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 Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyVen 3 Avr 2020 - 22:48
J’avais bien envie de dire à Irène que c’est elle, désormais, qui dit n’importe quoi. On ne supporte pas un sentiment, on le partage ou on ne le partage pas. Je me souvenais de toutes ses douces remontrances lorsqu’elle tentait de me faire voir à quel point je ne manque pas de potentiel. Et je n’y ai jamais vraiment cru. Connaissant Irène, j’aurais beau lui démontrer de toutes les manières possibles qu’elle peut inspirer des sentiments sincères, comme les miens, elle ne changera pas d’opinion. Je prie pour qu’un jour, cette femme connaisse enfin la joie immense qui s’empare de vous quand on aime sans condition et sans masque. Je souhaite sincèrement qu’elle puisse trouver la dame de ses rêves, celle qui parviendra à lui rendre un sourire heureux, pas cet ersatz, cette mascarade qu’elle me sert si souvent pour donner le change. Comme si j’étais dupe, sincèrement…

- Une justice…ou une vengeance ? Pour moi, il n’y a aucune différence. Pas après tout ce qu’ils ont fait. La justice est corruptible. Pas la vengeance. J’espère juste qu’ils ont eu le temps de se voir mourir…Quant à vous…Je vous souhaite de trouver l’apaisement tout comme je l’ai trouvé depuis que je sais que ces hommes sont morts.

Oui, c’est sans doute risqué de parler comme cela mais je m’en fiche. En quelques mois, ma vie a changé. Avant que Irène et Jehan ne débaroulent dans ma vie comme deux tempêtes, je n’étais qu’une petite souris blanche aux yeux rouges, la petite bestiole qui longe les murs par crainte de tout et de tout le monde, la pauvresse qui doit trouver des expédients misérables pour tenir et continuer sa vie exécrable. J’avais ouvert ma porte à des tas de gens. Des pauvres, des riches, des connus, des moins connus, j’ai aidé tout le monde, parfois sans rien demander en retour, parce que j’estimais que la personne qui venait requérir mon aide était probablement dans un état pire que le mien. J’ai partagé mon pain alors que j’en avais à peine assez pour moi. Puis mes deux amours ont envahi l’espace. Ils ont tout rempli par leur lumineuse présence. Chacun à sa façon. Et quand ils ont disparu…Tout s’est effondré. J’étais totalement perdue. Après avoir gouté à l’ivresse, il ne me restait plus que des souvenirs. De magnifiques, de splendides souvenirs auxquels je me suis raccrochée comme un naufragé à sa planche de bois. Et c’est précisément ce manque, ce vide, qui a laissé la place à autre chose. Une…colère. Une haine. Quelque chose de violent, un sentiment brutalement intense qui me saisit encore parfois, souvent même, quand je suis face à une injustice, face à un prêtre menteur, face à une personne qui se moque de moi. Certains citoyens en ont fait les frais. La petite souris blanche aux yeux rouges est désormais munie de crocs. Des crocs redoutables qu’elle n’hésite plus tellement à utiliser. Parce que si les gentils gagnent toujours, ce n’est pas forcément en distribuant des fleurs ou en dispensant de bonnes paroles. C’est surtout en gardant un masque ravissant tout en utilisant les armes des méchants, à bon escient.

Pendant des mois, les gens, tout le voisinage, les quelques rares patients perdus dans les faubourgs ou ceux que le hasard voulait encore bien m’envoyer, tous ces gens n’ont vu que ce qu’ils voulaient bien voir ou ce que je consentais à leur montrer : une pauvre fille, abandonnée de tous, toujours à chialer, toujours l’œil rouge, maigre comme jamais, un peu naïve, un peu bête aussi. Il n’y en a pas eu UN SEUL parmi tous ceux-là pour prendre la mesure de qui se trouvait à côté d’eux. Pas un.

En prenant une gorgée de vin, alors que les doigts d’Irène couraient sur mon cou, j’esquissai un curieux sourire, mélange de triomphe et de cynisme. Tout vient à point à qui sait attendre. Or, je sais attendre comme personne…

La question d’Irène me fit tousser un peu. Je pris le temps de prendre une nouvelle gorgée de vin, avant de répondre. Je remarque que mon verre est presque vide, ça se boit comme de l’eau, ça, tellement c’est bon…

- Il n’est pas le premier homme que j’aie aimé…même si c’est lui qui a pris ma vertu, si c’est ce que vous voulez savoir…

Le rouge aux joues, je la regarde avec un sourire timide. Je n’ai jamais parlé de cela à personne. Je ne sais même pas s’il est bien moral de se perdre dans ce genre de conversation après avoir bu autant, mais tant pis. Parler à quelqu’un qui ne me prend pas pour une truite a quelque chose de totalement rafraichissant. Aussi ne puis-je m’empêcher de me confesser davantage, frissonnant de bien être sous la caresse de la comtesse, les yeux mi-clos.

- Celui que j’ai aimé le premier, c’est à lui que je dois ces jolies coutures sur mon dos. Ça m’a appris que l’amour, c’est dangereux. Ou à tout le moins, que parfois c’est dangereux de dire ce qu’on ressent à quelqu’un. Y en a qui repoussent, y en a qui ne disent rien, y en a qui s’en vont, et y a les autres…ceux qui font du mal.

Je ne peux plus voir un buisson d’aubépine sans me sentir mal depuis cet incident. Je me souvenais parfaitement de la douleur atroce des épines lacérant ma peau. Et dire que pourtant j’aimais les fleurs de cet arbuste…De si jolies petites fleurs blanches, parfois roses…Je dissimulai mon embarras en allant moi-même quérir la carafe et remplir mon verre mais…il ne tomba que quelques gouttes, rien de plus. Ennuyée, je bus le fond de mon verre, avant de reprendre, en déposant le verre et la carafe au sol, cherchant la main de la comtesse pour la replacer là où elle était :

- Jehan, c’est celui a guéri mes blessures. Qui m’a montré que je suis désirable malgré ces horreurs éternelles gravées dans ma chair. Je crois que je suis tombée amoureuse de lui à l’instant où je l’ai vu sourire…Il m’a séduite avec son humour douteux et son cœur vaillant. Il m’a conquise avec ses paroles et son attitude pleine de respect…Cette nuit-là, Irène, j’ai cru mourir de bonheur, je ne pensais pas que cela soit possible pour moi de vivre cela. C’était comme si…comme si nous nous étions trouvés, tout simplement. Je l’aime depuis ce jour, sans condition.

Toujours appuyée contre les genoux de la comtesse, je songeai alors à cette merveilleuse nuit, alors que nous nous étions unis dans cette petite maison presqu’en ruine qui m’appartient. Je levai les yeux vers la comtesse et me tus un instant. Peut-être n’a-t-elle jamais connu cela, elle, en fait. Voir ce que cela fait d’être aimé, de voir la personne qu’on aime vibrer rien qu’en touchant votre chemise, en la dénouant pour la laisser tomber au sol…Cet éclat dans le regard. Avec un sourire, je la détaille en silence, laissant passer de longues secondes avant de demander, à mon tour :

- Et vous ? Avez-vous déjà partagé des moments aussi intimes avec une dame, Irène ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptySam 4 Avr 2020 - 11:19
Irène ne pouvait qu’approuver les dires de Flore, mais sans pouvoir l’exprimer à voix haute. Elle la première, elle savait que nourrir la rancœur et la vengeance, même pour une cause juste, ne pouvait amener qu’à plus de mal. Pourtant elle n’arrivait pas à se défaire de sa quête, de son besoin d’obtenir elle aussi une justice violente et évidente. Flore, qui trouvait la mort de ses bourreaux juste pourrait-elle comprendre son besoin de voir le monde des hommes mourir afin d’équilibrer ses souffrances à elle ?
Peut-être un jour lui en parlerait-elle. Mais pas aujourd’hui.
Non, elle préféra se concentrer sur la réponse, parfaitement honnête à sa question déplacée. Encore une fois elle ne pouvait qu’approuver. L’amour était la plus grande de forces, mais aussi la plus terrible des faiblesses. Le plus triste, c’est que contrairement à Flore, elle était celle qui avait profité de cette faiblesse dans son histoire. C’était elle qui avait été cruelle et violente avec un homme qui l’aimait avec honnêteté. Dans un moment de frénésie, mélangeant peur, tristesse, honte et amour, elle l’avait tué après s’être offerte à lui. Son âme était-elle meurtrie comme celle de Flore aujourd’hui ? Elle espéra que non. Elle espéra que Flore et lui n’aient jamais connu ces souffrances. Que le monde forgeait par l’humanité ne permettent pas que de telles horreurs restent impunies. Mais c’était le cas. Et c’était pour cela qu’elle détruirait tout. Car les coupables devaient être punis, elle devait être punie.

Je vous envie Flore. » Dit-elle en toute honnêteté. « Je sais que vos épreuves ont été difficiles, horribles même. Mais vous entendre exprimer de tels sentiments. Évoquer un moment si simple et si important à la fois, avec cette lueur dans vos yeux qui clament la vérité et l’amour. Encore plus malgré elles d’ailleurs. »

Inconsciemment, elle caressa les lèvres de Flore du plat de son pouce. Elles étaient chaudes. Sans doute le vin se dit-elle sans trop savoir pourquoi, appréciant simplement le fait.

Cela vous rends plus belle encore d’être amoureuse. A notre première rencontre, je voyais un feu couver en vous. Aujourd’hui il semble s’exprimer librement dans votre regard. Cela vous rend un peu plus inquiétante. Mais plus belle. »

Sa main glissa sur le visage doucement en une lente caresse, comme pour souligner ses propos et revint caresser son cou, sans se gêner pour parcourir toute la peau découverte. Son feu à elle brûlait aussi très intensément aujourd’hui. Et les flammes de Flore ne faisaient qu’encourager les siennes à brûler plus encore. Elle finit son verre de vin, songeant à son tour à ce qu’elle allait répondre à la question tout aussi indiscrète. Alors que son verre finissait de s’écouler dans sa gorge fine, elle décida de prendre elle aussi le partit de l’honnêteté. Si elle ne pouvait se confier sur ses sentiments profonds à l’heure actuelle, elle était cependant tout à fait prête à faire confiance à l’herboriste pour ce qui était de garder pour elle ses confidences sur son quotidien.

Je doute qu’ils soient aussi intimes. Mais oui, très récemment j’ai partagé ma couche avec une femme. Une prostituée. » Elle se laissa un temps pour accepter le terme à voix haute et repris. « Une personnalité très agréable, bien plus que je n’espérais. Je crois qu’elle vous plairait, c’est une femme franche mais subtile, curieuse de la vie, mais discrète sur les peines. Nos nuits, bien que rare, ont été très agréable, meilleure que tout ce que j’ai connu jusqu’ici je dois l’admettre. Les femmes sont des amantes bien plus dévouées que les hommes, instinctivement, nous cherchons le plaisir de notre partenaire. Plus encore que le nôtre. »

Il s’agissait peut-être de détails qui n’étaient pas des plus important à cité dans leur discussion. Elle avait juste voulu exprimer son avis encore très peu expérimenté sur cet acte d’un absolu délice. Elle tempéra quelque peu ses ardeurs pour prendre un angle plus sentimental, un peu à l’image de Flore afin de lui partager son ressenti.

