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 Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]

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Kira de TerresangVicomtesse
Kira de Terresang



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MessageSujet: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyDim 31 Jan 2016 - 16:22
Le soleil allait bientôt se lever, et pourtant... La cours du Pavillon était déjà en pleine effervescence. Les chevaux hennissaient, sentant l'ambiance tendue qui avait pris possession des lieux depuis la veille. Kira regardait les dernier préparatifs être effectués du haut de son cabinet, au deuxième étage de son Pavillon. Elle avait encore du mal à comprendre qu'elle allait enfin quitter ces lieux. Elle était toujours dans sa tenue de cavalière, son pantalon de cuir, sa chemise blanche et ses gants de cuir tenue à la main. Elle était prête à partir, partir loin de cette prison... De ce lieu remplis de souvenir et de cauchemars. Elle se demandait encore pourquoi le destin lui avait joué un tour aussi étrange. Après tout, Kira avait toujours cru aux Trois Dieux, avait toujours prié pour eux, et avait toujours fait en sorte de ne pas s'attirer les foudres de la Trinités... Et pourtant, elle s'était retrouvée prise au piège dans son propre domaine, avec ses hommes et serviteurs, face à une mort plus que certaine, et ce, pendant presque trois mois. Et pourtant, la jeune femme avait tout fait pour combattre ce Fléau, et en réchapper... Malgré la perte presque simultanée de ses deux parents...
La jeune femme leva les yeux vers le ciel qui s’éclaircissait. Par un quelconque miracle, leurs préparatifs n'avaient pas été ralentit par une attaque de Fangeux. A croire que les dieux lui accordaient un peu de répits avant un long voyage d'un ou deux jours. Kira espérait fortement qu'il ne durerait pas longtemps, et que tous arriveraient à destination sain et sauf. Mais elle savait que l'espoir pouvait parfois aussi bien jouer des tours que les Dieux eux-même. Et malgré les prière et les rituels qu'elle avait demandé à sa sœur d'effectuer, la jeune Baronne savait très bien que tout était possible. Ce voyage était leur dernière chance, et Kira savait que soit ils allaient tous mourir, soit ils arriveraient tous à destination... Mais les ennuis de la Baronne ne feraient alors que de commencer. Après les Fangeux, il faudrait qu'elle affronte les Nobles de la cours et le Duc en personne. Le lourd héritage que lui avait laissé son père la poursuivrait, jusqu'à ce qu'elle redore le blason de sa famille. Et ce serait son principal objectif: réparer les erreurs de ses aïeux. Car son père n'avait pas été le seul de toute la famille à avoir des affaires pire que frauduleuses. Mais la jeune femme avait pour intention qu'il serait le dernier. Elle refuserait de continuer sur la voie de son père. Elle avait d'autres objectifs que celui de s'enrichir... Des objectifs bien plus ambitieux.

Mais alors qu'elle s'enfonçait encore plus dans de sombre pensées, quelqu'un toqua à la porte, faisant presque sursauter la jeune Baronne. Elle se retourna, et regarda la porte, lui reprochant presque d'avoir laisser passer le son dans le bois. La Baronne respira un coup avant qu'un autre coup raisonne à la porte.

"Entrez!" ordonna-t-elle d'un ton sec, un ton qui faisait ressentir toute son appréhension vis-à-vis de ce voyage.

C'était juste son Capitaine de la Garde qui venait la prévenir que les préparatifs étaient presque terminait et que tout le monde se tenait près au départ. Kira fit signe qu'elle allait les rejoindre. La jeune femme fit un dernier tour dans le cabinet de son père, qui était désormais le sien, vérifiant qu'elle n'oubliait rien, mais aussi, s'imprégnant de ce lieu et des derniers souvenirs.
Puis, sans plus un regard pour les livres qui allaient prendre la poussière, pour le bureau qui allait sûrement être volé, pour les tapis qui seraient abîmés par des vandales ou des Fangeux, elle sortit et referma la porte derrière elle. Kira se dirigea vers la cours, passant ses gants à ses mains, et attrapant une cape qui la tiendrait au chaud pour le reste de matinée, et la protégerait de la pluie si le temps ne se montrait pas clément au cours du voyage. Quand elle commença à patauger dans la boue de son Pavillon, elle observa la populace qui était présente dans la cours.
Tout le monde était prêt au départ, il y avait plus d'une cinquantaine de personnes présentes dans la cours, si l'on ne comptait pas les bêtes qui étaient en liberté. On avait abattus les animaux nécessaires pour nourrir tout le monde durant le voyage, les autres avaient été libérés. Les Fangeux ne les mangeraient pas, mais Kira ne pouvait pas s'encombrer. Les cuisiniers et les serviteurs étaient réunis dans les chariots, certains hommes avaient laissés leur place aux femmes et aux quelques enfants. Maître Guerin, sont guérisseur, avait pris une place à l'avant d'un chariot. Tandis que les trente soldats des Haldonores étaient à pieds pour la plupart, et les quelques haut-gradés avaient droit à l'un des chevaux qui était resté au Pavillon après le départ du père à Kira. Le capitaine de sa garde avait une jument à la robe grise, assez maigre. La Baronne avait insisté pour qu'il prenne un autre cheval, mais son capitaine avait gardé sa vieille jument. Pour finir, le reste des personnes présentes qui ne portaient pas les couleurs des Hadonores, et qui n'étaient pas des serviteurs, étaient les hommes que Kira avait pu récupérer grâce à l'aide du Baron de Sombrebois.
Kira se dirigea d'ailleurs vers le cheval scellé qui l'attendait, saluant avec un grand sourire les trois personnes qui se tenaient déjà à côté de leur montures (Kira avait eu la gentillesse de réserver un animal pour chacun de ses invités): le Baron Hector de Sombrebois, qui était arrivé la veille, Anton Gunof, le milicien qui lui avait offert ses services et pour qui elle avait des comptes à rendre, et Cyrielle Dolwen... Une autre milicienne que Kira ne connaissait presque pas. Elle était arrivé la veille avec le Baron, mais la jeune femme ne l'avait jamais vue. Et cette femme semblait regardé son cheval avec un regard interrogateur.

"J'espère que vous êtes tous près, le voyage s'annonce plutôt difficile. Nous allons galoper dans la boue un certain temps, à cause de cette pluie nocturne." lança-t-elle, presque pour encourager tout le monde.


Dernière édition par Kira de Haldonores le Mar 2 Fév 2016 - 18:00, édité 1 fois
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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMar 2 Fév 2016 - 17:43
Après une nuit courte et agitée par les images d’une baronne rousse collée à son vît, Anton se réveilla d’un coup. Son sommeil, léger, était du genre reposant. Les derniers mois, la nécessité l’avait entraîné à dormir un peu partout un peu tout le temps, si bien que, sans jamais vraiment dépêtrer d’une gueule de déterrer, le soudard faisait son somme de façon satisfaisante. Une constitution pas dégueulasse aidait aussi pas mal à le garder sur pied et dispos. Et c’était donc frais comme un gardon qu’aux petites heures de la nuit, Anton ne voulut plus gésir sur la paillasse gracieusement allouée par son hôtesse l’Haldonores. Il se leva donc.

