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| [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | |
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Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mar 31 Mai 2022 - 13:08 | | | 24 Mai 1167. Les noms avaient-ils encore un réel pouvoir sur les choses ? Les nommer pouvait-il suffire à enlever à ce qu’ils définissaient l’aura de mystère qui les entourait ? Eve en doutait, chaque jour un peu plus. Au contraire, certains noms semblaient s’échiner à vouloir rendre plus flou encore les traits des choses, comme s’ils prenaient à malin plaisir à complexifier une situation. Ivy, Alaric, Yohan, Roxanne, Royaume, Courage, Devoir, Vengeance. Tant de noms et si peu de réponse… Elle répondit malgré tout à son amant. - Au sein de la noblesse, tout le monde parle de « La Griffe », mais son nom est Griffith. Une brute sanguinaire et sans âme qui mange des bébés au déjeuner si on écoute les ragots. Mais j’ai du mal à croire qu’un monstre stupide serait capable d’unir homme et femme dans un conflit. Finalement, on ne sait rien de lui et c’est surement le plus inquiétant. Sa remarque ne fit que renforcer celle d’Alaric qui suivit ensuite. Non, on ne pouvait pas résumer les bannis à des êtres plein de haine et de colère, cela aurait été simple, facile, un nom pour un concept, mais ce nom là comme les autres était mensonger. Banni de Marbrume, pas Banni de l’humanité. - Elle t’a confié cela parce que tu es un homme qui donne envie de parler Al. Que ce soit moi, ou les autres. Tu inspires la confiance. Dit-elle très honnêtement en notant par devers elle l’histoire qu’il venait de lui confier. Il lui semblait bien avoir entendu parler de cet évènement, deux prêtres, un homme et une femme, qui avaient survécu à l’assaut des bannis, des miliciens massacrés. Mais elle devait admettre s’être intéressé bien plus au cas de l’homme. Un certain Magelus qui prônait depuis une vision bien plus dure de la foi en Anür qu’il jurait avoir croisé dans les marais durant cet évènement. Si l’origine de son discours semblait plus du au choc qu’à une réelle apparition divine, ses mots faisaient de nouveaux adeptes chaque jour, même au sein de la cour du roi. Le regard d’Alaric croisant le sien mit fin à sa réflexion et elle lutta pour réfréner la boule grossissant dans son ventre à l’idée de ce qu’il adviendrait de lui si jamais il devait se sentir responsable de sa mort. Elle était prête à se sacrifier pour sa lutte, elle avait pris cette décision depuis un moment déjà, mais maintenant… tout était forcément différent. Elle ne pouvait plus ne penser qu’à elle. Elle ne pouvait plus disparaitre sans qu’un autre n’en souffre. Elle le serra aussi fort qu’il la serrait. - On se défendra ensemble, quel que soit la menace, fut tout ce qu’elle trouva à dire. Elle y croyait, mais elle ne voulait pas faire de fausses promesses, pas d’espoir déraisonnable. Pas avec lui. Malgré tout elle se voulu objective et rassurante. Elle ajouta donc la suite avec un petit sourire. - Je connais le capitaine du coin, il est compétent. Je doute qu’une armée se soit introduite dans la place sans qu’il s’en aperçoive. Elle lui fit un clin d’œil avant de reprendre plus sérieusement. - Si des gens ont pénétrés les murs, on parle au mieux d’une poignée de mercenaire ou d’assassin, rien qui puisse menacer le bourg lui-même. Si on se montre prudent et que la milice fait son travail, on se sortira de ça. Mais il va falloir que Rosen finisse par énoncer clairement ce qu’elle craint et ses raisons. Je ne veux pas que nous nous créions des menaces imaginaires basée sur de simples inquiétudes sans fondement. On en a de bien assez réelles à affronter. Malgré cette affirmation, elle était tout comme lui sensible à l’aura de menace qui planait autour d’eux. Tout ces petits détails qui ne semblaient pas lié, certains même dépassant de loin le vraisemblable et qui malgré tout parvenaient à faire ressentir une toile tissée autour d’eux, les empêchant d’en comprendre la complexité tout en les enfermant. Elle haussa les épaules autant pour répondre à sa question suivante que pour tenter de chasser le poids qui continuait de lui peser. - Je ne fais que constater ses actes. C’est elle qui a poussé mon oncle à trouver un accord avec la baronne. Un accord intelligent et bénéfique, mais dont il aurait pu se passer en raflant le bourg lui-même quand vous n’auriez plus pu tenir même avec l’aide de Victor. Elle s’est acharnée pour que Sombrebois revienne dans la partie, mais sans que ce soit un fidèle du Roi qui se retrouve à sa tête. Je pensais qu’elle se servirait de Victor pour diriger dans l’ombre, ils sont du même genre de bois. Mais le Comte a fait son travail sans jamais plus s’impliqué que cela. A dire vrai jusqu’à ce qu’il se joigne à ce voyage, il semblait même peu intéressé par la situation du bourg. Mais quelques autres dans son giron semblent au contraire y vouer une attention étrange, on finance les convois, les déménagements et tous se battent pour avoir la meilleure part des importations une fois que la couronne a pris son dû. Votre bourg est le centre de l’attention, tout comme la baronne et c’est dû aux efforts de la reine. Je ne peux pas croire que ce soit de l’altruisme. Elle veut quelque chose. Elle pouffa à sa remarque. Cela lui fit du bien. - Effrayante, oui, c’est une bonne définition. On ne sait jamais vraiment ce qu’elle pense ou du moins si c’est réellement ce qu’elle pense. Je crois qu’elle le sait et qu’elle en joue. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres et elle se laissa emportée par le bras puissant qui la hissa sur le corps de son amant. Elle remercia les dieux d’avoir de nouveau ses vêtements, sinon ce geste simple et direct aurait conduit à beaucoup d’autres. Son sourire s’estompa quelque peu en s’apercevant du trouble palpable sur le visage d’Alaric, comme plongé dans une réflexion désagréable. Sans qu’elle sache dire pourquoi, elle n’était pas certaine de vouloir savoir ce qui le taraudait à cet instant, comme si la réponse aurait pu lui être douloureuse. Heureusement Alaric repris la parole et leur évita un silence étrange. - Je ne suis pas tout à fait certaine d’apprécier l’idée que tu joues de tes charmes avec une autre mon amour ! Le taquina-t-elle gentiment avant de poursuivre. Tu ne la battras pas au jeu du plus subtil, alors je te dirais d’être… toi-même, honnête, dans une certaine mesure. Fais-lui sentir tes craintes, même vaguement et vois si comme on le pense elle veut s’y raccrocher pour te dire quelque chose. Ce n’est pas comme si on pouvait vraiment la forcer. Au pire raconte lui une blague pour détendre l’atmosphère ! Malgré son ton enjoué, ils savaient tout les deux que le cœur n’y était pas tout à fait. Ils étaient face à un gouffre et Roxanne semblaient autant prête à les aider à le franchir qu’à donner la poussée qui les ferait chuter dans les abysses. *** - Je ne vous crois pas Monsieur le Comte, dit Roxanne tout sourire. - Oh, je sais très bien l’expérience qui nous sépare, elle est plus grande encore que vous ne le pensez. Car nous n’œuvrons pas dans le même domaine. Certes une part de nos activités se chevauchent et certaines de nos méthodes se ressemblent. Mais de la même manière que le forgeron manie autant d’épée que le guerrier, cela n’en fait pas un combattant. Elle haussa les épaules, comme si elle signalait là une chose évidente. - Non, là où je ne vous crois pas c’est lorsque vous m’affirmez que votre ambition a pris le pas sur votre instinct. Tout les risques que vous avez pris et que vous prenez encore sont soigneusement calculer. Et chaque fois que votre vie a été dans la balance, c’est parce que le gain et la réussite dépassaient amplement le danger encouru. Donc je maintiens mon affirmation. Quand vos calculs vous feront douter, vous viendrez me voir. Si je me trompe… et bien je vous ferais mes excuses en personne, je m’y engage. Ni la formule, ni le ton n’étaient vraiment condamnable, pourtant Victor, de part ses années d’expérience, ne pu ignorer la menace implicite que contenait sa phrase. Comme une calme et inéluctable promesse. Mais était-ce là une pointe politicienne ? Ou autre chose ? - Je sers le Roi, mais n’ait que le royaume pour maître. Je vous laisse décider si selon vous ces deux points sont encore convergeant. Répondit-elle distraitement à ses suppositions avant d’enchainer. - Donc la réponse est non. Je ne peux vous le reprocher. A vrai dire jusqu’à récemment je n’en avais jamais entendu parler non plus. Une famille de commerçant parmi tant d’autres qui a fait des convois sa principale source de revenu. Ils voyageaient à travers tout le royaume. Du Labret jusqu’ici. Du moins jusqu’à ce qu’ils meurent tous égorgés et brûlés vif à quelques lieues de ces murs dans une attaque de bandit à première vue. Un événement regrettable n'est-ce pas ? Le questionna-t-elle en haussant un sourcil comme si il aurait pu avoir eu une raison d’être peiné de la disparition de simples inconnus. - Mais cette famille n’était pas tout à fait comme les autres. Voyez-vous, la première femme du père a travaillé pendant des années au sein du cadastre royal. Et celui-ci, même après sa disparition, y a gardé de bons amis. Si bien qu’il est parvenu après d’âpres discussions, à se faire officiellement attribuer les transports des plans à travers le Morguestanc. Quand un noble ou un bourgmestre réclame des informations au Cadastre, que ce soit pour une répartition des terres ou des travaux, les Barn s’occupent de la livraison. S’occupaient en l’occurrence. Une triste histoire n'est-ce pas ? Et qui va ralentir bien des choses pendant quelques temps. Je pensais que le savoir pourrait vous intéresser. Après tout, le gouverneur a bien le droit de savoir quels drames arrivent sur les terres qu’il a sous sa gestion, non ? Roxanne se releva de sa chaise et fit glisser ses doigts dans ses cheveux dans un mouvement fluide. - Je ne crois pas avoir à vous embêter plus longtemps Messire. Il se fait tard et la journée de demain risque d’être intéressante pour nous deux. Profitons d’un repos nécéssaire. |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mar 31 Mai 2022 - 18:58 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Les pleurs d’un bébé résonnent tout autour de moi. J’ai froid. Si froid… Déambulant le long d’un chemin pierreux et humide, je peux ressentir le sol glacé sous mes pieds et les pleurs s’intensifier. Un étrange goût métallique dans la bouche...
J’arrive ensuite sur une plateforme rocheuse surplombée par un ciel sombre, et petit à petit, je me rends compte que toute l’humidité que je peux ressentir n’est autre que du sang. Tout autour de moi, je peux voir la couleur rouge goutter ça et là et imprégner la pierre.
C’est alors que j’aperçois une femme sur le dos, morte ou agonisante, je ne saurais le dire. Au dessus d’elle, une personne se tient à presque à califourchon, un poignard à la main. Une autre femme portant une longue robe foncée et des cheveux clairs.
Je me rends compte qu’avec sa lame, elle a éventré sa victime. Je sens ma respiration et mon cœur s’accélérer et comme elle sort de cette matrice un bébé à main nue, sa tête finit par se tourner lentement vers moi. Ses longs cheveux blonds et ondulant laisse alors la place à un visage au sourire cruel, sans émotion, serti d’yeux verts.
L’air ne rentre plus dans mes poumons. Je ne peux plus émettre le moindre son ni mouvement. Et alors que je me fais tout simplement face, je peux apercevoir haut dans le ciel une étoile rougeoyante. Puis cet alter ego terrifiant se redresse et, d’un coup de lame, égorge un homme barbu de corpulence massive que je ne mets longtemps à reconnaître alors qu’il se vide de son sang ; Hector.
L’air ne rentre toujours pas dans mes poumons comme je me regarde commettre toutes ces atrocités impuissante. Mais pourquoi ?! Je ne comprends rien. Je voudrais bondir en avant, l’arrêter, mais je suis tout bonnement figé sur place.
Derrière elle, j’aperçois alors, comme sous sa coupe et leur vie ne tenant qu’à un fil tous les gens que je pourrais qualifier de ‘proches’, le regard inquiet ou terrifié. Mais c’est surtout dans ses bras que mon regard se pose. Sur le bébé qu’elle tient dans ses bras.
Non… Athanase… pas ça ! Pas lui !
Non !
J’aperçois soudain le regard froid et inquisiteur de Roxanne parmi les gens. Et alors que j’essaie d’implorer son aide, elle se détourne de la scène pour s’éloigner.
Roxanne !
D’une impulsion désespérée, je trouve la force de briser l’entrave invisible pour me jeter en avant pour essayer d’empêcher le geste fatidique. Mais la dernière vision que je vois, c’est le poignard s’abattre sur le petit corps sans défense de mon fils.
Non !
Les pleurs deviennent de strident cris, puis puissant croassement résonnant dans ma tête.
[Tes pertes à venir...]
Je prends une profonde inspiration douloureuse. Je sombre en plein cœur des abysses et me précipite dans le néant à la poursuite d’une triste illusion, une supplique complètement décousue dans mon sillage.
« Roxanne ! Arrête ça, arrête la je t’en prie ! Elle va continuer... Il faut m'arrêter ! »
Mais… ? Je prends soudain conscience de mon environnement à la faible lueur d’une bougie lointaine.
« … R… Roxanne ? »
Je regarde autour de moi, complètement désorientée. Je ne sais même plus où je suis… Je suis debout dans le noir, effarée, émergeant tout juste de cette affreuse vision aux images sanglantes persistantes avec la silhouette de la jeune femme que je devine devant moi. Je ne suis plus sous ce sinistre ciel nuageux, je suis dans mes appartements...
Il me faut de longues secondes avant de parvenir à trouver la frontière entre songe et réveil et à comprendre que je me suis précipitée vers sa chambre pendant mon sommeil – à moins qu’alerté par le bruit, c’est elle qui ne soit venue ? Je ne sais plus si la porte reliant nos chambres était verrouillée ou non. En tout cas, j’ai dû m’empêtrer dans les voilures du baldaquin et tomber, car mes genoux me font mal.
« Je… j’ai... »
Encore fait un mauvais songe ? Ça devient d’un redondant... Je me frotte les yeux pour tenter de remettre de l’ordre dans mon esprit embrumé et chasser toutes ces horreurs. Et depuis quand je me promène en dormant ? Ça devient inquiétant… et cette maudite sensation que les murs se resserrent autour de moi… que j’étouffe et que je suis en train de mourir dévorée par les ténèbres.
Oui, elle doit bien la connaître, cette impression. J’en suis certaine. Certaines choses laissent des traces. Je n’ai aucune idée de la durée depuis laquelle je me trouve devant-elle dans mon égarement onirique. Quelques secondes ? Quelques minutes où elle attendait patiemment mon réveil ?
Je peux être aussi forte que l’acier autant qu’il le faut en journée, mais la nuit lorsque resurgissent les angoisses et les ténèbres, je ne suis plus que l’ombre de moi même.
« … un sommeil agité… excuse-moi… Je crois que la journée de demain me travaille un peu. »
Que je déteste ça ! J’esquisse une ébauche de sourire maladroit en la regardant. C’est drôle comme son regard est encore plus perçant dans l’obscurité. J’essaie de ramener ma respiration à un rythme acceptable, mais mon rythme cardiaque refuse de ralentir. Peut-être que j’aurai dû faire un effort tout à l’heure pour lui parler de tout ça au lieu de tout laisser tomber comme une gamine stupide et capricieuse. Après tout, il en va de mon fils et de Sombrebois. Mais pourquoi c’est si dur...
J’ai beau avoir tout planifié des dizaines de fois dans ma tête pour être sûre de n’avoir rien oublié qui pourrait compromettre notre sécurité, je ne suis toujours pas satisfaite. Je dois forcément oublier quelque chose qui pourrait tout changer… et je dois me tenir prête.
On le sait, comment ça se passe pendant les événements. Que ce soit un attentat d’une secte pendant un couronnement, une simple attaque fangesque pendant un mariage ou encore un village pillé après assassinat de son représentant pendant une cérémonie de naissance. Le schéma est toujours le même, et pour peu que l’on en fait parti, il convient de bien l’analyser afin de mettre toutes les chances de son côté.
Et même si je n’en ai rien dit, je pense qu’elle se doute très bien que je pressens ce qui m’attend au cours de cette journée. Après tout, ne m’a-t-elle pas dit sans détour qu’elle était juste là pour s’assurer que je survive avec Athanase ? Et qu’elle ne resterait pas ici ? Mais j’ai déjà vécu tellement de massacres… je ne sais pas si je supporterais un de plus. Si je supporterais celui-là.
Et si jamais c’est le carnage de trop… comment cela va-t-il finir ? C’est comme si je perdais des petits fragments de moi à chacun d’eux et que bientôt, je ne serais plus qu’un tas d’éclats au sol. Oh si je meurs ça serait réglé, au moins.
Mais je suis presque certaine que je survivrai encore une fois. Malheureusement. Mais tout est tellement flou. Je croyais que c’était juste moi, qu’on devait chercher à éliminer. Pas mon fils… Qui a tort, qui a raison ? Les choses ont-elles justes changées ? A quelle version se fier...
Pour la deuxième fois de la nuit, je me jette à nouveau dans ses bras. C’est pas grave qu’elle ne veuille pas de moi. C’est pas grave qu’elle ne ressente rien pour moi. C’est pas grave qu’elle ait mieux à faire ailleurs et qu’elle m’abandonne elle aussi, et ce n’est pas grave qu’elle puisse se retourner comme une chemise d’un jour à l’autre en fonction du contexte. On n’y peut rien de toute façon, on ne peut pas tout contrôler. Il faut juste profiter du moment présent.
