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 Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyJeu 5 Mar 2020 - 15:19
Le contact de ses mains sur moi est tellement intense…Sous ses doigts, il pourra sentir toute la maigreur de mon visage, les os saillants de mes pommettes, toute l’humidité dues aux larmes que je ne cesse de verser en silence. Les dieux seuls savent à quel point j’ai prié pour ressentir à nouveau ceci, rien que ceci, ce geste-là. Rien que celui-là. Si proche de lui, mon front contre le sien, je sens mon cœur ralentir sa cadence chaotique et s’apaiser, les yeux fermés. Je l’écoutais bien sûr, je me laissais totalement bercer par sa voix profonde et grave, si douce musique à mon cœur. Quand il se redressa, de toute sa taille, je me rappelai alors à quel point il est immense. Je suis si petite face à lui.

Son pouce qui caresse ma joue me rappelle cette balade à cheval, puis ces confessions devant mon feu, tous ses gestes d’une tendresse absolument délicieuse. Comment peut-il dire de pareilles choses…Je le reprends, en douceur, posant ma main sur son bras, autant pour me soutenir que pour être plus proche de lui. L’évocation des Gorlois, morts comme les porcs qu’ils élèvent, ne me fait absolument rien.

- Tu as fait ce que j’aurais du faire dans cette clairière…

Il ôte sa main. Je la lui reprends, pour la replacer au même endroit. Je faisais allusion à cet événement qui a précipité notre rencontre. J’étais à deux doigts de me faire justice seule. Une pierre placée sur mon chemin m’en a empêchée, malheureusement. Si j’avais continué sur ma lancée, cela m’aurait épargné des souffrances. Tellement de souffrances. Ma main posée sur la sienne, je le guide jusqu’à une petite cicatrice en forme de croissant de lune sous mon œil gauche. Je prends le bout de ses doigts pour qu’il comprenne et les pose sur cette marque récente.

- Ils ont fait en sorte que même les petits enfants me jettent des pierres au visage. Si cela n’avait pas été toi, j’aurais fini par le faire toute seule…Je les aurais empoisonnés. Ou j’aurais empoisonné leur bétail.

Je ferme à nouveau les yeux, inspirant longuement, pour calmer mon estomac qui protestait contre toutes ces émotions violentes.

- Je crois que tu me surestimes beaucoup trop. Tu crois que je suis toujours la même, Jehan ?

Je rouvre les yeux et les fixe sur son visage fatigué. Peut-il seulement imaginer à quel point mon esprit est devenu aussi tordu que le métal pliant sous les coups ardents du forgeron ? Croit-il sincèrement que je suis restée la douce et gentille Flore des faubourgs, celle sur qui on marche, celle sur laquelle on s’essuie les pieds, et qu’on abandonne dans un coin ? Bien sûr que non. J’ai du faire des choses dont je ne suis pas fière, j’ai du mendier, j’ai du supplier, j’ai du vendre les quelques objets personnels que j’avais pour avoir de quoi manger. Les abandons successifs, les journées de solitude, les promesses non tenues…tout cela a forgé quelque chose en mon esprit. Un redoutable esprit de vengeance. A l’évocation de la mort des porchers, j’ai même un sourire satisfait.

- Tu étais déjà un homme de guerre, un homme avec du sang sur les mains quand je t’ai rencontré. Tu as fait ce qu’il fallait, ça ne fait pas de toi un homme meilleur ou mauvais. Ça fait de toi un homme juste.

Il baisse la tête, honteux. Pourquoi ? Pourquoi ressentir de la honte alors qu’il n’a fait que le bien ? Mes genoux tremblent, l’effort est intense, tout comme l’est ce moment et mon corps n’est pas prêt pour cela, je le sais. Timidement, je lâche sa main avant de franchir le pas qui nous sépare et de nouer mes bras autour de lui, sans dire un seul mot. Les yeux clos, j’inspire alors cette odeur qui m’avait tant manquée, tout autant que le bruit sourd de ce cœur puissant qui bat à une vitesse folle. Je ne désire rien de plus pour l’instant qu’un contact. En douceur. Juste ça. Le reste, les discussions, les retrouvailles, les sourires plein de joie et ses blagues douteuses devront attendre. Je ne désire que son contact. Rien de plus.

- Nous sommes deux monstres, chacun à notre façon, alors.

Je le serre plus fort contre moi, réellement apaisée pour la première fois depuis des mois. Depuis sa chemise à laquelle je m’accroche, je murmure alors :

- Ramène moi à ma chambre, s’il te plaît…Je…Je ne tiens plus debout et j’ai mal partout…
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyJeu 5 Mar 2020 - 17:34
Malgré ses dires, Jehan est certain qu’elle ne pourrait prendre une vie sans regret. Bien entendu la haine était une arme suffisamment forte pour s’en prévenir un temps. Et les trois savaient que Flore pouvait en avoir à revendre contre cette famille de brutes. Il ne doutait pas qu’un jour elle aurait franchi cette limite, tout le monde en était capable, ne serait-ce que pour sa propre survie. Mais un jour ou l’autre, elle aurait eu honte de son geste, rien que pour l’amour des soins qu’elle s’était promis de prodiguée.

Il caressa doucement la peau sous cette petite cicatrice lunaire. Même si elle n’avait pas existé avant, elle ne l’enlaidissait pas, pas plus que sa perte de poids notable.
Elle était simplement une marque visible de ses souffrances trop longtemps contenues, a l’image des cicatrices qui lui parcourait le dos. Il ne la contredit sur aucun point, même si certain ne le convainquaient aucunement. Mais ni lui, ni elle, n’étaient en état de débattre sur la moralité de leurs âmes. Surtout pas elle.

Il la sentait faiblir de seconde en seconde. Elle puisait trop dans des ressources déjà bien rare. Il se perd dans la douceur de son étreinte encore quelques formidable secondes et obtempère. Glissant un bras sous ses jambes, il la soulève comme si elle n’avait rien pesée. Ce qui n’était pas si loin de la vérité à cet instant. La gardant bien contre son torse large, il quitte la pièce et remonte le grand hall uniquement éclairé par la lune à travers de vastes fenêtres. Ses pas les amènent en haut de l’escalier. La porte de sa chambre est ouverte, et il s’y engouffre avec précaution.

D’Irène, il ne reste plus trace. Ni robe, ni bijoux ni comtesse. Le couteau près du lit a disparu, pas la tasse. Seule une vague odeur de violette dont elle se parfume indique qu’elle est passée par ici peu de temps auparavant.
Le capitaine repose sa compagne sur son lit et remonte le drap replier sur son corps. Pas un instant, leur contacte ne cesser. Actes inconscients ou délibéré, mais leurs doigts se séparent sur une main, les deux autres se retrouvent avec un calme empressement. Il l’installe assez haut sur les coussins pour qu’elle puisse boire et se saisit de la tasse. Plus question de remettre cela à plus tard, son corps a besoin de repos et d’énergie, le liquide doux-amer lui donnera les deux.

-« Il faut boire. »

Il dépose la tasse dans sa main et accompagne son geste pour la porter à ses lèvres. Il la laisse bien sûr gérer le rythme de l’absorption, mais insiste avec douceur pour qu’elle boive tout son contenu malgré ses grimaces. La tasse retrouve sa place une fois vide. L’engourdissement salvateur ne devrait plus tarder. A genoux près du lit, il ne lâche pas ses mains. Sans pour autant les écraser, il ne peut se priver de ce contact tant espéré et retrouvé.

-« Tu vas avoir besoin de beaucoup de repos, et Irène t’épuisera sans aucun doute tout de même avec ses trop nombreuses activité. Si… »

Il hésita un instant, cherchant un moyen de paraître moins désespérer de sa réponse. Il n’y en avait pas à première vue.

-« Si tu le souhaites, nous pourrions aussi passer du temps ensemble, autant que tu le voudras bien. Mais il te faut dormir à présent, je veillerais sur ton sommeil.»

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyJeu 5 Mar 2020 - 20:55
Dans ses bras, tout le temps que dura notre parcours jusqu’à cette chambre, blottie tout contre lui, je ne pus m’empêcher de sourire, un peu. Je retrouvais avec un ravissement fatigué son odeur, la franche vivacité de ses muscles que je sentais bouger sous moi, les battements d’un cœur, ce son que j’aime tant. C’est étrange, cette façon qu’à l’esprit de se rappeler de minuscules détails. A peine le temps de retrouver un peu de ce que j’ai tant aimé qu’il faut déjà se séparer à demi. Je suis réellement épuisée, je sens mon corps se vider de son énergie très rapidement, comme si j’étais atteinte d’une de ces longues maladies d’hiver qui vous font garder le lit, avec une tisane chaude et des tas de couvertures pour couper les grelottements systématiques. Je n’ai pas faim, je suis fatiguée, très fatiguée.

Il est d’une calme prévenance envers moi qui ai la grâce et la combattivité d’un poids mort. Ces herbes que je prends depuis si longtemps ont fait des ravages, je le sens dans mon corps qui en est privé depuis des heures. Un manque terrible, physique, s’est installé et la douleur de ne pas recevoir ce à quoi il est habitué est terrible. Toutefois, la potion préparée par Irène et abandonnée sur la table de chevet comble un peu cette sensation atroce, même si le goût est parfaitement horrible. Je ne parviens pas à en distinguer les composants, il faudra que je pose la question à Irène. Demain. Ou après. Quoiqu’il en soit la tasse est vide et je m’affaisse, le front en sueur, à nouveau, dans ce lit si confortable. Une douce langueur apparaît, alors que je caresse du pouce la main de celui qui n’a jamais quitté mes pensées pendant ces longs mois. C’est un peu…comme vivre un rêve éveillé, en mieux.

