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| [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | |
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Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 23 Avr 2022 - 2:57 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Il est difficile d'exprimer la sensation que je ressens. Je ne peux pas dire que je sois vraiment surprise ou que je ne comprends pas. Mais au fond de moi, c'est comme si l'ont métirait dans deux directions opposées. Comme si mon estomac se tordait. Comme...
Lorsque sa main touche à présent ma joue, je crois que mes émotions et la confusion atteignent leur paroxysme. De l'affection ? Un petit animal sauvage ? Mon regard se fait plus vague, flou.
Il est de ces moments où je crois retrouver une excellente lucidité, mais bien vite, mon esprit retombe dans la brume de l'incompréhension. Ma main se pose sur la sienne un bref moment, comme une vaine tentative de vouloir la garder sur mon visage.
Je ne veux plus tomber dans mes travers, me méfier, m'enfoncer. Mais pourquoi refuser clairement un geste d'affection pour m'en témoigner d'un autre... similaire ? Comment l'expliquer ? Je me sens amoindrie, je pourrais presque dire apaisée pour ce geste si le précédents accompagné de ces mots si difficiles n'était pas encore si présent.
Parfois, il vaut mieux ne pas chercher à comprendre... Mais pourquoi donc tout est-il si compliqué ?! Je ne le saurais jamais. Ce qu'il m'est passé par la tête lorsque j'ai essayé de l'embrasser, je ne saurais le dire. Mais encore une fois - à croire que je suis vraiment maso - je me suis faite remballer.
« Moi qui espérait avoir au moins un peu le goût du vin... » prétexté-je sottement en la regardant boire à nouveau.
Je fais un effort considérable pour stabiliser ma voix. Pour ne pas qu'elle tremble. Voilà une bonne excuse, n'est-ce pas ? Des fois, je me trouve vraiment trop stupide. Sa main sur ma joue, c'était quand même presque comme un baume cicatrisant sur mon cœur meurtri.
Je me retiens de lui demander pourquoi elle n'a rien dit. Que tout serait fini, au moins. Mais visiblement, ma chute arrangerait bien trop certaines personnes. Certaines personnes qui pourraient nuire au bourg, de ce que j'ai l'impression.
Et je me retrouve à être un stupide pantin dans toute cette histoire. Mais il va sans dire qu'il est dans mon intérêt de causer du tort à ceux qui veulent me nuire. Je pose ma tête sur son épaule, face à son joli cou, la reprenant d'une façon moins bien moins impulsive dans mes bras.
« Se méfier de tout le monde, ça rend complètement fou, hein ? J'aurais dû te faire confiance plus tôt au lieu de m'arrêter sur les menaces... mais même... comment voulais-tu que j'arrive à t'expliquer tout ça ? »
Il faudrait encore que j'arrive à l'assumer, déjà.
« Je ne voulais pas... pas... que ça se passe comme ça. »
J'ai du mal à formuler mes mots. A former mes pensées.
« J'aurais voulu que ça se passe autrement. Qu'on se fasse confiance... »
Mais j'ai tout gâché. Encore une fois. A quoi bon m'obstiner dans cette voie ? Mais si je n'essaie pas, je vais définitivement sombrer. Oui, sombrer, un jour ou l'autre ça pourrait bien arriver, mais je ne préfère pas y penser. Je lutte et fais mon possible pour rester la tête hors de l'eau, mais tôt ou tard, il se pourrait bien que je ne trouve plus la force ni l'envie de lutter. De lutter à contre courant en permanence. Suivre le courant est tellement plus simple...
Je retiens un nouveau rire quand Roxanne me fait savoir qu'elle n'apprécie pas que je cours à toute jambes prendre le risque de me faire exécuter quand elle fait son possible pour me l'éviter. Mais c'est tout moi ça, n'est-ce pas ?
« T'étais partie, j'étais partie... les villageois se posaient bien des questions dans leur inquiétude. Je me disais que ce serait bien qu'il y ait au moins une figure d'autorité qui se montre pour rassurer les gens et donner l'impression que la situation est maîtrisée. Alors je lui ai expliqué qu'on cherchait à me nuire et lui ai demandé de passer dès que possible dans le bourg pour se montrer et apaiser les esprits. Il était... indigné que personne ne le tienne au courant, lui, le gouverneur. Ça se comprend je crois... A ce moment là, je n'ai pas vraiment pensé à moi. A vrai dire, rendue à ce point là, je me pensais... fichue quoi que je puisse faire. J'aurais très bien pu me faire arrêter aux porte de la ville et exécuter... je ne savais pas ce que tu as bien pu dire. Mais il fallait que j'essaie quelque chose pour arranger la situation. Il a alors dit qu'il demanderait un rapport à Alaric. J'ai dit qu'il n'était pas présent au moment des faits, qu'en gros, il n'y avait pas assisté tout simplement. J'ai pas dit qu'il était parti. Il pouvait très bien être dans le bourg à l'écart, je n'ai donné aucun détail. Et quand bien même, il me semble que le bourg était toujours sécurisé par la milice et que la situation était sous contrôle. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit... Alaric ne me parle plus beaucoup. Mais j'ai juste voulu son aide pour le bourg. Il a donc dit qu'il passerait. »
Que dire de plus...
« Quand tu es partie, je voulais te suivre et que tout se termine une bonne fois pour toute, c'est vrai. Mais Desmond m'en a empêchée. »
Forcément, ça n'aurait pas été la plus brillante des idées... Mais je venais de tout perdre, ou presque.
« Et finalement, je n'aurais pas eu besoin de me donner tant de mal en venant à Mabrume pour en finir. »
Je n'aurais eu qu'à sauter des remparts après tout. Plus rapide et plus simple, et surtout, je n'aurais laissé à personne le plaisir malsain de me donner la mort.
« Et puis, tu sais... cette lettre qu'ils m'ont fait signer... »
Et que j'aimerais juste déchirer, brûler, piétiner jusqu'à la dernière cendre.
« Entre autre... il était spécifié que je devais suivre les conseils du Gouverneur pour la gestion du bourg. Alors pour suivre un conseil, il faut déjà pouvoir en bénéficier. »
Bon, je n'ai pas tellement eu l'occasion de demander le moindre conseil au vu de la tournure des événements, ça a coupé assez vite court. Mais c'est un fait. Quant au fait que ce n'est pas le meilleur des alliés... je compose avec ce que j'ai, tout simplement.
« J'essaie d'arranger les choses... Tu sais ? Je me fais même surveiller en permanence. »
Je ne peux réprimer un petit rire tellement que ça en devient cocasse. Tellement que ça me paraît ridicule. Et c'est quelque chose d'assez lourd à supporter au quotidien. Mais je me dis que c'est temporaire et que ça doit calmer quelques esprits, alors j'arrive à l'endurer.
« Mais j'ai besoin d'un peu d'aide pour ça. Repartir à zéro sur de bonnes bases maintenant. »
Faire table rase du passé. Et si ce n'est pas possible... si rien ne s'arrange, si ça empire... arrivera ce qui doit arriver. On ne peut pas lutter contre son destin après tout.
« Je regrette vraiment Roxanne. Si je pouvais revenir en arrière, je referais beaucoup de choses différemment. J'aurais essayé de te parler... de t'expliquer... mais même, cette histoire... en parler, c'est un véritable couperet au dessus de la tête de la personne qui apprend cette horreur. Tu vois... j'aurais aimé que tu ne le saches pas. Que tu ne sois pas impliquée... »
J'aurais peut-être dû ne rien dire. La laisser me torturer, au fond, je commence à y être habituée et la mort ne me fait pas peur. Au moins, je l'aurais protégée si j'avais fermé ma gueule.
« Maintenant, tu es complice par non dénonciation. »
Le temps passe, le secret se dissipe et n'en ai plus vraiment un à présent au vu du nombre de personnes plus ou moins au courant. Et plus le risque que le clergé l'apprenne augmente.
A quel point le jeu doit-il en valoir la chandelle ? Que risquerait-t-elle concrètement si ça venait à se savoir ? Là est la question. Serait-elle protégée par son statut ? Possible.
Depuis quand suis-je en train de caresser doucement le bras de Roxanne ? Je m'en rends tout juste compte en tout cas et je cesse mon geste qui doit durer depuis quelques secondes. Mais qu'il est dur de l'avoir contre moi en devant rester impassible...
« J'aimerais te demander de rester. De revenir... qu'on leur en fasse baver, à tout ceux qui veulent notre peau, dis-je en lui prenant la main. Qu'on leur montre qu'on est plus fortes qu'eux... Si tu veux bien me laisser une dernière chance de te montrer que j'ai compris maintenant et que je serai responsable... et que j'arrêterai de t’éprouver et de me comporter comme la dernière des péronnelles. »
Je ne sais même pas comment je peux lui demander ça après tous les ennuis que je lui ai attiré. Si c'est pour qu'elle se fasse tuer par ma faute à son tour elle aussi... mais je ne ferai plus rien qui la mettrait en danger dorénavant.
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| | | Gudrun MercierPrêtresse
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mar 26 Avr 2022 - 11:13 | | | Le bougre répondait difficilement, mais il semblait que l'alcool était davantage en jeu que de la simple mauvaise volonté. Mais s'il avait eu besoin de l'aide de l'alcool ne serait-ce que pour pouvoir se confesser à un clerc, il était peu probable qu'il trouve le courage d'en parler à sa femme. Le pauvre était pris dans un dilemme qu'elle ne lui enviait pas, même si elle estimait que c'était une punition amplement méritée. D'après les informations qu'il lui avait données, il craignait d'un côté les disputes avec sa famille, de l'autre le remords éternel d'avoir laissé son enfant au temple. Impulsivement, elle eut une envie fugace de lui donner pour conseil de le faire passer pour l'enfant d'un des membres de sa famille. Elle secoua la tête. Entraîner un homme si honnête sur le chemin du mensonge, et puis quoi encore ? Cette journée passée à louvoyer au milieu de ces nobles personnes devait lui avoir retourné la tête. Mais elle devait bien avouer que le sort des orphelins du temple n'était pas enviable, et cela était d'autant plus dommage que son père avait un semblant de volonté pour le reconnaître. Mais si elle se laissait attendrir par le sort potentiel de cet enfant, elle ne démordrait pas de son credo : toute faute devait être pleinement assumée pour être expiée, à chacun de supporter le poids de ses péchés.
- La solution me semble évidente comme je vous l'ai dit. Ceci dit, je crois comprendre vos inquiétudes. Je ne peux pas faire cela à votre place, néanmoins, si vous avez besoin d'une... médiation, ou, peut-être, d'encouragements, je suis là. Peut-être que votre femme pourrait venir en parler avec moi si cela la tracasse... Avant, bien sûr. Il ne serait pas acceptable que l'enfant se retrouve dans un foyer où il serait moins choyé qu'au temple...
Les chandelles finissaient de se consumer avec de petits grésillements et leurs flammes vacillantes projetaient des ombres inquiétantes dans la nef. Selon elle, il n'y avait guère plus à en dire. Elle se leva pour signaler la fin de l'entrevue à ce visiteur indélicat, non sans énoncer un sermon qu'elle trouvait nécessaire et indispensable.
