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 Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyDim 22 Mar 2020 - 16:03
Une certaine surprise s’empare des sentiments de la jeune comtesse face aux mots de Flore. Agréable ? Vraiment ? Rare sont les personnes à savoir faire preuve de suffisamment d’honnêteté et de curiosité pour l’admettre aussi spontanément. Mais après tout, aurait-elle dû en attendre moins de cette femme qui lui avait toujours parlé franchement ? Un point qu’elle appréciait d’ailleurs tout particulièrement dans leurs échanges, c’était un fait. Non il n’y avait finalement rien de surprenant qu’elle lui avoue cela, comme elle aurait sans doute avoué l’inverse, même avec encore plus de peur de la décevoir.
Non au final, la seule chose dont elle avait à ce réjouir fut d’apprendre qu’elle avait apprécié ce geste très intime. Elle lui sourit.
Sourire qui s’agrandit encore en voyant les joues de la jeune herboriste se teinter d’un rose évident. Ses mots n’effacent en rien celui-ci de son visage, malgré les mauvais souvenirs et visions que cela réveille en elle. Après tout, le secret qui entourait le sujet dans le passé de Flore était de loin préférable à sa propre expérience.

Soyez heureuse de n’avoir vécu que l’ignorance de la chose Flore. J’en parle comme d’un interdit car c’est ce que cela est. Le clergé condamne l’acte, et la pensée elle-même. Et comme toujours, le sang noble sait se faire bien voir du clergé. J’ai vu des hommes et des femmes jetés hors de chez eux et de la cité pour de tels actes. Des enfants reniés et dénoncés par leurs parents pour avoir reconnus cet amour.
Des corps brûler pour ne pas avoir renoncer à le vivre. Des vies dépendent de mon silence, le mienne en premier lieu.
»

Elle n’aborda pas sa réflexion sur la tristesse qu’elle dégageait, car au fond d’elle-même elle savait que celle-ci n’avait qu’une part de lien avec sa vie amoureuse. Et elle aurait eu l’impression de trahir l’honnêteté de Flore en rendant responsable ce seul point de sa vie. Elle était triste car ce monde ne possédait pas le moindre sens, ni une once de justice, l’amour n’en était qu’un des exemples.
Ses battements de cœurs augmentèrent légèrement de rythme alors que la jeune femme posait sa main sur sa joue en fermant les yeux. Ce qui ne faisait que concorder avec ses paroles. Oui, toucher une femme faisait vibrer son corps. Peut être plus encore avec cette femme-là. Pourquoi ?
Naturellement, elle se mit à caresser doucement le lobe nu et doux de l’oreille de Flore entre son pouce et son index. Un point qu’elle trouvait très beau et sensuel chez une femme. En plus d’être, d’après sa courte expérience, une zone très sensible à la caresse.
La chose lui était venue si naturellement qu’elle n’osa s’interrompre en se rendant compte de son geste tandis que le reste de sa main soutenait toujours le fin visage, glissant presque vers sa nuque.

J’ai du apprendre toute ma vie à paraître ce qu’on attendait de moi Flore. Je pense qu’aujourd’hui, je ne suis simplement plus capable de ne pas porter au moins partiellement le masque que l’on m’a forgé. Mais comme vous le dites vous-même, tout mon être n’est pas capable du même contrôle. Comme à cet instant, comme tout à l’heure, mon cœur n’est pas aussi bon acteur que mon visage. »

Un instant alors qu’elle regardait les lèvres mi-closes de la jeune femme au centre de son visage paisible aux joues toujours rosie, elle se demanda si Flore lui en voudrait si elle lui prenait un autre baiser. Une envie soudaine et réelle, mais qui n’avait d’autre justification que la simple satisfaction de l’acte.
Mais elle ne pourrait le justifier. Flore savait ce qu’elle était à présent, et elle n’aurait pu s’en sortir par une pirouette ou un joli trait d’esprit. Le contact qu’elle lui autorisait était déjà très intime, et elle ne voulait profiter de la situation, même pour combler sa solitude, même si une voix lui murmurait que Flore ne la repousserait pas, et peut être même qu’elle lui rendrait son baiser cette fois.
Instinctivement elle s’était tout de même rapprochée. Le visage de Flore représentait maintenant la majeure partie de son champ de vision.
Elles pouvaient sentir le souffle de l’autre.

Je pense que notre corps veut le plus souvent montrer ce qu’il souhaite, malgré tout le contrôle que nous pourrions avoir sur lui. Je suis contente que le cœur de Jehan batte pour vous aussi fort, et plus encore. Je ne doute pas que le vôtre en fait de même à son encontre. »

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyMar 24 Mar 2020 - 8:59
Les explications de la dame d’argent ne me convainquent pas du tout. Privée de toute relation sociale pendant des années, j’ai sans doute un point de vue assez différent du sujet. Tant que tout le monde est content et que les gens s’aiment, où est le mal à aimer quelqu’un de son propre sexe ? Où est le mal d’aimer, tout simplement ? Est-ce si terrible ? Ce que j’ai ressenti dans cette pièce tout à l’heure, c’était une émotion, une émotion faite chaire, parfaitement tangible. Différente de celle que diffuse Jehan à mon égard, plus douce, plus retenue, moins conquérante. Une caresse, voilà. Une caresse des lèvres. Et ça, c’est mal ? C’est condamnable ? On pourrait brûler Irène pour ça ? L’estime que j’ai du clergé ne va pas bien haut et elle vient de reculer encore un peu plus. L’idée même qu’on puisse lui faire du mal me tord le cœur et l’estomac, tout comme s’il arrivait un malheur à mon bien-aimé. Je trouve cette vie tellement injuste, tellement cruelle. Irène ne mérite pas ça. Personne ne mérite ça. Et le cœur broyé par une émotion que je ne m’explique pas encore me fait garder cette main contre mon visage, pour lui apporter un peu de chaleur, pour lui montrer que tout le monde n’est pas injuste, que tout le monde n’est pas cruel.

- Si le monde pouvait ressembler à votre cœur, la vie serait tellement plus belle…Vous n’avez pas à porter de masque en ma présence. Jamais. Au moins…Nous serions à armes égales…Moi je ne sais pas faire comme vous. Me cacher derrière un sourire. Ou dans une jolie robe pleine de fils qui brillent. Parce que ça ne sert à rien. Tôt ou tard…La vérité finit toujours par triompher.

Je la regarde, bouleversée. Pourquoi la dame d’argent n’aurait-elle pas le droit de vivre, elle aussi, tout ce que je vis ? L’a-t-elle seulement déjà vécu ? Sait-elle ce que c’est que de s’éveiller aux côtés de la personne qu’on aime, qu’on chérit et qu’on désire ? Il y a tellement de questions, tellement de tristesse, je sens mon cœur se révolter contre toute cette injustice crasse.

Elle s’approche, elle est si proche que je ne vois plus qu’elle, le jardin a disparu, même s’il se manifeste un peu en faisant voler quelques mèches de nos cheveux. Les miens ont considérablement poussés et volent sans retenue autour de moi. La comtesse dégage une somptueuse fragrance de violette, son souffle vient effleurer mon visage, alors qu’elle me parle de Jehan. J’ôte la main posée sur mon visage et la garde dans les miennes, en la caressant avec douceur. Il faut le lui dire, elle ne le sait peut-être pas.

- Je l’aime, Irène. Je l’ai aimé dès que je l’ai rencontré et je n’ai jamais cessé de l’aimer, même quand tout espoir semblait perdu. Il m’a demandé de l’épouser. Et j’ai dit oui. Parce que je ne peux tout simplement pas imaginer ma vie sans lui. Comme je ne peux pas imaginer une vie sans vous.

La comtesse l’apprendra peut-être en même temps que nos fiançailles mais il faut qu’elle le sache. Elle a découvert un secret qui pourrait la mettre en danger, je lui dois bien, à mon tour, l’honnêteté des sentiments.

- Vous rappelez vous la première fois que nous nous sommes rencontrées, Irène ? Vous ne portiez pas ces beaux habits, tous ces atours, vous n’étiez personne, juste Irène. Et vous m’avez tendu la main, une main qui me faisait peur parce que ce geste n’avait aucune logique, pour moi. Personne ne m’avait jamais tendu la main de la sorte, pris soin de moi, personne ne m’a traité…comme un être humain. Ce jour-là…Vous ne portiez pas de masque. C’était…C’était vous, juste vous, pas la comtesse. J’aimerais revoir cette femme.

Je levai sa main vers mon visage pour y déposer un baiser. Un tendre, pur et chaste baiser avant de déposer ses doigts sur moi, afin qu’elle comprenne quelque chose qui visiblement lui a échappé pendant des jours, des mois. Sous ses doigts, mon cœur palpite à toute vitesse. Le visage baissé, les joues toutes rouges, je dis enfin :

- Mon cœur ne brûle que pour lui. Mais…Vous êtes entrée dans mon cœur aussi, Irène. Et votre absence a été aussi cruelle à mes yeux que celle de Jehan. S’il vous plaît…Ne recommencez pas…Je ne m’en remettrais probablement pas.


