ces nouvelles au sujet de cette femme et de son enfant ? C'était avant votre départ de Marbrume ? Est-il toujours là-bas ? |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 18 Avr 2022 - 16:37 | | | 23 Mai 1167. Reprendre les même ingrédients, les mélanger dans la même marmite, obtenir le même plat. A la différence que cette fois-ci, Roxanne glissa ses doigts devant les lèvres tendues pour les repousser, avec douceur certes, mais sans hésitation. Ces dés là avaient déjà été jeté et leurs résultats avaient fini par leur couter à toutes deux. Elle savait ce qui animait Rosen. Une Rosen qui n’avait pas, encore, contrairement à ses dires, profondément changer. Secouée par une infinité d’émotion contradictoire, la baronne cherchait à se raccrocher à une ancre physique et familière, comme elle l’avait toujours fait. Longtemps, dans sa vie, cela avait été la violence. Parfois, comme ce soir, c’était la passion. Une passion plus douce que par le passé, plus calme et maîtrisée. Mais qui malgré tout était un outil pour s’échapper de ses craintes de l’inconnu. La Châtelaine ne pouvait plus se permettre de leur accorder, à l’une comme à l’autre, le droit à l’oubli. Pour autant sa voix ne prit pas la moindre trace de reproche alors qu’elle ôtait ses doigts des lèvres douces. - Nous n’en sommes plus là Rosen. Je suis partie parce que tu avais brisé la confiance que je te portais et que je ne pouvais te sauver de toi-même, pas sans enfreindre ma propre détermination. Elle lui caressa doucement la joue. - Comme je te l’ai dit à ma première visite, mon but est de protéger le royaume et son peuple. Et donc, Sombrebois aussi. Pour cela j’ai besoin que toi et ton fils restiez en vie. Je ferais ce qu’il faut pour, mais je ne peux pas permettre de laisser mon affection pour le petit animal sauvage que tu es guidé mes pensées. Autant ne pas compliqué une situation qui l’est déjà fort bien. Elle lui fit un petit clin d’œil avant de boire dans son verre une délicieuse gorgée de vin. - J’aimerais quand même savoir ce qui a pu te passer par la tête quand tu as eu l’idée de raconter à Victor de Rougelac toutes les choses qui n’allaient pas dans ton bourg ! Je sais que tu n’es pas au fait de tous les jeux de la noblesse, mais tout de même, gouverneur ou pas tu dois avoir conscience, rien qu’en te fiant à ton instinct, que cet homme n’est pas ton ami non ? Et voilà que tu lui racontes tout ce qui est nécessaire pour mettre en doute ton aptitude et même celle de ton capitaine à gérer cet endroit… Si j’ai fait en sorte que tu ne finisses pas en prison pour trahison, ce n’est pas pour que tu t’arranges pour te faire bannir par toi-même ! Bien qu’elle ne cachât pas sa désapprobation, le ton de Roxanne ne contenait ni poison ni colère, se contentant de signaler l’évidence de son incompréhension. Elle y avait plusieurs fois pensé durant les semaines écoulées. - Quel était ton but ? Te faire prendre ? Les renforts que tu as demandé au maître des lames, cela était une riche idée. Bien que tes justifications puissent quelque peu faire questionner ta stabilité. Mais Sarssel n’est pas homme à encourager les bruits de couloir et du moment que tu sembles vouloir garantir la sécurité des tiens, il ne fera pas de vague. Alors pourquoi en contrepartie te montrer si imprudente avec un homme que tu sais, j’en suis sure, être un homme profondément dangereux et qui n’hésiterait pas à te voir chuter si cela peut lui offrir une marche de plus sur sa pyramide de succès ? insista-t-elle pour essayer de comprendre les intentions de la jeune mère. *** A mesure que Alaric s’était agité, Eve avait, au contraire, pris ses aises, se hissant pour s’asseoir entre deux merlons, observant son amant creuser le sol de la muraille de ses grandes enjambées circulaires. Elle n’était pas insensible à ses sentiments, loin s’en faut, mais elle avait senti la tension envahir ses muscles et son esprit à peine quelques secondes après le début de la conversation. Cette même tension qu’elle avait lu sur ses traits durant la journée et qui lui avait fait comprendre la distance qui existait à présent entre le capitaine et sa baronne. Il était en colère. Pas seulement contre la dame de Sombrebois, mais contre la situation, les doutes, les inconnues. Et parce qu’il était incapable de les résoudre, contre lui-même aussi. Contre lui-même surtout. Elle aurait pu l’interrompre, le prendre dans ses bras, souder ses lèvres aux