- Irène…Elle a dormi avec moi. Quand je l’ai vue à mon réveil, je n’ai pas osé la réveiller, elle avait l’air si…fragile. Je suppose qu’elle a préféré rejoindre sa chambre…Je ne sens pas très bon, après tout.

Serrant les doigts de Jehan avec douceur, je tourne la tête vers lui, le regard trouble. J’ignore ce qu’il y a là dedans mais je sens le sommeil poindre. Je luttais, de toutes mes forces, pour garder son visage devant mes yeux, j’en eus même un mouvement léger de panique.

- Tu pars pas hein ? Tu restes ?

Je ne compris pas vraiment ce qu’il voulait dire par les « activités » d’Irène, mais peu importe. La comtesse d’argent peut demander ce qu’elle veut, il sera temps d’en discuter quand j’irai mieux, pas avant. Le front orné de cheveux collés, les paupières lourdes, je dis dans un souffle :

- Pars plus…S’il te plaît…On passera du temps ensemble…tu as…

Impossible d’en dire davantage. L’obscurité a envahi mon esprit et a vaincu ma volonté.

Je m’endors, plongée dans un sommeil profond et réparateur.

***
**
*

Trois jours ont passés. Trois jours terriblement difficiles malgré les bons soins de la comtesse et la présence rassurante de Jehan. Les douleurs se sont estompées, lentement. Les suées se firent de plus en plus rares. Je n’ai pu prendre un vrai repas, léger, que le surlendemain de tous ces événements. Je me sentais beaucoup mieux, nettement mieux même, assez en tout cas pour me lever sans aide et pour faire quelques pas dans cette chambre, après avoir mangé un peu de pain et bu un peu de lait.

Aujourd’hui, quatrième jour, je voudrais me rendre dans un endroit qui a toujours éveillé ma curiosité et ma fascination, les jardins. Je n’ai jamais vraiment pu m’y rendre et je compte demander la permission à Irène quand elle sera levée. En ce qui me concerne, je suis assise dans mon lit, à démêler mes cheveux avec les doigts, rebutée par mon apparente négligence corporelle. La suée exsudée par ma peau était particulièrement odorante, infecte et mon nez délicat m’indiquait là qu’il n’y avait rien de bon dans ce que je buvais ou, à tout le moins, que j’en buvais bien trop. Il est bien possible que la comtesse m’ait sauvé la vie. En a-t-elle conscience ? Si ce n’est pas le cas, moi, j’en ai conscience et je compte la remercier à ma façon.

L’aube est proche, j’entends les oiseaux chanter et je vois le ciel se teinter de rouge, là bas à l’horizon, par les grandes fenêtres de cette chambre. Un spectacle rare, dont je ne me lasse pas, regardant les nuances changer à chaque seconde, tandis que je passe mes doigts dans mes cheveux, les jambes croisées en tailleur sur le lit, pensive.

C’est une belle journée qui s’annonce.

Que faire ? Attendre ? Je regarde la porte. Je n’entends aucun bruit. Je me regarde, et hausse les épaules, avant de prendre le drap qui couvre le lit et de m’en couvrir, pour rejoindre le couloir, pieds nus. Le couloir est vide de monde, il n’y a personne. C’est toujours un peu angoissant, mais qu’importe. Je cherche une porte en particulier. La plus belle, en fait. La noble dame est toujours là à mon réveil, veillant avec patience sur moi. Or, arrivée devant ce que j’imagine être sa chambre, je vois la porte légèrement ouverte, les fenêtres laissant la même lueur rouge s’infiltrer dans la pièce, le lit défait. Pas d’Irène. Je n’osais entrer, me bornant à faire ces constatations depuis le pas de la porte, emmitouflée dans ma couverture.

- Irène ?...

Osai-je d’une toute petite voix.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 0:34
Irène finit les comptes de son atelier de couture tard dans la nuit. Une pile conséquente de feuille de calcul, certaine raturée au point au point d’en perdre toute cohérence. Incorporer les chaines de production de la famille Sombrelune n’avait pas été de tout repos et provoquait encore régulièrement des remous dans sa comptabilité. Elle soupira et s’appuya contre le dossier de sa chaise pour constater que son dos était plus dur et nouer que le bois.
Il était tant de dormir un peu, au moins quelques heures. Flore se remettait vite, même si la comtesse continuait de veiller au grain. Une fatigue soudaine pouvait si vite arriver. Le remède faisait son effet, et Jehan passait la majeure partie de son temps dans sa chambre à la veiller ou lui faire la conversation. Sans doute la journée de demain serait-elle une bonne occasion de lui fournir un peu d’activité.
L’ennui pouvait être aussi néfaste que l’abus d’activité lors d’une période de convalescence. Le remède qu’elle lui administrait semblait aussi efficace que prévu, mais ne faisait pas non plus de miracle. Il fallait maintenir Flore dans sa volonté de guérir pour qu’il soit utile.

Elle quitta le bureau devenu totalement siens suite à la mort de son époux et passa rapidement devant la porte de la salle d’eau, accrochant le torchon rouge qui pendait à la boucle. Indiquant par ce signal à Alice qu’elle souhaitait que le bain soit prêt et chaud pour son réveil. Le code couleur, qu’elles avaient mit en place toute les deux, marchait à la perfection. Elle pouvait lui indiquait sans effort l’heure et la température qu’elle souhaitait sans avoir besoin de réveillée ou dérangée celle-ci dans ses activités.
Elle gagna sa chambre d’un pas las. Elle avait fait changer les meubles, les tapisseries, les couvertures, les tableaux. Plus rien dans cette pièce ne datait de l’époque où elle était encore mariée. Alors elle parvenait enfin à y dormir. Elle ôta la broche d’obsidienne taillée qui retenait se cheveux et s’effondra sur le lit, sans même prendre la peine de se dévêtir. Le sommeil la happa la seconde suivante.

Elle s’éveilla avant l’aube, les premières lueurs teintant le ciel de rose. Mauvaise idée que d’avoir dormie habillée, mais mieux valait cela que ne pas dormir du tout. Elle se redressa les yeux embués et s’étira dans un grognement fort peu distingué pour une dame. Elle défit sa tenue et la disposa avec précaution sur une chaise, histoire de ne pas se faire tirer les oreilles par Alice. C’était étrange d’être à la fois la maîtresse des lieux, et d’être traitée comme une enfant capricieuse quand elle ne prenait pas soin de ses affaires. Mais c’était pour cela qu’elle aimait la bonne femme. Elle ne changeait jamais de caractère juste pour lui faire plaisir.
Irène enfila une chemise trop grande pour elle qui lui tombait jusqu’aux genoux. Cela serait bien suffisant pour se rendre à la salle d’eau. Elle s’observa un instant dans le miroir de plein pied et remercia les trois de ne pas s’être maquillée la veille.

Une petite voix fluette murmura son nom par-delà la porte entrouverte, si légèrement que la comtesse se demanda si elle ne l’avait pas purement imaginée. Mue par le doute elle vérifia tout de même. Elle ouvrit grand la porte pour découvrir Une flore toute de drap vêtue et ne put s’empêcher de laisser sortir de ses lèvres un rire cristallin. Avec son allure, les cheveux noirs mais mal entretenu, la grande toile blanche recouvrant son corps et ses traits encore fatigué même si sous la saleté due à ses suées on pouvait la voir reprendre des couleurs.

-« Vous me faîtes pensées à la dame blanche qui vient croquer les enfants qui n’ont pas été sage ma chère ! Vous avez bien dormi ?»

C’était dit sans méchanceté aucune, d’ailleurs son sourire n’avait rien de moqueur, mais plutôt affectueux. Elle s’approcha un peu plus et plissa le nez. Il était temps que le corps de Flore subisse le même traitement que son organisme, un bon récurage.

-« Vous tombez pile, nous allons au bain ! »

Sans hésitez elle lui prit la main et l’entraina à sa suite, sans presser le pas pour ne pas l’essouffler.

-« Je pense que cela va être une belle journée, peut-être pourrions nous déjeuner dehors aujourd’hui, qu’en pensez-vous ? L’air matinal est agréable et bon pour l’esprit. »

Elles parvinrent devant la salle de main et Irène entra sans lui donner d’occasion de protester. Elles avaient toutes deux besoins d’un bain bien chaud. La première pièce était destinée à se changer, pour qu’Alice, ou une de ses servantes puissent récupérer les affaires sales sans perturber les ablutions de la personne présente. Une fine couche de brume occupait l’endroit donnant un agréable avant-gout de la chaleur humide de la pièce suivante.