Je redresse un peu mon visage et contemple le sien. Maladroitement, avec mes mots de femme qui apprend un peu tout en même temps, je viens tout simplement de lui dire qu’elle est une part de ce cœur qui bat et brûle. Mes sentiments envers elle sont complexes. Il ne s’agit pas du même amour que je voue à mon fiancé, il s’agit de quelque chose d’autre, de plus tendre mais de tout aussi fort. Elle est si proche…Je pourrai dans l’instant aller lui voler un baiser à mon tour, pour lui rendre ce plaisir qu’elle m’a donné tout à l’heure, pour lui rendre un peu de cette tendresse qu’elle m’a partagée, mais je n’ose pas. Elle est si proche et pourtant si lointaine à la fois. Et tellement belle. J’aurais l’impression de la salir, moi qui suis si brouillonne et si petite, si insignifiante face à une telle créature sortie tout droit des contes.


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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyJeu 26 Mar 2020 - 6:00
L’humeur d’Irène s’assombrit à chacune des paroles de la jolie fleur au parfum délicat qui se trouvait devant elle. Pas que ce fut l’objectif de cette dernière, non bien au contraire. D’une certaine façon elle lui faisait une déclaration de sentiment, presque d’amour qui la toucha. Mais la comtesse voyait dans chaque mot, chaque lettre, la distance infranchissable qui existait entre le fond de la décadence humaine où se trouvait son âme, et le lieu si lumineux qui abritait celle de Flore. Ou peut-être était-ce lumineux par sa présence justement. Ainsi donc Jehan avait fait sa demande et la réponse lui était donnée, positive. Elle avait l’impression qu’on tournait lentement une lame dans ses entrailles, répandant du sang et des boyaux fumant partout sur ses genoux. Un gout de plomb et de larme dans la bouche.

Elle était si heureuse pour eux, elle avait donné son accord, et leur souhaitait tout le bonheur que cette terre maudite avait encore à accorder. Elle les protégerait, elle mettrait à l’abris, de la cité, des purificateurs, d’elle-même. Elle oui. Mais pas la bête en elle, non, pas elle. La bête ne voulait pas. Elle, elle voulait les tuer tous les deux, les massacrer, les dépecer et accrocher leur corps au-dessus de son lit pour rire et pleurer de leur volonté de liberté et de bonheur. Oui leur faire du mal, tout plutôt que de les voir s’éloigner et la laisser plus seule et perdue qu’elle ne l’avait jamais été.
Son cœur si chaud et si doux battant sous ses doigts, avec force. Elle devrait l’arracher de sa poitrine dans l’instant, et le garder pour elle seule. Elle ferait de même avec Jehan, et elle garderait leurs organes si pleins d’amour contre elle, en permanence, pour la fin de ses jours.

J’aimerais moi aussi la revoir… » Parvint-elle finalement à dire, du bout des lèvres, presque un chuchotement. « Elle se trouve dans un endroit si sombre, inconnu, si loin d’ici. Pourra-t-elle revenir un jour ? »

Si seulement elle l’avait embrassé ! Le contact de ses lèvres chaudes si attendu. La tendresse de son corps plutôt que la vérité de ses mots. Que cela aurait été beau, que cela aurait été bon. Mais non pas Flore. Elle lui accordait une telle beauté, une telle gentillesse, elle l’idolâtrait presque lui accordant une place dans un panthéon qu’elle ne méritait aucunement. Mettant au jour ses plus sombres aspects en cherchant à voir les meilleurs, et cette lumière la brûlait jusqu’au tréfond de son âme. Elle ne savait pas si Flore avait répondu quoi que ce soit, son âme était un tourbillon douloureux de pensées contradictoire.

Un jour vous regretterez que je sois reparue dans votre vie Flore. Si le monde ressemblait à mon cœur, il n’y aurait que cendre. Pas d’eau, pas de vie, pas d’amour. De la cendre partout, toujours. »

Tout se passa très vite. La main sur le cœur de Flore s’empara avidement de la poitrine, la malaxant alors qu’elle se jetait sur elle. Se pressant contre elle, se frottant. Ses lèvres vinrent conquérir celle de Flore, se les approprier, pour qu’elles lui appartiennent, à elle, à personne d’autres. Elle rabattit les bras de l’herboriste encore faible au-dessus de sa tête les serrant dans son poignet pour l’empêcher de bouger. Son autre main glissa sur la robe remontant le tissu sur les longues jambes pour trouver sa proie. La bête exultait. Oui elle la prendrait, elle prendrait tout d’elle, elle la boirait comme une assoiffée dessécherait une source fraîche. Elle sentait la peau de sa cuisse contre le dos de sa main alors qu’elle allait enfin s’emparer du corps et de l’âme de Flore. Qu’importe qu’elle le veuille ou pas !

L’image du corps de son père se vautrant sur son corps d’enfant s’imposa dans son esprit. Oui juste comme lui l’avait fait avec elle. Ce fut comme être frappé par la foudre. Elle était un monstre, aussi monstrueuse que lui, aussi monstrueuse que ce monde. Elle se jeta en arrière, s’éloignant de Flore comme si elle était faîte de flamme. Elle rampa sur le dos jusqu’à s’écorcher les mains sur les graviers de l’allée.

pardon, pardon, pardon » Répétait-elle inlassablement en reculant. Elle se releva, un bruit de tissus déchiré, sans doute sa robe qu'elle piétinait maladroitement. Elle se mit à courir vers la maison sans pouvoir regarder sa presque victime répétant encore et encore sa demande de pardon, comme si cela pouvait changer quoi que ce soit à ses actes. C’était un monstre, comme les autres, la bête le savait, elle. Elle arriva devant sa chambre d’enfant sans se souvenir avoir fait le chemin et se jeta dans les draps, se cachant dessous pour fuir la réalité. Sa réalité.


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyJeu 26 Mar 2020 - 14:08
L’attaque est rapide. Si rapide que je n’ai pas eu le temps de réagir. Irène s’est littéralement jetée sur moi, m’allongeant dans l’herbe tout en se permettant des gestes dont la précision ne laissait que peu de doute quant à leurs objectifs. Je suis totalement perdue. Ses lèvres sur les miennes ont la passion des désespérés, sa main serrant si fort mes poignets affaiblis au-dessus de ma tête a la force du conquérant imperturbable. Quant à son autre main…Par les Trois. Je suis totalement pétrifiée. Tremblante. Je n’ose la repousser et même si j’essaye je doute d’y parvenir. C’était un peu comme si…Comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre, une personne que je n’ai jamais rencontrée. Sous ses lèvres impérieuses, je réussis à grommeler un tout petit :

- Irène… !

Est-ce cela qui lui fait prendre conscience de mon malaise ? Elle s’échappe comme si j’étais devenue soudain une pierre incandescente sur laquelle elle venait de se brûler. Reprenant une position assise, le souffle court et le cœur battant, je la regarde, totalement perdue, peinée. Oui. Je suis peinée par ceci, bien avant d’être effrayée. Une totale incompréhension s’affiche sur mon visage, un visage tout entier tourné vers une Irène qui semble réaliser ce qu’elle vient de faire. Se répandant en excuses, elle s’éloigne de moi en s’abimant les mains sur les petites pierres du chemin avant de s’enfuir, disparaissant de ma vue. Que. Vient-il. De se. Passer… ?

Je ne la suis pas. Pas tout de suite. J’ai d’abord besoin de remettre de l’ordre dans tout ce qu’il vient de se produire. Est-ce ma faute ? Ai-je dit quelque chose qui lui a déplu ? Est-ce que…Je relevai alors la tête vers le manoir, le rouge au visage. Des souvenirs précis me revenaient en mémoire. Des souvenirs qui ne concernent que nous. Ce bain…Sa volonté de toujours être proche moi…Cette nuit où la dame d’argent m’a rejoint dans mon lit, sans un bruit. Quand je me suis réveillée pour aller quérir de l’eau à l’office, elle était là. Elle dormait profondément, tout son visage était détendu, elle ressemblait à une enfant sans tous les artifices dont elle s’entoure habituellement. Je l’avais regardée longtemps afin de m’extirper du doux étau de ses bras. A ce moment-là, je ne m’étais pas imaginé un seul instant qu’il aurait pu s’agir d’autre chose que d’une amitié et d’un sincère désir de me protéger. Maintenant que je connais le secret d’Irène, je vois les choses sous un angle nouveau. L’angle du désir jamais totalement satisfait, à demi rassasié par une attitude pleine de gentillesse à mon égard. Le rouge de la honte m’envahit, alors que je restai là, assise dans l’herbe, à regarder toutes les petites fleurs de lamier abandonnées au sol.

C’est ma faute. Sans le vouloir, je lui ai fait du mal. Sans le vouloir, je l’ai probablement bousculée dans ses désirs jamais totalement inassouvis. Sans le vouloir, je lui ai rappelé que je vais être heureuse et pas elle. Je lui ai dit ce que je pensais, ce que je ressentais, sans penser aux conséquences. Je lui ai fait du mal. Quelle horreur.