Là, dans la salle commune, collé à des grappes de paysans assommés par le banquet de la veille, il éprouva un grand froid. La pluie battait les murs, battait la terre. Dans les cheminées, quelques braises vivotaient sous la cendre en manteau. Il avait dormi tel quel, l’armure sur les épaules, un autre tour que lui avaient appris les sempiternels quarts du guet. Après avoir inspecté comme il put l’obscurité qui l’environnait, il essaya de se dépêtrer du champ des dormeurs sans écraser trop de pieds ou de mains. Le bruit de ses bottines semblait hurler, le cliquetis de sa maille d’armes paraissait tintinnabuler comme les cloches du grand-temple. Comme il l’avait tant craint, une de ses bottes s’enfonça dans un jarret et provoqua un cri sourd. « Chht. » fit une voix, et tout retomba dans le silence.

Et Anton était dans les couloirs. Il s’échina à trouver de la lumière, sans succès, alors il marcha au hasard des coursives en s’aidant ses mains, jusqu’à ce qu’il vit un petit groupe d’hommes en armes gardant les portes. Pas de sortie prévue, désolé mon vieux. Bon. L’insomniaque s’en tira avec une loupiotte, ce qui n’était déjà pas si mal. Il parcourut un bout de pavillon, une lumière ténue à la main, en inspectant les trésors délaissés, des projets luisant dans ses yeux étroits.

A l’aube, quand le départ bourdonnait, on retrouva sans surprise, mais avec effarement, de la gadoue au sol et de la grisaille dans le ciel. Entre ça et les journées plutôt courtes de la saison, il n’était pas dit qu’on arriverait à temps jusqu’aux grand’portes de Marbrume. Et au vu du bordel qu’on transportait jusqu’au bourg, Anton se sentait encore moins de parier sur une issue heureuse. Il en toucha, d’ailleurs, un mot à la baronne. Hélas, c’était dans un moment fort délicat, genre discours de départ. « A propos, j’aurais comme à y redire, fräulein. Déjà, les bourrins, c’est pas la sauce à myssègue, alors je remercie Sa Seigneurie, mais si… Enfin je parle pas pour ça. Le temps est par trop mauvais, Sa Seigneurie a forcément dû le remarquer, j’l’y conseillerai de remettre son départ à demain ou plus tard, que les routes soient carrossables comme y se doit. »
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMer 3 Fév 2016 - 13:10
Point de nostalgie dans l'esprit du baron. Un simple petit pincement au cœur à la pensée que dans 3 jours seulement, il passerait la bague au doigt de Grâce... s'il revenait vivant de cette expédition ! Après cela, il resterait un moment au calme pour panser ses blessures et faire le bilan de toutes ces rencontres avec les fangeux.


Un pincement au cœur, donc, et un bon mal de tête. La nuit dernière avait été l'occasion d'une "pochetronnade" comme rarement le baron en avait fait ! Ce diable d'Anton Gunof, par je ne sais quelle remarque, avait sous-entendu qu'Hector ne tenait pas l'alcool - bougre de gueux ! Alors, Hector s'était senti obligé d'accepter chaque verre de vin et Gunof s'était senti obligé d'en offrir jusqu'à ce que les dernières bouteilles de Haldonorès furent épuisées !


L'air frais, le grand air, devrait me faire de bien ! S'était dit le baron en se levant le matin et en attelant la charrette qui devait le ramener derrière les grands murs de pierres de Marbrume.


Tout le monde attendait la baronne dans la cour de son pavillon. Il y avait pas mal de ses gens et pas mal de gens d'arme pour les accompagner : les gardes de Haldonorès, Cyrielle, Gunof et Hector, et une dizaine de mercenaires qu'Hector avait embauché pour cette mission d'escorte. Malgré cela Hector n'était guère optimiste. En attendant la baronne il fit part à Gunof et Cyrielle de ses doutes :


- Mes amis, je crains que si nous rencontrons une meute de fangeux, beaucoup mourront... Tous ne sont pas à cheval. Fuir sera impossible.


Hector tourna la tête vers le milicien aux cheveux gras. Depuis le rêve qu'il avait fait la nuit dernière, il lui trouvait un air des plus antipathiques. Malgré cela, il tentait de se résonner en se rappelant que c'était un homme qui ne l'avait jamais trahi.


La présence de Cyrielle, elle, au contraire, apaisait le baron. La jeune milicienne était agréable et, le chemin jusqu'au pavillon - qu'ils avaient fait ensemble, la veille - s'était fort bien passé. Il avait échangé avec elle plus de mots qu'avec tous les mercenaires réunis !


Un bruit de porte qui grince se fit entendre. C'était la baronne de Halonorès qui arrivait enfin. Hector la salua poliment avant d'ajouter en s'adressant à elle comme à ceux qui l'entouraient :



- Que les Trois nous préserve aujourd'hui de la fange...


Anton prit la parole :


- A propos, j’aurais comme à y redire, fräulein. Déjà, les bourrins, c’est pas la sauce à myssègue, alors je remercie Sa Seigneurie, mais si… Enfin je parle pas pour ça. Le temps est par trop mauvais, Sa Seigneurie a forcément dû le remarquer, j’l’y conseillerai de remettre son départ à demain ou plus tard, que les routes soient carrossables comme y se doit.


Hector hésita. Anton avait raison, le temps ne se prêtait guère à une longue marche dans les marais. Mais tout le monde était prêt et les ressources du pavillon arrivaient à leur terme. En outre, il faudrait payer les mercenaires une journée de plus s'il était décidé de reporter la marche au lendemain... Ferait-il d'ailleurs plus beau demain ?


Le baron de Sombrebois nota néanmoins une légère brise semblant venir du sud-est. Un peu d'espoir s'insinua dans son esprit.


- Vent d'autan apporte le beau temps... ces nuages partiront bien vite, commença t-il avant de baisser la voix, avec un peu de chance...
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyVen 5 Fév 2016 - 18:29
Le trajet d’aller avait déjà été éprouvant, malgré la compagnie sympathique du baron De Sombrebois. Elle avait presque eu l’impression de faire le trajet avec un ami de longue date, presque. Elle n’avait pas vu ses amis d’enfance depuis trop longtemps maintenant, il faudrait qu’elle aille les retrouver pour y remédier. Ils avaient eu à affronter quelques fangeux, mais aucune horde particulièrement nombreuse, ni de spécimen fort résistant. Pourtant, une fois arrivée, la seule chose qui lui faisait réellement envie était un vrai lit et une nuit de sommeil. Rien que la pensée de devoir réitérer ce trajet en étant plus nombreux alourdissait ses paupières. Elle avait accepté, bien plus par sentiment d’obligation que par envie, de se joindre à leur hôtesse pour le diner, agréablement surprise d’y voir un autre milicien. Elle ne s’était pas attardée longtemps, tout de même mal à l’aise de garder ses lèvres pincées dans un sourire de connivence, bien malgré l’ambiance détendue.

Elle avait accueilli le lit qu’on lui proposait avec un soulagement non feint et n’avait pas eu à se retourner cent fois pour trouver une position assez confortable pour s’endormir. L’habitude de l’agitation autour d’elle, de bruits parfois non identifiés, des bagarres et des cris de la taverne lui avaient forgé un sommeil assez lourd une fois qu’elle le trouvait. C’était un atout autant que c’était gênant pour elle. Elle pouvait dormir quasiment partout sans autre inconvénient que quelques courbatures dans le pire des cas. Le principal inconvénient était que ce détail ne passait pas longtemps inaperçu. Elle ne comptait pas le nombre de fois où une surprise des plus détestables l’avait attendu à son réveil. Elle ne savait pas si elle devait en être heureusement ou s’en plaindre. Ce matin, heureusement, son réveil s’était fait attendre, mais rien n’était venu annoncer une journée de brimades.