-« Allons allons, débarrassez-vous de votre cape et de votre chemise Flore. Des chemises de bains sont posée sur le meuble derrière vous si vous en avez besoin. Mais rien n’a besoin d’être dissimulé ici. »

Sans hésitez elle déboutonna le haut de sa tenue et la fit passer par-dessus sa tête avant de la jeter négligemment dans un bac non loin. Elle n’avait aucune honte à se tenir ainsi aussi nue qu’à sa naissance devant Flore. Tout juste pouvait-elle ressentir un fourmillement pas réellement désagréable remonter le haut de son dos face à tant d’audace.
Tant de chose avaient changées depuis qu’elle avait partager cette salle de bain avec la jeune milicienne. Elles avaient à peine osé se regarder du coin de l’œil à l’époque. Elle était tellement plus libérée aujourd’hui. Ombeline n’y était pas étrangère. Le sang qu’elle avait fait couler non plus. Était-ce pour le meilleur ou pour le pire ?

Elle reprit la main de Flore quand celle-ci fut prête. Une grande baignoire de bois circulaire trônait au centre occupant la majeure partie de la pièce. Un rebord y était amarré sur lequel était disposaient des brosses, de morceaux de savant, et des pétales de fleurs pour se parfumer. De la fumée sortait de sous le meuble, indiquant que des braises avaient été disposée pour garder la température idéale. Un petit escabeau permettait d’y entrer, Irène précéda son invitée en lâchant un soupir d’extase tandis que ses jambes s’enfoncées jusqu’à la taille dans l’eau chaude.
Elle se retourna et tendit la main pour aider Flore à faire de même. Alors qu’elle terminait son immersion elle demanda.

-« Alors Flore, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? »



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 11:34
Le rire d’Irène me fait constater mon état. Je me regarde, gênée, et finit par gratter ma tête, un peu angoissée. Les dernières nuits ont été rudes pour mon corps et on dirait que…cela se voit. Jehan ne m’a rien dit. Irène, elle, ne s’embarrasse pas de scrupules et dit clairement les choses. En gros ? Je pue comme jamais. Et j’ai l’air de ces paysannes que je soignais parfois et qui n’ont absolument aucune estime d’elles-mêmes. Je ne peux que m’envelopper un peu plus dans mon drap, honteuse. Irène, elle, est toujours belle et sent toujours bon. Après, pour ma défense, elle n’a pas eu à purger son corps de choses dégoutantes.

- Je me suis éveillée tôt…Je voulais voir le soleil se lever, je ne vois jamais cela depuis ma maison.

J’allais demander si sa nuit avait été reposante mais elle ne m’en laissa pas le temps. Je haussai un sourcil de surprise à l’évocation d’un bain. Un. Bain. Je ne me rappelle plus de quand datait ma dernière totale immersion dans de l’eau. L’idée est absolument séduisante, évidemment. Je pourrai ainsi cesser d’être dégoutée à chaque fois que je fais un mouvement. Je déteste être dans cet état-là. Avec une vivacité qui me désarçonne un peu, elle m’entraîne à sa suite en évoquant un déjeuner à l’extérieur.

- Justement…Mpfff…Pas si vite…Pfiou…Je voulais vous demander…si vous me donneriez un accès à vos jardins. Je meurs d’envie de le regarder de plus près…Il y a ici des plantes dont j’ignore tout, je le sais…

Et déjà nous arrivions devant la salle d’eau dans laquelle elle me fit entrer sans la moindre hésitation. Je n’ai jamais vu cette pièce, je la découvre avec un brin de circonspection. Posséder un tel équipement me laisse rêveuse. Si je possédais au moins une cuve, pour mes patients…Haha. Mais quels patients, au juste ? Je n’en ai plus. Et ce n’est pas le massacre des Gorlois qui va arranger quoi que ce soit. Ma disparition des faubourgs conjuguée à ces meurtres vont immanquablement faire parler les gens. Un frémissement s’empare de ma personne à l’idée qu’on puisse m’attribuer ces crimes. Je me rappelai ensuite que pendant que Jehan s’occupait de régler leur compte à ces deux brutes, j’étais à la chope sucrée, à profiter un peu de la vie. Quant à Jehan, nul doute qu’il a agi en professionnel et qu’il n’a laissé aucune trace pouvant mener à lui. Quelque peu rassérénée, je reporte mon attention sur la pièce embrumée jusqu’à ce que Irène, sans la moindre hésitation, se défasse de sa chemise, juste sous mon nez, là, pile devant moi. Par pudeur, je détourne le regard, évidemment. Voir une femme nue, en tant que patiente, ne me pose pas de souci, mais là…enfin…c’est Irène tout de même. J’ai quand même eu le temps de voir toute la beauté de cette femme, en entier. Ce qui me fait me regarder. Par les Trois…Je suis ignoble. Que va-t-elle penser ???

- J’ai des choses à cacher, moi, Irène. Hem…Vous voulez bien vous tourner… ? S’il vous plaît ?

J’attends qu’elle s’exécute avant de laisser tomber le drap, et de me débarrasser ensuite de cette chemise de nuit. Je prends une des chemises désignées par la comtesse et l’enfile en vitesse. Je me regarde et pince les lèvres.

- Par Anür, autant ne rien porter du tout, on voit tout à travers, pensai-je alors, toute rouge.

Je saisis la main d’Irène, la regarde s’immerger dans l’eau chaude et la rejoins, tâtant d’abord la température du bout de mes orteils avant de descendre tout à fait et de m’immerger à mon tour, jusqu’au menton. La sensation de chaleur qui m’entoure tout autant que le bien être absolu d’être en totale immersion me détendent totalement. Un sourire de satisfaction étire mes lèvres. Que ça fait du bien…A la question d’Irène, je rouvre un peu les yeux :

- Mhh ? Mieux…J’ai dormi d’une traite, et j’ai pu manger un peu hier soir. Pouvez-vous me dire de quoi est composée cette tisane que je bois depuis mon arrivée ? J’ai beau chercher, je ne reconnais pas le goût…

L’eau chaude jusqu’au menton, j’observe une Irène totalement resplendissante avant de regarder ailleurs. J’ai peur qu’elle soit révulsée par ma personne. Mon corps est maigrichon, je ne suis pas très jolie, et mon dos n’est qu’une cicatrice mal refermée, boursoufflée. Rien à voir avec la jolie peau lisse et blanche que je vois là bas.

- Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait…Vous m’avez probablement sauvé la vie, Irène.

Je passe mes mains sur mes bras, avec un sourire d’enfant recevant un nouveau jouet. Je redécouvre la douceur de ma peau, en fait, grâce à ce bain inopiné. Et je suis contente, apaisée. Tranquille. Un moment rare, en somme.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 13:31
La comtesse observe sa compagne sans gêne, ce qui n’est pas vraiment réciproque elle doit bien l’admettre. A peine dans l’eau que Flore s’immerge jusqu’au menton, et ne la regarde qu’à la dérobée. C’est mignon, poli, et pas tout à fait honnête. Très fidèle à sa personnalité en somme. Fleurtant à la limite de ses craintes, espoirs, et questions. Irène sourit en se laissant aller dans l’eau aussi bien que sans chercher à se cacher contrairement à Flore.
Elle ne pouvait l’en blâmer. Elle avait vu ses cicatrices, son corps affamés et amaigris. Son quotidien ne l’avait pas épargnée. Mais si elle acceptait la vie que la comtesse lui proposait, petit à petit implicitement. La nourriture et les soins, son corps reprendrait bien vite tout ses atouts, et sans doute plus qu’il n’en avait eu depuis des années. Mais ce serait le choix de Flore. La comtesse avait déjà la main mise sur trop de vie pour imposer cela à une personne qui ne lui était pas indispensable pour ses plans.
Non Flore devrait la rejoindre par choix et par envie. Elle se l’était promis, et l’avait promis à Jehan.

-« Voilà qui fait plaisir à entendre, il est important de prendre votre temps, après tout votre corps revient de loin. Le breuvage est principalement composé de plantes de mes jardins. Fumeterres et Lamier macéré pour aider votre organisme à rejeter les toxine, extrait d’arnica de montagne pour les douleurs. Et un léger somnifère pour vous aider à trouver le sommeil. Tout est naturel si c’est cela qui vous inquiète. »

La comtesse glisse dans l’eau avec la grâce d’un cygne et se rapproche de Flore prenant appui sur le bras de la jeune femme, leurs corps se frôlant tandis qu’elle passe dans son dos. Elle sait ce qu’elle va y voir et n’émet pas le moindre son ou jugement tandis que l’eau colle le tissu devenu transparent au dos meurtri de l’herboriste. Cela fait partie d’elle. Et même si ces cicatrices s’atténueraient sans doute quelque peu quand son corps s’épaissirait des nombreux kilos qui lui manquaient, elles ne disparaitraient pas. Alors elle devait apprendre à les assumer, surtout auprès de ceux qui n’avaient que tendresse pour elle. En faire une marque de sa force de vivre et non pas un souvenir honteux.

-« Que nenni, je vous ai donnée une chance d’aller mieux, mais c’est votre volonté qui rend cela possible. Vous devez bien savoir qu’on ne sauve pas une personne d’elle-même. C’est de vouloir vivre qui vous sauve. Et j’ai bien conscience que mes actes passés ne sont pas étrangers au mal-être qui vous a habité. Alors disons simplement que j’ai équilibré la balance. »


Elle se redressa légèrement et posa sa main sur la tempe de Flore, et l’autre sur sa nuque.

-« Inclinez-vous en arrière Flore, je vais laver vos cheveux. »

Soutenant sa tête pour ne pas qu’elle s’enfonce dans l’eau entièrement, Irène rinça avec douceur et patience là chevelure emmêlée de la convalescente. Glissant ses doigts entre les mèches pour en défaire les nœuds puis entreprit de les savonner les rendre de nouveau fluide et élégant.