Mais je ne me fais pas d’illusion. Elle n’a pas de sentiment pour moi, pas plus que je n’en ai pour elle. Nous apprécions toutes deux ces instants, j’en suis certaine. Mais je la paye pour cela, et les sentiments n’ont rien à y voir. Je n’ai pas votre chance à ce sujet. Je n’ai pas connu l’étreinte née de la passion et de l’amour. Je pense que notre baiser de tout à l’heure à été plus chargé en sentiment que tout mes échanges avec elle. »

Elle regarda la bouteille vide et fit la moue. Pas vraiment triste de sa déclaration, pas heureuse non plus, un simple constat honnête de son expérience. Elle reporta son attention sur Flore et lui sourit avec chaleur.

Vous vous sentez capable d’en partager une autre ? »
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptySam 4 Avr 2020 - 15:03
L’alcool a cette réputation d’ouvrir la porte à tous les secrets que l’on cache. Là où j’aurais gardé une sage distance entre elle et moi, limitant mon attitude envers elle à une admiration secrète et une tendre inclination, je suis à présent assise à ses pieds, appuyée contre ses genoux, tandis qu’elle laisse ses mains s’approprier ma peau nue. J’ignore si Jehan connait les penchants de la comtesse, j’ignore ce qu’il penserait en nous voyant si proches, alors que nous nous racontons des choses si intimes qu’elles m’en feraient certainement rougir, si je n’avais pas ingéré la moitié d’une bouteille de vin en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Nous ne parlons presque jamais d’Irène. Et pourtant…que dirait-il s’il voyait sa fiancée dans cet état, en train de jouer négligemment avec le bas de la robe de la dame d’argent, assise à ses pieds et en train de se saouler comme une vieille pocharde en racontant des confidences ?

- C’était ignoble, oui. Mais je voudrais oublier. Avancer…Ne plus y penser. Malheureusement…A chaque fois que Jehan pose ses mains sur mon dos, je…Cela me met mal à l’aise. J’ai horreur qu’on me touche là…Même vous, quand vous avez bien voulu m’aider lors du bain…Il me faudra encore des années pour apprivoiser cela…

Je ne doute pas d’y parvenir grâce aux soins attentifs de mon fiancé. Quoiqu’il en soit, la main fraîche de la comtesse souligne ses jolis compliments par des gestes d’une bouleversante tendresse. Je ne peux m’empêcher de lui lancer un regard ravi, avant de sourire en coin, un sourire mutin. Irène sait. Elle a vu. Ou à tout le moins elle a deviné, ce qui me pousse à me confier davantage.

- Je préfère que le monde continue de me sous-estimer. C’est bien plus facile de passer pour une idiote naïve avec laquelle on peut tout se permettre. De cette manière, les gens ne se méfient pas. Qui pourrait craindre…la sorcière aux herbes ? La pauvresse qu’on caillasse sans qu’elle ne proteste ? la catin du Capitaine ? Personne. Et ça m’arrange. J’ai eu une vie de merde. J’ai marché dans la merde. J’en ai même ramassé. Mais…cela m’a permis de récolter des biens inestimables, la seule chose qui ait encore de la valeur dans cette cité. J’en ferai usage, le moment venu. Mais…pas aujourd’hui.

Je me tus pour prendre sa main et déposer un baiser sur ses doigts avant de la regarder à nouveau. Jamais je ne trahirai les secrets d’Irène. Jamais. Par contre…Il est temps pour moi de rendre la monnaie de leur pièce à toutes ces personnes qui m’ont si mal traitées. Le secret, c’est quelque chose qui se monnaie fort bien, de ce que je sais. Peut-être se trouvera-t-il sur l’Esplanade un noble seigneur ou une noble dame en quête d’informations compromettantes…ce dont je ne manque pas.

A mon grand étonnement, Irène décide de répondre honnêtement à la question que je lui ai posée. Et je pense que j’aurais préféré ne pas savoir. J’ouvre de grands yeux tous ronds et je la regarde, un peu horrifiée par ce qu’elle vient de dire.

- Une…Une prostituée ?

Je me redresse un peu, quittant l’agréable support de ses genoux, pour mieux la regarder. En une fraction de seconde, un étrange aiguillon venait de s’insinuer dans mon cœur pour piquer fort. Très fort.

Par la pratique de mon métier, il m’est arrivé de devoir soigner certaines de ces malheureuses au corps abîmé par la folie des hommes. Certains d’entre eux sont d’une brutalité inouïe avec elles et je récupérais ces dames dans un tel état parfois que c’était à vous dégouter des choses de l’amour. Ces pauvres créatures à qui le pain manque, qui n’ont parfois pas d’autres options pour nourrir une famille, subissent des actes d’une ignominie sans nom. Le schéma était toujours les mêmes, toujours les mêmes cas de figure. Elles frappaient à ma porte de grand matin, avant que les environs ne s’éveillent. Elles entraient, pleuraient en me racontant, puis finissaient invariablement couchée sur ma paillasse, les jambes écartées, afin de me laisser soigner ce qui pouvait l’être, réparer, parfois, ce qui pouvait l’être aussi. Certaines d’entre elles ne pleuraient pas. C’étaient les pires. Celles qui ont renoncé. Celles qui ne se battent plus. Bien des fois je me suis félicitée, après de telles visites, de ne jamais avoir sombré dans ce métier, alors même que je manquais de tout. Et les maladies…Ces affreuses maladies de l’amour qui les tuaient à petits feux…et contre lesquelles je ne peux apporter que de brefs apaisements, pas de soins efficaces…

Bien sûr, ces dames étaient malmenées par des hommes. J’ignorais totalement si de tels actes pouvaient être menés par une femme. En tout cas je n’ai pas souvenance d’avoir jamais entendu pareille plainte.

L’idée, la perspective d’une Irène dans les bras d’une dame pareille me fit pâlir. Quelle horreur…Mais quelle horreur, par les Trois. Mon Irène, si douce et si belle, entre les bras d’une femme payée pour lui faire croire qu’elle compte. C’est ignoble. Je ramenai alors mes jambes contre moi, avant de les entourer de mes bras, et de regarder ailleurs. Ça me fait de la peine. Beaucoup. Énormément. Pourtant, je ne suis rien ici, juste une invitée appréciée, je ne peux pas lui dire ce qui est bon pour elle et ce qui ne l’est pas. Si la comtesse y prend du plaisir, alors…Ce serait très égoïste de ma part de la sermonner, d’une quelconque façon.

- Si cela vous plaît, Irène, alors…je suis contente pour vous.

J’ignore si j’ai été convaincante mais je n’en ai pas pensé le moindre mot. Bien sûr que non, je ne suis pas contente. Irène mérite bien mieux que cela. Imaginer cette triste scène d’un échange de pièces contre de l’amour me souleva le cœur. Je finis par hausser les épaules à la perspective d’une autre bouteille.

- Je ne sais pas, je pense que je n’ai plus très envie de boire. Mais si vous souhaitez continuer, je vous en prie, ne vous privez pas. Peut-être avez-vous faim ? Voulez-vous que je demande quelques fruits ?

Non. Décidément, je ne suis pas convaincante. Du tout. J’avais fini ma phrase avec un nœud dans la gorge. Peut-être vaut-il mieux que je sorte pour aller les chercher, ces fruits, afin de m’éloigner et avant de dire des choses que je risque de regretter.

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptySam 4 Avr 2020 - 16:06
Voilà ce qu’on gagne à l’honnêteté songea Irène en observant Flore se racornir loin d’elle en l’espace d’un instant, comme si elle s’était brûlée à son contact. La comtesse sentit son cœur se fendre en deux. Elle avait essayé. Vraiment essayé de s’ouvrir, d’être honnête sur une expérience qu’elle avait vécue. Pas de celle dont on est fier, certainement pas, mais de celle qu’on considère positive dans notre vie. Pour la première fois en vingt ans, Irène avait assumé ses désirs, ses penchants. Pas de la plus belle des manières, mais de celle qui lui était accessible alors. C’était une victoire pour elle, une victoire après une très longue série d’amères défaites. Et maintenant qu’elle s’en ouvrait à la seule personne assez proche d’elle pour l’entendre, celle-ci lui rendait par une forme de dégout, que ce soit pour l’acte ou la personne choisie.

Irène se sentait comme une pestiférée à cet instant, sa main toujours suspendue en l’air là où quelques instants plus tôt elle caressait la peau de sa confidente. Ou du moins celle qu’elle pensait pouvoir considérer ainsi. Elle rejoignit l’autre sur ses jambes et ses doigts se croisèrent entre eux, tandis qu’elle les pressait fortement l’une contre l’autre. La presque euphorie qui naissait de l’alcool se tarit rapidement pour ne laisser place qu’à la sensation de chaleur et d’engourdissement. Et pourtant malgré cette sensation, elle se sentait sous l’emprise d’un terrible froid. Alors qu’elle avait écouté sans gêne cette femme se satisfaire de la mort d’une famille avec une satisfaction presque sadique, juste en tentant de se mettre à sa place. Elle se retrouvait jugée pour avoir simplement pris du bon temps avec une personne qu’elle n’avait ni forcée, ni martyrisée. Était-ce si monstrueux que de n’avoir pas la chance de trouver l’amour ? De faire avec ce qu’on pouvait avec les moyens disponibles pour un peu de chaleur humaine ?

Non… merci. » Se contenta-t-elle de répondre aimablement. « En ce cas, il me reste du travail à finir. Je vous prie de m’excuser. Profitez de votre après-midi, je pense que nous aurons un temps superbe. Ne vous en faites pas pour les verres, Alice s’en chargera. »

Elle se releva avec grâce bien plus habituée sans doute que Flore à dissimuler l’impact de l’alcool sur ses sens. Elle salua la jeune femme d’une révérence et se dirigea vers la porte d’un pas tranquille à l’opposé de sa colère intérieure. Elle s’arrêta un instant dans l’embrasure comme pour ajouter quelque chose. Mais n’en fit rien. L’instant de l’honnêteté était passée. Et il n’avait rien apporter de bon à son goût. Inutile d’en dire davantage. Elle sortit.