Elle s’était préparée, avait accepté avec un sincère remerciement un petit déjeuner et avait rassemblé le peu d’affaires qu’elle avait éparpillées pour rejoindre l’attroupement devant la bâtisse. Ils se préparaient tous à partir pour deux autres jours de voyages. Elle avait adressé une dernière pensée à Rikni pour qu’elle les garde de mauvaises rencontres autant que possible et s’était déplacée aux côtés du baron. On lui confia les rênes d’un équidé qu’elle accepta sans réfléchir avant de se demander ce qu’elle pourrait bien en faire, mais il était trop tard, la baronne venait de faire son apparition. Elle eut une impression de déjà vue qui la blasa légèrement avant de regarder autour d’elle. Personne n’allait lui apprendre à monter, il fallait qu’elle se débarrasse du canasson, et intelligemment, ce qui n’était pas une mince affaire. La baronne De Haldonores leur adressa quelques mots pour les encourager à se mettre en route, mais tout le monde ne semblait pas l’entendre de cette oreille.

Un milicien était allé adresser quelques mots à la charmante dame pour lui conseiller de reporter l’excursion. Elle avait déjà oublié l’identité du milicien, ils n’avaient qu’à peine été présentés jusque-là, et il ne lui semblait pas l’avoir déjà vu en excursion auparavant. En dehors de ce qui pouvait bien se dire et de l’avis qu’elle allait, ou non, se forger sur sa pomme, elle ne pouvait pas lui donner tort. Le temps ne semblait pas clément, même si elle avait l’impression qu’il ne l’était jamais bien longtemps depuis le fléau, les carrosses allaient certainement avoir du mal à progresser, ce qui ralentirait leur avancée et rallongerait le trajet. Ce qui voulait dire qu’ils allaient potentiellement passer plus de temps au milieu du danger. Les mots du baron De Sombrebois lui revinrent. Elle-même n’était pas à cheval, elle ne pourrait pas fuir si la situation le demandait.

Qu’il insiste pour ne pas reporter le départ l’étonna. Pourtant, vu où elle se trouvait, les doutes qu’il avait concernant le présage qu’il venait d’utiliser ne lui échappèrent pas. Elle-même ne comptait pas se mêler de ces considérations. Elle avait bien envie de soutenir le milicien, pour faire-valoir qu’elle aussi voulait sauver sa peau autant que possible. Ce qui l’en empêchait était la réflexion du noble. Pour réagir ainsi, elle espérait qu’il possédait quelques informations qui lui échappaient et qui lui permettaient de juger de la situation bien mieux qu’elle. Elle ne se permit qu’une réflexion discrète à son attention.

✧ J’espère bien. Il va nous en falloir de la chance. Par contre, un de vos autres miliciens pourrait être à l’aise sur un cheval ?
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Kira de TerresangVicomtesse
Kira de Terresang



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyDim 7 Fév 2016 - 19:14
"Je suis désolé, Anton, mais nous ne pouvons en rien reporter notre voyage." répondit Kira en regardant le milicien qui tenait sa monture par la bride. "Le Seigneur Hector de Sombrebois, ici présent, doit se marier dans peu de temps. Et comme ce dernier a d'ailleurs pu le souligner, il nous reste peu de vivres, encore moins depuis hier soir. Je crains fort que vous ayez vider nos réserves de vin."

Kira essayait de mettre un peu de bonne humeur dans ses propos. Mais elle savait pertinemment que le voyage serait difficile. La jeune femme espérait d'ailleurs fortement que la Baron avait raison, et que la journée s'éclaircirait au fur et à mesure du voyage.
Puis, la Baronne reporta son attention sur les deux miliciens qui semblaient très mal à l'aise avec leur monture. Elle se demanda s'ils apprenaient ou non à monter dans la petite milice de Marbrume, ou si, au contraire, ils ne s'en encombraient pas. En tous les cas, le Baron avait également raison sur un point: il y avait très peu de montures, et beaucoup de personnes à pieds, des personnes qui seraient forcément trop lentes pour survivre à une attaque de Fangeux. Que les Trois soient miséricordieux, et qu'ils nous viennent en aide... pensa la jeune femme. Puis, elle s'adressa aux deux miliciens:

"Si vous sentez que vous êtes capable de tenir la cadence à pieds, je vous laisse choisir une personne qui a plus besoin d'un cheval que vous alors. J'espère juste que vous serez aussi capable de vous battre dans la boue."

La jeune femme ne disait pas cela sur le ton de l'humour, encore moins pour vexer les deux miliciens, mais elle se souciait réellement de leur bien être. Comment ne pas se soucier de chacune des vies qui est sous votre responsabilité? Kira avait fait le parie qu'elle réussirait à ramener chacune de ses personnes à Marbrume, quelque soit les moyens et le temps. Et, jusqu'ici, elle avait réussis la majeure partie de son parie. Son père avait toujours tout fait pour veiller sur les siens, qu'ils soient de son sang ou non, qu'ils soient de son rang ou non. Et la jeune dame comptait faire de même, les Haldonores avaient toujours procédé ainsi. Et c'était pourtant cette gentillesse trop importante qui avait amené leur famille là où elle en était. La jeune femme fit le tour des personnes présentes dans la cours. Elle aperçut sa sœur, sur un autre cheval. Elle priait, sûrement Rikni, mais n'accordait aucun regard à sa jumelle.
Quand les deux miliciens eurent donné leur monture à deux autres personnes, la Baronne donna le signal du départ. Elle partie en tête, avec quelques gardes de sa maison, accompagnée également du Baron de Sombrebois. Ils étaient, en tout, huit à ouvrir la marche. Suivait ensuite les chariots, il y en avait trois, remplis à ras bord de vivres, mais aussi de personnes, et de biens que chacun avait méticuleusement choisi pour que cela ne prennent pas trop de place. Il y avait ensuite tous les marcheurs, les soldats qui n'avaient pas de monture, quelques mercenaires, les deux miliciens Anton et Cyrielle et les serviteurs qui avaient laissé leur place sur les chariots. Et enfin, le reste des soldats à cheval et les officiers, dont le Capitaine de Kira.

Les premières heures du voyage se passèrent s'en encombre. Après un moment de silence, et alors que la boue et l'humidité ambiante commençait à énervé Kira, celle-ci s'approcha du Baron pour lui demander:

"Comment pouvez-vous bien savoir que le beau temps va revenir?"

Mais alors que le Baron était en train de lui répondre, une voix retentit à l'arrière, un appel. Kira arrêta sa monture, et regarda derrière, l'un des chariots était à l'arrêt, apparemment, il avait un problème car quelques passagers étaient descendu pour regarder. La jeune femme jura intérieurement. Les problèmes ne faisaient que de commencer.
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Anton GunofBoucher
Anton Gunof



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyLun 8 Fév 2016 - 11:48
« Oh ! J’aimerais pas être obstacle à des noces, scusez mon outrecuidance, mes seigneurs, » ironisa le garde Gunof, la bride de son cheval toujours dans la main. Il fit un geste à quelque individu ayant entendu qu’un canasson se libérait et prit son congé du noble tandem, macérant dans ses noires pensées. Mais dans quel monde vivaient-ils, ces gaillards-là ? Ne pas retarder le voyage pour cause de mariage ? La chose sonnait ridiculement dans la tête d’Anton, qui rejoignit son âne au plus vite de peur qu’il ne fasse demi-tour et explique à la jeune Haldonores qu’il y avait des choses plus sérieuses à prendre en compte. La sécurité de ce voyage, dans un premier temps, et la vie de tous ses gens, conséquemment, étaient les premiers arguments qui lui venaient sur le bout de la langue. Il brossa du gant sa bête sans douceur tout en essayant, malgré sa soudaine et mauvaise humeur, de lui dire des minauderies à l’oreille, espérant que cette tête de mule soit encline à suivre le troupeau sans faire de manières.