siennes pour faire refluer plus loin en lui cette frustration. Mais au contraire, elle estimait qu’il avait le droit autant que le besoin de pouvoir exprimer à voix haute tout ce qu’il portait sur le cœur en silence la majorité du temps. Un fardeau qu’elle plus que les autres comprenait parfaitement. Et si elle avait la chance d’être pour cet homme, celle avec qui il se sentirait capable d’évoquer ce qui lui blessait l’âme, elle ne l’en priverait pas pour toutes les richesses de la terre. Une partie plus pragmatique d’elle-même n’hésita bien entendu pas à picorer chaque miette d’information qui s’échappait du monologue de Alaric. Cela complétait un puzzle où de trop nombreuses pièces manquaient encore mais qui avaient au moins le mérite d’évoquer de première forme reconnaissable. Notamment sur la situation dans le bourg. Et bien entendu, cela soulevait aussi de toutes nouvelles questions… Elle resta silencieuse plusieurs secondes après qu’il eut terminé sa tirade d’un rire s’en joie, jusqu’à ce qu’il ose jeter un regard vers elle qu’elle fit mine de ne pas avoir vu de manière si évidente que cela en devenait comique, observant le bourg en contre-bas comme s’il n’avait rien dit de particulier. Elle dissimula encore moins bien le demi-sourire qui lui étira le coin des lèvres. - Elle est quand même fort jolie cette Eïlyn. Un peu trop à mon gout ! Tu aurais pu, je ne sais pas moi, trouver une seconde qui soit petite, chauve, borgne, hum… et pied-bot pourquoi pas ? Cela aurait été un choix plus respectueux de ma personne… Elle inclina la tête, ses cheveux détachés basculant de sa nuque pour chuter dans le vide comme une cascade d’encre noire. Son sourire se fit plus franc, ses yeux posés sur lui plein d’un pétillement coutumier quand elle le taquinait. Elle tendit la main pour qu’il s’en saisisse et l’attira vers elle pour poser ses mains sur ses joues. - Tu ne peux pas porter la misère et les maux du monde sur tes épaules Alaric. Personne ne le peut. Toi, comme moi, nous évoluons dans un brouillard dont nous ne connaissons pas la limite, se flageller ni changera rien. Elle laissa lancement glisser ses mains sur son torse. - Rosen n’est pas noble. Rosen n’est pas même vraiment une personne du commun. Tu le sais aussi bien que je l’ai su en passant quelques minutes avec elle. Elle a grandi loin des schémas qui auraient dû lui permettre d’évoluer parmi les autres sans risquer un drame à chaque pas. Si elle doit changer, ce sera long et difficile. Mais je crois que nous sommes tous les deux d’accord pour dire qu’elle aime son fils et qu’elle fera ce qu’il faut pour le protéger et rester près de lui. Tout ce que nous avons à faire… non, tout ce que nous pouvons faire, c’est lui rappeler ce détail et l’orienter au mieux. Le reste ne peut venir que d’elle. Tu ne peux sauver les gens d’eux-mêmes, aussi redevable penses-tu leur être à eux ou leur proche. dit-elle, presque certain que le sens du devoir qui liait Alaric à la maîtresse des lieux avait plus à voir avec la disparition du baron que d’une affection spontanée entre elle et lui. - Roxanne du Val d’Asmanthe n’est pas une personne à prendre à la légère, elle joue à ce… « jeu » depuis bien plus longtemps que nous. Je doute même qu’elle n’ait jamais réellement connu autre chose. C’est… je ne sais pas ce qu’elle est. A vrai dire, avant qu’elle ne devienne l’épouse du seigneur du Val, je pourrais à peine te confirmer qu’elle existait réellement. Nous pouvons la garder à l’œil en espérant que sa volonté apparente d’aider soit sincère, mais au final, tant que nous n'aurons pas de moyen de vérifier ses intentions, nous torturer avec cela est contreproductif. Elle rit tout bas. - Plus facile à dire qu’à faire, je le sais. Alors commençons par cette histoire de voyante… Je t’imagine mal aller te faire prédire la bonne aventure et encore plus mal y prêter foi. Pourtant tu l’évoques, donc cela t’a touché. Raconte-moi. proposa-t-elle, plus pour pousser son homme à épancher ses doutes qu’inquiète de la véracité de la prédiction. *** Richard trembla comme une feuille morte ballotée par le vent quand sœur Pitchoun prit la parole de sa voix égale, digne de la montagne la plus impassible de l’horizon. Heureusement pour lui, ce ne fût pas pour le condamner et vouer son âme à la damnation comme il le craignait fortement. Ou peut-être comme il pensait le mériter. Après tout, il avait pêché et jusqu’ici, n’avait pas eu à en