- Dans tous les cas, boire à l'excès ne résoudra pas votre problème. Je vous félicite d'être venu m'en parler, mais si vous voulez de l'aide, la prochaine fois, venez sobre. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mar 26 Avr 2022 - 13:42 | | | 23 Mai 1167. Eve était restée coite pendant qu’Alaric s’exprimait, non pas que les questions lui manquent, mais parce que le jeune homme semblait éprouver une certaine difficulté à s’exprimer sur l’étrange sujet. Ses convictions ébranlées se mêlant à ses craintes et ses questionnements pour teinter ses paroles d’un ressenti plein de douleur. Confronté à un monde qui allaient en se complexifiant à chaque seconde, la volonté farouche du capitaine s’en retrouvait assaillie de toute part. La petite princesse malgré son cœur plein d’espoir, était un esprit pragmatique. Peu enclin à la superstition. Alors elle se mit aussitôt à réfléchir avec intensité à quelles intentions pouvaient se cacher derrière les actes de cette voyante. Ne s’agissait-il que d’une femme particulièrement persévérante qui avait su lire dans le cœur de son amant et broder autour ? Après tout, Alaric était une personne honnête qui malgré la carapace dont il se protégeait n’était pas de ceux qui aiment à mentir ou le font avec facilité. Comme elle pouvait voir son mal être à présent, une personne avait pu le voir sur la route et décider d’en jouer, par simple divertissement. Après tout, tout le monde savait que la baronne était enceinte et pouvaient ensuite ajouter une sombre prédiction par-dessus histoire de créer sur un vide, un mystère. Une vague menace, un amour à protéger. N’était-ce pas là la base de toutes les fables ? Malgré l’évidence de cette réponse. Elle peinait à imaginer Alaric suffisamment crédule pour se laisser abuser par une diseuse de bonne aventure un peu observatrice ou imaginative. Mais en ce cas, cela voulait dire que quelqu’un savait pour eux. Elle n’avait rien contre les bruits de couloirs et les rumeurs, mais qu’une personne soit à ce point sûre de son fait pour aborder les deux amants et évoquer le sujet, cela était bien plus inquiétant. Elle ne croyait pas à une prédiction. Mais peut-être que cette « Odalie » savaient des choses et avaient décidé de le prévenir sous cette étrange forme. Se servant de leur relation comme un argument solide pour faire croire au reste. Mais dans ce cas, était-ce sincèrement pour l’aider ? Ou pour le manipuler ? Enfoncée dans les bras de son compagnon, elle observait la noirceur de la nuit avec intensité renouvelée, même si elle savait qu’il était peine perdue que de croire que la réponse allait jaillir des ténèbres pour leur facilité la vie. - Je doute qu’il y ai quoi que ce soit là dehors qui nous garantisse plus de sécurité que ces murs Al. Dit-elle suivant un raisonnement de pure logique. Même avec une menace au sein du bourg, elle peinait à imaginer que s’enfuir dans les marais soit une solution, même avec un joli baton. Mais toujours ce « Et si… » Elle soupira. - Mais il serait surement stupide de fermer les yeux sur une possibilité, aussi étrange paraisse-t-elle non ? Si cette femme à voulu te prévenir d’un danger, que ce soit pour te tromper ou pas, autant que nous le gardions à l’esprit. Nous réagirons le moment venu, si il doit venir. Mais je refuse de croire que toi ou moi sommes soumis à un destin indélébile. Nous lutterons et nous déciderons par nous-même ce que nous ferons face au danger. Elle pivota à demi pour lui faire face, son ventre noué par une boule de crainte que la réflexion de Roxanne venait renforcé, malgré le fait très probable que l’un comme l’autre ils liaient des éléments entre eux qui n’avaient pas lieux d’être. Satané imagination. - Il n’y a rien d’idiot à croire Al, tant que l’on ne croit pas aveuglément. Et nous ne ferons pas cette erreur. lui chuchota-t-elle en le serrant contre elle, glissant ses doigts dans ses cheveux pour masser sa nuque raidit par la tension qui l’habitait. Son aveu lui fouilla le ventre comme une lame chauffé à blanc, parce qu’elle en comprenait trop bien la nature. - Moi aussi j’ai peur pour toi… parce que je t’aime. Avoua-t-elle donc à son tour d’une toute petite voix qu’elle évita malgré tout d’entendre se briser d’émotion. Elle le serra plus fort avant d’ajouter la suite avec plus de détermination. - Mais c’est notre force, pas notre faiblesse, je refuse que ce le soit. Quoi qu’il arrive ensuite Alaric, c’est ensemble que nous y ferons face. Et que les trois emportent le destin et ceux qui pensent pouvoir nous tenir tête. Elle releva son visage et l’embrassa avec plus de passion encore qu’elle ne l’avait fait quand il avaient enfin put se retrouver seuls tout les deux. Elle essaya de lui transmettre toute la force qu’elle pouvait, toute la foi qu’elle avait en leurs sentiments et en leur volonté malgré les craintes qui les assaillaient. Quand leurs lèvres se séparèrent, elle lui souffla d’une voix chaude : - J’aimerais bien retourner dans ta chambre maintenant… *** - On finit par s’y faire. Répond la châtelaine à la remarque sur la folie et la méfiance, d’un ton plus amusé que fataliste. Soit parce qu’on s’en moque, soit parce qu’on devient trop fou pour s’en inquiéter. Elle lui tapota le bout du net avec un sourire. - Essayer aurait malgré tout été plus productif que de garder en toi tout ça ma belle. Mais la vie est une rivière tumultueuse qui ne s’écoule que dans un sens. On ne peut pas la remonter et en modifier le cours. Cela rend les choses difficiles, mais c’est aussi ce qui te permet de savoir que ta seule option est d’avancer. Inutile de laisser des regrets te peser. Elle s’était montrée douce mais honnête sur les conséquences de leurs acte passés, à toutes deux. Elles avaient bâti des barrières qui avaient séparé leur route. Peut-être pour le pire, peut-être pour le mieux. Roxanne avait poursuivi la tâche qu’on lui avait confié il y a si longtemps, une promesse qu’elle avait fait de son propre sang. Et Rosen avait dû faire face à ses propres contradictions, confrontant ses instincts solitaires à ses nouvelles responsabilités d’être humain. Une créature qui devait à présent muer et qui n’avait que deux choix, réussir, ou périr enfermée dans son ancienne enveloppe. D’une certaine façon, toutes les douleurs qu’elle s’était imposée l’avait conduite devant ce choix inévitable et nécessaire. Rosen de Sombrebois devait finalement devenir un membre à part entière de l’humanité qu’elle avait fui toute sa vie ou s’enfoncer pour de bon dans les ténèbres. Roxanne leva un sourcil amusé devant son explication, au moins honnête, concernant sa volonté d’impliqué Victor de Rougelac dans tout cela. Bien sûr il y avait beaucoup à critiquer dans cette décision, mais au moins la jeune mère parvenait-elle à s’en justifier et même à faire ressentir sa volonté d’améliorer les choses, bien que de la pire des façons ou presque. Une fois de plus, la baronne exprima des regrets que la châtelaine savait sincères malgré les mauvais instincts qui la guidait parfois. La baronne avait des très sombres aspects, certains même plus que les siens. Une soif de brutalité et même un gout du sang. Roxanne n’était point aveugle sur cela. Pour autant, elle restait persuadée que cette femme pouvait devenir le meilleur d’elle-même malgré ses tares. Et que cette sincérité en était une preuve. Et puis après tout, l’histoire comptait bon nombre d’homme à la nature monstrueuse qui avait pu devenir héros de par leurs actes. Elle tourna vaguement la tête vers la chambre où elle savait que le petit seigneur dormait. Le tout était de savoir si elle serait capable de surmonter les épreuves actuelles et celles à venir pour que cette face de sa personnalité s’affirme pleinement. La noble pouffa malgré elle et ramena son regard sur la blondinette dont elle enroulait une mèche de cheveux autour de son doigt sans se dégager de son appui. - Rosen. Ma vie toute entière est faîtes des secrets que je garde ou que je perce. Je n’ai rien fait ici que je n’assumerais pas devant mon roi si d’avenir il me posait la question. Soit parce que c’était la bonne chose à faire, soit parce qu’il aurait approuvé mon choix. Si j’estimais que ta tête serait plus utile pour le royaume au bout d’une pique, elle y serait. Tu as plus de bonnes choses à apporter que de mauvaises, il ne tient qu’à toi que cela reste ainsi. Mais tout comme toi vis-à-vis de Victor, je ne dois d’explication que sur ce que mon roi finit par apprendre, rien ne m’oblige à lui confier les détails que je considère… mineurs. dit-elle en choisissant soigneusement ses mots. - Tu prends tes devoirs de contrat dans le mauvais sens. Tu dois suivre ses conseils, mais point leur obéir aveuglément et encore moins lui fournir toi-même les sujets à conseiller. L’information c’est le pouvoir. Si tu ne lui donnes que ce dont tu as besoin, ni toi ni lui n’enfreindrez votre marché. Demande lui conseil sur ce qui t’arrange, tais-lui ce qui ne doit pas trop attirer son regard et ceux derrière le sien, à moins qu’il ne le pointe de lui-même. C’est ainsi que ce gère un royaume depuis que le monde est monde. « Ne réponds jamais plus qu’à la question qu’on te pose » lui avait dit un jour l’homme qui l’avait sorti des cachots. Une sorte de mantra qui guidait la vie des gens comme elle, mais aussi, de manière plus insidieuse, celles de tout ceux qui avaient des comptes à rendre. Et cela allait en se renforçant selon le degré de pouvoir de la personne. Elle reposa doucement le verre vide et saisit la main qui venait stopper subitement sa caresse, sans doute de crainte de l’avoir froisser en se permettant une nouvelle marque d’affection. Elle pressa avec douceur ses doigts. - Je ne peux pas revenir Rosen. Pas à l’heure actuelle. Il se passe bien des choses dans le royaume et elles réclament que je puisse agir rapidement. Pour autant, je suis prête à croire que tu as enfin à cœur de faire les choses biens, pour toi et pour ton bourg. Et de ne plus me taper sur les nerfs à la moindre occasion… dit-elle pour la taquiner avant de reprendre plus sérieusement. - Si je ne puis rester à tes côtés, je peux t’apporter mon soutien et te proposer mon aide pour affronter ce qui s’en vient. Des combats difficiles nous attendent toutes les deux. Et je crois que les affronter côte à côte nous donnera de meilleure chance. Pour autant… Sa voix se fit plus grave, teintée de peine. - …Tu ne dois jamais oublier que ma vie toute entière est dévouée au royaume et à ses habitants, Rosen. Toute l’affection que j’ai pour toi et ma volonté de t’aider n’y changeront rien. C’est un choix qui ne m’appartient plus. *** Une vilaine odeur lui occupait l’esprit. Celle de fumée et de cire venant sans doute des différentes chandelles qui finissaient de se consumer. Cela lui donnait mal à la tête. Mais comme venez de le signaler la dure mais juste prêtresse, l’alcool n’aidait sans doute pas son esprit à se libérer de cette désagréable sensation. Elle avait raison bien entendu, raison sur tout. Ils ne pouvaient échapper à son mensonge éternellement, même ses profonds regrets ne lui épargneraient pas le devoir d’une vérité trop longtemps évitée. Il s’imaginait mal convaincre son épouse de faire la route jusqu’à Sombrebois pour discuter problèmes conjugaux avec une prêtresse inconnue. Mais connaître cette possibilité, aussi inutile soit-elle, cela avait quelque chose de réconfortant. On se raccroche à ce qu’on peut n’est-ce pas ? Il s’aperçu avec surprise qu’il saignait en sentant la chaleur sur la pointe de ses doigts. Visiblement à force de se triturer l’ongle il avait fini par s’arracher une cuticule et une pointe de sang vermeille gonflé sur son doigt qu’il s’empressa de fourrer dans ses vêtements, pour ne pas avoir l’air encore plus pitoyable qu’il ne l’était. L’alcool avait au moins l’avantage d’endormir les petites douleurs. Il finit par bafouiller en se relevant péniblement. - Pard’nez moi ma sœur pour mn’état. C’est qu’vos parole sont juste. Vais d’voir parler tout ça avec elle. Advienne qu’pourra. Il s’inclina à demi ce qui le fit passer non loin de la catastrophe liquide, mais se redressa juste à temps en ne laissant échapper qu’un petit grognement maladif. - S’j’besoin vot’ aide, j’viendrais sobre. Promis juré m’sœur. Mais je crois qu’j’avais juste besoin de m’l’entendre dire par quelqu’droit. B’nuit à vous. De son pas vacillant il regagna la sortie du temple en essayant de se donner un air aussi digne que possible malgré son malaise et sa honte. Il referma la porte derrière lui en manquant de peu de glisser sur la première marche. Sœur Cameroun avait raison, la solution était évidente. Il rentrerait à Marbrume, il parlerait à sa femme, il parlerait à son fils, il ferait les choses bien cette fois, quitte à en payer le prix. Mais ce soir, il se contenterait d’aller dormir. Il était si fatigué et si saoule, qu’il aurait été incapable de dire où il vivait ou même à quoi ressemblait cette femme qu’il aimait tant. