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 [convocation] La nuit des hurlements

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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyDim 26 Juin 2022 - 11:48
La mine sombre d'Eïlyn depuis le mur d'enceinte ne rassura guère le capitaine de Sombrebois. De sa position, il ne pouvait comprendre en détail ce que ses prunelles argentées lui transmettaient, mais il en saisissait le sens global : quelque chose de grave état arrivé, et ce n'était sans doute que le début, en témoignait le second coup de carillon qui avait retenti. Le cœur d'Alaric rata un battement et, jouant des coudes, il pressa le pas afin de se rapprocher de la porte d'entrée. Tout en se frayant un chemin, Il ne quittait pas son quartier-maître des yeux, qui s'agitait sur les remparts.

Un homme, seul. Qui oserait s'attaquer au bourg de Sombrebois sans soutien ? La simple idée d'une attaque frontale relevait déjà du suicide. Alaric n'y croyait pas un seul instant. La présence d'une unique silhouette lui inspirait deux possibilités : soit il s'agissait d'un messager – mais la mise en place des archers par sa seconde et son ton ferme tendaient à réfuter cette alternative – soit il s'agissait d'une ruse... D'un piège. Sa tension monta d'un cran.

Sans ménagement, il progressa encore, tandis que les miliciens levaient leurs boucliers de concert, tel un seul homme.

Eïlyn !

Son cri s'évanouit sur ses lèvres, noyé dans les claquements métalliques des écus, la clameur de l'averse et le bourdonnement du vent. Les gardes à ses côtés, seuls auditeurs de son alerte, le dévisagèrent, perplexes, mais s'écartèrent néanmoins pour le laisser passer. Alaric s'engouffra dans la brèche, mais n'effectua que quelques pas ; il déglutit en apercevant la lueur jaunâtre dans le ciel. Pour avoir déjà tiré des flèches enflammées par le passé, il reconnut sans mal l'unique projectile voler dans la nuit. Personne n'employait ce genre de traits pour attaquer une place-forte : il fallait une armée considérable et terriblement efficace pour espérer enflammer adversaires et murailles. Non, le feu était toujours un déclencheur plus qu'une arme. Non... Il croisa le regard d'Eïlyn. L'angoisse étreignit ses entrailles. Elle avait compris.

Et puis, le temps s'arrêta. Les Trois suspendirent les trombes d'eau aussi sûrement qu'ils ralentirent la chute de la coutilière. Ils diluèrent les sons, atténuèrent le contact des épaules des autres miliciens contre celles d'Alaric. La bulle ainsi formée se brisa en même temps que volèrent en éclat les lourdes portes du bourg de Sombrebois. Si ses sens s'étaient coupés du monde extérieur pendant une fraction de seconde, ils ressurgirent, exacerbés et brutaux, aussi puissants que fut l'intensité de l'explosion. D'instinct, il porta ses bras croisés devant son visage, grimaça sous la chaleur meurtrière qui piqua ses poignets. Le souffle le projeta en arrière avec violence ; sa respiration se coupa lorsque son dos heurta le sol, sa vue s'inonda de flammes vertes ; le ciel avait disparu. Mais le pire, le plus effrayant fut le coup de tonnerre qui s'ensuivit. Il balaya les cris d'agonie et les ordres grognés à la hâte, vrilla les tympans d'Alaric et l'emplit d'effroi. Lorsque le bourg sera en danger et que la nuit hurlera...

Les oreilles du capitaine de Sombrebois sifflaient, son cœur tambourinait autant à ses tempes que dans sa poitrine, la nausée le tenaillait. Fourbu, tremblant et toussotant, il roula sur le côté sans prêter attention à l'estafilade qui barrait sa joue droite, ni au cuir légèrement fondu de ses brassards. En se redressant, accroupi, il croisa le regard sans vie d'un soldat qui n'avait pas eu la même chance que lui. Il dut se faire violence pour s'arracher à la contemplation de ses yeux ternes, vides et pourtant accusateurs. Si vous restez, Sombrebois perdra tout. Ses poings se serrèrent sur le sol, boueux et jonchés de décombres, il se releva en poussant un cri de rage et se laissa envahir par une adrénaline bienvenue avec laquelle il avait appris à danser.

Ce n'était que chaos et désolation autour de lui : une poussière épaisse et âcre survolait encore le champ de bataille, tel un brouillard pernicieux qui donnait au bourg de Sombrebois des allures de cimetière. Elle se déposait sur les corps restés au sol, étreignait les gorges des soldats encore en vie. Ces derniers, malgré le choc et la surprise, reprenaient contenance tant bien que mal, emportaient les blessés et abandonnaient les cadavres, non sans leur emprunter flèches et carquois qui ne leur seraient plus d'aucune utilité. Des mois de travaux et de mains-d’œuvre, des mois de reconstruction, de sueurs, de pleurs et de cris pour que tout parte en fumée en un claquement de doigts. Oh, Alaric trouverait le commanditaire de cet assaut. Et lorsqu'il l'aurait en face de lui... Trempé par la pluie, la corde de son collier le démangeait, pressé par son armure, le corbeau s'imprégnait dans sa peau.

Il n'entendit pas le gémissement plaintif d'un soldat recroquevillé derrière lui, perçut à peine les hurlements et râles gutturaux qu'il reconnaissait entre mille se rapprocher de la place-forte. Déjà, il courait, mû une frénésie qu'il n'avait, jusqu'alors, ressenti qu'une seule fois dans sa vie, ses yeux noirs fixés sur une seule destination : la chute de son quartier-maître. Un soulagement horrible et coupable l'oppressait à chaque fois qu'il croisait un cadavre en chemin et découvrait qu'il ne s'agissait pas d'elle. Il ne s'arrêta que devant les restes d'une écurie, l'un des rares bâtiments encore debout non loin du mur d'enceinte.

Eïlyn !

Le capitaine s'élança vers sa seconde, dont le corps reposait sur un tas de foin. Sa chute s'était terminée miraculeusement sur la botte ; un trou béant dans la toiture s'ouvrait sur la nuit noire. Avec des gestes doux malgré l'urgence de la situation, il passa une main derrière sa nuque, tandis qu'il serrait fermement sa main droite dans la sienne. Il grimaça en apercevant la tache rouge et poisseuse qui maculait son armure. En son centre trônait un vilain morceau de bois qui, lorsqu'il essaya de la redresser, lui soutira un grognement douloureux. Il ne pouvait retirer l'éclat, de peur d'aggraver sa blessure. Elle avait besoin de soins, et, plus que tout, elle avait besoin d'être mise en sécurité.

Tu peux marcher ?

Cahin-caha, ils progressèrent hors de l'écurie, puis gagnèrent la nouvelle ligne de défense mise en place.

Qu'as-tu vu de l'autre côté ? Qui nous attaque ?

Certains visages s'illuminèrent en apercevant leur cheffe, vivante, bien que mal en point. La vue de la coutilière et du capitaine leur redonna sans doute du courage car, d'un même mouvement, les hommes reprirent leur position, formant un véritable rempart humain devant les reste des portes de Sombrebois, sans qu'aucun ordre ne soit formulé. La plupart vont mourir...

Toi ! Viens nous aider ! interpella-t-il un soldat qui terminait d'enrouler un bandage de fortune autour du bras d'un de ses camarades.

La pluie dégoulinait sur leurs visages. Elle soulignait les traits durcis d'Alaric, accentuait ses yeux obscurcis par une rage qu'Eïlyn ne lui avait encore jamais vue, se mélangeait au sang sur sa joue, abandonnant des sillons rougeâtres dans sa barbe de quelques jours. Il la dévisagea un instant qui sembla durer une éternité, ne se préoccupant aucunement du jeune soldat qui dansait presque d'un pied sur l'autre à leurs côtés.

Il faut te mettre à l'écart le temps de te soigner, dit-il d'un ton autoritaire.

Face à ses protestations, il ajouta :

C'est un ordre.

Le voyait-elle ? La peur qu'il ressentait à sa égard. La lourde angoisse qui lui glaçait le sang à l'idée de la perdre, alors que son monde s'écroulait autour d'eux. Mon royaume...

Moi je dois...

Il balaya le champ de bataille du regard. Les soldats avaient besoin d'un meneur, d'un capitaine. Ils avaient besoin d'un soutien, autant stratégique que moral. Une voix pour tous les guider, une arme pour tous les sauver. Ce n'était pas lui. Ça n'avait jamais été lui. Ses yeux se portèrent sur le château. Alors choisis l’essentiel pour toi, et je me chargerai du reste. Sa gorge se serra, la colère avait fait place au désespoir dans ses prunelles émues et brumeuses. Je ne vous demande pas de me croire sur parole Alaric, simplement de vous poser la question si le hasard venait à vous mettre face à une telle situation. « Et si elle avait dit vrai ? »

Alaric n'avait toujours pas lâché sa seconde.

Sans toi, je ne serais pas le même. Ta vie est plus importante que le bourg, Eïlyn. S'il-te-plaît, tiens bon.

Il serra un peu plus fort ses mains.

Ne crois pas que je vous abandonne. Je...

Fais peut-être la plus grosse erreur de ma vie. Vous condamne peut-être tous. Peut-être, peut-être, peut-être. La plupart des personnes qui avaient connu ou connaissaient Alaric imaginaient qu'il s'agissait d'un soldat fidèle. Il avait loyalement servi dans la milice, avait offert ses services au baron de Sombrebois, avant de tout naturellement voué son arc à son épouse à la disparition de ce dernier. Et puis, il inspirait confiance et respirait la droiture et la sincérité. C'était vrai, sans être absolu. Il n'était pas comme Roxanne. Il ne suivait pas des ordres à la lettres. Non, il n'était ni un bon capitaine, ni un bon soldat. Il suivait son instinct et ses convictions. « Le cœur ou la raison ? » ne cessait-il de se demander. À chaque fois, la question avait été purement rhétorique : il savait ce qu'il déciderait avant même de se la poser. L'interrogation n'était là que pour le rassurer de temps en temps, comme s'il espérait, parfois, qu'il pourrait se montrer raisonnable.

Je dois partir.

Mais il échouait à chaque fois. Car Alaric choisissait toujours le cœur.

Après une dernière pression sur ses doigts, il la confia définitivement au soldat et les quitta au pas de course, le château en ligne de mire. Mais si vous fuyez Alaric… Alors une vie qui compte sera perdue, mais bien d’autres seront sauvées. Quoiqu'il se passerait, il aurait des regrets. Il serait responsable. Qu'Eïlyn soit la cible de la prophétie d'Odalie, ou Aeryn, ou Isolde, ou... Vous ne pourrez le sauver qu’en prenant la fuite et en l’abandonnant en compagnie de ceux qui seront à vos côtés. Son capitaine n'était pas en état de l'accompagner dans les marais, mais qu'en était-il de ses autres amis ? La rouquine lui avait appris qu'elle devait s'occuper d'enfants, quant à Soeur Isolde, sans doute était-elle occupée dans le temple, à rassurer et accueillir les Sombreboisiens perdus. Tous avaient leur rôle à jouer. Qu'ils le veuillent ou non. Encore fallait-il l'interpréter correctement. Fuis, Alaric, avait ordonné son père. Fuyez tous les deux. Parfois, à notre niveau, tout ce que l'on pouvait faire, c'était rester en vie.
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyDim 26 Juin 2022 - 13:19


La nuit des hurlements
Rosen feat ...


Au temple du bourg, Marie-Ange s’interrompit brusquement dans ce qu’elle faisait et se figea. Elle releva la tête, puis, soudain, la cloche sonna. Elle lança un regard entendu à Edwige qui se trouvait non loin et, d’un accord tacite, les deux prirent le chemin du retour.

« Le devoir nous appelle ailleurs, à présent », furent les seuls mots que prononça l’énigmatique prêtresse sorceresse de Sombrebois, en s’inclinant respectueusement.