payer le prix. Mais comme le signala bien vite la prêtresse, elle savait très bien, tout comme lui, que le temps de la joyeuse et stupide inconséquence était révolu. Il s’avança de son pas instable pour s’affaler sur l’un des bancs. Il aurait voulu se redresser, avoir l’air digne, fort. Mais la fatigue, l’alcool et le remord pesaient trop lourdement sur ses épaules, alors il resta ainsi courbé comme un pénitent, triturant un ongle qu’il arrivait à peine à distinguer. - Si’j’lui dit… elle aura ptet pas la force d’me pardonner. Pourquoi’le ferait, mêm’ moi j’le fait pas. J’vu les couples qui s’battent, qui s’déchirent ma soure. J’l’aime et j’l’ai déshonnoré. On croit qu’ya qu’les gens d’la haute qui s’en soucie. Mais une femme elle pe’sentir blessée, même à not’niveau m’dame… euh.. ma sœur ! se corrigea-t-il rapidement. - j’veu pas qu’elle soit triste, j’veux pas qu’nos petits aient honte d’leur père. dit-il dans une plainte, bien conscient que malgré sa sincérité, il ne pourrait pas échapper éternellement au prix de son acte. Les questions de la représentante des trois le prirent au dépourvu et il dut faire un puissant effort de réflexion au vu de son état pour fouiller sa mémoire et retrouver les informations qu’elle demandait, comme s’il devait soulever des couches épaisses de brouillard pour y accéder, donnant presque l’impression de fouiller dans l’esprit d’un autre. Il devait être bien plus ivre qu’il ne le pensait, la gueule de bois du matin serait joyeuse… - Oui... je… oui. C’sa tante qu’est venu m’voir après la mort. C’st-elle qu’le garde pour l’moment. Mais la pas les moyens, a peine assez pour elle. Elle dit qu’si c’est pas moi, ce sera l’temple qu’il récupérera. J’l’ai vu ma sœur. C’l’miens sans aucun doute possible. J’ai d’né quelques pièce jusqu’à mon r’tour, mais elle le gardera pas pou’tjours. J’ai rien cont’le temple ma sœur ! j’sais qu’ils s’occuperaient bien d’lui. Mais… c’le miens voyez… |
| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 21 Avr 2022 - 18:38 | | | — Mais..., bafouilla-t-il avant de croiser le regard de la jeune noble.
Il discerna son sourire espiègle dans la pénombre, ses yeux pétillant d'une malice non feinte qu'il aurait reconnu entre mille. Ce n'était pourtant pas le moment de plaisanter, jugeait Alaric, mais malgré lui, il sourit à son tour et se rapprocha d'elle. Avait-elle mentionné Eïlyn simplement pour détendre l'atmosphère ou parce que, derrière son air amusé, une douce jalousie picotait son cœur ? Peut-être un peu des deux, se dit-il en saisissant sa main tendue. Au contact de ses doigts contre ses joues, il ferma instinctivement les yeux, savourant leur intimité retrouvée. Ses membres avaient cessé de trembler, le poids de la colère s'était estompé. Oh, il demeurait tapi, enfoui au fond de lui, mais au moins pouvait-il en reprendre le contrôle et respirer un peu plus facilement.
— Je sais, murmura-t-il.
Tout comme il savait pertinemment qu'elle avait raison : jamais il ne serait capable de sauver tout le monde, ni de tout comprendre et encore moins d'anticiper ce qui se tramait dans cet épais brouillard. Odalie ne lui avait-elle pas dit quelque chose de similaire ? Il ne se souvenait plus de ses paroles exactes et, sur le moment, il n'avait pas compris qu'elle s'adressait à lui, mais il avait cru qu'elle s'était contenté d'énoncer une vérité qui ne le concernait en rien. Lourd est le fardeau de celui qui croit pouvoir porter le monde. Le regard d'Alaric s'assombrit à nouveau ; distraitement, il caressa une des mains d'Eve déposée sur son torse, y dessina des cercles abstraits de son pouce.
— Elle aime son fils, oui. Peut-être trop, ajouta-t-il dans un murmure qui eut tout juste le temps de parvenir aux oreilles d'Eve, avant d'être dissipé dans le vent.
Le capitaine de Sombrebrois éprouvait des sentiments mitigés à son égard : il était sincèrement heureux pour la blonde d'être une mère aussi épanouie que le lui permettait la situation et lui-même ne pouvait s'empêcher de garder un œil sur l'enfant, en protecteur attendri. Mais d'un autre côté, il était persuadé que Rosen ferait toujours passer Athanase avant le peuple du bourg et sa maisonnée. C'était normal, humain, bien entendu. Il ne pouvait lui en vouloir, mais pourtant... Cette certitude l'empêchait également de se confier à nouveau à la baronne. Il l'imaginait capable de tout pour protéger son fils... Quitte à sacrifier un bourg tout entier.