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mer 27 Avr 2022 - 23:17 | | | * Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau « Semblerait donc que je ne sois pas encore assez folle pour ne pas m'en soucier... », ai-je répondu-je avec un peu moins de malice qu'elle n’en a fait preuve. Quant à essayer de lui expliquer... combien de temps ai-je mis avant de réussir à en parler à Edwige en qui j'avais pourtant une confiance aveugle ? Son histoire de rivière... je souris. Ou alors est-ce son doigt qui s'amuse sur mon nez ? Ou sa main qui joue avec mes cheveux ? Jette moi dans un torrent et va tout en haut de la cascade qui lui donne naissance... et je te promets que même Anür ne sera pas capable de m'empêcher de remonter jusqu'à toi.Ah, cette sacrée Roxanne... et même si je ne peux pas remonter le torrent, même si elle a changé de rivière… elle pourra toujours me rejoindre au confluent. Et même si on se rate là… On pourra toujours se retrouver à la mer. Quand on veut, on peut. Je trouverai un moyen de tout arranger. Sa main... n'est-elle pas venue à la rencontre de la mienne, alors que je la dirigeais vers la sienne ? Je ne suis pas folle... Je l'écoute silencieusement jusqu'à ce qu'elle ait fini de parler. Et là, après tous ces gestes, après avoir parlé une troisième fois d'affection, j'ai l'impression, pour la première fois depuis que je la connais, de la sentir triste. Dire que j'avais pourtant l'impression cet après-midi qu'elle ne voulait plus rien savoir de moi... tellement de signes qui me paraissent contradictoires, que j'ai du mal à décrypter correctement. « Alors je t'attendrai », dis-je en me blottissant contre elle pour enfouir ma tête dans son cou. Elle a bien dit 'pas à l'heure actuelle', n’est-ce pas ? Ça veut bien dire qu'elle reviendra dès que ce sera possible… Ce sont ses mots ! Je n’invente rien. Mais son regard. Je connais bien ce regard. C’est presque le regard qu’avait Hector à chaque fois que je déraillais. Le regard qu’a Edwige à chaque fois qu’elle essaie de me ramener vers la lumière. Le regard de Pénélope à chaque fois que rien ne va. Un regard que j’ai souvent croisé depuis que je suis à Sombrebois. Le regard… le regard que j’aurais principalement associé à l’inquiétude. Mais à la tristesse, aussi. Le regard qui a poussé Hector à tout quitter pour partir. Rendre les autres tristes, ma destinée ? Bien sûr, chez Roxanne, ça ne se voit pas aussi bien. Mais n'est-ce pas ça quand même, où suis-je juste en train de fabuler ? « Je sais Roxanne, je sais. » Ma voix n’est pas amère. Elle est presque apaisée, même. Ne pas avoir le choix que de passer au second plan. Oui, bien sûr. Je suis bien placée pour comprendre je crois, même si c’est à une échelle un peu plus réduite et si parfois, je m’égare dans des situations erratiques. « Et je sais que c’est pas facile. Et j’imagine aussi très bien comment tu en es arrivée là. »Si je jette un coup d’œil dans le miroir, je suis sûre que je peux le voir aisément. Alors je ne peux que comprendre… Pourquoi je m’évertue autant à essayer de faire de mon mieux pour se maudit bourg qui ne m’attire que des ennuis ? Ce n’est sûrement pas pour le confort. La faim, je ne la connais plus vraiment et retourner vivre parmi le commun des mortels ou pire, aller me perdre dans les marais ne me dérangerait pas le moins du monde. Je serais même libre, à n’avoir juste à m’occuper que de moi. Mais voilà… Pour Hector, pour mon fils. Pour les rares qui croient encore en moi et qui s’inquiètent pour moi. Et au-delà du miroir sans doute, pour purger cette maudite dette et réparer tout le mal que j’ai causé dans ma vie. Pour toutes les vies que j’ai pu détruire, je dois maintenant me consacrer à des dizaines d’autres qui me sont confiées. Tant de raisons qui font que je me dois de prendre mes responsabilités en main à présent. J’entends soudain taper à la porte. Ma tisane pour la lactation… je l’oublie toujours. Je remercie Pénélope et retourne m’installer contre Roxanne après avoir pris une gorgée. « On y arrivera. Mais fais moi une promesse, d’accord ? Ne m’oublie jamais… même si tu finis dans les bras d’une autre personne. Et quand tout ça sera fini… qu’on aura réussi à régler ce merdier. Tu reviendras. Promis ? Parce qu’on a besoin de toi. »Je dépose un baiser furtif dans son cou puis je tâtonne dans le tiroir à côté pour l’ouvrir et en sortir un rouleau de parchemins que je lui tends. « Tiens, tu regarderas ça, au fait. J'ai beaucoup écrit ces derniers temps... j'ai fait des progrès ! Bon, c’est pas parfait… mais voilà. Et tu verras... j'ai passé beaucoup de temps dessus... il y a quelques petites subtilités... surtout dans le deuxième. Tu me diras si tu les trouves un jour. »Peut-être qu’elle les trouvera… Je pourrais encore continuer à chercher à me justifier. Mais cela servirait-il seulement à quelque chose ? Alors autant passer à autre chose maintenant. « J'ai appris pas mal de choses tu sais... »Je gratte le haut de ma poitrine un peu plus nerveusement qu'à l'accoutumé. J'en ai assez de ces maudites démangeaisons et des croûtes suintantes ! J'ai envie de m'écarir comme un lapin ! Ça allait mieux pourtant ces dernières semaines... mais ces derniers jours, ça revient en force. « Alors dis moi, ces Victorieux ? Ça se passe comment, tu en fais partie, n'est-ce pas ? Vous luttez contre quoi ? Le cloaque ? »Allons-y franchement. « Tu en a tué beaucoup il paraît ? tu me dirais combien ? Tu sais, ils en ont après toi. Je crois qu'ils ont un peu les boules. »J'échappe un rire fatigué qui tend vers le ricanement satisfait. Cette bande de sales rats... Je n'ai aucune idée de si je fais bien ou pas, mais encore une fois, qu'importe. « C'est la reine hein, qui veut m'éliminer ? Je sais. Et... Eve de Clairmont ? Elle est dans le même camp que toi, non ? En tout cas, elle a l'air. Le Roi... tu sais, il m'avait fait ce V dans la main... ‘Parfois perdre c'est gagné’, qu'il a dit, un truc dans ce genre. Il m'avait parlé de Morn de Sarssel, justement. Vous faites tous partis de la même équipe ? Un peu comme un échiquier géant avec les Victorieux pour les blancs et le Cloaque pour les noirs. Sauf que c’est la reine des blancs qui gère les noirs. »Je soupire presque après un petit gloussement. J'aimerais bien encore sentir sa main sur ma joue... « Tu veux bien m’expliquer ce qu’il se passe ? Même si j’y vois plus clair… beaucoup de choses restent floue. » Je ne peux m’empêcher de la taquiner, de la chercher encore et mes lèvres rôdent toujours un peu trop près des siennes. « J’aurais peut-être quelque chose qui pourrait t’intéresser… », lui soufflé-je suavement au visage. Mes doigts effleurent à présent son bras du bout des ongles, faisant d’amples aller-retours. « Mais je crois que je m’en souviendrais mieux si je pouvais t’embrasser... » Et je m’exécute rapidement, trop rapidement pour lui laisser le temps de m’arrêter une nouvelle fois. « Si tu dois repartir une nouvelle fois, j’aimerais au moins un peu de réconfort... , chuchoté-je à son oreille. Et je serai l’animal le mieux apprivoisé que tu n’as jamais vu. Je serai très sage… » Puis je place mon front contre le sien. « Alors embrasse moi. » Qu’il soit dit que Rosen de Sombrebois abandonne facilement ! |
| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 28 Avr 2022 - 16:49 | | | Notre force. Ensemble. Je t'aime. Les mots d'Eve résonnaient en lui ; ils réchauffaient son âme autant que son baiser fiévreux réchauffait son corps. Surpris par son discours, Alaric répondit à ses lèvres avec un temps de retard. La jeune noble avait pourtant déjà prononcé ces trois petits mots ; ce n'était pas tant la déclaration, mais la détermination de ses propos qui l'avait déconcerté – émerveillé. Eve avait balayé toutes ses incertitudes. Le capitaine de Sombrebois avait encore moult questions à lui soumettre : mais elles avaient disparu, enfouies dans un recoin de son esprit, à moins qu'elles n'aient simplement fondu comme neige au soleil, anéanties par les convictions de la comtesse. Alaric ne savait rien. Ce qu'il adviendrait demain, ce qu'Odalie avait prédit, ce que Roxanne manigançait, ce que la couronne désirait. Qu'importe. Il n'avait plus besoin de ces réponses abstraites qu'il ne comprendrait que trop tard : l'essentiel se jouait dans ses bras, ses lèvres contre les siennes, ses mains fermement agrippées à sa chemise, comme s'il craignait que la noble ne disparaisse. Eve était sa certitude, son souffle et sa moitié ; elle lui avait transmis une telle assurance dans ses mots, tant d'espoir dans son baiser que le soldat ne pouvait qu'y croire. Croire en eux Deux plutôt que de croire en les Trois. Eve et Alaric, c'était tout, mais c'était assez.
Alaric frissonna alors que la voix suave de sa compagne ricochait contre son visage, s'insinuait dans ses veines. Il soupira d'aise, déposa son front contre le sien. Les yeux fermés, il savourait l'instant présent comme il ne l'avait encore jamais fait auparavant. Puis, sans bouger sa figure d'un pouce, ses doigts quittèrent enfin le tissu qu'il avait froissé avant de se glisser entre ceux de sa comtesse. Il se recula enfin et l'admira, ses yeux bleus obscurcis moins par les ténèbres que par l'amour, le désir et la joie éprouvés – un seul terme pouvait-il seulement décrire tout ce qu'il ressentait ? En silence, il l'entraîna vers la destination souhaitée ; toute parole était désormais superflue, caresses et gestes seraient les maîtres mots de cette nuit, complice propice d'une union délicieusement coupable.
Il fallut tendre l'oreille malgré les battements frénétiques de leurs cœurs, se fondre dans les ombres des torches malgré l'envie de se fondre l'un dans l'autre, ouvrir et refermer la porte sans un bruit, avant de pouvoir enfin - presque - laisser libre cours à leurs soupirs.
Ils étaient guidés autant par l'urgence que par l'envie, autant par la passion que par la nécessité de se retrouver ; il n'était plus question de se cacher ou de s'ignorer, mais de s'aimer. La mélodie de leurs vêtements glissant sur le sol rythmaient leurs gestes, Alaric lui fut reconnaissant d'avoir troqué sa livrée royale pour une tenue plus simple. Y avait-elle pensé, avant de le retrouver dans sa chambre ? L'idée le fit sourire, alors qu'il mordillait son cou et chatouillait son nombril d'arabesques sophistiquées ; un rire discret s'échappa des lèvres d'Eve, qu'il vint recueillir de sa langue.
Il n'y avait pas d'orchestre, de spectacle ou de discussions animées de l'autre côté de la porte. Simplement un couloir silencieux, parsemé d'autres chambres où invités et résidents, à cette heure tardive, étaient bercés d'un sommeil sans doute léger. Ils feraient avec. Alaric veillerait à garder une oreille attentive, un brin de lucidité, alors qu'il se laissait volontiers enveloppé par la bulle de volupté que seule Eve était capable de créer pour eux Deux. Quatre murs de pierre, austères et froids, réchauffés par leurs retrouvailles à la manière de leurs corps nus unis à nouveau.
Leurs ébats étaient tantôt passionnés, tantôt tendres, des échanges qui ne duraient jamais assez longtemps à leur goût, des étreintes qu'ils auraient désiré plus fiévreuses encore – mais était-ce seulement possible ? – et qu'ils ne cessaient de relancer, d'un regard appuyé, d'un frôlement avide ou d'un « encore » susurré.
Alaric embrassa tendrement ses lèvres une dernière fois, avant de se laisser glisser le long de son corps fébrile non sans effleurer l'intérieur de sa cuisse, et de revenir à sa hauteur. Il sourit à Eve, rit doucement en s'amusant du rythme de son cœur. Il s'appuya sur son coude et la contempla, attendri. Sa main libre jouait dans ses cheveux épars, ses doigts s'enroulaient autour d'une de ses mèches avant de la relâcher et d'en capturer une nouvelle.
Eve était belle, ses atours luxueux mettaient en valeur sa silhouette fine et soulignaient ses courbes. Peu d'hommes pouvaient nier ses charmes, en attestait les remarques grivoises que des miliciens avaient prononcées lors de son arrivée — le soldat avait dû réprimer l'envie de leur faire ravaler leurs paroles. Malgré son charme indéniable toute de tissus vêtue, c'était après lui avoir fait l'amour qu'il la trouvait la plus jolie. Il avait l'impression – non, désormais il en était certain – qu'elle était simplement heureuse dans ses bras, ses soucis envolés, la quiétude embellissant ses traits délicats. Il était grisant de se savoir responsable d'un tel bien-être chez une personne que l'on aimait. Un peu effrayant aussi. Ce qui ne l'empêchait pas de prier pour que jamais l'instant ne cesse, de l'observer comme si elle était la plus belle femme du monde. Du sien, sans aucun doute.
Le soleil ne s'était pas encore levé, mais quelques oiseaux matinaux gazouillaient déjà au dehors, berçant les deux amants d'une heureuse harmonie. Alaric embrassa son front.
— Tu m'as manqué, murmura-t-il.
Il nicha sa tête dans le creux de son cou et passa un bras autour de sa taille. Eve était bien plus petite que lui, mais Alaric parvenait toujours à se recroqueviller contre elle, tel un enfant. Ainsi lové contre sa comtesse, il n'aspirait à rien d'autre que de la serrer un peu plus longtemps ; la vie était si courte, il n'avait plus de temps à perdre.
— Il faudrait que je trouve une solution, soupira-t-il dans ses cheveux, pour te voir plus souvent.
Hélas, son poste de capitaine de la garde ne lui permettait pas de gagner Marbrume aussi longtemps qu'il le désirait. Sans compter qu'il ne voulait plus abandonner Eïlyn à sa tâche et que le gouverneur de Sombrebois le gardait sans doute à l’œil, depuis son absence quasiment injustifiée de la dernière fois.
— Tout est mieux quand tu es là.
Ardemment, Alaric croyait en ce « Nous » dont il avait eu si désespérément besoin. Il se sentait si bien lorsqu'elle était là : rassuré, heureux, capable de soulever des montagnes si la situation l'exigeait. Alors, comment pouvait-il craindre d'abstraites visions ou un conflit royal murmuré dans les hautes sphères de la société ? Il s'en inquiéterait le moment venu. Ils s'en inquiéteraient le moment venu.
— Eve ? l'interpella-t-il, les yeux fixés sur le plafond. Tu te souviens quand tu m'as demandé ma définition de l'amour ?
Il se redressa et ancra ses yeux dans ceux de sa compagne.
— Et bien je crois... Que c'est précisément ça, murmura-t-il.
