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 [convocation] La nuit des hurlements

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyLun 20 Juin 2022 - 10:22
24 Mai 1167.
[convocation] La nuit des hurlements Tgld
La journée n’avait été dédiée qu’à la fête et aux divertissement. Bien sûr, tous savaient que cet évènement avait pour but de fêter la naissance du jeune héritier et bien évidemment, tout un chacun avait silencieusement ou non prononcés les prières pour cela. Mais autre chose emplissait le cœur des gens de joie ce soir. Après trois années de peur constante, de conviction d’une fin prochaine. Ce sentiment que tous avaient finit par croire perdu à jamais revenait pulser dans leurs veines. Le soldat à l’épée, le bucheron à la hache, la tisseuse à l’aiguille, le noble à la plume. Tous, quelque soit la qualité de leur naissance, la dureté de leur vie, pouvaient le sentir en eux. De la pointe du château au fond de la grange.

L’espoir.

Il redonnait foi en la vie, au lendemain, aux champs des possibles. Sombrebois s’était relevé des cendres d’une humanité sur le déclin. Athanase, fils du grand Hector, lien entre les gens du commun et les nobles, par sa naissance, marquait le renouveau pour toute son espèce. La reprise du labret avait bien sur était un soulagement, mais surtout une nécéssité, qui avait à peine pu permettre aux milliers d’âmes de la cité de respirer quelques instants de plus.
Sombrebois, son héritier, eux, étaient des symboles. Un pied de nez au destin funeste, un cri devant les dieux. « NOUS SOMMES LÀ ! NOUS SOMMES EN VIE ! »

Même la couche profonde de nuage noirâtre qui s’était avancée au-dessus des murs en fin de journée n’avait pas suffi à obscurcir le cœur de gens comme elle le fit du ciel. Et les nombreuses gouttelettes qui tombée de-ci de-là, n’arrachait aux habitants que de vagues sourire ravi de la fraicheur bienvenue. L’alcool avait coulé à flot, le tavernier c’était montré des plus généreux même avec les moins fortunés d’entre eux et la Baronne avait rempli leurs estomacs comme rarement ils l’avaient eu ces dernières années.

De nombreuses âmes dormaient déjà, d’un sommeil comblé et lourd, le cœur léger. Les autres arpentaient encore les rues à une heure où d’habitude la plupart s’empressaient de rentrer chez eux. Oui l’espoir revenait et le courage avec lui. Parfois proche de la bêtise, cette dernière était cependant tempérée par la présence de la milice qui avait maintenu l’ordre toute la journée. Mais même les miliciens étaient loin de leur humeur maussade quotidienne, contaminé qu’ils étaient eux aussi par l’espoir. La plupart des problèmes s’étaient donc résolu avec un avertissement et une tape dans le dos. Au final seuls deux badauds ivres bien plus tôt que les autres avaient été mis en cellule jusqu’au lendemain en attendant plus de clarté.

Beaucoup de maisons et d’établissements étaient encore ouvert et les discussions allaient bon train. Pas seulement là où se trouvait l’alcool, même s’il aurait été dur de nier l’affluence que ce bien provoquait, mais aussi des endroits plus surprenants, comme le Temple local qui sous l’afflux des nombreux croyants avait finalement décidé de garder ses portes ouvertes même après la cérémonie ayant vu bénir l’enfant de Rosen.
Sans doute la présence soudaine du Haut-dignitaire Altan participait-elle à cet engouement, mais l’espoir aussi était finalement responsable de cela. Les douleurs subies, la peur éprouvée, le temps perdu. Tout cela n’avait que peu de poids quand la foi finissait par répondre à ceux qui la pratiquaient. Et qui aurait pu douter de l’intervention divine nécessaire à ce que Sombrebois ressortent des limbes qui avaient avalées le monde ?

Alors les quatre prêtresses et leur supérieur accompagnaient les prières de leur brebis de leur propre parole de réconfort. Malgré l’énigmatique personnalité du père Altan, celui-ci tenait son rôle à merveille. Dans une impressionnante robe de blanc et de vert brodé, il signait le front des fidèles avec une calme autorité qui lui conférée une aura irréelle, comme ces prêcheurs tous droits sortis des écritures. Un mot pour chacun, un regard pour tous.

Au fort aussi l’ambiance été à la joie. Pas de manière aussi ostentatoire qu’en ville, le rang des gens présent imposant un peu plus d’élégance dans l’amusement. Mais le troubadour ne se privait pas de faire sonner des airs entrainant sur ses cordes et plusieurs couples de danseurs avaient fini par se former sur l’espace dégagé entre les tables du banquet. La nièce du Roi, fidèle à sa réputation, se faisait très remarquer. Brisant les protocoles, elle dansait avec tous. Nobles, miliciens, domestiques, hommes, femmes, même la jeune fille qui voyait en la Baronne une seconde mère eu le droit à des pas en sa compagnie ponctués de rire et de cris.
La Châtelaine elle-même fut d’une joyeuse compagnie, discutant et plaisantant avec la Baronne aussi bien que les autres invités.

Oui, malgré la tension qui habitait certains d’entre eux, dans la crainte de l’avenir, l’espoir avait regagné Sombrebois. Mais malgré sa beauté, l’espoir est une chose fragile, infiniment fragile, qu’un effleurement trop brutal peut mettre à mal. Ce soir-là, ce fut le carillon de la cloche d’alarme des portes du bourgs qui ébranlèrent l’espoir dans les cœurs.
Résonnant jusqu’au fort dans un glas funeste, il étouffa les rires, la musique, les paroles, la joie et enfin l’espoir. Un simple son.


HRP:
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyMar 21 Juin 2022 - 19:34
Desmond mangeant en compagnie de son employé entend la coche et se barricade dans sa demeure.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyMer 22 Juin 2022 - 18:30
Les festivités avaient donc battues leurs pleins durant ce jour et cette soirée du 24 Mai 1167. Le Comte de Rougelac, présent au château en qualité de Gouverneur du Sud avait donc prit part aux réjouissances, se pliant à l'étiquette et aux obligations dû à son rang. Comme beaucoup, il partagea quelques pas de danse avec la nièce du Roi, picora et bu avec modération. Il profitait donc en apparence des festivités, non sans toujours, garder un oeil sur l'intrigante Roxanne, oiseau de mauvaise augure, après l'entretien qu'il avait eu avec la Chatelaine la veille au soir.

S'il avait soudoyé quelqu'un pour observer les faits et gestes de la rouquine, jusque là, son comportement semblait irréprochable, mais le mondain le savait mieux que quiconque, il fallait rester prudent et attentif. Fort de certaines garanties à l'extérieur des murs du château, Rougelac papillonnait donc de groupe en groupe et ne manqua pas de féliciter la baronne dans le plus propre et classique des protocoles.

Rougelac se trouva non loin de la Châtelaine du Val d'Asmanthe quelques instant avant que les cloches d'alarmes retentirent.

- Madame la Chatelaine, tout se passe comme vous voulez ce soir?

Avant de lui murmurer pour n'être entendu que de la rouquine.

- Vous semblez plus joyeux que cette nuit en tout cas, que nous vaut cette bonne humeur ? Est-elle seulement d'apparence ?

Fini-t-il en un clin d'oeil sournois et méfiant.

- Vous jouez si bien la comédie que je ne saurais quoi penser de...

Ces mots derniers mots se figèrent dans sa gorge alors que retentissait l'alarme. Un son qui ne laissait aucun doute possible quant à sa provenance et sa signification. Victor écarquilla alors les yeux et tourna un instant son attention vers la lucarne au loin que la nuit avait obscurci puis reposa machinalement son attention sur Roxanne, une pensée transpirant de son esprit.