Aucune once de peur ni trace d’une quelconque angoisse ne fut perceptible chez elle. Défendre les siens, le fort et l’héritier de Sombrebois était sa priorité. Avant de courir aux côtés d’Edwige sa besace à l'épaule, elle vérifia que ses couteaux dissimulés sous ses jupons de soie rouge étaient bien en place.

Ils l’étaient.

***

Mon fils se rendormant doucement dans mes bras, je continue de le regarder gravement et à prier pour lui. Pour nous tous. Pour que le bourg ne finisse pas en cendre. Je remonte le cours de ma vie et je souris. Comment moi, l’orpheline des rues passée de mains en mains dans une vie des plus instables, j’ai pu finir par monter si haut… et être aujourd’hui en train de vaciller sur le sommet, prête à chuter dans le vide.

Si j’avais su qu’un jour, je me retrouverais dans une situation pareille. Moi qui n’était qu’une voleuse, une tavernière… je me retrouve aujourd’hui à la tête d’un bourg à devoir gérer une guerre, un assaut contre mon village. Comme si j’étais prête à gérer une telle situation ! Mais le parcourt de ma vie reste une belle aventure malgré tout. Une sacrée aventure !

Roxanne elle, semblait remettre tranquillement les idées au clair du gouverneur, juste après avoir essuyé nonchalamment l’acerbité d’Alaric et avant de me répondre. Maintenant qu’ils ont tous fini de se cracher dessus, on va pouvoir se concentrer !

« Tu restes à coté de moi, quoi qu’il arrive. Mieux qu’une paire de cerise.
- Mieux qu’une sangsue encore. »

J’entends la porte s’ouvrir à la volée et alors que je pense revoir Alaric, ce sont les prêtresses qui font finalement irruption dans la salle à manger. Je manque crier le prénom d’Edwige tellement que je suis soulagée, mais je me contente de me diriger vers elles, Roxanne faisant de même.

« Avez-vous vu Alaric ? m’inquiété-je alors en les regardant toute deux. Il est sorti voir ce qu’il se passe, mais il n’est pas encore revenu. »

Marie-Ange fait non de la tête comme Roxanne donne alors ses directives aux deux jeunes femmes, et j’essaie de trouver un peu d’espace avec tout ce monde autour de moi – notamment Mérédith qui me colle et s’agrippe à ma robe et les deux autres enfants qui suivent comme des rémoras.

« Eh ! je proteste autoritairement lorsque Roxanne dit à Marie-Ange de se permettre de me gifler si nécessaire. Ça ira, merci. »

Je ne ressens plus la fatigue. Seulement une tension palpable au creux de mon estomac, même si peut-être bien qu’une bonne baffe dans la gueule saurait me ramener les pieds sur terre au cas où le cadre ne finirait par me faire perdre pied. Beaucoup disent que la guerre rend les hommes fous. Le sang, les hurlements, la mort, l'horreur. Moi, je n’ai jamais fait la guerre, mais je connais déjà parfaitement tout ça, alors je n’ai plus à craindre la folie à mon stade. Elle est déjà là depuis bien longtemps. Ma plus vieille amie...

Roxanne dit quelque chose qui ne me plaît pas du tout à Edwige, crache à son tour sur Victor. Bon sang ! Mais ne vont-ils donc pas s’arrêter à la fin ? Comme si c’était le moment pour régler ses comptes... Sérieusement ! Je serre la mâchoire, prends notes des nouvelles informations sûrement pas données pour rien, même s’il m’est impossible de les analyser pour le moment. Je verrai ça plus tard... Victor une menace et une sécurité car potentiellement allié de nos assaillants, c’est tout ce que j’arrive à percuter de ce que je viens d’entendre, ni plus ni moins. Pas le temps pour la moindre théorie supplémentaire, juste pour essayer de planifier une défense en urgence.

Et qu’est-ce que je vais faire de mon fils à la fin ? Grand Dieux ! Je voulais le confier à Edwige, à la base. Mais les plans n’arrêtent pas de changer si bien que je ne sais plus quoi faire.

Une lueur verte illumine soudainement la pièce, suivie d’une immense explosion dont la secousse fait vigoureusement trembler le fort de longues secondes. Je recouvre instinctivement de mes bras mon fils pour le protéger, me recroquevillant en avant pour mieux couvrir la totalité de son corps du mien. J’englobe aussi la fillette dans mon étreinte en passant l’intérieur de mon coude derrière sa tête pour l’attirer contre moi.

« C’était quoi, ça ?! Merde… Alaric ! je m’exclame en me redressant rapidement comme, en même temps qu’Athanase, Mérédith se met à hurler.
- Maman ! »

Plongée dans une terreur indescriptible, tellement terrifiée que les larmes ne parviennent même pas à couler sur son visage hagard. La pauvre enfant ne me lâche plus, semble à peine prendre le temps de respirer tellement qu’elle crie et m’appelle comme si je pouvais arrêter ce cauchemar qui ne fait que commencer. Nadia et Samuel eux, pleurent, blottis l’un contre l’autre à côté de nous.

C’est pas possible... je vais pas m’en sortir si c’est déjà la panique ! Alaric est sûrement là-bas… pourvu qu’il n’ait pas été tué ! Je sens mes humeurs bouillonner en moi. Partir en courant. Charger, poignarder tout ce qui se trouve devant moi. Chaque muscle de mon corps est tendu, la mâchoire tellement serrée que le prénom de la fillette, que j’essaie de prononcer pour qu’elle se calme, ne sort que dans un grognement à moitié articulé. Mon cœur cogne avec force dans ma poitrine, ma respiration se fait lourde et mon regard à l'instar de mon esprit s’enténèbre de façon menaçante. La raison vacille, lutte pour rester présente. Ils paieront tous. Je leur ferai payer ! Chaque mort, chaque pierre brisée, chaque maison détruite.

« Vous deux ! hélé-je aux miliciens les plus proches. Allez voir si vous pouvez trouver facilement votre capitaine. Et s’il est blessé et qu’il n’est plus en état de marcher…. Ramenez-le ! Dans le cas contraire, ne prenez pas de risques inutiles et revenez ici au plus vite nous dire ce qu’il se passe. Qu’on sache à la fin ! »

Je berce Athanase, de façon de plus en plus mécanique, de plus en plus ample dans de grandes rotations de bassin, de plus en plus saccadées dans un mouvement de balancier régulier de tout mon corps agité. J'essaie de maintenir sa tête contre mon épaule pour étouffer ses pleurs afin que l'on puisse s'entendre, même si le bruit ambiant se fond étrangement à mon esprit dans une étrange torpeur. Une transe. Le sang appelle le sang. Une seule envie, un seul instinct. Tuer. Mes fangeux intérieurs se réveillent.

Mérédith ne parvient toujours pas à s'apaiser et pleure à présent d'une façon inquiétante. Trop d'horreurs qui remontent à la surface. Trop d'horreurs bien trop lourdes pour cette enfant qui est si fragile. Elle n'est pas comme moi, elle, et je m'inquiète vraiment pour sa santé mentale et qu'elle ne soit même plus capable de discerner ce qui l'entoure. Je la trouve dans un état de choc préoccupant et j'essaie de croire qu'elle possède quand même au fond d'elle cette force nécessaire à la survie dans le monde. La force prédatrice. Car qui ne dévore pas se fait dévorer ici bas. C'est la loi. Mais cette petite fille n'est comme ça, je le sais.

« Mérédith. Regarde moi ! je tente de la canaliser. C’est pas le moment de paniquer. Tu as entendu ? D’accord, on oublie le cache-cache. Si tu te calmes, tu peux rester avec nous. Mais tu restes avec Edwige. C’est bien compris ? Tu restes contre elle. Tout va bien se passer, je ne laisserai personne te faire du mal, je suis là. Et Edwige et Victor… rajouté-je en les regardant après qu’elle ait dit oui, puisque visiblement ils formeront une deuxième paire de cerises ce soir. Vous restez près de nous trois. »

A ce compte là, nous allons tous former une belle grappe de raisins, pour rester dans les fruits. Je me retourne ensuite vers les deux autres enfants - plus grands que la fillette de plusieurs années - puisque les plans ont changés :

« Tous les deux, vous restez avec Pénélope et vous l’aiderez au besoin. »

Ils acquiescent au milieu de leurs larmes puis je m’adresse ensuite à deux miliciens non loin :

« Vous, assurez-vous que la porte soit bien barrée et que quelqu’un reste devant. N’ouvrez plus à personne d’autre qu’à Alaric et vos deux camarades. Personne d’autre. Personne ne rentre, personne ne sort jusqu’à nouvel ordre. »

Puis je propose l'air de rien à la sorceresse :

« Marie-Ange… une petite bénédiction ?
- Que Rikni bénisse nos âmes. »
« Merci… simple et efficace, comme toujours, réponds-je comme elle contrôle son matériel dans sa besace, semblant s’assurer minutieusement qu’elle avait bien tout le nécessaire pour affronter cette nuit. Même si j’aurais voulu que vous bénissiez nos armes avec une procédure officielle, en fait. »

C'est pas grave... Je me retourne ensuite vers Roxanne, me sentant un brin dépassée par la situation et lui attrape en toute discrétion le poignet, sans pression aucune.

« Roxanne… on devrait tous monter, regarder d’en haut du château sur le chemin de garde si on peut voir ce qu’il se passe… et prendre des arcs et la poix pour répliquer si c’est possible. Si on attend là sans rien faire ni protéger la porte… et s’ils arrivent jusqu’au fort, elle va… ils vont la faire céder et rentrer à l’intérieur. »

J’ai tellement l’impression d’être prise au piège et d’être fait comme un rat.

« On y va ? j’exerce une légère pression avec mes doigts l’espace d’une seconde, voulant la presser de monter. Je resterai en retrait derrière toi. »

J’ignore pourquoi les miliciens qu’Alaric a fait monter ne sont pas encore redescendus – certainement n’y a-t-il rien à voir encore à proximité depuis le haut du château - mais j’aimerais comprendre ce qu’il se passe. Si jamais une partie de la palissade du village est détruite… alors la fange va s’inviter à la fête.

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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyLun 27 Juin 2022 - 17:20
Isolde releva la tête. L’entrée béante du Temple découpait un carré d’obscurité plus noir que les abysses dans la roche des murs. Une secousse ébranla la cité et cette bouche noire vomit un flot vert dans un grondement de bois craqué. Des grappes de lampions verts s'allumèrent devant eux, les uns après les autres, jusqu'à composer une mosaïque de constellations de feu. Au-dessus, les gravures des Trois évoquait une mâchoire épaisse prête à se refermer sur l'imprudent osant s’avancer. Tout le monde se reculait dans une précipitation affolée vers l'autel.

« Oui, mon père. » Céda-t-elle avant de pivoter avec la rapidité d’un rapace sur les talons et d’entamer une course effrénée. Qui est cette connaissance commune ? Kaïne ? Hésita-t-elle avant de se résigner.

Isolde savait qu'il lui suffisait de progresser en ligne droite pour rejoindre l'artère secondaire du Temple, et, pourtant, elle avait l'impression perturbante que les couloirs hostiles allaient se refermer sur elle et la perdre dans un dédale infini. Isolde ne contrôlait plus rien. Une adrénaline furieuse se déversait dans ses veines, un voile lucide passait devant ses yeux, un feu froid lui barrait le front.

Le cœur d'Isolde s'affolait ; elle bondit dans le couloir, la main tendue vers la poignée des dortoirs où résidaient Lucian et elle. Ses doigts se serrèrent d'un réflexe convulsif tandis qu'elle l’actionnait brutalement avant d'abattre violemment son épaule contre la porte qui céda dans un grincement plaintif. Derrière elle, elle entendait les remous de course des gens qui s'attelaient comme des souris paniquées. Isolde fulminait d'une rage contenue, attisée par l'impuissance de cette situation. Ils étaient faits comme des vulgaires rats ! Aucune fuite possible, ils étaient à la merci de ces créatures cauchemardesques qui précederait cette attaque vicieuse.