Elle a dit que le monde ne serait que cendres, s’il était à l’image de son cœur. Je refuse de porter le moindre crédit à ses paroles dures et totalement fausses, à mes yeux. Irène, c’est l’exubérance du cœur sous des faux semblants de caste. Irène, c’est un être qui souffre, mangé par la part sombre qu’elle tente de dissimuler de son mieux et que j’ai vue pour la première fois il y a de cela quelques instants. Irène, je le comprends à présent, est constamment contrainte d’avancer pieds nus sur un fil tendu, sans pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit d’autre qu’un masque et des sourires. Un petit souffle et Irène tombera, loin, si loin que je ne pourrai sans doute jamais la rejoindre ou faire quoique ce soit pour elle. Donc, avant que ce souffle ne vienne m’arracher ma fée d’argent, je prends la décision de me lever et de la suivre.

Ramassant les petites fleurs coupées, je rentre à mon tour dans le manoir, déposant les fleurs sur une chaise ornant un couloir avant de partir à sa recherche. L’endroit est immense et cela me prit un temps considérable pour la retrouver, tant cette demeure est vaste. Ce n’était pas bien compliqué, il suffisait de pousser la seule porte qui n’était pas totalement fermée. J’entre, je ferme la porte pour qu’on ne nous dérange pas et avance vers le lit, en triturant mes doigts et en observant la chambre. Une pièce que je ne connais pas. Je ne l’ai jamais vue. Quoiqu’il en soit, je devine la silhouette d’un corps sous les draps et m’arrête un instant. Peut-être qu’elle veut rester toute seule…Peut-être qu’elle n’a pas envie de me voir pour le moment. Tant pis. Irène a toujours été là à mes côtés, lors de réveils difficiles. Je serais une bien mauvaise personne de la laisser seule dans cet état. Je pris donc place sur le lit, avant de tirer le drap afin de l’exposer à mes yeux, des yeux tous remplis de regrets et de sollicitude sincère.

- Irène…Je…Je suis désolée…moi aussi.

J’hésite un petit instant puis tend la main vers ses cheveux, pour replacer une mèche rebelle derrière son oreille délicate, et enfin déposer une caresse sur tous ces fils d’argent que j’aime tant.

- Est-ce que vous voulez que je vous laisse seule ? Voulez-vous que j’aille chercher un peu de tisane pour vous apaiser ? Est-ce que…Puis-je faire quelque chose afin que vous alliez mieux ? Je ferais n’importe quoi pour vous rendre le sourire…

Je réussi à atteindre ses doigts que je nouai timidement aux miens.

- Parlez moi Irène. Je vous en supplie…


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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyJeu 26 Mar 2020 - 19:52
Quand une masse s’assit près d’elle, la comtesse se roula en boule, tremblante, s’attendant à recevoir des coups. Ça arrivait quand elle agissait mal, quand elle disait non. Elle avait mal agi n’est-ce pas ? Oui elle avait forcément mal agi, sinon le monde ne la punirait pas. La lumière dans la pièce la brulait de nouveau et elle posa un bras sur ses yeux pour la fuir.
D’où venait la voix ? Pourquoi était-elle désolée ? Pourquoi serait-on désolée pour elle ? Elle ferait n’importe quoi pour elle ? Alors pourquoi ne pas la laisser disparaître ? Pourquoi la pousser à se recomposer ainsi ? Elle sentait les morceaux d’elle-même se rejoindre, s’assembler au centre d’un désert aride qu’était son esprit. Elle reforma la cage autour de la bête, autour d’elle-même. Non pas elle-même ! la bête était forcément autre chose ! Un parasite greffé à son âme fragile. Oui, forcément…

Petit à petit alors que des doigts doux pressaient les siens, la petite chose redevint la comtesse, son souffle se fit plus long plus calme. Les tremblements cessèrent tout à fait et les sueurs froides ainsi que la nausée perdirent de leur force jusqu’à disparaître. Oui elle était la comtesse, elle était celle qui décidait de sa vie, celle qui mettrait fin au monde. Très doucement elle parvint à se redresser pour s’asseoir au bord du lit. La main inconnue toujours dans la sienne.

Non pas inconnue. Celle de Flore, qui d’autre viendrait lui tenir la main après ce qu’elle avait failli faire ? Un frisson de dégout et une douleur puissante lui vrilla le crâne, mais elle parvint à l’atténuer doucement, jusqu’à l’absorber en son for intérieur, là où elle laissait tout le reste.
Ses yeux trainaient vaguement dans la pièce à dominante rose et bleue, les meuble bas et coloré, les peluches usée disposée un peu partout. Une véritable chambre d’enfant. Une cage pour un esprit brisé, comme son corps l’était pour la bête en elle. Des cages de belles apparences qui dissimulaient des monstruosités.
Pourtant à chaque crise, elle accourait dans sa cage. Elle sourit piteusement. Elle n’avait jamais vraiment réussi à s’échapper finalement. Sa voix fut calme, mais un peu enrouée, comme si elle émergeait d’une longue nuit.

Vous ne devez pas tout faire pour le sourire des autres Flore… » Elle inspira longuement. « Seul le vôtre devrait vous importer. »

Elle pressa un peu plus la main dans la sienne, comme pour s’en servir d’ancre avec le monde réel, elle se sentait encore fragile et capable de chuter à nouveau dans les limbes de son être. Elle mettait chaque fois plus de temps à en revenir. Que se passerait-il le jour où elle n’en aurait plus la force ? La bête prendrait-elle le contrôle ? Ou serait-ce seulement la fin qu’elle espérait tant ?
Flore et Jehan ne devraient plus être près d’elle ce jour-là, elle s’en fit la promesse. Ils devaient être en sécurité, loin.

Vous n’avez surtout pas à être désolée. J’ai très mal agi… j’ai… j’avais peur et j’ai laissais cette peur me guider. Sans doute que votre présence au quotidien en ses murs me rappelle plus la solitude qui est la mienne. Vous êtes si… J’ai eu l’impression que je pourrais noyer cette solitude dans vos bras. Il n’y a rien d’excusable dans mon comportement, mais je vous demande tout de même pardon. Vous avez Jehan, votre prochaine union est une merveille, j’ai… je voulais une part de tout ça, une part de vous. Mais ce n’est pas à moi. Je n’aurais pas dû essayer de le prendre. »

Elle baissa les yeux et découvrit qu’un pan de sa robe trainait au sol dans un état pitoyable. Ses mains la picotaient, sans doute les éraflures qui se rappelaient à elle maintenant qu’elle avait repris le contrôle. Alice en ferait toute une histoire quand elle le découvrirait.

Je dois me changer… »

Elle se releva, presque trop vite et du attendre un instant debout pour ne pas retomber sous l’effet de l’étourdissement qui s’empara d’elle. Elle n’osa pas regarder Flore de peur d’y lire des choses qui n’étaient pas là avant. De la haine, du dégout, de la peur, de la pitié. Non elle n’osa pas.

Je… vous pouvez m’accompagner si.. vous le souhaitez. Sinon je vous rejoindrais bientôt. Je dois me changer… » Répéta-t-elle comme si cela suffisait à tout expliquer.


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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyVen 27 Mar 2020 - 10:52
« Sans doute que votre présence au quotidien en ses murs me rappelle plus la solitude qui est la mienne. » Ainsi donc, je n’étais pas si loin de la vérité. Les paroles d’Irène coulent sur moi comme de l’eau glacée. Quelle idiote. Dans mon ignorance de ces choses du cœur, toutes ces choses nouvelles que j’appréhende un peu tous les jours, j’ai cru que je pouvais sans doute apporter à Irène un peu de mon affection sans que cela ne change quoi que ce soit. Quelle égoïste. Je lâchai sa main, tout en l’écoutant s’excuser. Il faudra que je parle à Jehan de tout ceci…Nous ne pouvons rester dans cette maison si cela cause de la peine à Irène. S’il faut m’éloigner, nous éloigner, pour qu’elle puisse se sentir mieux, je le ferai. Sans la moindre hésitation, même si cela me causera certainement une peine immense. La gorge un peu sèche, je me lève, alors qu’elle-même semble avoir beaucoup de mal à rester debout. Je me dépêche de la soutenir, passant mon bras sous ses aisselles afin de la guider et de la maintenir debout.

- Je vais vous aider. Appuyez-vous sur moi.

Elle ne pèse pas bien lourd, appuyée contre moi. La voir dans cet état me rappelle les gestes bienveillants de Jehan que j’ai déjà pu observer, il y a de cela quelques mois. J’avais perdu Irène dans les rues de la cité, une main s’était alors abattue sur mon épaule alors que je paniquais à un coin de rue, la main de mon fiancé. En me retournant, effrayée et toute pâle, j’ai vu alors Irène, soutenue par Jehan, dissimulée par sa cape. C’était la première fois que je le voyais. Il était d’une douceur avec elle…Je me rappelle parfaitement ses gestes, tandis qu’il la déposait sur une banquette de bois dans une maison bourgeoise de la ville. Je me rappelle ses regards inquiets, ses sourcils froncés, ses paroles qui tentaient de me rassurer, tandis qu’il buvait une tisane. Mon premier souvenir de lui est toute la sollicitude qu’il porte à Irène, cette femme qui se tient à présent dans mes bras pour avancer dans sa maison trop grande.