*c'était donc vraiment, oiseau de mauvais augure*
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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyMer 22 Juin 2022 - 22:44






La nuit des hurlements


◈ 24 Mai 1167 ◈

La soirée reste animée au bourg malgré l'heure avancée. Une journée entière de célébrations n'aura pas suffit à épuiser les villageois, trop habitués à vivre sous cloche. Quelques jongleurs amusent encore les passants sur le parvis du Temple de Sombrebois, sous le regard attendri d'Edwige. La jeune prêtresse a elle-même eu un programme chargé, ayant officié à la cérémonie en l'honneur du petit Athanase à la demande de sa mère. Un honneur pour elle puisqu'il s'agit de son premier acte de foi officiel en ville, une manière de lui offrir une place au sein du clergé local. La cérémonie entraina une telle affluence qu'il lui fut impossible de rejoindre le château pour dîner aux côtés de la baronne et de ses convives, le lieu de culte ayant renoncé à fermer ses portes avant la nuit tombée. Bien entendu, Edwige n'avait pas su refuser son aide.

La foule se disperse à présent, seules quelques familles veillant encore devant l'autel pour recevoir d'ultimes bénédictions avant le coucher. Un heureux présage pour la religieuse qui ne sent déjà plus ses pieds. Encore une petite heure et elle devrait enfin retrouver le confort de sa chambre. Peut-être même aura-t-elle la chance de picorer auprès de Rosen avant que le banquet ne soit débarrassé.

Un son peu commun déchire soudain le ciel, semblable au tonnerre dans sa gravité. Edwige lève le nez, sa main humide d'eau bénite toujours posée sur le front d'un adolescent. Elle n'a jamais entendu ce signal avant, mais à en juger les visages inquiets des fidèles, cela doit être grave. La rumeur d'une menace enfle entre les personnes présentes. Dehors, les promeneurs pressent le pas, et les amuseurs remballent. Quelques volets claquent.

Le regard de la novice vient se poser sur la silhouette sombre du château de Sombrebois. En cas de panique, il deviendra impossible de rentrer, se dit-elle. Les paroles de la baronne lui reviennent en mémoire, celles lui intimant de rester à ses côtés en cas de danger.

Que faire ? Abandonner sa fonction et courir en espérant atteindre les portes du manoir ? Ne risque-t-elle pas de se noyer dans une marée de villageois apeurés ? Les foules tuent aussi surement que la Fange, mais n'a-t-elle pas fait le serment de se rendre disponible ? L'heure n'est pas à l'hésitation, il lui faut agir.

- ... J-je dois rentrer, glapit la jeune femme en achevant d'apposer la bénédiction. Que les Trois veillent sur nous tous. Soyez prudentes, mes sœurs.

Edwige échange un regard avec les autres prêtresses présentes, ainsi qu'avec le dignitaire de l'Ordre de Serus qui surplombe le sanctuaire. Cette fuite n'arrangera pas son image auprès de sa communauté, mais il lui est impossible de contenter tout un chacun. Avec de brefs mots d'excuse, la Rutherford franchit les portes et se met à courir.

Quoi que signifie cette alerte, elle lui laisse bien peu de temps...


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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyMer 22 Juin 2022 - 23:01
Après avoir fait la rencontre de la fratrie Lucet, puis celle d'Alaric et de sœur Isolde,Ryn avait pris le temps de faire quelques emplettes en vue de leur départ. Après cela, supportant très mal l'animation régnant dans le bourg, la mercenaire s'était retirée à l'auberge et y avait passé la journée seule, au calme. Ses compagnons, point aussi renfermés qu'elle, avaient pris grand soin de profiter des festivités, au moins jusqu'au coucher du soleil où ils étaient venus la rejoindre afin de terminer cette soirée "en beauté".

Tout le long de la journée, les mises en garde d'Alaric l'avaient obsédée. Après tout, elle était au courant des prédictions de la diseuse de bonne aventure… Cet oiseau de malheur… Et les nuages aperçus par la fenêtre de la chambre qu'elle partageait encore avec Lili ne l'avait guère rassurée… Mais que pouvait-elle faire contre cela ? Aurait-elle dû fuir avec les Lucets comme le capitaine lui avait conseillé ? Mais comment ? Seule avec les deux gamins dans la nature, Ryn ne pourrait assurer leur sécurité dans de telles conditions. Malgré tout, la mercenaire avait été tout bonnement incapable de penser à autre chose tout le long de ce jour de fête. Toute cette histoire avait tant et si bien éveillée sa paranoïa que la rouquine avait enfilé sa tenue de combat, affûté ses lames, et préparé un sac de provisions, autant pour s'occuper que se tenir prête au cas où...

Le soir venu, son humeur n'avait guère évolué. La mine qu'elle affichait lors du repas n'inspirait aucune conversation à ses collègues qui continuaient de festoyer de leur côté sans oser la regarder.

En réalité, Ryn picorait plus qu'elle ne mangeait. Elle attendait.

Ainsi, quand l'alarme se mit à retentir tout en éveillant lentement l'attention de l'assistance embrumée, la mercenaire était déjà levée. C'est en courant qu'elle regagna le Temple pour y retrouver les deux Lucets. L'ambiance dans les rues était assez étrange. Il y avait ceux qui restaient bêtement plantés au milieu des rues, le regard perdu vers le ciel. Un plus grand nombre de personnes couraient en tous sens, cherchant parents ou enfant avant de se presser en direction des portes du château. Et enfin… ces gens perdus à leurs fenêtres qui observaient le monde sans réellement savoir que faire. Tout en courant, la mercenaire leur hurla de rejoindre le château, seul lieu vraiment sécurisé de ce misérable bourg encore en pleine reconstruction.

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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyJeu 23 Juin 2022 - 11:30
La fête battait son plein à Sombrebois. Elle avait commencé peu avant la mi-journée, lorsque le petit Athanase avait été présenté aux Dieux et aux hommes dans le Temple au cours d'une cérémonie qui aurait presque pu rappeler ce qui pouvait s'organiser dans le sanctuaire de Marbrume en termes d'affluence et de fastes, avec ces nobles inconnus, ces décorations et ces prêtres en habits des grands jours. La nuit avait beau être tombé, l'effervescence n'était pas retombée : sur la place à quelques encablures du lieu saint, ça dansait, ça chantait, ça buvait. Même le Temple était resté ouvert, certaines âmes pieuses venant s'y recueillir encore dans un calme retrouvé.

Laura, elle, se tenait loin de tout cela.

Dans la cuisine du Temple, elle récurait encore quelques ustensiles. On lui avait pourtant dit qu'elle était libre de se joindre aux festivités mais la petite couturière s'en gardait bien : depuis le couronnement, elle évitait autant que possible les foules. Elle ne s'était même pas mêlée au peuple venu assister à la cérémonie de naissance du petit Baron de Sombrebois, se contentant d'épier l'événement de loin, prête à se replier à tout instant dans la chambre de Pierrick comme une fouine craintive. Pourtant, le cœur de l'adolescente battait presque à l'unisson de cette bonne humeur qui avait contaminé le bourg : sa rencontre avec la mercenaire Aeryn le matin même lui avait redonné l'espoir, oui, elle et Pierrick pourraient aller au Labret. Il y avait encore moult détails à régler mais cela pouvait se discuter sur la route. Elle allait même avoir une nouvelle robe… sans s'en rendre compte, Laura souriait tout en s'acharnant sur sa casserole.

Sourire qui s'affaissa instantanément au son du tocsin.

Un coup, unique, qui suffit à briser la magie de cette soirée orgueilleuse et qui résonna dans tout Sombrebois. La cadette Lucet eut le sentiment de le sentir vibrer jusqu'au plus profond de ses os. La jeune fille posa sa casserole sur la table et se leva mécaniquement, se dirigeant vers la fenêtre la plus proche. A travers la crasse, elle vit les silhouettes des fêtards immobiles mais, rapidement, certaines se mirent à se mouvoir, vite. Alors Laura les imita, pressée par un sentiment d'urgence.

