Marbrume


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 [convocation] La nuit des hurlements

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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyJeu 7 Juil 2022 - 16:03
24 Mai 1167.
[convocation] La nuit des hurlements - Page 3 Tgld
La première créature fut fauchée avant même de placer son premier pas dans le cercle de lumière verdâtre émit par les flammes étranges, si vives qu’elles semblaient grignoter les murs. Les flèches filèrent dans l’ombre et un gargouillis suivit d’un bruit mat indiqua la mort. La seconde, bondit d’un saut prodigieux et fut transformé en plein vol en une sorte de parodie de porc-épic avant de chuter au sol sans un son. La troisième eu le temps de faire quelques pas avant d’être achevé d’un coup de lance bien placé dans le crâne.

Puis l’assaut commença vraiment. Les formes s’arrachèrent aux ténèbres bras en avant, à peine ralenti par les flèches tirées dans un rythme brisé par l’empressement de certains. Eïlyn regretta presque immédiatement l’absence de la troisième compagnie. Ses hommes visaient juste, mais ils n’avaient pour la plupart pas l’expérience de la guerre contre une horde. Ses anciens camarades auraient laissé les monstres progresser pour être certain que suffisamment de traits soient tirés pour l’abattre en une fois.

Au moins ils appliquèrent la stratégie de retrait avec efficacité. Les Fangeux n’étaient pas des créatures intelligentes, du moins pas au point d’établir une stratégie. Ils fonçaient pour la plupart sur la première cible aperçue et la poursuivait jusqu’à l’avoir abattue, parfois avec une telle concentration, que la créature pouvait passer à coté d’autres proies plus aisées sans s’arrêter. Les miliciens avaient été entrainé dans cette perspective. Deux d’entre eux se mettaient en avant jusqu’à être pris pour cible, puis reculaient dans un couloir de lancier en entrainant leur poursuivant dans le piège qui se refermait sur lui.

Plusieurs créatures se jetèrent ainsi sur un barrage de lance avant que les plus résistante ou les plus chanceuse ne franchisse cette première ligne pour déchiqueter les lanciers. Le corps à corps débuta moins d’une minute après le début de l’assaut. Courageuse mais pas stupide, Eïlyn ne se jeta pas à corps perdu dans la mêlée, sa blessure risquant de devenir une gêne pour ses partenaires. L’une des créature franchi le cordon avec une jambe manquante à quelque pas d’elle, sans rien perdre de sa férocité. Elle sautillait sur son moignon en balayant l’air de ses bras pour tenter de l’atteindre. La seconde de Sombrebois fit un minuscule bond en arrière pour éviter une griffe et frappa de taille. La nuque de la créature se fendit, mais ne rompit pas, l’envoyant brutalement au sol. Elle n’attendit pas de la voir se relever et frappa encore. C’était comme essayé de tailler un tronc. Le troisième coup lui apporta la satisfaction de voir la tête se détacher du reste.

Eïlyn se redressa en haletant et observa ses lignes de défenses. Quatre créatures fendirent le barrage pour se jeter dans une course éperdue à la poursuite de citoyens qui avaient visiblement décidée de fuir leur maison en voyant l’attaque. Elle brandit son épée vers eux et hurla un ordre.

- Archers! Les rues !!!

Un instant plus tard, deux des monstres furent abattu par des volées, un troisième fut blessé mais lui et son dernier compagnon disparurent hors de portée. En relativisant, c’était déjà une belle réussite. Les patrouilles devraient se charger de ces créatures. Elle ramena son attention sur le front où de nouvelles brèches pointaient déjà le bout de leur vilain nez.

- Coutelleries sept et huit avec moi !

Elle se jetait déjà en avant quand les hommes et femmes de la milice lui emboitèrent le pas pour aller combler les failles.

***


Aeryn, Desmond…

- Bordel de…. !!

Si Pat le Roux n’avait plus les réflexes d’un jouvenceau, il avait au moins l’attention et l’allonge pour lui. Si son bras tendu rata d’un centimètre la ceinture, ses doigts parvinrent à crocheter une bonne poignée de cheveux rouge feu et à tirer en arrière. Propulsée par son élan, Aeryn fut stoppée net et eut la surprise de voir ses pieds voler devant elle. Elle fut ramenée brutalement en arrière sur le parvis du Temple. La haute stature de Pat la baignant d’une ombre menaçante.

- Ça suffit les conneries ! Tu tiens ta putain de position défensive sinon je te jure que c’est moi qui te défonce le crâne ! Dit-il d’un ton qui ne laissait pas vraiment croire à la menace en l’air. Il se détourna d’elle et ordonna à la criée.

- Ligne défense les gars ! Pas un de ces enculés n’entre dans le Temple !

Fut-ce du charisme, de l’expérience, ou simplement qu’il était le seul à se proposer comme autorité ? Mais même les miliciens présents s’en remirent à ses consignes et une solide mais maigre ligne de défense s’érigea donc autour du parvis. Deux nouveaux invités se joignirent à la fête, accompagné par quelques autres réfugiés fuyant les portes. L’ancien chevalier couvert de son armure intégrale rendait étrangement dans le décor comme si l’on avait oublié une statue sur la place. L’homme et son acolyte à l’arc semblaient poursuivre un dessein qui les concernait et Pat, échangeant un regard avec le camarade à sa droite se contenta d’un haussement d’épaules lacunaires. Du moment qu’il tuait des silhouettes noires en passant…

Les assaillants, toujours parfaitement silencieux, arrivèrent en nombre supérieur au défenseur, mais c’est ce nombre qui les fit se gêner sur les premières marches du Temple pas si large que cela. Les mercenaires et miliciens se mirent à frapper dès qu’ils notèrent le ralentissement. Braan, accompagné de quelques archers à la cape verte, n’avait même pas besoin de viser dans la masse grouillante, se contentant de bander et relâcher sa corde à intervalles rapide. Pat et Corin accompagné de quelques autres donnaient l’impression de faucher un champ, balayant de leurs larges épées dans les pousses faites d’obscurité.
D’autres, plus agile, comme Lili, bondissait d’un endroit à l’autre pour éliminer les plus aguerris qui se faufilaient dans la maille.

Malgré l’arrêt net de l’assaut, la pression et le nombre d’assaillants ne laissait que peu de doute sur la manière dont tournerait la bataille si elle venait à durer. Venant du fort, une forme solitaire parmi les tuniques sombres s’approchait. Bras et visage nu, les cheveux d’un orange profond, elle donnait l’impression de se promener sur un chemin fleuri. Posée sur son épaule, elle tenait d’une main une double hache si large et longue que même l’homme de Rochemont aurait sans doute peiné à la manier efficacement. Mais elle, elle semblait à peine la sentir, pas plus que la trainée de sang qui la recouvrait et coulait sur son épaule nue. Elle portait une étrange parure, faite d’or ou de cuivre poli peut-être lui donnant un air sauvage. Elle était d’une certaine beauté dure, mais ses yeux…

Cerclé de noir, ses iris luisaient d’une lueur cuivrée qu’on aurait d’abord cru attribué aux petits foyers dispersé de-ci de-là, mais peu importe où elle regardait, l’étrange reflet refuser de s’atténuer, comme s’il émergeait droit de ses pupilles. Il n’y avait rien d’humain dans ce regard, rien d’animal non plus… même la sauvagerie semblait d’une autre nature… d’une nature qu’une seule chose parcourant cette terre avait sembler posséder jusqu’alors… Une haine à l’état pur pour le genre humain.

Une seule personne ici avait vu ce visage une fois auparavant, tout droit sorti d’un rêve, une vision qui a présent trouvait sa place dans la réalité. « Si tu la vois tu devras fuir. » Lui avait dit Marbrume. L’inconnue s’interposa sur la trajectoire du guerrier en armure, un sourire vorace sur les lèvres.

***


Isolde, Gudrun, Laura...

Les échos de la bataille dehors ne tardèrent pas à se faire entendre, si près… des lames s’entrechoquant. Des hommes contre d’autres hommes. Quelques courageux parmi les arrivants, ou peut-être les plus désespéré se munirent d’arme de fortune comme des outils ou des planches brisées converties en gourdin. Certains d’entre eux se jetèrent dehors en hurlant pour soutenir les défenseurs, d’autres s’assuraient que pas un assaillant ne pénètre, mais pour le moment, à part les blessés, pas un ennemi ne semblait pouvoir gagner la porte.

Les premières blessures à l’arme blanche ne tardèrent pas à apparaitre et les talent de Laura et d’autres volontaires ne tardèrent pas à être mis à rude épreuve pour mettre fin aux écoulements carmin sous les directives des prêtresses. D’autres réfugiés, parvenant les trois savent comment, à se faufiler derrière la bataille, continuaient d’affluer, les obligeant à réorganiser constamment les lieux et les placements. On évoquait une armée d’homme en noir assaillant la cité tout en assurant des fangeux étaient dans les rues. Un flot si énorme et contradictoire d’informations que cela tenait presque de l’hallucination collective.

Gudrun aidait à installer un homme dont l’un des bras finissait sur un moignon sanguinolent quand une voix calme lui dit :

- Laissez-moi vous aider ma sœur…

Elle reconnut la voix aussi bien que le visage, pourtant, il lui sembla s’agir d’un homme différent. Était-ce dû à sa sobriété ? Son calme presque dérangeant ? L’aura froide et vicieuse qui émanait de lui ? Elle le vit lever son marteau d’un geste mesurer et l’abattre. Le crâne du malheureux qu’elle retenait se brisa comme la coquille d’un œuf et elle sentit tout le coté de son visage maculé d’une matière poisseuse et chaude.

Des cris s’élevèrent quand deux autres miliciens aux alentours se mirent à frapper au hasard dans la foule. Richard leva à nouveau son arme et répéta d’un ton exalté par la violence sans la lâcher des yeux :

- Laissez-moi vous aider ma sœur !

***


Rosen...

Bien entendu Roxanne ne ralentit pas une seconde malgré les interpellations de sa protégée. Elles n’avaient plus le luxe de faire demi-tour. Arrivées au second étage, elles croisèrent un milicien qui visiblement envisageait de descendre rejoindre les combats qu’on entendait en contre-bas, mais lui aussi fut stoppé par la chatelaine.

- Toi, va allumer le fanal ! Le fort est attaqué, on a besoin de renfort !

L’homme resta planté là, hésitant. Une gifle bien sentie de la rousse sembla le décider à obéir, et il couru vers la tour sud. Roxanne se détourna de lui et poursuivit sa monté de l’escalier, les deux femmes et l’enfant à sa suite.

- On va te cacher dans le Temple. Le temps qu’ils fouillent les étages, la milice aura…

Elle s’interrompit le cœur battant et tendit l’oreille.

- Trop vite… chuchota-t-elle, l’air inquiet. Dans le fort, les bruits de combat, à l’exception de quelques éclat lointain, avaient cessés plongeant l’endroit dans un silence pesant. Roxanne reprit sa course vers l’étage, plus rapidement encore. Arrivée devant les portes du Temple intérieur, elle ouvrit en grand la porte sa lame tendue devant elle, balayant l’endroit des yeux. Du dortoir près d’elle jaillirent deux miliciens entrain de s’équiper et qui firent les yeux ronds en les voyants. Sans doute devant leur air affolé.

- Les escaliers, personne ne doit monter ordonna Roxanne en poussant Rosen dans la solennel petite pièce. La prise sur sa main se fit plus douce, presque tendre et elle l’a fit pivoter face à elle. Son regard exprimait une forme de culpabilité.

- Je suis désolé Rosen, je pensais qu’on aurait plus de temps. Tu ne dois ouvrir à personne dont tu ne connais pas la voix d’accord ? Pas même des miliciens, uniquement ceux que tu connais. Si quelqu’un d’autres essaie d’entrer, tu lui plantes ta hache dans le crâne, même s’il se dit ami. C’est important Rosen, promet le moi !

Elle ne consentit à lâcher ses mains qu’une fois sa promesse obtenue. Elle allait se détourner mais s’arrêta. Elle hésita un instant puis reprit.

- S’ils entrent Rosen, bats-toi, mais ne les laisse pas vous prendre vivant. Surtout pas. Je sais que tu n’as pas vraiment confiance en moi, que je te cache des choses Rosen, mais je te le jure sur ma vie, tu regretteras mille fois de leur laisser ton fils si tu fais ce choix.

Sans se soucier du regard des autres, elle déposa un baiser sur ses lèvres, doux. Puis s’éloigna et claqua la porte derrière elle. Marie-Ange avait déjà extirpé des lames de sous ses jupes et regardait les escaliers. Les deux miliciens avaient pris place de part et d’autre du palier, leurs lames au clair. Déjà ils leur semblaient entendre des bruits de pas sur les marches en contre-bas.

***


Alaric...

A quoi pouvait servir une telle violence ? Eve avait toujours su que sa tante serait capable de monstruosité pour atteindre ses objectifs. Mais malgré les préventions d’Alaric, une partie d’elle refusait de croire que l’on pourrait mettre le bourg en danger pour cela. Elle s’était préparée à l’idée de faire face à des assassins, des traitres, mais voilà qu’une compagnie entière se déversait dans le fort. Elle voulu offrir un sourire assuré à Pénélope, mais ne parvint qu’à une pauvre grimace.

- Combien de litres de sang suffiront à vous rassasier ma tante ?... Chuchota-t-elle doucement, plus sous le choc qu’elle ne pensait l’être. Les doigts d’Alaric se glissant autour de siens parvinrent cela dit à la ramener de cet endroit perdu où rien n’avait de sens. Son beau visage était tâché de sang mais la soif de violence qu’elle lui avait vu un peu plus tôt semblait s’être tarie, remplacée par une culpabilité douloureuse.

Il semblait tellement souffrir en cet instant que sa douleur se répandit dans le cœur de la petite princesse. Ça faisait mal. Mais la douleur était une sensation qu’elle pouvait endurer, bien plus que le doute et l’incompréhension. Il avait besoin d’elle, de son soutien, de son amour. Elle avait besoin de lui, de son soutien, de son amour. Voilà une chose qui même dans ce chaos restait immuable. Une chose à laquelle se raccrocher. Elle serra ses doigts à son tour.

- Jusqu’aux ténèbres de la nuit ou jusqu’à l’éclat d’une nouvelle aube Alaric, je te serais à tes cotés.

Ils hochèrent la tête de concert, même si un baiser aurait mieux servi cette promesse. Le temps les pressait, les traquait. Alaric l’entraina à grands pas jusqu’à l’étage, jusqu’à sa chambre où il dénicha un étrange bâton. Eve aurait surement pu s’interroger sur l’évènement, mais à peine la porte franchie qu’elle décrochait le bas de sa robe de soirée, la laissant tomber au sol pour extirper l’un des pantalons de son amant d’un tiroir. Elle le serrait avec une sangle de cuir quand il se tourna vers elle. Elle avait l’air parfaitement ridicule, même si Alaric n’était pas le plus épais des hommes. Mais au moins pouvait-elle courir. Elle ramassait son petit couteau quand il regagna la porte.

Ils remontaient le couloir pour prendre une direction que seul Alaric connaissait. Mais leur plan, s’ils en avaient un, fut contrarié par des formes noire jaillissant d’une porte devant eux. Deux seulement… pour l’instant…
Une minute plus tard ils jaillissaient sur le chemin de ronde, le capitaine claquant l’épaisse porte avant d’en tordre la barre d’ouverture d’un coup rageur. Déjà contre le battant on entendait des lames s’activer. La pluie allait en grandissant, et les fouettait désagréablement. Un éclair déchira le ciel illuminant l’espace d’une image, le chemin de pierre sur lequel ils se trouvaient. Au sud on percevait toujours des lueurs vertes et jaunes mais la pluie interdisait de savoir s’il y avait encore une bataille qui se livrait.

- Alaric… Dit Eve en pointant quelque chose qu’il avait peut-être noté lui-même.

A quelques pas de là, accrochée à l’un des merlons, une cape couleur d’automne dégoutait de pluie comme si une promeneuse l’avait oubliée là. Mais il n’y avait pas de promenade sur le mur d’enceinte et jamais un milicien n’aurait porté une chose si visible dans les marais.

- Lourd est le fardeau de celui qui croit pouvoir porter le monde.