S'approchant rapidement du coffre, Isolde souleva le couvercle d'un doigt lent, presque dans une appréhension soufflée, délicate. Elle s’arrêta dans son mouvement en découvrant le contenu, la respiration coupée. Des armes… Le père Lucian avait-il seulement une idée de ce qui était en train de se dérouler ? L’avait-il prévu ?

Se saisissant de l’épée, son regard fut captivé par deux dagues courbées, qu’elle attrapa également, une lanière entourant sa taille qu’elle enfila avec précipitation qu’elle lâcha à plusieurs reprises sous la panique, une fois qu’elle réussit à les mettre, elle sentit le baiser froid des deux dagues scellées contre la chute de ses reins.

« Kaïne ? Comment tu aurais pu savoir…»

Trèves de questionnements stériles, elle s’éclipsa rapidement de quelques pas agités. Arrivant dans l’infirmerie de fortune, elle saisit tout ce qui était nécessaire au cataplasme en vérifiant avec une attention aiguisée la composition de chaque fiole.

« Tenez.» Fit-elle en tendant l’épée à Lucian puis s’en détournant presque aussi rapidement qu’elle n’était arrivée, Isolde se freina subitement dans son élan. « Qui est cette connaissance commune ? »

Elle fit volte-face vers la foule agglutinée en une masse compacte, motivée, les yeux chargés d'une résolution carnivore.

« Que ceux qui savent utiliser leurs mains m’aident, nous gagnerons un temps précieux. » Claqua-t-elle d’un ton autoritaire mais calme qui n’accepterait aucune protestation. « Observez-moi bien et reproduisez mes gestes. »

Isolde entreprit de confectionner en premier lieu une solution aux vertus médicales, pour ce faire, elle réalisa un premier cataplasme à base de plantes trouvées dans l'infirmerie.

« Voilà, cette plante doit se trouver ici, pas en trop grande quantité. Sachez que ceux-ci peuvent nous aider en cas de… Complications. »

Isolde ne pouvait se permettre de céder à la panique désespérée maintenant. Elle se devait de rester forte, empêcher le pire d'arriver, sauver ce qui était à sauver, sortir de Sombrebois la maudite avant que le déluge ne les emporte. Un noyau de résolution s'érigeait au creux de sa poitrine et rompit les battements de son cœur hystérique.

Pour autant, son regard se braqua sur le dos du Haut-Dignitaire.

Est-ce que vous le saviez ?


Dernière édition par Isolde le Mar 28 Juin 2022 - 19:18, édité 1 fois
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyMar 28 Juin 2022 - 8:49
- Ne vous avais-je pas dit que le temps défilait pour nous tous ? Espérons que vous savourerez vos découvertes monseigneur et que vous ne regretterez pas cette journée de recherche perdue. Mais vous m’excuserez, je n’ai plus le temps de jouer.

Ces mots prononcés par la Chatelaine du Val d'Asmanthe crispèrent le Comte de Rougelac qui ne manqua pas de lui adresser un regard noir et inquisiteur. L'attitude de Roxanne continuait d'ailleurs à inquiéter Victor. Comment en une telle situation pouvait-elle tranquillement finir sa coupe avec un détachement irréaliste ? Non, assurément la rouquine n'était pas innocente à ce qui se déroulait au dehors.

Les cloche raisonnèrent à nouveau et le Gouverneur du Sud se porta finalement lui aussi devant les hautes fenêtres où soudainement l'obscurité de la nuit s'éclairci l'espace de quelques secondes. Une attaque, plus aucun doute possible, mais quel en était la source ? Alaric avait quitté la salle de réception et sans doute le château pour rejoindre les murs du bourg laissant la protection des hauts dignitaire à une poignée de miliciens. Serait-ce suffisant ? Rougelac, face au chaos qui commençait à naître au cœur du château ne céda pas à la panique, après tout, la veille, face aux avertissements de Roxanne, il s'était préparer à toute éventualité et différents plan avait été préparé pour son éventuelle exfiltration si cela s'avérait nécessaire. Pour l'heure, il fallait garder la tête sur les épaules et le sbire de la favorite de la Reine ne manqua pas d'émettre dans un murmure quelques menaces à l'endroit de la châtelaine.

- Nous n'avons pas fini de jouer chatelaine. Si nous échappons à ce fléau au dehors, vous aurez des comptes à me rendre. Croyez bien que je ferais en sorte d'effacer ce sourire de votre visage si vous persistez à me duper et me manipuler. Votre attitude vous trahi, vous êtes intimement liée à ce qui se déroule aux portes de Sombrebois, j'en suis convaincu.

Quelques secondes plus tard, la baronne interpella Roxanne, proposant de monter sur les remparts pour mieux observer la situation. Victor reprit alors une mine mêlant faux semblants mais pour sûre il garderait l'oeil sur les principaux convives présent encore dans la salle et s'adapterait celons la tournure des évènements, tout en sachant qu'il possédait quelques alliés à l'intérieur comme à l'extérieur. Le temps était donc à l'attentisme, comme sur un jeu d'échec où l'on pouvait prendre le temps d'analyser chaque pièce encore présente.
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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyMer 29 Juin 2022 - 20:52






La nuit des hurlements



La prêtresse frotte ses yeux encore humides de sa course effrénée aux côtés de Marie-Ange. Cette dernière semble presque avoir attendu une telle situation toute sa vie, si bien qu'il ne transparaît chez elle aucun signe de peur ou de surprise, seulement un sérieux à tout épreuve. En cet instant, Edwige aimerait avoir la moitié de son assurance.

La haute société de Sombrebois s'agite autour d'elles alors que la brune reprend peu à peu son souffle. Son nom lui parvient à la fois de la bouche de Rosen et de celle de Roxanne, cette invitée mystérieuse dont elle ne sait encore décider de l'allégeance. Toutes deux tombent d'accord sur son rôle dans le conflit potentiel : protéger la petite Meredith qui tremble comme une feuille, et rester à proximité du groupe improvisé. Ce sont là des tâches qui paraissent évidentes et que la jeune religieuse se sent en capacité de remplir. Elle hoche la tête pour toute réponse.

Il y a néanmoins une tension dans l'air qui dépasse le cadre de l'alerte. Rosen, Roxanne, le seigneur de Rougelac... Leurs échanges sont mordants, comme si l'attaque supposée avait interrompu le déclenchement d'un tout autre affrontement. Des considérations politiques à n'en pas douter, un domaine qu'Edwige préfère laisser aux figures d'autorité. Ce sont là des mésententes qui devront attendre.

Et à en juger par la manière dont la terre se met à trembler, il se pourrait qu'elles aient à attendre le jugement dernier lui-même... Recroquevillée sous la protection de ses avant-bras, Edwige relève la tête une fois la secousse passée. Une lueur verdâtre éclaire les murs un instant. La vue paraît si surréaliste que la peur ne lui vient pas tout de suite. Nul doute qu'elle ne tardera pas à s'insinuer dans ses tripes.

Branle-bas de combat. Rosen envisage de grimper sur les terrasses du château pour faire grêler des flèches sur ces envahisseurs invisibles. Dans quelques secondes, le brouhaha sera tel qu'il deviendra impossible pour la prêtresse de se faire entendre. Elle décide donc de faire vite, glissant à la baronne une suggestion de bonne foi.

- Je resterai en retrait avec Meredith, promet-elle en posant ses mains sur les épaules de l'enfant, mais tu ne pourras pas défendre Sombrebois avec Athanase dans les bras. Laisses-moi veiller sur lui...?

La guérisseuse maintient son regard dans celui de son amie, cherchant son accord dans l'urgence. Quand bien même il lui est impossible de donner le sein, Edwige demeure persuadée que le nourrisson sera plus en sécurité loin des combats. Rosen ne peut décemment pas se concentrer sur la stratégie si elle doit aussi s'occuper de son fils, elle ne devrait pas avoir à choisir entre le destin de Sombrebois et celui de son enfant.

- Les Trois veillent sur nous, murmure la prêtresse en complément. Il faut y croire... sans cela que reste-t-il ?


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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 30 Juin 2022 - 0:25
24 Mai 1167.
[convocation] La nuit des hurlements - Page 2 Tgld
C’est la douleur qui extirpa Eïlyn du brouillard noirâtre dans lequel elle évoluait avec la sensation de nager dans de la purée. Puis l’éclair blanchâtre douloureux, des mots, un ton inquiet. Une main sur son épaule, l’autre sur quelque chose qui dépassait de son ventre. Elle cria.

- PUTAIN ! Fut son seul mot pendant de longues secondes alors que Alaric l’aider à se relever. Elle entendait qu’il lui parlait, mais était encore incapable d’émettre le moindre son tant ses dents étaient serrées pour contenir les afflux de douleur. Un pas devant l’autre, un pas devant l’autre… seule pensée vraiment cohérente de son être à cet instant. A quel point les regards des autres nous influence-t-il ? En sentant les regards de ses troupes sur eux, la seconde ne put s’empêcher de sourire pour les rassurer. Pour le devoir. Cet effort presque conditionné en elle lui permit de surmonter la nausée et l’évanouissement qui pointaient comme une boule chaude depuis son ventre meurtri.

- Qu’un archer, cap’… parvint-elle enfin à articuler alors qu’il l’asseyait contre un mur, lui arrachant un grognement. Juste un archer…

Une nouvelle fois elle serra les dents alors que le milicien pressé quelque chose sous sa blessure, surement pour tenter d’arrêter une hémorragie. Ça ne l’empêcha pas de se révolter contre la consigne qu’il lui donna. Mais il la fit taire d’un ordre direct. Le visage fermé, elle hocha la tête. Elle le regardait à travers sa douleur, elle voyait la sienne, face à une souffrance bien plus mentale que physique. Un dilemme qu’elle n’aurait pas aimé avoir à résoudre.

- Ça va aller Alaric, j’ai connu pire… c’est qu’un cure dent… Dit-elle, voulant lui facilité la tâche. Elle fut soulagée de sentir ses doigts presser les siens avec force et de prendre une décision qu’elle aurait été forcée de lui imposer dans le cas contraire. Bien entendu, un cheminement différent devait guider leur idée commune à cet instant. Alaric suivait un instinct, le besoin profond de protéger ce qui était important pour lui sans être certain de quoi. Elle, elle avait compris.

Même avec une telle brèche dans les défenses, même avec le bourg et ses habitants en danger devant des fangeux, jamais le fort ne tomberait ainsi. Il y avait assez d’homme et de flèches sur place pour que la même stratégie soit inapplicable. Et même ces saloperies des marais ne pourraient pas enfoncer les portes. Pourtant, si on en croyait Alaric, si on en croyait Rosen, si on en croyait Eve, si on en croyait Roxanne, si elle croyait sa propre intuition, toutes les cibles importantes se trouvaient dans le seul endroit que cet assaut brutal ne pourrait pas mettre en danger, pas sans des pertes et des efforts énormes en tout cas… Sauf si… ce piège qui allait occuper la milice et le peuple n’était qu’un massacre soigneusement organisé pour en couvrir un autre.

Son regard quitta le dos d’Alaric qui s’éloignait rapidement pour glisser vers le petit château perceptible à travers la pluie. Elle ne pouvait pas dire comment, mais ils étaient tous en danger, mortellement en danger. Elle pria, comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps pour que Alaric arrive à temps, pour qu’il puisse faire quelque chose, pour qu’il puisse vivre avec cette femme. Ce n’était pas tant demander si ? Elle demanda aussi aux dieux de la pardonner pour le pieu mensonge qu’elle avait donné à son capitaine une minute plus tôt.