Pierrick.

En quelques pas de courses feutrés, la petite couturière avait retrouvé le chemin de la chambre de son frère dont la porte s'ouvrit. L'adolescente trouva son aîné debout dans l'embrasure et manifestement soulagé de voir sa petite sœur le rejoindre.

« - Qu'est-ce qui se passe ? »

« - Je sais pas… »

Laura eut juste le temps de s'emparer de son châle dans lequel son couteau de cuisine était toujours caché ; la mine fermée, Pierrick attrapa sa main libre et l'emmena avec lui en direction de la nef afin de trouver quelqu'un qui pourrait leur expliquer ce qui se passait.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyJeu 23 Juin 2022 - 11:50
24 mai, début d'après-midi


Alaric traçait distraitement les contours du pendentif de son pouce ; la corde du collier retombait paresseusement entre ses doigts. Malgré le sujet de l'ouvrage, on ne pouvait nier le talent de l'artiste ; la pierre précieuse, incrustée à la place de l’œil, donnait presque vie au corbeau ainsi façonné. Selon les jeux de lumières, différents tons dansaient sur la surface polie, lustraient le plumage moulé du volatile, allumait son regard d'une étincelle de malice. Le capitaine de Sombrebois l'avait déposé dans le fond du coffre de sa chambre, dissimulé sous un tas de couverture qu'il n'utilisait que très rarement. Il pensait ne jamais le ressortir ; il était la représentation d'un souvenir qu'il n'oublierait jamais, mais qu'il ne désirait pas partagé. Un secret qu'il portait seul sur ses épaules qui ne cesserait jamais de lui rappeler ce qu'il était prêt à réaliser pour sauver ce qui lui était cher. Roxanne était prête à sacrifier une infime partie du royaume, pour protéger l'entièreté de ce dernier. Alaric lui en voulait, mais n'était-ce pas hypocrite de sa part ? N'avait-il pas pris de décision similaire, à cette époque ? À plus petite échelle, certes... Serait-il prêt à recommencer ?

Les yeux fermés, il attacha le bibelot autour de son cou, occulté par sa chemise. Si Rosen avait raison, si c'était bel et bien le cloaque qui en avait après la baronne et son fils, alors une représentation de ce fichu corbeau contre son torse ne serait peut-être pas inutile. Dans le cas contraire... Le pendentif serait là pour lui rappeler qu'il avait déjà du sang sur les mains.

Alaric prit une longue inspiration avant d'ouvrir les yeux. Il enfila et sangla son armure de cuir qui trônait sur son lit, resserra liens de ses brassards autour de ses poignets, effleura la dague acérée à son côté. Il était prêt.

***


24 mai, soirée



Malgré l'inquiétude qui barrait son front, Alaric parvint à s'amuser durant les dernières festivités. Il se força à vivre dans le moment présent : si c'était la dernière fois qu'il pouvait rire, mieux valait saisir cette chance. L'humeur d'Eve ne fut pas étrangère au sourire qui étirait ses lèvres, tandis qu'elle virevoltait sur la piste de danse. Si l'atmosphère n'était guère la même, elle lui rappela l'ambiance de La Mouette chantante ; il ne put se résoudre à refuser sa main lorsque, comme si de rien n'était, elle lui proposa de la rejoindre pour l'échange de quelques pas innocents. Il avait hésité, de peur que quiconque remarquerait leurs regards de connivence, dut lutter pour ne pas l'embrasser au vu et au su de tous, une fois leur morceau terminé. Cette envie se décupla lorsque le comte de Rougelac l'invita à danser à son tour, déposant ses sales pattes sur les hanches de sa comtesse. Il sembla au soldat que ce nouveau couple dansa durant une éternité avant qu'enfin, ils ne se séparent, leurs lèvres drapées de faux sourires. La facilité avec laquelle Eve pouvait mentir l'effrayait parfois.

Ainsi positionné, les bras dans le dos, Alaric veillait au bon déroulement de la soirée. De temps à autre, il vérifiait que ses hommes étaient en position, empêchait d'un regard sévère et autoritaire que l'alcool ne circulât pas trop entre leurs mains.

Le capitaine de Sombrebois avait presque – presque – oublié la pluie qui se déversait au dehors, le tumulte du vent qui soufflait contre les pierres de la forteresse, les prévisions d'une soi-disant diseuse de bonne – ? – aventure et la présence d'un satané corbeau à son cou, lorsque l'alerte retentit. Lorsque la nuit hurlera... Ses poings se serrèrent, il se força à rester calme, adressa une prière aux Trois. Instinctivement, ses yeux bleus accrochèrent les prunelles d'Eve. Le temps se suspendit, au cours duquel hôtes et invités se regardèrent, perplexes, comme s'ils avaient cru – espéré – avoir rêvé. Alaric mémorisa une dernière fois le visage de son amante, avant de s'en détourner. D'une voix forte et assurée, il somma à tous de rester dans le salon, ordonna aux miliciens et gardes présents dans la grande salle d'en protéger l'accès, commanda à deux d'entre eux de se rendre sur les remparts. Quant à lui, il devait savoir ce qui se tramait : une attaque directe ? Le repérage d'armées ennemies ? La découverte d'une personne infiltrée ? Il ne se laissa pas envahir par le stress ; il avait eu la journée pour se préparer.

Restez-vous là pour protéger le royaume, Ma Dame ? lança-t-il sèchement à la châtelaine du Val d'Asmanthe, sans se préoccuper de sa proximité avec le comte de Rougelac.

Si la rousse était là uniquement pour protéger Athanase, elle ne risquait pas de s'aventurer dehors. Alaric n'attendit pas de réponse de sa part. Une fois qu'il fut certain que ses hommes étaient positionnés selon son bon vouloir, il quitta le salon. Il renforça la présence des miliciens à l'entée du château, aboya des ordres à gauche et à droite, clairs et précis, d'un ton ferme et sans appel.

Depuis les premières marches précédent les lourdes portes, il remarque que l'ambiance avait également changé dans le bourg : l'on ne riait plus, mais l'on courait en tous sens. Certains se barricadaient chez eux, d'autres peinaient à regagner leurs pénates, l'alcool et la fatigue rendant leurs réflexes plus lourds, leurs démarches caduques. Peut-être était-ce pour cette raison que la reine – si c'était elle ou ses partisans – avait attendu ce jour précisément. Qui ne relâchait pas son attention un jour de fête ? Moi.

Un enfant cria. Le coeur d'Alaric se serra. La pluie collait ses cheveux contre son front, sinuait entre les différentes lamelles de cuir de son armure.

Sans plus attendre, le capitaine de Sombrebois se dirigea vers l'entrée du bourg. Il ne doutait pas qu'il trouverait Eïlyn en chemin.
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyJeu 23 Juin 2022 - 19:47
Pour la population du Morguestanc, la nuit du 24 Mai de l’an 1167 sera nommée dans les mémoires comme la Nuit des Hurlements.


Les effluves d’onguents et d’herbes séchées nourrissaient l’atmosphère d’un air profondément grave, comme si une épée allait déchirer le toit du temple pour s’effondrer à leur pied. Les quelques bougies allumées à la tombée du jour entraînaient les ombres sur le mur dans une valse langoureuse.