« Tu dois en avoir tellement marre de moi… je ris tristement d’un souffle fragile qui n’éteindrait pas la moindre flammèche. Je suis un vrai fléau hein ? »
Non je ne tente aucun rapprochement. Je me contente juste de me sentir bien pour au moins quelques secondes et de m’apaiser. Et c’est déjà assez agréable, d’être à moitié nue, en chainse, contre elle, le nez dans ses cheveux, derrière le rideau protecteur de ma propre chevelure. Oui, il faut savoir se contenter de ce qu’on a et savoir en profiter. Et puis c’est mieux comme ça. Tout ce que je touche est définitivement perdu.
Et elle doit se dire ce soir que je suis encore pire que de la poix…
« Il faudrait vraiment qu’on parle de demain… je crois. »
Et peut-être plus loin encore.
« On se met dans ton lit ? J’ai un peu froid… lui signalé-je un peu tremblante avant de plaisanter d’une voix fluette et contrite, la bouche appuyée contre son épaule : Promis, je n’essaierai plus de te violer. »
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| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Mer 1 Juin 2022 - 9:55 | | | Cet entretien nocturne avec la Dame du Val d'Asmanthe c'était révélé être une piqure de rappel face à la dangerosité de la situation dans laquelle le Comte de Rougelac se trouvait. Les enjeux autour de lui se retrouvaient être bien plus complexe que lorsqu'il œuvrait comme simple mondain de la capitale où ne se jouait que son influence dans certains cercles et affaires. A présent il devait faire face a des responsabilités bien plus grandes, des menaces bien plus mortels et devaient s'accommoder d'ennemis et d'alliés bien plus complexe. Roxanne représentait l'archétype même du personnage dont le camp était incertain. Elle se targuait évidement d'œuvrer pour le royaume mais les contours de ses aspirations demeuraient obscures. Prêcher le vrai du faux était un défi nouveau pour Rougelac et ce n'était pas pour lui déplaire.
Certes, la rouquine ne croyait pas à certaines de ses déclarations et elle n'hésita d'ailleurs pas jouer d'une habile verbe pour exprimer à la fois promesses et menaces. Roxanne savait d'ailleurs que pour chercher à réellement trouver l'attention du mondain, il lui fallait lui donner du grain à moudre et c'est ce qu'elle fit finalement en évoquant la tragique disparition d'une famille commerçante influente de la couronne qui avait obtenu une influence certaines sur les routes qui reliait la capitale aux deux lieux névralgique du royaume qui n'était autre que le plateau du labret et la petit place forte en expansion nichée au cœur des marais.
Songeur, Victor enregistra les informations sans émettre la moindre remarque, prenant également acte de la loyauté de Roxanne envers le Roi et étrangement... aucun mot au sujet de la Reine. une simple erreur oubien... cette omission devait-elle être prise en sérieuse considération ? L'avenir le dira. Toujours est-il que cette disparition mettait certainement à mal l'organisation et l'influence de la couronne à l'extérieur de la capitale. Simple coïncidence ? Ou cet acte avait été perpétrer pour affaiblir le Roi ? C'est ce que Victor devait résoudre comme nouvelle énigme.
- Vos informations me serons certainement utile. Tout se qui survient sous ma juridiction sont mes affaires en effet. Dois-je en conclure que vous souhaitez par cette révélation me voir maintenir à mes fonctions ? Malgré votre main tendue face à ces "éventuelles menaces" que vous suggérez. Je vais en effet vous laisser le bénéfice du doute et considérer votre offre, mais vous conviendrez que je ne peux au regard de la situation y donner pour l'instant une suite favorable. Les "assurances" nous façonnent comme les "rumeurs" et "menaces" nous impose à la prudence. Votre venue a été source d'enseignements divers et variés. Profitez également de votre courte nuit en espérant que la journée de demain sera en effet loin d'être monotone pour... nous deux.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 2 Juin 2022 - 20:26 | | | — C'est marrant que tu dises ça, murmura-t-il. Soeur Isolde et Aeryn m'ont dit aussi que je leur inspirais confiance.
Devant le regard interrogateur de son amante, Alaric précisa :
— Aeryn est une amie, elle est mercenaire. Elle est plutôt... Réservée, mais elle trouve que c'est facile de me parler.
Que trois personnes lui fassent cette réflexion, ce n'était plus une coïncidence, ni un trait de caractère qu'il devait négliger. Lui qui se trouvait toujours si maladroit avec les mots, qui avait dédaigné la présence des autres pendant plus d'un an se découvrait une compétence qu'il n'aurait jamais deviné posséder. Sans qu'il ne sache pourquoi, il se rappela l'une des paroles d'Odalie. Un paysan ou un soldat peu changer le cours de l’histoire aussi surement qu’un roi. Et s'il s'agissait de sa véritable force ? La raison pour laquelle son destin semblait s'entremêler à celui de ses proches et connaissances : sa capacité à s'entourer de personnes dignes de confiance, un pouvoir fédérateur qui n'était point à omettre compte tenu de la situation.
On se défendra ensemble. Oui, que pouvaient-ils faire de plus ? Il n'était pas question de se formuler des promesses qu'ils ne pouvaient pas tenir ; un principe qui était à la base de leur étrange relation et qu'Alaric avait accepté dès l'instant où il l'avait retrouvée dans la taverne d'Herold, après leur première nuit.
En tout cas, même si sa comtesse ne pouvait discerner tous les secrets, la Reine semblait être l'une de ces menaces. Alaric opina, grimaça à l'évocation du comte de Rougelac, sans pour autant être surpris d'apprendre qu'il avait sans aucun doute des intérêts avec la première Dame de Marbrume. Ce vieux renard était au rendez-vous des affaires les plus obscures et lucratives ; jamais le capitaine de Sombrebois ne ferait confiance à son ton mielleux ni à son sourire hypocrite.
Il aurait aimé répondre à la question d'Eve, mais n'en avait pas les moyens. Que possédait Sombrebois de si important pour monopoliser l'intention d'Eugénie de Sylvrur ? Athanase ? Mettre la main sur l'héritier et évincer Rosen, de sorte qu'elle obtînt la place-forte la plus importante du royaume ? Pas impossible, mais elle pouvait l'obtenir sans transformer la forteresse en bain de sang. Mais qui avait parlé de massacre, si ce n'est cette foutue diseuse de bonne-aventure ? Les intrigues, ce n'était décidément pas son fort... Pourtant, il fallait bien naviguer en ces eaux troubles, s'il désirait protéger Sombrebois comme il l'entendait. Alaric s'était trop battu pour le château, pour le bourg, pour que quelques caprices de nobles fassent voler en éclats tous ses efforts.
Mon amour. Il rougit malgré lui, essaya de le masquer en lui souriant. C'était complètement ridicule ; il avait l'impression d'être un adolescent qui vivait ses premiers émois. Ce qui n'était pas tout à fait faux... Il remerciait les Trois d'avoir été suffisamment cléments envers lui pour lui accorder un amour aussi fusionnel que partagé avant que sa vie ne s'achevât pour de bon.
— Tu as raison, concéda-t-il.
Après tout, il avait déjà joué la carte de l'honnêteté avec Roxanne dans sa lettre et le résultat avait été loin d'être catastrophique. Eïlyn ne lui avait-elle pas donné de conseils similaires, au moment de la rédaction ? Alaric se redressa quelque peu, passa une main dans le dos d'Eve afin de la maintenir assise sur ses genoux.
— Puisque Rosen semble t'apprécier, et que tu vas rester près d'elle toute la journée... Tu pourrais peut-être essayer d'obtenir les réponses qu'elle n'a pas voulu me donner ?
Il se pencha et l'embrassa dans son cou, effleurant sa peau de sa barbe de quelques jours.
— Et moi, je m'occupe de cette mystérieuse châtelaine.
Un rayon de soleil filtrait à travers la meurtrière et se déversait sur une moitié de leurs corps. Dans l'ombre, bien que leurs vêtements ne traînaient plus à gauche et à droite, il était aisé de discerner les contours des draps froissés, la silhouette de la couverture de laine balancée sans ménagement sur le sol. Il était temps. Alaric scella leurs lèvres une dernière fois, un baiser chaste et tendre, l'un de ceux qu'il imaginait, autrefois, donner à son épouse avant de partir s'occuper des champs.
Il glissa ses doigts dans les siens et l'enjoignit à se lever.
— Il est temps de nous mettre au travail, Ma Dame la Comtesse, lui souffla-t-il, un sourire en coin sur les lèvres.
Il n'avait pas envie que cet instant se termine sur l'angoisse qui les tenaillait tous les deux, retorse et roublarde.
Alaric l'entraîna devant la porte, s'arrêta devant cette dernière, puis dévisagea Eve, confus.
— Euh, mais comment est-ce qu'on sort ? Tu veux aller avant ? Normalement, Rodron et Hilde ne devraient pas passer, mais Victor est toujours...
Eve mit fin à ses questionnements en ouvrant la porte au même moment où elle lâchait sa main – il valait mieux ne point tenter les Trois à ce point-là. Une fois qu'elle fut dans le couloir, alors qu'Alaric demeurait dans l'encadrement de la porte, elle lui demanda, le plus naturellement du monde, s'il avait bien dormi, employant des politesses d'usages aussi futiles que nécessaires. Il n'y avait personne dans le couloir, ce qui n'empêcha guère le capitaine de répondre.
— D'un sommeil réparateur.
Elle lui sourit et, veillant à ne pas claquer la porte, elle s'éclipsa dans sa chambre. Alaric resta un moment seul, ses yeux rivés sur la porte close. Soudain, les murs de pierres lui apparurent si étroits, si froids ; étouffants. Il soupira et passa une main dans ses cheveux, avant d'adresser une prière aux dieux. Permettez-moi de la revoir ce soir... Son oraison terminée, il gagna enfin les escaliers, tâchant de se donner du courage. Ma Dame, voulez-vous faire le tour des nouvelles fortifications en ma compagnie ? répétait-il tout en gagnant le hall principal. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Ven 3 Juin 2022 - 14:20 | | | 24 Mai 1167. Roxanne n’était revenue de son entrevue avec Victor que depuis quelques minutes, à dire vrai, elle n’avait pu qu’enlever sa robe, ne portant pour tout vêtements qu’un fin tissu de voile qui ne dissimuler ses formes que par la grâce de l’unique bougie qui éclairait la chambre. Le choc contre la porte la fit se tourner vivement, sa main ayant par habitude dégainer la fine lame qu’elle dissimulait dans les plis de la robe jetée sur le lit, prête à frapper. Mais aucune attaque ne vint à part un tambourinement lent mais paniqué contre la porte qui la séparait de la Baronne. Puis vinrent les cris, de peur, de panique et la châtelaine bondit vers la porte qu’elle déverrouilla à la volée, pour trouver une Rosen ni mourante ni même blessée, pas plus qu’en danger d’ailleurs après avoir regarder dans la chambre. Mais elle restait là hurlante et gémissante, en l’appelant sans la regarder. La noble passa sa main devant les yeux hagard de la jeune femme. Rien. Elle dormait. Cauchemarder serait plus exact. Elle posa une main sur l’épaule tremblante. - Rosen… Comme si elle avait désactivé une machine furieuse par ce simple mot, les bras de Rosen se décrispèrent et chutèrent le long de son corps et sa voix se mua en un murmure qui s’éteignît tout à fait. De la même manière qu’elle l’avait, un milicien ouvrit la porte avec force, épée à la main. Bien trop tard à son gout, si assassin il y avait eu, il aurait sans peine achevé son œuvre avant que cet énergumène ne se présente. Elle devrait en toucher un mot à Alaric… L’homme fouilla la chambre de ses yeux et les découvrit avec un air ahuri. Bien sur la lame qu’elle tenait avait disparu derrière elle dès que le bois du battant avait commencer à bouger. De sa voix calme mais impérieuse, elle apostropha le combattant. - La Baronne a fait un mauvais rêve. Retournez à votre poste ! Et merci de votre « prompt » intervention. L’insistance sur le mot suffit à faire rougir de honte le milicien qui s’inclina bien bas en refermant la porte sans même s’apercevoir de l’atonie de sa maîtresse. Roxanne jeta un nouveau coup d’œil à la chambre. Le plus surprenant restait sans doute le fait qu’elle n’avait pas réveiller son enfant malgré ses cris. L’héritier de Sombrebois avait visiblement la capacité d’absorber le sommeil de sa génitrice. Mieux valait qu’il en soit ainsi, Rosen était déjà bien assez instable pour ne pas y ajouter la culpabilité d’un réveil brutal. Roxanne soupira. - Tu ne me facilites pas vraiment la tâche tu sais… dit-elle à la jeune femme toujours amorphe. Elle se détourna et rangea l’arme où elle l’avait prise. Quand son attention revint à la baronne en se demandant ce qu’elle allait pouvoir faire, elle perçu rapidement la différence. Les yeux vitreux avaient retrouvé une certaine lumière et sa lèvre inférieur avait cessée de trembler. Il fallut encore quelques instants pour que le réveil ne soit complet et qu’elle lui sorte un euphémisme qui faillit bien la faire éclater de rire. Quand on avait un sommeil agité, on se retrouvait coincé dans ses draps, le cul par terre à la rigueur, mais on n’essayait pas d’enfoncer une porte en hurlant. - Ah bon ? Je ne l’avais pas remarquer, répondit Roxanne avec une ironie qui n’avait pas vraiment de traces de moquerie, son regard vert perçant trahissant même une point d’inquiétude sincère. Le geste de Rosen ne l’a surprit qu’à demi, elle aussi avait eu besoin de réconfort lors des nuits d’horreur et de mémoire. Mais au contraire de sa propre expérience, elle ne lui refuserait pas ce réconfort. Elle se mit à caresser doucement ses cheveux blond et légèrement humide, la laissant se réchauffer l’âme et le corps contre elle. - Une calamité même. Elle pouffa. - Mais c’est un peu ma spécialité, alors disons que je fais avec, ajouta-t-elle après un instant. Rosen était bien un fléau. Une force brute et dangereuse qui n’avait pas pour habitude de faire autre chose que détruire. Et pourtant là voilà qu’elle se trouvait être une clé de voûte sur laquelle de nombreuses vies reposées. Sans doute aurait-elle du mettre fin à tout cela avant de partir, sacrifier cette pièce pour éviter d’avoir à se reposer dessus, même si c’était là l’objectif des ceux qu’elle affrontait. Au moins aurait-elle pu agir à sa guise sans craindre de voir tout cela s’effondrer parce que l’esprit de Rosen ne se supportait plus lui-même. Mais elle ne l’avait pas fait. Par calcul, par l’affection qu’elle lui portait, par l’espoir qu’elle avait de plier l’univers à sa volonté. Et maintenant il était trop tard pour changer d’avis. « On ne remonte pas la rivière du temps, peu importe à quel point l’on rame, tout ce qui nous guette, c’est l’immobilité et la mort. Va de l’avant. » C’est ce qu’il lui avait dit alors qu’il enfonçait sa lame dans son ventre. Elle irait de l’avant. - Oui, allons dans le lit, répondit-elle à la jeune femme en relevant le visage de Rosen d’une main douce, alors que ses lèvres trouvaient les siennes pour gouter leur saveur salé par ses larmes. Rosen ne tiendrait pas seule et si elle s’effondrait, alors le reste s’effondrerait avec elle. Elle devait l’empêcher, coûte que coûte. Sa langue poussa pour passer les barrières closes, glissa contre sa consœur pour lui apporter l’affection que son âme réclamait à cri. La baronne sentit les mains dans son dos délasser sa chemise de nuit, la faire glisser sur ses épaules, tomber le long de ses jambes pour faire un cercle autour de ses pieds, la laissant nue, vulnérable, mais dans des bras chauds qui la serraient aussi tendrement que passionnément. Bien entendu milles questions devaient passer dans l’esprit de Rosen qui n’avait été remise à sa place que quelques heures auparavant. Et quand leur bouche se séparèrent elle bredouilla en cherchant la force de les poser. Mais l’index de Roxanne qui se posa sur ses lèvres la fit taire et un sourire se dessina sur la créature aux yeux émeraudes. - Tu l’as dit, on parlera demain. Pour le moment contente-toi d’oublier. Il n’y a rien, rien que nous dans un espace qui n’appartient qu’à nous. Elle prit sa main et l’entraina vers le lit. Était-ce de la manipulation ? Assurément. Était-ce de l’affection ? Assurément. Roxanne du Val d’Asmanthe était un être complexe, dont le devoir était intrinsèquement lié à sa nature. Pour cela, certain l’avaient vue comme une héroïne, d’autres comme un monstre cruel. Pourquoi l’un empêcherait l’autre ? Elle poussa Rosen qui s’échoua sur la couverture douce et défit le nœud de sa propre tenue qui rejoignit le sol tout aussi aisément que celle de la baronne. La peau rencontra la peau. Les cicatrices de leur ventre aussi s’épousèrent, l’une ancienne, l’autre récente. Comme un miroir temporel. Sa bouche retrouva celle solitaire et s’en empara plus passionnément qu’un instant plus tôt jusqu’à raccourcir leur souffle. Une goutte d’un lait chaud et maternel jaillit du téton tendu d’excitation de la jeune mère et Roxanne, sans gêne ni dégout vint la recueillir de la pointe de sa langue avant d’embrasser le sein gonflé et sensible, arrachant un gémissement à sa propriétaire. Le premier d’une longue série. L’acte fut