- Aide-moi à me lever. demanda-t-elle au milicien près d’elle. Devant son hésitation, elle durcit le ton et aboya :

- Tu vois plus gradé que moi ici ? Alors bouge ton cul et aide-moi à me lever !

Il opina vigoureusement et la hissa en passant un bras sous le sien. Elle retint un gémissement et se libéra de son appui dès qu’elle fut debout, le repoussant avec vigueur.

- Retourne à ton poste ! Ordonna-t-elle en dégainant son épée. De sa main libre elle saisit la pointe de bois et serra fort pour s’assurer qu’elle ne bouge pas. Une longue inspiration. Elle lui avait dit qu’elle s’occuperait du reste pour qu’il puisse agir comme il le devait.

- Désolé cap’… murmura-t-elle en observant l’endroit où il avait disparu. Elle se redressa et se mit à aboyer des nouveaux ordres pour reformer sa ligne alors que les odieux cris se rapprochaient dans la noirceur de la nuit. Au moins l’incendie verdâtre qui s’accrochait aux restes calcinés un peu partout leur offrait-il une vision correcte de la zone. S’avançant au milieu de la ligne elle leva sa lame pour que tous la voient.

- Milice ! Cria-t-elle à s’époumoner.

Un concert d’épées frappant des boucliers et des cris de bataille lancés à la face de leurs ennemis lui répondit. Elle sourit. Milice !

***


Rosen, Victor, Edwige, Alaric...

- Aussi puissant soient vos amis ou votre égo, je ne dois de compte qu’au Roi monsieur le comte. Gardez vos convictions pour vous si vous ne voulez pas que j’en applique certaine des miennes. Se contenta de répondre la Châtelaine au sire de Rougelac d’un air distrait mais la menace ne souffrait pas le doute. Elle pivota vers Rosen et Edwige.

- Je ne tiens pas particulièrement à prendre une flèche dans l’œil en allant faire une promenade sur les murs du château alors que l’on a des soldats pour cela. Et la baronne, seule autorité en vie du bourg et mère d’un bébé à peine né, n’y songe pas vraiment non plus, j’en suis certaine. Elle sera donc parfaitement apte à garder son enfant tant que la situation n’exigera pas autre chose ma Sœur…

Une fois de plus, son ton était flegmatique, cordial même et une fois de plus, il n’empêchait point de saisir le reproche autoritaire. Elles n’avaient pas le temps de jouer à la balle avec le bébé, pas qu’elle-même n’avait envie d’avoir l’œil sur tout et tout le monde en fonction des échanges d’avis. Après l’enfant, la prêtresse, qui serait la prochain à se proposer ? La cuisinière ?

- Il est cependant vrai que nous sommes trop exposés ici, si la porte est franchie par notre ennemi, je ne tiens pas à ce que tout cela finisse en mêlée générale où notre survie ne tiendra qu’à la chance. Nous allons gagner les étages et barricadés les chambres par groupe pendant que les miliciens installeront des lignes de défenses facile à tenir à chaque palier.

Elle claqua des mains et poussa Rosen devant elle. La circonspecte Marie-Ange dans son ombre comme elle pouvait s’y attendre. Et soulagement certains se peignit sur les traits de milicien à l’idée de ne pas avoir à défendre leurs vies et leurs protégés dans une salle trop grande pour être efficacement contrôlée. Eve échangea un regard avec le comte, tout deux conscients d’un jeu en ces lieux dont les règles échappaient à tous, même eux, malgré des camps mal défini, il était dur d’opposer un argument valable à la défense proposée par la châtelaine. Alors tout le monde fini par suivre le mouvement.

Ils grimpaient les premières marches quand la grande porte s’ouvrit devant un Alaric essoufflé escorté de deux miliciens dans le même état. La nièce du roi ne put cacher son soulagement. Depuis la vibration et l’intense lumière verte, elle avait, inconnu oblige, craint le pire pour son amour. Son esprit s’était emplit de vision d’un Alaric brûlait par cette lumière impossible, ou transpercé de flèche, ou encore passé au fil d’une épée. Même les fangeux s’étaient invité dans ses visions cauchemardesque. Mais il était là, il était en vie, il était près d’elle…

Elle hurla quand l’épée frappa vers la gorge du Capitaine de Sombrebois…

***


Quelques instant plus tôt…

- On attend quoi là ? Demanda un Richard nerveux, qui avait posé cette question plus d’une fois depuis que tout ça avait commencé. Et il obtenu la même réponse, en nettement plus agacée cette fois-ci.

- On fait ce que le coutiller a dit bordel on garde la bouffe ! Râla donc Gymie. Cette fille l’avait toujours eu en grippe depuis aussi longtemps qu’ils servaient ensemble. Pourtant il n’avait jamais eu le moindre geste déplacé contrairement à d’autres. Mais c’était à croire qu’il lui était tout bonne nocif.

- On devrait pas être dehors à…

- A quoi ?! S’emporta la jeune femme en bondissant sur ses pieds. A se faire buter par les dieux savent quoi ? Arrête de te plaindre où je te jure que c’est moi qui t’y jette dehors !

A dire vrai, ce n’est pas vraiment le courage qui animait Richard, mais plutôt la vue des bouteilles de vins. Depuis qu’il avait parlé avec la prêtresse, il avait tâché de se reprendre un peu, pas une goutte ! Mais la situation avait tendance à mettre ses nerfs et sa dépendance à l’épreuve. Au moins dehors il n’aurait pas eu le temps d’y penser. Assis là, il n’avait que ça à faire, penser.

- Ça va, ça va, je voulais juste dire que…

Un hurlement semblant venir des entrailles du monde envahit toute la forteresse et les pierres ancestrales frémirent. La terreur s’était emparée de Richard. Oui, il l’avait vu dans ses yeux quand ils l’avaient forcé à s’asseoir face à lui dans cette vieille bâtisse de Piana. Richard avaient hurlé et s’était débattu comme le autres avant lui, mais les larges bandes de cuir l’avaient maintenu presque immobile alors qu’on présentait devant son nez le ruhen yolur. La fumée avait empli ses poumons, puis le reste de son corps et enfin les tréfond de son âme.
Il s’était détendu, vidé de toute force, n’avait pas même frémit quand ils avaient enfoncé l’étrange instrument dans son buste malgré l’abominable douleur. Comme si celle-ci n’était qu’une information, comme le sang qui s’était mis à couler goutte à goutte.

Alors de l’autre coté de la table, l’homme aussi avait avalé la fumée, en moins forte dose. Ses pupilles s’étaient dilatées comme deux disques noirs et il avait ordonné, d’un ton doux, presque caressant :

- Dis-moi qui tu es. Dis-moi qui est Richard.

Alors, Richard avait répondu. Il avait tout dit, tout raconté, ses souvenirs les plus lointain, ses rêves les plus absurdes, ses secrets les plus inavouable, même des choses qu’il n’avait pas conscience de savoir. Sa vie spirituelle s’écoulait dans ses mots comme sa vie physique s’écoulait dans son sang. Jusqu’à la dernière goutte dans les deux cas.

Et maintenant, le hurlement le tuait à nouveau, le faisant disparaître dans l’âme de celui qui avait volé la sienne. Comme aspirait par un syphon. Il savait que cette fois il n’y aurait pas de nouvelle chance, qu’il ne se réveillerait pas malgré sa mort. Qu’il ne verrait plus sa femme, qu’il ne s’excuserait pas auprès de cet enfant inconnu, qu’il ne deviendrait l’homme meilleur qu’il s’était promis d’être, installé dans ce corps étranger. Non, il allait tout bonnement disparaître.

Il tenta de se raccrocher, à tout, à rien, à la plus petite bribe de souvenir ou de pensée, mais comme le bord d’une falaise s’effritant sous ses pas le support de son âme se délitait sous son poids. Il se jeta une dernière fois vers la lumière de la conscience en hurlant de désespoir dans un esprit qui ne le sentait déjà plus.

- S’IL TE PLAIIIIIIIIIT, JE VEUX PAS M’EN ALLEEEEER !!!!!!!!!!!!!

Ainsi mourut une seconde fois Richard, un homme du commun, un homme bien même si comme beaucoup d’autres hommes, il était imparfait.

Celui-qui-n’était-pas-Richard ouvrit les yeux. Tous comme lui s’étaient immobilisés, tous comme lui avaient rouvert les yeux. Il n’y eut pas besoin de mot, ils savaient ce qui devait être fait. Celui-qui-n’était-pas-Richard se saisit du marteau de guerre et se dirigea vers le mur du fond d’un pas calme.
La pierre bougea comme prévu l’accès au petit couloir arrière se découvrit.

Celui-qui-n’était-pas-Richard ne tint pas compte du coffre qui était de toute façon vide, pas plus que du tunnel qui se dégageait sur sa gauche, non, il effleura le mur devant lui, hocha la tête, arma et frappa. Déloger les premières briques fût un effort, mais ensuite le passage s’agrandit de lui-même pour s’ouvrir sur une galerie baignée d’ombres et de poussières… mais pas vide. Une première forme se redressa et se glissa dans cette nouvelle ouverture, puis une autre et une autre.

Celui-qui-n’était-pas-Richard ne prit pas la peine d’observer le défilement incessant, il avait une mission à poursuivre. Il avait déjà gravit les escaliers quand la chevelure rousse apparut au bout du tunnel.

***


Rosen, Victor, Edwige, Alaric...

Fût-ce le cri, ou l’instinct de survie qui avait fait se dresser les cheveux de sa nuque qui sauvèrent Alaric ? Lui-seul le savait. La lame l’effleura alors qu’il se jetait en avant roulant sur l’épaule pour se relever presque immédiatement et voir l’arme qui avait failli mettre fin à ses jours, s’enfoncer dans le cou du milicien qui s’était tenu juste à coté de lui, une seconde avant qu’il n’arrive à enfoncer sa propre dague dans le torse de l’assaillant.

Celui-ci était vétu d’une armure de cuir noir comme la nuit, un masque intégralement lisse à l’exception de fentes pour ses yeux couvrait son visage entièrement. Il n’émit pas le moindre son en mourant, pas même une dernière exhalation, il se contenta de chuter là, comme un mannequin inanimé. Mais le Capitaine de Sombrebois n’eut pas le temps de s’appesantir sur cet étrange phénomène. D’autres silhouettes identiques sortirent en nombre de l’escalier menant au sous-sol. Et il dut bondir en arrière pour éviter une nouvelle attaque.

Les miliciens protégèrent leur capitaine animé par le sens du devoir et l’entrainement rigoureux. Alaric fut repoussé derrière deux lignes de miliciens qui gravirent l’escalier à reculons, marche après marche sous l’assaut de plus en plus pressant et nombreux des guerriers silencieux. Car comme leur camarade mort, pas un n’émettait de son.
En se tournant, Alaric découvrit Eve et Pénélope, debout et tremblantes avec un mélange de fascination et d’horreur devant la bataille qui se jouait pour leur vie. Sa compagne tenait un couteau entre ses deux mains qui faisait bien pâle figure devant tant de violence. Personne d’autres.

A peine le premier assaillant avait-il essayé de porter son coup que Roxanne avait saisit la main de Rosen pour l’entrainer de force à l’étage remontant le couloir à vive allure. En jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, elle put s’apercevoir que la majorité de leur petit groupe avait suivi et même quelques miliciens, trop peu à son gout cela dit.
Il manquait la comtesse de Clairmont et Roxanne se demanda si elle devait faire demi-tour. Le « non » logique lui vint avant même la fin de son questionnement. Ce n’était pas sa mission. Pas plus que tout ces enfants, femmes et nobles… Tournant, elle s’arrêta devant la porte des appartements de la Baronne. Dès l’instant où Victor les rejoignit, elle bondit, le saisissant à la gorge, une lame sortit de Rikni savait où à la main, elle appuyait dangereusement fort sur la peau tendre.
Rapide, mais pas guerrier, le noble avait dégainé la sienne, mais trop lentement, la tenant à mi-chemin de l’endroit où elle aurait été utile.
Perspicace, Victor ne voulu pas prendre le risque de vérifier qui serait le plus vif vu son désavantage.