Quelques minutes plus tard elle était assise derrière son grand bureau, sous ses yeux défilait une multitude de caractères, de chiffres, de dessins. Elle aimait cela, les mots se fichaient de l’honnêteté, tout autant que du mensonge. Ils étaient des outils sans autre sens que celui que l’auteur y insuffler. On pouvait croire un mot, tant qu’il n’était pas prononcé par quelqu’un.
A bien des égards, ils étaient de meilleure compagnie que les gens. La comtesse raya une longue série de caractères qu’elle annota ensuite pour préciser que cette règle commerciale n’était plus en vigueur depuis près d’un siècle et que le marchand concerné ne pouvait s’en servir pour se dédouaner.
Un gant dépassait d’un tiroir de son bureau, bien plus épais et usé que ceux qu’elle portait elle-même, mais pas assez large pour une main d’homme. Elle l’effleura doucement du bout des doigts en songeant à ce qu’elle devrait faire à présent. Elle ne tiendrait pas rigueur à Flore de sa réaction, elles étaient de deux mondes différents. Et l’herboriste ne pouvait apparemment pas franchir certaine barrière à son égard. C’était elle qui avait eu tort de croire qu’on pouvait l’écouter et la comprendre sans émettre de jugement. En se contentant d’accepter qu’elle ne fût qu’une humaine, banale, imparfaite. Les gens n’étaient pas ainsi. Même ceux qui vous aiment projettent sur vous un portrait dont ils ont eux-mêmes dessiné les contours et dont vous ne devez pas dépasser sous peine de les décevoir.
Alors elle serait l’image qu’on attendait d’elle, comme toujours, et se réserverait le droit d’être elle-même dans ce bureau ou avec une personne qu’elle paierait pour ne pas la juger. Ça avait le mérite de faire moins mal. Son mal être s’éloigna, enfouit avec tant d’autres choses en elle. Elle se demanda si elle avait encore les mesures de Jehan quelque part. Elle refusait qu’il se marie dans ses guenilles habituelles. Il en allait de l’image de sa maison !
Elle sourit pour elle-même en imaginant sa tête et entreprit de retrouver les informations.
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptySam 4 Avr 2020 - 21:47
Visiblement, Irène m’a précédée dans l’idée de sortir. Une jolie phrase, une petite révérence et hop, elle s’enfuit. Elle me laisse là, plantée au beau milieu du salon, avec des révélations plein les oreilles et de l’amertume plein le cœur. Elle est fâchée ? Elle est triste ? Je n’ai rien dit. Je n’ai rien fait. Je ne voulais pas lui faire de la peine, et visiblement c’est tout le contraire qui s’est produit. Je l’ai suivie du regard, je l’ai vue s’arrêter, et j’ai suivi sa sortie, sans dire un mot. Qu’est-ce que j’ai fait, encore ?

- … ?

Le silence qui s’est installé dans la pièce, en lieu et place de la joie qui s’y trouvait encore il y a à peine quelques minutes, m’enveloppe comme du torchis. C’est sale, c’est étouffant, c’est épais, ça colle au cœur comme au sentiment. Et cette enveloppe, ce n’est rien de plus que du regret et de la maladresse. Il n’y a donc rien à faire. A force d’avoir vécu comme une bête pendant des années, isolée de tout, de tout le monde, parlant peu et rarement écoutée, j’en suis probablement devenue une femme bizarre avec son propre code de conduite et une façon d’agir un peu brutale. Pourtant, je ne pense pas avoir été brutale dans mes propos. Qu’aurais-je du dire ? Bravo Irène ? Ben non, pas bravo. Je n’ai pas cette subtilité là, moi. Quand j’aime pas, je le dis. Quand je désapprouve, ça se voit. Quand j’aime, on l’entend. Quand je suis en colère…On l’entend aussi. Et là…Tout le vin dans mon corps me hurle de me mettre en colère, pour avoir une fois de plus déçu Irène parce que je ne suis pas comme elle. Parce que j’ai pas dit bravo. Parce que rien que de l’imaginer dans les bras de ce genre de femme, ça me broie l’estomac plus sûrement que la quantité de vin que je viens de boire.

Un bruit attirera peut-être l’oreille d’Irène. Celui de la vaisselle qui se casse sur un mur. Le bruit du verre qui éclate en mille morceaux. Je suis en colère. La même colère qui s’est emparée de moi lorsque ce milicien a pénétré chez moi sans me demander ma permission pour ensuite s’asseoir comme si c’était tout à fait normal. Est-ce donc une manie, ici bas, de faire comme si je n’existais pas pour ensuite m’envoyer tout son mépris à la figure ? Il me fallait un exutoire immédiat. Le verre est allé finir sa vie sur le mur du salon, tandis que je me balançais d’avant en arrière, fâchée contre moi-même, fâchée contre Irène, fâchée contre le monde entier. Et pourtant ce n’était pas suffisant. Non, ce n’était pas suffisant. C’est trop facile, aussi, de se défiler de la sorte en faisant des ronds de jambe, et des sourires faux. Encore une fois, je ne suis pas dupe. Je connais bien ce genre de sourire. Et j’aime pas. J’aime pas parce que j’ai pensé être plutôt subtile alors qu’en fait pas du tout.

Je me lève donc et manque de tomber aussitôt. Est-ce réellement une bonne idée ? Je n’en sais rien. Quoiqu’il en soit, si je ne le fais pas, je vais le regretter toute ma vie. La tête en vrac, le cœur en miettes et la tête soumise à d’intenses vagues initiées par l’alcool, je sors, en me tenant à ce que je peux, pour partir à la recherche de la comtesse. Je vois flou. Je ne sais pas si c’est parce que je pleure, ou si c’est à cause de l’alcool. Peut-être bien les deux. Je m’en fous en fait.

Après des minutes de recherches qui m’ont parue des heures, j’entends le son d’une plume grattant le papier. Le bruit du papier qui se tourne. Sérieusement ? Elle…Elle travaille ? Après ça ? J’entre alors, sans m’annoncer, dans le bureau, fermant la porte avec fracas, avant de venir, l’œil luisant de colère, vers elle. Enfin du moins, j’avance comme je peux. Et les mots qui sortent de ma bouche ont une intonation étrange. Est-ce que je pleure ? Rhaaaaa….

- Ça fait deux fois que tu t’en vas. Cette fois, tu t’en vas pas et tu m’écoutes. Pisque visiblement je sais pas faire des dentelles et des ronds de jambe, je suis bien obligée d’en arriver là. Je sais pas parler comme toi, moi. Je sais pas être polie, gentille, douce, en toutes circonstances, parce que j’ai pas été élevée comme ça. C’est quoi ça ?

Je vois les papiers, les plumes, son air étrange, son regard sur moi, comme si j’étais devenue folle à lier. Ptêtre bien que c’est vrai. Ptêtre que je devrais pas parler comme ça, mais si je lui dis pas, elle saura jamais. D’un coup de bras d’une violence que je ne me connaissais que trop bien, j’envoyai promener tout son ouvrage, tous ses documents pour faire place nette, pour qu’elle ne voit que moi, pour qu’elle n’ait pas l’occasion de se cacher dans ses pages ou dans quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Les deux mains posées à plat sur le bureau lisse, je la regarde sans ciller, même si je ne la vois qu’à travers un prisme flou que je sens rouler sur mes joues maintenant.

- Tu m’énerves. Je te jure, Irène. Tu m’énerves. Tu m’énerves parce que tu comprends rien à ce que je te dis. Tu n’écoutes pas. Tu ne vois pas. Tu croyais quoi ? Que j’allais applaudir à deux mains le fait que tu te donnes à des femmes pareilles ? C’est ce que tu veux ? Ben regarde !

Je frappe mes mains l’une dans l’autre, d’un air affreusement moqueur et peiné à la fois, avant de reprendre.

- Bravo Irène ! Tu sais quoi ? Ces femmes-là, hein, elles venaient chez moi, pour se faire soigner. Des femmes en miettes. Des femmes battues. Des femmes affreusement violées et qui reçoivent des sous pour ça ! Violées parfois, de manière contre nature, est-ce que tu te rends compte ??? Et tu te…tu te donnes à ces femmes là parce que tu crois que tu n’es pas digne de recevoir de la tendresse désintéressée ? C’est ce que tu crois ? Tu leur donnes des sous pour avoir l’illusion qu’on t’aime ??

Je fracasse un poing sur le bureau, hurlant à présent, sans pouvoir m’arrêter.

- Regarde, regarde mieux, Irène de Valis.

Me redressant de toute ma taille, le poing douloureux et bleuissant rapidement, j’ajoute :

- Je sais pas faire des phrases pleines de sous-entendus, surtout quand j’ai bu. Non, j’suis pas contente que tu sois donnée à ce genre de femme qui n’en a qu’après tes pièces. Moi j’en ai qu’après ton cœur. Je m’en fous que tu sois une comtesse. Je m’en fous que tu vives dans un beau château. Je m’en fous aussi de n’être qu’une paysanne. T’as toujours mis une barrière entre nous, t’as toujours agi en princesse lointaine et souriante comme si j’étais pas digne de recevoir une confidence ou un de tes sentiments, même tout petit. J’suis donc si vilaine ? Si imbécile ? Si idiote ? J’peux pas t’aimer comme j’aime Jehan parce que c’est lui, l’homme de ma vie, mais moi, je t’aime quand même. Pour rien. J’ai jamais rien demandé en retour, jamais. Pas même que tu t’occupes de moi. J’aurais fait n’importe quoi il y a quelques mois, juste pour te voir quelques secondes, être sûre que tu sois en vie. Juste pour apercevoir ta silhouette et savoir que tu vas bien. Je ferais n’importe quoi pour toi, Irène, parce qu’à mes yeux, t’es aussi importante et précieuse que Jehan, même si vous aime tous les deux différemment. Parce que je t’aime pour rien. Et ça me brise littéralement les couilles que j’ai pas de te voir si malheureuse, de te savoir si seule, et de te savoir si désespérée au point de te donner à des catins qui n’en ont juste rien à foutre de toi. VOILA !

Dans le silence qui suivit, je portai ma main blessée à ma poitrine pour la serrer de mon autre main valide. Je ne parviens plus à plier mon petit doigt et ça fait très mal. Essuyant mes joues en feu et mes yeux d’un geste brusque, j’ajoutai, pour conclure :

- J’suis quoi pour toi en fait ? Un passe-temps ? Une charité ? Une invitée ? Un jouet ? C’est donc si impossible pour toi d’imaginer qu’on puisse t’aimer pour ce que tu es et pas pour celle que tu montres ? ça te paraît impossible qu’une pauvresse comme moi puisse t’aimer pour ce que tu caches ? la noblesse des sentiments, c’est réservé au sang bleu ?

Je me sens bête tout d’un coup, d’avoir dit tout ce que je retiens depuis des mois. Je me sens bête et totalement vidée. Fatiguée et triste parce que je sais que ça ne servira à rien. Je regarde les feuillets par terre, d’un air morne, et tourne les talons, en tenant ma main contre ma poitrine. Cela me fait un mal de gueux, c’est atroce.

- J’vais dire comme toi tout à l’heure. « Nous n’en parlerons plus ». J’vais attendre Jehan. Et soigner ma main. A plus tard.

Je priai en silence pour que mon fiancé ne soit pas loin. Sinon je ne sais pas comment je vais faire pour gagner l'office et plonger ma main dans de l'eau froide...

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Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 6 Avr 2020 - 11:45
La plume tourne doucement entre ses doigts, devenue parfaitement inutile sans la masse de papier à annoter. Mais c’est tout ce qu’elle a pu sauver du carnage. Ses yeux regardent le tas par terre. L’encre se répand depuis son pot, elle plisse les lèvres. Une fortune de gâchée. Elle reporte son attention sur la frénétique Flore qui hurle à présent littéralement en face d’elle. Elle ne fait pas de commentaire, se contente de prendre ne compte les idées importantes du discours quand bien même elle pourrait mettre à mal la plupart de ces inepties.