La fille vint rejoindre la cohorte des piétons, dont était Anton. Ca aurait pu lui faire plaisir, au vétéran, de voir ainsi rappliquer un camarade qui ne goûtait pas beaucoup aux joies de l’équitation. Mais notre bilieux soudard n’était pas des plus disposé à fraterniser : tout ce qu’il vit à travers Cyrielle, c’était une de ces curiosités de la milice d’excursion, ce grand cirque ambulant constitué de paysans déterrés, de nobles abrutis par les chansons de geste et d’autres marginaux vivant dans des fantasmagories sans prise avec la réalité. Militaires minutes, cracha intérieurement Gunof en toisant la défigurée. Le visage dégagé de ses cheveux maîtrisés en un chignon laissait clairement apparaître, mettait presque en scène, cette longue estafilade qui traversait son faciès pour descendre sous l’acier de son armure crottée. La blessure de guerre éveilla un rien de sympathie et beaucoup de curiosité chez le garde, mais il s’empêcha de frayer de quelque façon que ce soit avec la soldate – aberration, selon lui, et preuve même que le ciel était tombé sur la tête du monde civilisé.

Aussi marcha-t-il, tractant sa mule, qui semblait disposer à épouser le mouvement de la masse. Un peu sur le côté, qu’il avançait, derrière les carrioles qui transportaient quelques coffres et malades et blessés, qu’il observait avec un peu de dégoût. Les roues grinçaient, avançaient laborieusement dans les sillons creusés dans la terre humide et meuble, et Anton, quand il n’embrassait pas d’un regard suspicieux l’orée des bois, où dans la noirceur, il en était persuadé, se tapissaient mille périls, il fixait les cycles des charriots. Comme si les regarder avec insistance les empêcheraient de s’embourber, de bloquer la marche du convoi…

C’était, ironiquement, quand il balayait d’un regard les bois que l’incident arriva. La carriole du milieu, la plus lourde d’objets et de moribonds, s’était arrêtée, enfoncée jusqu’au moyeu dans une gadoue qui tenait plus de la flaque que de la route. Le convoi s’enraya et une rumeur de cris parcourut les piétons. « Des gars et des bœufs avec moi ! » fit un Anton aboyeur en se dirigeant vers le charriot enlisé. Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas autant détesté avoir raison, au vrai. Et comme il rabattait son arbalète sur le flanc, il poussa quelques hommes pour que ceux-ci se pressassent. Déjà il ordonnait aux poids de délester le transport, s’énerva de leur lenteur, jeta un coup d’œil aux alentours, persuadé que de telles pauses assureraient, maintenant ou plus tard, leur perte à tous. « Allez, allez, pressez ! » dit-il tandis qu’il agrippait l’arrière du char pour le soulever et ainsi donner l’exemple aux gugus.
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMer 10 Fév 2016 - 10:52


Que la dame d'Haldonorès fasse de son mariage un prétexte au départ dérangea légèrement le baron. Certes il serait ennuyeux de devoir le reporter mais c'est surtout les soucis logistiques qui inquiétaient Hector. Il en fit d'ailleurs part à Cyrielle qui semblait sceptique :


- Les vivres manquent. Plus nous restons au pavillon, plus nous nous affaiblissons... et la possibilité que les fangeux nous attaquent ici même n'est pas à exclure... Et rien ne nous dit que le temps s'améliorera rapidement... Mieux vaut partir au plus vite vers les solides murs de Marbrume !


*


- Comment pouvez-vous bien savoir que le beau temps va revenir ? Demanda Kira.
- Et bien... le proverbe que je vous ai dit m'a été appris par mes bûcherons, à l'époque... Par contre, pour être tout à fait honnête, le vent manque peut-être un peu de puissance pour dégager tous ces nuages ; du moins pas dans l'immédiat. Espérons qu'il se lève un peu, sinon il faudra surement attendre le début d'après-midi pour pouvoir espérer voir le soleil...


Rapidement, une voix se fit entendre à l'arrière du convoi. Hector posa la main sur sa hache, prêt à partir au combat... mais il ne s'agissait "que" d'un problème mécanique. Hector mena tout de même Gris-Poil vers le lieu de l'incident et, lorsqu'il vit qu'un chariot était embourbé, il descendit de cheval, et aida les hommes à pousser le chariot hors de son ornière. Son aide, malgré l'étonnement de certain, fut bien appréciée et sa force bien utile pour dégager la roue. Lorsque cela fut fait, Hector demanda au conducteur de la charrette qui transportait du bois de le poser sur les plus grosses flaques qu'ils rencontreraient pour y faire passer les chariots et pour que ce genre d'incident soit - dans la mesure du possible - évité. Après cela, il remonta sur Gris-Poil et retourna auprès de Kira, à la tête du cortège.


Le vent ne s'était pas intensifié. La couche nuageuse étaient toujours épaisse et le baron fronça les sourcils.


- Malheureusement, je ne connais aucune route plus sèche que celle-ci... Dit-il autant pour lui-même que pour la baronne.
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Cyrielle DolwenMilicien
Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyJeu 11 Fév 2016 - 0:16
Au final, le baron De Sombrebois n’avait pas eu le temps de répondre à sa question, la baronne s’en était chargée à sa place. Elle avait demandé à ce qu’ils confient leur monture à quelqu’un de plus apte à galoper, à condition qu’ils soient capables de ne pas les ralentir à pied. Évidemment, il ne faudrait pas aller à l’encontre des petits caprices de madame. L’annonce du mariage du baron la fit tiquer un instant, mais elle n’y accorda pas plus d’importance. La question futile de savoir sur quel type de femme il avait bien pu jeter son dévolu lui effleura l’esprit sans pour autant y résider plus de quelques secondes. Elle avait obéi sans broncher et avait donné les rennes du canasson à un autre milicien, n’ajoutant aucun argument à la discussion qui avait rapidement été close afin d’annoncer le départ.

Un autre cran d’irritation s’ajouta lorsque la disposition évidente du convoi prit forme. L’allée s’était faite alors qu’elle était au même niveau que le baron, ils avaient parlé, et sans être forcément des plus familières, elle s’était naïvement laissé aller à se considérer comme son égale. Maintenant qu’une femme avait les rennes, tout était différent. Les plus rapides et les plus nobles tout devant, et à l’arrière ceux qui étaient obligés de suivre, peu importe la cadence imposée. Les sous-fifres tout juste bons à assurer un minimum de sécurité pour les carrioles qu’ils pouvaient tout à fait décider de laisser derrière eux pour fuir, si nécessaire. Elle ne laissa rien voir de son trouble et de sa contrariété, se contentant d’exécuter bêtement ce qu’on attendait d’elle. Ça, elle savait le faire, très bien même.