- Cher Comte, vous allez vous barricader ici, avec femmes et enfants, sœur Edwige veillera sur eux, vous aurez juste à paraître aussi élégant et distingué que d’habitude, sans vous chier dessus. Mais si d’aventure je découvrais que tous ont été massacré alors que vous avez miraculeusement survécu, vous ne vivriez pas assez longtemps pour en profiter. Mais bien assez pour le regretter. Suis-je clair ?

Elle se recula lentement, laissant la pointe sur sa gorge une seconde de plus. Puis l’ôta, elle aussi. D’un geste brusque elle saisit Edwige et son petit colis nommé Meredith et les poussa dans la chambre, les autres enfants et personnels ne se firent pas prier pour avoir le même traitement et s’enfoncèrent dans la chambre commençant déjà à déplacer les meubles pour bloquer les portes.

- A votre tour Messire. Ordonna Roxanne au comte après un dernier duel de regard. Le tout n’avait pas pris plus de quelques secondes mais c’était déjà trop long selon elle. Elle se tourna vers les miliciens.

- Vous quatre ! Vous protéger ce couloir, si jamais la position devient intenable, reculait vers la tour, ne vous souciez pas de la porte, pour vous, cette chambre est vide ! Faites leur croire !

Elle pivota et reprit la main de Rosen la tirant à sa suite. Marie-Ange et deux autres miliciens suivant leur pas.

- Nous, on monte encore !

***


Isolde, Gudrun, Aeryn, Laura...

- Qui d’autre que celle qui vous apprends à les utiliser ? Demanda Lucian en réponse à sa question comme si c’était l’évidence même. L’étrange épée qu’elle lui avait remis formait une étrange harmonie avec le prêtre, en réalité sa bure semblait bien plus déplacée dans le tableau de guerrier à l’aura mystique qu’il représentait à cet instant, seul, avancé sur le parvis du temple.

Comme il l’avait prédit, une première vague de réfugiés, venus des habitations les plus proches de l’entrée du bourg, ne tarda pas à se présenter. Et déjà parmi eux des blessés. Pas d’attaque cependant, plutôt des gens brûlés ou aux membres écrasés. Que se passaient-ils donc là-bas ? Le père Altan offrit des sourires assuré et rassurant mais autoritaire en indiquant les intérieurs du grand et solide bâtiment.

Isolde et Gudrun qui installaient et répartissaient au mieux le matériel récolté furent alors contrainte d’accueillir hommes, femmes et enfants, tous terrifier, tous perdu. Des anonymes pour la plupart, des visages dans une foule. Mais le regard de la prêtresse de la prêtresse de Sombrebois finit malgré tout par croiser des yeux qu’elle connaissait, mais différent. La petite Bertille se tenait contre un des piliers, une sœur et un frère lui tenant les mains. Bien moins qu’ils n’auraient dû être, accompagné de leur père. Sa sœur, la plus âgée des trois, lui parlait tout bas en essayant de retenir ses larmes tandis que de son autre main elle essuyait vigoureusement une longue trainée rouge sur la joue de sa cadette. Du sang, un sang qui n’était visiblement pas le siens.

La fin de cette première vague fut marquée par l’arrivée de milicien en patrouille dans le bourg qui avait visiblement décidé, en voyant l’attroupement se former devant le Temple, que l’endroit serait important à défendre. Mais aussi par un groupe tout aussi armé, mais bien plus hétéroclite. Des mercenaires, mené par un homme roux au regard dur qu’au moins l’une des personnes présentes connaissait bien.
Pat, qui avait visiblement réuni sous son égide une dizaine de lame en plus de ses propres subordonnés lança une œillade réprobatrice à celle qui était parti sans un mot pour ses camarades mais c’est vers le Haut-dignitaire qu’il se dirigea. Les deux hommes eurent un échange rapide et pour la première fois, Lucian eut l’air sincèrement surpris avant de rire de manière peu discrète s’attirant des coups d’œil inquiet. Il pressa l’épaule du mercenaire et repris son accueil des derniers arrivants.

Plus fidèle à ses habitudes Lili se pointa en courant devant Aeryn et lui lança à la criée.

- Tu crois pas que t’as oubliée quelque chose ? Tu m’as même pas emmenée ! Comment tu veux que je te protège le derche si tu le bouges trop loin !

Un ton et des termes bien vulgaire pour un si jeune âge, mais qui dénotaient d’une inquiétude sincère, vibrante même. Pat vint à leur niveau sans prendre note de l’esclandre et dit :

- Il y a des Fangeux à la porte… si on peut encore parler de porte. La milice défend bien mais certains vont passer. Tiens-toi prête et…

- Et apparemment on a un autre problème ! Le coupa Braan en indiquant la grand rue qui menait au fort. Il fallut un peu plus de temps aux yeux moins aiguisés des autres pour comprendre ce dont il parlait. Ce fut plus aisé quand les torches s’allumèrent. Des formes noires s’échappaient en grand nombre du château et se répandait dans les hauteurs du bourg, des lames brillante à la main, parfois une torche dans l’autre. Ceux ainsi équipé s’approchait des maisons les plus proches et mettaient le feu à tout bois trouvable. Il ne fallut que quelques instants pour qu’un groupe plus important se forme et se jette à l’assaut de la distance qui séparait le temple du fort.

Une course effrénée, mais sans le moindre cri de bataille… du moins de leur côté. Car Pat dégaina sa large épée et rugit :

- C’est le moment de mériter votre solde bande de fainéants !



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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 30 Juin 2022 - 15:41
Il régnait alors une étrange ambiance où l'on pouvait aisément humer le parfum entêtant de la peur… L'effroi, par son aigreur tout à fait caractéristique de détachait parfaitement des effluves de sueur et de sang… La fragrance, si entêtante, ne tarda pas à éveiller les instincts de la rouquine qui, déjà, semblait s'enivrer de cette ambiance de bataille, si plaisante et si familière. L'on pouvait percevoir cette folie dans ses yeux, ses pupilles se trouvant plus épaisses que d'ordinaire, gonflées par l'adrénaline qui inondait déjà tout son être.

Ses doigts, empressés de se resserrer sur la fusée d'une épée, étaient parcourus de fourmillements purement désagréables. Le sang pulsait douloureusement dans ses veines, appelant ainsi celui de ses ennemis encore bien trop loin pour être aperçus.

Le regard réprobateur de Pat ne la perturba aucunement. Après tout, la rouquine méritait quelques remontrances après avoir abandonné ses frères d'armes… Mais ceci lui permit de réaliser que, malgré tout, la mercenaire ne les reconnaissait pas encore comme tel… Jamais Aeryn n'aurait agi de la sorte avec ses frères… Jamais. Et pourtant, cette fois, afin de tenir sa promesse faite à un milicien, elle n'avait pas n'hésité un seul instant à les abandonner sur place. Évidemment, tous avaient une très bonne expérience du combat. Contrairement aux enfants, les lames savaient parfaitement se défendre…

Néanmoins, la remarque de Lili parvint à lui arracher un sourire sincère et amusé.

-Je ne tiens pas à ce que tu aies à me protéger les miches, Lili… railla-t-elle gentiment avant de venir lui flatter le haut du crâne. Il y a ici deux gamins sans défense qui avaient besoin de moi. Je ne pouvais pas les laisser, tu comprends ?

Lorsque Pat vint les rejoindre pour les informer de ce qu'il se tramait aux portes, Ryn frissonna. Les humains ne l'effrayaient guère… Les créatures en revanche… L'intervention de Braan eut tôt fait de chasser les inquiétudes de la rouquine, plus particulièrement lorsqu'elle aperçut les fameuses formes sombres brandissant épées et flambeaux.

-Les enfoirés, grogna-t-elle en se saisissant de ses dagues, juste avant de s'élancer à la poursuite des pyromanes.
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 30 Juin 2022 - 18:22
Seulement quelques secondes après s’être positionnés dans l’optique de bloquer l’unique ouverture de la pièce, Pierrick et Laura sursautèrent en entendant plusieurs coups secouer le battant. Le garçon se releva sur ses pieds, s’arc-boutant au-dessus du matelas, prêt à pousser d’un coup le lit ; le jeune homme fut arrêté dans son élan par la main de sa petite sœur qui claqua sur son épaule au moment où la gamine reconnut la voix d’Aeryn légèrement étouffée par le mur les séparant. Sous les gros yeux de son frère, la couturière passa par-dessus le lit et entrouvrit la porte pour reconnaitre la mercenaire plantée au beau milieu du couloir, manifestement furibonde. Pierrick rejoignit bien vite sa cadette en apercevant un éclair roux au-dessus de la tête de la couturière et, après un regard, les Lucet emboitèrent le pas à la combattante dans le couloir. Bien que troublés par les ordres contradictoires tantôt de celle qui les protégeait depuis des jours au sein de ce sanctuaire, tantôt de celle qui s’était portée garante de leur sécurité jusqu’au Labret, les adolescents obéirent à la mercenaire qui ne leur laissait de toute manière guère le choix, quand bien même la mine de Pierrick était plus renfrognée. Tout en marchant d’un pas devant Laura et en lui tenant fermement la main, il lui chuchota :

« - Au moindre problème Laura, tu te caches. N’importe où mais tu te caches. »

« - Pierrick... » souffla la couturière, ses grands yeux bleus inquiets portés sur la nuque de son aîné.

« - Je ne laisserai plus rien t’arriver. Pas après Piana. On reste avec les autres, on aide… mais quoiqu’il arrive, tu survivras. D’accord ? »

Laura n’avait pas l’habitude d’entendre Pierrick avec cette voix si dure, si implacable, si adulte. Un instant, il lui rappela leur père. La demoiselle hocha la tête, resserrant son emprise sur la grande paluche de son frère comme pour lui intimer le même ordre.
En quelques instants, ils étaient revenus dans la nef. Très vite, Aeryn les laissa pour aller s’atteler à une tâche, rapidement rattrapée par de nombreuses personnes armées. Sœur Gudrun était partie, suivie d'un groupe de personnes. Les Lucet se trouvaient perdus au milieu de ce tourbillon jusqu'à ce qu'une voix prenne le dessus dans le brouhaha ambiant où la bruit battant le toit se mêlait aux bavardages et à l'angoisse grandissante. En tournant la tête, Laura reconnut la jeune femme aux cheveux bruns qui l'avait rassuré seulement quelques instants plus tôt. La petite couturière tira son frère et, ensemble, il assistèrent au rapide cours de soin de la prêtresse, observant avec attention ses gestes pour constituer le cataplasme tout en restant greffés l'un à l'autre par les mains.

La mordue avait le sentiment que tout le monde arrivait à garder son calme. Elle-même parvenait à maintenir une respiration à peu près normale quoique plus profonde, son cœur battant avec force mais régularité dans sa poitrine. Était-ce justement le flegme de la religieuse qui lui permettait de ne pas céder à la panique la plus noire ?