Il lui sourit avec douceur, malgré ses joues rougissantes dans la pénombre. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 5 Mai 2022 - 9:03 | | | 23 Mai 1167. Tant de savoir, pour si peu de perception pensa la châtelaine en feuilletant les pages des écrits de Rosen qui se perdait en conjecture tout autant qu’en une recherche de contact qu’elle lui avait déjà refusé. Elle avait voulu se montrer douce, compréhensive, lui faire comprendre que ce refus, qui n’avait rien à avoir avec leur relation, ne pourrait être franchi. Car son devoir guider ses gestes bien plus que n’importe quelles envies qu’elle pourrait éprouvée. Quand ses lèvres chaudes quittèrent les siennes, son front se posant sur le sien, elle sut que cette méthode serait inefficace avec la baronne, alors elle se contenta de se lever pour échapper à son étreinte, à ce besoin qu’elle ne pouvait pas combler. Elle referma l’ouvrage qu’elle laissa tomber sur la table avant d’errer de quelques pas dans la chambre, observant les tentures, les meubles, les flammes dans l’âtre. Tout aurait pu être si différent, si seulement… Elle ramena son regard sur Rosen et lui offrit un sourire qui, bien qu’honnête, était dépourvu de la tendresse qu’elles avaient échangées quelques instants plus tôt. - Tu es si jeune Rosen. Malgré toute la douleur qui accable ta vie, tu essaies encore de réduire les nombreuses nuances à la polarité du noir et du blanc. Mais au moins as-tu commencé à faire tes devoirs, alors je vais t’apporter les quelques réponses qui me sont possible de t’offrir. Elle s’avança pour se servir un nouveau verre de vin qu’elle leva comme un toast invisible pour saluer les efforts de la baronne. Il était intéressant de savoir que le roi avait choisit de l’impliquer, ou tout du moins de lui donner une clé pour trouver l’entrée. - Les Victorieux existent bel et bien. En réalité, leur fondation est presque aussi vielle que le royaume de Langres. Nous n’existons que pour combattre l’ennemi de l’humanité. Sous toutes ses formes. Le Cloaque n’est que l’un de ses avatars, un rejeton difforme et corrompu d’une chose bien plus ancienne et dangereuse. Et si ils en veulent à ma vie, c’est que je fais bien mon travail… dit-elle en pouffant. - Mais notre mission ne s’arrête pas à ce genre d’évidence. Tout le monde peut combattre le genre de mal que le Cloaque et les Purificateurs ou même la Fange représentent. De la même manière que tout le monde peut percevoir la chaleur du soleil, tout le monde perçoit la menace qu’ils représentent. Les Victorieux ont pour tâche de combattre celui plus insidieux qui se cachent dans le cœur de hommes. De frapper l’ennemi que les autres ne voient pas. Comme cela semble être le cas de la Reine. Elle accompagna sa tirade d’un haussement d’épaule, comme pour signaler une évidence ou une forme de dépit. - Mais notre devoir ne peut pas s’encombrer de l’innocence héroïque de personne comme la petite princesse. Oh pas que son influence est négligeable, loin s’en faut. Mais elle espère encore pouvoir changer les choses sans se salir les mains. Comme pour appuyer son propos, Roxanne tendit sa paume ouverte pour la présenter à Rosen. Sa peau était pâle, immaculée et pourtant le regard de la chatelaine laissait sans peine percevoir ce qu’elle pensait de la propreté de ses mains. - Ces doigts ont vu couler plus de sang que la Reine n’en a jamais espéré. Du sang de coupable, du sang d’innocent. J’ai fait naître une rivière carmin dans le monde des hommes Rosen et beaucoup coulera encore avant que ma tâche ne soit accomplie ou que je meure en essayant. Alors dis-moi Rosen, pourquoi serais-je dans les pions blancs ? Pourquoi le serais-tu ? Crois-tu que sa Majesté la reine tient plus que nous à voir le royaume sombrer ? Ou suit-elle simplement sa propre voix vers ce qu’elle pense être le mieux ? En ce cas savoir qui étaient les bons et qui étaient les méchants ne dépend-t-il pas uniquement de qui l’emportera à la fin ? Elle but une longue gorgée de son verre, faisant passer l’amertume coutumière de sa vie. - Nous avons choisi le nom de Victorieux, parce que c’est là ce que nous faisons. Nous gagnons, qu’importe le prix. L’histoire seule décidera de ce qui était juste, pourvu qu’il y ait encore une histoire à raconter. Dit-elle en revenant se rasseoir, non pas près d’elle, mais en posant son séant sur la petite table pour lui faire face. - A l’heure actuelle, deux visions du monde se confrontent. Dans l’une d’elle, toi, ton fils et quelques autres, vous êtes un obstacle qu’il faut éliminer. Dans l’autre, un atout qui peut être utile en temps voulu. Je ne suis là que pour m’assurer que notre vision l’emporte. Je ne te ferais donc pas de promesse sur un futur commun, sur un retour joyeux ou tout autre fantaisies Rosen. Je t’aime bien, sincèrement. Mais il y a bien longtemps que cela ne m’empêche plus de faire ce qui doit l’être. Pour le moment, c’est de te garder en vie, avec ton fils. Profites-en, tant que c’est le cas. *** Elle se sentait aussi minuscule et vulnérable, qu’immense et toute puissante. Le corps nu et chaud de son amant lové dans ses bras, comme si un tel guerrier trouvait contre elle une sensation de sécurité différente, plus intime, plus profonde. Elle se sentait si fière de ce sentiment, source d’une énergie capable d’abattre une montagne se dressant devant elle. Mais tout à la fois une fragilité dans sa carapace, une faiblesse qu’un ennemi n’aurait qu’à effleurer pour les briser tout les deux. Une idée terrifiante pour celle qui s’était fait la promesse de ne plus souffrir la moindre faiblesse avant d’avoir accompli son but. Ivy lui aurait sans doute rit au visage tant devant cette promesse que devant ce qui l’avait mis à mal. Mais elle savait que son amie aurait été aussi heureuse pour elle, qu’elle ne l’était en cet instant. Savoir cela au moins, atténuait le sentiment de culpabilité qu’elle éprouvait à être si heureuse de trouver ses sentiments partagés par Alaric. Elle pouffa doucement, quand il lui répéta ce qu’il lui avait déjà dit un peu plus tôt. Elle savait que cette remarque n’avait pas tant à voir avec ce qu’ils venaient de faire qu’avec leur intimité retrouvée, mais elle-même devait admettre que les deux étaient vrai. Elle caressait doucement sa nuque, enfonçant ses doigts entre ses cheveux légèrement humides après leurs… efforts. Se retenant avec difficulté de l’encourageait à trouver cette solution qu’il espérait tant. Oh, elle rêvait elle aussi de le voir se rapprocher d’elle, de pouvoir partager sa couche et sa vie aussi souvent qu’ils en avaient l’envie. Car le monde était plus coloré quand ils étaient ensemble, plus vivant, plus vrai. Mais elle savait aussi qu’il se sentirait coupable s’il partait de Sombrebois avant d’estimer que son devoir était accompli. Peut-être qu’après cette visite ? Quand il aurait eu la preuve que sa voyante n’était qu’une charlatane et que le bourg se porterait bien même sans lui. Alors peut-être que l’idée de revenir en ville, peut-être rejoindre pour de bon la milice ? Après tout, après cette réussite, le maître des lames n’aurait surement aucun mal à le nommer Sergent, un titre dont il remplissait déjà les fonctions sans le porter. Mais son beau Capitaine aimerait-il vraiment une vie en ville ? Derrière un bureau ? Ou ferait-elle naître un nouveau Yohan de Morguestanc ? L’un de ces hommes incapables de rester en place plus d’une semaine, préférant se jeter face au danger, une fois de plus, juste pour se sentir vivre. Elle était tellement bercée par la chaleur du jeune homme, égarée dans ses pensées, qu’elle faillit bien manquer sa déclaration. Mes ses yeux accrochèrent les siens et elle capta à nouveau toute son attention sur lui. Cela dit, elle dût avoir l’air bête tant elle resta bouche bée, en clignant comme un poisson hors de l’eau pendant quelques secondes. Elle savait qu’il l’aimait, elle l’avait vu, elle l’avait senti. Mais qu’il l’avoue ainsi, même dans cette tournure, c’était bougrement direct… et terriblement agréable. Elle finit par lui rendre son sourire et se jeta à ses lèvres pour l’embrasser avec toute la passion qu’il éveillait en elle, collant son corps moite au sien. Ce qui ne tarda pas à lui démontrer l’effet que sa passion à elle avait sur son corps à lui quand une rigide sensation se mit à poindre contre son ventre. Ils avaient encore le temps… Une bonne heure plus tard, elle était comblée, du moins juste assez pour avoir résisté à une nouvelle chevauchée quand ils avaient entrepris une toilette à l’eau froide qui n’avait pas pour autant été totalement innocente. De nouveau habillée, elle l’observait enfiler ses bottes avec un sentiment désespérant d’affection. Si même le voir s’habiller le matin lui faisait ressentir de la joie, on pouvait dire pour de bon qu’elle était perdue… Pourtant elle ne cacha pas son sourire quand il tourna son visage vers elle, assise sur son lit, ses bras autour de ses jambes. L’aube ne tarderait plus à poindre et il devait surement déjà y avoir un ou deux serviteurs dans les couloirs. Pour autant elle ne pensait pas se glisser dehors comme une voleuse. Maintenant qu’ils étaient rhabillés tout les deux, au mieux le fait de les voir ensemble alimenterait la rumeur. Mais nettement moins que si on la surprenait à essayer de ne pas être vue. Alors que s’ils se contentaient de parler jusqu’à être surpris ou jusqu’à sortir ensemble, les petits curieux n’auraient que leur imagination à se mettre sous la dent. Malgré tout, elle ne parla pas plus fort que nécessaire, plus car le sujet était sensible que parce qu’elle ne voulait pas qu’on l’entende. - La reine a besoin de Sombrebois. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas comment. Elle aurait surement pu se l’attribuer quand Rosen était entre ses griffes. Pourtant elle n’en a rien fait alors même qu’elle ne semble pas porter la baronne et sa famille dans son cœur. Je ne comprends pas sa manière d’agir. Eût-elle à admettre à contrecœur. - Savais-tu qu’on dit que Ventfroid appartient maintenant aux bannis ? Et plus que ça, qu’ils commercent avec les marchands de la ville ? Certains convois se rendraient même jusque là-bas… et le roi ne fait rien. Pendant ce temps, des troubles bousculent le pouvoir dans la noblesse. Des maisons entières tombent dans la disgrâce et des noms mineurs s’élèvent. Et une fois encore le roi ne fait rien… Mon oncle… Mon oncle est un homme dur, implacable, froid parfois. Mais ce n’est pas un idiot Al, c’est tout sauf un idiot. Mais je ne comprends pas pourquoi il laisse tout cela arriver. Tout cela… dit-elle en écartant les bras comme pour englober la situation dans son ensemble. - Il pourrait mettre fin à tout cela d’un ordre, d’une simple expression de sa volonté. Mais il ne fait rien. Pourquoi ?Sa question était presque une plainte. Et elle savait qu’Alaric ne pouvait pas y répondre plus qu’elle. Mais le nombre de personne à qui elle pouvait se confier se comptaient sur les doigts d’une main et une seule partageait sa vie. Même si c’était d’une manière bien particulière. Alors avec lui elle se sentait libre d’exprimer craintes et frustrations. Surtout qu’il l’avait bien aidé à ses changer les idées cette nuit. Bien que le manque de sommeil se ferait surement sentir dans les jours à venir, elle n’allait pas vraiment se plaindre de l’aspect très divertissant de la méthode… *** On était au beau milieu de la nuit quand Roxanne frappa à la porte du gouverneur. Elle aurait pu remettre cette rencontre à plus tard, surtout après sa visite à Rosen, voir même attendre qu’ils ne soient revenus en ville. Mais elle avait repoussé bien assez de choses. De plus, le comte n’avait ici pour appuis que lui-même, pas de toute puissance derrière laquelle aller se dissimuler. Pas qu’elle escompte vraiment lui faire cracher quoi que ce soit, mais il serait surement plus intéressant d’étudier son discours sous ce prisme plutôt qu’en son propre fief. Les puissants étaient toujours plus simples à percer quand on les éloignait de leurs murs, aussi métaphorique soient-ils. D’autant plus quand on avait un message à leur faire passer. Quand la voix de l’homme demanda qui se permettait de le déranger au beau milieu de la nuit, elle ne fit point secret de son identité. - La Châtelaine mon Seigneur, il est temps que nous devisions. Il fallut plusieurs secondes supplémentaires pour que l’occupant ne gagne la porte et quelques-unes encore pour qu’il ouvre. A quoi pouvait-il bien réfléchir derrière son battant ? Était-il simplement outré qu’on ne le dérange dans son sommeil ? Craignait-il cette rencontre ? Envisageait-il déjà une manière de la tourner à son avantage et d’obtenir d’elle quelque chose ? Malgré un long voyage et une nuit écourtée par son arrivée, Victor lui présenta un visage de bon aloi quand enfin la porte s’ouvrit pour l’accueillir. Preuve si il en fallait-une, qu’il était de ceux près à l’imprévisible. Après tout, il y avait maintenant quelques années que cet homme intrigué et manipulé ce qui pouvait l’être. Nul doute que ce n’était pas sa première visite étrange en pleine nuit. Elle nota qu’il gardait une main dans son dos, dans une pose naturelle, certes, mais qui ne l’empêcha pas de deviner qu’il tenait là une lame, pour sa propre défense sans doute. On ne restait pas en vie si longtemps dans le grand jeu en faisant preuve d’imprudence. Une partie amusée de son esprit se questionna sur les pensées du comte. Avait-il conscience qu’elle pourrait l’avoir tué avant même qu’il n’ait l’idée de brandir son arme pour se défendre ? Voyait-il en elle une autre de ces intrigantes qui manierait les mots plutôt que l’épée ? - Je vous dérange ? demanda-t-elle d’un petit sourire faussement innocent. |
| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 5 Mai 2022 - 19:04 | | | Était-il nécessaire de narrer les faits et gestes du Comte de Rougelac après le début de soirée où certaines forces s'étaient jaugées au cœur même du salon destiné à l'accueil de la royale délégation. Certes non, mise à part la courte absence du Gouverneur au château le temps de vérifier que ces pions étaient bien en place dans le bourg réhabilité. Car oui, au sein du château l'intrigant mondain était sommes tout esseulé mais au dehors, il avait pu tissé sa toile depuis l'année précédante lorsqu'il s'était investi dans ce vaste projet.
Ainsi donc, il s'en était rapidement retourné dans l'imposant édifice de pierre afin de n'éveiller aucun soupçon et après une courte errance dans les couloirs, il gagna ses appartements que lui avait loué naguère le Baron Hector en personne. Après ce long voyage, une bonne nuit de repos s'imposait, mais toujours avec la plus grande prudence, comme l'expression le disait si bien en ne "dormant que d'un oeil".