-« Tant que vous resterez ici, les accès aux jardins vous sont libre d’accès bien entendue, les plantes sont faîtes pour être regardée, pas cachée. Et je retire un certain orgueil de mes jardins je dois bien l’admettre. »
Dit-elle avec un sourire fier.

-« La serre et le bâtiment attenant sont cependant verrouillés, c’est là-bas que j’ai installé mon atelier de peinture, c’est un peu mon domaine privé. Je vous le ferais visiter à l’occasion si vous le souhaitez. »

Elle l’aida à se redresser et se saisit d’une brosse pour peigner ses cheveux maintenant propres toujours installée derrière elle. C’était une façon un peu détournée de l’habituer à la vie qui pouvait être la sienne. L’influence d’Irène s’insinuait intimement dans la vie de son entourage, s’habituer à sa présence presque symbiotique était un mal nécessaire pour graviter autour d’elle.

-« Jehan ne sera pas là avant l’après-midi, il règle des affaires en ville en mon nom, donc ce sera juste vous et moi. Je vais pouvoir vous explorer à ma guise ! »


Au vu des circonstances, à savoir un bain qu’elles partageaient, leurs corps à peine dissimulés par l’eau chaude, et le regard que lui lança Flore par-dessus son épaule. Irène ne put s’empêcher de glousser. Elle lui caressa l’oreille du bout des doigts et finit de la brosser. Elle n’aurait plus qu’à appliquer un peu d’huile et de pétales à la sortie du bain, et les cheveux de Flore paraîtraient comme neuf.

-« Nous pourrons peut-être discuter de la suite de votre vie, si vous vous en sentez la force. »

Elle regarda le savon, puis Flore. Et demanda très sincèrement avec un ton léger comme si ça remarque précédente n’impliquait pas tant de choses.

-« Avez-vous besoin d’aide pour vous savonner ? Vous êtes encore faible, pas question que je vous laisse vous épuiser dans le bain ! »


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 15:46
Fumeterres ? Lamier ? Arnica ?? Il faudra que je regarde ces plantes de plus près. Parfois, les plantes portent des noms différents en fonction des personnes qui les contemplent. Si ça se trouve, je connais ces plantes sous un autre nom.

- Non, non, je ne suis pas inquiète, c’est juste…juste une curiosité d’herboriste à assouvir, rien de plus
.
Par contre, la voir s’approcher de moi m’inquiète un peu plus. Mon corps est totalement immergé jusqu’à mon menton, mais je la sens s’installer dans mon dos. Précisément ce que je cache le plus farouchement. Je rentre la tête dans mes épaules, je l’écoute, bien sûr, ou à tout le moins je l’entends. Cela ressemble vaguement, de très loin, à des excuses. Bien bien. J’ai un petit sursaut quand elle pose ses mains sur moi, un sursaut qui génère des vagues. Me laver les cheveux ? Mais…Je pouvais le faire toute seule ça…Quoiqu’il en soit je n’ose refuser. La tête dans l’eau, je la laisse passer ses doigts dans mes cheveux, arrachant à mon corps des frissons qui étaient loin d’être désagréables. Me laver les cheveux, chez moi, relève de la mission impossible. C’est une chose que je ne fais que lorsque j’ai suffisamment d’eau à portée de main. Les choses ont été encore plus difficiles depuis que j’ai du échanger mon peigne contre du pain bien sec. Donc, là, je savoure le moindre de ses petits gestes, les yeux fermés. Je rouvris les yeux quand je sentis qu’elle passait un morceau de savon dans ma chevelure. Qu’elle est donc cette extravagance ? Du savon dans les cheveux ??? L’odeur qui se répand partout est délicieuse, pourtant. J’ignorais…J’ignorais qu’on puisse laver des cheveux de cette manière.

- Je…Je ne savais pas. La peinture…c’est quand on dessine sur les murs avec des couleurs ? Comme au Temple ? C’est ça ? Je crois…Je crois que j’ai entendu quelqu’un en parler un jour où je…’fin…voilà.

Voilà encore quelque chose qui me fascine littéralement. Reproduire des choses, des personnes, des paysages avec des outils et des petits pots remplis de couleurs. Quand j’allais récupérer ma nourriture avec les autres pauvres gens de la cité, je passais beaucoup de temps à regarder les œuvres présentes. Cela me divertissait un peu et me changeait de mon quotidien terne. J’ai toujours eu de l’admiration pour le travail, les dons des gens. Moi, je n’en possède aucun, à part celui de m’attirer des ennuis.

- Vous me montrerez ? S’il vous plaît ? Je voudrais bien voir comment vous faites tout ça…

Elle m’aide ensuite à me redresser, afin de brosser mes cheveux. Il n’y a pas un bruit dans la pièce hormis le doux clapotis de l’eau venant s’écraser sur les parois de bois. Irène passe une brosse, je crois, dans mes cheveux humides, afin de les lisser. Mes cheveux sont longs, ils tombent désormais sur mes reins en d’épaisses mèches lisses, brosser cette tignasse va lui demander des efforts, c’est certain. Je la laisse pourtant décider, bien consciente que de cette manière elle voit le haut de mon dos et la ribambelle d’horreurs qui le constellent. Elle n’en dit rien, comme si elle n’avait rien vu. C’est courtois de sa part. Une courtoisie qui prit un ton bien plus grivois quand elle parla, de but en blanc, de m’explorer à sa guise. Une violente rougeur empourpra mon visage. Je pourrai toujours mettre cela sur le compte de l’étouffante chaleur de cette pièce. Je la vis glousser, m’étant retournée pour la regarder, interloquée. Visiblement il s’agit d’une boutade…Ou pas. Impossible de le savoir avec Irène. Que cette femme est déroutante…

- Nous verrons cela plus tard, en ce qui me concerne, je voudrais juste récupérer la santé. Le reste peut attendre. Enfin je crois…

Je la vois ensuite présenter un morceau de savon avant de me demander, d’un air parfaitement tranquille, si j’ai besoin d’aide pour me savonner. Je ne peux plus vraiment lui cacher mon embarras. Je peux m’occuper de moi, mais il y a un endroit que je ne peux atteindre. De longues secondes de silence suivirent sa proposition.

- Je…Je peux m’occuper de moi, en prenant des précautions, mais…je ne peux atteindre mon dos. Est-ce que vous accepteriez… ?

Je prends le morceau qu’elle me présente, et ajoute, timidement :

- Je pense…Je crois qu’il faut que je vous explique. Que je vous raconte. S’il vous plaît…Vous voulez bien faire comme si tout ceci est parfaitement normal ? Je crois que je ne supporterais pas de voir du dégoût dans vos yeux…

Et par ceci, j’entends l’état épouvantable d’une chair martyrisée et mal ressoudée. Je n’ose pas vraiment la regarder, commençant à faire mousser le savon sur mes bras pour me donner une contenance.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 16:53
Visiblement Flore appréhende l’idée de discuter de son avenir, ou bien ne pense-t-elle vraiment à rien d’autres que sa convalescence, sans risquer de se projeter ? Impossible à dire, elle ne sait encore suffisamment décrypter son langage corporel pour cela. Mais elles ne sont pas pressées, Flore a juste à savoir que la femme qui l’héberge y pense.

-« bien entendue Flore. » Lui répond-t-elle sans hésitation comme si cela allez dans l’ordre des choses.

-« Il n’y a aucune raison que j’exprime une telle réaction. J’ai vu plus de blessure qu’à mon tour en aidant au temple et je sais tout à fait voir la beauté d’un corps au-delà de ses marques. Il doit me rester du baume au miel, il parait que cela est très bon pour assouplir et désenfler une peau cicatrisée. Voudriez-vous essayer ? Je pourrais vous en appliquer le soir avant de dormir, ou Jehan pourrait sans charger… »
ajouta-t-elle d’une voix percée d’un léger sous-entendu sur le lien qui unissait la jeune femme au Capitaine.

Elle laissa la jeune femme commencer à s’occuper d’elle-même savonnant ses bras. Elle en profita pour s’occuper de sa propre chevelure abondante, s’immergeant complétement pour ressortir en provoquant des projections d’eau qui éclaboussèrent sa compagne de bain, lui arrachant un sourire. Mine de rien elle garda presque en permanence un œil sur la jeune femme pas encore réellement en forme afin d’intervenir aux moindres signes de faiblesse de sa part. Elle pouvait se fatiguer si vite.

-« En ce moment je fais des croquis, hum un croquis est une sorte de brouillon, un essai pour se préparer avant de peindre. Comme vous testeriez les ingrédients d’un onguent. Je compte réaliser une œuvre de plus grande envergure sur le mur d’hommage que prépare le temple pour les victimes de l’assaut. Je pourrais vous les montrer. »

Elle était ravie à l’idée de partager sa passion avec une personne curieuse de la découvrir, alors la demande de Flore n’était absolument pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Celle-ci venait par deux fois de lui lancer un regard, et Irène en déduit qu’elle était prête à ce qu’elle lui nettoie le dos, mais n’oser le demander, trop mal à l’aise avec ce sujet surtout en sa présence.
Elle revint contre elle d’une brasse s’arrêtant en lui prenant les mains.

-« Mettez-vous debout et levez les bras Flore. » dit-elle d’un ton doux mais qui ne souffrait d’aucune contestation.