Ce manège de silence avait fonctionné pendant un bon moment, une petite trotte de chemin, effectué dans la boue, sous une pluie très fine, mais qui s’accumulait. Elle détestait la sensation de cette dernière lorsqu’elle fouettait, même délicatement, ou ruisselait sur sa cicatrice. Ce mélange entre l’absence de sensation venant du toucher et son cerveau qui comblait et assemblait le tout pour lui signaler qu’elle devrait ressentir quelque chose. Elle finit par s’arrêter, laissant le tout de côté lorsque le premier incident se présenta directement devant elle. Une roue dans la boue, les chevaux incapables de l’extraire pour continuer à avancer et le poids du chargement qui faisait s’enfoncer le bois dans le sol. Ils étaient immobilisés et très rapidement un milicien donna la marche à suivre. Elle ne se fit pas prier pour venir à ses côtés et aider les gens à décharger la carriole.

✧ Du calme, ils ont déjà l’air assez paniqués comme ça, pas la peine d’en rajouter.

Elle n’avait pas manqué les regards inquiets qu’on leur adressait depuis qu’ils leur avaient fait quitter les murs de leur ancien bourg. Les gens étaient nerveux, stressés, angoissés à l’idée de croiser encore, ou pour la première fois, une de ses abominations tueuses. Elle voulait éviter des mouvements de panique qui seraient la deuxième raison la plus probable qui causerait un arrêt de leur procession. Elle avait adressé ces paroles au milicien qui avait déjà tenté plus tôt de reporter l’expédition. Une fois fais, elle se poussa pour les aider à soulever, très rapidement rejoins par De Sombrebois afin de déloger la roue et sans un regard de plus il reprit sa place à l’avant du convoi. Elle jouait l’indifférence et se mit à observer avec une pointe d’inquiétude la quantité de boue qui se fixait sur les autres roues des autres charrettes. Son regard revint naturellement vers le milicien qui s’était mis en avant depuis le début de leur expédition.

Elle n’était pas bien certaine de vouloir lui parler, honnêtement, les circonstances ne s’y prêtaient pas. Son attitude était à la fois calme et nerveuse au moindre incident, assuré, mais inquiet à la moindre parcelle de paysage que son regard parcourait. L’idée qu’il n’était pas de la milice d’exploration à la base se confirmait dans son esprit. De plus, son regard aussi était trop occupé à parcourir les environs à analyser le moindre bosquet, la moindre flaque de fange qui semblait trop étendue, à mémoriser les arbres qui semblaient prêts à abriter des personnes ne sachant pas se battre.
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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMar 16 Fév 2016 - 19:31
Je sens que le voyage va être compliqué, surtout si cette pluie ne cesse pas. pensa la jeune Baronne en observant les hommes se battre contre le chariot pour le sortir de la boue. Toutefois, la jeune femme fut soulagée de voir le Baron de Sombrebois revenir sans mauvaise nouvelle en plus de celle qu'elle connaissait déjà. Kira continuait de ruminait ses appréhensions et ses doutes alors que chacun reprenait la route. La pluie ne s'intensifia pas, mais le crachin ne cessa pas une seule instant. La jeune femme essaya de tenir une conversation avec le Baron, mais celui-ci devait avoir autant d'appréhension qu'elle, et devais être aussi agacé qu'elle par ce mauvais temps qui n'en finissait pas.

Finalement, il vint l'heure du jour où la Baronne pensa qu'il serait bon de faire une pause et de grignoter quelques vivres. Sentant le moral des personnes être au plus bas, non seulement des serviteurs, mais aussi des gardes et mercenaires. La jeune femme demanda conseil au Baron pour savoir quel endroit serait facilement défendable en cas d'attaque de Fangeux, mais dans ces grandes étendues boueuses, il était difficile de se mettre en sécurité facilement. Finalement, ils optèrent pour un petit village abandonné, non loin. Les bâtissent n'étaient pas très grandes, mais cela suffirait à tenir chaud à la populace, et à se mettre à l'abris de la pluie. Ils prirent possession d'une auberge totalement abandonnée. Les gardes rentrèrent en premier, vérifiant qu'aucun Fangeux, ni aucun vagabond mal intentionné ne se cache dans quelques pièces. Quand finalement, ils furent assuré qu'il n'y avait aucun danger, tous rentrèrent dans la petite chaumière. Heureusement, cela ne faisait pas longtemps qu'elle était abandonné, il n'y avait pas encore de fuites dans le toi, et il y faisait assez chaud pour redonner le sourire à tout le monde. Un rapide feu fut allumé dans la cheminé, et la plupart des femmes et des malades se pressèrent autour. On laissa les chariots et les chevaux dans la cours de l'auberge.

Les deux nobles se pressèrent à une table encore intacte, et invitèrent les deux miliciens à se joindre à eux durant ce coquet repas. Il y avait plus de viande séché qu'autre chose, absolument aucun alcool, tous les vins ayant été vidé durant la soirée, la veille. Quelques soupes furent préparée rapidement et réchauffé par le cuisinier des Haldonores, celui qui avait tant tenu à gardé ses maudites poules, et qui les avait finalement transformé en bouillon de poule. Mais aucun ne rechigna devant ces quelques mets.

"Quel temps!" lança la jeune femme alors qu'elle mâchait une tranche de saucisson assez dure, tandis que la pluie battait son plein à l'extérieur. "Je pense que nous allons attendre un peu avant de reprendre le chemin, ne pensez-vous pas?" demanda-t-elle à ses interlocuteurs.
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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyJeu 18 Fév 2016 - 13:27
« C’est fini pour elle… »
« Ma pauvre petiote… »

Anton flattait du gantelet la jeune laitière, un air un peu désolé sur le visage. De l’autre côté, son propriétaire, un métayer du fief des Haldonores, la tirait vers l’avant, en direction du corps d’auberge. Elle suivait serviablement, et des meuglements plaintifs lui sortaient faiblement de la gueule à chaque fois qu’elle s’appuyait sur sa patte blessée. La vache, qui avait tracté fidèlement une des carrioles de l’arrière-train au côté d’un bœuf solide, avait été victime d’une glissade.

Une pierre traîtreuse, un nid-de-poule ou quelque flaque l’avait prise en embuscade, et la bête s’était ramassée mal. C’était tout comme être mort, d’être boiteux, dans cette situation. Les deux hommes le savaient, et c’était bien penauds qu’ils caressaient une dernière fois la bête à abattre, dont les beuglements sourds sonnaient comme des supplications dans la langue bovine. Ils la câlinaient en guise d’excuses. Ils étaient les derniers de la longue file qui s’était engluées autour de l’auberge, et quand ils furent enfin aux portes du refuge, il ne restait plus que quelques gars occupés à surveiller du coin de l’œil les charriots et les alentours. Et puis, un peu loin, sous un auvent de paille pourrie, les chevaux trônaient, un ou deux palefreniers affairés à leurs soins. Les majestueuses créatures avaient droit, bien sûr, à leur petit coin au sec. Vaches et bœufs devraient se contenter de la pluie qui leur battait le cuir. C’était moins fragile et moins précieux, et surtout tellement moins majestueux. Ca produisait, et après ? Ca n’avait pas les traits racés des porte-cul des princes du monde, les montures de la race des très gentilshommes. Simple bétail, corvéable et taillable à l’envi.