La visite surprise de la Chatelaine ne l'étonna d'ailleurs qu'à moitié lorsqu'il fini par laisser l'accès à sa chambre à cette dernière. Ainsi, il était temps de deviser celon les dires et les propres règles de ce personne aussi intrigant qu'inquiétant. Si Victor était à cet effet "soupçonneux" il ne le montra nullement, mieux encore, il affichait une fausse nonchalance qui dépareillait avec sa tenue de nuit aussi impeccable et riche qu'on retrouvait dans les plus prestigieuses Maisons de l'Esplanade.
Invitant donc d'un geste de la main la rouquine à s'avancer dans la pièce, il lui tendit un modeste chandelier qui pour l'heure demeurait la seule source de lumière dans les appartements du Comte puis vint verrouiller la porte non sans laisser la clef dans la serrure, pour ainsi se préserver de toute mauvaise surprise. S'il ne cacha que brièvement le stylet derrière son dos s'était pour ensuite venir le poser sur une console près du lit avant de s'employer à éclairer la pièce de quelques autres bougies pour alors répondre à la jeune femme sans pour autant porter son attention sur elle.
- Me déranger ? Voyons, nullement. Mais vous n'aviez point besoin de motiver votre visite, pourquoi donc venir en pleine nuit si ce n'était pour deviser. Croyez bien que je ne m'attendez pas à votre visite pour une simple partie de... "jambes en l'air" . Ironisa-t-il avant d'indiquer à Roxanne qu'elle pouvait prendre place sur la seule chaise présente dans la pièce.
- Le lit serait plus agréable pour votre séant mais cela prêterait à sous-entendu.
Dans sa robe de chambre de haute facture, Victor était en effet à tout heure d'une prestance insolente.
- Je m'interroge toutefois quand à l'heure choisit pour bavarder. Si c'est une de vos technique pour espérer que mon esprit demeure moins lucide qu'au grand jour, je risque de vous décevoir.
Il esquissa un sourire aussi taquin qu'entendu en direction de la rouquine sur laquelle enfin il daignait porter toute son attention à la lueur dansante d'une poignée de bougies.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 8 Mai 2022 - 10:41 | | | N'y avait-il pas plus grand paradoxe que de se sentir éreinté et reposé à la fois ? Alaric n'avait guère dormi, tout au plus avait-il somnolé quelques minutes par ci par-là, enlacé dans les bras de son amante. Pourtant, il se sentait terriblement bien ; leurs étreintes passionnées l'avaient épuisé autant qu'elles l'avaient rasséréné. Il n'avait aucune envie que leur petite bulle n'éclate ; tel un enfant qui espérait repousser plus loin l'heure d'aller se coucher, il laçait ses bottes avec des gestes lents, comme s'il avait le pouvoir de suspendre le temps, que ce dernier ne reprendrait son cours que lorsqu'il l'aurait décidé. Croiser le regard bienheureux d'Eve lui soutira un sourire et le rassura quelque peu ; pour l'heure elle était toujours là, à côté de lui et c'était tout ce qui devait lui importer.
Alaric soupira et se coucha sur le lit, ses bras passés derrière sa nuque, écoutant Eve discourir au sujet de sa royale famille. Il percevait dans le ton de sa comtesse qu'elle était, si pas énervée, au moins embêtée par son ignorance des faits et gestes de la reine. Elle se sentait impuissante : il ne connaissait que trop bien cette lourde sensation qui, vorace, vous consumait de l'intérieur. Néanmoins, ils étaient deux désormais : ensemble, ils pouvaient assembler leurs jeux et combiner leurs cartes aussi sûrement qu'ils pouvaient accorder leurs souffles.
— Ta tante doit attendre quelque chose, dans ce cas... supposa-t-il. La naissance de l'héritier ? Cette visite ?
Après tout, l'arrivée d'Athanase dans ce monde complexe semblait être l'une des clefs de voûtes des intrigues et autres mystères qui se jouaient à Sombrebois.
Le capitaine secoua la tête. Isaac lui avait raconté qu'un groupe de banni s'était séparé du village, mais il n'avait pu préciser qu'il s'agissait de Ventdroid. Il ne dit rien dans un premier temps et se contenta d'écouter la jeune noble, celle-ci ayant obliqué sur son oncle et l'incompréhension qu'elle nourrissait à son égard.
En douceur, Alaric attrapa du bout des doigts l'une des mains de sa comtesse, occupée à englober la pièce d'un geste ample. Il espérait que ce simple contact, couplé à son regard rassurant serait suffisant pour la réconforter. Il n'avait pas les réponses à ses questions, mais au moins pouvait-il essayer d'atténuer les tracas qui perturbaient le joli timbre de sa voix.
— Soit parce que lui aussi attend, tenta-t-il, soit parce que... C'est lui qui décide de tout.
Alaric se mordit la lèvre avant de grimacer. D'une pression sur sa main, il invita Eve à se coucher sur le dos à son tour, ses petites jambes, à la différence de celles du soldat, ne touchant plus le sol froid et pierreux de la chambre. Les yeux fixés sur le plafond, il tâchait de mettre de l'ordre dans toutes ses idées ; l'exercice était ardu. Il avait l'impression que les Trois lui envoyaient moult indices sans lui fournir de réponse concrètes ; il craignait par-dessus tout de ne pas trouver la bonne. Si jamais quelqu’un t’envoie quelque chose depuis là-haut, c’est pas fait pour que tu comprennes.
— Il se passe quelque chose, avec ces bannis, murmura-t-il.
Dernièrement, les expulsés de Marbrume étaient sur toutes les lèvres. Alaric ne pouvait plus croire à une coïncidence ; il n'y avait jamais cru. Il était même étrange qu'Eve aborde ce point : à croire que plus aucune discussion ne pouvait avoir lieu sans évoquer les marqués.
— Tu sais, Odalie m'a accompagné jusqu'à apercevoir le bourg, ensuite elle est partie rejoindre le village des bannis, après m'avoir posé des questions sur son emplacement. Je me suis toujours demandé ce qu'elle voulait y faire, s'interrogea-t-il à haute voix. Mais je sais... Qu'ils deviennent de plus en plus organisés, ajouta-t-il en se souvenant des paroles de sœur Isolde. Alors peut-être... Qu'ils reçoivent de l'aide... Haut placée ? suggéra-t-il d'un chuchotement à peine audible, comme si les murs avaient des oreilles, comme s'il craignait qu'évoquer cette terrible possibilité la transformerait en une effroyable réalité.
Il marqua une petite pause et tourna son visage vers la jeune noble.
— Si j'ai bien compris, le roi et la reine... ils ne sont pas vraiment dans le même camp. Mais, à t'entendre, ils usent de la même stratégie. Ils attendent tous les deux, peut-être deux choses différentes, mais qui nous échappent. Je refuse d'être un pion sur leur échiquier, Eve.
Il serra un peu plus fort sa main.
— Ils ne savent pas pour nous, on doit en profiter. Ils ne se doutent pas de tout ce que je sais alors... Il n'est pas improbable que d'autres personnes aient obtenu des informations confidentielles à leur tour. Odalie n'est certainement pas une voyante, mais elle sait quelque chose. Tu es la première à m'avoir annoncé qu'un conflit se préparait ici, à Sombrebois. Et cette soi-disant diseuse de bonne aventure m'a prédit un danger pour le bourg et pour moi... Ce n'est pas un hasard. Et puis...
Son cœur rata un battement. Une chaleur désagréable naquit dans sa poitrine, avant de se diffuser dans ses veines, poison angoissant et oppressant. Quinze… un bien petit contingent pour une personne royale…
— La châtelaine m'a fait remarquer... Que quinze soldats qui t'accompagnaient, c'était peu...
Il se redressa, le souffle court, sa main toujours agrippée à celle de sa compagne.
— Tu dis que le passé de Roxanne est inconnu... Étrange pour une noble, non ? Et Eïlyn m'a affirmé qu'elle savait se battre à l'épée... Cette femme n'a rien d'une nourrice, on dirait plutôt une sorte de... Mercenaire ? Une mercenaire à la solde de ton oncle ?
La question n'en était pas vraiment une. Alaric blêmit.
— Le roi n'a pas besoin de faire quelque chose, souffla-t-il, si ses pions agissent à sa place.
Il était certain que la rousse détenait des informations capitales qui leur permettrait d'éclaircir la situation. Tous les deux avaient désespérément besoin d'y voir plus clair.
— Je ne sais pas comment, mais... Il faudrait que je parle à Roxanne.
Mais comment faire pour qu'elle ne se doute de rien, si d'aventure elle s'attelait à tous les manipuler ? |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 9 Mai 2022 - 2:30 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Bien évidemment, elle se détache de moi, ne portant intérêt ni à ce que je pourrais lui apprendre d’intéressant – d’important ? Ni aux textes fournis dont, pourtant, le deuxième contient un message dissimulé. Dire que j’ai travaillé si dur dessus…
Elle se ressert un verre sous mon nez, d’un geste que l’on pourrait qualifier de provocateur, expose que tout n’est pas manichéen comme si c’est ce que je venais d’affirmer, parle de douleurs, parcourt la pièce avant de s’asseoir en face de moi sur la table basse.
Je crois que son discours me perd un peu et je l’écoute me raconter son histoire. Elle m’aime bien ? La belle affaire… Je n’ai jamais vraiment été quelqu’un de sentimental ou de naïf. Passer d’une main à l’autre et perdre des gens est je crois, une routine au sein de mon existence. Mais quand même, je m’épaterais presque sur ce coup là. J’ai fait fort. Très fort.
Mais la bonne nouvelle, c’est que j’ai toujours une porte quelque part qui s’ouvre lorsque l’autre se ferme. Au moins ça… Je la regarde rire, me sourire. Cette instabilité qui émane de son comportement et ses signaux qui n’ont absolument aucun sens et se contredisent. Cette… vanité ? Qu’importe.
Bla bla bla… Tout me paraît tellement ennuyeux subitement. Fade. Insipide. Je prends une rapide gorgée de ma tisane, puis je me jette en arrière dans un soupir, envoyant mes bras derrière moi pour les passer derrière ma tête. Aïe... je n’aurais pas dû. C’était un peu brusque, je crois…
j’esquisse une légère grimace, mais ça devrait aller maintenant. Je pose ma main sur mon ventre pour le frotter lentement de façon latérale pour soulager la gêne de mes points qui tirent, fixant le plafond.
Je l’écoute à présent exprimer ne pas vouloir s’encombrer avec Eve de Clairmont. Ben dites donc, décidément ! A croire que vraiment personne ne connaît la coalition… l’être humain. Stupide et insensé. Ma pauvre Rosen… Ton parcours dans ce monde chaotique n’est pas si étonnant en fin de compte.
« Mais je crois que tu n’as pas le choix que de t’en encombrer, si ? Alors il te faudra faire avec. Que je sache... à moins que tu comptes la supprimer d'une manière ou d'une autre de votre groupe. Mais ne la sous estime pas trop… parfois, on peut avoir des surprises. Et puis les blancs, les noirs… ? Mais nous sommes tous rouges, quand notre sang coule… »
Mon intonation soudainement joyeuse et cristalline sur cette dernière phrase me surprend et m‘inquiéterait presque moi même.
« Tous, sans exception. »
Ceux que tu adores, te tendent la main et te laisse à ton sort. L'ironie du sort ? Le sort !
« Les blancs sont les premiers à attaquer. Le savais-tu ? », la chambré-je, me figurant qu’elle doit bien le savoir. Moi… parmi eux ? Je ne suis pas sur l’échiquier, moi, précisé-je lorsqu’elle m’interroge, me retenant de rire de façon inconvenante.
Ai-je à ce point l’air d’un vulgaire pion ? Mazette. Je crois que je suis devenue un peu trop docile. A vrai dire, d’ailleurs, c’est surtout elle, le pion.
S’assurer que je reste en vie et que j'en profite tant que ça dure… mais je pourrais bien aller me jeter du haut des remparts juste pour la faire chier si l’envie m’en prenait.
« Je me mourrais le mois dernier. Et je risquerai sans doute d’y passer encore prochainement. Tes efforts sont admirables, vraiment, mais je crains que tu ne puisses pas grand-chose si les Dieux décident de cesser de jouer avec moi une bonne fois pour toute. Alors ce n’est pas un facteur que tu pourras maîtriser aisément. Mais bonne chance en tout cas, mon bel ange gardien ! »
J’affiche un sourire d’amusement. Elle a décidé. Comme il a décidé. Comme ils ont tous décidé. Je me redresse doucement pour me retrouver face à elle. Instinctivement, j’incline ma tête sur le côté en la dévisageant. C’est dommage… Elle aurait pu. Comme il aurait pu. Comme ils auraient tous pu. Mais ils ont tous failli.
Qu’elle serait encore plus belle, si son sang maculait son beau visage. J’en ferais bien couler un peu. Juste un peu… juste ce qu’il faut pour la sublimer pleinement. Hier ange du sexe, aujourd’hui ange gardien et demain l’ange de la mort. Mais a-t-elle seulement déjà été réellement attachée à moi ?
« Mais je me demande bien ce que tu n’as pas fait par ma faute ? je la questionne curieuse. Après tout, tu as dit tout à l’heure que tu as toujours fait ce qui devait être fait, n’est-ce pas ? Ou alors il y a quelque chose que j’ai mal compris… »
Quelque chose me dit qu’il ne vaudrait mieux pas que je le sache. Ah, tellement de choses que je pourrais dire aux uns et aux autres.
Tellement de chose qui pourrait aider. Mais nous sommes tous isolés les uns des autres. Tant de mises en gardes et d’informations que j’aurais à faire passer, mais personne ne se soucie plus de moi désormais et personne n’a envie d’avancer près de moi pour se battre à mes côtés.
Autant les laisser se démerder avec tout ça… Mais ce n’est pas grave. Je redresse ma tête, l’inclinant presque du côté opposé. Je la regarde. Si proche et pourtant si loin de moi.