long. Parfois brutal, parfois délicat, la Châtelaine occupant aussi bien le corps que l’esprit de sa compagne, empêchant toutes pensées autres que le plaisir de s’immiscer entre elles. Ses doigts trouvèrent le ventre chaud et humide, s’acharnèrent sur la pierre précieuse qui le surmontait. S’aventurèrent plus loin encore entre les rondeurs de ses fesses, l’explorant sans aucune limite. La baronne se tendit tout d’abord, puis accepta l’intrusion, sa gorge serrée dans un râle. Roxanne imposa le rythme de ses doigts, mais aussi celui des jouissances jusqu’à ce que Rosen demande grâce, tout son corps tendu comme un arc sous les profonds assauts. Elle finit par lui mordre l’épaule presque au sang pour retenir un hurlement de plaisir sans pour autant que la rousse ne la libère une seconde de son impitoyable et délicieux joug. Ce n’est que lorsque l’épuisement physique et mental de la Baronne atteignirent leur paroxysme la poussant dans un état de sommeil proche de l’évanouissement qu’enfin la passion cessa. Roxanne ramassa la couverture qui avait depuis longtemps chutée au sol et la remonta avec délicatesse sur le corps satisfait et éreinté de sa compagne. Pas que le sien soit dans un bien meilleur état, mais Rosen avait visiblement accumulé une fatigue colossale ces derniers jours, tandis qu’elle avait depuis longtemps appris à dépasser ses limites, même de manière aussi agréable. D’un pas aussi léger qu’une plume, elle entreprit d’aller fermer la porte de séparation restée ouverte et de la verrouiller. Les découvrir ainsi n’arrangerait pas leur affaire, alors qu’une fois dans leur tenue de nuit, les cauchemars avec témoins de la baronne suffiraient amplement à expliquer qu’elle ne soit pas restée seule. Elle ramassa les tenues éparpillées et le jeta sur le dossier d’une chaise avant de tourner ses yeux vers la jeune femme endormie. - Non, tu ne me la facilite vraiment pas… Après quelques secondes d’un silence pesant uniquement percés de leurs souffles, un sourire plus doux se dessina sur ses lèvres. Demain, demain était un autre jour et elle irait dans le sens du courant. Cette nuit, elle pouvait bien ramer un peu. Bien qu’endormie profondément, Rosen se blotti instinctivement entre ses bras quand elle la rejoignit sous les draps, son visage blême mais plus serein qu’il ne l’avait été depuis son arrivée, se calant dans son cou. Roxanne la serra un peu plus et s’endormit pour les rares heures qu’ils leur restaient avant l’aube. *** - J’en conviens parfaitement messire, si j’étais venue en pensant pouvoir vous convaincre, j’aurais été bien sotte. Je me contente de… comment dit-on déjà ? Planter la graine dans le terreau fertile. Maintenant il faut laisser le temps faire son œuvre. Roxanne effectua pour le comte une splendide révérence pleine de soumission et de charme que ni l’un ni l’autre n’interpréta ainsi bien entendu. Se détournant, elle gagna la porte. Mais une fois sa main sur la poignée elle s’interrompit pour tourner la tête vers le noble. - Gardez bien cette lame près de vous mon seigneur. Les barn sont la preuve que le secret vaut plus que la vie de certains alliés quand la détermination est suffisante. Et même si il ne me déplait pas de vous voir à ce poste de gouverneur, je ne crois pas que vous soyez bien mieux installé qu’ils ne l’étaient. L’ambition dévore tout, même ceux qui la possède, dormez bien. Après un délicat sourire, elle ouvrit la porte et sorti dans le couloir ampli de ténèbres profonde qui devinrent totale à l’instant où le battant reprit sa place. Il ne lui restait plus qu’un détour à faire et elle irait dormir pour être prête à la journée qui s’annonçait. Un soupir las s’échappa de ses lèvres à sa surprise et elle sourit pour elle-même. - Tu vieillis ma grande… Sans autre mot, elle s’avança dans l’obscurité, son domaine privilégié. *** Elle aurait bien voulu lui envoyer une réplique un peu piquante du style « Décidément, tu en fréquentes des filles ! », mais elle savait pertinemment que la petite pointe de jalousie qui naissait en elle à la mention de ces demoiselles avait bien plus à voir avec le manque de sa présence à ses cotés qu’elle éprouvait au quotidien que d’un quelconque doute sur sa fidélité ou même sur leurs intentions à elles. Pire encore, elle était presque sûr que le fait que Alaric les apprécie signifierait sans doute qu’elle les trouverait intéressantes si elle avait l’occasion de les rencontrer. Maudite honnêteté qui nous empêche de nous affaler dans un déni boudeur, jamais tranquille ! Elle hocha la tête vaguement quant à l’idée de voir si la Baronne avait plus à dire encore qu’elle ne l’avait fait jusque-là. Elle en avait eu l’intention de toute façon, même si elle devrait trouver plus subtil qu’un « En baisant votre capitaine, il m’a dit que vous craigniez une attaque, vous voulez qu’on en parle ? » Aeryn… pourquoi ce nom lui titillait-il la mémoire ? Il ne semblait pas lui connaître un homonyme dans son entourage. Ses livres peut-être ? Elle en avait lu tant… mais lequel ? Non cela remontait plus loin que cela. Des yeux bleus sous un ciel étoilé. Sa mère parlant à l’homme à l’épée… Le baiser d’Alaric fit fondre sa réflexion comme neige au soleil. Il n’était pas aussi passionné que ceux qu’ils avaient échangé au cours de la nuit, ni même depuis le début de leur relation. Au contraire, il était tendre, délicat, léger. Sans vraiment pouvoir l’exprimer cela la rendit tout chose. Comme un gout d’espoir, la trace d’un quotidien rêvé, d’une vie simple, d’un ruban à son poignet. Elle pressa ses doigts en les sentant glisser entre les siens. - Allons-y Capitaine. Lui répondit-elle en chassant son émoi pour revenir à l’instant présent. Ça, elle savait le gérer. Alaric trouva Roxanne non pas dans le hall, mais dans la cour en compagnie de sa seconde. La noble recevait visiblement une leçon sur le tir à l’arc de la part d’une Eïlyn toute concentrée et pédagogue, il put l’entendre critiquer la position de sa main, l’angle de son coude, avec autant d’autorité et d’assurance qu’elle en aurait eu devant une jeune recrue. Ce qui ne semblait aucunement gêné la noble qui se montrait une élève appliquée. Un « tchak » satisfaisant indiqua que le tir avait fait mouche dans la cible dressée à quelque pas de là. Les deux femmes échangèrent un sourire satisfait avant que la jolie brune n’aperçoive sont supérieur. La seconde qu’elle mit à se mettre au garde à vous fut sans doute un peu longue tant son regard détailla l’arrivant dans le but d’y voir une chose attendue, mais Roxanne ne sembla pas le remarquer, ou du moins pas y prêter d’importance, elle se contenta de transformer son sourire en un plus courtois. - Capitaine, quel plaisir de vous voir. Votre seconde m’apprenait quelques astuces pour survivre là dehors. Nous ne sommes jamais trop prudents n’est-ce pas ? Surtout par les temps qui courent. La noble n’exprima aucune hésitation ou trace d’ennui quand Alaric lui fit sa proposition, seule une lueur passa dans son regard, pas si différente de celle qui s’y trouvait quand la flèche avait atteint sa cible. Elle remit l’arc à Eïlyn en la remercia avec une sincérité qui fit baisser les yeux à la jeune femme pourtant difficilement déstabilisée. Elle avait dit à Alaric que la châtelaine lui avait fait forte impression à l’époque, mais maintenant pouvait-il s’en apercevoir de visu. Les cheveux roux voletèrent légèrement quand elle pivota pour venir se placer à ses coté, glissant un bras autour du sien. - Je vous suis, Alaric, ponctua-t-elle gaiement.
Dernière édition par Dame Corbeau le Dim 5 Juin 2022 - 14:28, édité 1 fois |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Ven 3 Juin 2022 - 22:13 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau Alors que je suis dans ses bras, je sens sa main caresser mes cheveux. Elle aurait pu me repousser doucement, me recentrer en me reculant pour me regarder dans les yeux et me parler jusqu’à s’assurer que j’ai bien retrouvé mes esprits puis me renvoyer dormir. Me canaliser d’une façon ou d’une autre, en soi. Mais ce n’est pas ce qu’elle fait. Je l’écoute plaisanter sans amusement, rire finalement en me traitant de calamité, me signaler que je suis le genre de spécialité qu’elle gère sans trop savoir si je dois m’en inquiéter ou pas. Certainement. C’est pourtant la dernière chose qui pourrait m’inquiéter à ce moment précis. Ça aurait même tendance à être le contraire d’ailleurs. Ne voulais-je pas qu’elle m’arrête après tout ? Mais elle reste près de moi à me rassurer, à chasser de mon esprit ces terrifiants fantômes qui hantent les espaces sombres et clos qu’elle connaît elle même si bien. Ces ténèbres qui nous entourent toute deux depuis si longtemps et qui font partie de notre essence. Des ténèbres perceptibles jusqu’au sein même de notre regard. Ces ténèbres dévoreuses d’émotions, de sensibilité, mais qui pourtant à leur guise en régurgite un entrelacs diffus. Parant une personne d’une armure d’acier un jour pour pour la dépecer de sa peau le moment suivant, la laissant à vif. Semant dans les âmes des graines invisibles prêtes à germer à tout moment en fonction des aléas de la vie, certaines prédisposant à la vulnérabilité d’un poussin, là où les autres prédisposent à la férocité et l’insensibilité d’un fangeux. Certains n’auront qu’un amas de vulnérabilité, d’autres juste de la détermination froide, cruelle et insensible. D’autres encore vont vaciller entre les deux tout au long de leur vie en fonction des événements ou des personnes. La vie marque les êtres et leur destinées en fonction de la fantaisie divine. L’être humain est capable du pire comme du meilleur et il ne tend qu’à son prochain de cultiver le penchant qui l’intéresse. Oui, c’est bien l’être humain qui façonne son prochain, au plus tôt dans l’enfance pour mieux le façonner. Que ce soit en assassinant la famille d’une petite fille de 3 ou 4 hivers sous ses yeux une nuit, l’affublant de nombreuses saignées de rappel tout au long des années en enchaînant horreur sur horreur, ou encore en faisant naître une petite fille dans des geôles obscures, la laisser grandir pour finalement lui retirer la seule chose qu’elle a pu aimer des années plus tard dans sa triste existence. La seule lumière qui a éclairé sa vie. Celle qui faisait qu’elle valait malgré tout la peine d’être vécue. Oui, la vie, les Dieux, l’humain laissent leur trace au sein des esprits de l’humanité. Se servant des uns et des autres à leur gré comme tant d’objets à utiliser pour leur dessins divers à variés, créant une voleuse d’un côté ou une intrigante de l’autre, par exemple. Achetant la première ou sortant d’une prison la seconde pour se faire. Mais il faut surmonter ça, encore et encore, encore et toujours si l’on tient à rester dans la partie. Avec ou sans main tendue. Et apprendre vite, très vite, est la clé de la survie. La grande farandole de la vie… Et si j’ai en ce moment cette impression que les murs vont m’enserrer, que l’obscurité m’étouffe et que ces visions macabres vont se matérialiser devant moi d’une seconde à l’autre pour me dévorer, doucement, le contact de Roxanne m’apaise et me redonne pied avec la réalité. Là, cachée dans son cou, je sens ma respiration ralentir, devenir plus fluide, moins laborieuse. Son rire me fait sourire, réchauffe mon cœur comme le soleil qui fait fondre la neige en plein hiver. Une confirmation. Cinq mots, deux gestes. Au moment où je sens ses lèvres sur les miennes, je suis empreint de confusion. Est-ce que je ne me suis juste pas réveillée en fin de compte ? Peu probable, mais je me pose réellement la question. Il y a bien longtemps que je ne cherche plus à comprendre ce monde fou… Sa langue se glisse dans ma bouche pour entraîner la mienne, ses mains me dévêtissent en un geste habile, ses bras me serrent contre elle dans un étau protecteur. Je ne résiste pas le moins du monde, bien sûr, malgré ce brouillard et cette incompréhension. C’est tout ce que j’espérais. Ce que j’attendais. Profiter du moment présent, c’est ce que je me suis promis et je vais m’y tenir sans laisser mon esprit errer pour le gâcher. J’aurais bien le temps de cogiter plus tard et Roxanne ne me laisse de toute façon pas émettre le moindre mot. Mon cœur et ma respiration qui s’étaient calmés repartent alors de plus belle et s’emballent. Que nous. Rien que nous… Un espace rien qu’à nous. Il est toujours agréable de se laisser guider par une voix rassurante lorsque l’on se sent égaré en plein cœur du néant. S’imprégner d’un timbre ferme, se laisser bercer par chaque mot hypnotique qui, même s’ils ne sonneront jamais tout à fait vrais, ont le mérite d’avoir leur pertinence et de prendre tout leur sens sur le moment présent. Le présent… Je la laisse me pousser sur le lit, l’observe se dénuder à son tour avant de me rejoindre. Maintenant, elle sait pour la césarienne. Mais ça n’a aucune importance. Elle gardera ce secret là aussi… et sinon, ce n’est pas grave. Je la laisse alors mener la danse, me faire ce qu’elle veut au gré de ses envies et de sa lubricité, allier une douce tendresse à cette excitante brutalité qui a si souvent fait partie de mon quotidien. La nuit est longue, très longue, mais pas comme je l’avais imaginé de prime abord. Athanase n’a pas pleuré si longtemps en début de soirée, se rendormant finalement assez vite après la tétée pour une étrange raison. Est-ce le fait que j’ai bu un peu d’alcool qui l’aurait finalement détendu ? Il faudra que je ressaie pour voir… Pour l’heure, je concentre toute mon attention sur Roxanne. Ma belle Roxanne… Sur ses gestes, ses mots. Ses regards envoûtants auxquels je reste suspendue le souffle court, tremblante, fébrile même, la laissant admirer toute l’étendue de sa domination. Et ce qu’elle aime ça… me voir si vulnérable entre ses mains. Savoir qu’elle peut faire absolument tout ce qu’elle veut de moi sans la moindre difficulté, se délectant de me soumettre à son rythme tyrannique et de voir à quel point mon corps peut réagir à ce doux supplice, supplier de lui même à chaque fois qu’elle contrôle un peu trop bien pour me contenir. Voir à quel point mes gémissements s’étirent, s’allongent, s’affolent même parfois pour qu’elle cesse de me torturer et me libère de cette intense excitation insoutenable. Oui, ses doigts et sa langue qui parcourent l’intégralité de mon corps m’engourdissent d’enivrement, m’arrachent ces nombreux soupirs avec aisance lorsque bon lui plaît. Le plaisir et le bonheur ressenti de nos deux corps réunis. Elle a ce secret qu’elle est la seule à posséder pour me faire fondre d’un seul regard, d’un seul geste. C’est la seule qui arrive à me faire tout oublier, à arrêter le temps. A me faire oublier Hector, même. Ce que je ressens avec elle, c’est tellement proche de ce que je ressentais avec lui. Si c’est un rêve ce soir, je voudrais ne jamais me réveiller. Et quand elle a fini de jouer avec mon corps après avoir largement repoussé mon endurance au-delà de ses limites et que nous sommes allongées de côté face à face, je me perds une dernière fois dans son profond regard, résistant autant que possible à l’endormissement qui me cerne de très près. Mais mes paupières ploient rapidement et finissent par se fermer ; et je résiste ainsi encore quelques secondes, peut-être dix ou quinze, peut-être vingt, tout au plus, toute mon attention rivée à ce qui se passe dans la pièce. Mais je ne perçois rien, pas un mouvement de Roxanne, pas un bruit, et je sombre alors vers le sommeil. Ah, si seulement je pouvais mourir là, ici et maintenant, ça serait la plus belle des morts et mon plus grand bonheur. Peut-être qu’un jour, Roxanne me libérera enfin. Mais elle alors… qui la libérera ? ***