C’est un discours d’ivrogne, elle en a déjà entendu bien d’autres, elle sait qu’interférer avec l’un d’eux a pour seul résultat de prendre des coups en général. Flore a besoin de crier sa vérité. Pas qu’on lui fasse remarquer qu’elle ne concerne qu’elle et ne s’applique pas aux autres. Elle lui accorde cependant la grâce de ne pas lui sortir de sourire de façade, elle reste simplement là stoïque.
Alors elle concentre son attention sur la main rougissante. L’herboriste c’est encore fait mal, elle fronce les sourcils. Voilà pourquoi elle devait se reposait, et pas se battre avec d’épais bureau de chêne. Son corps, autant que son esprit était encore fragile. Elle releva les yeux vers son visage, alors qu’elle essayait de justifier ses sentiments sans qu’Irène sache trop dire pourquoi. Jamais elle n’avait douté de son affection, Flore avait su voir en elle un part de la fragilité qu’elle cachait. C’était un fait qu’elle ne niait aucunement. Elle avait juste conscience qu’elle s’était brodée un portrait à partir ce ces éléments, et que ce portrait n’était pas elle, trop incomplet, trop doux. A cause de cela, elle la pensait digne de bien des choses qu’elle ne méritait pas, et lui souhaitait un bonheur dont elle ne voulait pas. Elle, elle ne voulait pas d’un Jehan.

Si elle devait aimer un jour, une heure, une minute, ce serait pour une personne qui la verrait entièrement sans qu’elle se sente le besoin de taire une part d’elle. Alors le sens que donnait Flore à ce qu’elle méritait ou non de vivre lui échappait totalement. Qui n’aurait pas aimé une étreinte pleine de passion et d’honnêteté comme l’herboriste pouvait visiblement en vivre avec son capitaine ? Mais Irène n’avait jamais rencontré ce genre de personne, jamais envisagée d’être totalement libre dans les bras de quelqu’un. Même cette femme pleine de colère face à elle, aujourd’hui sans doute celle qui la connaissait le mieux, ne pouvait dire la connaître, et la jugeait déjà sur cela. Le masque faisait partie d’elle, aussi surement que ses faiblesses, aussi surement que la bête et sa haine. La comtesse était une part d’Irène aussi surement que sa main appartenait à son bras. Peut-être qu’un jour, elle rencontrerait quelqu’un pour qui cela serait la simple évidence et qui la mettrait à jour entièrement, en attendant elle ne voyait dans la diatribe de Flore qu’un rappel douloureux à sa solitude, elle méritait mieux qu’une catin mais n’avait rien de mieux pour le moment. Flore appartenait à un autre et elle devait la protéger, Sydonnie n’était qu’un mystère insoluble qu’elle peinait à percer, et Louise avait disparu.

Si même celle qui la connaissait le mieux la critiquait pour le moins terrible de ses crimes, alors elle se voyait mal parcourir la cité avec une pancarte autour du cou où elle porterait fièrement « Monstre cherche âme-sœur » dans l’espoir de trouver quelqu’un. Non.
L’herboriste tourna les talons d’un pas titubant et les joues couvertes de larmes, Irène jeta un dernier coup d’œil au saccage et se leva à sa suite. Et la rattrapa à la sortie de la pièce glissant une main ferme sous son bras intact et l’entrainant à sa suite vers la cuisine, les lèvres scellées et le pas décidé. Elles parvinrent rapidement à la cuisine où Irène força sa compagne à s’asseoir avec plus ou moins de heurts. Elle entreprit de trouver le nécessaire dans les placards et remercia silencieusement Alice en trouvant de la glace pilée dans le contenant dédié à le faire durer en dehors de la cave. Elle en rempli à moitié un contenant, et le compléta avec de l’eau avant de revenir à Flore pour y plonger sa main meurtrie.

Laissez-la dedans. » Se contenta-t-elle de dire d’un ton ferme. Elle ne lui accorda pas de tutoiement en retour, si ce genre de familiarité prenait place entre elle, ce ne serait pas à travers un discours d’ivrogne.

Elle repartit en quête d’autres choses et du fouiller de nombreux placard pour la trouver, elle pensait d’ailleurs ne plus en avoir. Une toute petite bouteille, qui pouvait disparaitre dans sa main fermée. Elle trouva aussi des bandes propres que sa gouvernante avait soigneusement rangé et plié. Elle revint à Flore avec ses trouvailles. Et pris une chaise pour s’asseoir face à elle, retirant sa main de l’eau. Avec précaution elle tâta la zone rougie sous les grimaces de l’herboriste.

Je ne crois pas que ce soit cassé, mais vous avait au moins deux doigts foulés. Il va falloir la bander serrée pour éviter qu’elle ne gonfle. »

Elle indiqua la petite bouteille et la bande d’un mouvement du menton.

Extrait d’immortelles, pour l’hématome. Puis-je ou voulez-vous vous en occuper seule ? »

Comme l’avait demandé Flore avec sarcasme, elle ne revint en aucun cas sur la discussion, se contentant de régler le problème présent et pour lequel au moins une solution existait. Elle se permit une simple question, curiosité mélangée à l’appréhension. Une sorte de silence qui couvait dans leurs échanges et qu’elle décida de percer à cet instant, dans cette cuisine. La main blessée de Flore dans la sienne.

Auriez-vous voulu être à sa place Flore ? Vous qui m’aimez, voudriez-vous être celle avec qui je me permet de découvrir mes inclinaisons ? »


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 6 Avr 2020 - 16:37
Aucune réponse.

Pourtant, ma question était claire. Elle a pris le parti de ne pas y répondre, ce n’est pas grave. Elle sait maintenant, et c’est bien tout ce qui compte. Je prends la direction des cuisines quand je sens son bras se glisser sous le mien, afin de m’entraîner d’un pas plus leste vers les offices. Elle ne dit rien. Et moi j’ai dit tout ce que j’avais à dire. Je ne comprends pas bien ce qu’elle me veut. Ah, si. M’aider, on dirait. Encore. Cette manie.

- … ?

Elle me pousse sans réel ménagement sur une chaise avant de chercher partout après quelque chose. La main collée contre ma poitrine, je regarde ailleurs, l’estomac brouillé, le regard flou, le cœur battant un peu plus vite que prévu. Cependant, je la vois plonger des petits morceaux blancs dans un contenant auxquels elle ajoute de l’eau. Je ne peux m’empêcher de marquer mon étonnement, évidemment. Qu’est-ce que c’est que ça ?? De la glace ? Mais enfin, comment est-ce possible ? J’aurais volontiers posé la question en tout autre temps, mais là je n’en ai pas envie. Je n’en ai plus envie, c’est tout. Ma curiosité est éteinte, comme tout le reste, d’ailleurs. Elle plonge ma main dans l’eau, d’autorité, ce qui me fait grimacer de douleur. C’est affreux, la sensation si froide sur la peau échauffée, absolument inconfortable. Je préfère laisser ma main en dehors, ça fait trop mal. Quoiqu’il en soit, elle revient pour prendre ensuite une chaise et la placer en face de moi pour y prendre ensuite place, afin de s’occuper de ma main meurtrie. Elle la manipule, concentrée, et je la laisse faire, je ne suis pas en état de protester de toute façon. Je veux juste m’en aller et oublier cette journée qui avait pourtant si bien commencé.

- Aïe !

A un mouvement qu’elle fait, plus appuyé que les autres, je lui retire ma main et prends les bandages, le visage fermé et les yeux fixement posés sur mes blessures. Je soigne les autres volontiers mais quand il s’agit de ma personne, je préfère le faire moi-même et ne pas confier cette tâche à d’autres. La dernière à s’être essayée à cet exercice est la sergente qui m’a offert ce séjour à la Chope Sucrée. Elle était parvenue à un très bon résultat, mais j’ai eu mal. Et je déteste avoir mal. Quoiqu’il en soit, même si j’ai bu, même si je suis silencieuse et triste, je parviens tout de même à envelopper correctement mes doigts dans un bandage satisfaisant, sous les yeux de la comtesse que je ne regarde plus.

Irène me vouvoie.
Irène ne répond pas à mes questions.
Irène a réinstauré ses barrières de noble dame face à moi, en gardant des distances et en niant scandaleusement tout ce que je viens de lui dire.
Et bien soit.

Tirant le bout de tissus vers moi à l’aide de mes dents, tandis que le bandage se place parfaitement autour de mes doigts, je la regarde pourtant, lorsqu’elle pose cette question qui sort de nulle part. Je manque d’ailleurs de m’étouffer d’indignation.

- C’est facile ça, tiens. Tu poses les questions qui t’intéressent et tu ne réponds pas aux miennes ? He ben non, ça ne fonctionne pas comme ça, Irène. J’suis pas une catin qui se plie à toutes tes volontés, moi.

Je me lève de ma chaise, comme je peux.

- Merci pour le…les…Enfin ça, dis-je en montrant ma main emmitouflée. Et pour répondre à ta question…

J’esquisse un semblant de révérence maladroite en répondant :

- Quand Irène Cerne sera de retour, je répondrai à cette demande. En attendant, madame la comtesse, je vous prie de m’excuser, je préfère sortir et ne pas empiéter sur votre si précieux temps.

Sans un mot de plus, je sortis de la pièce et la laissai là, fulminant comme jamais encore je n’ai fulminé. Tout ceci n’a servi à rien, je me suis encore ridiculisée en exprimant ce que j’ai dans mon coeur. C’est curieux, cette réaction des gens, quand on leur dit qu’on les aime. Le premier m’a battue à sang, le second a fui, la troisième est restée de marbre. Je sais pas, j’dois sûrement mériter quelque part, pour un motif que j’ignore, qu’on me prenne sans arrêt pour une grosse pintade. Mais qu’est-ce que je raconte…Jehan m’aime. Il m’a demandé de l’épouser. Ou est-il ? La journée avait si bien commencé…et j’ai plus personne avec qui fêter mes fiançailles. Quel constat amer… Toute une vie à tendre la main et même pas une amie avec laquelle s’épancher sans que ça ne tourne au drame. C’est d’un lassant…C’est quoi leur problème aux gens, à la fin ?