Elle obtempéra tandis que la comtesse repassait derrière elle en se redressant aussi, l’eau leur arrivant au bassin. Sans hésitez Irène saisit les pans du tissu et le fit passer au-dessus de la tête de Flore avant de le laisser tomber dans l’eau. Elles étaient sur un pied d’égalité à présent. Irène fit mousser le savon entre ses doigts et posa une main sur la peau boursouflée. Flore frissonna de tout son être. Irène se pencha près de son oreille et murmura d’une voix douce.

-« Ayez confiance Flore, tout va bien se passer. »

Elle posa sa deuxième main sur son dos, attendit un instant que la jeune femme s’habitue à cette présence étrangère sur elle. Ensuite seulement elle commença à bouger appliquant le savon avec douceur sur toute la zone. Bien qu’elle ressentît chaque détail anormal, ces creux, ces bosses, ces arrêtes qui n’aurait pas dû être là. Elle n’eut aucun geste de recul. D’ailleurs le fait de pouvoir enfin contempler pleinement son dos confirma son avis qu’un corp bien nourris et correctement soigné rendrait ces cicatrices bien plus anodines. La maigreur de Flore leur donnait une épaisseur trompeuse.
Petit à petit, le nettoyage devint massage, réagissant au mouvement de Flore, Irène trouva les zones qu’elle pouvait malaxer sans trop d’hésitation et passa de longue minute à détendre chaque muscle de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle-même soit trop détendue pour encore se tendre sous ses mains.
En portant de l’eau au creux de ses paumes elle rinça le dos de sa compagne, faisant glisser la mousse sur sa peau. Elle claqua tout doucement le haut de la fesse de la jeune femme avant de poser ses mains sur ses hanches et le menton sur son épaule, son buste nu effleurant le dos nu de sa partenaire.

-« Vous voyez, ce n’était pas si terrible non ? » Ses yeux s’inclinèrent légèrement découvrant une partie de l’avant de son corps. « Dois-je m’occuper aussi de cette face-là ? » Demanda-t-elle d’un ton taquin.



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyVen 6 Mar 2020 - 22:51
Je ne sais ce qui me fit le plus rougir, à dire vrai. Le fait qu’Irène propose d’elle-même appliquer ce baume miraculeux ou que ce soit Jehan qui le fasse. Je jugeai plus prudent de ne pas répondre. Après tout, je n’ai jamais eu cette conversation avec elle. La conversation ultime. Celle qui concerne Jehan. Un Jehan qui a été d’une parfaite courtoisie et d’une prévenance sans faille, à me couver du regard, sans faire le moindre geste qui aurait été parfaitement déplacé, compte tenu de mon état. Nous n’avons pas encore eu le temps de nous retrouver, ni même de réellement discuter. Cela viendra en son temps. Là, l’heure est à la découverte, pour Irène, de ce que je considère comme la chose la plus horrible qui soit : mon dos. En attendant, en silence, je ma savonne, ma peau retrouvant un aspect sain malgré ma maigreur. Je regardai mon bras, amaigri, et eus un soupir de résignation. Un regard pour Irène qui semble l’image même de la féminité rayonnante et je reprends mes soins, pensive. Un jour, peut-être que je serai aussi jolie. Peut-être. Si je change moi-même mon destin.

L’évocation du temple me fait hausser un sourcil. Le temple. Oui…Le menton relevé, passant le savon sur ma gorge et ensuite mes épaules, je ne pus m’empêcher de murmurer :

- Ça leur va bien, aux prêtres, de jouer les éplorés quand ils ne sont pas fichus de tenir une ou deux promesses ou qu’ils vous prennent pour une idiote parce que vous êtes pauvre. Vous devriez aller peindre cela ailleurs, ce temple ne mérite certainement pas vos talents. Cela dit, je serais ravie de voir vos…heu…croquis.

J’avais terminé de laver tout ce qui est à ma portée, j’attendais patiemment qu’Irène ait fini de laver ses longs cheveux, jouant pensivement avec le morceau de savon que je tenais entre les mains. Comment diantre pouvait-elle se procurer cela ? Une délicieuse odeur s’échappe de mon corps désormais et, sensible aux odeurs comme je le suis, j’en ressens un bien être qui s’affiche sur mon visage.

Irène s’approche à nouveau, me prenant les mains avant de me demander de me lever. Je baisse la tête, gênée, et me redresse, la chemise collant de toutes part à mon corps amaigri. Avec d’infinies précautions, elle fait passer la chemise par-dessus ma tête et la laisse sombrer dans le bassin. Je suis totalement nue désormais et effroyablement vulnérable. Ce n’est pas un sentiment très plaisant et elle est la troisième personne à pouvoir contempler ce désastre, après ma mère et Jehan. Je replonge illico dans l’eau, puis déplace toute ma chevelure sur mes épaules, de manière à ce qu’elle puisse bien comprendre. Il y a là toute la bêtise des hommes, résumées en une myriade de lacérations mal cicatrisées. Il y en a une plus longue et plus large que les autres, lacérant mon dos sur toute la longueur jusqu’à ma nuque, l’endroit que je touche inconsciemment quand je suis nerveuse. Les boursouflures paraissent énormes à cause de mon amaigrissement, leurs couleurs se déclinent du blanc au violet et deviennent irrégulières sous les os saillants de ma colonne vertébrale. J’ignore si Jehan a évoqué ce sujet avec elle et en toute honnêteté, j’espère que non. Jouant distraitement avec l’eau, je l’entends faire mousser le savon et me crispe automatiquement lorsque sa main se pose sur cet amas de plaies anciennes.

- Désolée…Ne le prenez pas pour vous. Je n’aime pas…Je n’aime pas qu’on me touche là. Mais je n’ai pas le choix, il faut laver.

La voilà qui appose sa deuxième main et qui commence à frotter, en douceur. Moi, je suis au supplice, me mordant la lèvre pour ne pas crier. Malgré toute sa douceur, malgré toute la tendresse que je devine dans les gestes de la comtesse, je ne peux m’empêcher d’avoir les larmes aux yeux. C’est une blessure terriblement intime. Et terriblement injuste. Il faut que la comtesse sache, c’est important.

- Voilà ce qui arrive quand une fille avoue ses sentiments sincères à quelqu’un qui n’en veut pas. A quelqu’un qui a eu honte de cet aveu et qui m’a punie pour ça. J’étais la fille de la sorcière des faubourgs. Lui, le fils d’un honnête paysan. Ses deux copains, les frères Gorlois, ont ramassé des branches d’aubépine. Un me maintenait les bras au sol, tandis que l’autre frappait sur mon corps immobilisé par son pied. Ils ont fait ça sous les yeux de ce garçon à qui je venais d’ouvrir mon cœur, il n’a pas levé le petit doigt pour me protéger, il en a ri. Ils m’ont laissée là, dans le champ et si une vache n’avait pas attiré l’attention de mon frère en meuglant, je serais sans doute morte à l’heure qu’il est.

Je lui épargne les détails sordides de ma convalescence, les conséquences de cet acte monstrueux sur toute notre famille, notre réputation noircie, le temps que j’ai pris avant de reprendre un peu de confiance en moi et en les autres. La comtesse ne dit pas un mot, toute occupée à faire des choses sur ma peau, des choses qui finirent par abaisser ma garde, apaisant un instant mes muscles raidis par la crainte. J’eus un sursaut à son geste, à sa proximité, à sa peau collée à la mienne.

Je ne sais dire pourquoi mais un violent malaise m’étreignit le cœur. Un malaise qui redoubla d’intensité à sa dernière proposition que je jugeai tout à fait indécente, même dite sur le ton de la taquinerie. La comtesse joue un jeu dangereux et je préfère ne pas y entrer, par crainte de m’y perdre. Je secoue la tête, les joues littéralement cramoisies à l’idée que les mains d’Irène se baladent en des endroits qui ne lui sont pas destinés.

- Je vous remercie, je m’en suis déjà occupée toute seule…Hem…Est-ce que …Est-ce que je peux sortir de l’eau maintenant, s’il vous plaît Irène ?

J’avais très peur de la blesser en refusant son offre. J’espère juste qu’elle ne m’en voudra pas.

- Regardez mes doigts, on dirait des vieilles pommes toutes ridées.

Je lui montre la pulpe de mes doigts blanchis, amusée. Blanchis et propres.

- Nous devrions sortir, avant de nous liquéfier au fond de ce bassin, ne croyez-vous pas ?

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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptySam 7 Mar 2020 - 1:21
Elle s’était attendue à un refus, a vrai dire elle ne l’avait pas vraiment imaginé autrement. Aurait-elle eu l’audace ? Non ce qui la fit souffrir fut la réaction physique de Flore à son contact et à sa taquinerie. Elle avait eu l’air mal, dégoutée même. Était-ce son avis sur la question ? Elle qui venait de parler de l’hypocrisie du temple en montrait-elle tout autant à l’égard de cette attirance. Était-elle prête à juger ceux qui trouvaient l’amour et la passion avec les gens de leur propre sexe ? Pourquoi ?
Cela lui étreignit le cœur mais elle n’en montra rien.
Flore avait ses douleurs, Irène les siennes. Elles devraient se contenter de le savoir sans le partager.