Malgré toute la splendeur et la richesse qui l’entoure, malgré toute cette beauté qu’elle dispense et qu’elle entretient, je sens…je sais qu’il y a là-dessous des drames affreux, des secrets terribles, des choses inavouables qui lient les deux êtres que j’aime le plus au monde. Est-ce judicieux de vouloir faire partie de ce duo de mystère ? Ai-je une place, d’ailleurs, dans tout ceci ? J’ai parfois l’impression qu’on me cantonne dans le rôle de la jolie paysanne incrédule et naïve, un peu imbécile, un peu idiote, qu’on regarde avec patience tandis qu’elle fait des fautes et qu’on reprend avec un sourire bienveillant. Pourtant…Je peux être forte, je peux apporter des choses, moi aussi, et pas seulement être spectatrice de tout ce que je vois et devine depuis des jours, depuis mon arrivée en ces murs. C’est vrai, j’ignore des tas de choses, je n’ai pas cette belle éducation des livres ni les connaissances des gens instruits. Je suis tellement pauvre que je n’ai rien à moi, rien à apporter à mon fiancé, à part une bicoque délabrée et des pots remplis d’herbes. Je ne suis même pas jolie. Mon visage est marqué par la haine des autres, mon corps couturé de souvenirs que je n’évoque jamais. En somme, je ne suis pas grand-chose. Par contre, tout ce que je donne, je le donne avec sincérité et honnêteté. Quand je souris, mon sourire est vrai. Quand je me fâche, ma colère est vraie. Quand j’aime… J’aime avec toute la force qui est en moi. Et j’aime Irène. Pas comme j’aime Jehan, mais je l’aime assez pour effacer les souvenirs désagréables et ne garder que l’essentiel. Elle.

Je me doute bien que tout ceci ne signifie rien pour la Comtesse. Elle gravite dans d’autres milieux, rencontre des personnes de sa qualité, des personnes de son monde et qui sont donc infiniment plus intéressantes que tout ce que j’ai à lui offrir. Mais cela ne fait rien. Ces personnes là ne savent pas. Ces personnes là ne voient pas ce que moi je vois. Tant qu’elle aura besoin de moi, je serai là, discrète, à la soutenir comme je le fais présentement, la menant en silence et en douceur vers sa propre chambre. Arrivées devant la porte, je l’ouvre et nous fais entrer, avant de la diriger vers son lit et de l’y faire asseoir. Sans lui demander la permission, je me dirige vers les penderies, cherchant une tenue à la hauteur d’une telle femme. Une jolie chemise propre. Une belle robe confectionnée dans un tissu luisant de superbes nuances de bleu, sa couleur. Je prends le tout et dépose tout ceci sur son lit, avant de murmurer.

- Voulez-vous que j’appelle Alice ?

Je me doutais bien qu’elle n’avait pas très envie que je reste. Elle a évité mon regard tout le temps qu’a duré notre trajet. Ce n’est pas grave. Je me contente de lui sourire, avec la même bienveillance que j’ai d’ordinaire pour elle.

- Avez-vous besoin d’autre chose ?

En ce qui me concerne, si la comtesse n’a besoin de rien, j’irai m’isoler dans ma chambre afin de réfléchir à ma situation. Il est évident que Jehan et moi ne pouvons dépendre d’Irène pour tout notre entretien. Avoir son soutien sera d’une aide indispensable pour notre future installation, où qu’elle soit. Mais…Je n’ai pas d’autre appui, moi. Mon « commerce » des Faubourgs est définitivement détruit par le meurtre des Gorlois. Même les patients qui devaient revenir en se qualifiant de client difficile ne sont jamais revenus. Il me reste bien une opportunité, celle du comte de Rougelac. Peut-être que si je lui offre mes services, il pourrait m’aider en me soutenant à son tour. Après tout, je lui ai apporté un soulagement, ce ne serait que justice que je reçoive quelque chose en retour. Et ce serait un petit travail, je pourrais offrir quelque chose à mon fiancé, ne plus avoir honte de dépendre de tout le monde. Qu’est-ce que j’aimerais pouvoir offrir un petit cadeau à Jehan…Quelque chose qui vienne de moi…J’irai un jour prochain rendre visite au comte. Ma présence sur l’Esplanade me facilite un peu les choses. J’espère sincèrement que cette future entrevue donnera quelque chose de positif. J’ai besoin de soutien et d’un appui autre que celui d’Irène. Parce que cela a une importance capitale pour moi.
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyVen 27 Mar 2020 - 14:24
Même si elle aurait voulu lui épargner cela, Irène en aurait sans doute été incapable. Alors elle s’appuya contre Flore avec gratitude. Heureuse que la jeune femme accepte encore sa proximité au moins partielle. Le trajet fut bien plus aisé ainsi, elle n’avait qu’à penser à mettre un pas devant l’autre sans gérer son équilibre. Elle sentait Flore extrêmement songeuse près d’elle, et regretta de n’avoir aucun moyen de lire dans son esprit. Comme elle devait la détester à présent qu’elle avait entraperçu sa plus noire moitié.
Elle ne protesta aucunement quand l’herboriste l’assis sur le lit qu’elle occupait dans la chambre maritale et entrepris de lui trouver une tenue. Elle se fichait bien de quoi porter. Elle voulait juste effacer ses actes des dernières heures. Elle avait été heureuse de dire à quelqu’un ce qu’elle ressentait réellement et pour qui. Mais maintenant cette même personne avait subit son mal être. Elle devait la penser déviante.

Non ! » S’empressa-t-elle de dire.

Pas Alice. Elle voudrait lui faire tenir le lit pour le reste de la journée si elle savait qu’elle avait eu une crise. Non, elle avait trop de chose à faire. Et elle n’avait pas envie que Flore s’éloigne.

Restez. S’il vous plait. »

En glissant sa main dans son dos, elle défit le nœud retenant la robe, soulageant sa respiration. Puis elle se rendit compte qu’en effet Flore était là. Après ce qu’elle venait de faire, ce geste, hier encore si anodin, pouvait paraître très orienté, ambigu. Elle plaqua sa main sur son buste pour retenir le tissu qui s’élargissait.

Pardon, je ne vous demande pas de rester pour… enfin je ne vous ai pas attiré ici… » Elle se sentait tellement impuissante et sale. Alors qu’elle pensait, dans les bras d’Ombeline, avoir réussit à se libérer de sa honte d’être ce qu’elle était. Qu’elle se croyait libre de sa sexualité, de ses désirs. Voilà qu’elle se retrouvait aussi honteuse que des mois plutôt de l’autre coté de cette porte dans les bains du temple, à imaginer le corps de Flore.
Elle se releva et pris de sa main libre, la robe, et après un instant d’hésitation, la chemise. Elle se glissa derrière le paravent qui occupait le coin de la pièce pour épargner à Flore cet instant qu’elle imaginait gênant. Elle laissa tomber la robe qu’elle portait au sol se retrouvant complètement nue, sans dessous. Et s’empressa d’enfiler la chemise et la nouvelle tenue par-dessus. Elle n’avait pas été aussi couverte depuis des mois. D’ailleurs elle avait déjà chaud. Mais au moins Flore pourrait-elle se dire qu’elle ne cherchait pas à…
Elle sortit en triturant le bout des manches entre ses doigts. Le regard toujours baissé. Elle se rapprocha de l’herboriste.

Voilà. »

Une longue seconde de silence, et avec beaucoup d’effort elle se força à regarder Flore dans les eyux.

Je veux que vous sachiez Flore. Vous n’êtes pas là parce que vous m’attirez. Je ne nierais pas que c’est le cas… Mais j’apprécie votre présence. Et j’admire la personne que vous êtes. Je ne me préoccupe pas de vous pour vous mettre dans mon lit. Je tiens à vous pour qui vous êtes, pas pour votre corps. Je veux vous voir heureuse. »

Elle faillit prendre ses mains dans les siennes mais n’osa pas. Elle n’osait plus la toucher maintenant qu’elle avait laissé paraître son attirance, et pire son égoïsme. Surtout qu’elle n’était au fond d’elle-même pas certaine que son désir pour elle soit réellement oubliable. Elle voulait apporter du bonheur à cette femme. Car elle, elle en méritait.




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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyVen 27 Mar 2020 - 23:22
Irène veut que je reste. Je reste donc, debout, les mains croisées sur le devant de ma robe, avant de regarder ailleurs, le plus simplement du monde, tandis qu’elle défaisait sa robe. J’ai déjà vu des femmes toutes nues, ce ne sera pas une grande découverte, d’autant plus qu’elle s’est elle-même montrée en tenue de nymphe lors de notre dernier bain. Non, si je détourne le regard, c’est surtout pour éviter de la mettre mal à l’aise. Je ne peux toutefois m’empêcher de sourire en coin, un peu comme le ferait Jehan, pour doucement la corriger :

- Vous n’avez attiré personne, ma chère, c’est moi qui vous ai soutenue jusqu’ici. Si je suis dans cette pièce, c’est parce que je le veux bien.

Du coin de l’œil, je la vis disparaître derrière le paravent afin qu’elle puisse revêtir une tenue correcte. Moi, pendant ce temps, je m’avance vers la fenêtre, pour regarder le paysage qui se déroule sous mes yeux. Cette chambre est vraiment l’épicentre de cette maison, on dirait que tout, absolument tout a été étudié pour que chaque détail soit visible depuis ces fenêtres. Toute à ma contemplation, j’entends pourtant les bruits typiques de vêtements froissés tombant au sol. Elle revint, quelques instants plus tard, les yeux fixés sur le sol, tout en s’approchant de moi.