La tête pleine de ces questions idiotes, emmêlées et confuses qui tournent dans mon esprit embrumé par un apport déraisonnable d’alcool, je suis sortie vers les jardins. J’ai pas d’autres endroits où aller t’façon. Ma maison, c’est loin. Ma chambre, j’ai pas envie. Et j’ai plus envie de parler à Irène, ça sert à rien, elle comprend rien. Alors bah j’vais là où je me sens le mieux, parmi les plantes. J’avais voulu voir de plus près ce grand chêne magnifique lorsque j’ai pris le petit déjeuner avec la comtesse. A présent je suis assise dessous, le dos appuyé contre l’écorce rugueuse, la tête levée vers les feuilles et les branches qui se balancent doucement. Les feuilles sont parées de somptueuses nuances d’or et de rouge à travers desquelles filtrent des rayons de lumière. C’est si beau…et je suis si fatiguée, par les Trois.
Avant de sombrer dans un sommeil d’ivrogne, j’eus une pensée pour le comte de Rougelac. J’irai le voir dès que j’irai mieux. Ce qu’il vient de se passer me conforte dans cette idée. Trouver un mécène. Quelqu’un qui voudra bien m’apporter son aide en échange de services. Quelqu’un qui…

- …

Le sol couvert de mousse me semble soudain faire une couche plus confortable, je m’y allonge en me repliant sur moi-même, ma main blessée contre moi. Il sera temps de penser à ça demain. Quand j’aurai cuvé.
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 6 Avr 2020 - 18:30
Le coup fut si violent qu’elle n’eut pas le temps de se préparer à l’encaisser. Si elle a su être un parfait bouclier dans le bureau, ici elle ne peut que le prendre et en subir les dégâts. Est-ce ainsi qu’à l’impression d’être traitée Flore ? Une catin ? Elle a tourné les talons après avoir posé ses questions, et maintenant elle lui reproche de ne pas y avoir répondu. Et qu’aurait-elle pu dire si elle en avait eu le temps ou l’occasion ? Pour avoir admis trouver du bon temps avec une femme de joie, l’herboriste c’était éloignée d’elle comme une pestiférée. Elle ne savait pas même quoi répondre, chaque fois qu’elle essayait de déterminé ce qu’était Flore dans sa vie celle-ci s’arrachait à l’image qu’elle s’en faisait pour en interdire la possibilité. Parfois elle semblait sur le point de vouloir tout partager avec elle, et l’instant d’après elle agissait avec violence en rejetant le peu qu’elle parvenait à lui montrer. Non, elle ne pouvait visiblement pas lui attribuer un rôle et le lui expliquer.
Et maintenant que la douleur envahissait son esprit, elle ne savait plus vraiment si elle devait chercher ou non.
Elle ne fit rien pour empêcher Flore de partir, trop occupée à fixer un point par-dessus son épaule comme incrusté dans la pierre grise et lisse. En elle elle entendait un cri, si faible qu’on aurait pu le confondre avec la bise du vent. La bête se nourrissait d’elle, ne laissant qu’un vide là où quelque chose se tenait l’instant précédent. Qu’était-ce ? Elle ne savait plus. Une main ferme la sortit de sa torpeur. La lumière avait fortement baissé lui sembla-t-il. Jehan, le grand Jehan se trouvait près d’elle. Elle aurait voulu qu’il la serre fort, qu’il l’aide à retrouver son chemin. Il faisait si sombre sur sa route.

Allez vous coucher, je dois prendre soin de Flore. »

La gorge de la comtesse se serra, mais aucune larme n’humidifia ses yeux. Jehan avait quelqu’un d’autre à protéger à présent, il ne pouvait plus l’aider à retrouver son chemin. Elle hocha la tête et se leva, prenant un instant pour retrouver des sensations dans ses jambes pleine de fourmillement. Une couverture glissa de ses épaules pour tomber au sol. Quand avait-elle mis cette chose ? Elle avait dû passer plus d’une heure sur cette chaise à simplement fixer la surface devant elle.

Flore… » s’inquiéta-t-elle.

Elle va bien, allez-vous coucher. »

Elle hocha de nouveau la tête, elle ne savait plus vraiment pourquoi elle devait s’inquièter… Mais Jehan en prenait soin, alors elle n’avait pas à s’en faire. Elle quitta la pièce sous le regard de l’imposant personnage qui ne fit pas le moindre geste pour la soutenir bien que ses yeux indiquaient une crainte qu’elle ne saisit pas. Elle ne gagna pas sa chambre, mais retrouva son bureau. Le sol avait été nettoyé, et la plupart des papiers reformaient un tas ordonné sur le bureau. Irène s’assit. Elle avait l’impression d’avoir perdu quelque chose de précieux, mais elle n’aurait su dire ce que cela pouvait être. Ce n’était qu’une sensation diffuse, lointaine. Elle trempa sa plume dans l’encre et reprit le travail. Ça ne devait pas être si important que cela. Si ?

***

Jehan avait compris que quelque chose n’allait pas dès qu’il entraperçu la forme couchée dans l’herbe. Il avait parcouru la distance presque en courant en reconnaissant inconsciemment la silhouette de sa promise, mais la tension avait quelque peu diminué en la découvrant bien emmitouflée dans une large couverture. Sa tête posée sur un petit coussin identique à ceux que l’on trouvait dans la véranda. Près d’elle une carafe et un verre attendait patiemment que la dormeuse se réveille. Une vague odeur de vin flottait dans l’air.
Jehan observa le manoir et aperçu à l’une des fenêtres le visage d’Alice, inquiet mais qui semblait soulagée de le voir. Ils échangèrent un hochement de tête, et la petite bonne femme disparu.
L’inquiétude remonta quand il découvrit la main bandée de sa bien aimée en rajustant sa couverture, confirmant qu’un échange houleux avait eu lieu. Elle ne semblait pas porter d’autres marques visibles. Avait-elle frappé Irène ? Il avait du mal à l’imaginer. Et qu’avait dû faire la comtesse pour provoquer assez de colère chez elle au point d’en devenir violente ?
Il entendit l’estomac de sa compagne faire du bruit, sans doute affamé et peut-être nauséeux de boisson si l’odeur de raisin se justifiait par la boisson. Il dégagea une mèche du visage de sa compagne et gagna la maison à grand pas.

C’est dans la cuisine qu’il trouva la femme aux cheveux d’argent, figée dans une position peu confortable, le même genre de couverture que Flore sur les épaules, indiquant qu’Alice les avait trouvées toutes les deux.
Il posa sa main sur l’épaule fine et la comtesse leva les yeux vers lui. Il regretta ses paroles immédiatement après les avoir prononcées. Pas qu’il ne les pense pas. Au contraire. Mais parce qu’il vit naître dans le regard d’Irène un gouffre sans fond dans lequel il faillit bien chuter. Elle se leva et il dut l’empêcher de tomber, même si elle ne sembla pas s’en apercevoir. Elle parla de son aimée, et il tenta de la rassurer, mais il ne fut pas certain qu’elle le comprit avant de sortir de la pièce. Il soupira profondément. C’était la première fois qu’il ne la suivait pas pour s’assurer de son état après ce qui ressemblait à l’une de ses absences. Mais son cœur et son corps l’attirait déjà vers les jardins pour retrouver ce qui comptait vraiment, peu importe ce que lui disait son esprit. Il s’empara d’un peu de pain et de beurre, et trouva même un peu de blanc de poulet salé, restant de la volaille cuite il y a quelques jours. Il ramassa aussi la couverture.
Moins d’une minute plus tard, et bien qu’il aperçu la lumière diffuse sous la porte du bureau, il était dehors près de Flore, la couvrant d’une couche supplémentaire de tissus et posant sa tête sur sa jambe afin de veiller sur elle.

Je suis là… » Murmura-t-il tout doucement en caressant sa chevelure, regrettant de ne pas l’avoir été plus tôt.


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 6 Avr 2020 - 20:40
Dormir dehors est un petit luxe, une rare excentricité pour tous les gens de ma condition qui ont, comme moi, un toit sur la tête. Pour d’autres, c’est le quotidien. Je ne me rappelais plus quand j’avais pour la dernière fois gouté au plaisir simple de m’endormir dehors, en plein air, près des fleurs que j’aime tant. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas réellement pu en profiter. Le lourd sommeil teinté d’alcool qui s’est emparé de moi n’a absolument pas été réparateur, il avait au contraire été agité de toutes sortes de tourments étranges, des remords, des regrets, des craintes et beaucoup de colère saupoudrée de chagrin sincère. Une douleur vrille mon front de part en part et je suis obligée de prendre de grandes inspirations pour ne pas me sentir mal.

J’ignore depuis combien de temps je suis ici mais je sens que le soleil disparaît, il fait moins chaud, je le sens au vent dans mes cheveux. Et pourtant je n’ai pas envie de rentrer. Je n’en ai absolument pas envie. Rien que l’idée de voir Irène parfaitement stoïque et glaciale me fend le cœur en deux. L’idée de rejoindre ma maison dans les faubourgs commence à poindre dans mon esprit quand j’entends des pas. Quelqu’un s’assoit à mes côtés. Une main chérie soulève ma tête pour la poser sur sa jambe. Ce geste tout simple d’attention m’arracha des larmes silencieuses. Tout autant que la voix grave et profonde qui avait prononcé ces mots. Dans un mouvement un peu brouillon, je me blottis contre lui, avant de murmurer :

- Tu savais qu’Irène préfère les dames ?

Je ne savais pas comment formuler ma question ni comment aborder le sujet. Parler d’un sujet pareil, aujourd’hui, c’est peut-être totalement déplacé mais après tout…la fête est finie depuis longtemps. Alors finalement, pourquoi retarder l’inévitable ? J’ai besoin de me confier.

- Moi je l’ignorais. Quand t’es parti, elle m’a donné une leçon de lettres, puis on a arrêté parce qu’on a travaillé fort. Alors je lui ai demandé pourquoi elle est toujours toute seule. C’est vrai, non ? Regarde-moi. Chu pas bien jolie, pauvre, et pourtant tu es là. Elle, elle n’a jamais personne avec qui partager ce que je vis, alors qu’elle est jolie, intelligente, gentille... Alors…Alors elle m’a montré. Elle m’a embrassée. Je ne savais même pas que c’était possible, ce genre de chose.

J’avais rouvert les yeux pour le regarder lui et je lui dis alors :

- C’est différent. Ça m’a fait tout bizarre. Je lui ai dit que c’était agréable, elle avait l’air gênée. J’allais pas lui dire que j’ai détesté si c’était pas le cas…J’aurais peut-être du, je crois. Ensuite elle m’a entraînée dans les jardins pour cueillir des orties mauves. Et ce baiser m’a poursuivie, je le lui ai dit. Et je sais pas ce qui est arrivé après…Elle est devenue comme folle. Elle m’a sauté dessus. Je me suis que c’était ma faute, que je l’ai sûrement provoquée, alors que je voulais juste lui dire que j’avais trouvé ça agréable. Elle s’est enfuie. Je l’ai retrouvée dans une chambre d’enfant cachée dans des draps…Quant à la suite…

Je regarde ma main bandée. Et prends une grande inspiration avant de poursuivre:

- On a bu du vin. Beaucoup de vin. Elle m’a raconté qu’elle s’est donnée à une catin. Une femme de mauvaise vie. Une femme qui ne l’aime pas. Elle s’est donnée à une personne qui ne l’aime pas. Ça m’a fait tellement mal d’imaginer ça. J’ai pas vraiment pu cacher ce que je ressentais…c’est pas du dégoût, c’était…de la tristesse. Parce qu’Irène, je l’aime fort. Elle a pas le droit de faire ça, de tomber dans des bras comme ceux-là. Elle mérite bien mieux que ça. Moi je lui ai dit que je l’aimais, ce qui est vrai. Et je le lui ai dit en frappant du poing sur son bureau après avoir fait s’envoler tout son papier, son encre et ses calculs.

Un coup de vent vient s’immiscer entre nous. Un silence un peu lourd aussi. Certainement pas aussi lourd que ma tête qui reste toujours sur la jambe de Jehan, alors qu’à nouveau je pleure, comme si je ne pouvais plus m’arrêter. D’agacement de montrer une fois de plus cette faiblesse que j’essaye pourtant de dominer, je sèche mes yeux d’un revers de la main et dis alors :

- Elle est restée de marbre. Elle n’a rien dit. Elle n’a même pas répondu à mes questions. Après…C’est vrai, j’étais en colère, je ne lui ai pas laissé le temps de s’exprimer mais… Je ne sais pas ce que je suis ici, Jehan. Une œuvre de charité ? Une invitée ? Une amie ? Je ne sais pas ce que je suis pour elle. Alors qu’elle est une part importante de mon monde. Je pourrais faire n’importe quoi pour cette femme parce que je l’aime, pas comme je t’aime toi, c’est différent, mais…la savoir malheureuse me rend malheureuse aussi. Et moi…moi je sais pas dire de belles phrases, surtout quand j’ai bu. Alors j’ai crié. Jehan, j’ai crié. Sur Irène. Quelle horreur.