-« Vous n’avez pas à me demander la permission de sortir Flore, je vous voulais propre, voilà qui est fait. Seul votre libre arbitre vous garde dans cette baignoire. » Dit-elle avec un sourire moins naturel que les précédents mais tout aussi convaincant.

-« Mais vous avez raison, Alice doit avoir préparer le thé sur la terrasse, il serait dommage de le boire tiède. »

Elles sortirent du bain, la comtesse précédant son invitée pour lui porter assistance en cas de besoin. Une fois enroulée dans de large serviette, Irène insista pour prendre le temps d’huiler et parfumer au pétale de violette les cheveux noirs de Flore. Pour équilibrer les choses elle lui expliqua comment le faire à son tour sur ses propres cheveux. Propres et fleurant bon, elles enfilèrent de longue chemise de laine épaisse et quittèrent la chaleur de la pièce. Devant celle-ci se trouvait deux paires de chaussons confortable ainsi que deux couvertures. Alice avait anticipé ses actions comme toujours, et avait estimé qu’elle devrait sortir couverte.
Irène enfila ses chaussons puis capa Flore d’une couverture avant de faire de même avec celle restante. Une fois l’herboriste chaussée à son tour, elles se dirigèrent, en traversant le grand hall, vers le patio arrière dont deux des grands battant étaient ouverts. Une petite table ronde et deux chaises étaient disposées face aux jardins. Presque dans leur axe, au loin, derrière une chaine de montagne que la fange avait rendue presque inaccessible, le soleil émergé avec une certaine difficulté pour baigner les terres et la cité en contrebas.

-« Il semble que nous arrivions pile. » Déclara une Irène satisfaite.

Elle invita Flore à prendre place avec elle autour de la petite table. Sur celle-ci était disposé une théière qui fumait encore, ses tasses ainsi qu’une coupelle garnie de fruit. Pomme, raisins, mûre, ce genre de chose, colorant agréablement l’ensemble.
Sans hésiter Irène piocha un raisin et le savoura en leur servant une tasse de thé à chacune. La luminosité augmentant, ses jardins prirent vie. Une brise agita des feuilles, les couleurs se révélèrent, révélant une mosaïque de bleu, de jaune, de rouge, de vert et de violet. L’ancestral chêne rouvre qui occupait presque toute la partie droite de jardins, étendant ses branches loin au-dessus des bosquets de fleurs, s’agita dans le vent à l’image d’un géant assoupi qui ronflerait dans son sommeil. Le plus satisfaisant pour elle était les rosiers épais aux fleurs blanches qui longeait l’allée au bas des escaliers. Elle avait travaillé si dur pour les sauver, et maintenant ils proliféraient, vivace et magnifique. Elle observa Flore du coin de l’œil. Parviendrait-elle au même résultat avec elle ?

-« Alors, votre premier avis ? Au moins visuellement ? » Demanda-t-elle en portant le doux breuvage au gout de menthe poivrée à ses lèvres.

La douce chaleur se répandit dans son corps presque aussi efficacement que celle provoqué par l’eau du bain. Elle aurait bien sucré d’avantage, mais Alice était catégorique à se sujet. Si elle voulait continuer à passer les portes, elle ne devait pas abuser du sucre.
Penser à cette remarque la fit sourire. Au moins pouvait-elle manger des fruits à outrance.


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptySam 7 Mar 2020 - 9:42
Irène ne semble pas s’offusquer de ma réponse, j’en suis soulagée. C’est juste que tout ceci, le bain, sa présence, sa proximité…Rien de tout cela n’était dérangeant – au contraire – mais, sans savoir vraiment pourquoi, j’ai eu peur. Gênée, j’ai fait de mon mieux pour ne pas la blesser et je pense avoir réussi, ce qui me rassure un peu. Elle n’a rien dit à la suite de mon explication, pourtant raconter ceci est toujours extrêmement difficile. Un peu comme si elle savait déjà tout. Je me dis alors que Jehan a probablement du lui raconter, ce qui ne serait guère surprenant. Ces deux-là partagent un lien solide, que je ne comprends pas toujours. Quoiqu’il en soit, c’est un peu moins embarrassée que je sors de la cuve, soutenue par Irène, qui entreprend de soigner mes cheveux. Une forte odeur de violette, celle que j’ai déjà pu sentir un peu partout dans le manoir, se répand alors qu’elle oint mes cheveux avec douceur et délicatesse. Nul doute que grâce à ce soin, ils retrouveront toute leur souplesse, j’en suis convaincue. Irène m’explique comment l’appliquer à mon tour sur sa chevelure, ce que je fais de bonne grâce, secrètement contente de pouvoir toucher cette profusion de fils d’argent.

Une fois tous les soins terminés, chaudement habillées et chaussées, nous prenons la direction de cette terrasse que je ne connais pas. Je me sens infiniment mieux, enveloppée dans un cocon de chaleur et de douceur odorante, sans autre bruit que celui de nos pas, sans mal, sans rien de négatif. C’est une sensation rare. Unique. Sur la terrasse, une table, deux chaises, un récipient fumant, des tasses, des fruits. Et une vue à couper le souffle. Impressionnée, je prends place sur la chaise, serrant la couverture contre moi, ouvrant grands les yeux sur le spectacle offert, là bas au loin. Irène, pendant ce temps, sert la boisson fumante et très parfumée, tout en picorant des fruits. A dire vrai, je n’ai pas très faim, là tout de suite. Je me contente juste de profiter, un peu, de ce qu’elle m’offre, subjuguée.

Les rayons du soleil viennent enfin de toucher les contours du jardin qui semble prendre vie. Je dois plisser les yeux pour tenter de deviner ce qu’il contient et je dois bien admettre que l’écrasante majorité des plantes ici présentes me sont inconnues. Il y a bien sûr des arbres majestueux, tel ce chêne, immense. Je crois que c’est la première fois que j’en vois un aussi énorme. Mon regard glisse sur les fleurs, nombreuses, avant de revenir sur les rosiers, magnifiques. Une légère brise parfumée embaume les lieux, ce qui achève de m’apaiser tout à fait. Quelle chance de vivre ici…Mais…Tout ceci m’amène à penser que cette maison n’a jamais réellement cessé de vivre. Un tel endroit demande de l’entretien, rien que pour les fleurs. Se pourrait-il que cette demeure soit restée vivante, alors que je désespérais chez moi, sans nouvelles de personne ? La question d’Irène me ramena à une réalité plus douce.

- S’il y a un monde meilleur après notre départ, il doit certainement ressembler à ce jardin. Si vous le permettez, j’y reviendrai cet après-midi, afin de profiter de la chaleur du soleil.

Je lui cache mes propres rêves, ce jardin si semblable à celui-ci, dans lequel s’épanouissent des enfants. Prenant la tasse qui m’est destinée dans une main, je souffle un peu sur les volutes de vapeur odorante avant d’en boire une petite gorgée et de la redéposer sur la table. Emmitouflée dans la couverture, je regarde la comtesse, avant de demander :

- Vous vouliez discuter de la suite de ma vie, tout à l’heure. Que vouliez-vous dire par là, exactement ?

Je regarde la coupe de fruits, puis à nouveau la noble dame assise à mes côtés. Je ne voulais pas paraître abrupte, mais il y a des faits dont elle ignore tout donc je repris de suite :

- Je crois qu’il faut que vous sachiez deux ou trois choses…Pendant votre absence, des personnes m’ont proposé des emplois, des leçons, je croyais pouvoir les suivre sans crainte, ils étaient d’éminents membres de la noblesse et du clergé, des gens dignes de confiance. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, ils m’ont laissée là, sans explication.

Un peu mal à l’aise d’évoquer ceci devant Irène car je ne voulais pas raviver des choses malaisantes, je rentre la tête dans mes épaules, avant de poursuivre :

- Irène, je vous le dis avec la plus parfaite honnêteté…Si je devais encore être abandonnée, je crois que je n’aurais plus d’autre solution que de m’en aller définitivement. C’est trop dur d’avoir des espoirs, des rêves, et qu’on les reprenne sans explication.

J’ai un regard pour ces cicatrices rougeâtres sur mes poignets, avant de les dissimuler dans ma couverture, résignée.

- C’est trop dur d’être tout seul quand on vous a promis tout ce dont vous avez toujours rêvé. Vous comprenez ?

Je prie intérieurement les Trois pour qu’elle ne s’offusque pas mais j’ai parlé avec tout le tact dont je suis capable. Et c’est très vrai. Je ne pourrais pas survivre à un nouvel abandon de leur part à tous les deux. Ils ont, chacun à leur façon, mon affection. Je la montre certainement maladroitement, en cet instant, mais je me devais de le dire. Je triture mes doigts, tête baissée, pensive.

- Vous comptez beaucoup pour moi. Tous les deux.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptySam 7 Mar 2020 - 20:17
Irène écouta sans l’interrompre l’herboriste se confiant sur ses doutes quand aux promesses qu’on lui avait faîtes et qu’on lui ferait à l’avenir. Comment l’en blâmer ? Que ce soit pour les événements qu’elle avait bien voulu lui confiait dans le bain, ceux qu’elle citait à présent, et bien entendu, même sans les nommer les propres promesses non tenues que lui avait fait la comtesse des mois plus tôt dans cette maison
Comment lui reprocher ? C’était parfaitement légitime, à ceci près que, comme elle lui avait dit le jour de son arrivée, aucune promesse ne pouvait survivre au destin de Marbrume. Pas même celle faîtes par le roi. Mais ce n’était pas le moment de lui faire un rappel de ce fait. Après tout, elle exprimait une crainte justifiée, mais surtout une vie espérée. Et mieux valait entretenir cela le temps que cela pourrait durer. Qu’il s’agisse d’une seconde ou d’une année.