A mesure qu’ils s’approchaient, Anton toisaient les carnes. Son âne bâté, stoïque face à l’intempérie, était à quelques mètres des étalons, qui, occupés à manger le peu que les palefreniers avaient à leur donner, lui tournaient le dos, à l’âne philosophe. Le garde attarda son regard sur le gros cul de ces gros canassons. Il aurait suffi d’équarrir une seule de ces nobles bêtes pour nourrir les gens du pavillon deux jours et ainsi attendre un beau jour sec. Cette histoire de noces, à cette pensée, vint se greffer à son raisonnement et le rembrunit quelque peu. Qu’importe le bétail, on a banquet à Marbrume. Des choses qui ne peuvent souffrir d’être retardées, moqua, amer, Gunof. Et Mabrume comme ses banquets étaient encore loin…

Pourtant c’était si près. A peine quatre heures à cheval, quand la route était correcte et le jour pas dégueulasse. L’affaire d’une grosse matinée. Mais avec la pluie, avec les carrioles, avec les bêtes et les gens, les malades et les blessés, ça pouvait prendre une éternité. Or on n’avait pas une éternité de soleil, dans ces tristes et courtes journées d’hiver. Pas sûr qu’on eût même le temps par temps dégagé. Peste, tous ces pauvres types vont claquer et la baronne s’arrête pique-niquer, réalisa Gunof quand enfin il poussa la porte de l’établissement reconverti en camp. La noble en question le héla et l’invita à rejoindre sa table, et Anton, sans maugréer, se joignit à l’élite.

Quoi ? Sans maugréer, Gunof ? Sans même grogner. C’était un garde méconnaissable, au visage placide et pâlichon, à la démarche éteinte, vaincue, qui tracta sa carcasse amollie par quelque sentiment de désespérance jusqu’au tabouret où il s’affala dans une lourde chute. Il n’avait, à ce moment, rien à dire ou à redire, et se contentait d’entendre sans vraiment parvenir à écouter ou regarder.

Son regard fixe se perdait dans le vague, et si on n’y prenait pas garde, on l’aurait dit contemplatif devant la vision d’un saucisson qui jonchait la table miteuse. Il n’avait pas goût à dévorer quoi que ce soit, et bien que l’habitude l’eût forcé à se remplir la panse, quelque chose l’empêcha de mettre la pogne sur les aliments qu’on lui offrait. Il cherchait encore les mots pour expliquer son départ, sans grand allant. Vouloir tenter sa chance seul parce qu’on se désespérait de l’issue du convoi n’était pourtant pas une déclaration aisée à bien tourner. Aussi se tut-il, sa face lasse et inerte.

Jusqu’à ce que la jeune Kira ne propose de faire une halte plus longue. Le regard d’Anton ressuscita dès qu’il l’eut entendu. Dans l’espoir de quoi ? Pour quoi faire, attendre ? Ils ne gagneraient rien à laisser le temps filer ainsi. Le temps, le Temps, tous ces maudits temps leur étaient contraire, s’attarder, c’était laisser la lumière filer, la seule chose qui gardait encore, et si relativement, les horreurs tapies dans les bois et les marais en respect. Ravivée par un peu de colère, la face d’Anton reprit des couleurs et des formes, pas très jouasses cependant, avant qu’il ne parvienne à se contenir. Quand il s’eut composé une voix et une face vaguement neutres, il cracha ce qui suit :

« Fräulein, si vous permettez, je vais prendre congé de vous. Si la fortune est du côté de myssègue, je parviendrais aux grand’portes sans heurt et annoncerai votre venue. » Il se leva en même temps, avant de mentir. « J’essaierai de ramener autant de renforts que possible à la rencontre du convoi… » Mais ça, il n’y croyait que peu. Il ignorait si, en pressant et seul, il arriverait lui-même avant le crépuscule, et doutait qu’une expédition digne de ce nom pût et voulût se lancer si vite, en pareil temps et menacée par l’obscurité.
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Hector de SombreboisBaron
Hector de Sombrebois



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMer 2 Mar 2016 - 15:23
L'espoir perdait du terrain. C'était indéniable. Les rangs des pauvres gens étaient silencieux et la fatigue et la peur mêlées dessinaient sur leur visages crasseux des expressions de désolation. La baronne invita toute la caravane à une "pause déjeuner". Certes l'intention était louable mais le temps pressait et il aurait sans doute mieux valu manger froid en marchant... enfin... C'était le peuple de Haldonorès - ou ce qu'il en restait - et c'était donc à la baronne de décider. Hector, lui, mangea aussi rapidement que possible sa part du repas.


- Quel temps ! Je pense que nous allons attendre un peu avant de reprendre le chemin, ne pensez-vous pas ? Demanda la baronne.
- Maintenant que nous sommes partis, mieux vaut finir la route le plus rapidement possible. Les fangeux ne nous attendrons pas, bien au contraire, répondit le baron sans ambages.


Mais avant cela, il fallait répondre à Gunof.


- A pied vous n'aurez pas le temps de faire l'aller-retour assez vite... Mieux vaut rester avec nous. Un tien vaut mieux que deux tu l'auras, n'est-ce pas ?... Surtout quand le "tien" est un bon combattant, complimenta le baron.


Quant à Cyrielle, elle semblait, à l'instar de Gunof, bien taciturne. Hector posa sa main sur l'épaule de la milicienne et, d'une voix amicale, lui demanda :


- Tout va bien, mademoiselle Dolwenn ? Vous me semblez... préoccupée ? Je sais que la tâche semble compliquée mais... nous avons, en nos rangs, de fiers et loyaux guerriers. Gardons le moral et nous réussirons.


Il marqua une petit pause pour engloutir sa soupe avant d'ajouter :


- Avez-vous une idée à nous proposer pour améliorer ... nos chances de réussites ?


Les nobles négligeaient souvent les conseils des hommes de terrain. Hector, lui, faisait confiance en ceux qui affrontaient tous les jours les fangeux. La timide Cyrielle attendait peut-être poliment que parole lui soit donnée afin de prodiguer quelques précieux conseils ?






Spoiler:
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Cyrielle Dolwen



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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyJeu 3 Mar 2016 - 22:54
La marche avait continué, un embourbement en avait succédé à un autre, et cette fine pluie brumeuse n’avait pas voulu s’arrêter un seul instant. Malgré les bons conseils du baron et la bonne volonté des conducteurs, la route ne leur facilitait pas la tâche. Il y avait clairement mieux comme présage pour leur voyage. À chaque arrêt, les civils étaient un peu plus inquiets, et les miliciens un peu plus à cran. Le rythme se faisait irrégulier et la tension était palpable. Elle regardait attentivement autour d’elle, alternant marche et petites foulées pour suivre le rythme imposé par les meneurs. Elle n’avait toujours pas échangé avec l’autre milicien, et ce dernier n’avait pas pris la peine de lui rétorquer quoi que ce soit, ce qui l’arrangeait bien. Jusqu’au moment du déjeuner.

Elle avait apprécié l’initiative de trouver un refuge afin de permettre à tous de s’asseoir et de manger chaud. Il aurait été plus efficace de manger froid, à la volée, en marchant, mais un peu de sécurité ne se refusait pas. Tous n’avaient pas le luxe de se reposer sur un cheval qui avançait pour eux, à une vitesse qui les forcerait à trottiner à pied. Elle se joignit à la table des deux nobles après y avoir été invitée et apprécia le plat avec un peu de viande à sa juste valeur. On n’avait pas l’occasion de manger quelque chose d’aussi consistant et nourrissant pendant la grande majorité des expéditions. Pourtant, la première phrase de la baronne ne lui plut pas du tout, immédiatement suivie par l’annonce de l’autre milicien qui souhaitait se substituer.