Isolde était assise sur les marches du Temple et savourait le bruit de la nuit, un châle jeté sur ses épaules, les cheveux étirés dans un chignon particulièrement flou et dont ondoyait quelques mèches sauvages, comme portées par un ruisseau invisible, les lèvres étirées une moue particulièrement alerte. Le menton appuyé sur ses les mains, elle observait l'obscurité, d’un air particulièrement attentif

Au son de l’alerte, Isolde s'était dressée d'un bond vif, l'oreille tendue d'appréhension. Une angoisse viscérale traversa son visage mais elle assista à la sordide mélodie sans objecter ni crier. Les clameurs enflèrent comme une poudre prenant feu, mêlées de cris d'effroi. S'ensuivit une bulle de silence, de peur et de violence. Isolde recula d'un pas, une prière silencieuse aux lèvres, puis ses yeux glissèrent sur la silhouette qui la dépassa et s'écarquillèrent d'incrédulité. Un léger pincement de déception s'immisça dans sa poitrine et gangréna tout le reste dans une pulsion de colère indignée.

« Êtes-vous sérieuse de vous défiler ainsi ? » Claqua-t-elle sèchement alors qu’Edwige s’oubliait dans la nuit. « Que la honte soit sur vous, Edwige. » Sonna-t-elle comme une malédiction, laissant échapper une voix rauque chargée de colère, les lèvres crispées de ressentiment.

Serrant violemment le poing pour se contrôler et garder son esprit attentif, Isolde musela la colère et tourna les talons pour s’enfoncer dans le Temple. Elle franchit le seuil dans une entrée poussée brutale. Son regard alerté croisa celui d’une enfant et d’un autre frôlant son âge. Elle s'approcha d'eux et se saisie de la jeune fille avec une douce lenteur au niveau de ses épaules. La petite ne comprenait pas. Pas encore.

« Je suis là, ne vous inquiétez pas. » Informa-t-elle en prenant un air le plus apaisé possible malgré le tambour qui résonnait dans sa poitrine creuse. « Ne bougez pas d’ici. Pas encore. »

Son regard s’enfonça dans celui du Haut Dignitaire.

« Il faut que nous les protégions. » Affirma-t-elle en dressant le menton vers Lucian.

Soudain, elle se retourna brutalement sur elle-même et fixa le château, puis déclina lentement son regard sur l’auberge.
Tout avait une fin sous ce ciel étoilé, mais certaines fins étaient plus brutales que d’autres.

Alaric, Aeryn… J’espère que tout ceci n’est pas le commencement de la fin.


Dernière édition par Isolde le Jeu 23 Juin 2022 - 20:02, édité 1 fois
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyJeu 23 Juin 2022 - 19:58
Le son de la cloche se répercutant jusque dans les tréfonds du temple, entrant par les portes laissées grandes ouvertes, la glaça d'effroi instantanément.

La journée avait été longue et, sans aller jusqu'à la qualifier de pénible, Gudrun n'avait pu profiter pleinement des réjouissances de la journée. L'incertitude sur l'avenir de son fiancé, la tension due à la visite de personnages aussi importants, la ferveur surprenante des habitants du bourg, tout cela avait concouru à ce qu'elle se sente finalement très lasse, ce soir encore. Comme la veille, les portes qui auraient dû être fermées et barrées à cette heure-ci étaient grandes ouvertes, et les petites gens allaient et venaient, ayant soudain retrouvé le chemin de la foi malgré les averses.

Malgré tout, quand la cloche retentit, elle prit conscience qu'il y avait bien pire que de ne pas arriver à se réjouir : se sentir en danger. Elle n'avait jamais entendu ce son depuis qu'elle était arrivée à Sombrebois : cela ne signifiait donc rien de bon. Après une courte hésitation qui lui parut durer une éternité, elle se releva et abandonna le confessionnal, signifiant par un petit geste de la main à son interlocutrice que l'entretien était terminé, pour se diriger d'un pas chaloupé, mais énergique, vers la porte qui menait aux annexes du temple. Ce faisant, elle cherchait fébrilement du regard Bertille, qu'elle n'avait pas vue depuis un bon moment. Était-elle rentrée chez elle en voyant la nuit avancer ?
La pièce où logeait la prêtresse n'était qu'à quelques pas de la chapelle proprement dite, et elle se dirigea immédiatement vers le coffre où étaient soigneusement pliées ses affaires : par dessus se trouvait sa sacoche de premiers soins, ainsi que la daguette qu'on lui avait offerte et dont elle n'avait pas eu besoin jusqu'ici. Puissent les Dieux faire que je n'aie pas à s'en servir, songea-t-elle. Elle attrapa les deux et les accrocha à sa ceinture, tout en reprenant le chemin de la chapelle. Elle aperçut Laura et Pierrick dans le couloir, et leur lança, sans crier mais d'un ton qui n'admettait pas de réplique :

- Vous restez tous les deux à l'abri, tant pis pour la discrétion : trouvez-vous un endroit sûr.

Elle arrangeait encore les deux objets en arrivant près des grandes portes, essayant de dissimuler le fourreau de la dague sous la sacoche. Sur le pas de la porte, où elle aperçut Soeur Isolde et le Haut-Dignitaire, elle essaya de scruter la nuit de ses yeux et de ses oreilles pour comprendre ce qui se passait.

HRP:
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyVen 24 Juin 2022 - 20:12


La nuit des hurlements
Rosen feat ...


C’est une journée fort éprouvante qui touche à son terme. Une journée de diverses tensions, de divers entretiens avec une bonne partie du bourg, de diverses activités festives. Athanase a reçu sa bénédiction divine, et je le regarde régulièrement et fièrement, admirant la petite chaînette au bout de laquelle se balance le médaillon à l’effigie des trois qu’il a reçu pour l’occasion.

Au fur et à mesure de la journée, les tensions n’ont cessé de croître. Je n’ai eu de cesse de me demander quand le couperet allait s’abattre au dessus de ma tête. Puis l’après-midi a succédé à la matinée, puis la soirée a succédé l’après-midi. Le banquet, le tournoi de tir à l’arc, les danses, les discours, les cérémonies. Tout s’est enchaîné à une vitesse effarante et, une fois de retour au château et la journée finie, si je puis dire - il reste toujours les invités et la fête bat son plein, mais au moins il n’y a plus rien à faire sinon profiter. Je peux enfin souffler.

La nuit tombe petit à petit et le vent, la pluie et l’orage ont, ce début de soirée, déjà pris place au dessus du village. A l’intérieur, les miliciens veillent et chacun s’amuse. C’est pour ce soir, a dit Alaric. Mais la nuit est en train de tomber et avec la fange, j’ai toujours du mal à savoir comment il est possible d’imaginer des assaillants débarquer la nuit - et sous la tempête. A cette heure, il est peu probable que quiconque s’amuse à arpenter les marais pour venir. Et si ça vient de l’intérieur… on ne devrait pas avoir une armée à combattre. Alors il y a bien quelque chose qui m’échappe encore… encore et toujours, pour changer.

Je regarde les gens s’amuser, danse avec les uns, les autres pour m’occuper. Des danses un peu plus libres avec Eve, des danses un peu plus strictes avec Victor, des danses un peu plus malicieuses avec Roxanne. Roxanne est d'ailleurs d’humeur joyeuse, comme si aucun danger ne pouvait planer, comme si rien de mal ne pouvait arriver. Le paraître, entre autre, bien entendu. Et l'assurance.

Elle qui à son arrivée il y a bien deux mois avait été reléguée à une autre table est aujourd’hui au plus proche de moi, sur ma gauche et j’aime bien l’embêter de temps en temps, laisser discrètement courir mon pied sur son mollet ou glisser ma main sous la nappe jusqu’à sa cuisse pour la palper, laisser mes doigts l'effleurer ou jouer avec sa robe...

Les autres se sont placés comme ils en ont eu envie, les places étant souvent variables en fonction des invités et je déplore juste que Marie-Ange et Edwige ne soient toujours pas revenues au château malgré cette heure aussi tardive. J’espère qu’elles auront bientôt fini… j’aime pas vraiment les savoir dehors à cette heure-ci, surtout par les temps qui courent et concernant Edwige qui sera incapable de se défendre contre quoi que ce soit.