« - Vous avez des aiguilles ? J'ai peur qu'les miennes soient trop abimées. »

Pierrick dévisagea sa cadette dont la voix s'était tout juste élevée au milieu de leur groupe silencieux. En apercevant son regard si déterminé, il ne put s'empêcher d'être fier au point de laisser un demi-sourire étirer ses lèvres fines.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 30 Juin 2022 - 20:38
Le choc de l'explosion avait laissé des séquelles au soldat de Sombrebois. Elle avait brouillé ses sens, sa tête ne cessait de bourdonner. Néanmoins, elle n'avait guère altéré ses réflexes, ni son instinct de survie. Il sentit les poils de sa nuque se hérisser au moment où il saisissait l'horreur sur le visage de son amante, première et unique personne sur laquelle il avait déposé les yeux, une fois les lourdes portes ouvertes dans un claquement assourdissant. Alaric avait à peine pris conscience qu'il roulait sur le sol, que sa dague acérée se fichait déjà dans le torse de son agresseur. D'un coup sec, il en retira la lame colorée de rouge, provoquant une gerbe de sang qui poissa ses doigts ; quelques gouttes peignirent ses joues. Les yeux écarquillés, il fixa son arme souillée, déconnecté du monde, interloqué par la vie qu'il avait ôtée sans regrets. C'était brutal, infiniment plus rude que d'observer son ennemi vaciller sous le coup d'une de ses flèches. Un rire le sortit de son état second, fictif, mensonger, railleur ; il devina la pierre précieuse du bijou luire contre sa poitrine. Intervention divine ou non, Alaric raffermit sa prise sur la dague, évita souplement un nouvel assaut. À ses yeux, n'existaient plus que ces ennemis sortis du sous-sol comme s'ils s'extrayaient d'outre-tombe, plus silencieux que des fangeux, mais pourtant tout aussi dépourvus d'états d'âme. Un flot ininterrompu d'ennemis anormalement similaires s'écoulait depuis la cave ; armés et munis de torches, certains se fracassaient sans crainte contre la milice, tandis que d'autres, profitant du chaos général, quittaient la forteresse dans un silence malsain. Le garde de Sombrebois s'élança dans la bataille sans hésitation en poussant un hurlement féroce, mais ne put pas aller bien loin. Les miliciens l'en empêchèrent, formant une véritable barrière entre les escaliers et leur capitaine – quel capitaine ? Leur nouvelle ligne de défense le repoussa violemment vers l'arrière. Alaric jura, se retourna pour trouver un moyen de contourner les tuniques vertes ; c'est presque par hasard qu'il croisa les yeux clairs d'Eve, restée sur les marches de l'escalier, Pénélope à ses côtés. Il se figea. Le temps de se demander si elle avait vu la fureur presque animale qui s'était emparée de lui, si elle avait remarqué que, durant une fraction de seconde, il l'avait oubliée. On se défendra ensemble, quelle que soit la menace. Il chassa ce doute avide, refusa qu'il s'installât en lui.

Empêchez-les de sortir, hurla-t-il aux soldats. Bloquez ce putain d'escalier et tenez bon !

Il tourna définitivement le dos à la bataille. Comme un lâche, comme...

Pénélope semblait éreintée. Tandis qu'il se rapprochait, Alaric nota le tremblements de ses jambes, la sueur qui perlait sur son front. Pourquoi, par les Trois, n'étaient-elles pas montées toutes les deux avec le reste des invités ? Il avait vu, du coin de l’œil, une tignasse flamboyante monter quatre à quatre les marches de l'imposant escalier et mener vers les étages supérieurs les troupes dont le sort ne l'intéressait guère. Sauf celui d'une unité. Ou deux. Apparemment, protéger l'envoyée royale ne faisait pas non plus partie de ses prérogatives. La cuisinière ne parviendrait pas à gravir les marches rapidement, à gagner les autres pièces où la plupart des invités s'étaient déjà barricadés. Elle était trop lente, trop lourde, et bien trop angoissée. Mais, comprit Alaric en croisant son regard terriblement maternel, elle n'était pas inquiète pour elle. Le soldat serra les poings. Sans doute n'avait-il jamais rendu à Pénélope le quart que ce qu'elle lui avait offert. Ses petites attentions et ses sourires quotidiens, ses douces réprimandes, ses encouragements tacites, lorsqu'il avait été au plus mal. À la manière d'Hector, elle avait toujours été là ; elle était l'une des âmes de Sombrebois.

Un cri d'agonie rompit ses pensées, le tintement abrupt du métal contre le métal actionna ses mains qui se saisirent de celles de la cuisinière. Dans un élan, il l'entraîna à sa suite, Eve sur leurs talons. Une fois, Pénélope manqua de trébucher, sa respiration laborieuse faisait écho aux battements de cœur frénétiques du soldat de Sombrebois. Ahanant, il parvint à la mener sur le palier du premier étage. À peine avaient-ils posé leurs pieds dans le couloir qu'un claquement sec se fit entendre, suivi de bruits sourds et de grincements : la plupart des invités avaient déjà préparé leurs défenses dans les chambres du premier étage.

Passe par le salon, ils n'ont pas déjà pu barricader de ce côté.

Il aurait voulu être capable de la rassurer, mais il n'avait pas les mots. Tous savaient que ce n'était pas la présence de quelques miliciens dans les couloirs qui les protégeraient de la foule qui s'extirpaient peut-être encore du sous-sol du château. Au lieu de quoi, c'est la cuisinière qui pressa affectueusement ses mains toujours poissées de sang. Il voulut les retirer, mais ne parvint pas à lutter contre cette tendresse bienvenue. Elle les dévisagea tous les deux et, sans qu'il ne sache comment, Alaric sut qu'elle avait compris.

— Survivez, tous les deux, se contenta-t-elle de leur murmurer, avant de leur adresser un dernier sourire.

Une de plus qu'il laissait derrière lui. Il refoula un nouveau cri, aussi bien de rage que de désespoir, qui ne demandait qu'à franchir ses lèvres sèches, à résonner dans sa poitrine craquelée.

En bas, les éclats du combat rivalisaient avec la tempête qui s'acharnait sur le domaine. Aux hurlements du vent se répondaient les rugissements des miliciens, le vrombissement de l'averse rythmait les coups d'estoc audacieux et les parades salvatrices. Inconsciemment, les doigts d'Alaric étaient venus chercher ceux de son amante. Il n'avait pas osé croiser son regard depuis que leur cavale avait commencé.

Tout se réalise... Je dois partir, Eve, murmura-t-il d'une voix rauque.

Il devait gagner sa chambre, récupérer son arc et le bâton d'Odalie au plus vite. Ensuite, il aviserait. Les miliciens ne pourraient pas contenir le flot d'ennemis pendant très longtemps, mais il pourrait profiter de leur diversion pour s'enfuir par l'une des fenêtre de la salle à manger. S'enfuir... La dernière fois qu'il avait fui, les conséquences s'étaient révélées désastreuses. Certes, il avait survécu, mais à quel prix ? Il avait la désagréable impression que l'histoire se répétait. Mais pourtant, cette fois, il n'était pas seul... Non ? Timide, il accepta enfin de relever la tête vers la comtesse de Clairmont, non sans frémir. À quoi ressemblait-il, avec ses traces de sang étalées sur son visage et ses yeux plus noirs que bleus ?

Eve, est-ce que...

Rien n'était sûr, ici. Rien ne serait sûr dans les marais. Quoi qu’il arrive ensuite Alaric, c’est ensemble que nous y ferons face. Et que les trois emportent le destin et ceux qui pensent pouvoir nous tenir tête. Le garde de Sombrebois était effrayé, c'était évident. Il craignait Eve, pour Eïlyn pour Pénélope et tous les autres. Pour ses choix et pour les conséquences qui en découleraient. Plus que tout, il avait peur de lui-même. De ne pas être capable de la protéger. De ne pouvoir lutter contre cette envie irrépressible de se jeter au-devant de la mort. Il craignait d'échouer encore.

Mais il voulait y croire. En eux Deux plutôt que de croire en les Trois – Quatre.

Tu veux m'accompagner ?

Pour le meilleur ou pour le pire.
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 30 Juin 2022 - 21:54
Comment peut-on être aussi incompétent ?

C’est ce que je demande à la mercenaire qui se trouve à mes côtés quand je vois des hommes armés de torche commencer à mettre le feu à des bâtiments. Je vois la jeune femme me regarder d’un air étonné et je la rassure :

Je parle bien sûr de la milice.

Elle me sourit, rassurée et je précise ma pensée :

Ce n’est quand même pas difficile de garder un ennemi hors des murailles ! Depuis la première attaque ils ont tenu à peine cinq minutes. Je suppose qu’il va falloir qu’on s’en occupe nous-même.

Je soupire une nouvelle fois, mets mon casque pour compléter mon armure de plaque complète et indique à mon allié :

On va rejoindre le château, le comte de Rougelac n’a pas dû avoir le temps de me prévenir ou son messager a été attaqué en chemin. Tu es une vétérante et connais la manœuvre, je prends la tête, tu protèges mon dos avec tes flèches et tout devrait bien se passer.

J’ouvre ensuite la porte de ma demeure qui n’aura finalement pas duré longtemps et je la referme soigneusement derrière moi, cela pourra toujours servir de retraite si les fangeux décide de s’inviter à notre petite fête. Dehors, c’est un peu le chaos, mais les adversaires que je croise sont légèrement équipé, pas d’armure de plaque et à part leur silence, ils semblent tout à fait humains et mon épée à deux mains est tenus fermement pour les occirent sans ménagements.

Si je croise des civils, je leur demanderai de m’accompagner, les gens de Sombrebois savent qui je suis, vu le nombre de temps que j’ai passé ici et ont même assisté à mes entraînements à l’épée et autres exploits. Concernant le Temple, je vais passer à proximité, on verra bien mon état de santé quand j’y serais. De toute façon on va y aller prudemment, la nuit est encore jeune.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyVen 1 Juil 2022 - 11:11
Les évènements s'emballèrent et se succédèrent si rapidement que le Comte de Rougelac n'eut pas le temps d'anticiper la réaction de la Chatelaine du Val d'Asmanthe alors que lui et d'autres personnes, dont des enfants, furent contraints de la suivre dans les dédales du château jusque devant une porte. Là, Roxanne se mua en agresseur, inquisitrice et chef d'orchestre, glissant le froid d'une lame contre son cou avant de lui intimer des ordres accompagner d'une promesse de vengeance s'il n'obtempérait pas.

- Cher Comte, vous allez vous barricader ici, avec femmes et enfants, sœur Edwige veillera sur eux, vous aurez juste à paraître aussi élégant et distingué que d’habitude, sans vous chier dessus. Mais si d’aventure je découvrais que tous ont été massacré alors que vous avez miraculeusement survécu, vous ne vivriez pas assez longtemps pour en profiter. Mais bien assez pour le regretter. Suis-je clair ?

En réponse, seul un bref acquiescement des paupières fut formuler avant que Victor ne puisse reprendre son souffle jusque là coupé. Mais en son fort intérieur, le Gouverneur du Sud souriait, ressentant autant de satisfaction que de haine contre la nourrice de la Baronne de Sombrebois.

* Traînée, tu ne perd rien pour attendre. Si tu crois que je ne sacrifierais pas femmes et enfants pour me sortir de ce merdier, c'est mal me connaître. Tu as eu un temps d'avance, mais à présent, je ferais en sorte de ne plus en avoir en retard. Je me délecte d'avance de te voir implorer ma clémence lorsque le cuir de mon lacet viendra étreinte ta gorge.*

Sans contester les décisions de la chatelaine, Rougelac fini donc par obtempérer et passa le pas de la porte pour se barricader en compagnie des plus faible non sans écouter les directives laissé par cette dernières à quelques miliciens en charge de sécuriser le couloir. Les assaillants allaient-ils ne pas fouiller les lieux pièce après pièce ? Victor ne pouvait pas se raccrocher à l'éventualité que semblait laissé entendre Roxanne et immédiatement après qu'il ne soit livrer à lui même dans ce lieu clos entourée d'enfants et d'un prêtresse des Trois, l'homme se mit à faire le tour de la pièce pour chercher à savoir s'il n'y avait pas une trappe ou une éventuelle sortie de secours dans le cas où les assaillants mettaient en déroute les miliciens et seraient tentés de forcer la porte.

actions a écrit:

Victor vérifie les lieux et cherche à trouver d'éventuelles issus de secours
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptySam 2 Juil 2022 - 3:08


La nuit des hurlements
Rosen feat ...