« Putain, elle a encore gagné ! - Ça devient grave mon gars… tu perds devant une gamine ! - Ouais, ben j’suis distrait pis j’avais pas vu son fou en diagonale de ma reine ! Et puis j’ai bu deux bières ! - Ouais, et puis t’es nul comme un cul. Ces jeux là c’est pas pour toi et ta p'tite caboche. - C’est toi le cul ! Putain… qu’est-ce qu’elle a à s‘ marrer comme ça celle là… - Laisse, c’est qu’une morveuse, lui répond son camarades en buvant une bière. - Elle va se prendre ma main dans la gueule si elle continue à ricaner. »
Des claques. Des rires. Des claques. Un hurlement. Claudin.
Étrangement, c’est pas la première fois que je me perds dans ce souvenir…
J'émege alors et fixe la rouquine devant moi. Ses cheveux n'ont-ils pas un peu repoussés depuis la dernière fois ? Je n'en suis pas sûre, mais en l'observant, j'ai toujours autant l'impression de voir des flammes dévorer une forêt à la verdure intense. Encore des rêveries... Allez, je me reprends en main doucement.
Je sais ce que j’ai à faire désormais. Dans la vie, on évolue petit à petit, parfois brusquement comme ayant reçu une flèche en plein cœur. On n’est alors pas nécessairement meilleur, mais on apprend au moins de ses erreurs. Et l’on surmonte tous les obstacles. La survie. Je lui souris à nouveau en expirant lourdement.
« Tu sais… j’aimerais vraiment que tu… je… j’aimerais tellement tout... »
Je m’interromps finalement, baisse une seconde le regard dubitative avant de la regarder à nouveau, perturbée devant mes mots qui ne trouvent plus de suite et résonnent en moi comme un écho lointain. L’écho lointain d’une phrase déjà terminée. Un écho lointain d’une histoire déjà terminée emportée au loin par le ressac de la vague qui s’est heurtée à un rocher.
Le vide.
Je me gratte la poitrine durement, m'écorchant probablement ma peau suintante de rougeurs à en juger par les picotements, et me lève pour incliner légèrement la tête d’une façon presque protocolaire.
« Je crois qu’il est temps que je retourne dormir. Ta chambre est juste à côté, tu m’accompagnes ? J’avais fait mettre une porte qui donnait sur la mienne comme tu me l’avais demandé… c’est bête, il va falloir que je la fasse condamner maintenant. Tout ce travail pour rien... »
Et alors que j’amorce quelques pas devant elle sans savoir si elle suit, je m’arrête.
« Roxanne ? je l’interpelle gravement, sans me retourner. A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. »
Et on finit seul. Et on devient fou. Et puis on perd tout.
« Allez, au lit ! lancé-je à nouveau joyeusement. Et tu pourras rêver à ta douce amante inexpérimentée qui te fait tant penser à moi. »
J'aimerais bien savoir qui c'est encore celle-là... Certainement un pion de plus sur l'échiquier.
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| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 14 Mai 2022 - 13:14 | | | 24 Mai 1167. Parfois l’on pouvait se questionner sur la nature d’une personne. En effet, lorsque qu’on fréquentait le genre humain l’on pouvait se demander comment ces êtres aux allures d’enfants ignare pouvaient se révéler si complexe, parfois même dangereusement complexe. Une mère douce et aimante pouvait dissimuler un être abjecte capable des pires atrocités. Au contraire, un bandit de renom ayant passé sa vie dans le larcin et le crime pouvait au fond de lui cacher une noblesse d’âme presque héroïque. Pour le meilleur et pour le pire, Victor de Rougelac n’était pas de ceux-là. Oh, il aurait été inconscient et maladroit de dire qu’il ne possédait pas sa propre complexité, mais celle-ci n’était de celles qui dissimulent une part de sa personnalité. Quelques minutes passées en compagnie du mondain était suffisante pour savoir tout ce qui pouvaient l’être sur le genre d’homme dont il s’agissait. Il était capable d’horreur autant que de compassion ou d’intérêt sincère et ne cherchait point à le dissimuler, il en jouait même, narguant ceux qui voulaient l’intégrer au sein d’une petite case sur leur tableau du genre humain. Ce qui était plus problématique en réalité c’était de connaître son objectif actuel, car c’était bien plus cela que sa personnalité qui pouvait vous indiquer ses intentions à votre égard où à ceux d’une situation. Roxanne possédait quelques clés glanées de ci de là sur ces dernières, mais une petite confrontation ne pouvait pas faire de mal. Elle entra donc sourire aux lèvres dans la chambre quand son occupant l’y invita. - Cela aurait pût être divertissant aussi messire, mais hélas c’est le travail qui me pousse à une visite tardive. Il y a des sujets de conversation bien plus propice au secret de la nuit qu’à la lumière du jour quand tant de monde peu laisser trainer son ouïe en recherche de la dernière rumeur. Vous ne sauriez me contredire sur ce point, dit-elle d’un ton quelque peu taquin comme pour signaler une évidence à un enfant qui faisait montre d’une volontaire ignorance. Elle prit place sur la chaise offerte, croisant les jambes, les doigts de ses mains noués entre eux posés sur ses cuisses lui donnant l’air quelque peu autoritaire d’une enseignante. Ce que détromper ses lèvres toujours étirées en un mince sourire. - Le sujet de vos accointances actuelles en fait partie me semble-t-il. A moins que vous ne voyiez vraiment aucune problématique à l’idée que les occupants actuels ou leurs invités ne sachent que vous fricotez de près avec votre nouvelle amie et ses alliés et que votre bienveillance à leur égard n’est que toute théorique puisqu’elle dépend de celle de votre… protectrice. Si c’est le cas je m’excuse en effet de vous déranger à une heure aussi tardive, nous pourrions en discuter pendant le déjeuner… Elle ne fit bien entendu aucun geste indiquant un départ imminent, aussi consciente que lui du fait que malgré sa position plus que solide actuellement, voir dévoilé si ouvertement les pièces qu’il utilisait pour sa partie ne serait pas des plus propices à leurs avancées. Alors se contenta-t-elle de glisser une mèche rebelle derrière son oreille avant de poursuivre. - Admettez tout de même que la toile que vous avez tissée ici, bien que discrète, lié à votre nouveau statut de… disons favori, pourraient pousser à croire à un esprit critique que vos projets pour le bourg ou du moins sa direction ne sont pas des plus agréables. Elle secoua la tête, amusée. - Oh je ne vous accuse de rien Comte. Votre réseau, comme le petit groupe d’homme armé qui a gagné le bourg récemment, n’a pour but que de servir votre besoin de contrôle frôlant dangereusement la paranoïa. Si j’avais cru un instant que celui-ci avait vocation à autre chose, j’y aurais mis un terme dès mon arrivée la première fois. Je n’aurais sans doute pas déterré tous vos agents, vous êtes soigneux, mais bien assez pour mettre un terme à votre surveillance ou au risque qu’elle aurait pu représenter. Expliqua-t-elle en inclinant la tête les yeux étrécit posé sur le comte. Au contraire, ces précautions me rassurent quelques peu sur votre état d’esprit. Vous êtes vaniteux messire, mais pas stupide. Votre confiance en votre protectrice reste relative, c’est pour cela qu’elle n’a pas la main mise sur votre réseau ici, peut-être même que vous ne lui en avez même pas expliqué l’existence. C’est aussi pour cela que malgré la protection qu’elle a du vous promettre, vous engagez toujours des mercenaires pour les cas d’urgences. Un comportement très sage. Elle inversa le croisement de ses jambes, bien plus pour un effet de style que par un quelconque inconfort. Elle avait connu bien pire support qu’une chaise matelassée dans une chambre confortable. - Je ne viens pas vous demander de mettre fin à votre partie ou même de me révéler ce que vous savez sur celle de votre protectrice. Si je devais faire preuve d’ingérence dans tous les jeux de la noblesse, je ne dormirais plus ! Non si je vous rends cette visite c’est uniquement pour vous rappeler qu’il existe d’autres chemin, au cas où vous auriez besoin de vous détourner de celui que vous suivez actuellement en vous rendant compte où il mène. *** Eve secoua la tête, privée d’argument pour aller dans le sens du raisonnement d’Alaric ou dans son contraire. Elle aussi avait vu dans la naissance de l’héritier et cette visite un événement d’importance, mais sans pouvoir y donner du sens. Agrippée à sa main, c’est bien volontiers qu’elle se laissa entrainée contre lui, puisant dans sa force pour, si ce n’est chassé, contenir l’affreux nuage de doutes qui l’envahissait. Doutes que les remarquent de son amant ne faisaient que nourrir. Bien entendu elle s’était déjà fait des réflexions proches de celles-ci, mais les entendre évoquée par une autre voix que la sienne leur donnait une force toute différente. - Attendre quoi ? Décider quoi ? questionna-t-elle sans vraiment attendre de réponse, se soulageant juste d’une part de son agaçante angoisse. Elle avait passée des années à s’entrainer pour jouer au jeu du pouvoir et être prête à faire face à cette ennemie. Malgré cela, actuellement elle se sentait aussi impuissante que le jour maudit où elle lui avait pris Ivy. N’avait-elle fait aucun progrès ? Malgré tout elle écoutait attentivement Alaric, espérant que les pérégrinations de son esprit l’aideraient à trouver le chemin d’une vérité. - Le seul banni que j’ai eu l’occasion de connaître était si profondément opposé à la royauté et le pouvoir de la noblesse en général que cela confinait à la haine pure. Et de ce que j’en sais, leur chef actuel n’a comme unique objectif que d’abattre tout le système mis en place par le pouvoir. J’ai du mal à imaginer qu’ils se reposent sur l’aide d’un ou d’une noble pour nourrir ses forces. Mais qui d’autres pourrait lui offrir un tel soutien ? La guilde des Voleurs ? Il n’existe pas beaucoup d’être ou de faction capable d’alimenter financièrement ou en ressource une place forte, même partiellement. Même si elle était sûre d’elle, une pointe de doute transparaissait dans sa voix. Toujours ces maudits « Et si » qui remettaient en cause toutes ses convictions. Et si les bannis n’étaient pas si hostiles au pouvoir qui les avait rejetés. Et si la reine, le roi ou un de leurs larbins avait trouvé le moyen d’établir un solide contact avec eux. Et si quelque chose d’autre expliqué leur soudain regain d’importance ? Et s’ils n’étaient qu’un nuage de fumée agité par leurs ennemis pour les empêcher de voir la réelle menace ? Et si c’étaient eux qui se fourvoyaient en créant des liens entres des choses qui ne l’étaient pas ? Les remarques suivantes de son capitaine creusèrent un peu plus son ventre d’une sourde angoisse qui faillit bien la mettre en colère contre elle-même. Elle s’en voulait d’être aussi apeurée. De savoir que l’amour qu’elle éprouvait pour l’homme près d’elle était la source, le catalyseur, de cette presque terreur. Elle avait de nouveau quelque chose à perdre, quelque chose d’assez important pour qu’à nouveau la peur rentre dans le panel de ses émotions. Elle rejeta tout cela au fond d’elle-même, au moins temporairement. Elle devait garder l’esprit clair et réfléchir. Pour elle, pour eux. - Tu penses que le bourg va être attaqué. Ou tout du moins tu l’envisages. Dit-elle pour mettre en mot ce que sous entendait le lien entre ses remarques. - Et si c’est le cas, et qu’on m’a en effet attribué une garde amoindrie, c’est que je fais partie, moi ou ceux qui m’accompagnes, des cibles visées. A moins que le bourg lui-même ne soit la cible. Elle avait envisagé que la baronne subisse une attaque, tous les indices qu’elle avait glanés lui avait laissé entendre cela. Mais elle avait pensé à une frappe de moindre importance. Un assassin ou une embuscade. C’est de cela qu’elle avait voulu prévenir Alaric lors de leur première rencontre. Mais attaquer un bourg ? Défendu par la milice et entouré de mur ? C’était aussi grotesque et irréaliste que profondément inquiétant. - Quelle force pourrait donc faire ça ? Je veux bien entendre que les bannis s’organisent, peut-être même avec du soutien. Mais attaquer une place fortifiée ? Traverser les marais pour se jeter à l’assaut des murs ? Avec la fange dans leur dos ? Ce serait du suicide. Pour tout le monde. Elle aussi pressa un peu plus sa main, dans l’espoir futile mais rassurant que cela les protégerait de tout ce qui s’approchait. - Durant le voyage j’ai tenté d’approcher certains sujets avec elle. De manière détournée bien entendu. Mais elle n’a jamais montré autres chose qu’un intérêt poli pour la conversation. Soit elle ne voulait pas en parler avec moi, soit elle ne savait rien… Et vu sa remarque sur la garde qu’elle n’a évoqué qu’une fois en ta compagnie… Peut-être cela veut-il dire qu’elle accepterait de discuter avec toi. Ou du moins qu’elle n’est pas fermée à l’idée que tu en apprennes plus que moi. Pourquoi ne pas lui proposer un petit tour du bourg, sous prétexte de lui montrer les améliorations depuis son départ. C’est un peu mondain comme excuse, mais ça rentre assez dans tes attributions pour qu’elle n’ait pas de bonnes raisons de refuser. Cela risque d’être plus compliqué ensuite pendant les festivités, elle comme moi devront surtout rester auprès de la baronne pour être vue. C’est pour cela que nous avons été envoyées après tout. Malgré cela… Elle soupira. - Je n’ai aucune idée de la manière dont tu pourrais lui tirer les vers du nez s’il s’avère qu’elle n’en a pas envie. Surtout sans lui