Au loin, un bruit me tire brusquement de mon sommeil aussi sûrement que si un cor d’alerte venait de résonner sur les remparts – bien que depuis que le mur est terminé ces dernières semaines, je ne l’ai plus jamais entendu. Athanase ! Je cherche instinctivement sa petite tête de ma main pour l’attirer contre ma poitrine, mais je remarque rapidement que quelque chose ne va pas. Déjà, ses pleurs me paraissent terriblement lointains. Ensuite, je suis dans les bras de quelqu’un. Et pour finir, au vu de la texture molle sur laquelle je viens de poser la main, ce n’est certainement pas le crâne de mon fils. A l’ampleur de mon épuisement, je crois pouvoir dire que je n’ai déjà pas assez dormi. Je fais un effort pour ouvrir les yeux, croise alors le profond regard de Roxanne contre laquelle je suis blottie. Uuuh ? Est-ce que je dors encore ? Voilà la première question que je me pose. Est-ce que je suis venue de moi même dans son lit au beau milieu de la nuit ? Ça, c’est la seconde. La troisième, c’est comment je vais réussir à rejoindre mon fils au vu de mon état. J’ai mal partout… Ça fait longtemps que je n’ai pas eu tant de courbatures. Et mes yeux gonflés me brûlent d’une force... Le regard de Roxanne ne perd décidément jamais en intensité, que ce soit dans l’obscurité ou au sortir du sommeil. J’ai du mal à m’en détourner, évidemment. Elle est si belle, légèrement échevelée, nue, les yeux plissés, cernés d’un sommeil bien trop court. Je crois qu’on a dû dormir deux heures, tout au plus. Mais même comme ça, elle donne toujours cette impression de pouvoir affronter une armée de fangeux à elle toute seule. Non, je crois que je me suis trompée. Ce que je ressens… c’est même pas comparable à ce que je ressentais pour Hector. Bien sûr, je tenais à mon mari. Mais un simple regard ne me mettait pas dans cet état. C’est différent. Totalement différent… C’est quand je remarque ma main qui empoignait un endroit inconvenant que je sors de ma contemplation fascinée. « Euh… pardon, je cherchais mon fils... », me justifié-je dans un sourire penaud en lâchant enfin son sein. Pour une fois que je n’ai pas voulu la tripoter ! Il faut croire que je ne peux pas m’en empêcher, même inconsciemment. J’ai un peu de mal à décrocher mon regard de sa poitrine… peut-être que c’est la dernière fois que je peux la voir, après tout. Qui sait de quoi demain sera fait. Alors autant en profiter pleinement, vivre comme si ce jour était le dernier. Le moment présent. Je fais un effort pour me concentrer. Il me faut bien quelques secondes pour remonter le cours de la soirée… et quelle soirée ! J’ai du mal à remettre tout en ordre en y repensant. Que voulais-je lui dire déjà, après mon cauchemar ? Ah oui, de m’arrêter. Que le lendemain allait être une journée dont je risquais de ne jamais réussir à me remettre. Lui demander ce qui m’attendait, que si ça finissait mal, je pourrais me perdre irrémédiablement. Que j’étais arrivée à un tel état qu’il suffirait de bien peu pour que je bascule. Un appel à l’aide… J’aurais pu envisager de lui demander son aide, que j’avais besoin d’elle et d’elle seule pour ne pas sombrer. Mais je n’aurais jamais pu lui demander ça au vu de ce qu’elle m’avait dit la veille. Alors je lui aurais juste demandé de m’arrêter d’une manière ou d’une autre. Je voulais encore lui demander pourquoi elle n’avait pas fait ce qu’il fallait pour que tout se termine une bonne fois pour toute. Si tout ce que je devais endurer en valait vraiment la peine. Si tout ce qu’elle m’a dit que devrais encore endurer en valait la peine… Lui dire que j’ai beau faire mon possible pour bien faire, que c’était inutile car tout me ramenait sur ce funeste chemin malgré moi. Que j’avais beau vouloir remonter le courant vers la lumière, il finissait toujours par m’entraîner encore plus bas vers les ténèbres. Après tout, il y a un moment où il faut arrêter de s’acharner sur une porte fermée quand il y en a une grande ouverte juste à côté… Et maintenant, que voudrais-je lui dire ? Je ne sais plus. Je baille à m’en décrocher la mâchoire, me redresse un peu avant de me laisser finalement retomber sur le lit dans un grognement d’inconfort. Et Athanase pleure toujours, resté dans mon grand lit depuis la veille. Et au vu de son caractère de cochon, je sens que la matinée va être longue ! « Je crois que mon petit monstre est réveillé... lui dis-je d’une voix toujours ensommeillée, parcourant lentement la peau douce de son bras du bout du doigt. Et j’ai une bonne dizaine de personne à aller voir ce matin… ça va être sport, je sens. Je vais devoir courir après tout le monde en un temps record. »Surtout que ce ne sera pas pour faire causette trente secondes. Je dois me faire retirer les points par Edwige, lui parler, faire de même à Marie-Ange, faire le point des préparatifs avec Pénélope et Alaric, faire visiter sa baraque à Victor et avoir une discussion avec lui au passage, approfondir le sujet d’hier avec Eve, parler à Hilde et Mérédith… sans compter l’imprévu qui me fera encore courir après d’autres personnes. Après tout ça la matinée sera sans doute bien avancée et il faudra monter au temple en haut pour faire la cérémonie de naissance d’Athanase. Et la journée sera loin d’être finie, il faudra encore aller dans le bourg pour participer à la seconde cérémonie d’Athanase dans le temple en début d’après-midi à laquelle j’ai prévu de faire une apparition. Ensuite, quelques festivités dans le village en l’honneur de mon fils auxquelles je suis du coup bien tenue d’assister un minimum malgré le danger que ça représente. Tout est encore flou. Je n’ai pas vraiment détaillé le programme prévu officiellement, ne souhaitant pas faciliter la tache à ceux qui risqueraient bien de tenter quelque chose ce jour – je crois que je les ai déjà trop aidé ces derniers temps. Mais tout un chacun se doute bien que c’est un grand jour pour Sombrebois et que j’ai organisé pas mal de choses. Je baille à nouveau, achevant dans un soupir fatigué. Oui, cette journée sera une vraie course contre le temps, une vraie partie d’échec contre un adversaire pour l’heure invisible, agrémentée de divers tours de passe passe aux points stratégiques, autant que possible. J’ai dû faire de mon mieux pour tout planifier de façon la plus sécurisée possible, mais je n’ai aucune assurance que cela aidera. « Quelle journée de merde que ça va être... lui dis-je en me lovant à nouveau contre elle. Tu veux pas arrêter le temps ? Ou sinon je sais, on envoie tout le monde bouler et on reste là, à se prélasser au lit jusqu’à demain. »Je glousse doucement de ma plaisanterie. Si ça pouvait être si facile... Autrement, je pourrais tout annuler, me contenter de la cérémonie dans le temple du château en comité restreint puis me cloîtrer dans ma chambre pour une semaine en prétextant une maladie. Ça serait un peu lâche, non ? Mais Roxanne est là pour affronter ça à mes côtés, Alaric et tous les autres aussi, Hilde, Marie-Ange, Rodron. Edwige, même, à sa façon, qui sera là pour me soutenir malgré les risques que ça implique. Ils seront toujours là pour ça. Il y a même Eve, pourtant une figure royale, qui est venue risquer sa vie aussi. Ironiquement, je crois que je peux dire aujourd’hui que je ne suis pas seule en fin de compte. « Bon, bon… je vais déjà commencer par nourrir mon affamé, puis on va pouvoir parler de la journée pendant ce temps. Que tu me dises ce qui m’attend… Tu veux bien aller me le chercher ? »Oui, Roxanne sait toujours plus que ce qu’elle veut bien dire. Je passe mes bras derrière la tête, fixant d’un air absent le plafond. « Pourquoi tout ce bordel hein ? » Et qu’est-ce qu’ils voulaient, en échange de cette magnifique grâce ? L’enfant.Oui, c’était son mot. L’enfant. Mais pourquoi diable et qu’est-ce qu’ils veulent à mon fils ? Je me souviens encore. 'Nous voulons Sombrebois, et vous allez nous le donner.'Ce à quoi j’avais vraisemblablement répondu, pour une des rares fois de ma vie, avec une logique imparable : 'Je ne peux vous donner ce que vous possédez déjà.' Il aurait été si simple de me dégager pour mettre qui ils voulaient à la place… Victor, par exemple. J’essaie encore de remettre en place les rares pièces du puzzle que j’ai en ma possession ; Le couple royal en totale opposition l’un et l’autre ; l’un en lien avec les Victorieux, l’autre possiblement en lien avec le cloaque. Les Victorieux en guerre visiblement avec le cloaque, entre autre. La reine qui veut Athanase… me faire tuer pour l’avoir et récupérer le bourg de la sorte ? Mais pourquoi de cette façon ? Mes pertes à venir prédite par une cinglée… Une autre cinglée qui me dit que Roxanne a été mise là… comme appât pour un plus gros poisson ? N’était-ce pas cela qu’elle avait dit ? Ma mémoire me fait défaut. Trop de données à prendre en compte avec une bonne partie probablement oubliées. Trop peu d’informations que j’arrive à obtenir, trop peu que j’arrive à retransmettre. Et maintenant, contre toute attente, Roxanne qui me signale qu’il n’y a pas que moi qui suis en danger. Athanase aussi. Combien de parties s’affrontent dans cette histoire ? Y en a-t-il seulement deux… Tout le me porterait à croire qu’en réalité, il me manque une inconnue essentielle. Non, pas deux… Il n’y en a jamais eu seulement deux. Si seulement je pouvais avoir plus d’informations ! Et si on élimine juste Athanase… que va-t-il m’arriver ? Je serais sans doute forcée d’épouser un prétendant imposé par la Couronne… ou plus précisément par la reine. « Qu’est-ce qu’ils me veulent hein, ces maudits sectaires ? Tu le sais, toi ? Et est-ce que ce ne sont que des mercenaires dans cette histoire ou ont-ils un intérêt personnel à me nuire de la sorte ? Combien de parties sont en jeux… n’y en a-t-il seulement qu’une à combattre ? Roxanne… tu sais, ça m’aiderait vraiment de savoir contre quoi je dois lutter. Si la Couronne veut Sombrebois, pourquoi ne l’a-t-elle tout simplement pas récupéré cet hiver ? Tu dis que mon fils est en danger… mais je croyais que ce n’était que moi qui devait être éliminée.» Tout est tellement flou… qu’est-ce qui peut bien déterminer autant Roxanne alors qu’elle aurait pu me neutraliser depuis longtemps ? Y a-t-il seulement un danger plus grand à couvert qui menacerait tout le royaume si jamais je tombais ? J’ai beau chercher, je ne vois pas. Le plus probable et que dans leur opposition, le couple royal se met des bâtons dans les roues en continu. Et que se passe-t-il si la reine veut Sombrebois mais que son époux le roi n’est pas d’accord, car il sait que sa femme en ferait un bien mauvais usage ? Il ferait son possible pour empêcher de lui le laisser dans les mains. Il ferait donc son possible pour que j’y reste, envoyant quelqu’un pour assurer ma sécurité et la lutte contre sa propre femme. Bon sang ! Je dois être tellement à côté de la plaque… Mais en tournant et retournant tout dans tous les sens, c’est pourtant ce qui me paraît à présent le plus probable. Hmmm… et pourtant, en ajoutant d’autres éléments, ça ne colle pas. N’est-ce pas la reine qui a fait en sorte que Roxanne me croise en me plaçant juste sous son nez ? Je ne comprends plus rien. Pourquoi se tirer ainsi une flèche dans le pied ? Ou alors…. ou alors… elle a placé sur ma route la personne la plus susceptible de pouvoir me faire sauter rapidement au premier faux pas. Une personne froide, insensible, déterminée et teintée d’une cruauté des plus… affriolantes. Eh bien alors si c’est ça, chère Eugénie… tu me pardonneras de ne pas m’être fait baiser de la manière dont tu l’espérais… Je retiens un autre gloussement et tourne la tête pour regarder ma belle Roxanne. Tantôt ange du sexe, ange gardien puis ange de la mort ? Pourquoi faire se succéder ces statuts quand on peut tous les attribuer en même temps.
Dernière édition par Rosen de Sombrebois le Dim 5 Juin 2022 - 14:32, édité 1 fois |
| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 5 Juin 2022 - 12:03 | | | Roxanne avait-elle réellement besoin d'apprendre à tirer à l'arc ? Ou du moins, de parfaire sa technique ? Alaric en doutait sérieusement. Eïlyn y croyait-elle ? Après tout, c'était sa seconde qui avait eu la chance de côtoyer la châtelaine l'épée à la main. Quoi qu'il en soit, la coutilière s'appliquait, concentrée sur son élève temporaire, sans ménager conseils et remarques malgré le rang de sa nouvelle apprentie. Le soldat s'avança vers les deux femmes et, même s'il les salua suivant l'étiquette, il ne manqua pas de sourire à sa seconde, une manière plus personnelle pour lui dire bonjour, une façon pour lui de la rassurer également. Il savait déjà que son quartier-maître était impressionnée par la châtelaine, il en avait encore la preuve sous les yeux : une trouble lueur ternissait ses prunelles métalliques.
— Vous avez bien raison, se contenta-t-il de répondre à la rousse, avant de parvenir à lui proposer de visiter le bourg, d'un ton qu'il espérait plus autoritaire que maladroit.
Sa proximité soudaine le mit mal à l'aise – sans doute était-ce volontaire de sa part – et il dû réprimer une grimace afin de ne rien laisser paraître. Il se força à se détendre – était-elle obligée de le coller de la sorte ? – avant de prendre la parole.
— Comme vous l'avez sans doute remarqué, les rénovations dans le château sont terminées. C'est aussi le cas du bourg.
Il l'entraîna vers la petite place où, malgré l'heure matinale, l'agitation régnait déjà. Les étals étaient installés, la nouvelle marchandise exposée et les allées dépoussiérées ; Sombrebois avait tout l'air d'un village paisible, lorsque l'on ne prêtait attention qu'aux petites gens. Plus que tout, Alaric désirait que la situation restât ainsi ; il n'était pas question que la couronne ou quiconque s'en prenne au peuple de Sombrebois – son peuple – par jeu, par ennui ou pour une autre obscure raison.
— De plus en plus de marchands quittent Marbrume pour venir s'installer ici.
Un point qu'il était sans doute inutile de relever, mais sur lequel il aimait insister : la vie avait repris ses droits dans les marais. Les hommes osaient de nouveau quitter la capitale ; ils faisaient suffisamment confiance à la sécurité du bourg pour espérer y développer une nouvelle vie. Et, il fallait l'avouer, c'était en partie grâce à lui. Après tout, n'était-il pas le capitaine de Sombrebois ? Alaric aimait déambuler dans les ruelles du bourg, repérer les nouvelles enseignes, observer commerçants et familles prendre place dans les maisonnettes et bicoques neuves, rien que pour le plaisir de contempler le résultat de ces mois de travaux, de voir le rêve d'Hector se réaliser. Cependant, il n'avait jamais pris conscience que, depuis qu'il avait hérité du poste du sergent de Morguestanc, il était à la base de cette paix – toute relative – implantée dans le bourg.
À mesure qu'ils progressaient, le soldat se détendait enfin, rassuré par ses propres compétences. Il ne devait pas oublier : il était ici chez lui, il connaissait par cœur les moindres recoins et nouveautés des lieux. Alaric menait la châtelaine vers les différents points d'intérêt, ajoutait ici et là quelques commentaires ou remarques utiles, répondant à ses questions si d'aventures elle en avait, sans douter, sans hésiter. Le capitaine de Sombrebois connaissait son sujet.
— Ces maisons sont toutes terminées et attendent d'être occupées, présenta-t-il, balayant la zone résidentielle d'un geste ample de sa main libre.
Lorsque Roxanne avait quitté précipitamment le bourg deux mois plus tôt, seules les fondations étaient visibles. Désormais, le quartier était complètement terminé ; il tardait au soldat de le voir vivre, lui aussi.
— J'ai une dernière chose à vous montrer, si vous le permettez.
Alaric la guida un peu plus vers le nord du bourg, empruntant un chemin couvert de pierres et non de terre qui procurait un charme certain au quartier. Ils dépassèrent les bâtiments vides et s'arrêtèrent devant les remparts, achevées depuis plus longtemps encore. Puisque la zone demeurait en grande partie inoccupée, peu de badauds y circulaient, aucune oreille indiscrète n'y traînait. Il n'y avait rien à y voir – ce que la châtelaine avait sans doute déjà deviné – mais tout à discuter.
Le soldat se retourna vers la rousse et la toisa quelques secondes. Il reflua l'inquiétude qui désirait l'étreindre, ne cilla pas face au regard émeraude qui lui faisait face. Je suis le capitaine de Sombrebois...
— J'aimerais savoir... Pourquoi vous pensez qu'une quinzaine d'hommes est insuffisant pour votre escorte.
D'abord, faire le lien avec l'affirmation de la rouquine.
— Ma Dame, reprit-il, un air sérieux et ferme sur le visage, je suis le capitaine de Sombrebois. Je me dois de protéger ce bourg ainsi que sa baronne. Pour ce faire, je dois m'assurer que toutes les personnes de son entourage sont dignes de confiance.
Il ne la quittait pas des yeux ; il se concentrait pour ne pas bafouiller ou buter sur un mot.
— Sans vouloir vous offenser, Ma Dame, j'ai du mal à comprendre votre rôle. Comprenez-moi...
Jouer la carte de l'honnêteté.
— Vous êtes envoyée comme nourrice, mais... Vous semblez plus à l'aise avec une épée en main qu'un enfant dans les bras.
Mais Eve lui avait dit que le peuple était ce qui lui importait le plus et le sergent de Morguestanc avait pu la trouver pour lui délivrer son message ; il n'était pas exclu que ces deux-là aient des contacts plus fréquents. Or, Alaric faisait confiance à Yohan. Roxanne n'était pas revenue suite à sa lettre, mais, si elle était rentrée à Marbrume, elle ne s'y était guère attardée, d'autres affaires l'ayant occupée jusqu'à la présente visite. D'autres affaires qui concernaient Sombrebois ?
— Je crois, poursuivit-il, que vous désirez nous aider. Alors, si je ne me trompe pas à votre sujet... Dites-moi, Ma Dame, ce que je dois savoir, pour que je puisse assurer la sécurité de cet endroit. Car il est évident... Que vous détenez des informations que je n'ai pas.
Il la dévisageait de ses yeux bleus, son dos demeurait bien droit, sans pour autant qu'il ne donnât l'impression de la regarder de haut ; il avait un rang à respecter et, il espérait du fond du cœur qu'il n'avait guère outrepassé ses droits. Malgré la fermeté de son ton et la gravité se ses propos, il avait laissé entrevoir à la châtelaine l'inquiétude qu'il éprouvait à son sujet, mais également au sujet du bourg, ainsi que sa volonté de bien faire. Surtout sa volonté de bien faire.