On s’entend à peine ici, entre les hurlements d’Athanase, ceux de Mérédith et les pleurs des deux grands. D’ailleurs, je me rends compte subitement que plus aucun son ne sort de la bouche de mon fils et quand je le regarde, je me rends compte qu’il est tellement terrifiée qu’il ne parvient plus à respirer.

Il m’a déjà fait le coup quelques fois lors de pleurs classiques, mais il finissait toujours par reprendre son air assez vite, en trois ou quatre secondes. Ce qui n’est n’est pas le cas présentement, et il devient tout rouge, presque bleu.

« Athanase ! Respire ! »

J’essaie de le secouer doucement, mes doigts derrière sa nuque pour la protéger du contrecoup, mais rien n’y fait. 

« Respire, oh ! »


C’est finalement Marie-Ange qui d’un geste vif et précis me l’arrache, lui administre une tape bien placée et me le remet aussitôt dans les bras. Enfin, l’air lui revient et son hurlement retentit à nouveau dans la salle, puissant, strident, long à me vriller les oreilles. Mais au moins, il va bien.

Ses cris de détresse me déchirent le cœur comme ils finissent saccadés et appuyés puis, alors que je me demande comment je peux le calmer, j’aperçois Marie-Ange s’approcher pour lui ouvrir la bouche et lui faire couler une goutte sous la langue.

« Qu’est-ce que c’est ? je demande d’un air presque suspicieux.
- Un tranquillisant. »

Elle se dirige ensuite vers Mérédith pour lui en donner quelques gouttes, puis aux deux autres enfants. Je crois que moi aussi, j’en aurais bien besoin ! C’est là que je remarque que Roxanne et Victor sont encore en train de se prendre le bec.

Mais ces deux là commencent sérieusement à me casser les pieds !

« Victor de Rougelac. Si vous tenez à aller demander des comptes à quelqu’un et faire des menaces, pourquoi n’iriez vous pas le faire de façon plus constructive auprès de nos petits amis qui viennent nous attaquer ? »


Ca commence à bien faire à la fin !

Edwige me demande de lui laisser Athanase, mais aussi longtemps que je peux le garder avec moi et que je n’ai pas à devoir me défendre, je préfère l’avoir. Surtout que je réalise que celui qui aura Athanase sera une cible lui aussi.

En est-elle seulement consciente ? Je n’ai pas vraiment envie de la mettre en danger plus qu’elle ne l’est déjà. Je lui fais comprendre d’attendre du regard, mais Roxanne prend visiblement la décision à ma place, rejetant par la même de son port altier incomparable ma requête et j’ai un peu l’impression que chacun ici en prend pour son grade. Je ferme les yeux quelques secondes pour parvenir à rester calme. J’ai juste envie de taper sur tout le monde.

Elle décide donc de rester à l’intérieur et de laisser des miliciens se débrouiller seuls en haut. Je n’aime pas vraiment l’idée d’attendre passivement que l’ennemi se ramène chez moi, mais c’est Roxanne qui décide et elle semble craindre l’extrême malchance de se prendre une flèche à travers une meurtrière.

Moi je ne dis plus rien et me contente d’accepter ses décisions, puisque c’est tout ce que je peux faire et j’ai à peine le temps d’attacher mon fils sur mon dos, nouant à deux reprises l’écharpe de portage, sur ma poitrine puis mon ventre, tout en glissant chaque pan sur l’épaule et sous les jambes de mon bébé – à peu près calmé à présent - que Roxanne tape dans ses mains et me pousse déjà en avant pour que nous montions. J’arbore une légère moue qu’elle ne peut pas voir étant dans mon dos, mais qu’elle devine peut-être.

« Hilde ? j’interpelle la bûcheronne comme nous arrivons tous dans le hall. Ce soir, la grande hache de Sombrebois aura l’occasion de faire couler du sang. Prends-là, et passe moi la hache de jet. »

Et ainsi soit-il après un hochement de tête, la première rousse de Sombrebois, ravie d’un tel honneur, décroche rapidement les haches du mur pour que nous puissions chacune en prendre une. Je l’accroche donc à ma ceinture, me penche pour relever ma robe et récupérer également mon poignard afin de le glisser contre ma hanche entre ma robe et le cuir, de l’autre côté, à l’opposée de la hache.

C’est quand j’ai à peine monté quelques marches que j’entends la porte d’entrée s’ouvrir pour laisser passer Alaric et les deux miliciens à qui j’avais demandé d’aller le chercher. Vite. Trop vite. Tout va beaucoup trop vite. J’ai à peine le soulagement de voir Alaric arriver entier que sorti de presque de nul part, un homme à l’entrée essaie de le tuer. Eve se met à hurler horrifiée et je n’ai rien le temps de faire que je me sens tirée malgré moi dans les escaliers. Mais d'où sort ce type ?! Et Alaric... je ne sais même pas s'il est blessé.

Ensemble, on a fui des fangeux. Ensemble, on s’est battus contre des malfrats. Ensemble, on a survécu à la folie des bannis et ce soir, on doit survivre à cet assaut. Alors que je monte malgré moi les marches quatre à quatre sous le rythme intransigeant de Roxanne, je me dis que j’aimerais revenir en arrière et rattraper tout ce temps gâché avec tout le monde. Pour l’heure, je ne peux que serrer les dents et espérer que le soleil se lèvera pour nous tous demain.

La châtelaine cesse donc de me traîner une fois que nous sommes arrivées devant la porte de ma chambre et alors que tout le monde a suivi, je la vois soudain, lame à la main, bondir sur Victor.

Mérédith pousse un petit cri en se cramponnant à Edwige, mais heureusement, la terreur semble avoir été bien apaisée par la potion de Marie-Ange. Moi je m’écarte vivement d’un pas et me retourne vers les autres. Je croise le regard complètement perdu d’Edwige. Je crois que le mien ne doit pas être beaucoup plus assuré, mais je prends sur moi pour la rassurer. Pour les rassurer. Je lui tends alors les bras avec un léger sourire de circonstance et comme elle vient contre moi je les referme sur elle.

« Je suis désolée… tout va bien se passer, d’accord ? S’il te plaît… ne laisse personne te faire du mal. »

Dans ses bras, je ne peux m’empêcher de regarder Roxanne qui tient fermement Victor à la gorge, continuant de le menacer de sa lame.

« Regarde comme elle est belle... », lui chuchoté-je discrètement pour que personne d’autre n’entende.

Edwige doit être exaspérée, mais j’y peux rien. C’est plus fort que moi… A côté, Hilde fixe le gouverneur, les mains sur la base du manche, tête de la hache qui fut à Hector autrefois retourné au sol et qu’elle soulève et repose à intervalle régulière quelques fois.

Tchink, tchinck, tchink… cliquette légèrement le métal sur la pierre.

Simple impatience, nervosité, envie d'aller se battre en bas ? Ou bien l’envie viscérale de décapiter l’enflure qui va être à sa portée pendant un long moment ? Ce que Hector voulait faire, mais dont je l’ai empêché. Cette fois, je n’empêcherai personne de faire rouler sa tête par terre.

« Ne t’en fais pas, rassuré-je Edwige. Hilde veillera sur vous. » 

Je sens soudain une petite main tirer sur ma robe et je croise à présent le regard vitreux et larmoyant de Mérédith.

« Maman ! »

Je me baisse rapidement pour me mettre à sa hauteur et prendre son visage entre mes mains.

« Ça va aller ma chérie... On a déjà vécu pire ! Tu prends soin d’Edwige, d’accord ?
- Je veux rester avec toi !
- Je reviens très vite. »

Je lui adresse un sourire un peu trop triste, puis pose ma main sur son épaule en me relevant, me mordant les lèvres avant de prendre les mains d’Edwige.

« Merci pour tout… Merci d’être mon amie. Tu es pour moi la... »

Mais déjà Roxanne m’arrache Edwige pour la pousser hâtivement dans mes appartements. Tout le monde suit. Les enfants, Hilde, puis Victor. Tant que je le peux, mon regard ne lâche pas mon amie, mais Roxanne m’entraîne à nouveau dans sa suite.

« Nous, on monte encore ! »

Et je réalise brusquement.
 
« Attends, j’essaie de l’arrêter, mais elle ne ralentit pas et se dirige vers les escaliers. J’ai pas vu Pénélope ! Pénélope n’a pas suivi ! »

Évidemment qu’elle ne fera pas demi tour, à vrai dire, je ne sais pas trop ce que j’espérais. Un réflexe stupide… Je réalise aussi qu’Eve n’a pas suivi.

« Et la comtesse de Clairmont non plus ! »

Elle ne ralentit toujours pas. Elle ne se soucie même pas d’un membre de la famille royale… Mais pourquoi diantre n’ont-t-elles pas donc suivi ?! Quel cauchemar. Je pense aux enfants, à Edwige. Avec eux, il n’y a que Hilde qui sait se battre et les accompagne une ordure de la pire espèce.

Je les imagine déjà tous morts, les uns après les autres. Alaric, Pénélope, puis Hilde, Edwige et les enfants. Et moi, tout ce que je fais, c’est de me faire traîner de tous les côtés pour être mise à l’abri ! Me mettre à l’abri quand tout le monde va se faire tuer à côté ?! J’aimerais au moins être avec eux.

Et ma vie vaut plus que celle d’une personne de la famille royale maintenant ?! Ou alors elle ne risque rien elle… Ou alors-ci, ou alors-ça… c’est à devenir complètement fou ! Et tous ces gens dehors qui doivent se faire massacrer.

Ces gens qui pensaient trouver une vie plus belle ici, plus verte. Plus calme et sereine que cette capitale bondée de monde et crasseuse. De l’espoir. Dans le bourg, il y a des femmes, des enfants. Tant de gens qui ne peuvent pas se défendre et qui n’ont rien à voir avec tout ça.

Et moi tout ce que je peux faire, c’est suivre Roxanne et me taire. Alors je suis. Tout ça me dépasse, mais je suis. J’aimerais juste aller me battre, mourir s’il le faut et que toute cette folie s’arrête, mais je suis. Toujours suivre les uns et les autres, à droite et à gauche, dans ce monde terrifiant où mon avenir ne m’appartient même plus. Où mon fils ne m’appartient même plus.

Puisque ils tiennent tant à ce que je survive, quitte à laisser tout le monde mourir, soit. Je ferai tout pour survivre. Après tout, il faudra bien quelqu’un pour lancer des représailles après ça. Et ce n’est pas en mourant avec les autres que je pourrai le faire. Alors soit, cachons nous comme les lâches. Je ne les laisserai pas gagner.

Je ne leur laisserai pas le plaisir d’avoir ma peau ni celle de mon fils, puisque c’est ce qu’ils veulent. Parfois perdre c’est gagner, hein, qu’il disait l’autre ? Ma victoire ira encore plus loin que ça. Ils verront. Ils verront tous...

Toujours main dans la main, nous arrivons Roxanne et moi au deuxième étage et je me demande où elle compte m’emmener. Le temple ? Une chambre ? Il me semble qu’elle a parlé de chambre, tout à l’heure.


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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyLun 4 Juil 2022 - 22:36
Les bras encombrés de draps, Gudrun et ses aides improvisés se rendirent directement vers la chapelle, où commençaient à arriver de nombreuses personnes. Elle vit la jeune femme brune, soeur Isolde , déjà au travail sur les remèdes, et ses yeux s'éclairèrent un moment. Elle vit également Laura qui aidait de son côté. Elle s'installa non loin des deux jeunes femmes et entreprit de déchirer quelques bandes régulières de tissu. C'est tout naturellement que les blessés qui arrivaient tout juste venaient à leur rencontre, attirés par leurs robes de prêtresses comme des moucherons par la flamme d'une bougie. Elle tentait de faire au mieux, avec le peu de temps et de moyens dont ils disposaient.