Il soupira, peu convaincu par ses explications concernant Roxanne. Ainsi donc la nièce du roi n'avait pas plus d'informations à lui fournir au sujet de la châtelaine et, pire que cela, préférait encore lui laisser le bénéfice du doute. Elle n'avait pas tout à fait tort, cependant : tous les deux risquaient de perdre leur temps avec la rousse, d'autant plus si elle était aussi à l'aise avec ces jeux de pouvoir que le laissait supposer son amante. Dans ce cas, il ferait ce qu'il avait toujours fait jusqu'à présent : assurer la sécurité des lieux et demeurer méfiant à l'égard de toute personne dont il ne connaissait pas les véritables intentions. Un paquet de monde.
— Je l'ai rencontrée dans les marais, lâcha-t-il. Entre Balazuc et Sombrebois. Juste après t'avoir quittée.
Il préférait taire l'échauffourée qu'il avait menée contre les bandits dans le nouvel hameau. Si Eve s'inquiétait vraiment pour lui, il ne comptait pas lui donner des raisons supplémentaires qui risquaient de la préoccuper.
— Je ne crois pas à ce genre de choses, tu as raison, mais...
Il se pinça l'arête du nez, afficha un rictus embarrassé qui contracta sa mâchoire.
— Elle savait des choses qu'elle ne pouvait pas savoir. Comme... Nous deux. Elle n'a pas dit ton nom, mais... Elle savait que je ne pouvais pas parler de toi à d'autres personnes et elle a dit...
Il détourna le regard une fois de plus, dents serrées. Elle allait le prendre pour un fou, c'était inévitable. Il se souvint d'Aeryn qui lui avait confié son étrange vision avec une entité plus mystérieuse encore. Désormais, il comprenait mieux la position dans laquelle elle avait été au moment de ses aveux. Était-elle parvenue à trouver Isolde comme il le lui avait suggéré ?
— Que je serai en danger à Sombrebois. Et toi, quand tu es venue à Sombrebois la première fois – Par les Trois, c'était si loin et si proche à la fois ! – c'était aussi pour me mettre en garde, moi et Rosen. Je me suis dit que ça ne devait pas être une coïncidence.
Alaric exerça une brève pression sur les avants-bras d'Eve afin de l'attirer vers lui. Il glissa ses doigts entre les siens et l'entraîna un peu plus loin sur le chemin de ronde.
— Je ne me souviens pas de tout. Mais elle a dit que le bourg serait en danger et qu'à ce moment-là, je devrais fuir, si non, Sombrebois perdra tout et moi, je te perdrai toi.
Il parlait à voix basse, comme si le simple fait d'évoquer la prédiction la rendait plus concrète, tangible. Comme si la prononcer était une formule magique capable de la réaliser.
— Mais même si je fuis, quelqu'un mourra... Je crois.
Une vie qui compte sera perdue.
— Mais ce ne sera pas toi.
Une fois la tour ouest de la forteresse dans son dos, Alaric s'approcha à nouveaux des murailles, son regard fixé sur l'horizon, sur les terres du Labret qu'il n'avait plus visitées depuis plus d'un an.
— Elle m'a donné un bâton.
Le garde s'assit sur le créneau, son dos appuyé contre l'un des merlons. Il invita Eve à prendre place contre lui, leurs jambes entremêlées, ses bras passés autour de sa taille. Malgré le danger évident de basculer dans le vide sur leur gauche, Alaric avait pris l'habitude de s'installer ainsi, ses yeux rivés sur les terres hostiles. Alors ses pensées dérivaient inlassablement ; cette fois au moins n'était-il pas seul.
— Tu ne le vois pas car il fait noir, mais là, au loin, il y a un tertre qui ressemble à la carapace d'une tortue. Odalie, la voyante, m'a dit de m'y rendre quand j'aurai fui et d'y planter son bâton.
Il marqua une petite pause.
— Voilà, conclut-il en un soupir. Je ne comprenais pas le lien entre toi et Sombrebois, mais maintenant tu es là et... Roxanne a dit qu'une tempête se préparait. Et Odalie a dit que ça se passerait après la naissance de l'enfant... Est-ce que c'est idiot d'y croire ?
Alaric resserra un peu plus son étreinte. Il embrassa ses cheveux et huma son parfum, avant d'enfouir son visage dans son cou. Comment avait-il pu rester séparé d'elle pendant aussi longtemps ?
— J'ai peur pour toi, avoua-t-il dans un murmure.
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| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | | | |
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