dévoiler trop de tes propres suppositions si jamais elle n’était pas de notre côté. *** - Non, merci, je pense errer encore un peu dans ta belle maison. Finit par répondre la châtelaine d’un ton cordial mais qui laissait poindre la note de dépit qu’elle éprouvait. Une fois de plus la baronne avait laissé son esprit s’affranchir de règle pour se déconnecter d’une réalité bien réelle, transformant en jeu sans importance un moment qui l’était pourtant. Elle avait espéré que ce soir les choses seraient différentes, pour leur bien à toutes deux. Mais Rosen, une fois privée de la chose qu’elle voulait visiblement obtenir d’elle, l’intérêt de son interlocutrice avait fondu comme neige au soleil. Elle l’avait silencieusement écoutée déformer et caricaturer ses propos pour essayer de leur donner un sens, souvent incohérent, essayant de créer des vérités différentes de celles qu’elle lui avait donnée. Transformer sa volonté d’écarter la nièce du roi des ses projets en une sombre et tordue possibilité de lui nuire directement. Effacer toute la volonté de nuancer les objectifs des victorieux en une amère parodie de partie d’échec, en se concentrant sur la métaphore plus que sur le message. Non, il n’y avait rien à répondre à cela. Son esprit avait perdu pieds, une fois de plus. Elle savait pertinemment que l’instabilité de la jeune mère serait un frein à cet échange, mais elle avait croisé les doigts pour que celle-ci n’intervienne qu’après avoir pu mettre à jour ce qui devait l’être. Dommage. Elle regrettait presque d’avoir pris la peine de sa visite à cet instant. En sentant le besoin de confrontation que lui avait fait ressentir Rosen depuis son arrivée et un mois écoulé sans nouveau scandale à son actif, elle avait cru la trouver dans des dispositions différentes. Une maturité ou un recul attribuable à sa grossesse ou à l’expérience douloureusement accumulée avant son départ. Mais non, c’était là une erreur attribuable à ses seuls espoirs de voir dans cette folie une once de raison. Peut-être un jour la raison jaillirait-elle sincèrement de son esprit torturé, mais la châtelaine compris à cet instant qu’elle ne pourrait plus le prendre en compte pour choisir comment agir. Si elle ne pouvait pas agir avec elle, elle agirait malgré elle. Après tout, même si elle l’aurait apprécié, elle n’aurait pas besoin de son soutien pour la sauvegarder, même d’elle-même. Comme elle l’avait si joliment et stupidement dit, elle ne pourrait pas faire grand-chose si les dieux décidaient de lui ravir le choix de vie ou de mort pesant sur la jeune mère. Mais si elle savait quelques choses d’expérience, c’est que l’intervention divine était bien moins fréquente que celles des humains. Et contre ces dernières, il y avait mille façons d’infléchir la destinée. - Je ne crois pas avoir parlée d’amante une seule fois, plaisanta-t-elle en se redressant, sans pour autant nier ou valider l’étrange conclusion. Mais ne t’en fait pas, je ne suis pas celle qui joue avec le feu actuellement. Ceci dit, j’accepterais l’évidence le jour où il me consumera. Elle se saisit de ses verres et de sa cruche et fit une basse révérence à la baronne, aussi parfaite qu’elle le devait et s’autorisa un retour au vouvoiement, concluant pour de bon l’instant d’intimité échappée. - Reposez-vous bien madame la Baronne. Sur ces dernières paroles, Roxanne quitta la chambre de Rosen par la même porte qui l’avait vu entrée. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Sam 14 Mai 2022 - 16:33 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau « Eh bien si tu veux, tu es libre, lui réponds-je simplement en me retournant pour lui sourire avec une pointe de regret, l’accompagnant donc à la sortie. Tu sais où me trouver si tu as besoin de quoi que ce soit... et si jamais les pleurs de mon fils t’empêchent de dormir cette nuit, tu pourras trouver une chambre libre à l’étage. »Ce n’est malheureusement plus la nourrice après tout et dormir avec des pleurs de bébé n’est pas la chose la plus sympathique à offrir à son invité. Je pose doucement ma main sur son bras une seconde dans un signe de compassion avant qu’elle ne se retire. « Fais plutôt en sorte qu’il ne te consume jamais. » Je la laisse ensuite sortir. Ce n’était évidemment pas une menace. Mais qu’il est dur d’arriver à quoi que ce soit dans ce monde. Je la regarde partir, n’ayant pas réussi à lui dire la moitié de tout ce dont il fallait que je lui parle, n’ayant pas de réponse à la moitié de mes questionnements. Un sentiment de vide et de n’être que le stupide dindon de la farce dans toute cette histoire m’envahit. Je referme derrière elle, me dirige vers le buffet et en sort une bouteille neuve d’eau de vie pour me servir un verre en me laissant lourdement tomber sur le canapé dans un soupir. Une bouteille sensée n’être là que pour de potentiels invités. Au diable les bonnes résolutions et les progrès. Visiblement, ça ne mène à rien de mieux. Une gorgée brûlante en bouche, je fais tournoyer le liquide translucide dans le verre de cristal que je regarde pensivement. Demain sera un grand jour. Je le sais et je me tiendrai prête. Chester s’approche en miaulant pour me réclamer une caresse, caresse que je lui accorde sans le gratifier du moindre regard. Je finis par avaler ma gorgée et rapidement une sensation d’apaisement et d’engourdissement me saisie, renforcée par le ronronnement lénifiant du petit félin. Il faudra que je parle à Eve de Clairmont de cette histoire. Puisque Roxanne a visiblement décidé de faire ce qu’elle a à faire de fort mauvaise grâce, autant la laisser tranquille et me concentrer sur la nouvelle opportunité qui m’est donné plutôt que sur celles qui me sont retirées. J’aurais aimé avoir plus de précisions, mais tant pis, je ferai avec. Roxanne préfère jouer son jeu sans moi après tout, et mes tentatives de rattraper les choses et de lui témoigner mes regrets ont révélé que j’ai laissé dangereusement mes émotions m’aveugler. Non, Roxanne n’est pas un ange tombé du ciel qui a voulu prendre soin de moi ou me protéger. Tout ce qu’elle a pu faire, c’est pour le bien de ses intérêts et j’ai été bien stupide de penser qu’elle pouvait tenir à moi. Au fond, ma méfiance n’était pas si excessive que ça, elle vient de me le démontrer à l’instant. Elle n'a même pas emporté mes poèmes... J’aurais aimé pouvoir avancer à ses côtés, me battre avec elle, l’aider et alléger un peu son stupide fardeau. mais encore une fois tout s’effondre à mes pieds pour me rappeler que je ne suis vouée qu’à la destruction. Non, je n’étais et ne suis qu’un pion à ses yeux et si demain me tuer arrangerait ses plans, elle le ferait sans même sourciller. Je le sais maintenant. Je ne suis rien pour elle. Mais c'est la vie et elle a choisi son propre chemin au milieu d'une situation certainement complexe. Un chemin où je ne suis plus. Je range ensuite ma bouteille – comme quoi ce n’est pas si compliqué de rester raisonnable sans atteindre les extrêmes - et me dirige vers la chambre pour me coucher dans mon lit où Athanase ne tarde pas à se réveiller et à hurler comme il le fait si souvent. Je sens que la nuit va être longue… - Citation :
Rosen essaiera de parler avec Eve le lendemain matin s’il y a l’occasion, donc @Dame Corbeau je te laisserai ouvrir le dialogue avec elle quelque part si c’est ok. Pour le programme qui a été prévu cette journée suivante, c’est que la cérémonie d’Athanase serait faite par Marie Ange dans le petit temple du château en fin de matinée et ensuite une sorte de messe au temple du village juste après où Rosen passerait surprise en coup de vent avec ceux qui veulent la suivre. Et puis bien sûr une fête l'après-midi au château pour les résidents / invités. Et une ambiance festive dans le bourg, voilà. |
| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 16 Mai 2022 - 13:16 | | | Roxanne ne manquait pas de ressources pour jouter verbalement avec son acolyte de la nuit et ce dans une atmosphère taquine d'un commun accord. Rougelac n'était pas mondain à bouder son plaisir face à une telle réaction et le sourire qu'il gratifia à sa visiteuse nocturne était des plus entendu.
- Le travail avant le plaisir, vous avez raison à juste titre.
Ironisa Victor avant de laisser la jeune femme s'exécuter dans une représentation des plus parfaite. La châtelaine se montrait donc franche et directe, ne laissant aucune place au doute, ses sous-entendu des plus limpides. Loin d'être congédiée, Roxanne semblait capter toute l'attention du Gouverneur du Sud portée sur sa personne et ses propos. Une attention silencieuse, dénuée de toute remarque, de toute réaction pouvant trahir la moindre émotion à mesure du déroulé des déclarations de cette femme aussi dangereuse qu'intrigante.
Il n'était pas surprit qu'elle puisse avoir levé le voile sur le réseau qu'il avait soigneusement mise en place au cœur du Bourg et comme évoqué dans un objectif plus "sécuritaire" que dans toute autre forme de prise de pouvoir locale. Non, Roxanne avait vu juste sur ce point, les ambitions du mondain était ailleurs et venaient se corroborer avec la mise en lumière de ses affinité avec la favorite de la Reine et de fait avec cette dernière. D'ailleurs qui mieux que Roxanne pouvait avoir découvert le poteau rose au sujet des liens qui unissaient Rougelac à la couronne dans la sphère la plus féminine ? Elle avait été une protagoniste de premier plan ce fameux soir durant lequel le couple royal avait obtenu le soutien du Comte et de la Baronne de Sombrebois.
La chatelaine du Val d'Asmanthe. dressait donc avec une affolante précision le contexte de sa venue. Son intervention, son opportunisme était la conséquence d'une enquête et d'une investigation des plus poussée qui avait le mérite, malgré quelques critiques et mauvais mots, le mérite de considérer son interlocuteur avec l'importance et le respect qu'on lui donnait ces derniers mois. Elle n'accusait pas, comme elle le précisait, elle constatait et elle en tirait des conséquences, mais dans quel objectif ? Rougelac allait rapidement le savoir et la meilleurs attitude a adopter était l'attentisme. La moindre erreur face à ce personnage pouvait lui porter préjudice, il le savait mieux que quiconque. Ainsi, sans sourciller, sans la moindre mimique, il consommait chaque mot, chaque mouvement que pouvait émettre sa comparse qui se contentait d'une chaise pour toute assise jusqu'à ce que le couperet tombe. La finalité de cette entrevue n'allait finalement pas surprendre Rougelac, au contraire, cela faisait partie de ce vaste échiquier où son rôle avait prit en importance et où le bénéfice/risque avait prit une dimension bien plus grande.
- On ne peut rien vous cacher. Le tableau que vous peignez vous honore, même si, j'y aurais apporter quelques touches pour le sublimer. Dit-il taquin, un sourire à la commissure de ces lèvres avant qu'il n'arbore un visage plus sérieux et respectueux.
- Rien n'est acquis en ce monde, je ne vais point vous contredire à ce sujet. Mais il est vrai que ma position est à ce jour des plus enviable. Je jouie d'une protection, toute relative, dont j'aspirais depuis fort longtemps et qui me permet de regarder vers un horizon moins embrumé. Et pourtant, il faut savoir parer à toute éventualité qui ferait redistribuer les rôles établis. Je ne vais en effet pas vous le cacher, Sombrebois n'est plus une fin en soit pour moi.
Il prit une pause et vint s'asseoir face à la jeune femme, contre une table dans une pose solennel.
- Mon allégeance va aujourd'hui à la reine et à quelqu'uns de ses fidèles sbirs. Il n'évoqua pas sa relation naissante avec la Vicomtesse de Vertchemin ni même ce qui s'était passé en compagnie de la Reine. Et je présume que si vous venez cette nuit évoquer d'autres "chemins", j'en déduis que votre situation doit être incertaine dans ce jeu géopolitique. Me tromperais-je ? Et que vous êtes en quête d'éventuels soutiens à une cause que je ne connais pas encore ou à toute situation de contre-pouvoir naissante ? En bon intrigant, cela éveille naturellement ma curiosité. Soyez honnête avec moi, cette entrevue nourrie vos propres intérêts, mais qui sont-ils ?
Il se redresse pour alors, tel un fantôme, rompre dans sa robe de chambre la distance qui le séparait de son interlocutrice pour venir se positionner derrière la chaise de cette dernière.
- Vous semblez me porter en estime si vous venez chercher à m'ouvrir les yeux sur la voie que j'emprunte actuellement. Suis-je en danger ? Je suis conscient n'être qu'un pion pour qui je sers et qui est pour l'heure ma protectrice. Je serais tout ouïe d'entendre ce que j'ignore pour l'heure et qui pourrait me faire détourner d'un chemin tout tracé. Mais je souhaite bien entendu que vous soyez d'une totale transparence si vous cherchez à obtenir ma confiance.
Les bases de pourparlers semblaient posées, mais Rougelac semblait prudent car pour l'heure sa relation avec la veuve de Vertchemin, Félia, était une priorité dont il ne se détournerait que s'il obtenait des preuves d'une quelconque duperie.
- Votre rôle, je dois l'avouer, m'est encore troublant dans ce contexte. Vous étiez mandatée par la couronne pour protéger la baronne puis vous avez disparue avant de réapparaître dans cette situation bien particulière où la nièce du roi s'offre un exercice officiel... Quelle influence avez-vous réellement... je m'interroge.