La phrase jaillit, mais uniquement à l’oreille d’Alaric, puisqu’il s’en rendait compte à présent, il avait déjà entendu ces paroles en voyant cette tenue. Une femme qui lui avait promis malheur et espoir mêlé. Alors il vit la corde qui empêchait le vêtement de s’envoler malgré les bourrasques et qui se jetait dans les ténèbres des marais. La porte se mit à trembler sur ses gonds à mesure que des épaules se jetaient dessus.

***


Rosen...

Il ne fallut pas longtemps à la Baronne pour entendre des éclats de voix et de lames devant la porte de la pièce où on l’avait enfermé. Un combat faisait rage, juste là à quelques mètres d’elle. Un combat dont l’intensité atteint son paroxysme en quelques secondes mais dura une minute entière avant de soudainement se calmer, se réduisant à deux lames s’entrechoquant. Sans doute aurait-elle pu aller voir, mais soudainement, le corps de Roxanne vola à travers la porte, faisant éclater le verrou. Le corps de la femme aux cheveux de feu roula sur lui-même, perdant son poignard en chemin pour venir s’écraser mollement au bas de la marche de l’autel où elle se trouvait. Tout le flanc de sa belle robe était rouge de sang.

Une silhouette vêtue de noir se glissa dans l’encadrement, son épée ensanglantée à la main, il se dirigea sur Rosen sans un son. Derrière lui, dans le couloir, il n’y avait plus que des corps…

***


Victor, Edwige...

Les combats semblaient avoir cessé en contrebas et si leurs défenseurs dans le couloir avaient vaillamment combattu au vu des cris échangés, là aussi l’affrontement s’était tu. Pénélope qui était parvenue à se faufiler par l’entrée du petit salon avant qu’on ne le boucle et Edwige s’assuraient que le placard, dernier refuge des plus jeunes, n’attirerait pas l’attention déplaçant une chaise par-ci, un tapis par là. L’une d’elle s’arrêtait parfois en entendant des sanglot au travers du bois et chuchotait des paroles réconfortante, demandant un silence complet. Naturellement ou instinctivement, tous se tenaient loin du comte à l’autre extrémité de la pièce. Son altercation avec la châtelaine n’avait échappé à personne ou presque et si personne n’avait vraiment compris l’enjeu évoqué, tous en nourrissaient une crainte relative à son encontre. Le noble lui, avait fouillé en vain les lieux, et à part regagner l’un des couloirs, aucune sortie ne semblait s’offrir à lui.

Seule la solide Hilde ne semblait pas en tenir compte, debout face à la porte, elle faisait jouer le manche de la hache d’Hector entre ses doigts, roulant de ses épaules pour garder son corps chaud, consciente elle aussi que le sang coulerait dans cette chambre malgré leurs efforts. L’attente ne fut pas de longue durée. Un puissant coup ébranla la porte devant eux. Puis un autre. Ils s’enchainèrent ainsi jusqu’à ce que le gond le plus haut cède et que les meubles entassés ne reculent sous l’assaut. Au coup suivant, la porte céda et s’ouvrit assez pour laisser passer une silhouette qui… fut promptement décapiter par un puissant coup de hache.

Le suivant se retrouva le torse fendu en deux. Et le troisième ne fit guère mieux son bras tranché alors qu’il portait un coup. Deux autres ouvrirent plus grand le battant et se lancèrent dans l’affrontement. Blessée à l’épaule Hilde les abattit comme de jeunes branches en poussant un cri guerrier. Alors elle entra… Sa tenue, aussi sombre que celle des assaillants, semblait plus dédiée à la cérémonie qu’au combat, si on oubliait l’atroce couteau dans sa main. Un masque blanc aux traits horrifique couvrait le haut de son visage et un sourire moqueur était visible sur ses lèvres peintes de sombre mauve.

Hilde ne prit pas la peine de se poser de question sur cette apparence. Elle balaya d’horizontal pour faucher cette pousse comme les autres. Mais celle-ci courba gracieusement et la hache effleura le masque sans le toucher. L’assaillante pivota sur elle-même avec légèreté, rappelant les pas d’une danseuse se retrouvant au contact de la guerrière qui brandissait l’arme dans l’autre sens pour retenter sa chance. Le couteau sembla à peine effleurer la gorge. Comme une caresse. Mais la peau se fendit et un jet de sang jaillit en éclaboussant tout le mur opposé. La bûcheronne laissa son arme lui échapper pour tenter de stopper le flux de sang, tombant d’abord à genoux puis sur le sol, son corps parcouru de soubresaut alors que la vie la quittait en même temps que son sang, des cris terrifiés d’enfant accompagnant son agonie.

L’inconnue promena le regard vide de son masque sur eux, une flaque de sang rouge venant s’étendre autour de ses pieds. Elle eut l’air déçue, son sourire se transformant en moue boudeuse. Derrière elle d’autre tueurs entraient silencieusement.

- Elle n’est pas là, je vais devoir chercher encore… c’est agaçant… Laissez l’homme, tuez les autres. Dit-elle en se détournant, s’apprêtant à sortir.



HRP:
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyJeu 7 Juil 2022 - 19:34
Laura resta stoïque lorsque la jeune prêtresse s’agenouilla devant elle et se mit à la toucher et à la recoiffer avec une certaine tendresse. La cadette Lucet se laissa faire car la peur tendait ses muscles, faisait pulser son sang, menaçait de faire saccader sa respiration et, qu’outre la grande main de Pierrick enrobant la sienne, elle avait bien besoin d’un contact amical pour lui donner l’impression que, peut-être, bien qu’elle se trouvait en leur demeure, les Trois n’allaient pas la rappeler tout de suite à eux.
La couturière emboita le pas à la religieuse, talonnée par son frère. Alors que la femme aux cheveux bruns s’attaquait à la confection de nouveaux cataplasmes, la petite sœur de Pierrick inspecta les quelques aiguilles qu’elle avait pu récupérer : oui, il n’y avait pas de doute, celles-ci avaient peu servi comparées à celles qu’elle avait emporté avec elle de Marbrume plus d’un an auparavant. L’adolescente releva le nez lorsque la clerc dont elle ignorait encore le prénom lui donna un cataplasme et lui intima dans le même temps de le garder pour elle et Pierrick. Précautionneusement, Laura rangea tout ce qu’elle venait de récupérer dans les grandes poches de sa robe. Alors, son attention fut captée par le chahut de l’arrivée des premiers blessés. Les grands yeux bleus de la Lucet observèrent ces graves blessures dont elle n’avait pas l’habitude ; le sang encore, elle s’y était accoutumée, les morsures de fangeux, les coupures et les infections également, mais les brûlures, les bras et les jambes écrasés, cette panique noire dans les regards… cela n’avait pas été son quotidien avec les bandits de Piana.

La prêtresse, encore une fois, garda pleinement son sang-froid, ordonnant de commencer les soins tout en mettant elle-même la main à la pâte. Laura attrapa deux cataplasmes restés sur la table, en donna un à Pierrick et s’agenouilla aux pieds de la clerc, devant la première personne blessée qu’elle trouva. Tous les poils de son corps étaient hérissés, son instinct était en alerte maximale ; tout en s’efforçant d’ignorer le tapage de l’orage au dehors, les yeux plissés et la mâchoire serrée, la cadette Lucet pressa son cataplasme sur le bras roussi d’une femme sanglotante, épaule contre épaule avec son grand frère qui peinait à faire de même sur un enfant qui se tordait de douleur sur le sol du Temple. A peine ces inconnus un peu soulagés de leur douleur et de leur peine qu’il fallait passer aux suivants : le flux de blessés ne s’arrêtait pas. Une deuxième vague vint remplir encore un peu plus la grande salle. Un homme notamment marchait péniblement jusqu’à l’autel en se tenant le flanc gauche, cherchant une place au milieu du parterre de blessés qui avait repoussé les bancs et la décoration subsistant de la cérémonie de la journée. Il finit par s’affaler non loin de Laura qui vit à travers ses doigts sanguinolents la raison de sa blessure. La couturière se releva et fit deux pas pour approcher du pauvre hère, une aiguille et du fil déjà en main. En quelques gestes habitués, elle prépara son matériel, cassant le fil avec les dents avant de se pencher sur la peau déchirée par une lame.

« - Poussez vos mains ! » ordonna l’adolescente avec plus de fermeté qu’elle ne s’en pensait capable. Hagard, l’homme obtempéra difficilement, pâle comme un linge, marmonnant des choses incompréhensibles. La plaie n’était pas si profonde mais le pauvre homme était également en état de choc. Les longs doigts de Laura écartèrent le tissu de la chemise et commencèrent à s’affairer, se teintant eux-mêmes de pourpre sans que la jeune fille ne s’en émeuve.

Qui aurait pu prévoir qu’une menace grossirait alors au sein de ces murs saints ?

Un cri différent des autres obligea Laura à lever le nez de la blessure que ses mains s’efforçaient de refermer : elle vit un milicien à quelques pas devant elle lever son épée et l’abattre sur une grand-mère en train de serrer une femme dans ses bras. Les grands yeux bleus de la marbrumienne s’écarquillèrent, tout son corps se figeant dans une posture ployée, incapable qu’elle était de bouger face à ce spectacle : pourquoi ? Pourquoi la Milice faisait-elle cela ? Pourquoi ces hommes tuaient-il encore des innocents ?
Quelque chose l’agrippa par le col de sa robe sale et la tira violemment en arrière. Laura ne put que se laisser emporter telle une poupée de chiffon, laissant son aiguille et son fil dans la peau de l’homme blessé qui regardait le soldat perpétrer son massacre, rendu fébrile mais mutique par la terreur. La couturière leva les yeux et reconnut le visage crispé de Pierrick qui, ayant également vu la scène, avait éloigné sa sœur autant que possible de la menace et continuait de le faire, la trainant avec lui tout en regardant rapidement aux alentours pour identifier le plus rapidement possible leurs assaillants. Laura se remit difficilement sur pied et, retenue contre son aîné, reconnut leur protectrice menacée par un des miliciens dont la lourde arme était en train de s’élever au-dessus de sa tête. Un cri déchira sa gorge comme cela ne lui était plus arrivé depuis sa capture l’année précédente :

« - SOEUR GUDRUN ! FUYEZ ! »
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Desmond de Rochemont
Desmond de Rochemont



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyJeu 7 Juil 2022 - 22:21
Une femme ? Sérieusement, on m’envoie une femme ? Bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai rien contre les femmes, surtout si elles sont nobles, jolies et fertiles, mais là, les deux caractéristiques ne sont pas vraiment tenues, quant à la fertilité, cela va être difficile à vérifier, vu qu’elle ne ressemble guère à une Marie couche toi là.

En-tout-cas, cela va être un combat intéressant et je m’arrête à une dizaine de mètres de mon opposante. J’ai encore un peu de mal à comprendre d’où viennent tous ses assaillants qui se promènent dans le bourg comme si rien de n’était, mais ce n’est pas le plus important. Je lui indique donc :

Sympa ton outil.

Une hache, c’est vraiment une arme de pécore. Mais au moins, elle semble savoir s’en servir si j’en crois le sang qui coule du tranchant. Pour ma part, je suis motivé à fond, je me suis entraîné toute ma vie pour ce moment, je suis prêt à en découdre ici et maintenant. Toutes mes journées d’entraînement vont enfin payer. Je suis sûr qu’il s’agit d’une sorte de général et si je la vaincs, l’armée va se disloquer aux quatre vents. C’est alors que j’entends une voix prononcer un nom que je connais fort bien, sœur Gudrun !

Je lève les yeux au ciel, devant cette épreuve imposée par les Trois et je dis à ma rivale :

Désolé, j’ai un petit truc à faire, je reviens tout de suite.

Puis je me précipite au Temple, frappant tous les ennemis que je rencontrerai sur mon passage, déblayant un passage en prenant les ennemis à revers sur les marches du Temple, avec l'aide mon alliée. Comme je l’ai signalé plus tôt, je suis un puissant guerrier possédant le titre de meilleur épéiste à deux mains, titre acquis de haute lutte et je compte bien démontrer à tous, ce soir, que j’en suis digne. Une fois que j’aurais dégagé cet endroit et sauvé la prêtresse, je vais retourner à la castagne.

Il me reste encore moult chose à faire, comme défaire la rousse, sauver Victor et les autres nobles, bref, je suis super busy.


Dernière édition par Desmond de Rochemont le Ven 8 Juil 2022 - 17:29, édité 1 fois
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyVen 8 Juil 2022 - 17:18
*Ne pas céder à la panique, surtout ne pas paniquer Victor*. Le mondain ne cessait pas de se remémorer ses mots à son esprit alors qu'il fouillait la pièce en quête d'un hypothétique exutoire qu'il ne trouva jamais. Puis soudain, alors qu'il se désintéressait totalement des trois femmes qui venaient de barricader la porte, les bruits de combats dans les couloirs se turent, plongeant un court instant la chambre dans le silence le plus total. Un silence qui ne présageait de rien de bon. Le cœur du Comte se mit alors à palpiter, sa respiration s'accélérant avant que son corps ne se fige au premier coup porté à la porte. Au second, le mondain se retourna, sa main gauche plongeant instinctivement dans la poche de sa tunique pour en saisir son stylet, une maigre défense face aux assaillants qui allaient inévitablement faire voler en éclat les minces défenses de la pièce.

Glissant la lame dans le revers de sa manche, Victor recula d'un pas au moment où Hilde se dévoua pour faire rempart et obstacle à la menace qui venait de réaliser une brèche dans les défenses de la chambre. S'il entraperçut Edwige s'emparer d'un pot de chambre pour toute forme d'arme, le moment était bien mal choisit pour se moquer de la jeune femme et d'ailleurs, aucun sourire ne lui traversa l'esprit à cet instant, toute son attention focalisée sur la porte d'entrée où s'enchainait les coups de hache meurtriers.

Déglutissant difficilement, une certaine forme d'adrénaline monta et s'empara du Gouverneur du Sud, l'homme pour autant, incapable de faire le moindre pas en avant, comme si ses muscles venaient de se tétaniser. Victor observa alors impuissant la puissante bucheronne offrir sa vie pour sauver celle des deux femmes, des trois enfants cachés et de lui-même. Il salua sa bravoure mais ne se faisait que guère d'illusion quand au dénouement tant l'assaut semblait ne jamais vouloir se finir.

Et tout à coup, une silhouette sombre et féminine apparut, le visage dissimulé sous un étrange masque ivoire. Si la scène semblait surréaliste, ce qui se produisit ensuite sous ses yeux ébahis le furent plus encore. Rougelac crut l'espace d'un instant qu'Hilde allait découper en deux cette vision chaotique, mais là un évènement des plus fascinant se produisit. La lame qui aurait due trancher ce mystérieux et inquiétant personnage ne mordit que l'air alors que la femme au poignard se contorsionna de façon à défier presque toutes les lois de la physique. Une esquive surréaliste et pourtant qui se révéla réel sous ses yeux avant que cette dernière ne prenne l'ascendant et profite de l'opportunité pour égorger la pauvre bucheronne.

Si l'attention du Comte se porta sur la pauvre Hilde qui cherchait à stopper l'hémorragie alors que sa fin devenait inéluctable, il reporta bien vite son regard azur sur la macabre danseuse... A qui le tour... Il était fait comme un rat et ce n'était ni Pénélope sans défense ni Edwige, un pot de chambre à la main, qui allait lui laisser l'occasion de prendre ses jambes à son cou et fuir une mort certaine. Alors... que faire, se battre avec une once d'honneur, pour une fois dans sa vie ? sauter à genou au pied de ce terrifiant personnage pour lui implorer grâce ? Cette dernière possibilité aurait été une humiliation suprême avant d'accéder au Paradis des Trois, si ce lieu pouvait exister.

Finalement, il n'eut pas le temps de choisir quelle mort choisir que la ténébreuse silhouette prit la parole, le sourire de satisfaction qu'elle affichait jusque là avec effort de muant en grimace de déception qu'elle exprima promptement. L'assassin était donc à la recherche de quelqu'un en particulier et ce quelqu'un ne se trouvait pas dans cette chambre, mais ce que retint derechef le Gouverneur du Sud fut les mots prononcés à son endroit alors qu'elle donnait des directives à ces hommes d'armes qui prenaient possessions des lieux. Elle lui laissait la vie sauve, à lui, rien qu'à lui. Pourquoi ? Comment ? Tant de question dans un moment si anxiogène !