Je fermai les yeux à nouveau. Je ne pouvais pas garder cela pour moi, il fallait que je lui dise tout ce qu’il s’était passé. D’un geste je me blottis davantage contre lui, et ajoutai, dans un souffle :

- Heureusement que tu n’étais pas là pour voir ça…Je devais ressembler à une vieille pocharde hurlante. Je pourrai plus jamais regarder Irène sans mourir de honte maintenant…Alors je suis venue ici pour m’éloigner d’elle. M’éloigner de tout ça. Et dire qu’on voulait juste fêter nos fiançailles…J’ai personne d’autre avec qui le fêter…Et regarde le résultat…

De ma main valide, je cherche timidement la sienne, avant de dire :

- Est-ce que j’ai mal agi ? Tu m’en veux ? Tu es fâché?

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyMar 7 Avr 2020 - 16:23
Oui, je le savais. » Répond-il simplement.

Il lui faut un certain temps pour digérer le flot de parole de sa compagne, autant par le flux lui-même que par la complexité des sentiments que cela lui fait ressentir. Une jalousie légère mais réelle. Il n’était pas aveugle il voyait le lien existant entre les deux femmes, sans pouvoir le définir, il pouvait parfaitement en voir l’intensité. Il existait depuis avant même qu’il ne rencontre Flore. Quand elle l’avait regardé la première fois avec méfiance. La lumière dans ses yeux avait changé quand elle avait retrouvé Irène sous son bras, pourtant elles avaient passées moins d’une heure ensemble alors.
Leur lien était balbutiant alors, maintenant il se renforçait de minute en minute mais en prenant des directions que ni lui ni elles ne semblaient comprendre.
De la colère aussi, contre Irène d’avoir faillit faire du mal à celle qu’il aimait. Il avait déjà perdu son frère par la folie de cette femme, il refusait de perdre aussi celle qu’il considérait comme l’essence de sa vie à présent. Il en mourrait. Mais pas avant d’avoir fait souffrir mille morts à celle qui serait responsable. Irène était fragile, assez fragile pour qu’il se sente le devoir de la protéger, car une grande part de ses souffrances lui incombait. Mais elle n’en était pas moins dangereuse, mortellement.
Devait-il encore les laisser seules tandis que leur relation se complexifiait ? Sa bien aimée était-elle en sécurité entre ces murs ? Il n’en était pas certain à présent. Il avait cru que l’attachement de la comtesse à la sécurité de sa protégée suffirait contre ses penchants les plus extrême, mais si cet attachement devenait quelque chose d’autre… de l’amour ? Alors tout était possible... le pire notamment.
Il ne voulait pas vraiment prendre le risque, même s’il souhaité qu’une personne sauve l’âme d’Irène, comme Flore avait sauvée la sienne. Il ne prendrait pas le risque.
Peut-être devraient-ils partir plus vite que prévu au Labret… Il lui fallait un peu de préparation, et surtout en parler à Flore. Mais ils pouvaient le faire. Même sans Irène. Il serait peut-être mieux qu’elle ignore leur destination. Pour leur sécurité.
Toutes ses idées étaient étranges pour lui, il avait la sensation de trahir. Mais par amour il y était près. Flore finit par se taire, inquiète de ses sentiments à lui, comme elle sait si bien le faire alors que c’est elle qui vient de souffrir. Il la soulève littéralement, toujours enroulée dans ses couvertures et la serre contre lui, la déposant sur ses genoux, sa tête sur son large torse. Qu’elle se sache aimée et en sécurité.

Je ne suis pas fâché, et je ne t’en veux pas. Je suis inquiet pour toi. Je sais que cette situation est nouvelle pour toi. Tu dois faire face à des sentiments compliqués, qu’ils émanent de toi ou de nous. Tu as beaucoup de choses à ressentir avant de savoir ce qui sera bien ou mal. Tu m’aimes, je n’en doute pas un seul instant. Même après que tu es embrassée et dit aimer Irène en retour. Le cœur est une chose si complexe. J’ai longtemps cru que le miens était tarit à tout jamais avant de te rencontrer. Alors j’imagine à présent tout aussi bien comment il peut être la source de deux fleuves à la fois. Je crois que ce sera à toi de décider si tu as mal agit ou non. »

Il soulève son visage et essuie ses larmes avec douceur, ne pouvant s’empêcher de contempler sa beauté. Par les trois, qu’il l’aime ! Même à cet instant dans cette situation des plus compliquée où elle-même reconnait ne pas comprendre ses sentiments, il l’aime.
Il l’embrasse doucement avant de poursuivre.

Je ne sais pas ce que tu es pour Irène. En toute honnêteté, je ne suis moi-même pas certain de qui je suis pour elle. Il m’arrive parfois de croire que je suis son confident, à d’autre j’ai l’impression d’être un étranger dans sa vie. Je ne sais pas si elle-même saurait dire ce que nous sommes à ses yeux. Car elle ne sait pas ce que c’est d’avoir une amie, un proche, une amante. Ce sont des concepts qui lui sont parfaitement étranger. Même sa famille ne représente rien pour elle car ils ont détruit tout ce qu’elle aurait pu voir comme de l’amour. »

Il glissa ses doigts dans sa chevelure et savoura ce contact.

Tu dois comprendre que ce qu’elle fait avec cette femme, c’est une victoire pour elle. Un acte de pur égoïsme qu’elle fait pour elle. Elle ne trouve pas cela beau ni digne, mais c’est à elle. Tout comme la mort que j’ai donné à tes persécuteurs. Toi et moi nous savons que c’est bien, qu’ils l’ont mérité. On en tire même de la satisfaction. C’est le même genre de chose pour elle. Elle a pu s’approprier son corps après des années à y vivre enfermée. Pas de la plus belle des façons, mais elle l’a fait. C’est une bataille qu’elle a remportée. »

Il inspira avant de poursuivre.

J’espère qu’elle trouvera mieux, qu’elle trouvera une vie comme moi je l’ai trouvée à travers toi. Mais je ne permettrais pas d’avis sur les épreuves qu’elle surmontera d’ici là. Comme elle ne me jugera pas d’avoir mis fin aux jours des Gorlois alors que d’autres voies étaient possibles. Ce que je sais, c’est qu’elle t’a parlé de cela. Volontairement. Avec des gestes et des mots. Tu es la seule. Moi je le sais car j’ai amené cette femme ici, parce que j’ai vu comme elle te regarde, parce que je suis son homme de main et que je me dois de savoir. Alice le sait parce que Alice sait tout. Toi tu le sais car elle te l’a dit. Je ne dis pas que je comprends le rôle que cela te donne. Ni qu’il est facile. Juste qu’il est réel. »

Il hésita puis reprit.

Cela peut-être dangereux pour toi. Je pense que tu l’as compris. Que tu le sais. Rien ne t’oblige à prendre ce rôle, surtout sans le comprendre, pas même tes sentiments pour elle. Il n’y aurait rien de mal à simplement choisir de partir Flore. Nous avons une vie à bâtir, toi et moi. Irène peut en faire partie, car elle est importante, pour toi comme pour nous. Mais nous devrons peut-être la laisser derrière, pour notre propre sécurité et notre bonheur. » Dit-il avant de tempérer ses paroles. « Je ne dis pas que c’est ce que tu dois faire Flore. Seulement que la seule chose qui nous retient ici, c’est notre volonté. Aucune chaine ou obligation Flore, juste notre volonté d’y être. »



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Flore MaisonfortHerboriste
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyMar 7 Avr 2020 - 23:26
La réponse de Jehan m’apporte un soulagement et un réconfort immédiats. J’aime cet homme au-delà de toute commune mesure et c’est là, contre ce torse large, l’oreille apposée contre son cœur qui bat si fort, que je me sens le mieux. En sécurité.

- Tout est si compliqué. Tout était tellement plus simple, cette nuit-là, dans ma chaumière…Il n’y avait que nous. Rien que nous. Te rappelles-tu, mon amour, cette nuit que tu as passée dans mes bras sur cette pauvre paillasse ? Je pourrais donner tout ce que j’ai pour revivre un tel moment de bonheur et de joie pure.

Les moments que nous avons passés depuis ont été intenses, évidemment, mais…nous n’étions pas chez nous. Nous ne sommes pas sous notre toit, ici. Nous sommes chez la comtesse. Nous dormons dans des lits, sous des draps frais, avec des serviteurs à l’affut de tout, avec des commodités inouïes. Tout ceci n’est pas normal, dans le sens où je ne devrais pas être ici, à profiter si honteusement de ce que m’apporte la comtesse, même si je mesure et apprécie la chance qui m’est donnée de vivre tout ceci justement. Jehan est fidèle à lui-même, apportant des explications et des pistes qui me font réfléchir intensément.

C’est vrai. Je suis novice dans toutes ces choses du cœur. Je ne suis pas bien dégourdie en ce qui concerne l’amour, dans le sens où je n’ai jamais considéré ce sentiment comme un jeu. Pour moi, l’amour doit être sincère. Peu importe la personne qui le reçoit, cela doit être sincère. Peu importe la forme qu’il prend. J’ai découvert aujourd’hui que les femmes peuvent aimer des femmes, avoir des relations intimes entre elles, ce qui, d’un point de vue totalement technique, m’amène à me poser encore plus de questions. Des questions qui migrent vers la révélation que cela est donc totalement possible pour les hommes aussi. Une idée que je chasse de mon esprit alors que mon fiancé m’embrasse. Dans mon cœur, je sais que Jehan n’aime que moi, je n’ai aucune crainte à ce sujet. Ma main valide posée sur sa joue, je le regarde, absorbée par toutes les paroles qu’il prononce, alors que la nuit tombe rapidement.

- J’ai été horrible avec elle…Elle m’a dit des choses qu’elle n’a dit à personne et moi, moi je l’ai traitée comme une vieille chaussette…C’était ignoble…

Un affreux sentiment de culpabilité vient de s’emparer de moi, là de suite. Je me sens terriblement mal d’avoir parlé de la sorte à la comtesse alors qu’elle avait probablement eu du mal à ouvrir son cœur et ses expériences à quelqu’un. A moi. Qui ai réagi comme la dernière des imbéciles. Que j’ai honte…Je ne peux m’empêcher, à cette constatation, de serrer mon fiancé contre moi afin de me réfugier dans sa chaleur réconfortante.

- Tu penses sincèrement que la comtesse pourrait me faire du mal, Jehan ? Qu’elle pourrait nous faire du mal ?

J’ai déjà la réponse à cette question mais je me refuse d’y croire. Irène est gentille. Et douce. Blessée par des choses dont je ne comprends pas tout et dont j’ai du mal à percevoir la teneur. Et je préfère m’en tenir à ce que je sais. Pas à ce que je pouvais découvrir. Il était donc plus que jamais important de trouver une personne influente qui pourrait nous aider, m’aider à obtenir ce que je cherche. Il devenait évident pour Jehan comme pour moi que la vie ici aurait des conséquences et qu’il devenait préférable que nous quittions ce manoir, dans un délai raisonnable. Or…Nous manquons, lui comme moi de moyens. Sa solde de capitaine ne lui permet sans doute pas de faire vivre une famille, sans parler des fonds à avancer pour bâtir une maison, même modeste. Les matériaux sont chers, très chers. La situation devenait très compliquée pour moi qui ai toujours vécu simplement et à l’abri du monde.