Ses paroles ensuite me laissent totalement sans voix. Elle m’admire ? Moi ? Mais enfin…Comment ? Pourquoi ? Je ne peux empêcher mes paupières de battre un peu plus vite, plongée que je suis dans l’incompréhension la plus totale. Cela me semble tellement incongru que je penche la tête, réellement intriguée. Cependant, au milieu de ces paroles dont je ne comprends pas bien le sens, je sens qu’il y a une réelle volonté de la part de la comtesse d’argent de faire une espèce de mea culpa qui à mes yeux n’a pas lieu d’être. Sans lui laisser l’opportunité de s’échapper, je prends alors ses mains meurtries et les regarde, avec un sourire gentil.

- Quand on veut voir une personne heureuse, c’est qu’on l’aime Irène, d’une manière ou d’autre.

Je relève les yeux vers elle et l’attire alors dans mes bras, pour une étreinte douce et sans plus de fioritures. Enlaçant la taille menue de la comtesse pour la presser contre moi, mes deux mains posées à plat sur le haut de son dos pour la garder au plus près, je déposai ma joue sur son épaule, les yeux fermés, écoutant avec joie ce cœur qui bat si vite sous mon oreille.

- Peu importe la manière dont vous l’exprimez, je vous ai comprise. Ce qu’il s’est passé dans le jardin n’a jamais eu lieu. Tranquillisez-vous, je ne vais pas m’enfuir, je ne vais pas disparaître sans prévenir.

Me redressant en douceur, je lui dis alors, en replaçant distraitement une mèche de cheveux derrière son oreille, amusée :

- Moi aussi je voudrais vous voir heureuse, Irène. Je voudrais tellement pouvoir vous voir sourire sans faux semblant, un jour, ne plus remarquer cette tristesse que vous cachez si mal. Vous avez été si bonne avec moi. Avec nous. Vous ne méritez pas de vivre comme ça, dans la retenue et dans l’opprobre. Pas vous.

Je déposai alors ma main sur sa joue, avant de la regarder le plus tranquillement du monde et de dire, dans un sourire :

- Que voulez-vous faire maintenant ? Reprenons-nous les leçons ? Avez-vous d’autres projets pour cette journée ?
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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyLun 30 Mar 2020 - 6:39
Quand on veut voir une personne heureuse, c’est qu’on l’aime. Était-ce vrai ? Était-ce ainsi que fonctionnait l’amour ? Irène aimait-elle Flore ? Aimait-elle Jehan ?
Elle n’en était pas certaine. Elle voulait les voir heureux, mais de là à les aimer ? Après tout, elle voulait aussi voir les enfants qu’elle aidait à nourrir heureux. Pas de liens avec de l’amour. Elle œuvrait à leur mort à tous. Pouvait-on faire ce genre de chose à quelqu’un qu’on aime ? L’herboriste était importante pour elle, vraiment très importante. Voilà pourquoi elle voulait l’éloigner. Mais il était dur de parler d’amour. Elle considérait simplement qu’une personne avec un âme si belle méritait son soutien, son aide, son respect. Elle qui ne méritait rien, elle voulait contribuer à la réussite d’au moins une des meilleures choses de l’humanité.

Pourtant elle avait essayé de lui imposer un acte qui dépasser le respect et l’admiration, elle avait essayé de prendre une partie de cet amour que la jeune femme semblait pouvoir ressentir. Vouloir l’amour de quelqu’un était-il une forme d’amour en retour ? ou juste une maladie de l’esprit ?
Elle ne pouvait se pardonner aussi facilement que le faisait Flore. Elle, elle ne pourrait oublier cet incident. Mais elle fut infiniment reconnaissante à la jeune femme et profita de son étreinte pour atténuer quelque peu sa honte dans la douceur de ses sentiments.
Les doigts de Flore glissèrent une mèche derrière son oreille.

Peut-être un jour cela arrivera-t-il. Mais n’oubliez pas Flore. Vous me remerciez de ce que j’ai fait pour vous, mais ces derniers mois, mes actes ou mon absence d’actes vous ont apportés autant d’aide que de désarroi. Je ne mérite peut-être pas le bonheur que vous me souhaitez, car mes actes ont toujours des conséquences, pas uniquement bonnes. »

Elle regarda par-dessus l’épaule de Flore pour voir la lumière extérieure à travers l’immense fenêtre. Oui, Flore avait subi les conséquences de ses actes. Et surement en subirait-elle encore. Mais avec Jehan, il y aurait une chance pour qu’ils en sortent victorieux et heureux. Elle n’avait plus envie d’écrire, plus envie de travailler. Elle reporta son attention sur Flore.

J’ai envie de vin, vous m’accompagnez ? Oui vous m’accompagnez ! Parlons un peu de vos fiançailles en buvant de l’alcool. Cela se fête ! »

Elle prit la main de la jeune femme et l’entraina à sa suite d’un pas redevenu vigoureux, laissant les questionnements et les peines dans la chambre. Elles descendirent le grand escalier, et Irène entraina son otage dans la petite pièce de discussion où s’était tenue Sydonnie des jours plus tôt. Elle invita Flore à s’asseoir sur l’un des deux fauteuils alors qu’elle ouvrait le grand rideau pour dispenser de la lumière puisqu’il était bien trop tôt pour consommer inutilement du bois dans l’âtre.
Elle sortit verre et bouteille qu’elle déboucha d’une main experte.
Elle commença à servir, et en voyant la réaction de Flore alors qu’elle remplissait son verre, elle le remplit presque à ras bord avec un sourire plein de malice. Elle fit de même avec le sien et reposa le contenant avant de lever son verre.

A l’amour, puisse-t-il vous guider et vous protéger. Et puissiez vous supporter l’humour de Jehan. »

Elle trinqua avant de boire une très longue gorgée pour noyer quelque peu sa solitude et les sentiments qui y étaient lié. Elle voulait offrir un peu de considération à sa compagne qui ne serait pas au final centrée sur son mal-être à elle. L'herboriste méritait au moins cela de sa part.

Alors, parlez-moi de vos aspirations, de vos rêves. Que voudrait faire Flore Maisonfort une fois devenue Flore Defroy ? Sincèrement ? »
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyLun 30 Mar 2020 - 15:53
Fêter nos fiançailles…C’est vrai. Irène est la seule personne avec laquelle je peux fêter cet événement, vu que je n’ai plus aucune famille. Les seuls êtres chers qu’il me reste vivent tous les deux sous ce toit. J’aurais bien opposé à Irène que je ne bois jamais de vin mais je n’en ai pas vraiment le temps, ni l’envie, je dois bien l’admettre. La dernière fois que j’ai goûté à ce breuvage, c’était ici même, il y a de cela quelques mois, et j’en ai gardé un souvenir plutôt bon. Elle a pris ma main, nous nous rendons donc dans le petit salon. Je prends place sur un des fauteuils présents et la regarde faire, avec un sourire.

- Je regrette tellement que mes parents ne soient plus de ce monde pour voir ceci…Ils auraient aimés Jehan. Surtout Henri. Qui avait à peu de choses près le même sens de l’humour douteux.

Je regarde la dame d’argent remplir nos verres et vois, avec effroi, l’impressionnante quantité de vin qu’elle verse dans le mien. Evidemment, je n’ose pas protester, me disant que cela ne se fait pas. Je prends donc le verre, en prenant bien garde de ne pas renverser une goutte et trinque en même temps que la Comtesse, en esquissant un sourire radieux. Oui, je pourrai supporter son humour, je pourrais tout supporter de lui, sans la moindre difficulté. Je bois donc, avec un ravissement que je ne cherche pas à dissimuler, une longue gorgée de vin. Cela pique un peu la gorge mais cela réchauffe rapidement le cœur. Gardant mon verre à la main, je réfléchis un peu, pensive.

- Flore Defroy…C’est tellement étrange de l’entendre…C’est comme si on parlait d’une autre personne.

Je bois à nouveau une gorgée de vin, avant de répondre, d’une voix douce mais totalement affirmée :

- Mes rêves sont les mêmes depuis toujours, Irène. Ils n’ont pas changé…Je veux aider les autres, autant que je le peux, même s’ils me le rendent mal. Je veux apprendre à lire, à écrire, à compter aussi…Mais…Ce dont je rêve par-dessus tout…Ce qui me poursuit chaque nuit ou presque c’est…c’est fonder ma propre famille. Une famille qui m’aimerait pour celle que je suis. Qui serait fière de moi. Une famille qui évoluerait dans une jolie petite maison, avec un petit jardin plein de fleurs.

Au fond de moi, je sais que tout ceci n’est qu’une douce utopie, quelque chose créé par mon esprit tourmenté afin de me donner l’illusion que tout peut un jour redevenir comme avant. Au fond de moi, je sais que nous ne pourrons jamais voir nos enfants courir librement dans un jardin fleuri. Je sais que nous devrons vivre dans la peur, transmettre cette peur à nos enfants pour qu’ils puissent prendre conscience du danger, de tout ce qui rôde autour d’eux. Afin qu’ils puissent survivre eux aussi. Cela étant, quelque chose me turlupine depuis nos fiançailles, quelque chose qui me rend un peu honteuse, quelque chose que je dois confier à la comtesse.