Mais Victor était un homme d'intrigue et opportuniste. Il se ressaisie sur l'instant, laissant son stylet bien rangé dans sa manche alors que ces neurones se portaient à ébullition en une fraction de seconde. Tout portait à croire que ce mystérieux personnage était à la solde d'une entité plus puissante et qui savait Victor en ce château. Plus encore, cette entité avait prit soin de divulgué l'ordre de le laisser en vie pour une raison encore inconnue. Victor comptait sans doute plus d'ennemi que d'allier mais celui ou celle qui voulait le voir encore respirer devait le porter en estime. Il n'était pourtant pas l'heure de faire le tri des potentiel suspect, il était tant de penser à la suite et sa propre survie et... peut être pour la première fois depuis la mort de son épouse Adélaide de Rougesoleil, avoir de la compassion pour des innocents, tout du moins, une compassion qui venait s'inclure dans une équation où la finalité résidait dans le fait qu'il devait survivre à ses évènements, ainsi pouvait-on assimiler cette compassion à un calcul, à la possibilité d'utiliser ces gens comme des pions sur un tout nouvel échiquier qui n'était ni d'influence, ni d'intrigue, mais bien de survie.

Alors que la représentation mystique et ténébreuse semblait ne pas vouloir perdre plus de temps que de raison, bien trop pressée de mettre la main sur l'individu qu'elle traquait et qui avait causé semble-t-il cette assaut mortel sur le château de Sombrebois, Rougelac tendit le bras droit instinctivement vers la danseuse inquisitrice, la main paume de la main requérant à ces sbires de ne pas passer immédiatement à l'action.

- NON ATTENDEZ !! Il me les faut vivantes !

Jouant crânement son vatout pour sauver d'une mort certaine Edwige et Pénélope par ces quelques mots, Victor mesurait par cette action les risques encouru. Pour lui surtout ! Sa situation était après tout précaire ? Il ne savait rien de ce qui avait pu le maintenir dans les bonne grâce de cet assassin et pour combien de temps. Ce qu'il savait en revanche, c'est que la femme au masque n'allait pas s'éterniser ici et qu'en bon intriguant, il fallait jouer de ce cours laps de temps afin d'obtenir une réponse de cette dernière sans qu'elle ait le temps de réfléchir aux conséquences.

Ainsi, Victor resta suspendu a ces propre mots qu'il prononça d'un ton sec et sans trembler. Le destin des deux femmes allaient se jouer dans les secondes qui suivraient, Rougelac en était convaincu. Les Trois soient loués, les enfants n'avaient pas été détectés par les assaillants. Si Victor cherchait aussi inconsciemment à tenir à la promesse forcée prononcée face à Roxanne, cela n'avait été utile dans sa décision que pour se donner une éventuelle autre porte de sortie dans le cas où l'équilibres des forces venaient à s'inverser.
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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyVen 8 Juil 2022 - 23:58






La nuit des hurlements



Les mains de la jeune femme se resserrent contre le manche en porcelaine du pot de chambre. Les affrontements ont cessé derrière la porte, laissant planer un silence ô combien sinistre. Edwige sent le flux de son sang battre à toute allure contre ses tempes. Ce moment d'éternité s'allonge, insoutenable, cruel. Le premier coup résonne comme le glas, arrachant un couinement à la pauvre Pénélope. Le bois cède facilement sous les assaults répétés de leurs bourreaux, Hilde se dressant courageusement pour prendre le relais. Sa hache fend la chair avec d'affreux impacts humides. Un de moins, un second, un troisième. La prêtresse s'en trouve arrosée de quelques éclaboussures de sang encore chaud. La bucheronne défend sa position avec une telle hargne que l'espoir serait presque permis, mais la femme qui franchit le seuil ensuite met un terme à sa bravoure.

Hilde s'écroule, portant ses mains à sa gorge en émettant quelques gargouillements désespérés. Son sang se répand sur le parquet à gros bouillon. Face à cette insupportable scène, Edwige sent son arme improvisée lui échapper, et se laisse tomber à genoux au chevet de leur protectrice agonisante. La clergesse referme ses mains sur les siennes pour lui apporter un semblant de réconfort, la poigne de Hilde étant telle que ses doigts s'en trouvent presque broyés entre ses paumes. Ses yeux chargés se larmes restent plongés dans ceux, révulsés, de l'héroïne tombée. Il n'y a rien à faire, rien d'autre qu'être là, être présente pour ses derniers moments sur cette terre. Lentement, la lumière s'éteint dans son regard, et sa prise se relâche. De sa main tremblante, Edwige ferme ses paupières, puis croise ses bras sur sa poitrine. Elle semble presque paisible ainsi...

La petite brune réalise soudain la présence qui la surplombe. Elle lève timidement les yeux vers le masque porté par la femme au poignard, dont la seule vue lui glace le sang. Instinctivement, Edwige recule, sans oser se relever. Sa tunique est agrippée par Pénélope qui l'attire contre elle. La pauvre domestique enfouit son visage dans son col en sanglotant, et la prêtresse ne peut que l'enlacer en retour. A l'opposé de la pièce, l'assassine prononce la sentence : toutes deux doivent mourir... mais pas le seigneur de Rougelac ?

Cette seconde partie n'est pas enregistrée dans son esprit. Elles vont périr dans cette chambre. Déjà, la femme s'éloigne, et ses sbires s'avancent. Pénélope se crispe plus encore, étouffant ses pleurs dans le tissu de sa robe, sans oser regarder. Face à cette condamnation, une forme de détachement s'empare de la religieuse, un mécanisme de défense peut-être, une initiative de son corps pour protéger son cerveau. Ses pensées vont aux enfants, cachés dans le placard à quelques centimètres d'elles, puis à Rosen, à son fils, à Marie-Ange, à tous ces visages croisés durant son séjour au manoir de Sombrebois. Elle ne les reverra jamais. Un sourire la gagne malgré l'absurdité de la situation. Edwige pose sa joue contre la chevelure de la servante terrorisée, fredonnant une douce mélodie à son oreille.

- Tout ira bien... lui promet-elle en un murmure. Nous ne faisons que rendre à la Trinité ce qu'elle nous a offert. Il n'y a ni peur ni douleur dans les eaux d'Anur... Je serai avec toi.

La guérisseuse maintient son étreinte, fermant les yeux à son tour en attendant le contact froid de l'épée. Soudain, la voix du seigneur de Rougelac résonne, interrompant la marche des tueurs masqués. L'homme demande à ce qu'elles soient toutes deux épargnées, à ses dépends peut-être. La possibilité d'une porte de sortie ébranle la sérénité de la prêtresse qui se sent brutalement revenir à la réalité. Elles ont une chance. Cet espoir retrouvé fait surgir en elle la même terreur qui anime Pénélope. Ses pupilles se dilatent, sa respiration se coupe, sa vision vacille à nouveau.

Tout est entre les mains de cette horrible femme... Elle seule peut accéder à l'exigeance du chatelain.


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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptySam 9 Juil 2022 - 22:35
Elle s'était contentée de soigner aussi efficacement que possible mais elle commençait à être débordée, perdant davantage de temps encore entre le tri et l'accueil des blessés. Elle gardait un silence religieux, marmonnant de temps à autres une prière à Anür. Bien sûr, les petites mains aidaient volontiers, et Laura semblait s'en sortir plutôt bien avec son aiguille, mais cela ne suffisait pas.

Malgré tout, Gudrunétait soulagée de la présence de Sœur Isolde : même si elles n'avaient pas le temps d'échanger plus que les quelques mots nécessaires entre deux bandages, Gudrun se demandait comment elle aurait tenu seule. Elle se demandait aussi vaguement ce qu'étaient devenues Sœur Edwige et Sœur Marie-Ange, qu'elle ne voyait plus dans la chapelle. Elle ne s'attarda pas sur cette pensée, mais elle espérait qu'elles n'étaient pas dehors car le fracas des armes commençait à se faire entendre, désormais tout proche. Prise par l'urgence de la situation, elle agissait sans réfléchir, par habitude, laissant les émotions pour plus tard.

Elle reconnut à un moment le milicien ivre vu la veille, mais elle n'eut pas le temps de se demander pourquoi il n'était pas dehors avec les autres ; l'impensable se produisit sous ses yeux. La vue du crâne éclaté, le son du craquement, le contact du sang chaud projeté sur son visage, toutes les sensations de ce moment s'étirèrent à l'infini, comme fixées pour toujours dans ses yeux et ses oreilles. La mâchoire de la prêtresse se décrocha, ses yeux s'écarquillèrent, et elle tourna les yeux vers Richard, incapable d'articuler le moindre son ni d'esquisser le moindre geste tant la surprise était grande. Le corps de l'homme qu'elle soutenait s'effondra comme une poupée de chiffe molle. Un cri plus loin la ramena brutalement à la réalité.

Laissez-moi vous aider ma sœur !

Elle vit le marteau s'élever à nouveau, et plongea juste sur la gauche du milicien, prenant appui sur sa mauvaise jambe qui ne fut pas assez solide : elle vacilla au dernier moment, et le marteau frappa le côté de son genou. Elle retomba durement sur le sol dallé, une douleur aigüe à la jambe droite, roula sur elle-même pour faire face et surtout pour pouvoir attraper sa dague. Les mains moites, elle réussit à la tirer du fourreau et la pointa vers celui qui semblait désormais être son ennemi. Elle aurait voulu se relever, mais avec une seule jambe valide et sans pouvoir le quitter des yeux c'était une tâche impossible. Qu'importe : son esprit envisageait déjà la possibilité de rouler à nouveau pour taillader l'arrière des genoux, ou même de lui poignarder l'intérieur la cuisse si elle en avait l'occasion. Ne pas rester figée après l'attaque. L'important c'est surtout de retirer la lame. A ce moment-là, ce n'était plus Richard, un père de famille un peu paumé qu'elle voyait en face d'elle, mais bien un homme qu'elle se devait de mettre hors d'état de nuire, par tous les moyens.

HRP:


Dernière édition par Gudrun Mercier le Sam 9 Juil 2022 - 22:39, édité 1 fois
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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptySam 9 Juil 2022 - 22:38


La nuit des hurlements
Rosen feat ...


Alors que je peine à reprendre ma respiration, nous croisons un milicien qui vient à notre rencontre. Un peu lent à réagir et désorienté, Roxanne est obligée de lui en coller une pour qu’il prenne les jambes à son cou afin d’aller demander l’aide qu’elle lui ordonné d’aller chercher.

Et alors que nous sommes proches du chemin de ronde, je peux sentir comme une légère odeur de souffre dans l’air humide, portée par le vent qui souffle en nombreuses rafales sinistres et hurlantes. Des rumeurs de cris lointains semblent me parvenir aussi, mais tout ça, autant l’odeur que ce faible écho, je ne saurais garantir qu’ils sont bien réels et qu’ils ne découlent pas de mon esprit enfiévré par l’état de panique générale.

Me cacher dans le temple, voilà donc le projet. Quelque part au fond de moi, je crains que tout ne se joue là, dans cette pièce qui sera peut-être mon tombeau ce soir. Plus que jamais, je me sens vraiment prise au piège comme un rat. Visiblement, les miliciens peinent à faire leur travail, car nos assaillants progressent bien trop vite. Nous reprenons donc notre progression sur le dernier escalier menant au petit temple du fort.

Je trébuche sur une marche, m’écorche le genou dans un juron, me relève à une vitesse que je n’aurais même pas cru possible avant ce soir et reprends la course aux côtés de Roxanne qui continue toujours de m’entraîner. Aux nouveaux miliciens croisés, elle demande de protéger l’escalier.

Puis devant la porte, elle se fait soudain plus douce, prenant mes mains dans les siennes. Lorsqu’elle me demande de lui promettre de n’ouvrir à personne d’inconnu, je le lui promets sans hésitation, même si un flottement brumeux visible dans mon regard m’enveloppe et retarde quelque peu ma compréhension. Le sien lui, me paraît presque triste à ce moment-là. Une impression, sans doute.

Elle allait donc s’en retourner, la promesse ainsi obtenue, mais finalement reprend la parole pour m’exhorter - après une certaine hésitation qui ne m’échappe pas - à la pire des choses possible, me jurant sur sa vie de la croire que je regretterais d’être prise avec Athanase vivants et que mieux encore me valait de nous donner la mort. Ne pas le leur laisser vivant… Moi qui, ce matin encore, disait que je préférais le laisser à la reine que de le savoir mort. Que pourrait-elle donc bien faire de si terrible ?

Mon regard devient un peu plus perdu, un peu plus inquiet. Elle m’embrasse ensuite sans la moindre considération pour les gens nous entourant et je lui rends rapidement son baiser sans m’en soucier non plus, ni même de ce qu’elle vient de me dire - Marie-Ange a déjà compris d'elle même qu'il y avait quelque chose de toute façon et les miliciens... tant pis que voulez vous, tout ça n'a aucune importance. L’espace d’une seconde, c’est comme si plus rien d’autre ne comptait ou n’existait. Comme une pause dans le temps qui se suspend, comme si le cours des choses étaient ramené à la normale et comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Si seulement ! Ses baisers ont toujours cet effet merveilleux...

Puis elle se détache de moi pour sortir et la réalité me reprend brusquement à la gorge. Juste avant de la suivre, Marie-Ange place dans ma main quelque chose avec un regard lourd de sens. Je baisse les yeux pour apercevoir une petite fiole contenant du liquide. Je relève mon regard pour la dévisager gravement. Je n’ai pas besoin de demander ce que c’est, chacun sait ce que font les dirigeants d’une place attaquée lorsque leurs forces militaires tombent et qu’ils sont voués à se faire capturer par l’ennemi. Marie-Ange m’a dit que je survivrai pourtant, ce matin.

Douterait-elle finalement de sa propre prédiction ? Et moi, je refuse de finir comme ça. Je la prends dans mes bras une brève seconde sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu’au fond de moi, je ne pense plus jamais la revoir. Je lui présente mes excuses pour tous les affronts et lui offre le pardon pour ce qu’elle m’a fait et je la lâche. Je sais aujourd’hui que ce qu’elle a fait, elle l’a fait pour Hector, pour Sombrebois, et qu’il ne tenait qu’à moi de ne pas passer pour une menace à mon arrivée ici.

« Ne perdez jamais la lumière de vue, Rosen, il ne tient qu’à vous de l’accepter en vous », furent ses derniers mots.

Je sens ma gorge se nouer. J’aimerais qu’ils soient tous là, près de moi à m’entourer de leur chaleur. Rire avec eux, profiter de leur présence. Être proche. Retrouver ce climat familial qu’il y avait autrefois et que j'ai mis à mal. Mais je sens déjà la fin arriver. Et alors que je réalise que la porte va se refermer pour me laisser seule, je panique presque subitement.

« Roxanne ! Reste avec moi... je la supplie. Je te fais confiance ! Mais pourquoi ? Dis moi au moins pourquoi je dois faire ça si jamais... que je sois capable de le faire ! »

Mais la porte s’est déjà refermée et je n'ai plus qu'à vite enclencher le verrou. Plus rien n’a de sens, tout devient fou. C’est étrange de voir comme les circonstances peuvent tout changer. Comme une confiance compromise encore quelques heures plus tôt peut solidement s’acquérir en un claquement de doigt dès que le contexte se montre incertain, inquiétant. Comme les émotions prennent le dessus sur la rationalité sitôt qu’une menace plus grande apparaît.

Pourvu qu’elle survive… C’est de la folie de se mettre devant la porte sans la moindre défense. Rester derrière où je suis serait plus simple pour prendre l’avantage sur l’assaillant en l’attaquant avant même qu’il n’ait l’occasion d’être entièrement rentré dans la pièce. Pour bénéficier nous même du rempart de la porte.

Je regarde quelques secondes le liquide avant de ranger le minuscule contenant dans mon corsage. Et que dire de cette stupide idées de nous avoir tous séparés ?! C’est de la folie… il fallait que nous restions tous ensembles quoi qu’il en soit !