Elle nota sans vraiment y penser que les blessures n'avaient pas été causées par des armes, ni par des créatures d'Etiol, et que cela avait peut-être un lien avec le bruit entendu plus tôt. Il s'agissait de blessures affreuses, surtout lorsqu'elles étaient étendus : un bras écrasé, un visage brûlé, une esquille enfoncée. On entendait parmi les murmures les informations les plus fantastiques : l'un d'entre eux affirmait à qui voulait l'entendre que c'était Rikni qui avait frappé le bourg de sa puissance rageuse, et beaucoup étaient d'accord pour dire qu'ils avaient bien vu la couleur de la déesse se répandre dans la nuit.

Mais tout cela attendrait, car Gudrun était dans son élément : elle s'occupait des arrivants les uns après les autres, méthodiquement, son esprit vif écoutant les râles et les plaintes, tout en nouant un bandage par ici, et en comprimant un saignement par là. Pas un mot de réconfort ne sortit de sa bouche : soigner les corps était sa priorité, et elle n'avait aucune énergie à consacrer à des paroles inutiles. L'effervescence était telle qu'elle n'aperçut le visage de Bertille qu'au dernier moment. Ses gestes s'arrêtèrent subitement, le regard fixe, le temps d'un battement de cil. La voir couverte de sang, entourée de seulement deux membres de sa famille était terriblement inquiétant ; mais le soulagement l'emporta bien vite et elle s'élança vers elle pour l'attraper par les épaules et l'examiner sans ménagement. Elle n'avait rien de grave, son frère et sa sœur non plus apparemment. Elle passa doucement la main dans les cheveux de Bertille dans un geste qui se voulait rassurant, puis les envoya s'installer dans un coin du temple, non loin d'elle et de la porte des annexes.
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyMar 5 Juil 2022 - 12:58
Un instinct lui hérissa les cheveux dans sa nuque, et elle fit volte-face. Isolde s’immobilisa à son tour en observant la jeune fille de toute à l’heure. Souriant avec tendresse face à ce courage désarmant, Isolde se pencha et s'agenouilla à la hauteur de Laura, lui effleura la joue et ramena une mèche de ses cheveux derrière l'oreille.

« Ici, oui. Approche-toi de moi. » Fit-elle d’un mouvement rapide de la main en la saisissant par l’épaule pour lui dégager un passage, lui glissant les aiguilles nécessaires entre les doigts.

La voix de la prêtresse plongeait dans une profondeur insoupçonnée. Son regard doré, semblait luire d'un halo propre. Elle saisit à nouveau un linge, et d’un geste large, elle en déchira à nouveau une bande et émietta à nouveau une pincée d’herbes. Une odeur étrange semblait jaillir du cataplasme, une odeur de sacré et de désespoir. Elle saisit le poignet de la gamine avec une douceur déconcertante et le déposa dans sa paume de main.

« Tu en gardes un pour toi et…» son regard glissa sur l’autre enfant. « Et ton frère. »

Ses mouvements lents et fluides évoquaient un jeu de racines grimpant sur le seuil d'un arbre, dans ce qu’elle reproduisait, comme si une vibration religieuse l'encerclait toute entière. Quand les plus rapides su reproduire ses gestes, elle jugea qu’il était temps pour elle d’achever une autre tâche pour gagner du temps.

« Regardez et apprenez les uns des autres. Ne relâchez pas vos efforts » souffla-t-elle plus qu’elle ne parla, la mâchoire crispée.

Isolde se laissa osciller par l'adrénaline dans une mesure implacable, sans parvenir à détacher son regard de la silhouette de Lucian ébauchée par un jeu d'ombre et de feu sur les murs du temple. L'appréhension l'avait déserté. Les battements de son cœur semblaient se dissiper dans des secondes éternelles.

En observant la première vague d’arrivée, Isolde fut frappée par les blessures non-communes aux sièges. Du sang qui n’était pas les leurs, des membres broyés par un impact, des brûlures marbrant les bras d’un stigmate encore rouge.

« Posez les cataplasmes pour les soulager, les autres continuez à faire des soins !» Lança-t-elle tandis qu’elle s’attelait à soigner ardemment les premiers blessés. « Restez bien proche de l’Autel. »

Inconsciemment, ses doigts effleurèrent la courbe des dagues offertes par Kaïne, à la recherche d'un soutien invisible. Un inconfort latent la perturbait et elle n'en devinait pas encore toute l'étendue enténébrée, ses présages restaient dispersés en épaisse volute de confusion difficile à interpréter. Elle se releva, telle une impératrice, une main posée sur la tête de Pierrick, le regard perdu dans l'écho du bruit à l'extérieur.

« Restez proche de moi, tous les deux. D’accord ? » Ordonna-t-elle plus qu’elle ne questionna. « Vous ne vous - »

La nuit avait avalé la bouche du Temple. Derrière les murs épais de l'obscurité, le vent hurlait comme le cri d'une meute de loups. Une bourrasque manqua de faire vaciller les bougies des temples.
Quelques sanglots inquiets interrompirent sa silencieuse contemplation. Quelques-uns se piétinaient et se serraient les uns contre les autres. Comme le bétail sentant le prédateur.


Résumé des actions d'Isolde:
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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 2 EmptyJeu 7 Juil 2022 - 0:26






La nuit des hurlements



Roxanne est une femme dure, implacable même. Sa manière de remettre la prêtresse à sa place la laisse toute désarmée, et ce avant-même que Rosen ne puisse répondre à sa bienveillante requête. Initialement, Edwige s'était imaginé que la chatelaine était constamment sur la défensive, mais c'est bien l'agressivité qui la caractérise cette nuit. Qu'importe, la jeune femme laisse le soin à la Trinité de juger de son cœur. Ses initiatives feront peut-être toute la différence durant cette attaque.

Les portes s'ouvrent à la volée, laissant entrer une poignée de soldats sur le qui-vive. Parmi eux, Edwige reconnaît Alaric qui fut son patient, mais celui-ci n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que déjà une ombre fond sur lui. L'éclat d'une lame précède une gerbe de sang alors que l'un des gardes se voit perforer le larynx. L'inconnu est ensuite lui-même abattu, s'effondrant en un dérangeant silence. Le masque qu'il porte semble dévisager l'assemblée, lourd de jugement.

Cet évènement met définitivement le feu au poudre. Edwige se sent poussée, tirée, pressée vers un escalier menant à l'étage. Une porte menant aux sous-sols éclate à proximité, vomissant un sinistre bataillon d'assassins masqués.

Tout est comme un mauvais cauchemar. Les convives hurlent, les gardes aboient, les assaillants restent de marbre. Des images de Marbrume envahie par la Fange ressurgissent dans l'esprit de la prêtresse qui s'efforce de ne pas céder à la panique. Sa vision paraît obstruée alors qu'elle grimpe les marches, à la manière d'un tunnel. Par pure volonté, Edwige maintient sa prise à la fois sur Meredith et sur la réalité, jusqu'à atteindre l'une des chambres les plus modestes.

Tout ce beau monde s'arrête sur ordre de la chatelaine, qui exige une fission immédiate du groupe. Les enfants doivent être enfermés dans la pièce à l'exception d'Athanase, sous la surveillance de la guérisseuse et du seigneur de Rougelac. Ce dernier ne semble pas particulièrement heureux du sort qui lui est administré, mais Roxanne ne lui laisse pas le loisir d'argumenter. Un couteau pressé contre sa gorge et des menaces murmurées à son endroit finissent par avoir raison de lui. Edwige observe l'échange, médusée. Est-ce ainsi que les nobles négocient lorsque tout semble perdu...? Cette violence ne semble pourtant pas affecter Rosen qui paraît presque émoustillée devant cette scène. Que peut-elle bien trouver à cette femme si brutale ? Comme si la concernée lisait dans ses pensées, elle empoigne son avant-bras et la pousse à l'intérieur avant que la baronne n'ait pu lui murmurer quelques dernières paroles.

- Rosen...! la brune appelle-t-elle en luttant faiblement contre la prise de la rouquine. Quoi qu'il advienne, je...

Trop tard, Edwige est écartée avec force et manque de perdre pied. Roxanne fait de même avec les plus plus jeunes, qui sont ensuite suivis par Hilde et sa hache, puis le sire de Rougelac. La porte est refermée dans l'empressement, plongeant le petit groupe dans l'obscurité. Cette maigre barrière sera-t-elle suffisante ? Les probabilités ne semblent pas être de leur côté, mais qui sait : les envahisseurs pourraient bien ignorer cette pièce entièrement et passer leur chemin.

Edwige laisse de l'espace à la grande Hilde afin qu'elle puisse déplacer un meuble contre le battant. Ne sachant que faire d'autre, la clergesse y appose une bénédiction de son crû.

- Puissent les Trois nous dissimuler aux yeux de l'ennemi, invoque-t-elle en tentant de maîtriser ses tremblements. Puissent-ils nous préserver du mal...

Personne, ni les gardes dehors ni les survivants dedans, ne semblent y croire vraiment. Quelqu'un doit bien s'occuper d'espérer. Et comment les plus petits pourraient-ils tenir autrement que par des promesses de salvation ? La prêtresse se détourne de la bûcheronne et du chatelain pour venir encadrer les enfants de ses bras. Elle s'abaisse à leur niveau, comme pour murmurer quelques secrets, et fait de son mieux pour garder un air serein.

- Je suis navrée que vous ayez à traverser cela, leur souffle-t-elle à voix basse avec un sourire tendu. Nous allons nous cacher ici le temps que le danger passe, d'accord...?

D'un regard, la brune avise le reste de la petite pièce. Cette chambre est étroite comparée aux autres quartiers du manoir, mais cela pourrait bien jouer en leur faveur. Les meurtrières ne permettent malheureusement aucune sortie, mais l'imposant placard du fond pourrait bien être le salut des plus jeunes. Edwige se redresse et l'ouvre, profitant de la cohue extérieure pour se permettre quelques grincements de bois.

- Ce sera comme une partie de cache-cache, poursuit-elle, se voulant rassurante. Entrez, et faîtes le moins de bruit possible. Répétez vos prières ou vos chansons préférées dans votre tête, aussi longtemps que nécessaire. Couvrez-vous les oreilles et fermez les yeux si cela vous aide. Ne sortez que si l'un d'entre-nous vous y invite, ou... ou si la voie est libre.

Un nœud se forme dans sa gorge. Les enfants sont plus intelligents que la plupart des gens le réalisent. Si jeunes soient-ils, ils comprennent certainement ce qui est en train de se passer, au moins au premier degré. Ils sont conscients du danger, et conscients que leur protection impliquera peut-être la mort des adultes de leur entourage. Edwige, Hilde, le seigneur de Rougelac... tous trois périront peut-être ce soir, afin que les enfants puissent vivre. C'est dans l'ordre des choses. Malgré cela, la novice ne peut oublier qu'elle-même était encore considérée comme une enfant il y a quelques années... La perspective de sa propre mort paraît bien injuste.

Une fois les trois angelots mis en sécurité, la Rutherford s'en retourne vers ses compagnons d'infortune. Armée de sa hache, Hilde sera sans doute leur rempart de sureté. Le chatelain quant à lui doit porter sur sa personne une petite lame comme le font beaucoup de noble. Edwige cherche des yeux de quoi se défendre avant que son regard ne s'arrête sur la porcelaine d'un pot de chambre, sous le lit. Elle soupire, puis s'en saisit.

Elle voudrait bien faire preuve d'audace, de témérité. Elle aimerait clamer être fière de son sacrifice à leurs côtés. Mais elle a peur. Si peur. Sera-t-elle seulement capable de lever cette arme ridicule lorsque les assassins la toiseront de leurs masques inexpressifs...? Rien n'est moins sûr.


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