Les quelques rayons de soleil qui les avaient éclairés par intermittence s'évanouirent, vaincus par une couverture nuageuse toujours plus épaisse. Ainsi plongé dans l'ombre, Alaric frissonna. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Dim 5 Juin 2022 - 16:37 | | | 24 Mai 1167. Les yeux que Rosen leva vers elle étaient plus calme, moins emplit de fièvre que la veille, même si sa fatigue était évidente. La nuit porte conseil… ou permet d’arrêter de réfléchir inutilement. L’opération avait donc porté ses fruits, si on pouvait parler d’opération le fait de s’envoyer en l’air jusqu’à tomber d’épuisement. Elle ne fit que lui rendre un sourire bien plus taquin en réponse à son excuse, comme si le geste n’avait pas grand-chose de gênant en lui-même. C’était même un euphémisme vu ce qu’elles avaient fait pas si longtemps auparavant. Elle laissa son regard dériver vers la porte close au travers de laquelle on percevait en effet les pleurs de l’enfant. Elle ne laissa pas émerger les souvenirs que voulaient raviver ces sons, au contraire, elle les refoula profondément en elle, à l’endroit d’où ils ne pourraient revenir sans son accord. La caresse extrêmement légère des doigts sur son bras lui provoque une fine chair de poule plutôt agréable, si bien qu’elle laissa la chose durer. - Je crois que le miens aussi… lui répondit-elle avec amusement en ramenant son regard dans le siens. Les journées des gens de pouvoir sont toujours longues et souvent ennuyeuse. Tu t’y feras. Elle écarta avec délicatesse la mèche blonde qui barrait le visage de Rosen, caressant lentement sa joue jusqu’à ramener les cheveux rebelles derrière son oreille. Elle hocha la tête simplement pour se tirer hors du lit en restant parfaitement nue. - C’est plutôt à toi de me dire ce qui t’attend, moi je peux juste te dire que tu vas avoir le regard de Victor, de la nièce du Roi, et le miens posés sur toi… le miens peut-être un peu plus bas que le leurs… lança-t-elle par-dessus son épaule avec un sourire. Elle ouvrit la porte séparatrice en grand avec pour seul et unique protection sa beauté assurée et s’engouffra dans la chambre de la Baronne. Il ne fallut que quelques instants pour que les pleurs d’Athanase ne cessent laissant percevoir quelques chants d’oiseaux matinaux au travers des épais mur. Lorsqu’elle revint l’enfant était confortablement installé dans le pli de son bras avec visiblement un savoir-faire né de l’habitude. Le jeune héritier tétait vigoureusement la pointe de l’index de son autre main dans l’espoir de satisfaire son appétit alors que la rousse chantonnait un air si bas que Rosen ne put que voir ses lèvres remuer. La duperie ne tiendrait pas longtemps, mais bien assez pour que Rosen le récupère. La Châtelaine semblait à peine avoir perçu la complainte de sa compagne, toute concentrée qu’elle était sur le nouveau-né. Elle répondit cependant d’une voix toute douce destinée à ne pas perturber le garçon, mais qui rendait étrangement sur ses paroles. - Je n’ai aucune idée de ce que te veulent les sectaires. Tu n’as jamais vraiment été claire sur le sujet de ton lien avec eux. Tututu… Et tu as raison, si la Couronne voulait Sombrebois elle pourrait se contenter de la prendre. Je pourrais t’ordonner de me remettre les clés du bourg dans l’heure, ou Eve, si tel était la volonté de la Couronne. Elle s’approcha du lit et priva l’enfant de son doigt qui se mit à grogner de mécontentement. D’un geste si naturel qu’il en devint encore plus incongru, elle fit rouler sous son pouce le téton de la jeune mère, le pinçant presque pour le faire se tendre. - A table bonhomme… dit-elle en plaçant le bébé dans les bras de sa mère, face à l’objet de son désir qu’il s’empressa de prendre en bouche. Dans le même mouvement, Roxanne se pencha un peu plus et embrassa avec tendresse Rosen avant de poursuivre d’une voix retrouvant sa force habituelle. - C’est contre l’ambition et le passé que tu dois lutter. Des concepts plus abstraits encore qu’une couronne, n’est-ce pas ? Mais au moins tu peux trouver les gens qu’elles habitent. Tu en as même dans ta maison actuellement. Elle rit tout bas. - La Couronne ne veut pas Sombrebois. En réalité, elle l’a déjà. Mais les gens qui la composent, c’est différent. Tout comme ceux qui composent la cour. On l’évoque comme un ensemble vivant et uni, mais c’est l’ambition et le passé accumulés de centaines de personnes. Le plus naturellement du monde, elle entreprit de faire sa toilette sous le regard de son amante, piochant l’éponge dans le contenant d’eau qu’on lui avait amené la veille pour la faire courir sur sa peau. - Certains sont contre ton anoblissement, d’autres contre même la naissance de ton fils qu’ils considèrent illégitime. D’autres te soutiennent, ou plutôt soutiennent ta place, car elle fait bouger les choses. Je crois que c’est là le principal problème pour toi et ton enfant. Vous faîtes bouger les choses, même sans le vouloir. Et ceux qui aiment la façon dont elles étaient avant vous voient comme des ennemis. La reine fait partie de ceux-là. Ou du moins le prétends. Elle a œuvré pour que tu sois là et maintenant elle a fait de vous une critique du progrès. Elles attisent des tensions et renforce sa position. Peut-être se contentera-t-elle de cela, mais pas les esprits qu’elle a échauffés, alors un moment ou un autre, ils agiront. Pourquoi pas quand tous tes actes seront sous les yeux de personnes aussi importantes que c’est le cas aujourd’hui ? Elle tourna la tête vers elle sans cesser sa toilette. - Tu y as déjà pensé je suppose, non ? Qu’aujourd’hui serait un jour idéal pour te nuire ? *** Même si le tour qu’il lui fit faire n’avait strictement aucune utilité, le but de cette balade étant devenu évident dès qu’il avait pris la peine de lui proposer, Roxanne n’en apprécia pas moins de voir les changements qui étaient survenus dans le bourg depuis son départ quelques semaines auparavant. Ici la vie reprenait, malgré la peur et la tristesse. La vie pouvait réellement reprendre ! Mais pas si on l’arrachait avant de ses racines ne soient suffisamment profonde pour résister à la violence du monde. C’est en partie pour cela qu’elle luttait à présent. Pour donner une chance à la vie de perdurer. Quand ils remontèrent le chemin de pierre, elle sut que le moment de la confrontation était venu. Quelque chose avait changé chez le Capitaine de Sombrebois. Il avait toujours été près à risquer sa vie pour le bien commun et d’une certaine stabilité contrebalançant la maîtresse des lieux, mais toujours de manière assez effacée. Il n’avait jamais eu envie de se confronter au monde, encore moins aux jeux de pouvoirs. Mais d’abord la lettre et maintenant ça. Une agréable surprise. Elle se laissa dépasser de quelques pas, attendant qu’il se tourne vers elle, les mains joliment croisées sur le ventre comme il sied à une dame, un sourire patient aux lèvres et son regard émeraude se fixant sur le visage du ténébreux jeune homme dont le regard brillait plus que dans son souvenir. Elle lui prêta une oreille attentive, patiente. - Si c’est là votre rôle Capitaine, vous avez échoué. La seule personne digne de confiance à avoir approché la Baronne récemment doit être vous et c’était déjà le cas à l’époque où j’arpentais ses murs comme une résidente. Pensez-vous que des hommes comme le comte ou l’ancien chevalier soient de ceux qui pensent au bien être de votre maîtresse ? Qu’eux comme moi, que vous soupçonnait déjà d’être plus que je ne dis, soyons réellement digne de confiance ? Est-ce aujourd’hui, à l’orée du changement que soudain vous vous apercevez qu’il faudrait trier plus assidument ceux qui approchent la Baronne ? Une révélation soudaine peut-être ? Son ton n’était pas agressif, ni cassant, pas même moqueur, elle semblait simplement entretenir la conversation avec toute la cordialité de son rang. L’une de ses mains quitta son ventre pour venir poser sur son menton la pointe d’un index indiquant sa réflexion. Elle se mit tranquillement à errer autour de lui. - Vous êtes inquiet, Rosen aussi l’est. Vous craignez quelque chose tout les deux aujourd’hui… mais pas la même chose… je me trompe ? Dissimuleriez-vous une pointe d’égoïsme derrière votre inquiétude soudaine pour la Baronne, Capitaine ? Je me demande… Plutôt que de creuser en quête d’une réponse, elle secoua la tête sans cesser de sourire. - Mieux vaut pour vous et pour moi que je l’ignore, laissons-donc cela de côté. Vous avez raison Alaric. Je souhaite vous aider. Même si ma mission n’est pas là. Alors je tâcherais de vous répondre dans la mesure qui m’est permise. Préféra-t-elle dire en s’avançant pour poser sa main sur le solide mur du rempart. - Quinze hommes, j’en ai pris autant pour partir à la recherche de Rosen quand elle a fui et ce uniquement parce que le temps jouait contre moi. Et ce n’est qu’une Baronne… Certes, sans doute la baronne la plus importante du royaume à l’heure actuelle, mais une baronne tout de même. Si vous étiez au pouvoir et que votre nièce, la chaire de votre sœur bien-aimée, devait traverser des marais ampli de brigands et de monstre. N’enverriez-vous que quinze hommes pour la protéger, alors que toutes les épées de votre cité vous obéissent ? Peut-être suis-je trop protectrice…Mais elle ne pensait pas que ce soit le cas. - Nourrice n’est qu’un titre, comme Châtelaine, ou Capitaine. Je ne crois qu’aucun d’eux ne peut nous définir pleinement. Je suis… ce que mon devoir me demande d’être. Et parfois, cela requiert une épée. Enfin elle se tourna de nouveau vers lui, son sourire était parti, laissant un visage calme, une pointe de tristesse perçant au travers de ses intenses yeux verts. Elle pointa son doigt par-dessus Alaric, pointant le ciel matinal. Il était parfaitement dégagé au-dessus de leur tête. Mais au loin, près des montagnes, une noirceur s’amoncelait lentement. - Elle sera sur nous d’ici ce soir, Capitaine. Et elle sera brutale. Vous ne pourrez rien faire pour l’éviter. Il y a trop longtemps qu’elle se prépare. Vous ne pourrez qui faire face et sauver ce qui peut l’être. Sauver ce que vous voulez sauver. J’essaierais de vous aider, de la dévier. Mais il tiendra à vous et Sombrebois de tenir le temps que j’y parvienne. Elle eut un sourire désolé. - Je ne sais quelle force elle aura précisément, mais sans doute assez pour menacer ce qu’y a été fait ici. Les maisons, les chemins, les murs, les vies. Il faudra lutter pour tout cela Alaric. Il avait déjà entendu quelque chose d’approchant auparavant et pourtant le message était bien différent. Un choix se dessinait lentement sur le chemin d’Alaric. La voix d’Ophélie revient lui hanté l’esprit… - Lorsque le bourg sera en danger et que la nuit hurlera, vous ne pourrez le sauver qu’en prenant la fuite et en l’abandonnant en compagnie de ceux qui seront à vos côtés. Si vous restez, Sombrebois perdra tout. Vous perdrez tout. Vous la perdrez « elle ». |
| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 5:18 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Roxanne… cette sacrée Roxanne. Aussi facile à cerner qu’impossible. Vous repoussant un soir pour vous cajoler toute la nuit venant et l’aube naissante, bien avant que les rayons de l’astre du jour n’aient l’occasion de percer par dessus la ligne de l’horizon.
Aujourd’hui est un grand jour, cette période une grande période. Je dois me ressaisir une bonne fois pour toute, me concentrer sur l’essentiel et laisser glisser tous les tourments et les doutes qui m’assaillent comme le sang qui ruissellerait le long d’une lame. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours entendu qu’après la tempête venait le beau temps. Reste à espérer qu’après une aussi longue tempête de toute une vie, le beau temps durera de manière proportionnelle.
Encore faudrait-il déjà arriver à quitter l’œil de la tempête quand celle-ci a décidé de graviter autour de vous et de se resserrer petit à petit jusqu’à vous cerner pour vous engloutir… Mais je finirai par y arriver pour remporter cette bataille. Il le faut… je dois m’accrocher si je ne veux pas sombrer définitivement d’une manière ou d’une autre.
Pour Hector, pour mon fils, pour Sombrebois, pour arriver à devenir quelqu’un de bien, un jour. Surpasser ces nombreuses ténèbres. Et pour ça, je dois déjà avoir l’esprit clair ! Et Roxanne ne m’y aide vraiment pas… cette sacrée Roxanne !
Évidemment amusée de mon air quinaud, elle en joue bien plus qu’il n’en faut, étant allée jusqu’à me répondre lorsque je lui ai dit d’un air fatigué que mon petit monstre était réveillé, que le sien l’était aussi… J’ai bien sûr eu un flottement, prise au dépourvu, comme elle s’est mise à me dévisager pour jouer de cet atout contre lequel je ne pourrai décidément jamais résister. Je crois que de dire que je suis sous l’emprise de son charme serait un euphémisme…
Bon sang ! Comment puis-je réussir à préserver mon bourg si je ne suis même pas capable de me préserver moi… j’étais pourtant hier soir déterminée à passer à autre chose, me disant qu’il n’y avait plus rien à espérer d’elle. Déterminée à me débrouiller, tourner cette page, à faire de mon mieux pour lutter contre tous ces ennemis seule et contre tous.
Puis j’ai fait ce cauchemar, je suis partie chercher son aide sans même m’en rendre compte, perdue dans un brouillard irréel d’angoisses. Qu’elle m’arrête avant que je perde réellement pied… avant que ce point de rupture ne cède et que les gens puissent réellement voir ce qu’est la folie pure une fois passé ce stade du non retour. Mais Roxanne a finalement mis de côté cette barrière qu’elle m’a imposée. Que puis-je en espérer ? Qu’elle a finalement cédé ? Par pitié ?
Par attendrissement ? Je ne sais même pas si elle est capable de ressentir ça. Elle est si mystérieuse… et même si j’ai envie de croire que oui, la dernière chose dont j’ai envie est de passer pour une chose faiblarde, un meuble bancal qu’il faut soutenir. De susciter de la pitié.
Non, je dois être plus forte que ça. Je suis plus forte que ça… Je peux faire mieux que ça. Si seulement je pouvais déjà être digne de confiance à ses yeux. Mais le suis-je seulement ? J’essaie, en tout cas. J’essaie vraiment, même au milieu de toutes ces horreurs que je cherchais juste à oublier, à éloigner, alors qu’elles me collent à la peau comme une sangsue assoiffée de sang.
Ces horreurs qui ont provoqué une réelle catastrophe et qui me hanteront tant et aussi longtemps que je ne serais pas capable de les assumer. Quant à m’habituer au rythme de ces longues journées ennuyeuses... embrumée par cet étrange mélange grisant que sont le manque de sommeil et l’espièglerie de Roxanne dont je n’arrive toujours pas à décrocher le regard, j’ai confirmé maladroitement d’un de ces sourires que je qualifiais de si niais sur le visage de Hector à l’époque, au tout début… ces stupides sourires dont je m’amusais tellement moi aussi, avant de ne ressentir quoi que ce soit pour lui. Ça n’était plus si niais, si amusant après ça. Peut-être parce que j’ai commencé à lui en adresser moi aussi…
Mais oui, je suis habituée à ce rythme. Après tout, ça ne date pas d’hier, la gestion du bourg. Je crois que je commence à m’y faire depuis un petit moment déjà. Elle passe ensuite sa main sur mon visage, caressant ma joue en passant avant d’accepter d’aller chercher Athanase et de me répondre que c’est à moi de lui dire ce qui m’attend. Je la regarde quitter le lit, se diriger vers ma chambre sans prendre la peine de s’habiller le moins du monde. Comment saurais-je ce qui peut bien m’attendre ?
Mon regard rivé sur ses courbes parfaites, j’écoute distraitement ses paroles, mon attention focalisée sur ma vision plus que sur mon audition. Les rondeurs charnues de son séant qui s’éloigne, la grâce de sa démarche arachnéenne… Lorsqu’elle disparaît totalement, je fixe à nouveau le plafond, tente de me recentrer sur ses dernières paroles. Je souris en repensant à la dernière, que son regard sera plus… lubrique que les autres. Ah, Roxanne… qu’importe la pression sociale que pourront me procurer les autres tant que le sien s’intéresse à moi… c’est le seul qui m’importe à ce moment précis. Le seul qui me guidera.
Si seulement elle ne jouait pas avec moi, tout serait si parfait. Je chasse la tristesse que je ressens alors, d’une pensée. Et si dans quelques heures ou quelques jours je la perds à tout jamais, je me maudirais de ne pas avoir simplement profité de ces moments de bonheur. Qu’importe qu’elle joue. Un effort ! Le présent, juste le présent… je me répète cette leitmotiv en boucle, lorsque mon regard se pose brusquement en direction de l’encadrement de la porte, me laissant interdite.
Je n’entends plus Athanase ?! Lui qui hurle quand quelqu’un s’approche de trop près. Lui qui ne supporte pas qu’il y ait des gens autour de nous. Que se passe-t-il donc ? Je m’attendais à une recrudescence des pleurs, à des hurlements, mais je n’entends plus rien. Absolument plus rien. Tout est soudain devenu silencieux, comme si le temps s’était figé.
« Athanase ?! », je m’exclame alors paniquée, me redressant pour bondir hors du lit afin d’accourir dans ma chambre.
Pourquoi je ne l’entends plus ?! Je ressens ce signal d’alarme au plus profond de mes entrailles lacérées. Comme si mon ventre hurlait. Comme si mes jambes allaient défaillir et me lâcher. Cette autre... vague... Mais alors que je viens à peine de lancer les draps hors du lit pour me lever, je me fige.
Roxanne vient de réapparaître tranquillement, mon fils dans ses bras qu’elle couverait presque comme si c’était le sien. Mon cœur bat encore trop vite, mais j’essaie de me calmer en expirant lourdement, sans parvenir à décrocher les yeux de cet étrange spectacle.
Est-ce une pointe de jalousie que je ressens à la voir ainsi le canaliser, à la voir alors prendre ma place - si je puis dire ainsi - son index glissé entre les lèvres de mon bébé ? Ou bien est-ce ma méfiance maladive que je n’arrive toujours pas à faire taire ?