Qu’est-ce que je peux bien faire ? Je ne vais pas attendre les bras croisés…

Et je me perds dans les méandres du temps. Dans le passé. Je repense à Hector, avec quel sourire cruel je lui ai dit que toute façon, le bébé mourrait bien assez vite. De quelle façon je l’ai regardé dans les yeux, sans ciller, mangeant l’assiette de Panaïs qu’il m’avait menée pour que je me sustente. Me délectant de la souffrance que je lui ai causée en lui énumérant toutes les causes courantes de mort infantiles. Notre mort à la naissance, maladies, famine, manque de lait… Je repense à tout le mal que je lui ai fait, à lui qui était si bon et que j'aimais.

Et je me perds dans les méandres du temps. Dans le futur, pensant au premier sourire de mon fils. A son premier rire. Son premier mot. Son premier maman. Sa première dent. Son premier pas… Son premier je t’aime. Aurais-je seulement la chance de les connaître ?

Je repense à cet effroyable cauchemar fait cette nuit même, qui prend de plus en plus des allures prémonitoires. Ce sinistre songe où je me suis vue moi même poignarder mon propre fils sans le moindre état d’âme. Ce sourire cruel qui fut si souvent le mien et qui me traumatise encore rien que de m’en souvenir. J’ai recherché l’aide de Roxanne autant dans le rêve que l’éveil ;

[Arrête la, arrête moi...]


A présent, je sais qu’elle est bien loin de m’arrêter. C’est même elle qui m’incite maintenant si besoin à faire ce qui me terrifiait cette nuit. Ce cauchemar n’aura donc jamais de fin ? J’ai beau croire que rien ne pourra jamais être pire, les Dieux s’obstinent toujours à me prouver le contraire.

[Il faut souvent faire des sacrifices n’est-ce pas ? Le principal est de ne pas oublier pourquoi on doit les faire.]

Ces mots qui me hantent jour après jour... Mais je sais même pas pourquoi je dois faire ça ! Je sais pas ! Je sais pas pourquoi ! Les mots de Marie-Ange me reviennent alors eux aussi.

'Une menace à laquelle il vous faudra agir de manière réfléchie si vous voulez avoir une chance. Vous devez suivre les conseils d’une personne avisée et ne surtout pas agir sur un coup de tête. Le passé vous rattrape, Rosen. C’est le coût de toutes vos erreurs qu’il va falloir payer.
- Est-ce que je peux faire quelque chose pour éviter le pire ? Pour arranger ce qu'il est possible d'arranger ?
- Peut-être en écoutant celle que vous aimez.
*
En finalité pour votre question... Vous aurez besoin d'être en retrait un certain temps pour prendre du recul sur sur ce que vous allez accomplir. Il vous faudra du temps pour vous en remettre. Toutefois… je vois une autre femme. Une femme brune que vous allez rencontrer sous peu.
- Quelle femme ? Et qu'est-ce que je vais faire de si dur ?!
- La mort. Vous ferez ce que vous aurez à faire.
- La mort n'est pas une femme et j'ai aucune idée de ce que j'aurai à faire !
- Vous le saurez le moment venu.
*
Il croit toujours en vous. Que vous êtes capables d’y arriver. Que vous ferez ce qu’il faut.
- Et si je n’en suis pas capable ? Je fais toujours n’importe quoi !'


Faire ce que j'aurai à faire... l'angoisse me tenaille les entrailles, maintenant que j'y vois un peu plus clair. Comment faire une chose pareille que de tuer mon propre enfant ?! Sans même savoir pourquoi ? Je suis incapable de rester dans l’instant présent, là que c’est le plus important. Mon esprit vogue d’un souvenir à cet avenir incertain, dans diverses scènes douloureuses. Faire ce que j'aurai à faire... et s'il y avait autre chose de mieux à faire ? Déjà, je peux entendre des voix et le métal qui s’entrechoque. La mort, elle ne m’effraie pas. Je peux bien mourir et quitter ce monde. Mais imaginer perdre les miens, mon fils, Roxanne… je me sens terrifiée.

Je remarque que ma respiration s’accélère et que l’angoisse monte comme je suis dans la pénombre de ce petit temple éclairé seulement de quelques rares torches et bougies. Il faut que je fasse quelque chose, et vite.

[Cache-toi. Cache-toi sous le lit, sous les bancs, derrière l’autel, vite ! Dépêche-toi ! Cache-toi!]

Les voix reprennent de plus belle et avec elle l’incapacité de me concentrer sur quoi que ce soit. Me cacher. Survivre. Lutter.

[Pourquoi Tu les a pas payés?!]

[Tu crois que j’le chie ton argent ? Fallait bien la faire bouffer ta gamine, elle coûte cher à engraisser!]

[Et alors, si tu buvais pas comme un trou tu aurais pu les rembourser avant la fin du délai!]


Les voix et les phrases se brouillent, mon cœur s’accélère. La mort arrive…

[Caelina!]

[Quoi Caelina ? Fais quelque chose, ils vont nous tuer!]


Les coups, les rires, les cris, les pleurs. Le sang. Triste et sempiternelle ritournelle de ma vie.

Voguant vers un souvenir qui cette fois pourrait bien me sauver la vie, je me place face à la porte, recule d’un pas, puis deux, puis trois, puis quatre… quatre mètres. La distance de base pour un lancer facile et précis quand on débute dans la discipline. Je me souviens, j’ai déjà vu faire Hector plusieurs fois. Autour de moi, je cherche des repères visuels pour être sûre de mes distances où que je sois dans la salle, reculant quatre pas par quatre pas jusqu'à l'estrade de l'autel où je me mets à prier. Là, dans ce cadre pieux où je suis cernées par des bougies et les torches, je prie. Et les vitraux ne m’ont jamais paru aussi sombres, aussi sinistres.

Que faire sinon prier à présent ? Que toute cette folie s'arrête. Je suis tellement fatiguée... Je prie tous les Dieux sans exception, un par un et tous à la fois, des fois qu'il y en est un plus charitable et plus miséricordieux que les autres. Tout en priant, je trempe mes doigts dans un bénitier et je signe mes armes avec.

Sérus je t'en prie... toi qui est si doux, si innocent, si bienveillant. Fais quelques chose pour convaincre tes sœurs d'arrêter ce massacre. Que Rikni fasse tomber les épées ce soir. Qu'Anür cesse de faucher les âmes ce soir. Anür arrête ça pour l'amour du ciel ! Laisse les vivre ! Rikni... raisonne tout le monde, s'il te plaît, que la guerre cesse et si je n'ai pas le choix, guide ma main et mes armes de manière efficace. Pardonnez-moi tous mes crimes et mes blasphèmes, protégez ceux qui n'ont rien à voir là-dedans, protégez les innocents. Ils n'ont pas à souffrir et périr pour mes erreurs... faites moi payer autant que vous voudrez, refusez de m'accorder la rédemption, jetez-moi au fond des marais moi aussi si c'est votre souhait, mais laissez les autres en dehors de ça. S'il vous plaît... laissez moi une chance de tout arranger. Sauvez-nous... Je ne ferai plus d'erreurs. Je ne douterai plus et je ne chercherai plus jamais à retourner vers Etiol... Je deviendrai quelqu'un de vraiment meilleur. S'il vous plaît... enveloppez-moi de votre lumière même si je ne suis pas votre enfant, protégez-moi de lui ! Aidez-moi à sauver Sombrebois... à sauver mon fils... Je ne chercherai pas à me venger si on s'en sort, je le jure !

Déjà, je peux constater que la bataille s’essouffle. Bon signe ? Mauvais signe ? Je n’ai aucun moyen de savoir qui est encore debout, mais la seule chose dont je suis à peu près sûre, c’est qu’il ne reste plus que deux personnes en train de lutter.

Etiol... - non, je ne l'oublie pas. Cesse de faire couler le sang, misérable corbeau de malheur. N'en-as-tu donc pas eu assez ce soir déjà ?! Je ne veux plus rien à voir à faire avec toi. Si tu me veux tant que ça... je t'en prie, viens me chercher toi même. Viens m'emporter, guide mes pas pour m'emprisonner encore dans tes marais, rappelle moi encore à toi en plein cœur de la tourbe, je serais tout à toi définitivement cette fois... acharne-toi encore sur moi pour t'avoir fait l'affront de quitter tes sentiers par mégarde et celui de refuser d'y revenir consciemment, ça m'est égal maintenant. Continue de faire de ma vie un enfer, de par cette stupide faiblesse dont je me suis affublée, comme tu le fais si bien au quotidien. Mais laisse les autres en dehors de ça. Laisse les autres en dehors de ça, tu m'entends ?! Laisse-les miens et mon peuple tranquille espèce de pourriture ! Laisse ceux que j’aime, je t’interdis de leur faire du mal sale monstre !

C’est alors que la porte cède et que le corps de Roxanne vole à travers la pièce avant de rouler au sol jusqu'à mes pieds, répandant dans son sillage une traîné sanglante.

« Non ! hurlé-je horrifiée, ma voix se brisant dans un aigu des plus stridents. Roxanne ! »

Je plaque aussitôt ma main libre sur ma bouche en relevant les yeux sur l'homme qui l'a mise dans cet état. Merde… trop tard. Ce cri de détresse m’ayant échappé vient probablement de résonner jusqu’aux étages inférieurs, pour ne pas dire dans tout château. C’est pas vrai, c’est un cauchemar et la violence de cette scène me remplie d'effroi.

De ma vie, je n'ai jamais poussé un tel cri et il risque d'attirer l’attention des assaillants mais sans doute la localisation n'est que très approximative s'ils sont loin... Le prénom, lui, a été fortement atténué, ma voix ayant perdu son intensité suite au hurlement déchirant. Avec un peu de chance, je vais voir un ou deux miliciens rappliquer au galop pour me porter secours et lutter le temps que les autres arrivent... Mon fils s'étire un peu dans mon dos, mais semble trop mou, trop endormi par le tranquillisant pour arriver à pleurer ou vraiment s'agiter.

Mais combien de temps les renforts vont-ils mettre à arriver ? Du temps... il me faut gagner du temps ! A côté, tous les corps sont tombés. Tous. Marie-Ange... Je me retrouve là, toute seule, complètement perdue avec Athanase voire Roxanne à protéger et une ribambelle de tueurs à mes trousses. Rien que ça...

D'ailleurs, l’homme contre lequel Roxanne luttait s’avance déjà vers moi, l’épée dégouttant de son sang. Du sang de celle que j’aime et qui gît grièvement ou mortellement blessée, par ma faute. Ma faute. Encore une fois, encore et toujours. J’en ai assez maintenant !

C’est avec une haine mordante que je regarde l’homme tout vêtu de noir et revêtant une armure de cuir avancer pas après pas, assez tranquillement. Un masque recouvre entièrement son visage.

« Toi... »

Ma hache à la main, je pousse un léger grognement qui n’a absolument rien d’humain.

« Je vais m'abreuver de ton sang. »

Le sang appelle le sang…

Attendre qu'il soit à la bonne distance.

Pas d’index ou de pouce qui se baladent sur le manche…

Le tenir bien en bas.

Lever le bras bien haut, poing au niveau de l’oreille…

Coude en face de la cible.

Verrouiller le poignet...

Le rabattre en avant.

Lancer !

Rikni par pitié... aide moi à viser juste, dirige ma main de la meilleure des manières ! Je regarde la hache tournoyer à une vitesse impressionnante vers la tête de l’intrus.

« Crève... Hourra pour Sombrebois ! », craché-je avec ferveur, sans trop lever la voix.

Hourra pour Sombrebois. Ce cri de guerre local que j'ai entendu la première fois alors que Hector s'était vu refusé l'entrée à la capitale suite à l'invasion et que nous repartions. Comme il était énervé après le Roi pour cette nouvelle législation... Je n'aurais jamais cru l'utiliser moi même un jour. Je n'aurais jamais cru avoir autant à m'impliquer pour ce bourg, avoir à le défendre contre un assaut. A m'inquiéter pour lui. Je n'aurais jamais cru devenir quelqu'un de si important, moi qui n'ai jamais été personne.

Et maintenant, si mon arme veut bien se planter dans son crâne pour tuer ce sale type, je vais courir la récupérer au plus vite, refermer et bloquer la porte avec un banc avant d'aller voir Roxanne et essayer de lui apporter des premiers soins avec les moyens du bord. Le cas échéant… je suis dans la merde. On voit bien ce que donne un poignard contre une épée… il n’y a qu’à regarder Roxanne. Roxanne…

Pourquoi cette impression qu’elle n’a fait que prendre de mauvaises décisions ce soir ?


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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptySam 9 Juil 2022 - 23:35
Isolde se redressa d'un mouvement vif lorsqu'elle entendit le froissement d'un geste, de la chair s’ouvrant sous l’impact d’un bruit mat précédé par le cri déchirant de Laura. Sa voix roula sur ses épaules comme des rafales ténus, fragiles. Le Hurlement de l’adolescente vibra dans ses os, dans son cœur, dans son âme. Éveillant une douleur perdue qu'elle ne se souvenait pas d'avoir ressentie et qui la bouleversa profondément. Isolde manqua de vaciller. Une émotion indéfinissable lui broyait la gorge et lui perforait la trachée.

Ses yeux fouillèrent la foule qui se faisait attaquer par des hommes, fauchèrent Gudrun mise en déroute par un homme à l’aura viciée. Confuse car il portait les vêtements de la Milice, des Protecteurs de la Cité des hommes, Isolde resta un moment sur le choc. L'homme avait le physique d'un lutteur, bien fixé sur ses appuis. Il était indéniablement plus fort qu'elle physiquement, Isolde était bien incapable de rivaliser avec lui dans l'état actuel des choses.
Tant pis.

« GUDRUN ! » S’écria-t-elle.

Elle bondit sur ses pieds et s’avança rapidement jusqu’à eux alors que Gudrun tentait de se relever avant de glisser à nouveau au sol. L'une de ses deux dagues sautant dans sa main droite, la deuxième dans sa main gauche. Avant même qu'il ne puisse totalement réagir, Isolde était déjà derrière lui, elle ancra son pied dans le sol et transféra tout son poids vers l'avant pour s’offrir plus de puissance dans son élan. Braquant la lame de la dague sèchement vers l'arrière, elle présenta la pointe scintillante dans son dos.

D’une impulsion farouche, presque bestiale, elle se jeta sur lui, dagues en avant. Quand leurs deux corps s’entrechoquèrent, Richard bascula sous l'assaut inattendu et s'écrasa sur un banc voisin. Le meuble céda dans un craquement plaintif, les gobelets présents s'éclatant dans un fracas de poterie brisée. Isolde, quant à elle, emportée dans la chute, se réceptionna au sol avec une roulade, se redressa, serra les dents et tâta le haut de son bras. Un liquide poisseux lança une première morsure douloureuse dans toute son épaule. Pas le temps d’y penser ni même de savoir si sa première offensive avait fait mouche.
Elle était déjà touchée.

Sa vision s'accommoda sur Richard, un visage ébranlé de tourments intérieurs, un regard crispé sur une lumière malsaine. Sans qu'elle ne sache pourquoi, elle se recula de plusieurs pas. Elle repoussa derrière son oreille une mèche bouclée échappée de sa natte décoiffée. Sa blessure la lança de nouveau, mais elle avait connu pire. Hors de question de s’enfuir ! Elle avait une réputation à tenir et des personnes à protéger.

Sa deuxième main se resserra sur son arme, prête à en découdre. Elle se freina brutalement dans son élan. En un seul mouvement, elle courba le dos et se recula à nouveau d'un pas, en tentant de reproduire ce que Kaïne lui avait transmis. Puis elle pivota doucement sur elle-même et leva ses dagues en cisaille, juste devant son torse.
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyDim 10 Juil 2022 - 0:14
Le massacre du couronnement avait tant et si bien marqué la mercenaire que les souvenirs des hurlements résonnaient encore à ses oreilles. Comment ? Pourquoi, les Hommes parvenaient encore à s'entretuer alors qu'il leur fallait à présent lutter contre un ennemi commun, la rouquine ne parvenait pas à le comprendre… Pas plus que la possibilité d'utiliser ces mêmes ennemis pour nuire de la sorte à des gens appartenant à leur propre espèce.