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| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mer 25 Mai 2022 - 15:56 | | | 24 Mai 1167. La Châtelaine ne put que sourire de toutes ses dents face à la tournure que choisissez d’emprunter le Gouverneur. Un intrigant intriguant comme l’aurais dit Lucian. A croire que le jeune homme, malgré la basse extraction qu’il clamait, avait toujours mieux compris les gens de pouvoir qu’elle n’en avait jamais été capable malgré son rôle. Mais cette différence faisait aussi sa force, car ainsi, ses propres objectifs échappaient le plus souvent aux gens comme Victor. Elle répondit donc de la façon la plus naturelle qui soit.
- Je ne sers jamais rien d’autres que le royaume et ses habitants Messire. Mes intérêts font de même, dit-elle alors qu’il se glissait comme un spectre dans son dos, plus pour un effet d’ambiance qu’avec un objectif selon elle. Je n’ai pour l’heure aucune chose à obtenir de vous, pas la moindre demande et ma position est précaire de part sa nature, mais je m’en accommode plutôt bien. Quel serait le plaisir dans la stabilité ?
Elle inclina ostensiblement la tête en arrière, s’étalant sur son appui pour observer le noble, dévoilant un cou gracile et un corsage appétissant. Ainsi exposée, elle semblait particulièrement fragile. Pourtant son regard était habité d’une confiance absolue en sa supériorité. Physique, ou morale ? On ne pouvait le dire. Elle continuait de sourire.
- Oui, vous êtes en danger mon seigneur, répondit-elle à sa question comme s’il s’agissait là d’une évidence amusante. Mais je ne voudrais point vous gâcher la surprise. Une leçon n’est réellement bonne que si on peut la comprendre sans apriori. Et c’est pour cela que je ne viens pas négocier ou vous convaincre d’un quelconque changement… d’amitié. Vous êtes un grand garçon et pas le plus obtus d’entre eux. Je crois que vous serez celui qui finira par vouloir négocier, alors je serais en bien meilleure posture pour poser mes conditions.
Elle fit pivoter son dossier dans un grincement des plus bruyant et désagréable, son regard avait pris la même teinte que son sourire. Pas réellement moqueur, mais plein d’une provocation muette et amusée.
- L’on pourrait dire que ma visite tient plus de la courtoisie professionnelle que de l’offre ferme. Mais puisque j’évoque votre futur, cela aurait été quelques peu mensonger. Alors disons que je me place comme votre interlocutrice privilégiée pour le jour où votre ambition entrera en contradiction avec votre instinct de conservation. J’étais aussi curieuse de jauger votre implication dans tout cela.
L’espace d’un court instant, l’éclat de son œil se durcit, comme une bête prête à bondir à la gorge de sa proie. Mais cette impression disparue d’un battement de paupière élégant et d’un léger mouvement de ses doigts caressant un courant d’air.
- Cependant, soit vous êtes un menteur plus doué encore que je ne le suppose, soit vous n’avez encore aucune idée du genre de partie que vous avez rejoints. Dans les deux cas, chercher à fouiller me forcerait certainement à en dévoiler plus que je n’en ai besoin ou envie. Alors disons que j’ai ma réponse de part votre comportement et que rien ne me pousse à la transparence que vous convoitez. Le temps joue contre nous deux, mais au moins puis-je me targuer d’en avoir conscience. Il me tarde de savoir ce que vous ferez quand cela deviendra évident pour vous aussi.
Nouveau geste de la main, comme pour chasser le sujet aussi aisément qu’un insecte.
- Dites-moi Sieur. Connaissez-vous la famille Barn ? Questionna-t-elle alors sans que cela semble avoir de lien avec le reste.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mer 25 Mai 2022 - 17:48 | | | Alaric caressait distraitement la main d'Eve, ses yeux rivés sur le plafond, son esprit tourné vers les paroles de son amante. La jeune noble avait donc déjà rencontré un banni ? Il se demanda dans quelles circonstances cette entrevue avait eu lieu. Hélas, pour l'heure, le capitaine avait des préoccupations autrement plus urgentes à traiter.
— Qui est leur chef actuel ?
Une fois la réponse obtenue, il ajouta :
— Tous les bannis ne sont pas les mêmes. J'ai... rencontré une prêtresse, lorsque j'étais à Marbrume, continua-t-il, hésitant. Sœur Isolde. Elle faisait partie d'un convoi qui s'est fait attaquer par des bannis. La femme qui les dirigeait la laisser repartir saine et sauve. Isolde, répéta-t-il, pensif, elle croyait que quelque chose se tramait chez les bannis...
Alaric soupira.
— Je ne sais même pas pourquoi elle m'a raconté tout ça, avoua-t-il, penaud.
Un instant, il manqua de lui parler d'Aeryn et de sa mystérieuse rencontre onirique, de la mention à son sujet et du lien possible que constituait la jeune prêtresse. Il n'en fit rien, cependant ; il n'avait guère envie d'aggraver encore plus le sujet de leur discussion. Celle-ci s'amplifia encore, lorsque sa comtesse évoqua la possibilité d'être l'une des personnes ciblées par l'attaque hypothétique. Les battements de son cœur s'accélérèrent, tandis que ses doigts se refermaient un peu plus fort autour de la main d'Eve. Dire qu'il avait hésité à lui renvoyer Theron, une fois sa missive obtenue, afin de la dissuader de se rendre dans le bourg de Sombrebois. Mais il n'avait pu se résoudre à se fier uniquement à une voyante croisée dans les marais... Et puis, l'attente de leurs retrouvailles avait été si longue – trop longue. Égoïstement, sans aucun doute, il avait tant désiré la revoir que cette envie avait balayé toutes ses craintes. Si jamais il lui arrivait quelque chose durant la visite, jamais Alaric ne se le pardonnerait. D'un appui sur le coude, il se hissa afin de croiser son regard. Il ne dit rien pendant de longues secondes, un instant durant lequel Eve eut tout le loisir de lire le panel d'émotions qui traversaient les prunelles du soldat.
— Si tu devais être une cible, dit-il enfin, la voix pâteuse et la gorge asséchée par l'angoisse, je ferai tout pour te protéger, Eve.
Il déposa son front sur le sien et la serra contre lui, rassuré par sa présence entre ses bras.
— Attaquer de front Sombrebois serait une folie, oui...
Il se redressa, sans pour autant quitter la jeune noble des yeux.
— Mais s'ils attaquent de l'intérieur... Rosen me cache quelque chose. Elle pense que le cloaque en a après elle, sans vouloir m'expliquer pourquoi. Elle pense que quelqu'un de dangereux s'était... déjà infiltré dans le bourg, une fois.
Alaric se força à desserrer les dents. La couronne, les victorieux, les bannis, le cloaque... Ça commençait à faire beaucoup. Beaucoup trop. Quel groupe constituait ses ennemis, lequel ses alliés ? Il y avait des liens qu'il ne parvenait pas à tisser, ou d'autres qu'il avait façonnés alors qu'ils n'existaient pas. Démêler le vrai du faux était un exercice plus compliqué qu'il n'y paraissait. Parfois, il venait à penser que les conflits et complots qui les menaçaient étaient indépendants de la couronne... Mais dans ces cas-là, rien n'avait de sens, à commencer par la visite surprise d'Eve deux mois plus tôt.
— Pourquoi dis-tu que la reine a besoin de Sombrebois ? questionna-t-il, curieux.
À quel point la première dame de Marbrume avait-elle envie de gagner la partie ? Ou du moins, de remporter la première manche... Alaric repensa à Roxanne. L'idée d'Eve afin de remporter un tête à tête avec la châtelaine du Val d'Asmanthe n'était pas mauvaise. Elle avait raison : la rousse ne pourrait refuser une demande officielle du capitaine de Sombrebois, compte tenu du poste qu'elle avait occupé au sein de la forteresse. Lui-même n'avait guère l'habitude d'utiliser sa fonction ainsi, il avait même tendance à l'oublier, jusqu'à ce que le salut protocolaire d'un milicien à son égard le lui rappelle.
— Je vais faire ça, confirma-t-il, mais... Elle est un peu effrayante, tu ne trouves pas ?
Roxanne dégageait une aura mystérieuse que le soldait peinait à cerner. Au delà de son rôle de nourrice étrange et de son flou passé, elle était dotée d'un regard perçant qui le mettait mal à l'aise. Néanmoins, Eve n'avait pas tort : la rousse avait bel et bien abordé le sujet avec lui. Il n'imaginait pas qu'elle lui faisait confiance – la châtelaine se méfiait sans doute de tout et de tout le monde – mais elle semblait le juger apte à mener sa fonction à bien tout en ignorant qu'il était au courant d'un peu plus de choses qu'il n'aurait dû. Il devait en tirer parti. Et puis, elle semblait être la seule personne présente capable de répondre à, si pas toutes, au moins une partie de leurs interrogations. Il devait au moins essayer. Pour Eux, pour Sombrebois. Il avait assez réfléchi ; il était grand temps d'agir.
Alaric tourna la tête vers son amante et l'observa de profil ; ses traits soucieux, ses sourcils froncés, sa mâchoire crispée firent chavirer son cœur. D'une impulsion sur le bras d'Eve, il l'invita à se redresser et à passer une jambe autour de sa taille, afin qu'elle se retrouve au-dessus de lui, ses mains à plat contre son torse. Ses longs cheveux noirs encadraient son joli visage soucieux, manquaient de chatouiller le nez du garde. En douceur, il attrapa certaines de ses mèches, s'évertua à les glisser derrière son oreille, afin de dégager la figure de la jeune femme. Pourquoi fais-tu tout ça ? La question lui brûlait la langue. Du pouce, il redessina la courbe de sa mâchoire, esquissa le délicat tracé de ses lèvres ; il se perdit dans ses yeux clairs. Cap', fais attention. Parfois derrière les secrets, il n’y a que d’autres secrets. Mais en étaient-ce vraiment ? Au fond, il savait. Pour la justice. Mais justice pour quoi, pour qui ? Au début, il avait pensé qu'Eve s'engageait dans une bataille dont elle avait connaissance des tenants et aboutissants. Mais il comprenait désormais que de nombreuses inconnues jonchaient cette bataille, même pour sa comtesse. Ce qui ne l'empêchait pas de prendre des risques incommensurables. Parce que tu ne veux plus être lâche...
— Euh, bredouilla-t-il, se rendant compte qu'il la fixait depuis de longues secondes.
Il aurait voulu lui dire combien elle était courageuse. Mais il avait la sensation qu'il n'en avait pas le droit, que ce n'était pas le moment, ni à lui d'en décider.
— Je... Je vais faire de mon mieux, avec la châtelaine, finit-il par bafouiller.
Tâchant de noyer le poisson et d'alléger l'atmosphère, il ajouta :
— À ton avis, quel charme devrais-je utiliser pour... Lui tirer les vers du nez ? dit-il en reprenant ses mots, un pâle sourire sur les lèvres.
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| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 26 Mai 2022 - 10:07 | | | - Quel serait le plaisir dans la stabilité...
Reprit-il mot pour mot alors que Roxanne dévoilait son cou gracile et son corsage appétissant. Une des main du Comte se glissa dans l'une des poche de sa robe de chambre dans laquelle se trouvait un lasser de cuire. L'espace d'un instant, il palpait l'objet du bout des doigts, s'imaginant le passer autour du cou de la jeune femme pour alors l'étrangler. Mais soudain, il fuya le contact du cuir au moment même où elle portait son regard sur lui, un regard outrageusement confiant et supérieur accompagné de ce sourire effronté.
Résistant à la tentation, Victor put alors entendre de la bouche de la nébuleuse jeune femme qu'il était en danger ce qui le fit hoqueter de rire. Après tout, il avait vécu toute sa vie en sursis, le danger faisant partie intégrante de son existence. Roxanne était d'une arrogance sans pareil se targuant de se montrer marionnettiste dans un avenir où le Comte serait alors forcé à négocier. La laissant ensuite pivoter et achever de se montrer insolemment provoquant dans un sourire de circonstance.
- Quelle parfaite mise en scène vous m'offrez au beau milieu de la nuit. Je vous ai, depuis ce jour où vous portiez ce masque, considéré comme un personnage aussi complexe que mystérieux et doué d'un assurance qui aujourd'hui me paraît bien excessive. Soyez plus prudente sur ce point, je peux aussi vous prodiguer quelques conseils et je le dis par expérience car des dizaines d'années d'intrigues nous séparent. Cela vous ne pouvez le nier.
Il prit une pause pour la jauger avant de reprendre.
- Ainsi, vous vous portez en interlocutrice privilégiée ? Mais je me demande encore et toujours de qui vous êtes la porte parole. La reine ? Evidemment que non. Le Roi ? Il se pourrait... une autre partie émergeante ? Les piliers de la couronne sont encore suffisamment stable. La curiosité est un vilain défaut, un défaut que je partage.
Comme elle a pu se montrer supérieure, il tente alors de contrebalancer cette arrogance en venant s'offrir le luxe de poser le dos d'un index sous le menton de la rouquine.
- Quelque soit le diagnostique que vous dressez de ma personne sachez une chose. Mon ambition s'est déjà confronté à mon instinct de conservation et voyez-vous c'est bien le premier qui a prit le pas sur le second. Contrairement à vous, mes plus jeunes années sont derrières moi et je n'ai rien à léguer à quelques héritiers. Cette faiblesse fait ma force, je l'ai apprit depuis mon veuvage. Voila qui devrait donner du grain à moudre à votre analyse. Si vous pensez lire en moi comme dans un livre ouvert, vous faites fausse route très chère. Je saurais volontiers vous surprendre le moment venu ou... peut-être même avant cela.
S'il connaissait la famille Barn ? Entre héraldique et entregent, nulle Maison ne lui était inconnue.
- Êtes-vous un tant soit peu sérieuse ? Venez-en au fait je vous prie. Je n'apprécie que moyennement qu'on insulte mon savoir et mes connaissances.
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| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | | | |
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