- Je l’aime, Irène. Pendant tous ces mois à imaginer qu’il était mort, je n’ai pas pu améliorer ma vie, ni même devenir quelqu’un de meilleur. J’ai fait des choses dont je ne suis pas très fière…J’ai même été méchante, vraiment méchante, avec quelques clients qui ne recherchaient rien d’autre que des soins. J’ai fait payer à d’autres le prix de ma douleur, c’était vraiment atroce.

J’eus une pensée pour cette milicienne au dos en miettes, que j’avais si mal reçue. Une autre pour ce Lorren venu chez moi un jour chercher des soins, lui aussi, et qui avait fini par me mettre dans un tel état que j’ai fini totalement ivre sur ma paillasse, la bouteille à la main. Non je ne suis pas fière d’avoir agi comme je l’ai fait. J’espère d’ailleurs avoir un jour l’opportunité de me faire pardonner. Quoiqu’il en soit, je termine en vidant mon verre, d’un trait.

- Tout ça pour dire…je n’ai rien de valeur à lui apporter. Je n’ai pas eu l’opportunité de mettre quoi que ce soit de côté, je ne possède rien de plus qu’une bicoque perdue dans les faubourgs, quelques pots de terre et des paillasses poussiéreuses. Je voudrais apporter quelque chose à mon fiancé, quelque chose qui vienne de moi, quelque chose qui le rendrait fier.

Je lui tends mon verre vide, les joues un peu rosies par l’apport d’alcool.

- Je ne suis pas un beau parti pour lui, tout ce que je lui apporte, là, c’est une réputation douteuse, des haillons et des ennuis. Je voudrais…Je voudrais juste qu’il n’ait pas honte, le jour où on nouera nos mains au Temple. Donc je cherche un moyen. Il me faut…Il me faut un travail. N'importe lequel tant que je puisse apporter ma part, même petite, à notre union. Vous comprenez?
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyMar 31 Mar 2020 - 10:26
La comtesse faisait tourner son vin dans le récipient en réfléchissant aux propos de sa compagne de boisson. Elle resservit le verre entièrement quand Flore lui tendit. Elles n’étaient pas là pour se restreindre, et de son souvenir Flore n’avait avec l’alcool, surtout de qualité, qu’un rapport très lointain. Une petite ivresse et la gueule de bois qui s’en suivait le lendemain ne serait pas une trop mauvaise découverte pour un jour où on apprenait qu’on allait se marier.
Comme toujours Flore avait cette fâcheuse et pourtant adorable tendance à vouloir corriger des erreurs de la vie, quitte à prendre sur elle une responsabilité qui n’était point la sienne. A la manière dont elle voulait sauver l’âme de la comtesse sans en percevoir, ou du moins en l’ignorant, la noirceur. Elle voulait aussi offrir à l’homme de sa vie des garanties, des raisons de la choisir au-delà de l’amour qu’il partageait.
Elle pouvait comprendre ce dernier point, en tant que femme principalement. Aucune personne n’aimait l’idée d’être la personne à charge, d’être dépendante de l’autre. Elle voulait apporter la pierre à un édifice qu’elle aidait à bâtir. Poser ses fondations. Irène but une très longue gorgée.

Croyez-vous que Jehan cherche un bon parti ? Une occasion de s’élever dans la société ? Qu’il accorde une quelconque importance au qu’en dira-t-on ? Que votre réputation ou votre richesse, ou votre influence revêtent une importance pour lui ? Vous savez bien que non. Il n’a aucune honte vous concernant, en dehors de celle de ne pas avoir été là à chaque instant. »

Une autre gorgée, plus longue.

Ne croyez pas que j’ignore ce que vous ressentez, j’entends très bien votre besoin d’être une part plus active dans l’avenir qui est le vôtre en sa compagnie. Mais si vous devez trouver un moyen de faire cela, vous ne devrez pas le faire pour lui, mais pour vous. Pour vous uniquement, car vous serez la seule de vous deux qui retirera de la fierté de cela. Jehan vous aime, plus qu’il n’a jamais aimé quiconque. Plus que sa loyauté envers moi. Que vous lui apportiez un château ou un caillou pour vos noces, il ne vous aimera pas moins, ne vous estimera pas plus, ne se sentira pas plus rassuré de son choix. Il se fiche éperdument de l’aspect matériel de sa vie. Il vous veut vous.
Cependant si vous le faîte pour votre propre fierté, alors il partagera votre satisfaction si vous y arrivez. Parce qu’il sera heureux de vos réussites, et malheureux de vos échecs, car c’est ainsi qu’il aime. A l’unisson.
»

Elle finit son verre et le remplit entièrement aussi, une furieuse envie de s’enivrer lui tiraillant le ventre. Elle ne se l’expliquait pas. Voir même faisait en sorte d’ignorer les raisons. Vu la matinée, elles étaient sombres sans aucun doute, et elle ne voulait pas y plonger pour les comprendre. Non, le vin et Flore lui semblaient de bien meilleure compagnie que sa solitude et ses peurs. Elle se renfonça dans son siège avec son verre plein.

Alors, qu’aimeriez-vous pouvoir apporter dans votre futur vie qui puisse satisfaire cela ? Peut-être pourriez-vous, vous aussi, m’enseigner quelque chose ? Vous connaissez les plantes. Vous savez les quelles soignent, lesquelles soulagent, lesquelles tuent. J’en ai de vague notion pour avoir soulagé des blessés au Temple sous la direction des maitres soignant et d’autres par les livres. Mais je n’ai pas votre connaissance. Je pourrais vous payez pour cet enseignement ? Cela vous fera mettre quelques pièces de côté pour votre dote. »

Elle regarda Flore par-dessus son verre et lui sourit.

Je ne vous parle pas d’une charité quelconque, j’estime que votre savoir mérite rémunération, et il me serait utile dans certains aspects de ma vie. Mais peut-être préférez-vous garder les petits secrets de l’art des dames de la famille pour vous ? » Demanda-t-elle avec un petit sourire.

Et peut-être avez-vous vos propres idées sur ce que vous pourriez faire pour vous sentir plus digne du modèle d’épouse que vous imaginez ? Les partagerez vous avec moi en ce cas ? »

Nouvelle gorgée.


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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyMar 31 Mar 2020 - 22:09
La dame d’argent a raison. Mille fois raison. Jehan m’a aimée alors que je ne portais que des haillons. Une chaleur rosit davantage mon visage en songeant à cette chemise en lambeaux, héritée de ma mère, que je portais ce jour-là, une chemise qui ne tenait sur moi que par un miracle que je n’ai jamais pu expliquer, une chemise qu’il a lui-même ôtée. Je me rappelle encore son visage, de toute son expression, ce ravissement qui n’était pas feint, alors qu’il me découvrait pour la première fois. Je bus de suite une nouvelle gorgée de vin pour dissiper le sourire un peu canaille qui venait de s’afficher sur mon visage. Je possède toujours cette chemise, je n’ai jamais pu m’en séparer. Peut-être arriverai-je un jour à en faire quelque chose qui ne sera destiné qu’à lui. En attendant…

- Moi j’ai honte de celle que je suis. Pourquoi vous croyez que je veux à tout prix apprendre des choses que les paysans ignorent ? C’est la seule revanche que je puisse obtenir. Le savoir. Laisser une trace de ce que je sais. Apprendre des choses. Devenir quelqu’un qu’ils pourront respecter. Ces…abrutis…tout ce qu’ils ignorent…Vous n’avez pas idée, Irène…comme je meurs d’envie de tous les étouffer.

Une nouvelle gorgée en la regardant du coin de l’œil, en l’écoutant et en préférant prendre confortablement place au sol, sur le tapis. Je trouve les fauteuils bien trop pompeux pour moi. Assise en tailleur mon verre à la main, à l’aise, juste en face de la comtesse, je l’observe me donner ses conseils, parlant de Jehan comme jamais encore elle n’en a parlé. Je prends toute la mesure de son attachement envers lui au fur et à mesure qu’elle parle. Il y a du respect dans toutes ses paroles. Du respect et autre chose, je ne parviens pas à mettre le doigt dessus. Sûrement le vin. Qui est délicieux d’ailleurs, au passage. La comtesse semble être du même avis que moi car la voilà qui se ressert un second verre, qu’elle vide dangereusement vite. Elle s’enfonce dans son siège, elle, on dirait une divinité sur son trône, il y a un rayon de lumière qui éclaire ses cheveux.

- Je veux juste lui apporter du bonheur. Faire en sorte qu’il ne manque de rien. Qu’il soit heureux. Et pour y arriver, il faut que je sois heureuse aussi. Que je m’accomplisse…Or…Il y a toujours eu des choses qui m’ont empêchée de m’accomplir…J’ai peur, Irène. Peur de ne pas être à la hauteur. Et si j’étais une épouse horrible ? Si jamais il finissait par se lasser ? Par regretter ?