Depuis ce jour maudit, Aeryn peinait cruellement à contenir suffisamment sa haine pour réfléchir correctement. La vue d'un ennemi humain pouvait aisément la rendre folle, faisant disparaitre le monde autour d'elle derrière un nuage de couleur écarlate. Plus rien n'existait alors en dehors de cette envie meurtrière qui brûlait en elle, n'hésitant pas à la consumer totalement. Elle en avait déjà fait la démonstration la vieille, avec Clay… Et recommençait cette nuit-là, jusqu'à l'intervention de son supérieur qui venait sans nul doute de lui sauver la vie.

La chute fut brutale, mais nécessaire pour lui faire reprendre ses esprits, au même titre que les réprimandes qui s'en suivirent. La mercenaire ne se rebella pas le moins du monde, réalisant subitement ce qu'elle venait de faire… Parler de "conneries" dans ce genre de situation était un euphémisme après tout… Son supérieur venait probablement de la sauver d'une mort certaine…

Mais le temps n'était déjà plus à la réflexion et encore moins à l'introspection. Pour cela, Aeryn verrait plus tard, si les Dieux lui en donnaient la possibilité. Ainsi, se contentant de hocher brièvement la tête, la rouquine s'empressa d'obéir aux ordres en défendant sa ligne du mieux qu'elle pouvait. Placée derrière Pat et Corin, la mercenaire se chargeait des réfractaires ayant réussi, par on ne sait quel miracle, à franchir la barrière offerte par leurs épées lourdes. Ses dagues dansaient en suivant le rythme imposé par les fers qui s'entrechoquaient et des corps s'écroulant sur le sol.

Le chant de la guerre, une danse macabre… Ryn se sentait dans son élément. La sueur perlait sur le visage ensanglanté de la rouquine haletante. La pluie battante venait s'ajouter aux complications, rendant un sol poisseux et boueux plus glissant encore. La bataille faisait rage et fut d'une extrême violence. Les combattant ne tardèrent pas à réaliser qu'il leur serait impossible de maintenir le même rythme face à leurs ennemis. Tous pouvaient probablement sentir le parfum de la défaite se répandre autour d'eux, se mêlant insidieusement à l'odeur du sang et de la sueur … Une odeur que Ryn put toutefois percevoir plus que nul autre lorsque cette femme étrange fit son apparition…

Ce visage… Elle l'avait déjà vu dans le masque de Marbrume … Les menaces de l'entité résonnaient alors à son oreilles, les unes après les autres tandis que son cœur s'emballait frénétiquement.

"Quelqu’un te cherche Aeryn." serait-ce cette femme ? Il s'agissait bien du même visage...
"Elle veut devenir Dunyayi yayen kadan, celle qui mange le monde et elle ne souffrira aucun rival, pas même toi. Surtout pas toi."
"Si tu la vois tu devras fuir."
"Tu n’es pas de taille à l’affronter pour le moment, si t’en est-il que tu le sois un jour."

Vahasi Savasci... Pourquoi ce nom lui revenait en mémoire maintenant ? Il n'y avait pourtant rien qui évoquait une quelconque ressemblance avec ces gens évoqués par Clay… Rien hormis ce regard sauvage et cette force particulière qui pouvait permettre à cette femme se soulever une telle arme …

Et Clay… où était-il à présent ? Pourquoi ne se trouvait-il pas parmi eux ? Étrange cela aussi…

Mais le moment se voyait bien mal choisi pour songer à tout cela… Il fallait agir, et maintenant.

-Lili, chuchota-t-elle aux oreilles de la gamine qui se trouvait à son côté. Dis à Pat et aux autres de se barrer au plus vite… nous ne sommes pas de taille...
- Bah… Qu'est-ce que tu racontes, Rynette ? grogna-t-elle après avoir achevé sa dernière victime.
-Ne me pose pas de question… Mais dis-toi que je sais ce que je raconte : cette femme, il faut l'éviter à tout prix.

Le chevalier pouvait encore lui offrir une belle échappatoire si la rouquine agissait vite… Abandonner un combat ne faisait guère partie de la mentalité des Monclar, mais lorsqu'une entité mystérieuse venait vous mettre en garde d'une chose qui se déroulait justement devant vos yeux, mieux valait l'écouter…

Après quelques pirouettes meurtrières, Lili put transmettre le message à Pat… Ryn, quant à elle, profita de la cohue générale pour retourner dans le temple avec l'intention de fuir avec les deux orphelins ainsi que sœur Isolde… Mais alors qu'elle pensait ne trouver rien d'autre à l'intérieur qu'une immense salle de soin improvisée, la rouquine eut la bien désagréable surprise de se retrouver en plein milieu d'un nouveau carnage… Les miliciens exterminaient purement et simplement les pauvres civiles venus se réfugier dans le Temple … Pourquoi ? Que se passait-il à Sombrebois ?

Sans réfléchir outre mesure, la mercenaire raffermit sa prise sur la poignée de ses armes avant de s'élancer dans la mêlée. Profitant de la cohue, la rouquine se rua sur la première gorge de milicien offerte pour y dessiner un sourire des plus morbides. Tout ce vacarme, cette odeur de sang… et de peur. Tout cela lui donnait la nausée… Ici, rien à voir avec un champ de bataille où des soldats combattaient d'autres soldats. Il s'agissait d'un massacre pur et simple. Le premier homme à terre, Aeryn observa le reste de la scène afin de compter les ennemis qui ne garderaient pas à se ruer sur elle dès qu'ils l'appercevraient. Elle aurait aimé prendre plus de temps pour réfléchir. Elle aurait aimé pouvoir compter sur ses collègues afin de s'organiser correctement… Mais cette fois, elle devrait se débrouiller entièrement seule… Et tous ces gens… Où étaient donc les gosses ?!

"Bordel," songea-t-elle tout serrant les mâchoires. Au même moment, un hurlement se fit entendre et attira aussitôt son attention.

La mercenaire se retourna alors à la recherche de la gamine qui venait de hurler… Parce qu'elle sentait qu'il s'agissait bien de Laura… Ce hurlement si perçant. Effrayé, empressé… Une mise en garde … Rapidement, malgré le vacarme et l'agitation, Aeryn finit par repérer l'orpheline de l'autre côté de la nef. Son regard était dirigé vers une scène se déroulant un peu plus loin … trop loin pour que Ryn puisse intervenir rapidement.

Mais tout se déroula très vite… Trop vite…

Sœur Isolde la prit de court, se jetant sur le malfrats qui venait de blesser l'autre prêtresse qui se trouvait à terre… Créant ainsi une nouvelle animation... La demoiselle se défendait comme elle le pouvait, mais le bonhomme possédait tout de même une carrure plutôt impressionnante. Tout en se rapprochant, le regard de la mercenaire fut capturé par la vue du sang qui s'écoulait du bras d'Isolde. Enragée, Ryn pressa le pas sans se préoccuper des autres assaillants afin de venir en aide aux deux prêtresses en bien mauvaise posture.
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AlaricGarde de Sombrebois
Alaric



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyMer 13 Juil 2022 - 20:11
Préambule:

La réponse d'Eve atténua la lourde peine qui opprimait sa gorge et pesait sur ses épaules. L'étreinte de ses doigts entre les siens en balaya le sang poisseux, renforça ses espoirs et ses convictions. Son regard ancré dans le sien embrasa sa détermination, raviva son courage. Sans un mot futile de plus, il l'entraîna à l'étage. Sa chambre était telle qu'ils l'avaient laissée, tôt ce matin, la couverture roulée en boule et rejetée négligemment sur le sol, les draps froissés et dépenaillés ; des vestiges d'un autre temps qu'Alaric garderait en mémoire aussi longtemps que cette dernière le lui permettrait. Une chose, cependant, n'avait pas bougé, insensible à leurs retrouvailles passionnées : le bâton façonné par Odalie, appuyé contre le mur, dans un recoin de la pièce. Le soldat de Sombrebois s'en empara sans plus de cérémonie, le cala dans l'un des pans de sa ceinture, puis récupéra son arc qu'il accrocha dans son dos. Eve terminait d'enfiler l'un de ses pantalons qu'il achevait de fixer les sangles de son carquois à sa cuisse. Ils sortirent ensemble et s'engouffrèrent dans le couloir où deux invités les attendaient déjà. Alaric avait espéré qu'ils auraient plus de temps. Si leurs ennemis avaient déjà gagné le second étage, il était inutile d'envisager de redescendre. Les miliciens n'avaient pu contenir le flot de soldats silencieux pendant très longtemps. Il imagina sans mal la mare de sang qui baignait le hall du château, les hordes d'ennemis se déverser dans les jolies ruelles du bourg, briser les portes de maisonnettes qui n'accueilleraient jamais personne. Il pensa à ses hôtes et amis qui s'étaient barricadés à l'étage inférieur, envisagea le pire malgré lui.

Alaric fourra le bâton stylisé dans les mains de sa comtesse, afin qu'il n'entravât pas ses mouvements, puis se jeta à l'assaut de ses adversaires. D'un coup de pied bien placé, le soldat de Sombrebois envoya valser l'unique buste sur piédestal du second étage – un ancêtre d'Hector, s'il se souvenait bien – sur le premier assaillant. La représentation du mort vola en éclat ; des gravillons de tailles diverses roulèrent sur le sol lustré, provoquant un nuage de poussière incommodant les belligérants. Guidé par son instinct, Alaric enfonça sa dague acérée dans la gorge du premier ennemi, déséquilibré par la statue brisée. Le malheureux n'eut guère le temps de comprendre la cause de sa mort que son corps tombait déjà, secoué de spasmes écœurants. Le second, en revanche, eut tout le temps de se préparer, une fois la surprise passée. L'homme dressait devant lui une épée quelconque qu'il maintenait fermement entre ses deux mains, protégées par des gantelets usés. Il chargea. Le couloir était étroit et empêchait les mouvements larges et les esquives acrobatiques. Un exercice auquel le garde s'était prêté maintes et maintes fois lorsqu'il avait gagné les rangs de la milice. « Approchez votre gars ! » beuglait le coutilier sur le terrain d'entraînement. Alaric évita souplement la première attaque en s'abaissant au dernier moment ; seule une mèche de ses cheveux voltigea dans les airs. « Et collez le ! Par les Trois, collez-le ! » D'un pas leste, il fut sur son adversaire qui, déstabilisé par sa botte trop lente, désavantagé par l'étroitesse du terrain, lui offrit son flanc. « Et vous l'achevez ! » Alaric ne pria pas. Il n'eut aucune pensée pour l'épéiste, aucun remord pour la vie qu'il lui prenait. Comme s'il était face à un fangeux, il entailla l'armure de cuir avec une rage effrénée, avant d'enfoncer plus profondément l'arme dans le ventre de son ennemi. D'un geste sec, le garde récupéra sa dague hors du cadavre qui, tel un pantin désarticulé, s'écroulait sur le sol barbouillé de sang, de pierrailles et de poussière.

Il s'autorisa une brève inspiration, avant de se saisir à nouveau de la main de la jeune noble. Leurs pas précipités claquaient contre les pavés, puis contre les marches du chemin de ronde ; leur cadence faisait écho aux bourdonnements de ses oreilles, aux battements de son cœur... Aux coups frénétiques contre la porte qu'il s'était empressé de fermer. L'éclair qui zébra le ciel souligna la ténacité qui éclairait leurs visages tandis qu'ils s'élançaient plus en avant sans perdre une seconde. Malgré le charivari qui régnait dans la tête d'Alaric, il perçut distinctement la sentence, reconnut la voix dure, mais chantante d'Odalie. Ses yeux s'arrêtèrent sur la cape de cette dernière, se balançant au gré des bourrasques, maintenues par une corde dont le soldat ne voyait pas la fin.

Elle était là. Odalie.

Alaric tourna la tête à gauche puis à droite, comme s'il espérait reconnaître la silhouette mystérieuse sur les remparts. Qu'est-ce que cette nouvelle apparition signifiait ? Pourquoi l'avait-il entendue, alors que le visage interrogateur de son amante lui signifiait qu'elle n'avait guère perçu le proverbe ? Son esprit lui jouait-il des tours ? Ou bien cette prétendue diseuse de bonne aventure détenait-elle réellement certaines... Capacités ? Le garde balaya l'horizon du regard, se retourna malgré lui vers le centre du bourg qu'il ne pouvait voir entièrement. Cependant, il ne put rater les volutes vertes qui léchaient encore le ciel, la fumée, opaque et épaisse, qui s'élevait depuis différents foyers, dont les lueurs rougeâtres éclairaient le bourg de Sombrebois. Sur les remparts, il n'était plus qu'une ombre contemplant ce sinistre tableau.

Pourquoi ? murmura-t-il.

Mais il savait qu'Eve n'avait pas la réponse. Les dieux ne le lui accordèrent pas non plus, muettes entités. Il réprima un grondement, serra ses poings abîmés ; des larmes piquaient ses yeux.

Alaric n'avait plus le temps de tergiverser : hésiter maintenant signerait leur arrêt de mort à tous les deux. Il ne savait pas si la porte de sortie que leur offrait la voyante était fiable, mais il savait qu'ils ne pouvaient rester sur le chemin de ronde. Le soldat décrocha la cape qui s'envola au loin, puis vérifia la solidité du nœud avant de se retourner vers Eve, l'air grave.

Garde le bâton dans une main, tiens la corde dans l'autre. Fais moi confiance.

Je ne peux peut-être pas porter tout le monde.

Alaric monta sur le parapet, tournant le dos au vide qui ne l'avait jamais effrayé. Il invita Eve à prendre la même position que lui et à se placer enter ses bras.

Je te tiens, assura-t-il, passant un bras autour de son corps.

De son autre main, il attrapa la corde, rugueuse et humide qui finirait par brûler ses doigts.

Mais je peux porter mon monde.

Positionnant ses pieds contre le mur, suggérant à la noble de faire de même, Alaric entreprit de descendre la forteresse de Sombrebois. Le vent, retors et moqueur, balançait la corde sous eux, fouettait leurs visages concentrés, mais grimaçants sous l'effort. La façade, devenue glissante à cause de l'averse, les empêchait de progresser rapidement et complexifiait leur descente. Plus d'une fois, le soldat dut se rattraper de justesse, s'écorchant un peu plus la main droite qui ripait contre le cordage. Parfois, à regret, il fut contraint de lâcher la taille d'Eve afin de se soutenir de ses deux mains, lorsque ses muscles menaçaient de tétaniser. Mais sa comtesse s'accrochait, fermement, fièrement, le corps abrité de la pluie par celui de son amant qui l'entourait, ce qui lui offrait une prise plus aisée.

Progressant dans l'obscurité, ils étaient seuls, perdus entre deux mondes où hurlements et claquements régnaient en maîtres. En haut, la porte avait peut-être déjà cédé ; sans l'habit d'Odalie pour indiquer l'emplacement de la corde, Alaric espérait qu'ils gagneraient un peu de temps avant d'être repérés, tandis qu'en bas, le mugissement du vent emportait tout sur son passage. Malgré le vacarme qui les entourait, leur avancée n'était rythmée que par leurs respirations et les murmures d'Alaric. Inlassablement, il la rassurait, la félicitait, l'encourageait. Enfin, ils furent proches de poser pied à terre. Désormais, ils étaient protégés par la nuit, de telle sorte que, même en se penchant par-dessus les créneaux, leurs adversaires seraient incapable de les apercevoir. Un poids sur le cordage alerta néanmoins le garde de Sombrebois. Ils descendent, réalisa-t-il, anxieux. Heureusement, le couple avait trouvé son rythme malgré les difficultés de l'exercice ; ils accueillirent le sol boueux sous leurs bottes avec soulagement. Les bras d'Alaric tremblaient, ses mains brûlaient, ses jambes peinaient à supporter son poids. Il n'avait pourtant pas le temps de se reposer. Sa vie était en jeu. Leur vie était en jeu. Il regarda Eve ; l'adrénaline chassa ses courbatures pour quelques minutes de plus.

Tiens la corde pour la tendre et l'empêcher de bouger.