« Eh ben alors toi… ? m’interrogé-je doucement, essayant de masquer l’inquiétude certainement toujours présente dans ma voix tremblante. Tu t’es vraiment calmé comme ça ?! Tu es déjà charmé hein, vile sacripant ! »
Je me cale alors contre la tête de lit, place le drap sur mes jambes pour me recouvrir à moitié. Puis je rajoute en plaisantant d’un air faussement sévère, pour tenter de faire totalement disparaître les dernières traces d’angoisses :
« Eh bien jeune homme, vous voilà en train de filer un bien mauvais coton ! vous êtes un peu trop jeune à mon goût pour vous trouver en compagnie de femmes nues... Il va falloir revoir plus sérieusement votre éducation ! Tout de même ! Bon, on passera pour cette fois… mais que je ne vous y reprenne plus ! Profitez donc… profitez bien surtout, oui ! Et on touche uniquement avec les yeux à votre âge ! On évite les mains baladeuses, je surveille ! Mais profitez bien, vous n’avez pas idée de la chance que vous avez là de vous trouver dans les bras d’une si charmante créature… »
Peut-être Roxanne a-t-elle a esquissé un sourire à ma longue plaisanterie, mais dur d’en être sûre, toute focalisée que semble être son attention sur mon beau bébé. Mais je suis certaine qu’elle l’a entendue. Roxanne fait partie de ces gens qui ont toujours une partie de leur attention en alerte sur leur environnement. L’instinct de survie. De prédation.
Elle me répond finalement concernant ma grande question sur le cloaque qui, dans mon état si subjugué, est sortie plutôt naturellement sans le moindre philtre malgré l’extrême délicatesse du sujet. Et c’est d’un ton justement extrêmement doux, qui n’est pas sans me mettre désagréablement en alerte, qu’elle me répond. Un ton calme qui n’est pas sans me rappeler celui d’Alaric quand il ne fallait pas pousser plus loin sans risquer de le faire exploser. Ce grand calme menaçant, parfaitement maîtrisé, mettant en garde de ne pas pousser le bouchon un peu trop loin.
En l’occurrence, c’est légèrement différent, mais le fond reste le même : une menace latente, et son air maternel sur lequel elle fait glisser le message – comme cette couleuvre enrobée dans du sucre, encore et toujours - ne me trompera pas. Ça reste toujours une couleuvre… prête à prendre une impulsion mortelle d’une seconde à l’autre, aussi rapide que la foudre.
Oui, cette intonation révélatrice de ce simple message ; qu’elle m’aura toujours en ligne de mire et que même si elle ne m’a pas fait brûler sur un bûcher, ça ne veut pas dire pour autant que je suis sortie d’affaire.
Oui, parfois, il n’y a pas besoin du moindre mot pour faire passer un message. Un regard, un sourire, un geste ou une simple intonation sont parfois plus éloquentes que mille mots. Et puis, je commence à m’y habituer, à ma Roxane et ses menaces maladives… et si au début je ne parvenais pas à y plier, maintenant, ça me fait presque sourire. Oui, les pires traits d’un individu peuvent même vous manquer lorsque la compagnie de celui-ci vous a manqué cruellement.
Ah, Roxanne… Tu t’es donnée tellement de mal à me menacer tant de fois pour peiner à me garder sous contrôle, à t’assurer que je ne finisse pas par déborder d’un côté ou d’un autre. Me menaçant des pires horreurs qu’une mère puisse entendre, juste pour te donner toutes les chances de parvenir à me recentrer. Tu parlais de me briser, hein ? J’étais tellement amusée de te tenir tête stupidement en te disant que rien ne pourrait me briser… et ces paroles flottaient loin, irréelles… comme un rapport de force, un refus d’autorité qui pour se faire, n’aurait pour rien au monde ployé, plié, brisé, et ce, quoi que tu aurais pu faire. L’esprit de contradiction… se fermer à la nature de la menace, l’anticiper, l’accepter quelque part pour mieux tolérer l’éventualité de sa mise en place. Prévoir, envisager, pour mieux l’encaisser. Qu’elle qu’en soit sa violence. La survie. La force. La hargne. La folie.
Mais si tu savais que je n’ai jamais été aussi proche de cette brisure depuis ton départ… qu’il n’y avait pas besoin de gaspiller tant ton souffle pour y être si proche ! Que c’était juste ça qu’il fallait pour que je réagisse, pour que je réalise ce que je n’avais pas encore remarqué, pour que la flamme qui m’anime vacille et soit proche de s’éteindre dangereusement. Comment cela finira-t-il ? Si jamais la bougie s’éteint… si plus rien ne peut m’animer. Je regarde mon fils, toujours dans ses bras. Probablement le dernier rempart qui se dresse entre ma folie et le monde. Ma dernière lueur.
Un rempart que beaucoup s’évertuent à vouloir abattre. A saper les fondations par tous les moyens. Mais si elle même ne sait pas ce que les sectaires me veulent… si elle est pourtant bien au courant de ce qui se trame dans l’ombre… je suis subitement désarçonnée devant la brusque révélation. Il m’était trop prétentieux de pouvoir envisager seulement un acharnement gratuit dans le seul but de me nuire pour le plaisir. Et si ? N’est-ce pas le principe de la chasse à courre à cor et à cris après tout ?
Cela aurait quoi de si surprenant… Parce que j’ai refusé d’intégrer cette maudite secte par le passé ? Ça pourrait être une simple vengeance, mais je n’arrive pas à y croire. J’ignore pourquoi mon instinct me pousse à croire qu’il y a un but plus profond que de me nuire juste pour ça. Il y a sûrement des victimes plus facilement abordables que moi.
Ça pourrait être pour me faire basculer de l’autre côté, pour le plaisir de me voir semer un chaos encore plus grand à une échelle plus grande. Je crois pouvoir dire que rien ne pourrait m’arrêter si je me mettais en tête de raser tout ce qui se trouve sur mon chemin. Pas même les beaux yeux de Roxanne… Bien sûr, son épée, ce serait une autre histoire. Mais combien de temps je tiendrais avant de croiser une épée ou le bûcher ? Semant la mort et la désolation, tuant à tort et à raison à la moindre opportunité, trouvant des mercenaires pour m’y aider. Desmond m’y aiderait. J’ignore combien de temps la prudence me prendrait sous son aile, si la folie me ceindrait d’un peu trop fort pour l’occulter et la mettre à mal. Je pourrais tenir dix ans comme dix minutes. Comment le savoir à l’avance ?
Mais je ne veux plus redevenir cette monstruosité sans conscience que j’étais. Parce que maintenant, j’en ai une. Mais elle non plus ne m’arrêtera pas si la démence m’embrase. Mais non, je n’arrive pas à croire que ça soit juste ça. Pourtant… si le cloaque voulait juste me tuer, je serais déjà morte. Ça, j’en suis sûre. L’occasion s’est déjà présentée. C’était quoi déjà, qu’elle me chantait l’autre cinglée ? Mon beau soldat… oui, je crois que ça qu’elle me chantait. Mon beau soldat. La barbe. Et puis quoi, après ? Quelque chose comme… et si je meurs, tu m’aimeras.
Sérieusement, je vais finir par avoir les humeurs qui vont m’enfler le crâne et les chevilles. Quoi, ils me voudraient tant que ça, ces espèces de dégénérés bouffeurs de cadavre ?
Manqué pauvre folle… c’est pas ta pseudo disparition qui m’aura ébranlée. Ton absence à toi, je m’en colle des aubergines. En fait, oui, j’ai l’immense regret de ne pas avoir pu lui faire bouffer ma lame de long en large quand j’en ai eu l’occasion. Mais je m’égare sur la parole d’une pauvre chanson dont je ne suis même plus sûre… et si je meurs, tu m’aimeras… ou tu m’embrasseras ? Je ne sais plus. Et je réalise brusquement. La petite garce… je crois que perdue dans mes pensées, je me mets à sourire.
Et si je meurs…
si je meurs…
tu…
Je savais bien qu’elle n’était pas morte.
Tu m’aimeras.
Et puis quoi, comme si elle avait assez de prestance pour arriver à me faire des prophéties à la con.
Tu m’aimeras… Et si c’était quand même…
Bordel, je vais devenir folle avec toutes ces conneries ! C’est peut-être ça, qu’elle a voulu me faire entendre. Que sa soit disant disparition ferait partie d’un plan qui pourrait bien me rapatrier sur ce chemin que je fuis autant que possible. Oh quoi que non, c’est plutôt à son crétin de promis que ça devait s’adresser plutôt… Oh, et puis qu’ils aillent tous se faire foutre. Eux et leur maudit Démon de malheur qui a plongé l’entièreté de mon existence dans une horreur sans nom.
Et alors si c’est ça... combien de parties se liguent contre moi pour me faire sombrer d’une façon ou d’une autre ? C’est ça, la question actuelle. Si je l’écoute, la couronne ne veut pas récupérer Sombrebois. Mais c’est à devenir fou ! Mais alors… que veut la reine… que veulent-t-ils, tous ceux qui me veulent du mal, comme les qualifient Roxanne… Toujours au pluriel, d’ailleurs…
Je regarde Roxanne, toujours aussi excitante quand elle se montre aussi aussi inquiétante. Mais j’ouvre à peine la bouche pour lui faire part de mon trouble qu’elle me saisit la pointe de mon sein pour me coller dans la foulée Athanase dans les bras. Je trésaille de surprise comme un frisson me parcourt le ventre. Bordel, Roxanne ! Comme si c’était le moment de jouer à ça avec mon fils au milieu…
J’essaie alors de reprendre la parole, mais la voilà qui m’embrasse cette fois. Par tous les quatre ! Elle a juré de me faire taire par tous les moyens ?! Je suis sûre qu’elle le fait exprès...
J’ai un peu de mal à suivre les propos suivant, luttant pour éviter de me laisser émoustiller par Roxanne alors que j’ai mon fils dans les bras qui se met à téter. Et bien évidemment, la voilà qui se nettoie devant moi ! Évidemment, pas des façons des plus pudiques, vous pouvez vous en douter…
« Je sais bien que la Couronne possède déjà Sombrebois, dis-je d’un ton qui signalait l’évidence, Elle possède tout le royaume. Mais c’était les mots de notre reine… ‘Nous voulons Sombrebois et vous allez nous le donner’. J’ai bien répondu que je ne pouvais pas leur donner ce qu’ils possédaient déjà… justement, tu sais. Je ne suis pas si stupide… mais alors pourquoi cette phrase si ça n’a rien avoir avec le bourg lui même ? »
Et si elle ne savait pas tout en fin de compte… Elle n’est pas non plus infaillible et au courant d’absolument tout, j’imagine. Ou alors, j’ai juste du mal à saisir toute la portée de ce qu’elle vient de me dire.
« Et Athanase… est-il réellement en danger ? J’ai entendu qu’on devait m’éliminer moi pour avoir la main sur lui et sur le bourg, pas qu’on devait nous éliminer tous les deux. » Moi, ça m’est bien égal, tout le monde doit s’en douter, au fond. Mais mon fils… je l’aide un peu en le voyant s’agiter sur mon sein qu’il a parfois un peu de mal à prendre, plaçant l’un comme l’autre du mieux possible.
J’imagine que les choses sont encore bien plus compliquées que je ne le pensais…
Je soupire en changeant de sein Athanase, gardant mon regard sur lui.
« Tu sais… si jamais il lui arrive quelque chose, juste à lui, ou qu'on me l'enlève… »
Je marque un arrêt, ayant du mal à poursuivre. J’ai pas besoin de poursuivre, elle connaît parfaitement la suite. Et puis, elle est passée par là. Mieux que moi, elle sait ce que ça provoquerait. Alors c’est le cloaque qui voudrait la peau de mon fils ? La reine voudrait juste la mienne ?
C’est bien ce que je peux présumer, avec le peu d’infos que j’ai. Mais est-ce bien le cas…
Brusque retour à la réalité en sentant Athanase s’énerver brusquement sur mon sein en râlant.
« Oui ben ça va, quel caractère de cochon dis moi ! m’exclamé-je sans la moindre agressivité. Si ça ne coule pas assez vite, tu n’as qu’à presser un peu plus fort, espèce de petit goinfre ! »
Une échappatoire volontiers saisie pour fuir ce sujet angoissant. Je presse un peu mon sein pour l’aider. Au moins, la bonne nouvelle c’est qu’il y en a bien plus qu'il n'en faut. Rien ne serait pire que de ne plus avoir de lait…
Les mots suivant de Roxanne me paraissent terriblement flou. Je crois que le manque de sommeil n’aide pas. Lutter contre le passé et l’ambition ? Des personnes qui en sont habitées dans ma maison ?
Les seules personnes ambitieuse que je vois ici, ce serait elle même et Victor. Et elle parle de quelqu’un ici… actuellement. Je ne pense pas qu’elle s’inclue dans la menace… Peut-être Eve aussi ? Est-ce que le actuellement prend tout son sens ?
Pour Victor, elle a bien dit hier qu’il n’était pas mon ami, après tout, quand elle m’a sermonné sur le fait d’être partie lui parler de la situation. Je sais bien que c’est la dernière des personnes à qui faire confiance. Après tout… je l’ai même soupçonné d’avoir fait assassiner Hector. Mais il fallait bien que je le lui parle des événements récents. Après tout, c’est le gouverneur, quoi qu’il en soit. Et il s’entretient de très près avec la couronne, alors… si je peux paraître un minimum responsable en lui faisant un rapport, ça ne peut pas me nuire, tant que je fasse gaffe à ce que je lui dis. M’enfin… je ne sais plus où j’en suis avec toutes ces histoires… si ça se trouve, je suis complètement à côté de la plaque, et sur toute la ligne.
Quant à sa dernière question… je pense qu’elle connaît très bien la réponse.
« Pourquoi crois-tu que cette journée m’a autant travaillée… » Je réfléchis la regardant continuer de se mouiller consciencieusement chaque partie de son corps, et alors que je me perds dans mes réflexions, un souvenir me remonte en mémoire, comme déterré par une situation similaire. Une scène d’orgie sexuelle dans ce bordel… En train de fixer ce spectacle alors que le Roi me parlait, alors que nous sommes restés seuls à seuls, comme Victor et la reine sont partis ensemble et que j’étais plongée en pleine réflexion.
« Quel beau couple de vipères ! », c’était-il alors exclamé.
J’ai envie de me coller des baffes, des fois, me rendant compte que j'ai quelque peu occulté toute cette partie des données là. A trop chercher où pourraient bien se cacher des poissons dans la vase d’une flaque d’eau, parfois, on oublie de regarder dans la rivière d’à côté, là où ils sont pourtant le plus visibles. Et combien de fois Roxanne a essayé de me mettre en garde contre lui… combien de fois ? Que je compte… Une fois… deux fois… oui, ça doit être la troisième, ce matin.
Que la peste soit de Hector le jour où il a placé Victor gouverneur de Sombrebois ! Franchement… et puis m’épouser, non mais qu’elle idée aussi... ah ! J’espère qu’il se retourne bien dans sa tombe ce crétin !
Mais je suis trop fatiguée pour repartir dans d’énièmes hypothèses. J’y repenserai plus tard à ce rat là… bon, ma seule consolation est de me dire que dans ma grande méfiance habituelle, je me suis toujours méfier de lui et que j’ai écouté Roxanne quand elle m’avait dit de ne plus passer mon temps à le provoquer. J’ai cessé aussitôt, mais est-ce que cela pourrait seulement changer quelque chose ? Bien sûr que non. Cela ne changerait absolument rien à l’appât du gain qui anime cet être. Bon, en même temps, qui ne se méfierait pas de lui… mais c’est bien ça, le problème. A trop se trouver en plein dans le champ de vision, on finit par disparaître. Je soupire quelque peu agacée. Au rythme où j’intègre les choses au compte gouttes, je ne suis pas prête de démêler quoi que ce soit avant des années… Pourtant, le temps joue contre moi. Je regarde Athanase somnoler sur mon sein, visiblement repus à présent. Souhaitons qu’il reste aussi calme toute la journée… On peut toujours l’espérer, même s’il y a peu de chances.
J’hésite un peu avant de reprendre la parole. « Combattre l’ambition… je vois, dis-je simplement. Et sinon, si je comprends bien… selon toi, le cloaque n’est allié avec personne dans cette histoire ? Alors quoi ? je demande après un court silence où j’essaie encore de chercher des mots qui ne risquent pas de me porter préjudice. Tu crois que… que c’est juste ‘personnel’ ? Juste de l’acharnement dans la continué de ce que l’autre cinglée m’a fait endurer ? »
J’essaie de rassembler toutes les pièces de ce côté là aussi, mais j’ai tellement peu les idées claires après une si courte nuit.
« Ce n’est pas qu’un cauchemar, le jour où je me suis endormie sous le Saule Sacré c’était… j’ai eu la confirmation qu’il y avait bien quelqu’un. Je ne sais pas si c’est fiable… mais je suis sûre au fond de moi qu’il y avait une voix extérieure qui a perturbé mon sommeil. C’était... »
Comment qu’elle l’appelait déjà ? La… la quoi ?
« Celle qu’on appelle la voix... ah, je ne sais plus. Paraît que c’était la voix quelque chose. La voix éraillée, peut-être… », tenté-je un peu d’humour pour détendre l’atmosphère qui me semble devenir dense à un point qu’on la couperait au couteau.
Et qu’est-ce qu’elle disait cette conne là déjà ?
« Elle parlait de... »
De trucs un peu trop personnel à mon goût… mais quand le vin est tiré, il faut le boire.
« De mes pertes à venir. Qu’il devait s’en doute s’en amuser, qu’elle ne savait pas ce qu’il pouvait bien me trouver parce que… »
Je la regarde avec un peu plus d’assurance.