Je bus une longue gorgée de mon verre, pensive. Toutes mes craintes sortent en vrac, sans la moindre cohérence, sans que je ne sache pourquoi. Peut-être parce que Irène est la seule personne à qui je peux me confier, parler de Jehan, parler de mon futur. Peut-être parce que je l’aime aussi, d’une certaine façon, et que je n’ai pas de filtre, quand je suis avec elle. Peut-être aussi parce que j’ai un peu bu, mais c’est pas bien grave. C’est jour de fête après tout, non ?

Je haussai enfin un sourcil alors qu’elle parlait d’enseignement réciproque. Je ne peux m’empêcher de rougir un peu.

- Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais l’idée que vous me donniez des sous en échange de choses alors que je vis ici, que je mange ici et que je suis blanchie, au chaud et à l’abri, cela me gêne un peu Irène.

Une chaleur s’empare de moi au point que j’en étire un peu le col de ma chemise, pour obtenir une sensation de fraîcheur. Je devrais sans doute cesser de boire, ce n’est pas très correct de se comporter ainsi en présence de la comtesse. Je me fis alors la réflexion que je ne valais sans doute pas mieux que ces paysans que je voulais étouffer tout à l’heure. Je pouffe d’ailleurs de rire en y songeant avant de finir à nouveau mon verre, l’œil pétillant et le sourire immense. Je le déposai, vide, sur la petite table basse près de laquelle je suis assise puis viens y déposer mes bras croisés, sur lesquels je pose ma tête, pensive.

- Ça ne me dérange pas de partager mes secrets avec vous. Tous mes secrets. C’est juste…que vous ne demandez jamais rien. Puis j’ai également des choses à apprendre, j’ignorais tout du pouvoir des fleurs de lamiers sur ma potion.

L’incident de tout à l’heure me revint en mémoire. Je regardai mon verre vide, hésitai quelques secondes, puis demandai, un peu gênée :

- Est-ce que je peux en avoir encore, s’il vous plaît ? Quant à ce que je pourrais faire…Je ne sais que soigner. Je n’ai pas d’autres talents. Enfin, si…mais pas de ceux qui permettent de faire bouillir une marmite. C’est pas en préparant des platées de racines bouillies que je vais parvenir à apporter quoi que ce soit à Jehan. Non, il faut que je trouve une solution qui ne vous inclut pas, Irène. Sinon c’est de la triche, vous me comprenez ?

La tête appuyée sur mes bras, je lui décoche un sourire entendu. Qu'est-ce qu'elle est belle.

- Vous faites déjà tellement…Je ne veux pas abuser de vous. Je trouverai d’autres solutions. Les nobles ne manquent pas, sur l’Esplanade après tout. Et si mes congénères me rejettent, peut-être se trouvera-t-il quelqu’un d’assez intelligent pour écouter ce que j’ai à proposer…Vous, vous aurez tout ce que vous voulez, pour rien.

A dire vrai, je sais déjà à qui demander. Je sais déjà à qui je vais rendre visite très bientôt. Il y a, non loin d’ici, une âme en peine qui est venue réclamer mes services il y a de cela quelques semaines. Peut-être est-il temps de me rendre chez cette personne afin de lui rappeler mon existence et tout ce que je peux faire, en échange d’un soutien, quel qu’il soit.

- Vous désapprouvez, Irène ?

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Irène de ValisComtesse & Modératrice
Irène de Valis



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyJeu 2 Avr 2020 - 6:27
Elle se penche et remplit le verre comme demander, toujours avec autant de largesses pour que sa compagne, comme elle, puisse savourer tout son saoul le nectar à base de raisin fermenté. Elle se rencogne dans son siège en n’essayant de ne pas voir un parallèle entre la pose de Flore et celle d’Ombeline, comme ça, à ses pieds, le premier soi où elles ont…
Ne pas y penser se maugrée-t-elle en fixant devant elle. Quelques instants plus tard ses yeux sont revenus sur son herboriste et elle se demande si elle et la catin sont aussi très différentes quand il s’agit de la chose.
Elle soupire, visiblement incapable de faire totalement l’impasse sur ces idées. Elle tente de se concentrer sur les dires de Flore avec plus d’attention et finit par répondre à sa question après avoir avalée une lampée conséquente.

Oui, je désapprouve. » Admet-elle avec sincérité. « Vous avez une chance d’obtenir ce que vous voulez ici, en sécurité, avec une personne qui pense d’abord à votre bien être. Mais vous voulez faire cela à votre manière, dans un nid de vipère. Pour une forme d’équilibre, de justice, qui n’existe pas vraiment dans ce monde. Si vous pensez que l’imbécile moyen des faubourgs mérite que vous les étouffiez. » souligna-t-elle en répétant les mots de Flore avec une certaine curiosité, découvrant un peu plus la violence qu’elle étouffait la majorité du temps. « Imaginez les riches, puissant, pouvant agir en toute impunité mais sans réellement plus d’intelligence. Alors vous aurez ce que vous pouvez trouver sur l’Esplanade, si vous avez de la chance. Sinon vous en trouverez un intelligent, et ce sera pire, ce sont toujours les pires. »

Elle ne cacha aucunement la conclusion logique à en tirer, à savoir qu’elle faisait partie de cette seconde catégorie.

Je ne peux que désapprouver. »

Elle regarda la jeune femme, inconnue, amie, ou amante refusée, qu’était-elle ? Elle se pencha sur son siège pour se rapprocher métaphoriquement d’elle. La fixant avec un air amusé et ironique.

Mais vous n’avez pas besoin de mon approbation Flore, c’est là toute la nuance. Vous n’êtes pas ma chose, bien que vous en feriez une très belle et agréable. » Dit-elle les yeux brillant d’une chaleur dépassant la malice. « Si vous souhaitez prendre ce risque, je ne vous en empêcherais pas, ce n’est ni mon droit ni mon devoir. Vous êtes mon invitée, pas ma prisonnière. Je n’émets qu’un avis. C’est à vous qu’il appartient de le suivre ou non. Vous ferez votre propre expérience par les conséquences de votre choix. »

Elle se renfonça dans son siège pour libérer la jeune femme de son regard brulant et quelque peu trop incisif sans doute vu les événements récents. L’alcool est un mauvais allié pour taire ses besoins. Elle but tout de même encore.

Pour ce qui est de votre inquiétude concernant votre avenir, vos capacités à être une bonne épouse, ou à le garder amoureux de vous. Je ne suis pas la mieux placée pour vous conseiller. Mon mariage fut un échec retentissant. » Elle se surprit à le dire aussi simplement.

La seule chose que je puisse en dire, c’est que vous possédez des sentiments puissants l’un pour l’autre, c’est déjà un avantage sur beaucoup de marié. Je pense qu’il doit se faire le même genre de réflexion à votre égard. Saura-t-il vous garder ? Vous faire l’aimer à longueur des années ? Être digne de vous ? »

Elle se tapota le menton. Avant de pouffer pour elle-même.

Je crois bien que la seule réponse qui convienne est la suivante : L’avenir est incertain, il faut le vivre pour le connaître. »

Elle sourit d'autant plus et avala une autre gorgée avant de se resservir.

Approchez-vous encore Flore. » dit-elle en indiquant l’espace près d’elle d’un geste délicat de la main.
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyJeu 2 Avr 2020 - 21:23
Elle remplit à nouveau mon verre. Je ne peux m’empêcher de regarder les délicates nuances de rouge qui scintillent avant de reporter mon attention sur elle. La dame d’argent doit être aussi désireuse que moi de fêter l’événement, elle boit vite et beaucoup. Est-ce que Jehan boit, lui ? Est-ce qu’il va aller fêter cela avec ses amis ? D’autres hommes sous son commandement ? A dire vrai, je l’espère un peu. Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’ami de ma condition qu’il n’a pas le droit d’en avoir, lui. Puis…Je fais la fête avec une comtesse. Et quelle comtesse…Une dame, une vraie, qui soupire, certainement à cause de mes propos qui doivent passer, à ses yeux, pour de profondes âneries, ce qu’elle ne manque pas de me confirmer avec toute la franchise qui la caractérise. Je prends mon verre et le regarde pensive. Je ne suis pas d’accord, je le lui dis, tout simplement :

- L’équilibre et la justice existe en ce monde, Irène. Demandez donc aux frères Gorlois…Non seulement ils sont morts d’une façon qui me plaît, mais en plus toutes leurs manigances n’ont servi à rien. Jamais ils n’auraient pu mettre un pied ici, dans ce salon, pour boire un verre de vin à vos pieds, moi si. Ils ont payé pour toutes ces années à me faire souffrir. A faire souffrir ma maman. A avoir jeté l’opprobre sur ma maison.

Je prends une gorgée de vin et ne peut m’empêcher de passer mon doigt sur le rebord du verre, pour en récupérer une goutte qui menace de tomber sur le tapis.

- Mon seul regret est de ne pas les avoir vu mourir. De ne pas les avoir entendu supplier. J’aurais volontiers tranché la gorge de ces gorets immondes moi-même si j’en avais eu la force.

Je lève mon verre vers Irène, avec un sourire doux, en totale contradiction avec les mots que je viens de prononcer en ajoutant :

- Les gentils gagnent toujours, Irène. Toujours.