Alaric fit quelques pas en retrait, avant d'attraper son arc et d'y encocher une flèche. Il leva son arme vers le ciel, la pluie ruisselait dans ses yeux, brouillait sa vision ; il se concentra sur la corde dont il ne pouvait voir l'extrémité à cause de l'obscurité. Son but n'était pas de toucher ses adversaires – de sa position, il ne pouvait les voir, mais de raccourcir leur unique porte de sortie. Il devina que son trait avait loupé sa cible lorsqu'il ne vit pas le cordage tomber lourdement aux pieds de la jeune noble. Il pesta et banda son arc à nouveau, baissa quelque peu la hauteur afin de faciliter son prochain tir. Il fit de son mieux pour atténuer les bruits parasites, les relégua le plus loin qu'il le put, focalisé uniquement sur sa cible. La seconde tentative fut la bonne ; la corde, ainsi sectionnée, glissa dans la boue en s'enroulant sur elle-même. Une drôle de surprise attendait les demi-vivants, lorsque ces derniers auraient atteint la limite coupée. Alaric ne doutait pas qu'ils oseraient sauter, mais la hauteur en effrayerait plus d'un... Non ?

Le garde sourit à sa compagne, rangea son arc en vitesse, puis enroula la corde autour de son épaule. Il releva le visage vers les marais. Comme on se retrouve...

Le tertre n'est pas si loin, articula-t-il, reprenant sa respiration. Tu connais la direction à prendre hein ?

Il lui avait indiqué la veille au soir, lorsqu'ils avaient pu profiter du calme avant la tempête. Cet instant de sérénité lui semblait si loin désormais...

S'il devait m'arriver quelque chose en chemin... Cours jusque là et ne te retourne pas. D'accord ?

Il emprisonna les doigts d'Eve entre les siens, comme il avait tenu fermement ceux d'Ellaine quelques années plus tôt — ne les avait-il pourtant pas lâchés, à ce moment-là ? Ses prunelles ciblaient l'horizon, l'avenir.

Ne me lâche pas.

Et ils s'enfoncèrent dans les marais.

Résumé:
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Dame CorbeauMaître du jeu
Dame Corbeau



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyJeu 14 Juil 2022 - 20:07
24 Mai 1167.
[convocation] La nuit des hurlements - Page 3 Tgld
Les pertes étaient terribles et plusieurs créatures avaient déjà passé le cordon défensif laissant des trainées sanglante dans leur sillage. Malgré tout, Eylïn était fière de ses miliciens. Malgré le lourd tribut à payer, ils avaient stoppé la majorité de l’assaut principal et la pression commençait à diminuer lentement à mesure que la petite horde attirée ici par l’explosion et peut-être leur ennemi, commençait à se tarir.

Les fangeux émergeaient encore pour se ruer dans la mêlée générale mais plus par grappe, des individus uniques indiquant, elle l’espérait, la fin du brutal convoi. Car malgré sa fierté, elle savait que ses hommes ne tiendraient plus éternellement. Déjà ses lignes avaient perdue leur cohésion pour prendre la forme de petits îlots solides organisé autour des coutillers les plus expérimentés, poussant ou reculant sous l’assaut d’une ou deux créatures à la fois.

Elle-même avait enchainé les courses effrénées à la tête d’une force plus mobile pour prendre les monstres à revers sous une pluie de fer tranchant. Mais elle sentait dans sa main la poignée de son épée entre ses doigts tremblant d’épuisement. Un filet de sang chaud coulait sur son bras d’une blessure dont elle ignorait la provenance, et la plaie de son ventre était devenue dangereusement insensible. Un signe de mauvais augure.

Et voilà que le fanal du fort, comme elle le craignait, s’était allumé pour signaler un danger. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’une patrouille de la ville vienne au rapport signaler des hommes en armes quittant le fort pour s’en prendre aux habitants et aux habitations. Ravalant sa crainte pour son capitaine et les habitants du fort, elle n’avait accordé que deux coutelleries pour aller affronter les forces dans les rues et espérer gagner le château.

Elle mettait déjà ainsi en danger ses propres défenses. Elle ordonna à l’un des officier de réunir les patrouilles en force réduite pour attaquer tout assaillant inférieur en nombre et de faire armer tout homme et femme en âge de porter une épée par le camp. Ils n’avaient pas le luxe de sacrifier inutilement des vies sans connaître le nombre d’assaillant et si Sombrebois espérait survivre, il était temps que le bourg lui-même lutte.

Une minute plus tard, elle était déjà dans un nouvel assaut puisant au fond d’elle des ressources qui venaient à manquer tant le simple fait de soulever son épée lui devenait difficile. Elle se sentit repousser en arrière, une fois, puis deux, avant de s’apercevoir que ses hommes lui barraient la route petit à petit alors que face à eux, un fangeux sec et haut faisaient une moisson sordide dans ses rangs. Elle hurla qu’on la laisse passer, mais on la faisait reculer toujours plus.

Et cette monstruosité semblait malgré tout décidée à la faucher elle aussi, traversant les rangs pour se diriger droit sur elle, son horrible rictus rageur sur les lèvres. Elle sentit le bois d’une charrette ou d’une caisse dans son dos stoppant son recul. Elle n’avait aucun endroit où fuir, elle n’en avait de toute façon plus la force. Elle brandit son épée devant elle. Hors de question de se laisser mourir sans combattre. Un sourire résolu mais sans joie se dessina sur ses lèvres.

- Bonne chance Alaric… Dit-elle en attendant son dernier adversaire qui n’était plus qu’à quelque pas de là.

Un cor sonna.

***


L’aube naissante du 24 Mai…

- Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? On ne pourra pas jouer la carte de l’inconscience si je fais ça. Ce n’est pas un…

- Tu crois que je ne le sais pas ? Que je ne crains pas de tout gâcher ? Que c’est juste une lubie ? Le coupa-t-elle d’une voix qu’elle voulait agacée mais qui laissait surtout transparaître son inquiétude. Il se tourna vers elle en haussant un sourcil. Ce qui le fit grimacer.

- Ils doivent déjà être à Balazuc maintenant. Demain ils..

- Ça ne peut pas attendre demain !

Il s’approcha d’elle. Pour la première fois, elle se rendit compte de sa taille et de l’autorité qui se dégageait de lui quand il décidait que son impertinence avait atteint les limites de sa patience. D’habitude elle en jouait, aujourd’hui elle avait peur d’être allée trop loin. Elle se sentit minuscule et fragile devant lui.
Mais au contraire de l’autre homme d’autorité qui lui inspirait ce sentiment, le visage de son interlocuteur, bien que toujours sérieux, s’adoucit quelque peu et il posa une main sur son épaule.

- Tu lui fais confiance à ce point-là ? Lui demanda-t-il avec une mélange de douceur et détermination. A sa grande surprise, elle n’hésita même pas le temps d’un battement de cœur.

- Et plus encore !

Il l’observa quelques instants, comme s’il la sondait de son regard d’acier. Puis il sourit et soupira.

- Je le ferais.

***


Desmond…

Malgré tout son talent pour le combat, l’ancien chevalier avait fait là sa dernière erreur en tournant le dos à un adversaire dont il ne saisissait pas la nature. Alors qu’il portait un puissant coup vertical dans le dos d’un assaillant vêtu de noir, il eut l’étrange surprise de voir son épée tournoyer en l’air devant ses yeux, ses mains et ses avant-bras toujours solidement accroché à la poignée.

La rousse à la hache se tenait près de lui, son bras et son arme levées dans un mouvement ascendant, un sourire vicieux sur les lèvres, elle savourait la surprise terrifiée qui naissait dans ceux qu’elle percevait à travers la fente du casque.

- Je suis trop impatiente pour t’attendre mon grand…Dit-elle d’une voix faussement désolée. Elle pivota sur elle-même à une vitesse inhumaine, esquivant une flèche tirée par le soutien de Desmond, la hache venant cette fois-ci le faucher aux jambes tranchant l’épaisse armure juste en dessous des genoux comme s’il ne s’était s’agit que d’une feuille de papier. Comme une tortue tombée sur le dos, le colosse privé de ses membres tomba lourdement en s’agitant au sol, incapable de se redresser ou de rouler sur lui-même.

L’archère tremblante mais experte, tenta de nouveau sa chance alors que cette… chose, à l’apparence féminine se dirigeait droit sur elle. Mais le trait s’écrasa sur le plat de la hache, se fracassant en plusieurs débris. La contrattaque ressembla à une simple gifle, mais d’une brutalité telle que la tête partie violemment en arrière au point de se retourner presque complètement sur son axe, provoquant un sinistre craquement que tous entendirent.

Car oui, tout l’affrontement avait soudain cessé devant cette démonstration de violence impossible. Les hommes en noir avaient reculé d’un pas, comme pour laisser apprécier aux défenseurs le gout d’une défaite inévitable à venir devant la force qui venait de se joindre à la partie. Même Pat arborait une mine aussi lugubre que stupéfaite devant la prestation de la rouquine. Cette dernière sembla savourer son petit effet et laissa le silence perdurer une longue seconde avant de prendre la parole d’une voix forte alors que sa victime en armure s’agitait de plus en plus mollement au sol à mesure que le sang jaillissait de ses moignons.

- Est-ce tout Sombrebois ? Est-ce là ce que vous avez de mieux à m’opposer ? Est-ce là tout ce que vaut votre survie ? Railla-t-elle avant d’abattre sa hache sur le casque de Desmond dans lequel l’arme s’enfonça avec un bruit gluant, mettant fin à ses gesticulations une bonne fois pour toute.

- C’est décevant…

Le silence perdura même si on entendait encore des cris à l’intérieur du Temple lui-même. Tous, miliciens, mercenaires ou habitants restaient abasourdit, incapable de régir face à un événement qu’ils ne comprenaient pas pleinement. Qui, à leurs yeux, aurait dut être impossible. Ou du moins presque tous. Une main se leva tranquillement au sein des défenseurs et une voix calme, presque ennuyée au point d’en devenir moqueuse, s’éleva.

- Puis-je me proposer pour un second tour où vous n’attaquerez pas votre adversaire dans le dos ? Questionna Lucian en s’avançant entre deux miliciens, son épée pointée au sol.

Sa belle tunique était maculée de sang par endroit, mais il ne semblait pas souffrir de la moindre blessure pour le moment. La femme fronça les sourcils mais ne cessa pas son sourire.

- Tu es sûr de toi petit prêtre ? Ta robe ne te protégera pas mieux que son armure, même si tu as la foi.

- Je devrais donc éviter de me faire toucher, je ne tiens pas vraiment à mourir aujourd’hui. Répondit calmement le haut-dignitaire en venant se placer face à elle.

- Comme tu voudras…

L’attaque fut immédiate, la hache s’arrachant du heaume pour être brandie à la verticale et s’abattre avec la puissance d’une guillotine. Lucian glissa d’un pas sur le côté, se tournant de profil, alors que l’arme l’effleurait pour se planter dans le sol à quelques centimètres de ses orteils. Une fois de plus, la gifle fut choisie comme réponse. Pas du tout aussi brutale que celle qui avait tué l’archère, mais aussi sonore que soudaine. La guerrière rousse en fut si surprise qu’elle manqua d’en perdre l’équilibre et du faire un pas de coté en lâchant son arme pour se stabiliser et leva vers lui un regard éberlué presque comique, sa joue rougie par la claque.

- Le problème avec la puissance, c’est que ceux qui la possèdent en oublient vite toute technique ou prudence. La sermonna gentiment le haut-dignitaire avant de pousser la hache du bout du pied, la faisant tomber au sol. Il fit un signe de tête en direction du corps refroidissant de Desmond.

- Il a appris cette leçon un peu tard. Vous aussi à présent.

Lili gloussa entre les lames de son groupe. Et aussi vite qu’elle s’était imposée, la sensation de fatalité imposée par la présence de la tueuse aux cheveux orange vola en éclat percé par une pointe d’espoir née de la destruction de son invincibilité. Les mains se resserrèrent sur les poignées des armes et le déterminé Corin alla plus loin encore en enfonçant d’un coup rapide sa large épée dans le ventre d’un des assaillants toujours immobiles.
L’assaut reprit avec plus de violence encore, mais cette fois, par un camp animé de l’audace d’un espoir, fragile et désespéré certes, mais pourtant bien réel. Le visage de la rousse se couvrit d’un masque de haine brûlante. Elle ramassa sa hache, et bondit vers le prêtre.

***


Isolde, Gudrun, Laura, Aeryn...

- Laissez… moi.. vous aidez… marmonna celui qui n’était pas Richard en se redressant à l’appui de son marteau. Une plaie béante sur son flanc laissait s’écouler un flot de sang qui ne laissait que peu de doute sur la gravité de la blessure. Pourtant il n’émit pas une plainte ou même un râle étouffé. Il se campa sur ses jambes Et brandit à nouveau son arme avec une dangereuse vitesse.

Mais jamais il ne put porter son coup. Bien que ralentie par sa jambe, Gudrun, laissée en arrière pendant le corps à corps brutal provoqué par Isolde, se jeta en avant pour enfoncer profondément sa dague dans le mollet du faux milicien. Qui fut obligé de mettre genoux à terre sans pouvoir s’appuyer sur son muscle déchiré. L’arme d’Aeryn, vint, grâce à la vitesse de sa course, s’enfoncer avec une telle force dans sa tempe que le crâne rebondit sur la garde de l’arme et s’arracha de lui-même de la longueur de la lame pour venir claquer contre le mur le plus proche. Celui qui n’était pas Richard était mort bien avant de toucher le sol.

Le dernier assaillant se détourna de sa sordide tâche pour venir s’en prendre au danger que représentait visiblement les trois femmes. Bien mal lui en prit, car, sans doute inspiré par le courage des prêtresses et de la mercenaire qui luttaient pour les défendre. L’un des villageois se jeta sur lui en hurlant et éclata une planche sur l’arrière de son crâne. L’homme à l’épée, étourdit, frappa dans le vide maladroitement, blessant le bras de son agresseur sans trop de gravité. Mais la foule terrifiée et en colère, n’en demandait pas plus pour laisser éclater sa rage. La masse se jeta sur lui, lui arracha son arme, le rouant de coups et de griffures dans un spectacle presque bestial qui transformèrent son corps en un amas mou et sanguinolent dans une combinaison verte tâchée de rouge.

Le silence né de la rechute des sentiments fut étrange, simplement entrecoupé des souffles hachés des gens. Dehors, la bataille semblait toujours intense, trop peu ayant pu faire attention à l’arrêt que celle-ci avait connue quelques instants plus tôt. Le pleur d’un enfant, aussi soulagé que terrifié finit par redonner son cours au temps. Et, animé d’une nouvelle volonté, des gens débarrassèrent les cadavres de leurs armes, certains les gardant simplement à la main, près pour un nouvel assaut. Les dépouilles furent jetées négligemment dans un coin.

Isolde et Gudrun furent soutenue par un peu trop de bras pour être efficace mais tout d’une sincère inquiétude pour les guider sur un endroit propre essayant d’examiner leur blessure. La jeune Laura et ses aiguilles s’étant déjà faufilait dans la foule pour s’approcher de celle qui lui avait offert la sécurité d’une demeure.

Plusieurs hommes et femmes pressaient Aeryn pour savoir ce qu’il se passait à l’extérieur, d’autres s’étaient simplement glissé dans ses pas agacés, voyant en elle la seule personne armée vraiment compétente à l’intérieur. Un rôle de chef peu adapté à la personnalité de la rousse.

Un cor sonna dans la nuit.

***


Victor, Edwige...

La femme tout de noir vêtu s’interrompit alors qu’elle s’éloignait et tourna son horrible masque vers le comte. Son corps finit aussi par se retourner mais avec un temps de décalage qui donnait à son mouvement quelque chose de dérangeant, de mécanique, bien loin de la fluidité de sa danse de combat lui ayant permit d’abattre si aisément Hilde. Son regard passa doucement des deux femmes prostrées dans les bras l’une de l’autre au seigneur qui parvenait assez bien à cacher sa peur que son audace ne face changer son destin. Puis fit le chemin inverse.

- Vivantes hein… Je serais curieuse de savoir pourquoi monsieur le noble. Dit-elle sans que son ton n’indique vraiment s’il s’agissait d’une question ou d’une simple remarque amusée. Elle s’accroupit devant le duo terrorisé.

- je doute qu’il y ait vraiment beaucoup de chose à tiré de celle-ci. Même pour la bagatelle… oui j’en doute fort… Dit-elle en pouffant comme si elle connaissait un secret qui rendait sa remarque particulièrement drôle et juste. Elle trempa ses doigts dans la flaque de sang encore chaude et vint effleure la joue d’Edwige en repoussant une mèche derrière son oreille, barbouillant sa peau blanche de la matière visqueuse.