« Parce qu’en fait, visiblement, elle me méprisait. Il semblerait que ta presque Barn se soit un peu trop amouraché de moi après m’avoir fait tant de mamours… et… oh, grands Dieux. Je l’ai déçue. »
Je glousse doucement en regardant mon fils dormir paisiblement dans mes bras.
« Tu te rends compte ? Décidément... Je déçois vraiment tout le monde. »
Quelque part, ma voix se fait plus légère, mon sourire plus serein. Je crois que ça me fait du bien de pouvoir enfin me libérer de ce poids écrasant.
« Ouais, elle aurait voulu que je sois comme elle, apparemment. Que je sois des leurs. C’est ce que cette Voix… Voix Adjugée ? m’a dit, en tout cas. Elle, elle était surtout déçue de me voir si docile… elle disait que j’étais marquée, que les filles des marais ne sont pas esclaves ou des martyrs. Je sais vraiment pas ce qu’elles ont avec moi ces cinglées… et… c’est ça alors tu crois ? Une simple vengeance ? Je sais pas, moi… je crois que c’est autre chose. Mais peut-être qu’ils veulent juste me pousser à bout, dans mes derniers retranchements... pour me ramener sur leur putain de chemin. »
Un putain de chemin duquel j’essaie pourtant de me tenir le plus loin possible dorénavant, après tous les doutes possibles et les hésitations à ce sujet. Je n’en ai plus, aujourd’hui. C’est déjà ça. Je redresse la tête pour la regarder dans les yeux.
« J’aurais pu les rejoindre, Roxanne. J’ai eu plusieurs occasions. Je ne l’ai jamais fait. »
Peut-être me fait-elle encore assez confiance pour me croire, peut-être que non. J’ignore si tout cela peut encore avoir une importance au stade où j’en suis arrivée.
« Je ne l’ai pas fait, parce que je voulais rester près de mon mari. Parce que je veux toujours essayer malgré tout d’être quelqu’un de meilleur. Parce que je veux que les Trois m’accordent la rédemption pour tout ce que j’ai pu faire dans ma vie, même si à présent, je n’y crois plus. J’avais rien, j’étais rien, j’avais le monde dans mes mains et rien ne pouvait m’atteindre. Je n’avais aucune conscience… Puis j’ai eu tout. J’ai connu Hector, le doute, la faiblesse, je suis devenue quelqu’un et j’ai presque tout perdu. Le bonheur que je n’ai jamais su voir, l’amour de mon mari, mon mari lui même. Tout ce qu’il me reste pour je ne sais combien de temps encore, c’est ça, dis-je en regardant toujours mon fils. Ensuite, il ne me restera plus rien. Tout ce qu’on me donne, c’est pour mieux me le retirer. C’est un peu le problème quand on joue avec les Dieux… mais était-ce ma faute ? Je ne me rendais même pas compte de ce que je faisais. J’ai toujours fait ce pour quoi je tendais, mais n’est-ce pas les Dieux qui nous façonnent à l’image de leur choix ? Si j’ai été façonné par le destin toutes ces années pour être un monstre, qu’y pouvais-je ? Si la première personne a avoir su m’apprendre ce qu’était l’affection et le bonheur était Hector, qu’y pouvais-je ? Hector m’a changée. J’ignore si ça sera suffisant pour sauver mon âme, mais c’est sûrement ce qui causera ma perte. En attendant, je fais de mon mieux malgré mes erreurs. »
Que dire d’autre ?
« La transition entre deux mondes complètement différents n’est pas si facile, tu sais. Eve de Clairmont me l'a souligné, hier, quand nous nous sommes retirées et que nous avons parlé. Je crois que c’est ce qui m’a sauvée pour ce coup-là... Je ne ferai plus les mêmes erreurs maintenant. »
J’esquisse un sourire fatigué. Qu’est-ce que je peux jacasser quand même… ah, cette maudite langue…
« J’arriverai à mieux faire cette fois. D’ailleurs, elle… cette Sélène. Si tu savais à quel point ça a été difficile de devoir rentrer dans son jeu et rester impassible… devoir faire bonne impression alors qu’elle s’évertuait à attirer l’attention autour de moi. Devoir la cajoler en public sans pouvoir rien faire comme elle me faisait le numéro de la pauvre fille traumatisée... A quel point il ne m’aurait fallu qu’un geste pour que ma lame lui perce l’estomac, quand je l’avais tout contre moi. A quel point ça a été difficile de me retenir, de devoir lui parler après, d’esquiver encore et encore le sujet de Hector sur lequel elle revenait incessamment après m'avoir rendu sa chevalière. Refuser d’apprendre ce qu’il s’est réellement passé, juste parce qu’autrement, j’aurais été obligée de la tuer en plein milieu de cette auberge si elle m’avait dit ce que je pense être l’évidence. Et maintenant, elle est encore en train de se promener dans la nature après avoir probablement éliminé tous les Barn… alors que j’aurais juste pu la tuer. Mais je me suis dit que ce n’était pas la meilleure chose à faire pour Sombrebois, hein, un meurtre... »
Mon regard est à présent fixé sur mon fils dont je caresse compulsivement le petit crâne. Je me rends compte d’à quel point mon corps est à présent tendu, comme un arc bandé, d’à quel point ma mâchoire est crispée comme un poing prêt à s’abattre. Si seulement je pouvais remonter le temps… si seulement j’avais pu mieux faire. « Manque de pot, je vois qu’on a eu la même la même idée sur le sujet au vu du chapeau qu’elle a essayé de me faire porter. J'aurais vraiment dû essayer de faire quelque chose de moins stupide que de me tirer sans ne rien faire pour l'arrêter. »
Un jour sûrement, je la reverrai. Ce jour là… les choses ne se passeront pas pareil. Si l’on ne peut pas revenir en arrière, on peut au moins éviter de prendre le même chemin qu’à l’aller au retour. « Ah, et... elle m’a dit que ta présence à Sombrebois était dans le but d’attirer un plus gros poisson, me semble-t-il... si cela te parle ? »
Je me rends compte que je ne lui ai pas vraiment laissé beaucoup d’occasion d’en placer une, soupire en me relevant.
« Viens, je vais le remettre au lit. Poursuivons au salon... »
Que je puisse déposer Athanase dans son berceau et m’installer dans le canapé quelques minutes avant d’entamer cette longue journée qui pourrait bien être ma dernière.
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| | | Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 7:47 | | | La nuit du Gouverneur du Sud fut des plus agité après le passage de la châtelaine du Val d'Asmanthe. Emprunt de conseils et de menaces Lila venait très clairement laisser le Comte dubitatif sur la suite des événements à Sombrebois ainsi que pour sa propre intégrité physique. "la journée de demain risque d’être intéressante pour nous deux. Profitons d’un repos nécéssaire." et également sur le rôle même de cette femme qui avait été nommée nourrice et que pourtant semblait détenir un pouvoir bien plus grand, il ne fallut à Victor de ne se rappeler qu'à cette déclaration [i]"Si j’avais cru un instant que celui-ci avait vocation à autre chose, j’y aurais mis un terme dès mon arrivée la première fois. Je n’aurais sans doute pas déterré tous vos agents.". Pour un intrigant de cours comme Rougelac, impossible de rester les bras ballants sans réagir alors que de toute évidence il possédait plusieurs coups en retard.
Courte nuit qui se solda donc par un réveil bien avant l'aube et une disparition du château (par un passage sans surveillance ou soudoiement d un garde) le temps de retrouver quelques sbirs à lui au cœur du bourg, toujours étroitement escorté par deux de ses fidèles. La milice lui compliquait la tache et il lui fallut trouver aussi un accès où l angle de vu du haut des remparts lui permettait de se fondre dans les ruelles du Bourg. Apres quelques murmures glissés de ci de là, le mondain réuni dans une cave un échantillon de sa toile. De nouvelles instructions leur furent donnés, une vigilance accrue et évidemment consigne fut donné de traquer les agents à la solde de Roxanne en usant de tout moyen humain, financière ou meurtrière s'il le fallait (en dernier recours puisqu'il souhaitait obtenir des informations). Mais si Roxanne pouvait croire qu'on pouvait se jouer d'un Vieux Loup comme lui, c'était mal le connaitre. Victor exigeait des résultats et rapidement, très rapidement face à cette situation inquiétante et il profita également de cette réunion de crise clandestine pour changer quelques directives quand à une éventuelle exfiltration du domaine, par pure prévention, comme il le faisait pour tout déplacement dangereux.
Le Comte de Rougelac regagna finalement le château à l'aube, empruntant aussi furtivement l'accès utilisé déjà à l'allé pour que personne ne puisse le surprendre que ce soir du haut du château qu'à l'intérieur meme de l'édifice en pierre. On le connaissait comme un homme se levant tôt donc il ne serait pas surprenant que les gens (pnj ou pj) du château le croise sans le moindre soupçon. Il chercha également au cœur même du château à faire surveiller discrètement la Chatelain du Val d'Asmanthe.
- Note pour le MJ a écrit:
- Victor quitte brièvement le château sans que personne ne s'en rend compte. - Mobilisation de son réseau pour traquer les agents de Roxanne. Doublant les effectifs, les récompenses et les promesses de fonctions dans son entourage si besoin, mais il exige des résultats. Ne sont présent lors de cette réunion uniquement des responsables de son réseau ainsi que ses plus fiables oiseaux du Bourg. - Potentiel Rp possible avec Desmond sur ce laps de temps - Toute entrée et sortie du château est méticuleusement scruté surtout s'il s'agit de Roxanne ou d'un proche de cette dernière. - Victor cherche à trouver un pnj capable de discrétion pour surveiller les faits et gestes de Roxanne.
Si le post ne convient pas, m avertir et je le supprimerais
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| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 13:36 | | | 24 Mai 1167. Roxanne ne fit bien entendu rien pour écourter sa toilette, se sachant observée, elle se montra même des plus soigneuse pour bien briqué chaque recoin. Elle écoutait les réactions de Rosen d’une oreille attentive sans pour autant se donner la peine de sembler trop concernée. La Baronne commençait à la connaître, elle n’avait pas besoin de faire semblant de paraître attentive pour que la jeune mère sache qu’elle l’était.
- Cette phrase était politique. Ils auraient pu le prendre, mais en acceptant leur offre tu leur as donnés. C’est ce qui différencie un vol d’un cadeau. Je pense que la nuance est assez évidente pour que tu imagines ce qu’auraient pu en penser les puissants. Les nobles sont une espèce à part. Ou du moins se veulent à part. Ils peuvent te détester, te haïr toi et ton enfant, mais malgré tout penser que la couronne n’a pas le droit de s’approprier de force l’un de tes biens. C’est paradoxal, cela pourrait même être drôle si ce n’était pas si stupide, expliqua-t-elle en se tamponnant le visage, la fraicheur chassant les dernières traces de sommeil de son esprit. Sans cesser, sans prendre de gant, elle ajouta simplement un :
- Il l’est. Certains préfèreront le voir disparaître qu’utilisé par des mains qu’ils n’apprécient pas.
Son geste s’interrompit en sentant l’inquiétude viscérale de la mère pour son enfant dans la voix de Rosen. Elle hocha lentement la tête. Oui, elle savait très bien. Sans doute pas la réponse que Rosen aurait cru, si elle l’avait dit à voix haute. Mais elle savait parfaitement ce qu’on devenait quand notre bien le plus précieux, le seul ayant jamais compté, nous était arraché. Rosen s’éloigna d’elle-même de son angoisse, laissant à sa compagne l’occasion de ne pas avoir à répondre et elle la saisit, peaufinant son œuvre de propreté aguicheuse.
- Approche, dit-elle à Rosen alors que celle-ci continuait de s’épancher en paroles et confessions, comme si une vanne venait de s’ouvrir et qu’elle ne comptait plus la refermer. La Voix « Donnée »… corrigea-t-elle …n’est pas de celles qui perd son temps en vengeance puérile. Oh, la vengeance la connait, je l’ai souvent vu appliquée quand je traquais les siens. Mais elle répond à quelque chose de plus fort que de la frustration ou de la colère, elle se venge pour envoyer un message, uniquement. Alors si elle en a après toi, c’est que ta mort, ou ta vie, influe plus de chose pour elle que je ne le pense.
Alors que Rosen s’approchait elle replongea l’éponge dans l’eau la sortit pour lui mouiller le bout du nez, faisant tomber quelque goutte sur le bébé qui se tortilla avant de reprendre plus activement encore son activité.
- Et je ne crois pas avoir dit que le cloaque n’était pas lié à tout cela, uniquement que j’ignorais la nature réelle de vos rapports. Si les sectes survivent, c’est quelles ont du soutien. Je ne m’avancerais pas sur leur objectif cela dit.
Tranquillement, de manière aussi naturelle que de respirer, elle se mit à faire la toilette de Rosen avec la même précision qu’elle ne l’avait fait pour elle-même, en se montrant sans doute plus appuyée encore par endroit. Quand elle reprit la parole, il n’y avait pas de reproche dans sa voix, pas de colère, même pas une touche regret, elle avait toujours ce ton tranquille de celle qui discute de fait établi avec une camarade.
- Si tu étais venue me voir et que tu m’avais parlé comme tu le fais à présent, cela aurait été différent. Tu aurais même pu obtenir la satisfaction de la voir souffrir. C’est ton absence d’honnêteté qui t’a enfermée dans cette cage dont les barreaux se resserrent à présent sur toi, pas cette fille. Elle s’est contentée d’ouvrir la grille, tu y as sauté seule.
Oui, les choses seraient bien différentes… mais on ne remontait pas le fleuve.
- Mais ta chute était bien trop opportune pour que je pense qu’une sectaire l’a fait égoïstement. Non, tu as répondu à la demande de quelque chose de plus important. Le Cloaque lui-même ? Des alliés temporaires près à négocier avec eux ? Puisque cette femme, qu’elle le soit réellement ou pas, est officiellement morte, on ne le saura pas. Voilà pourquoi tu dois réfléchir en Baronne avant de réfléchir en sauvageonne. Viendra bien assez tôt le moment où cette dernière te sera utile.
Roxanne hocha la tête à la proposition quand elle eu finit de faire reluire les fesses nues de sa compagne. Elle entra dans la chambre de la maîtresse des lieux quelques instants après elle alors que cette dernière rallongeait un Athanase repu et somnolant sur le lit.
- Enfile-ça, dit-elle en lui jetant ce qui s’apparentait à une robe de nuit diaphane d’un blanc crémeux. On ne pouvait clairement pas parler de pudeur une fois enfilée, mais au moins la nudité était-elle moins évidente. Le temps passait et il ne serait bon pour aucune d’elles qu’on les prenne dans le plus simple appareil quand Pénélope ou un milicien viendrait la réveiller. La nuance entre soupçonner et savoir, encore et toujours.
- Je ne m’occupe que des gros poissons Rosen… et de calamités ! Lui lança-t-elle avec un clin d’œil amusé en se servant un verre d’eau à la carafe de nuit qu’on avait laissé à la Baronne.
- Alors je te dirais qu’il est difficile de savoir de quoi elle parle. Si on m’a envoyé ici, c’est pour m’occuper de toi et surveiller ceux qui te veulent du mal, ou du moins pas du bien. C’est ce que j’ai fait, même si j’ai du composé avec le fait que tu en faisais toi-même partie.
Elle bu une longue gorgée d’eau.
- Et je suis partie quand j’ai compris que pour remplir ma mission, te tenir la main était un frein plus qu’un avantage. Depuis, je m’assure de la poursuivre, au prix nécessaire.
Elle s’approcha d’une Rosen affalée sur le canapé et lui caressa doucement les cheveux en passant, le voile léger de sa propre tenue voletant dans un tout aussi léger courant d’air.
- On ne peut pas tout empêcher Rosen. Encore moins quand l’on ignore ce qu’on doit empêcher. Il faut se contenter d’être prêt à réagir.
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| | | AlaricGarde de Sombrebois
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 18:35 | | | Si le ton de la châtelaine du Val d'Asmanthe n'était point cassant, ses propos n'en demeuraient pas moins difficiles à encaisser. Poings serrés le long de son flanc, Alaric la laissa terminer sa tirade, sans essayer de lui donner tort dans l'immédiat ; il ne gagnerait pas à ce jeu-là. D'un autre côté, il savait qu'elle avait raison : Roxanne se considérait elle-même comme une personne qu'il ne fallait pas croire, faisant du capitaine de Sombrebois l'unique fidèle de la baronne. Et pourtant... La rouquine ne pouvait guère savoir que pour Alaric, les intérêts du bourg commençaient petit à petit à prendre le pas sur celui de Rosen. Il ravala ce qu'il avait envie de lui rétorquer, s'efforça à garder son sang-froid comme il savait si bien le faire sur le champ de bataille. Face à un fangeux, Alaric connaissait ses forces ; face à la noble, il découvrait en premier lieu ses faiblesses. Roxanne n'avait pas tort : il s'inquiétait un peu trop tard des proches fréquentations de la baronne de Sombrebois. Il avait été naïf dans un premier temps, novice également ; il s'était senti plus démuni que jamais lorsqu'il avait perdu Hector. Mais maintenant, il relevait enfin la tête ; il pria les Trois pour qu'il ne soit pas trop tard.
Ses yeux perçants le traversèrent de part en part, et il eut l'impression qu'elle était capable de lire en lui comme dans un livre ouvert. Une pointe d'égoïsme ? Peut-être bien... Mais la châtelaine n'avait pas besoin de comprendre ses véritables motivations.