- Je trouverai un travail qui nous permettra de nous aider à nous en aller et nous installer quelque part, mon amour. J’ai déjà une piste, je l’exploiterai autant que je le pourrai.

Je le regarde, avec dévotion, imprimant ce visage aimé dans mes souvenirs. Pour lui aussi je ferai n’importe quoi. Pour notre bonheur également. Nous le méritons, lui comme moi, et je compte bien faire en sorte de l’obtenir quitte à donner de ma personne au-delà des limites que je me suis toujours imposées. Nous ne pouvons dépendre d’Irène et nous n’avons pas le luxe du choix. Mon regard plongé dans le sien, je sus à l’instant ce que je devais faire et comptai mettre mon plan à exécution dès que ma main aura dégonflé. Victor de Rougelac est ma meilleure carte. Peut-être sera-t-il réceptif à ma demande, ce qui serait un grand soulagement pour nous. Pour moi. Dans le cas contraire…J’ignore ce qu’il adviendra…Mais je préfère ne pas y penser.

- J’ai hâte que nous ayons notre maison, Jehan. Notre maison, notre chez-nous. Là où nous pourrons élever nos enfants. Vivre heureux. Imagines-tu cette maison parfois ? Moi je l’imagine tous les jours…Une petite maison de pierres, suffisante pour que je puisse exercer mon métier. Et voir grandir des petits enfants. Une maison chaleureuse, dans laquelle nous pourrons vivre loin de tous les soucis, loin de tous les dangers. Une cheminée, un âtre, un foyer. Une famille…

Il s’agit de la soirée de nos fiançailles. Il fait sombre, les étoiles commencent à poindre dans le ciel et nous sommes pourtant appuyés contre le tronc d’un chêne. Je souris à la pensée que nous pouvons être chez nous partout. Même dehors, sans rien d’autre qu’une couverture et un peu d’eau. Parce que ma maison, c’est lui. Je n’ai pas envie de rentrer dans ma chambre. Je me serre au plus près, pour lui murmurer à l’oreille :

- Je te promets de faire ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureux, Jehan. Je te promets d’être la compagne que tu mérites, d’être là dans tous les moments de la vie, les bons comme les mauvais. Parce que je t’aime de tout mon cœur et que cet amour durera tant que mon cœur bat.

Je pris sa main pour la placer sur ma poitrine, envahie par l’émotion, comme je l’ai été tout au long de cette journée étrange. Je n’avais pas encore eu l’occasion, depuis sa demande, de dire de telles choses. Et c’est sous cet arbre que je décide de les prononcer parce que nous sommes seuls, loin de toute oreille ou intrusion possible, près des fleurs que j’aime, avec pour témoin un arbre qui vivra encore bien après nous et les étoiles millénaires. Le lieu, le moment, l’environnement, tout se prête à ce que je déclare enfin mes sentiments et mes vœux, de la manière la plus douce qui soit.

- Je t’aime, Jehan.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 13 Avr 2020 - 11:16
Tu n’as rien à donner pour revivre de tels instant, car cette simplicité, ce bonheur, c’est ce que je veux t’offrir. C’est le quotidien que je nous souhaite et pour lequel je lutterais chaque jour. Peu importe les difficultés, les doutes, les épreuves, je ferais tout pour pouvoir retrouver tes bras chaque soir, et t’offrir tout l’amour que j’éprouve pour toi. Pour toi et notre descendance. »

L’idée qu’elle porte un jour son enfant, qu’elle lui fasse cet honneur, lui qui a été mauvais, cruel, et dur, lui qui ne mérite pas une femme comme elle ? Oui Si un jour elle accepte de porter son enfant, il saura qu’il est parvenu à accomplir une chose belle pendant son passage sur terre. Au moins une. Il la presse plus fort contre lui mais sans l’étouffer non plus par son emprise. Juste qu’elle se sache en sécurité alors que la culpabilité la ronge à cet instant. Il n’a rien à répondre à ses craintes, c’est une histoire qui ne concerne qu’elles, et il ne peut lui dire si elle a eu tort ou raison d’agir comme elle l’a fait. Elle est libre d’esprit, c’est comme cela qu’il l’aime. Il la soutiendra quand elle doutera, c’est là son rôle.

Si elle ne quitte pas le chemin qu’elle suit, et si nous retrouvons alors sur sa route, oui, elle le pourrait bien. Je l’en sais capable. Mais je la sais aussi capable d’amour et d’affection, et je ne doute pas une seconde qu’elle veuille ton bonheur. »

Il sait qu’il n’a pas besoin de reconfirmer tout cela. Flore est une femme complexe et intelligente, elle a vu en Irène le danger comme la bienveillance et ne peut l’ignorer réellement. Mais elle s’inquiète pour une femme en qui elle espère voir une amie, et plus encore peut-être. Alors elle a besoin de se l’entendre dire, même en le sachant déjà. Un peu de la même façon que personne ne s’offusque d’entendre crier « au feu » quand la maison brûle.
Ses sentiments sont mitigés sur la volonté de sa compagne de trouver une aide ou un travail quelque part ces temps-ci, les dangers rôdent, même au sein de la cité. Mais il ne s’imagine pas comme le compagnon qui souligne toujours à sa compagne les risques de ses choix. Elle ne lui a pas demandé son avis, et dans son fonctionnement à lui, c’est qu’elle ne le requiert pas. Alors il tait ses craintes et espère juste que si les choses tournent mal elle n’hésitera pas à venir quérir son aide par crainte de son jugement. Il se veut son complice, pas sa conscience. Heureusement le sujet suivant lui réchauffe bien plus le cœur que cette perspective inquiétante. Oui il s’imagine souvent l’endroit où ils vivront, en réalité, il y pense depuis leur première nuit qu’elle a évoqué plus tôt. Mais jusqu’à très récemment, c’était pour lui un fantasme, une sorte de doux rêve auquel li pouvait se raccrocher les nuits froides et noires. Maintenant c’est beaucoup plus concret. Contrairement à elle, il ne peut l’imaginer loin des soucis et des dangers. Soldat de métier, il sait que ceux-ci ne se tiennent jamais à distance. Et cela était le cas bien avant la fange. Il espère juste que leur chez eux sera l’endroit où les dangers et les soucis ne seront que des étapes vers le bonheur.

Oui j’y pense souvent. Elle est belle, solide, chaude l’hiver et fraîche l’été. De belle pierres pierre non taillées. Une chambre petite et chaleureuse, mais un très grand lit. Oui, j’ai hâte d’y vivre à tes côtés. »

Sa gorge se serre, pas au geste de sa compagne ou à ses mots. Mais plus à l’émotion sincère qu’il ressent et qui émane d’elle. Tout son être semble en accord avec ses paroles. Et cela pour lui. Le capitaine avec du sang sur les mains. Elle l’aime, et cela lui fait mal tout en le rendant infiniment heureux. Il sent une larme rouler sur sa joue. C’est une sensation étrange. Il sait qu’il ne parviendra pas à parler avant plusieurs secondes. Alors il se penche sur elle et l’embrasse. De la douceur d’un étang il s’emporte peu à peu, suivant ses émotions, dans l’intensité d’un torrent. Il est sien, elle est sienne. Peu importe le temple et la loi, c’est un fait inéluctable à présent.
Il finit par libérer les lèvres de la jeune femme, si fragile et si forte contre son torse.

Je t’aime Flore. » Articule-t-il d’une voix pleine d’émotion.

Il s’essuie les yeux de sa main épaisse et sourit comme un gamin qui aurait reçu un cadeau inattendu et merveilleux.

Je ferais de ta promesse une réalité, et chaque jour j’aurais pour objectif de me rendre digne de tes paroles, que tu n’ais jamais à regretter de les avoir prononcées. Je ferais que ton bonheur et le miens soient une seule et même chose. Qu’un jour tu regardes derrière et que le passé avant nous ne ressemble qu’à un rêve vaguement présent comme ceux qui disparaissent au matin. Je ferais de nôtre réalité les rêves de bonheurs que nous avons tous les deux. »

Il la soulève dans ses bras, presque inconsciemment. Il a tellement l’impression que c’est là qu’est sa place. Il la garde serrée contre son large torse. Pas pour la protéger ou la priver du monde, mais parce qu’elle est son monde à lui. Il finit par aviser le petit repas qu’il amenait pour elle et la redescend doucement sur ses genoux, sans pour autant se convaincre de cesser son étreinte.

Tu as bu mon amour, beaucoup. »

Il sourit, aucun jugement dans la voix, un simple constat amusé et joyeux.

Tu dois manger un peu et boire de l’eau, sinon ce sera pire encore demain. »
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Flore MaisonfortHerboriste
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 13 Avr 2020 - 21:21
Voir cet homme si grand, si fort, terrassé par mes paroles ne fait qu’augmenter tous mes sentiments envers lui.

- Ne pleure pas…S’il te plaît, ne pleure pas…Sinon je vais pleurer aussi.

Je ne comprends pas pourquoi cette larme a roulé sur sa joue. Est-ce l’émotion ? Est-il, comme moi, submergé par tout ce qu’il ressent ? Peut-être. Sûrement. Quoiqu’il en soit, je l’écoute et lui rends son sourire avec tendresse, serrant son large torse entre mes bras, alors qu’il me soulève pour me serrer contre lui. Inspirant son odeur comme j’ai l’habitude de le faire, m’enivrant cette fois de toute sa présence contre moi, je secoue alors la tête, quand il me parle de manger. Je n’ai pas faim, je n’ai pas soif, je veux juste rester là, dans ce jardin, près de lui, sous ce chêne qui a reçu nos vœux.

- Je voudrais juste rester ici, avec toi, cette nuit…Je n’ai pas faim, je n’ai plus soif…mais j’ai bu beaucoup oui…C’est vrai…Et j’veux pas qu’un désir d’ivrogne t’empêche de dormir correctement…, dis-je la tête posée sur son torse, les paupières lourdes.

Je ramène la couverture sur mes épaules, avant de me pelotonner contre lui, bien au chaud.

- Alors si tu veux nous ramener dans notre chambre, ça me convient aussi bien…J’veux pas que tu ais froid…mais j’veux que tu sois près de moi…

Mon corps n’a pas l’habitude de gérer un apport aussi conséquent d’alcool. J’imagine que selon les critères des gens habitués aux tavernes, il ne s’agit que d’une mise en jambe mais moi…Je n’ai pas accès au vin. Ces quelques verres ont eu un effet sur ma personne qui s’endort, totalement apaisée par la voix profonde et grave de mon fiancé. Recroquevillée contre lui, sous la couverture chaude, sous les branches du chêne, il me suffit de savoir qu’il m’aime et qu’il sera toujours là, le reste m’importe peu. Rassurée, je m’endors enfin, bercée par son cœur et par le bruit des branches secouée par le léger vent du soir.