- Crois-tu vraiment que tes dieux t’ont donné quoi que ce soit qui justifie ce qu’il t’arrive sœurette ? Que leur toute puissante volonté explique tout cela ? Qu’ils en ont sincèrement quelque chose à foutre que tu crèves dans ton propre sang ? Les eaux d’Anür… elles sont faîtes de vos larmes d’esclaves.

Elle lui tapota la joue, comme pour lui remonter le moral malgré sa bêtise, la souillant un peu plus et se releva, pour observer Victor.

- C’est votre choix, vous en assumerez le prix s’il doit y en avoir un. Finit-elle par dire en haussant les épaules, décidant que tout cela ne la regardait pas. Elle se détourna en faisant un signe et un à un les hommes vêtus de noir sortirent en laissant les corps de leur camarades là où ils étaient tombés. Posant sa main sur le battant à demi-fracassé, la meurtrière leur ajouta :

- Je vous déconseille de vous balader dans les couloirs… un accident est si vite arrivé…

La porte se referma autant que cela était possible et ils purent l’entendre rire dans les couloirs alors qu’elle s’éloignait vers les étages.

***


Rosen...

Son agresseur ne fut pas assez rapide pour éviter le lancer, décalant sa tête, la hache vint tout de même s’enfoncer profondément dans le masque et le crâne. Pourtant il refusa de tomber au sol. Pire, il se jeta vers elle en levant son arme, courant sur la distance qui les séparait pour la frapper mortellement. Mais à moins d’un mètre d’elle, son corps se ramolli et il s’effondra comme une poupée désarticulée. Aussi mort qu’on pût l’être.

La Baronne se jeta auprès de Roxanne toujours étendue là devant elle et put sentir ses doigts se recouvrir du sang qui imbibé le flanc de sa robe Alors qu’elle la tirait contre elle. La Châtelaine était pâle et papillonnait des yeux comme pour essayer de stabiliser sa vue. Rosen vit ses lèvres remuer alors qu’elle tentait de lui dire quelque chose et dût approcher son oreille alors que de sa main elle cherchait la plaie sur les côtes de la noble. Enfin elle parvint à percevoir sa voix faible.

- Je suis désolée… Lui disait Roxanne.

Sous la pulpe de ses doigts elle sentit quelque chose de froid et métallique, comme d’infime boucle entremêlée. Une sorte de maille. Le coup ne lui fit pas vraiment mal. Plus une sorte de pincement suivit d’une sorte d’engourdissement. Ce n’est qu’en voyant le manche de l’étrange dague qui dépassait de son ventre la main de Roxanne serrée dessus, qu’elle se rendit vraiment compte qu’elle venait de la poignarder.

Sans doute aurait-elle voulu se débattre, s’arracher à cette étreinte mortelle, mais ses bras étaient plus lourds que du plomb et refusaient de répondre à ses appels désespérés. Elle sentit l’autre main de Roxanne glisser entre ses cheveux pour soutenir sa nuque alors qu’elle chutait lentement sur le coté jusqu’à la déposer doucement sur le sol froid.

- J’aurais aimé pouvoir faire les choses autrement, mais pour sauver Sombrebois, je devais les priver de leur objectif. La nièce du Roi doit surement déjà être morte à l’heure qu’il est. Il n’avait pas besoin de jouer avec elle. Toi cependant, ils auraient pris leur temps. Sans parler de ton fils. Expliqua Roxanne en se redressant pour s’accroupir près d’elle. Elle retira lentement la lame avant de l’essuyer sur la robe de la baronne.

- Ne me fait pas cette tête-là. C’est toi qui a laissé les loups entrer dans ta bergerie. Tu te souviens des Barn ? Cette famille qui a été massacrée devant tes portes quand je te courais après dans les marais ? C’est eux qui nous ont amené les plans pour les travaux que tu voulais. Alors, quand je suis partie, je me suis demandé, pourquoi ? Pourquoi les tuer alors qu’ils n’ont plus les plans ? Ça n’avait pas de sens. Sauf si le but était de s’assurer qu’ils ne parleraient pas des plans en question.

Elle se releva et décrocha le corsage de sa robe révélant une tunique faîte d’une fine maille sombre juste assez épaisse pour protéger d’un coup indirect sans se voir sous sa tenue. Elle portait aussi un pantalon de cuir noir qui rappelait étrangement autre chose. Elle se dirigea vers le corps de l’homme que Rosen avait abattu.

- Alors je suis allée au Cadastre. Et je me suis aperçue que les plans que nous avions examinés étaient légèrement différent des officiels. Une galerie qui passait sous le fort et désaffectée depuis longtemps avait tout simplement disparue. Comme si elle n’avait jamais été là. Une fois que j’avais le point d’entrée, il ne manquait que l’occasion. Et la visite royale était parfaite non ? En entendant l’explosion, j’ai bien cru m’être trompée, ça m’a rendu imprudente. Qui aurait pensé qu’ils mettraient la main sur du feu grégeois ? Je pensais qu’on l’avait enterré il y a bien longtemps.

Elle poursuivait son explication en ôtant le haut de l’armure de cuir de l’homme morte après avoir arraché la hache de son visage. Athanase, sentant le corps de sa mère perdre sa chaleur se mit à chouiner dans ses langes. Si Roxanne l’entendit, elle n’en tint pas compte, continuant ses explications.

- Mais ils sont bien venus finalement. Oh je sais, tu te dis que j’aurais dû te prévenir. Voir même empêcher que ça arrive. Mais tu vois, ça fait un bon moment qu’on essaie de les obliger à sortir au grand jour. Si j’avais agi plus tôt, ils se seraient simplement retirés et tout ça n’aurait servi à rien. Ils auraient simplement attendu une occasion à laquelle je n’aurais pas pu me préparer.

Elle enfila l’armure et en resserra les sangles faisant remarquer à une Rosen incapable du moindre mot que finalement c’était à celui de leurs assaillant que ressemblait son pantalon. Pas tout à fait identique à bien y regarder, mais bien assez pour tromper un examen rapide. Roxanne souleva le masque brisé par la hache et grimaça, puis se redressa pour s’éloigner dans l’antichambre pour examiner les autres corps. Elle revint avec un masque intact et la sorte de cagoule noir de l’un d’entre eux. Et des gants qu’elle enfilait déjà.

- Mais je ne pouvais pas non plus laisser le bourg se faire entièrement massacrer pendant que je te mettais à l’abri. Je suis capable du pire, mais pas sans raison. Et même si je t’aime bien Rosen, tu ne vaux pas autant de vies. Il fallait donc un moyen de leur passer sous le nez et de les pousser à arrêter l’attaque. J’ai donc décidé que tu devais mourir. Pour leur couper l’herbe sous le pied si tu préfères.

Elle enfila le masque se donnant finalement une ressemblance presque parfaite avec leurs assaillants, puis elle défit l’attache du nœud, décrochant Athanase qui pleurait toujours. Elle tira une petite fiole de son pantalon et la déboucha avec prudence pour lui faire sentir le contenu. Les pleurs cessèrent presque immédiatement et le souffle du bébé se ralenti jusqu’à atteindre celui d’un sommeil profond.

- Je suis désolée pour Marie-Ange, elle s’est bien battue. J’aurais été ennuyée de devoir la tuer. Tu vas déjà m’en vouloir bien assez comme ça. Dit-elle en vérifiant le poux du bébé avant de l’emmitoufler plus étroitement et de le passer dans son dos, nouant l’attache devant elle.

- Il n’aurait survécu ni à la blessure ni à l’anesthésiant. A dire vrai, je ne suis même pas certaine que toi tu t’en sortes. C’est assez puissant pour te faire passer pour morte quelques heures, et la plaie est assez profonde pour le rendre crédible. Mais ça peut aussi bien être un aller simple qu’une tentative réussie. Si j’ai bien visé, tu pourras même justifier te nouvelle cicatrice.

Elle glissa sa main sous la joue de Rosen pour soulever son visage doucement.

- Je vais emmener ton fils en sécurité Rosen. Là où ils ne pourront pas l’atteindre. Mais si tu t’en sors, tu devras clamer haut et fort qu’ils te l’ont pris et qu’ils ont cru te tuer. Et tu devras être crédible, alors tâche de paraître encore plus dépressive que d’habitude, tu veux bien ? Ce sont des vipères, si l’on parvient à convaincre l’une d’elle que les autres l’ont doublées, on pourra s’amuser à les regarder s’écharper entre elles. Et ne court pas en ville pour me retrouver. Guérit de ta blessure avec un air déprimé, supplie qu’on t’aide à retrouver ton enfant auprès de tout le monde. D’ici quelques semaines, quand tous seront bien convaincu, tu iras voir Daniella Macto, c’est une vieille femme qui aide les mères nobles à faire le deuil de leur enfants mort trop jeune. Une vraie harpie si tu veux mon avis. Retiens bien son nom, Daniella Macto.

Elle reposa la mère bloquée dans son propre corps alors que le sang commençait à former une petite flaque devant elle et se releva pour disparaître sans un mot de plus dans les escaliers, son précieux colis dans le dos.

***


Alaric...

Depuis combien de temps couraient-ils ? Cela ne devait faire que quelques minutes, mais ses poumons en feu lui hurlaient que cela faisait des heures, des jours, des semaines. A peine avait-elle eu le temps de hocher la tête à regret à se demande qu’il l’eût entrainé dans les marais. Elle n’était pas certaine qu’elle serait simplement capable de poursuivre s’il lui arrivait vraiment quelque chose, mais elle ne voulait pas y penser. Elle rejetait cette possibilité de toutes les fibres de son être. Heureusement, le bâton serré contre elle, elle n’avait heureusement pas le temps de penser à cette horrible possibilité.

A dire vrai, trois pensées se battaient à la frontière de sa concentration pour la place principale. La première, la plus simple, était celle de parvenir à faire un pas de plus dans cette course effrénée. Si elle n’était pas tout à fait sans ressource, elle ne possédait ni l’endurance ni le physique de son amant et peinait à tenir le rythme nécessaire qu’il lui imposait.

La seconde se posait sur leurs poursuivants, car ni lui ni elle ne pouvait ignorer les bruits de course qu’ils percevaient dans les marais. Parfois ils étaient si proche qu’elle avait l’impression qu’elle verrait une lame se diriger vers sa nuque si elle tournait la tête. A d’autres moments ils semblaient aussi loin qu’un vague écho sur une montagne. Plusieurs fois Alaric avaient posé sa main sur son arc pour toujours décider de relâcher sa prise et de forcer encore leurs courses. Sans doute percevait-il bien plus qu’elle-même totalement perdu dans des ténèbres presque absolues manquant de peu de se prendre chaque branche basse qu’il n’écartait pas pour elle.

La dernière pensée était faîtes d’espoir, pas pour elle, pas pour Alaric. Leur destin ne reposait plus que sur leurs épaules à eux seuls. Mais pour le bourg. « Serus, je t’en prie, fais qu’ils arrivent à temps. »parvenait-elle parfois à formuler au plus profond de son être. Elle avait crû percevoir l’écho d’un cor, mais savait que son esprit lui jouait des tours, transformant chaque craquement en un son différent, tantôt menaçant tantôt mensonger.

Mais un cri, ou plutôt un hurlement, ne laissa nul doute sur sa provenance. Elle vit un reflet blanchâtre entre les arbres sur leur droite. Quelque chose de rapide et de puissant qui brisait le bois sur son chemin courrait presque en parallèle de leur trajectoire. La peur manqua de faire s’effondrer la noble sur place. Mais Alaric tira encore plus fort sur son bras et redoubla de vitesse. Elle trébuchait à chaque pas, mais pendant un moment ils semblèrent gagner de la distance sur la menace derrière les arbres que glissa derrière eux pour s’en prendre à leur poursuivant.

Ils perçurent des coups d’épée et des cris de joie brutale émanant de la créature indiquant le gagnant de chaque affrontement. Puis un silence complet seulement haché de leur souffle. Comme si la nuit elle-même s’était tu. Après plusieurs minutes, elle laissa l’espoir fou de s’en être sorti la submerger. Jusqu’à ce qu’elle percute Alaric violemment, le capitaine ayant soudain freiné en plein milieu de sa course. Seul le bras qu’il tandis devant elle pour la retenir l’empêchât de s’étaler de tout son long dans la vase.

Il se tenait là, juste devant eux, à quelques mètres seulement. Le tertre évoquant le dos d’une tortue. Mais la créature leur barrait le passage. Elle ne savait pas quand elle avait bien pu les dépasser, mais elle l’avait fait. L’épée coincée dans son épaule ne laissait pas de doute sur son affrontement récent avec l’un des assaillants de Sombrebois. Pas plus que les longues trainées de sang qui partaient de ses lèvres retroussées dévoilant des crocs aiguisés. Eve n’avait pas eu l’occasion de voir beaucoup de fangeux d’aussi près, mais celui-ci lui parut étonnamment large au niveau du ventre. Était-ce à cela que ressemblait ces monstres après s’être gavée de chair fraiche ? Sa peau blanche tirant vers le verdâtre étaient parcouru de veinule d’un bleu sombre et malsain. Ce qui avait dut être des seins pendaient sur un torse sec et puissant, presque difforme aux côtes apparente. Elle haletait et bavait comme un cheval qu’on aurait trop poussé, mais la jeune femme ne doutait pas une seconde qu’elle les mettrait en charpie s’ils faisaient l’erreur de la sous-estimer.

Alaric aurait-il le temps de prendre et de bander son arc ? De rouler d’un coté en la poussant de l’autre pour frapper de ses lames ? Et elle ? Aurait-elle encore assez de force pour la frapper avec le bâton ? Quand avait-elle lâché le couteau ? Sur la corde ? Dans les marais ? Par les trois, rien ne leur serait-il donc épargné ? Allaient-ils vraiment mourir dans les pattes de ce maudit monstre ? Le fangeux bondit… et s’écroula, il empênage noir dépassant de l’arrière de son crâne.

La disparition soudaine de cette menace eut raison de ses nerfs et Eve glissa au sol sur ses genoux en se cramponnant au bras de Alaric. Sur le tertre, une femme blonde au regard farouche les observait son arc à la main. La moitie de son crâne était rasé, et des symboles peint de bleu décorait ses yeux et son front. Ses yeux semblèrent chercher une autre silhouette derrière eux, comme s’ils n’étaient pas seul. Et elle parut déçu que ce fut le cas. Elle prit finalement la parole avec un calme olympien.

- Je devais attendre que le bâton soit planté, mais je me suis dit que vous apprécierez un peu d’aide précoce. J’aimerais le récupérer. Dit Priscilla en tendant sa paume ouverte alors qu’autour d’elles des ombres émergeaient des marais. Des regards pas tout à fait amicaux se posèrent sur eux et Eve se demanda dans quoi ils s’étaient jeté.



HRP:
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyVen 15 Juil 2022 - 13:57
Malgré toute la noirceur de cœur du Comte de Rougelac, ce dernier possédait toutefois une once d'humanité que certains pouvaient tantôt appeler simplement de la pitié. Quel qu'en soit le qualificatif qu'on pouvait prêter à ce traité de sa personnalité, aussi infime soit-il, Victor n'était donc pas enclin aujourd'hui à voir ses deux comparses de mésaventure subirent le même sort funeste que la bucheronne, qui avait rejoint son fidèle ami le Baron Hector dans un monde meilleur.

Rougelac avait été étrangement épargné et si le commun de mortel se serait satisfait de l'indulgence d'une meurtrière aux traits et au comportement presque surnaturel, l'homme joua donc son vatout au moment où cette danseuse des ténèbres allait s'en retourner dans sa quête de mettre la main sur quelqu'un qui ne se trouvait semble-t-il pas dans cette chambre. Victor avait donc reporté pour lui tard l'analyse même des évènements. Qui donc était traqué par cette démone ? Les réponses pourraient attendre.