Depuis l’après-midi, je me suis évertuée à chasser considérablement toute forme de tensions ou de stress et j’ai fait montre d’une bonne humeur et d’un entrain presque énergique pour contrer cet état d’épuisement qui se maintenait depuis longtemps, mais qui était plus que perceptible depuis ce matin.

Assise à ma place ce soir, je regarde donc distraitement les gens continuer de danser un peu à la manière d’un monarque qui regarde ses sujets s’amuser. De loin, je garde une oreille attentive et essaie de suivre ce que Victor raconte à Roxanne, mais je n'entends pas grand chose. C’est quand tout le monde se fige soudainement et que la musique s’interrompt brusquement que je sors de mes rêveries et que je réalise que la cloche du bourg signale des ennuis. Je lance un regard en coin derrière moi d’où provient le bruit de l’alerte.

Bon, ben nous y voilà…

Je regarde attentivement mon fils qui dort paisiblement dans son couffin posé sur deux chaises alignées à côté de moi. Parfois, je me demande comment il fait pour avoir le sommeil si lourd. Je cherche à croiser le regard d’Alaric, mais ce dernier se lève de sa chaise et prend les choses en main rapidement avant de disparaître, non sans s'être offert le luxe d'ouvertement tacler Roxanne. Merveilleux. Lui qui me disait il n’y a pas si longtemps de me tenir et de faire profil bas… le voilà maintenant qui s’amuse à la chercher en public. Est-ce la dernière fois que je le vois ? Probable.

Bonne chance à toi quoi qu'il en soit.

Au moins a-t-on planifier ce que l’on a pu cet après-midi, avec le peu de temps que nous avions devant nous. C’est toujours mieux qu’un assaut totalement surprise, n’est-ce pas ?    

Mérédith se précipite vers moi et je vois à son regard qu’elle est terrorisée. Sans doute comprend-elle trop bien ce que ce genre de bruit signifie. Peut-être même l’a-t-elle déjà entendu, il y a trois ans. Sans doute que la dernière fois qu’elle l’a entendu si c’est le cas, ne s’est ensuivi que mort et désolation.

Tout un bourg décimé par la fange. Et Alaric qui demande à personne de bouger au lieu de prendre les devants. Chaque seconde compte, pourtant. Mais ce n’est certainement pas le moment de commencer à se contredire, même si ma décision sera prioritaire sur la sienne, ici. On va attendre d’en savoir un peu plus donc. De toute façon, je lui fais confiance pour ce qui concerne la sécurité. C’est son rôle après tout.

« Bon. »

Je repousse ma chaise et me lève promptement en gardant la main que Mérédith a mis dans la mienne, pour m’adresser à tout le monde.

« On garde notre calme. On est à l’abri, ici, alors il est inutile de courir partout. »

Rassurer les gens pour éviter le chaos. Un mouvement de panique serait vraiment catastrophique. Je ne tiens pas à me refaire piétiner comme pendant l’invasion de Marbrume l’année dernière ! Mais je ne suis pas assez stupide pour penser qu’il existe une seule porte en ce bas monde capable de résister à l’assaut acharné d’un bélier.

« En attendant d’y voir plus clair… Pénélope, soyez prête à rallumer les fourneaux et toutes les cheminées nécessaires. »


Je me tourne ensuite vers Hilde pour continuer les directives suivantes.

« Je veux que tout alcool, poix et huiles disponibles au fond de cette cave soit prêts à être remontés dans la cuisine si jamais il y en a besoin. »


Je serre doucement la main de la fillette qui me dévisage avec un air de plus en plus paniqué avant d'agripper mes jambes. Je me baisse à son niveau pour lui parler.  

« Tout va bien, n’aies pas peur. On est en sécurité ici. On va sans doute bientôt passer à l’activité suivante… il va bien falloir s’occuper un peu et passer le temps en attendant que les adultes puissent régler la situation, tu vois ? Tu te souviens de comment on joue à cache-cache ? » 

Ne pas la laisser me transmettre sa panique. Ne pas la laisser la panique monter. Je lui souris avant de rajouter.

« Un très long cache-cache. Mais tu sais trouver les meilleures des cachettes, hein ? Tu es très forte à ce jeu ma chérie. »

La seule survivante du bourg avec Hector, ai-je appris un jour. Triste histoire.

« Alors vous allez bien vous débrouiller avec Samuel et Nadia. C’est pas si difficile de gagner, hein ? Tu en a déjà gagné. Même moi, à ton âge ! C’est très facile, la règle d’or, c’est pas de bruit et pas de mouvement. Celle-là aussi, tu la gagneras. J’ai confiance. Ça va aller. Et tu sais quoi ? Tu devrais même avoir Athanase avec toi. »

Les autres enfants se sont rapprochés très près de nous instinctivement et j’essaie de repousser doucement Mérédith vers eux, mais elle reste accrochée à moi. Je n’insiste pas, me relève et reprend sa main avant de me retourner à présent vers Roxanne, lui souriant.

« Alors ? murmuré-je pour n’être entendu que d’elle seule. Quoi qu’il arrive… on reste ensemble et on ne se perd pas de vue, d’accord ? Je resterai près de toi et je t’écouterai. Tu as ma parole. »

Ne pas partir subitement en courant sur un coup de panique. Ne pas foncer tête baissée. Ne pas chercher à me précipiter seule rejoindre Athanase si jamais on commence à perdre du terrain. Faire confiance à Roxanne – en espérant qu’elle ne me fasse pas enfermer dans un placard. Si Alaric ne revient pas, il n’y a que sur elle que je pourrais compter pour la stratégie militaire.

Je prends ensuite mon fils dans les bras, il ouvre alors les yeux pour regarder autour de lui, s'étirant doucement. Je souris en le dévisageant attentivement. Il est si beau, avec ses yeux verts et ses jolis mèches presque aussi blondes que les miennes, formant légèrement de petites bouclettes ça et là. Mon fils... je ferai tout pour arranger ça. Je te le jure. Tout ira bien. Maman va tout arranger... d'une façon ou d'une autre. Il referme aussitôt ses yeux et se rendort. Je grave chaque trait de son visage jusqu'au plus profond de mon âme. C'est peut-être la dernière fois que je peux le voir.

Je guette le retour des miliciens, de Rodron déjà en haut, ou d’Alaric pour savoir ce qu’il se passe. Soudain, mon cœur se serre. Oh non... Edwige... Edwige n'est pas rentrée.

Je déglutis difficilement. Ne pas paniquer. Envoyer quelqu'un la chercher ? Il nous faudra bien au moins une prêtresse pour soigner les blessures les plus graves. J'attends d'en savoir plus avant de prendre une décision. Pas de décision hâtive.

Je cherche à qui confier mon fils, du coup. Je crois que nous allons tous nous battre, ici. Même Pénélope sera occupée à nous assister et passera son temps à courir en tous sens, même si elle ne se battra pas. Les enfants risquent de rester tout seuls... cette idée ne me plaît pas du tout. Je berce doucement Athanase - qui a mangé et a été changé il y a une demi heure, c'est déjà ça.

Pourvu que l'on s'en sorte. J'adresse toutes les prières qu'il est possible d'adresser, tout ce que je peux faire, pour l'heure.

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyVen 24 Juin 2022 - 21:37
24 Mai 1167.
[convocation] La nuit des hurlements Tgld
Alors que chacun croyait faire ce qu’il lui semblait juste, passant parfois pour un lâche, parfois pour un héros, la cloche finit par retentir de nouveau, respectant cette fois l’un des codes établis. Bien entendu, peu en dehors des miliciens et quelques hauts responsables connaissaient leur signification. A l’exception de l’attaque fangeuse que tout un chacun avait appris à reconnaître. Celui qui se fit entendre indiquait une attaque, mais un assaillant inconnu. L’alarme résonna à travers le bourg tout entier, finissant d’alerter les instincts même des plus lent d’esprit. Des patrouilles de miliciens couraient en tout sens, vers le château, vers les murs, vers la porte, chacun connaissant sa place, mais tous visiblement surprit de devoir s’y rendre.