Amusée par mes propres mots, je me disais que cela ne serait pas mal d’en faire une espèce de devise bon marché pour la fille bon marché que je suis. Vous savez, le genre de devise que les petites gens qui veulent passer pour des grands gravent dans des assiettes en métal ou dans des broderies hyper laides…L’idée me fait rire, j’en ris même aux éclats. Le verre menace de se renverser donc je le repose sagement sur la table, en riant toujours.

- Excuse-moi, je dis n’importe quoi.

Est-ce que je viens de tutoyer la comtesse ? Je ne l’ai pas fait exprès. Cela dit, elle me regarde si intensément que je me dis qu’elle l’a entendu et que cela ne lui plaît pas beaucoup. Je rougis jusqu’aux yeux et regarde mes genoux pour essayer de me reprendre un peu. La comtesse semble sortir un peu du cadre strict dans lequel elle se complaît depuis qu’on se connait. Cela étant, l’alcool ne l’aide pas à rester clairvoyante : je suis très loin d’être belle, mais ce n’est pas bien grave, elle a voulu me faire un compliment, je crois. J’apprécie donc le compliment et la regarde à nouveau alors qu’elle parle de Jehan. Quelque part, je suis rassurée de savoir qu’il a les mêmes craintes que moi à propos de nos noces. Cela étant, je ne pus m’empêcher de dire :

- Je l’ai attendu pendant des mois…Je ferais n’importe quoi pour lui. Parce que je l’aime. J’ai vu le regard de Jehan... Il me regarde comme mon père regardait ma mère. J’espère juste pouvoir être digne d’un homme tel que lui…Après tout, personne ne sait de quoi demain sera fait. Moi la première. Il peut se lasser…Il peut rencontrer une autre femme, plus jeune, plus jolie…Moins abîmée…Tout peut arriver…

Cette perspective me donne un peu de vague à l’âme. Je reprends mon verre et bois une longue gorgée quand j’entends Irène me demander de venir plus près. Je n’ai aucune raison de refuser et me redresse donc, avec prudence, mon verre à la main pour venir tout juste à ses pieds, finalement. J’ai l’impression d’être une fidèle en adoration devant une déesse. Elle est tellement belle, tellement gentille avec moi. Elle mériterait tellement d’être heureuse, cette dame d’argent au prétendu cœur de cendres. Il doit bien exister, en ce monde, une dame qui serait son âme sœur…une dame qui pourrait l’aimer comme moi je l’aime en fait : sans fioriture, sans se soucier de son rang, une dame qui verrait la personne qu’elle est réellement, pas cette statue d’argent dont le masque commence petit à petit à s’effriter en ma présence. Peut-être qu’avec le temps…je la reverrai cette Irène en pantalon et en chemise, bien loin du décorum dans lequel elle vit. Elle n’est pas loin, je le sais. Seulement, la comtesse de Valis a pris le dessus. Et à mon avis pour un bon moment.

Le vin ne m’aide pas à garder les idées claires. Et c’est dangereux. Enfin du moins, cela pourrait être dangereux dans n’importe quel autre endroit mais pas ici. Ici, je suis en sécurité. Presque chez moi. Avec la chaleur de ce vin et la présence d’Irène, toute proche, je me sens en paix. Je retrouve un peu de cette paix immense qui m’envahissait lorsque, le crépuscule venu, Mère prenait place sur son tabouret et que je posais ma tête sur ses genoux, pendant qu’elle racontait des histoires de pirate et de princesse de conte de fée. Présentement, je suis l’affreuse petite pirate aux pieds d’une jolie dame d’argent. L’idée me fait sourire à nouveau, je prends donc une gorgée de mon verre et le garde à la main, avant de poser tout simplement ma tête contre ses genoux, en disant :

- Vous avez épousé un homme et vous avez été malheureuse. Peut-être n’aviez-vous pas le choix, il paraît que cela se passe souvent de cette manière chez les nobles…mais…si l’avenir est incertain, le passé, lui, l’est. Ne serait-il pas temps de le laisser là où il se trouve et d’avancer, Irène ? Vous méritez d’être heureuse, après tout. N’y a-t-il donc personne qui trouve grâce à vos yeux ?

Je réalise alors à quel point cela me va bien de dire de telles choses quand, 15 jours auparavant, j’étais encore en train de me morfondre sur moi-même et de pleurer sur mon sort en secret. Un peu gênée, je bus encore, pour cacher mon trouble et ajoute :

- Excusez-moi…ça fait deux fois que je dis n’importe quoi.


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Irène de ValisComtesse & Modératrice
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MessageSujet: Re: Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort]   Parfois, les dieux nous répondent[ft. Flore Maisonfort] - Page 5 EmptyVen 3 Avr 2020 - 13:43
Cette justice me semble beaucoup ressembler à de la vengeance Flore. » Dit-elle avec un petit sourire sans aucun jugement pour les mots dur de l’herboriste.

Elle avait elle-même souhaité la mort de son bourreau, et avait agit de sa propre main. Elle n’était pas la mieux placée pour juger de ce cas. Au contraire. Elle ne faisait que souligner que la justice que Flore pensait voir, comme un certain équilibre dans le monde, était le résultat d’un tout autre sentiment. Jehan n’avait pas appliqué une justice. Il voyait, sous ses ordres, des choses bien plus horrible être faîtes sans s’y opposer. Non, il n’avait pas été juste. Il avait vengé la femme qu’il aimait. Et cela s’était avéré problématique. D’une parce que Irène devait à présent s’assurer que cette histoire ne remonte pas jusqu’à elle, et de deux par qu’il avait privé Flore de tout avenir dans les faubourgs. Mais c’était inutile d’insister sur ce sujet. Tout juste la comtesse pouvait-elle espérer en son cœur que Flore avait raison, et qu’un jour, les gentils seraient les seuls gagnant.

Elle la regarde obéir à sa presque injonction. Des sentiments étranges se bousculent en elle. Un mélange de joie, de tendresse, d’excitation, de désir, de honte, de pouvoir, et de tristesse. Flore perçoit-elle cela ? Comprend-t-elle l’effet qu’elle produit par ce genre de geste, d’obéissance aveugle dû à une tendresse frôlant l’admiration ? Non sans doute pas. Malgré la colère qui l’habite, la belle herboriste n’est pas de celles sensibles à la corruption du cœur. Elle n’éprouve pas de satisfaction à sentir quelqu’un en son pouvoir, et sans doute pas plus à se sentir elle-même sous la coupe de quelqu’un, même d’une personne comme Irène.
Non. Elle se contente d’être là et d’essayer de la satisfaire car elle voit une beauté en elle qui n’est plus là depuis longtemps. Elle voudrait lui en être reconnaissante, la remercier de vouloir faire jaillir le meilleur d’elle-même en la soutenant en tout instant. Mais elle a peur que ses mauvaises tendances n’en soient que renforcée. Elle a peur de vouloir profiter de cette femme qui s’offre à elle par une forme d’amour. Elle s’est promis de l’aider, mais crains d’être celle qui la corrompra.

Sa tête vient se poser sur ses genoux, et Irène glisse ses doigts dans son cou, caressant la peau nue en suivant une veine visible sous la peau. Elle a l’impression de revoir une scène avec Ombeline. Mais aussi de se souvenir du passage d’un livre qu’elle a lu, parlant d’un seigneur corrompu par un mal insidieux, qui avait reçu le don de charmer même la plus pure des femmes, mais qui pour satisfaire un appétit insatiable se retrouvait contraint de s’abreuver de leur sang.
Il déposait alors dans leur cou un baiser mortel, perçant la peau de ses canines devenue longue et aiguisée. Elles mourraient dans une forme d’extase, d’amour inconditionnel. Et le monstre perdurait, avec les remords et l’envie de recommencer.
Était-elle ce genre de créature pour Flore ? Ce qui était certain, c’est qu’à cet instant elle s’imaginait très bien embrasser ce cou, pour commencer.
Elle but une gorgée pour rafraichir sa gorge et son esprit. Puis deux autres vu le peu de résultat. Sous la pulpe de ses doigts, la peau de Flore était bien plus chaude que le vin était frais.

Personne qui ne devrait avoir à supporté le fardeau du secret pour supporter mes sentiments. » Dit-elle en pensant Sydonne, à Ombeline, et même à Flore tout près d’elle. Non, aucune d’elle n’aurait de chance si elle finissait par comprendre les sentiments qu’elle ressentait. Et pire, à lui rendre en retour.

Et même si le passé est le passé. Je ne peux simplement l’oublier. Je n’ai pas encore eu ma justice moi. » Souligna-t-elle.

Même si comme Flore, sa justice avait plus le gout d’une vengeance. Une vengeance contre le monde. Elle sourit alors que ses doigts s’égaraient légèrement. Allant plus bas sur la peau.

Ne vous excusez pas d’avoir un avis, des idées et des sentiments. Cela vous rend intéressante, alors ne vous privez pas de les exprimer. Ce sera à moi de dire si je trouve que cela est “n’importe quoi“ » Dit-elle avec un sourire. Son verre revenant à ses lèvres.

Jehan est-il votre premier homme ? » Demanda-t-elle avec impertinence et indiscrétion.

Elle avait l’impression que cet instant, ce salon, avec cet alcool et cette promiscuité. L’instant était bien choisi pour les questions totalement intimes et déplacées. Ses doigts glissaient doucement sur la clavicule nue.
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