Il ne fallait surtout pas qu’ils restent ici. Ils étaient bien plus exposés qu’ils l’auraient été dans le bourg De Haldonores. Ils ne connaissaient pas l’endroit, et ce qu’ils percevaient désormais comme un abri, pourrait rapidement devenir un traquenard. Les conditions dans lesquels ils effectuaient leur voyage étaient très loin d’être agréables, mais ils avaient décidé de partir malgré tout, alors pourquoi vouloir s’attarder maintenant qu’ils étaient en chemin. Heureusement, De Sombrebois avait profité de sa notoriété pour exprimer ce point de vue. Il ne fallait pas qu’ils s’attardent trop ici. Il en avait aussi profité pour arrêter Anton dans ses intentions, glissant une petite flatterie au passage. L’opinion positive qu’elle avait du baron l’empêchait de considérer qu’il ne l’avait exprimé que pour se montrer plus convaincant.

Avis qui se retrouva renforcé lorsqu’il s’intéressa à elle. Elle était contrariée des attentes soudaines qu’il plaçait sur ses épaules, en plus de sa main, mais soit. Il s’était montré un peu rassurant, même si ça n’avait pas eu de réel effet sur elle. Elle n’arrivait pas à cerner comment se comporter avec la baronne. Son comportement habituel était mis à mal par l’intervention que lui demandait Hector, et son expérience lui hurlait de rester la plus prudente possible au sujet de ce qu’elle allait exprimer. Concrètement, elle n’avait absolument aucune idée à leur proposer qui résoudrait leurs problèmes. Elle ne pouvait pas influencer la météo, ni l’état des chemins, ni quoi que ce soit qui pourrait leur assurer de ne pas faire de mauvaise rencontre.

✧ À part se préparer à combattre, j’ai peur qu’il ne reste pas grand-chose à faire.

Elle ne voulait pas dire qu’à cause du manque d’autorité de Kira, elle jugeait qu’ils étaient trop chargés pour avancer assez vite. Éclairer leurs alentours sous la pluie n’était pas simple et les torches ne tiendraient pas bien longtemps. Il y avait bien trop de risque de faire bruler une carriole par mégarde par rapport aux avantages qu’ils pouvaient en tirer, les fangeux ne se laissaient pas stopper par si peu. Elle avait fini son assiette de soupe, observant attentivement la réaction de l’autre milicien à la demande d’Hector, même si c’était un ordre plus qu’une demande.

✧ Il ne faut pas trainer ici, s’ils encerclent le lieu avant qu’on sorte… La situation risque de se compliquer.

Elle s’était levée en disant ça, rejoignant Anton, échangeant un simple coup d’œil avec lui, décidant d’aller surveiller la porte en attendant qu’ils se préparent tous à repartir et rassemblent ce qu’ils avaient déballé pour manger. Elle était sortie peu après, fuyant la situation plus qu’autre chose, ce n’était pas à elle de prendre ce genre de décisions. Elle soupira un instant, décidant de faire le tour des établissements pour être certaine qu’aucun fangeux ne s’était glissé dans les alentours pendant leur pause.
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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMar 8 Mar 2016 - 19:30
Kira regarda ses interlocuteurs donnaient leurs avis les un après les autres. La Baronne ne fut pas surprise que ce soit le milicien Anton Gunof qui réponde le premier. Toujours avec son accent étrange qu'elle n'arrivait pas à comprendre très clairement. Cette homme savait mettre en garde, mais pour ce qui était de conseiller ou de donner des solutions, il était médiocre! Enfin... La jeune femme commençait à fatiguer aussi. Cela faisait des semaines qu'elle ne rêvait que d'une chose: retourner à Marbrume. Rester enfermer dans ce maudit Pavillon n'avait pas arrangé son caractère. Mais la dame ne fit acquiescer aux paroles du milicien... Un de plus ou un de moins, ils n'étaient plus à ça près. Et puis, de ce qu'elle en savait, il n'était pas venu pour aider Kira et son petit peuple à la base, alors qu'il parte pour aller chercher de l'aide ou pour autre chose... Cela revenait au même pour elle.

Hector ne fut pas mieux dans les propositions. Mais lui aussi pensait qu'il n'était pas recommandait de rester plus longtemps dans la bicoque de fortune où ils s'étaient réfugier. Quand à la jeune milicienne que la Baronne connaissait très peu, elle souffla presque qu'il fallait se préparer à se battre. Un frisson parcouru le dos de la jeune femme, mais elle n'y pouvait rien. Elle avait combattu et commandait ses gardes pour survivre aux Fangeux pendant deux mois. Qu'est-ce que cela devait être pendant quelques heures? Rien! Et pourtant, elle ne voulait pas, elle redoutait ce moment plus que tout. Ici? Ce battre contre ces bêtes? Il en était hors de question.
Les deux miliciens partirent monter la garde pendant que la troupe au complet finissait de manger le peu de vivre qu'ils avaient à disposition. Il ne serait pas sage de faire un second arrêt... que ce soit la nuit ou la jour, qu'il pleuve ou qu'il neige. Les vivres qu'ils restaient ne pourraient pas les faire tenir très longtemps sur la route et à ce rythme. La Baronne regarda l'ensemble de ses gens et constata qu'ils étaient peut-être à bout, fatigué, boueux et le regard vide, mais ils souriaient devant leur petite pitance. Mais ils n'avaient pas conscience du danger qui pesait sur eux tous.

"Très bien. Vous avez raison Baron. Comme les autres d'ailleurs. Nous repartons." lança la jeune femme, exténuée, mais résolue à arriver à Marbrume avant le couchée du soleil.

Kira alla voir son capitaine qui finissait une miche de pain. Elle lui donna l'ordre de réunir tous le monde, qu'ils devaient partir au plus vite. La Capitaine obéit immédiatement. Puis la Baronne retourna à l'extérieur et alla inspecter les chariots et les chevaux pendant que tous le monde se préparer à repartir. La fatigue était palpable, la pluie rendait les nerfs tendus. Pourtant, Kira savait qu'il n'y avait pas d'autres solutions.
Après avoir fait sa petite inspection, elle alla voir le milicien Gunof, se planta en face de lui. Il avait toujours la mine aussi sombre, mais Kira l'avait encore plus. De plus, elle pouvait comprendre le comportement du milicien. Il s'était fait emporter dans une opération dont il n'avait même pas conscience.

"Anton, si vous désirez partir, que cela soit pour nous aider, ou pour votre propre sécurité, je vous le permets. Vous m'avez donné votre parole que votre épée me servirait, ce fut le cas. Mais vous avez été emporté par quelque chose dont vous n'étiez même pas au courant. Je ne vous en voudrez pas si vous partez." expliqua la jeune dame qui avait les cheveux humides et dégoulinant d'eau de pluie, cela donnait un air un peu terne à sa chevelure de feu. "Toutefois, avant de prendre congé de nous, pourriez-vous m'aider à remettre une roue d'un chariot dans son axe?"

La jeune femme savait parfois être un peu excessive. Mais elle savait aussi ne pas abuser des gens quand il le fallait. Qu'Anton parte devant, mais qu'il ne parte pas sans avoir fait un acte positif, que la Baronne ne lui en veuille pas jusqu'à sa mort... Ou jusqu'à ce qu'elle se fasse bouffer par un Fangeux.
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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyLun 14 Mar 2016 - 10:30
Les compliments ne purent pas arrêter le garde. Ils le ranimèrent même. « Je suis sacré marcheur, baron, croyez pas ! Et puis au pis… y’a les carnes… » il ajouta la seconde réplique de façon plus froide. Sa détermination était cependant là, et sa mine sombre se renfrognait de deux sourcils froncés. La décision de la jeune rousse n’arriva cependant pas, et la conversation changea de sujet, replongeant Anton dans un mutisme songeur. La décision fut prise de continuer le chemin au plus vite. On s’enfila un dernier bout de nourriture et vida le refuge de fortune.