Fort de son altruisme, de sa bonté retrouvé et de ce semble-t-il ordre qui avait été donné d'épargner sa personne, les lèvres du mondain étaient alors suspendu à la réaction de la sinistre inquisitrice. Il s'était attendu à ce que cette femme ne se dévie pas de ses intentions de quitter promptement la pièce quand soudain la tête de cette assassine masquée se tourna pour le fixer, suivi ensuite de son corps. Il n'y avait rien de naturel à cela, comme l'avait été plus tôt les talents de contorsionniste de cette dernière. Cela glaça le sang du Gouverneur une fraction de seconde, craignant sur l'instant qu'elle ne finisse par changer d'avis sur le fait de l'épargner.

Instinctivement, l'intrigant de Cours observa du coin de l'œil la prêtresse qui venait s'accroupir près du corps sans vie d'Hilde pour rapidement se voir attirer par Pénélope avant que les deux jeunes femmes ne se blottissent l'une contre l'autre dans l'attente du jugement. Victor salua en son fort intérieur le courage d'Edwige à faire face à cette situation sans paniquer, sans même chercher à se battre pour tenter de sauver sa vie, malgré le peu de chance sur laquelle elle pouvait se reposer. La bravoure dont faisait preuve cette dame de Foi fascina l'espace d'un instant Rougelac qui reporta rapidement son attention sur la femme tout de noir vêtue. La première remarque lâchée par cette dernière n'en était pas une question, il le savait et le mondain resta interdit de toute réaction, interdit et cela même lorsque cette inquisitrice ténébreuse s'accroupi à hauteur des deux femmes en pleures...

Rougelac tenait en priorité à sa vie, il avait mesuré les risques de son intervention et n'allait pas renchérir ou appuyer son vœux. Non, à présent, la vie des deux jeunes femmes étaient entre les mains de la femme masquée. A la seconde remarque, Victor se mordit la lèvres inférieure, comme s'il s'attendait à ce que les innocentes soient égorgées séances tenantes, mais une lueur d'espoir fini par briller dans l'azur du regard du Comte lorsque l'inquisitrice prit le temps de deviser avec Edwige, comme pour répondre à ce qu'elle venait de dire quelques instant plus tôt pour calmer Pénélope. Finalement, au bout de quelques secondes qui parurent être une éternité, la danseuse funeste se releva pour mettre fin au suspens. Elle épargna les deux femmes non sans rappeler à l'auteur de ce sauvetage qu'il devrait prendre toute sa responsabilité dans cette décision. Ainsi, cela confirmait qu'une entité bien plus puissante régissait les faits et gestes de cette démone.

Avant de définitivement quitter la pièce accompagnée de ses sbirs, un dernier conseil fut donné et dont la réponse du Comte se résuma en un acquiescement de la tête non sans appuyer son regard océan sur cette mystérieuse tueuse, un de ces regard qui voulait laisser à penser que Victor se jurait de recroiser son chemin pour obtenir des réponses alors qu'une certaine forme de fascination et de peur de cette dernière lui nouait pourtant la gorge.

A peine la porte fut refermé que Victor se précipita dans le coin de la pièce où se trouvait les deux femmes miraculeusement épargnées par sa seule volonté. Dans de telles circonstances, le Comte aurait naturellement dû leur porter assistance pour se relever mais cela ne se passa pas dans l'ordre logique des choses. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'il venait de se mettre en danger sans vraiment avoir mesurer le peu de bénéfice et la large part d'inconvénient qui découlait de son choix et qu'avait judicieusement rappelée la sinistre danseuse. Il se racla alors la gorge pour reprendre alors une certaine forme de prestance et de hauteur car il allait à présent chercher à prendre une forme d'ascendant psychologique sur elles.

- Vous me remercierez en ne prononçant à quiconque quelques aveux sur ce qui s'est déroulé dans cette chambre. Cela sera notre secret. Ce sera le prix à payer pour vos vies. Me suis-je bien fait comprendre ? Certains rouages sont à l'œuvre et qui dépassent votre entendement. Vous y flirter signera bel et bien votre arrêt de mort et vous n'aurez pas de seconde chance.

Victor espérait que cela suffise pour balayer tout esprit curieux chez Pénélope et la prêtresse dont il ne connaissait pas encore le nom. Mais évidemment, il le saura bien rapidement et s'il venait à retourner à la capital la tête sur ces épaules, il prendrait bien soin à ce qu'elle soit surveillée et même lui causer une petite frayeur pour lui rappeler de garder sa langue dans sa toge au sujet cette histoire.

Ce n'est qu'après cette intervention sous forme de menace qu'il tendit la main vers Edwige, rendossant le rôle de héros providentiel.

- Le sang n'avait que trop couler. Hilde s'est sacrifiée pour nous et pour les enfants. Vous raconterez à qui veut l'entendre que j'ai tué le dernier assaillant à l'aide de la hache de la bucheronne et que nous n'avons jamais croiser le chemin de ce sinistre personnage au masque. Des objections ? Non. Maintenant, je crois bon que nous devrions suivre les conseils de cette femme et barricader à nouveau l'accès à la chambre. A moins que vous ne soyez prêtes à tomber accidentellement.

Dans ce dénouement, Victor ne pouvait évidemment pas trouver le moyen de rendre les deux femmes amnésiques. Mais il espérait qu'elles fassent preuve de bon sens et comprendrait-elle rapidement que leur bienfaiteur de circonstance avait certes pu bénéficier d'un faveur ordonnée par une autre entité, il n'en demeurait pas moins un acteur et spectateur bien malgré lui de ce carnage qui sévissait dans le château de la Baronne. Ce faisant, Victor se montra comme la Favorite de la Reine lui avait demandé d'être durant ce séjour, le plus avenant et le plus aimable qu'il soit en sa qualité de Gouverneur de la province marécageuse et porta volontiers assistance aux deux jeunes femmes.
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Laura LucetCouturière
Laura Lucet



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyVen 15 Juil 2022 - 18:53
Clouée sur place par la poigne crispée de Pierrick, son cri de terreur qui l'avait ébranlé jusqu'aux os et la vision d’horreur de voir – une nouvelle fois – les supposés défenseurs de l’humanité s’en prendre à des personnes désarmées et désemparées, Laura fut bien incapable de réagir à la suite rapide et ininterrompue d’événements qui se déroula devant ses prunelles céruléennes. Sous le choc, les Lucet restèrent immobiles, debout au milieu des blessés : ils regardèrent le marteau s’abattre sur la jambe de Sœur Gudrun, virent la guérisseuse se précipiter sur l’assaillant de sa consœur avec des armes sorties d’ils-ne-savaient où, reconnurent Aeryn qui fondit sur un autre des meurtriers avant d’achever celui qui s’en était pris à leur protectrice, le tout en seulement une poignées de secondes qui parurent durer une vie. Le frère et la sœur ne se ranimèrent que pour faire quelques pas de côté lorsque ceux qui pouvaient encore se lever fondirent sur le dernier ennemi, le dernier milicien fou, le dernier danger qui s’effondra et disparut sous la masse formidable de mains et de pieds hystériques désireux de vivre encore un peu, ne serait-ce que quelques minutes.

Il s’écoula un bref instant d’éternité au cours duquel rien ne se passa de plus : personne ne bougea, personne ne parla. Soudain, les pleurs d’un enfant retentirent sous la voûte du sanctuaire, rappelant aux réfugiés que le combat n’était pas encore terminé. Le souffle court, Laura regarda les paroissiens retrouver des occupations, déblayant les cadavres des traitres, prenant leurs armes ou s’enquérant de l’état des blessés supplémentaires. La petite couturière leva d’abord un regard reconnaissant et interrogateur à l’adresse de la mercenaire à la crinière vulpine qui avait volé à leur secours, le bras comme guidé par la volonté de Rikni, mais son attention fut rapidement attirée par un attroupement qui releva Sœur Gudrun et sa collègue, toutes deux blessées. La prise de Pierrick sur son col s’étant relâchée quelque peu, sa cadette lui attrapa le poignet et le traina dans son sillage en direction des deux religieuses. Elle ne le lâcha que pour mieux se faufiler entre les corps maigres et tremblants des sombreboisiens encore ébranlés par ce qui venait de se passer et ce qu’ils avaient collectivement accompli.

« - Soeur Gudrun, vous allez bien ? » questionna la Lucet d’une voix cassée. Elle tourna le menton vers la prêtresse dont le prénom lui était toujours inconnu et découvrit sa manche couverte de sang. « - J-Je vais m’occuper de vous ! Pierrick ! »

Le garçon parvint difficilement à rejoindre sa sœur au moment où les deux clercs furent déposées dans un endroit un soupçon plus calme, quelques fidèles s’étant empressés de se pousser pour faire de la place à celles qui s’étaient dressées face à l’adversité et à l’inéluctable pour les sauver. Tandis que Pierrick se penchait sur le cas de Soeur Gudrun malgré son évident manque d’expérience et son inquiétude qui rendait ses gestes hasardeux, Laura mit la main sur une nouvelle aiguille et sur du fil. Il lui fallut de longues secondes avant que son matériel ne soit prêt, ses doigts collants de sang et rendus tremblants par la tension ayant perdu de leur habileté. La couturière s’efforça de souffler le plus lentement et profondément possible afin d’atténuer les frissons qui faisaient frémir ses mains et de pouvoir s’occuper correctement de la prêtresse aux boucles brunes. Le pire avait été évité cette fois mais en entendant le fracas des armes qui concurrençait celui de l'orage au dehors et le cor qui sonna par-dessus tout le reste, Laura ne put s'empêcher de se demander s'ils allaient tenir le coup longtemps, surtout maintenant que deux de leurs plus ferventes défenseuses étaient sur la touche. Il leur fallait trouver une porte de sortie, et vite.
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IsoldeQueen
Isolde



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyDim 17 Juil 2022 - 17:35
« Gudrun, est-ce que vous allez bien ? »

Isolde fut redressée presque aussitôt par la foule, s’efforçant de garder un air digne et fier pour ne pas aviver un nouveau torrent de panique dans les rangs des fidèles. Elle fut d’abord écartée, croisa la jeune fille et son frère, esquissa l’ombre d’un sourire transformé en un rictus froissé. Ils étaient en vie et son coeur à elle était soulagé.

« Doucement…»

Isolde revint sur le centre du Temple, escortée par quelques bras dévoués, avec l'impression de traîner un immense poids dans son sillage. L'énergie qui la soutenait pendant l'affrontement ployait comme un navire subissant un naufrage. Son bras pendu à son flanc, aussi raide et inutile qu’une planche en bois. La douleur s’aviva d’un coup, lui enflammant les nerfs et lui soutirant une grimace contenue par fierté. Elle glissa une main hasardeuse sous sa robe pour tâter la plaie et mesurer les dégâts. Plus profonde qu'elle ne l'aurait imaginé, elle ébaucha une nouvelle grimace tandis que le paysage vacillait dangereusement sous ses pieds. Inutile d'attendre plus longtemps, elle essuya ses doigts poisseux de sang sur sa robe.

Assise aux côtés de Gudrun, de sa main valide, elle lui pressa l’épaule.

« Vous vous êtes bien battues. Mais ce n’est pas encore fini, comment va votre jambe ? »

Elle avait le visage tuméfié à cause de sa chute, un hématome naissant marbrant sa joue et avalant tout le côté de son visage. Isolde, quant à elle, n’était guère mieux. Des griffures ensanglantées zébrant son front jusqu’à sa joue comme des éclairs chaotiques, son bras s’agitait en des spasmes contrôlés et lui soutira un gémissement douloureux, presque d’ours, il fallait agir, et vite.

Dans l'attente, Isolde est saisi d’une sensation de vertige. A nouveau, le sol tanguait dangereusement sous ses pieds, elle manqua de tomber mais se servit de son coude pour amortir la chute. Sa respiration s’accéléra tandis qu’elle dévia son regard sur Laura, agitée par la nervosité et envahie d’une panique hystérique. Elle lui attrapa le poignet pour arrêter les tremblements nerveux l’agitaient.

« Calme-toi. » Souffla-t-elle lentement, reprenant à nouveau ses esprits qui s’égarait dans la brume de l’inconscience. « Calme-toi. » Répéta-t-elle sévèrement en resserant sa prise pour apaiser les tremblements. « Concentre-toi, tu en es capable. Désinfecte l’aiguille et prépare toi à cautériser la plaie, je vais ouvrir la manche. »

Elle glissa son autre main valide difficilement au niveau des coutures de son épaule et tira sèchement dessus, découvrant son épaule et son bras blessés. Le mouvement lui soutira à nouveau un gémissement qui la fit gronder de souffrance. Il fallait qu’elle s’efforce de garder la tête haute et rester digne, toujours.

Une autre personne amena de l’alcool pour la verser sur la plaie. Une lampée vint nettoyer la plaie découverte. Isolde prit une vive inspiration. Un trait de brûlure. Elle bascula la tête contre le mur, serra les dents, se barricada dans une frontière mentale pour se préparer. Lorsque l'aiguille de Laura entama la chair à vif, Isolde se retint de hurler, sa main droite comprimant sa robe à s'en exploser les jointures.


Dernière édition par Isolde le Dim 17 Juil 2022 - 19:00, édité 1 fois
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Aeryn MonclarMercenaire
Aeryn Monclar



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MessageSujet: Re: [convocation] La nuit des hurlements   [convocation] La nuit des hurlements - Page 3 EmptyDim 17 Juil 2022 - 18:16
Aeryn observait la scène d'un œil morne, presque éteint tant les derniers événements l'avaient abattus. Les survivants pouvaient bien la presser, la secouer même, la mercenaire n'y prêtait aucune attention… Elle n'était déjà plus là, après tout.

" C’est que je veux savoir si là-dessous il y a quelqu’un à découvrir ou si tu n’es qu’une gamine lâche et effrayée avec un couteau qui a toujours peur de l’ombre de papa. Alors, c’est ça ma question, es-tu quelqu’un, Aeryn ? "

Non, à l'évidence, elle n'était personne d'autre que cette gamine lâche dont Clay avait fait mention la veille…

" Aeryn Monclar n’est qu’une coquille vide dans laquelle vous vous êtes réfugiée. Fille d’une brute, sœur de brutes et brute elle-même ? Pfeuh, je n’y crois pas une seconde même si vous faites semblant le plus parfaitement du monde. "

Le croyait-il réellement après tout ? Elle qui était si mauvaise comédienne pouvait-elle réellement se faire passer pour une autre ? À en juger par son attitude actuelle et toutes les pensées qui se bousculaient dans son crâne à ce moment précis, non…Malgré les affirmations du mercenaire, Aeryn était bel et bien une brute sans cervelle.

L'action passée, la rouquine ne savait plus que faire… Elle avait espéré pouvoir fuir par l'arrière du bâtiment, quitte à briser des vitraux… Mais en voyant les deux prêtresses blessées et les gamins qui se pressaient à leur côté, Ryn était perdue.

À l'évidence, celle avec un nom imprononçable ne pouvait plus être déplacée, pas sans faire prendre de risque aux autres… et puis quoi ? Quitter les lieux avec soeur Isolde et les deux gosses en abandonnant tous les autres ? Cela semblait fort injuste, sans parler du danger que pouvait représenter l'extérieur lorsque l'on ne connaît pas les lieux et le nombre d'envahisseurs présents.

La main de la rouquine se pressa un peu plus sur le manche de sa dague tandis qu'une femme hystérique vint s'agripper à son bras. D'instinct, la mercenaire la repoussa sans ménagement, lui lançant alors un regard noir, presque fou, avant de rejoindre le petit regroupement rassemblé autour de la prêtresse blessée à sang.

-En quoi puis-je vous être utile , demanda-t-elle froidement avant de se tourner vers Isolde qui s'apprêtait à vivre un très mauvais moment. Alors, tout naturellement, la rouquine récupéra l'une de ses dagues et la présenta à la patiente. Mordez donc la fusée… Le cuir préservera un minimum vos dents...

Contre la douleur, en revanche, il n'y avait strictement rien à faire… Isolde souffrirait forcément… De même pour la seconde prêtresse au genou brisé.

-Il serait peut-être judicieux de maintenir cela dans une attelle, ajouta la rouquine en désignant la jambe de la sœur Gudrun. deux planches de bois, pas trop épaisses et un tissu résistant feront l'affaire pour l'instant… Quelqu'un peut-il apporter ça ici ?

Au moins pouvait-elle gérer les blessures du genre… Pas dans l'intention de les soigner, évidemment… Mais plus pour préserver un minimum la victime en attendant.
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