-« Il est dur de croire de nos jours. Jehan tient à vous, vous le savez déjà. Et vous m’êtes précieuse. Mais c’est votre avenir qui se déroule sous vos pieds. Vous êtes la seule à pouvoir décider quel chemin prendre. Certaines pistes sont simples, aussi entretenue et belle que ces jardins. Vous ne pouvez-vous y perdre. Mais vous mèneront-elle aussi loin que vous l’espérez ? Un sentier perdu dans les broussailles s’enfonçant dans une forêt sombre n’a-t-il pas plus de chance de vous emmener au-delà de vos frontières ? »

Irène but une longue gorgée de son thé et lança un sourire énigmatique à la jeune femme.

-« Pardonnez-moi, le décors rends mon esprit quelque peu nébuleux. Vous allez rester ici tant que vous ne serez pas parfaitement rétablie, ceci n’est point sujet à discussion. Mais je suppose que vous avez des espoirs, des aspirations. Je ne vous ferais pas de promesses, je veux seulement que nous parlions de vos rêves. »

Irène se releva, laissant sa couverture sur son siège, marchant jusqu’au bord des marches légèrement humide de la rosée matinale. Elle extirpa son pied nu de sa chausse et effleura une goutte au sol, la trainant dans un arc de cercle sur la pierre froide.

-« Votre temps dans les Faubourgs est arrivé à son terme, les gens sont devenu trop craintif ou extrémiste pour que vous viviez de votre métier que le temple tolère à peine, surtout isolée comme vous l’êtes. »

Irène ne mentionna pas les Gorlois, elle avait ressenti beaucoup de colère quand Jehan avait admis son geste, mais ce qui était fait ne pourrait être changé. C’était juste un argument supplémentaire à sa tirade auquel penserait Flore sans qu’elle ait besoin de le souligner.
Personne n’oserait plus approcher sa maison, sauf par accident.

-« Vous pourriez vous rendre au Labret, ils ont besoin de toute l’aide disponible, et les faiseurs de soin sont bien rare. Vous seriez surement respectée là-bas, bien plus qu’ici. Avec une mise de départ vous pourriez ouvrir une petite boutique. »

Elle se retourna pour couver Flore d’un regard doux.

-« Je vous laisserais emmener Jehan, si vous le souhaitez. »


Elle était sincère, elle y avait pensé. Car malgré son utilité, il était trop attaché à cette jeune femme pour l’oublier. A terme, noyé dans sa tristesse, il pourrait se révéler être une gêne, un point faible dans sa cuirasse. Elle ne le voulait pas, il était son seul soutien. Mais elle y était prête. Un peu de bonheur ne ferait pas de mal à ce jeune couple.

-« Vous pourriez aussi rejoindre le temple, ou tenter d’ouvrir une boutique en ville. Mais je crois me souvenir que vous n’êtes pas très friande de l’un comme de l’autre. »

Enfin elle indiqua le manoir derrière elles d’un ample geste de la main.

-« Vous pourriez avoir votre place ici, à mon côté. Cette chambre que vous occupez pourrait devenir la vôtre. Vous pourriez devenir quelqu’un. Faire de grandes peut-être. Mais ce chemin là pourrait être tortueux, et vous mener plus profondément encore que votre désespoir ne l’a jamais fait. Un jour vous pourriez vous réveiller et être celle qui écrase sous son talon la jeune femme du peuple qui cherche juste un peu de bonheur, sans même vous en rendre compte. Avec la même insouciance que ce jeune homme qui a ri de votre souffrance. Le pouvoir aveugle même les esprits les plus sensible. Tel est son risque. »

Elle revint s’asseoir sans lâcher du regard sa compagne, étudiant ses traits suite à ses paroles.

-« Alors Flore, parlez-moi de vos espoirs. »

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptySam 7 Mar 2020 - 22:46
J’avais attendu sa réaction avec une petite angoisse bien légitime. Je n’ai pas, comme Irène, cette manière douce et mesurée de dire les choses. Souvent maladroite, je peux heurter quelqu’un sans le vouloir. Je suis donc soulagée de l’entendre s’exprimer sur le même ton que d’habitude, pas offusquée pour un sou. Et je l’écoute, bien sûr, cette jolie voix qui m’a tant manquée. Irène de Valis fait partie de ces personnes qu’on ne peut oublier une fois qu’on a croisé leur chemin. Généreuse et fantasque, fragile et forte à la fois, elle a cette faculté d’exercer une fascination pratiquement immédiate sur moi.

La voix douce me demande mes rêves et mes espoirs. J’eus un regard perplexe pour elle, avant de me murer dans le silence le plus complet pendant quelques instants. Je suivais du regard le vol gracieux d’un petit moineau venu se poser non loin de nous, penchant sa petite tête en notre direction avant de reprendre son envol, disparaissant dans un arbre là bas plus loin. Cela peut paraître idiot, mais le fait de voir un si petit être s’approcher de nous sans être effrayé de rien me rassure un peu. Je prends alors la tasse chaude dans mes mains et réponds à la comtesse, pensive :

- Je me sens déjà beaucoup mieux, Irène, vos bons soins n’y sont pas étrangers et je vous remercie pour cela.

Je l’observai ensuite, alors qu’elle venait de se lever pour s’amuser d’une goutte d’eaux perlant sur le sol. A la manière de ce petit oiseau de tout à l’heure, je penchai la tête pour l’observer. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir une profonde affection pour cette femme. Elle pouvait en un instant reprendre son port altier de noble comtesse mais c’est comme ça, là, maintenant, que je la préfère. Libre. Je détourne le regard pour piocher une mûre dans les fruits disposés sur la table et rougis un peu en l’entendant parler de la fin de ma vie dans les faubourgs. Sur ce point, elle a totalement raison, je ne le sais que trop bien. Maintenant que les porchers sont morts, je ressens quelque chose oscillant entre la joie, le triomphe et la certitude de savoir qu’ils ont payé pour tout le mal qu’ils m’ont fait et qu’ils ont fait à ma famille sous la main de l’homme que j’aime toujours. Jehan serait sans doute horrifié, s’il pouvait lire en mon esprit, mais je n’ai absolument aucun regret. Ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient. Quant à ma réputation…Elle est irrémédiablement ternie auprès des villageois. Ces derniers mois de disette en ont été la preuve la plus éclatante. Le trépas des porchers n’est que le point final d’une vie. Il est temps pour moi de commencer autre chose.

L’invitation à me rendre au Labret, en compagnie d’un Jehan libéré de ses chaînes est probablement l’image qui me plaît le plus. Loin de Marbrume, loin de la cité, loin de tous ces gens oppressants et oppressés, nous pourrions peut-être vivre heureux là-bas, loin de tout. Repartir à zéro. Redevenir une page vierge sur laquelle personne d’autre que moi ne pourrait écrire. Fonder une famille. Une vague de chaleur traversa un instant mon corps, à imaginer que ce rêve de toute une vie pourrait devenir sous peu une réalité. Mais cela implique des choses dont je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter avec le principal intéressé. Peut-être que lui ne voudra jamais quitter Irène. Peut-être que, si profondément lié à elle, l’idée de la laisser ici, seule au manoir, lui fera refuser ce que vient d’évoquer la comtesse. Je sentis mes joues rosir un peu, à cette ravissante perspective. Une maison, une petite boutique, Jehan. Apporter de l’aide aux gens. Vivre. J’en frissonnais de bonheur anticipé.

- Je ne peux plus approcher le Temple sans me sentir mal. Quant aux rues, ma foi, j’en ai pris mon parti. Regardez, je suis quand même restée quatre jours à la Chope Sucrée. D’ailleurs mes effets sont toujours là-bas, je pense…Ma cape, notamment.

Je ne voulais pas laisser mon habit là bas, je sais à quel point un tel vêtement peut susciter la convoitise et j’y tiens. J’écoute alors sa dernière proposition et demeure pensive, tout le temps qu’elle vient reprendre sa place. Habiter ici aurait de très nombreux avantages. Jehan ne serait pas obligé de quitter son service, je pourrais apprendre tant de choses au contact de la comtesse…mais…Nous serions tous deux sous sa coupe. Voilà une autre chose à laquelle il faudra songer quand je pourrai discuter avec Jehan. Il me tarde de le revoir d’ailleurs, nous n’avons pas beaucoup eu le temps de nous retrouver.

- Mes espoirs…

J’extirpe mes pieds de leurs chaussons pour les poser sur la chaise, enroulant ensuite mon corps dans la couverture avant de poser mon menton sur mes genoux, tandis que mes bras enserrent mes jambes.

- Ce sont les espoirs égoïstes d’une personne à qui tout manque. Tout ce que je désire, au plus profond de mon être, c’est être libérée. Libérée de la honte, libérée de mon passé, libre de fonder une famille, de devenir une personne respectée, écoutée. Apprendre des choses. Pouvoir consigner mon savoir dans un livre. Apprendre, encore et encore. Ne plus avoir froid. Ne plus avoir faim. Ne plus être seule.