Ce ne fut que plus tard, tandis qu’Anton flattait sa mule, près des écuries, que la baronne le prit entre quatre yeux. Elle tirait une tronche pas possible, se dit-il, un peu interpelé qu’elle lui fasse enfin savoir sa présence. Ils se fixèrent avec leur regard pas jouasse respectif et puis elle prit la parole. Elle lui donnait, finalement, son congé ! Bien après la demande, après l’avoir laissé macérer dans son jus, et en énonçant quelque soupçon de couardise à son propos. Il voulut protester, un moment, mais ça n’aurait servi à rien. Il se contenta de continuer à lui présenter une figure vaguement hostile, se gorgeant peut-être une dernière fois de ces émeraudes perçants qui lui servaient d’yeux. Ca serait honte qu’y disparaissent aujourd’hui, pensa-t-il, un curieux élan de blanche chevalerie le prenant soudain, motivé certes pas un plus grand élan libidineux face à la vision de cette petite gaupe de baronne. Malgré la pluie qui avait battu ses beaux habits et sa chevelure flamboyante, elle restait un sacré châssis.

Son ultime demande le sortit de ses songeries. Comment ça, aider à remettre une roue ? Ses yeux se rétrécirent, cauteleux. Il ne comprenait pas la commande. N’avait-elle pas à disposition des dizaines de pécores mieux capables de s’acquitter d’une telle corvée ? Et surtout, pourquoi l’astreindre à une telle corvée ? Demander un travail manuel à un homme du duc, pour quoi faire ? Il crut percevoir que la question était un pas en avant qu’elle lui faisait, mais son esprit de contradiction et son complexe d’infériorité tapèrent plus fort. Il chercha un instant à bien formuler son refus, histoire que la dernière chose qu’elle entendît sortir de sa bouche ne fût pas une négation péremptoire et moqueuse. Mais à mesure qu’il faisait une belle phrase, qu’il ornait un beau prétexte, parlant du retard qu’il prendrait, de sa mule qu’il devait confier, de ses bottes qu’il devait mieux remettre, il se sentit honteux. C’était rien qu’une dernière pique, qu’elle lui jetait, la garce ! Elle voulait rien que l’humilier un petit coup avant qu’il parte, la mort dans l’âme. Son visage se durcit un peu plus, ses yeux sombres se plantèrent dans les siens comme de sales poignards. Pouvait-il aider à jouer le charretier ?

« Nonp’. » Il releva le menton, par défi, et tourna casaque plus pour marquer le refus que pour se diriger vers une quelconque affaire en souffrance. Son regard accrocha la jeune milicien, sise non loin, et bien qu’il lui cuisait de même converser avec la ribaude, il la rejoignit d’un pas décidé. Son visage n’avait pas fini de perdre sa dureté quand il prit la parole. « Je prends mon congé de quoi que ce soye qui se passe ici. Elle peut s’occuper de mon mulet, hum ? » Et n’attendant aucune réponse de la part de Cyrielle, il l’informa, impérieux, de l’adresse de son cantonnement, où il fallait livrer la bête de bât, sûr qu’il était que la bougresse ne moufterait pas face à un supérieur. Même si ce n’était pas comme ça qu’on faisait.

La petite conversation terminée et une fois qu’il fut assuré que la baronne vaquait à d’autres occupations, il partit à la recherche de Sombrebois. L’homme d’armes, dans cette compagnie de femmes, trouvait dans la stature du fort baron quelque chose de rassurant. Un partenaire de confiance, qui comprenait les tenants et aboutissants de la traversée. Il lui fit savoir son départ et précisa. « C’est guère probab’ que la garde détache des escortes pour ce grand troupeau… Je vous ai vu des cors, messire, je peux que vous conseiller de vous aviser des hommes que vous serez prêt à sacrifier. Un cavalier qui souffle dans l’olifant, y pourrait en sauver des dizaines d’autres, s’il a les couilles de mourir héros… » Et ça pourrait éviter une nouvelle affaire Sarosse devant la grand’porte… Sur ce conseil creux en guise d’adieu, Anton hocha de la tête pour confirmer ce qu’il venait de dire, jeta un dernier regard au baron et alla disparaître dans le creux de la colline, en direction de Marbrume.


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MessageSujet: Re: Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton]   Un voyage au retour aux sources [Hector/Cyrielle/Anton] EmptyMar 15 Mar 2016 - 12:11
Le repas fut rapidement terminé. Tous étaient d'accord pour dire que s'attarder là serait une grande erreur. Par contre, Hector fût bien ennuyé de voir partir Gunof. Ce coutilier, au combat, valait bien deux miliciens de base. Sachant qu'un milicien valait bien deux hommes du peuple, et qu'un homme du peuple valait bien deux femmes... Hum, oubliez ça. Mais tout ça pour dire qu'Hector était bien déçu de perdre un valeureux combattant sans même qu'il ait eu le temps de tuer quelques fangeux... Avant qu'il ne parte, le coutilier lui chanta quelques louages à l'oreille. Le baron ne les comprit pas tous mais il lui répondit tout de même :



- Anton, je ne suis pas le maître, ici, je n'ai pas de plan. Tout ce que je sais, c'est que partir comme tu le fais n'augure rien de bon...


Et rapidement Anton parti, solitaire, en direction de Marbrume. Le coup au moral était important pour le baron. Il s'approcha de Cyrielle et posa la main sur son épaule.


- En vous demandant de venir ici, je ne souhaitais pas vous envoyer à la mort. Aussi, n'hésitez pas à quitter le convoi quand bon vous semble. Sauvez votre vie dès que vous le voudrez...


Voyant que des gens avaient réussi à fixer la roue du chariot, il reprit sa place en tête de convoi, aux cotés de la belle Kira. Il prit une longue inspiration pour se donner du courage.


- Madame la baronne, je prie pour que la Trinité soit de notre coté. Par contre, si d'autres incidents sur des chariots se produisent, je crois qu'il faudra abandonner les affaires que l'on transporte et continuer à marcher. Nous ne pouvons perdre plus de temps. Il faut absolument arriver à Marbrume avant le nuit.


Lorsque le convoi reprit sa lente marche en avant, Hector se sentit nerveux. A cette vitesse, ils avaient peu de chance d'atteindre la cité refuge avant la nuit. Commandant à Gris-Poil de faire demi-tour, le baron alla voir en fin de cortège s'il n'y avait pas moyen pour faire accélérer le convoi. Il y avait bien trop de marchandise, d'animaux d'élevage.
Cette caravane était trop lourde, trop encombrée... Un homme marchant seul allait deux fois plus vite que cela... Hector fixa un regard plein de détresse vers Cyrielle. Comprenait-elle l'idée qu'il venait d'avoir ? Il lui fit un sourire d'encouragement et retourna auprès de la baronne.


-- Kira, ne pourrions-nous pas laisser les marchandises et les bêtes ici ? Nous sommes trop lent. Tout cela nous encombre et nous ralenti. Je pense qu'il faudrait accepter de perdre tout cela pour ne pas perdre la vie...


Encore une fois la décision appartenait à la baronne mais, alors qu'une éclaircie apparaissait au loin, le baron était persuadé qu'il était plus raisonnable de laisser là tout ce qui ralentissait le peuple d'Haldonorès.
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