Quelques jours plus tard
8 octobre 1166
Manoir de Valis


Le comte avait tenu parole. Après une nouvelle nuit dans cette sinistre cave sans air et sans vue, son homme de main vint déposer des vêtements neufs dans un coin, avant de m’attendre derrière la lourde porte. J’ignore totalement l’heure qu’il est. Je sais juste que cela fait deux nuits que je dors dans cette maison et que je n’ai qu’une envie : sortir de là. J’ôte alors la luxueuse chemise dans laquelle j’ai dormi pour enfiler ce qui ressemble à des vêtements de domestique. Cela étant, même ces vêtements simples sont d’excellentes factures. C’est bien le moins que de m’offrir ceci après toute ce que j’ai vécu ces dernières quarante-huit heures. Enfilant une chemise de lin toute simple et la jolie robe par-dessus, je sors de la pièce, sans un regard en arrière pour la brute épaisse qui m’avait amenée ici, retrouvant par moi-même le chemin menant à l’étage et enfin à la sortie.

Arrivée dans le grand hall, la lumière me fit mal aux yeux. Le soleil n’est pas encore haut, on doit être encore le matin. Quoiqu’il en soit, je n’attends pas vraiment qu’on m’ouvre la porte, je l’ouvre moi-même, bousculant la personne qui voulait m’aider. Je ne sais pas de qui il s’agissait, et je m’en fichais bien. Une fois dehors, je hâtai le pas pour m’éloigner de cette demeure, toujours sans un regard en arrière. Ce n’est que lorsque j’arrivai non loin du manoir de la comtesse d’argent que je ralentis le pas et que je posai une main sur ma poitrine.

Je dois avoir dormi quelques heures à peine durant toute ma captivité. Un épuisement et une lassitude intense s’emparèrent de mon corps. Et pourtant, il fallait que je reste debout, et que je reste digne. J’ignore comment expliquer tout ceci à Jehan, et à Irène. Je l’ignore totalement. Tout ce que je veux en ce moment précis, c’est rentrer, me cacher dans mon lit, pleurer et dormir. Rien de plus. Je sais que si j’explique tout ce que je viens de vivre à Jehan, il sera capable des pires folies, y compris s’en prendre au comte. Et il est hors de question qu’il soit mêlé à un acte répréhensible. Irène ne doit rien savoir non plus. Elle m’avait mise en garde contre les serpents de l’Esplanade. Je ne voulais pas qu’elle se fende d’un « je vous avais prévenue, Flore », d’autant plus que notre relation s’est refroidie depuis ma soirée de fiançailles et ma sortie tapageuse du Temple.

Inspirant profondément, je pris le parti de passer par la petite porte de l’office, en espérant être assez discrète pour ne pas attirer l’attention de Jehan ou d’Irène. Pas tout de suite. Je voudrais ma reposer un peu. Poussant la petite porte, je passe la tête pour vérifier si quelqu’un est là et entre enfin. Pour verser un peu d’eau d’une cruche dans un petit godet laissé là. C’est idiot, c’est bête, mais rien que le fait de retrouver cette odeur familière me réconforte déjà. Après avoir bu, je sors de l’office vide afin de me rendre dans ma chambre, la tête lourde, réfléchissant à comment expliquer les traces rouges sur mes poignets et mes chevilles. Le comte a serré les liens si fort que cela a marqué ma peau…Il va falloir que je mente. Et je mens très mal. Par les Trois, quelle situation compliquée…


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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyLun 13 Avr 2020 - 23:21
Dès qu’elle avait découvert la chambre de Flore vide alors qu’elle venait la chercher pour une énième leçon d’écriture, elle avait compris. Elle l’aurait sans doute giflée, mais il était trop tard à présent, et d’une certaine manière, lointaine et sourde. Elle éprouvait une certaine fierté pour sa force de caractère. C’était une erreur, mais son erreur à elle. Tout comme la comtesse, l’herboriste tentait de forcer son destin. Elle ne voulait pas de son aide à cet instant, alors Irène se contenterait d’agir là où elle le pourrait.
Et il fallait faire vite. Elle fit appeler son capitaine dans son bureau. Il la trouva devant sa fenêtre, toute droite, raide même, le regard perdu dans les jardins. Il allait la saluer mais elle ne lui en laissa pas le temps. Sa voix froide et claire couvrit toute possibilité de parole.

Deux coursiers partent pour le Labret à midi pile. Tu les accompagnes. Prend le courrier sur la table et remet le à notre agent sur place. Tu ne reviendras qu’avec sa réponse. J’estime le tout à trois ou quatre jours. Bonne route Jehan. »

Pour la première fois, il lui répondit. Cela fit mal, mais elle s’y attendait. Et il avait raison.

Je ne peux pas laisser Flore aussi longtemps sans la pré… »

Elle lui coupa de nouveau la parole.

N’ai-je pas été une bonne hôte ? Ne lui ai-je pas donné à elle comme à toi le temps de vous retrouver ? N’es-tu plus mon capitaine, Jehan ? » dit-elle en tournant son regard de glace vers lui. Il en fut saisi et se rembrunit. « Alors obéit, ce sera ta dernière mission à mon service. Ensuite ta dette sera réglée. Je préviendrais Flore, tâche juste de revenir en vie. »

Le silence s’éternisa quelques instants, au point qu’elle se mit à craindre qu’il ne refuse. Mais l’occasion de se libérer définitivement des chaines qu’elle lui faisait porter était trop belle. Même si jusqu’ici, elle ne l’y avait jamais réellement contraint. Il saisit le courrier et claqua la porte en sortant. Elle ferma les yeux et respira lentement pour chasser la tristesse. Mieux valait qu’il soit en colère contre elle qu’inquiet pour sa femme. Il en serait moins dangereux et plus gérable. Surtout loin d’ici. Maintenant elle devait espérer que Flore serait de retour vite. Et saine et sauve.

Il fallut deux jours pour qu’un de ses petits oisillons viennent lui signaler sa réapparition sur la place de l’esplanade. Apparemment, ses pas la menaient droit vers le manoir. Un profond soulagement s’empara de la comtesse qui envisageait depuis le matin de la faire chercher activement par ses espions au sein des purificateurs. Une erreur évidemment, mais elle était si inquiète qu’elle en devenait fébrile. Par deux fois elle avait perdu connaissance sur son bureau, par manque de sommeil et absence de repas. Elle n’arrivait pas à avaler quoi que ce soit. Pourtant, quand Alice lui parlait, elle était calme et assurait que tout allait bien. C’était ainsi depuis quelques jours quand cela concerné Flore. Son corps et son esprit ressentaient des choses puissantes. Mais un lien manquait entre les deux. Une absence. Elle n’arrivait plus à savoir pourquoi elle s’inquiétait. Pourquoi le sort de Flore lui importait tant. Elle était comme engourdie, incapable de se souvenir, tout en l’ayant sur le bout de la langue.
Cela la rendait plus efficace dans sa manière d’agir à son égard. Mais une part d’elle lui chuchotait que ce n’était pas bien.

L’herboriste finit par paraître devant elle à l’étage. Dans une tenue qui n’était pas la sienne. Une fatigue douloureuse sur le visage. Dès qu’elle vit Irène, elle eut le geste malheureux mais surement instinctif de tirer ses manches sur ses poignets. Attirant une attention malvenue sur ceci. Il faudrait qu’elle trouve un moyen de les dissimuler plus efficace si les traces qu’elle avait entraperçues devaient être plus temporaire que quelques heures. Elle aurait pu dire un millier de choses. Elle avait d’ailleurs préparé quelques leçons efficaces pour lui mettre une peu de plomb dans la cervelle. Mais la seule chose qui quitta ses lèvres alors qu’elle ouvrait les bras pour l’accueillir fut :

Bienvenue à la maison, Flore. »
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 6 EmptyMar 14 Avr 2020 - 0:13
Elle est là. Juste devant moi. Evidemment. On peut toujours compter sur la comtesse d’argent pour surgir là où on l’attend le moins. La douce perspective d’un peu de repos vient de s’envoler. Bien évidemment, je suis heureuse de la revoir, mon cœur a bondi de joie en reconnaissant cette silhouette adorée se découpant dans le couloir mais…je ne parviens pas vraiment à dissimuler ma fatigue, tout comme elle ne peut nier la sienne. Je crois que c’est la première fois que je remarque des petits arcs de fatigue sous ses yeux. Et la voilà qui ouvre les bras en plus.

- Bonjour Irène.

J’ai une hésitation mais je finis par céder à mon besoin de réconfort immédiat. En silence, je me blottis dans ses bras, la serrant contre moi pour une accolade douce et pourtant éphémère puisque je m’extirpe déjà de sa proximité. Je sais très bien que si j’y reste plus longtemps que d’ordinaire, je vais fondre en larmes. Garder les apparences intactes, autant que possible. Jouer le jeu, autant que possible également. Et prier pour que la perspicacité de la comtesse soit en sommeil. Je me recule un peu et lui sourit gentiment.

- Quel accueil. Que se passe-t-il ?

Je regarde un peu partout, surtout derrière elle, m’attendant à voir surgir une haute silhouette en furie mais il n’en est rien. Il n’est pas là. Et c’est sûrement mieux comme ça. Ce sera plus facile de raconter des histoires à Irène qu’à Jehan. Quoique…

- Vous devriez vous reposer, Irène. Vous êtes toute pâle et vous avez une mine affreuse. Voulez-vous que j’aille vous préparer une potion ? Je n’ai vu personne à l’office, je présume qu’Alice est occupée…

Changer de sujet, trouver une échappatoire. Et vite. Je connais la comtesse, elle a un esprit de déduction très vif et des yeux qui vous fouillent l’âme. Je n’ai pas très envie qu’elle s’insinue dans mon esprit troublé en ce moment, je crois qu’elle ne s’en remettrait certainement pas. Inconsciemment, je détourne le regard, n’osant plus tellement la regarder soudain, nouant mes mains dans mon dos. Il vaut mieux éviter, également, qu’elle voit ceci. Je ne pourrai jamais trouver une explication rationnelle. Ou alors ce sera tellement énorme qu’elle finira par se fâcher pour de bon. Qu’est-ce que je suis fatiguée, bon sang.

- Irène, si vous n’y voyez pas d’inconvénient…Je voudrais me reposer un peu. Ces dernières heures ont été quelque peu…difficiles.

Et ce n’est rien de le dire. J’ignore si Irène entretient des contacts avec le comte de Rougelac mais j’espère très sincèrement que ce n’est pas le cas. Il est malade. Dégénéré. Dangereux. Et…déviant. Le seul point positif de ces dernières heures est la secrète satisfaction de savoir que cet homme qui aurait pu tout avoir n’aura absolument rien et qu’en plus il devra endurer ce que j’ai moi-même enduré ici sans que rien ne puisse le soulager. Il va souffrir dans son lit, il va pleurer, s’emporter, peut-être même se faire du mal. Qu’importe. Le principal, c’est qu’Irène se tienne loin de lui et que Jehan ignore chez qui j’ai été enfermée. Pour autant, je n’ai plus aucun accord avec lui, on dirait. Donc…Je dois tout recommencer et trouver un autre membre de la noblesse prêt à m’apporter son soutien en échange de mes services.
Je me frotte un instant les yeux, avant de murmurer :

- Vous ne m’en voulez pas si je vous abandonne quelques heures, Irène ? J’ai vraiment besoin de prendre un peu de repos…
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Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]
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