***


Desmond...

L’ancien chevalier était barricadé dans sa maison et jouait à la belotte avec son copain.

***


Rosen, Victor, Edwige...

Eve aurait voulu bondir à la suite d’Alaric, mais elle savait qu’elle aurait eu tort, ce n’était pas sa place et pour accomplir son devoir, il ne devait pas avoir à s’inquiéter pour elle. Si la situation devenait désespérée, ils se trouveraient, elle voulait y croire. Elle s’approcha d’une table et se saisit d’un couteau alors qu’elle entendait son amant envoyer une remarque à la châtelaine, qui contenta d’un haussement d’épaules désolé mais confiant qu’il ne s’accorda pas le temps de voir déjà parti vers les portes.
La lame n’était clairement pas une arme de combat, mais valait mieux que de jouer la jeune femme en détresse devant le potentiel assaillant. Elle se tourna pour observer la salle. Des petits groupes de miliciens passés ça et là sans doute pour aller sécuriser des points du forts. Beaucoup restaient là pour protéger les occupants. Elle tourna la tête vers la baronne à l’air pâle.

Roxanne finit son verre tranquillement alors que l’alarme sonnait à nouveau. Le capitaine n’appréciait visiblement pas qu’elle se contente de le prévenir et non de le préparer. Elle pouvait le comprendre, elle-même aurait serré les dents dans sa position. Elle offrit un sourire aimable au comte près d’elle qui commençait sans doute seulement à comprendre les mises en gardes qu’elle lui avait fait.

- Ne vous avais-je pas dit que le temps défilait pour nous tous ? Espérons que vous savourerez vos découvertes monseigneur et que vous ne regretterez pas cette journée de recherche perdue. Mais vous m’excuserez, je n’ai plus le temps de jouer. Dit-elle avant de se détourner. Après tout, si elle n’avait pas tort, le comte avait passé une bonne part de la journée à faire rechercher un réseau qui n’existait plus. Oh, débrouillards comme ils étaient ils avaient surement trouver un informateur local ou deux, mais à part que le bourg s’était vidé de sa surveillance, il n’avait sans doute pas découvert quoi que ce soit d’intéressant.

Elle se mit à observer Rosen qui confiait à une enfant une tâche si difficile pour un si jeune âge. Elle en comprenait la raison, bien entendu, mais douté qu’il s’agisse du meilleur choix. Et si Athanase pleurait, avec juste une enfant pour le défendre ? Quels seraient ses choix ? L’abandonner ? L’étouffer ? Mourir avec lui ?

Mais elle ne dit rien, ce choix regardait Rosen pour le moment. Et elle la laisserait faire. Elle regarda passer les capes vertes dans le dos de la Baronne et parcouru la salle des yeux. L’endroit était trop ouvert, empêcherait la bataille rangée pour une simple mêlée générale, bien plus dangereuse. Mais elle avait encore du temps. Elle n’aurait même pas besoin de les convaincre si tant est-il qu’ils fassent preuve d’un peu de logique. Elle hocha du menton quand Rosen lui chuchota autant sa proposition que sa supplique. Elle confirma.

- Tu restes à coté de moi, quoi qu’il arrive. Mieux qu’une paire de cerise. Son ton ne souffrait aucune discussion, même s’il allait dans le sens de Rosen.

C’est ce moment que choisirent les deux prêtresses essoufflées pour faire irruption dans la grande salle. Une part de la châtelaine fustigea mentalement les miliciens de l’entrée pour les avoir laisser pénétrer malgré l’état d’alerte. Les têtes trop connues rentraient trop facilement ! Elle s’approcha à grand pas des arrivantes, Rosen auprès d’elle. Bien, elle suivait pour le moment.

- Mesdames, quelle heureuse surprise, qui sait si nous n’aurons pas besoin de vos talent bientôt. Marie-Ange, vous me suivez avec la baronne quoi qu’il arrive. J’ai besoin que vous me la gardiez en forme. D’une bonne gifle s’il le faut ! Sœur… Edwige c’est cela ? Tâchez de veiller sur Meredith si les choses dégénèrent.

Elle allait se détourner et ajouta finalement :

- Je vous conseillerais de rester près du sieur de Rougelac autant que possible. M’est avis qu’il pourrait bien être îlot de tranquillité ce soir, mais ne lui tournait pas le dos pour autant.

Elle se tourna vers les hautes fenêtres ou une étrange lueur apparaissait, puis, le son leur parvint.

***


Isolde, Gudrun, Aeryn, Laura...

Ainsi donc, sœur Edwige avait-elle fait le choix personnel plus que le choix moral… Il n’avait pas été surpris de voir Marie-Ange faire de même un instant plutôt, depuis longtemps avait-elle perdu le chemin qui l’avait en premier lieu poussé à enfiler la robe de prêtrise. Mais la jeune femme aurait encore pu dévier sa route et se diriger vers l’avenir qu’elle pensait perdu. Ce n’était pas grave, jamais il n’avait défini de plan les concernant, simplement éprouvé de la curiosité pour la décision qu’elles prendraient. La Baronne, malgré ses nombreux défauts semblaient source d’influence…
Lucian signa le front de l’homme âgé qui tremblait à présent devant lui et posa une main rassurante sur son épaule.

- Si notre heure est venue, tâchons de la rendre mémorable et sans crainte. Nous le devons aux trois, autant qu’ils nous le doivent. lui dit-il, patient, rassurant, comme s’il ne s’agissait là que d’un pas de plus à franchir. L’homme, presque hypnotisé se détendit visiblement.

Après un dernier sourire, il le dépassa et se dirigea d’un pas calme vers l’entrée, les mains nouées dans le dos. Le parvis se vidait aussi vite que des feuilles soufflées par un vent violent. Plusieurs familles et habitants avaient choisi le Temple pour refuge et le dépassait en courant pour s’enfoncer dans le solide bâtiment.
Ses deux consœurs finirent par le rejoindre, visiblement pas prête à faire le sacrifice de leur morale pour leur survie. Altan ne fut pas surpris d’entrapercevoir la poignée de l’arme que dissimula rapidement l’Hendoise et s’offrit même le luxe d’un petit sourire. La cloche se remit à sonner, bien plus vite, d’un rythme saccadé, sans doute une forme précise d’alerte…

- Ma foi, je pense que vous avez raison ma sœur… Je crois d’ailleurs voir l’une de celle qui peut nous y aider. Répondit-il tranquillement à Isolde alors qu’une chevelure rousse émergeait entre de groupes de foules pour courir droit vers eux. A peine Aeryn eut-elle commencé à gravir les quelques marches qu’il la salua.

- Sombre soirée, n’est-ce pas ? Les enfants ? Je crois bien que Sœur Gudrun vient de les envoyer se mettre à l’abri à l’intérieur. Expliqua-t-il comme s’il était parfaitement naturel qu’il connaisse les raisons de l’arrivée de la mercenaire. Puisque nous y sommes, Gudrun... vous m’autoriserez de me passer des titres ce soir, je m’excuserais plus tard. Les Sombreboisiens sont effrayés et viennent de voir l’une de leur guide s’enfuir en courant. Il faut les occuper. Même si cela n’est finalement rien, autant être prêt au pire. Barricadé l’une des portes, définitivement, et réduisait l’autre à un passage d’une personne de front, pas plus. Tant qu’à faire voyer ce que vous pouvez faire pour nos beaux vitraux et faites dégager de l’espace, nous aurons sans doute bientôt plus de monde encore à protéger. Ne demandez pas, vous êtes leur prêtresse, ordonnez. Ils obéiront.