Mon rêve le plus intime, je le garde précieusement pour les oreilles qui peuvent l’entendre. Et elles ne seront pas là avant l’après-midi. Je regarde Irène, avec un sourire, et ajoute :

- Le pouvoir ne m’intéresse pas. Avec ce que je sais sur tous mes patients, rien ne m’aurait été plus facile que de vendre mes informations au plus offrant afin de m’en sortir, je n’en ai rien fait. Le vrai pouvoir, c’est avoir le choix. J’ai choisi de respecter ma parole et de ne jamais trahir ce qu’on m’a confié en toute sérénité. Le pouvoir est, comme pour tout le reste, une question de point de vue.

Je la regarde à nouveau, tout sourire, avant d’oser poser cette question qui me taraude depuis si longtemps :

- Vous laisseriez vraiment Jehan partir avec moi au Labret, Irène ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyDim 8 Mar 2020 - 13:12
Irène ressentit une pointe de déception à la réaction de Flore. Se contentant de ne voir que le pouvoir sans entrevoir ses possibilités. Elle avait crût il y a des mois, décelait chez elle une volonté de changer les choses. De rendre le monde différent. A vrai dire une part d’elle-même avait espéré que les rêves de Flore offrirait une nouvelle perspective aux siens. Une preuve que d’autres voies étaient possibles que celle qu’elle avait choisi.
Le feu et le sang contrés par sa volonté. Mais Flore ne voulait pas changer le monde, elle souhaitait changer SON monde. Un objectif qu’elle pourrait atteindre avec Jehan. Loin de Marbrume, loin de ses plans et de son influence. Elle était heureuse à l’idée de leur bonheur probable. Mais regretté la solitude qui continuerait à être sa compagne. Le sourire de l’herboriste faisait plaisir à voir sur son visage fatigué, mais Irène pris tout de même le temps de réfléchir une nouvelle fois à la question avant de lui répondre. Jehan représentait pour elle, il était le fantôme de son premier amour, son bras armé, sa conscience lors des choix difficile. Mais il avait servi librement, et tel avait été sa force. Sans Flore, cette force, comme elle l’avait vu ces derniers mois, faiblissait. Il agissait à la manière d’un golem, avec efficacité mais sans imagination, sans volonté propre. Si elle avait juste besoin d’une marionnette prête à faire couler le sang, certain purificateur ferait parfaitement l’affaire. Et elle aurait moins honte de faire ses demandes à ce genre d’individu. Elle soupira mais répondit.

-« Il manquera à ma maison. Mais cela fait des mois qu’il n’attend que de vous revoir et de partager votre temps. Il sera plus heureux à vos côtés qu’aux miens. Alors, si c’est ce que vous souhaitez, et que c’est ce qu’il souhaite. Oui, vous pourrez partir ensemble. »

Que ferait-elle alors ? Accélérerait-elle ses plans ? Se montrerait-elle moins mesurée ?

-« Il vous faudra de l’argent, des ressources, pour vous installer si vous faîtes ce choix. Nous pourrions discuter d’un partenariat. Un financement contre un pourcentage raisonnable sur vos affaires. Et peut être un peu de publicité pour ma maison. Il serait bon que le Labret sache que les Valis ne les oublie pas. Je leurs fait déjà livrer de nombreuses ressources. Et mon beau-frère aide sur place. Mais il ne ferait pas de mal qu’une personne qui les soignent glisse parfois un petit mot à notre sujet… »

Elle fit un clin d’œil amusé à l’herboriste. Tel était sa vie, réfléchir aux conséquences et possibilité de chacun de ses gestes. Entrevoir le potentiel des actions qui pourtant par leurs formes la desservaient. Ainsi pourrait-elle garder un œil sur eux sans avoir à les faire surveiller. Un échange cordial d’affaires et elle maintiendrait le contact.
Elle finit son thé et se resservit une tasse sans attendre, voulant profiter au maximum de ces instants simple et lumineux. Trop souvent elle avait pour habitudes d’avancer dans les ténèbres.

-« Rien ne vous presse cependant, ce genre de décision ne se prend pas tout juste sortie de maladie. Il vous faudra y penser, en parler avec le principal intéressait, réfléchir au lieu. Si tant est-il que cette décision se confirme, alors nous nous occuperons d’organiser cela. Pour le moment, il ne s’agit que de parler de vos envies. »

Elle imagina la scène malgré elle. Flore entrain de concocter un baume devant l’âtre d’une petite bâtisse solide et chaleureuse. Sa main faisant doucement tourner l’écuelle dans le récipient. Un sourire aux lèvres, chantonnant sans s’en rendre compte. Par la fenêtre elle pouvait voir Jehan abattant sa hache sur des rondins de bois à un rythme tranquille, profitant d’un timide soleil de fin de printemps. Il n’avait pas son épée à son côté, chose si étrange.
La porte s’ouvrait soudain et un petit garçon aux bottes crottées se précipitait vers Flore. Il était tout le portrait de son père, à ceci près que le sourire qui illuminait son visage était celui de l’herboriste. Celle-ci le réceptionnait dans ses bras et le caler sur ses genoux d’un geste expert. Il fronçait le nez devant l’odeur émanant du produit, faisant rire sa mère d’une joie sincère.
Oui cela pouvait être un beau tableau. Irène de Valis, loin de cette possibilité, loin de ce monde fantasque, but son thé au sein de la cité de Marbrume.


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Flore MaisonfortHerboriste
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 2 EmptyDim 8 Mar 2020 - 14:44
Une rougeur, provoquée par le soulagement, colora alors mes joues. Vivre avec lui, loin de cette cité, un nouveau départ, lui à me côtés, tout ceci est un rêve somptueux pour la femme pauvre que je suis. Je ne pense qu’à mon bonheur. Est-ce donc si égoïste, après ces années de solitude et de malheurs ? Le visage enfoui dans la couverture, un immense sourire aux lèvres, je sentis une force parcourir tout mon corps, une force prénommée espoir. Pourtant, au milieu de toute cette joie, quelque chose se rappela à mon souvenir. Plusieurs choses en fait, un peu moins agréables. Je relevai la tête, le menton sur mes genoux, pour observer le jardin, pensive.

Jehan ne voudra peut-être pas de ce que j’ai à lui offrir. Il a tout, ici. Un toit, de la nourriture en abondance, un rang aussi. Il est le Capitaine de la garde de la Comtesse et des liens très étroits le lient à elle. Serait-il vraiment prêt à renoncer à tout ceci pour moi ? Même si Irène semble soutenir qu’il serait plus heureux à mes côtés qu’aux siens, rien ne dit que, sur la durée, il ne regrettera pas sa vie ici. En ma compagnie, tout sera à refaire. Une maison. Une réputation. Des amis. Il ne pourra rester sans travail, quel avenir l’attend là bas ? Un là-bas dont je ne sais pratiquement rien ?

De même…Nous ne pouvons nous rendre au Labret, vivre ensemble, sans…enfin…sans qu’un prêtre ne noue un ruban autour de nos mains unies. Il serait extrêmement mal vu que nous vivions ensemble sans être mariés. Et là aussi, rien ne dit que Jehan est prêt à lier le reste de son existence à une femme telle que moi. Comment aborder de tels sujets avec lui alors que je peux compter sur les doigts d’une main les petits moments que nous avons pu passer, seuls, depuis son retour ? Me voici donc à nouveau envahie de doutes. L’espoir qui avait un instant agité mon corps venait de doucement s’estomper pour enfin disparaître, dans un frisson. Un courant d’air vient de se glisser dans mes cheveux encore humides, arrachant un mouvement désordonné à mes épaules.

- Mes envies sont simples, Irène. J’estime qu’après tout ce que j’ai vécu, je peux avoir, sans rougir, un peu de bonheur. Mais…un bonheur ça se construit. Et celui que je cherche à atteindre est tout entier dépendant de Jehan.

Je la regarde alors, soutenant son regard avec une tranquille assurance :

- Parce que je l’aime.

Je défis l’emprise de mes bras sur mes jambes pour plonger à nouveau mes pieds dans les petits chaussons. Les rayons du soleil tardent à nous réchauffer, Irène et moi, et je sens le froid m’envahir. Peut-être ai-je un peu présumé de mes forces.

- Pour le reste, mon but est toujours le même, il ne changera jamais. Je souhaite apporter mon aide à ceux qui le demandent ou qui en ont le plus besoin. Faire la différence dans un endroit où personne ne sait qui je suis. M’élever un petit peu, ne plus être aussi ignorante de tout. Apprendre à lire. Savoir écrire mon prénom…J’aimerais poser mon savoir sur un support, afin de laisser quelque chose d’utile à ce monde qui meurt et qui a bien besoin de tous les outils disponibles…

Peut-être même transmettre un tout petit savoir à mes enfants, si tant est que j’aie un jour.

- Ce ne sont peut-être pas de grands et ambitieux objectifs mais…c’est ce que j’ai toujours voulu. Jusqu’à présent, je n’ai jamais réellement eu l’opportunité de les atteindre.

Quoiqu’il en soit, la réponse d’Irène concernant Jehan est très encourageante, il ne reste plus qu’à en parler de vive voix avec lui. Plus tard. Reprenant une mûre dans la coupelle de fruits, je demandai alors, d’une voix douce :

- Et vous Irène…Quels sont vos projets ? A part faire profiter le Temple de vos talents de peintre ?
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