Rosen lui avait-elle parlé du cloaque ? Était-ce qu'elle avait dit qu'elle craignait à sa soi-disant nourrice ? Il ne prit pas la peine de répondre ; il avait la sensation que la question était purement rhétorique. Elle avait un coup d'avance sur tout, mais il s'y était attendu. Elle disait aider, même s'il ne s'agissait pas de sa mission principale. Alors qu'elle était-elle ? Il lui brûlait de le savoir, tout en sachant que cette information ne lui serait jamais accessible.
— Si, j'enverrais plus d'hommes, confirma-t-il.
Il marqua une petite pause, hésitant.
— Dans ce cas, pourquoi Sa Majesté s'est-Elle contentée de quinze personnes ?
Parce que le roi savait que le convoi ne craignait rien ? Parce qu'il avait besoin de ses soldats ailleurs ? Non, il n'aurait jamais besoin de monopoliser toute son armée, les conflits actuels ne pouvaient être aussi importants. En revanche, il repensa à sa discussion avec Eve, au soutien mystérieux dont jouissaient les bannis, à l'inactivité du monarque à leur sujet. Même s'il avait soumis cette possibilité à son amante, il ne parvenait pas à y croire pleinement. Il voulut demander si sa comtesse était en danger, mais se ravisa : il préférait évoquer son nom le moins possible. Roxanne était trop perspicace, il ne désirait prendre aucun risque.
Entre les lignes, Alaric lut ce qu'il avait cru deviné un peu plus tôt : la rouquine tenait bien plus du mercenaire que de la simple nourrice. Elle enfilait l'armure qu'on – qui, on ? – lui demandait d'enfiler en fonction des circonstances. Elle avait une tâche à remplir, dont aider Sombrebois n'en était qu'une infime part. Au moins pouvait-il se féliciter d'avoir compris le rôle de la noble, du moins en percevait-il les contours, une esquisse qui avait le mérite de le rassurer quelque peu.
Suivant son indication, il leva les yeux vers le ciel, vers la tempête qui approchait. À mesure que Roxanne énonçait le présage abstrait qui menaçait aussi bien le bourg que son capitaine, les prédictions d'Odalie résonnaient un peu plus fort en lui. Selon la châtelaine, il aurait le temps de sauver ce qu'il désirait, qu'elle serait même à ses côtés pour l'épauler. Son futur – trop proche – s'annonçait un peu moins morbide que ce que la voyante avait prévu.
Alaric s'arracha à la ligne d'horizon pour revenir planter ses yeux dans ceux de son interlocutrice. Dansaient dans ses prunelles bleues une étincelle de détermination sans faille, une volonté farouche que même une tempête ne pouvait emporter.
— Ma Dame, je me bats pour la vie ici depuis longtemps. Je ne compte pas m'arrêter. Je pense que vous le savez.
Il se rapprocha d'elle, veillant néanmoins à garder une distance respectable qui seyait à son rang.
— Vous comprenez donc ma révélation soudaine, persista-t-il. Une tempête approche. Je veux être prêt. Et pour cela, j'ai besoin de savoir. Et, voyez-vous, Ma Dame...
Il n'avait aucune idée si ce qu'il s'apprêtait à lui révéler était une bonne idée. Il n'avait pas du tout prévu d'aborder ce sujet, mais les mots s'échappèrent de sa bouche avant qu'il ne réfléchisse plus longuement. De toute manière, il n'en avait pas le temps.
— Vous ne m'apprenez rien.
Il avait joué la carte de l'honnêteté et cette dernière n'avait pu être suffisante. Mais s'il parvenait à intriguer la châtelaine, si jamais il détenait des informations qu'elle n'avait pas, peut-être serait-elle plus encline à partager ce qu'elle espérait lui cacher.
— Quelqu'un vous a précédé. C'est parce que je me prépare pour cette tempête que je suis venu vous trouver.
Il ne s'en était pas rendu compte, mais ses poings si fermement serrés s'étaient mis à trembler le long de son corps. Pas par peur. Mais une sorte d'excitation l'enveloppait. Une adrénaline nouvelle, pourtant similaire à celle qu'il avait ressentie moult fois, sur le champ de bataille ; une force qui le poussait à braver des inconnues, à se battre pour sa vie et ce qui lui était cher.
— Vous n'êtes pas sûre des forces concernées, ce n'est rien. Mais vous dites qu'il y a longtemps qu'elle se prépare et qu'on ne peut l'empêcher de se produire. Alors vous savez au moins de quoi il s'agit.
Sans hausser le ton, sa voix avait changé : au fur et à mesure qu'il parlait, ses mots se chargeaient d'assurance, d'audace. Parce qu'il sentait qu'il n'avait jamais effleuré la vérité d'aussi près et que l'occasion ne se représenterait sans doute jamais.
— Vous avez besoin de moi pour soutenir Sombrebois, non ?
Elle ne l'avait pas dit de cette manière, mais le capitaine osait croire que c'était bel et bien le cas.
— Je serai bien plus utile si vous acceptez de me dire ce que vous savez. Au moins l'essentiel, parvint-il à préciser avant d'enchaîner. Je ne suis pas noble, Ma Dame, mais permettez à mes actes de l'être. |
| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 19:54 | | | 24 Mai 1167. Toujours droite et digne face lui, de cet air patient qu’on les tutrices expérimentées avec les enfants qui apprennent de nouvelles règles, elle observait Alaric, écoutait ses questionnement sans y répondre, se contentant d’une légère inclinaison du menton quand elle voulait lui faire savoir qu’il était sur une idée importante. Oui, pourquoi le Roi, puissant parmi les puissant, disposant sans doute de la seule armée existante, laisserait en toute connaissance de cause l’une des membres de sa famille se diriger dans un piège avec un nombre d’homme si faible ? La réponse à cette question était simple pour qui avait suivi les actes de sa majesté en cette période de crise.
Mais Roxanne, même si elle appréciait le jeune homme et le pensait capable de grande chose avec un peu d’aide, ne pouvait trahir certains secrets, même les plus évidents. Ses croyances, ses convictions, ses sacrifices, toute sa vie reposait sur son devoir, depuis la première fois qu’elle avait pu lever les yeux vers l’astre ardent après des années de noirceur. Aveuglée, elle l’était encore aujourd’hui, mais pour rien au monde elle ne s’en affranchirait.
Même si rien dans sa posture ne la trahit, Alaric pu percevoir un éclair de surprise fugace passer dans ses yeux, comme un rayon de lumière se faufilant entre les branches d’une forêt profonde. Elle inclina lentement la tête pour l’observer.
- Ma foi Capitaine, vous avez d’intéressant amis s’ils savent tant de choses… Sont-ils aussi mystérieux et peu fiables que je semble l’être ? Si c’est le cas, je vous conseillerais d’être prudent avec leur parole, surtout dans l’interprétation que vous en faîtes. Comme c’est le cas avec moi.
Sa tête continua de s’incliner et son sourire devint profondément désolé.
- Car vous m’en voyez navrée Alaric, mais votre déduction est fausse. Je n’ai pas besoin de vous pour soutenir Sombrebois, car soutenir Sombrebois ne fait pas partie de ma mission… Disons plutôt que j’espère que cela sera un effet... collatéral de mes actions.
Ses yeux accrochèrent quelque chose par-dessus l’épaule de Alaric et furent traverser d’un nouvel éclat que cette fois il ne put définir. Son sourire aussi changea et perdit de son intensité avant de prendre une pointe d’amusement plus naturel. Elle s’avança d’un large pas en redressant la tête, réduisant à peau de chagrin l’espace qui les séparait. Son souffle, légèrement fruité lui balaya le visage quand elle reprit la parole, plus bas.
- Je protège le Royaume Alaric, c’est la seule chose qui sera toujours vraie me concernant. C’est un corps immense, aux membres plus nombreux qu’on ne peut les compter, et comme tout corps, il est sensible à la maladie. Malheureusement parfois, pour combattre une infection, il faut d’abord la laisser se propager pour en comprendre la nature. Quitte à sacrifier le membre infecté. C’est une triste réalité que certain d’entre nous doivent accepter…
Ses yeux quittèrent ce qu’elle observait pour se planter à nouveau dans les siens, plus dur, plus implacable.
-...Mais pas tous. Gardez se courage comme un brasier que vous devez nourrir Alaric, vous en aurez besoin. Et si votre milice a un surplus d’armes, qu’il s’agisse d’épée, de fourches, ou de hache, je ne saurais que trop vous conseiller d’être prêt à les distribuer à tout bras qui pourra les porter… en cas de besoin.
Après un dernier coup d’œil derrière lui, elle ajouta :
- Et si vos amis vous ont donné de bon conseil pour survivre à cette tempête, peut-être devriez-vous les suivre. Car je ne suis pas celle qui y accordera de l’importance au milieu des bourrasques.
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| | | Rosen de SombreboisBaronne
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Lun 6 Juin 2022 - 20:34 | | | Le soleil déclinant, la lune se levant Rosen feat Alaric, Victor Gudrun et Dame Corbeau
Je n’ai à peine eu le temps de me dire que je n’aurais jamais dû signer cette maudite lettre en fin de compte que ce qu’elle me dit m’éperonne désagréablement.
‘Il l’est.’
C’est pourtant évident… comment ai-je pu espérer qu’il était en dehors du danger ? Au mieux, il aurait été récupéré comme un vulgaire objet. J’encaisse, je serre les dents. Je n’aurais jamais dû écouter Alaric… j’aurais dû suivre mon instinct. Oui, parfois, mon instinct peut-être à suivre.
J’aurais dû faire envoyer Athanase loin de Sombrebois d’une façon ou d’une autre… J’aurais dû tout quitter lorsque Roxanne me l’a proposé. J’aurais dû penser à nous, à lui, avant de penser à ce maudit bourg et à ses habitants ! À tous ces ingrats ! Je sens la tension monter. Je sens la haine monter.
Roxanne s’amuse à présent à me nettoyer moi. Doucement , mon esprit s’égare, ses mots glissent de plus en plus. A quoi bon ? A quoi bon ? Tout est foutu de toute façon. Et je ne comprends pas la moitié de ce qu’elle dit, dans son art maladif de compliquer toutes ses explications jusqu’à arriver à donner des explications qui n’expliquent rien du tout, qui nécessitent trop de réflexion alors que j’en ai trop peu. Et plus mon cœur se gorge de haine, et plus j’ai l’impression de sentir Roxanne s’appliquer sur les zones sensibles.
Ou alors, je supporte de moins en moins ce contact, toute tendue que je me sens… J’aurais essayé jusqu’au bout, j’aurais lancé un dernier appel à l’aide. Mais c’est inutile, car je resterai seule quoi qu’il puisse arriver. On ne change pas son destin…
Se fermer à la nature de la menace, l’anticiper, l’accepter quelque part pour mieux tolérer l’éventualité de sa mise en place. Prévoir, envisager, pour mieux l’encaisser.
Faire comme si elle était inéluctable.
Athanase langé d’un geste rapide mais faisant l’affaire pour cette fois, je le remets dans le berceau, roule en boule la lange et la place dans la panière sale afin que Pénélope passe nettoyer. Lui ? Il semble peu perturbé par le change et reste passablement endormi.
Une fois habillée avec une chainse et sur le canapé aux côté de Roxanne, je peux constater que la tension ne retombe pas. Lui demander de rester, protester en disant que c’est faux, que j’ai besoin d’elle ici serait totalement inutile, je le sais. Seul un argument pourrait faire changer les choses, et encore. Visiblement, de ce que j’en déduis, c’est peut-être bien dans le bourg qu’il y a des gens qui me voudraient du mal. Mais tout cela commence à perdre de l’importance.
Sa main caresse à nouveau mes cheveux.
« Alors que devrais-je faire ? J’en ai assez de subir Roxanne et de devoir me battre seule contre le monde entier. Il faut que tu reviennes… que tu me guides. »
Au fond de moi, je peux comme sentir cette corde se tendre dangereusement. Trop dangereusement.
« Je refuse de laisser mon fils en danger. » Si elle se tend encore un peu.
Juste un peu.
Elle va rompre.
Je ne subirai plus tout ça très longtemps.
« Si personne ne veut plus croire en moi… comment pourrais-je arriver à quoi que ce soit ? Je ne vais pas y arriver dans ces conditions. C’est impossible… laisse moi au moins une dernière chance ! Si tu ne le fais pas pour moi, fais le au moins pour mon fils. Pour Sombrebrois. Je ne serais plus un frein Roxanne et il n’y a que toi qui peut m’aider et faire quelque chose. Si tu me laisses tomber tout est fini ils auront tous gagné… J’ai bien trop d’adversaires pour arriver à lutter toute seule contre tout le monde. Que je meurs, ça m’est égal. Ça m’a toujours été égal... mais je dois sortir mon fils de là. »
Je la regarde, prenant sa tête entre mes mains dans une ultime tentative.
« Ne m’abandonne pas toi aussi… »
A quoi bon changer et faire ce qu’il faut… c’est inutile. J’ai fait tous les efforts demandés et Hector m’a abandonnée. J’ai fait de mon mieux pour rattraper mes erreurs, mais Roxanne m’abandonne quand même.
« Je te laisse même diriger le bourg à ma place si tu veux ! Toutes les décisions te reviendront. Mais il faut que tu m’aides... Je ne peux rien faire toute seule. »
Je ne tiendrais plus très longtemps, c’est un fait. Je laisse mes mains glisser doucement sur ses joues, me retient de les caresser.
Quant à cette Voix stupide... à quelle demande ai-je bien pu répondre ? Je ne vois pas... Il faudrait que je me remémore tout ce que ces cinglées ont dit. Ça doit concerner Hector, mais quoi ? Si seulement j'avais trouvé la force d'écouter ce que voulait me dire l'autre cinglée...
« Je suis complètement isolée et je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe autour de moi. Je pourrais mettre plein de choses en place dans cette bataille, mais toute seule, c'est impossible. Je ne peux absolument rien faire. Ce n'est qu'une question de temps d'ici la fin si ça ne change pas très vite. D'heures, de jours, ou de semaines, hein ? Roxanne... »
j'essaie de poser ma tête sur son épaule et de passer mes bras autour d'elle, mon regard tombe sur la table basse et les poèmes que je lui ai écrit qu'elle a à peine regardé. Des parchemins que je voulais brûler hier. Il y a pourtant tellement plus important que ces foutus poèmes à lui donner.
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| | | Dame CorbeauMaître du jeu
| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant Jeu 9 Juin 2022 - 10:59 | | | 24 Mai 1167. Il est difficile de répondre sans cesse aux même question, aux même demandes et cela peu importe le nombre de fois où on change leur formulation. Elle comprenait la détresse de Rosen et l’espoir qu’elle fondait en leur lien pour corriger ses erreurs passées. Non, corrigé n’était pas le mot juste, elle espérait que la Châtelaine pourrait revenir dans sa vie, balayer tout cela sous le tapis et lui permettre de recommencer.
Un espoir futile, enfantin, impossible même. Mais que n’importe quelle mère aurait compris. Roxanne aurait aimé être l’être tout puissant capable de miracle qu’attendait Rosen. Trop d’erreur, trop de mensonges, trop de responsabilité, cette voie là s’était refermée depuis longtemps. Un battement de cil pour certain, une éternité pour les gens comme elle.
- Survivre en espérant de meilleurs lendemain Rosen. Voilà tout ce que tu peux faire, dit-elle avec un sourire désolé mais convaincu. Survivre, c’est une chose que tu sais bien faire il me semble…
Elle s’assit sur la petite table face à elle, prenant ses mains dans les siennes pour les presser avec une fermeté emprunte de douceur. Son regard cherchant le sien.
- Ni toi, ni moi ne pouvons dire de quoi sera fait demain. Aujourd’hui, je serais à tes côtés, repose-toi sur moi. Nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve. Mais tu dois croire en tes propres force Rosen.
Une de ses mains vint doucement caresser sa joue.
- Il n’y a que sur elles que tu peux finalement compter et c’est en t’en servant que tu finiras par convaincre les autres de lutter à tes côtés, pas pour toi, pas contre toi, à tes côtés. Cela fait trop longtemps que tu débats contre le monde comme s’il n’était composé que de bêtes sauvages voulant te sauter à la gorge. Bien plus longtemps que ta gestion de Sombrebois.
Elle laissa la tête de Rosen venir se caler contre son épaule, caressant son dos et ses cheveux, poursuivant d’une voix plus douce.
- Tu es seule parce que tu essaie de rentrer dans des moules qui ne te correspondent pas et un jour où l’autre, ils se fissurent sous la pression de ta nature et leurs éclats blessent ceux pour qui tu en avais pris la forme. Tu n’es pas la bête sauvage que les marais voulaient que tu sois, tu n’es pas la sectaire que le cloaque imaginait, tu n’es pas l’épouse bien rangée d’Hector, tu n’es pas la pauvre baronne en deuil d’Alaric, tu n’es pas l’outil de la couronne, tu n’es pas la douce mère d’Athanase. Tu n’es même pas la calamité sexy que je pense voir en toi. Tu n’es rien de cela et tout à la fois, cesse donc de soumettre ta personnalité aux espoirs des autres, il n’y a que comme ça que tu cesseras de les décevoir et que tu pourras enfin t’entourer de personnes qui t’aiment et t’aident pour qui tu es.
Elle glissa sa main sous son menton pour redresser son visage face au sien et déposa un baiser léger comme une plume, presque un effleurement, sur ses lèvres. Rosen ne s’en aperçut sans doute pas, mais ce fut là l’un des gestes les plus tendres et les plus sincères de leur relation.
- Alors Baronne, réunis tes forces, affrontons cette journée comme il se doit et voyons de quoi sont fait nos meilleurs lendemains. Je dois voir la seconde de Alaric, Eïlyn, c’est ça ? Prépare toi tranquillement, nous irons ensemble au Temple.
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| Sujet: Re: [convocation]Le soleil déclinant, la lune se levant | | | |
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