Il ramena ses yeux sur celle qui l’avait accompagné là sans savoir dans quoi elle mettait les pieds. Ou le savait-elle ? Et lui, le savait-il ? Il lui sourit.

- Isolde, je vous demanderais de bien vouloir m’amener le contenu du coffret, vous y trouverez aussi un petit quelque chose pour vous. Un cadeau d’une amie commune. Ensuite, vous aiderez Gudrun, il faut préparer bandage et cataplasme en grande quantité, rien de complexe, choisissez quelques débrouillards et expliqué leur les bases. Nous aurons besoin de mains habiles. Couturière et pâtissier font souvent de bons aides-soignants, voyez ce que vous pouvez dégotter. lui intima-t-il plus qu’il ne demanda. Il allait se retourner et ajouta finalement. Oh et… si l’occasion se présente, servez-vous du cadeau, n’hésitez pas.

Enfin, sans prendre la peine de vérifier si elles suivaient bien ses consignes, il porta son attention sur l’arrivante et son regard toujours quelque peu courroucé. Heureusement la concentration y était plus importante encore.

- Si vous voulez bien… Aeryn Monclar c’est cela ? Nous allons réquisitionner quelques bras et puiser de l’eau dans le puit non loin, nous aurons besoin d’autant que nous pourrons prendre et cela nous échauffera pour la suite. Il claqua des mains comme pour signaler la fin d’une réunion. Allons, allons, plus de temps à perdre !

Et il se dirigea de son pas ample mais détendu vers deux solides gaillards qu’il intercepta d’un geste. Une étrange lueur s’éleva depuis l’entrée de la vile, puis le son leur parvint.

***


Alaric...

Le capitaine de Sombrebois ne fut sans doute pas surpris de découvrir que sa seconde l’avait précédé aux portes, venue de moins loin, elle avait déjà gravi le mur d’enceinte semblait penchée sur quelque chose. Quand elle tourna la tête et le vit, aucune joie ou même soulagement ne se peignit sur ses traits. Elle secoua doucement la tête d’un air désolé, même si la distance qui le séparait encore des portes l’empêchait de lire en détails son expression.

Aux pieds de la milicienne, le corps de Rodron était encore chaud. Une flèche à l’empennage aussi noir que le bois qui la composait lui traverser la gorge, de même que celle de son camarade. Malgré la douleur terrible et mortelle qu’avait dû infliger la blessure, l’homme avait, les trois savent comment, réussi à se trainer jusqu’à la cloche et à la faire sonner. Une seule fois. Elle n’avait jamais parlé avec lui plus qu’avec un autre des anciens de la garde qui avait été fondu dans la milice, mais c’était des durs à cuire.

- Chef, un truc bouge ! lui signala l’un des milicien monté de la patrouille suivante qui avait trouvé les cadavres et fait sonné à nouveau la cloche.

Elle bondit sur ses pieds pour s’approcher des créneaux. En effet, un point lumineux était apparu sur la route à bonne distance. Une torche ou quelque chose du genre, posé au sol. Elle croyait deviner des pieds, mais la distance rendait son imaginaire fertile. Elle jeta un coup d’œil derrière elle. Les renforts arrivaient, autant par le mur que par le bourg pour se défendre face à l’assaut. Pas au point de vider stupidement les autres défenses bien sures, mais assez pour faire refluer une attaque frontale. Mais au fond, qui pourrait se le permettre.
D’une voix puissante au vu de son corps menu, elle cria :

- Un homme, seul ! Où sont mes archers ?

Une ligne de cinq hommes se présenta à son coté, flèches encochées. Elle était fière de ses hommes, mais n’en montra rien. Quelque chose bougea au niveau de la flamme, et une plus petite s’en détacha. La pointe d’une flèche qui se tendit lentement vers le ciel.

- Flèches ! Prévint-elle d’un nouveau cri, et des boucliers furent lever en contrebas. Tandis qu’elle et les autres se tenaient près à se dissimuler derrière le rempart.

Le projectile enflammé parti dans les airs dans une courbe si aigue qu’elle en fut surprise. Elle tendit l’oreille, s’attendant à tout moment à entendre le bruit vrombissant de la volée qu’elle devait dissimuler. Mais rien ne vint, elle s’élevait seule dans la nuit, toujours plus haut effectuant une telle cloche qu’elle les manquerait d’au moins dix pas trop court pour s’écraser contre le mur ou les portes qui ne s’enflammeraient pas pour si peu. Soit le tir était raté, soit…

Son regard se posa sur Rodron. Soit… puis sur la trainée de sang qu’elle trouva décidément bien longue pour un homme mortellement blessé. Soit… Un dur à cuire, oui, pas un sur homme. Soit…
Elle se jeta contre le créneau pour essayer de percer les ténèbres en contrebas de ses yeux. Soit…
Des formes, épaisses, arrondies, posés contre la porte. Soit… Elle se retourna, la panique enflant en elle. Ses hommes, ses frères d’armes réunit là, prêt à en découdre. Alaric qui atteignait le cercle défensif qui se formait devant les portes. Sa course ralentie, comme s’il lisait quelques choses sur son visage. Soit… Ils se jetaient dans un piège.

- Éloignez-vous ! Hurla-t-elle en bondissant du sommet du mur vers la cours, malgré la hauteur sans doute mortelle.

Elle donnait l’impression de flotter au ralenti dans les airs quand le point d’un titan s’abattit sur l’entrée de Sombrebois. Bois et pierres volèrent en éclat devant une boule de flammes d’un vert irisé qui transforma l’arcade colossale en un trou béant. D’immenses pierres arrachées furent jetées par le souffle à travers les rangs de défenseurs, traçant des lignes sanglantes dans les fortifications de fortunes qui s’établissaient. Le souffle lui-même, par sa chaleur et sa force tua au contact tout ceux qui avaient le malheur de se tenir trop près de l’explosion.
Même Alaric fut projeté au sol. Ce qui étonnamment, lui sauva la vie. Une pierre plus large que son torse passant sur la trajectoire qu’il occupait il y a une seconde pour défoncer la devanture d’un bâtiment derrière lui.

La gigantesque flamme verte sembla s’étirer vers le ciel éclairant le bourg jusqu’au fort dans un bruit assourdissant qui donnait l’impression que la nuit elle-même hurlait. Puis, le silence se fit et aussi vite qu’elle avait existé, elle disparut.

Dans la nuit redevenue noire, des hurlements lointains répondirent à ce cri inhumain.


HRP:
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptyVen 24 Juin 2022 - 21:46
Desmond reste dans sa demeure, bien barricadé et attend.
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https://marbrume.forumactif.com/t5332-desmond-de-rochemont-carri
Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptySam 25 Juin 2022 - 10:12
Gudrun vit apparaître une femme étrange, vêtue non d'une robe, mais de chausses pour homme, portant des armes, et comme si cela ne suffisait pas à la démarquer, sa chevelure rousse flamboyait à la lueur des torches. Le père Altan semblait la connaître, mais pour sa part, cette personne ne lui inspirait aucune confiance.

Quant au père Altan lui-même, sa réaction d'un calme impeccable la laissa admirative. Passé l'instant de frayeur due à la surprise de la cloche, elle-même se sentait étrangement lucide et les sens en éveil ; mais les questions se bousculaient dans sa tête et, par manque d'informations, elle ne savait que faire, le coeur balançant entre la nécessité d'en savoir plus et l'urgence de se préparer. L'avis du Haut-Dignitaire lui paraissant plus que raisonnable, elle se mit en action dès qu'elle fut certaine qu'il en avait fini.

- Bien mon Père.

Tournant le dos à ses collègues, elle alpagua deux hommes non loin pour les affecter aux portes, puis se dirigea vers le fond de la chapelle, observant les vitraux, et surtout la petite foule qui s'était agglomérée près de l'autel, occupée à prier.

- Toi... Et toi ! Vous étiez manoeuvres sur les chantiers, non ? Ce n'est plus le moment de prier, on va avoir besoin de bras solides.

Un bruit leur parvint, qui les firent tous sursauter. Une femme poussa un petit cri, un enfant se mit à pleurer. Distraits, tous se mirent à échanger des regards inquiets.

- Autant que possible ! fit-elle en haussant la voix. On a des ouvertures trop fragiles pour empêcher quoi que ce soit d'entrer, mais on a aussi du bois en quantité, continua-t-elle en désignant successivement les vitraux et les bancs. Faites au mieux.

Elle compléta en son for intérieur, et moi, je ferai ce que je sais faire.

- Et pour les bras moins solides, j'ai d'autres choses à vous faire porter, venez avec moi.

Les annexes du temple regorgeaient de petits matériels, en quantité malgré tout insuffisante pour les nécessités de la situation. Les charpentiers qui travaillaient sur la réparation de la toiture avaient laissé quelques outils et clous traîner ; on trouva également quelques couteaux et deux ou trois tisonniers ; une fois tout ce matériel indiqué par la prêtresse, certains commencèrent des des allers-retours vers la chapelle pour tout transporter. Quand ils arrivèrent enfin à la réserve de l'infirmerie, après un temps qui lui avait paru infiniment trop long, à ce moment-là, seules quelques personnes étaient encore avec elle, dont une vieille femme dont les lèvres s'agitaient frénétiquement, sans laisser sortir un seul son.

Dans un silence lugubre, tantôt entrecoupé de sanglots nerveux, elle ouvrit le coffre contenant les draps propres, et ses yeux tombèrent alors sur l'arc et le carquois d'Eric. Dans sa quête d'armes de fortune, son esprit s'était refusé à penser à cet objet. Et pourtant... Elle le déposa soigneusement à côté, prêt à être emporté par quiconque passerait par là. Preuve s'il en fallait une que l'urgence avait pris le dessus sur ses autres préoccupations, elle ne se soucia pas un seul instant de savoir ce que penseraient les autres de la présence d'un arc dans le coffre à linge du temple.
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptySam 25 Juin 2022 - 11:33
Pierrick et Laura arrivèrent main dans la main dans le grand hall du Temple. Certaines personnes étaient toujours agglutinées devant l'autel, d'autres se dirigeaient précipitamment vers la sortie. Les deux adolescents, comme souvent, passaient inaperçus au milieu de ce début de chaos. La petite couturière chercha des yeux Sœur Gudrun, leur protectrice ; aussi ne put-elle réprimer un léger sursaut lorsque deux mains prévenantes se posèrent sur ses frêles épaules. En tournant un peu vivement la tête, faisant virevolter sa tresse un peu fatiguée, Laura trouva non pas le visage sévère de l'Hendoise mais celui plus jeune et plus avenant d'une jeune femme brun de cheveux. La dame qui était également une prêtresse au vue de sa robe intima aux Lucet de ne pas bouger pour le moment d'une voix qui se voulait apaisée mais la jeune fille voyait à ses traits un peu tirés que quelque chose clochait. Elle l'avait pressenti depuis sa cuisine mais, cette fois, l'adolescente en était sûre sans avoir à ouvrir la bouche pour poser la question.

La prêtresse s'adressa à quelqu'un par-dessus le frère et la sœur : en tournant le menton, Laura reconnut l'homme qui avait officié la cérémonie de naissance du bébé quelques heures plus tôt. Par réflexe, intimidée, la jeune fille se ratatina pour se cacher derrière son frère. Aussitôt pourtant, la petite couturière tendit le cou en entendant une voix reconnaissable. C'était Sœur Gudrun qui avait sa mine des mauvais jours qu'il ne fallait surtout pas contredire - non pas que Laura et Pierrick l'aient déjà fait, la contredire.

« - On retourne dans la chambre » déclara Pierrick d'une voix ferme, entrainant aussitôt Laura à sa suite.

La jeune fille regarda les adultes une dernière fois par-dessus son épaule avant de suivre son aîné d'un petit pas pressé. Une part d'elle se demandait si elle n'allait pas pouvoir aider… mais une autre, plus forte, née de cette année d'angoisse qu'elle avait passé hors des murs de Marbrume, lui intimait l'ordre de ne surtout rien faire, de se terrer et d'attendre que l'orage passe. La première voix, celle de la petite fille polie et gentille qu'elle était avant le couronnement, lui soufflait alors un mot en boucle.

Aeryn. Aeryn. Aeryn.

« - Aeryn, reste en vie, je t'en supplie… » pensa la jeune fille tout en s'engouffrant dans la chambrette avec son frère. Ce dernier emmena sa cadette avec lui de l'autre côté du lit et, ensemble, ils le poussèrent presque jusqu'à l'autre côté de la pièce.

« - Si le danger approche, on bloquera la porte. »

A peine Pierrick eut-il fini de souffler cette phrase qu'un bruit sourd se fit entendre depuis l'extérieur du Temple. Les yeux écarquillés, le souffle coupé, les sens de Laura étaient en alerte : des fangeux pouvaient-ils vraiment faire un tel bruit ? Était-ce les forces de défense de Sombrebois qui avait attaqué ? A genoux sur le sol de pierre, les coudes posés sur le maigre matelas, la cadette Lucet se surprit à adresser une brève et silencieuse prière au ciel.
Ils avaient survécu au couronnement. Ils avaient survécu à Piana. Survivraient-ils à Sombrebois ?
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements EmptySam 25 Juin 2022 - 13:34
C'est pratiquement à la volée que Ryn ouvrit les portes du Temple avant de s'y engouffrer. À l'intérieur régnait une certaine agitation apportée par les habitants qui s'y étaient réfugiés. La mercenaire observa tout autour d'elle, cherchant parmi la masse d'humains regroupés dans un coin le visage des deux orphelins sans les y trouver. Déjà, une pointe de contrariété vint assombrir les traits de la rouquine qui ne fit que s'amplifier lorsque le père Altan lui apprit que les deux seraient retirés dans leur coin à la demande de la prêtresse au prénom imprononçable.

L'une d'elle d'ailleurs lui avait lancé un regard sombre… Peut-être était-ce cette fameuse Goudrune… Mais pour l'heure, la jeune femme se fichait bien de tout ceci, de la même manière qu'elle ignora -pour l'instant- les demandes du haut-dignitaire pour aller chercher les deux gamins qu'elle supposait être dans leur chambre minuscule. Ainsi, c'est de nouveau en courant qu'elle s'engouffra dans le couloir pour rejoindre des leurs gamins. Furieuse mais surtout pressée, la mercenaire cogna du poing sur la porte avant de s'annoncer.

-Sortez de là, tous les deux. Venez donc vous rendre utile dans la grande salle, grogna-t-elle tout en croisant les bras en attendant qu'ils lui ouvrent.

Mordu ou non, blessé ou pas, les deux avaient encore des bras et des jambes. Ils pouvaient ainsi se montrer tout aussi utiles que les autres personnes amoncelés dans cette foutue salle. De plus, mêlés aux autres, ces derniers ne pouvaient être que plus faciles à protéger … Du moins, sans abandonner les habitants du bourg.

-Allez, venez… Je suis sûre que nous vous trouverons quelque chose à faire… Et si cette prêtresse vient vous houspiller, envoyez-là moi...

Une fois les deux orphelins de retour dans la nef, la mercenaire put se rendre au puits afin d'aider à puiser l'eau demandée par le père Altan.
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